La grande épreuve · 2018. 3. 7. · 54 Les Cahiers Prions en Église Les Cahiers Prions en...

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PREMIÈRE LECTURE | Genèse 22, 1-2. 9-13. 15-18 L a scène est l’une des plus poignantes de la Bible. Le patriarche, qui avait pourtant argu- menté auprès de Dieu au sujet de la destruction de Sodome, ne proteste pas contre l’ordre divin d’immoler son propre fils, si scandaleux soit-il. Abraham obéit sur-le-champ et se met en route vers la montagne du sacrifice. Les non-dits du récit occultent les sentiments éprouvés par Abraham et Isaac. Mais voilà que l’ange du Seigneur interpelle Abraham et lui demande de ne pas sacrifier son fils. Abraham a passé l’épreuve, et son obéissance inconditionnelle lui vaut le renouvellement des promesses divines d’une postérité nombreuse. DEUXIÈME LECTURE | Romains 8, 31b-34 P aul vient d’évoquer « les souffrances du temps présent », « les douleurs de l’enfantement » et les gémissements intérieurs. Il lance ici un vibrant plaidoyer : au milieu de tant d’épreuves, Paul réitère sa confiance absolue en la protection divine. Une confiance ancrée dans la mort et la résurrection du Christ. À la différence d’Isaac qui, finalement, n’a pas été sacrifié, le Fils unique de Dieu « n’a pas (été) épargné » mais a été « livré pour nous tous ». Les liens avec la première lecture sont évidents : Abraham devait sacrifier son fils unique, mais Dieu l’a finalement dispensé de le faire. En revanche, Dieu lui-même a livré son Fils, son unique, son bien- aimé, pour le salut de tous. PSAUME | Psaume 115 A vec ses références au temple de Jérusalem et au « sacrifice d’action de grâce » offert en présence du peuple, le psaume appartient à une époque très éloignée de celle d’Abraham. Mais l’an- tienne et les deux premières strophes peuvent très bien s’appliquer au parcours du père des croyants. Les premiers mots de l’antienne rappellent ceux que Dieu avait adressés au patriarche : « Marche en ma présence, et sois parfait » (Gn 17, 1). Le « Je crois » du psalmiste rend parfaitement compte de la réponse d’Abraham à la promesse de Dieu et à son alliance : « Abraham eut foi dans le Sei- gneur » (Gn 15, 6). Le dénouement heureux de la première lecture montre qu’il « en coûte au Sei- gneur de voir mourir les siens ». ÉVANGILE | Marc 9, 2-10 L a transfiguration de Jésus devant trois dis- ciples privilégiés et en présence d’Élie et de Moïse est en soi une expérience réjouissante. On comprend facilement l’excitation de Pierre qui voudrait que le tout se prolonge par l’érection de trois tentes. Le Christ resplendit de gloire, et la voix céleste confirme la véritable identité de Jésus comme « Fils bien-aimé du Père » et son statut de prophète. Les disciples demeurent toutefois per- plexes en descendant la montagne, puisque Jésus fait allusion à sa propre mort. Nouvel Isaac et Fils bien-aimé du Père, il sera immolé sur la Croix mais ressuscitera pour devenir le Seigneur des vivants et des morts. La grande épreuve Abraham a tout quitté en réponse à l’appel du Seigneur. Il s’est étonné et réjoui des promesses divines. Mais sa foi est mise à rude épreuve quand Dieu lui demande un geste qui semble anéantir ces dernières. Grande est l’épreuve, mais plus grande encore la foi du patriarche. CLéS DE LECTURE 54 Les Cahiers Prions en Église n°254

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Page 1: La grande épreuve · 2018. 3. 7. · 54 Les Cahiers Prions en Église Les Cahiers Prions en Église n°254Les Cahiers Prions en Église 55 Première lecture | Genèse 22, 1-2. 9-13.

54 Les Cahiers Prions en Église n°254 Les Cahiers Prions en Église n°254 55

Première lecture | Genèse 22, 1-2. 9-13. 15-18

La scène est l’une des plus poignantes de la Bible. Le patriarche, qui avait pourtant argu-

menté auprès de Dieu au sujet de la destruction de Sodome, ne proteste pas contre l’ordre divin d’immoler son propre fils, si scandaleux soit-il. Abraham obéit sur-le-champ et se met en route vers la montagne du sacrifice. Les non-dits du récit occultent les sentiments éprouvés par Abraham et Isaac. Mais voilà que l’ange du Seigneur interpelle Abraham et lui demande de ne pas sacrifier son fils. Abraham a passé l’épreuve, et son obéissance inconditionnelle lui vaut le renouvellement des promesses divines d’une postérité nombreuse.

Deuxième lecture | Romains 8, 31b-34

Paul vient d’évoquer « les souffrances du temps présent », « les douleurs de l’enfantement » et

les gémissements intérieurs. Il lance ici un vibrant plaidoyer : au milieu de tant d’épreuves, Paul réitère sa confiance absolue en la protection divine. Une confiance ancrée dans la mort et la résurrection du Christ. À la différence d’Isaac qui, finalement, n’a pas été sacrifié, le Fils unique de Dieu « n’a pas (été) épargné » mais a été « livré pour nous tous ». Les liens avec la première lecture sont évidents : Abraham devait sacrifier son fils unique, mais Dieu l’a finalement dispensé de le faire. En revanche, Dieu lui-même a livré son Fils, son unique, son bien-aimé, pour le salut de tous.

Psaume | Psaume 115

Avec ses références au temple de Jérusalem et au « sacrifice d’action de grâce » offert en

présence du peuple, le psaume appartient à une époque très éloignée de celle d’Abraham. Mais l’an-tienne et les deux premières strophes peuvent très bien s’appliquer au parcours du père des croyants. Les premiers mots de l’antienne rappellent ceux que Dieu avait adressés au patriarche : « Marche en ma présence, et sois parfait » (Gn 17, 1). Le « Je crois » du psalmiste rend parfaitement compte de la réponse d’Abraham à la promesse de Dieu et à son alliance : « Abraham eut foi dans le Sei-gneur » (Gn 15, 6). Le dénouement heureux de la première lecture montre qu’il « en coûte au Sei-gneur de voir mourir les siens ».

Évangile | Marc 9, 2-10

La transfiguration de Jésus devant trois dis-ciples privilégiés et en présence d’Élie et de

Moïse est en soi une expérience réjouissante. On comprend facilement l’excitation de Pierre qui voudrait que le tout se prolonge par l’érection de trois tentes. Le Christ resplendit de gloire, et la voix céleste confirme la véritable identité de Jésus comme « Fils bien-aimé du Père » et son statut de prophète. Les disciples demeurent toutefois per-plexes en descendant la montagne, puisque Jésus fait allusion à sa propre mort. Nouvel Isaac et Fils bien-aimé du Père, il sera immolé sur la Croix mais ressuscitera pour devenir le Seigneur des vivants et des morts.

La grande épreuveAbraham a tout quitté en réponse à l’appel du Seigneur. Il s’est étonné et réjoui des promesses divines. Mais sa foi est mise à rude épreuve quand Dieu lui demande un geste qui semble anéantir ces dernières. Grande est l’épreuve, mais plus grande encore la foi du patriarche.

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