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La langue des signes tactile des La langue des signes tactile des personnes sourdaveuglespersonnes sourdaveugles

Université de Metz 07-03-2008Sandrine Schwartz

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Parcours personnel, professionnel Parcours personnel, professionnel et universitaireet universitaire

• 1990-1995: Études universitaires, dont Linguistique, apprentissage LSF

• 1995: Formation Interprète Serac• 1995-1996: Premiers contacts avec SA• 1998: Reprise études Linguistique LSF• 1999: Contacts Sourds Usher et SA en GB• 2002: Mémoire DFSSU: « Spécificités des PSA et de leurs

moyens de communication, en particulier la LST. Conséquences sur l ’interprétation ».

• 2004: DEA Sciences du Langage LSF : « Éléments pour une analyse de la LST pratiquée par les PSA »

• 2005: Certificat de compétence « Consultant en insertion dans le domaine du handicap » CNAM Paris

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AujourdAujourd ’hui...’hui...• Interprète à temps plein en services à Paris (dont

interprétation pour PSA et Sourds Usher)• Chargée de cours Master Interprétation LSF (Université

Rouen et Université Lille 3) et DU Assistants de Communication (Université Paris 8)

• Intervenante dans des modules universitaires (Université Libre de Médecine de Lille, DU Pratique Approfondie de la LSF, DPCU Enseignement de la LSF, Université de Metz…)

• Doctorante Sciences du Langage, Paris 8, Directeur C. Cuxac, thèse: « Analyse structurale et fonctionnelle de la LST pratiquée par les PSA »

• Animatrice séjours SA avec le CRESAM…!

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Contenu de mon interventionContenu de mon intervention

• La population SA et ses moyens de communication

• État des recherches sur la LST• Recueil de corpus en LSF tactile• Éléments de la LST à analyser• La LST en situation, perspectives et pistes

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PSA et moyens de communicationPSA et moyens de communication

• Population SA

• Définition : Personnes atteintes de surdi-cécité : surdité ET cécité totales ET/OU partielles, d’où une incapacité à fonctionner comme des personnes simplement sourdes ou simplement aveugles

• Terminologie : « sourdaveugle » versus « sourd-aveugle »

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PSA et moyens de communicationPSA et moyens de communication

• Statistiques

• Estimation de la population sourdaveugle en France: 3000 personnes (chiffres CRESAM)

• 1500 devenues sourdaveugles en raison de l’âge• 1000 personnes nées sourdes (ou sourdes

prélinguales) et devenues aveugles• 500 sourdaveugles de naissance • 150 personnes nées aveugles et devenues sourdes

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PSA et moyens de communicationPSA et moyens de communication

• Étiologie• Causes génétiques syndromiques• Causes prénatales• Autres causes

• Syndrome de Usher• Maladie autosomique récessive• Déficience auditive, déficience visuelle évolutive

(et problèmes d’équilibre possibles)• Trois types

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PSA et moyens de communicationPSA et moyens de communication

• Perspective fonctionnelle

• Surdi-cécité congénitale• Surdi-cécité acquise• Surdité congénitale et cécité acquise• Cécité congénitale et surdité acquise

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PSA et moyens de communicationPSA et moyens de communication

• Perspective communicationnelle• Nées sourdes, LSF• Nées sourdes, oral• Ayant appris le français avant de

devenir sourdes• Entendant encore suffisamment• Compétences linguistiques minimales• Compétences langagières minimales

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Communication et surdiCommunication et surdi--cécitécécité

• Surdi-cécité congénitale: compétences linguistiques/langagières minimales

• Surdi-cécité acquise: restauration/acquisition d’un moyen de réception de la communication basé sur le tactile

• Population sourdaveugle dotée d’une grande diversité de modes de communication

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Moyens de communicationMoyens de communication

• Oral• Ecritures

• Alphabets tactiles• Langue des signes

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TadomaTadoma

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BrailleBraille

Alphabet braille1 Machine Perkins à écrire en Braille2

Ecriture braille à la tablette3 Terminal braille éphémère 4 Louis BRAILLE5

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MoonMoon

Tableau de l’alphabet Moon 1 Page écrite en Moon2

Machine à écrire en Moon 1 William MOON2

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EcritureEcriture dans la paumedans la paume

Lettres capitales standardisées1 Ecriture dans la paume de la main2

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MorseMorse

Alphabet Morse1 Samuel MORSE2

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Braille manuelBraille manuel

Braille dans la main1 Braille sous les mains2

Braille sur les mains, méthode japonaise3

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LormLorm

Alphabet lorm1 Alphabet lorm allemand2

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MalossiMalossi

Gant avec alphabet et chiffres1 Alphabet Malossi2

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Dactylologie à une mainDactylologie à une main

Personne sourde-aveugle recevant

de la dactylologie à une main 1 Dactylologie française à une main2

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Alphabet internationalAlphabet international

Dactylologie de la BSL1 Alphabet international des Sourds-Aveugles2

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Langue des signes visuelleLangue des signes visuelle

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Langue des signes tactileLangue des signes tactile

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État des recherches sur la LSTÉtat des recherches sur la LST

• Étude de Johanna MESCH• Étude de Steven COLLINS et Karen

PETRONIO• Autres études

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Étude de Johanna MeschÉtude de Johanna Mesch

• Linguiste suédoise• Corpus vidéo entre 1989 et 1995• Informateurs tous nés sourds ou sourds précoces

avec la LS comme langue native, Sourds, tous SU sauf une personne

• Consigne: discuter librement• 3h de corpus vidéo, 168 occurrences de questions

et leur contexte ont été transcrites

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Étude de Johanna MeschÉtude de Johanna Mesch

• Objectif: observation des stratégies en LST pour marquer les tours de parole, sachant qu ’en LSV, cela passe principalement par les expressions faciales et les yeux, signaux non-manuels, donc non perceptibles tactilement.

• Observation de 6 dyades: 5 dyades en LS suédoise (2 dyades S-SA, 3 dyades SA-SA) et 1 dyade en LS finlandaise (SA-SA)

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Position des mainsPosition des mains

Position monologique • Mains du récepteur toutes deux placées sous mains du signeur

• Utilisée majoritairement dans les situations d ’interprétation

• Ou dans les discussions entre SA et personne voyante

• Ou entre deux PSA quand longs tours de parole.

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Position des mainsPosition des mains

Position dialogique • Position asymétrique: main active de chacun placée sous la main réceptrice de l ’autre

• Avantage: pas besoin de s ’inverser pour tours de parole

• La plus fréquemment utilisée entre SA

• Quand gaucher, inversion nécessaire

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Gestion des tours de paroleGestion des tours de parole• Lorsque les PSA utilisent la position

monologique pour converser, les changements de tours de parole sont marqués par l ’inversion de la position des mains

• En position dialogique, autres stratégies: déplacement des mains dans les plans horizontaux et verticaux, plus un léger ralentissement des signes à la fin des tours de parole

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Zones de tours de paroleZones de tours de parole

Zone A Zone com m une Zone B

A B

Zone A Zone Commune Zone B

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Niveaux conversationnelsNiveaux conversationnels

A BTour de parole

Changementde tour

Niveau de repos

Tour de parole Changement de tour Niveau de repos

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Rétroaction en cours de discoursRétroaction en cours de discoursou Signaux d’écouteou Signaux d’écoute

• Il s ’agit de l ’utilisation par le receveur d ’un discours de divers signaux montrant au signeur qu ’il peut continuer à émettre, ceci simultanément au discours

• Nuances et significations variées: compréhension ou incompréhension, doute, accord, désaccord…

• Rétroaction lexicale ou non-lexicale• Inconsciente pour les interlocuteurs

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Rétroaction lexicaleRétroaction lexicale• En LSV, discussions régulièrement agrémentées de signes

tels que « oui », « ah bon? », « je comprends »… En LST?

• Position monologique: Obligation d’inverser la position des mains pour que le signeur devienne receveur le temps de cette rétroaction, ce qui rompt le discours, plutôt brève incise avec changement rapide de tour de parole

• Position dialogique: rétroaction se fait naturellement. Même si position peu confortable, elle est celle qui permet d ’éviter les risques de malentendus puisqu ’elle autorise un contrôle aisé de la compréhension en cours de discours.

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Rétroaction nonRétroaction non--lexicalelexicale

• En LSV, elle se fait généralement par des signaux faciaux: hochement de tête, expressions du visage, mouvement des sourcils

• Signaux non-pertinents en LST• PSA ont développé leur système original de

rétroaction non-lexicale, au moyen de tapes et de pressions.

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Rétroactions nonRétroactions non--lexicaleslexicales

Tape à 1 doigt Tape à 4 doigts

Pression du pouce

Modulations possibles pour donner différentes significations: compréhension, assertion, incompréhension

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Recherche de rétroactionRecherche de rétroaction

• Johanna Mesch a relevé la présence ponctuelle de questions ouvertes ou fermées, appelant à une réponse par rétroaction en cours de discours lexicale ou non lexicale

• Ces questions de la part du signeur ont pour but la vérification de la compréhension du discours par le receveur

• Lorsque la vérification porte sur la compréhension d ’un signe, le signeur peut allonger la durée de celui-ci ou le répéter.

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Étude de S. Collins et K. PetronioÉtude de S. Collins et K. Petronio

• Steven Collins et Karen Petronio, américains, effectuent une analyse contrastive entre la LSV et la LST sur les points suivants:

• Modifications syntaxiques, questions• Modifications morphologiques• Modifications phonologiques

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Protocole de lProtocole de l ’étude’étude• Deux situations impliquant 14 adultes SA

• Une fête informelle à Seattle, conversations libres entre 11 SA• Une situation formelle de récit entre 3 SA

• Tous les participants sont USH1, tous considérés aveugles légalement• 6 utilisent la LST comme mode de com exclusif• 8 autres peuvent recevoir LSV si bonne lumière et bonne distance• Tous ont ASL en moyen de com privilégié et la connaissaient avant

d ’avoir des problèmes visuels• Tous fréquentent des SA LST et sont à l ’aise en réception de la LST• Données: 10 ont grandi école spé, 4 classes annexées, niveaux

d ’études du bac à la maîtrise, 12 travaillent, 1 étudie, 1 est enrecherche d ’emploi, âges de 28 à 48 ans, 6 femmes, 8 hommes

• N ’ont été retenues que les conversations avec réception à une main.

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Modifications syntaxiquesModifications syntaxiques(ordre des mots)(ordre des mots)

En LST, importance de rendre la question explicitequand elle est à destination de la PSA• Questions ouvertes

• En LSV: signe+marqueur non manuel ou marqueur seul• En LST: signe obligatoire, ordre des signes identiques

• Questions fermées• En LSV: uniquement marqueur non-manuel• En LST: adjonction d ’un signe, type « oui/non »

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Modifications morphologiquesModifications morphologiques(structure des signes)(structure des signes)

• En LSV, existence de morphèmes non-manuels, valeur adjectivale ou adverbiale, visibles sur le visage, et qui combinés à un signe standard, modifient le signe de celui-ci

• En LST, non-pertinents, donc adjonction d ’une composante manuelle (mouvement, tension musculaire)

• Parfois en LST, disparition de la composante faciale au bénéfice d ’une utilisation exclusive de la composante manuelle.

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Modifications phonologiquesModifications phonologiques(«(« forme visuelleforme visuelle » des signes)» des signes)

Les signes se décomposent en 5 paramètres, pour la LSTon observe que:

• Configuration: idem LSV• Emplacement: idem LSV, sauf espace de signation ayant pour centre

de gravité le point de contact des mains• Mouvement: idem LSV• Orientation: position d ’une main sur l ’autre entraîne des

modifications pour éviter torsion ou inconfort• Expression faciale: non-pertinente!

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Autres étudesAutres études

• Histoire des sourdaveugles et de leur langue• Interprétation pour les sourdaveugles

• Réception tactile de la dactylologie et de la langue des signes

• Communication holistique

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Histoire des PSA et de leur langueHistoire des PSA et de leur langueMémoire de Maîtrise d ’Alain Jean, 2000

• Retrace histoire des méthodes éducatives et des institutions pour SA• Témoignages et portraits de PSA• Description de la population « minorité dans la minorité »• « LS des SA », analyse contrastive des dictionnaires rédigés dans la

région de Poitiers• Remarque forte tendance à l ’initialisation dans la LS des SA• Présence de « signes archéologiques »: signes de Poitiers, mais

maintenant obsolètes• Réflexion sur la gestuelle coverbale, la deixis, la tension musculaire et

la vitesse d ’exécution des signes• Recherche très documentée et de lecture agréable

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Interprétation pour les PSAInterprétation pour les PSA

• Mémoire de DFSSU de Geneviève Decondé, 2003/2004• Magnifique titre: « Morceaux choisis pour interprétation à

quatre mains »• Définition de la surdicécité et des différents moyens de

com des PSA• Paramètres qu ’il faut avoir à l ’esprit quand on traduit:

• contingences techniques• proximité physique• guidance• adaptations linguistiques nécessaires• différentes situations• éthique

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La réception tactileLa réception tactile

• La dactylologie• Charlotte Reed, USA, expérience pour mesurer la compréhension

de mots épelés reçus tactilement• Taux de compréhension de 80 à 100%, mais 4 à 5 fois plus lent

que réception d ’un discours signé ou parlé

• La langue des signes• Sarah De Roseau, GB, a observé sur 18 mois, l ’utilisation tactile

de la BSL• En a tiré des préconisations pour un passage harmonieux de la BSL

visuelle à la BSL tactile.

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Communication holistiqueCommunication holistique• Riita Lahtinnen, interprète finlandaise, affirme que

« la communication n ’est pas seulement linguistique, elle inclut ce qui se passe autour et ce qui se passe pour le corps »

• Holisme: doctrine qui ramène la connaissance du particulier à celle de l ’ensemble dans lequel il s ’inscrit

• Décrit un ensemble de codes tacites permettant de donner des infos de type paralinguistique

• Permet de pallier à l ’étroitesse de la bande passante perceptive des PSA

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Constitution d’un premier corpusConstitution d’un premier corpus

• Fête des 25 ans de l’ANPSA: décembre 2004

• Situation informelle, conversations spontanées (au bar, sur bateau mouche, au self-service)

• Présence de sourdaveugles, de sourds malvoyants, de sourds et d’entendants

• Aucun protocole particulier• Une seule caméra, à l’épaule• Séquences d’environ 10 sec à 10 min• Durée totale de l’enregistrement: 42 min• Situations dialogiques impliquant entre autres

informateurs 5 sourdaveugles signants

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Mon « Mon « prépré--corpuscorpus »»

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Enseignements tirés de cette première Enseignements tirés de cette première (mauvaise) expérience…(mauvaise) expérience…

• Apprendre à se servir d’une caméra…!• Une seule caméra insuffisante, dans l’idéal: trois, sur pieds.• Ecouter son directeur de recherches qui avait prédit la difficulté d’un

tel enregistrement « sauvage »• Maîtriser les conditions de luminosité (obscurité, contre-jour)• Gestion de l’espace (exiguïté, lieux de passage)• Etre vigilant à faire remplir les autorisations de filmer sur place• Ne pas essayer de « tout » filmer• Respecter les débuts et fins de conversation• Sélection des locuteurs:

• Ne pas mixer personnes sourdes et sourdaveugles• Eviter des locuteurs ayant un trop grand niveau de connivence

• Nécessité d’un corpus « in-vitro » bien préparé en amont.

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Recueil de mon (second?) corpusRecueil de mon (second?) corpus

• Filmé sur trois jours, en octobre 2006, en partenariat avec le CRESAM de Poitiers.

• Moyens techniques et humains

• Organisation d’un week-end d’activités pour six informateurs sourdaveugles.

• Conversations spontanées « in vivo » pour favoriser l’observation de stratégies naturelles.

• Mais surtout dyades (et quelques triades) filmées « in vitro » avec conditions matérielles maîtrisées.

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Informateurs sourdaveugles, Informateurs sourdaveugles, profilsprofils

• 6 informateurs : 4 hommes, 2 femmes• Ages compris entre 27 et 70 ans

• Tous nés sourds ou très malentendants• Cécité évolutive avec perte de la vision entre 12 et 37 ans (2

informateurs ont de faibles restes visuels)

• Etiologies: 3 Syndrome de Usher type I, 2 Surdité-malentendancecongénitales, 1 Surdité de naissance + glaucome

• Grande hétérogénéité des surdicécités typique de la population sourdaveugle (informateurs de Mesch, Collins et Petronio presque tous Syndrome de Usher type I)

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Informateurs sourdaveugles,Informateurs sourdaveugles,communicationcommunication

• Acquisition de la LSF entre 4 et 37 ans• Apprentissage de la LSF tactile seul, entre 12 et 37 ans, au contact

de pairs, ou de professionnels sourds et entendants• A noter, une informatrice a appris la LSF directement de manière

tactile à l’âge de 37 ans. • Tous ont la LSF tactile comme moyen de communication privilégié

en face à face (deux sont en mesure d’oraliser, dont une qui parle en signant)

• Pour l’écrit: 2 Français +++ en braille intégral et abrégé, 1 Français braille intégral, 1 Français noir agrandi, 1 Français --- se fait traduire textes en LSF, 1 Français 0 pictogrammes basés sur la LSF

• Choix de l’hétérogénéité des profils de communication car représentative de la réalité du terrain (Mesch, Collins, Petronio, informateurs tous signeurs natifs et certain niveau d’étude)

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Programme de la rencontreProgramme de la rencontre• 15h00

• Groupe 1 : Discussions au Foyer

• Groupe 2 : Visite de la brasserie de Bellefois

• 16h30-18h30 Discussions, échanges entre les groupes 1 et 2

• 19h00 Repas• 20h00 Dégustation de bière,

discussions.

• Dimanche 15 Octobre 2006 :

• 9h30 Marché de Neuville• 11h00-12h00 Discussions filmées• 12h00 Repas• 14h00 Fin du week end

• Vendredi 13 Octobre 2006 :

• 18h00 Accueil au Foyer de Neuville• 19h00 Repas• 20h30 Rencontre des personnes sourdaveugles, discussions

• Samedi 14 Octobre 2006

• 10h30• Groupe 1 : Visite de l’huilerie de Neuville• Groupe 2 : Discussions au Foyer

• 12h00 Repas

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In In vivovivo & In & In vitrovitro

• A table, conversations spontanées, filmées avec une caméra

• Dans la salle dédiée, utilisation de 1, 2 ou 3 caméras

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Une, deux ou trois caméras?Une, deux ou trois caméras?

Devant, derrièreSur les deux signeurs

Sur les trois signeurs Sur chaque signeur?

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Captation optimaleCaptation optimaleUne caméra de biais sur chaque signeur

et une caméra en plongée

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Types de données recueilliesTypes de données recueillies• Conversations libres: in vitro, interlocuteurs imposés, assis face à face, sujets de

discussion libre, temps contrôlé (sauf pour MIX)• LIBRE MIX 4.10.25• LIBRE DUO 2.58.30• LIBRE TRIO 0.29.08

• Données élicitées: in vitro, locuteurs imposés, sujets de discussion imposés, temps contrôlé

• ELICIT VISIT 2.15.00• ELICIT MARCH 1.30.00

• Conversations spontanées: in vivo, interlocuteurs libre, sans consigne, sans contrainte de temps, de position ou de choix de sujet

• SPONT 3.51.01

• REPAS 3.07.06 (in vivo, caméra fixe en hauteur, circulation de la parole)

• TOTAL 17.21.10 soit 14 HEURES potentiellement ANALYSABLES

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Difficultés rencontréesDifficultés rencontrées

• Impossibilité de faire visionner le corpus aux personnes sourdaveugles pour clarification

• Modalité de captation visuelle alors que les signes sont tactiles: gant numérique, capteurs de mouvements, IRM…?

• Transcription: Quels systèmes, quels logiciels? Pour l’instant, ANVIL à l’essai

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Éléments à analyserÉléments à analyser

Pragmatique des interactions• Position des mains

• Monologique ou dialogique ou plutôt symétrique ou asymétrique: pratiques très différentes, motivation? Idéale: dialogique, mais rare dans les observations, pourquoi? (corpus/entretiens)

• Une ou deux mains?: en LSV, existence d ’une main dominante et d ’une main dominée, idéal: réception à deux mains, mais observations montrent que souvent réception à une main, pourquoi? (corpus/entretiens)

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Éléments à analyserÉléments à analyser

Pragmatique des interactions• La gestion des tours de parole

• Zones et niveaux: observés comme décrits par J. Mesch, mais d ’autres phénomènes coexistent

• Les prises de parole• non pertinentes pour la position asymétrique• Position symétrique: observations montrent qu ’il n ’y a

pas toujours passage par un espace intermédiaire, mais plutôt des prises de paroles volontaires et énergiques par passage rapide des mains du récepteur sous les mains de l ’émetteur (corpus)

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Éléments à analyserÉléments à analyserPragmatique des interactions

• Rétroaction lexicale et non-lexicale• Observer à l ’aide de corpus, en établissant des

catégories• Un besoin permanent? Phénomène intrigant lors de

conversations entre PSA et voyant: PSA mettant ses mains sous les mains du voyant, alors que ce n ’est pas nécessaire. Posé la question à des SA, réponses: s ’assurer qu ’on « écoute », captation de l ’attention du voyant, utilisation de feedback tactile par voyant. Expérimenté: améliore interactivité de la com, et permet de ressentir la LST puisqu ’on se retrouve partiellement récepteur de la LST

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Modifications syntaxiquesModifications syntaxiquesTypes de phrasesTypes de phrases

• Phrases négatives• LSV: signe+marqueur, ou marqueur seul• LST: présence obligatoire d ’un marqueur manuel, parfois en début et fin de phrase,

hypothèse de l ’utilisation fréquente des verbes incorporant la négation• Phrases interrogatives

• Pas de problème pour les questions ouvertes• Questions fermées, souvent adjonction de « je te demande », point d ’interrogation en

l ’air, ou ponctuation par « oui/non? »• Les « fausses questions »

• LSV: structure rhétorique pour attirer l ’attention sur une réponse que le signeur va donner lui-même, haussement de sourcil et inclinaison de la tête

• LST: inexistant, car peut orienter sur la fausse piste d ’une vraie question• Les phrases conditionnelles

• LSV: bipartite: prop cond haussement sourcil, tête inclinée, prop princ sourcils neutres• LST: recours au « si », pourtant stigmatisé comme étant du français signé

• Les phrases impératives• LSV: regard insistant et ferme mouvement de la tête• LST: observations, pas fait attention, mais hypothèse d ’ambiguïté, peut être

renforcement lexical (adjonction verbe « ordonner »?), à voir dans corpus

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Modifications syntaxiquesModifications syntaxiquesStructures de grande iconicité SGIStructures de grande iconicité SGI

• Rappel:• Théorie de l ’iconicité développée par C. Cuxac: LS dit en montrant• Bifurcation: SGI visée illustrative, signes standards visée non-illustrative

• Transferts de taille et de forme• Représentent des lieux, objets ou personnages par leur taille ou leur forme• Composés d ’une configuration pour la forme de base, d ’un mouvement ou d ’un

orientation marquant le déploiement dans l ’espace, le tout accompagné du regard• Transferts situationnels TS

• Déplacements par rapport à un ancrage locatif stable (main dominée)• Main dominante: déplacement, le tout accompagné du regard

• Transferts personnels TP• Narrateur devient acteur de ce qu ’il raconte, permet de rendre compte des actions

effectuées ou subies par un actant du procès de l ’énoncé, sans le regard sur le récepteur• Existence d ’autres TP: stéréotype, semi-TP (avec signe standard), prototype (Charlot)

• Rôle du regard• Dans toutes ces SGI, le regard se décroche de l ’interlocuteur• LST: non pertinent, donc pas de SGI? Difficile de s ’y résoudre, car SGI matrice des LS• Observation: pas fait attention, mais tendance à une linéarité, sans être français signé

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Modifications syntaxiquesModifications syntaxiquesGestion de lGestion de l ’espace’espace

• Localisations• Plusieurs stratégies pour assigner place dans l ’espace

• effectuer le signe dans une portion précise de l ’espace• montrer du doigt après avec effectué le signe• montrer du doigt de l ’autre main quand signe monomanuel• utilisation du regard ou de l ’orientation du corps avec le signe référent

• En LST, seule la première stratégie fonctionne, car pointages, regards et mouvements du corps non -pertinents

• Relations actancielles• Les regards et les pointages gèrent les relations actancielles• Pointage pour repérer portion de l ’espace et donc élément s ’y trouvant• Regard: indications sur l ’énonciation: transfert ou regard posé sur éléments• En LST, regards non-pertinents et pointages peu commodes, donc qui? A

observer dans corpus...

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Modifications morphoModifications morpho--phonologiquesphonologiquesMorphologieMorphologie

• Les pronoms• En LSV, pronoms perso au moyen de pointages prédéterminés dans l ’espace• En LST, pointage vers des zones qu ’on ne voit pas: très maladroit…• PSA préfèrent rappeler le nom de la personne, ou replacer le personnage• Pronoms possessifs et réflexifs, déclinaison des perso, à voir dans corpus

• Les adjectifs et adverbes• Mimique faciale, outre sa valeur modale dans les énoncés standards a

également une valeur adjectivale et adverbiale: sur le visage du signeur, on lit l ’intensité, la quantité, la grosseur d ’un objet, la qualité…

• En LST, ces morphèmes non manuels n ’ont pas de valeur, mais recours à des stratégies alternatives (accentuation de la tension musculaire ou des mouvements)

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Modifications morphoModifications morpho--phonologiquesphonologiquesMorphologieMorphologie

• Ambiguïtés• Lorsque difficulté à percevoir un signe tactilement, émergence de

stratégies de renforcement:• répétition de certains signes• initialisation au moyen de la dactylologie avant d ’employer un signe• précision du champ sémantique auquel se rattache le signe qui va suivre

• Renforcements lexicaux nécessaires quand la lecture labiale ne peut pas être utilisée pour désambiguïser un signe

• Labialisation de mots français, simultanément à l ’émission de signes, même sous une forme vestigiale chez les signeurs les plus « purs », a une certaine utilité, pourtant elle n ’a pas sa place dans les paramètres constitutifs des signes… La LST permet de mettre l ’importance de la labialisation en avant puisqu ’on ne peut pas l ’utiliser et que ça peut donc mener à des incompréhensions...

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Modifications morphoModifications morpho--phonologiquesphonologiquesPhonologiePhonologie

• Paramètres constituants des signes de la LS• configuration• orientation• emplacement• mouvement• expression faciale

• Exclusion de l ’expression faciale, quoi que…• Observation empiriques ne montrent pas de différences majeures

entre LST et LSV concernant la phonologie, donc ne pas trop s ’appesantir dessus, sauf si j ’ai le temps (ce dont je doute!)

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Quelle LST?Quelle LST?• Communauté sourdaveugle?

• Problème de l ’auto- et de l ’hétérodétermination• Existence, autour des lieux de vie et de prise en charge, événements

• Une LS des SA?• Prise en charge: pas de référents SA, au mieux, des pros Sourds,

problème du modèle linguistique pour la LST• PSA qui naviguent au milieu de nombreux moyens de com, donc

LST avec beaucoup d ’emprunts à d ’autres modes de com• Abus de langage LST? Non, car oas seulement LS reçue tactilement

• Entre SA...• PSA s ’adaptent énormément à leurs interlocuteurs• LST « pure » lorsqu ’utilisée entre PSA car tous les paramètres non-

manuels sont neutralisés, émergence de stratégies: ce que je veux observer.

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Mes pistes actuellesMes pistes actuelles• Histoire des sourds-aveugles: terminé l’an dernier (de 1643 à nos jours,

tous les pays)

• Profil cognitif des PSA qui utilisent la LST: pas fini• L ’usage forme la langue, et vice versa: linguistique cognitive• Haptique: lecture des livres de Yvette Hatwell, mais concernent souvent

les aveugles précoces, ainsi que livres de Morton Heller• Neurosciences: cours du Cnam, qui m ’aident dans mes lectures sur la

perception et dans mon approche cognitive

• Pragmatique des interactions : en ce moment• Domaine à explorer, car ma démarche up-bottom (haut niveau au bas

niveau)• Lecture de Kerbrat-Orrechioni et tout ce qui concerne l’analyse

conversationnelle (modèle langues vocales car rien pour les LS)

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Mes pistes actuellesMes pistes actuelles

• Transcription : en réflexion• Exploration des logiciels de notation (Anvil, Elan…)• Choix d ’un système de notation (HamNoSys, Stokoe,

SignWriting...)

• Analyse de mon corpus : bloquée par outil d’annotation

• Méthodologie• Paris 8, davantage épistémologie que méthodologie• Complémentarité des cours du Cnam• Besoin de plus de rigueur dans ma démarche scientifique• Mieux vaut tard que jamais…!

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ConclusionConclusion• But de ma recherche

• Éducation (enseignement de la LST aux pros et PSA)• Interprétation (adaptation des services)• Recherche fondamentale (apport aux LSV)

• Isolement• Du thésard en général…• Mon thème en particulier, peu de reconnaissance,

« exotisme », mais ça commence...• Temps…

• Difficile en interprétant à temps-plein...• Et en enseignant…• Et en essayant d’avoir une vie…!• Mais grandes satisfactions et chance de pouvoir

réfléchir et construire…

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Références et contactsRéférences et contacts• Site du CRESAM: www.cresam.org

• Mon email: [email protected]

• Bibliographie:

• COLINS Steven & PETRONIO Karen (1998), What happens in tactile ASL ? in Pinky Extension & Eye Gaze – Language Use in Deaf Community, éditeur Ceil Lucas, Gallaudet University Press, Washington DC, pp 18-37

• CUXAC Christian (2000), La Langue des Signes Française (LSF) : les voies de l’iconicité in Faits de Langues n°15/16, éditions Ophrys, Paris

• HATWELL Yvette (2000), Toucher pour Connaître, Psychologie Cognitive de la Perception Tactile Manuelle, PUF, Paris

• KERBRAT-ORECCHIONI Catherine (1996), La Conversation, Seuil, Paris

• MESCH Johanna (2000), Tactile Sign Language, Turn Taking in Signed Conversations of Deaf-Blind People, International studies on sign language and communication of the deaf, volume 38