La Maladie Des Génisses Blanches

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a) b) A G G t ug a) b) I E* lw Université de Liège *rmr h*ffi(hffi* Deseription elinique La Maladie des Génisses Blanches, ou en termes anglo-saxons, la rvVhite Heifer Disease (WHD), est un ensemble d'anoma- lies congénitales du tractus génital femelle que I'on retrouve quasi exclusivement chez les individus de robe blanche (Blanc Shor- thorn). Cette anomalie a été décrite pour Ia première fois à la fin des années 1800. Hamoir, en 1897, observait quatre cas d'im- perforation vaginale chez des génisses. Les anomalies qu'il constate, il Ies décrira très justement comme dues à un arrêt de déve- loppement des structures Mùlleriennes. Hanset, en 1965, a publié une description détaillée de cette maladie en race Blanc- Bleu Belge (BBB). II a observé 277 tractus génitaux de génisses de robe blanche âgées entre 3 et 5 mois. Sur les 271 observations, il a recensé 39 anomalies typiques de la maladie des génisses blanches (15 %), Ces anomalies ont été regroupées en trois catégories, illustrées par Ia figure 1: le type A se caractérise par un fond vul- vaire aveugle (figure 1a) contenant 2 orifices de chaque côté du plan médian, suivi d'une zone intermédiaire occupée par deux conduits ; à cette zone fait suite un vagin qui se termine en cul de sac ; deux sous-types sont décrits, le type A1 qui ne présente pas d'anomalies anté- rieures (cornes et corps) et le type A2 qui présente des anomalies antérieures Ie type B se caractérise lui aussi par un vestibule aveugle avec cette zone intermédiaire à laquelle fait suite une portion constituée par deux cordons durs, sinueux, fibreux avec une lumière intermittente (< Cordons de Wolff ,). La portion antérieure est représentée par des cornes interrompues ; c) enfin, le type C se caractérisepar I'ab- sence d'anomalies postérieures (vesti- bule et vagin postérieur) et la présence d'anomalies au niveau de I'utérus etl ou surtout des comes. Seule cette der- nière forme est compatible avec une gestation. Le type A, Ie plus fréquemment observé, représente 60 % des anomalies rencon- trées. Quel que soit le type, les anoma- lies sont limitées arD( cornes, au colps, au col et au vagin. Les structures ovariennes sont conservées et fonctionnelles, ce qui se traduit par une expression normale des chaleurs chez ces individus, Les oviductes sont également toujours présents. Un < hymen persistant > n'a jamais été observé, mais de manière anecdotique, un fin voile est parfois décrit. Il faut encore noter que lorsqu'une seule corne est présente, il s'agit Ie plus souvent de la corne gauche, Ceci est attribué à une migration plus rapide du canal de Mùller gauche par rapport à celui de droite lors de l'organogenèse. Figure la : Photo du fond vulvaire aveu- gle observé au spéculum vaginal chez une génisse atteinte de WHD Figure Ib : Classification de Ia White Heiler Dr'seose (Hanset, 1965) Dlagnostle dtfférentlel D'autres anomalies du tractus génital femelle sont décrites : le < free-martinisme > est rencontré chez une femelle sæur jumelle d'un mâIe. Il est dfi à I'action précoce des hormones mâles du jumeau atteignant la femelle via des anastomoses vascu- laires placentaires. Les anomalies sont caractérisées par une dégénérescence des dérivés de MùIler (femelle) et d'un développement des dérivés de Wolff (mâIe). Il se traduit dans la plupart des cas par la présence de vésicules sémi- nales, soit sous forme glandulaire, soit sous Ia forme d'un cordon. Contraire- ment à la WHD, les ovaires n'ont aucune structure fonctionnelle et ressemblent plus à des testicules, ces femelles ne présenteront donc jamais de chaleurs. Le cervix double résulte d'un défaut de fusion des canaux de Miiller surtout dans la portion utérine. Cette anomalie est rare et serait d'origine génétique avec un mode d'hérédité récessif. c) L hermaphrodisme est caractérisé par la présence des deux sexes chez un même individu. On le qualifie d'hermaphro- disme vrai lorsque les testicules et les ovaires sont présents en même temps et de pseudohermaphrodisme lorsqu'une seule glande est présente (ovaire ou testicule). Si cette anomalie est fré- quemment rencontrée chez le porc et Ia chèvre, elle est très rare chez le bovin. Il est donc important mais aisé d'établir un diagnostic différentiel entre ces dif- férentes entités. Un déterminlsme généttque complerc Le professeur Hanset (1965) a démontré sans équivoque que la WHD était d'ori- gine génétique et que la couleur de Ia robe représentait un caractère majeur dans son déterminisme. En effet, dans les années 60, ses observations font état d'une incidence de la WHD de respectivement 10 à 15%, I à I,5o et O,3Yo chez les génisses sous robe blanche, bleue ou noire. En outre, il prouvera également I'implication d'autres gènes (les gènes auxiliaires) en montrant une variabilité de l'incidence entre tau- reaux, certains se caractérisant par un :) i il i:i -I'rpc ; 12 \ l, // 23

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Deseription eliniqueLa Maladie des Génisses Blanches, ouen termes anglo-saxons, la rvVhite HeiferDisease (WHD), est un ensemble d'anoma-lies congénitales du tractus génital femelleque I'on retrouve quasi exclusivement chezles individus de robe blanche (Blanc Shor-thorn). Cette anomalie a été décrite pour Iapremière fois à la fin des années 1800.

Hamoir, en 1897, observait quatre cas d'im-perforation vaginale chez des génisses. Lesanomalies qu'il constate, il Ies décrira trèsjustement comme dues à un arrêt de déve-loppement des structures Mùlleriennes.Hanset, en 1965, a publié une descriptiondétaillée de cette maladie en race Blanc-Bleu Belge (BBB). II a observé 277 tractusgénitaux de génisses de robe blanche âgéesentre 3 et 5 mois. Sur les 271 observations,il a recensé 39 anomalies typiques de lamaladie des génisses blanches (15 %),

Ces anomalies ont été regroupées en troiscatégories, illustrées par Ia figure 1:

le type A se caractérise par un fond vul-vaire aveugle (figure 1a) contenant 2orifices de chaque côté du plan médian,suivi d'une zone intermédiaire occupéepar deux conduits ; à cette zone fait suiteun vagin qui se termine en cul de sac ;deux sous-types sont décrits, le type A1qui ne présente pas d'anomalies anté-rieures (cornes et corps) et le type A2qui présente des anomalies antérieures

Ie type B se caractérise lui aussi parun vestibule aveugle avec cette zoneintermédiaire à laquelle fait suite uneportion constituée par deux cordonsdurs, sinueux, fibreux avec une lumièreintermittente (< Cordons de Wolff ,). Laportion antérieure est représentée pardes cornes interrompues ;

c) enfin, le type C se caractérise par I'ab-sence d'anomalies postérieures (vesti-bule et vagin postérieur) et la présenced'anomalies au niveau de I'utérus etlou surtout des comes. Seule cette der-nière forme est compatible avec unegestation.

Le type A, Ie plus fréquemment observé,représente 60 % des anomalies rencon-trées. Quel que soit le type, les anoma-lies sont limitées arD( cornes, au colps, aucol et au vagin. Les structures ovariennessont conservées et fonctionnelles, ce quise traduit par une expression normale des

chaleurs chez ces individus, Les oviductessont également toujours présents. Un <

hymen persistant > n'a jamais été observé,mais de manière anecdotique, un fin voileest parfois décrit. Il faut encore noter que

lorsqu'une seule corne est présente, i l s'agitIe plus souvent de la corne gauche, Ceciest attribué à une migration plus rapide ducanal de Mùller gauche par rapport à celuide droite lors de l'organogenèse.

Figure la : Photo du fond vulvaire aveu-gle observé au spéculum vaginal chez unegénisse atteinte de WHD

Figure Ib : Classification de Ia WhiteHeiler Dr'seose (Hanset, 1965)

Dlagnostle dtfférentlelD'autres anomalies du tractus génital

femelle sont décrites :

le < free-martinisme > est rencontréchez une femelle sæur jumelle d'unmâIe. Il est dfi à I'action précoce deshormones mâles du jumeau atteignantla femelle via des anastomoses vascu-laires placentaires. Les anomalies sontcaractérisées par une dégénérescencedes dérivés de MùIler (femelle) et d'undéveloppement des dérivés de Wolff(mâIe). Il se traduit dans la plupart descas par la présence de vésicules sémi-nales, soit sous forme glandulaire, soitsous Ia forme d'un cordon. Contraire-ment à la WHD, les ovaires n'ont aucunestructure fonctionnelle et ressemblentplus à des testicules, ces femelles neprésenteront donc jamais de chaleurs.

Le cervix double résulte d'un défautde fusion des canaux de Miiller surtoutdans la portion utérine. Cette anomalieest rare et serait d'origine génétique

avec un mode d'hérédité récessif.

c) L hermaphrodisme est caractérisé par laprésence des deux sexes chez un mêmeindividu. On le qualifie d'hermaphro-disme vrai lorsque les testicules et lesovaires sont présents en même temps etde pseudohermaphrodisme lorsqu'uneseule glande est présente (ovaire outesticule). Si cette anomalie est fré-quemment rencontrée chez le porc et Iachèvre, elle est très rare chez le bovin.Il est donc important mais aisé d'établirun diagnostic différentiel entre ces dif-férentes entités.

Un déterminlsmegénéttque complercLe professeur Hanset (1965) a démontrésans équivoque que la WHD était d'ori-gine génétique et que la couleur de Ia robereprésentait un caractère majeur dans sondéterminisme. En effet, dans les années 60,ses observations font état d'une incidencede la WHD de respectivement 10 à 15%,I à I,5o et O,3Yo chez les génisses sousrobe blanche, bleue ou noire. En outre, ilprouvera également I'implication d'autresgènes (les gènes auxiliaires) en montrantune variabilité de l'incidence entre tau-reaux, certains se caractérisant par un

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pourcentage faible, de I'ordre de 2-3o/",de filles atteintes parmi leur descendanceblanche, d'autres par un pourcentage élevé,atteignant 35%.

Le gène responsable de la couleur de robe,le gène rouan (R), a depuis lors été localisésur le chromosome 5 bovin (Charlier et al.,1995) et la mutation responsable identifiée(Seitz et al., 1999), Il s'agit d'une mutationponctuelle remplaçant une alanine conser-vée par une asparagine dans le gène codantpour le < Mast cell Growth Factor >> (MGF).

Ce gène joue un rôle non seulement dans Iedéterminisme de la pigmentation mais aussidans des processus clés comme I'hémato-poïèse et le développement de I'appareilgénital femelle, comme il a été démontrépar I'analyse d'une série impressionnantede lignées de souris porteuses de mutationsdans ce gène.

Pour la pigmentation, le déterminismegénétique est simple : il s'agit d'un carac-tère codominant : lorsqu'un individu esthomozygote pour I'allèle muté : R/R, sarobe sera blanche, lorsque qu'il est hété-rozygote : R/r+, elle sera bleue et lorsqu'ilest homozygote non muté : r+/r+, eIIe seranoire, coïrme illustré dans la figure 2.

Figure 2 : Couleurs de robe cssociées ouxtrois génotypes au locus Rouan (R).

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En ce qui concerne la WHD, cette mutation,même à l'état homozygote, n'est pas suffi-sante pour que la maladie se manifeste. Legraphique de la figure 3 explicite la notionde seuil liée à cette maladie : d'autres muta-tions, affectant des gènes auxiliaires sontnécessaires pour expliquer Ia présence desymptômes cliniques,

Autre(s) g ène(s)

- r*lr*

Figure 3 : Représentation schématiquede I'influence du locus Rouan et des

gènes auxiliaires dans Ie déterminismegénétique de la WHD.

En pratlque IL objectif de notre recherche est, à terme,d'identifier ce ou ces gène(s) auxiliaire(s)et les mutations associées, afin de pouvoirproposer une sélection contre leur présenceen race BBB, mais aussi afin de parvenir àune meilleure compréhension des facteursgénétiques influençant le développementdu tractus génital femelle. Les étapes fixéespour y parvenir sont les suivantes :

déterminer I'incidence actuelle de laWHD au sein de la population BBBpar une étude épidémiologique rigou-reuse,

actualiser la classification des formesprécédemment décrites,

examiner la variabilté entre taureaux,ceux qui ont un pourcentage importantde fiIles atteintes devant être porteursd'un nombre plus élevé de mutationsauxiliaires,

réaliser une étude génétique détailléesur une cohorte d'au moins cent génis-ses atteintes, en comparaison avec centcontemporaines blanches ne présentantpas d'anomalies du tractus génital,

C'est dans ce cadre que nous avons besoinde votre collaboration.

Notre fonctionnement reste le même : nousvous demandons de nous renseigner les casqui vous sembleraient suspects. La per-sonne de contact en charge de la récolteet de I'analyse des cas est le Dr ArnaudSartelet (GSM z O4721379958). Il prendracontact avec l'éleveur pour convenir d'unrendez-vous, se rendra en ferme, réaliseral'examen clinique, I'analyse du pedigree, lacollecte les échantillons de sang des indi-vidus atteints et des individus contrôles. Sides analyses complémentaires sont néces-saires, elles seront réalisées à nos frais à laFaculté de Médecine Vétérinaire.

Nous vous rappelons également que dansle cadre du projet < Rilouke, cellule d'Hé-rédo-Surveillance )r nous restons intéresséspar la collecte d'échantillons pour une sériede tares en cours d'étude, à savoir,

WHD

o gestation prolongée,

o parésie spastique,

o nanisme,

o hamartome vasculairegingival

o et brachygnatisme.

a)

b)

c)

Unité de Génomique Animale

Faculté deMédecine Vétérinaire & GIGA-R

Université de Liège

Merci d'avance pour votre collaboration t

CONTACT :

Dr Arnaud SarteletTel : 04/366.38,21GSM : 0472/37,99,58E-mail : [email protected]

Références:

R. Hanset : Recherche sur la White HeiferDisease et son déterminisme génétique,Comptes rendus de recherches : Travauxdu comité pour l'étude des maladies et deI'alimentation du bétail, n'33 - avril 1965.

C. Charlier et al.: Microsatellite mappingof the bovine roan locus: a major determi-nant of White Heifer Disease, MammalianGenome 7, I38 - I42, L996.

J. Steitz et al.: A missense mutation in thebovine MGF gene is associated with theroan phenotype in Belgian Blue and Shor-thorn cattle, Mammalian Genome 70,7I0-772.7999.

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