La Colline - La légende de Naoka

Il m'est arrivé, durant mes voyages, de rencontrer des groupes de survivants hétéro-clites. Certains étaient des sauvages, d'autres seulement perdus dans leur tête, mais une chose m'a marqué chez chacun d'entre eux… Un point commun qui les liait malgré les différences notables. Tous racontaient la même légende, celle d'un homme choisi par les dieux pour réconcilier les peuples.

Évidemment, ils prétendaient aussi qu'ils l'avaient tous rencontré en personne, mais sur ce point, leur récit me paraissait plutôt tiré par les cheveux. Pourtant, un sentiment en moi ne put s'empêcher de me pousser à écrire ce récit palpitant... Celui de Naoka, le maitre de la colline et le gardien des graines magiques. Celui qui permit à l'humanité de revivre de ses cendres.

Alors voici pour vous, la légende de Naoka, le gourou de la colline :

On dit de lui qu'il n'a pas d'âge, qu'il vivrait depuis la nuit des temps.

Un jour, il est apparu, à la croisée des chemins, là ou le vent cesse de souffler et que le temps s'arrête. Partout où, il allait, il était porté par un aura musical unique et rythmé. Il parlait peu, et quand il le faisait, c'était toujours utile, court et précis. Il aurait acquis le statut de demi-dieu parmi les vivants en rencontrant tous les porteurs de la divine sa-gesse. Il les rencontra durant un long périple à travers les terres dévastées de l'an-cienne nation humaine. Il du combattre, réfléchir, surprendre, mais à chaque dieu ren-contré et vaincu, celui-ci le remercia avec des graines magiques aux multiples usages.

Parfois, elles avaient la vertu de tout guérir, d'autre fois de donner la fertilité, elles per -mettaient même la croissance rapide des plantes! Mille dieux pour, mille usages.

Parmi ces dieux que l'unique Naoka avait vaincu, Cinq sortaient du lot. Leur importance était telle que je vais prendre le temps de vous conter chacun des combats auquel le gardien se confronta.

Orctor des sables: Le dieu maître de la force absolue et le gardien des graines de la puissance

Naoka avait marché, ce qui lui semblait des lustres, à travers le désert au mille mirages. Dans un ultime effort, il avait réussi à atteindre la forteresse de Orctor des Sables, le dieu de la puissance. Ce n'était pas le premier dieu auquel il avait eu affaire, mais vaincre le plus puissant de tous n'allait pas être facile. Les dons musicaux mystiques du gourou pouvait surement lui servir mais il savait que ce n'était pas suffisant. Il avait lu sur lui dans les archives anciennes, qu'il avait une seule faiblesse, un tout petit point sensible que très peu d'être étaient capable de toucher : Le coeur. Oui, ce géant de

puissance et de force était faible de compassion et savait avoir de l'empathie envers au-trui.

Belle faiblesse en perspective mais il se devait de trouver comment amener un dieu à se laisser toucher au coeur. Encore faut il savoir qu'est-ce qui le touche vraiment! De plus, derrière sa forteresse, il paraissait intouchable et invulnérable. C'est alors qu'il eu une vision. Amplifier ses pouvoirs mystiques en utilisant le désert autour de lui pour faire un amphithéâtre semi-circulaire qui multiplierait le son afin que le dieu puisse entendre sa musique résonner au plus profond de son âme.

Malgré la soif et la faim, cela lui pris 3 jours et trois nuits pour déplacer les dunes et créer le plus gigantesque amphithéâtre de sable. Orctor, qui le regardait de sa plus haute tour, se sentait honoré et ordonna à ses servants d'apporter de l'eau et de la nourriture à cet être infatigable qui lui construisait un monument à sa gloire… du moins, le pensait il. Naoka accepta les offrandes divines seulement lorsqu'il eu fini son projet. Il mangea, bu, et dormi quelques heures jusqu'au soleil levant.

Le soleil perçait à peine l'horizon, que le maître se mis à l'oeuvre. Il entra en transe et se mis a jouer le plus puissant des rythmes… Amplifié par les dunes qu'il avait judicieu-sement disposé, il joua un concert privé de quelques minutes pour ce dieu de Force et tranquillement, la musique faisait son effet.

Patiemment, le gourou pulsait la musique à un rythme qui embrasait le coeur du Dieu. Celui-ci se mit à pleurer d'émotion et à crier rédemption. La tristesse du puissant être di -vin se fit sentir dans l'esprit du gourou qui brillamment conclut son mix.

Orctor descendit au niveau de Naoka, s'inclina et lui remit une quantité magique de graines de puissances. Le maitre du Beat avait vaincu le plus puissant des dieux!

Belladonna, déesse de la beauté, gardienne des graines de la jeunesse éternelle

Cette déesse était magnifique, une perle de beauté absolue dans un océan de désola-tion. Elle différait des autres divinités car elle aimait la compagnie des créatures ter-restres, quelle qu'elle soit. Elle appréciait surtout la compagnie des hommes avec les-quels elle pouvait passer des heures…

C'est par hasard que le chemin de Belladone et de Naoka se sont croisé. Dès le pre-mier regard, ce fut un coup de foudre de part et d'autre. Les deux êtres semblaient se compléter jusqu'au plus profond de leur âme.

Les jours passaient comme les semaines et les deux amants convoitaient la présence de l'autre. Malheureusement, les choses ne pouvaient pas durer des lustres car une déesse n'a pas le droit de partager la vie d'un simple mortel. C'est alors qu'elle proposa à Naoka la possibilité de vivre une jeunesse éternelle en partageant les graines ma-

giques qu'elle gardait sous sa ceinture. Elle fit le partage et ils vécurent ainsi quelques mois dans la folie de leur amour..

Dans le cercle des dieux, la colère grondait. Elle n'avait pas le droit d'agir de la sorte avec un mortel ! C'était indigne de la part d'une déesse. Ils convoquèrent Belladonna au conseil et d'une voie majoritaire, ils confisquèrent les graines magiques et tout le pou-voir qu'elle possédait. Elle redevint humaine.

De plus, les dieux savaient que son amoureux avait toujours des graines de jeunesse en sa possession, ils invoquèrent alors un sort empêchant, jusqu'à sa mort, ces graines d'avoir le moindre effet sur elle.

Elle retourna auprès de Naoka et ils passèrent le reste de la vie ensemble. Une vie très courte. Le jour du décès de sa douce, il lui composa une douce harmonie, simple, vrai. Libre de son amour. Un souvenir. Il ne la verra plus jamais.

Quelques temps après, le gourou repris la route pour continuer sa quête, portant en son coeur son amour disparu. La graine de jeunesse avec les autres, dans sa poche ma-gique, il retourna en quête des autre dieux.

Les jumelles siamoises Morti et Vivia, déesses de la mort et de la vie, gardiennes des graines de la mortification et de la réincarnation

Ces déesses se composent de deux être divins qui se partagent le même corps. Avec ses deux têtes, elle est la représentante du bien et du mal, de la vie et de la mort. Elle n'aime pas la discorde et préfère l'harmonie car elle doit constamment être en accord avec elle-même. Comment voulez vous… Deux têtes qui veulent contrôler un même corps !!

Naoka, après plusieurs semaines de recherche, trouva finalement la tanière de cette déesse balancier. Celle-ci n'aimait pas le combat mais plutôt les jeux d'esprits. Son dada était les devinettes et à la vue de Naoka, elle se précipita à sa rencontre.

Elle lui proposa plusieurs petites énigmes que le gourou n'eu pas de mal a résoudre. Après une dizaine de réussites, Naoka manifesta aux déesses qu'il avait droit au graines magiques.

Morti et Vivia ne l'entendaient pas ainsi, c'est alors qu'elles proposèrent ceci au gourou :

- "Si tu nous donnes une énigme que l'on ne peut pas résoudre, nous te donnerons les graines magiques"

Naoka réfléchit longuement et leur proposa :

- "Mesdames les déesses, vous qui avez un corps pour deux têtes, pouvez vous me dire qui est le maître de votre corps ?"

- «C'est facile!! Prononcèrent les têtes à l'unisson, C'est moi !»

Les deux têtes se regardèrent… Chacune n'appréciait pas le fait que l'autre prétendait être la souveraine légitime du corps qu'elles partageaient. Elles se mirent à se battre pendant des heures, jusqu'à ce qu'elles tombent de fatigue.

Naoka leur donna la réponse :

- "Mesdames, il n'y a pas de maître absolu de votre corps, vous partagez le pouvoir alors, le vrai maître est vous deux à part égale."

À nouveau, elles se regardèrent d'un air déçu, hochèrent la tête et donnèrent à Naoka les graines de la mort et de la réincarnation. L'esprit vif du gourou savoura sa victoire sur deux têtes bien pensante. En guise de remerciement, il leur composa un petit air pour les consoler.

Gaia, la déesse de la nature et de la fertilité, gardienne des graines qui guérissent tout les maux et donnent la fertilité à ceux qui l'ont perdu

Naoka se savait a la fin de son périple et se devait de rencontrer la déesse Gaia dans la forêt aux milles songes. La seule façon de lui parler était de passer une nuit au milieu de la forêt près de la rivière aux eaux claires et pures. Il devait méditer sur une musique poétique et enivrante qui lui donnerait la transe nécessaire pour communiquer avec la déesse.

Les heures passaient et le gourou était toujours peu inspiré quand Gaia daigna pointer le bout du nez.

Dans une grâce et une douceur divine, elle s'adressa à Naoka.

- «Que veux tu de moi, simple mortel?»- «Je suis au bout de ma quête pour créer un nouveau monde sur la colline verdoyante et il ne me manque que les graines que tu possèdes pour être sur de pouvoir aider ces gens qui voudront bien le construire."- «Pourquoi je t'aiderais??»- «Si tu oses m'aider, nous prendrons soin de notre monde afin de ne pas répéter les er-reurs du passé. Du coup, tu en seras plus forte."- «Oui, je veux bien mais à une condition, que tu me promette d'utiliser tes graines qu'à de bons desseins pour cette nouvelle humanité que tu veux faire naître.- «C'est promis»

La déesse partagea ses graines magiques et Naoka parti sur la colline pour y attendre toute âme qui sera digne de construire ce nouveau monde avec lui.

Ce que je sais de la légende, je vous l'ai écrit dans ce petit livre que je vais déposer à la porte de votre bunker. Cela fait plusieurs fois que je passe au dessus de vous et que

j'entend votre musique. Si vous sortez un jour de votre abri , sachez que je suis à sa re-cherche car j'ai une amie qui a besoin d'aide. Peut-être nous nous croiserons sur un chemin.

D'ici là, je chercherai la colline et si je la trouve je reviendrai vous y emmener. La terre est de nouveau vivable et elle aura besoin de vous.

Amicalement,