La lettre de la bibliothèque n°26

4
L ongtemps, les échanges théâtraux entre France et Japon ont été placés sous le signe de l’inégalité. Tandis que l’Archipel cherchait à rompre son enferme- ment dans ce que les textes occiden- taux paraissaient offrir de plus nova- teur, l’Hexagone plongeait avec déli- ces dans un passé théâtral lointain, comme si et kabuki avaient atteint une perfection indépassable. De tous les arts, le théâtre paraissait celui dont les transferts restaient les plus délicats. À la fin du XX e siècle, même formées au surtitrage, les communautés peinaient encore à se découvrir en grandeur réelle. Jugées aux seuls textes publiés, les traduc- tions de théâtre japonais restaient réservées à quelques romanciers illustres, comme Abe Kôbô, ou Mishima Yukio, puisqu’aussi bien Alfredo Arias (La Marquise de Sade, au Théâtre de Chaillot) ou Julie Brochen (Hanjo au Théâtre de l’Aquarium), ont éprouvé le besoin de le revisiter récemment sous des formes japonisantes. Pour avoir buté sur le texte, la moder- nité scénique semble s’être frayée un chemin par les corps. Ceux du butô par exemple, appuyés sur la tradition autant que démarqués d’elle, dans une geste dansée, qui, depuis quelques décennies, n’a cessé de bouleverser le monde, au point de devenir un référent des formes post- dramatiques — pour reprendre le néologisme forgé par Hans-Thies Lehmann. Les spectacles musicaux, chorégraphiques et plastiques de Dumb Type (S/N, [OR]...) fusionnant arts scéniques et visuels sont les exemples les plus remarquables d’un théâtre post-dramatique japonais. Si les relations théâtrales franco- japonaises ont trouvé un nouvel équilibre depuis une dizaine d’années, elles le doivent à deux événements : l’ouverture de la Maison de la culture du Japon à Paris (1997), et, de manière plus inattendue... la Coupe du monde de football (1998). La MCJP pratique volontiers le croise- ment des cultures. Pour s’en tenir aux dernières saisons, ce sont Oida Yoshi, adaptant Les Bonnes, de Genet, ou la famille Shigeyama mariant le kyôgen avec les Actes sans paroles, de Beckett. Cela n’exclut heureusement pas la découverte d’un théâtre purement japonais, comme nous pourrons le constater en février avec Le Grenier, de Sakate Yôji. Avec sa compagnie, Rinkôgun, Sakate Yôji s’inscrit dans une tradi- tion engagée dans les années 70, celle, toujours active, de la critique sociale, s’élevant tour à tour contre la peine de mort, les incarcérations abusives, la misère ou le suicide des jeunes. Une génération observe, de l’extérieur, celle qui lui succède. En 1998, la Coupe du monde de football avait été l’occasion de la pu- blication par l’éditeur Les Solitaires intempestifs d’un recueil de trente- deux pièces de jeunes auteurs des pays en lice. Le Japon était représenté par Tokyo Notes, d’un inconnu des Français : Hirata Oriza. Lecture, mise en espace, par le metteur en scène Frédéric Fisbach, rencontres, reconnaissance mutuelle. L’échange, cette fois, est de pleine égalité. Après Frédéric Fisbach, le Japonais monte Jean-Luc Lagarce, avec sa compa- gnie, Seinendan, à l’Agora, le petit théâtre qu’il dirige à Tôkyô, avant de venir présenter ses propres mises en scène en France (Tokyo Notes, Nouvelles du plateau S.). D’autres metteurs en scène vont s’intéresser au travail d’Hirata Oriza : Laurent Gutman, Arnaud Meunier, Frank Dimech. Avec Laurent Gutman, pour qui il écrit Chants d’adieu, Hirata Oriza explore directement les rapports culturels franco-japonais, non sans cocasserie. La dernière découverte faite à la MCJP est celle du groupe Chelfitsch, dirigé par Okada Toshiki. Dans Cinq jours en mars, c’est de l’intérieur de la langue et des corps que la jeunesse tente de prendre sur scène une place qui lui est refusée dans la vie quoti- dienne. Tandis qu’Hirata Oriza demeure dans la tradition littéraire, Okada Toshiki, s’inscrit dans l’enga- gement verbal et physique. Celui d’un théâtre romanesque cru, dont la langue est en souffrance, contrainte par une condition intenable. Quant aux corps, ils sont toujours suspen- dus, incapables de se poser, soit qu’ils n’aient pas de lieux pour cela, soit que le béton brûle... Le monde en instance d’Okada Toshiki et du grou- pe Chelfitsch, ainsi que celui d’Hirata Oriza, devraient être invités au Festival d’Automne à Paris en 2008. Une belle perspective sur le Japon contemporain. n° 26 - Hiver, février 2008 La lettre de la bibliothèque 1 Théâtre contemporain : le Japon vu de France Jean-Louis Perrier, rédacteur à la revue Mouvement

description

La lettre de la bibliothèque n°26

Transcript of La lettre de la bibliothèque n°26

Page 1: La lettre de la bibliothèque n°26

Longtemps, les échangesthéâtraux entre Franceet Japon ont été placéssous le signe de l’inégalité.Tandis que l’Archipel

cherchait à rompre son enferme-ment dans ce que les textes occiden-taux paraissaient offrir de plus nova-teur, l’Hexagone plongeait avec déli-ces dans un passé théâtral lointain,comme si nô et kabuki avaientatteint une perfection indépassable.De tous les arts, le théâtre paraissaitcelui dont les transferts restaient lesplus délicats. À la fin du XXe siècle,même formées au surtitrage, lescommunautés peinaient encore à sedécouvrir en grandeur réelle. Jugéesaux seuls textes publiés, les traduc-tions de théâtre japonais restaientréservées à quelques romanciersillustres, comme Abe Kôbô, ouMishima Yukio, puisqu’aussi bienAlfredo Arias (La Marquise de Sade,au Théâtre de Chaillot) ou JulieBrochen (Hanjo au Théâtre del’Aquarium), ont éprouvé le besoinde le revisiter récemment sous desformes japonisantes.

Pour avoir buté sur le texte, la moder-nité scénique semble s’être frayée unchemin par les corps. Ceux du butôpar exemple, appuyés sur la traditionautant que démarqués d’elle, dansune geste dansée, qui, depuisquelques décennies, n’a cessé debouleverser le monde, au point dedevenir un référent des formes post-dramatiques — pour reprendre lenéologisme forgé par Hans-ThiesLehmann. Les spectacles musicaux,chorégraphiques et plastiques de

Dumb Type (S/N, [OR]...) fusionnantarts scéniques et visuels sont lesexemples les plus remarquables d’unthéâtre post-dramatique japonais.

Si les relations théâtrales franco-japonaises ont trouvé un nouveléquilibre depuis une dizaine d’années,elles le doivent à deux événements :l’ouverture de la Maison de la culturedu Japon à Paris (1997), et, demanière plus inattendue... la Coupedu monde de football (1998). LaMCJP pratique volontiers le croise-ment des cultures. Pour s’en teniraux dernières saisons, ce sont OidaYoshi, adaptant Les Bonnes, deGenet, ou la famille Shigeyamamariant le kyôgen avec les Actes sansparoles, de Beckett. Cela n’exclutheureusement pas la découverted’un théâtre purement japonais,comme nous pourrons le constateren février avec Le Grenier, de SakateYôji. Avec sa compagnie, Rinkôgun,Sakate Yôji s’inscrit dans une tradi-tion engagée dans les années 70,celle, toujours active, de la critiquesociale, s’élevant tour à tour contrela peine de mort, les incarcérationsabusives, la misère ou le suicide desjeunes. Une génération observe, del’extérieur, celle qui lui succède.

En 1998, la Coupe du monde defootball avait été l’occasion de la pu-blication par l’éditeur Les Solitairesintempestifs d’un recueil de trente-deux pièces de jeunes auteurs despays en lice. Le Japon était représentépar Tokyo Notes, d’un inconnu desFrançais : Hirata Oriza. Lecture,mise en espace, par le metteur en

scène Frédéric Fisbach, rencontres,reconnaissance mutuelle. L’échange,cette fois, est de pleine égalité. AprèsFrédéric Fisbach, le Japonais monteJean-Luc Lagarce, avec sa compa-gnie, Seinendan, à l’Agora, le petitthéâtre qu’il dirige à Tôkyô, avant devenir présenter ses propres mises enscène en France (Tokyo Notes,Nouvelles du plateau S.). D’autresmetteurs en scène vont s’intéresserau travail d’Hirata Oriza : LaurentGutman, Arnaud Meunier, FrankDimech. Avec Laurent Gutman,pour qui il écrit Chants d’adieu,Hirata Oriza explore directement lesrapports culturels franco-japonais,non sans cocasserie.

La dernière découverte faite à laMCJP est celle du groupe Chelfitsch,dirigé par Okada Toshiki. Dans Cinqjours en mars, c’est de l’intérieur de lalangue et des corps que la jeunessetente de prendre sur scène une placequi lui est refusée dans la vie quoti-dienne. Tandis qu’Hirata Orizademeure dans la tradition littéraire,Okada Toshiki, s’inscrit dans l’enga-gement verbal et physique. Celuid’un théâtre romanesque cru, dont lalangue est en souffrance, contraintepar une condition intenable. Quantaux corps, ils sont toujours suspen-dus, incapables de se poser, soit qu’ilsn’aient pas de lieux pour cela, soitque le béton brûle... Le monde eninstance d’Okada Toshiki et du grou-pe Chelfitsch, ainsi que celuid’Hirata Oriza, devraient être invitésau Festival d’Automne à Paris en2008. Une belle perspective sur leJapon contemporain. ■

n° 26 - Hiver, février 2008

La lettre de la bibliothèque

1

Théâtre contemporain : le Japon vu de FranceJean-Louis Perrier, rédacteur à la revue Mouvement

Page 2: La lettre de la bibliothèque n°26

Arts

Samuel L. LEITER (dir.)Historical dictionary of Japanese traditional theatreLanham (Maryl.) ; Toronto ; Oxford : Scarecrow Press, 2006. 558p.

Ce dictionnaire est appelé à devenir un ouvrage de référence.Des centaines d’entrées couvrent les différents aspects desquatre grandes formes du théâtre traditionnel japonais (nô,

kyôgen, bunraku et kabuki), depuis les écoles, lesacteurs, l’apprentissage, jusqu’aux costumes etaccessoires, en passant par des éléments théoriques, lamusique et le rapport au religieux.

Tout en étant destiné à un public motivé, cedictionnaire spécialisé s’adresse aux passionnés

du théâtre japonais qui souhaitent aller au-delà del’émotion visuelle et s’initier à l’histoire, aux

conventions et à la terminologie de ces arts de la scène. L’appareil critique se veut, de ce fait, très accessible avec,

notamment, une chronologie, une présentation de chaquegenre, une liste de pièces célèbres et une riche bibliographied’ouvrages et de sites Internet.

NOGAMI TeruyoWaiting on the weather : making movies with Akira KurosawaPréf. de Donald Richie, trad. de Juliet Winters Carpente

Berkeley (Calif.) : Stone Bridge Press, 2006. 295p.

Nogami Teruyo fut la scripte et lacollaboratrice de toute une vie duréalisateur Kurosawa Akira.Assistante fidèle, elle fut à ses côtéspour tous ses grands films à partir deRashomon en 1950. Elle présentedans cet ouvrage un témoignageunique sur la vie des studios del’époque, les dessous des tournages,la façon dont Kurosawa travaillait

avec des acteurs tel que Mifune Toshirô, ses rencontres avecdes réalisateurs comme John Ford Coppola, Martin Scorsese,ou encore Jean-Luc Godard. Préfacé par un spécialiste du cinéma japonais, ces mémoiresillustrés de photographies et de petits croquis de la mainmême de Nogami, nous offrent un regard rafraîchissant surl’homme et le cinéaste, ainsi que de nouvelles clés pourcomprendre la manière dont travaillait un grand génie ducinéma mondial.

TATSUMI TakayukiFull Metal Apache : transactions betweencyberpunk Japan and avant-pop AmericaDurham ; London : Duke University Press, 2006. 241p.

Tatsumi Takayuki est aujourd’hui l’un des critiques du mondeculturel le plus en vue au Japon. Sa connaissance encyclopédiquedes cultures japonaise et américaine le place en excellente

position pour présenter lesinteractions entre les mouvementsd’avant-garde et la cultureunderground des deux pays. Danscette étude, il met en parallèle lesœuvres décalées d’écrivains,cinéastes, musiciens, créateurs demangas… tels qu’Abe Kôbô,Tsukamoto Shinya ou Terayama Shûjiet montre comment, au cours desvingt dernières années, leur travail de

création s’est nourri de matériaux puisés aussi bien en Occidentqu’en Orient. Ses analyses — parfois aussi provocantes queles œuvres elles-mêmes — contribuent à déconstruire lesimages stéréotypées que le Japon et les États-Unis peuventavoir l’un de l’autre dans le domaine de la culture.

Littérature

1905 : Autour de TsoushimaTextes réunis et présentés par Alain Quella-Villéger et Dany Savelli

Paris : Éd. Presses de la Cité, coll. Omnibus, 2005. 1 012p.

En 1904-1905 se déroula une guerreentre le Japon et la Russie dont on apeu de souvenirs aujourd’hui, maisqui fut l’événement le plus suivi dudébut du XXe siècle. La bataille deTsushima (1905), qui marquait la find’un engrenage politique et militairehors du commun, engendra uneeffervescence dans la pressemondiale et marqua les esprits carelle signifiait la défaite d’une

puissance occidentale face à un pays asiatique émergeant. Lalittérature internationale vit alors se multiplier reportages,histoires, récits épiques, théâtre et nouvelles.Cet ouvrage présente les textes de grands auteurs qui se sontintéressés à cette guerre, avec des noms tels que Jack London,Léon Tolstoï, Natsume Sôseki, Alexandre Kouprine, GastonLeroux, Lafcadio Hearn, et bien d’autres encore...

OSARAGI JirôLes 47 rôninsTrad. de Jacques Lalloz

Arles : Éd. Philippe Picquier, 2007. 881p.

L’histoire des quarante-sept samouraïs qui, au XVIIIe siècle,décidèrent de venger leur maître est une légende nationale auJapon. Pendant presque deux ans, les quarante-sept hommesdevenus rônin, samouraïs sans maître, préparèrent leurvengeance, allant jusqu’à mener une vie en apparencedissolue pour mieux endormir les soupçons, avant de prendred’assaut la demeure du seigneur responsable de la mort deleur maître et de lui couper la tête. Ils furent condamnés parle shôgun au seppuku, suicide rituel. Osaragi Jirô (1897-1973), spécialiste des romans d’aventuredont le succès populaire ne s’est jamais démenti, livre avec lerécit de cette épopée, un grand roman de cape et d’épée.

Regards sur le fonds

2

Page 3: La lettre de la bibliothèque n°26

Histoire

La société japonaise devant la montée dumilitarisme : culture populaire et contrôle socialdans les années 1930Sous la dir. de Jean-Jacques Tschudin et Claude Hamon

Arles : Éd. Philippe Picquier, 2007. 238p.

Succédant à La Nation en marche(1999) et à La modernité à l’horizon(2004) parus chez le même éditeur, cevolume constitue le troisième volet decette série d’études sur la sociétéjaponaise moderne entre l’ouverturede Meiji et la défaite de 1945.La décennie 1931-1941 dont il estquestion dans cet ouvrage, marquel’histoire du Japon moderne, quiglisse de la relative liberté etouverture de Taishô (1912-1926) vers

un régime totalitaire, impérialiste et fascisant. Desspécialistes français et étrangers examinent ici leschangements dans certains domaines de la vie culturelle etsociale face à la militarisation croissante.Les trois grands thèmes abordés sont : la gestion desterritoires coloniaux, le contrôle social et l’endoctrinement dela population, et les réactions et choix des acteurs de laculture dans ce contexte.

Jean-Marie BOUISSOU (dir.)Le Japon contemporainParis : Fayard / CERI, 2007. 613p.

L’archipel japonais est occupé et mis au ban des nations en1945. Pourtant il devient la première puissance commercialemondiale dans les années 1970, la première puissancefinancière dans les années 1980, jusqu’à ce que le « modèle »japonais ne soit mis à mal avec l’éclatement de la bullespéculative au cours de la décennie suivante. La mondialisation, la montée en puissance de la Chine et ledéficit démographique naissant sont dès lors de nouveauxdéfis pour le « cool Japan », désormais grand exportateur deculture populaire, qui va devoir inaugurer un nouveau cyclede son histoire.Vingt-quatre spécialistes se penchent sur plus d’un demi-siècle d’histoire et s’attachent à décrypter la mutation qui esten train de s’opérer en ce début de XXIe siècle,en passant au crible la vie politique,économique, sociale, religieuse et culturelle.

Jardin

Jake HOBSONNiwaki : taille et conduite des arbres et arbustes à la japonaiseTrad. de Dominique Brochet

Rodez : Éd. du Rouergue, 2007. 158p.

Le terme de niwaki signifielittéralement « arbre de jardin »,désignant ainsi un arbre ou unarbuste de jardin qui a été taillé,transformé par la main de l’hommeen une forme « juste ». Il se distinguepar là de l’arbre se développantlibrement dans la nature sauvage. Le jardinier japonais met en œuvrecet art ancestral du niwaki en

prodiguant à l’arbre des soins incessants qui lui donnerontles caractéristiques — troncs tordus, branches étendues,frondaisons arrondies — qui expriment le mieux, selon lui, laquintessence de l’arbre.C’est à la découverte de cet art que vous convie ce livre. Pas àpas, Jake Hobson vous enseigne comment tailler et façonner« à la japonaise » pins, azalées, conifères, bambous et autresplantes, pour donner à votre jardin — aussi petit soit-il — unetonalité unique.

Economie

Claude HAMONShibusawa Eiichi (1840-1931) : bâtisseur du capitalisme japonaisParis : Maisonneuve & Larose, 2007. 379p.

Shibusawa Eiichi fut un entrepreneurhors pair et un banquier remarquable,l’un des pionniers du capitalismenippon. Cette biographie ne s’attachepas uniquement à décrire le destind’un homme d’exception, elle dressele panorama d’un Japon moderne etmontre comment un parcourspersonnel peut influencer laconstruction de l’État-nation, ainsiqu’un ensemble d’institutions, tel quela famille, l’éducation ou l’entreprise.

Organisé thématiquement, l’ouvrage s’appuie sur des grillesde lecture historiques et sociologiques, en partant des thèsesde Max Weber, et en enrichissant l’analyse par un vaste travailde collecte de données difficilement disponibles jusqu’alors.Un ouvrage pour comprendre l’essence même de l’économiejaponaise à travers le portrait de l’un de ses bâtisseurs.

3

Page 4: La lettre de la bibliothèque n°26

Né en 1962, Sakate Yôji est à 45 ansl’une des figures majeures du renouveauthéâtral au Japon. En 1983, il crée sa pro-pre compagnie, Rinkôgun, pour laquelle ilécrit et met en scène la plupart des piècesqu’il présente dans son propre théâtre, l’ « Umegaoka box ». Les années 1980 sonten effet marquées par le shôgekijo boom —« le boom des petits théâtres » — et voientse développer une multitude de compagniesindépendantes possédant leur propre petitesalle de spectacle, lieu où elles concentrentleurs activités...

Le théâtre de Sakate explore les problè-mes sociaux, aborde des sujets tabous et desdossiers sensibles : les forces d’auto-défenseau Japon, la guerre en Irak, l’homosexualitéféminine à Tôkyô, les mines anti-personnelou encore le phénomène des hikikomori(adolescents vivant reclus chez eux)... autant de sujets graves traités le plus souvent sur lemode de l’humour noir. Sakate Yôji a reçu à plusieurs reprises de prestigieux prix, dont leprix Yomiuri Shimbun du meilleur metteur en scène. Il est aujourd’hui président del’Association des auteurs dramatiques japonais et directeur de l’Association des metteursen scène japonais.

La Maison de la culture du Japon à Paris accueillera les 7, 8 et 9 février 2008 Sakate Yôji et sa troupe Rinkôgun pour trois représentations de sa pièce Le Grenier. Pour l’heure, l’auteur s’est prêté à notre petit “jeu de portraits” en répondant à 14 questions choisies dansle questionnaire de Proust.

Le principal trait de mon caractère La curiosité Ce que j’apprécie le plus chez mes amis Le fait qu’ils ne changent pas

Mon principal défaut L’impatienceMon occupation préférée Commencer un nouveau travail

Mon rêve de bonheur Que tout aille comme sur des roulettesQuel serait mon plus grand malheur Passer à côté de l’occasion de ma vie

Ce que je voudrais être Rester moi-même, même dans les moments de crisesLe lieu où je désirerais vivre À Paris au mois d’avril

La couleur que je préfère Le vertMes héros dans la fiction Philip Marlowe *

Mes compositeurs préférés Ennio Morricone Mes peintres favoris Auguste Renoir

Le don de la nature que je voudrais avoir L’eauMa devise Tout problème a une solution

* Philip Marlowe est un personnage de détective privé créé par Raymond Chandler.

Directeur de la publicationMasateru Nakagawa

RédactionChisato Sugita

Florence PaschalPascale Takahashi

Racha AbaziedConception graphique

et maquetteLa Graphisterie

ImpressionImprimerie d’Arcueil

Dépôt légal : 1er trimestre 2008

ISSN 1291-2441

Sakate Yôji, dramaturge, metteur en scène

BibliothèqueMaison de la culture

du Japon à Paris101 bis, quai Branly

75740 Paris cedex 15Tél. 01 44 37 95 50Fax 01 44 37 95 58www.mcjp.asso.fr

OuvertureDu mardi au samedi

de 13h à 18hNocturne le jeudi jusqu’à 20h

FermetureLes dimanches,

lundis et jours fériés

4

© K

agam

ida

Nob

uyuk

i

Jeu de portraits