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Cohabitation de 2 mâles éléphants (Loxodonta africana) au Zoo de la Flèche. Par : Laura Da Silva Master : Comportement Animal et Humain - UFR : SVE - Rennes 1 Structure d’accueil : Zoo de la Flèche Maître de stage : Cyril Hue Tutrice de stage : Catherine Blois-Heulin Période : 4 avril au 27 mai 2016 Soutenu le : 15 juin 2016

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Cohabitation de 2 mâles éléphants

(Loxodonta africana)

au Zoo de la Flèche.

Par : Laura Da Silva

Master : Comportement Animal et Humain - UFR : SVE - Rennes 1

Structure d’accueil : Zoo de la Flèche

Maître de stage : Cyril Hue

Tutrice de stage : Catherine Blois-Heulin

Période : 4 avril au 27 mai 2016

Soutenu le : 15 juin 2016

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Remerciements :

Dans un premier temps je tiens à remercier le Zoo de la Flèche, structure au sein de laquelle j’ai

pu effectuer mon stage.

Je remercie également Cyril Hue mon maitre de stage, qui m’a encadré durant cette période et

m’a consacré du temps.

Un grand merci aux soigneurs : Sabrina, Sébastien, Antoine, Béranger et Cyril, pour m’avoir

prise en charge, d’avoir consacré du temps pour répondre à mes diverses questions. Mais

également pour m’avoir apporté beaucoup de connaissances même au-delà des éléphants. Vous

faites un métier admirable.

Merci à ma tutrice de stage, Catherine Blois-Heulin, pour s’être assurée du bon déroulement de

mon stage.

Bien évidemment un énorme merci à mes parents, sans qui je ne serai jamais arrivée là

aujourd‘hui. Je leur donne toute ma reconnaissance, ils me permettent chaque jour de

concrétiser un peu plus mon rêve. Merci à mon petit frère aussi, pour tout le soutien.

Un grand merci aussi à tous ceux qui me soutiennent dans mes études : Manon, Sébastien,

Matthias, Nicolas, Damien, Arnaud, le groupe d’anglais : Nathalie, Senam et Ronan ainsi que

mes partenaires de Wing Chun.

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Sommaire :

Introduction p.1

I. Matériel et Méthode p.2

a. Etude des interactions sociales, des comportements en bâtiment et lors de

l’animation p.3

b. Déplacements et profil comportemental p.4

c. Analyses statistiques p.4

II. Résultats p.5

a. Etude des interactions sociales, des comportements en bâtiment et lors de

l’animation p.5

b. Déplacements et profil comportemental p.7

III. Discussion p.9

a. Interactions sociales et dominance p.9

b. Déplacements et profil comportemental p.11

c. Comportements anormaux, stéréotypés et propositions d’améliorations p.13

Conclusion p.15

Bibliographie

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Introduction :

Les premiers zoos créés sont survenus dans le but de collectionner les animaux et de les montrer

au public (Guillot 2012). Depuis ces premières structures, le bien-être animal a été de plus en

plus pris en considération. Aujourd’hui les zoos ont des nouveaux rôles qui concernent la

conservation, l’information au public, la recherche scientifique et le bien-être animal (Morcel

2010). A partir de ce principe ils adaptent au mieux leurs structures et enclos pour héberger des

animaux emblématiques et imposants tels que l’éléphant d’Afrique (Loxodonta africana). Sa

détention en captivité permet de sensibiliser le public, d’aider à la recherche scientifique et de

garder une population viable génétiquement (Morcel 2010). Malgré ces différents intérêts la

présence d’éléphants en parcs zoologiques pose plusieurs difficultés : les mâles sont dangereux

surtout en période de musth, la taille des groupes d’individus est limitée ce qui réduit le nombre

d’interactions sociales et peut conduire à une stéréotypie des animaux, le manque d’activité

pouvant entrainer une obésité et un défaut d’usure d’ongles (Morcel 2010). C’est pour cela qu’il

est important de conserver ces animaux dans de bonnes conditions de captivité mais aussi

d’effectuer un entraînement médical. Cette technique va permettre de les habituer au contact de

l’Homme mais aussi ne pas avoir à pratiquer une anesthésie générale systématique non sans

risque pour de tels animaux. Au-delà de ça, les individus en cohabitation peuvent être non

apparentés et des relations sociales peuvent s’établir avec quelques difficultés (Houdemond

2014, Veasey 2006). De plus il y a peu d’études sur les activités comportementales des

éléphants captifs aussi bien la journée que la nuit (Petry, 2014). Les 2 mâles éléphants en

cohabitation depuis 4 ans au Zoo de la Flèche, sont non apparentés, et un contact social a mis

deux ans à s’établir entre les 2 animaux. Ce sont des éléphants habitués à l’entraînement

médical, le Zoo de la Flèche servant de système de crèche, ils quitteront le parc une fois leur

maturité sexuelle atteinte. Dans ce contexte il est donc intéressant d’étudier quelles sont le

relations entre les deux mâles ? Et s’il existe des différences comportementales entre les 2

individus au niveau de leurs déplacements et du profil individuel ? Pour cela dans un premier

temps les interactions sociales entre les 2 individus seront étudiées, puis les déplacements seront

évalués pour chacun ainsi qu’un profil comportemental dressé.

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I. Matériel et Méthode :

Espèce biologique :

L’étude a porté sur 2 mâles éléphants d’Afrique (Loxodonta Africana) nommés Boubou (1.8

tonnes, 2.0 mètres au garrot) et Boten (2.0 tonnes, 2.4 mètres au garrot), âgés de 10 ans en

cohabitation depuis 4 ans au Zoo de la Flèche. Ce sont des animaux non apparentés issus d’une

reproduction en captivité, d’Israël pour Boten et d’Allemagne pour Boubou. Leur régime

alimentaire se constitue essentiellement le matin de différents branchages et foin, 25kg de fruits

et légumes disposés sur l’enclos. Le matin et le soir en bâtiment un sceau de son de blé est à

leur disposition. Il arrive que les soigneurs disposent des glaçons dans l’enclos contenant des

fruits ou légumes pour un enrichissement. Il existe une animation pendant laquelle des carottes

sont distribuées aux éléphants. Les animaux effectuent de l’entraînement médical avec une

récompense alimentaire (pommes) le matin avant leur sortie qui est vers 9h. L’animation est à

17h30 du lundi au vendredi et le soir ils rentrent en bâtiment vers 19h.

Enclos des éléphants :

C’est un enclos bénéficiant d’une superficie de 3000m² sans la fontaine, disposant

d’enrichissements tels que des filets de foin en hauteur, des buses semi-enterrées contenant du

foin, un dispositif sur un arbre parfois rempli de fruits ou légumes, ainsi que des souches

d’arbres pour divertir les éléphants. Un schéma illustrant l’enclos se trouve ci-dessous (Fig.1).

buse semi-enterrée

filet de foin

souche pour jouer

point d’eau et

brumisateur

Figure 1: schéma de l'enclos présentant les principaux éléments de l'enclos.

éléments pour se gratter

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Répertoire comportemental et observations:

Pour le bon déroulement des différentes observations, un répertoire comportemental a été établi

au préalable, grâce à des observations des comportements sur la première semaine avec la

méthode « Ad libitum sampling » (Altmaan 1974) et la bibliographie (Soltis et al. 2005, Posta

et al. 2013). Les observations se sont déroulées sur 7 semaines de 5 jours, du lundi au vendredi,

soit au total : 105h d’observation des interactions, 35h de déplacements et 35h de profil

comportemental. L’enclos étant circulaire et assez grand il était difficile d’estimer le nombre

de personnes qui s’arrêtaient à l’enclos, cependant le temps météorologique a été noté à chaque

début d’observation. Pendant celle qui précède l’animation, l’heure à laquelle un éléphant

commence à faire du pacing, c’est-à-dire un déplacement répété sans but apparent (Wenisch

2012), a été relevée ainsi que le nombre de personnes se trouvant devant l’animation. Les

observations se font sur les mêmes créneaux horaires, mais un roulement des observations est

effectué pour que les différentes observations soient passées sur chaque créneau possible à la

fin de la semaine.

a. Etude des interactions sociales, des comportements en bâtiment et lors de

l’animation :

Interactions sociales :

Les interactions sociales se sont réalisées sur 3h par jour, selon la méthode du « All occurrence

sampling » (Altmaan 1974) qui consiste à relever une interaction dès qu’elle se produit. Un

tableau composé uniquement des interactions sociales a été établi au préalable et découpé en

tranches de 6 minutes, pour chaque individu. En parallèle les distances ont été relevées entre

les éléphants toutes les minutes, selon la méthode « scan sampling » (Altmaan, 1974), selon le

code suivant : 0 = en contact, + = moins d’1 éléphant d’écart jusqu’à 1 éléphant, ++ = plus d’1

éléphant d’écart jusqu’à 2 éléphants, et +++ = plus de 2 éléphants d’écart.

Comportements en bâtiment et lors de l’animation :

Chaque matin lorsque le bâtiment était ouvert, les comportements des éléphants ont été relevés.

Le temps de l’entrainement médical a été chronométré, l’ordre de sortie des éléphants a été

noté. Lors de l’animation, un chronomètre a été déclenché lorsque les premières carottes ont

été jetées et la distance entre les 2 éléphants relevée à partir du temps zéro jusqu’à la fin du

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nourrissage toutes les 30 secondes. En parallèle les comportements autres qu’alimentaire ont

été notés dans un tableau par tranche de 1 minute. Enfin lors de la rentrée, les comportements

dans l’enclos et l’ordre de rentrée ont été relevés juste avant que les éléphants rentrent. Une fois

le premier éléphant à l’intérieur les comportements des éléphants en bâtiment ont été également

notés.

b. Déplacements et profil comportemental :

Les déplacements des 2 éléphants ont été observés en parallèle, pendant 1h par jour. Après avoir

mesuré les différents éléments de l’enclos, un schéma de celui a été réalisé, posé sur un

quadrillage cartésien (Fig.2). La position des éléphants a été notée au début de l’observation et

chaque trajet retracé par une ligne et un arrêt marqué par une croix. Chaque croix a été

numérotée pour retrouver l’ordre des déplacements. S’il y’a observation, d’un contact ou que

les éléphants sont proches, le numéro d’arrêt est entouré. S’il y a des déplacements synchronisés

ou stéréotypés ils ont été tracés dans une couleur différente et les numéros du trajet entre les 2

arrêts relevés ainsi que la stéréotypie précisée. Cette observation se base sur la méthode de

« système à grille » (Whyte, 1996).

Le profil comportemental a été relevé sur une observation d’1h par jour. Toutes les minutes le

comportement a été relevé, pour les 2 éléphants en parallèle. Les comportements ont été rangés

dans 6 catégories : alimentation, immobilité, déplacement, interaction sociale, auto entretien et

jeu.

c. Analyses statistiques :

En ce qui concerne les interactions sociales, des tests de Mann-Whitney ont été utilisés pour

définir un profil comportemental des interactions sociales des 2 éléphants, ainsi que pour étudier

Figure 2 : une grille cartésienne sur un schéma représentant l'enclos, une grille représentant 2m x 2m.

zone non accessible

points d’alimentation

fontaine

cabane de l’animation

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les interactions sociales entre les 2 individus. Les profils comportementaux et déplacements ont

été également soumis à des tests de Mann-Whitney entre les 2 individus. Ces tests ont été

réalisés grâce au logiciel R au risque α = 5%. L’hypothèse H0 de travail a été posée comme : il

n’y a pas de différence entre les 2 individus, et l’hypothèse H1 de travail comme : il existe une

différence significative entre les 2 individus.

II. Résultats :

a. Etude des interactions sociales, des comportements en bâtiment et lors de

l’animation :

interactions sociales :

Grâce au relevé des distances nous avons pu mettre en évidence que Boubou et Boten passent

en moyenne par heure 75% de leur temps très éloignés l’un de l’autre. Dans 13% du temps ils

vont être proches c’est-à-dire à un éléphant d’écart maximum mais pendant lequel il ne va pas

y avoir d’interactions. On peut également remarquer qu’ils passent très peu de temps dans une

distance intermédiaire entre proche et très éloignés (Fig.3).

Figure 3 : Temps en moyenne (%) par heure que passent Boubou et Boten à une distance l'un de l'autre.

Enfin ils passent 7% du temps en contact, moment où il y a 13% de contact corporel, 15% de

jeux sociaux et 72% d’interactions sociales. Ces dernières ont été réparties dans un premier

temps en trois catégories (Fig.4) : positives, négatives et le total des interactions pour chaque

individu.

Figure 4 : nombre d'interactions sociales positives (test Mann Whitney, U= 0.8189, p>0,05) négatives (test Mann Whitney, U=0.8116, p<0,05) et totales (test Mann Whitney, U=42,5, p>0,05) observées de Boubou et Boten.

*

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

sociales positives sociales négatives total desinteractions

Boubou

Boten

7%13%

5%

75%

en contact

proches

éloignés

très éloignés

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Nous pouvons remarquer que Boten et Boubou effectuent en moyenne le même nombre

d’interactions sociales positives et totales par heure. En revanche au niveau des interactions

négatives seul Boten en émet. A la suite de ces observations un profil comportemental des

interactions sociales a été établi pour chaque individu (Fig.5) afin de détecter les différences

comportementales entre les individus.

Figure 5: profils comportementaux des interactions sociales de Boubou (A) et Boten (B), les différences significatives sont mises en évidence par un astérisque(*)

Au niveau des interactions sociales positives Boten fait plus d’approches que Boubou (test

Mann-Whitney, U=157.5, p-value<0.05) et touche plus les organes génitaux (test Mann-

Whitney, U=159.5, p-value<0.05). Boubou quant à lui fait plus de contact avec le derrière (test

Mann-Whitney, U=322.5, p-value < 0.05) et touche la trompe de Boten plus souvent

qu’inversement (test Mann-Whitney, U=315.5, p-value<0.05). Boten est le seul à émettre des

déplacements de dominance ainsi que des comportements d’agression par des coups de tête et

de défenses. Boubou de son côté est le seul à émettre des comportements de soumission qui se

manifestent le plus souvent par un recul en arrière (test Mann-Whitney, U = 440, p-value<0.05)

et par un détournement de 90°C à l’approche de Boten (test Mann-Whitney, U = 352, p-value

<0.05).

B

A

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Comportements en bâtiment et lors de l’animation :

De plus Boten est l’éléphant qui sort et rentre toujours en premier au niveau du bâtiment. Avant

de rentrer dans 100% du temps il y a un déplacement de dominance de sa part accompagné dans

30% du temps par un coup de trompe vers Boubou. Une fois à l’intérieur, lorsque que Boubou

arrive, Boten lui donne un coup de trompe dans 81% du temps. A chaque agression Boubou

s’arrête à l’entrée et fini par rentrer sur appel du soigneur. Le matin nous avons remarqué que

dans 95% du temps Boubou frotte ses défenses contre les barreaux à l’entrée des soigneurs et

dans 63% du temps après l’entrainement médical. Il est consacré à cet entrainement en moyenne

par jour 3.299 et 3.279 minutes pour Boubou et Boten (test Mann-Whithney, U=223.5, p> 0.05).

Lors de l’animation, les éléphants sont bien séparés et restent très éloignés, il n’y a pas

d’interactions entre eux. Il arrive dans 20% du temps que Boten charge Boubou, qui recule de

plusieurs pas pour éviter un contact. Durant cette animation nous avons relevé que dans 83%

du temps Boubou émet des barrissements. Par ailleurs avant que celle-ci commence, les

éléphants font du pacing devant l’animation. L’heure à laquelle ils commencent à faire du

pacing est très variable cela va de 17h10 à 17h28. En revanche le nombre de personnes devant

l’animation est beaucoup moins variable puisqu’il va de 20 à 26 personnes.

Suite à ces observations il a été calculé un indice de dominance pour chaque individu (Bang et

al. 2010, Cosnier, 1978) : I(h)Boubou = -1 et I(h)Boten = 1.

b. Déplacements et profil comportemental :

déplacements :

L’étude des déplacements a permis dans un premier temps d’étudier le nombre de

déplacements, 26 pour Boubou et 29 pour Boten en moyenne par heure ainsi que la distance

associée (422 et 473 mètres par heure) qu’effectuent les 2 individus (Fig.6).

*

050

100150200250300350400450500

nombre de déplacementspar heure

distance (mètre/heure)

Boubou

Boten

Figure 6: Nombre de déplacements (test Mann-Whitney, U=166, p>0.05) en moyenne effectués par Boubou et Boten par heure, ainsi que la distance (m/h) correspondante (test Mann Whitney, U=153, p<0.05).

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Par ailleurs grâce au tracé des déplacements nous avons pu mettre en évidence 3 zones de

fréquentation distinctes qui sont les mêmes pour Boubou et Boten (Fig.7).

La zone devant la fontaine est la plus fréquentée par les 2 individus. De plus il faut noter que la

zone fréquentée qui se situe derrière la fontaine et au niveau des structures à sa droite est surtout

une zone de passage, il y a très peu d’arrêts dans cette zone qui se concentrent surtout au niveau

des points alimentaires. Enfin la zone au niveau des 3 structures à l’arrière est peu fréquentée

par les 2 individus.

Nous avons pu remarquer que pour l’ensemble des données les 2 individus se sont retrouvés 27

fois en contact ou proches ce qui a permis d’observer 6 fois des déplacements synchronisés

c’est-à-dire que lorsqu’un individu commence un déplacement l’autre le suit jusqu’à la

destination du déplacement. Dans 100% des cas c’est Boubou qui a initié le déplacement en

passant à gauche de Boten qui le suit jusqu’à ce que Boubou s’arrête. Enfin selon le créneau

horaire nous avons remarqué que Boten et Boubou vont faire du pacing, en moyenne 16

déplacements stéréotypés par heure sur le créneau avant l’animation et avant la rentrée en

bâtiment. En plus de ces créneaux, Boubou va émettre en moyenne 10 déplacements de pacing

lorsqu’il pleut. Cet individu réalise également en moyenne 2 déplacements en marche arrière

par heure, observables à n’importe quel horaire.

profil comportemental :

Le profil comportemental des 2 individus a permis de mettre en évidence les comportements

qu’ils expriment le plus souvent (Fig.8). Nous pouvons remarquer qu’ils effectuent en moyenne

le même nombre de comportements par heure (pour tous les comportements : test de Mann-

Figure 7 : mise en évidence de 3 zones de fréquentation par Boubou et Boten sur le schéma de l'enclos, une zone très fréquentée : 20 à 30 déplacements en moyenne par heure, une zone fréquentée : 10 à 19 déplacements en moyenne par heure et une zone peu fréquentée : 0 à 9 déplacements en moyenne par heure.

zone peu fréquentée

zone fréquentée

zone très fréquentée

zone d’entrée

vers les

bâtiments

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Whitney, p>0.05) sauf pour l’immobilité où Boubou effectue en moyenne 16 comportements

d’immobilité par heure contre 1 pour Boten (test Mann-Whitney, U=382.5, p<0.05). Ils passent

la majorité de leur temps en alimentation et en déplacement. Il y a une absence totale de jeu

pour chacun et Boten passe le reste de son temps autant en immobilité auto entretien et contact

social. Boubou lui va passer plus de temps en immobilité avant l’auto entretien et le contact

social.

III. Discussion :

a. Interactions sociales et dominance :

Dans la nature, les jeunes mâles vont dans la plupart des cas quitter le groupe de femelles et

rejoindre d’autres jeunes mâles pour former des groupes de multimâles (Evans&Harris 2008).

Ces groupes permettent aux jeunes de continuer un apprentissage, les contacts sociaux sont

importants à cette période (Evans&Harris 2008). Les temps d’interactions sociales entre

Boubou et Boten sont courts et brefs puisqu’ils ne passent que 7% de leur temps en contact. Il

faut savoir que dans la nature les mâles adolescents (10-20 ans) sont la classe d’âge la plus

sociale. Les contacts fréquents répartis de façon égale entre des contacts positifs et des contacts

d’agression et de joute leur permettent d’établir une hiérarchie au sein du groupe (Evans&Harris

2008). Boubou et Boten passent beaucoup moins de temps ensemble que les groupes de mâles

dans la nature (Evans&Harris 2008). Cette limite de contact doit provenir essentiellement du

A

B

Figure 8 : profil comportemental de Boubou (A) et Boten (B) à partir

de 6 grandes catégories de comportements en moyenne par heure, les différences significatives sont mises en évidence par un

astérisque(*)

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fait qu’ils ne sont que 2 individus et qu’un faible groupe limite les interactions sociales

possibles pour chaque individu (Morcel 2010). De plus il faut rappeler qu’un contact entre les

2 individus a mis environ 2 ans à s’établir, Boten refusant tout contact avec Boubou au début.

Cela fait donc réellement 2 ans qu’il y a des interactions sociales entre eux. Cependant la

hiérarchie est clairement établie grâce à l’indice de dominance calculé, les comportements

d’agression et de dominance observés. Nous pouvons affirmer que Boten est le dominant et

Boubou le dominé. La relation de dominant/dominé est stable comme pour les groupes de mâles

dans la nature (O'Connell-Rodwell et al. 2011). Cette dominance peut s’expliquer par le fait

que dans la nature les jeunes mâles les plus grands et plus âgés prendront plus facilement la

dominance (Cohen 2007, Poole 1996), ce qui est le cas de Boten qui est plus grand que son

congénère mais aussi plus âgé de 6 mois.

Malgré sa dominance, Boten exprime le plus souvent des contacts sociaux positifs envers

Boubou. Ceci permet d’avoir une cohabitation pacifique, Boten accepte que Boubou soit proche

de lui et joute avec lui, le jeu étant très important pour les mâles adolescents (Evans&Harris

2008). Il présente même un nombre d’approches plus conséquent que Boubou ce qui signifie

qu’il accepte mais va aussi chercher le contact. Finalement les comportements agressifs

apparaissent en majorité dans 3 situations : lorsque l’animation va bientôt commencer, ils font

tous les 2 du pacing devant l’animation. Ils sont donc restreints dans un endroit et à ce moment

Boten est agressif envers Boubou car des carottes très appréciées par les 2 individus sont

distribuées pendant l’animation. Il y a donc plus de conflits car les 2 individus attendent une

distribution alimentaire à proximité l’un de l’autre. La 2ème situation est lorsqu’il pleut, souvent

Boten s’abrite sous des arbres et chasse Boubou qui essaie de se coller à lui. Enfin lors de la

rentrée en bâtiment, Boten étant le premier individu à rentrer, il est dans sa loge qui

communique avec celle de Boubou quand celui-ci rentre à son tour. Il arrive dans 81% du temps

qu’il émette un comportement agressif envers Boubou qui s’arrête systématiquement quand il

y a un comportement de ce type de la part de Boten. Il est donc important d’encourager et

appeler Boubou à rentrer dans le bâtiment, sans reprendre Boten qui exprime sa dominance

pour ne pas donner d’importance à celle-ci et garder au mieux le bâtiment comme une zone

neutre (Kane et al. 2005). Au final il serait donc intéressant de pouvoir augmenter le nombre

d’interactions sociales entre Boubou et Boten. Pour cela il faudrait créer des situations de

coopérations entre les 2 individus (Schulte 2000).

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b. Déplacements et profil comportemental :

Déplacements :

Au niveau des déplacements, Boubou et Boten effectuent le même nombre de déplacements en

moyenne par heure mais Boten effectue une distance plus grande que Boubou (473 m/h contre

422 m/h). Pour expliquer cette différence 2 hypothèses peuvent être posées, la première est que

Boten étant plus grand que son congénère il fait des plus grands pas et donc la distance

parcourue est plus importante (Rothwell et al. 2011). La deuxième hypothèse est que Boten

étant le mâle dominant, ses déplacements ne se font pas en fonction de son congénère, et donc

il va se déplacement plus aisément dans l’enclos ce qui va se traduire par des déplacements plus

grands contrairement à ceux de son congénère. Cette hypothèse étant appuyé par le fait que

Boubou fait beaucoup moins d’approches vers Boten qu’inversement (test Mann-Whitney, W

= 157.5, p-value<0.05) ses déplacements seraient plus contraints donc moins grands (Archie et

al. 2006). Nous remarquons que ces 2 hypothèses peuvent être complémentaires. De plus le fait

que Boubou effectue en moyenne 0.422 km/h et Boten 0.473 km/h est satisfaisant car même si

les mâles en captivité effectuent une distance inférieure à celle des mâles dans la nature (Rowell

2014), leur distance reste supérieure à celle d’autres éléphants mâles africains en captivité

(Rowell 2014). De plus il a été démontré dans une étude précise avec un accéléromètre sur des

éléphants mâles en captivité qu’ils effectuent en moyenne 0.411 ± 0.04 km/h, valeur

comparable à d’autres parcs zoologiques (Rothwell et al. 2011). L’estimation s’étant basée sur

un système à grilles, il serait intéressant de faire une étude avec des accéléromètres et GPS pour

avoir une estimation plus précise.

En ce qui concerne les zones de fréquentation de l’enclos, il existe une zone très fréquentée car

c’est dans cette zone que les individus trouvent des ressources alimentaires, de l’eau, des

rochers et qu’a lieu l’animation devant laquelle ils font du pacing avant que celle-ci commence.

Ils peuvent donc dans cette zone s’alimenter, boire et effectuer de l’auto entretien qui sont les

comportements les plus communs en captivité (Horback et al. 2012, 2014). De plus les

éléphants passent du temps dans cette zone car derrière les clôtures de l’enclos il y a de l’herbe

et des branches d’arbres que les éléphants arrivent à arracher. La zone fréquentée va plus leur

servir de couloir, c’est une zone dans laquelle ils vont très peu s’arrêter et uniquement au niveau

des points alimentaires. Il serait donc intéressant de mettre en place des enrichissements dans

cette zone pour que les arrêts soient plus fréquents et moins concentrés au niveau des points

d’alimentation. Enfin les éléphants se déplacent peu derrière les structures du fond

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probablement du fait qu’il n’y a que 2 buses semi-enterrées qui ne sont pas remplies

systématiquement, ce qu’il fait que la zone n’apporte rien de plus par rapport aux autres zones

disposant également de points d’alimentation. Il faudrait donc que cette zone propose de

nouveaux éléments pour qu’un effet nouveauté incite les 2 éléphants à se déplacer plus dans

cette zone (Guillot 2012).

Pour finir le fait d’observer des déplacements synchronisés entre les 2 éléphants est une marque

de plus qu’il y a des relations sociales entre eux malgré leur faible fréquence. Comme dit plus

haut les jeunes mâles sont habitués dans la plupart des cas à vivre en groupes de multimâles.

Ces groupes dans la nature demandent de la cohésion et de la synchronisation dans les activités

et déplacements (Evans&Harris 2008). Boten et Boubou ne sont que 2 mais ils constituent un

groupe. De ce fait il est tout à fait possible qu’il existe des moments de synchronisation dans

les déplacements, pris en charge par Boubou qui aurait donc un effet leadership sur Boten quand

ils sont à proximité et qu’il s’agit de se déplacer dans l’enclos.

profil comportemental :

Les profils comportementaux ont permis de mettre en évidence qu’ils passent la majorité de

leur temps en alimentation ce qui est le comportement le plus commun des éléphants en

captivité et dans la nature, où ils passent beaucoup de temps également en recherche alimentaire

(Horback et al. 2012 et 2014, Guillot 2012). La seule différence notable est donc que Boubou

effectue plus de comportements d’immobilité que Boten qui sont plus nombreux que l’auto

entretien et le contact social, contrairement à son congénère. Cependant le comportement

d’immobilité est le 2ème comportement le plus manifesté après l’alimentation chez les éléphants

captifs (Horback et al. 2012 et 2014), qui représente environ 30% du temps. Pour Boubou le

comportement d’immobilité se manifeste pendant 10% de son temps. Tant que cette valeur reste

inférieure à 30% on peut considérer que Boubou n’émet pas trop de comportement

d’immobilité. Ils passent plus de temps en déplacements comparé à d’autres études sur les

éléphants captifs (Horback et al. 2012 et 2014) ce qui confirme qu’ils parcourent une plus

grande distance que d’autres éléphants captifs. Cependant ils passent un peu moins de temps en

contact social que dans les autres études portant sur des éléphants captifs. On retrouve le même

temps pour l’auto entretien et le jeu qui est totalement absent (Horback et al. 2012 et 2014).

Cependant le jeu reste un moment crucial pour de jeunes mâles comme eux car dans la nature

les jeunes passent beaucoup de temps à jouer avec leurs congénères mais aussi avec des

éléments de la nature (Evans&Harris 2008).

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c. Comportements anormaux, stéréotypés et propositions d’améliorations :

comportements anormaux :

Nous avons remarqué des comportements anormaux exprimés par Boubou. Au niveau des

déplacements, il effectue en moyenne 2 déplacements en marche arrière par heure. Ce

comportement peut-être la conséquence de 2 facteurs : le premier étant qu’en tant que dominé

sur un déplacement de Boten il va faire un déplacement « recul en arrière » dans la majorité du

temps (test Mann-Whitney, U = 113.5, p-value<0.05). Ce comportement de dominé peut être

accentué par le 2ème facteur qui est l’entrainement médical où les éléphants sont habitués tous

les matins et soirs avant d’être nourris de faire un « back » c’est-à-dire reculer en marche arrière

dans la loge. Il faut savoir que l’un des inconvénients du médical training est la modification

des comportements normaux (Guillot 2012). Du coup cette marche arrière dans l’enclos

pourrait être due à ces 2 facteurs complémentaires.

De plus il arrive que pendant l’animation Boubou barrit pour réclamer des carottes, ce moyen

de communication est associé à la base à une situation de détresse et d’agressivité (Cohen 2007).

Il faut donc que ce comportement reste associé au but de son origine. Il est donc important que

le soigneur évite qu’il barrisse en le reprenant par la voix, Boubou levant la trompe avec cette

vocalisation, elle peut être repérée et évitée facilement. De plus le démarrage de l’animation à

l’heure évite souvent qu’il le fasse.

comportements stéréotypés :

Nous avons remarqué que Boten et Boubou présentent un comportement stéréotypé de pacing

avant l’animation. Celui est déclenché à une heure très variable. Cependant le fait d’observer

une faible variation au niveau du nombre de visiteurs quand ils commencent à faire du pacing

tendrait à dire qu’il y a un effet visiteur plus fort qu’un effet heure. Le fait de voir une vingtaine

de visiteurs devant l’animation déclencherait ce comportement. Cependant l’effet heure n’est

pas à négliger non plus car les jours de fortes affluences lorsqu’il y a une vingtaine de personnes

devant l’animation plusieurs heures avant, les éléphants ne vont pas faire de pacing. Il est donc

important que le public ne soit pas présent trop en avance et l’heure pourrait être changée à

chaque saison, car présenter une alimentation aux animaux tous les jours à la même heure de la

même manière entraine une anticipation de leur part et donc une modification des

comportements (Guillot 2012). Ce comportement de pacing va se retrouver chez Boubou

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également quand il pleut ne pouvant s’abriter. La présence d’un abri devrait être crée au niveau

de l’enclos.

Boubou présente également un comportement stéréotypé en bâtiment qui est le fait de frotter

ses défenses contre les barreaux à l’entrée des soigneurs et après le médical training. Ce

comportement reflète 3 états : l’ennui, la frustration ou l’excitation (Wenisch 2012). Dans le

cas d’émettre ce comportement à l’entrée des soigneurs, cela pourrait être assimilé à de

l’excitation, Boubou étant un éléphant très demandeur de contact et d’entrainement médical.

Lorsqu’il émet ce comportement après l’entrainement médical cela pourrait être plus associé à

de la frustration car il passe en moyenne 3.299 minutes par jour à s’exercer, et une frustration

peut vite survenir lorsque l’entrainement est mal effectué ou trop court (Guillot 2012). Or nous

savons que le temps doit être compris entre 5 et 15 minutes (Bosc 2014), cela permet de réaliser

un exercice physique à l’animal (Cohen 2007), de diminuer le stress lors des soins ainsi que

leur ennui durant la journée et augmenter leur bien-être (Guillot 2012).

propositions d’améliorations de l’enclos :

Pour les animaux la qualité de l’enclos étant plus importante que la taille de celui-ci (Guillot

2012), il est donc pertinent de proposer quelques améliorations et nouvelles structures pour

l’enclos des éléphants en prenant en compte la faisabilité de celles-ci et la fréquentation des

zones. L’enclos pourrait être équipé d’un abri, sa présence est importante pour les éléphants

en captivité (Cohen 2007, Guillot 2012). De plus cela permettrait d’atténuer le

comportement de pacing de Boubou sous la pluie. L’enclos pourrait également disposer de

branchages en hauteur, d’une caisse lourde déplaçable permettant l’accès aux branchages.

Cela permettrait de faire de l’exercice physique aux éléphants et de dépenser du temps dans

une quête alimentaire comme le font les populations naturelles. Des éléments de jeu (pneus,

boules) attachés au sol pourraient être disposés sur la zone peu fréquentée, en limitant le

phénomène d’habituation en alternant plusieurs semaines avec un élément nouveau et

plusieurs semaines sans les objets (Guillot 2012). Enfin un dispositif nécessitant la

coopération entre les 2 éléphants pour avoir une récompense alimentaire pourrait également

mis être en place pour qu’ils passent plus de temps ensemble. De plus nous avons remarqué

que la présence de gros troncs d’arbres permettaient à Boten et Boubou également de passer

du temps ensemble, très souvent ils manipulent le tronc à 2 et s’amusent avec tous les 2 ce

qui permet d’augmenter la cohésion sociale. Quand des troncs d’arbres sont

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disponibles, il serait préférable de les disposés dans la zone fréquentée derrière la fontaine

pour augmenter les points d’arrêts à d’autres endroits qu’aux points alimentaires. Enfin il

est recommandé que les buses semi-enterrées de la zone peu fréquentée soient remplies

fréquemment. Un schéma de l’enclos est proposé ci-dessous (Fig.9) :

Conclusion :

Cette étude a permis de démontrer la complexité d’une captivité d’éléphants mâles pourtant

nécessaire. Les relations entre les 2 mâles sont stables et majoritairement positives bien que ces

relations soient moins nombreuses que celles d’autres éléphants captifs. Par ailleurs il a été

démontré que les éléphants ne fréquentent pas la superficie de l’enclos de la même manière.

Cela permet de mettre à jour l’importance de proposer des éléments permettant d’augmenter

les liens sociaux entre les éléphants et de les inciter à fréquenter les zones qui sont peu

fréquentées. Leurs comportements en captivité sont proches de ceux retrouvés dans les autres

études. Le jeu étant un élément important pour de jeunes mâles aussi entre eux qu’avec des

éléments à disposition il faut solliciter ce comportement. Enfin vu que les études restent peu

nombreuses à ce sujet il serait intéressant de renouveler cette étude après les améliorations,

ainsi qu’une étude nocturne, surtout qu’ils ont un pic d’activité la nuit. Nous pouvons nous

demander quelles seraient les conclusions d’une telle étude ?

Figure 9 : schéma de l'enclos présentant les nouveaux éléments de l’enclos en propositions.

caisse déplaçable

jeu

dispositif de

coopération

branchages en hauteur

abri

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La captivité d’animaux emblématiques tels que l’éléphant d’Afrique (Loxodonta africana) est

nécessaire bien que difficile à mettre en place. Notre étude a porté sur la cohabitation de 2 mâles

éléphants au Zoo de la Flèche. Dans un premier temps l’étude des relations sociales a permis

de mettre en évidence que celles-ci sont stables entre les 2 éléphants. La dominance est

clairement établie et il y a plus de relations positives que négatives de la part de chacun des

éléphants. Cependant les interactions sociales entre eux restent moins nombreuses qu’entre

d’autres éléphants en captivité. Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs qui sont la taille

limitée du groupe, que des relations ont mis 2 ans à apparaitre et qu’ils soient non apparentés.

Dans un 2ème temps l’étude des déplacements a permis de mettre en évidence qu’ils marchent

en moyenne 0.422 et 0.473 km/h ce qui est supérieur à ce que d’autres éléphants peuvent

marcher en captivité. Cependant cette étude a révélé qu’ils n’utilisaient pas la superficie de

l’enclos de la même manière. Ainsi l’enclos peut être séparé en 3 zones : très fréquentée,

fréquentée et peu fréquentée. Pour chacun des éléphants un profil comportemental a été établi

ce qui a mis en évidence que leur profil est proche de celui retrouvé pour d’autres éléphants en

captivité. L’absence de jeu est tout de même à prendre en compte. Enfin cette étude se conclut

sur les comportements anormaux et stéréotypés qui ont pu être observés avec des propositions

d’améliorations au niveau de l’enclos.

Mots-clés : éléphants – captivité – interactions sociales – déplacements – profil comportemental

Cohabitation of 2 males elephants (Loxodonta africana) at Zoo de la Flèche.

The captivity of symbolic animals such as the African elephant (Loxodonta africana) is

necessary though difficult to set up. Our study concerned the cohabitation of 2 male elephants

at Zoo de la Flèche. At first the study of social relationships allowed to highlight they are stable

between 2 elephants. The dominance is clearly established and there are more positives relations

than negatives from each elephant. However the social interactions between them remain less

numerous than between other elephants in captivity. This can be explained by several factors

which are the limited size of the group, that relations put 2 years appearing and which they are

unrelated. In a second time the study of the displacements allowed to highlight that they walk

on average 0.422 and 0.473 km/h what is upper to what other elephants can walk in captivity.

However this study revealed that they did not use the surface of the enclosure in the same way.

So the enclosure can be separated in 3 zones: very frequented, frequented and little frequented.

For each of the elephants a behavioral profile was established, what highlighted that their profile

are close to that found for other elephants in captivity. The absence of game is all the same to

be taken into account. Finally this study ends on the abnormal and stereotypical behavior which

were able to be observed with proposals of improvements at the level of the enclosure.

Key-words : elephants – captivity – social interactions – displacements – behavioral profil