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La Page du Chercheur n°1 - Août 2017 © Alain Noël. microhistoire.com [email protected] - 1 - LA PAGE DU CHERCHEUR MICROHISTOIRE DES PAYS DE L’YONNE ________________________________ Bulletin d’information : La Page du Chercheur n°1 Août 2017 _________________________________________________ Chers amis chercheurs Voici le premier numéro de la Page du Chercheur, tant attendue par un grand nombre de cor- respondants. Ce fascicule électronique est le fruit de mes recherches et a pour principale fonction d’informer les chercheurs tout en dévoilant une part d’analyse, qui pourra être r e- prise et complétée à travers les Chroniques de Microhistoire que je me propose de publier. C’est aussi un moyen pour moi de correspondre avec le public, parfois frustré de ne pas pouvoir disposer de réponses directes à certaines interrogations : une question posée qui trouve parfois sa résolution dans la rubrique Au fil des recherches, élaborée pour poursuivre l’information au-delà de la correspondance habituelle : courriels ou forums de discussion. La Page du Chercheur est centrée sur la documention archivistique et propose des sources claires, puisées dans les sites d’archives, nationales, départementales ou municipales, les bi- bliothèques et les fonds privés. Ces références, indispensables à la validité de toute étude scrupuleuse, permettent de rétablir le flot d’informations souvent erronées ou controuvées que l’on découvre aujourd’hui sur certains sites Internet. La Page du Chercheur se décompose ainsi en trois parties : 1 Une étude fondée sur un document d’archives transcrit intégralement qui suscite inter- rogation, pittoresque ou singularité. 2 Plusieurs fiches d’archéologie verbale, chacune établie à partir d’un vocable dont on cherche à cerner les contours : étymologies, dérivations, interprétations.

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LA PAGE DU CHERCHEUR

MICROHISTOIRE DES PAYS DE L’YONNE ________________________________

Bulletin d’information : La Page du Chercheur n°1 – Août 2017

_________________________________________________

Chers amis chercheurs

Voici le premier numéro de la Page du Chercheur, tant attendue par un grand nombre de cor-respondants. Ce fascicule électronique est le fruit de mes recherches et a pour principale fonction d’informer les chercheurs tout en dévoilant une part d’analyse, qui pourra être re-prise et complétée à travers les Chroniques de Microhistoire que je me propose de publier.

C’est aussi un moyen pour moi de correspondre avec le public, parfois frustré de ne pas pouvoir disposer de réponses directes à certaines interrogations : une question posée qui trouve parfois sa résolution dans la rubrique Au fil des recherches, élaborée pour poursuivre l’information au-delà de la correspondance habituelle : courriels ou forums de discussion.

La Page du Chercheur est centrée sur la documention archivistique et propose des sources claires, puisées dans les sites d’archives, nationales, départementales ou municipales, les bi-bliothèques et les fonds privés. Ces références, indispensables à la validité de toute étude scrupuleuse, permettent de rétablir le flot d’informations souvent erronées ou controuvées que l’on découvre aujourd’hui sur certains sites Internet.

La Page du Chercheur se décompose ainsi en trois parties :

1 – Une étude fondée sur un document d’archives transcrit intégralement qui suscite inter-rogation, pittoresque ou singularité.

2 – Plusieurs fiches d’archéologie verbale, chacune établie à partir d’un vocable dont on cherche à cerner les contours : étymologies, dérivations, interprétations.

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3 – Une rubrique Au fil des recherches, laquelle expose des documents transcrits inté-gralement ou partiellement, qui permettent de satisfaire la curiosité des lecteurs ou qui for-mulent des solutions à des énigmes à propos d’un site, d’une famille ou d’une institution.

Les sujets correspondent à mes centres d’intérêt qui sont multiples, mais pour la plupart centrés sur les pays de l’Yonne. Ils doivent déboucher sur des publications.

Les anciennes éditions du Groupe d’Etude de Microhistoire qui ont été façonnées au cours des années précédentes trouvent ainsi une prolongation, d’une part dans la Page du Chercheur, accessible sans limite à tous mes correspondants, d’autre part dans les publications futures des Chroniques de Microhistoire et des Annales de Microhistoire.

Les numéros successifs seront disponibles sur le site Microhistoire & Société. Il vous sera, pour ce faire, fourni un code d’accès, renouvelé tous les ans. Si vous ne désirez pas recevoir la Page du Chercheur ni avoir accès à cette rubrique sur ce site, je vous prie de me le faire savoir.

Je vous souhaite une excellente lecture de ce premier numéro.

Alain Noël

Docteur en histoire Chercheur et éditeur de textes historiques

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SOMMAIRE DE LA PAGE DU CHERCHEUR N°1

Partie 1 : Etude.

La route du sel sur la rivière d’Yonne.........……………………………………………………………………4

Pièce originale du 11 mars 1594………………………………………………………………………………..8

Partie 2 : Archéologie verbale.

Fiche 1 : Accin…………………………………………………………………….…………………………11

Fiche 2 : La Bonne Eau, de Villethierry………………………………………………………………………..12

Fiche 3 : Champigneminot, au finage de Soucy………………………………………..................................13

Partie 3 : Au fil des recherches. Découverte & analyse XVIe _ XVIIIe siècles.

Document 1 —. 7 mars 1517. Vente d’un héritage au Clos des Arènes à Sens par Jacques Lardon, procureur au bail-liage de Sens, et Louise Lecheron, sa femme, aux religieux des Célestins de Sens………………………………...16

Document 2 —. 25 mars 1538. Rente sur des héritages situés à Saint-Aubin-Châteauneuf par Jean Tireau, fils de Jean Tireau dit Perceurt, greffier en la mairie de Saint-Aubin-Châteauneuf, en faveur de Jacques Soyer, chanoine de Sens…………………………………………………………………………………………………………17

Document 3 —. 8 avril 1551, Vente de la cinquième partie de l’héritage de Marion Droin veuve de Pierre Breton, aïeule de Pierre Le Sourt, marchand-bourrelier à Sens, au bourg de Saint-Pregts, en règlement de l’entretien réalisé à la fin de la vie de Marion Droin, par Robert Vivien, marchand-pelletier à Sens…………………………………..17

Document 4 —. 28 mai 1571. Vente par Edmond Jacquet, marchand-voiturier par eau demeurant à Villeneuve-le-Roy, époux de Marguerite Marguere, à Pierre Carré, aussi marchand voiturier par eau demeurant au faubourg de Sens d’une place où était bâtie une grange qui a été brûlée lors des derniers troubles du royaume, en la paroisse Saint-Symphorien de Sens, à Pierre Carré, aussi marchand voiturier par eau demeurant au faubourg de Sens……………18

Document 5 —. 7 octobre 1609. Marché de transport de vin vers Paris du entre Edme Berthelot, marchand à la Celle-Saint-Cyr et Jean Tribou, voiturier par eau à Villeneuve-le-Roy…………………………………………..19

Document 6 —. 6 décembre 1609. Louage d’Edme Debors, tuilier demeurant à la Ramée, paroisse de Bussy-en-Othe à Jean Vincent, tuilier demeurant à Palteau, paroisse d’Armeau, pour travailler à la Tuilerie du seigneur de Pal-teau………………………………………………………………………………………………………….20

Document 7 —. 3 septembre 1615. Contrat de mariage entre Julian Poitrat, marinier à Armeau, et Marie Jacquet, accompagnés de leur nombreuse parentèle…………………………………………………………………….20

Document 8 —. 19 décembre 1618. Cession de terres à Bussy-en-Othe par Jean Violette, charbonnier à Bussy, à Sire Pierre de la Mare, marchand demeurant à Villeneuve-le-Roy…………………………………………………...21

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Document 9 —. 19 mai 1644. Bail de la pêcherie du comte de Joigny sur la rivière d’Yonne du par Martin et Antoine Vérien, marchands à Armeau à Claude Garrault, marinier demeurant à Villeneuve-le-Roy……………………….22

Document 10 —. 5 novembre 1682. Remise en ferme d’un bail à rente concernant les revenus de la chapelle de la Maladrerie de Dixmont, entre le curé et les marguilliers de la paroisse de Dixmont, et le représentant des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem……………………………………………………………………………………23

Document 11 —. 19 février 1708. Reconnaissance de rente d’Adriane de Oudry contre Pierre Vincent, de Cusy, héritier de Jean Vincent et d’Anne Velluot…………………………………………………………………….24

Document 12 —. 15 avril 1738. Acte de rétrocession fait par Etienne Vallet, manouvrier à Flogny, veuf d’Anne Jot-terat, et ses enfants, à Pierre Vallet, fils dudit Etienne…………………………………………………………25

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LA ROUTE DU SEL SUR LA RIVIERE D’YONNE Un épisode de la guerre de la Ligue aux abords

de la ville de Joigny assiégée en 1594

« Prendre lesdictz batteaulx et eulx en servir pour ladicte armée

pour en faire ung pont sur la rivière. »

C’est à partir d’un document rédigé par Hélie Mammerot, notaire et tabellion du roi au bail-liage d’Auxerre, que nous avons découvert un épisode inédit des guerres de la Ligue, dont le champ d’action est la rivière d’Yonne et le lieu précis, la ville de Joigny.

A travers le récit du voiturier par eau Laurent Fauleau, le paysage aquatique de l’Yonne se dévoile sous un aspect inattendu, celui de la guerre civile, au travers de laquelle le com-merce, les activités qui lui sont liées, en particulier le hallage, continuent tant bien que mal à fonctionner.

La route du sel de la rivière d’Yonne.

Le notaire Mammerot reçoit donc la déposition de Laurent Fauleau, voiturier par eau à Auxerre. Celui-ci est appelé Sire, un titre qui qualifie les négociants et les laboureurs d’un certain niveau social de la fin du XVIe siècle jusqu’au milieu du XVIIe.

Laurent Fauleau appartient à une famille de mariniers très représentée à Auxerre, dont les plus puissants ont assuré durant un demi-siècle la charge de receveur pour le roi du domaine d’Auxerre 1. Marié en 1576 avec Anne Germain 2, cet homme est né dans la décennie 1550. Il a donc environ 40 ans lorsqu’il raconte cette histoire.

1 Pierre Fauleau a exercé cette charge de 1505 à 1524 ; Edme Fauleau de 1534 à 1545 ; Claude Fauleau de 1548 à 1555. Encyclo-pédie Généalogique de l’Yonne, SGY, fiche établie par Etienne Meunier. 2 Laurent Fauleau, a épousé le 9 septembre 1576 (AD Yonne, 3 E. 7/169), par contrat passé devant le notaire Pierre Fauleau, Anne Germain. Il est alors sous la tutelle de Christophe Daulmoy, notaire royal, et de Germain Herbelot, marchand. Renseigne-ment fourni par Pierre Leclercq.

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Fauleau s’est associé à Pierre Jolly, un autre marchand-marinier, afin de voiturer sur la ri-vière, depuis Paris jusqu’au port de Cravant, lieu de décharge du sel, la provision de cette précieuse matière que les marchand fournisseurs des greniers auxerrois délivrent aux offi-ciers royaux, détenteurs des droits et des charges de redistribution 3.

Le 11 mars 1594 4 après avoir quitté la capitale et passé probablement par de nombreuses péripéties, l’équipage est arrivé en soirée avec des bateaux chargés de marchandises aux abords de la ville de Joigny. Les charretiers d’eau guidaient les chevaux qui tiraient de solides et imposants cordages afin de faire remonter les embarcations le long du cours sinueux du fleuve d’Yonne. La situation est cependant plus périlleuse que d’ordinaire car Joigny tenant le parti de la Ligue, est alors assiégée par l’armée du duc de Biron, fidèle à Henri de Na-varre, le futur Henri IV.

Ainsi, le lendemain matin, au moment de repartir, les équipages furent empêchés de re-prendre leur chemin par les gouverneurs de la ville. Les impératifs militaires de la cité com-tale prescrivaient en effet aux marchands et à leurs gens une réquisition hors du commun.

Prétextant qu’il avoit danger que ceulx de ladite armée (parti du roi de Navarre) ne s’emparassent des chevaulx qui montoient lesdictz traictz pour aller prendre leur artillerie pour plus facilement qu’ilz ne pouroient l’amener audict Jougny, les ligueurs de Joigny signifièrent alors aux mariniers que la ville avoit besoing des cordages pour, avec iceulx, abattre les superficies de dessus des portes d’icelle ville, pour évitter que le canon joant ladicte superficie soient disposés dans cette surface et attei-gnent les fortifications de la cité.

Un autre prétexte fut avancé pour retenir le convoi : et aussy qu’on pourroit au désavantage de ladicte ville prendre lesdictz batteaulx et eulx en servir pour ladicte armée por en faire ung pont sur la rivière.

Rattrapés par les événements décisifs, les enjeux de pouvoir et la stratégie des puissants qui guident alors une guerre civile en voie d’achèvement, les hommes de la rivière se voient con-traints d’abandonner leur entreprise pourtant impérieuse pour la fourniture des greniers à sel et des regrats de l’Auxerrois.

Les péripéties d’une guerre qui s’achève.

3 Le sel était ensuite redistribué dans les différents greniers à sel, selon les circonscriptions, puis diffusé chez les marchands-regratiers de chaque paroisse dépenant de la juridiction. Le 19 juillet 1747, par devant Fiacre Ferrand, conseiller du roi, contrô-leur au grenier à Sel de Joigny, assisté de maître Coqueriat, greffier ordinaire, comparaît Marie Branger, épouse de Pierre Ma-quaire, demeurant à La Celle-Saint-Cyr, qui déclare que maître Thibault Larue, fermier général des regrats de petite mesure, lui a cédé le bail du regrat de la distribution du sel à petite mesure de la paroisse de La Celle-Saint-Cyr, le 1er avril 1747, enregistré au bureau général des fermes. Marie Branger prêtre serment devant Fiacre Ferrand et elle est reçue en la commission de la distribu-tion à la petite mesure de La Celle-Saint-Cyr. Document provenant des Archives Privées de M. Jean Maquaire. 4 AD Yonne, 3 E. 7/311.

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Quel était au vrai le contexte de cette modeste prise de guerre ?

L’amiral de Biron, après avoir soumis la ville ligueuse de Brienon, s’en alla mettre le siège de Joigny. L’épisode est parfaitement identifié par les historiens. Et nous connaissons l’acte de capitulation des habitants de Joigny du 26 mars 1594. La séquence que nous présentons s’inscrit donc dans les journées qui précèdent la reddition des habitants de la ville comtale de Joigny, lesquels se sont soumis à un curieux marché.

Le traité prévoyait en effet que les habitants se rendissent au pouvoir royal le 26 mars, si le duc de Mayenne ne leur avait pas porté secours avant cette date. Le duc n’est pas intervenu. Les joviniens se sont rendus.

Le traité 5 prévoyait en outre :

Que ledict Sieur Fourbin, gouverneur, les mestres de camp, cappitaines, gentilshommes, soldatz, de quelle qualité qu’ilz soient, auront la vye sauve et sortiront ce jourd’huy à midi, tant ledict gouverneur, mestre de camp, cappitaines, gentilzhomme et soldatz avecq leurs armes, chevaulx et bagaiges.

Les gens de cheval rendront leurs cornettes, s’il y en a, et les gens de pied leurs enseignes et sortiront sans bastre le tambour et la mesche esteinte.

Que les habitans seront receuz et considerez soubz l’auctorité du Roy, sans estre pillez, ny rensonnez, ny recherchez d’aucun acte de guerre qu’ilz ayent faict, faisans serment de fidellité à sa Majesté.

Que lesdictz habitans de Jougny demeureront quites et deschargez des tailles, taillon, creues, solde de prévost de mareschaulx et cuirasses, de tout ce qu’ilz pourront debvoir du passé jusques au premier jour de janvier dernier et de deux années en quatre pour l’advenir.

Que les officiers de ladicte ville pourveuz par Monsieur le duc de Mayenne, demeureront en leurs charges et offices, en prenant provision du Roy sans paier finance.

Que les habitans qui vouldront sortir avec les gens de guerre le pourront faire et seront conduictz tant eulx que lesdictz gens de guerre en toute seureté à Sens.

Que le Sieur Foubin et le Sieur de la Boissière s’emploieront à leur possible envers Monsieur de Guyse de faire sortir le Sieur de Bory, retenu prisonnier entre les mains du Peschier par commandement dudict Sieur de Guyse, et d’en faire tenir la responce à Monsieur l’admiral incontinent.

Néanmoins les habitants de Joigny durent s’acquitter d’un rachat de 5 000 écus qu’ils payè-rent en vin, déboursant ainsi par une une redevance considérable s’élevant à six écus par muid 6, soit 450 muids des meilleurs crus joviniens 7, leur adhésion au parti ligueur.

5 Ambroise Challe, Histoire des guerres calvinistes et de la Ligue, T. 2, p. 356-357. 6 Le muid de vin parisien était alors fixé à 280 litres. 7 Ambroise Challe, op.cit., T. 2, p. 209-210.

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La veuve du lieutenant de la prévôté royale de Dixmont Noël Lemoce, Catherine Perroté, venue se refugier à Joigny dont elle était originaire, dut à cette occasion payer deux muids de vin 8, soit en totalité plus de 500 litres de breuvage. Elle ne fut pas la seule à vider sa cave pour éviter le pillage de la cité.

Cette rançon fit d’ailleurs couler beaucoup d’encre. De nombreuses pièces de procédure figurent encore dans les Archives Municipales de la ville concernant les irrégularités qu’auraient commises en particulier le Sieur Loup Perrotté, courtier de vin, chargé de la collecte des futayes 9.

Cette histoire ne concerne plus les mariniers d’Auxerre qui purent sans doute livrer leur cargaison de sel après le 26 mars. Ils le firent sans doute avec un voiturage terrestre car, comme le stipule le document : la plus part dudit temps, et mesmes ledit jour unziesme jour de mars dernier et environ quatre jours durant et ensuivant, l’eaue fut hors de laborage et jusques au quator-ziesme jour dudit mois, d’en lequel jor sy ledict empeschement et arrest n’eust estre faict, ilz eussent con-tinuer leurdicte voiture. L’étiage de la rivière d’Yonne, rivière alors ensablée, entrecoupée d’îles, parcourue d’oseraies, ne leur permit pas de remonter par voie fluviale jusqu’au port à sel de Cravant.

8 BM de Joigny, Carton n°6, dossier N°7. 9 Ibid.

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PIECE ORIGINALE DU 11 MARS 1594

Exposé de Laurent Fauleau

________________________

Par devant Hélye Mamerot, notaire tabellion du roy ou bailliage d’Auxcerre, s’est présenté et comparu, le Sire Laurentz Fauleau, voicturier par eaux demorant audict lieu, lequel a dict et exposé qu’ilz, Pierre Jolly, ontz entreprins voicturer deppuis Paris jusques au port de Cravant, en lieu de descharge certain nombre de sel soy par luy que ledit Pierre Jolly aussy voicturier par eaux pour les Sieurs marchans fournisseurs des greniers.

Que faisant ladicte voiture, scavoir le unziesme jour de mars dernier passé, ilz sontz arrivez avec leurs batteaux et marchandise de sel, charretiers d’eaulx, chevaulx et cordes, ensemble leurs aultres équipages et garnitures d’icelulx batteaux, au lieu de Jougny, et le lendemain, le matin, ilz furent retenuz audict lieu de Jougny, tant de l’ordonnance du Sieur Maire que les Sieurs de Forbin et de la Boissière, gouverneurs dudit Jougny, sur ce que l’armée du Roy conduicte par Monseigneur de Biron estoit campée es environs de la dicte ville de Jougny, laquelle ville de Jougny estoit assiégée par forme d’investissement et leur fut signifié qu’ilz n’eussent ny eulx, ny leurs batteaulx, chevalx, cordages, équipages et aultres sortir hors la-dicte ville, d’aultant qu’on en avoit nécessite pour s’opposer aux desseings de ladite armée et aussy que ladite ville avoit besoing des cordages pour avec iceulx abattre les superficies de dessus des portes d’icelle ville, pour évitter que le canon joant ladicte superficie remplase les fossez et que d’aultant qu’il est besoing de ce faire apparoir, il m’a requis par forme d’attestation en prendre la depposition des tesmoingtz qu’il m’a à cette fin produitz.

Asscavoir Nicolas Husson, aagé de trente huict ans ou environ, Thibault Lameau, aagé de quarente ans, Jehan Normant, aagé de quarente ans, André Moreau, aagé de trente quatre ans, Claude Badenyer, aagé de trente ung an, tous voicturiers par eaux demeurant à Jougny, tous lesquelz unanymement et d’une mesme voix ont dict et attesté pour vérité, que eulx estans audit lieu de Jougny, lieu de leur demorance, le unziesme jour de mars dernier, ils veirent arriver audict lieu le traint de salage conduict par lesdictz Fauleau et Jolly, et le len-demain ainsy qu’ilz estoientz sur le matin prestz à partir fut conclud entre lesditz gouver-neurs, nommez les Sieurs de Forbyn et de la Boissière et les Sieurs Cappitayne estantz en garnison ausdit lieu de Jougny, arrivèrent et se saisirent des cordages estantz ausdictz traintz de salage, feirent defences expresses ausdictz charretiers d’eaue, Jolly et Fauleau, de ne par-

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tir hors ladite ville, d’aultant qu’il avoit danger que ceulx de ladite armée ne s’emparassent des chevaulx qui montoient lesdictz traictz pour aller prendre leur artillerie pour plus faci-lement qu’ilz ne pouroient l’amener audict Jougny et d’aultant qu’on se voloit aider des cor-daiges d’iceulx traictz pour s’en servir à tirer le hault des portes dudit Jougny, lors que la batterie avec les canons donneroient afin d’éviter que les matériaulx n’emplissent les foulsez à l’endroict desdictes portes et aussy qu’on pourroit au désavantage de ladicte ville prendre lesdictz batteaulx et eulx en servir pour ladicte armée por en faire ung pont sur la rivière, tellement que lesdictz Faulleau, Jolly, leursdictz charretiers d’eaue, chevaulx, batteaulx, sel, cordages et équipaiges susdictz ont été retenuz audit lieu de Jougny, jusques au lendemain de Pasques flories, ensuivant qui fut le quatriesme jour du présent mois d’avril dernier.

Dict aussy que pendant la plus part dudit temps et mesmes ledit jour unziesme jour de mars dernier et environ quatre jours durant et ensuivant l’eaue fut hors de laborage et jusques au quatorziessme jour dudit mois d’en lequel jor sy ledict empeschement et arrest n’eust estre faict ilz eussent continuer leurdicte voiture, dont et dequoy ledict Fauleau tant por luy que pour icelluy Jolly m’a requis le présent acte à luy octroié et délivré en ceste forme pour luy servir et vailloir en temps et lieu, ce que de raison, faict et receu au bureau du juré soubz signé avant midy en présence de Jehan Pelletier & Guillaume Barbier, voicturiers par eaue dudict jourd’huy, lesquelz tesmoings et ledit Nomand ont dict ne scavoir signer.

Signatures : F. Mamerot ; Moreau ; N. Husson ; C. Badenier ; Thibaut Lamiot : une croix.

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ARCHEOLOGIE VERBALE

Fiche 1 : Accin

Le relevé des lieux-dits du Pays d’Othe en Sénonais fait apparaître la récurrence d’un terme autrefois omniprésent dans le vocabulaire de l’espace rural proche de l’habitat. Il s’agit de l’accin, que l’on découvre comme microtoponyme, dans trois communes, deux d’entre eux subsistent sur le cadastre de 1837 à Cerisiers et Villeneuve-sur-Yonne :

L’Accin Cerisiers 1837

Les Accins Villeneuve-sur-Yonne 1837

Les Accins de la Borne-Percée Malay-le-Grand 1670

La définition générique du terme accin est la suivante : espace de terre formant enclos. Aceindre est un verbe d’ancien Français qui signifie dès 1160 entourer, et dont l’étymologie latine est cingere.

Régionalement, depuis le XVIe siècle, le terme accin a pu se spécialiser et ne laisser place qu’à une définition restrictive de l’enclos : L’accin est l’espace de terre ceint de haies vives ou mortes qui jouxte ou englobe l’habitat agricole.

Un acte de partage du 14 octobre 1555 10, illustre assez bien cette assimiliation de l’accin à un enclos parfait. Il y est dit que la veuve de Noël Hérisson recevra des bastimens assis en la terre de L’Enfourchure au lieu-dit la métairie de deffunct Durand Deblaiz. Par ailleurs il a esté accordé entre ladite veufve et héritiers que l’accin dudit lieu contenant demy arpent six carreaux ou envyron au dedans duquel sont assis lesdites maisons, granches et estables, demeurera ledit accin commun entre ladite veufve et héritiers chacun en son esgart.

Le 16 janvier 1561 11, a lieu le partage des biens de Félix Mousset, demeurant aux Brûleries, à Dixmont, ayant épousé naguère Thienette Doussier, et depuis Allizon Tissier autrefois veuve de feu Jean Bocquin.

10 AD Yonne, 3 E. 50/1. 11 Ibid.

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Parmi les biens partagés, on découvre La Maison du Champfouet, sises aux Bruslis, tant fond que comble, avec l’accin de devant et l’accin de derrière, les trois quarts d’une grange, un arpent moins sept carreaux sur lequel est assis la maison et la grange, avec un jardin.

Dans cet acte, nous apercevons un paysage singulier, l’enclos ne cerne pas l’ensemble de la maison du Champfouet, mais il y a adjonction de deux enclos, un devant et un autre derrière, qui cernent uniquement l’habitat. Dès lors, on peut penser que le jardin et les terres ne dé-pendent pas des deux accins ainsi différenciés, et se trouvent à l’écart dans la forêt essartée par les Bocquin. On peut aussi émettre l’hypothèse que cette maison du Champfouet est à l’origine du nom de hameau les Bocquin, premiers preneurs.

Plus ou moins important, de toute façon, l’accin a aussi vocation de verger, de terre à chanvre ou de pré. Enfin il n’est pas certain que tous les accins décelés sous la forme de lieux-dits rappellent les enclos mitoyens d’un habitat. Certains se situent comme des traces d’enclos antérieurs à la fixation de cette acception restrictive et se rapprochent de la défini-tion générique d’enceinte.

La limite entre le terme d’accin et celui de concise, employé dans l’Auxerrois et le Jovinien pour signifier un enclos situé à l’arrière de la maison et destiné à la culture maraîchère, se situe à Dixmont 12. En remplacement d’accin, on trouve en effet trace de ce dernier terme à Bussy-en-Othe et à Brion.

L’aire du mot accin s’étend à travers le Sénonais, parfois en concurrence ou en association avec le substantif closeau.

Fiche 2 : La Bonne Eau de Villethierry

C’est à travers un acte de reconnaissance de rente sur des héritages situés à Vallery daté du 16 juin 1545 13, par Etienne Charbonnier, laboureur au lieu de « la Bonne Eaue », paroisse de Villethierry, envers Honorable Homme maître Nicolas Pruney, procureur au bailliage de Sens, que nous nous sommes penché sur ce microtoponyme semblant réfléter la fraîcheur d’une fontaine.

Mais la source était-elle aussi pure que le prétend le lieu-dit La Bonne Eau ? Et qu’en dit exac-tement l’acte ?

Le 16 juin 1545, Etienne Charbonnier, laboureur au lieu de la Bonne Eaue, paroisse de Ville-thierry, se déclare détenteur et propriétaire de plusieurs pièces de terre, dont la teneur suit : 12 Le 21 janvier 1566 (AD Yonne, 3 E. 22/458), Martine Goussery, veuve de Pierre Gaujart, demeurant à la Thuillerie de l’Enfourchure, paroisse de Dixmont, pour elle d’une part, et Jean Gaujart, en son nom, Jean Violette, à cause d’Isabeau Gaujart, sa femme, demeurant à La Tuilerie, Edme Desvignes, à cause de Simone Gaujart, sa femme, demeurant aux Bordes, d’autre part, reconnaissent procéder à un partage. Le lot de Martine Goussery est constitué entre autres de trois quartiers moins 5 carreaux de terre assis au même lieu, tenant d’un long à Jeanne Goussery, d’autre audit Violette, d’un bout audit Dorillar, d’autre bout à la concise. On notera que le territoire de l’Enfourchure dépendait du comté de Joigny. 13 AD Yonne, 3 E. 71/11.

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1) 10 arpents de terres labourables en une pièce, assise au finage de Vallery, audit lieu de la Bonne Eaue, tenant d’une part aux Bonnes, d’autre aux hoirs Basset, d’un bout au grand chemin, et d’autre bout aux hoirs Basset.

2) Une autre pièce de terre comportant pareillement 10 arpents, assis au finage de Vallery, au lieu-dit la Bonne Eaue, tenant au grand chemin, d’autre « aux Bonnes », d’un bout à Edme Charpentier, d’autre bout au chemin commun.

3) Une maison, avec grange, lieu et accin, le tout assis au finage de Villethierry, tenant d’un long au grand chemin allant dudit lieu à Pont-sur-Yonne, d’autre à Claude Nézondet, d’un bout au grand chemin de Chaumont, et d’autre bout audit Nézondet.

L’ensemble de ces héritages d’environ 10 hectares, est chargé envers Honorable Homme maître Nicole Pruney, procureur au bailliage de Sens, à cause de la donation à lui faite par maître François Dubourg, son beau-père, d’un septier de bled froment de rente annuelle et perpé-tuelle, payable le 8 mars, à livrer aux greniers dudit Pruney, dans sa maison de Sens.

L’acte est rédigé en présence de maître Jacques Guiot, procureur au bailliage de Sens, et de Pierre Dussy, boulanger à Sens.

Le document est intéressant en ce qu’il révèle un lieu-dit assez singulier. Mais ce lieu-dit aussi prometteur soit-il en images virtuelles, correspond à un climat assez étendu qui ne dé-signe peut-être pas une source. La Bonne Eaue était un lieu habité qui s’étendait entre Vallery et Villethierry, encadré par un carrefour de chemins. A l’époque où celui-ci est relevé, on devait déjà l’associer aux bienfaits accordés aux fontaines du lieu.

Néanmoins l’origine de la dénomination pourrait se situer dans un registre très différent : nom de borne, ou réfection étymologique par déglutination du patronyme Bonneau, devenu tout bonnement Bonne Eau.

Fiche 3 : Champigneminot au finage de Soucy

Au cours de nos recherches dans les plus anciens registres notariés de Sens, nous avons été interpelés par un lieu-dit original : Champignemignot, situé sur le finage de Soucy. Celui-ci est attesté dans un acte de vente du 7 mars 1517 14, par Jean Bollebeau, laboureur à Soucy, à Jean Portat, couturier demeurant à Sens. Les tenants et aboutissants donnent peu de préci-sion sur la situation topographique de cette pièce de terre. Ceux qui sont voisins : Jean Rou-leau et François le Coq sont des représentants de familles paysannes locales. Quant à maître François Boucher, il était propriétaire à Soucy d’une métairie appelée la métairie de Carisey.

14 AD Yonne, 3 E. 22/660.

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Les cinq syllabes du microtoponyme constituent un ensemble difficilement prononçable, en raison de la répétition consonnantique gn-. Il semble que le lieu-dit provienne de l’agglutination de deux vocables : Champaigne, d’une part, et Mignot, de l’autre.

Le premier terme désigne un paysage de champ ouvert. Quant au deuxième, il s’agit du pa-tronyme d’une famille de laboureurs influents, connue dès le XVe siècle en ces lieux.

A ce propos, il existe un acte notarié transactionnel, passé devant le notaire royal de Sens Jean Maupoy, le 2 mars 1551 15, entre cette famille Mignot et le nouveau seigneur de Jouan-cy Jacques Minagier, qui avait pris le bail emphytéotique de la terre de Jouancy, en la pa-roisse de Soucy, de l’abbaye Sainte-Colombe de Sens.

Il s’agit d’Etienne Mignot le jeune, Colas Mignot, Guillaume Desgne, ayant les droits d’Antoine Sébille et de Marguerite Mignot, et également Jean Poisson, tuteur avec Etienne Mignot, de Jean, Pierre et Clémence Mignot, enfants mineurs de feu Guillaume Mignot et de Françoise Poisson, sa femme, tous demeurant en la paroisse de Soucy. Ceux-ci sont en-très en procès contre Jacques Minagier devant le bailli de Sens et le bailli des religieux de Sainte-Colombe, au sujet de la justice dudit Jouancy, maison seigneuriale, aultre maison loigeable, tant de la seigneurie que mestairie dudict Jouancy, terres, prez, foussez, accin, rentes et censives et aultres droictz, estans des appartenances desdictes seigneurie et métairie précemment occupés et gé-rés par les Mignot, lesquels avaient refusé de déguerpir.

Des violences s’étaient exercées. On fit intervenir maître Blanchet Tournebranle, prévôt de la maréchaussée de Sens et maître Grégoire de Brunes, son lieutenant. L’official de Sens avait même prononcé une sentence, probablement à la suite d’accusations de blasphèmes prono-cés lors de ces incidents.

La transaction fait apparaître que les Mignot renoncent à tout droict de propriété seigneuriale d’icelle ou utille droict de possession ou détention à vie ou à temps quel qu’il soit, en raison des baux de la seigneurie de Jouancy effectués à Claude Poisson, aïeul desdits Mignot et à Guillaume Mignot, leur père, qui avaient été faits à perpétuité ou à vies. Ils obtiennent en compensation des exemptions sur les droits de justice et déclarent verser des redevances en nature sur les terres de Jouancy envers Jacques Minagier. S’éteignent alors les procédures que Jacques Mi-nagier s’engage aussi à rembourser.

L’imprégnation d’un tel groupe familial sur le territoire ne fait donc pas de doute.

Mais quel est l’avenir d’un tel lieu-dit ? Le ressacement des gn- ne risque-t-il pas de réduire le vocable à une expression plus simple, voire à sa disparition ?

Le cadastre de Soucy ne donne pas d’information sur le devenir de ce lieu-dit informulable qui semble avoir été éphémère.

15 AD Yonne, 3 E. 69/2.

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Transcription du doucument du 7 mars 1517.

Jehan Bollebeau, laboureur demourant à Soucy, reconnoist avoir vendu, etc., promis, garan-tir, etc., à Jehan Portat, cousturier demeurant à Sens, présent, achepteur pour luy, etc., la quantité de six quartiers de terre en une pièce, assis ou finage de Soucy ou lieudict Champi-gnemignot, tenant aux hoirs Jehan Roliau, d’autre long aux hoyrs André Lecoq, d’un bout audit vendeur et d’autre bout à Me Françoys Boucher, chargé de leur droict cens acoustumé sans autres charges. Ceste vente faite pour soixante dix solz tournois, argent franc, audit vendeur, que pour ce, etc., dont, etc., sicomme, etc., obligeans, etc., renonceant, etc., pré-sents ad ce Pierre Boucher et Edme Tullat, clercs demeurant à Sens.

Signature : Delafousse.

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AU FIL DES RECHERCHES

Analyse & découverte - XVIe _ XVIIIe siècles

Document 1 —. 7 mars 1517 16. Vente d’un héritage au Clos des Arènes à Sens par Jacques Lardon, procureur au bailliage de Sens, et Louise Lecheron, sa femme, aux religieux des Cé-lestins de Sens. Transcription intégrale : Furent présens en leurs personnes, Honnestes Personnes Jaques Lardon, procureur ou bail-liage de Sens et Loise Lecheron, sa femme, fille de feuz Guillaume Lecheron et de Marion de Cochery, ses père et mère, de par son mary suffisamment, etc., lesquelz assemblement re-cougnurent et confessèrent avoir vendu et promis garentir aux religieux, prieur et couvent de Notre Dame des Célestins de Sens, stipulans par frère Pierre Bureteau, l’un desditz reli-gieux et procureur des autres célestins, c’est assavoir troys quartiers de terre, la pièce ainsi qu’elle se comporte assise ou bourg Saint Jehan en la la paroisse de la Magdelaine, ou lieudit Le Clouz des Araines, tenant d’un long à ung héritaige appartenant auxditz religieux, par acquisition qu’ilz en ont faict de Jehanne de Villuys, veufve de feu Loys Petit, receveur ordi-naire de Gyen, d’aultre à Damoiselle Charlotte de Vielchastel, veufve de feu Me Jehan Piede-fer, d’un bout au grant chemin de Salligny et d’aultre au prieur du Charnyer, pour en joir, etc., ceste vente faicte moyennant et parmy le pois et somme de vingt livres tournoys, comptez et nombrez en présence dudit juré en cinq escus d’or soleil, ung angelot, deux es-cus couronne et le reste en monnoye, que pour ce, etc., dont, etc., obligeans, etc., renon-ceant, etc., ladite femme aiant confessé que dessus, aux droitz introduitz en faveur des femmes et bénéfices véléiens, à elle déclarés, etc. » Signature : Delafousse

16 AD Yonne, 3 E. 22/660.

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Document 2 —. 25 mars 1538. Rente sur des héritages situés à Saint-Aubin-Châteauneuf par Jean Tireau, fils de Jean Tireau dit Perceurt, greffier en la mairie de Saint-Aubin-Châteauneuf, en faveur de Jacques Soyer, chanoine de Sens. Transcription intégrale : En sa personne Jehan Tireau filz de Jehan Tireau dict Perceurt, greffier en la mairerie de Sainct Aulbin Chateauneuf, lequel recognoit et confesse que dès le dixiesme jour de may mil cinq cens trente ung, il a vendu et constitué à Discrète Personne Maistre Jacques Soyer, presbtre, chanoine de Sens, la somme de soixante quinze solz tournois de rente annuelle et rachetable, payable chacun an, le jour de Nativité de Monsieur Sainct Jehan Baptiste et icelle rente assignée sur ung quartier en fons de terre assiz audict Sainct Aulbin ou lieudict la Fon-teine Rousse et encores sur ung quartier de vigne assiz oudict finaige ou lieudict la Couarde, avec ce sur demy quartier de vigne ou lieudict Louthe à la Peignée et sur tous et chacun ses aultres biens meubles, selon que plus aplain est déclaré es lectres de constitucion de ce, faictes et passées par devant Jehan de Bourron, notaire royal, moyennant la somme de qua-rente cinq livres, quinze solz tournois, qu’il confesse dès lors avoir receue, dont il se tient pour contant, de laquelle rente de soixante et quinze solz tournois, Estienne Bonet, tanneur demeurant à Sens a eu le droict depuis ladicte constitucion dudict Soyer ou ses héritiers, et à ceste cause à icelluy Tireau de son bon gré recognut et confesse estre détenteur, etc, des-dictz héritaiges, selon que contenu est, esdictes lectres de constitucion, passées pardevant ledict Bourron, chargés et redevables envers ledict Bonnet de ladicte rente de soixante quinze solz payable chacun an audit jour Sainct Jeahn Baptiste, rachetable selon la nature du … contenu esdictes lectres de constitucion, laquelle rente il a promis payer et constituer le payement tant et si longuement qu’elle sera deue, sicomme, etc, promectans, etc, obligeans, etc, présens Messire Jehan Chausson, presbtre, et Loys Gelry, tonnelier demeurant à Sens, le XXVe de mars mil V c trente huict. Signature : Marteau.

Document 3 —.8 avril 1551 17. Vente de la cinquième partie de l’héritage de Marion Droin veuve de Pierre Breton, aïeule de Pierre Le Sourt, marchand-bourrelier à Sens, au bourg de Saint-Pregts, en règlement de l’entretien réalisé à la fin de la vie de Marion Droin, par Ro-bert Vivien, marchand-pelletier à Sens.

17 AD Yonne, 3 E. 69/2.

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Transcription partielle : Le 8 avril 1551, Pierre Le Sourt, marchand bourrelier demeurant au bourg Sainct Pregtz lez Sens, se portant fort pour son épouse Denise Robiqueau, reconnaît avoir vendu à Honorable Homme Robert Vyvyen, marchand pelletier demeurant à Sens une cinquiesme partie en une cinquiesme partie dont les cinq parts font le tout de tous & chascuns les biens meubles, immeubles et revenuz à luy adve-nuz, succeddez et escheuz à cause et par le décès, mort et trespas de feue Marion Drouyn en son vivant vefve de feu Pierre Breton, son ayeulle et tel droict non raison et action qu’il a et luy peult estre advenu à cause de ladicte succession, excepté la cinquiesme partie d’une cinquiesme partie dont les cinq pars font le tout de troys arpens, ung quartier de terre ou environ assis ou lieudict Les Eschelottes, finage de Sens, sur laquelle terre ledict Vivyen a droict de prendre vingt solz tournois de rente racheptable de vingt livres tournois. Cette rente provient d’une constitution faite par la défunte aïeule. Le bien semble être en franc alleu car à propos des rentes et cens seigneuriaux, Pierre Le Sourt déclare qu’il n’en paya jamais aulcune chose. Le Sourt reçoit la somme de 15 livres tournois, argent franc, sous la forme d’une quittance des dettes provenant de la succession de son aïeule à cause de Edmée Breton, mère, en son vivant vefve de feu Vincent Le Sourt, père et mère dudict vendeur, et aussi pour la somme de 20 sols tour-nois due à Vivyen pour sa part et portion de l’accomplissement du testament de ladicte deffuncte que ledict achepteur a payé pour ledict vendeur, ainsi que pour d’autres dettes, comme le rachat de la part de la rente due par Pierre Le Sourt sur les 3 arpents de l’Eschelotte, ainsi que d’une rente de 15 livres due par Pierre Breton audit Vivyen, la pension de son aïeule qui a esté nourrie et entretenue en la maison dudit achepteur, les frais des médecins et des médecines le temps que la-dicte deffuncte a esté nourrye, logée et hébergée en l’hostel dudict achepteur par l’espace de vingt troys mois. Ainsi Pierre Le Sourt demeure quitte de toutes dettes envers Robert Vivyen. L’acte est passé en présence d’Honorable Homme Jean Lamy, marchand apothicaire à Sens et d’Edme Chomereau, clerc demeurant à Sens.

Document 4 —. 28 mai 1571 18. Vente par Edmond Jacquet, marchand-voiturier par eau demeurant à Villeneuve-le-Roy, époux de Marguerite Marguere, à Pierre Carré, aussi mar-chand voiturier par eau demeurant au faubourg de Sens d’une place où était bâtie une grange qui a été brûlée lors des derniers troubles du royaume, en la paroisse Saint-Symphorien de Sens, à Pierre Carré, aussi marchand voiturier par eau demeurant au faubourg de Sens. Transcription partielle :

18 AD Yonne, 3 E. 71/24.

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Le 28 mai 1571 19, Edmond Jacquet, marchand, voiturier par eau demeurant à Villeneuve-le-Roy, reconnaît avoir vendu, tout en promettant de faire ratifier le contenu de l’acte à Mar-guerite Marguere, son épouse, à Pierre Carré, aussi marchand voiturier par eau demeurant au faubourg de Sens la moicté par indivis d’une place où solloit estre bastie une granche qui a esté bruslée du temps des derniers troubles advenuz au royaulme de France, ensemble la moictié d’un petit jardin assis près ladite granche qui solloit appartenir à feu Anthoine Jacquet, père dudit vendeur, duquel deffunct ledit vendeur & Estienne Jacquet, son frère, sont héritiers, avec cela moictié d’une aultre portion de jardin, près d’illec, advenue audit vendeur et audit Estienne Jacquet, son frère, à cause de la succes-sion de feue Guillemette Seustre, en son vivant femme en premières nopces de feu Jehan Jacquet, ayeulle d’icelluy vendeur, par partage faict avec les cohéritiers d’icelle deffuncte, le tout assis en la paroisse Saint Symphorien, faulbourg de Sens & partable par indivis avec ledit Estienne Jacquet. Ces héritages sont chargés de leurs censives si aulcune en est deue, que les partyes n’ont peu certiffier, ny la mouvance. La place est chargée d’une rente modique de 2 sols 6 deniers tournois, faisant partie d’une rente de 15 sols tournois, due à la cure de Sainte-Colombe du Carrouge de Sens. Catherine Tribou, veuve d’Antoine Jacquet, et mère du vendeur, a droit à l’usufruit de la moitié de la totalité de ladite place et jardin. L’acte est passé devant Jean Herbelin, sellier à Sens, Jean Boyard, praticien au même lieu, Mathurin Chetif, vigneron à Saint-Martin-du-Tertre, témoins. Seul Chétif a dit ne savoir signer

Document 5 —. Marché de transport de vin vers Paris du 7 octobre 1609 entre Edme Ber-thelot, marchand à la Celle-Saint-Cyr et Jean Tribou, voiturier par eau à Villeneuve-le-Roy. Transcription intégrale : 7 octobre 1609. Marché Jehan Tribou, voiturier par eau, demeurant à Villeneuve le Roy, en personne, recougnut avoir marchandé et promis à Edme Berthelot, marchand demeurant à La Celle Saint Cyr, présent, ce acceptant de luy mener, conduire et voiturer en ses batteaux par la rivière uz et acoustumés d’icelles, depuis le port de Thème sur Yonne jusques aux portz de Saint Paul au … en aval de Paris, et tenir en vente la quantité de treize muiz et demy de vin que ledit Ber-thelot sera tenu rendre et délivrer sur ledit port de Thème, pour mardy prochain, dix heures

19 AD Yonne, 3 E. 71/24.

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du matin, pour par ledit Tribou en l’instant les prendre et charger en sesditz batteaux, partir ledit jour et vacquer incessamment et d’heure à autre à ladite voiture, et chacun muid dudit vin, treize muidz paiables seullement que ledit Berthelot a promis et sera tenu d’en bailler et paier audit Tribou, après la délivrance dudit vin ausdictz portz de Paris, car ainsi, etc, si-comme, etc, promettant, etc, obligeant corps et biens, etc, renonceant, etc, fait et passé audit Villeneufve, en la maison de Savinian Massé, hostellier, après midy, le mercredy sep-tiesme jour d’octobre mil six centz neuf, par devant ledit Massé et Paul Massé, son filz, tesmoings, qui ont signé avec ledict Berthelot, ledit Tribou a dit ne scavoir signer, de ce re-quis. Signatures : Menu, notaire royal ; E. Berthelot ; P. Massé ; S. Massé ; tous avec paraphe.

Document 6 —. 6 décembre 1609. Louage d’Edme Debors, tuilier demeurant à la Ramée, paroisse de Bussy-en-Othe à Jean Vincent, tuilier demeurant à Palteau, paroisse d’Armeau, pour travailler à la Tuilerie du seigneur de Palteau. Transcription intégrale : Edme Debors, thuillier, demeurant à la Ramée, paroisse de Bussy en Othe, présent, reco-gnut s’estre alloué et s’alloue par ces présentes à Jehan Vincent l’aisné, aussy thuillier de-meurant à Palteau, paroisse d’Armeau, à ce présent et acceptant pour servir icelluy Vincent à vacquer et travailler dudit mestier de thuillier, à marcher, mouslerla thuille faistières et faire autres ouvrages dudit mestier bien et deuement, et ce incessamment par chacun jour ou-vrables et autres jours s’il est besoin sans discontinuer, en la thuillerie appartenants au Sieur dudit Palteau, et ce depuis le premier jour de janvier prochain, venant jusques au jour de Toussainctz car ainsi, etc, sicomme, etc, promettant, etc, obligeant corps et biens, etc, re-nonceant, etc, fait et passé audit Villeneufve, en l’estude du juré soussigné, après midy, le sixiesme jour de décembre 1609, par devant Jacques Fleury, sergent topier des prisons dudit Villeneuve, Pasqual Menu et Gratien Moreau, clercs demeurant audit Villeneuve, tesmoings, qui ont signé, ce que les parties ont dit ne scavoir de ce requis. Signatures : Menu, notaire royal ; J. Fleury ; G. Moreau ; Menu, tous avec paraphe. Document 7 —. 3 septembre 1615 20. Contrat de mariage entre Julian Poitrat, marinier à Armeau, et Marie Jacquet, accompagnés de leur nombreuse parantèle. Transcription partielle :

20 AD Yonne, 3 E. 26/222.

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Le 3 septembre 1615, Julian Poitrat, marinier demeurant à Armeau, fils de feu Edme Poitrat et de Jeanne Le Seurre, assisté de sa mère, demeurant à Armeau, Olivier Poitrat, laboureur à Armeau, Supplix Poitrat, laboureur au Vau, paroisse Saint-Nicolas de Villeneuve-le-Roy, maître Louis Poitrat, greffier, notaire et tabellion à Armeau, ses frères, Messire Jean Poitrat, prêtre, vicaire de l’église d’Armeau, Félix Langlois, manouvrier à Armeau, ses oncles, d’une part, et Marie Jacquet, fille de Sire Edmon Jacquet, marchand par eau à Villeneuve-le-Roy, et de défunte Marguerite Marguere, assistée de son père, Antoine Jacquet et Edme Jacquet, aussi marchandz par eau, ses frères, Jean Longbois fils de Claude, marinier, époux de Richarde Jacquet, sa femme, Claude Longbois, époux de Catherine Jacquet, Jean Couturier, charpen-tier de bateaux, époux de Estiennette Jacquet, Renault Cagnance, marchand par eau, époux de Marguerite Jacquet, ses beaux frères et sœurs, Sire Etienne Jacquet l’aîné, marchand, Claude Besneux, marinier, époux d’Etiennette Tufaut, Sires Etienne Jacquet le jeune, Edme Clément, Jean Vandart le jeune, René Minard, marchandz par eau, maître Jean Perrot, chi-rurgien, maître Jacques Gallimart, chirurgien, maître Edme Longbois, sergent royal, Eus-tache Le Beau, marchand et Louis Bridou, charpentier de bateaux, ses cousins, Edmée Le Beau, sa cousine.

Document 8 —. 19 décembre 1618 21. Cession de terres à Bussy-en-Othe par Jean Violette, charbonnier à Bussy, à Sire Pierre de la Mare, marchand demeurant à Villeneuve-le-Roy. Analyse d’acte : Le 19 novembre 1618, Jean Violette, charbonnier demeurant à Bussy-en-Othe, cède à Sire Pierre de la Mare, marchand demeurant à Villeneuve-le-Roy, cinq quartiers ½ de terre la-bourable au finage de Bussy-en-Othe, en deux pièces : 1) Un arpent au lieu-dit L’Oeillière, situé sur la censive du seigneur comte de Joigny, tenant d’un long à Edmond Huré, d’autre à Jean Vallée, d’un bout au chemin allant de Bussy-en-Othe à Joigny, d’autre bout à Denis Saffroy. 2) Un quartier-et-demi au lieu-dit La Vallotte, situé sur la censive de la Dame Abbesse de Saint Julien lez Auxerre, tenant d’un long à Jean Morée filz de Marin, d’autre à Jean Mercier le jeune, d’un bout à Edmone Saffroy, veuve de Jean Robert et d’autre à Gabriel Tourcoul. Le cens s’élève pour chaque seigneurie à un denier tournois l’arpent. L’acheteur verse la somme de 50 livres tournois, soit 40 livres pour la première pièce et 10 livres pour la seconde.

21 AD Yonne, 3 E. 26/225.

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Témoins : maître Jacques Lemoine le jeune, receveur des deniers communs de Villeneuve-le-Roy et Pierre Groment, clerc à Villeneuve-le-Roy. Nota : Le 25 novembre de cette même année (jour de sainte Catherine), Pierre de la Mare, marchand à Villeneuve-le-Roy, a acquis d’un nommé Poisson (et de sa femme) – l’acte est rongé, on ne possède par leur identité exacte -, une maison et grange à Bussy-en-Othe, sise rue du Puits Fouré, contre la somme de 112 livres tournois.

Document 9 —. 19 mai 1644 22. Bail de la pêcherie du comte de Joigny sur la rivière d’Yonne du par Martin et Antoine Vérien, marchands à Armeau à Claude Garrault, marinier demeurant à Villeneuve-le-Roy. Transcription intégrale : Le dix neufviesme jour de may mil six cents quarante quatre, en leurs personnes Honorables Hommes Martin et Anthoine les Vériens, marchands demeurant à Armeau, lesquelz ensem-blement et solidairement, ont volontairement recognu et confessé avoir soubz admodié à Claude Garrault, marinier demeurant à Villeneufve le Roy, présent et acceptant pour luy, etc, la pesche de la rivière apartenant à Monseigneur le duc de Rez, compte de Joigny, en ce qu’il leur en apartient comme ils ont advouer cy devant et sans entreprendre sur ce qui n’est dudit Sieur, pour prise de ladite pesche apescher à toute sorte d’engence esdite rivière et à la manière accoustumée, de pescher par ledit Garrault pendant [et] soubz le nom desdits bail-leurs le temps et espace de trois années, à commencer du jour et feste de Saint Jean Baptiste prochayn venant et jusque et fain desdites trois années et s’estant réservé lesdits bailleurs la pesche de Lespacrime pour pescher ou faire quand bon leur semblera et sans toucher aux places de ladite rivière. Ce bail et admodiation fait aux charges susdites et oultre a le prix et somme de cent livres tournois par chacun an et un plat de poisson de sept livres vaillant par an, à payer pareille somme à deulx termes et argent esgaulx, scavoir la moytié au jour et feste de Noël prochain venu et l’aultre moytié au jour et feste de Saint Jehan Baptiste en sui-vant l’une après l’aultre et en continuant d’aultre en aultre jusque en fain desdites trois an-nées et seront tenus mestre coppie des présentes en forme es mains desdits bailleurs aux frais et despens, sy comme, etc, promettant, etc, obligeant corps et biens, etc, renonçant, etc, faict et passé à Dymon, [en] présence d’Honorables Hommes Pierre et Renaud les Brissons,

22 AD Yonne, 3 E. 50/672.

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mariniers demeurant à Armeau et Villevallier, tesmoingtz, lequel preneur a dict ne scavoir signer, dit on interpellez suyvant l’ordonnance. Signatures avec paraphe : P. Brisson ; R. Brisson ; M. Vérien ; A. Vérien ; S. Roydot, no-taire et tabellion royal.

Document 10 —. Remise en ferme d’un bail à rente concernant les revenus de la chapelle de la Maladrerie de Dixmont du 5 novembre 1682 23, entre le curé et les marguilliers de la pa-roisse de Dixmont, et le représentant des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Transcription intégrale d’un acte en partie déchiré. 5 novembre 1682 Remise en ferme de bail à rente Ce jourd’huy cinquiesme jour de novembre […] vingt deux furent présentz en leurs per-sonnes […] conseiller du roy et son controlleur au grenier à sel de […] et ce faisant pour Messieurs de la direction […] et de Saint Jean de Jérusalem et encore de Messire […] che-vallier, seigneur de Bullonde, grand prieur […]dans ledit ordre et commandeur de la […]commanderie […] et sa despendance, d’une part, et Vénérable, Discrète […] Personne, Messire Jean Perrot, bachelier en théologie, [curé de] Dymon, Les Bordes, son annexe, et Honnestes Personnes […] et Jean Leblanc, marguilliers de l’église et fa[briciens], lesquels parties es noms et qualités […]die quolinga avec justice fait par devant Monsieur le président lieutenant général, juge et commissaire délégué en la ville de Sens pour les faits des mallade-ries, à requête desditz seigneurs […]les marguilliers préceddant de ladite fabrice, pour raison […] prestendant que dans les [tiltres] de la paroisse de ce lieu, il […] qui antiennement estoit une malladerie, et en ce faisant que […] hérittages quy despendoit de ladite chapelle, dont la fabrice du […]c’est mis en pocession, pourquoy il auroict faict demande du […]biens avec les deux tenans d’iceux, mesme le restable suivant de […]et malladerie, à laquelle demande y a instances lesquels fabriciens […] fait déclaration qu’il n’avoit aucune cognoissance qu’il y eust […] malladerie en ceste paroisse et qu’il y eust aucuns héritages qui […] peu d’en prendre et que les biens dont ladite fabrice est […] c’est audit tiltre y a une jouissance plus que centenaire, mais […] qu’il n’ont pas […] lesdits seigneurs chevalliers ce mis bien […] qu’il trouveroit appartenir à ladite chappelle en rapport […] vallables et que toutes jouis-sances que l’auroit […] de bonne foy, en telle sorte que les partyes estoient en voye [d’entrer] en grands frais pourquoy obvier et pour le bien de la paix ont transigé, a accordé ce qu’il ensuit :

23 AD Yonne, 3 E. 50/675.

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C’est assavoir que ledict Sieur Jodrillat ce faisant fort desdits seigneurs chevalliers comme il est cy dessus a ceddé, quitté, transporté, et par ces présentes, cedde, quitte et abandonne à la fabrice dudit Dymon, lesdits Sieur curé et marguilliers susdits acceptant pour icelle, toutes les terres et hérittages en aucunes y a despendant de la chapelle et malladerie quy pourroict estre en l’estendue de la paroisse dudict Dymon, sans aucune chause reservée, pour, par les marguilliers de ladite fabrice en disposer comme ils jugeront à propos et comme biens des-pendant d’icelle, en faire telles rechargant qu’ils adviseront, ledit Sieur Jodrillat pour lesdits seigneurs subrogent lesditz fabriciens en tous leurs droictz tant en usufruitz desditz hérittages que revenus d’iceux que aultrement, moyennant et à la charge que ladite fabrice de Dymon, c’est soubzmis par ces présentes sans [rien] à conséquance à pour quitter à procès de payer auxdictz seigneurs chevalliers ou à leurs ordonnances en la ville de Sens […] la somme de huict livres tournois que lesditz Sieurs curés […] susnommez pour ladite fabrice ont promis de […] leur fournir et faire valloir ausdictz seigneurs dont le premier payant […] ou deladite rente commanssera à eschoir au jour de feste de [Toussainct]. Et pour assurance de ladite rente ont affecté et ypotecqué […] nullité susdite tous les biens de ladite fabrice, lesquels seront […] y a d’humeur d’entretenir et fassonner en tel sorte que sur le revenu […] ainsy la rente susdite sera commodément prise et percue. Et par ce […] en l’action et demandes desdits seigneurs chevalliers a faict à ladicte […] rien pour raison des chauses cy devant ex-primées demeurant nul et […] à ladite fabrice des charges entièrement d’icelle, moyennant c’est […] qui demeureront en leur force et vertu, dont coppie sera délivrez audit Sieur Jo-drillat pour lesditz seigneurs ausquels il c’est soubmis de faire agréer ces présentes, dont, etc, sycomme, etc, promettant, etc, obligent, etc, faict et passé audit Dymon en l’estude du juré avant midy, es présence de Messire Charles Garancher, bachelier en droit canon, prestre de présent à Dymon, demeurant à Courtenay, et maistre Jacques Deglace, praticien en la prévosté de Dymon, demeurant aux Bordes de Dymon, tesmoingz. Signatures : Despois ; J. Leblanc ; Jodrillat ; J. Perrot ; J. Deglace ; Symonet, notaire et ta-bellion royal, tous avec paraphe.

Document 11 —. 19 février 1708. Reconnaissance de rente par Adriane de Oudry contre Pierre Vincent, de Cusy, héritier de Jean Vincent et d’Anne Velluot. Transcription partielle : Le 19 février 1708 24, Pierre Vincent, manouvrier demeurant à Cusy, héritier en partie de défunt Jean Vincent et de Anne Velluot, ses père et mère, a déclaré que dans l’année 1617

24 AD Yonne, 3 E. 102/3.

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deffunt Denis Velluot, son ayeul constitua rente annuelle et perpétuelle au proffit de Dame Barbe Vel-luot, vivante veufve de Me Nicolas Jazu, de la somme de quatre livres, cinq sols, racheptable de soixante et huict livres de principal à l’hypotecque spéciale d’un bastiment scis audit Cusy, scis en le rue d’en hault, où demeure de présent ledict recougnoissant, concistant en une chambre haulte, grenier dessus, deux passellées de grange, attenant ledit logis.

La constitution de cette rente a été passée devant Chatat, notaire, le 26 septembre 1617, et depuis reconnue par défunt Robert Vincent, grand-père dudit Pierre, passée par devant Cha-tat, notaire, le 19 décembre 1664, puis par Jean Vincent, mari d’Anne Velluot, par un autre contrat d’hypothèque, au profit de feu Claude Velluot, Sieur des Rousseaux, reçu Chatat, le 19 décembre 1664, et encore nouvelle reconnaissance passée par ladite Anne Velluot, veuve de Jean Vincent, mère et tutrice de ses enfants, passée par devant Bonnez, notaire le 11 no-vembre 1684, reconnue debtrice de la somme de 68 livres envers le Sieur des Rousseaux.

Cette rente échut ensuite à Damoiselle Adriane de Oudry, héritière en partie dudit défunt Sieur Claude Velluot, Sieur des Rousseaux.

En conséquence ledit Pierre Vincent s’est obligé sur ses biens à payer la rente à Simon de la Croix, inspecteur des bâtiments du roi, à présent mari de ladite Damoiselle Adriane de Ou-dry, demeurant à Versailles. L’acte est passé à Ancy-le-Franc, par devant Chatat, notaire, en présence de Nicolas Lemaire, marchand, et Edme Binot, chapelier. Pierre Vincent déclare ne savoir signer.

Signatures : N. Lemaire (sans paraphe) ; E. Binot ; Chatat, notaire.

Contrôlé le 4 mars 1708 à Ancy-le-Franc - 6 deniers - par de Courtives.

Document 12 —. Acte de rétrocession fait par Estienne Vallet, manouvrier à Flogny, veuf d’Anne Jotterat, et ses enfants, à Pierre Vallet, fils dudit Etienne, le 15 avril 1738. Analyse de l’acte : Le 15 avril 1738 25, avant midi se réunissent devant maître Pastey, notaire au bailliage et pairie d’Ervy, résidant à Flogny, Estienne Vallet, manouvrier demeurant à Flogny, Jacques Vallet, maréchal demeurant à Carisey, François Vallet, garçon majeur, et Anne Vallet, fille majeure, ces deux derniers demeurant à Villiers-Vineux. Lesquels Jacques, Françoise et Anne Vallet sont les héritiers de défunte Anne Jotterat, leur mère, et ont conjointement

25 AD Yonne, 3 E. 25/1.

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avec leur père, vendu à Pierre Vallet, garçon majeur, demeurant à Carisey, fils dudit Es-tienne Vallet, et également héritier de ladite Anne Jotterat, sa mère : 1- 19 cordes de vigne sises au finage de Flogny, lieu-dit Le Donjon, tenant d’une part au curé de Flogny, d’autre aux héritiers d’Edme Vallet, d’un bout à la rivière, d’autre bout au fossé du Donjon. 2 – Une petite maison « consistant en une chambre à feu, une partie en apenty servant de cave, une écurie séparée d’icelle, cour, jardin scis et scitué dans la fermeture dudit Flogny », lieu-dit la rue du Four du Fresne, tenant du levant à une ruelle commune, du midi à la rue du Four du Fresne, du septentrion et couchant aux héritiers feu maître Edme Pastey, procureur fiscal. L’ensemble est chargé d’une rente due à la veuve et aux héritiers de feu maître Louis Luyt, avocat en parlement, bailli de La Chapelle-Vieille-Forêt, à savoir 40 sols pour la vigne et 6 livres pour la maison, payable au 19 janvier de chaque année. Pierre Vallet s’engage à verser à ses cohéritiers la somme de 160 livres et de payer la rente et ses intérêts. L’acte est passé devant deux témoins : Jacques Maréchal, cabaretier et Louis Gossot, labou-reur demeurant à Flogny. Ceux-ci signent l’acte avec Pierre et Jacques Vallet. Signatures : Pierre Vallet ; Jacques Vallet ; J. Maréchal ; L. Gossot ; Pastey, notaire. Les frères Vallet et Gossot signent sans paraphe.

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Il faut rappeler que si des chercheurs mettent en valeur certaines notices et certains articles, c’est pour contribuer à la connaissance générale d’une manière collaborative et efficace. La recherche des pièces d’archives est une opération longue et fastidieuse et leur analyse est souvent compliquée. Elle demeure l’affaire des paléographes et des érudits pour les périodes les plus anciennes et les plus compliquées à déco-der. Le public averti, en quête de ces informations, peut ainsi en bénéficier pleinement.

Merci de respecter cette règle pour que se poursuive cette expérience de dévoilement des sources.