La magie duCHÂTEAU D’YQUEMTout au long de cet été, « Point de Vue» vous invite à découvrirles vins, châteaux et caves les plus prestigieux. Les 21 juillet et 25 août,nous vous convions à Yquem, un trésor jamais ouvert au public,exceptionnellement dévoilé pour vous : vignes, chais, salons de réceptionet dégustation de l’or du Sauternais, en compagnie de Pierre Lurton etSandrine Garbay. Inscrivez-vous vite ! Par Mylène Sultan Photos Éric Sander et Antoine Schneck

48 P●INT DE VUE

LA MAÎTRE DE CHAISandrine Garbay compte parmi

les rares femmes à ce poste dansle monde du vin. Une exception

d’autant plus remarquable qu’elleveille sur un véritable mythe :

Château d’Yquem.

Visite privée

Existe-t-il, dans ce Sau-ternais couvert devignes, lieu plus se-rein, plus intemporel,et nom plus pres ti-gieux aussi que lechâteau d’Yquem ?L’heureux visiteur arrive ici commeaprès un voyage dans

le temps. Depuis la route, rien ne se devine.Le domaine est là, modestement signalé parune pancarte, au bout d’une longue alléede gravier blanc… Derrière une grille,quelques bâtiments bas, éparpillés autourd’une cour et, derrière, toute la majesté d’unvieux château gascon dominant 184 hec-tares de prés et de forêts, de vignes surtout.Les rares hôtes qui parfois posent leurs va-lises dans ce manoir de légende, ouvrentleurs fenêtres sur l’alignement régulier desceps. Ils s’étendent à perte de vue, inter-rompus par une pièce d’eau résonnantbruyamment du coassement des gre-nouilles, par une rangée de peupliers fré-missant sous la musique du vent, parquelques fermes. En ce mois de juin, les rai-sins sont gros comme des petits pois et lais-sent augurer le meilleur. Comme en 1921,1937, 1967 et 1999… «Cette année-là, sesouvient Sandrine Garbay, la maître de chaiqui mènera la dégustation pour nos lecteurs,les pluies ont menacé pendant toute la du-rée des vendanges. Après deux semaines

50 P●INT DE VUE

L’OR DU SAUTERNAISSous les armes des Lur Saluces, propriétaires d’Yquem

pendant plus de quatre siècles, dorment près d’unmillier de barriques dans les chais de vieillissement,

desservis par un remarquable escalier à vis. Lechâteau d’Yquem et ses trésors appartiennent

aujourd’hui au groupe LVMH qui les a restaurés.

d’averses, nous craignîmes le pire… Beaucoupchoisirent de récolter avant que la situationne s’aggrave. Nous avons préféré attendre, etle soleil a brillé pendant quinze jours. Nousavons sauvé notre vin en étant patients.» Sile ciel avait persisté dans sa triste humeur, iln’y aurait pas eu de millésime 1999. Cela ar-rive (en 1964, 1974, 1992). Rien, plutôt quele banal ou le médiocre; l’excellence, quitteà abandonner les grappes au sol.Trier impitoyablement, c’est le premier descommandements, respecté à toutes les étapesde la vie de la vigne, puis du vin. Les ven-dangeurs sélectionnent les raisins dont leniveau de «botrytisation» garantira un moûtà vingt degrés d’alcool. Ah, ce botrytis ! Sans

Visite privée

SALONS DE RÉCEPTIONEn haut, celui où l’on seréunit avant de passer à la salle à manger d’hiver,toute de boiseries. Des

lieux exceptionnellementouverts pour « Point deVue». À droite, Pierre

Lurton, issu d’une illustrefamille du Bordelais

qui compte 25 châteaux,préside aux destinéesd’Yquem depuis 2004.

«YQUEM,EXTRAVAGANCE

DU PARFAIT,BREUVAGEDES DIEUX,

APOTHÉOSE ABSOLUE,PLEINE JOUISSANCE,

LUMIÈRE BUE.»(FRÉDÉRIC DARD)

52 P●INT DE VUE

lui, il n’y aurait pas de Sauternes. Sans cechampignon né du microclimat, qui rôtitles grains et les rend semblables à des petiteschoses racornies et fort peu ragoûtantes,Yquem n’aurait pas été consacré «premiercru supérieur » en 1855. Qualificationunique, insurpassable... Mais évidente pourqui a goûté, une fois seulement, à « celiquide éblouissant qui semble irradier sapropre lumière de l’intérieur» – l’expressionest de l’Américain Richard Olney, l’un desmeilleurs connaisseurs des vins français.«Rayon de soleil concentré dans un verre,extravagance du parfait, nectar, breuvage desdieux, facultés gustatives poussées jusqu’àl’indicible, apothéose absolue, récompense,suavité absolue, pleine jouissance et jusqu’àcette lumière bue», selon Frédéric Dard…Les superlatifs abondent pour définir le vinqui séduisit George Washington et ThomasJefferson, Napoléon, les Romanov, tous lesgrands de ce monde et tant d’Yquemophilesanonymes. Un nectar d’anthologie depuis silongtemps… Peut-être parce que le domaineest resté quatre siècles dans la maison des LurSaluces, que les régisseurs se sont transmiscette charge pendant deux siècles. Il n’y ajamais eu d’apport de terre extérieure, les solssont travaillés sans désherbant, les gestesd’autrefois restent préservés. Chacun, sur-tout, œuvre avec passion, à l’image deSandrine Garbay, qui colle son oreille contreles barriques de chêne pour «entendre sonvin grandir». Pierre Lurton, qui veille auxdestinées du château d’Yquem, aime à direqu’« ici, on a envie d’aller au-delà d’une cer-taine limite». À condition de raison garder,et de ne pas vouloir trop bien faire. «Ce vin,affirme ce Bordelais, héritier de générationsd’amoureux du vin, est un assemblage oùcohabitent le meilleur du meilleur… etquelques imperfections. Comme le visaged’une femme aimée.» Toujours une histoirede sensualité, donc.●

INSCRIPTION et réservation impérativesVisite privée du Château d’Yquem, les 21 juillet et 25 août, à 15h30. En compagnie de PierreLurton, président directeur général du château d’Yquem ou de Valérie Lailheugue, responsabledes relations publiques ; de Sandrine Garbay, maître de chai et de David Marc, son adjoint.Présentation du domaine, visite des chais, des pièces de réception du château et dégustation.Exclusivement pour nos lecteurs, sur réservation par courriel à: invitationcrg@pointdevue.fr. Indiquezvos noms, prénoms, adresse et téléphone. Seules les 50 premières demandes seront satisfaites.

Visite privée

P●INT DE VUE 53