Céline Guillemin – CPD Arts Plastiques – DSDEN 52

La Grande Lessive Le jeudi 23 mars 2017

Ma vie vue d’ici

Baudouin Winckler – 75 parisiennes - 2012

L’invitation pour la prochaine édition de la Grande Lessive est « Ma vie vue d’ici ». Un bon nombre de pistes de travail sur ce thème sont présentées sur le site de l’organisation : Que faire ensemble ?

Céline Guillemin – CPD Arts Plastiques – DSDEN 52

Ma vie vue d’ici… quelques propositions.

Et si on prenait le temps de regarder ce qui nous entoure ? « Ma vie vue d’ici » nous invite à interroger notre quotidien, à le regarder différemment mais aussi à le soumettre au regard de l’autre pour lui signifier ce qu’il a de particulier dans notre vie.

Ma vie vue d’ici : la géographie subjective.

>> Voir le site de Catherine Jourdan à ce propos : ici.

« Arrêt sur image de la ville, elle (la géographie subjective) est un prétexte pour se raconter à soi et aux autres nos chemins, notre ville : nos entours. Parlant de soi et de l’autre, elle dit et imagine ce qui était déjà là : le commun. »

De l’espace vécu à l’espace représenté

Lors d’une sortie autour de l’école, les élèves repèrent les rues traversées, prennent des photographies des différents lieux. De retour en classe, les élèves tentent, avec des bandes de papier, de construire le plan de ce quartier : les bandes de papier permettent une représentation imagée des rues qui se croisent, se prolongent, s’interrompent. Puis ils dessinent ce qu’ils ont croisé : des maisons, des arbres… etc.

On propose aux élèves de garder trace des circulations d’une journée (ou d’une semaine) : déplacements quotidiens maison/école, à la boulangerie, au cinéma, à la médiathèque, au square, au centre commercial,… etc. Pour chaque lieu visité, on collecte un ticket de caisse, de cinéma, de bus… ou encore des feuilles, des cailloux, un morceau de bois… ou on prend une photo, on repère sa position sur un plan… etc.

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A partir de cette collecte, des éléments choisis, découpés et collés se positionnent sur une feuille et l’on trace les chemins qui symbolisent les déplacements. Toutes les techniques sont utilisables : feutres, crayons, ficelles, laine collée ou cousue, gommettes.

A partir de la photocopie d’un plan, on peut demander aux élèves de réinventer leur quartier.

Toujours à partir d’un plan, on peut proposer un travail sur le cloisonnement : les élèves relèvent sur des calques les éléments essentiels (tracé de la rivière, des remparts, des contours des pâtés de maisons… etc.). Ensuite, ces éléments peuvent éventuellement être traités avec des encres, des pastels gras ou des feutres.

>> Artistes à mettre en réseau : Matthieu Husser, Cannelle Tanc, Armelle Caron, Guy Debord (voir dossier artistes).

Cannelle Tanc, Série 4, n°2 Armelle Caron, Berlin / Berlin rangé

Matthieu Husser, RG (ALLEM)

Guy Debord, The naked city

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Ma vie vue d’ici : un carnet de voyage dans mon quartier.

On peut proposer de créer un carnet de voyage sur un lieu familier afin de l’observer et de le montrer autrement. L’espace choisi est localisé sur un plan : chaque enfant a une photocopie sur laquelle il colorie l’itinéraire et l’endroit qu’il souhaite explorer (chacun déterminera le lieu sur lequel il va travailler). Chacun reçoit un carnet de feuilles blanches.

Sur le parcours

Le regard peut être guidé par un ou plusieurs thèmes qui facilitent l’exploration en dirigeant le regard des élèves. Chacun choisira le thème en fonction de sa sensibilité et créera ainsi son cheminement en images :

Travail photographique : recherche de symboles signalétiques au sol, de formes (tout ce qui est rond, pointu…), recherche de détails insolites (l’écorce d’un arbre, une poignée de porte, le détail d’une façade, d’un trottoir…), recherche d’une couleur ou d’un éventail de couleurs, sur les lignes (verticales ou horizontales), etc. :

Symboles signalétiques au sol

Recherche de détails, de formes, de lignes

Recherche de matières avec collecte, pour créer un parcours tactile.

Sur place

Là encore, chacun explorera le lieu en fonction de ses envies :

Le frottage : les élèves appliquent une feuille de leur carnet sur un élément et frottent avec un crayon de cire ou une craie grasse afin d’en prélever le relief. Ils notent l’origine du prélèvement.

Le croquis : les élèves dessinent au crayon de papier les éléments qui les entourent et qu’ils aiment particulièrement.

La photographie : les élèves choisissent un sujet. A eux d’expérimenter des cadrages différents (on peut les aider en leur proposant déjà de regarder le lieu à travers un rouleau ou un rectangle en carton). Afin que le stock d’images reste gérable et si on veut que les élèves fassent un choix pertinent, on peut limiter le nombre de prises de vue à trois par élève. Chacun note dans son carnet le sujet de ses photos, le lieu et des remarques éventuelles (des odeurs, des sons, des impressions…).

L’écrit : les élèves notent ce qu’ils voient, ce qu’ils sentent, ce qu’ils entendent, ce qu’ils ressentent au toucher. L’écrit complète ainsi l’image en y associant leur ressenti. Ils peuvent aussi écrire sur les raisons pour lesquelles ils ont choisi ce lieu (ce qu’il a d’important dans leur vie).

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De retour en classe

Les élèves mettent en forme leur carnet de voyage :

Les frottages : Ils peuvent être collés sur une feuille et être légendés, transformés par ajout (une empreinte devient un immeuble par ajout de fenêtre), mis en valeur par des encres en jouant sur les couleurs.

Les croquis : ils peuvent être complétés et mis en couleur avec des encres, prolongés, recadrer pour ne garder qu’une partie intéressante (pour la mettre en réseau avec un frottage ou une photo). Certains croquis peuvent être photocopiés pour permettre plusieurs déclinaisons avec différentes techniques.

Les photographies : elles seront visionnées puis triées pour ne garder que les plus réussies, puis imprimées en noir et blanc. Quelques unes peuvent être imprimées en couleurs. Les parcours en images seront reconstitués (collage sur une même feuille ou photos numérotées en vue de leur exposition le jour de la grande lessive). Les photos du lieu, elles, seront transformées :

- en intervenant directement dessus avec des encres, des gouaches, des feutres… - en ajoutant des éléments par collage (éléments collectés sur place par exemple), - en prolongeant une partie de l’image, - en découpant plusieurs images pour reconstituer une image nouvelle, - si possible, chaque élève reçoit une photo en couleurs. Elle est collée et légendée. Elle peut être aussi coupée en plusieurs morceaux pour proposer des fragments de regards.

L’écrit : Les notes sont recopiées et éventuellement complétées pour ajouter à l’image ce qu’elle ne dit pas.

>> Artistes à mettre en réseau : carnets de voyage d’Eugène Delacroix, d’Henri Matisse ; photographies de Lisa Rienermann (voir dossier artistes).

Lisa Rienermann, Type the sky Eugène Delacroix, Maroc

Eléments de croquis découpés, collés, colorés. Photo coupée en 5 morceaux puis complétée au feutre et à l’encre

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Ma vie vue d’ici : la cour de l’école.

La cour d’école pour les élèves, ce sont des petits coins secrets, des lieux de rendez-vous, des espaces pour courir ou jouer au ballon mais aussi des détails insolites que les élèves ont sans doute remarqués (la peinture écaillée de la grille, un trou dans un mur, une racine qui dépasse… etc.).

Un travail photographique peut donc être réalisé autour de leur vie dans la cour de l’école et sur la question du point de vue.

Point de vue neutre, sans déformation du sujet.

Prend de la distance,

mais peut écraser le sujet.

Contre-plongée (du dessous) Accentue la perspective,

donne de l’importance au sujet.

Lorsque le photographe prend la place d’un personnage de la scène, on parle de point de vue subjectif.

>> Voir le document d’aide sur Ercom 52 : Quelques notions en photographie.

Après avoir abordé les différents points de vue possibles, chaque élève est invité à réfléchir à trois prises de vue qu’il souhaite réaliser dans la cour de l’école.

L’idée est d’inciter les élèves à réaliser une photographie d’un point de vue inédit. Ils peuvent mettre en scène des objets en lien avec l’univers de la cour (ballons, cerceaux,…).

On peut, pour éviter des productions trop hâtives, faire déjà le tour de la cour avec un cadre en carton, représentant le cadrage imposé par l’appareil photo. Pour les plus grands, un croquis des photographies envisagées est possible.

Exemple de points de vue inédits, mise en réseau avec des photographes (voir dossier artistes) :

William Eggleston – Canon and Leica cameras

Idées possibles : prendre un détail du sol, un cartable posé par terre…

William Eggleston – sans titre (Memphis) - 1970

Idées possibles : poser l’appareil photo par terre, mettre un objet au premier plan (une chaussure, un cartable, un ballon…).

Ce que voit le passager à l’arrière de la moto. Ce qu’on voit au niveau du sol.

Frontal (en face) Plongée (du dessus)

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Idées possibles : Prendre un élément de la cour en contre-plongée (un arbre, les jeux de la cour, une partie de l’école…).

Henri Cartier-Bresson – Hyères (France) - 1932

Idées possibles : Prendre la cour en plongée, depuis la fenêtre d’un étage, depuis le haut d’un escalier…

Raymond Depardon – Correspondance new-yorkaise - 1981

Idées possibles : Prendre la cour depuis la fenêtre d’une classe, mettre en premier plan des affaires d’école…

William Eggleston

Idées possibles : Prendre la cour à travers un élément : les grilles de l’école, les barreaux d’une fenêtre, la rangée de cartables de la classe…

Prolongement possible : Ecrire sur ses photographies.

Selon le niveau de compétences des élèves, on peut leur demander d’écrire un titre, une légende et/ou un court récit. Pour motiver l’écriture, on peut également proposer aux élèves d’écrire son « secret de cour ». On peut suggérer des procédés d’écriture :

- Ecrire une question : « Savez-vous que… ? », « Devinez… ? », « Quel est donc ce… ? ». Puis apporter une réponse. - S’adresser au lecteur : « Ne le répétez pas, je vais vous le dire à l’oreille… ». - Avec de l’humour : « C’est ici que les élèves se transforment en champion du monde de foot ! ».

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Ma vie vue d’ici : le ready-made.

Marcel Duchamp – Porte bouteille – 1914

Le ready-made (mot anglais) est un objet trouvé considéré comme un objet d'art. L'attitude du ready-made consiste, initialement, à simplement choisir un objet manufacturé et le désigner comme œuvre d'art. Initiée par Marcel Duchamp, cette démarche a donné naissance à une grande partie des pratiques artistiques actuelles. Le ready-made a remis en question un certain nombre de certitudes sur lesquelles reposait l'art, comme les notions de virtuosité et de savoir-faire. Effectivement, les ready-made sont des œuvres d'art qui n'ont pas été réalisées par l'artiste, ce dernier n'intervient en effet que pour les sélectionner, changer leur contexte et leur statut par la désignation (l'affirmation « ceci est une œuvre d'art », entonnée par Marcel Duchamp faisant dès lors acte de redéfinition).

Autrement dit, l’objet prend un nouveau statut : utilisé dans la vie de tous les jours, il devient une œuvre d’art par simple changement de point de vue et/ou intervention artistique.

Ma vie vue à travers un objet qui compte pour moi :

On peut inviter les élèves à mettre en scène des objets de leur quotidien (des objets qui ont une importance dans leur vie) afin de les offrir au regard de l’autre.

Chacun apporte l’objet qu’il a choisi pour cette activité (un temps peut être consacré à la présentation de l’objet) et cherche un moyen de le mettre en valeur. Selon les objets, leur taille, leur poids et leur matière, de nombreuses solutions sont envisageables :

- les poser sur des socles peints (petites ou grandes boîtes), - les fixer sur une baguette (pique à brochette…), - les fixer avec des fils électriques sur une base de pâte à modeler, - les suspendre à un fil, - les placer dans une boîte avec du coton, comme une boîte à bijoux ou une boîte avec un décor.

René Magritte – Les valeurs personnelles - 1952

Chacun est invité à réfléchir au titre de son « ready-made ».

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Puis vient le moment où il faut immortaliser son objet. Pour réaliser le cliché, il est nécessaire de soigner le décor (l’arrière-plan), le point de vue et le cadrage. On peut donc aménager, dans la classe, un espace, façon « studio » : une table accolée à un mur est recouverte de papier uni (noir ou blanc). Si possible, il convient d’utiliser un pied photo et une lampe de bureau. L’élève place son objet et cherche l’angle et le cadrage qui conviennent le mieux : en gros plan, de face, de profil, de dessous, de dessus… Il veille à l’éclairage et utilise la lampe pour diriger la lumière sur le sujet selon diverses directions pour créer des ombres et produire des effets différents. La prise de vue oblige l’élève à se décentrer et à considérer l’objet au départ anodin d’un point de vue esthétique.

Prolongement possible : Intervenir plastiquement sur les tirages.

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Ma vie vue d’ici : galerie de portraits.

René Magritte – Le fils de l’homme – 1964

On peut inviter les élèves à réaliser des portraits en réfléchissant à la mise en scène, au point de vue, au détournement de l’image. Le choix des objets utilisés et du lieu de la prise de vue est personnel.

Les élèves qui le veulent peuvent se mettre en scène chez eux avec l’aide de leur famille ou en utilisant le déclenchement automatique de l’appareil photo.

Prolongement possible : Ma vie vue… par un artiste.

On peut intervenir plastiquement sur les portraits réalisés à la manière d’un artiste.

Mon portrait vu par Andy Warhol ou par Jean Dubuffet

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Prolongement possible : Notre photo de classe.

Si l’on souhaite traiter la prise de vue de manière collective, on peut réaliser des photos de classe en mettant en scène les élèves. A eux de choisir et de proposer des idées : photo de classe où chaque élève lit un journal, de dos, avec un déguisement, avec des masques… etc.

Prolongement possible : Détourner la photo de classe.

Chaque élève reçoit une photocopie de la photo de classe et colle des objets découpés dans des catalogues sur les visages : des fruits (comme Magritte), des têtes de peluches, de poupées, des fleurs… etc.

>> Artistes à mettre en réseau (voir le dossier artistes) :

Baudouin Winckler – 75 parisiennes - 2012 Autoportraits de Cindy Sherman

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René Magritte October Jones

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Quelques ouvrages pédagogiques pour aller plus loin.

Certaines idées sont issues des ouvrages suivants :

20 projets en arts visuels pour l’école élémentaire Carole Lagniez Editions Retz

De la photographie aux arts visuels Pierre-Jérôme Jehel

Editions Retz

Annie Borsotti, Béatrice Laurent, Pascale Bertrand

CRDP de Franche Comté

Pour trouver d’autres idées :

- Arts visuels & portraits de Michèle Guitton, CRDP de Poitou-Charentes - 50 activités autour des carnets de voyage d’Anne-Marie Quéruel, Pierre Gallo, CRDP de Basse-Normandie

Arts visuels & villes