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La lutte contre les agents pathogènes vectorisés chez le chien et le chat Adaptation du Guide de recommandations ESCCAP no. 5 pour la Suisse, février 2013

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La lutte contre les agents pathogènes vectorisés chez le chien et le chat

Adaptation du Guide de recommandations ESCCAP no. 5 pour la Suisse, février 2013

ESCCAP Schweiz – ESCCAP Suisse

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TABLE DES MATIÈRES

PRÉAMBULE .............................................................................................................3

1. INTRODUCTION ..................................................................................................4

2. PRÉVENTION ET LUTTE CONTRE LES AGENTS PATHOGÈNES VECTORISÉS ..............7

2.1. LES AGENTS PATHOGÈNES TRANSMIS PAR LES TIQUES

2.1.1. Les babésioses ..........................................................................................................7

2.1.2. L’ehrlichiose ............................................................................................................11

2.1.3. Les anaplasmoses .................................................................................................. 14

2.1.4. La borréliose de Lyme ............................................................................................17

2.2. LES AGENTS PATHOGÈNES TRANSMIS PAR LES MOUSTIQUES ET LES PHLÉBOTOMES

2.2.1. La leishmaniose ......................................................................................................20

2.2.2. Les dirofilarioses et autres filarioses ...................................................................27

2.3. LES AGENTS PATHOGÈNES TRANSMIS PAR LES PUCES

2.3.1 La bartonnellose .......................................................................................................34

2.4. LES AGENTS PATHOGÈNES VIRALS TRANSMIS PAR DES VECTEURS ...................36

Annexe: Contexte de l’ESCCAP .....................................................................................................38

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Adaptation du Guide de recommandations ESCCAP no. 5 pour la Suisse, février 2013

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La lutte contre les agents pathogènes vectorisés chez le chien et le chat

Adaptation du Guide de recommandations ESCCAP no. 5 pour la Suisse, février 2013

PRÉAMBULE

Le Guide de recommandations ESCCAP no. 5 (La lutte contre les agents pathogènes vectorisés chez le chien et le chat) traite les maladies vectorielles comme suit: les babésioses (piroplasmoses), l’ehrlichiose, les anaplasmoses, la borréliose, la leishmaniose, les dirofilarioses, les autres filarioses et la bartonnellose.

Les Guides de recommandations ESCCAP

• No.1(Laluttecontrelesnématodesetlescestodesdescarnivoresdomestiques)

• No.3(Laluttecontrelesectoparasiteschezleschiensetleschats)

sont déjà publiés comme adaptation pour la Suisse. Ils sont disponibles sur www.esccap.ch.

Cette publication, intitulée «La lutte contre les agents pathogènes vectorisés chez le chien et le chat», présente la version suisse du Guide de recommandations ESCCAP no. 5. Elle a été élaborée par le Groupe ESCCAP Suisse en collaboration avec

Auteurs ayant participé à l’adaptation:

• Pr.DrPeterDeplazes,DipEVPC,DirecteurInstitutdeParasitologie,FacultéVetsuisse, Université de Zurich et représentant de l’ESCCAP Europe

• Pr.DrBrunoGottstein,DirecteurInstitutdeParasitologie,FacultéVetsuisse,UniversitédeBerne

• Pr.DrRegulaHofmann-Lehmann,Laboratoirepourlamédecinevétérinaire,FacultéVetsuisse, Université de Zurich

• Drméd.vét.JeanC.Pfister,vétérinairepourpetitsanimaux,Présidentdel’AssociationSuisse pourlaMédecinedesPetitsAnimaux(SVK/ASMPA)

• Drméd.vét.CarolineF.Frey,DipEVPC,FVH,InstitutdeParasitologie,FacultéVetsuisse, UniversitédeBerne

• Drméd.vét.ManuelaSchnyder,DipEVPC,FVH,InstitutdeParasitologie,FacultéVetsuisse, Université de Zurich

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1. INTRODUCTION

Lesmaladiesvectoriellessontduesàunegrandevariétéd’agentsinfectieux:virus,bactériesoupara-sites(protozoairesetnématodes),quisonttransmisàl’animalpardesarthropodesvecteurs,princi-palementlestiques,lesdiptères(moustiques,phlébotomes,Muscidés)oulespuces.Ilaégalementétédémontréquecertainsdecesagentsinfectieux(Leishmania, Anaplasma, Ehrlichia) peuvent être transmisdirectementlorsd’unetransfusionsanguine,d’oùl’intérêtdetesterlesdonneursdesangpourcesinfections.

Les maladies vectorielles ont une importance majeure car: • lesagentsresponsablespeuventêtrehautementpathogèneschezlechienetlechat;

• leurdiagnosticetleurcontrôlepeuventêtredifficiles;

• lesdiverssignescliniquesdecesmaladiesapparaissentengénéralaprèsunelonguepériode d’incubationetsontrarementpathognomoniques;

• l’infectionpeutpersisterchezlesanimauxatteintsquiserventalorsderéservoirs;

• plusieursd’entreellessontdeszoonosescommelaleishmaniose,laborréliose,larickettsiose, la bartonellose et la dirofilariose.

Leschangementsclimatiquesetécologiques,lesprogrammesnationauxdecontrôledeschiensetchats errants ou l’augmentation des déplacements des animaux de compagnie peuvent influen-cerl’épidémiologieactuelledesmaladiesvectorielles.C’estainsiquedesmaladiespeuventdevenirplusfréquentesdanscertainesrégions,enraison,p.ex.del’importationd’animauxinfectés,del’implantationetdelapropagationdevecteursainsiqued’agentspathogènesversdeszonesjusque-là indemnes. Une extension des zones d’enzootie a déjà pu être observée pour plusieurs maladies parasitairesdontladirofilariose,lababésioseetlaleishmaniose.PlusieursfoyersdebabésioseontpuêtreobservésdepuisquelquesannéesenEuropecentrale,ycomprisenSuisse.

Lesmaladiesvectoriellesnepeuventêtrecontrôléesefficacementquesil’onpossèdeunebonne connaissancedesagentsinfectieux.Ceguideestunerevuedelaplupartdesmaladiesvectorielles du chien et du chat. Elle est plus particulièrement consacrée aux maladies importantes suivantes: les babésioses (piroplasmoses), l’ehrlichiose, les anaplasmoses, la borréliose, la leishmaniose, les dirofilarioses, les autres filarioses et la bartonnellose.

D’autresmaladiesvectoriellesnesontpasprésentéesendétaildansceguidemaissontmenti-onnéesdanslestableaux1aetb:p.ex.lesrickettsioses(Rickettsia conorii, R. slovaca, R. felis), l’hépatozoonose (Hepatozoonspp),lesinfectionsauxmycoplasmeshémotrophesetlathélazioseoculaire (Thelazia callipaeda).

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Tableau 1a: Agents pathogènes transmis par des insectes en Europe

Tableau 1b: AgentspathogènestransmispardestiquesenEurope

Maladies ou infections

Agents pathogènes Tiques vectrices

Hôtes Répartition géographiqueen Europe

Sévérité des signes cliniques

MALADIES DuES à DES PRoTozoAIRES

Babésioses(Piroplasmoses)

Babesia canis Dermacentor reticulatus

Chien Europe Centrale et duSudjusqu’auxpaysbaltiques

Modéré à sévère

B. vogeli Rhipicephalussanguineus

Chien Europe du Sud su-ivant la répartitiondu vecteur

Bénigneàmodéré

B. gibsoniet- „gibsoni-like“

Haemaphysalis spp., Derma-centor spp.

Chien Sporadiqueetrareen Europe

Modéré à sévère

Babesia (Theileria) annae

Ixodes hexagonus 2

Chien NordetOuestdel‘Espagne

Modéré à sévère

Hepatozoonose Hepatozoon canis 1 Rhipicephalus sanguineus

Chien Europe du Sud Infectionslégères,asymptomatique

Hepatozoon spp. Inconnu Chat Espagne Asymptomatique

1 La transmission de Hepatozoonspp.sefaitparingestiond‘unetiqueinfectée2 Pas encore démontrée expérimentalement

Maladies ou infections

Agents pathogènes

Vecteurs Hôtes Répartition géographique en Europe

MALADIE DuE à un PRoTozoAIRE

Leishmaniose Leishmania infantum Phlébotomes Chien, chat Europe du Sud

MALADIES ou InfECTIonS DuES à DES HELMInTHES

Dipylidiose Dipylidium caninum Puces, mallophages Chien, chat Ensemble de l‘Europe

Filariose Dirofilaria immitis Culicidés Chien, chat Europe du Sud et de l’Est

Dirofilaria repens Culicidés Chien, chat Europe du Sud et de l’Est

Acantocheilonema resp. Dipetalonema

Puces Chien Europe du Sud

Thélaziose Thelazia callipaeda Drosophiles Chien, chat Italie,France,SuisseduSud

MALADIES ou InfECTIonS DuES à DES bACTéRIES

Rickettsioses Rickettsia felis et autres

Puces Chien, chat, hérisson

Ensemble de l‘Europe

Bartonellose(Maladie des griffesduchat)

Bartonella henselae et autres

Puces,Tiques Chat(hôteréservoire)

Ensemble de l‘Europe

Bartonellose Bartonella vinsonii et autres

Arthropodes Chien Ensemble de l‘Europe

Tularémie Francisella tularensis Culicidés, Tabanidés Chat (chien) Europe du Sud et Europe Centrale

InfECTIon DuE à un VIRuS

VirusWest-Nile

VirusWest-Nile(Flavivirus)

Culicidés Cheval,Homme,(chien, chat),réservoir: oiseaux

Roumanie,Républiquetchèque,Italie,France,Portugal et autres pays

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Maladies ou infections

Agents pathogènes

Tiques vectrices Hôtes Répartition géographiqueen Europe

Sévérité des signes cliniques

MALADIES DuES à DES néMAToDES

Filariose Acanthocheilone-ma (Dipetalonema)dracunculoides,Cercopithifilaria spp.

Rhipicephalus sanguineus

Chien Europe du Sud Mineure

MALADIES DuES à DES bACTéRIES

Bartonellose Bartonella spp. Tiquesensuspicion Nombreusesespèces d‘animaux,chien, chat, homme

Ensemble de l‘Europe

souventinfectionasymptomatique, endocardite chronique

Borreliose(Maladie de Lyme)

Complexe Borrelia-burgdorferi(en Europe, en particulierB. garinii etB. afzelii)

Ixodes ricinus I. hexagonusI. persulcatus Dermacentor reticulatus

Nombreusesespèces d‘animaux, en particu-lier rongeur,chien, chat, homme

Ensemble de l‘Europe

souvent asymptoma-tique,raressymptômescomme malaise et boiterie chez le chien

Ehrlichiose monocytaire canine

Ehrlichia canis Rhipicephalus sanguineus

Chien(chat)

Europe du Sud, suivant la répartition des vecteurs

modéré à sévère

Anaplasmose(Ehrlichiose granulocytaire canine)

Anaplasma phago-cytophilum

Ixodes ricinus(I. trianguliceps)

Nombreusesespèces d‘animaux, chien, chat, homme

Europe fréquemmentlégèreàasymptomatique,rarement de modéré à sévère

Anaplasmose(thromoncyto-péniecyclique)

Anaplasma platys Rhipicephalus sanguineus 3

Chien Europe du Sud, suivant la répartitiondes vecteurs

fréquemmentasymp-tomatique

Fièvreboutto-neuse méditer-ranéenne

Rickettsia conorii Rhipicephalus sanguineus

Chien Europe du Sud suivant la répartitiondes vecteurs

infectionasymptoma-tiqueoumodérée

Coxiellose(fièvre Q)

Coxiella burnetti Ixodes spp.4 Dermacentor spp.4

Rongeurs,chien, chat, homme

Europe Infectionasymp-tomatique

Tularémie Francisella tularensis Ixodes spp.4

Dermacentor spp.4

Haemaphysalis spp.4

Rhipicephalus sanguineus 4

Lièvre, chat Europe du Cen-tre et du Sud

Infectionasymptoma-tique,occasionnellement modéré à sévère chez les jeunes chats

MALADIES DuES à DES VIRuS

Encéphalite européenne à tiques

VirusTBE(flavivirus) Ixodes ricinus I. persulcatus

Nombreusesespèces d‘animaux,rongeurs,chien

Europe Centrale, de l’Est et du Nord

signesneurologiques,jusqu‘àmodérés,sontrarement observés

Louping Ill VirusLouping-ill-(flavivirus)

Ixodes ricinus Nombreusesespèces d‘animaux,surtoutmoutons,chien

Grande- Bretagne, Irlande

signesneurologiques,jusqu‘àmodérés,sontrarement observés

Tableau 1b: AgentspathogènestransmispardestiquesenEurope

3 L‘importance comme vecteur est soupçonnée mais pas prouvée 4 Lestiquesnesontpaslesseulsvecteurspourcesagentspathogènes

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2. PRÉVENTION ET LUTTE CONTRE LES AGENTS PATHOGÈNES VECTORISÉS

2.1. LES AGENTS PATHOGÈNES TRANSMIS PAR LES TIQUES

2.1.1. Les babésioses

Agents et vecteurs

Les protozoaires du genre Babesiasontdesparasitesstrictementintra-érythrocytairestransmispardestiquesdures,delafamilledesIxodidés(tableau1b).

Biologie et modes de transmission

Les parasites du genre Babesiasontengénéraltrèsspécifiquesdeleurshôtesquecesoitpourles espècesdetiquesvectricesouleshôtesmammifères.LesBabesiasontingéréesparlestiquesaucours du repas sanguin. Une reproduction sexuée se produit et les parasites pénètrent rapidement dansl’épithéliumdigestifdelatiqueoùilssemultiplientavantdegagnerdifférentsorganes,et notammentlesovairesoulesglandessalivairesdelatique.

Pour les Babesia«degrandetaille»(>2,5μm)unetransmissiontransovariennedelatiquefemelleinfectéeàsadescendanceestpossible.C’estpourquoileslarvespuislesnymphesdetiquespeuventêtreunesourcedeparasitespourlesmammifères.LatransmissiondessporozoïtesdeBabesia des glandessalivairesdelatiqueauchiennécessiteundébutderepassanguin.IlaétédémontréquelestiquesmâlespeuventégalementtransmettrelesBabesia spp. Cependant, l’importance épidémiolo-giquedestiquesmâlesdanslatransmissiondecesparasitesn’apasencoreétéétablie.

LessporozoïtesdeBabesiainfectentexclusivementlesérythrocytes,oùilssedifférencientenméro-zoïtespuissedivisentparfissionbinaire.Ilsgagnentensuited’autresérythrocytespoursemultiplier ànouveau,provoquantainsil’hémolyseintravasculaire.

Répartition géographique en Europe

Les zones d’enzootie de babésiose canine correspondent potentiellement aux zones de distribution destiquesvectrices.Lazoned’enzootiedeB. canis canis s’est étendue en Europe centrale et en régionsbaltiquescesdernièresannées.LesBabesia «de petite taille» (< 2,5 μm) peuvent également êtreretrouvéesdefaçonsporadiqueenEurope.

EnSuisse,desenquêtesépidémiologiquesontmontréquedescasaccumulésdebabésiosecaninesontobservésdanslarégionlémaniqueainsiquedansplusieurssitesdelaSuissealémanique (commelesrégionsd’Aarau,Dotzigen,ObergösgenetWangs).

Signes cliniques chez le chien

Lesbabésiosescaninessontgénéralementobservéessousuneformeaiguë(voiresuraiguë).Ilexistecependantdesinfectionsasymptomatiquesbeaucoupplusdifficilesàdétecter.Parailleurs,lesdiffé-rentesespèces,sous-espècesousouchesdeBabesia présentent un pouvoir pathogène variable.

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Laformeaiguëestcaractériséeparuneincubationde1à3semaines,suiviedesignescliniquesmodérés à sévères: hyperthermie importante (42°C), abattement, anorexie, ictère, vomissement et parfoisurinedecolorationrougeàbrun.Lessignespathologiqueslesplusfréquemmentobservéssontuneanémiehémolytique,unethrombopénie,uneneutropénie,parfoisunehémoglobinurie.Unehématurieassociéeàl‘ictèrepeutégalementêtreobservée.DesformesatypiquespeuventêtreassociéesàdeshémorragiesdiffusesetuneCIVD,accompagnéesdegravestroubleslocomoteurs,cérébraux,oculaires,gastro-intestinauxetvasculaires.

Laformechroniqueestcaractériséeparunabattementmodéré,hyperthermieintermittente,anémie,parfoismyositeetarthrite.

Les babésioses félines

Plusieursespècesetsous-espècesdeBabesiaontétémisesenévidencechezlechatdomestique,unpeupartoutdanslemonde(enparticulierenAfriqueduSud).TrèspeudecasontétédécritsenEurope et les espèces de Babesiaimpliquéesdanscesbabésiosesnesontpasbiendécrites.

Lessignescliniquesincluentuneléthargie,uneanorexie,unefaiblessegénéraleetunediarrhée.Lafièvreavecunictèreestrare.Cessignespeuventn’apparaîtrequ’àdesstadesavancésdelamaladie.Chezlaplupartdeschatsinfectés,lababésioseestassociéeàd’autresinfections,enparticulierparlesrétrovirusfélinsetlesmycoplasmes.

En conclusion, les babésioses restent exceptionnelles chez le chat et très mal décrites.

Diagnostic

L’examen microscopique: Lediagnosticdelababésioseaiguëpeutêtreconfirméavecunegrandesensibilitéparl’examenmicroscopiqued’unfrottissanguinaprèscoloration.Unprélèvementdesangcapillaireauniveaudupavillondel’oreilleoudelapointedelaqueueestindiqué.LesparasitesB. canis apparaissent comme des éléments de grande taille (> 2,5 μm), observés seuls ou par paire à l’intérieur des éry-throcytes. Les parasites B. gibsoni et B. annae apparaissent comme des organismes de petite taille (<2,5μm),deformerondeàl’intérieurdesérythrocytes,seulsouoccasionnellementpargroupede4(en«croixdeMalte»;avecparasitémiesouventfaible).Lediagnosticchezleschiensporteurschroniquespeutêtredifficiledufaitd’uneparasitémiebasseetsouventintermittente.

Sérologie: lesanticorpsspécifiquessontdétectablesau-delàde2semainespost-infection.Lerésultatdelasérologieneseradoncconcluantequependantundélailimité,lorsdel’infectionaiguë.Latech-niquelaplusutiliséeestladétectiondesanticorpsparimmunofluorescenceindirecte(IFI).

Diagnostic par PCR: l’identificationdegenre,espèceetdesous-espècedesBabesiapeutêtrefaitparPCR(conven-tionnelleouentempsréel).LasensibilitédelaPCRestsupérieureàcelledel’examendirectdusang,enparticulierlorsdebabésioseévoluantdefaçonchronique,maislesrésultatsfaux-négatifsrestentpossibles.L’identificationdesespècesetsous-espècesdeBabesia présente un intérêt pour le choix du traitement, la définition d’un meilleur pronostic et dans le cadre des études épidémio-logiques.

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négatif

Clarification des diagnostics différentiels,éventuellement

testsérologique1

1Remarquesurlasérologie:Unesérologiepositivechezunchienprécédemmentvaccinén‘apasdesignification

négatifpositif

Examenmicroscopiqued‘unfrottissanguinaprès coloration

Babésiose, probable

traitement

testPCR

positif

Infectionaigüeet/oudated‘infectionremontent à moins de 2 semaines

Infectionchroniqueet/oudated‘infectionremontent à plus de 2 semaines

TestsérologiquecontrelaBabesia 1

négatif

Clarification des diagnosticsdifférentiels

Traitement

La chimiothérapie doit être mise en place le plus rapidement possible.

LesproduitsefficacespourletraitementdesbabésiosesenSuissesonténumérésdansletableau2.Ilfautnoterqueleschienstraitésnedéveloppentpasdeprotectionimmunitairesuffisanteetpeu-ventrestersensiblesàuneréinfection,cequiestparticulièrementdangereuxpourleschiensvivantsen zone d’enzootie.

Danstouslescas,untraitementdesoutiendoitégalementêtremisenplace,incluantuneréhydrata-tionet,sinécessaire,unetransfusionsanguine.

Peud’informationssontdisponiblessurletraitementdesinfectionscauséesparlesBabesia de «peti-te taille» chez le chien et Babesiaspp.chezlechat.Lachimiothérapieclassiquedisponiblepeutêtreutiliséedanscescas,auxmêmesdoses,pourdiminuerlagravitédessymptômesetletauxdemorta-lité suite à la maladie. Cependant, d’autres traitements ont été proposés (tableau 2).

La résistance contre des molécules utilisées pour le traitement des babésioses canines n’a jamais été décrite.

Schéma 1: Diagnosticdelababésiose

Suspicion d‘une babésiose

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Enrevanche,descasderechute,cliniquementsimilairesàlapremièreinfection,sontfréquem-ment observés. Ces cas sont dus à la multiplication récurrente du parasite rendue possible après l’élimination du piroplasmicide. Il ne s’agit pas d’une chimiorésistance mais de la soustraction du parasiteàlasubstancethérapeutiqueetausystèmeimmunitairedel’animal.Cesrechutesrelèventd’unethérapiespécifiqueidentiqueassociéeàunethérapiesymptomatiqueplussoutenue.

Prévention et lutte

Laréductiondurisqued’infectiondeschiensvivantsenzoned’enzootie,oudeschiensdepassagedans ces zones, passe avant tout par la mise en place de méthodes de protection active contre les tiquesvectrices.

Laprotectionimmunitairerésultantd’infectionsrépétéesestengénéralincomplèteetsonétablisse-ment peut même être limité par l’administration de traitements.

Lachimioprophylaxiepeutêtreindiquéepourleschiensséjournantenzoned’enzootiependantuntempslimité;cettepratiqueestparticulièrementrecommandéepourlesanimauxsplénectomisés,immunodéprimés ou les chiens ayant déjà contracté une babésiose. La chimioprophylaxie consiste enl’administrationdedipropionated’imidocarbeàladosede1x5-6mg/kgIMouSCenuneseuleinjection. Ce traitement permet de limiter la sévérité de la maladie causée par B. canis chez l’animal pendant environ 4 semaines.

Lesrecommandationsspécifiquespourchaquepayssontindiquéessurlesitewww.esccap.org.

Lachimioprophylaxiepeutêtreestunealternativeutiledanslescasoùlavaccinationoulaluttetectionactivecontrelestiquessontcontre-indiquées,oudanslespaysoùlavaccinationn’estpasdis-ponible.Lachimioprophylaxiedoitêtremiseenplaceaumieuxquelquesheuresavantl’introductionen zone d’enzootie.

Un vaccin est disponible en Suisse, le Pirodog®(undeuxième,leNovibac® Piro, a été retiré): le vaccinpermetparfoisseulementdelimiterlasévéritédessymptômesdebabésiosesansempêcherl’infectionparB. canis.Laprotectionimmunitaireconféréeestspécifiqueetsonniveaupeutvarierselonlessous-espècesetlastructureantigéniquedessouches.

Tableau 2: Traitement des babésioses canines

Principes actifs Posologie Efficacité/Effets indésirables éventuels

Imidocarbe (diproprionate) 1

5-6mg/kgIMouSC; à renouveler après 2 semaines

B. canis: amélioriationcliniquedansles48heures,enl‘absencedecomplicationshépatiques,rénalesouvascu-laires.Effetsindésirables;„anticholinestérase“pouvantinclure hypersalivation, tachycardie, dyspnée, vomissement et diarrhée. B. gibsoni et B. annae: efficacitéfaibleàmoyenne,voirenonefficace.

Doxycycline2 10mg/kgperos1foisparjourpendant 4 semaines

Intérêtdansletraitementdesinfectionsduesà B. gibsoni ou B. annae

Phénamidine (isothionate)

15-20mg/kgSCtoutesles 24 heures pendant 2 jours

Intérêtdansletraitementdesinfectionsduesà B. gibsoni ou B. annae

Pentamidine 16.5mg/kgIMtoutesles 24 heures pendant 2 jours

IntérêtdansletraitementdesinfectionsduesàB. gibsoni ou B. annae

1 Pourpréveniroutraiterlesréactionsindésirables:administrerdel‘atropine(0.02-0.04mg/kgSC)dansles30min. précédant ou suivant l‘administration d‘imidocarbe2 DisponibleenEurope,maispaspourcetteindication

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Principes actifs Posologie Efficacité/Effets indésirables éventuels

Imidocarbe (diproprionate) 1

5-6mg/kgIMouSC; à renouveler après 2 semaines

B. canis: amélioriationcliniquedansles48heures,enl‘absencedecomplicationshépatiques,rénalesouvascu-laires.Effetsindésirables;„anticholinestérase“pouvantinclure hypersalivation, tachycardie, dyspnée, vomissement et diarrhée. B. gibsoni et B. annae: efficacitéfaibleàmoyenne,voirenonefficace.

Doxycycline2 10mg/kgperos1foisparjourpendant 4 semaines

Intérêtdansletraitementdesinfectionsduesà B. gibsoni ou B. annae

Phénamidine (isothionate)

15-20mg/kgSCtoutesles 24 heures pendant 2 jours

Intérêtdansletraitementdesinfectionsduesà B. gibsoni ou B. annae

Pentamidine 16.5mg/kgIMtoutesles 24 heures pendant 2 jours

IntérêtdansletraitementdesinfectionsduesàB. gibsoni ou B. annae

Un rappel de vaccination est préconisé tous les ans, ou tous les 6 mois pour des chiens particulière-ment exposés (chiens de chasse en zone d’enzootie par exemple). L’utilisation de ces vaccins chez les chiennes gestantes ou allaitantes n’est pas recommandée.

Santé publique

Aucuncasd’infectionparlesBabesiaspp.descarnivoresn’aétésignaléchezl’Homme.

2.1.2. L’ehrlichiose

Agents et vecteurs

Le genre Ehrlichia est composé de bactéries Gram négatives, intracellulaires strictes, transmises par unvecteuràleurhôtemammifère.Ellesappartiennentàl’ordredesRickettsiales.EnEurope,onretrouve chez le chien Ehrlichia canis.Cesbactériesinfectentlesleucocytesoulesplaquettesoùellesformentdesmicrocoloniestypiques(morulae)quipeuventêtreobservéesaumicroscopeoptiquedanslescellulesinfectées.

Biologie et transmission

L‘hôtemajeurdeE. canisestlechien,maisd‘autresCanidéspeuventfonctionnercommehôte réservoir.Touslesstadesdedéveloppement(larves,nymphes,adultes)delatiqueRhipicephalus sanguineus se nourrissent de sang et peuvent être contaminés par E. canis lors d’un repas sanguin prissurunchieninfecté.Unetransmissiontrans-stadialedelabactériepeutavoirlieu(delalarveàlanympheet/oudelanympheàlatiqueadulte).Latransmissiontrans-ovarienne(delatiqueàsesœufs)n’apasétéobservée.

L’incubationchezl’hôtedurede8à20jours,durantlesquelslesbactériessemultiplientparfissionbinaire,formantdesmorulaetypiquesàl’intérieurdesmonocytescirculants.Lesbactériesdiffusentdanstouslestissusdusystèmedesphagocytesmononuclés,notammentlefoie,larateetlesgangli-onslymphatiques.Lescellulesinfectéescirculantesadhèrentàl’endothéliumvasculaireenparticulierdanslespoumons,lesreinsetlesméninges,induisantunevasculariteetuneinfectiondutissusous-endothélial.Celapeutconduireàuneactivationplaquettaire,àl’originedelaséquestrationetdeladestructiond’ungrandnombredeplaquettes.

Répartition géographique en Europe

Larépartitiondesinfectionsduesà E. canis est liée à celle de son vecteur R. sanguineus. Même si seulement2à4%destiquessontporteusesdecetagentpathogènedanslesrégionsendémiques(France,Italie,Espagne,Portugal,BulgarieetGrèce),lafréquencedesdéplacementsdespopulationshumainesetdechiensestresponsabledelamiseenévidenced’infectionsendehorsdeszonestradi-tionnelles d’enzootie.

Signes cliniques

ChienLaphaseaiguëdel’ehrlichiosemonocytairecanineestprincipalementliéeàlavascularitéetdurede2à4semaines.Siaucuntraitementn’estmisenplace,lamaladiepeutdevenirasymptomatique:lesanimauxneprésententpasdesymptômesmaisrestentporteursdelabactérie,etcela,pendantparfoisplusieursmoisouannées.

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Laphasechroniquedelamaladieestliéeàl’atteintedelamoelleosseuse.Lanatureetlasévéritédessignescliniquesdépendentalorsdesinfectionssecondairesquis’installent.L’immunodéficienceinduitepeutentraîneruneaggravationdessignescliniques,avecunplusgrandnombredemorulaeinfectantlesmonocytesquechezdesanimauximmunocompétents.

IlfautnoterunesensibilitéparticulièreduBergerAllemandàl’infectionparE. canis,lesyndrômeobservédanscetteraceétantengénéralplussévèreetdepronosticplussombrequechezlesautresraces.

Quelquesrarescasd’infectionsà E. canisontétérapportéschezlechat,chezlequellessignescli-niquessontmalconnus.

Diagnostic

LediagnosticdesinfectionsduesàE. canis chez le chien repose sur le croisement de données con-cernantlaprobabilitéd’expositionauxtiques,l’observationdesignescliniquescompatiblesetlesrésultatsd’analysesdelaboratoire(hématologie,biochimie,sérologieet/ouPCR).Unrésultatdeséro-logieet/ouPCRpositifdoittoujoursêtreinterprétéavecprécaution,card’autresagentspathogènespeuventégalementêtreprésents.Lestiquespeuventeneffetêtreporteusesetdonctransmettreàleurshôtesplusieursagentspathogènessimultanément.Lesélémentsdudiagnostic(tantcliniquequebiologique)associésàuneinfectionparunagentuniquepeuventêtresignificativementdiffé-rentsdeceuxretrouvéslorsd’infectionsmultiples.Enparticulier,desmaladiescommelaborréliose deLymeetl’anaplasmosegranulocytairefontappelaumêmevecteuretontdessignescliniquessimilaires,cequipeutconduireàuneerreurdediagnosticlorsdeco-infection.

Microscopie Lediagnosticpeutêtreétablilorsd’unexamendirectd’unfrottissanguinparl’observationdesmorulaedansleslymphocytes,monocytes,granulocytesouplaquettes.Chezl‘ehrlichiosemonocy-tairecanine,àl’inversedesinfectionsàA. phagocytophilum,lesmorulaesontrarementobservées;etsionlesretrouve,ellessontprésentesplusfréquemmentdansdeslymphocytesquedanslesmonocytes.Lasensibilitédel’examendirectpeutêtreamélioréeeneffectuantunconcentréleu-cocytaireouunfrottissursangcapillaire.Lesmorulaepeuventégalementêtreobservéessurdesponctionsdeganglionslymphatiquesoudelarate.Ladétectiondesmorulaeresteuneméthoderelativementdifficileetchronophagequidoitêtreréaliséeparunpersonnelexpérimenté.

Sérologie Desanticorpsspécifiquespeuventêtredétectésparimmunofluorescenceindirecte,enutilisant des antigènes d’E. canis. La séroconversion est observée dans un délai de 1 à 4 semaines après inoculation.Deplus,enzoned’enzootie,laséropositivitépeutêtrelerefletd’uneexpositionancienneetnonpasenrapportavecuneinfectionaiguë.Ilestdoncrecommandédanscescasderépéterlasérologieàuneouplusieurssemainesd’intervalle.Desréactionscroiséespeuventêtreobservéesselonlazonegéographiqueetlesagentspathogènesprédominantsdanslarégion.Letitre d’anticorps contre E. canisdiminueen6à9moisaprèsuntraitementantibiotiqueapproprié.Siletitred’anticorpsestsuiviaucoursdutemps,lestestssérologiquesdoiventêtreréalisésparlemême laboratoire pour permettre une étude comparative.

PCR Ladétectiond’ADNd’E. canisparPCRestréaliséedansleslaboratoiresspécialisés.UnrésultatPCRpositifpermetdeconfirmeravecquasi-certitudeuneinfection.UnrésultatPCRnégatifn’exclutàl’inversepaslapossibilitéd’uneinfection:unrésultatpeuteneffetêtrenégatifsil’échantillontestén’estpasprélevédansunorganeinfecté,lalocalisationdesbactériespouvantêtreréduiteàcertainscompartimentsdel’organisme;unrésultatpeutégalementapparaîtrenégatifsilaPCRestréaliséeàunmomentoùlachargebactérienneestenfortedécroissance,parexempleaprès le début d’un traitement.

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une Ehrlichiose n‘est pas encore exclue,suividecontrôlesou

même traitement à discuter

négatif

Clarificationdesdiagnosesdifférentielles

pas de signes cliniques

signescliniquesd‘uneinfection

aiguë

signescliniquesd‘uneinfection chronique

traitement

négatif

signescliniques

positif

testPCR

Répétitiondelasérologie2-3semaines plustard,pourcontrôledel‘évolutiondu

titre(alternative:directementPCR)

Traitement

Letraitementdel’ehrlichiosemonocytairecaninereposesurl’utilisationd’agentsanti-rickettsiensetd’unethérapeutiquedesoutien.Lestétracyclinessontlesmédicamentslespluscourammentutilisés,ladoxycyclineunefoisparjouràladosede2x5mg/kgparjourpendant3semainesétantleproto-colethérapeutiquederéférence.Chezleschiensinfectéspar E. canis, la disparition de la thrombopé-

Schéma 2: Diagnosticdel‘ehrlichiosecanine

positif

TestsérologiquecontreEhrlichia canis

Suspicion d‘une ehrlichiose

titre n‘augmente pas

titre augmente

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nieconstitueunbonindicateurd’uneréponsefavorableautraitement.Lescasd’ehrlichiosemono-cytairecaninechroniquessévèreschezlechiensontdemauvaispronostic.

Prévention

Actuellement,aucunmoyenmédicaldepréventionn’estdisponiblecontrelesinfectionsduesà E. canischezlechien.Ainsi,laprincipaleméthodedepréventiondecesinfectionsestbaséesuruneprotectionactivecontrelestiques.Lesvoyagesdechiensprovenantdezonesindemnesversouàtravers les zones d’enzootie doivent être limités. Si ces voyages ne peuvent pas être évités, les chiens doiventêtreprotégéscontrel’infestationdestiques,avantleurdépart.Leschiensayantdéjàétéatteintsd’ehrlichioseetquiontguérirestentcandidatsàunenouvelleinfec-tion.Laprotectionimmunitairedéveloppéelorsdel’infectionresteengénéralincomplète.

Santé publique

DesinfectionshumainesconfirméesàE. canis (ou à un organisme très proche) sont en nombre très limité et E. canisn’estpasconsidérécommeunrisquezoonotiqueimportant.

2.1.3. Les anaplasmoses

Agents et vecteurs

Le genre Anaplasma est composé de bactéries Gram négatives, intracellulaires strictes, transmises par unvecteuràleurhôtemammifère.Ellesappartiennentàl’ordredesRickettsialesetàlafamilledesAnaplasmataceae. En Europe, on détecte chez le chien l’Anaplasma phagocytophilum (anciennement Ehrlichia phagocytophila) et l’Anaplasma platys (anciennement Ehrlichia platys).Cesbactériesinfec-tentlesleucocytesoulesplaquettesdanslesquellesellesformentdesmicrocoloniestypiques(moru-lae)quipeuventêtreobservéesaumicroscopedanslescellulesinfectées.

Biologie et transmission

Anaplasma phagocytophilumUnetransmissiontrans-stadialed’Anaplasma phagocytophilumestpossibledanslevecteur(tiquesdu genre Ixodes).Unrepasdesangdeplusieursheuresestengénéralnécessairepourquelatrans-missiondelabactériedelatiqueinfectéeauchienpuisseseproduire.

L’incubationchezl’hôtedurede1à2semaines.LesbactériesA. phagocytophiluminfectentprinci-palementlesgranulocytesneutrophiles,maisaussileséosinophiles.LescelluleshôtesinfectéesavecA. phagocytophilumpeuventêtreretrouvéesdanslesang,ainsiquedanslarate,lefoieetlamoelleosseuse.

Tableau 3: BactériesdugenreAnaplasmapathogènesaffectantlechienetlechatenEurope

Agents pathogènes Maladie Hôtes Réservoir Vecteur

Anaplasma phagocytophilum

Anaplasmose (ehrlichiose granulocytaire)

Plusieurs es-pèces, chien, chat, homme

Petits rongeurs, lynx

Ixodes ricinus, (Ixodes trianguliceps)

Anaplasma platys Anaplasmose (thrombo-cytopéniecyclique)

Chien – Rhipicephalus sanguineus 1

1 suspecté comme vecteur, mais pas prouvé

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Anaplasma platysLe mode de transmission de cette bactérie n’est pas encore totalement élucidé, mais l’intervention de tiques(R. sanguineus) ou d’autres arthropodes vecteurs est probable.

Lorsd’infectionsexpérimentales,onobserveuneincubationde8à15jours.L’infectionsetraduitparunethrombopénieintermittenteou«cyclique».Lachargebactérienneestplusfortelorsdupremier«pic»dethrombopénie;danslescyclessuivants,seulement1%desplaquettesestinfectéalorsquelathrombopénieresteaumêmeniveau.Aufuretàmesuredescycles,l’intensitédelathrombopéniediminue.

Répartition géographique en Europe

LarépartitiondesinfectionsduesàA. phagocytophilum et A. platys est liée à celle de leurs vecteurs respectifs.DuaufaitqueIxodes ricinusseretrouveubiquitairementdanstoutel‘Europe,celle-cidoitêtreconsidéréecommezoneendémiquepourA. phagocytophilum.

Signes cliniques

ChienConcernant A. phagocytophilum chez le chien, on observe un accroissement de la sensibilité à la maladieenfonctiondel’âgedel‘animal.Lessignescliniqueslesplusfréquentssontlessuivants:fièvre,anorexie,apathie,léthargie,refusdesedéplacer,boiterie,raideur,splénomégalie,hépato-mégalie,signesneurologiques.L‘infectionestaussisouventasymptomatiqueetlessignescliniquessontobservéslorsd‘immunosuppressionoud‘infectionsconcomitantes.Lessignesbiologiquessont:thrompopénie, hypoalbuminémie modérée, augmentation du taux de PAI, neutropénie occasionnelle ouformesimmatures(déviationàgauche),polyarthriteneutrophilique,infiltrationneutrophiliqueduLCR,pléocytose.

Lessignescliniquesobservéslorsd’infectionpar A. platys peuvent varier selon les régions. Par exemple,auxÉtats-Unis,lamaladieestconsidérée,laplupartdutemps,commeasymptomatiquealorsqu’elleestconnuepourprovoquerdifférentssyndrômescliniquesdanscertainspaysdubassinméditerranéen.Lessignescliniquessont:fièvre,léthargie,muqueusespâles,pétéchies.L‘infectionestaussisouventasymptomatiqueetlessignescliniquessontobservésencasd‘immunosuppressionoud‘infectionsconcomitantes.

ChatQuelquesrarescasd’infectionsàA. phagocytophilum ont été rapportés chez le chat. Les signes cliniqueschezlechatsontmalconnusmaissemblentêtreengénéralsimilairesàceuxobservéschezle chien.

Diagnostic

LediagnosticdesinfectionsduesauxbactériesAnaplasmataceaechezlechienreposesurlecroise-mentdedonnéesconcernantlaprobabilitéd’expositionauxtiques,l’observationdesignescliniquescompatiblesetlesrésultatsd’analysesdelaboratoire(hématologie,biochimie,sérologieet/ouPCR).Unrésultatdesérologieet/ouPCRpositifdoittoujoursêtreinterprétéavecprécautioncard’autresagentspathogènespeuventégalementêtreprésents.Lestiquespeuventeneffetêtreporteusesetdonctransmettreàleurshôtesplusieursagentspathogènessimultanément.Lesélémentsdudia-gnostic(tantcliniquequebiologique)associésàuneinfectionparunagentuniquepeuventêtresignificativementdifférentsdeceuxretrouvéslorsd’infectionsmultiples.Enparticulier,desmaladies

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commelaborréliosedeLymeetl’anaplasmosegranulocytairefontappelaumêmevecteuretontdessignescliniquessimilairesquipeuventconduireàuneerreurdiagnostiquedel’unauprofitdel’autreetinversementlorsdeco-infection.

MicroscopieLediagnosticpeutêtreétablilorsd’unexamendirectd’unfrottissanguinparl’observationdesmorulaedansleslymphocytes,monocytes,granulocytesouplaquettes.Lasensibilitédel’examendirectpeutêtreamélioréeeneffectuantunconcentréleucocytaireouunfrottissursangcapillaire.Lesmorulaepeuventégalementêtreobservéessurdesponctionsdenœudslymphatiquesouderate.Ladétectiondesmorulaeresteuneméthoderelativementdifficileetchronophagequidoitêtreréaliséeparunpersonnelexpérimenté.L’évolutioncycliquedelabactériémielorsd’infectionàA. platyspeutrendrel’observationdesmorulaeparticulièrementdifficile.

Sérologie Desanticorpsspécifiquespeuventêtredétectésparimmunofluorescenceindirecte,enutilisantdesantigènes d’A. phagocytophilum oumoinsfréquemmentd’A. platys. La séroconversion est obser-véedansundélaide1à4semainesaprèsl’inoculation.Deplus,enzoned’enzootie,laséropo-sitivitépeutêtrelerefletd’uneexpositionancienneetn’avoiraucunrapportavecuneinfectionaiguë.Ilestdoncrecommandé,danscescas,derépéterlasérologieàuneouplusieurssemainesd’intervalle.Desréactionscroiséespeuventêtreobservéesselonlazonegéographiqueetlesagents pathogènes prédominants dans la région. Le titre d’anticorps contre A. phagocytophilum diminueen6à9moisaprèsuntraitementantibiotiqueapproprié.Siletitred’anticorpsestsuiviaucoursdutemps,lestestssérologiquesdoiventêtreréalisésparlemêmelaboratoirepourautoriserune étude comparative.

PCR Ladétectiond’ADNd’A. phagocytophilum et A. platysparPCRestréaliséedansleslaboratoiresspécialisés.UnrésultatPCRpositifpermetdeconfirmer,avecquasicertitude,uneinfection. Al’inverse,unrésultatPCRnégatifn’exclutpaslapossibilitéd’uneinfection:eneffet,unrésultatpeutêtrenégatifsil’échantillontestén’estpasprélevédansunorganeinfecté.Lalocalisationdesbactéries peut être réduite à certains compartiments de l’organisme et un résultat peut également apparaîtrenégatifsilaPCRestréaliséeàunmomentoùlachargebactérienneestenforte décroissance, par exemple après le début d’un traitement.

Traitement

Letraitementdelathrombopéniecycliqueetdel’anaplasmosegranulocytairereposesurl’utilisationd’agentsanti-rickettsiensetd’unethérapeutiquedesoutien.Lestétracyclinessontlesmédicamentslespluscourammentutilisés.Leprotocolethérapeutiquederéférenceutiliseladoxycyclineunefoisparjouràraisonde2x5mg/kgpcpendant4semaines.

Prévention

Actuellement,aucunmoyenmédicaldepréventionn’estdisponiblecontrelesinfectionsduesà A. phagocytophilum et A. platys chez le chien et le chat. La méthode principale de prévention de ces infectionsestbaséesuruneprotectionactivecontrelestiques.

Santé publique

DesinfectionshumainesconfirméesàA. phagocytophilum ont été rapportées chez l’homme. Cet agentesttransmisnaturellementàl’homme,auchienetauchatparlestiquesdugenre Ixodes.OnnesaitpassileschiensouleschatsinfectésparA. phagocytophilumpeuventreprésenterunrisquezoonotiquepourl’hommepartransmissiondirecte.

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traitement

négatifpositif

titre n‘augmente pasanaplasmose improbable, clarificationapprofondiedesdiagnosesdifférentielles

sérologiestoutesles2-3semainespourdétectiond‘anticorps contre Anaplasma

titre augmente

TestPCRet/oudétectiondemorulae(frottissanguin,buffycoat)

Suspicion d‘une anaplasmose

2.1.4. La borréliose de Lyme

Agents et vecteurs

Le complexe Borrelia burgdorferi(=sensulato)comprendactuellement11espèces/génotypes.Cesbactériesspirochètesinfectentdenombreuxmammifèresetoiseauxetsonttransmisespardestiques(Ixodesspp).Lesinfectionshumainessontd’importancemajeureensantépublique,etbienquedesinfectionsaientétémisesenévidencechezlechien,ellesnesontpasd’uneimportancecliniquemajeure.

Biologie et transmission

Actuellement,lestiquesdelafamilledesIxodidésetprincipalementdugenre Ixodes sont reconnues comme des vecteurs de B. burgdorferi sensu lato.

Danslestiques,lesBorrelia sepropagentauxglandessalivairesetsonttransmisesdefaçontrans-stadialemaisiln’yapasdetransmissiontrans-ovarienne.

Lestiquesdoiventresterfixéespendantaumoins16à24heuresavantquelatransmissionàl’hôtevertébré puisse se produire.

Les Borreliarestentdansletissucutanédel’hôteavantdedisséminer.Dansquelquescas,celapeutprendrejusqu’à4semainesavantquel’infectionnedeviennesystémique.

Schéma 3: Diagnosticdel‘anaplasmosecanine

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Répartition géographique en Europe

Au cours des vingt dernières années, plusieurs études ont été publiées sur la prévalence et la variabi-litégénétiqueauseinducomplexeB. burgdorferi en Europe. La borréliose de Lyme est présente dans toutel’Europe,àl’exceptiondeszonesextrêmementchaudesauSudoufroidesauNord.

Signes cliniques

LaborréliosedeLymeestunemaladiebienconnuechezl’hommealorsqu’ellen’estpasclairementdéfiniechezlechien.Une«arthropathiedeLyme»semanifestantparuneboiterie,touchantuneouplusieursarticulations,aétédécrite.Lesmanifestationscliniqueschezleschatsnaturellementinfectéssont rares.

Diagnostic

Sérologie Lesanticorpsanti-Borrelia apparaissent habituellement 3 à 5 semaines après l’inoculation et peuventêtredétectésenutilisantplusieurstestsimmunodiagnostiques,qualitatifsetquantita-tifs,commercialementdisponibles.Cependant,desrésultatspositifsindiquentsimplementuneexpositionàlabactérie,plutôtqu’unevraiemaladie.Sileschienssuspectsd’avoiruneborréliosedeLymesontpositifsàlasérologie,ilestrecommandédefaireuntestparimmuno-empreinte(Western-blot)pourvérifierleprofilsérologique.Enfin,lesréactionsanticorpsaupeptideC6sontspécifiquesdel’expositiondeschiensàB. burgdorferi sensu lato.

PCRLadétectiond‘ADNde BorreliaparPCRestpossibleetindiquéelorsdemanifestationauniveaudeplusieuresorganes,nécessitantdesbiopsiescutanéesouliquidesynovial.

Traitement

Les études concernant le traitement de la maladie de Lyme chez le chien ont donné des résultats vari-ablesmaisuneréponseàlathérapeutiqueantibiotiquepeutêtreattendueen1ou2joursencasdepolyarthrite,alorsquelaréponseprendraplusdetempschezleschienssouffrantdenéphropathie.Lesétudeschezleschiensexpérimentalementinfectésontmontréqueletraitementantibiotiquen’éliminepasl’infectioncheztousleschiens.Lemédicamentdechoixestladoxycycline,à2x5mg/kgperosunefoisparjourpendant1moisauminimum.

Prévention

Une sérologie positive chez les chiens sains peut conduire à une erreur de diagnostic ou à un traite-mentinutile,denombreuxanimauxinfectésnedéveloppantjamaisuneborréliosedeLyme.Undé-pistagesérologiquepeutcependantattesterdelaséroprévalenceetfournirdesdonnéessentinellesquipeuventaugmenterlaprisedeconscienceparlepropriétairedurisqued’infectionparlestiquesetdel’importancedeleurcontrôle.L’utilisationdevaccinsanti-Borreliaestencoreunequestioncontro-versée en raison de la présence de plusieurs espèces de Borreliasurleterrainetparcequelesvaccinsprotègent seulement contre B. burgdorferisensustricto.Laprotectionactivecontrelestiquesest actuellementlaméthodedechoixpourprévenirl’infection.

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Western-BlotouC6-Snap-Testpour confirmation de la sérologie initiale négatif

positif

TestsérologiquecontreBorreliaenutilisantdeskitsELISAcommercialisés (enalternative,directementutilisationdukitC6-Snap-Test)

Suspicion d‘une borréliose

borréliose exclueclarificationdesdiagnosesdifférentielles

positif

considérer un traitement, éventuellementconfirmationparPCR

Santé publique

Les chiens et les chats ne sont pas des réservoirs de B. burgdorferi et donc ne posent pas de problèmedesantépublique.

Schéma 4: Diagnosticdelaborréliose

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2.2. LES AGENTS PATHOGÈNES TRANSMIS PAR LES MOUSTIQUES (CULICIDÉS) ET LES PHLÉBOTOMES

2.2.1. La leishmaniose

Agents et vecteurs

En Europe, la leishmaniose généralisée du chien est causée par le protozoaire flagellé Leishmania infantum. Les vecteurs de ce parasite sont de petits diptères du genre Phlebotomus.

Lechienestl’hôteprincipaldeL. infantum. Cependant, le parasite a également été isolé chez de nombreuxautresmammifères,enparticulierl’Homme,plusieursespècesderongeurscommeleratet l’écureuil, le cheval, les bovins, la chèvre, le mouton, le chat et plusieurs Canidés sauvages tels le renard, le loup et le chacal.

Seullechien(etpeut-êtrelesCanidéssauvages)constitueunesourcedémontréedeparasitespourles vecteurs.

Lesphlébotomessontlargementrépandusenrégionméditerranéenne,enAfriqueetauMoyen-Orient.Certainesespècessontégalementadaptéesauxclimatstropicauxetsubtropicauxoumêmearides.DanslaSuisseduSud,l‘espècevectrice P. perniciosus a été trouvée à plusieurs occasions. en AllemagneduSuduneseulefois.

Biologie et transmission

• Lesleishmaniessemultiplientsous2formesdifférentes:lestadeamastigoteintracellulairedans lescellulesdeshôtesvertébrés;etlestadepromastigote(avecflagellebienvisible)extracellulaire dansletubedigestifdesphlébotomes(ouaprèsmiseencultureaulaboratoire).

• Lesleishmaniessonttransmisesàleurshôtesvertébrésparlesphlébotomesfemelles,lorsdu repasdesangsurseshôtes.L’activitéduvecteurestmaximaleàlatombéedujouretàdes températuresminimalesde18-22°C.Aucunautrearthropoden’estimpliquédanslatrans- mission naturelle de L. infantum.

• Ledéveloppementduparasitechezlevecteurnécessite7à14joursà18°Cauminimum.

• Latransmissionverticaledelachienneauxchiotsainsiquepartransfusionetaccouplementest démontrée. En zone d’enzootie, ces modes de transmission demeurent sans doute minoritaires (par rapport à la transmission vectorielle).

• Certainesracesdechienontdéveloppéunerésistanceàlamaladie(parexempleuneracedesîles Baléares),alorsquecertainesracessemblentplussensibles(Bergersallemands,Rottweilerset Boxers).Aucunedifférencesignificativedesensibilitén’acependantéténotéeconcernantl’âge oulesexedeschiens.Lesanimauxinfectésasymptomatiquesetleschienspréalablementtraités, sont des réservoirs de parasites.

• L’incubationestgénéralementlongue(plusieursmois,voireplusieursannées),etlesfacteursqui conduisentàl’expressioncliniquedelaleishmaniosedemeurentméconnus.

• Aprèsunemultiplicationdanslescellulesdendritiquesetlesmacrophagescutanés,lesparasites sont disséminés dans l’ensemble du corps. Les leishmanies peuvent être retrouvées dans la peau, lesnoeudslymphatiques,larate,lefoie,lamoelleosseuseetpotentiellementdanstouttissuet organe.

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Fig. 1 : Zone d‘enzootie approximative de la leishmaniose canine en Europe.

Larégioncoloréeenbleuecorrespondàlasuperficieapproximativeendémiquedelaleishmaniosecanine.Aunorddeces régions (régions en grisé), il existe des rapports sur des cas importés ou présumément autochthones.

• Lerisqueprincipalenzoned’enzootieestenrelationavecl’expositionauxpiqûresdephlébo- tomes, l’abondance des réservoirs (dont les chiens vivant à l’extérieur, les chiens errants, les chiens adoptésprovenantderefugessituésenzoned’enzootie,leschiensdechasseetsansdouteles carnivores sauvages).

Répartition géographique en Europe

LaleishmaniosecanineestenzootiquedansleSuddel’Europe(figure1).Endehorsdecettezone,denombreuxcasimportésontétéobservésettraités.Quelquescaschezdeschiensn’ayantjamaisvoya-gé en zone d’enzootie ont également pu être observés. Ponctuellement, une transmission «locale» delaleishmaniosecanineendehorsdelazoned’enzootiesemblepossible,silapressioninfectieuseliéeàlaprésencedenombreuxcas«importés»estsuffisanteoudufaitd’unetransmissionverticaledans certains élevages de chiens.

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Signes cliniques

Unegrandepartiedeschiensinfectéspeutêtreasymptomatique.

L’expressioncliniquedelaleishmaniosecanineestextrêmementvariableselonlaréponseimmuni-tairedel’hôte,del’existenced’autresmaladies,del’anciennetédelamaladie,oud’autresfacteursnon encore connus.

Le premier signe observé, avant même la dissémination des leishmanies dans l’organisme, est en généralunelésioncutanéetransitoiredueàlapiqûreduphlébotomeinfectant.Lessiteshabituelsdepiqûredesphlébotomessontlafaceexternedupavillondel’oreilleetlechanfrein.Ceslésionslocalespassentsouventinaperçuesousontconfonduesavecdesimpleslésionsdepiqûredetiquesoud’insectes.Ils’agitdelésionsuniquesoumultiples,ulcératives,appelées«chancred’inoculation».Ces lésions peuvent persister plusieurs mois et disparaissent spontanément.

Laleishmaniosegénéraleduchienestunemaladiepolymorphequiassocieclassiquement:• unétatgénéraldégradé:abattement(deplusenplusaccuséavecl’évolutiondelamaladie), amaigrissementetanorexie;

• dessignescutanés:alopécie(zonesdeformeetd’étenduevariables),squamosis(grandes squamesbrillantes),ulcères(enparticulierdansleszonesexposéesauxtraumatismes:zones interdigitéesoureposantsurdessailliesosseuses);

• uneatteintedusystèmedesphagocytesmononucléés:poly-adénomégalie(nœudslympha- tiquesprofondsetsuperficiels),splénomégalie;

• desmodificationssanguines:anémie(a)régénérative,lymphopénie,thrombopénie,hyper- protéinémieaveceffondrementdurapportalbumine/globulinesdûàl’augmentationdes γ-globulinesetvisiblesurleprofilélectrophorétiquedesprotéinessanguines.

• desmodificationsbiologiquesindiquantundysfonctionnementrénal:urémieetcréatininémie, hyposthénurie, protéinurie.

Àcôtédecetteforme«classique»,ilfautnoterdessignesmoinsfréquentsàl’originedeformesatypiquesdediagnosticdifficile:

• unecongestionetulcèresmuqueux,épistaxis,

• uneuvéitebilatérale,

• uneatteintedesgriffes:croissanceanormale(onychogryphose),atteintedelatruffe (décoloration, ulcère),

• uneatteintearticulaireetosseuse(arthrites,ostéolyse),boiteriesambulatoires,

• unecolitehémorragique,

• desmanifestationsnerveusesépileptiformes,

• unepyodermiteouunedermatosenodulaire(nodulesnonadhérents,nondouloureux, non fistulisés, riches en parasites).

Diagnostic

L’objectifdudiagnosticestdepouvoirentreprendreuntraitementprécoceetd’éviterlatransmissiondu parasite aux autres chiens et à l’homme.

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SérologieLesexamenssérologiquesrévélantlaprésenced’anticorpsspécifiquesreprésententlesdémarchesprimairesd‘undiagnostic:immunofluorescenceindirecte(IFI)etELISA(hautessensibilitéetspécifici-té),testsrapidesd’immunodiffusionetWestern-Blot.Unrésultatsérologiquepositif,enrévélantlaréponseimmunitaireàuneinoculationdeparasites,prouveuneinfectionactive,maispasdirecte-ment une maladie.

Dansuncontexteépidémiologiqueetcliniqueévocateur,l’hypothèsedeleishmaniose,initialementindiquéparsérologie,peutêtreconfirméepardiversexamenscomplémentairesconstituantun faisceaudepreuves:• desexamensbiologiquesnonspécifiques:numérationetformulesanguines,protéinémieet électrophorèsedesprotéinessanguines,explorationdelafonctionrénale;enoutre,ces analysessontutilespourpréciserlepronosticetassurerlesuividel’animalaprèsletraitement;

• desexamensdirectsrévélantlaprésenceduparasiteoudesonADN:(a)laPCR,àpartirde ponctiondenœudslymphatiques(poplitéal)oudemoelleosseuse,révèlelaprésencede matérielgénétiquespécifiquedansleprélèvementanalysé,cequin’estpassynonymede parasitesvivantsenmultiplication.ParPCR,onpeutaussiobtenirdesinformationssupplé- mentairessurl‘espèceetlegénotypedeLeishmania;(b)biopsiecutanée(lecturedifficileet peusensiblemêmesiellepeutêtreamélioréeparl’immunohistochimie),ponctiondeliquide céphalorachidien,articulaire,denodules,depustulesoud’humeuraqueuse:aprèscoloration GiemsaouDiff-Quick,lesleishmaniesseprésententcommedepetitséléments(2-4μm)ovoïdes associantsystématiquementuncerclefoncé(lenoyau)etunpetitbâtonnetdemêmecouleur (lekinétoplaste).Cesélémentssontprésentsdanslecytoplasmesurtoutdesmacrophages. Enraisondemanquedesensitivité,unePCRoffreplusdepossibilitéspourcessubstrats diagnostiques.

• C’estl’associationd’argumentsépidémiologiques,cliniquesetparasitologiquesquipermet d’établirundiagnosticdecertitudeetunebasepronostique.

Traitement

Avantlamiseenplaced’untraitementspécifique,lespropriétairesdechiensdoiventêtreinformésdupronostic,ducoût,etdufaitqueleschiensrestentinfectésendépitdutraitementetce,mêmesiuneaméliorationcliniqueestobtenue.Enoutre,lecaractèrezoonotiquedelaleishmaniosedoitêtreexpliquéaupropriétaire,pouvantainsiconduirecelui-ciàdéciderdel’euthanasiedesonanimal(parexempleprésenceauseindufoyerd’unindividuimmunodéprimé).

Letraitementdeconsensusdelaleishmaniosecanineestindiquédansletableau4.

Denombreusesétudesdepharmacocinétiqueontdémontréquel’injectiondel’antimoniatedeméglumineparvoiesous-cutanéeouintramusculairepermetd’obtenirunemeilleurebiodisponibili-téquel’injectionparvoieintraveineuse.Larépétitiondesinjectionsintramusculairespeutconduireàlaformationd’oedèmesdouloureux.Lavoiesous-cutanée,présentantunemeilleureinnocuitéetn’entraînantpasdedouleuraupointd’injection,estpréférable.

Différentsdosagesd’antimoniatedeméglumineontétéproposés,laposologielapluslargementre-commandéeestindiquéedansletableau4.Lestrictrespectduprotocole(dose,fréquenceetdurée,voied’administration)estlaconditionsinequanond’unebonneefficacité,d’unetoxicitéminimaleetdemoindresrisquesd’apparitiondesoucheschimiorésistantes.Uneintoléranceàl’antimoniatedeméglumineestparfoisobservéeàcausedel’accumulationduproduitdansl’organisme,elle-même

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conséquenced’uneinsuffisancerénale.Silemoindreeffetsecondaire(vomissement,apathie…)estobservé,lacorrectiondel’insuffisancerénaledoitêtreinstauréedèsquepossible.

L’allopurinolestadministréparvoieorale2foisparjour,àladosede20mg/kgparprise,defaçonprolongéepourdiminuerlerisquederechute.L’allopurinolseulpeutêtredécevant,enparticulierlorsdeleishmanioseévoluantdepuislongtemps,chezdesanimauxdontl’étatgénéralestfortementdé-gradé. En revanche, l’association avec l’antimoniate est considérée comme le traitement de consen-susetl’administrationcontinuedel’allopurinolpermetdediminuerlesrisquesderechute.

Deseffetssecondairestelsquelaformationdeconcrétionsdexanthinedanslesurinespeuventapparaître.Leseffetssecondairessontengénéraltousréversiblesàl’arrêtdel’administrationduproduit.

Commeavectouslestraitements,lesrechutessontfréquentesmaislesanimauxpeuventengénéralêtre traités de nouveau avec le même produit et selon le même protocole.

Cesdernièresannées,plusieursétudescliniquesontétémenéespourtesterl’efficacitéd’unenou-vellemolécule:lamiltéfosine.CettemoléculeaététestéepourletraitementdechiensnaturellementinfectésparL.infantum,montrantuneefficacitécomparableàcelledel’antimoniatedeméglumine.Ilfautnoterquelamiltéfosineesthautementtératogène.Enoutre,seposelaquestionéthiquedel’utilisationdemoléculesprescriteschezl’homme:leurutilisationchezl’animalrisquedefavoriserl’émergence de souches résistantes susceptibles d’être transmises ensuite à l’homme.

Enplusd’untraitementspécifique,untraitementsymptomatiqueestrecommandé.La«réanimationrénale»peutparfoisêtreobligatoire(perfusionsrépétées,corticoïdes:prednisolone1-2mg/kg/jperosdurant5-8joursfreinantlacomposanteimmunopathologiquedelaglomérulonéphrite).

Prévention

Lapréventiondespiqûresdephlébotomesparl’applicationd’insectifuges/insecticidessurleschiens,sousformedecolliers,despraysoudespot-onestunestratégieefficace.L’objectifestd’interromprelatransmissiondesleishmaniesetainsideprévenirl’infectiondeschiens.Lasaisond’activitédesph-lébotomes en zones d’enzootie est variable d’une année à l’autre ou d’une région à l’autre. La saison àrisquedémarreengénéralaumoisd’avriletseterminefinnovembre.

Denombreusesétudesontpermisdeprouverl’efficacitédespyréthrinoïdescontredesphléboto-mes. Les colliers imprégnés de deltaméthrine possèdent une action répulsive contre les phlébotomes àpartird’unesemaineaprèslapose,etdurantplusde5mois.L’applicationdespot-onàbasedeperméthrinepermetuneprotectioncontrelespiqûresdephlébotomesàpartirde24heuressuivantl’application et pour une durée de 2 à 3 semaines. Aucune résistance des phlébotomes aux pyréthri-noïdesn’aétérapportéejusqu’ici.

D’autresmesuresdeprotectionsontefficacesdanslaréductiondelatransmissiondelamaladie:notammentlefaitdegarderleschiensàl’intérieurpendantlanuitpendantlasaisonàrisque(enparticulieràlatombéedujouretàl’aube),l’utilisationdespraysinsecticidesdanslesbâtiments,lamiseenplacedemoustiquaires(maillesde0,3-0,4mm²)surlesportesetfenêtresdeshabitations,oul’utilisationdemoustiquairesimprégnéesdepyréthrinoïdesautourdeszonesdecouchage.Toutescesmesures permettent une diminution significative des populations de phlébotomes pouvant contami-ner les chiens.

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répétition de la sérologie3-6moisoulorsd‘éruption

de symptomes

positif

négatif

fortesindicationspour une leishmaniose

TestsérologiquecontreLeishmania(IFI,ELISA)

positif

Diagnostic de la leishmaniose chez les chiens sains après séjour en région endémique

répétition de la sérologie lors de suspicion claire de

leishmaniose

négatif

testPCRàpartir de ponction de moelle

Schéma 5a: Diagnosticdelaleishmaniosecaninechezleschiensmalades

analyse du sang et de l‘urine

infectionavec Leishmania démontrée

Lavaccinationcontrelaleishmaniosecaninepourraitêtreuneméthodeefficacedanslecontrôledecette maladie. Un vaccin est maintenant disponible en Suisse (CaniLeish®).Desétudesenvisageantàdémontrerl‘efficacitéduvaccin„surleterrain“sontencours.

Santé publique

La leishmaniose viscérale humaine à L. infantum est une zoonose majeure dans le sud de l’Europe. L’issuedelaleishmaniosehumaineesttrèssouventfataleenl’absencedetraitement,enparticulierchezlesenfantsetlespatientsimmunodéprimés.Àl’inverse,laplupartdespersonnesimmuno-compétentesinfectéesnedéveloppentpaslamaladieetacquièrentuneprotectionimmunologiqueefficace.

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clarification des diagnoses différentielles

négatif

TestsérologiquecontreLeishmania(IFI,ELISA)

positif

Diagnostic de la leishmaniose chez les chiens avec symptomes typiqueset/ou insuffisances d‘organes

négatif

testPCRàpartirdeponctiondenoeudslympha-tiques,demoelleosseuseoudelésionscutanées

à discuter avec le propriétairerésultatstypiquespourleishmaniose

positifavectitre bas ou modéré

négatif

positifavectitretrès élevé

Schéma 5b: Diagnosticdelaleishmaniosecaninechezleschiensmalades

fortesindications pour une leishmaniose

infectionavecLeishmania démontrée

Principes actifs

Posologie Voie d‘administration

Remarques

Allopurinol 2x10mg/kgparjour,pendant6-18mois

Orale L‘associationavecl‘antimoniateoulamiltéfosineest considéré comme le traitement de consen-sus,maislamonothérapieestaussiappliquée.

Miltéfosine 2mg/kgparjour,pen-dant 4 semaines

Orale(mélangéeavec la nourriture)

DisponibleenSuissepourcetteindication.Enzoneendémique,recommandéen association avec Allopurinol.

Antimonate de méglumine

75-100mg/kgparjour,injections journalières pendant4-8semaines.

Injection subcutanée

Contre-indicationchezleschiensavecdéficien-cesrénalesouhépatiques.

Tableau 4: Traitement de la leishmaniose canine

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2.2.2. Les dirofilarioses et autres filarioses

Agents et vecteurs

Lesfilairesduchienetduchatsontdesnématodesparasitesdutissuconjonctif,delacavitépérito-néaleoudusystèmecardio-vasculaire.Laplupartdesespècessonttransmisesparlesmoustiques,quelques-unespardesmouchesoudestiques(tableau5).Dirofilaria immitis, à l’origine de la diro-filariosecardio-pulmonaire,estl’espècelapluspathogène;D. repens, à l’origine de la dirofilariose sous-cutanée,estpeupathogènepourlescarnivoresmaisdemeurel’espècelaplusfréquemmentimpliquéedanslesinfectionszoonotiquesenEurope.

Biologie et transmission

Lesfilairessontdesparasitesdescarnivoresdomestiquesetsauvages,principalementdesCanidés.Leurfaiblespécificitéenversleurshôtesvertébréspermetnéanmoinsl’infestationdenombreuxmam-mifères,ycomprisdel’Homme.Chezceshôtes,leparasiten’atteintpas,engénéral,saformeadulte.

• LesmicrofilairesdesespècesD. immitis et D. repens se développent dans l’utérus des filaires adultesetsontensuitelibéréesdanslacirculationsanguinedel’hôte,oùellespeuventêtre absorbéesparlesmoustiquesaucoursdurepasdesang.Lesmicrofilairessedéveloppenten stadeinfestant(L3)chezlevecteur.Leslarvesinfestantessontensuitetransmisesàl’issuedu repassanguin.Chezl’hôtemammifère,leslarvesdeD. immitiseffectuentunemigration activedanslestissussous-cutanés,sous-séreuxetmusculairespourgagnerlesartèrespulmo- nairesetlecœurdroitoùellessedéveloppentenadultesetsereproduisent.Chezlechien,la périodeprépatenteestde6mois.Leslarvesinfestantesde D. repensn’effectuentqu’une courtemigrationdansletissusous-cutanéetyatteignentleurmaturité.Lesfilairesadultessont retrouvéesdansl’ensembledel’organisme,entreletissusous-cutanéetlestissusconjonctifs plusprofonds:ellespeuventêtreàl’originedenodulesnon-inflammatoires.Lesfilairesadultes peuventsurvivreplusieursannéeschezl’hôte.

• Acanthocheilonema (synonyme: Dipetalonema) reconditum et Cercopithifilaria grassii sont des parasitesdutissusous-cutanéetdesfasciasmusculairesdesCanidés,notammentduchienet du chacal. Acanthocheilonema dracunculoides parasite la cavité péritonéale des Canidés.

filaires Vecteurs Période prépatante

Longueur mo-yenne des filaires adultes

Localisation des filaires adultes

Dirofilaria immitis Moustiques 120-180jours Mâles:12-18cmFemelles:25-30cm

Artèrespulmonaires/ Coeur droit

Dirofilaria repens Moustiques 189-259jours Mâles:5-7cmFemelles:10-17cm

Tissusous-cutané/fasciasmusculaires

Acanthocheilonema (anté-rieurement Dipetalonema) reconditum

Poux et puces 427-476jours Mâles:0.9-1.7cmFemelles:2.1-2.5cm

Tissusous-cutané/fasciasmusculaires

Acanthocheilonema (anté-rieurement Dipetalonema) dracunculoides

Tiques (R. sanguineus)

120 jours Mâles:1.5-3.1cmFemelles:3.3-5.5cm

Cavité péritonéale

Cercopithifilaria (antérieure-ment Acanthocheilonema) grassii

Tiques (R. sanguineus)

Inconnue Inconnue Tissusous-cutané/fasciasmusculaires

Tableau 5: Principales espèces de filaires parasites du chien et du chat en Europe

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Répartition géographique

Lafréquencedetransmissionetl’extensiondesdirofilariosesdépendentdenombreuxfacteursenvi-ronnementauxcommelatempératureetladensitédepopulationdemoustiques.Cettedistributionpeutégalementêtreinfluencéepardesfacteurssocio-économiques,commeladensitédepopulationcanineetledéplacementdeschiensinfestésréservoirsdemicrofilaires;lesmouvementsd’animauxsont liés au tourisme, aux adoptions et au transport de ces animaux à partir des zones d’enzootie.

D. immitis et D. repenssontsympatriquesdanslaplupartdecesrégions(Figure2).

Ilfautnoterqueladensitédemoustiquesetletauxdematurationdeslarvesinfestanteschezlemoustiquepeuventfortementvarierenfonctiondesconditionsclimatiques.Unaccroissementdestempératuresmoyennespeutainsientraîneruneextensiondeszonesàrisquesetdelasaisonàrisque.AinsirécemmentdescasprobablementautochthonesontétédiagnostiquésenAllemagne,auxPays-BasetenAutriche.

Ladirofilariosefélinepeutêtrerencontréedansleszonesdeforteprévalencedeladirofilariose canine.

Laprévalencedel’infestationpar A. dracunculoides peut atteindre 14 % des chiens de chasse ou vivant à l’extérieur dans certains pays européens comme l’Espagne. Ce parasite a également été identifiédanslesuddel’Italie(Sicile)maisavecuneprévalenceinférieure.

A. reconditum estassezfréquentenSardaigneavecuneprévalenceallantde3à19%.

Signes cliniques

Les filaires adultes de D. immitispeuventprovoquerunemaladiesévère(mortelleenl’absencedetraitement) chez le chien et le chat. La durée de vie des filaires adultes est de 5 à 7 ans chez le chien, quiestl’hôtedéfinitifprincipal.Lesfilairesadultesselocalisentessentiellementdanslesartèrespul-monaires mais peuvent aussi être retrouvées dans le cœur droit et dans les gros vaisseaux adjacents commelesveinescavescaudaleetcrâniale.Unelocalisationectopiquedansl’encéphale,lesyeux,lestesticules ou l’aorte est possible dans de rares cas, et principalement chez le chat.

D. immitis: infection chez le chienChezlechien,l’évolutioncliniquedeladirofilariosecardiaqueestengénéralchronique.Laplupartdeschiensparasitésnemontrentaucunsignecliniquependantdesannées.Ledélaid’apparitiondessignescliniquesdépenddunombredefilairesinfestantl’animal,delatailleduchienetdesonniveau d’exercice. Les lésions artérielles sont généralement plus sévères chez les chiens soumis à une activitéphysiqueintense.Lessignescliniquesdelamaladieapparaissentprogressivement:lepremiersigneestsouventunetouxchronique,parfoissuivied’unedyspnéemodéréeàsévère,defaiblesseetparfoisdesyncopesaprèsunexercicephysiqueouunephased’excitation.Àcestadedelamaladie,l’auscultation permet de percevoir des bruits pulmonaires anormaux (crépitements) des lobes pulmo-nairescaudauxetundoublementanormaldusecondbruitcardiaque.Plustard,lorsquel’insuffisancecardiaquedroiteestinstallée,unœdèmepassifdel’abdomenetparfoisdesmembress’installe,enassociationavecanorexie,pertedepoidsetdéshydratation.Unsoufflecardiaqueàdroiteàcaused’uneinsuffisancedelavalvetricuspideetunrythmecardiaqueanormaldûàunefibrillationat-riale sont également observés. Une mort soudaine est possible en cas de détresse respiratoire ou d’amaigrissement très sévère.

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Durantl’évolutionchroniquedelamaladie,desphasescliniquesaiguëspeuventsurvenir:parexem-ple,aprèsunethrombo-emboliesévèreliéeàlamortnaturelledenombreusesfilairesdanslacircu-lation veineuse, les chiens peuvent présenter une dyspnée et une hémoptysie brutales engageant le pronostic vital. Chez les chiens de petite taille, le déplacement des filaires adultes des artères pul-monaires vers le cœur droit (à cause de l’hypertension pulmonaire et d’une soudaine chute de débit cardiaquedroit)estfréquent.Danscecas,leschiensatteintsprésententun«syndromecave».Lessymptômeslesplusfréquentssontunedyspnée,unsoufflecardiaquetricuspideetunehémoglobi-nurie,liéeàunehémolyse«mécanique»danslescavitéscardiaquesdroites.L’issueesttrèssouventfatale.

D. immitis: infection chez le chatLessignescliniquesobservéschezlechatsontdifférentsdeceuxobservéschezlechien.Laplupartdeschatsneprésententaucunsignecliniquedurantunelonguepériodeaprèsl’infestation.Ceschatspeuvent même guérir spontanément après la mort naturelle des parasites, sans jamais avoir exprimé lemoindresigneclinique.Àl’inverse,ilspeuventprésenterbrutalementunsyndromerespiratoireaigugraveavectoux,dyspnée,hémoptysieetparfoisvomissements.Lamortsubitedechatsjusque-là apparemment sains est possible.

L’infestationchezlechatestcaractériséeparunfaiblenombredefilairesadultes(2à4),unepériodeprépatentepluslonguequechezlechien,untauxfaibleetuneduréedesurvieréduitedesmicrofi-lairesdanslesangetuneduréedesurviedesversadultespluscourtequechezlechien(maximum 2 ans).

Figure 2: Zones approximatives d’enzootie de D. immitis ou D. repens en Europe

D. immitis

D. repens

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Infection avec D. repensDirofilaria repensestlaprincipaleespèceimpliquéedanslescasdedirofilariosesous-cutanéeduchienetduchat.Danscertainscas,desnodulessous-cutanéscontenantdesversadultesoudesmi-crofilairespeuventêtrevisiblesàlasurfaceducorpsdeshôtesinfestés,principalementauniveaudutronc.Cesnodules«froids»nesontpasdouloureuxetnesontpasadhérents.Lesparasitespeuventêtreobservésdansletissusous-cutané,danslesfasciaspérimusculaires,danslagraissepéri-rénaleoulacavitéabdominalelorsdechirurgies.Dansderarescas,lorsd’infestationsmassivesetchezdesani-mauxsensibilisés,despustules,desulcérationsoudeslésionsévoquantlagalesarcoptiquepeuventêtre associées à la présence de microfilaires dans la peau.

Autres filaires chez le chien et le chatLesinfestationsàA. reconditum, A. dracunculoides et C. grassii sont la plupart du temps asympto-matiques.

Rôle des bactéries Wolbachia, symbiotes des filaires

Les bactéries gram négatives du genre Wolbachiaviventdefaçonsymbiotiquedansl’organismedesfilaires;ellesjouentunrôleimportantdanslapathogénieetlaréactionimmunitaire.

Les Wolbachia libérées par D. immitisinduisentlasynthèsedechémokinesetdecytokinespro-in-flammatoires par les neutrophiles du chien.

Les Wolbachiapeuventêtreéliminéesdesfilairesentraitantl’hôteinfestéavecdesantibiotiques.Untraitement à base de tétracyclines peut réduire radicalement (mais jamais complètement) le nombre de ces bactéries chez les filaires. La disparition des Wolbachiachezleurhôtesymbiotiqueentraîneunneteffetanti-inflammatoireavecinhibitiondudéveloppementlarvaireetactionsurlesversadultes,notammentunestérilitédesversfemelles.

Ainsi,untraitementantibiotiquepeutêtrepréconiséenassociationdestraitementsanthelminthiquesadulticides.Plusieursprotocolesefficacessontactuellementendéveloppement.

Diagnostic chez le chien

L’infestationparlesfilairespeutêtrediagnostiquéepardifférentesméthodesd’examendirectdusang pour rechercher les microfilaires circulantes, ou par la recherche des antigènes des vers adultes. Plusieursméthodesdiagnostiquesdoiventengénéralêtremisesenœuvrepourdéterminerprécisé-ment la gravité de la maladie et les possibilités de traitement (schéma 6).

• Détection de microfilaires:Pourl’examenmicroscopiquedirectdusang,leséchantillonsde sangdoiventêtreexaminésaprèsconcentration(testdeKnottoufiltration).Uneplusgrande probabilité de retrouver des microfilaires existe lors d‘une prise de sang le soir. Chez plus de 30 % des chiens parasités par D. immitis, on ne retrouve pas de microfilaires circulantes alors qu’ilshébergentdesversadultes.Lasensibilitédel’examendirectn’estdoncpassuffisante pourécarterlapossibilitéd’uneinfestationencasderésultatnégatif.

• Mise en évidence des antigènes circulants des filaires femelles adultes: Les méthodes ELISAouparimmunodiffusionpermettantdedétecterlesantigènesdesfilairesadultessont hautementspécifiques.Cesméthodespermettentdedétecterlaprésencedefilairesfemelles adultesetpeuventdonneruneinformationquantaunombredeparasitesprésentschezl’hôte. Lesantigènessontdétectablesàl’issuedelapériodeprépatente(6à8moispost-infestation). Lasensibilitédecestestssérologiquesesttrèsélevée,maisdesrésultatsfaux-négatifssont

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possiblesenpériodeprépatenteouencasd’infestationtrèsfaibleouencorelorsd’uneinfesta- tionuniquementpardesfilairesmâles.

Lesméthodessérologiquesdedétectiondesanticorpssonttroppeuspécifiques,etn’ontdonc actuellementaucunevaleurdiagnostiquechezlechien.

• échocardiographie:L’échocardiographiepermetlavisualisationdirectedescavitéscardiaques et des gros vaisseaux, et donc l’observation de parasites. La méthode peut permettre de préciserl’étatd’avancementdelamaladieetd’estimerlaquantitédefilaires.

• Radiographie:Àunstadeavancédel’infestation,desradiographiesthoraciquespeuvent permettred’observerl’élargissementdesartèrespulmonairesouunaspectanormalduparen- chymepulmonaire,ouencore,danslescassévères,unecardiomégaliedroite.Siuneinsuffi- sancecardiaqueestinstallée,lesépanchementspéritonéaletpleuralpeuventêtremisen évidence. La radiographie est intéressante pour évaluer la sévérité de la maladie.

Détection de macrofilaires de

D. immitis (1er choix)

Détection de microfilaires de D. immitis (2ème choix)

Suspicion d‘une infection avec D. immitis

Test antigénes circulants

négatifpositif

Répéterl‘écho- cardiographie et la radiologieainsique

test antigènes circulants aprés 6-8semaines

Traitement (à la base des

donnésdel‘échocardio- graphie et de la

radiologie)

Frottissanguin,oupréférablementtestdeKnottoufiltration

négatif positif

Différentiationdesmicrofilairesdansun laboratoire spécialisé

positif D. immitis

Traitement (à la base des donnés

del‘écho- cardiographie et de la radiologie

positif D. repens

inoffensif; recherche de nodulessous-

cutanés et éventu-ellement résection

chirurgicale

Schéma 6: DiagnosticdeDirofilaria immitis et d‘autres filaires chez le chien

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Diagnostic chez le chat

• Lamiseenévidencedesantigènescirculantsdesfilairesfemellesadultespeutapporterla preuved’uneinfestationchezlechat.Iln’estcependantpasrared’observerdesfaux-négatifs chezlechat,lapopulationdefilairesadultesinfestantl’animalétantengénéraltrèsfaibleou uniquementcomposéedefilairesmâles,ouencoreparcequelessymptômesobservéssont uniquementdusàlaprésencedesformesimmatures.

• Ladétectiondesmicrofilairesdanslesangdeschatsinfestésestlaplupartdutempsimpossible.

Traitement de la dirofilariose cardio-pulmonaire (D. immitis) chez le chien

Lamélarsominedemeurelaseulemoléculeefficaceàl’encontredesadultesdeD. immitis.

Élimination des filaires adultes

Leprotocolestandardconsisteenl’administrationde2dosesde2,5mg/kgdemélarsomineà 24heuresd’intervalle,parinjectionintramusculaireprofonde,enrégionlombaire.Chezleschiensfortementinfestés,cetraitementdoitêtreplusprogressifafinderéduirelerisquedethrombo-embolie pulmonaire : après une injection initiale, le protocole standard (2 injections à 24 heures d’intervalle)estmisenœuvre30joursaprèslapremièreinjection.Ilaétémontréqu’uneinjectionuniquedemélarsomineàladosede2,5mg/kgpermetd’éliminerenviron50%delapopulationparasitairetotale.AuxÉtats-Unislerecoursautraitementprogressif(unepremièreinjectionsuivie,unmoisplustard,d’untraitementadulticidecomplet)estmaintenantrecommandéquelquesoitlenombredefilairesetquellequesoitl’intensitédessignescliniqueschezlechien(AmericanHeart-worm Society).

Lerisquedecomplicationspeutêtrelimitéenréduisantl’activitéphysiquedel’animal.L’administrationd’héparineetdefortesdosedeglucocorticoïde(prednisolone:2mg/kg/j,pendant4-5jours)permetégalementderéduirelessignescliniquesassociésàlathrombo-embolie.

Uneinterventionchirurgicalepeutêtreutilelorsquedenombreusesfilairesontatteintlescavitésducœur droit et sont à l’origine de l’apparition brutale d’un « syndrome de la veine cave ». La chirurgie est réalisée sous anesthésie générale, à l’aide d’une pince flexible introduite par la veine jugulaire souscontrôlefibroscopique.Cettevoiepermetunaccèsverslescavitéscardiaquesdroitesmais également vers les artères pulmonaires principales.

Unreposdedécrochagependantaumoins2-4semainesestindiquépourtousleschienssous traitement.

Élimination des microfilaires

Ilestrecommandédemettreenplaceuntraitementcontredesmicrofilairesauplustôtunmoisaprèsletraitementadulticidecomplet.Leslactonesmacrocycliquessontactivescontredesmicrofi- laires.Aveclesfaiblesdosesutiliséesdanslecadredelaprophylaxie,l’éliminationdesmicrofilaires estpossiblemaissefaitsurunetrèslonguepériode(9à12mois).

Traitement de la dirofilariose D. immitis chez le chat

Letraitementadulticiden’estpasrecommandéchezlechatdufaitd’unrisquetropélevéde thrombo-embolieetdemortbrutaledurantlapériodepost-traitement.

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Siuntraitementestquand-mêmeenvisagé,untraitementàdosesdégressivesdeprednisolonedoitêtreutiliséchezlechatpouréviterunedétresserespiratoire,ladoseinitialeétantde2mg/kg,unefoisparjour.

Traitement de l’infestation par D. repens

Aucuntraitementefficacen’aétédécrit.Lesnodulescontenantdesfilairespeuventêtreretiréschi-rurgicalement. En cas de lésions inflammatoires résultant d’une sensibilisation, un traitement à base de doxycycline peut être envisagé pour réduire les réactions inflammatoires associées aux bactéries Wolbachia.

Prévention

Prévention des dirofilarioses chez les chiens et chats qui voyagent

Letraitementpréventifdevracommencerdanslemoisquisuitl’arrivéedel’animalenzoned’enzootieetêtrepoursuivimensuellement.Letraitementpréventifindiquéestletraitementlarvicideàbasedelactonesmacrocycliques(voirci-dessous).Pourlesanimauxséjournantmoinsd’unmoisenzoned’enzootie,unseultraitement,engénéraljusteaprèsleretouràlamaison,estsuffisant.

Prévention des dirofilarioses chez les chiens et chats dans les zones d’enzootie

L’administrationmensuelled’unelactonemacrocycliquedurantlasaisonàrisque,permetd’éliminerles larves de D. immitis,quisesontdéveloppéesdansles30joursprécédents,empêchantainsil’apparition de la maladie causée par les nématodes adultes.

Dansleszonesd’enzootie,ilestconseillédetestertousleschiensaudébutdechaquesaisonàrisque,danslebutd’identifierlesanimauxinfestéspardesfilairesadultes,suiteàunéchecdes mesures de prévention de la saison passée.

Avantdemettreenplaceuntraitementprophylactique,destestsdedétectiondesantigènesdefilaires adultes et d’observation des microfilaires de D. immitis ou de D. repensdoiventêtreeffectués.

Ilexiste,parailleurs,destraitementsinsecticidespermettantdelimiterlenombredepiqûresdemoustiquesvecteurs.Cestraitementsnesontengénéralpassuffisantspourprévenirlatransmissiondes filaires.

Santé publique

En Europe, D. repensestleprincipalagentdesinfestationshumainesparlesfilaires.Danslaplupartdescas,l’infestationdemeureasymptomatiqueetnenécessitedoncpasdetraitement;lediagnosticest souvent établi après le retrait chirurgical d’un nodule contenant des filaires adultes.

L’infestationdel’Hommepar D. immitisestpossiblemaisplusrare.Ellesetraduitclassiquementparlaformationdenodulespulmonairesisolés.

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2.3. LES AGENTS PATHOGÈNES TRANSMIS PAR LES PUCES

2.3.1. La bartonellose

Agents et vecteurs

L’espèce la plus importante dans le cadre de ces recommandations est la bactérie Bartonella henselae,connuecommel‘agentcausantlamaladiedesgriffesduchat(CatScratchDisease,CSD)de l‘homme.

Les chats sont le principal réservoir, entre autres pour B. henselae et B. clarridgeiae. Les vecteurs pour de nombreuses espèces de Bartonella, comme B. henselae, sont les puces, en particulier le puce du chat, Ctenocephalides felis felis. Bartonella spp. ont aussi été trouvés dans d‘autres arthropodes hématophagescommelestiquesetlesmouches,maisdontlerôledanslatransmissionn‘estpasclairà ce jour.

Danslagrandemajoritédespersonnesatteintesdelamaladiedesgriffesduchat,delapéliosebacillaire ou de l‘angiomatose bacillaire, B. henselae et B. quintana ont été détectés comme agents infectieux.Surlabasedetestssérologiques,B. clarridgeiae a été suspectée comme agent causal d’unemaladieressemblantfortementcelledelamaladiedesgriffesduchat.

Biologie et modes de transmission

Les Bartonella sontdesbactérieshémotrophe,facultativementintracellulairesdanslesglobulesrouges et les cellules endothéliales. Chez le chat, le pathogène a été détecté dans le sang et dans les griffesetdeséchantillonsdesalive.Lemodedetransmissionexactede B. henselae n‘est pas encore précisémentélucidé.Crucialpourl‘infectionestlecontactaveclespucesetleursexcréments.Danslesfècesdepucesinfectées,l‘agentpathogènepeutsurvivreetrestercontagieuxjusqu‘àneufjours.Pouruneinfectionhumaine,desblessuressuiteàdesgriffesoudesmorsuresdechatsjouentunrôledécisif.Uneautrevoiedetransmission(iatrogène)pourraitêtrepartransfusionsanguine.

Répartition géographique en Europe

L‘agent pathogène B. henselaeainsiquesonvecteurprincipalC. felis felis sont distribués dans le mondeentier.Laprobabilitélaplusélevéed’uneinfectionà Bartonella est chez les chats de moins dedeuxans,chezleschatserrantsainsiquechezlesménagesàplusieureschats.Lafréquencededétection de Bartonella varie selon les populations de chats et dépend de la méthode diagnostic utilisée.

Signes cliniques chez le chien

LaplupartdesinfectionsàBartonellaspp.chezleschatssontasymptomatiques.Généralement,unebactériémiesedévelopeuneàtroissemainesaprèsl‘infectionetpersisteàniveauchroniquejusqu‘à21mois.Lessignescliniques,eux,nesedéveloppentnormalementquechezleschatsimmuno-déprimés:fièvre,lymphadénopathie,gingivite,uvéiteetendocardite;uneanémietransitoireetuneéosinophilie persistante ont aussi été décrits. Un rapport avec les maladies de l‘appareil urinaire ainsi qu’avecuneréductiondelaperformancedereproductionaégalementétédémontré.

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Diagnostic

Procédure de diagnostic recommandée: 1)Présencedesignescliniquespouvantêtreassociésàunbartonellose.

2)Exclusiond’autrescausesenrelationavecl‘imagecliniqueactuelle.

3) Tests de laboratoire:

a)Hémocultureentantqueteststandardpourlabartonellose.Alternativement,détectionde l‘ADNde Bartonelladanslesang,lestissus,leliquidecéphalorachidienoul‘humeuraqueuse parPCR.

b)Sérologiepositiveenviron10joursàdeuxsemainesaprèsl’infection.Unrésultatsérologique positifsindiqueseulementquelechatadéjàétéencontactavecBartonellaspp.Undiagnostic sérologiquenepeutdoncqu’êtreàlabased‘uneétuderépétée(sérumsappariés).

4. Traitement de diagnostic par rapport à Bartonellaspp.avecunantibiotiqueefficace.Cepen- dant,cesantibiotiquesàlargespectrepeuventégalementagirsurd’autresagentsinfectieux, ainsi, le diagnostic de la bartonellose n’est pas toujours évident.

Traitement

Unethérapieaveclesmédicamentsactuellementdisponiblesréduituniquementlabactériémie,maisn’arrivepasàcomplètementéliminerl‘agentpathogène.Letraitementn’estdoncrecommandéquepourleschatsquiprésententdessymptômescliniqueset/ouquiontuncontactaveclespersonnesimmunodéprimées.

Mesuresthérapeutiquespossibles:•amoxicilline-acideclavulanique22mg/kgp.o.toutesles12heurespendant7jours

•doxycyclineàladosede10mg/kgtoutesles12ou24heurespendant2-4semaines

•enrofloxacineàladosede5mg/kg1xparjourpendant2-4semaines.

Sil’animalréagiàlathérapie,celle-cidevraitêtrepoursuivieaumoinspendant28joursouprolongéependant2semainesaprèsladisparitiondessymptômes.

Silechatcontinuedemontrerdessignescliniquesaprès7jours:•azithromycine10mg/kgp.o.1xparjourpendant10jours

Danscecaségalement,letraitementdoitêtrepoursuivijusqu‘àdeuxsemainesaprèsladisparitiondessymptômes.

Prévention

Lesmesuresprimairespourlapréventiondel‘infectionàBartonella spp. sont: - protectionefficacecontrelespuces

- traitementdetouslesanimauxinfestéspardespucesetbonnehygiènechezcesanimaux traitésafindeminimiserlacontaminationdel’animaletsonenvironnementaveclesexcré- ments de puces (voir recommandation ESCCAP no. 3: La lutte contre les ectoparasites chez les chiens et les chats).

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1Etroitementapparentéauvirusdel‘encéphaliteàtiques2Leplusfréquentchezdeschiensdebergerouchiensdechassependantleur„travail“3 Appartient au complexe de l’encéphalite japonaise4VWNaétéassociéavecdesmaladiessporadiquesdansquelques‚autresespèces,ycomprischiensetchats,pendant les périodes de circulation intense du virus

Infection Agent causatif hôte(s) vecteur(s)

Encéphalite européenneàtiques(TBE)

VirusTBE (flavivirus)

Chiens,humains,chevaux;réservoirs: rongeurs,oiseaux,renards,ruminants; pas chez les chats

Ixodes ricinus

Louping-ill VirusLouping-ill1 (flavivirus)

Maladie naturelle, en particulier chez les ovinsetfoulques;occasionnellementchezles chiens 2, humains, chevaux, porcs, bovins,chèvres,cerfsdansdesenclos; pas chez les chats.

Ixodes ricinus (éventuelle-ment d‘autres moyens de transmission)

VirusduNil occidental

VirusWestNile(VWN)3 (flavivirus)

Chevaux, humains, chiens et chats 4; réservoir: oiseaux

Culex spp. et d‘autres Moustiques(VWNaaussiétéisoléchezdestiques)

Tableau 6a :VirusàtransmissionvectoriellechezleschiensetleschatsenEurope

Danslesménagesavecdespersonnesimmunodéprimées,desprécautionsparticulièresdoiventêtrerespectées:• N’acquérirquedesnouveauxchatsâgésdeplusd’uneannée,libresdepucesainsiquenégatifs pour Bartonella dans un test de laboratoire.

• Leschatsdevraientalorsêtrecontenusdanslamaisonouavecaccèscontrôléàl’extérieur.

• Evitertouteblessureduesàdesgriffagesouàdesmorsuresdechats.Sicelles-ciseproduisent, ellesdoiventêtreimmédiatementlavéesetsoigneusementdésinfectées.

Santé publique

Latransmissionàl‘hommesefaitparcontactavecdeschatsinfectésmaisnon-symptomatiques(pargriffuresoumorsures).Unetransmissionàlabased’excrémentsdepucesquientrentencontactavecdes lésions cutanées est possible.

L‘infectionparB. henselae chez l‘homme ne mène pas toujours à la maladie. Si la maladie se dé-veloppe,celle-cisemanifestedifféremmentchezlespersonnesimmunocompétentesquechezlesimmunodéprimées:- Chezlesimmunocompétents,onretrouvenormalementlaformeclassiquedelamaladiedes griffesduchat(maladiedesgriffesduchat,CDD)avecdespustulessurlesitedel‘infection, lymphadénopathierégionale,laformationd‘abcès,etpeut-êtredelafièvre.Laplupartdescas desimpleCDDsontspontanémentrésolutifs,maispeuventdurerjusqu‘àunecicatrisation complètequipeutdurerdesmois.Cesformesneréagissentquefaiblementoupasdutoutàla thérapie antimicrobienne.

- Chezlespersonnesimmunodéprimées,ilyabeaucoupplusdecomplications,commeune péliosebacillaire,uneangiomatosebacillaire,uneendocardite,etdesencéphalopathiespeu- ventsedévelopper.Danscescas,untraitementanti-microbienestefficaceetindiqué.

2.4. LES AGENTS PATHOGÈNES VIRAUX TRANSMIS PAR DES VECTEURS

CesinfectionsnesontpaspertinentesdanslecabinetvétérinaireenSuisse,maisunaperçuest présenté dans le Tableau 6a, b et c.

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Infection Pays avec des cas signalés

Encéphalite européenne à tiques(TBE)

Suède,Norvège,Suisse,Autriche,Allemagne,RépubliqueTchèque,ItalieduNord,EstdelaFrance,Grèce

Louping-ill Royaume-Uni,Irlande¹

VirusduNiloccidental Jusqu‘àprésent,aucunrapportdecascliniqueschezleschiensetleschatsenEurope.Au cours des deux dernières décennies, des vagues d‘épidémies ont été rapporté-eschezd‘autresespècesdansdifférentspayseuropéens².Europejusqu‘en1999:http://www.cdc.gov(Volume5No.5EmergingInfectiousDiseases,publiéSeptembre-Octobre1999)

Tableau 6b : Répartitiondelatransmissionvectorielledesinfectionsviraleschezleschiensetleschats en Europe

¹Unvirusquiprovenaitprobablementd‘unisolatdeLouping-Illbritanniqueacausédesmaladieschezlebétailet leshumainsenNorvège.Desvirusdifférents,maisétroitementliésontégalementétédétectéschezdesovinsoude caprinsmaladesdansd‘autrespayseuropéenscommel‘Espagne,laTurquie,laGrèceetlaBulgarie.²Roumanie(humains,1996-97),Républiquetchèque(humains,1997),Italie(chevaux,1998),France(chevaux,1962, 2000, 2006), Portugal (chevaux, 2010)

Infection Aspect clinique

Encéphalite européenne àtiques

Suraiguëmortelle(3à7jours),aiguë(1à3semaines),chronique-asymptomatique(mois)¹;lesRottweilerssontapparemmentsurreprésentésdanslescasdeTBErapportés.Fièvre²,léthargie,dépression,anorexie,possiblementencéphalitegraves:signesneurolo-giquesmultifocaux,ycompriscrisesmyocloniques,paralysie,engourdissement,hyperest-hésie,déficitsdesnerfscrâniensetréductiondesréflexesspinaux.

Louping-ill Encéphalomyéliteviraleaiguë,maispeutégalementêtreasymptomatique¹,Tremblements musculaires, spasmes, ataxie, fièvre, dépression, paralysie. Le virus Lou-ping-IlIestprincipalementassociéàdesmaladieschezlesovins,bovinsoudeshumains,lamaladieaégalementétésignaléechezdeschevauxdansleszonesLIV.Desinfectionschezlesanimauxdomestiquesonsurtoutétésignaléesparmislesîlesbritanniques,maisonpeuts‘yattendreaussidansd‘autrespaysendémiquesI. ricinus.

VirusduNiloccidental Lamaladiecliniquechezleschiensesttrèsrare(seulementcinqcassignalésauxÉtats-UnisetenAfrique).Fièvre,léthargie,anorexie,dessignesneurologiquesprogressifs,ycompris démarche raide, ataxie, paralysie, tremblements, troubles du comportement et troublesderéflexproprioceptif.

Tableau 6c : Lesmanifestationscliniquesdesinfectionsviralestransmisespardesvecteurschez les chiens

¹L‘infectionparlesflavivirusetlaséroconversionsansinfectionapparentesontfréquentes.²Chezlechien,ledéveloppementendeuxphases,commeilaétédécritchezl‘homme,n‘existepas.

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Annexe: Contexte de l’ESCCAP

L’ESCCAP (European Scientific Counsel Companion Animal Parasites) est une association indépen-dantedevétérinairesparasitologues,dontl’objectifestdeformulerdesrecommandationspourlalutte contre les parasites chez les animaux de compagnie. Ces recommandations sont destinées à préserverlasantédeschiensetdeschats,protégerlespersonnesdeszoonoses(maladiesinfecti-eusestransmissiblesdel’animalàl’Homme)etainsiaméliorerlacohabitationanimaleethumaine.Àlongterme,l’ESCCAPapourobjectifderéduirel’importancedesparasites,pourlespetitsanimauxetl’Homme,enEurope.

Les parasites présents en Europe sont nombreux et leur importance variable. Les recommanda-tionsESCCAPeuropéennestiennentcomptedesdifférentessituationsrégionalesetnationalesetlesabordentdemanièreglobale.Làoùcelas’avèrenécessaire,ellesmettentenévidencecesdiffé-rences régionales importantes et proposent des recommandations nationales adaptées.

ESCCAPconstatequedanslaluttecontrelesparasites:

• Lespropriétairesassumentlaresponsabilitédeprendredesmesuresefficacespourprotéger leursanimauxdomestiquescontreuneinfestationparasitaire.Lesvétérinairesetleurperson- nelontpourtâched’assisterlespropriétairespartouslesmoyens.

• Lesvoyagesàl‘étrangeravecdeschiensetdeschats,toutcommeleurimportation,aug- mententlerisqued‘introductiondeparasitoses.Lesvétérinairesetlespropriétairesassument cetteresponsabilitéetdoiventprotégerlesanimauxdecesrisquesainsiquedeleursconsé- quences.• Lespropriétairesd’animaux,lesvétérinairesetlesmédecinsdoiventcollaborer,afindeveiller àcequelespersonnessoientprotégéescontrelesparasitesetleursconséquencessurla santé.

• Lesvétérinairesetleurpersonnelontledevoird’informerlespropriétairessurlesparasites etleursrisques,ainsiquesurlesmesuresthérapeutiquesetpréventives.Ilsdoiventégale- mentencouragerlespropriétairesàassumerlaresponsabilitéqu’ilsportent,surleursani- maux et leur entourage.

• Lesvétérinairesontledevoird’identifieruneinfestationchezleschiensetleschats,pardes moyensappropriés,afindeprendre,lecaséchéant,desmesuresprotectricesefficacespour l’Hommeetl’animal.

Les deux versions sont disponibles sous www.esccap.org et www.esccap.ch.

Clausedenon-responsabilité:Lesdonnéesdecesrecommandationssontfondéessurl‘expérienceetlesconnaissancesdesau-teurs.Ellesontétésoigneusementcontrôléesdansleurexactitude.Lesauteursetl‘éditeurdécli-nentcependanttouteresponsabilitéquantauxconséquencesduesàunemauvaiseinterprétationdecesinformationsetnefournissentenaucuncasdegarantie.ESCCAPattireparticulièrementl’attentionsurlefaitqueleslégislationsnationalesetlocalesdoiventtoujoursêtrerespectées,lorsde la mise en place de ces recommandations.

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Lestravauxdel´ESCCAPsontàbutnonlucratifetconduitsgrâceàdesparrainages. Nousadressonsnospluschaleureuxremerciementsà:

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éditeur:ESCCAP Europe

Malvern Hills Science Park, Malvern Worcesterhire, WR14 3Sz, united Kingdom

Traduction et adaptation suisse de la version originale anglaise du Guide ESCCAP no 5:

Control of Vector-borne Diseases in Dogs and Cats, avec l’aimable permission d’ESCCAP.

Contact ESCCAP Suisse:fp-consulting

Ausstellungsstrasse 36CH-8005 zürich

Tél: +41 44 271 06 00fax: +41 44 271 02 71

E-Mail: [email protected] Web: www.esccap.ch

En coopération avec

ESCCAP Company no: 5821601 Registered in England and Wales Registered office: Granta Lodge, 71 Graham Road, Malvern, Worcestershire, WR14 2JS, united Kingdom

La lutte contre les agents pathogènes vectorisés chez le chien et le chat

Adaptation du Guide de recommandations ESCCAP no. 5 pour la Suisse, février 2013