La Langue Hébraïque de Fabre d'Olivet

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    La Langue hbraque restitue et le sens vritable des mots hbreux par Fabre d'Olivet

    Beraeshith bar Aelohim aeth-ha-shamam w'aeth-ha-retz.

    Dans le Principe, Lui-les-Dieux, l'tre des tres, avait cren principe ce

    qui constitue l'essence des Cieux et de la Terre.

    Tir de La langue hbraque restitue d'Antoine Fabre-dOlivet. Paris, Dorbon-Ain, s.d. (1931),second volume, pages 24-26.

    Et le vritable sens des mots hbreu rtabli et prouv par leur analyse radicale

    La langue hbraque restitue est un ouvrage dans lequel on trouve runis : Une dissertation introductive sur lorigine de la Parole, ltude des langues qui peuvent y

    conduire, et le but que lAuteur sest propos. Une grammaire hbraque, fonde sur de nouveaux principes, et rendue utile ltude des

    langues en gnral. Une srie de racines hbraques, envisages sous des rapports nouveaux, et destines faciliter

    lintelligence du langage, et celle de la science tymologique.

    Un discours prliminaire. Une traduction en franais des dix premiers chapitres du Spher, contenant la Cosmogonie de

    Moyse. (Cette traduction, destine servir de preuve aux principes poss dans la Grammaire etdans le dictionnaire, est prcde dune Version littrale, en franais et en anglais, faite sur letexte hbreu prsente en original avec une transcription en caractres modernes, etaccompagne de notes grammaticales et critiques, o linterprtation donne chaque mot estprouve par son analyse radicale, et sa confrontation avec le mot analogique samaritain,chaldaque, syriaque, arabe, ou grec.

    Primitivement, en principe... Mon intention n'est pas, dans ces Notes, d'examiner nide discuter les opinions que les savants des sicles passs, juifs ou chrtiens, ont mises sur le senscach de ce mot, ou de ceux qui vont suivre. Ce serait une tche aussi longue qu'ennuyeuse.J'expliquerai, mais je ne commenterai pas; car ce n'est point un systme que j'tablis, sur desconjectures ou des probabilits plus ou moins heureuses, mais la Langue mme de Moyse que

    j'interprte selon ses principes constitutifs, que j'ai pris soin de dvelopper assez.

    Ainsi donc, sans m'embarrasser des interprtations diverses, bonnes ou mauvaises, qu'onpeut avoir donnes au mot , je dirais que ce mot, dans la place o il se trouve, offre troissens distincts : l'un propre, l'autre figur, le troisime hiroglyphique. Moyse les a employs tous les

    trois, comme cela se prouve par la suite mme de son ouvrage. Il a suivi en cela la mthode des

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    Prtres gyptiens; car je dois dire avant tout que ces Prtres avaient trois manires d'exprimer leurpense. La premire est claire et simple, la seconde symbolique et figure, la troisime sacre ouhiroglyphique. Ils se servaient, cet effet, de trois sortes de caractres, mais non pas de troisdialectes, comme on pourrait le penser. Le mme mot prenait leur gr le sens propre, figur ou

    hiroglyphique. Tel tait le gnie de leur Langue. Hraclite a parfaitement exprim la diffrence deces trois styles, en les dsignant par les pithtes de parlant, signifiant et cachant. Les deuxpremires manires, c'est--dire, celles qui consistaient prendre les mots dans le sens propre oufigur, taient oratoires; mais la troisime qui ne pouvait recevoir sa forme hiroglyphique qu'aumoyen des caractres dont les mots taient composs, n'existaient que pour les yeux, et nes'employait qu'en crivant. Nos langues modernes sont entirement inhabiles la faire ressentir.Moyse, initi dans tous les mystres du sacerdoce gyptien, s'est servi avec un art infini de ces troismanires, sa phrase est presque toujours constitue de faon prsenter trois sens : c'est pourquoinulle espce de mot--mot ne peut rendre sa pense. Je me suis attach autant que je l'ai pu, exprimer ensemble le sens propre et le sens figur. Quant au sens hiroglyphique, il et souvent t

    trop dangereux de l'exposer; mais je n'ai rien nglig pour fournir les moyens d'y parvenir, enproposant les principes et en donnant les exemples.

    Le mot , dont il s'agit ici, est un nom modificatif form du substantif, la tte, lechef, le Principe agissant, inflchi par l'article mdiatif , et modifi par la dsinence dsignative,. Il signifie proprement dans le principe, avant tout; mais au figur, il veut dire, en principe, en

    puissance d'tre.

    Voici comment on peut arriver au sens hiroglyphique. Ce que je vais dire servira d'exemplepour la suite. Le mot , signifie bien, la, sur lequel s'lve le modificatif tte, mais ce

    n'est que dans un sens restreint et particulier. Dans un sens plus tendu et plus gnrique, il signifiele principe. Or, qu'est-ce qu'un principe ? Je vais dire de quelle manire l'avaient conu les premiersauteurs du mot . Ils avaient conu une sorte de puissance absolue, au moyen de laquelle touttre relatif est constitu tel; et ils avaient exprim leur ide par le signe potentiel , et le signe relatif runis. En criture hiroglyphique, c'taient un point au centre d'un cercle. Le point centraldplayant la circonfrence, tait l'image de tout principe. L'criture littrale rendait le point par , etle cercle par ou . La lettre reprsentait le cercle sensible, la lettre le cercle intelligible qu'onpeignait ail ou entour de flammes.

    Un principe ainsi conu tait, dans le sens universel, applicable toutes les choses, tantphysiques que mtaphysiques; mais dans un sens plus restreint, on l'appliquait au feu lmentaire; etselon que le mot radical tait pris au propre ou au figur, il signifiait le feu sensible ouintelligible, celui de la matire ou celui de l'esprit.

    Prenant ensuite ce mme mot , dont je viens d'expliquer l'origine, on le faisait rgir par lesigne du mouvement propre dterminant , c'est--dire, en langue, et l'on obtenait le composhiroglyphique, tout principe jouissant d'un mouvement propre et dterminant, d'une force innebonne ou mauvaise. Cette lettre se rendrait en criture sacre par l'image d'un serpent, debout outraversant le cercle par le centre. Dans le langage ordinaire, on voyait dans le mot , un chef, unguide, la tte de tel tre, de telle chose que ce ft; dans le langage figur, on entendait un premiermoteur, un principe agissant, un gnie bon ou mauvais, une volont droite ou perverse, un dmon,

    etc; dans le langage hiroglyphique on signalait le Principe principiant universel, dont il n'tait point

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    permis de divulguer la connaissance.

    Voici les trois significations du mot , qui sert de base au modificatif . On sentbien qu'il me serait impossible d'entrer dans de semblables dtails sur tous les mots qui vont suivre.

    Je ne le pourrais sans outrepasser les bornes que je me suis prescrites et que la prudence commande.J'aurai soin seulement, en amalgamant les trois significations, de donner au lecteur intelligent toutes

    les facilits qu'il pourra dsirer.

    Au reste, voici, pour ne rien omettre dans ce premier article, comment les quatre versions

    rendent ce mot important. La version samaritaine htw)mrqb, c'est--dire, en substantialit, enlmentisation, en commencement. Le Targum chaldaque porte ,, que l'on peut traduire pardans le point culminant des assimilations universelles; dans l'antrioritdes temps. Les hllnistestraduisent ,

    Et les latins, in principio . Les premiers se rapprochent beaucoup plus du samaritain, etles seconds du chaldaque. Ce qui devait tre; car, comme je l'ai dit, les hllnistes consultaientsouvent la version samaritaine, et Saint Jrme, les rabbins de Tibriade attachs aux targums.

    , il cra... Il serait sans doute aussi long qu'inutile de s'arrter sur les disputesnombreuses que ce mot a fait natre, et qui toutes se rduisent savoir si le verbe signifiefairequelque chose de rien, ou simplement, faire quelque chose de quelque chose. Les rabbins de la

    synagogue et les docteurs de l'glise ont bien prouv par ces luttes verbeuses qu'ils n'entendaient, niles uns ni les autres, la langue sur laquelle ils disputaient; car ils auraient vu autrement qu'ils taientfort loigns du point de la question. J'ai dj eu occasion de chercher la vraie thymologie de ce

    verbe fameux, et j'ai prouv qu'il signifiait, tirer d'un

    l

    ment inconnu; faire passer du principe

    l'essence; rendre mme ce qui tait autre, etc.; ainsi qu'on peut le voir au chapitre VII de ma

    Grammaire. Je l'ai driv du signe du mouvement propre runi celui de l'action intrieure . Lesarabes l'on traduit par , dont la racine signifie une chose rare et tnue, une chose sans formeet sans consistance, un vide, un nant. Les grecs l'on rendu par , il fit et les latins par creavit , il cra. Cette dernire expression, bien entendue, n'est point loigne de l'hbreu; carelle sort de la mme racine lmentaire , lev sur le signe du mouvement propre . C'est le mot Re , indiquant la chose au moyen de laquelle on agit, qui se trouve gouverne par le signeassimilatif , dont les trusques faisaient grand usage. Ce mot, devenu verbe c-re-are, prend, dansce nouvel tat, un sens qu'on ne pourrait rendre exactement en franais, qu'en forgeant le verbechoser. Les samaritains ont rendu l'hbreu par sml+, qui signifie proprement compacter, rendredense et compact; ainsi que le prouve le chaldaque . Le targum a conserv le mot primitif.

    , Elohim. C'est le pluriel du mot , nom donn l'ternel Suprme par leshbreux et les chaldens, et drivant lui-mme de la racine , qui dpeint l'lvation, la force, lapuissance expansive; et qui signifie dans un sens universel, DIEU. C'est une remarque fort

    singulire, que ce dernier mot, appliqu au Trs-Haut, n'est pourtant, dans son sens abstrait, que lepronom relatif celui ou ceux, employ d'une manire absolue. Les peuples asiatiques ont presquetous us de cette mtaphore hardie. (ha), c'est--dire LUI, est en hbreu, en chaldaque, ensyriaque, en thiopien, en arabe, un des noms sacrs de la Divinit; et il parat bien que le motpersan (Goda), DIEU, qui se trouve dans toutes les langues du nord, drive aussi du pronom

    absolu , LUI-MME. On sait assez que les philosophes grecs, et principalement Platon, ne

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    dsignaient pas autrement la Cause intelligente de l'Univers, que par le mme pronom absolu .

    Quoi qu'il en soit, le nom hbraque Elohim a t visiblement compos du pronom et du

    verbe ,tre-tant, dont j'ai assez parl dans ma Grammaire. C'est de la racine intime de ce verbeque se forme le nom divin (Iah), dont le sens propre est la-Vie-absolue. Le verbe lui-mme, runiau pronom , fournit ,((Elah ce-LUI-qui-EST, dont le pluriel Elohim signifie exactement

    LUI-eux-qui-SONT: l'tre des tres.

    Le samaritain dit hl) (Alah), dont la racine se trouve encore dans l'arabe (Allah),et dans le syriaque (Eloha). Le chaldaque seul s'loigne de cette racine et traduit (Iaii),l'ternit-des-ternits, qu'il applique aussi au nom ineffable de Dieu (Ihah), dont je parleraiplus loin. Je renvoie aussi plus loin les mots , les cieux, et , la terre, pour ne pas tropgrossir cet article.

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