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4 e Rencontres Internationales « Des Bêtes et des Hommes » Organisées par le Calhiste (EA 4343) sous la direction scientifique de Corinne Beck et Fabrice Guizard Les animaux sont dans la place La longue histoire d'une cohabitation Jan Victors, Intérieur de cuisine (fin XVIIe s.) 11-12 mai 2017 Bâtiment Matisse Amphi 150, Le Mont Houy, 59313 Valenciennes cedex.

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4e Rencontres Internationales « Des Bêtes et des Hommes » Organisées par le Calhiste (EA 4343)

sous la direction scientifique de Corinne Beck et Fabrice Guizard

Les animaux sont dans la place

La longue histoire d'une cohabitation

Jan Victors, Intérieur de cuisine (fin XVIIe s.)

11-12 mai 2017 Bâtiment Matisse Amphi 150,

Le Mont Houy, 59313 Valenciennes cedex.

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11-05 : L’intolérable promiscuité 10h15

Chiens errants : de la tolérance à l’éradication (Mexico, XVIIIe siècle) Arnaud Exbalin Mots-clés : chiens errants, Mexico, nuisibles, épidémies, environnement, police Cette communication vise à saisir la relation homme-animal domestique en milieu urbain au XVIIIe siècle. L’animal dont il est ici question est le chien qui possède cette faculté de passer d’un état de domestication avancée à un état sauvage ce qui fait du chien un point d’observation idéal pour étudier les rapports entre société et nature. Dans la ville de Mexico, alors la plus grande ville américaine et capitale de la vice-royauté de la Nouvelle Espagne, les chiens errants ou semi-errants abondent. Certains chroniqueurs estiment qu’ils sont plus de 30 000 pour une population de 120 000 habitants. A l’exception des églises et des cimetières d’où ils sont chassés par un perrero, ils sont tolérés dans les espaces publics. On les trouve en grand nombre, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, dans les rues, sur les places et à proximité des marchés. Leur présence est acceptée car les chiens jouent un rôle essentiel de nettoyeur (détritus divers et charognes) dans une cité où les services de collecte des ordures ne sont alors guère développés. En outre, ils constituent une présence et une compagnie rassurantes pour les nombreux vendeurs ambulants qui peuplent la ville d’autant que la rage est une maladie quasi inexistante sur les hauts plateaux mexicains. Pourtant, dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, les chiens de rue vont progressivement cristalliser les peurs urbaines (maladies, mœurs corrompue, démographie incontrôlée, nuisances diverses..) et faire l’objet d’une réglementation coercitive avant d’être éliminés en masse à partir des années 1790 : 34 000 chiens sont supprimés en quelques années. Pour les chiens semi-errants (i.e qui ont un propriétaire mais qui vaquent librement), la relation homme-animal sera désormais pensée en termes de laisses et de chenils. Notre communication entend comprendre ce moment de basculement entre une cohabitation relativement harmonieuse entre les habitants et les chiens errants et un côtoiement intolérable du point de vue des autorités. Dans la lignée d’une histoire des sensibilités, les études existantes sur le sujet mettent l’accent sur l’abaissement du seuil de tolérance des élites locales influencées par la percée des idées des Lumières européennes. Cette approche doit selon nous être complétée par une approche plus attentive à la matérialité de l’environnement urbain et aux réformes dont la ville est alors l’objet. D’une part, les tueries de chiens de la fin du XVIIIe siècle sont activées à des moments de prolifération des populations canines consécutives à des crises (épidémies, famines, inondations) ; d’autre part, elles ont lieu au terme d’un processus de perfectionnement du système de collecte des ordures. Dès lors, quelle utilité pouvait alors avoir aux yeux des autorités des chiens dans une ville devenue propre ? Ce faisant, notre travail se trouve à la croisée d’une histoire des relations homme-animal et d’une histoire environnementale en plein essor. Université Paris Nanterre Mondes Américains (UMR 8168/EHESS) [email protected] 66, Bd National 92 000 Nanterre 0673053571 ou 0147216141

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11-05 : L’intolérable promiscuité 10h45 L'émergence d'un nuisible, peste et recomposition des communautés « anthropocanines » (Marseille, 1720-1759) Emmanuel Porte Mots-clés : chiens, peste, nuisances, ville, convivance

Nombre de récits relatant la peste de Marseille dépeignent la période en recourant à des images cauchemardesques au premier rang desquelles se retrouve systématiquement la gente canine. Telles des métonymies du fléau, les chiens errants font l'objet de représentations qui stimulent tout à la fois un imaginaire négatif et des pratiques inédites. Paradoxalement, il faut attendre la seconde moitié du XVIII

e siècle pour que le contrôle de ces animaux soit pleinement pris en charge par la municipalité. Plus encore, la première ordonnance marseillaise exclusivement consacrée à la question, datant de 1759, éclaire la problématique sans pour autant faire référence à l’épisode de peste. À la même époque, fleurissent en de multiples lieux des mesures similaires. Le cas marseillais est-il alors à placer uniquement dans cette dynamique générale ou est-il l’aboutissement d’un processus parallèle lié à l’épidémie ? Une étude des récits du fléau ainsi qu’une attention portée aux archives de police de la période orientent la réflexion vers cette seconde hypothèse. De nouveaux équilibres entre populations humaines et canines semblent en effet se manifester entre 1720 et 1759 conduisant à la recomposition des communautés « anthropocanines » (D. Guillo).

Dans un premier temps, face à la peste de Marseille, des pratiques populaires et des représentions mettent en lumière un imaginaire du chien perçu comme vecteur du fléau, comme être à exterminer. Pour autant, aucune réglementation ne donne suite à cette impulsion. Il faut attendre la période allant de 1729, évocation secondaire de la question du chien dans une ordonnance, à 1759, pour que la municipalité prenne en charge pleinement la problématique. A terme, le chien apparaît comme un nuisible à contenir. Cerner une continuité entre ces deux étapes nécessite d’analyser la période qui les sépare. La nouvelle donne démographique liée à la forte mortalité provençale et à l’immigration vers Marseille semble alors propice à l’afflux de chiens en quête d’alimentation ou suivant leur propriétaire. De nouveaux équilibres urbains s’illustrent entre populations humaines et canines. De nouvelles appréhensions de l’espace, des formes de convivance inédites sont alors sources de litiges qui s’articulent autour de la figure du chien. Ainsi, de 1720 à 1759, se manifestent des évolutions dans les relations qu’entretiennent les hommes et les chiens dans la ville de Marseille. Une partie de la gente canine y est progressivement considérée comme nuisible tant aux yeux des habitants que de la municipalité. Certes, ces nouvelles préoccupations ne sont pas spécifiques à la réglementation marseillaise, semblable aux mesures prises par d’autres municipalités. La cité phocéenne présente toutefois une originalité à travers l’irruption de l’épidémie qui éclaire un encadrement devenu nécessaire. Si dans d’autres villes étudiées dans l’historiographie, ce rôle est joué par la peur de la rage, l’hydrophobie n’apparaît à Marseille que comme une justification tardive et secondaire. Cette étude de cas souligne alors la nécessité de prendre en compte les particularités locales pour cerner au mieux l’émergence de la problématique canine dans les municipalités du XVIIIe siècle. Plus encore, l’attention portée à Marseille invite le chercheur à croiser des phénomènes démographiques et socioculturels avec des processus écologiques - évolution des populations, quête des ressources, coactions interspécifiques. Une telle approche permet finalement de cerner au mieux l’évolution des relations et des communautés anthropozoologiques.

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11-05 : L’intolérable promiscuité 11h15 La place des animaux domestiques confrontés à la rage en France dans la seconde moitié du

XIXe siècle. Nicolas Baron Mots-clés : Point de vue animal – Rage – Exclusion – Abattage – Agentivité animale Cette proposition vise à mettre en évidence, à partir du vécu des animaux, les bouleversements, provoqués par la survenue de la rage, dans la place qu'occupe la faune domestique au sein des espaces qu'elle partage avec les hommes. Reprenant le concept de « point de vue animal » développe récemment dans plusieurs disciplines (éthologie, philosophie, histoire...), cette proposition se fonde sur le croisement des sources habituelles de l'historien, archives en premier lieu, avec les savoirs des sciences de la santé et du comportement des animaux. Au XIX siècle, dans l'ensemble de la France métropolitaine, les mammifères vivant aux côtés des hommes (chiens, chats, chevaux, ânes, bovins, ovins, caprins, porcs) se trouvent sous la menace de la rage. Cette maladie virale provoque des troubles majeurs chez l'animal infecté et se conclut inévitablement par sa mort. Chaque année mais avec des variations sensibles selon les périodes, ce sont des centaines d'animaux, chiens en tête, qui sont affectés par le virus rabique à la suite d'une morsure et qui transmettent celui-ci à leurs congénères ou à d'autres espèces, hommes compris. Cette contamination se produit dans les lieux, publics comme privés, fréquentés conjointement par les hommes et les animaux. Ces derniers manifestent, dans ces espaces, un comportement inhabituel et dangereux (intrusion ou fuite, agressivité...) aux yeux de leurs congénères et des hommes. Les conséquences sanitaires, économiques et psychologiques de cette zoonose sont telles que les hommes adoptent diverses mesures de prophylaxie sanitaire. L'objectif est de réguler la présence de la faune domestique, potentiellement nuisible, dans les espaces partagés. Les animaux enragés ou susceptibles de l'être subissent ainsi diverses mesures (séquestration, port de la muselière, sortie avec la laisse, abattage parfois massif, etc) qui sont de plus en plus rigoureusement appliquées par les hommes mais qui varient selon les espèces et selon la valeur économique ou sentimentale de l'individu. Les animaux ne restent pas sans réagir face à ces pratiques humaines. Ils tentent ainsi de s'enfuir des lieux de confinement, de pénétrer dans les endroits interdits, de se débattre, d'ôter les objets qui les contraignent et vont même parfois jusqu'à user de la violence (morsures, coup de tête ou de pied, etc). Ces formes de résistance individuelle qui témoignent d'une agentivité animale, c'est-à-dire d'une capacité à agir de façon autonome, restent relativement limitées en raison de leur statut d'animaux domestiques. Au final, le péril de la rage a contribué, au XIX s., à redéfinir la présence de ceux-ci, en particulier les chiens, dans les espaces qu'ils partagent avec les hommes, les animaux subissant un contrôle accru et donc une restriction de leur liberté. Professeur agrégé d'histoire-géographie, doctorant en histoire (Larhra – Lyon III). Kerroz - 29520 Châteauneuf-du-Faou [email protected] 02-98-26-57-42 / 07-80-56-75-95

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11-05 : Le sauvage dans l’espace humain 14h00 Le Castor est dans le fleuve Rémi Luglia Mots-clés : Castor d’Europe ; cohabitation ; histoire éco-éthologique ; faune sauvage ; tensions hommes-nature

Le cas du castor d’Europe (Castor fiber) est particulièrement riche de sens pour l’historien et permet de révéler efficacement, par des études empiriques, la transformation de l’assemblage homme-nature au fil du temps. Les spécificités de l’éco-éthologie du castor (ce n’est pas un prédateur ; il adapte son environnement à ses besoins) et de son histoire (animal à la fois utile et nuisible ; disparition quasi-

totale initiée au moins depuis le XIIe s., protection fin XIXe ‑ début XXe s. puis retour et relative acceptation sociale) incitent à compléter une approche classique et anthropocentrée de l’histoire de l’animal, qui croise les dimensions scientifiques, culturelles, sociales et politiques, par des questionnements environnementaux, écologiques et éthologiques qui se fondent sur des propositions épistémologiques actuelles (histoire environnementale et agentivité animale). Seule à permettre de saisir la réciprocité des relations, cette démarche permet de mieux comprendre les phénomènes à l’œuvre entre les hommes et les animaux. La question de la cohabitation est au cœur de l’histoire du castor. D’abord chassé pour les produits qu’il procure à l’homme (fourrure, castoréum, chair), le castor, une fois raréfié, est jugé nuisible car gênant les aménagements humains (barrages qui inondent, terriers qui fragilisent les digues) : ses derniers représentants, pourtant réfugiés loin de l’homme, sont traqués. Les logiques de patrimonialisation de la nature à l’œuvre à la fin du XIXe s. transforment les regards humains et permettent la sauvegarde des derniers individus, néanmoins toujours considérés comme « nuisibles ». Une nouvelle phase historique va alors s’ouvrir pour le castor : celle de son retour, naturel mais aussi par de nombreuses opérations de réintroduction, et ce dans toute l’Europe. La question de la cohabitation des hommes avec cet animal sauvage se pose alors avec une acuité croissante, à la fois en reprenant des points de vue hérités des périodes précédentes mais aussi selon des termes tout à fait neufs. La communication se concentrera sur cette question en examinant les volontés et les pratiques des différents acteurs dans leur temporalité, à partir de sources inédites et de recherches en cours, car la confrontation des opinions produit des assemblages singuliers et évolutifs, des dialogues originaux.

À cet égard, on peut noter deux phénomènes socio-environnementaux. D’abord les problèmes de cohabitation se posent avant tout sur les petits cours d’eau, bien davantage que sur les rivières et les fleuves, car le castor est alors au contact direct des habitants et de leurs usages des rives (sylviculture, jardins, plantations, promenades, etc.). L’irruption du sauvage protégé dans l’espace vécu des hommes s’accompagne de frictions et oblige les hommes à redéfinir leurs visions et leurs pratiques : le castor semble être ainsi en mesure de conduire, voire de contraindre, l’homme à reconfigurer ses espaces, ses pratiques spatiales et ses aménagements. Second constat, il faut communément une dizaine d’années pour que la présence du castor cesse d’être une source de conflit : c’est le temps d’adaptation de nos sociétés au retour de ce sauvage-là. On peut théoriser ce temps en trois phases :

1) Protestation initiale et rejet du retour (découverte et refus de l’intrus, du gêneur par les riverains directement concernés par les dégâts). 2) Mise en œuvre de mesures d’adaptation, variables selon l’époque, le lieu et les acteurs (conciliation et recherche de solutions de cohabitation). 3) Acceptation de la présence (le castor fait partie de l’environnement considéré comme habituel ; il est valorisé par la majorité de la population et des acteurs locaux).

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11-05 : Le sauvage dans l’espace humain 14h35 L’eider à duvet : un canard ni sauvage, ni domestique Jørn Riseth Mots-clés : eider à duvet, cohabitation homme/animal, domestication, communauté hybride, littérature enfantine. Sur les côtes de la Norvège du Nord, il existe depuis des centaines d’années une rare relation de réciprocité et de respect mutuel entre l’Homme et l’eider à duvet. Afin de pouvoir ramasser le précieux duvet de ces canards plongeurs, les habitants des côtes les invitent à vivre en communauté avec eux pendant quelques semaines de l’année. C’est la menace des prédateurs qui incite l’eider à s’approcher de l’Homme. La présence humaine fait fuir les prédateurs et c’est ainsi que les fermes sur les côtes sont entourées par des colonies d’eiders nichant parfois tout près des maisons. Pour protéger celles-ci, on construit aussi des abris en bois ou en pierre où les femelles peuvent s’installer dès le printemps. D’une année à l’autre l’eider revient souvent sur le même site pour couver. La cohabitation avec l’Homme ne dure que pendant une période du début de l’été où les eiders femelles couvent. Cette vie en commun n’est donc pas définitive, mais périodique. Après l’éclosion des couvées, les femelles quittent les nids et amènent les oisillons vers l’eau où ils commencent à s’alimenter. Pour les propriétaires des fermes le moment de la récolte du duvet est arrivé. Le duvet de l’eider représentait autrefois une ressource importante, étant donné qu’il se vendait à des prix très élevés pour faire des couettes. Depuis 1940 l’activité liée au ramassage de duvet a perdu de l’ampleur, mais dans l’archipel de Vega dans la région de Nordland les traditions se maintiennent. Les eiders à duvet ne sont donc des animaux ni domestiques, ni vraiment sauvages, ce qui peut nous amener à remettre en question les catégories qui ont servi à décrire le développement de la société agricole. L’histoire de la domestication des animaux est une étape de notre histoire culturelle qui souvent écrite en termes de domination et de contrôle, mais l’exemple de la relation entre l’Homme et l’eider rompt avec la vision dominante de la domestication. Premièrement, ma contribution visera à expliquer comment la cohabitation entre l’eider à duvet et l’Homme est organisée. Deuxièmement, elle cherchera à discuter la question de savoir si la notion de domestication est appropriée pour qualifier cette tradition, et aussi d’explorer comment le partage des lieux peut contribuer à faire évoluer notre imaginaire de l’animal. Troisièmement, la communication aura comme objectif de montrer comment la tradition de cohabiter avec l’eider a donné lieu à une création artistique, notamment dans le domaine de la littérature enfantine. Huit petites histories pour enfants de Trine Gansmoe publiées sous le titre Eli og Emriks eventyrlige sommer på Lånan serviront d’exemples. Maître de langue de norvégien, Université de Caen Normandie. Doctorant de l’école doctorale HMPL 558 Histoire, Mémoire, Patrimoine, Langage. [email protected] / 06 68 15 71 22 Adresse postale : 4, rue de Jarente, 75004 Paris

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11-05 : Le sauvage dans l’espace humain 15h00 Gust (v. 1952-1988) Regards microhistoriques sur les espaces partagés et la séparation hommes-animaux au zoo. Violette Pouillard

Mots-clés: zoos, animaux sauvages, habitat, distance, hygiénisme.

A travers un essai biographique portant sur Gust (v. 1952-1988), le gorille (Gorilla gorilla gorilla) le plus célèbre de l'histoire du zoo d'Anvers, cette communication explore par en bas les relations entre hommes et animaux au zoo. La vie de Gust offre un regard inédit sur une époque cruciale dans l'historiographie officielle et finaliste des zoos, celle du tournant éthique et conservationniste de ces institutions, dans le contexte du développement des revendications postcoloniales ainsi que des mouvements des droits des animaux. A cette fin, les recherches s'inspirent de la micro-histoire, qui a déjà montré sa richesse pour l’histoire humaine, en jetant des éclairages originaux sur l’histoire culturelle, en prenant en compte « des aspects différents, inattendus, multipliés de l’expérience collective ».

Il s'agit de reconstituer, sur base des sources d'archives et imprimées produites par les gestionnaires et employés du zoo d'Anvers, les principaux jalons de la vie de Gust, son environnement physique et social de captivité, ses journées types en son sein, ainsi que ses actions, réactions et comportements, et les relations avec les hommes, employés du zoo et visiteurs, auxquelles ces comportements ont donné lieu, des adaptations humaines à la rupture des dynamiques. Ce faisant se dévoile ainsi, par-delà les discours officiels, le poids de la séparation croissante entre hommes et animaux au zoo, reflet d'un mouvement de fond, celui de l'hygiénisme à l'honneur dans les jardins zoologiques depuis la seconde moitié du XIXe siècle, mais aussi écho des normes sécuritaires et de schémas propres à la captivité des sauvages, en particulier le développement, dans la seconde moitié du XXe siècle, de la reproduction en captivité et des objectifs conservationnistes, qui rompent les relations étroites avec des animaux que l'on souhaite à nouveau voir sauvages. En centrant l'attention sur la matérialité des communautés hommes-animaux au sein des zoos (gestes humains, effets sur les animaux), les recherches laissent voir l'ambigüité des relations avec la faune au cœur des centres urbains, entre affection et distance croissante, entre fascination et désintérêt marqué, s'agissant même d'un animal iconique et taxonomiquement très proche des hommes. L'étude montre ainsi que le contexte intellectuel et le cadre matériel dans lequel opèrent les relations avec les animaux – ici le zoo, un environnement marqué par des impératifs récréatifs et marchands et infusé de conceptions (néo)colonialistes – constituent une part centrale de la teneur de ces rapports, dont la matérialité a longtemps été négligée par l'historiographie.

[email protected], [email protected] +44 (0)750763494132 Plantation Road OX2 6JE Oxford, United Kingdom

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12-05 : Les sociétés hybrides 9h30 Entre le cœur de ville et les faubourgs. La place de l’animal en milieu urbain dans le Nord de la France aux XIVe et XVe siècles Mathieu Béghin Mots-clés : ville, faubourg, Nord de la France, cohabitation homme-animal, administration urbaine

Qu’il fût compagnon de l’homme, une aide à l’encadrement des troupeaux, un moyen de déplacer les personnes et les marchandises ou encore une source d’énergie ou de nourriture, l’animal fut omniprésent dans la ville médiévale. Cependant, les crises sanitaires et les conflits armés qui accompagnèrent les XIVe et XVe siècles firent de cette présence une gêne, voire un danger que les édiles urbains cherchèrent à réguler.

Animé par la volonté de préserver la sécurité de la ville – en garantissant un niveau de salubrité minimum permettant à la population de tenir son rôle de défenseur et en protégeant le bon état des défenses avancées de la divagation des animaux –, chaque pouvoir local développa une législation visant à contrôler la détention et la circulation des animaux dans l’espace urbain. Bien que commune à l’ensemble des agglomérations, cette ligne de conduite fut empreinte de particularismes induits par la topographie des lieux, les enjeux économiques locaux, le degré d’imperméabilité des édiles aux mesures appliquées dans les centres urbains et les comtés voisins, ou encore par la capacité du pouvoir en place à imposer ses décisions.

Malgré l’existence de cette singularité qui fut à origine d’un décalage dans la démarche et la chronologie des méthodes employées, cette politique prophylactique et défensive contribua à faire du faubourg une soupape de décharge accueillant les espèces animales rejetées par la ville intra muros.

À travers l’exemple des villes du Nord de la France – carrefour d’influences situé entre deux importants pôles urbains (Paris et le comté de Flandre) aux mesures prophylactiques précoces – aux XIVe et XVe siècles, cette communication se propose d’étudier les politiques menées par les autorités urbaines et les conséquences que celles-ci eurent sur la physionomie de la ville intra muros et de ses faubourgs. Pour cela, la réglementation de la présence animale sera analysée de manière à dégager toute sa complexité, résultat d’une alternance de phases de tolérance, de rejet et de contradiction. Dans un second point, il sera vu en quoi la question de la place des animaux en ville a participé à la recomposition des paysages intra et extra muros par le biais du développement d’équipements collectifs visant à purifier l’environnement (déplacement ou création de boucheries et d’abattoirs, création de décharges spécifiques pour les rejets issus de l’élevage et de l’abattage de l’animal, etc.). En outre, le déplacement et la concentration de structures d’élevage privées ou publiques, qui se fit le plus souvent au grand dam de la population qui résidait à proximité, contribuèrent au renforcement de la ruralité de certains quartiers urbains et/ou suburbains.

Doctorant en histoire médiévale, Université de Picardie Jules Verne (TrAme, EA 4284) 11 rue Constant Dutilleux, Appart. 10 – 62 000 ARRAS 06.18.24.60.07

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12-05 : Les sociétés hybrides 10h00 La cohabitation des animaux et des hommes : l’exemple de la Corse (XVIIe-XIXe siècle) Laetizia Castellani Mots-clés : Corse, époque moderne/XIXe siècle, ruralité, terroir, animaux. En Corse, durant l’époque moderne et le XIXe siècle, les animaux cohabitent avec les hommes : troupeaux d’ovins, de caprins, de bovins ou de porcs, volailles, chiens. Le nombre d’animaux varie en fonction de la démographie mais aussi de la structure socioéconomique du village. Même si l’élevage est présent partout, les bêtes sont plus nombreuses dans les communautés de montagne et pastorales. Généralement, les enclos destinés aux ovins, aux caprins et aux bovins sont situés à l’écart du village. Ces abris ne sont pas toujours des structures pérennes. La stabulation est peu répandue. Au contraire, les poulaillers, les écuries, ou encore les enclos pour les cochons dans certaines régions, sont situés dans l’espace bâti. La présence des animaux, et notamment des poules et des porcs, au sein du village, est attestée par de nombreuses cartes postales datant du début du XXe siècle. A l’époque moderne, la documentation n’évoque pas les nuisances liées à la présence d’animaux dans l’espace public. Avec le développement de l’agriculture, le parcours des bêtes (ovins, caprins et bovins) est peu à peu réglementé dans le but de préserver les cultures. Les restrictions concernent les troupeaux mais également les animaux isolés (porcs, chiens…), visés par des mesures spécifiques. Au XIXe siècle, les dommages causés continuent à justifier des mesures restreignant leur parcours. Des communes tentent de cantonner le bétail, d’autres essaient d’interdire leur territoire aux caprins. Parallèlement, les autorités municipales et préfectorales mettent l’accent sur les aspects sanitaires. Les animaux peuvent être des vecteurs de transmission de maladies (la rage pour les chiens, le charbon pour les ovins et les bovins). Ces mesures s’inscrivent dans un contexte où l’hygiène dans l’espace public devient une préoccupation. Cette étude s’attachera à présenter des exemples locaux correspondant à des communes de différents types : communautés agricoles, pastorales, du littoral et de l’arrière-pays. Corpus documentaire Registres notariés (réglementation des terroirs à l’époque moderne), fonds préfectoraux, archives communales et archives de la justice de paix (directives préfectorale, arrêtés municipaux et contraventions), enquête de l’an X (animaux, pratiques pastorales). UMR Lisa, université de Corse [email protected] U Culombu, 20250 CORTE

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12-05 : Les sociétés hybrides 10h30 Travail agricole et mode de vie : l'exemple du cheval de trait entre Meuse et Loire (XIIe-XVIe siècle) Floriana Bardoneschi Mots-Clés : cheval – attelage - agriculture – corps – Moyen Âge Le cheval est un animal peureux par nature, instinctivement conduit à fuir. Comment en arrive-t-il à travailler dans les champs ? Et en quoi cette activité change-t-elle son mode de vie et façonne-t-elle son corps ? Quelles sont les relations que le paysan entretient avec lui au quotidien ? La mise en relation de différents types de sources tant iconographiques que textuelles (baux à ferme conclus par les Hospitaliers dans l’espace du Prieuré de France, lettres de rémission accordées par le Roi et inventaires après décès des châtellenies et bailliages bourguignons et de la mairie de Dijon) donne un aperçu des conditions de vie et de travail du cheval de trait dans les exploitations agricoles situées entre Meuse et Loire. - Choisir son cheval et le dresser Dans l'espace septentrional, lorsque le paysan fait le choix du cheval par rapport au bœuf, des critères économiques, mais aussi des questions d'affinités entrent en jeu. Il peut investir dans un animal déjà dressé ou disposer du cheptel qui lui permet de fonctionner en auto-production. Les poulains nés à la ferme sont dressés sur place. Le débourrage, opération qui demande de l'expérience, est nécessaire pour obtenir des animaux aptes au travail. L'obéissance est une qualité essentielle pour les activités agricoles lors desquelles le paysan doit effectuer plusieurs tâches en même temps. - Habiter avec un cheval et le nourrir Son utilisation pour la traction implique de porter une attention particulière à sa nourriture, afin de ne pas l'épuiser. Des différences apparaissent selon l'assise financière du propriétaire. Si la pâture est le moyen le plus économique, l'usage d'une complémentation en céréales ou légumineuses s'avère important lorsque l'animal travaille de façon intensive. Celle-ci est alors liée à son enfermement qui permet de contrôler la ration alimentaire, autant que de soustraire l'animal à la convoitise. Là encore, le milieu social et l'environnement -rural ou semi-urbain- induisent des organisations différentes de la stabulation. - Prendre soin de son cheval pour travailler au mieux Des soins quotidiens sont nécessaires pour maintenir le cheval de trait en bonne santé. Ils sont effectués le plus souvent avec du matériel spécifique, que ce soit avant le travail ou après. Une certaine proximité physique s'établit pendant le pansage et la préparation de l'attelage. Pour faciliter la mise en place du harnachement et le travail, des modifications directes peuvent être apportées sur le corps de l'animal, que ce soit par le toilettage ou le ferrage. Contrairement à ce que la construction de l’imaginaire chevaleresque peut laisser penser, le chevalier n’est pas le seul « homme de cheval ». Fruit d’un savoir empirique issu d'une cohabitation quotidienne, l’art équestre paysan n’a rien à envier à l’art militaire. Doctorante, Paris 7/EHESS (Paris) Le Chantemerle 33 T rue de la Figairasse 34070 Montpellier 06 77 31 39 75 [email protected]

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12-05 : Partager la maison 13h30 « Compagnons » privés, des animaux captifs au temps des Lumières

Clotilde Boitard Derrière nombre de façades urbaines du XVIIIe siècle vit un bestiaire bigarré de petits animaux apprivoisés, exotiques ou capturés dans les campagnes proches. Cette ménagerie familière connaît en effet un essor important en ces temps de découverte et de domination du monde par les Européens. Les témoignages de cette présence accrue se retrouvent dans de multiples sources que j’ai commencé à consulter pour l’espace francophone européen : presse d’annonces, traités d’élevage d’animaux destinés au divertissement personnel, écrits d’histoire naturelle se référant à des spécimens vivant en captivité, portraits agrémentés de bêtes familières. Enfin, ces compagnons, “privés” ainsi qu’on les dénomme alors, ailés ou à quatre pattes, apparaissent épisodiquement dans des récits de toutes sortes. Or, la question de leur habitat réservé y ressurgit constamment. Au travers de leur place matérielle, que je propose d’analyser dans cette communication, se joue leur fonction : ces animaux, plus ou moins inoffensifs, sont en effet communément détenus dans des espaces clos, cages ou volières, voire enchaînés. Si l’internement n’est pas spécifique à ces animaux ni complètement sauvages ni vraiment domestiqués, il révèle la nature même de leur condition. Cages : prisons inévitables ? L’emprisonnement est le premier acte des hommes à l’encontre de ces animaux. Cependant, la soumission de l’animal capturé est considérée comme vraiment acquise quand celui-ci accepte la compagnie de son maître tout en étant libre de ses mouvements. Cet espoir de le voir s’intégrer dans son nouvel environnement est constant et peut correspondre aux idéaux de liberté en vogue durant ce siècle des Lumières. Si la séquestration est parfois provisoire, le temps de la familiarisation, il est souvent nécessaire, de fait, d’enfermer ces animaux définitivement, tant pour les protéger que pour épargner les intérieurs et les hommes qui y vivent. L’encagement marque ainsi l’accomplissement et l’échec de l’apprivoisement. Cages : objets humains pour animaux sauvages. Il convient de retracer le processus de fabrication de ces objets. Présents dans les différentes strates de la société, ils sont le miroir d’utopies sociales : château miniature sublimant la noblesse, confortable demeure bourgeoise, ou modeste cabane. Leur trafic appartient à l’histoire matérielle de la consommation croissante au XVIIIe siècle. Ces habitats ne sont pas des bâtiments constitutifs des domaines aristocrates, tels les colombiers ou pigeonniers, mais des meubles. Dans quelles pièces des foyers se trouvent ces cages ? Sont-elles régulièrement déplacées ? Enfin, comment s’agence l’intérieur de ces espaces ? Répondent-ils d’abord à la volonté des hommes dressant communément leurs compagnons, par exemple à la parole pour le perroquet ou au chant pour le passereau ? Ou sont-ils conçus pour satisfaire les besoins de ces animaux ? Cages : lieu de contact ou d’isolement ? Il est donc important de se demander si ces animaux composent une vitrine d’êtres sans individualité propre ou sont des compagnons uniques et différenciés pour les maîtres dont ils partagent le quotidien. Peut-on alors percevoir un désir d’entrouvrir, même brièvement, la porte de ces cages, ou de les laisser verrouillées pour garder le trésor ? Au travers de cette cohabitation particulière se joue à échelle réduite la relation des hommes à la nature. Les cages, espaces fermés mais ouverts aux regards, révèlent le paradoxe de cette union complexe de l’homme avec le monde animal, oscillant entre fascination et domination. [email protected] ou [email protected] Portable : 06 43 36 76 20 – adresse postale : 1 impasse Bonvoisin – 76130 MONT-SAINT-AIGNAN Doctorante en Histoire - Normandie Université, UniRouen, GRHis - UFR des Lettres et Sciences Humaines - Rue Lavoisier - 76821 Mont-Saint-Aignan Cedex

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12-05 : Partager la maison 14h00 Imaginer l'inimaginable: des ours domestiques en Russie Olga Kazakova Mots-clés : Russie, ours, image, animal domestique. En Russie l'image de l'ours a toujours eu une forte signification symbolique. Dans le paganisme des Slaves, il était considéré comme «le maître de la forêt », le totem, l'ancêtre de la tribu. Dans la magie rurale, son image était associée à un sorcier et un guérisseur ; dans le folklore populaire, il jouait le rôle du fiancé loup-garou. L'imprévisibilité des actions, la force extraordinaire et la férocité naturelle de l'ours empêchaient sa domestication. Pourtant nous en connaissons des exemples. L'ours comme un membre de la famille Pendant longtemps les Russes ont exploité l'ours comme animal de cirque dans des représentations cruelles (combats). Au XVIIe siècle, il est devenu l'animal-compagnon dans les régions à faible rentabilité de l'agriculture. Les paysans pauvres étaient poussés vers des métiers irréguliers, comme montreur d’ours. Entre deux voyages, les ours habitaient près de leur maître, parfois dans les maisons communes comme des compagnons et même des membres de la famille. Ainsi, les paysans de la région de Nijni-Novgorod côtoyaient des dizaines d’animaux dans le village. La cohabitation des ours et de leurs maîtres a été décrite et condamnée comme inhumaine par des ethnographes. En 1870, par décision du Sénat, ce métier a été interdit, et les ours ont été fusillés. Le domptage de l'ours par la force de la parole divine L'image littéraire de l'ours comme animal de compagnie est née relativement tard. Elle est liée à l'idée de sa soumission au pouvoir d’un saint. Selon les récits de saint Séraphin et de saint Serge, les ours sont devenus leurs compagnons de vie d‘ermites. Dans l'iconographie de ces saints, le contact avec l'animal symbolisait l'Eden, où le saint parle avec l'ours comme un prédicateur avec son disciple, c'est pourquoi sur les icônes l'ours avait une taille inférieure par rapport à l'homme et des traits d'un chien plus que d'une bête sauvage. L'ours domestique comme le signe du despotisme de la noblesse russe La littérature classique russe du XIXe siècle dessinait un énorme et féroce ours comme le prisonnier des propriétés de la noblesse, qui exerce son pouvoir illimité et montre sa perversité dans le cruel et humiliant loisir du temps de servage. Ainsi, l'ours symbolisait le serf, le peuple, la victime du despotisme et du système social. Dans le roman Doubrovsky de Pouchkine, le maître s'amusait en fermant son invité dans une pièce avec un ours féroce. Dans Guerre et Paix de Tolstoï, un policier est attaché sur le dos d'un ours et nage avec lui. Dans le récit La Bête de Leskov, un noble cesse de torturer ses ours domestiques et donné la liberté à l’un d'eux, en l'honneur de Noël. L'ours comme l'image de la Russie sous le régime autoritaire La vision de l'ours comme compagnon ou animal domestique est un vieux et constant stéréotype européen. Elle ne met pas l'accent sur la capacité de l'ours de s'intégrer dans la société des Russes, mais affirme la semi-sauvagerie des uns et des autres pour des raisons idéologiques, politiques etc. Par exemple, les caricatures de Poutine avec son ours domestique (à cheval, sur une chaîne, sur une corde, bras dessus bras dessous, etc.). docteur en histoire, maître de conférences, la chaire d'histoire russe, Département d'histoire, l'Université d'Orel. 89208128415, Russie, Orel, 302004, rue 1-Kurskaya - 72, app. 20

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12-05 : Partager la maison 15h30 Les vestiges d’une bergerie antique à Houdan, Yvelines Jean-Yves Dufour* Mots-clés : Antiquité, agronomie, bergerie, cour, toit à porcs Depuis des décennies, l’étude ces vestiges osseux issus des fouilles archéologiques, informent de la nature des élevages. Les archéologues peinent à donner une interprétation fonctionnelle aux bâtiments agricoles qu’ils mettent au jour. Réalisée à des fins archéologiques, la lecture des manuels d’agriculture anciens et modernes, rend compte de programmes de construction différents pour chaque type de bétail. Sur le site de Houdan « Route de Champagne », fouillé par Fabrice Brutus, les vestiges des IIe et IIIe siècles se composent de trois bâtiments disposés autour d’un vaste empierrement. La nature des vestiges permet facilement d’identifier la modeste maison des humains. Un toit à porcs y est associé. Au sud de l’empierrement, un long bâtiment exposé au sud présente les caractéristiques d’une bergerie. Selon les normes données par les agronomes anciens, 163 moutons peuvent loger dans ce bâtiment. Très partiellement fouillé, le bâtiment disposé à l’ouest peut avoir servi de grange. Une vaste zone empierrée de 200 m2 est documentée entre les trois bâtiments antiques. Elle est trop vaste pour servir de fumière, mais peut aisément servir de cour pour le dégourdissement hivernal du bétail. Les vestiges antiques du site peuvent s’interpréter comme une bergerie complète, incluant le logis des moutons, une petite grange, une cour et le logement d’un berger. Cet établissement spécialisé dépend logiquement d’un domaine agricole plus vaste.

Inrap, UMR 7041, équipe Archéologies environnementales [email protected]

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12-05 : Partager la maison 16h00 Approche microbiologique d’une petite exploitation agricole en Bas-Berry entre 1920 et 1962 Hubert Majean Mots-clés : microbiologie, zoonoses, exploitation agricole, Bas-Berry, période 1920-1962. Nous allons chercher à appréhender les implications microbiologiques de la cohabitation des humains et des animaux en étudiant la vie quotidienne de la famille d’un petit exploitant agricole à Argenton-sur-Creuse dans le sud du département de l’Indre entre 1920 et 1962. L’aspect économique de la vie de cette famille a déjà été étudié ainsi que sa consommation médicale et, plus globalement, son rapport à la santé. L’exploitant et son épouse, natifs de 1887 et 1881, se marient fin 1919, auront trois enfants (1920, 1923 et 1925) et débutent en 1920 l’exploitation d’environ sept hectares avec un cheptel constitué de trois vaches, deux ânesses, quelques porcs, moutons et chèvres, des poules et parfois des canards, deux à trois chats, un chien. A ce cheptel il faut ajouter différents occupants désirés ou non par les exploitants : souris, rats, hirondelles et chauves-souris ainsi que de minuscules intrus assez communs : mouches, puces, poux, et, selon la saison, tiques et aoutats, et, enfin quelques éléments très particuliers, allant de quelques millimètres pour l’oxyure à plus de 15 centimètres pour l’ascaris, ce sont les vers, plats ou vermiformes. Nous décrirons l’architecture et l’organisation spatiale de cette exploitation qui ne dispose ni d’eau courante ni d’aucun wc. Le puits est situé dans le jardin à trois mètres environ de l’étable dont le sol est en terre battue. Le fumier est stocké à cinq mètres de l’habitation et largement accessible aux jeux des enfants. Cette exploitation agricole fonctionnera sans changement notable, sans aucun wc ni lieu particulier dédié, sans eau courante, avec la seule force animale et humaine comme outil de travail jusqu’en 1962, année du décès de l’épouse. Nous aborderons l’aspect bactériologique, virologique et parasitaire, des différentes activités quotidiennes qui se déroulent dans la ferme : changement de litière des bêtes, transport et stockage du fumier, traite des vaches et des chèvres, garde des vaches, moutons et chèvres aux champs, harnachement des ânesses pour attelage aux tombereaux et charrettes, les relations avec le chien et les chats. Nous nous intéresserons aussi aux activités saisonnières ou ponctuelles : abattage du cochon et des volailles, confection des fromages et leur séchage, mise sous le joug des vaches pour les labours. Nous nous interrogerons sur la représentativité du mode de vie de cette famille au niveau du sud du département de l’Indre à cette époque. La cohabitation relativement étroite avec plus d’une dizaine d’espèces animales différentes décuple la richesse de l’écologie microbiologique du milieu de vie de cette famille et donc les risques de zoonose. Cependant, cette famille a échappé aux différentes maladies infectieuses encourues de par leur mode de vie. L’exploitant et son épouse sont décédés tous les deux dans leur 81e année de vie et les trois enfants ont atteint l’âge adulte sans accidents de santé majeurs. Médecin généraliste à Grenoble au n°4, cours de la Libération 38100 Tél 0476497592 [email protected]