la meute - Chimères, revue fondée par Gilles Deleuze...

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la meute la meute est une échappée belle / elle trace des terrains vagues dans la ville / suit les vecteurs d’un vitalisme primordial / rapproche l’homme de son humanité.

Transcript of la meute - Chimères, revue fondée par Gilles Deleuze...

la meutela meute est une échappée belle / elle trace des terrains vagues dans la ville / suit les vecteurs d’un vitalisme primordial /

rapproche l’homme de son humanité.

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Devenir animal, changer de plan, de peau, de corps, de vitesse, devenir multiple, s'associer avec ses semblables, faire meute. Faire en sorte que notre envers

soit notre veritable endroit.

manifeste

La meute est un manifeste poétique.La meute est un processus de Réalité. La meute affirme la Réalité de la dimension poétique de l’existence.La meute affirme en acte son appartenance au vivant, à la meute des créateurs, des enfants.La meute glisse vers l’autre sens du sens. La meute explore les intervalles entre le mouvement et l’image, l’organisme et le corps sans organes*.La meute est un corps poétique.La meute est un CsO*.La meute est un corps rythmique.La meute est un corps ouvert à vitesses et identités variables.La meute est un agencement de multiplicités. La meute est un phénomène ondulatoire qui se propage par contagion.La meute est un devenir.

REFERENCES : ARTAUD / BAINBRIDGE-COHEN / BERGSON / DELEUZE / GUATTARI / HALPRIN / SPINOZA.

« (... )On ne peut pas être un loup, on est toujours huit ou dix loups, six ou sept loups. Non pas six ou sept loups à la fois, à soi tout seul, mais un loup parmi d’autres avec cinq ou six autres loups. »

Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille Plateaux.

«Quand un certain nombre de corps de même ou de différente grandeur sont contraints par les autres à rester appliqués les uns contre les autres, ou bien s’ils se meuvent selon une vitesse identique ou différente, à se communiquer les uns aux autres leurs

mouvements suivant un certain rapport, nous dirons que ces corps sont unis entre eux et qu’ils composent ensemble un seul et même corps, autrement dit un individu qui se distingue des autres par cette union des corps».

Spinoza, l’Éthique.* Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille Plateaux, 1983, Éditions de Minuit, Paris.

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La meute est un vecteur d’affect qui investit l’espace police de la ville, c’est une ligne d’indefinissable qui deplace les referentiels.

Une bascule se fait, quelque chose d’inhabituel a lieu. La ligne d’affect passe, le diagramme dejoue des habitudes.

Blocs d’affect - vecteurs organiques de désorganisation - interdimensions de l’être - pluralité épidermique - vibration endocrine de la couleur - traversée des âges et des temps - surréalité de présent - extra-réalité - cristallisation des projections fluides - fluidité des fractalisations - territorialités du corps dénombré par la couleur - déterritorialisation des routes corticales - démembrement des schématisations - variations de l’être, plasma des couches de conscience et d’inconscience - incandescence des variations - souffles - férocités - hululements douceurs et griffes - turquoise et roux - terre humus - fédération du vivant - glissement des règnes par surimpression - déracinement des certitudes - pulvérisation de la peur - étendues de joie sauvage et de silence - souffle de vent froid - eau de novembre et absorption organique de la chaleur crocs - jeux - porosités cellulaires - co-corporéités intersticielles -végétalisations - crudités - artifices dynamiques des phénomènes en acte - beauté - nécessité - consanguinité des poétiques - pulsation des puissances - conjugaison des intensités - appartenance sensible - rituel d’incorporation - je suis traversée par la multiplication des couches, des espaces et des temps - le poids des corps - leur nombre - la fréquence vibratoire de la couleur - les puissances d’affect, les variations de température , les contacts proximaux et intempestifs. Je me mélange par subconscience vraiment volontaire au flux de mes semblables.

N. V. G.

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faire des meutes, ameuter les corps, emeuter, muter

Un entrelacs de flux : La meute est un seul corps composé d’individualités ayant différents rythmes, différents rapports au sol et à l’espace. C’est un corps fluide, cellulaire, spongieux. Il a un rythme de pulsation liquide. On peut changer de rôle, de place, de dynamique au sein de la meute sans justification. La meute n’a pas un centre mais plusieurs. Ces centres sont toujours variables. Elle n’a pas un centre, mais des bordures, des marges, des périphéries mobiles. La meute est rhizomatique.

Rapport de vitesses et de lenteurs : Le rythme d’animal est hyper-physique, il procède par stockage et décharge d’énergie. Il se module de façon intempestive par des variations de vitesse et de lenteur. Dans les phases plus lentes, sensitives, le corps recharge ses batteries en quelque sorte, emmagasine de l’énergie. Dans les phases rapides, motrices, le corps dépense son énergie par déflagration, pour chasser, jouer, courir, attaquer.

Devenir-animal : Le devenir-animal, ce n’est pas devenir-un-animal, ni faire l’animal, ou ressembler à un animal, ni imiter un animal, ou encore croire que l’on est un animal ou se déguiser en animal. L’animal n’a pas besoin d’être identifié. Ce n’est en aucune façon représenter l’animal. Nul besoin d’ailleurs de savoir de quel animal au juste il s’agit. Devenir-animal c’est suivre une zone d’indiscernabilité, conjuguer des vitesses, déplacer des articulations, mêler ses molécules de corps à des molécules d’inconscient, de loup, de nuage ou de guêpe; c’est générer des différentiels entre les particules, c’est devenir matériau vivant et polymorphe, bestiole de soi, c’est habiter les intervalles, faire rhizome avec l’ensemble des devenirs.

Flux, multiplicité, contagion : Dans la meute, le corps, devenu intense, se prête à plusieurs alliances. L ’appel du multiple engage à chercher ses propres meutes, ou sa multiplicité-loup. Chaque devenir-animal cherche des alliances avec ses semblables, sans pour autant perdre sa liberté de circulation. Il se frotte, se frôle, court, se renverse, joue, fuit. Tantôt il va seul, tantôt il se mêle. Tantôt il mène, tantôt il suit. Il y a une liberté féroce et joyeuse dans le fait de faire meute. À travers l’expérimentation, se libèrent le jeu et le mouvement. On accède à d’autres espaces sensibles. La peau devient plus poreuse, transparente. L’inscription identitaire cède la place à un espace ouvert. Le moi se départit de sa finitude, il gagne en capacité à suivre l’essence de son mouvement propre. Nos corps, faits d’une multiplicité cellulaire-affective-imaginaire, sont traversés ensemble de la puissance des devenirs.La meute se compose de flux hétérogènes et pourtant accordés. Elle opère par contagion et renverse les classifications. Ses contours sont indéfinis. C’est sur les bordures des meutes que se font les alliances avec les devenirs. Ces devenirs sont poétiques, physiques, spirituels...

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Glisser dans la sensation pure. Devenir epiderme. S’articuler aux autres. Avoir des organes mouvants. Devenir un assemblage vivant, un corps collectif. Etre renouvele sans cesse. Renoncer, pour toujours, a toute representation.

Etre ensemble. Etre infinitif. Etre moleculaire.

La meute s’est formée d’elle même, à partir des corps, ceux du Corps Collectif. Elle s’est propagée par contagion.

Le Corps Collectif résulte d’un patient et joyeux processus. Il réunit aujourd’hui, autour de Nadia Vadori Gauthier, une douzaine d’humains de tous les horizons. A l’origine : ni sélection, ni jugement, ni critère de compétence. Mais un goût commun de l’altérité, de la rencontre, de l’inconnu.

Le Corps Collectif aime prendre le temps. Et d’abord le temps de sa propre conception : son projet artistique actuel est le résultat de cinq années d’exploration, de soi, de l’autre, de soi à l’autre, de soi avec l’autre, de soi pour l’autre.

Le Corps Collectif n’est pas intentionnel. Son point de départ est un point zéro, une attente et une disponibilité. Il émerge de ses propres confusions et intuitions, il aime ses obscurités et ses éclats. Il s’élucide dans le balbutiement. Il ne fera jamais l’économie du bredouillement, de la tentative. Le corps collectif est un chercheur, un explorateur.

Le Corps Collectif n’est pas objectif mais subjectif. Il ne cherche pas à correspondre à une forme ou à un projet. Il part de l’intériorité de chacun et refuse le primat aliénant d’une extériorité dictée. Chaque membre du Corps Collectif est une matière première. Singulière. Spécifique. Irréductible. Infinie. Belle. Amoureuse.

Le Corps Collectif est un rhizome. Et chaque séquence de ce rhizome, chaque corps, est un territoire. La base de notre travail se fonde sur l’exploration et la rencontre de ces territoires. C’est ainsi que se sont tissées et se tisseront nos connections sous-jacentes, notre langage. Un langage non-verbal, mouvant et magmatique. Vivant.

Nadia Vadori Gauthier est à la fois performeuse et vidéaste. Elle explore les intervalles entre la sensation et la représentation. Sa recherche se fonde sur les interrelations entre le mouvement, les images, le corps, l’émotion et la conscience et se nourrit des pensées d’Artaud, de Deleuze, de Bergson, d’Halprin.

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contact : Nadia Vadori -Gauthier

[email protected]

tel : 06 10 27 04 50

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