La mise en place d’un jardin partagé sur la commune de ... · Rapport de stage présenté par :...
Transcript of La mise en place d’un jardin partagé sur la commune de ... · Rapport de stage présenté par :...
AIX MARSEILLE UNIVERSITE INSTITUT UNIVERSITAIRE DE TECHNOLOGIE
Département Carrières sociales option Gestion urbaine H
Licence Professionnelle
Conduite de projets territoriaux durables
Rapport de stage présenté par :
Lilou Slyper
Maitre de stage Tuteur de stage
Valérie Alaphilippe Serge Walery Directrice générale des services
Année 2016-2017
La mise en place d’un jardin partagé sur la commune
de Saint-André de cubzac
Mairie de Saint André de Cubzac
8, place Raoul Larche 33240 Saint-André de Cubzac
AIX MARSEILLE UNIVERSITE INSTITUT UNIVERSITAIRE DE TECHNOLOGIE
Département Carrières sociales option Gestion urbaine H
Licence Professionnelle
Conduite de projets territoriaux durables
Rapport de stage présenté par :
Lilou Slyper
Maitre de stage Tuteur de stage
Valérie Alaphilippe Serge Walery Directrice générale des services
Année 2016-2017
La mise en place d’un jardin partagé sur la commune
de Saint-André de cubzac
Mairie de Saint André de Cubzac
8, place Raoul Larche 33240 Saint-André de Cubzac
Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier la mairie de Saint-André de Cubzac, qui, malgré des
mésaventures passées et des circonstances qui ne jouaient pas en ma faveur, a accepté de
retenter l’expérience et de prendre un stagiaire.
Je remercie également Hélène Richet et Valérie Alaphilippe, toutes deux mes tutrices, de
m’avoir offert la possibilité de travailler sur ce projet si enrichissant d’un point de vue
professionnel et personnel. Il m’a permis de me confronter à la conduite de projet dans son
intégralité en réalisant des tâches variées allant de la présentation devant des élus, à la
rédaction de communiqués de presse en passant par l’animation d’une réunion de concertation
avec la population. Je les remercie surtout de la grande confiance qu’elles m’ont accordée en
me laissant une grande liberté et autonomie dans mes choix et actions. Je tiens également à
remercier tout le service technique qui a mis son expertise et son expérience à mon service.
Je remercie aussi Serge Walery pour le temps qu’il aura consacré à répondre à mes
interrogations et pour ses remarques pertinentes tout au long du stage. Je le remercie
également d’avoir su « stimuler mes réflexions » afin de rendre un rapport le plus complet et
le plus précis possible. J’en profite pour remercier toute l’équipe pédagogique ainsi que mes
camarades de promotion pour cette année riche et intense.
Enfin, je remercie ma mère, ma grand-mère et ma sœur d’être toujours présentes à mes côtés
et de prendre le temps de relire mes rapports et mes traductions anglaises, et depuis le temps,
ça en fait…
Résumé
Actuellement, les jardins partagés fleurissent un peu partout pour faire face au bétonnage des
villes mais également à la perte de lien social et à la montée de la pauvreté. Bien que leurs
formes et leurs fonctionnements puissent varier de façon radicale, ils ont tous l’ambition
d’être des lieux pédagogiques, respectueux de l’environnement, vecteur d’autonomie, de
mixité sociale et intergénérationnelle.
Inscrite au programme électoral de l’équipe municipale de Saint-André de Cubzac, la
promesse de jardins partagés et de jardins comestibles devient concrète cette année, puisque le
premier est en passe d’être aménagé. Ce document tente donc de retracer le cheminement
poursuivi pour arriver à ce projet mais également la méthodologie mise en place ainsi que les
premiers résultats.
S’inscrivant dans le développement durable d’un territoire en étant un outil de la transition
écologique, environnementale, sociale et économique, il s’agira également de montrer
comment l’aménagement d’un simple jardin partagé s’inscrit dans une réflexion plus globale.
Réflexion qui comprend les actions déjà initiées et celles vers lesquelles il faudrait tendre
dans un futur plus ou moins proche.
Jardin partagé – Lien social – Transition – Mixité – Alimentation responsable
Abstract
Nowadays, shared gardens flourish a little bit everywhere to face the concreting of our towns
but also the loss of social link and the increasing of poverty. Even if the forms and the
working may vary in a radical way, they all have the ambition to be instructive,
environmently respectful, conveyor of independance, social and inter-
generationnal mix links.
The electoral platform of Saint André de Cubzac's municipality put the spotlight on the
creation of shared and eatable gardens this year because the first one is about to be fitted out.
This document attempts to redraw the development setting up to achieve this project and in
the same time showing the methodology applied and finally the first results.
Enter into the sustainable development of a territory as a tool of ecological, environmental,
social and economical transition, it deals with how we manage the layout of a simple shared
garden in the foreground of a more global reflexion. Reflexion which includes already initiate
actions plus the one where we aim to develop in a futur, more or less close.
Shared garden - Social link - Transition - Diversity - Sustainable alimentation
1
Sommaire
Table des sigles .......................................................................................................................... 3
Introduction ................................................................................................................................ 5
1. Saint-André de Cubzac, d’hier à aujourd’hui ..................................................................... 6
A. Contexte historique et géographique ................................................................................ 6
1) Un peu d’histoire ............................................................................................................ 6
2) Une municipalité mobilisée pour la protection de son patrimoine .................................... 9
3) Une ville à la campagne ............................................................................................... 12
B. Les démarches déjà initiées par la municipalité .............................................................. 15
1) Réduire le gaspillage alimentaire dans les établissements scolaires ............................ 15
2) Le zéro phyto ............................................................................................................... 21
3) Les Incroyables Comestibles ....................................................................................... 25
C. Un nouvel outil : le jardin partagé ................................................................................... 28
1) Le jardin partagé à travers les époques ........................................................................ 28
2) Le jardin partagé made in Saint-André de Cubzac ...................................................... 30
2. Le jardin partagé, un premier pas vers l’autosuffisance alimentaire ? ............................. 33
A. Une méthodologie participative… ............................................................................. 33
1) Rencontrer les acteurs du territoire ........................................................................ 33
2) Etudier des initiatives similaires ............................................................................ 40
3) La place de la concertation..................................................................................... 49
B. …pour des résultats en construction .......................................................................... 52
1) Les préconisations pour le jardin ........................................................................... 52
2) Le financement ....................................................................................................... 62
3) Retour sur le premier atelier de concertation ......................................................... 65
C. Vers un projet plus vaste ? ......................................................................................... 69
2
1) Le but ultime : une aire de méthanisation .............................................................. 69
2) L’exemple à suivre : Ungersheim .......................................................................... 72
3) Iles : le pouvoir du citoyen ..................................................................................... 75
Conclusion ................................................................................................................................ 77
Bibliographie ............................................................................................................................ 79
Annexes .................................................................................................................................... 81
Tables des annexes ................................................................................................................... 85
Tables des illustrations ............................................................................................................. 86
Table des matières .................................................................................................................... 87
3
Table des sigles
ADEME : Agence De l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie
ALUR : Loi pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Rénové
AMAP : Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne
AMSAD : Association de Maintien et de Soins A Domicile
ARS : Agence Régionale de Santé
CCAS : Centre Communal d’Action Sociale
CNRTL : Centre National de Ressources Textuels et Lexicales
COS : Coefficient d’Occupation des Sols
CREPAQ : Centre Ressource d’Ecologie Pédagogique d’AQuitaine
DDASS : Direction Départementale des Affaires Sociales et Sanitaires
DIRECCTE : Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation,
du Travail et de l’Emploi
EH : Equivalent Habitant
EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour les Personnes Agées Dépendante
ILES : Initiatives Locales Ecocitoyennes et Solidaires
LPO : Ligue pour la Protection des Oiseaux
MDSI : Maison Départementale de la Solidarité et de l’Insertion
SEL : Système d’Echange Local
SIAEPA : Syndicat Intercommunal d’Adduction d’Eau Potable et d’Assainissement
SIVOM : Syndicat Intercommunal à VOcation Multiple
SMICVAL : Syndicat Mixte Intercommunal de Collecte et de Valorisation des déchets
4
SRU : Solidarité et au Renouvellement Urbain
TAP : Temps d’Activité Périscolaire
5
Introduction
En 2014, les habitants de la commune de Saint-André de Cubzac ont élu leurs représentants :
le maire et son équipe ont donc pris les commandes de la ville pour 6 ans. En exerçant le
pouvoir décisionnel sur le territoire communal, la mission des élus locaux est de représenter
les citoyens, d’agir pour l’intérêt local et de mettre en œuvre les politiques nationales. Dans
des sociétés de consommation toujours plus gourmandes en matières premières, et pour la
plupart non renouvelables, les politiques publiques tentent progressivement d’orienter la
croissance vers un développement plus durable. Agissant en simultané sur la satisfaction des
besoins environnementaux, sociaux, économiques et du long terme, il a l’ambition d’être un
état où « les composantes de l’écosystème et leurs fonctions sont préservées pour les
générations présentes et futures […] les composantes de l’écosystème incluent, outre les êtres
humains et leur environnement physique, les plantes et les animaux»1.
La municipalité de Saint-André de Cubzac a eu à cœur de s’investir dans cette transition en
suivant les directives mais également en prenant des initiatives : « Face aux changements
climatiques et à l’épuisement des ressources, il y a urgence à passer d’un modèle de
surconsommation (d’espace, d’énergies, de nourriture, d’objets, ….) à un autre […] Urgence
à réinventer nos façons de produire, d’échanger, d’habiter, de nous déplacer, […] » (Célia
Monseigne, maire de Saint-André de Cubzac, avril 2017). Parmi les nombreux
comportements à réorienter pour participer à la transition, la recherche d’une alimentation
plus responsable est un levier de taille.
L’alimentation, condition sine qua none à la vie, est depuis longtemps un sujet qui me
passionne et dans lequel je voudrais m’investir professionnellement. Alors que j’ai orienté
l’ensemble de mes travaux sur l’alimentation de manière spécialisée notamment à travers le
gaspillage alimentaire, j’ai aujourd’hui envie de l’étudier de manière globalisée à travers le
fonctionnement d’un territoire. La Licence Professionnelle Conduite de Projets Territoriaux
Durables ainsi que son stage de fin d’études m’ont permis de le faire et de l’appréhender dans
le cadre d’un projet dépassant la seule fonction alimentaire. J’ai, en effet, été missionnée pour
étudier la faisabilité d’un jardin partagé par la mairie de Saint-André de Cubzac. La question
que je me pose donc aujourd’hui, au terme de ce travail, est : à travers l’exemple de Saint-
André de Cubzac et la création de son jardin partagé, comment une commune de taille
1 Définition du développement durable de l’AFNOR, Association française de normalisation
6
moyenne peut-elle contribuer à l’effort national de développement durable en agissant sur le
levier d’une alimentation plus responsable ?
Dans une première partie je présenterais la commune « d’hier à aujourd’hui », c'est-à-dire le
cheminement qu’elle a suivi et qui a conduit à la mise en place de certaines mesures engagées
pour le développement durable ainsi que la présentation du nouvel outil que sera le jardin
partagé. Pour ensuite dans une seconde et dernière partie, montrer comment ce jardin est un
premier pas vers une alimentation plus responsable avec la présentation de la démarche
suivie, des premiers résultats et des pistes à poursuivre.
1. Saint-André de Cubzac, d’hier à aujourd’hui
A. Contexte historique et géographique
1) Un peu d’histoire
La commune de Saint-André de Cubzac, située en Gironde au sein de la nouvelle région
Aquitaine-Poitou-Charente-Limousin, voit son histoire réellement débuter dès l’époque
romaine. En effet, les romains chassant les celtes constituèrent la province romaine
d’Aquitaine, Aquitania. C’est dans cette province nouvellement créée que se dessinent les
frontières de ce qu’est aujourd’hui la commune.
Son nom
Elle prit tout d’abord le nom de Cubzac. Ce nom se découpe en deux parties : « Cub » qui
provient sans doute des Cubes qui habitèrent la contrée pendant un temps et du préfixe
« Ac », commun à de nombreuses localités en Aquitaine et qui vient du latin « Aqua » pour
signifier la proximité d’un cours d’eau ou d’une source. Cela permettait aux romains de
signifier rapidement aux visiteurs la qualité de leur terre : fertile et donc naturellement de
bonne qualité. C’est au Moyen-âge, lors de la création des paroisses, que la commune prend le
nom de son représentant de Dieu : « Saint-André ». Plus tard, pendant la Révolution
Française, elle prend provisoirement le nom de Montalon, nom de son point culminant qui
signifie en occitan « d’où l’on voit loin », afin d’effacer toutes traces du clergé. La population
n’étant pas favorable à ce changement, elle reprit rapidement son nom d’origine : Saint-André
de Cubzac.
7
Une commune commerçante
La commune a toujours été dynamique en termes de rencontres et d’échanges. C’est pour cela
qu’au XIIIème siècle, Edouard III, alors roi d’Angleterre et propriétaire de l’Aquitaine, autorisa
la construction d’un marché et d’une foire afin d’accroitre les échanges commerciaux. Ces
constructions furent ordonnées par le maire de Bordeaux en 1290 et réalisé par Jean-Frédéric
de la Tour du Pin2. La halle ainsi construite fut pendant près de deux siècles un lieu de
rassemblement pour les marchés mais également pour les fêtes populaires, notamment lors de
la libération en 1944. Cette halle donnait sur la rue Nationale (rue principale de la commune)
qui jadis abritait non loin de 100 commerces. On pouvait y trouver tous les corps de métier :
boulangers, cafetiers, charcutiers, chaudronniers, courtiers d’immeubles, etc.
Illustration 1 : La Halle de Saint André de Cubzac en 1904
Source : Saint-André de Cubzac, Christophe Meynard
La commune pouvait également s’appuyer sur son port, le port de Plagne, pour développer le
commerce avec l’extérieur. Plagne signifie en occitan « la plaine » afin de contraster avec
Montalon. On y trouvait en outre des usines comme par exemple une usine de chaînes et de
2 Jean Frédéric de la Tour du Pin (1727-1794) était commandant des Provinces de Poitou et de Saintonge puis député aux états généraux en 1789 et enfin ministre de la guerre d’août 1789 à novembre 1790. Il meurt guillotiné par les Jacobins.
8
câbles pour la marine ou encore une usine d’eau gazeuse. C’était également l’un des plus
importants ports de pêche à l’esturgeon de l’estuaire : on y récoltait près de 200kg de caviar
par an. Il était de taille convenable puisqu’une dizaine de gabares3 pouvaient s’y amarrer le
temps que la marée soit favorable pour rejoindre Bordeaux.
La création des ponts
Sur la route Bordeaux-Paris et séparée de Bordeaux et de sa périphérie par la Dordogne, la
commune s’est rapidement posé la question de l’obstacle "rivière" sur le chemin des
échanges. La première solution mise en œuvre fut un câble tendu entre les deux rives. Les
traversées s’effectuaient alors en tirant dessus. Ce système, certes ingénieux mais d’une
efficacité discutable, laissa place, en 1812, à un premier pont dont la construction fut
ordonnée par Napoléon. Le passage, alors payant, allait de 0,05 francs pour un mouton ou une
chèvre à 2,10 francs pour une voiture attelée à deux roues. Il s’effondra une cinquantaine
d’année plus tard ne permettant alors plus que le passage des piétons.
Grâce à ce nouvel équipement, le commerce s’était bien développé, une nouvelle structure
était donc nécessaire rapidement. C’est Gustave Eiffel qui fut le deuxième à s’atteler à cette
tâche, en 1879. Il s’appuya sur les vestiges du premier pont pour en construire un nouveau,
qui porte toujours son nom. Il fut construit selon la technique du montage en « porte-à-
faux4 ». Il fut de nouveau détruit pendant la seconde guerre mondiale avant d’être reconstruit
par le petit fils de Gustave, Jacques.
Ses vestiges
La commune possède de nombreux châteaux dont le principal édifice est le siège de
l’ancienne baronnie du Cubzaguès : le château du Bouilh (en occitan « le bosquet »). Il fut
dessiné par l’architecte du grand théâtre de Bordeaux, Victor Louis5. Citons également le
Château Robillard qui appartenait à l’une des plus puissantes familles du Cubzaguais, les
Milhet. Il fut acheté par la municipalité en 1982. On y trouve à proximité un platane
remarquable, probablement planté sous le règne de Louis XIV. Il mesure 32 mètres de haut et
environ 29 mètre de circonférence. Hormis ce dernier château, les autres sont aujourd’hui,
pour la plupart, des sièges d’exploitation viticole.
3 Une gabare est un bateau traditionnel destiné au transport de marchandise 4 Une installation est dite en porte-à-faux lorsqu'un de ses éléments est soutenu par une partie qui est elle-même au-dessus du vide, c'est-à-dire sans support immédiat. L’élément ainsi soutenu est en « porte-à-faux » 5 Victor Louis (1731-1800), architecte français
9
Sur le passage du 45ème parallèle, le coteau de Montalon est le point culminant de la commune
et du canton. Il garde, comme aux environs, des traces d’anciens moulins à vent construits au
XVIIIème siècle. Ces moulins sont typiques de l’Aquitaine. On y venait moudre le blé, le
seigle et l’avoine des environs avant que la vigne n’accapare toutes les terres.
L’église de Saint-André de Cubzac, Saint-André-du-Nom-de-Dieu est construite par les
Bénédictins de l’abbaye de la Sauve-Majeur6 entre le XIIème et le XIXème siècle. Le style
dominant de cette église fortifiée est le roman. Sa dernière restauration date de 1977.
Enfin, outre les monuments, des personnages célèbres marquent également l’histoire de Saint-
André de Cubzac. Y sont nés parmi d’autres : le commandant Jacques-Yves Cousteau, le
pilote d’avion André Dubourdieu, l’historien Marcel Gouron, les sculpteurs Raoul Larche et
Pierre Traverse, le ministre Jean-Marie Antoine de Lanessan. Le sénateur et gouverneur de
l’Île de la Réunion Henri Hubert-Delisle et le ministre de la Guerre Jean-Frédéric de la Tour
du Pin quant à eux y sont morts.
Sol et vignes
Le Cubzaguais débute dans la plaine alluviale de la Dordogne à laquelle fait suite une série de
coteaux plantés de vignes. Le sol est principalement argilo calcaire et, de ce fait, très propice à
la vigne rouge. On trouve également du sol sablo argileux propice à la vigne blanche. Le
sous-sol, quant à lui, est majoritairement argilo calcaire. Grâce à cette qualité de sol, le
vignoble local produit une quarantaine de variétés. Aujourd’hui, le vignoble du Cubzaguais
bénéficie des appellations d’origine contrôlée Bordeaux et Bordeaux supérieur. Cependant, la
vigne devenue monoculture appauvrit la biodiversité du territoire.
Maintenant que nous avons présenté l’histoire et les caractéristiques physiques du territoire,
nous allons nous intéresser aux actions mises en place par les différentes municipalités.
2) Une municipalité mobilisée pour la protection de son patrimoine
Retour sur l’histoire municipale
Après la 2ème guerre mondiale, la municipalité est dirigée par des maires de droite. Elle passe
à gauche en 1977 et y restera, au moins jusqu’en 2020.
6 L’abbaye bénédictine de La Sauve-Majeure bâtie entre le XII et le XIIIème siècle s’étend entre la Dordogne et la Garonne et est un magnifique exemple d’architecture et de sculpture romane
10
Ce changement politique des années 70 intervient dans le même temps que son progressif
désenclavement. En effet, grâce à la construction de nouveaux équipements routiers, tels que
le pont d’Aquitaine7, elle entame sa mutation socio économique.
Se succèdent alors 3 maires dont l’ambition est de développer l’économie, de dynamiser et
d’équiper la commune. L’information et la participation des habitants à la vie locale
deviennent également des objectifs majeurs : des commissions extra-communales de
l’information sont organisées pour que la population vienne s’y exprimer sur l’actualité
locale. Un journal communal est également mis en place avec les « tribunes des citoyens ».
A cette époque, émerge également la première intercommunalité puis le SIVOM (Syndicat
Intercommunal à VOcation Multiple) qui mettra en place un premier projet intercommunal :
une crèche. Aujourd’hui, la commune est le chef lieu du canton Nord-Gironde et abrite le
siège de la Communauté de Communes du Cubzaguais (CCC) dont elle est la ville-centre.
Une perte de patrimoine
La seconde moitié du XXème est marquée par une perte du patrimoine historique. En effet, la
halle est détruite en 1966, les lavoirs se font de plus en plus rares, le port est délaissé et les
coteaux sont urbanisés. De plus, la crise économique incite les viticulteurs à vendre leurs
vignes à des promoteurs immobiliers, bouleversant le paysage de Saint-André de Cubzac.
Enfin, la loi ALUR (Loi pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Rénové), la suppression
du COS (Coefficient d’Occupation des Sols) et donc de la superficie minimale des terrains
constructibles entrainent une parcellisation massive. L’urbanisation se fait de plus en plus
importante et détériore le paysage de la commune.
Des outils de protection
Dans un souci de conservation de son patrimoine et pour contrer le bétonnage massif, Saint-
André de Cubzac recourt à plusieurs éléments de conservation, à commencer par l’achat par la
municipalité de certains équipements. Ce fut notamment le cas pour le château Robillard. Cela
permit de conserver un magnifique château, un amphithéâtre d’époque ainsi qu’un parc de
20 000m² en cœur de ville. Il sert aussi aujourd’hui de refuge à une trentaine d’espèces
d’oiseaux puisqu’il est labellisé refuge LPO (Ligue de Protection des Oiseaux).
La commune a ensuite demandé l’inscription de monuments sur différentes listes. Ainsi
l’église et le château du Bouilh sont inscrits aux monuments historiques et le platane de
7 Pont permettant d’accéder à Bordeaux par le Nord en passant par-dessus la Garonne. C’est le deuxième plus long pont suspendu après celui de Tancarville
11
Robillard sur la liste des sites et monuments naturels. Enfin l’application, en 2004, de
l’Agenda 21 de la Région, qui a pour objectif de préserver le cadre de vie des Cubzaguais, a
amplifié le programme de fleurissement de la ville. La réhabilitation est également un élément
de préservation utilisée par la commune. C’est notamment le cas pour le port de Plagne qui
sera prochainement aménagé en promenade.
Progressivement, les questions d’épuisement des ressources et de dérèglement climatique se
faisant plus prégnantes, les mandats successifs s’axent de plus en plus sur la protection de
l’environnement.
Les promesses politiques de Célia Monseigne
Première adjointe de Laurent Ricci (2008-2011), Célia Monseigne lui succède quand il décède
en 2011. Elle est réélue en 2014, devenant la première femme maire de la commune. Dans la
foulée, elle devient aussi conseillère départementale. Psychomotricienne de formation, la
protection et la valorisation de l’environnement ont une place importante dans son programme
municipal.
Ainsi nous retrouvons parmi les actions à venir ou en cours de réalisation8 :
- Installer une piste cyclable dans la rue Nationale et soutenir les circulations douces
- Désenvaser les quais du port de Plagne
- Le zéro pesticide sur toute la commune et la mise en place d’une gestion différenciée
des espaces verts
- Créer un refuge LPO
- Des actions éducatives contre le gaspillage alimentaire
- Aménager de nouveaux jardins publics
- Créer des jardins partagés et des espaces verts comestibles
- Créer un Agriparc9 pour favoriser la production bio en circuit court, avec l’installation
de 2 à 3 maraîchers pour fournir les cantines
- Développer les transports collectifs
- Augmenter la participation des citoyens dans la prise de décision
Outre la protection de l’environnement, l’objectif premier d’une municipalité est de satisfaire
sa population. Nous allons à présent décrire ses caractéristiques.
8 Issu du programme électoral de la liste « avec vous Saint-André avance », pour les élections municipales des 12 et 19 avril 2015 9 Réserve agricole
12
3) Une ville à la campagne
Une situation géographique privilégiée
La commune de Saint-André de Cubzac se situe plus précisément sur la rive droite de la
Dordogne, dans l’aire urbaine de Bordeaux, entre Blaye et Saint-Emilion.
Carte 1 : Situation géographique
Source : Google – Données cartographiques 2017
Point de jonction de la RN 10, de la RN 137, de la RN 669 et de la RN 670, toutes 4 des voies
très fréquentées, la commune est située à égale distance temps (30 minutes) de Bordeaux, de
Libourne et de Blaye. L’A10, reliant Bordeaux à Paris, dessert également la commune depuis
1981. Avec une superficie de 2 315 hectares10, elle est donc un territoire privilégié et
financièrement accessible pour les ménages ne souhaitant ou ne pouvant pas vivre dans ces
villes mais souhaitant résider à proximité. Ainsi, avec une croissance démographique de 3,7%
sur les dernières années, elle compte près de 10 645 habitants11.
La structure de la population
La population de Saint-André de Cubzac se compose de :
- 40% de jeunes (moins de 30 ans) dont 20% de très jeunes (moins de 14 ans),
- 40% d’âge moyen (30 ans à 60 ans),
10 http://www.saintandredecubzac.fr/la-ville/situation-et-acces 11 Insee, Recensement de la population 2014 en géographie au 01/01/2016
13
- 20% de personnes âgées (60 ans et plus) 12
Avec, pour chaque tranche d’âge, quasiment autant d’hommes que de femmes.
Dans la composition même de sa population on retrouve principalement des couples avec
enfants. Ils représentent 48,1% contre 8,6% de familles monoparentales. Les personnes vivant
seules, quant à elles, sont représentées à hauteur de 14,6%13. Cela conforte l’hypothèse que la
commune est attractive du fait de la périurbanisation des couples désirant avoir ou ayant un
enfant. Ces derniers souhaitant alors leur offrir un meilleur cadre de vie, à des coûts moins
élevés, tout en restant à proximité des grandes villes. A contrario, la présence de grandes
villes et donc d’universités se répercute sur la commune puisqu’elle ne compte que 7,5%
d’étudiants9.
Caractéristiques de l’emploi
Sur la commune, les emplois sont pour la plupart des emplois de la fonction publique. Le type
de contrat le plus répandu est quant à lui le contrat à durée indéterminée avec 76,6% pour les
hommes et 77,4% pour les femmes11.
Les emplois s’exercent cependant hors de la commune puisque seulement 23,1% des actifs
travaillent sur Saint-André de Cubzac11. Pour se rendre sur leur lieu de travail, ils utilisent
majoritairement et sans surprise, la voiture.
Dans l’ensemble, les entreprises les plus représentées sur la commune sont celles liées au
commerce, transport, hébergement et restauration alors que les moins représentées sont les
activités industrielles.
Caractéristiques des logements
Il s’agit quasi exclusivement de résidences principales (0,6% de résidences secondaires14),
pour la plupart, des maisons individuelles avec en moyenne 4,5 pièces13. Les logements sont
habités à proportion égale de propriétaires et de locataires. 6,1%13 des logements sont déclarés
vacants.
La commune compte 444 logements sociaux qui représentent donc, d’après les chiffres de
l’INSEE de 2013, 9,16% du total des logements. D’après la loi SRU (loi relative à la
Solidarité et au Renouvellement Urbain), la commune n’est pas concernée par le pourcentage
12 Insee, RP2008 et RP2013 exploitations principales 13 Insee, RP2008 et RP2013 exploitations complémentaires 14 Insee, RP2008 et RP2013 exploitations principales
14
de 25% de logements sociaux d’ici 2025 puisque sa population ne dépasse pas les seuils
d’application du dispositif15. Parmi les bailleurs sociaux présents sur le territoire : Gironde
Habitat, Logévie, Foyer de la Gironde et Clairsienne, les trois derniers appartenant au même
groupe, Action Logement. Il s’agit à proportion quasi égale de logements collectifs et de
logements individuels, les logements collectifs étant un peu plus nombreux.
Un tourisme facilité
La proximité de la commune avec Bordeaux ou avec d’autres villes viticoles mondialement
réputées en fait une commune attractive également pour les touristes. En effet, elle se situe
entre les vignobles de Blaye, de Saint-Emilion, de Pomerol, de Fronsac ou encore de Bourg.
De ce fait, elle est traversée par la route des vins, un circuit vélo, ralliant les villes de
Bordeaux, de Blaye, de Saint-Emilion et de Cadillac.
Elle est également une étape de la « route verte » ou « Corniche fleurie » selon les
appellations, sur la route reliant Royan (Charente-Maritime) à Bordeaux en longeant l’estuaire
de la Gironde. Cet itinéraire permet de découvrir de nombreux sites comme l’un des plus
beaux villages de France, Talmont, des sites gallo-romains, la citadelle de Blaye classée
patrimoine mondial de l’humanité, de spectaculaires points de vue sur l’estuaire de la Gironde
ou encore des habitations troglodytes. Sur cette route on peut apercevoir les îles Verte,
Nouvelle et Paté.
De fait moins chères que dans les villes plus réputées, ses locations sont attractives et attirent
les touristes logés dans de nombreuses chambres d’hôtes ainsi que dans un camping 3 étoiles
avec une cinquantaine d’emplacements16.
Une commune malgré tout relativement pauvre
Si on étudie le taux de pauvreté de Saint-André de Cubzac, on constate que la commune est
relativement pauvre par rapport à d’autres communes de son envergure. En effet, le taux de
pauvreté de la commune est de 11,4%17 alors que celui de Léognan ou du Haillan sont
respectivement de 5,1% ou de 7,9%18. Il s’agit de deux communes se trouvant également à 30
minutes de Bordeaux avec un nombre d’habitants quasi similaire. En revanche à l’échelle
d’un territoire plus vaste, il est en dessous de la moyenne départementale, qui est de 12,5%19,
15 http://www.transparence-logement-social.gouv.fr/?ville=Saint-Andr%C3%A9-de-Cubzac&code=33366 16 INSEE, en partenariat avec la DGE et les partenaires territoriaux en géographie au 01/01/2016 17 Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-Ccmsa, Fichier localisé social et fiscal 18 Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-Ccmsa, Fichier localisé social et fiscal 19 INSEE-Traitement : OGPP
15
et en dessous de la moyenne nationale de 14,1%20. Le taux de chômage quant à lui est de
12,6%21 et se situe dans la moyenne girondine. Cela peut s’expliquer par le fait que bien que
Saint-André de Cubzac se dynamise et sorte progressivement du statut de ville dortoir, elle
demeure pour l’instant « une petite ville à la campagne » puisque la part des terres agricoles
reste importante.
Afin de pallier la montée de la pauvreté, des structures d’aides aux personnes démunies se
sont développées sur la commune à commencer par le CCAS (Centre Communal d’Action
Sociale), un établissement public communal présidé par le maire et dont le conseil
d’administration est composé à la fois d’élus municipaux et d’associations œuvrant dans le
social. Il est en charge de la politique sociale de la ville. A noter aussi, la présence de la
mission locale qui accompagne les jeunes de 16 à 25 ans dans leurs démarches d'insertion
professionnelle et sociale. Enfin, des associations telles que Relais, les Restos du Cœur, le
Secours Populaire, le Secours Catholique ou le Temps des Familles tentent d’accompagner et
d’aider les personnes défavorisées au quotidien.
Maintenant que la ville, son histoire et ses caractéristiques sont présentées, nous allons nous
attacher aux actions qui ont déjà été mises en place dans un souci de développement durable.
B. Les démarches déjà initiées par la municipalité
Cette partie consistera à présenter les actions mises en place par la commune sur les
thématiques du gaspillage alimentaire, des produits phytosanitaires et de l’alimentation de
proximité.
1) Réduire le gaspillage alimentaire dans les établissements scolaires
Les écoles maternelles et primaires étant sous la responsabilité de la municipalité, des actions
ont été entreprises dans ces établissements. Des réflexions sont en cours pour agir au sein du
collège et du lycée.
Petit rappel
Le gaspillage alimentaire est un mauvais emploi des denrées alimentaires qui entraine leur
perte totale ou partielle. Institutionnellement, il se définit par « Toute nourriture destinée à la
20 INSEE-Traitement : OGPP 21 Sources : Insee, RP2007 et RP2012 exploitations principales
16
consommation humaine, qui à une étape de la chaîne alimentaire est perdue, jetée, ou
dégradée»22 . En revanche, il ne faut pas confondre « gaspillage alimentaire » et « déchet
alimentaire ». Le terme de « déchet alimentaire » comprend deux types de déchets :
- Ceux évitables, qui auraient pu être consommés tels que du pain rassis ou des fruits
abimés et qui sont eux comptabilisés dans le gaspillage alimentaire
- Ceux non évitables que l’on ne peut, de toute façon, pas consommer, tels que les os,
les épluchures ou les coquilles d’œuf.
A l’échelle européenne, la première définition du gaspillage alimentaire a été formulée en
1975. Elle ne comportait alors pas de volet de sensibilisation ou de prévention. Ces deux axes
sont ajoutés à la loi par la directive européenne 91/156/CEE. Cette directive précise alors :
« Pour atteindre un haut niveau de protection de l'environnement, il est nécessaire que les
États membres non seulement veillent de manière responsable à l'élimination et à la
valorisation des déchets, mais aussi qu'ils prennent des mesures visant à limiter la production
de déchets »23. Elle institue notamment la valorisation obligatoire des bio-déchets, c’est-à-dire
de « tout déchet non dangereux biodégradable de jardin ou de parc, tout déchet non
dangereux alimentaire ou de cuisine issu notamment des ménages, des restaurants, des
traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que tout déchet comparable provenant des
établissements de production ou de transformation de denrées alimentaires »24.
Ces objectifs européens sont alors déclinés au niveau national. Ainsi, dans la loi du 12 juillet
2010, dite loi Grenelle 2, il est prévu que les personnes qui produisent ou détiennent une
quantité importante de bio-déchets sont tenues d’en assurer le tri à la source en vue de leur
valorisation organique. L’arrêté du 12 juillet 2011 fixe des seuils de production au-delà
desquels les émetteurs, tous secteurs confondus (restauration, industries agroalimentaires…),
sont tenus de trier et de traiter ces bio-déchets. En 2012, seuls les producteurs de 120 tonnes
de bio-déchets par an étaient concernés, en 2016, ce seuil est descendu à 10 tonnes par an.
Ainsi, depuis le 1er janvier 2016, tous les établissements proposant 1 700 à 2 600 repas par
semaine, soit 340 à 520 repas par jour, sont concernés par cette mesure.
Enfin la dernière loi émise sur cette thématique est publiée le 12 février 2016 au Journal
Officiel. Fortement inspirée de La lutte contre le gaspillage alimentaire : proposition pour
22 Définition du Pacte National de Lutte contre le Gaspillage Alimentaire du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt 23 http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:31991L0156:FR:HTML 24http://www.meuse.gouv.fr/Politiques-publiques/Alimentation-consommation-et-commerce/Restauration/GRENELLE-II-L-obligation-de-tri-et-de-valorisation-des-dechets-alimentaires-dans-les-etablissements-de-restauration
17
une politique publique, de Guillaume Garot25 publié en 2014, elle est votée à l’unanimité en
première lecture à l’Assemblée nationale du 9 décembre 2015 avant d’être adoptée par le
Sénat le mercredi 3 février 2016. Elle propose notamment une hiérarchisation des actions à
mettre en place par chaque acteur pour lutter contre le gaspillage alimentaire :
- La prévention du gaspillage alimentaire
- L’utilisation des invendus propres à la consommation humaine, par le don ou la
transformation
- La valorisation destinée à l’alimentation animale
- L’utilisation à des fins de compost pour l’agriculture ou la valorisation
énergétique, notamment par méthanisation.
Elle stipule, en outre, que la lutte contre le gaspillage alimentaire fera partie de l’éducation à
l’alimentation durant le parcours scolaire. Cette loi répond à l’objectif ambitieux que s’est
fixé le gouvernement français : diminuer par deux le gaspillage alimentaire d’ici 2025.
La situation
La commune compte 5 écoles publiques : l’école maternelle Bertrand Cabanes (175 enfants),
l’école maternelle Rosette Chappel (172 enfants), l’école élémentaire Suzanne Lacore (295
enfants), le groupe scolaire, maternelle et élémentaire, Lucie Aubrac (57 enfants) et l’école
élémentaire Pierre Dufour (272 enfants). Chaque école dispose de sa propre cuisine et d’un
restaurant scolaire. Les cuisiniers et les agents municipaux assurent le service de restauration.
Si l’on prend chaque école individuellement, aucune n’est soumise à la réglementation
puisque le nombre de repas préparé chaque jour est inférieur aux seuils. C’est donc de sa
propre initiative, que la commune se lance dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Saint-André de Cubzac compte également un collège public, celui de la Garosse (950 élèves)
et un lycée général et technologique baptisé Philippe Cousteau avec plus de 1 000 élèves.
Existent, enfin, sur la commune, une école maternelle/ primaire et un collège privés qui
portent le nom de Sainte Marie. Ils comptent respectivement 380 et 630 élèves.
25 Député de la Mayenne, ancien ministre délégué à l’agroalimentaire
18
La prise de conscience
La thématique du gaspillage alimentaire n’est pas souvent au cœur des préoccupations d’une
commune et de ses élus. En effet, elle peut paraitre superflue et non prioritaire. Et pourtant,
elle est au cœur même du fonctionnement d’une collectivité.
A Saint-André de Cubzac, l’élue en charge de l’éducation est la première à avoir pris
conscience de l’ampleur de ce phénomène et à avoir entrepris des actions. Tout a commencé
lors d’un conseil d’école où un parent est venu se plaindre que son enfant n’avait pas assez à
manger à l’école. La représentante du maire s’est donc déplacée sur place et c’est un tout
autre constat qui s’est imposé à elle. Non seulement les enfants avaient suffisamment à
manger mais surtout des quantités aberrantes de nourriture étaient jetées chaque jour.
Illustration 2 : Nourriture restant après le service du midi à l’école Suzanne Lacore
Source : photographie Laurence Pérou
Sur ces images, nous pouvons constater l’étendue du gaspillage alimentaire au sein de cette
école sur un seul repas. Après étude et pesées, sur l’ensemble des établissements, il représente
52g/élève/repas pour les écoles maternelles et 72g/élève/repas pour les écoles primaires, des
chiffres plutôt "bons" comparés à la moyenne nationale, qui est de 120g/élève/repas26.
A l’échelle de la commune, de ses 5 écoles et de près de 870 enfants qui les fréquentent
quotidiennement, le gaspillage alimentaire représente près de 6 400kg et environ 35 000€27
par an. Outre l’aberration de jeter de la nourriture à la poubelle, cet argent public pourrait être
26 Cahier de préconisations pour la réduction du gaspillage alimentaire en restauration collective, Département de la Gironde/ADEME, mai 2012 27 Diagnostic du gaspillage alimentaire des Ecoles Bertrand Cabanes et Suzanne Lacore Saint-André-de-Cubzac, CREPAQ, SMICVAL, novembre 2015
19
utile à d’autres projets. La commune s’est alors entourée de partenaires afin de remédier à
cette situation. Parmi eux le SMICVAL (Syndicat Mixte Intercommunal de Collecte et de
VAlorisation du Libournais Haute-Gironde)28 et le CREPAQ (Centre Ressource d’Écologie
Pédagogique d’AQuitaine)29 qui ont réfléchi à des solutions pour réduire le gaspillage
alimentaire dans les écoles.
Un comité de pilotage
La mairie s’est d’abord doté d’un comité de pilotage afin d’impliquer tous les acteurs dans la
démarche. Il rassemble les cuisinières, les élus, le service éducation, le CREPAQ, le
SMICVAL et le prestataire GVS restauration30. Son objectif principal est d’échanger et
d’informer les diverses parties prenantes sur les avancées dans ce combat. Il est aussi une aide
à la prise de décision, le décisionnaire étant et restant celui qui finance, à savoir la mairie.
Diverses solutions y sont discutées comme l’achat de tables de tri ou encore la création
d’outils de sensibilisation.
La sensibilisation (enfants, personnel, parents)
A la rentrée 2014, dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires, la mairie de Saint-André
de Cubzac a mis en place les TAP, les Temps d’Activité Périscolaire, animés par le personnel
municipal et par des intervenants extérieurs. Ils ont été mis à profit pour sensibiliser les élèves
sur le gaspillage. Pour cela, plusieurs axes ont été développés :
- L’axe cuisine : des ateliers cuisines sont mis en place et ce dès la maternelle. Les
enfants sont amenés à découvrir, à goûter et à faire des plats avec des aliments
qu’ils ne connaissaient pas ou très peu.
- L’axe jardin : les enfants ont ainsi l’opportunité de découvrir de nouveaux fruits et
légumes et d’appréhender le système de production de leur alimentation. Ils sont
également sensibilisés au tri des déchets et au compostage. Afin que cette activité
soit facilement réalisable, des carrés potagers ont été installés.
- L’axe solidarité : les enfants sont allés à la rencontre des associations caritatives de
la commune. Ils ont ainsi pu comprendre que tout le monde n’a pas la chance
d’avoir à manger en quantité et en qualité suffisante. Ces sorties étaient l’occasion
28 Il assure la collecte et le traitement des déchets de la commune. Il est depuis 2010 signataire d’un programme local de prévention des déchets avec l’ADEME pour favoriser les actions permettant de réduire la production de déchets à la source 29 Association de loi 1901 à but non lucratif et d’intérêt général. Son objectif est de promouvoir et de contribuer à la transition écologique en Aquitaine en se basant sur la démarche « penser global, agir local ». Elle anime le réseau REGAL (Réseau Pour Eviter le Gaspillage Alimentaire) 30 Fournisseur des denrées alimentaires proposées dans les établissements scolaires de la commune
20
pour eux de faire le lien entre la nourriture qu’ils jettent à la poubelle et ces
personnes qui n’en ont pas assez.
- L’axe citoyen : les enfants ont pu réaliser des articles dans le journal des TAP
publié sur le site de la mairie mais aussi imprimé pour les élèves. Ils ont ainsi eu
l’opportunité de rencontrer les cuisinières et de comprendre le fonctionnement
d’une très grande cuisine. Ils ont aussi rencontré des producteurs et une
diététicienne qui intervient sur l’équilibre alimentaire. Avec elle, les enfants sont
amenés à réaliser leurs propres menus qui sont régulièrement cuisinés et servis à la
cantine.
Le personnel que ce soit de la cantine, du reste de l’établissement ou des animateurs a
également été sensibilisé sur la thématique du gaspillage alimentaire. De même les parents qui
reçoivent des lettres d’information sur le travail initié dans les écoles.
Les commandes
La lutte contre le gaspillage alimentaire ne s’opère pas seulement dans le restaurant mais
également dans les cuisines. En effet, la quantité de denrées achetées et cuisinées va être
déterminante dans le gaspillage alimentaire. Plus les quantités préparées sont supérieures aux
besoins et aux attentes des élèves, plus le gaspillage sera élevé. Il est donc important de
réaliser un travail de fond sur les commandes au fournisseur. Tout d’abord, il s’agit d’être au
plus juste des effectifs réels. Pour cela une bonne communication entre la vie scolaire et la
cuisine doit être mise en place. Plus les effectifs seront communiqués tôt plus les quantités
préparées correspondront à la réalité. Les effectifs comprennent également les adultes
déjeunant au restaurant scolaire. Ainsi, la commune de Saint-André de Cubzac a mis en place
des inscriptions (8 jours à l’avance) pour les adultes désirant manger le midi : la commande
automatique de 20 repas adultes par jour et par école a été supprimée. Ainsi sur l’ensemble
des écoles, près de 22 repas par jour on été économisées depuis que les adultes qui mangent
réellement sont comptabilisés.
Les dons alimentaires
Le don des denrées non consommées des écoles est aujourd’hui à l’étude mais il est freiné par
une législation très contraignante et la nécessité d’investir pour garantir la sécurité
alimentaire. En effet, la présence d’une cellule de refroidissement est indispensable pour
pouvoir reconditionner les repas. Sur ce dernier point, des discussions sont en cours avec
l’ADEME qui pourrait financer un projet expérimental à condition qu’il soit innovant et qu’il
21
rassemble autour de la Mairie, plusieurs partenaires, ici, en l’occurrence la MDSI, le
Département, le CCAS, des associations caritatives locales et le SMICVAL.
Le gaspillage alimentaire, bien que toujours présent au sein des établissements scolaires de la
commune voit ses jours comptés puisque ces actions devraient à terme le réduire de manière
drastique.
En parallèle de la lutte contre le gaspillage alimentaire, la Ville a aussi travaillé à la
suppression des produits phytosanitaires.
2) Le zéro phyto
La commune de Saint-André de Cubzac est la première commune girondine à s’être engagée
à ne plus utiliser de pesticides, ni de produits phytosanitaires pour l’entretien de ses espaces
verts. A ce titre, elle a reçu le 24 mars 2016, comme 111 autres communes françaises, le label
« terre saine, commune sans pesticide » par le Ministère de l’Environnement. La ville avait
donc devancé la suppression des pesticides qui est désormais imposée aux collectivités depuis
le 1er janvier 2017. Ce choix a eu des répercussions sur le mode de gestion, sur la manière
d’appréhender la ville mais également sur les espaces publics eux-mêmes.
La gestion différenciée
Cette méthode de gestion nouvellement utilisée sur les espaces verts permet de se substituer
aux pesticides auparavant utilisés. Elle tient compte des spécificités de chaque site afin de le
gérer de manière optimale sans l’apport d’aucun produit phytosanitaire. Il s’agit de limiter les
interventions humaines tout en conservant un aspect esthétique et une vocation d’accueil du
public. Elle permet en outre de réduire les besoins en eau en utilisant des espèces indigènes
adaptées à la pluviométrie locale. Pour ce faire, les services des espaces verts ont recensé,
cartographié et catégorisé l’ensemble des espaces verts selon 4 niveaux d’intervention.
Chaque catégorie bénéficie d’un protocole d’entretien spécifique.
Le premier échelon de gestion est celui dit « horticole » c'est-à-dire très soigné et très
maitrisé. On le retrouve notamment sur la place de la mairie. Il s’agit d’un travail sur la
palette végétale en agissant sur les formes, le volume, les détails afin de garantir un aspect
esthétique de « prestige ». Un passage des techniciens est nécessaire hebdomadairement.
22
Le second échelon comprend des pratiques d’entretien plus libres afin d’arriver à un visuel
soigné et régulier, l’objectif étant que les espaces soient fonctionnels puisqu’il s’agit pour
certains de pelouse. On le retrouve notamment au niveau des aires de jeux pour enfants. Un
entretien y est réalisé deux fois par mois.
Le troisième échelon tend à favoriser au maximum la biodiversité. Il s’agit d’espaces dont
seuls les abords sont entretenus régulièrement et qui accueillent des espèces végétales
majoritairement indigènes qui rappellent la campagne. On le retrouve notamment sur les
hauteurs de Montalon au niveau du verger collectif. Pour ces sites, un entretien mensuel est
suffisant.
Enfin, le quatrième échelon concerne les espaces qui nécessitent un minimum d’entretien. Il
s’agit surtout d’y garantir une certaine sécurité. Il se matérialise par des espaces naturels
constitués de prairies fleuries où la nature est invitée à s’exprimer librement. Pour ces sites,
l’entretien est trimestriel.
J’aime ma ville, je la fleuris
Dans sa volonté de ramener la nature en ville, la municipalité a également initié un projet de
fleurissement participatif de l’espace public. Cette opération vise à fleurir les rues en
permettant aux habitants de végétaliser leur façade et leur trottoir. La mairie a alors mis à
disposition des volontaires des fosses de plantation et délivré des conseils de plantation
notamment sur la nature du sol ou en fonction de l’orientation du trottoir. A cette occasion, la
médiathèque avait distribué des sachets de graines provenant de sa grainothèque.
La grainothèque et le jardin de la médiathèque
Une grainothèque est un système d’échange où chacun peut déposer, prendre ou échanger des
graines gratuitement. Première en Gironde, elle a été mise en place à la médiathèque de Saint-
André de Cubzac en 2015 dans l’optique de diffuser la culture au sens large. L’ambition est
de créer un contenu à part et complet comprenant la grainothèque mais également un
ensemble d’ouvrages sur la thématique du jardinage biologique et de la biodiversité. La
grainothèque fonctionne sur la base d’un contrat de confiance entre la médiathèque et les
usagers. En effet, les usagers ont le devoir d’avertir lorsqu’ils prennent des graines, mais
également quand ils en amènent, les graines devant obligatoirement être bios.
23
Illustration 3 : La grainothèque de Saint-André de Cubzac
Source : photo Lilou Slyper
La médiathèque possède également un jardin qu’elle souhaite investir pour y créer un espace
potager expérimental en termes de techniques mais également de pédagogie. Comme c’est un
projet qui a vocation à être construit avec les usagers, la forme et le fond ne sont pas encore
définis. Les premières réunions de travail débuteront en septembre prochain.
L’objectif de ce double projet est que le jardin et la grainothèque deviennent des ressources à
part entière. Mais également qu’ils permettent de créer du lien entre les usagers et de partager
les connaissances et les expériences de chacun.
Le refuge LPO
La LPO est une association créée en 1912 et reconnue d’utilité publique en 1986. A l’origine,
elle fut créée pour mettre un terme au massacre d’une espèce d’oiseaux bretonne, le macareux
24
moine. Aujourd’hui son action va au-delà puisqu’au quotidien elle œuvre pour la protection,
la valorisation et la restauration d’espèces d’oiseaux menacés. Pour cela, elle met en place des
plans nationaux, coordonne les programmes européens de sauvegarde d’espèces, réintroduit
des oiseaux menacés et participe à l’éducation et à la sensibilisation à l’environnement
notamment à l’école. La LPO permet également à qui veut d’inscrire son terrain dans le
réseau des Refuges LPO. Il s’agit du premier réseau français de jardins écologiques en faveur
de la biodiversité.
Ainsi le parc du château Robillard grâce à la non utilisation de produit phytosanitaire et à la
gestion différenciée mise en place a pu faire l’objet d’une convention puis d’une labellisation
comme refuge pour la nature de la LPO. Au terme d’un inventaire ornithologique du site, 33
espèces ont été recensées dont 26 bénéficiant d’un statut de protection au niveau national. Des
aménagements tels que des nichoirs ou l’extinction de l’éclairage public une partie de la nuit,
ont été effectués afin d’encourager la venue de ces espèces et donc de dynamiser la
biodiversité du site.
Des hôtels à insectes
Les hôtels à insectes sont des abris destinés à accueillir, à attirer et à retenir les insectes
auxiliaires en leur proposant un espace pour se reproduire et pour se nourrir. Les insectes
auxiliaires sont d’excellents partenaires pour les jardiniers puisqu’ils permettent de lutter
contre les parasites des plantes et d’assurer la pollinisation. Ils contribuent alors à favoriser la
biodiversité locale en rétablissant la chaîne alimentaire. En outre, ce type d’équipement
possède un intérêt pédagogique puisqu’il permet de sensibiliser les enfants à la richesse de la
faune sauvage.
Des hôtels à insectes ont donc été installés dans la ville. On en dénombre actuellement 3, tous
situés dans une prairie fleurie ouverte au public. Excellents indicateurs de la qualité de
l’environnement, ils ont été réalisés par des services civiques alors en mission à la mairie et
remplis par les élèves des écoles accompagnés des Semisolidaires (voir 1. B) 3).
Ces différentes actions en faveur de la biodiversité permettent de la redynamiser et d’offrir à
la population un meilleur cadre de vie. Population qui doit cependant se réhabituer à la
présence de la nature en ville. C’est d’ailleurs l’un des combats des Incroyables Comestibles
que nous allons maintenant présenter.
25
3) Les Incroyables Comestibles
Les prémices du mouvement
Le mouvement des Incroyables Comestibles est né en 2007, à Todmorden au nord de
l’Angleterre. Une citoyenne anglaise soucieuse de la justice environnementale et désirant
s’impliquer dans la politique locale assiste alors à une conférence sur l’état de la planète.
Entendant l’universitaire Tim Lang31, ancien éleveur bovin, raconter qu’il serait plus
judicieux de planter des légumes plutôt que des fleurs, elle prend conscience que la
multiplication des petites actions du quotidien peut faire la différence et qu’elle aussi, à son
échelle, peut jouer un rôle. Constatant aussi que les discours ne sont pas toujours suivis
d’actes, elle s’allie alors avec l’animatrice socioculturelle de sa ville pour créer Les
Incroyables Comestibles.
L’objectif premier du mouvement est d’encourager les discussions sur le thème de
l’alimentation locale. Physiquement, cela prit la forme de plantations de fruits et de légumes
sur les espaces vacants de la ville sans demander l’autorisation des institutions. Chaque
espace planté était alors signifié aux habitants par un panneau les invitant à se servir. Le
jardinage était avant tout un prétexte pour fédérer les citoyens puisqu’à aucun moment
l’autosuffisance ne fut recherchée.
Le mouvement fonctionne en suivant 3 principes :
- « de l’action, pas des discours »
- « nous ne sommes pas des victimes »
- « ne pas se refiler la patate chaude »32, dans le sens de ne pas attendre que les
dirigeants fassent le boulot.
Et grâce à 3 éléments clés :
- La communauté : comment mieux vivre ensemble au quotidien ? Cet aspect est
très important puisqu’il s’agit de rompre l’isolement notamment pour les
personnes ayant de faibles revenus et peu d’activité
- L’apprentissage : comment partager nos savoirs-faires dans les établissements
scolaires et en dehors ?
31 Professeur de politique alimentaire à l’Université de Londres 32 Les Incroyables Comestibles, Plantez des légumes, Faites éclore une révolution – Pam Warhurst et Joanna Dobson
26
- L’économie : pour assurer aux résidents un travail qui a du sens et qui permet de
subvenir aux besoins de leur famille
L’alimentation étant une condition vitale à la survie des espèces, elle peut être utilisée pour
contrôler les autres ou bien pour diffuser la bienveillance. C’est sur ce dernier aspect que se
positionnent les Incroyables Comestibles en espérant qu’elle puisse unir les hommes et non
les déchirer.
Ils se sont également rendu compte que, pour que les citoyens se mobilisent, il faut que les
actions touchent leur quotidien : le fait d’énoncer de grands constats, comme le réchauffement
du climat ou la montée des mers, paralyse les gens qui se disent « de tout façon, je ne pourrais
rien y changer ».
Bien que l’alimentation soit la porte d’entrée de ce mouvement, le but recherché est de
renouer avec la possibilité de changer notre manière de vivre mais surtout de réapprendre à
cohabiter les uns avec les autres. Cela passe par la recherche de nouvelles façons de partager,
de communiquer, de donner et de recevoir. Le tout pour bâtir des communautés plus fortes,
capables d’affronter les défis de l’avenir sans attendre que les pouvoirs en place pensent et
agissent à notre place.
Le réseau à l’international
Le mouvement des Incroyables Comestibles a évolué et a pris la forme d’un réseau mondial
participatif et autonome de citoyens désirant agir. Alors que dans les prémices du projet,
l’autosuffisance alimentaire n’était pas recherchée, elle l’est aujourd’hui. Grâce à une
démarche éthique, solidaire et de proximité l’objectif poursuivi est de dynamiser les circuits
courts pour nourrir l’humanité avec des denrées saines pour l’homme et pour la planète. Les
citoyens sont donc invités à s’initier à l’agriculture urbaine en plantant partout là où c’est
possible. Les récoltes sont ensuite partagées puisque la répartition juste et équitable des
ressources est également un objectif du mouvement.
Le mouvement des Incroyables Comestibles ou Incredible Edible selon les langues est présent
sur tous les continents, à travers 25 pays. On retrouve parmi eux le Japon, Israël, la Palestine,
le Qatar, le Brésil ou encore la Russie. Il est également présent en France dans plus de 500
communes.
27
Le réseau en France
En France, le mouvement s’est constitué en association. Sa mission est de favoriser et
d’accompagner l’émergence de groupes et de projets locaux. Pour cela, elle assure
l’animation et la coordination du réseau et propose un appui technique, pédagogique et
financier, notamment pour faciliter la coopération entre la population et les acteurs locaux.
Un de ses outils est le label « Villes et villages comestibles de France – Territoires citoyens
d’autosuffisance alimentaire » qui permet de donner plus de visibilité aux territoires investis.
La ville d’Albi, dans le Tarn, est l’un de ces territoires. Comptant près de 50 000 habitants,
c’est la première commune française à avoir officiellement pris l’engagement d’arriver à
l’autosuffisance alimentaire d’ici 2020.
Les Semisolidaires de Saint-André de Cubzac
En décembre 2014, après de nombreuses observations et réflexions sur la nécessité d’une
nouvelle dynamique pour intégrer une population seule ou exclue, les travailleurs sociaux de
la MDSI (Maison Départementale de la Solidarité et de l’Insertion) constitue un collectif de
citoyens : les Semisolidaires. Ce collectif, dont les actions sont axées sur la thématique de
l’alimentation, tente de mobiliser la population sur l’écologie mais surtout de recréer du lien
entre les habitants. Afin de garantir une bonne mixité sociale, il s’appuie sur un groupe,
constitué d’une vingtaine de personnes, assez hétérogène. Le rôle des travailleurs sociaux de
la MDSI va dans ce sens puisqu’il est avant tout d’animer le réseau, d’assurer la logistique et
de faciliter l’intégration des nouveaux membres.
Le thème de l’alimentation a été choisi pour être un prétexte à la rencontre, pour que les
actions puissent être réalisées et car c’est une philosophie de vie qui demande une réflexion
globale. C’est ainsi que les Semisolidaires ont rejoint l’aventure des Incroyables Comestibles.
Bien que le mouvement n’ait à l’heure aucune structure juridique, de nombreuses actions ont
d’ores et déjà été mises en place :
- L’aménagement de Montalon en verger collectif
- L’intervention lors des TAP dans les différentes écoles
- La plantation et l’entretien de 7 bacs implantés dans l’espace public et mis à
disposition par la mairie
- La diffusion des bonnes pratiques grâce aux différentes formations suivies
28
Les Semisolidaires qui investissent seulement de petits espaces disparates ont l’ambition, à
terme, de créer un jardin partagé. Cependant, ils ne sont pas prêts, à l’heure actuelle, à porter
l’idée à son terme. Aujourd’hui, c’est la Mairie finalement qui lance le projet.
C. Un nouvel outil : le jardin partagé
1) Le jardin partagé à travers les époques
Un jardin partagé, qu’est ce que c’est ? Avant de présenter l’histoire des jardins partagés, il
convient de définir le concept. Il s’agit d’un jardin conçu, construit et cultivé par les habitants
d’un quartier ou d’une ville. Ainsi, sur un même terrain, des parcelles collectives et/ou
individuelles sont créées et aménagées. Ce phénomène, bien que très en vogue, n’est pas un
phénomène récent.
Contexte historique
Dès le Moyen-âge, la mutualisation des terres à des fins utilitaires est observée dans de
nombreux pays. Plus tard, la révolution industrielle favorise l’émergence des jardins ouvriers.
Ensuite, les guerres et les privations qu’elles engendrent, incitent les habitants des villes à
investir l’espace public pour y cultiver ce qui fait défaut dans les magasins. C’est au milieu
des années 70, à New York tout d’abord, puis dans différentes villes d’Amérique du Nord,
que des initiatives populaires investissent des endroits laissés vacants pour les transformer en
jardin de quartier. Il ne s’agissait plus seulement de produire de quoi se nourrir mais de se
retrouver sur un terrain collectif avec des projets communs.
Le Jardin Dans Tous Ses Etats
C’est au milieu des années 80 qu’émerge en France l’envie de se lancer dans ce genre
d’initiative. La Fondation de France voit alors l’opportunité de développer le lien social tout
en prenant en compte la problématique de l’autosuffisance alimentaire. Sont alors organisés
deux colloques, un à Lille en 1997 et le second à Nantes en 1999 afin de rassembler les
acteurs désirant s’impliquer ou déjà impliqués dans ce genre d’initiatives. Le premier réseau
informel de jardins partagés s’organise à Lille sous le nom de Jardin Dans Tous Ses Etats.
Ce réseau, dont les membres représentent la plupart des régions de France métropolitaine, agit
pour favoriser la mise en œuvre, par les habitants, de jardins partagés. L’association Place Au
29
Jardin33 est, depuis juillet dernier, le référent de la Nouvelle Aquitaine. Sa mission est de
référencer tous les jardins partagés de son territoire afin de constituer un véritable réseau.
D’après leurs premières estimations, il semblerait qu’il existe 280 structures sur le territoire
aquitain. Un autre objectif est la création d’un carnet d’expériences avec une cartographie de
tous les jardins, la diffusion d’outils méthodologiques et le partage de « bons plans ». Dans ce
cadre, 3 temps forts ont été organisés par l’Agenda 21 du Département et l’association Place
aux jardins sur la thématique des jardins partagés. Il s’agissait de moments de rencontres et
d’échanges entre porteurs de projets de jardins. La dernière rencontre a eu lieu à Saint André
de Cubzac, le 11 avril dernier34.
Un outil multi-usages
Des décennies plus tard, les jardins partagés sont toujours un outil privilégié pour s’inscrire
dans la vie d’un territoire. Ils émergent progressivement un peu partout pour faire face à la
pression urbaine et au bétonnage des villes mais également à la perte de lien social et à la
montée de la pauvreté. Bien que leurs formes et leurs fonctionnements puissent varier de
façon radicale, ils ont tous l’ambition d’être des lieux pédagogiques, respectueux de
l’environnement, vecteur d’autonomie, de mixité sociale et intergénérationnelle. L’idée est
également de se réapproprier la terre et d’avoir accès à une alimentation de meilleure qualité.
Les jardins partagés participent donc à répondre aux besoins vitaux de la population que sont
l’alimentation et les liens sociaux mais permettent aussi de se réapproprier son environnement
et de se sentir bien dans sa ville. Enfin, ils s’inscrivent dans le développement durable d’un
territoire en étant un outil de la transition écologique, environnementale, sociale et
économique. Ils sont d’ailleurs depuis le 17 juillet 2007 régie par une loi, « la loi relative aux
jardins collectifs ». Elle les définie comme suit : « on entend par jardins partagés les jardins
créés ou animés collectivement, ayant pour objet de développer des liens sociaux de proximité
par le biais d’activités sociales, culturelles ou éducatives et étant accessibles au public […]
Ils contribuent à la sauvegarde de la biodiversité des plantes cultivées, fruits, légumes, fleurs,
en favorisant leur connaissance, leur culture, leur échange […] entre jardiniers »35.
La création d’un jardin partagé sur la commune de Saint André de Cubzac s’inscrit donc
parfaitement dans les efforts déjà initiés par la ville dans la réduction de son empreinte
écologique mais également dans le souhait perpétuel d’améliorer le bien être de ses habitants.
33 Association créée en 2012 qui vise à renforcer le lien à la terre et le lien aux autres, par le biais des jardins collectifs 34 Voir article du Haute Gironde du vendredi 14 avril 2017, annexe 1 35 Extrait de la proposition de loi, adopté par le sénat, relative aux jardins collectifs du 04 juillet 2007
30
2) Le jardin partagé made in Saint-André de Cubzac
Les prémices du projet
La création d’un jardin partagé sur la commune de Saint-André de Cubzac n’est pas un projet
en marge puisqu’il était inscrit dans l’onglet "environnement" du programme électoral de
2014 : « créer des jardins partagés et des jardins comestibles ». L’un des groupes
d’opposition avait également exprimé son souhait de le voir émerger dans le Commune,
magazine d’information de la ville de Saint-André de Cubzac de juillet 2016.
Le terrain
Le premier terrain envisagé pour porter cet équipement était une parcelle situé sur la ZAC du
Bois Milon36. Mais pour des raisons complexes, son acquisition n’a pas pu se réaliser. Le
terrain proposé aujourd’hui est déjà propriété de la municipalité. Il s’agit de la parcelle qui
jouxte le cimetière, rue de Lucias. Il avait été acquis en prévision de l’extension du cimetière,
dans les années à venir. Cependant, d’importantes reprises de concession vont permettre de
contenir l’accroissement de celui-ci et de donner, provisoirement, à la parcelle une autre
fonction. Enfin, son emplacement, proche du centre ville, est un atout de taille.
36 Quartier issu du nouveau PLU favorisant la mixité sociale, intergénérationnelle et fonctionnelle : un parc de logements sociaux, des maisons individuelles en accession libre et des équipements publics dont un groupe scolaire
31
Carte 2 : Situation géographique du terrain en fonction du temps de déplacement
Source : fond de carte Google Maps, réalisation Lilou Slyper
Afin de rester réactif et de pouvoir anticiper la demande, seule la moitié du terrain est
concernée par le jardin, celle longeant la voie, la seconde partie étant susceptible d’être
réquisitionnée rapidement. Une zone de servitude, d’au moins 4 mètres le long des
habitations, doit donc être anticipée pour permettre les premiers aménagements d’extension.
De plus, tous les équipements construits et aménagés sur le jardin devront être réfléchis de
sorte à pouvoir être rapidement démontés.
32
Carte 3 : Emplacement du terrain
Source : Google Maps
Le futur jardin, outre l’amélioration du cadre de vie de la population, va permettre de
dynamiser la biodiversité malmenée par des années d’utilisation de traitements
phytosanitaires sur le cimetière. De plus, un jardin potager s’inscrit parfaitement dans le projet
de cimetière écologique37 qui est prévu pour l’extension et à terme pour le cimetière dans sa
globalité.
Le projet
L’objectif est de créer un projet partagé/de territoire, c'est-à-dire un projet créé par et pour les
habitants et les structures installées sur la commune. L’idée étant qu’ils se l’approprient afin
qu’il devienne un équipement qui leur ressemble et où ils se sentent bien. Sa vocation
première est d’être un espace convivial propice à la création de lien social et de partage et non
un espace avec des objectifs de production. Un aspect pédagogique doit également lui être
donné, notamment sur la préservation de l’environnement et de la biodiversité : des
animations devront être proposées toute l’année. Enfin, afin de poursuivre les démarches
initiées par la ville dans le zéro phytosanitaire, il sera obligatoirement cultivé sans aucun
pesticide ou produits phytosanitaires.
37 Cimetière sans pierre tombale, sans plaque, sans caveau. Les défunts sont vêtus de fibres naturelles, comme le lin ou le coton. Les soins de thanatopraxie (soins de conservation) sont limités voir interdit. Le premier ayant vu le jour est celui de Niort, voir : https://reporterre.net/Enfin-un-cimetiere-ecologique
33
C’est d’ailleurs ce qui en fait un projet innovant puisque la totalité des résidents et des usagers
sont invités à s’y investir et non les habitants seuls. Dans la plupart des jardins partagés qui
existent, une seule structure porte le projet. Alors qu’à Saint-André de Cubzac, l’ambition est
que toutes structures de la commune qui le souhaitent (associations, maison de retraite, MDSI,
écoles, etc.) puissent s’y investir de manière quotidienne, régulière ou ponctuelle.
Maintenant que le concept de jardin partagé est posé et que le projet a été présenté, il convient
de s’intéresser à la méthodologie poursuivie et aux premiers résultats.
2. Le jardin partagé, un premier pas vers l’autosuffisance
alimentaire ?
A. Une méthodologie participative…
La démarche s’est organisée en quatre temps : une phase de recensement, une phase d’étude,
une phase de concertation et enfin une phase de réalisation.
1) Rencontrer les acteurs du territoire
La première phase, celle du recensement des structures de la commune, a consisté en la
rencontre des acteurs du territoire. Il s’agissait ici de saisir le rôle et le fonctionnement de
chacune mais surtout d’appréhender comment elles pourraient s’inscrire dans ce projet. Leur
implication pouvant intervenir aux différentes phases du projet, à savoir celle de la réflexion,
celle de l’aménagement et pour le faire vivre une fois créé.
Les associations
La commune de Saint-André de Cubzac compte près de 103 associations déclarées. Allant de
la thématique du sport à celle de la culture en passant par celle de la solidarité, elles couvrent
un panel très large d’activités. Les associations qui ont été rencontrées pour ce projet sont
celles œuvrant dans les domaines de l’insertion, du lien social, de la culture, de la solidarité ou
encore de la transition écologique.
34
Lassommante
Lassommante est une association dont le bureau est constitué uniquement de jeunes et dont
l’objectif est de développer des animations culturelles sur le territoire de la Haute Gironde et
plus particulièrement sur Saint-André de Cubzac. Son ambition est de promouvoir toutes les
formes de cultures, de permettre un développement de soi par le biais d’outils artistiques et de
transmettre des valeurs de développement durable et d’inter-culturalité.
Le Secours Catholique
Sur Saint-André de Cubzac est installée une antenne de la délégation départementale du
Secours Catholique. Cette dernière s’inscrit sur le créneau de la solidarité fraternelle et de la
lutte contre l’exclusion. Grâce à ses 9 bénévoles elle accueille environ 80 personnes pour des
temps de partage et d’entraide afin de lutter contre d’éventuelles exclusions.
Le Temps des Familles
Cette association agréée par la CAF comme EVS, Espace de Vie Sociale, est reconnue
d’utilité publique. Son objectif est de recréer du lien entre les membres d’une famille mais
également entre les familles. Pour cela, elle propose des temps de rencontres et d’échanges
autour de diverses activités, le but étant que chacun puisse apporter sa contribution pour
améliorer le quotidien des autres et lutter contre l’exclusion.
Le Lion’s Club
Il s’agit d’un réseau international qui se fédère en antennes locales et dont le nom signifie :
Liberty, Intelligence, Our Nation’ Safety. Son objectif est d’organiser des événements afin de
récolter des fonds pour d’autres structures caritatives ou de solidarité.
Les Semisolidaires
Voir I. B) 3).
Iles
Il s’agit d’un groupe de citoyens qui œuvre pour la transition écologique. Cette structure est
abordée dans sa globalité dans le 2. C) 3).
Achillée et Ciboulette
Cette association créée en 2006 est la seule qui ne réside pas sur la commune. Elle a été
rencontrée car elle accompagne la médiathèque dans son projet de jardin expérimental et qu’il
semblait important de faire du lien entre ces deux équipements. Elle développe plusieurs
thématiques comme la nature, la botanique et l’action sociale en mettant en place des ateliers
35
de jardinage écologique, autour de l’environnement, de sorties nature, de diffusion
d’informations et de formations sur ces thématiques. Elle tente d’opérer une réflexion globale
et interculturelle sur la nature, sur les plantes mais également sur l’alimentation.
Les jardins du cubzaguais
Il s’agit d’une AMAP, Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne. Les adhérents
s’engagent auprès d’un producteur pour une durée d’un an et sont tenus de venir récupérer
leur panier de légumes toutes les semaines. Le prix des paniers est fixé en fonction des coûts
d’exploitation et non du cours des légumes. Cette organisation oblige les consommateurs à
prendre leurs responsabilités et à redevenir acteurs et non seulement consommateurs.
Au Comptoir Local
Ouverte depuis quelques jours, Au Comptoir Local est une épicerie de vrac proposant des
produits bio et locaux. Son statut juridique ne sera pas celui de l’association mais de la
coopérative. En plus de l’épicerie, un service de restauration rapide sera proposé le midi et
seront cuisinés en priorité les produits commençant à s’abimer.
Les structures publiques
Les équipements publics de la commune de Saint-André de Cubzac sont pour la plupart des
structures d’insertion ou d’accompagnement des publics fragilisés. Mais les domaines de la
culture et du traitement des déchets sont aussi représentés.
La mission locale
La mission locale est une association qui assure une mission de service public auprès des
jeunes de 16 à 25 ans, sortis du système scolaire. L’accompagnement est global puisqu’il
comprend les thématiques de la formation, de l’emploi, du logement, de la mobilité, de la
santé et de l’accès aux droits.
Le PRIJ
Le PRIJ est une structure d’accueil, d’animation et de soutien aux projets des jeunes âgés de
12 à 17 ans issus du canton du Cubzaguais. Cette année, la thématique phare est celle de
l’environnement.
L’EHPAD
L’établissement compte 209 lits et 180 salariés dont 3 infirmières référents, deux animatrices
et prochainement 2 services civiques. La volonté de cet EHPAD (Etablissement
d’Hébergement pour les Personnes Agées Dépendantes) est en plus d’accompagner les
36
personnes âgées dans leur vie quotidienne de leur proposer un programme d’animations de
qualité.
La médiathèque
Les projets de la médiathèque ont été évoqués dans la partie 1. B) 2).
La MDSI
Les MDSI sont présentes sur tout le territoire pour soutenir et accompagner les demandeurs
d'emploi dans leurs démarches. Comme leur nom l’indique, elles dépendent des
Départements.
Le SMICVAL
Ce Syndicat Mixte Intercommunal de Collecte et de Valorisation des déchets du Libournais-
Haute Gironde assure une mission d’intérêt général de collecte et de traitement des déchets
auprès de 141 communes dont Saint-André de Cubzac. Il intègre également un volet
sensibilisation autour de la réduction des déchets et de la préservation de la biodiversité.
Les écoles
Comme dit précédemment (1. B) 1)), la commune possède 5 écoles élémentaires. Pour des
questions de mobilité et de déplacement, seules les deux écoles se situant à proximité du
terrain ont été sollicitées, l’école primaire Pierre Dufour et l’école maternelle Rosette
Chappel.
Les bailleurs sociaux
Dans un périmètre proche du futur jardin, de nombreux logements sociaux sont présents.
Nous retrouvons les bailleurs Logévie, Clairsienne, Gironde Habitat et Foyer de la Gironde.
Seuls Logévie et Clairsienne ont pour l’instant répondu présents pour participer à ce projet.
Tableau récapitulatif
Structures Domaine de
compétence Force/Avantage Faiblesse/Lacune
Envie/ambition
dans le projet
La MDSI Insertion sociale
*Capacité d’animation *Rôle de facilitateur
*Manque de personnel et de temps pour être sur tous les fronts
*Outil occasionnel pour travailler avec les familles et les enfants en difficultés
Les
Semisolidai
res
Jardinage sur les espaces publics
*Bonne mixité sociale *Grosse motivation *Bonne insertion dans la vie de la
*Pas de structure juridique à l’heure actuelle *Pas de structure financière
*Mobiliser la population sur l’écologie *Recréer du lien entre les habitants
37
commune et auprès des autres structures
*Groupe ayant l’habitude d’être encadré et peut donc avoir des difficultés à être autonome et à prendre des décisions
*La création d’un jardin partagé est également un de leurs objectifs
La
médiathèqu
e
Culturel
*Volonté de travailler sur la thématique des jardins *La grainothèque *Un futur jardin expérimental
*Essoufflement de la dynamique autour de la grainothèque *Pas de recul sur son jardin expérimental
*Veut créer un lien entre le jardin partagé, le jardin expérimental, la grainothèque et ses nombreux ouvrages sur le jardinage
ILES La transition
*Action citoyenne *Bonne implantation sur la commune *Sous-groupes spécialisés
*Actions dépendent de l’investissement citoyen
*Participer à sa réflexion *S’en servir comme support d’animations
Le Temps
des Familles Le lien social
*Bon ancrage territorial grâce à l’entrée « famille » *Pas stigmatisé comme lieu social donc forte mixité *Une situation économique stable grâce à sa qualification d’EVS *Animations variées
*Pas de salarié *Faible diversité dans ses sources de financement
*Le jardin pourrait être un support pour des animations sur un rythme trimestriel
Le jardin
des
cubzaguais
Alimentation de proximité
*Garantie un revenu à un producteur ainsi que des compléments de revenus à d’autres *De nombreux adhérents *Propose une alimentation de qualité
*Fort turn over des adhérents
*Aucun
Logévie Bailleur social
*Volonté de développer les échanges intergénérationnels *A proximité du terrain *Expérience dans la gestion de jardin partagé
*Manque de temps et de disponibilité de la part du personnel
*Relaie d’informations *Participation à la concertation
38
Clairsienne Bailleur social
*Une résidence en face du jardin *Connaissance sur la gestion de jardin partagé *Une gardienne présente en continue sur la commune
*Population vieillissante *Manque de temps et de disponibilité de la part du personnel
*Relaie d’informations *Participation à la concertation
Lassomante Culture
*Groupe jeune, motivé et impliqué *De nombreuses activités proposées *Porte également un projet de jardin partagé *Tous les membres du bureau sont formés aux techniques d’animation
*Peu de temps d’existence *Pas de dispositif d’évaluation des actions
*Participer à sa réflexion
La mission
locale
Accompagnement des jeunes
*En lien avec un public de jeunes *Accompagnement global
*Pas à proximité immédiate du jardin
*L’intégrer dans ses dispositifs d’aides
Le Secours
Catholique La solidarité
*Beaucoup de dons *Légitime à l’échelle nationale *Groupe de rencontre et de partage
*Fonctionne uniquement grâce aux dons
*Relaie d’informations
Le Lion’s
Club
Récolte de fonds
*Indépendance vis-à-vis du réseau international *Grand réseau de partenaires *Bonne implantation sur le territoire (35 ans d’existence)
*Les activités dépendent de l’implication et du bon vouloir des membres
*Aucun
La maison
de retraite
Accompagnement des personnes âgées
*Présence d’animateurs qualifiés *Une équipe impliquée et motivée *Possède des véhicules pouvant déplacer 12 résidents en même temps
*Moyens à disposition des animations insuffisants *Une grande majorité de retraités anciennement agriculteurs qui ne souhaite plus mettre les mains dans la terre *Pas à proximité immédiate du jardin
*Etre le support pour des animations très ponctuelles
Le PRIJ Accompagnem *Au contact d’un *N’est pas à *Participer/organis
39
ent des jeunes public jeune *Travaille sur l’environnement *Volonté de travailler sur le lien à la terre
proximité immédiate du jardin
er des activités ponctuelles
Au
Comptoir
Local
Epicerie locale
*Ancrage territorial et développement de l’économie locale *Démarche zéro déchet *Variété d’activité donc variété de revenus
*Pas de recul sur son activité
*Posséder une parcelle pour la production de fruits rouges *Proposer les légumes non distribués sous la forme de paniers
L’école
Pierre
Dufour
Pédagogie
*Possède un jardin sur son site *Présence des Semisolidaires lors des TAP *A proximité immédiate du futur jardin
*Renouvellement de l’équipe pédagogique pour l’année prochaine donc pas d’interlocuteur *Propre jardin peu investi par l’équipe enseignante
*Participation ponctuelle
L’école
Rosette
Chappel
Pédagogie
*Possède un jardin sur son site *Proximité immédiate
*Jardin peu investi *Besoin d’un encadrement spécifique pour sortir de l’école
*Participation ponctuelle
Le
SMICVAL
Traitement des déchets
*Domaines d’activités variées *Action de sensibilisation *Volet biodiversité *Moyens techniques, humains et financiers
*Le siège ne se trouve pas à proximité de la commune
*Formations diverses *Conseils
Achillée et
Ciboulette Environnement
*Domaines d’activités complémentaires et variés *Soutenue par la CAF *Met en place des projets participatifs
*Peu d’emplois formalisé *Frais de prestation très élevés
*Complémentarité entre le jardin expérimental de la médiathèque
Faute de temps, la totalité des structures référencées n’a pas pu être rencontrée. Elles sont tout
de même informées du projet et peuvent s’y investir à tout moment.
En parallèle des rencontres avec les acteurs de la commune, je me suis aussi intéressée aux
expériences similaires et aux jardins partagés existants à proximité.
40
2) Etudier des initiatives similaires
La visite de jardins déjà installés a permis de saisir la ou les démarche(s), d’observer
différentes organisations, de bénéficier de retours sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne
pas. Elle permet également d’anticiper sur les besoins et aménagements à venir.
Le jardin du Dorat
Ce jardin a vu le jour en 2015 à l’initiative du centre social de la commune de Bègles qui
voulait impulser une nouvelle dynamique sur ce quartier d’habitats sociaux afin de lutter
contre l’exclusion. Des réunions ont donc eu lieu tous les mois pendant un an (de janvier 2015
à avril 2016) afin de faire émerger l’idée d’un jardin partagé. Etaient présents lors de ces
temps forts le groupe moteur, constitué d’habitants, l’animatrice du centre social, le bailleur et
parfois, des experts. Ce jardin, comme l’ensemble des jardins partagés que gère le centre
social sur la commune, sont conçus sous la forme de parcelles collectives. Ce choix est avant
tout d’ordre politique puisque la ville met déjà à disposition des parcelles individuelles gérées
par le CCAS. Mais c’est également un choix du centre social qui vise avant tout la création de
lien et d’entraide entre les jardiniers. Dans d’autres jardins que gère le centre social, il a été
constaté que des personnes qui étaient réellement dans une situation d’exclusion (peur de
sortir de chez soi, aucun contact humain) ont réussi, grâce au jardin, à avoir une vie sociale.
Concernant le budget, les dépenses se sont élevées à environ 200€ la première année pour
l’achat du matériel puis à environ 70€ les années suivantes, le plus coûteux étant l’analyse de
la terre. Cette dernière ne révélant pas de pollution, plusieurs chantiers solidaires ont été
organisés afin d’aménager le jardin. Les jardiniers viennent quand ils veulent mais doivent
être présents lorsque l’animatrice est présente (le jeudi matin). Les jardiniers étant tous
retraités, ce créneau ne pose pas de problème.
Le jardin thérapeutique d’Oréda
Le jardin d’Oréda est un jardin thérapeutique de l‘AMSADHG (Association de Maintien et de
Soins A Domicile de Haute-Gironde). Ouvert depuis 2 ans, il est dédié aux bénéficiaires de la
structure qui viennent seuls ou accompagnés. Aucune vocation de production ne lui est
donnée puisqu’il est avant tout un outil pour retrouver une certaine autonomie.
La volonté est que le jardin fonctionne comme un écosystème fermé c'est-à-dire que toutes les
matières premières nécessaires soient directement prélevées sur le site (graines, terre,
fertilisants, eau, etc.) et que tous les éléments soient réintroduits dans le processus. Le jardin
41
est géré de façon globale : l’homme n’est pas en position de domination face à la nature. Par
exemple, le terrain n’étant pas plat, les équipements ont été aménagés en conséquence. De
plus, il s’avère que le relief et les dénivelés sont d’excellents outils pour la rééducation des
usagers (un terrain en pente permet de travailler l’équilibre).
Le jardin d’Oréda fonctionne grâce aux dons. Hormis la serre et le salaire de l’animateur (à
35h), toutes les constructions ont été réalisées avec des matériaux de récupération et aucun
budget n’est attribué à son fonctionnement. Parmi ses équipements : des toilettes sèches, une
cabane avec une petite cuisine, une terrasse ombragée, une serre et quelques abris ouverts
pour les outils. Le site ne dispose ni de l’eau, ni de l’électricité (des cuves sont tout de même
remplies avec l’eau de la ville).
Le jardin de Saint-Médard en Jalles
Ce jardin, fonctionnant sous le statut associatif, est géré par 70 membres dont 30 jardiniers.
Son activité principale n’est pas le jardinage mais l’animation d’ateliers de 3 sortes : des
ateliers théoriques en salle avec des intervenants extérieurs (1 fois par mois), des trocs de
plantes (2 par an) et des visites d’autres jardins. Des évènements conviviaux comme des
apéritifs ou des goûters sont organisés ponctuellement. Pour la partie jardinage, les objectifs
sont que les usagers arrivent à vivre ensemble et à manger des aliments de meilleure qualité.
Toutes les décisions concernant l’association sont prises par le bureau. Elles sont ensuite
soumises aux adhérents sous la forme de comptes-rendus. Cependant, dans les faits, le
président assure tous les rôles, que ce soit celui de président de l’association, de décideur ou
encore d’animateur du jardin. Il tente de déléguer mais soit les actes ne sont pas à la hauteur
de ses espérances, soit personne ne prend l’initiative. Il explique cela par le fait, que, sur leur
temps de loisirs, les individus préfèrent se laisser porter plutôt que d’avoir des responsabilités.
Ce jardin possède à la fois des parcelles individuelles et des parcelles collectives mais celles-
ci souffrent d’un manque d’investissement de la part des jardiniers et sont délaissées.
Son budget de fonctionnement se situe entre 500 et 1000€ par an. Il correspond aux frais
d’assurance, à la rémunération des intervenants des ateliers, à l’achat de compost et aux
réparations diverses et variées. Cet argent provient des adhésions et des subventions que
reçoit l’association puisque les ateliers sont gratuits pour les adhérents.
42
Le jardin de Callune
L’association du jardin de Callune existe depuis 7 ans. Implantée sur la commune de Saucats,
elle se compose essentiellement d’habitants provenant d’autres communes du fait de la
présence forte de jardin sur cette dernière.
Une « journée collective » est organisée chaque semaine, en alternance le samedi ou le
dimanche, afin que tous se retrouvent pour jardiner ensemble. Les récoltes sont alors
partagées de manière égalitaire. C’est souvent la seule journée où le jardin est cultivé puisque
la plupart des adhérents sont encore en activité et qu’ils n’ont pas le temps la semaine. Lors de
cette journée collective, 2/3 personnes définissent les priorités de la journée et re-mobilisent
les troupes lorsqu’elles s’égarent. Dans l’idéal, ces personnes tournent. Dans les faits,
beaucoup moins. La question que se pose sans cesse le « groupe initial » est : comment
intégrer les nouveaux adhérents ? Bien que la volonté soit là, il s’avère difficile, dans les
premiers temps, que chacun trouve sa place. C’est pour cela que les journées collectives sont
très importantes afin de légitimer chaque membre et de le pousser à prendre des initiatives sur
le jardin.
Ce projet de jardin partagé n’est pas figé. En effet, il évolue en fonction des personnes qui
l’intègrent et de leur volonté/ambition : la vie en communauté doit être un compromis entre
les envies, les besoins et les personnalités de chacun. Ce qui est marquant dans ce jardin c’est
qu’au début, chaque nouvel adhérent arrive avec l’envie d’avoir son espace individuel mais
que cette envie évolue puisqu’à présent lors des journées partagées chacun est heureux de
cultiver les parcelles collectives délaissant même la sienne.
Concernant le budget, les cotisations, à hauteur de 5€/mois, permettent d’assurer le
fonctionnement quotidien.
Le jardin Terre d’Adèles
A l’origine, l’association Terre d’Adèles (Association pour le Développement d’Échanges
Locaux Équitables et Solidaires) fut créée par les habitants de la commune de Pessac pour
aménager un lieu d’échange et de solidarité. Aujourd’hui, les objectifs de l’association sont la
production de légumes de qualité, la transmission (entre l’association et les bénévoles, mais
aussi entre les bénévoles), l’expérimentation (pour optimiser les productions) et la création de
lien social.
43
Elle porte différentes activités : la production de légumes sous forme d’AMAP (chaque
semaine des paniers de légumes sont proposés à la vente aux adhérents), un poulailler partagé,
la réparation de vélo, la location de parcelles individuelles et une activité de cuisine. Pour
chacune des activités un référent coordination est nommé. Une réunion des référents est
organisée une fois par mois afin d’informer les autres sur ce qui est réalisé ou sur ce qui va
être réalisé. Du fait des nombreuses activités proposées, l’association rencontre des difficultés
à trouver des personnes qualifiées pour les gérer.
Toutes les personnes qui le souhaitent peuvent adhérer au jardin (il n’est plus restreint à la
commune même). Elles s’engagent alors à consacrer un certain nombre d’heures au jardin, le
maximum étant 24h par mois. Le jardin est alors ouvert 2 fois par semaine pour des chantiers
solidaires. Plus une personne travaille au jardin moins le panier de légumes qu’elle peut
acheter à l’AMAP est cher. Mais la plupart des bénévoles qui participent à la vie de
l’association ne récupèrent pas de panier, ils viennent juste pour le plaisir de jardiner et d’être
ensemble.
Sur le jardin Terre d’Adèles, se trouvent également des parcelles individuelles. Elles sont au
nombre de 42 pour une superficie de 30 à 40m² chacune. Elles sont véritablement devenues
un jardin dans le jardin. Elles ont leur mode de fonctionnement et sont gérées de manière
autonome par rapport au reste des activités de l’association. Une bénévole en est le référent et
veille à leur bon fonctionnement. Elle coordonne l’espace, accueille les nouveaux adhérents,
organise les temps collectifs, etc.
La création de ce jardin a coûté environ 200 000€ comprenant la préparation du terrain (en
friche auparavant), la clôture (pour le protéger des animaux), le forage pour amener l’eau,
l’installation de l’électricité, la construction des 2 cabanons, de la yourte et des serres. Tous
ces équipements ont été co-financés par la mairie, la région, l’ARS (Agence Régionale de
Santé) et des partenaires privés. Pour les adhérents, la cotisation est de 25€ par an ou à tarif
libre pour toutes les personnes qui ont des revenus bas. Pour les parcelles individuelles, elle
est entre 50 et 150€ par an en fonction des revenus et du temps consacré aux parties
collectives.
Le Jardin d’insertion des Restos du Cœur
Ce jardin d’insertion géré par les Restos du Cœur comprend 9 salariés en insertion, dont
seulement 2 femmes, et 3 salariés encadrant. Il est équipé de 4 serres, la plus grande ayant une
44
superficie de 300m², plusieurs mobil homes, un forage pour arroser ainsi qu’un point
d’adduction d’eau potable, de l’électricité et d’internet.
L’objectif premier de cette structure est de réinsérer dans le monde professionnel un public
qui en est très éloigné. Embauchés sur des contrats à durée déterminée d’insertion de 6 mois,
les personnes réapprennent à travailler en équipe, à suivre des consignes, mais aussi de façon
autonome, à se lever le matin, être à l’heure, justifier ses absences ou ses retards, accepter la
hiérarchie, etc. grâce à l’outil qu’est le jardin. La structure n’est pas assujettie à un impératif
de production puisqu’elle n’a pas de client. En effet, les produits sont consommés par les
bénéficiaires des Restos du Cœur. Une fois récoltées, les denrées sont acheminées vers une
plateforme logistique avant d’être distribuées. En plus de l’insertion, un objectif en termes de
lien social est également poursuivi. Il semble plutôt bien réussi puisque les salariés se voient
en dehors de leur temps de travail au jardin.
Les sources de financement sont multiples : le Département, la DIRECCTE (Direction
Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de
l’Emploi) et les Restos du Cœur. Elles permettent de payer le salaire des salariés en insertion
(au SMIC), l’encadrement et le matériel bien que la quasi-totalité des équipements, des outils
et des graines provienne de dons.
Le Conservatoire végétal régional d’Aquitaine
Bien que le Conservatoire végétal régional d’Aquitaine ne soit pas un jardin partagé, il a été
visité dans l’optique d’un éventuel partenariat avec la commune de Saint-André de Cubzac.
En effet, si une haie fruitière, dont les arbres proviendraient du conservatoire, est installée sur
le jardin partagé, la commune deviendrait alors un verger annexe du verger musée, ce qui
serait bénéfique pour les deux structures : pour le Conservatoire qui aurait alors un nouveau
site pour essaimer son travail et pour la commune qui valoriserait son image tout en
diversifiant sa biodiversité locale.
Cette structure a pour mission de protéger le patrimoine végétal de la région (périmètre de
l’ancienne région) notamment les fruitiers. Pour cela, elle met en place plusieurs actions : le
recensement des végétaux régionaux sur l'ensemble de la région depuis 1979, l'analyse des
archives bibliographiques, des plantations dans des lieux appropriés répartis sur l'ensemble de
la région, des expérimentations conduites sur divers critères tels que la recherche de rusticité,
le comportement vis à vis des parasites ou encore la qualité gustative. Il existe dans la région
26 sites partenaires qui abritent une partie de la biodiversité du Conservatoire.
45
Le site se compose de plusieurs espaces. Le premier est une parcelle ouverte au public où la
dégustation est possible et libre (la majorité des espèces s’y trouvant sont des pommiers). Le
site ne possède pas de ruches, tous les végétaux sont pollinisés par les insectes sauvages. Cette
zone est expérimentale, la nature y reprend tous ses droits. Ensuite, différents espaces de
plantations sont organisés par espèce. Le conservatoire possède aujourd’hui environ 2 000
variétés réparties en plus de 10 000 arbres dont 17 espèces de fruitiers. Les fruits produits sur
place servent pour des dégustations, mais sont également vendus sous leur forme initiale ou
sous la forme de jus ou de confiture. Le conservatoire vend également ses espèces aux
particuliers et aux professionnels. Après avoir signé une convention, il peut avoir différents
rôles : soit il fournit uniquement l’espèce avec des préconisations pour sa plantation et son
entretien, soit il participe et accompagne le projet dans sa globalité.
Il fonctionne grâce à des subventions, à de l’autofinancement et à une association de soutien
qui compte environ 1 000 adhérents.
Le jardin Graine de vie, graine d’envie
Ce jardin partagé existe sous la forme associative depuis 4 ans. Son objectif initial était d’être
un potager collectif où tous les jardiniers travailleraient ensemble et partageraient les récoltes.
Cependant, la notion de partage n’étant pas la même pour tous, des tensions sont apparues
mettant fin à cette organisation.
Cette année, un nouveau fonctionnement est mis en place : 4 parcelles individuelles de 35m²
chacune, sont mises à disposition des jardiniers qui le souhaitent. Les abords et les pourtours
sont cultivés et entretenus par le collectif tous les vendredis soir. L’ensemble des jardiniers est
alors invité à être présent, même les jardiniers des parcelles individuelles. Outre le jardinage,
les décisions du quotidien y sont prises, l’assemblée générale, elle, se tenant une fois par an.
Le jardin fonctionnant sous la thématique du feng shui, les espèces cultivées collectivement
ne sont pas des légumes mais des plantes procurant du bien-être.
Le jardin fonctionne entièrement grâce au recyclage puisqu’il ne perçoit aucune subvention.
Les seules rentrées d’argent sont les adhésions, de l’ordre de 5€ par an et de 15€ par an pour
les personnes souhaitant jardiner. Elles servent à assurer les frais de fonctionnement. Un point
d’eau et un local sont mis à disposition par la mairie puisque le jardin jouxte les ateliers
municipaux.
46
Ce jardin, en faisait le bilan de son expérience, constate que les deux premières années, le
jardin a très bien fonctionné puis que la dynamique s’est essoufflée, expliquant la mise en
place de parcelles individuelles. Il se rend également compte que la notion de partage n’est
pas la même pour tous et que cela engendre des tensions. Le jardin devient alors une
compétition entre la rentabilité de l’investissement pour la production et le caractère social
souhaité. Cependant, le terrain qui n’était auparavant jamais investi est aujourd’hui un
nouveau lieu de rencontre et de passage pour les habitants de la commune.
Tableau récapitulatif
Jardins Forces/Avantages Faiblesses/lacunes Fonctionnement A retenir
Jardin du Dorat
*Participation des bailleurs sociaux *Concertation longue *Groupe moteur dès le départ *Animateur présent une fois par semaine *Local à disposition
*Communication avec l’ensemble des habitants du quartier peu efficace *Jour de présence de l’animatrice le jeudi = limite public cible *Utilisation de l’eau de la ville pour arroser
*Adhésion au centre social (12€/an/famille) *Les jardiniers viennent quand ils le souhaitent mais doivent être présents quand l’animatrice est là *Chaque cession de jardinage commence par un café
*Place primordiale de l’animateur *Importance d’un groupe moteur *Importance de la formation des jardiniers
Jardin d’Oréda
*Projet réfléchi par rapport au fonctionnement naturel du terrain *Volonté de fonctionner en écosystème fermé *Jardin géré de manière globale *Accessibilité totale sur tout le jardin *Salarié investi et engagé
*Dépendance vis-à-vis de l’AMSAD et des donateurs *Outil peu investi par le reste des salariés de l’AMSAD *Utilisation de l’eau de la ville pour arroser
*Les bénéficiaires de l’AMSAD viennent accompagnés de leur aide pour des séances individuelles *En fonction de leur état de santé, plusieurs activités de jardinage sont proposées
*Nécessité d’une charte pour garantir la cohésion globale *Les parcelles individuelles sont vecteur de monoculture et donc de maladies *Le lieu d’accueil doit être à l’entrée pour les personnes ayant du mal à se déplacer *Prendre le temps de se poser, d’observer
Jardin de Saint-
Médard en
Jalles
*De très nombreux membres *Activités variées *Autonomie en eau *Liens créés entre jardiniers perdurent en
*Parcelle collective peu investie *Décisions prises par une seule personne *Peu de mixité : surtout des femmes retraités
*Adhésion à l’association (11€/an) *Location d’une parcelle (10€/an) *Les jardiniers viennent quand ils le souhaitent *Des temps forts
*Une serre n’est pas productive en permaculture : ne permet pas la rotation des cultures *Equilibre à trouver entre parcelle
47
dehors du jardin *Pas de temps collectif le week-end *Pas de local pour stocker ses outils
sont organisés 2 fois par semaine
individuelle et collective *Utiliser les compétences et les connaissances des membres du groupe
Jardin de
Callune
*7 ans d’existence = structure solide *Une journée collective organisée le week-end *Système d’arrosage autonome *Volonté de faire coexister plantes sauvages et plantes cultivées *Mutualisation des coûts et des achats *Autonomie en eau *Structure ouverte au changement
*Les jardiniers habitent loin les uns des autres, rendant compliqué les rencontres en dehors du jardin *La location du terrain n’est pas contractualisée *Quasiment aucune venue la semaine
*Adhésion de 5€/an *Les jardiniers viennent quand ils veulent cultiver leur parcelle ou la parcelle collective *Un temps collectif organisé le week-end
*Le jardin évolue en fonction des personnes qui y adhérent et il faut accepter ce changement *L’écoute et l’harmonisation sont primordiales *La notion de plaisir doit rester supérieure à celle de corvée
Jardin Terre
d’Adèles
*Diversité des activités *De nombreux partenaires *Encadrement 3 fois par semaine *Public très varié *Un salarié
*Un seul poste salarié pérennisé par manque de temps et de compétence *Manque de personnes qualifiées
Pour les parcelles collectives : *Adhésion de 25€/an *Les jardiniers ne peuvent venir que lors des chantiers solidaires (3/semaine) *Le prix du panier est dégressif en fonction du temps consacré Pour les parcelles individuelles : *Adhésion allant de 50 à 150€/an *Les jardiniers viennent quand ils le souhaitent *Un chantier collectif est organisé une fois par mois
*L’importance de l’encadrement pour fidéliser les jardiniers *L’importance de personnes qualifiées sur place
Jardin *Mis à disposition *Peu de mixité *L’animatrice *Une lourdeur
48
d’insertion des
Restos du Cœur
gracieuse du terrain *Bonne desserte en transport en commun *De nombreux partenaires *Suivi global des salariés en insertion *Pas d’impératif de production *Sources de financement variées
(très peu de femmes) *Peu de candidat *Un fort turn over dans le personnel encadrant et dans les salariés en insertion
technique les encadre dans le travail quotidien *La conseillère en insertion professionnelle les accompagne dans la création de leur projet professionnel ainsi que dans les différentes démarches de la vie quotidienne
administrative parfois conséquente *Besoin de 3 salariés minimum pour l’encadrement de salariés en insertion
Conservatoire
végétal régional
d’Aquitaine
*Activités complémentaires *De nombreux partenaires *De nombreuses sources de financement dont de l’autofinancement *Zéro phyto
*Gros besoin en eau
*Démarchage ou apport volontaire d’espèces nouvelles chez les particuliers et les professionnels *Plantation sur la propriété *Expérimentation pour améliorer l’espèce *Vente *Suivi
*Une haie fruitière doit être continue et sans rupture *Une haie doit avoir au minimum 2 étages pour avoir deux étages racinaires
Jardin graine de
vie, graine
d’envie
*Mis à disposition gracieuse du terrain par la mairie *Un nouveau lieu de sociabilisation pour le village *Un temps collectif est organisé toutes les semaines *Des manifestations organisées plusieurs fois par an
*Pas de contrat pour le terrain *Investissement difficile sur les parcelles collectives *Peu de diversité dans les sources de financement *Utilisation de l’eau de la ville pour arroser
*Adhésion de 15€/an *Les jardiniers sont invités à être présents lors du temps collectif
*Un essoufflement de la dynamique peut se faire sentir au bout de 2 ans *La réactivité est très importante
De nombreux autres jardins existent à proximité mais le temps était compté et n’a pas permis
de tous les visiter. Mais ces sept visites offrent un panel plutôt large de structures et de
fonctionnements. Cela va permettre, en plus des rencontres avec les acteurs de la commune,
de préparer la phase de concertation sereinement.
49
3) La place de la concertation
Petits rappels
Aujourd’hui, un élu local doit prendre en compte les avis et les envies de sa population. La
satisfaction de cette dernière est l’objectif premier et est également la condition nécessaire
pour sa réélection, ce qui est souvent une des motivations premières. Ainsi, les habitants sont
progressivement informés puis associés aux décisions qui les concernent. Le premier pas dans
cette démarche est la loi du 06 février 1992 relative à l’information des citoyens qui oblige les
collectivités à communiquer les délibérations du conseil municipal aux habitants. S’inscrivant
dans une volonté de démocratie participative et locale, cette action correspond au premier
degré de la participation qui est l’information. Il s’agit de donner des éléments de
compréhension à la population sur les projets à venir ou en cours.
La seconde étape est la consultation. Elle permet à la collectivité de sonder la population sur
ses opinions, ses attentes ou ses besoins. Pouvant intervenir à n’importe quelle étape du
projet, ce processus n’apporte aucune certitude sur le fait que les remarques soient prises en
compte.
Enfin, la concertation intègre les deux étapes précédentes et va au-delà puisqu’elle ouvre un
véritable dialogue avec la population. D’après le CNRTL (Centre National de Ressources
Textuels et Lexicales), il s’agit d’un « mode d’administration ou de gouvernement dans lequel
les administrés, les citoyens, les salariés, etc., sont consultés, et les décisions élaborées en
commun avec ceux qui auront à les appliquer ou à en supporter les conséquences ». Une
confrontation entre les différentes parties prenantes est donc organisée afin que chacun puisse
exprimer ses arguments et son point de vue. A la différence de la négociation, elle n’aboutit
pas obligatoirement à une décision mais permet au maître d’œuvre d’effectuer les choix les
plus judicieux en termes de résultat, d’implication et d’appropriation.
Une double utilité pour le projet de jardin
Le troisième temps fort dans la conception du jardin partagé consiste donc en une phase de
concertation. Dans la pratique, il s’agit d’aménager des temps de rencontres et d’animation
afin que tous ceux qui le souhaitent puissent s’exprimer et apporter leur petite pierre à
l’édifice. Bien que la municipalité ait déjà un avis, des envies et des contraintes pour ce projet,
tous les sujets relatifs au jardin y seront discutés. Sont donc inscrits parmi les sujets de
discussion l’aménagement physique du terrain, le budget nécessaire, la forme de gouvernance
ou encore la rédaction de la charte.
50
Ces échanges permettront également d’identifier des acteurs susceptibles de porter le projet en
constituant un groupe moteur. L’idée étant que la mairie ne porte pas à proprement parlé le
projet mais qu’elle ait un rôle de facilitateur et d’accompagnateur.
La forme imaginée
Lors de la présentation du projet aux élus de la Commission Environnement et Cadre de Vie,
il a été retenu la date du mardi 06 juin 2017 pour la première réunion de concertation. Il a
également été convenu que la forme la plus appropriée serait celle d’ateliers en petits groupes.
Ainsi, après avoir présenté le projet et l’orientation que souhaite donner la municipalité, des
groupes seront formés puis installés à des tables. Un élu de cette même commission sera
présent à chaque table et son rôle sera de rapporter les propositions. Le premier atelier de
concertation traitera principalement l’aménagement physique du terrain et donc
l’établissement d’une première liste des équipements nécessaires qui permettra d’affiner le
budget prévisionnel. Sur chaque table sera mis à disposition un plan aérien du cadastre où les
contraintes, telles que l’échelle et les zones de servitude seront précisées. A l’aide de vignettes
préalablement préparées, les participants seront invités à aménager le jardin comme ils
souhaiteraient le voir.
Les invitations
Dans un premier temps, les invitations pour cet évènement ont été envoyées par mail à
l’ensemble des structures qui avaient été rencontrées. Cela permettait de donner une suite
immédiate à la rencontre afin d’éviter que la dynamique ne retombe. Mais également de leur
donner la possibilité de participer à la conception de ce jardin, l’idée étant que chacune
l’investisse dans le futur. L’investissement et l’implication étant plus marqué dans des projets
ou des équipements qui nous ressemblent, il était important de les associer à cette phase de
réflexion.
51
Illustration 4 : Invitation pour l’atelier de concertation
Réalisation : Lilou Slyper
Dans un second temps, un communiqué de presse a été envoyé à l’ensemble des journaux du
territoire afin de relayer l’information et d’inviter l’ensemble de la population.
Illustration 5 : Communiqué de presse
Réalisation : Lilou Slyper
52
Enfin, la quatrième phase consistera en la réalisation et l’aménagement du terrain.
Cette méthodologie connait des limites puisque toutes les structures de la commune n’ont pas
pu être approchées et que tous les modèles de jardin n’ont pas pu être visités, elle ne permet
donc pas une approche exhaustive. Mais compte tenu du temps imparti, elle semble avoir été
efficace et permet tout de même de dégager des grandes tendances et des premiers constats.
B. …pour des résultats en construction
1) Les préconisations pour le jardin
La rencontre avec les acteurs de la commune, la visite d’initiatives similaires ainsi que le
premier atelier de concertation ont permis de proposer des préconisations pour ce projet.
Le besoin d’une nouvelle structure
S’appuyer et améliorer l’existant plutôt que de créer du nouveau sans cesse peut s’avérer plus
opportun dans certaines situations. Or, dans la situation présente, il semblerait que ce ne soit
pas le cas. En effet, la totalité des structures rencontrées n’ont pas exprimé le souhait de porter
ce projet de jardin. Toutes souhaitent s’y investir mais ponctuellement sous forme de sorties,
de conseils, d’animations ou d’actions de sensibilisation par exemple. La création d’une
nouvelle structure s’avère donc nécessaire. C’est pour cela que la phase de concertation est
très importante puisqu’elle permettra d’identifier un groupe moteur qui impulsera cette
nouvelle dynamique.
Un besoin en animations
Après la visite des autres jardins, il semble que la présence d’un animateur soit fortement
conseillée. Présent quelques heures par semaine, son importance tient plus au fait de rythmer
la vie du jardin et de garantir la cohésion du groupe qu’à son expertise en agriculture.
Des discussions sont en cours pour qu’un agent de la mairie, qualifié dans ce domaine, assure
cette fonction. De ce fait, en mettant à disposition du personnel, la mairie assure son rôle
d’accompagnement et garde un œil sur le terrain. Cependant le positionnement de cet agent,
semble, un peu ambigu. En effet, d’un côté employé de la municipalité, il doit suivre les
instructions de son employeur et les faire appliquer. D’un autre côté, la vocation de ce jardin
partagé n’est pas d’être un équipement géré par la mairie mais par et pour les habitants et les
structures de la commune. Or, le rôle de l’animateur est justement de gérer les affaires
53
courantes du jardin pour qu’il fonctionne correctement. Il peut donc survenir un conflit
d’intérêt. L’idéal serait qu’un animateur indépendant intervienne sur ce jardin et que son
salaire soit assuré par la municipalité sous la forme d’une subvention annuelle, par exemple.
Ainsi, elle conserverait son rôle d’accompagnement sans trop s’immiscer dans la vie
quotidienne du jardin. La convention et la charte seront justement là pour fixer les règles et
éviter que des dérives ne surviennent en prévoyant, par exemple, des mesures de contrôle et
de sanction.
En outre, il apparait nécessaire de former les jardiniers. Les formations peuvent être diverses :
en permaculture, en gestion de l’eau, en compostage, etc. Elles peuvent tout à fait être
assurées par les partenaires de la mairie comme le Département, le SMICVAL ou encore
l’ADEME.
L’équilibre individuel/collectif
L’implication au sein d’un jardin partagé semble également fortement dépendre de la nature
des parcelles. Pour ce faire, un équilibre entre parcelle individuelle et parcelle collective doit
être trouvé. En effet, si le jardin ne comprend que des parcelles collectives, il semblerait que
la motivation du groupe soit difficile à impulser au début et, s’il n’y a que des parcelles
individuelles, que la cohésion et les échanges soient moins développés. De plus, il est
important d’avoir une vision et une réflexion globale du jardin afin d’optimiser l’espace et les
synergies.
L’orientation prise par les élus de Saint-André de Cubzac sur la répartition des parcelles est de
70% de parcelles collectives, et ce dès l’ouverture du jardin. Les 30% restant seront dans un
premier temps, proposés en parcelles individuelles puis progressivement convertis en
parcelles collectives. Afin de préparer ce changement en douceur, tous les jardiniers devront
consacrer du temps sur les parcelles collectives.
Avec ce découpage, la présence d’un animateur semble d’autant plus importante puisque
d’après le retour d’expériences des autres jardins, pour qu’une parcelle collective fonctionne,
il faut que quelqu’un s’y investisse énormément, au moins au début, pour impulser la
dynamique. Les mentalités en France étant encore très individualistes, il n’est pas inné pour la
majorité de la population de fonctionner en communauté. Il faudra donc s’armer de patience
et ne pas hésiter à revoir ce découpage ambitieux si la dynamique ne prend pas. D’ailleurs, un
autre ingrédient de la réussite semble résider dans le fait d’écouter les envies des jardiniers,
d’avancer à leur rythme et de réorienter le projet au fur et à mesure. Donc, s’il s’avère
54
nécessaire d’augmenter la part des parcelles individuelles pendant un temps, il ne faudrait pas
le voir comme un échec mais comme une étape dans la consolidation de la structure du
jardin : la vie en communauté est un apprentissage quotidien qui peut prendre du temps.
L’analyse du sol
Avant de démarrer les premiers aménagements, il est nécessaire de connaitre la qualité et le
niveau de pollution du sol. En effet, le terrain a été laissé en friche depuis une trentaine
d’années, personne n’a donc connaissance de son état. Pour cela, plusieurs devis ont été
étudiés et l’un deux accepté. Le kit d’analyse a aujourd’hui été envoyé à un laboratoire.
La qualité du sol va avoir un impact sur le projet mais ne le remettra pas en cause. En effet, si
la terre est polluée, la production pourra tout de même avoir lieu mais hors sol à l’aide de
bacs. Si elle n’est pas polluée, tout pourra se faire à même la terre, ce qui serait évidemment
plus pratique.
L’eau
Qui dit jardin dit au minimum une source d’eau, qui peut prendre la forme de récupérateurs
des eaux pluviales, l’idéal étant deux sources afin de pallier d’éventuelles pénuries. Cette
seconde source pourrait provenir de la nappe souterraine qui se situe probablement sous le
terrain puisqu’à chaque fois qu’une tombe est creusée dans le cimetière, de l’eau remonte.
Mais il serait également opportun de prévoir un approvisionnement en eau potable,
notamment parce que le site va accueillir du public. Dans un premier temps, l’eau potable
utilisée pourra être celle du cimetière dont la première source se situe juste à côté de la porte
d’entrée (une dizaine de mètres du jardin). Des devis ont d’ores et déjà été demandés auprès
de plusieurs sociétés de la région afin de réaliser une étude de faisabilité.
Une attention particulière devra cependant être portée à la législation autour des cimetières.
En effet, l’eau souterraine ne peut être prélevée à des fins de consommation humaine en deçà
d’un périmètre de 35 mètres d’une zone de pollution, comme l’est un cimetière.
Si l’étude indique que la réglementation autorise la consommation de l’eau sur ce terrain, que
l’eau est de bonne qualité et que toutes les conditions sont réunies, alors le captage pourra être
réalisé. Pour cela, il faudra demander l’autorisation à la DDASS (Direction Départementale
des Affaires Sociales et Sanitaires). Le dossier doit être constitué :
- De l’analyse complète de l’eau
55
- Des informations permettant d’évaluer les risques susceptibles d’altérer la
qualité de l’eau
- L’étude hydrogéologique pour les captages supérieurs à 8m3/h
- L’avis d’un hydrologue agrée en matière d’hygiène publique
- Les dispositifs de traitement et de surveillance
- Les éléments descriptifs du système de production et de surveillance
Si l’autorisation est accordée, il faudra alors respecter 4 obligations :
- Protéger le captage
- Surveiller en permanence la qualité des eaux
- Se soumettre au contrôle sanitaire d’un laboratoire agréé par le ministère de
la santé
- N’employer que des produits et traitements autorisés par le ministère de la
santé
En revanche, si le forage réalisé est uniquement à destination de l’arrosage c'est-à-dire que
l’eau n’y est pas potable, il sera obligatoire de le mentionner à l’aide d’un panneau lisible et
d’un pictogramme caractéristique.
L’accessibilité
L’accessibilité sur l’ensemble de la parcelle doit être réfléchie en amont afin que tout public,
notamment les personnes à mobilité réduite, puisse y circuler librement. Un cheminement
devra donc être aménagé. Une des possibilités est un chemin en bois amovible qui peut se
déplacer au rythme des évolutions, comme l’illustre l’image ci-dessous. Celui-ci est constitué
de planches de châtaignier non traitées liées entre elles par un fil de fer galvanisé. La distance
entre les planches est de quelques centimètres permettant ainsi le passage d’un fauteuil
roulant. L’avantage du bois de châtaignier est qu’il est très résistant et ne nécessite aucun
entretien, ni même de préparation de la terre.
56
Illustration 6 : Exemple de chemin de bois amovible
Source : http://chataignier.org/produits/chemins-en-bois.html
Il s’agit également de penser l’accessibilité pour se rendre au jardin, l’objectif étant que les
jardiniers n’utilisent pas leur voiture pour s’y rendre. Des places de stationnement ne seront
d’ailleurs pas prévues aux abords de la parcelle, il est donc important de favoriser les modes
de transport doux comme le vélo. Il serait ainsi judicieux d’installer un parking à vélo sur la
parcelle. Pour plus de confort pour les cyclistes, ce parking pourrait être couvert pour que les
selles ne soient pas mouillées les jours de pluie et les portants permettant d’attacher le vélo à
hauteur de taille. Cela leur permettrait à la fois de ne pas trop se baisser et de pouvoir attacher
la roue ainsi que le cadre.
Enfin, pour aller plus loin dans la démarche et sur l’exemple du jardin Terre d’Adèles (2. A)
2)), des vélos pourraient être stationnés un peu partout dans la ville. Ils seraient alors
empruntés par les adhérents du jardin pour se rendre sur place. Gardés avec des cadenas à
code, seuls les jardiniers auraient connaissance de la combinaison.
La clôture
Sur tous les jardins visités, la clôture n’a été installée que pour protéger le jardin des animaux
sauvages. En effet, quasiment tous en zone rurale ou forestière, les attaques de chevreuils ou
de sangliers sont fréquentes. Cependant, elles ne sont, dans aucun des cas, présentes pour
protéger le jardin des attaques ou des détériorations humaines dont ils ne sont d’ailleurs pas
victimes.
Dans le cas du jardin partagé de Saint-André de Cubzac, une clôture pour se protéger des
attaques animalières ne semble pas nécessaire puisque la parcelle est entourée d’habitations.
57
Cependant, afin de délimiter l’espace et de protéger les habitations voisines du vis-à-vis, une
haie fruitière semble une bonne alternative. En effet, outre sa fonction séparative, elle
permettra de favoriser davantage la biodiversité et d’être un support supplémentaire de
production alimentaire. Les arbres implantés permettront en outre d’apporter de l’ombre à la
fois pour des espèces fragiles (comme les salades par exemple) mais également pour les
jardiniers.
La présence des arbres permettra également de s’initier à l’agroforesterie. Il s’agit de
pratiques agricoles qui intègrent l’arbre dans l’environnement de production, en s’inspirant du
fonctionnement de la forêt. Ce procédé a plusieurs avantages comme la multiplication des
strates végétales qui permet l’amélioration du captage des ressources, mais également la
maximisation de la production de biomasse permettant de nourrir la vie du sol et d’être
garante de fertilité.
Illustration 7 : Exemples de haie fruitière
Source : photo Lilou Slyper et http://media.gerbeaud.net/2015/01/640/haie-fruitiere-6-ans-en-fleurs.jpg
Pour être conforme au PLU, il faudra faire attention que la haie ne dépasse pas une hauteur de
1,60m côté rue et 2m sur le fond de la parcelle. De plus, il faudra prévoir un passage d’au
moins 50cm entre la haie et la limite de la parcelle cadastrale afin de pouvoir entretenir la
haie. Ce dernier point ne posera pas de souci le long des habitations puisqu’il y aura la zone
de servitude laissée pour le passage des engins vers le fond de la parcelle.
Sur ce point, un partenariat avec le Conservatoire végétal régional d’Aquitaine (voir 2. A) 2))
pourrait s’avérer intéressant. Il permettrait à la ville de devenir un verger annexe du verger
58
conservatoire et ainsi d’être référencé comme verger de collection sur le site du
Conservatoire.
L’éclairage
Un éclairage peut également être envisagé sur le jardin partagé. En effet, il permettrait d’avoir
une source de lumière lors des événements nocturnes ou des venues tardives des jardiniers.
L’équipement qui semble le plus opportun est un éclairage autonome fonctionnant grâce à
l’énergie solaire. Il serait muni d’un détecteur de mouvement afin de ne pas éclairer en
continu et de gêner l’environnement. Cela permettrait en outre de renforcer la sécurité,
notamment la nuit.
Illustration 8 : Exemples d’éclairage
Source : https://cdn.manomano.fr/lampe-solaire-avec-detecteur-de-mouvement-P-16-150749_2.jpg ;
https://cdn.manomano.fr/lampe-solaire-avec-detecteur-de-mouvement-P-16-150749_3.jpg ;
https://cdn.manomano.fr/lampe-solaire-avec-detecteur-de-mouvement-P-16-150749_3.jpg
Un espace convivial pour se rencontrer
Un espace abrité serait également intéressant sur le jardin et pourrait avoir différentes
fonctions. Tout d’abord celle d’abri pour se protéger de la chaleur, du froid, du vent, de la
pluie, etc. Mais également celle de lieu de stockage pour les outils et tout le matériel dont
disposera le jardin. Enfin, on peut imaginer qu’une partie soit revêtue de bâche transparente
ou de fenêtre pour laisser rentrer la chaleur et la lumière et ainsi se rapprocher de la fonction
de serre. Le tout devra cependant être pensé en aménagement temporaire puisque le jardin n’a
pas vocation à rester sur ce terrain.
59
Illustration 9 : Exemples de cabane
Source : Photo Lilou Slyper, jardin de Callune et jardin d’Oréda
Il faudra tout de même faire attention à la taille de la cabane. En effet, si sa superficie est
supérieure à 20m², il faudra faire une demande d’autorisation de construire auprès du service
urbanisme de la mairie. Elle pourra être de couleur, il faudra seulement éviter que le toit soit
noir afin d’être conforme au PLU. De plus, il serait intéressant que ce soit la mairie qui
dépose le dossier de demande afin qu’elle assume la taxe d’aménagement (de l’ordre de 666€)
qui concerne toutes les constructions. Cette taxe prélevée uniquement l’année de la
construction s’accompagne de la redevance archéologique préventive dès que le sol est
modifié sur 5cm de profondeur et ce sera sûrement le cas s’il est nécessaire d’égaliser le sol
pour l’installation de la cabane. Une partie de cette taxe d’aménagement (5%) est par la suite
reversée à la commune. Afin que les jardiniers puissent investir les lieux avant même le début
du jardinage et ainsi entretenir la dynamique de groupe, il serait judicieux que la cabane soit
installée rapidement après la constitution du groupe moteur.
Enfin, et afin de favoriser les temps de rencontres, d’échanges et de convivialité, du mobilier
doit aussi être envisagé. Qu’il s’agisse de pique-niquer, d’organiser une animation ou
simplement de se reposer, des bancs, tables ou autres aménagements seront les garants d’un
investissement physique des lieux et donneront envie aux jardiniers d’y rester.
60
Illustration 10 : Exemples de mobilier
Source : Photo Lilou Slyper, jardin de Callune, jardin d’Oréda et http://www.99pallets.com/wp-
content/uploads/2014/08/pallet-outdoor-bench.jpg
Des toilettes sèches
Un site accueillant du public, parfois sur de longues périodes, se doit de proposer des
sanitaires. N’ayant pas de toilettes publiques à proximité, il est important de réfléchir à en
implanter sur le jardin. Pour des raisons écologiques et de praticité, des toilettes sèches
semblent appropriées. D’après l’article 17 de l’arrêté du 7 septembre 2009, fixant les
prescriptions techniques applicables aux installations d’assainissement recevant une charge
brute de pollution organique inférieure ou égale à 1,2kg/jour de DBO538, « les toilettes sèches
sont autorisées, à la condition qu’elles ne génèrent aucune nuisance pour le voisinage ni rejet
liquide en dehors de la parcelle, ni pollution des eaux superficielles souterraines. […] Les
38 Il s’agit de la Demande Biochimique en Oxygène, c'est-à-dire la quantité d’oxygène nécessaire pour oxyder les matières organiques par voie biologique. Elle est calculée au bout de 5 jours, c’est pour cela qu’elle s’appelle DBO5.
61
sous-produits issus de l’utilisation de toilettes sèches doivent être valorisés sur la parcelle
[…].»39 .
Une aire de compostage à proximité devra donc être pensée afin de revaloriser le compost
ainsi créé. Composé à parts égales de matériaux secs riches en carbone (broyat, paille, etc.) et
de matières animales, il faudra attendre 2 ans et 3 ou 4 retournements avant de l’utiliser. Ce
temps d’attente est long car les champignons, les mycéliums, qui éliminent les bactéries
pathogènes apparaissent seulement à la fin de la seconde année. En outre, la température
élevée, créée par la décomposition de la matière, et la durée de maturation garantissent
l’absence de germes pathogènes et de traces de médicaments en tout genre.
Le groupe de transition Iles (voir 2. C) 3)) prévoit de construire des toilettes sèches lors de
son festival fin juin mais n’en aura pas l’utilité. Elles pourront alors être installées sur le
jardin.
Une aire de compostage
Le compostage est un processus naturel de transformation et de dégradation des matières
organiques. Il est le fait de micro-organismes, comme les bactéries ou les champignons, et
d’organisme de plus grande taille comme les lombrics. Il comporte deux étapes :
- La dégradation. Il s’agit d’une décomposition d’aérobie intense, c’est à dire
une décomposition grâce à l’action de bactéries qui se multiplient en
présence d’oxygène.
- La maturation. Il s’agit d’une décomposition moins soutenue qui conduit à
la biosynthèse de l’humus.
Il serait donc judicieux que l’aire de compostage soit constituée de deux bacs afin de
différencier ces deux phases. En outre, il est important qu’elle soit au contact direct de la terre
puisque cette dernière est une source privilégiée de micro-organismes. Afin d’obtenir un
compost de qualité, il est important de diversifier les matières compostées. Les équipements à
proximité, c'est-à-dire les écoles, les habitations ou même encore le cimetière sont autant de
sources d’approvisionnement à exploiter. Des bacs pourraient alors être mis à disposition afin
de récolter les bio-déchets.
Il serait donc intéressant d’avoir deux espaces dédiés à la fonction de compostage. En effet, le
compost des toilettes sèches nécessitant plus de temps pour arriver à maturité doit constituer
39 https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2009/9/7/DEVO0809422A/jo/article_17
62
une zone à part. Cette zone, pour des soucis de praticité, sera plutôt située à proximité des
sanitaires. Enfin la seconde zone de compostage pourra se situer à proximité de l’entrée pour
permettre la dépose rapide des bio-déchets des riverains. Afin de ne pas perturber l’aspect
visuel et le paysage, elle sera plutôt en bac fermé avec ouverture sur le dessus.
Cette liste d’équipements sera amendée et/ou complétée lors de l’atelier de concertation
puisque les habitants seront invités à proposer d’autres infrastructures. Cet atelier permettra
aussi d’affiner le budget dont une première estimation est proposée dans le paragraphe qui
suit.
2) Le financement
Les sources de financement possibles
Les sources de financement sont multiples pour des projets de cette nature. En effet,
s’inscrivant dans de nombreuses thématiques et dans de nombreux aspects de la vie d’un
territoire, les financements peuvent provenir de sources variées.
En complément des institutions traditionnelles telles que le Département, la Région, la
DRAAF, etc. voici trois exemples de source de financement auxquels peut prétendre ce jardin
partagé :
La Fondation de France avec son dispositif Vendanges d’idées
Il s’agit de promouvoir les initiatives de développement social, socioéconomique et culturel
du territoire de la Haute Gironde et du Libournais. Le projet doit participer à l’amélioration
des conditions de vie des habitants, faciliter l’implication des habitants dans la vie de leur
territoire, susciter de nouvelles solidarités entre habitants et favoriser de nouvelles
coopérations entre acteurs locaux en renforçant les dynamiques territoriales.
La fondation Cassous
Cette fondation aquitaine a fait le choix du mécénat de proximité en accompagnant les projets
de petites associations œuvrant dans les domaines de l’insertion, de l’environnement et de la
solidarité/aide au développement sur le territoire aquitain. Sur la thématique de
l’environnement, par exemple, il s’agit de la sensibilisation à l’environnement à travers la
protection de la faune et de la flore.
63
La fondation EDF
Elle a pour vocation de soutenir des initiatives positives sur les thématiques de la solidarité et
du progrès. Elle subventionne notamment des actions de lutte contre la précarité et
l’exclusion, d’insertion des jeunes, de lutte contre toutes les formes de discriminations et
d’accès à la culture pour tous.
Le budget
Les 3 tableaux qui suivent correspondent à la participation financière éventuelle de la mairie
sur ce projet.
Tableau 3 : Le budget prévisionnel pour les aménagements
Ce budget est très approximatif et ne correspondra pas complètement à la réalité. En effet, la
plupart des équipements pourront être réalisés par les jardiniers eux-mêmes à partir de
matériaux de récupération. Ce sera ainsi l’occasion d’organiser les premiers chantiers
solidaires participatifs.
64
Tableau 4 : Le budget prévisionnel pour la première année
Est rajouté sur ce second tableau, le salaire de l’animateur. S’il s’agit d’une personne déjà
employée par la mairie, la somme correspondante ne sera alors pas réellement payée.
Tableau 5 : Le budget prévisionnel à partir de la seconde année
Les années qui suivent, les frais pour ce jardin ne correspondraient alors plus qu’au salaire de
l’animateur et au partenariat avec le conservatoire végétal. En effet, une cotisation est à verser
tous les ans à ce dernier avec qui la convention est à renouveler tous les 5 ans.
65
Le budget n’est pour l’heure pas définitif puisqu’il va dépendre de ce qui sera décidé lors des
ateliers de concertation avec la population. Le premier ayant eu lieu, il est temps d’en faire le
bilan.
3) Retour sur le premier atelier de concertation
Le premier atelier de concertation avec la population s’est donc tenu le mardi 06 juin 2017.
Outre son ambition d’intégrer la population à la réflexion, il m’a permis de restituer mon
travail et donc de clôturer mon stage. C’était également l’occasion pour les personnes
intéressées d’identifier la personne prenant le relais.
Les personnes présentes
Pour rappel, l’invitation a été envoyée par mail à une vingtaine de structures qui avaient été
invitées à la diffuser auprès de leurs membres. Une trentaine de personnes s’étaient alors
inscrites. En réalité, seules 24 d’entre elles étaient présentes. Ce taux de participation nous
semble tout de même parfaitement satisfaisant étant donné qu’une pluralité d’acteurs était
présente. On retrouve parmi les structures s’étant déplacé :
- La mission locale
- Iles
- Le Temps des Familles
- La MDSI
- L’épicerie Au Comptoir Local
- La maison de retraite
- Les Semisolidaires
- Le SMICVAL
- Lassomante
- Achillée et Ciboulette
- Le Secours Catholique
- La mairie avec des techniciens et des élus
Cette diversité d’acteurs a permis d’enrichir les échanges et les discussions mais permettra
aussi, dans le futur, de toucher un panel plutôt large d’habitants lorsqu’elles relayeront les
informations. Cela montre également que ce jardin partagé n’est pas une « lubie politique »
66
mais bel et bien un équipement attendu par la population, les représentants des structures étant
pour la plupart des habitants de la commune.
Cependant, la grosse faiblesse de cet atelier est que, malgré un article dans la presse et des
flyers distribués auprès des locataires des bailleurs sociaux, aucun citoyen, ne faisant partie
d’aucune structure, ne s’est déplacé. Il serait intéressant de creuser et de connaître les raisons
de cette « non participation ». S’il s’agit d’un manque de communication, des efforts peuvent
facilement être mis en place pour pallier à cette lacune. S’il s’agit, au contraire, d’un manque
d’intérêt pour le projet, cela change la donne puisque le jardin était initialement prévu pour les
citoyens et les structures de la commune et non pour les structures seules. Il est en revanche
tout à fait possible qu’au démarrage, il soit plutôt investi par les structures et qu’au fil des
installations la curiosité grandisse auprès de la population qui pourra alors se rattacher au
projet.
La forme choisie
La forme choisie a très bien fonctionné. En effet, le fait qu’il s’agisse d’un atelier manuel où
les participants étaient physiquement invités à participer a permis de davantage les concentrer
et les intéresser. Ils se sont tous pris au jeu et ont eu à cœur de répondre à la commande.
Initialement, le rôle de rapporteur devait être assuré par les élus de la commission
environnement et cadre de vie. Cependant, présents en trop petit nombre, c’est un membre de
chaque groupe qui a assuré cette fonction. Au final, ce fut bien mieux ainsi. En effet, après
réflexion, c’était plus pertinent que ce soit un citoyen qui vienne présenter ses choix et ses
envies concernant un projet qu’on souhaite qu’il s’approprie par la suite. De plus, les
présentations furent un moment convivial où la bonne humeur et l’humour étaient les maîtres
mots.
Je pense pouvoir dire que tous les participants ont passé un agréable moment puisque
l’ambiance était détendue et bienveillante. Et il s’agit d’une condition indispensable à la
bonne réalisation d’un projet de ce type. En effet, demandant beaucoup d’investissement et de
temps de la part des protagonistes, la notion de plaisir doit rester supérieure à celle de corvée
si l’on veut que le projet perdure dans le temps.
67
Les propositions faites par les citoyens
Le nombre relativement peu élevé de participant a permis de former des groupes de 6
personnes par table. Il s’est avéré que c’était un bon nombre puisqu’ils étaient assez pour
avoir un échange de points de vue constructif, tout en prenant le temps de s’écouter.
Les propositions faites ont toutes été très différentes et très intéressantes puisqu’elles ont
permis de conforter et de peaufiner les préconisations réalisées plus haut. De l’ensemble, il
ressort :
- Il n’est pas nécessaire de clôturer le jardin, ni de le fermer. A certains
endroits la haie fruitière peut être intéressante pour délimiter l’espace
- Les parcelles individuelles et collectives doivent être agencées de sorte à
forcer les jardiniers à se rencontrer. Par exemple, le point d’eau ou le
cheminement peuvent être placés stratégiquement pour créer des points de
rendez-vous
- Quelques parcelles individuelles peuvent être excentrées pour favoriser la
tranquillité des jardiniers qui le souhaitent
- L’aire de compostage serait plutôt à l’entrée pour permettre la dépose des
bio-déchets et d’être un point de collecte pour le quartier
- Des poubelles « classiques » doivent également être prévues
- La présence d’un poulailler mobile dont l’enclos serait grillagé sur les côtés
et au-dessus peut s’avérer intéressant
La proposition sur le poulailler notamment, est très intéressante. Cet équipement avait été
proposé lors de la première présentation devant les élus, mais à la majorité il avait été
abandonné. La raison invoquée était la présence de nombreux chats et chiens à proximité et
donc une survie très approximative pour les poules. Or, un équipement entièrement fermé
permettrait de garantir leur sécurité. Ni moi, ni les élus n’avaient songé à cette solution
pourtant simple. C’est dans ce genre de situation que l’on se rend compte à quel point
l’ingénierie du groupe est importante.
Il avait également été demandé aux participants de noter sur un post-it ce qu’évoquait pour
eux le terme de jardin partagé. Ce qui ressort à l’unanimité est la notion de convivialité. Cela
conforte l’orientation prise par la mairie d’en faire un espace propice aux rencontres et aux
échanges et non un espace avec des impératifs de production.
68
La suite
La question du prochain rendez-vous a également été évoquée lors de cette rencontre : il a été
convenu qu’il serait programme à la rentrée, en septembre. Avec les départs en vacances de
l’été, il n’aurait pas été judicieux de le programmer avant.
Ma tutrice, l’adjointe en charge de l’environnement, a annoncé que cette prochaine réunion
serait l’occasion de créer l’association qui porterait le jardin. Or, je pense que cette annonce
été un peu prématurée. En effet, son aspect très formel peut effrayer certaines personnes qui
peuvent alors se sentir « prises au piège » et se retirer des réflexions. Néanmoins, il serait
intéressant que lors de cette réunion, les statuts de cette future association soit définis ainsi
que la charte et la convention. De ce fait, le groupe continuerait à travailler de manière
collective et à bénéficier de l’avis de personnes ne souhaitant pas forcément s’investir
physiquement. Le tout, sans pression et sans impératif institutionnel. La création à proprement
parler de la structure peut tout à fait être la dernière étape puisque si tout est rédigé en amont,
il ne s’agit que d’une formalité administrative.
Mon ressenti
C’était la première fois que je m’exprimais, seule, devant autant de personnes. Durant mon
année de DUT, j’ai eu l’occasion d’animer un ciné-débat avec 5 de mes camarades devant une
cinquantaine de personnes. On pourrait penser que le fait d’être plusieurs « sur scène » ne
change rien puisque dans tous les cas, quand on s’exprime, on le fait seul, mais cela change au
contraire beaucoup de choses. Il y a un côté rassurant à être entourée physiquement d’alliés
face à une assemblé qui n’a d’yeux que pour vous et qui s’attend à recevoir des informations
précises et concrètes.
Je pense que ce qui m’a aidé et qui a contribué à ce que mon stress ne soit pas à son
paroxysme est le fait d’avoir présenté, avant ce soir-là, mon projet à de nombreuses reprises.
A chaque présentation, que ce soit devant les élus, les techniciens de la mairie, les
représentants des structures de la commune ou les représentants des autres jardins partagés, je
me suis davantage approprié mon sujet. Ainsi lors de cette dernière représentation, je le
maitrisais entièrement et parfaitement me permettant d’être plutôt à l’aise devant cette
assemblée.
69
Maintenant que la commune et que le projet de jardin partagé de Saint-André de Cubzac sont
présentés dans leur intégralité, nous allons nous attarder sur 3 pistes d’actions possibles pour
aller encore plus loin dans la démarche.
C. Vers un projet plus vaste ?
1) Le but ultime : une aire de méthanisation
Une aire de méthanisation sur la commune permettrait de valoriser des déchets tout en
produisant de l’énergie. C’est donc un dispositif à étudier sérieusement.
Petit rappel
Le processus de méthanisation correspond à la dégradation biologique de la matière organique
dans un espace privé d’oxygène. Rendue possible par l’action de bactéries, cette
transformation peut se produire dans un milieu naturel, comme un marais, ou être mise en
œuvre volontairement. Elle produit alors un gaz, appelé biogaz, ainsi qu’un résidu. Le biogaz,
composé principalement de méthane et de dioxyde de carbone, possède de grandes vertus
énergétiques. Par exemple, en alimentant un moteur à gaz, il permet le principe de
cogénération40 en produisant à la fois de l’électricité et de la chaleur. Cette source de chaleur
peut ensuite servir à différentes tâches : production d’eau chaude, chauffage collectif ou
domestique, etc. Le résidu, quant à lui, peut être valorisé en tant que fertilisant pour
l’agriculture.
40 La cogénération est la production simultanée de deux formes d’énergie différentes dans la même centrale
70
Illustration 11 : Processus de méthanisation
Source : http://www.developpement-durable.gouv.fr/La-methanisation.htm
Le projet d’aire de méthanisation à Saint-André de Cubzac
Une station d’épuration est installée sur l’une des communes voisines de Saint-André de
Cubzac et permet actuellement de traiter les eaux usées de 7 communes alentour, ce qui
correspond à 14 000 équivalents-habitants (EH). Gérée par le SIAEPA, Syndicat
Intercommunal d’Adduction d’Eau Potable et d’Assainissement, une extension est prévue sur
Saint-André de Cubzac afin de traiter les eaux usées de 3 communes supplémentaires et
d’arriver à 30 000 EH.
Le projet prévoit également l’installation d’une aire de méthanisation afin de traiter les boues
et les graisses produites par la station. La fermentation des boues d’épuration permettrait alors
de créer une nouvelle plus-value qui prendrait la forme de biogaz. Il sera alors injecté dans le
réseau de gaz naturel desservant le Libournais. Pour le moment ne sont concernés par ce
projet que les produits de la station et non l’ensemble des bio-déchets de la commune.
71
Illustration 12 : Equivalence d’un m3 de méthane
Source : http://www.methanisation.info/methanisation.html
Un projet qui pourrait aller plus loin
Ce projet pourrait aller plus loin en associant l’ensemble des bio-déchets, que ce soit ceux des
écoles, des particuliers, des grandes surfaces ou encore des agriculteurs de la commune et des
environs. C’est par exemple le cas, dans la commune de Ribeauvillé. Dans cette commune,
située dans le département du Haut-Rhin, un groupe d’agriculteurs s’est regroupé afin de
trouver des solutions pour valoriser leurs propres déchets. Depuis 2012, le projet va plus loin
puisque sont aussi valorisés les denrées alimentaires périmées ou invendues, les déchets
d’industries agro-alimentaires, les retours des assiettes des établissements scolaires, les
déchets des grandes et moyennes surfaces, les huiles et graisses alimentaires mais également
le lisier et la biomasse agricole et viticole. Ils permettent alors de créer du gaz qui sert pour
chauffer la ville, de produire du biocarburant et de l’électricité mais également du digestat qui
permet aux agriculteurs de ne plus utiliser d’engrais chimique.
A Saint-André de Cubzac, un projet de cette envergure permettrait de créer des boucles
vertueuses de production et de revalorisation des denrées alimentaires. L’énergie créée par la
transformation des matières premières permettrait d’alimenter d’autres sources de production
grâce à la chaleur, à l’électricité et au digestat créés à partir de ces mêmes denrées à la fin de
leur cycle de vie.
72
La démarche de transition d’un territoire est le fait d’équipements et d’aménagements mais, et
surtout le fait de ces habitants : un projet peut avoir du potentiel, si personne ne s’en saisit, il
ne vit pas. C’est cet aspect, celui de l’implication citoyenne qui va être évoquée dans les
parties qui suivent.
2) L’exemple à suivre : Ungersheim
La commune d’Ungersheim est une commune située à 15km au nord de Mulhouse dans le
département du Haut-Rhin dans la région Grand-Est. Comptant près de 2 080 habitants sur un
territoire de 13,5km²41, elle a pris à cœur de participer, à son échelle, à la transition écologique
en s’inscrivant dans la démarche « des villes et villages en transition ».
Le mouvement de la transition
Le mouvement de la transition consiste à encourager les citoyens à évoluer selon des modes
de vie plus sains et davantage reliés à l’environnement qui les entoure. Il permet en outre de
les préparer à la raréfaction des ressources, notamment celles fossiles, et de s’adapter aux
changements climatiques en s’émancipant de ces phénomènes. Cela se traduit par l’abandon
de la surconsommation en adoptant des comportements moins énergivores, donc moins
émetteurs de gaz à effet de serre, et engendrant moins de conflits, meurtriers ou non.
Initié par Rob Hopkins42, la démarche des « villes et villages en transition » s’appuie sur la
notion d’autonomie et se décline en 3 grands thèmes eux-mêmes répartis en 21 actions. Le
premier thème est celui de l’autonomie intellectuelle. Il s’agit de bouleverser le
fonctionnement pyramidal actuel en redonnant une place centrale à la démocratie
participative, à la fraternité, « au penser par soi-même » et aux différents écosystèmes. Le
second thème est l’autonomie ou l’indépendance énergétique. Il s’agit de développer les
sources de production d’énergie durable tout en retirant les produits chimiques dans les
comportements du quotidien. Enfin, le troisième thème, l’autonomie alimentaire, tente de
tendre vers la souveraineté alimentaire en facilitant les processus allant directement de la
graine à l’assiette.
41 Insee, RP2008 et RP2013 exploitations principales en géographie au 01/01/2015 42 Enseignant britannique en permaculture né en 1968, initiateur du mouvement des villes en transition et auteur de nombreux ouvrages à ce sujet
73
Les actions mises en place dans la commune
« Nous désirons que les citoyennes et les citoyens se libèrent de leurs entraves consuméristes,
qu’ils décident ensemble et, très simplement, de prendre soin de leur patrimoine naturel,
social et LOCAL. Ils ranimeront le socle des valeurs de la République « LIBERTE,
EGALITE» par la flamme de la FRATERNITE. En ayant conscience que l’on peut
transformer les choses, ils trouveront des nouvelles parcelles de bonheur. »43
L’autonomie intellectuelle
Une démocratie participative est mise en place depuis 2009 et permet à la population de
s’exprimer et d’être entendue de manière directe et en permanence. Pour ce faire, des
commissions sont organisées et permettent à leurs membres de discuter et de penser le village
d’aujourd’hui et de demain. Ces réflexions aboutissent à des propositions d’actions et à des
orientations budgétaires. Les thèmes abordés sont choisis collectivement et concernent tous
les aspects de la vie quotidienne, comme les transports, la gestion des déchets ou l’action
sociale mais également de manière plus originale des préoccupations globales comme une
régie publique de l’énergie, l’économie circulaire ou la biodiversité.
En outre, et toujours dans l’idée de s’émanciper, une monnaie locale complémentaire a été
mise en place : le Radis. Elle permet de payer chez une quinzaine de commerçants et
d’artisans locaux. On retrouve parmi eux des corps de métiers variés comme un boulanger, un
salon de coiffure, un domaine viticole, une AMAP, un plombier ou encore des restaurants.
Une monnaie locale permet d’intensifier les échanges entre les adhérents, de relocaliser, de
responsabiliser la consommation en permettant une meilleure circulation de la monnaie. Elle
est gérée par une association qui réunit l’ensemble des acteurs : usagers,
commerçants/prestataires et parfois les collectivités. Chacun d’eux signe et s’engage à
respecter une charte qui fixe les conditions d’utilisation et d’acquisition. Son fonctionnement
est le suivant :
- Le consommateur paie son produit ou son service
- Le prestataire encaisse le Radis
- Il est alors invité à le réinjecter dans le circuit en payant par exemple ses fournisseurs,
en rendant la monnaie à d’autres clients ou encore en payant une partie du salaire de
ses employés, s’ils le souhaitent
43 Paroles du maire, Jean-Claude Mensch
74
- S’il souhaite le convertir, il s’adresse à l’association qui lui reverse la même somme en
euros puisque 1 Radis = 1 euro
L’indépendance énergétique
Dans ce domaine, de nombreuses actions ont été mises en place pour réduire la consommation
d’énergies non renouvelables. Tout d’abord une campagne de diagnostic énergétique des
bâtiments publics a été amorcée afin de faire un premier état des lieux des efforts à fournir. En
parallèle, la plus grande centrale solaire d’Alsace a vu le jour : Hélio Parc 68. Il s’agit d’une
centrale photovoltaïque sur toiture installée sur 4 hectares de la propriété communale. Les
bâtiments quant à eux accueillent des activités de production d’autres énergies renouvelables.
La production est revendue à EDF Energies Nouvelles et pourrait correspondre à l’énergie
consommée par 10 000 habitants, hors chauffage44.
S’ajoute à cela, le retrait total des produits phytosanitaires et des engrais chimiques dans la
gestion des espaces verts ainsi que le remplacement des produits d’entretien issus de la
pétrochimie. Enfin, un cheval a été acquis par la commune afin de réaliser les travaux
d’entretien sur les jardins maraichers ou encore d’assurer le transport des enfants à l’école.
La souveraineté alimentaire
Les actions entreprises dans ce domaine sont variées puisqu’elles s’adressent à la fois aux
établissements scolaires et à la population en règle générale. Pour les écoles, l’alimentation
proposée est 100% bio et provient en grande partie de l’exploitation maraichère, « les jardins
du trèfle rouge », implantée sur des terres communales (8 hectares) gérée par un chantier
d’insertion. Une conserverie a également été aménagée afin d’allonger la durée de vie des
aliments.
Les jardins du trèfle rouge s’inscrivent dans le programme « de la graine à l’assiette » prévu
par le mouvement de la transition. Membres d’un réseau qui regroupent environ 120 jardins
en Alsace, ils proposent des fruits et légumes bios produits par des travailleurs en insertion et
vendus sous la forme de paniers aux habitants de la commune. Une partie est envoyée à la
cuisine collective, certifiée bio par Ecocert, qui prépare alors près de 500 repas par jour pour
approvisionner les écoles du village et des environs.
44 http://planetes68.haut-rhin.fr/wp-content/uploads/2015/10/articles_alsace_240915.pdf
75
Bien que très en avance dans le domaine de la transition, Ungersheim n’est cependant pas la
seule commune à s’engager. A moindre échelle, on retrouve sur la commune de Saint-André
de Cubzac, un mouvement citoyen qui s’inscrit dans cette démarche.
3) Iles : le pouvoir du citoyen
Les prémices du mouvement
Lors de la semaine du développement durable en mai 2016, le cinéma de Saint-André de
Cubzac, avait organisé une soirée débat autour du film Demain avec une participation très
importante. Face à l’engouement sur les problématiques évoquées dans le film, les citoyens
commencèrent à se demander, comment eux, à leur échelle, pourraient participer à la
transition. Un petit groupe moteur décida donc de passer à l’action et organisa une première
réunion. A ce stade, il s’agissait surtout d’appréhender l’implication potentielle de la
population et de définir les envies et les ambitions de chacun dans cette initiative.
Au bout de quelques rendez-vous, le groupe se rapprocha du mouvement Gironde en
transition afin d’être aiguillé dans la marche à suivre. Présent dès le départ, le groupe de
transition girondin leur apporta sa propre expérience, les aida à s’organiser et répondit aux
diverses interrogations. C’est ainsi qu’Iles, Initiatives Locales Ecocitoyennes et Solidaires a
vu le jour. Il s’agit de promouvoir, d’accompagner et de mettre en place des initiatives
locales, éco citoyennes et solidaires sur le territoire de la Haute Gironde. Aujourd’hui, le
mouvement compte environ 80 membres dont une trentaine qui se réunit régulièrement.
Son fonctionnement
Le groupe a fonctionné pendant presque un an sans aucune forme juridique, simplement
comme un groupe de citoyens se réunissant régulièrement. Cependant, la nécessité de
s’institutionnaliser s’est imposée à eux, notamment pour pouvoir souscrire une assurance et
avoir accès aux locaux municipaux. C’est pour cela que, depuis avril dernier, Iles s’est
constitué en association. Sa particularité réside dans le fait qu’il s’agit d’une association
fonctionnant de manière collégiale : il est inscrit dans les statuts que l’assemblée, lorsqu’elle
se réunit, est souveraine, qu’elle soit composée de 2 ou de 80 personnes. Les décisions quant à
elles se prennent en recueillant l’adhésion de tous, c'est-à-dire que tant qu’un membre élève
une opposition, la décision n’est pas actée. Sa seconde particularité est qu’elle fonctionne sans
aucun argent. Pour ce faire, elle ne possède pas de compte en banque et ne demande aucune
subvention : l’idée est que chacun apporte ce qu’il a. Lorsque des frais surviennent, comme la
76
cotisation de l’assurance par exemple, une collecte est organisée et chacun donne ce qu’il veut
ou ce qu’il peut. Si la somme récoltée n’est pas suffisante, un second tour est mis en place et
ainsi de suite jusqu’à ce que le compte soit bon. Si au contraire trop d’argent est récolté, il est
stocké chez un membre et est accessible à qui en a besoin, dans la mesure où l’action réalisée
est bénéfique pour tous. Lorsqu’un groupe a besoin de matériel, un appel public est lancé
auprès de la population via Facebook.
Afin d’être plus réactif et efficace, le groupe s’est aujourd’hui subdivisé en plusieurs sous-
groupes. Le premier traite des questions d’échange local et vient de créer un SEL (Système
d’Echange Local). Le second travaille sur les questions de l’alimentation responsable et de
l’autosuffisance. Ce groupe travaille avec les Semisolidaires avec qui ils ont créé une spirale
aromatique sur l’espace public. Il participe également aux différentes opérations de
plantations de la ville. Le troisième groupe s’est orienté sur la thématique de la récupération.
Un de leur premier projet est la transformation d’une ancienne cabine téléphonique en boîte à
livres qui sera par la suite implantée sur l’espace public. Enfin le dernier sous-groupe
s’occupe de la coordination entre tous les groupes ainsi que de la communication avec
l’extérieur. Les supports de communication utilisés par les membres sont les mails, les
réseaux sociaux et le face à face, ceux utilisés pour communiquer avec l’extérieur sont les
réseaux sociaux et la presse locale.
Chaque groupe se réunit en fonction des projets et des besoins du moment, mais le groupe
dans son intégralité se retrouve une fois par mois pour faire le point sur l’avancée des
différents projets et s’informer mutuellement des actions entreprises.
Les projets
Un des projets phare de cette année 2017 est l’organisation, en juin, d’un festival : le Fest’Iles.
L’objectif de cette manifestation est d’essaimer des bonnes pratiques en montrant aux
citoyens qu’adopter des comportements responsables est facile et à la portée de tous. La forme
du festival a été choisie afin de ne pas proposer un évènement moralisateur ou culpabilisant
mais au contraire un moment festif et ludique. Seront proposés durant cet évènement la
fabrication de produits d’entretien et de produits cosmétiques, la fabrication des toilettes
sèches, un Repair Café, une gratiferia45, ainsi qu’un pique-nique partagé 0 déchet.
Iles étudie aussi la possibilité de créer une monnaie locale ainsi que la création d’un Repair
Café permanent. Il s’agit d’un espace où outils, matériels et l’expertise des bénévoles qualifiés 45 Un marché sous la forme de troc, où chacun amène quelque chose à donner et peut repartir avec ce qu’il veut
77
sont mis à disposition des personnes souhaitant venir réparer un objet. Ouvert à tous, ceux qui
n’ont rien à réparer se retrouvent alors autour d’un café et aident les autres.
Enfin, le dernier projet défini aujourd’hui est la réalisation d’un guide de toutes les initiatives
locales, éco-citoyennes et solidaires sur le territoire de la Haute Gironde.
Les relations avec les autres structures
La création d’Iles a reçu un accueil favorable auprès de toutes les structures y compris de la
mairie. Quelques élus ont même pris, à titre personnel, part à l’aventure. Il arrive parfois à la
mairie de s’appuyer sur ce mouvement lors de ces actions de plantation ou pour bénéficier
d’équipements comme c’est le cas pour les toilettes sèches du jardin partagé. Néanmoins
quelques difficultés semblent survenir notamment au niveau de la communication : les
services ne semblent pas encore très habitués à ce que les habitants les interpellent
directement. Cela peut parfois entrainer des malentendus ou des petits problèmes de
compréhension.
Les limites
La principale limite semble résider dans le fondement même de sa structure. L’engagement
citoyen ne peut pas être imposé, il dépend de l’implication de chacun en termes de temps et
d’énergie à donner. Il s’avère que les gens ont tendance à attendre que ça arrive et à râler
quand rien ne bouge sans pour autant agir eux-mêmes.
Conclusion
Un jardin partagé est un espace où l’on doit se sentir à l’aise, en osmose avec la nature et avec
les autres et où la production maraichère est plus un prétexte à la discussion et aux échanges
qu’un réel impératif de production. Mes conditions de stage se sont fortement rapprochées de
ces conditions. Bien qu’une réelle mission, celle de créer un guide « clé en main » pour que la
mairie de Saint-André de Cubzac puisse aménager un jardin partagé sur sa commune, m’ait
été confiée ainsi que des impératifs de résultats, j’ai pu évoluer sereinement. Les différentes
rencontres avec les acteurs de la commune, les visites de jardins partagés sur le territoire
aquitain ou les nombreuses présentations du projet m’ont permis de me confronter aux
techniques de la conduite de projet en élaborant des préconisations concrètes et en découvrant
de nouvelles facettes de la vie de mon territoire.
78
A Saint-André de Cubzac, le projet de jardin ne sera porté ni par la mairie ni par une structure
existante : un champ des possibles s’ouvre entretenant le suspens quant à sa réelle réalisation.
Suspens qui peut durer longtemps si aucun groupe moteur ne se constitue. C’est aussi là la
difficulté que peut rencontrer un projet, la mobilisation citoyenne. Bien que les citoyens soient
souvent demandeurs de changement et d’amélioration de leur cadre de vie, peu sont d’ores et
déjà prêts à donner de leur personne. C’est pourtant là que se trouve le secret de la réussite.
Que ce soit pour de petits projets comme l’est un jardin partagé communal ou pour des projets
plus globaux comme celui de la transition écologique : si les citoyens ne se mobilisent pas, le
changement n’opère pas.
Surtout que leurs actions, quand elles se mettent en place, ainsi que celles des collectivités,
rencontrent souvent un chemin semé d’embuches. La réglementation en est une de taille.
Comment au 21ème siècle alors que la planète va mal et qu’il est urgent de changer nos façons
de vivre, des lois peuvent-elles encore être un obstacle à des comportements bénéfiques et
pour la planète, et pour l’environnement et pour les humains ?
79
Bibliographie
Ouvrages et articles universitaires
Tozzi Pascal (2015/2016), Cours de « politiques publiques » - Pascal Tozzi, GUS 22ème année
Rapports et textes officiels
Cahier de préconisation pour la reduction du gaspillage alimentaire en restauration collective (mai 2012), Département de la Gironde, ADEME
Circulaire interministérielle du 5 avril 2001 sur les fermes pédagogiques
Dossier thématique du gaspillage alimentaire à tous les étages (mars 2010, actualisé en décembre 2013), France Nature Environnement
Dossier thématique Gaspillage alimentaire, pourquoi et comment agir ? Etats des lieux,
enjeux & pistes pour agir (mars 2010), France Nature Environnement
Forage et puits en Aquitaine – eau potable, ce qu’il faut faire et ne pas faire, Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS)
Garot Guillaume (2015), Lutte contre le gaspillage alimentaire : propositions pour une
politique publique
Groupe d’étude des marchés de restauration collective et de nutrition (GEMRCN) (mise à jour octobre 2011), Direction des affaires juridiques,
Documents internes
Boureau Anthony (2009), Municipalité et protection de la nature – LPO Loire Atlantique
Coordination, Lagarde
Commune magazine d’information de la ville de Saint André de Cubzac n°128, n°127, n°126,
n°125, n°124, n°123, directrice de publication : Célia Monseigne
Diagnostic du gaspillage alimentaire des Ecoles Bertrand Cabanes et Suzanne Lacore, Saint-André-de-Cubzac (novembre 2015), CREPAQ
Programme électoral de la liste « avec vous Saint-André avance », (2015), Avec vous Saint-
André avance
80
Refuge LPO collectivité « parc du château Robillard », Saint-André de Cubzac – état initial et propositions d’aménagement et de gestion (août 2015), LPO, refuge LPO
Ouvrages documentaires
Association française (2017), L’agroforesterie en 12 étapes, Agroforesterie
Association Les jardins d’aujourd’hui et Jardin Dans Tous Ses Etats, Jardinage et développement social - Du bon usage du jardinage comme outil d’insertion sociale et de
prévention de l’exclusion – guide méthodologique, MDSL programme autoproduction et développement social Bardeau Gérard et Claude (1980), Saint-André en Cubzaguès noste péïs, notre pays, édité
sous le patronage de la municipalité de Saint-André de Cubzac
Biroleau Benjamin (2016), Jacques Maugein – 50 ans d’histoire dans le cubzaguais Dobson Joanna et Warhurst Pam (2015), Les incroyables comestibles – plantez des légumes,
faites éclore une révolution, Domaine du possible, actes sud/colibris, traduit de l’anglais par
Amanda Prat-Giral
Jardins Dans Tous Ses Etats (2012), La charte des jardins partagés, atelier le PasQueBeau
Lipietz Alain (1999), Qu’est ce que l’écologie politique ? – la grande transformation du XXIe siècle, La Découverte
MAAPRAT (2011), Pertes et gaspillages dans les métiers de la remise directe (restauration et distribution), Urban Food Lab Meynard Christophe (2010), Saint-André de Cubzac. Mémoires en images, Saint Avertin, Alan Sutton Réseau école et nature avec Jardin Dans Tous Ses Etats, Le jardin des possibles – guide méthodologique pour accompagner les projets de jardins partagés, éducatifs et écologiques Ungersheim, Village en transition – c’est en marchant que l’on trouve le chemin – initiatives pour le développement d’une économie locale et fraternelle
Documentaire
Raimbault Marie-Pierre (2012), Le scandale du gaspillage alimentaire
Thurn Valentin (2012), Taste the Waste – Nos poubelles passent à table
81
Annexes
Annexe 1 : Article paru dans Haute Gironde
Source : écrit par Lilou Slyper
Annexe 2 : Compte rendu de la commission environnement et cadre de vie du 02 mai
2017
Commission Environnement, Cadre de Vie du mardi 02 mai 2017
Présents : Elus : Angélique LUSSEAU, Hélène RICHET, Florence PRUD’HOMME, Hélène FENOUILLET, Stéphane PINSTON Stagiaire : Lilou SLYPER
S ERVICES TECHNIQUES
Mairie de Saint André de Cubzac
82
Absents excusés : Emilie AUTHIER
Absents : Sandrine HERNANDEZ, Muriel CALLENDREAU DE PORTBAIL, Damien
CHABRIERES
Ordre du jour :
- Présentation du projet « jardin collectif » et préparation de la réunion de concertation - Questions diverses
Présentation du projet de jardin partagé par Lilou SLYPER, stagiaire à la mairie.
Voir présentation en PJ.
La commission retient les orientations suivantes :
- Ce jardin doit avant tout être un espace convivial propice à la création de lien social
et de partage et non un espace avec des objectifs de production. Il pourra en avoir de façon
ponctuelle lors d’évènements tels que la semaine du goût par exemple.
- Une vocation pédagogique doit également lui être donnée, notamment sur la
préservation de l’environnement et de la biodiversité : des animations devront être proposées
toute l’année. Un programme doit donc être défini à l’avance.
- Afin de poursuivre les démarches initiées par la ville dans le zéro phytosanitaires, il
sera obligatoirement cultivé sans aucun pesticide ou produits phytosanitaires.
- Il sera composé de parcelles collectives et de parcelles individuelles. Les parcelles
collectives seront présentes à hauteur de 70% et ce, dès l’ouverture du jardin. Les 30% restant
seront dans un premier temps proposés en parcelles individuelles puis progressivement
converties en parcelles collectives.
- Les zones collectives seront équipées de composteurs et de récupérateurs d’eau.
- Toutes les personnes adhérant à ce jardin devront consacrer du temps aux parcelles
collectives.
83
- Tous les équipements et les aménagements réalisés devront être réfléchis et conçus
de manière à pouvoir être rapidement démontés puisque la vocation finale du terrain est
d’accueillir l’extension du cimetière.
- Le poulailler ne semble pas être une bonne idée du fait des nombreux prédateurs à
proximité.
- Du lien doit être fait avec les autres structures de la commune.
- Concernant les outils nécessaires au jardinage, un kit de départ peut être envisagé
mais il sera à la charge des jardiniers de l’entretenir et de le renouveler au besoin.
- Le compostage des biodéchets des écoles à proximité peut être envisagé sur le site du
jardin partagé.
- Il serait souhaitable que le jardin soit encadré par un animateur au moins 2 heures par
semaine.
Concernant la réunion de concertation :
- La forme la plus appropriée semble être celle d’ateliers en petits groupes. Chaque
groupe étant installé à une table avec un élu, dont le rôle sera de rapporter les propositions.
- Tous les groupes traiteront toutes les thématiques afin de rédiger un cahier des
charges le plus collaboratif possible.
- Sur chaque table sera mis à disposition un plan aérien du cadastre. Les contraintes,
telles que l’échelle et les zones de servitude, y seront précisées. A l’aide de vignettes et de
Post-Its, les participants seront invités à aménager le jardin comme ils le souhaitent. Chaque
table aura une couleur différente afin de faciliter la synthèse.
- Le déroulé est prévu comme suit : - Présentation du projet et de l’orientation politique par Lilou SLYPER - Atelier n° 1 : chaque participant est invité à écrire sur un Post-It ce qu’évoque et représente pour lui un jardin partagé - Rassemblement des différents mots et synthèse - Atelier n° 2 : des groupes sont constitués et une réflexion collective est proposée pour l’aménagement du jardin et la rédaction du cahier des charges - Synthèse
- La date de la réunion de concertation est fixée au mardi 06 juin à 20h, au château
Robillard.
84
- Un moment de convivialité sera proposé à la fin de la réunion.
- Les inscriptions se feront par l’intermédiaire d’un formulaire envoyé à toutes les
structures rencontrées
Annexe 3 : Flyer distribué par les bailleurs sociaux auprès de leurs locataires
Source : Réalisation : Lilou Slyper
85
Tables des annexes
Annexe 1 : Article paru dans Haute Gironde………………………………………………....81
Annexe 2 : Compte rendu de la commission environnement et cadre de vie du 02 mai 2017………………………………………………………………………………………...…81
Annexe 3 : Flyer distribué par les bailleurs sociaux auprès de leurs locataires……………....84
86
Tables des illustrations
Illustration 1 : La Halle de Saint André de Cubzac en 1904…………………………………...7
Carte 1 : Situation géographique……………………………………………………………...12
Illustration 2 : Nourriture restant après le service du midi à l’école Suzanne Lacore………..18
Illustration 3 : La grainothèque de Saint-André de Cubzac…………………………………..23
Carte 2 : Situation géographique du terrain en fonction du temps de déplacement……..……31
Carte 3 : Emplacement du terrain…………………………………………………………….32
Tableau 1 : tableau récapitulatif des acteurs de la commune…………………………………34
Tableau 2 : tableau récapitulatif des jardins visités…………………………………………..46
Illustration 4 : Invitation pour l’atelier de concertation………………………………………51
Illustration 5 : Communiqué de presse……………………………………………………….51
Illustration 6 : Exemple de chemin de bois amovible…………………………...……………56
Illustration 7 : Exemples de haie fruitière…………………………………………………….57
Illustration 8 : Exemples d’éclairage…………………………………………………………58
Illustration 9 : Exemples de cabane…………………………………………………………..59
Illustration 10 : Exemples de mobilier……………………………………………..…………60
Tableau 3 : Le budget prévisionnel pour les aménagements…………………………………63
Tableau 4 : Le budget prévisionnel pour la première année………………………………….64
Tableau 5 : Le budget prévisionnel à partir de la seconde année……………………………..64
Illustration 11 : Processus de méthanisation………………………………………………….70
Illustration 12 : Equivalence d’un m3 de méthane……………………………………………71
87
Table des matières
Page de garde
Remerciements
Résumé
Sommaire………………………………………………………………………………………1
Tables des sigles………………………………………………………………………………..3
Introduction ……………………………………………………………………………………5
1. Saint-André de Cubzac, d’hier à aujourd’hui ………………………………………………6
A. Contexte historique et géographique.……………………………………………………….6
1) Un peu d’histoire……..……………………………………………………………...6
Son nom………………………………………………………………………...6
Une commune commerçante…………………………………………………...7
La création des ponts…………………………………………………………...8
Ses vestiges……………………………………………………………………..8
Sol et vignes……………………………………………………………………9
2) Une municipalité mobilisée pour la protection de son patrimoine………………….9
Retour sur l’histoire municipale………………………………………………..9
Une perte de patrimoine………………………………………………………10
Des outils de protection……………………………………………………….10
Les promesses politiques de Célia Monseigne………………………………..11
3) Une ville à la campagne …………………………………………………………...12
88
Une situation géographique privilégiée……………………………………….12
La structure de la population………………………………………………….12
Caractéristiques de l’emploi…………………………………………………..13
Caractéristiques des logements………………………………………………..13
Un tourisme facilité…………………………………………………………...14
Une commune malgré tout relativement pauvre……………………………...14
B) Les démarches déjà initiées par la municipalité…………………………………………...15
1) Réduire le gaspillage alimentaire des les établissements scolaires………………...15
Petit rappel…………………………………………………………………….15
La situation……………………………………………………………………17
La prise de conscience………………………………………………………...18
Un comité de pilotage…………………………………………………………19
La sensibilisation (enfant, personnel, parents)………………………………..19
Les commandes……………………………………………………………….20
Les dons alimentaire…………………………………………………………..20
2) Le zéro phyto………………………………………………………………………21
La gestion différenciée………………………………………………………..21
J’aime ma ville, je la fleuris………………………………………………..…22
La grainothèque et le jardin de la médiathèque……………………………….22
Le refuge LPO………………………………………………………………...23
Des hôtels à insectes…………………………………………………………..24
3) Les Incroyables Comestibles………………………………………………………25
Les prémices du mouvement………………………………………………….25
89
Le réseau à l’international…………………………………………………….26
Le réseau en France…………………………………………………………...27
Les Semisolidaires de Saint-André de Cubzac………………………………..27
C. Un nouvel outil : le jardin partagé…………………………………………………………28
1) Le jardin partagé à travers les époques…………………………………………….28
Contexte historique……………………………………………………………28
Le Jardin Dans Tous Ses Etats………………………………………………..28
Un outil multi usage…………………………………………………………..29
2) Le jardin made in Saint-André de Cubzac…………………………………………30
Les prémices du projet………………………………………………………...30
Le terrain……………………………………………………………………...30
Le projet……………………………………………………………………….32
2. Le jardin partagé, un premier pas vers l’autosuffisance alimentaire ?...............................33
A) Une méthodologie participative… ………………………………………………………..33
1) Rencontrer les acteurs du territoire………………………………………………...33
Les associations……………………………………………………………….33
Lassomante……………………………….…………………………...34
Le secours catholique…………………………………………………34
Le Temps des familles………………………………………………...34
Le Lion’s Club………………………………………………………...34
Les Semisolidaires…………………………………………………….34
Iles……………………………………………………………………..34
90
Achillée et Ciboulette…………………………………………………34
Les jardins du Cubzaguais…………………………………………….35
Au Comptoir Local……………………………………………………35
Les structures publics…………………………………………………………35
La mission locale……………………………………………………...35
Le PRIJ………………………………………………………………..35
L’EHPAD…………………………………………………….……….35
La médiathèque………………………………………………………..36
La MDSI………………………………………………………………36
Le SMICVAL…………………………………………………………36
Les écoles……………………………………………………………...36
Les bailleurs sociaux………………………………………………………….36
Tableau récapitulatif…………………………………………………………..36
2) Etudier des initiatives similaires……………………………………...……………40
Le jardin du Dorat…………………………………………………………….40
Le jardin d’Oréda……………………………………………………………..40
Le jardin de Saint-Médard en Jalles…………………………………………..41
Le jardin de Callune…………………………………………………………..42
Le jardin Terre d’Adèles……………………………………………………...42
Le jardin d’insertion des Restos du Cœur………….…………………………43
Le Conservatoire végétal régional d’Aquitaine…………...…………………..44
Le jardin Graine de vie, graine d’envie……………………………………….45
Tableau récapitulatif…………………………………………………………..46
91
3) La place de la concertation………………………………………………………...49
Petits rappels…………………………………………………………………..49
Une double utilité pour le projet de jardin…………………………………….49
La forme imaginée…………………………………………………………….50
Les invitations………………………………………………………………...50
B) … Pour des résultats en construction……………………………………………………...52
1) Les préconisations pour le jardin…………………………………………………..52
Le besoin d’une nouvelle structure……………………………………………52
Un besoin en animations……………………………………………………...52
L’équilibre individuel/collectif………………………………………………..53
L’analyse du sol……………………………………………………………….54
L’eau…………………………………………………………………………..54
L’accessibilité…………………………………………………………………55
La clôture……………………………………………………………………...56
L’éclairage…………………………………………………………………….58
Un espace convivial pour se rencontrer…….…………………………………58
Des toilettes sèches……………………………………………………………60
Une aire de compostage……………………………………………………….61
2) Le financement……………………………………………………………………..62
Les sources de financement possibles……………………………….………..62
La Fondation de France avec son dispositif Vendanges d’idées……...62
La fondation Cassous………………………………………………….62
La fondation EDF……………………………………………………..63
92
Le budget…………………………………………………………...…………63
3) Retour sur le premier atelier de concertation………………………………………65
Les personnes présentes………………………………………………………65
La forme choisie………………………………………………………………66
Les propositions faites par les citoyens……………………………………….67
La suite………………………………………………………………………..68
Mon ressenti…………………………………………………………………..68
C. Vers un projet plus vaste ?...............................................................................................69
1) Le but ultime : une aire de méthanisation………………………………………….69
Petit rappel…………………………………………………………………….69
Le projet d’aire de méthanisation à Saint-André de Cubzac………………….70
Un projet qui pourrait aller plus loin………………………………………….71
2) L’exemple à suivre : Ungersheim………………………………………………….72
Le mouvement de la transition………………………………………………..72
Les actions mises en place dans la commune…………………………………73
L’autonomie intellectuelle…………………………………………….73
L’indépendance énergétique…………………………………………..74
La souveraineté alimentaire…………………………………..……….74
3) Iles : le pouvoir du citoyen…………………………………………………………75
Les prémices du mouvement………………………………………………….75
Son fonctionnement………………………………………………..………….75
Les projets…………………………………………………………………….76
Les relations avec les autres structures………………………………………..77
93
Les limites…………………………………………………………………….77
Conclusion……………………………………………………………………………………77
Bibliographie………………………………………………………………………………….79
Annexes……………………………………………………………………………………….81
Table des annexes…………………………………………………………………………….85
Table des illustrations………………………………………………………………………...86
Table des matières…………………………………………………………………………….87