La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

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Partie 1 d'un ouvrage patrimonial de la bibliothèque numérique Manioc. Service commun de la documentation Université des Antilles et de la Guyane. Conseil Général de la Guyane, Bibliothèque Franconie.

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PUBLICATIONS DU BUREAU

LOGIQUES ET MINIÈRES COLONIALES

logie et les Mines

ance d'outre=Mer

P A R I S

SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS PHIQUES MARITIMES ET COLONIALES 184, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (VI E )

1932

B I B L I O T H E Q U E A L E X A N D R E F R A N C O N I E

20032267

MANIOC. o r g Bibl iothèque Alexandre Franconie

Conseil général de la Guyane

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MANIOС.оrg Bibl iothèque Alexandre Franconie

Conseil général de la Guyane

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LA GÉOLOGIE

ET LES MINES D E LA F R A N C E D ' O U T R E - M E R

M A N I O C . o r g Bibl iothèque Alexandre Franconie

Conseil général de la Guyane

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M A N I O C . o r g B i b l i o t h è q u e A l e x a n d r e F r a n c o n i e

Conseil général de la Guyane

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MANIOC.orgBibliothèque Alexandre Franconie

Conseil général de la Guyane

L A G É O L O G I E

E T L E S M I N E S D E LA F R A N C E D ' O U T R E - M E R

Recueil de conférences organisées au Muséum p a r les

soins du Bureau d 'E tudes géologiques et minières coloniales

sous le hau t p a t r o n a g e de M. A. L A C R O I X , Sec ré ta i re p e r p é ­

tuel de l 'Académie des Sciences , et avec le concours de

MM. L . B E R T R A N D , F . BLONDEL., J . B O U R C A R T , A. D E M A Y ,

M. D R E Y F U S S , L . D U B E R T R E T , P . F A L L O T , M. G L A S S E R ,

H . H U B E R T , C H . J A C O B , L . J O L E A U D , A. L A C R O I X ET L . N E L T N E R .

P A R I S

SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS G É O G R A P H I Q U E S , M A R I T I M E S E T C O L O N I A L E S

184, BOULEVARD S A I N T - G E R M A I N . ( V I E )

1932

MANIOC.org Bibliothèque Alexandre Franconie

Conseil général de la Guyane

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INTRODUCTION

Au moment où le Gouvernement faisait voter par les Chambres

d'importants emprunts destinés à permettre, par l'exécution d'un

vaste programme de travaux, l'équipement économique trop

longtemps négl igé de nos colonies, les grandes industries

minières et métallurgiques de la Métropole décidèrent d'appor­

ter aux pouvoirs publics tout leur concours pour la mise en

valeur du sous-sol colonial. Elles formèrent, à ces fins, une

Union syndicale sous le nom de Comité d'Etudes minières

pour la France d'outre-mer.

Ce Comité, afin de travailler en parfait accord avec l'Admi­

nistration, ne tarda pas à créer le Bureau d'Études géologiques

et minières coloniales, aujourd'hui déclaré d'utilité publique

et où ses représentants collaborent avec de hauts fonction­

naires particulièrement compétents, désignés par les Minis­

tères des Colonies, des Affaires Étrangères et des Travaux

Publics. Le Bureau a estimé que son premier soin devait être

d'assurer aussi bien aux administrations qu'aux entreprises de la

France d'outre-mer un personnel de techniciens formés spéciale­

ment pour la carrière coloniale. 11 a, en conséquence, décidé

d'organiser une préparation pratique aux études géologiques

et aux exploitations minières dans les colonies complétant le

haut enseignement des grandes Écoles et des Universités de

France.

Mais l'action du Bureau d'études n'est pas limitée à la for­

mation d'ingénieurs coloniaux et de prospecteurs compétents.

Elle tend également à intéresser à notre sous-sol colonial d'au-

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V I INTRODUCTION.

tres catégories de Français dont le soutien est indispensable

pour la mise en valeur des richesses minières.

C'est pourquoi il a paru utile d'organiser à Paris un ensei­

gnement d'un tout autre ordre qui consiste en des cycles de

conférences sur la géologie et les mines de nos diverses posses­

sions. Ce sont les conférences faites pendant l'hiver 1931-1932

que nous publions dans le présent volume.

Le Muséum a bien voulu offrir une hospitalité aussi cordiale

qu'empressée à cet enseignement d'ailleurs bien à sa place dans

cette vieille et grande Maison qui a tant fait déjà pour l'étude de

nos richesses coloniales.

Le but poursuivi est tout d'abord de faire mieux connaître

notre domaine extérieur à tous les industriels susceptibles de

s'y intéresser, de leur montrer les réalisations actuelles et de

leur ouvrir des horizons sur les possibilités futures. Certes,

la crise économique et financière qui paralyse actuellement le

monde et la surproduction générale des matières premières ne

sont guère propices à la mise sur pied d'entreprises nouvelles.

Mais une longue expérience nous apprend que les crises n'ont

qu'un temps et qu'il faut savoir semer pendant la tourmente

pour récolter quand des jours meilleurs reviendront.

En même temps que l'attention des industriels, c'est celle des

coloniaux eux-mêmes qu'il importe d'attirer sur les travaux des

géologues et des mineurs de la France d'outre-mer. Tous ont

avantage à posséder des connaissances géologiques suffisantes

pour pouvoir s'intéresser aux richesses latentes des terres qu'ils

parcourent ou qu'ils exploitent. Plus particulièrement les fonc­

tionnaires qui peuvent avoir une action profonde sur le déve­

loppement des recherches minières doivent connaître l'essentiel

des problèmes qui s'y rapportent.

Il est également nécessaire de diffuser cet enseignement parmi

les jeunes gens des grandes Écoles et des Facultés et d'éveiller

chez quelques-uns d'entre eux la vocation coloniale encore rare

en France parmi nos élites intellectuelles.

Cette action paraît d'autant plus utile que la crise actuelle,

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INTRODUCTION. VII

en dispersant les cadres péniblement formés pendant les années

passées, va nous placer, lorsque les circonstances permettront une

reprise de l'activité minière aux colonies, dans la nécessité de

faire appel à de nombreux éléments nouveaux et jeunes. Le Bureau

serait heureux si l'enseignement qu'il a inauguré pouvait contri­

buer pour une part, à faciliter ce recrutement.

La liste des savants et des ingénieurs éminents qui ont bien

voulu nous prêter leur concours montre que nous nous sommes

adressés pour chaque conférence, à la personnalité la plus qualifiée,

non seulement par sa haute situation scientifique ou technique,

mais aussi par ses études antérieures dans les pays envisagés.

C'est la première fois qu'une semblable collaboration, réunissant

les compétences les plus indiscutées en ces matières, aura pu

être obtenue. Aussi sommes-nous profondément reconnaissants

à tous ceux qui ont ainsi, avec tant d'empressement, répondu à

notre appel.

Le Bureau d'Études géologiques et minières coloniales tient

à remercier tout spécialement M. le Professeur A. Lacroix, l'émi-

nent Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, qui a par­

couru et étudié presque toutes nos colonies et qui a bien voulu,

non seulement lui accorder son haut patronage et son appui

effectif pour l'organisation de ces conférences, mais aussi se

charger lui-même de plusieurs d'entre elles.

Bien entendu nous ne prétendons point que l'enseignement

organisé au Muséum va répondre, du premier coup, à tous les

besoins que nous avons signalés. Il ne constitue encore qu'une

expérience, mais même tel qu'il a fonctionné cette année il est,

croyons-nous, déjà de nature à rendre d'importants services.

Tel paraît bien, d'ailleurs, avoir été l'opinion du public qui

est venu très nombreux assister à nos séances cet hiver. M. le

Président de la République, accompagné de M. le Ministre de

l'Instruction publique, a honoré l'une d'elles de sa présence.

Devant ces encouragements précieux nous avons décidé de

préparer pour l'an prochain une double série de conférences.

Dans les unes seront étudiés les différents produits miniers de

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V I I I INTRODUCTION.

nos possessions d'outre-mer. Dans les autres seront exposés

les divers problèmes techniques généraux qui s'imposent à

l'attention du mineur colonial.

Le volume que nous présentons aujourd'hui est donc le

début d'une sorte d'Encyclopédie minière de nos colonies ; nous

souhaitons qu'elle contribue à développer ce merveilleux Empire

français dont la mise en valeur rationnelle est une des condi­

tions de notre prospérité future.

Georges TEISSIER,

Membre de l'Institut, Président du Bureau d'Etudes

géologiques et minières coloniales.

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I. ALGERIE ET TUNISIE1

PAR

L. JOLEAUD

Professeur à la Sorbonne.

L'exposé q u i sui t compor t e t ro i s pa r t i e s p r inc ipa les consacrées :

1o à la s t r a t i g r a p h i e , à l a p a l é o g é o g r a p h i e et aux déduc t i ons t i rées

de ces sciences p o u r le d é v e l o p p e m e n t d e l ' exp lo i ta t ion m i n i è r e ,

spéc ia lement des m i n e s s é d i m e n t a i r e s , de l 'Algér ie et d e la Tunis ie ;

2° à la t ec ton ique et a u x données fournies p a r cet te d i sc ip l ine s u r

l ' ex tens ion d a n s le Centre et l 'Est de l a Berbér ie des mines mé ta l ­

l i q u e s ; 3° aux condi t ions t echn iques et é c o n o m i q u e s de l a mi se en

v a l e u r d u sous-sol de l 'Afr ique m i n e u r e m é d i a n e et o r i en t a l e . Ces

t rois chap i t r e s sont p récédés d ' u n bre f h i s t o r i q u e et d ' u n e esquisse

g é o g r a p h i q u e .

I. EXPOSÉ HISTORIQUE

Les g r a n d e s é tapes d u d é v e l o p p e m e n t de nos conna i s sances s u r l a

géo log ie de l 'Algér ie et d e la Tunisie on t é té m a r q u é e s p a r des

mani fes ta t ions sc ient i f iques , d o n t les p l u s i m p o r t a n t e s furent la p u b l i ­

ca t ion de desc r ip t ions et d e ca r t e s .

De 1830 à 1840, A. Rozet et Le Pu i l lon de Boblaye font c o n n a î t r e ,

en de b rèves no tes , l a cons t i tu t ion d e s env i rons d 'Alger , Oran ,

Cons tan t ine et Bône .

A l a p é r i o d e de 1840 à 1850 c o r r e s p o n d e n t les explora t ions g é o l o ­

g i q u e s g é n é r a l e s de l 'Algér ie p a r E. Renou e t H. F o u r n e l . Les

r ichesses d u sous-sol de no t r e nouve l l e possession, p a r t i c u l i è r e m e n t

1. Voir la carte géologique de l'Afrique du Nord à l'échelle du 3.000.000e (planche hors texte). Voir également les fig. 3 à 7.

GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-.MER. 1

Page 12: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

Fig. 1. — Schéma tectonique de l'Afrique du Non

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et de la Méditerranée occidentale (de P. Fallot).

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4 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

les mines de fer d 'Aïn Mokra, c o m m e n c e n t à r e t e n i r l ' a t t en t ion des

i ngén i eu r s .

De 1850 à 1866 se p o u r s u i v e n t des exp lo ra t ions géo log iques r ég io ­

na l e s de l 'A lgé r i e , qu i se t r a d u i s e n t n o t a m m e n t p a r l ' é l abo ra t i on

d ' u n e classification m é t h o d i q u e des t e r r a in s c ré tacés de la p rov ince

d e Cons tan t ine , classification basée su r la pa léon to log ie des Mollusques

et des Éch in ides , p a r H. Coquand , pu i s p a r l ' édi t ion d ' u n e m o n o ­

g r a p h i e de la subdiv is ion de Sétif, avec ca r te pa r t i e l l e au 2 0 0 . 0 0 0 e ,

p a r E. Brossard . Des no t ices m i n é r a l o g i q u e s g é n é r a l e s , d u e s à

L. Ville, n o u s font conna î t r e les r ichesses d u sous-sol des p rov inces

d 'Alger et d 'Oran , t and i s q u e des t r a v a u x spéciaux p o r t e n t , p a r

e x e m p l e , su r l ' an t imoine du Centre de la p rov ince de Constant ine .

C'est à cet te é p o q u e auss i q u e R. B o u r g u i g n a t décr i t les Mollusques

t e r r e s t r e s et f luviati les fossiles de l 'Algér ie .

Au cours des a n n é e s 1867 à 1873 sont achevées les c a r t e s g é o l o ­

g i q u e s p rov inc ia les d e l 'Algér ie au 400.000 e p a r L. Ville, J. P o u y a n n e ,

A. P o m e l et J. Tissot. A cet te pé r i ode r e m o n t e n t les p r e m i è r e s i m p o r ­

t an t e s pub l i ca t i ons p a l é o n t o l o g i q u e s de A. Pome l su r les Spong ia i r e s

e t les Éch in ides du Ter t ia i re r é c e n t d e l 'Algér ie occ iden ta le , ainsi

q u e le ca t a logue des fossiles de la p rov ince d 'Alger de C. Nicaise.

En 1873 est éd i té le c a t a l o g u e m i n é r a l o g i q u e de A. Pap ie r , q u i

donne s u r t o u t u n e desc r ip t ion m i n i è r e d e l a p rov ince de Cons tan t ine .

La m ê m e a n n é e est i m p r i m é le 1 e r fascicule des Éch in ides d e l 'Algér ie

d e A. Cot teau , A. Peron et V. Gauth ier , o u v r a g e m a g i s t r a l achevé

s e u l e m e n t en 1 8 9 1 . En m ê m e t e m p s A. Pome l d o n n e u n e m o n o g r a p h i e

r ég iona le d u massif de Miliana avec ca r t e a u 2 0 0 . 0 0 0 e . De 1874

d a t e n t les p r e m i è r e s é tudes p é t r o g r a p h i q u e s nord-af r ica ines d e

G. Bleicher su r les roches s éd imen ta i r e s et de Ch. Vélain s u r les

roches é rup t ives . Les mines de fer d u Nord de l 'Oranie sont décr i t es

p a r J. Pouyanne en 1876, t and i s q u e A. Pome l se r e n d en mission

géo log ique d a n s le Sud de l a Tunis ie . Enfin, en 1877, p a r a i t u n e

m o n o g r a p h i e r ég iona le de la subd iv i s ion de T lemcen p a r J. P o u y a n n e .

La phase compr i se en t re 1878 et 1883 a vu l ' é t ab l i s s emen t de la

p r e m i è r e ca r te g é o l o g i q u e g é n é r a l e de l 'Algér ie au 800 .000 e avec

texte explicatif p a r A. Pomel , J. P o u y a n n e e t J. Tissot, p résen tée a u

Congrès p o u r l 'Avancemen t d e s Sciences d 'Alger , t a n d i s que A. P e r o n

écri t la p r e m i è r e desc r ip t ion g é o l o g i q u e d ' e n s e m b l e de la colonie,

a c c o m p a g n é e d ' une b i b l i o g r a p h i e g é n é r a l e . P e n d a n t cet te p é r i o d e ,

Page 15: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGERIE ET TUNISIE. 5

nos connaissances sur les Ver tébrés d u Ter t ia i re récen t et d u Qua­

t e r n a i r e de la p rov ince de Constant ine font d ' impor t an t s p r o g r è s

qu i p e r m e t t e n t à Ph . T h o m a s d e d re s se r u n t ab l eau r a t i onne l de l a

classification des t e r m e s con t inen t aux de ces t e r r a in s en Algér ie .

L ' époque s ' é t endan t d e 1884 à 1890 co r r e spond a u x débu t s de

l ' o rgan i sa t ion en Algér ie , sous la d i r ec t ion t e c h n i q u e de A. Pomel ,

d ' u n Service g é o l o g i q u e avec co l l abo ra t eu r s r é g i o n a u x p o u r les

levés a u 5 0 . 0 0 0 e . C'est a lors que voit le j o u r la p r e m i è r e sér ie des

m o n o g r a p h i e s r ég iona le s a y a n t se rv i de thèses de doc to ra t à A. Delage

(Sahel d 'Alger avec ca r te a u 20.000°), à J. Wel sch (Environs de Tiare t

et de F r e n d a ) et à E. F i cheu r (Kabylie d u Djurd ju ra avec ca r t e

a u 200.000°). Une i m p o r t a n t e mi s s ion d ' exp lo ra t ion g é o l o g i q u e ,

o rganisée en Tunisie , s ' a ssure a lo r s le concours de G. Ro l l and ,

P h . T h o m a s et G. Le Mesle : el le fourn i t à P h . Thomas l 'occasion d e

d é c o u v r i r les phospha te s de chaux de l 'Afr ique d u Nord (1888), et

p e r m e t à A. P e r o n , V. Gau th ie r et A. Locard de faire conna î t re les

Mollusques et Ech in ides cré tacés et éocènes de l a Régence . En

m ê m e t e m p s r e p r e n n e n t les pub l i ca t i ons p a l é o n t o l o g i q u e s de A. P o m e l ,

su r les Cépha lopodes et les Échin ides d u Crétacé e t d u Ter t ia i re de

l 'Algér ie occ iden ta le .

En 1890 pa ra i s sa i t la 2e édi t ion de l a ca r t e géo log ique g é n é r a l e

de l 'Algérie a u 800 .000 e p a r J. P o u y a n n e et A. Pomel , a c c o m p a g n é e

d ' u n e descr ip t ion s t r a t i g r a p h i q u e g é n é r a l e p a r A. P o m e l et d ' u n e

é t u d e p é t r o g r a p h i q u e p a r J. Curie et G. F l a m a n d . Deux a n s p lus t a r d ,

sor ta ien t des p r e s s e s la p r e m i è r e car te g é o l o g i q u e g é n é r a l e d e l a

Tunisie a u 800.000° et l a p r e m i è r e descr ip t ion g é o l o g i q u e d ' ensemble

de la Régence , p a r F . Aube r t . De 1891 à 1895 la s t r a t i g r aph i e des t e r m e s

m a r i n s d u Ter t ia i re récent nord-a f r i ca in est é tab l i e p a r A. Pomel ,

A. P e r o n et Ch. Depére t .

En 1893 c o m m e n c e l ' é l abora t ion des m o n o g r a p h i e s pa l éon to lo ­

g iques des Mammifères q u a t e r n a i r e s d 'Algér ie de A. P o m e l , qui se

p o u r s u i v r a j u s q u ' e n 1898. De m ê m e 1894 voit le d é b u t de la p u b l i ­

cat ion d 'une sér ie de descr ip t ions r ég iona les des g i semen t s de p h o s ­

p h a t e s d e la colonie p a r J. B layac , E. F icheur e t II. J a c o b , p u b l i c a ­

t ion qui se con t i nue ra j u s q u ' e n 1895. Cette de rn i è re a n n é e m a r q u e

l ' i n a u g u r a t i o n d u t i r a g e de la ca r te g é o l o g i q u e déta i l lée de l 'Algér ie

au 50.000 e (2 feuil les p a r E. F icheur ) , t and i s qu 'es t i m p r i m é e la thèse

de J. Repel in su r les env i rons d 'Orléansvi l le . G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D'OUTRE-MER. 2

Page 16: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

6 GÉOLOGIE ET MINES DE LÀ FRANCE D'OUTRE-MER.

Deux nouvel les feuilles au 50.000 e de É. F icheur sont l i t h o g r a -

phiées en 1896, t and i s q u ' a l i eu l a r éun ion e x t r a o r d i n a i r e de la

Société géo log ique de F rance o rgan i sée p a r le professeur d ' A l g e r ;

au cours de cette session, Marcel Be r t r and découvre le Trias à Cons­

t an t ine . Dans le compte r e n d u des excurs ions , E. F icheur p u b l i e l a

p r e m i è r e esquisse t ec ton ique d ' une r ég ion a l g é r i e n n e , me t t an t en

évidence l 'exis tence de c h e v a u c h e m e n t s sur les deux versants de

l 'Atlas de Bl ida . La m ê m e a n n é e A. P e r o n donne u n e desc r ip t ion

dé ta i l lée des cur ieux Cérati tes de la cra ie d 'Algé r i e .

En 1897, au Congrès de C a r t h a g e de l 'Associat ion française p o u r

l 'Avancemen t des Sciences, E. H a u g t r ace la p r e m i è r e syn thèse

tec tonique de la Tunis ie . Pu i s en 1898 E. F i c h e u r succède à A. Pome l

c o m m e d i r e c t e u r t echn ique du Service géo log ique de l 'Algér ie . La

pér iode de 1897 à 1903 voit p a r a î t r e success ivement u n e nouve l l e

sér ie de m o n o g r a p h i e s r ég iona les a l g é r i e n n e s e t tun i s i ennes , qu i

ont p r e s q u e toutes servi de t hè se s de doctora t à A. Brives (Bassin d u

Chelif et Dahra avec ca r t e a u 200.000 e ) , à E. Ri t te r (d jebel A m o u r et

m o n t s des Ouled Naïl), à L. Gentil (Bassin de la Tafna avec car te au

200 .000 e ) , à L. P e r v i n q u i è r e (Tunisie cen t ra l e avec car te a u 200 .000 e ) .

Tous ces mémoi res sont a c c o m p a g n é s d 'esquisses tec toniques , sauf ce lu i

de A. Br ives , qu i r en fe rme par con t re le p r e m i e r s c h é m a p a l é o g é o -

g r a p h i q u e des différents t e r m e s d u Néogène de l 'Ouest a lgé r i en ; des

ca r tons p a l é o g é o g r a p h i q u e s de l a Tunisie cen t ra le au Crétacé et à

l'Eocène, figurent é g a l e m e n t d a n s la thèse de L. P e r v i n q u i è r e . A

côté de ces impor t an t e s descr ip t ions r ég iona les , i l faut no te r l ' impre s ­

sion de la m o n o g r a p h i e p a l é o n t o l o g i q u e des Mollusques t e r r e s t r e s ,

f luviati les et s a u m â t r e s d 'Algér ie p a r P . Pa l l a ry , pu i s les no t e s de

E. F icheur et de A. Jo leaud s u r le Carbonifère d u Sud o rana i s , celles

de A. Brives et de G. F a b r e su r les g i semen t s de pé t ro le de Rel izane .

En 1900 c o m m e n c e la p u b l i c a t i o n des maté r iaux d ' é t udes t o p o l o g i ­

ques p o u r l 'Algérie e t la Tunis ie , dans lesquels le Service g é o g r a -

p h i q u e d e l 'Armée d o n n e r a , j u s q u ' e n 1906, des car tons t ec ton iques des

r ég ions nouve l l emen t levées . De 1897 à 1905 sont l i t h o g r a p h i é e s des

feuilles au 50.000 e d 'Algér ie , pa ra i s san t a u r y t h m e de 2 p a r an , sous

l a s i g n a t u r e de E. F icheur , A. Brives, L. Gentil et , en ou t r e , en 1900,

u n e 3e édi t ion de la ca r t e g é o l o g i q u e géné ra l e de l 'Algér ie au

800.000 e p a r E. F icheur .

De 1906 à 1910, le t i r age des feuil les au 50.000 e est accéléré et

Page 17: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 7

por té à 3 pa r an , g r âce aux levés de E. F icheur , A. Brives , J. S a v o r n i n ,

L. Jo leaud , F. D o u m e r g u e , J. Dareste de la Chavanne . En 1907-8,

G. F l a m a n d fait conna î t r e la p r é sence de la hou i l l e dans le Sud -

orana i s , t and i s q u e de 1909 à 1912, A. Joly esquisse la s t r u c t u r e des

Hauts P la teaux a lgé ro i s et cons tan t ino i s et q u e P h . T h o m a s d o n n e

une descr ip t ion g é n é r a l e d u sous-sol de la Tunisie, avec vues o r ig i ­

na les sur la r é g i o n du Sud , s c h é m a tec ton ique de cet te r é g i o n et

b i b l i o g r a p h i e g é o l o g i q u e d ' e n s e m b l e de la Régence .

De 1910 à 1912, u n e d e r n i è r e i m p o r t a n t e série de m o n o g r a p h i e s

r ég iona les d 'Algér ie , p ré sen tées c o m m e thèses de doc to ra t , a é té

édi tée pa r J. Dareste de la C h a v a n n e (Région de Guelma) , G. F l a m a n d

(Haut Pays de l 'Oranie avec ca r te pa r t i e l l e a u 200 .000 e ) , L. Jo leaud

(Chaîne n u m i d i q u e et m o n t s de Cons tan t ine avec c a r t e a u 200 .000 e )

et J. Blayac (Bassin de l a Seybouse) . Des esquisses t ec ton iques accom­

p a g n e n t les thèses de G. F l a m a n d , L. Jo l eaud et J. B layac ; des s chémas

p a l é o g é o g r a p h i q u e s sont j o i n t s à celles de L. Jo l eaud (Crétacé et Ter­

t ia i re d 'Algér ie-Tunis ie) et de J. B layac (Crétacé d 'Algér ie-Tunis ie) .

De son côté , J. Savorn in dess ine des c a r t o n s p a l é o g é o g r a p h i q u e s d u

Ter t ia i re a l gé ro - tun i s i en et de L a m o t h e é l abore u n e desc r ip t ion

déta i l lée d u Qua t e rna i r e d u Sahe l d 'Alger avec ca r te au 5 0 . 0 0 0 e .

H. Roux fait conna î t r e l a s t ruc tu re du Sud-Ouest de la Tunisie avec

une car te géo log ique a u 350.000 e et u n s chéma t e c t o n i q u e , t and i s

que A. Joly d o n n e une ca r t e g é o l o g i q u e a u 800.000 e d u Sud-Est de

la R é g e n c e avec descr ip t ion dé ta i l l ée et L. Pe rv inqu i è r e u n e ca r t e

g é o l o g i q u e a u 3 .000.000 e de l ' ex t r ême Sud d u Beyl ik , é g a l e m e n t

a c c o m p a g n é e d ' u n texte explicatif. En 1910-2 , D. Dusser t passe en

r e v u e les gî tes de mines m é t a l l i q u e s d 'Algér ie , desc r ip t ion qu i se

con t inue ra j u s q u ' e n 1912 en s ' é t endan t à la hou i l l e et aux p h o s p h a t e s .

Désormais 4 feuilles de la car te d 'Algér ie au 50 .000 e sont l i t hog ra -

p h i é e s c h a q u e a n n é e , g r âce à la co l l abo ra t ion de E. F i cheu r ,

A. Brives, J. Savorn in , L. J o l e a u d , F. D o u m e r g u e , M. Dalloni ,

J. Dareste de la Chavanne , À. Joly , F. E h r m a n n .

En 1913-4, L. Jo l eaud p r é s e n t e , en u n e sér ie de n o t e s , les t ra i t s

p r i n c i p a u x de la s t r u c t u r e d e la r ég ion de Bône et en 1915-6 ,

M. Dalloni é tudie l 'Oligocène et le Néogène de l 'Algérie occidenta le ,

a c c o m p a g n a n t ses textes d 'esquisses p a l é o g é o g r a p h i q u e s . Le Service de

la car te r a l en t i t le t i r a g e des feuil les a u 50 .000 e , en d o n n a n t 3 feuilles

en 1913 et 1 e n 1914, levées p a r E. F i cheu r , A. Br ives , J. Savorn in ,

Page 18: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

8 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

L. Jo leaud, F. D o u m e r g u e , M. Dal loni . Enfin, en 1913, L. Jo l eaud

c o m m e n c e la pub l i ca t i on de ses é tudes p a l é o b i g é o g r a p h i q u e s s u r

les Mammifères q u a t e r n a i r e s de l 'Afrique d u Nord, p u b l i c a t i o n qui

se con t inue à l ' h e u r e ac tue l l e .

De 1918 à 1924, une seule m o n o g r a p h i e r ég iona le a l g é r i e n n e , d u e

à J. Savorn in , est i m p r i m é e c o m m e thèse de doc tora t (Hodna et P la teau

sétifien avec esquisse t ec ton ique et s chémas pa l éogéograph iques du Trias

et du Tert ia ire) . F . E h r m a n n découvre p lus i eu r s hor izons fossilifères

s i luriens et dévon iens en Pet i te Kabyl ic , M. Dalloni obse rve u n e sér ie

complè te d u Crétacé s u b b a t h y a l d a n s le Tell sud -o r i en ta l de l 'Oranic ,

L. Jo l eaud fait c o n n a î t r e la cons t i tu t ion d u sous-sol d u Salici et d u

Sud-Est tunis ien avec esquisse t e c to n iq u e et A. Al lemand-Mar t in

r é s u m e l a géo log ie d u cap Bon. E. Gaut ier t race u n t ab l eau d ' e n ­

semble de la s t r u c t u r e de l 'Algérie et E. F i c h e u r d o n n e u n e ca r te

g é o l o g i q u e g é n é r a l e d 'Algér ie -Tunis ie a u 1 .500.000 e , t and i s q u e ,

d ' une p a r t , A. Brives décr i t les gî tes m in i e r s et M. Dalloni les venues

d e pé t ro le de la colonie , et q u e , d ' a u t r e p a r t , L. Be r thon expose le

d é v e l o p p e m e n t de l ' i ndus t r i e m i n é r a l e tun i s i enne et M. Sol ignac édi te

u n e m o n o g r a p h i e des su in t emen t s h y d r o c a r b u r é s de la Régence .

La ca r te au 50.000 e de l 'Algér ie pa ra î t tou jours i r r é g u l i è r e m e n t :

9 feuilles de 1921 à 1924 p a r A. Br ives , J. Savorn in , L. Jo l eaud ,

F . D o u m e r g u e , M. Dal loni . En 1923 A. Brives devient d i r e c t e u r

t e c h n i q u e du Service géo log ique de l 'Algér ie . Enfin en 1924 c o m m e n c e

la l i t hog raph i e de la car te géo log ique dé ta i l lée de la Tunis ie a u

200.000 e p a r M . So l ignac , don t 2 feuilles sont t i rées en 1924, 1 en

1926, 1 en 1928 et 3 en 1929.

P a r m i les sujets qu i ont occupé u n e p lace i m p o r t a n t e dans les

é tudes géo log iques nord-a f r ica ines de cette pé r iode , se p l acen t : 1° la

quest ion de l 'Aqui tan ien , soulevée p a r E. F icheur dès 1894, et don t

j ' a i i n d i q u é la so lu t ion en faisant voir q u ' u n e b o n n e par t i e des séd i ­

m e n t s classés sous ce n o m éta i t en fait d u Miocène moyen et r é c e n t ;

2° le p r o b l è m e des t e r r a i n s m é t a m o r p h i q u e s d e Kabyl ie , évoqué en

1902-3 p a r P . Te rmie r et que j ' a i r éso lu en divisant ces fo rma t ions en

u n e sér ie pa l éozo ïque e t u n e sér ie n u m m u l i t i q u e sépa rées p a r un

c o n g l o m é r a t ; 3° l ' é n i g m e de la t e c ton iq u e du Trias, d o n t P . Te rmie r

s 'est efforcé de sou l eve r le voile dès 1906, mais p o u r l aque l l e les h y p o ­

thèses émises j u s q u ' à ce j o u r n e s ' accordent p a s avec tous les faits obser­

vés . Tels fu ren t les sujets qui firent en par t ie le t h ème des discussions

Page 19: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE 9

a y a n t e u l i eu , n o t a m m e n t e n t r e A. Brives, L. J o l e a u d , M. Dalloni e t

Léon Ber t rand , lors de la r é u n i o n d 'Algér ie , de la Société géo log ique

e n 1924, r éun ion consacrée spéc ia l emen t au d é p a r t e m e n t de Constan-

t ine ; cette session ex t r ao rd ina i r e d é m o n t r a que les d ive rgences de

vues qu i se manifes ta ient en t r e géo logues a l g é r i e n s po r t a i en t b i en

p lus sur des ques t ions de mo t s q u e s u r le fond m ê m e des idées sc ien­

tif iques.

En 1927, à l 'occasion d u Congrès de l 'Association française p o u r

l 'Avancement des Sciences qu i eu t é g a l e m e n t l ieu à Constant ine ,

L. Jo leaud a d o n n é , dans un v o l u m e spécial , une descr ip t ion g é o l o ­

g i q u e de l 'Algér ie or ienta le avec n o m b r e u s e s esquisses t e c t o n i q u e s

et schémas p a l é o g é o g r a p h i q u e s . La m ê m e a n n é e , M. Sol ignac é labore

c o m m e thèse do doc tora t u n e desc r ip t ion de l a Tunis ie s e p t e n t r i o n a l e

avec esqu isse tec ton ique et car tons p a l é o g é o g r a p h i q u e s du Ter t ia i re

de l a Régence . L. G l a n g e a u d a é tud ié r é c e m m e n t en dé ta i l les

contrées l i t tora les a lgéroises et k a b y l e s , qu i v i e n n e n t de faire

l 'objet d ' u n e m o n o g r a p h i e r é g i o n a l e p résen tée c o m m e thèse d e

doc to ra t . L. Jo leaud a p u b l i é en o u t r e e n 1926 u n fascicule su r le

pé t ro l e en Afrique d u Nord et C. A r a m b o u r g , en 1927, u n e desc r ip ­

tion des Poissons d u Miocène s u p é r i e u r d 'Oran . La car te géo log ique

d 'Algér ie au 50.000 e ne p a r a i t p lus m a i n t e n a n t que tout à fait i r r é ­

g u l i è r e m e n t : 6 feuilles en 1925-6 et 2 en 1928 p a r A. Brives , F. Dou-

m e r g u e , M. Dalloni, F . E h r m a n n et L. G langeaud .

A l 'occasion d u Centena i re de l 'Algér ie , J. Savorn ina édi té en 1931

u n exposé dé ta i l l é des découver tes géo log iques faites d a n s l a colonie

d e p u i s 1830 : son texte est a c c o m p a g n é d 'esquisses s t r a t i g r a p h i q u e s ,

p a l é o g é o g r a p h i q u e s e t t e c ton iques d e l 'Afrique d u Nord . Les m i n e s

d 'Algér ie sont décr i tes p a r G. Bélier à l 'occasion du Congrès d 'A lge r

de l ' Indus t r i e miné ra l e de 1930 et P . Reufflet publ ie l ' année su ivante

u n e mise a u po in t de l ' évo lu t ion des m i n e s de la Régence , t and i s

q u ' u n e ca r t e géo log ique au 500.000 e de cette con t rée , avec texte expl i ­

catif, est due à M. So l ignac . Enfin u n e révis ion des Ech in ides de

l 'Afrique du Nord p a r J. Lamber t est sous p resse .

En Tunis ie , d iverses zones du Nord-Ouest et d u Sud p e u v e n t encore

faire l 'objet d ' é tudes d ' e n s e m b l e se rvan t de c o m m e n t a i r e s aux car tes

a u 200 .000 e , don t le levé se ra r a p i d e m e n t achevé (7 feuilles sont déjà

t i rées , 3 do iven t p a r a î t r e en 1931 et a u t a n t les années su ivan te s ; l a

fin de l ' édi t ion des 13 feuil les à l i t h o g r a p h i e r est p r é v u e p o u r 1936) .

Page 20: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

10 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Ensu i t e d e v r a ê t r e e n t r e p r i s e l a c a r t e a u 50 .000 e de la Tunis ie sous

l ' impu l s ion d u Service g é o l o g i q u e de la Régence (Chef : M. So l ignac ;

co l l abo ra t eu r s : II. Schoel ler et J. Berkaloff).

En Algér ie , le Service g é o l o g i q u e , sous la d i rec t ion t e c h n i q u e de

J. Savorn in d e p u i s 1928, r e c o m m e n c e r a sans d o u t e à d o n n e r p rocha i ­

n e m e n t des m o n o g r a p h i e s descr ip t ives des n o m b r e u s e s r ég ions non

encore t ra i tées en dé ta i l , m o n o g r a p h i e s complé tées p a r des car tes au

200 .000 e . L ' impress ion des feuilles au 50.000 e se ra repr i se avec tou te

l 'act ivi té qu ' e l l e a déjà c o n n u e : a u x 61 feuil les a c t u e l l e m e n t en l i b r a i ­

r ie v i e n d r o n t succes s ivemen t s 'en a jou te r 40 au t r e s en cours d ' a chè ­

vemen t p a r J. Savorn in , L. Jo l eaud , F. E h r m a n n , L. G l a n g e a u d ,

M. R o u b a u l t , J. F l a n d r i n , M. Gaut ier , P . Deleau, etc. ; i l est fort

souha i t ab le qu ' e l l e s so r t en t désormais r é g u l i è r e m e n t des presses ,

afin que no t re p r e m i e r Service g é o l o g i q u e colonia l d e m e u r e à la

t ê te d u g r a n d m o u v e m e n t scientifique qu i a si h e u r e u s e m e n t favorisé

j u s q u ' à ce j o u r l 'essor économique nord-a f r ica in .

Enfin la tou te r é cen t e r éun ion , à Alger , des m i n e u r s d 'Algér ie , d e

Tunisie et d u Maroc, a é l aboré u n p r o g r a m m e d ' o r g a n i s a t i o n m é t h o ­

d ique de l ' i udus t r i e d u sous-so l , p r o g r a m m e qu i a déjà r eçu l ' encou­

r a g e m e n t et l ' a p p u i des pouvo i r s pub l ics .

II. ESQUISSE GÉOGRAPHIQUE

Le re l ief de l 'Algér ie et de l a Tunisie est fo rmé pa r l 'At las , don t

les cha înes se p r é sen t en t avec u n e a l l u r e o r o g r a p h i q u e u n p e u diffé­

r e n t e dans c h a c u n e de ces deux contrées .

En Algér ie se succèdent du Nord au S u d un Atlas te l l ien l i t tora l ,

u n Atlas te l l ien in t é r i eu r et u n Atlas p r é s a h a r i e n . En t r e les Atlas tel-

l iens l i t to ra l et i n t é r i eu r se c r e u s e n t les dép res s ions sub l i t to ra les ,

t and i s q u e , p l u s au Sud , des Hauts P la t eaux et des Hautes Pla ines sont

l a r g e m e n t encadrés en t r e l 'Atlas te l l ien i n t é r i eu r et l 'Atlas p r é s a h a r i e n .

Dans l 'Algér ie occ iden ta le , à l 'Ouest d u mér id i en d 'Alge r , l 'Atlas

tel l ien l i t to ra l est const i tué p a r les T r a r a s , le Sahel d 'Oran , le Dahra ,

le Sahel d 'Alger et l 'Atlas de Blida. Les dép re s s ions subl i t to ra les

c o r r e s p o n d e n t ici à la va l l ée de la Tafna, a u x p la ines de l a S e b k h a

d 'Oran et d u Sig, à l a va l lée d u Chelif et à la cuvet te de Médéa. A

l 'Atlas te l l ien in té r i eur se r a t t a c h e n t les m o n t s de Tlemcen et d e

Saïda (Meseta o rana i se ) , l 'Ouarsenis , le Sersou et le Titteri .

Page 21: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE 11

Le Haut Pays s t epp ique , la Gétulie de l ' an t iqu i t é , la Zénétie d u

Moyen Age , c o m p r e n d , en Algérie occ identa le , d ' a b o r d les Hautes

P la ines orana ises des Chot ts et le Haut P l a t e a u a lgé ro i s des Zahrez ,

p u i s , p lus au Sud, les m o n t s des Ksours o rana i s , le d jebe l Amour et

les mon t s des Ouled Nail.

Dans l 'Algérie o r i en ta l e , à l 'Est d 'A lge r , l 'Atlas te l l ien l i t to ra l se

d é d o u b l e : i l g r o u p e , a u Nord, u n e succession de massifs à o r o g r a p h i e

sans l ignes d i rec t r ices b ien m a r q u é e s , Grande Kabylie , Pet i te Kabylie

ou Kabylie de Collo, E d o u g h , et , a u S u d , une l i gne de hau te s cha înes

de m o n t a g n e s sub l i t t o r a l e s , para l lè les à l ' équa t eu r , D ju rd ju ra , Babors

Chaîne n u m i d i q u e ; e n t r e la Pet i te Kabyl ie et la Chaîne n u m i d i q u e

se déve loppe la l i gne de cuvet tes de S a i n t - C h a r l e s - J e m m a p e s , d u

Fetzara et des g u e r a a s de l a r ég ion de Bône-La Calle. L'Atlas te l l ien

i n t é r i e u r de l'Est offre u n e sér ie de reliefs i m p o r t a n t s , Biban, Maadid,

m o n t s de Cons tan t ine et de Souk Ahras , séparés de l 'Atlas te l l ien l i t ­

to ra l p a r les zones dép r imées de la val lée de la S o u m m a m , des cuvet tes

d e Constant ine et de Guelma. Le d é d o u b l e m e n t de l 'Atlas tel l ien du

Nord, en massifs k a b y l e s et cha înes sub l i t to ra les , a p o u r effet de r e j e ­

t e r assez ve r s l ' i n t é r i eu r les dép re s s ions de Cons tan t ine , qu i ne p e u v e n t

p l u s g u è r e dès lors ê t re qualifiées de sub l i t to ra les . De tous t e m p s les

i n d i g è n e s on t d i s t i ngué u n Bled el Kabail el Hadra , u n p a y s l i t to ra l

où les Kabyles h a b i t e n t d a n s des maisons , et u n Bled es Se r r aoua t ,

u n pays de c h a î n o n s m o n t a g n e u x , t e n d a n t à p r e n d r e u n mode lé de

subp la t eaux . La zone k a b y l e fut j a d i s p e u p l é e p a r les S e n h a d j a et les

Ktama de souche Branes p o u r les a u t e u r s a r a b e s , don t l ' en t i té e t h n o ­

g r a p h i q u e s 'oppose à cel le des Zénètes ou Chaouias , p o u r l b n Kha l -

d o u n d 'o r ig ine Madres (don t les p a t r o n y m e s se ra i en t e n t e r r é s a u

Medracen dans les p la ines de Ba tna ) .

Dans l 'Ouest de l 'Algér ie o r i en ta l e , s u r l ' a l i g n e m e n t des Chotts

o rana i s et des Zahrez a lgé ro i s , s ' é tend u n e zone d é s e r t i q u e don t le

cen t r e est occupé p a r le cho t t el Hodna , vaste p a y s plat à pe ine s é p a r é

d u Saha ra p a r les col l ines d u Zab occ identa l . Le Maadid et ses

d é p e n d a n c e s , d i r ima t ion de l 'Atlas te l l ien i n t é r i e u r vers les Hautes

P la ines , isolent le Hodna de la Medjana, d u Haut P la teau de Sétif et des

Biban. Dans l 'Est de l 'Algér ie o r ien ta le , ou Numidie des anc iens , la

l a r g e zone des p la ines se r é t r éc i t p a r r a p p r o c h e m e n t progress i f des

cha înes p r é s a h a r i e n n e s et t e l l i ennes , les p r e m i è r e s a y a n t u n e o r i e n ­

tat ion g é n é r a l e S.O.-N.E. et les s econdes une d i rec t ion O.-E. Non

Page 22: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

12 GÉOLOGIE ET MINES DE LÀ FRANCE D'OUTRE-MER.

seu lemen t les g r o u p e s des r ides de l 'Atlas convergen t l 'un vers l ' au t r e

dans l 'Est cons tan t inois , ma i s des ramif icat ions de l 'Aurès, qu i co r ­

r e s p o n d e n t à la suré léva t ion m a x i m a de l 'Atlas p r é s a h a r i e n , p é n è t r e n t

dans la zone des Hautes P la ines , la découpan t en u n e sér ie de pe t i t s

bassins fermés, a u fond de chacun desquels se t rouve u n e g u e r a a ou

u n e s e b k h a : c'est le Bled es S b a k h des i nd igènes , la zone des s e b -

k h a s . Cette i n t r u s i o n des r ides au ras i ennes en zone de p l a ine s t e p -

p i q u e d o n n e u n e ce r ta ine un i té au Haut Pays n u m i d i e n , a u j o u r d ' h u i

p e u p l é d ' u n m ê m e bloc b e r b é r o p h o n e , les Chaouias .

La Tunisie c o m p o r t e une vaste a i re m o n t a g n e u s e s 'é tendant s u r le

Nord et l 'Ouest d e la contrée : c'est la Zeug i t ane des anc iens ou la

F r i g u i a des a u t e u r s d u Moyen Age , fo rmée p a r la conve rgence des

Atlas te l l ien i n t é r i e u r et p r é s a h a r i e n d 'Algé r i e . Seule la Kroumir ie

et l 'Île de la Gali te, c ' es t -à -d i re l ' ex t rême Nord-Ouest d u t e r r i t o i r e

de la Régence , se r a t t a c h e n t à l 'Atlas tel l ien l i t to ra l cons tan t ino is .

L'Atlas tel l ien i n t é r i e u r d 'Algér ie , a r r i v a n t en Tunis ie , forme le

vaste pays d u Béjaoua, des Nefza, des Hedil et des Mogod, qu i a b o u ­

tit à la m e r au cap Blanc e t a u r a s Tarf, e n s e r r a n t dans ses de r ­

n ie r s contrefor ts les lacs de Bizerte. La zone des Hautes Pla ines d e

Numidie passe en Tunis ie sous l a forme d e l a Dakh la , qu i c o r r e s ­

p o n d à l ' é l a rg i s sement de l a val lée de la Medjerda et finit à l a m e r

p a r le golfe de Tunis , en t re le r a s Tarf et le cap Bon, en a r r i è r e

d u q u e l se c r eusen t les lacs de Por to -Fa r ina et de Tunis .

L'Atlas p r é s a h a r i e n d 'Algér ie , en g a g n a n t l a Tunis ie , voi t ses

acc iden t s o r o g r a p h i q u e s se r accourc i r et d o n n e r na i ssance à des

l ignes de reliefs à é l émen t s d i scon t inus , coupées de Hauts P la teaux

(Hamadas) : ces cha înons de la Tunisie cen t ra le se con t inuen t f inale­

m e n t vers l 'Est p a r une g r a n d e r i de , la Dorsale t un i s i enne . Le

m o d e l é de la zone m é d i a n e d u t e r r i to i re de l a Régence t r a d u i t en

s o m m e l ' accentua t ion des t r a i t s ca rac té r i s t iques de l 'At las de l a

Numid ie m o y e n n e , où les contrefor ts de l 'Aurès p é n é t r a i e n t en

s ' a t t é nua n t dans les Hautes P la ines . C e p e n d a n t en a r r i v a n t a u voi ­

s inage de l a Médi terranée o r i en ta l e , l 'Atlas p r é s a h a r i e n de Zeugi tane

p r e n d u n e d i r ec t ion p r e s q u e m é r i d i e n n e , c o m m e l 'Atlas tel l ien l i t t o ­

ra l en Kroumir ie , et l a cha îne d u Zaghouan se p r o l o n g e j u s q u ' e n

p le ine m e r p a r l a p é n i n s u l e d u cap Bon.

D'une façon g é n é r a l e , à la cont inui té re la t ive des l i gnes de reliefs

de l 'Atlas te l l ien s 'oppose e n Algér ie l a d iscont inui té si m a r q u é e de

Page 23: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 13

l 'Atlas p r é s a h a r i e n , d o n t les a m y g d a l e s successives se r e l ayen t les

unes les a u t r e s , Ksours , A m o u r , Ouled Naïl , Aurès . Il en étai t dé jà

ainsi a u Maroc, d u Haut Atlas occ identa l et du Haut Atlas or ienta l :

t andis que le p r e m i e r se p r o l o n g e à t r ave r s t ou t e la l a r g e u r de la

zone des Hauts P la t eaux sous la fo rme du Moyen Atlas, le second

envoie s eu l emen t d a n s l e s Hautes Pla ines o rano-maroca ines des

cha înons r e l a t i v e m e n t cour t s . S y m é t r i q u e m e n t vers l 'Est, l 'Atlas p ré ­

s a h a r i e n donne na issance d ' a b o r d à des r ides dans les Hautes P l a i ­

nes de Numid ie , ensu i te à une t r ansve r sa l e , la Dorsale t u n i s i e n n e .

Enfin l 'Aurès est v r a i m e n t r e l ayé p a r u n e n o u v e l l e a g m y d a l e s ' a m o r -

çant su r son flanc sud-es t d a n s le pays de Négr ine e t des N e m e n c h a ,

mais se d é v e l o p p a n t d a n s la r é g i o n de Gafsa.

La Tunisie or ien ta le et m é r i d i o n a l e , le Byzacène des anc iens , est

e s sen t i e l l emen t u n pays de p l a i n e s , le Sahe l et le Djerid. Le Sahel

passe p a r u n e p e n t e a b s o l u m e n t insens ib le aux fonds m a r i n s du

golfe de Gabès, e n c a d r é p a r les îles K e r k e n n a et Djerba . Il n ' y a

g u è r e de différences t o p o g r a p h i q u e s e n t r e le golfe de Gabès ou

Pe t i t e Syr te et l a r é g i o n des Chotts du Sud tun i s ien . Ceux-ci, enca­

d r é s à l 'Est en t r e l es r ides du Cherb et d u T e b a g a , n e sont p l u s

l imi tés vers l 'Ouest q u e p a r les zones p l a t e s du Djerid et d u Nefzaoua.

Ce r é g i m e de bass ins fermés q u i r è g n e a ins i su r la Tunis ie m é r i ­

d i o n a l e , se r e t rouve dans le Sahe l de la Bégence , c o m m e dans les

Hauts P l a t eaux et les Hautes P la ines d 'Algér ie ; il d é b o r d e su r le l i t ­

tora l n o r d d a n s les r é g i o n s de Tunis , Bizer te , La Calle, Bône , Oran

e t la t o p o g r a p h i e r évè le sa t o u t e r écen te d i spar i t ion aux envi rons

d 'Alger . C'est l u i qu i confère son t ra i t essentiel à l ' o r o h y d r o g r a p h i e

a l g é r o - t u n i s i e n n e . Il résul te d u pa ra l l é l i sme des r ides de l 'Atlas v i s -

à -v i s d u l i t t o ra l de la Médi ter ranée occ iden ta le : en t re ces cha înes

de m o n t a g n e s ont l o n g t e m p s con t inué à s ' ins inuer , d a n s la zone n o r d ,

des fosses ép icon t inen ta les , que l ' a l t e rnance des sou lèvemen t s et des

affaissements t a n t ô t isolai t à l ' é t a t de l a g u n e s , t an tô t t r ans fo rmai t

en m e r s né r i t i ques peu profondes .

Le l o n g d u r ivage s ep t en t r i ona l , la r é s u l t a n t e de ces m o u v e m e n t s

s'est t r a d u i t e en u n sou lèvement p a r saccades qu i a r a j eun i cons ­

t a m m e n t l 'act ivi té érosive des cours d ' eau et d o n n é na i s sance à q u e l ­

ques g r a n d s bass ins encore en voie d ' a g r a n d i s s e m e n t et à l imi tes

var iab les a u j o u r d ' h u i m ê m e , comme c'est le cas p o u r le Chélif ou

le R o u m e l .

Page 24: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

14 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Au con t r a i r e , la côte or ienta le de l a Tunisie se p r é s e n t e en s o m m e

c o m m e u n e zone en voie de r écen t affaissement. La m e r a envah i les

lacs de Bizerto, de. Tunis , le Bon G r a r a , les Biban . L'érosion, moins

act ive su r le t e r r i to i re de la Régence , la isse la p lace à de vastes

surfaces de s e b k h a s , qu i a r r i ven t j u s q u ' a u vois inage i m m é d i a t de la

m e r .

Ce r ég ime si différent de l ' h y d r o g r a p h i e de l a Berbér ie o r i en t a l e ,

p a r r a p p o r t à celui de la Berbér ie cen t r a l e , a t t e in t vers l'Est j u s q u ' à

la r é g i o n de Bône, si b i en que la Seybouse diffère de tous les fleu­

ves a lgé r i ens p a r son es tua i re sans b a r r e et p a r le d é v e l o p p e m e n t de

ses k re l id j s , c a n a u x envah i s quelquefois pa r les eaux de l a m e r

p é n é t r a n t d a n s une zone de g u e r a a s ; là enfin existe u n lac qui est

p r e s q u e u n chot t , le Fetzara . Le d r a i n a g e consécutif a u r a j e u n i s ­

s e m e n t de l 'érosion p a r le sou lèvemen t d u l i t to ra l , a fait d i spa­

ra î t r e u n te l s tade de l ' o r o h y d r o g r a p h i e aux env i rons d 'Alger et en

a d é g r a d é c o n s i d é r a b l e m e n t le c a r a c t è r e fondamen ta l aux env i rons

d 'Oran : ici toutefois la péné t ra t ion j u s q u ' à la Méditerranée de cond i ­

t ions c l ima t iques subs t epp iques a a t t énué les effets de la r é cen t e

évolut ion d u mode lé sous l ' influence des m o u v e m e n t s du sous-sol .

Telles sont les r a i s o n s g é o g r a p h i q u e s des cont ras tes p h y s i q u e s

r é g n a n t en t re l 'Algér ie et l a Tunis ie , con t ras tes dér ivés de ra isons

t ec ton iques et p a l é o g é o g r a p h i q u e s .

III. STRATIGRAPHIE ET PALÉOGÉOGRAPHIE

Archéen, Précambrien, Cambrien, Silurien, Dévonien. — Les plus

anciennes formations géologiques q u i aff leurent en Algér ie et en

Tunisie co r r e sponden t à des t e r ra ins m é t a m o r p h i q u e s (« série z » de

la car te géo log ique d 'Algér ie) . Ces format ions cons t i tuen t t ro i s m a s ­

sifs i m p o r t a n t s , u n au Nord-Est du d é p a r t e m e n t d 'Alger , la Grande

Kabyl ic , d e u x dans le Nord d u d é p a r t e m e n t de Constant ine , le

massif de Djidje l l i -Col lo-Phi l ippevi l le et l ' E d o u g h (à l 'Ouest d e

Bône) . En b o r d u r e de la g r a n d e a m y g d a l e gne iss ique de cet te d e r n i è r e

m o n t a g n e , s ' indiv idual i sent les coteaux advent i fs , r i c h e m e n t miné ­

ral isés en fer, d e Tabiod, d 'Aïn Mokra, de Belel ia ta et d u Bou H a m r a ,

d o n t le chan t i e r d 'explo i ta t ion le p lus cé lèbre fut celui d e Mokta el

Hadid . Dans la Kabylie de Collo, j ' a i m o n t r é q u e les t e r m e s infé­

r i eu r s de l ' ensemble cr is ta l l in passen t au g r a n i t e p a r des gneiss

Page 25: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 15

gran i to ïdes et q u e les t e rmes s u p é r i e u r s r en fe rmen t des assises de

c ipol ins , fo r tement d i s loqués p a r des pl is N. N. E . -S . S. 0 . Des po in -

t emen t s p e u é t endus de t e r r a i n s c r i s ta l lophyl l iens ont encore été

r e c o n n u s p rès de Bougie (à Bel Hal ima) , dans le Sahel d 'Alger et,

à l 'Ouest de cette ville su r u n îlot au p i ed d u Chenoua , enfin n o n

lo in d'Aïn T e m o u c h e n t au Sud-Ouest d 'Oran. P o u r r e t r o u v e r p l u s a u

S u d des t e r r a i n s a n a l o g u e s , il faut g a g n e r le S a h a r a cen t r a l .

Su r le revers mér id iona l de la Pet i te Kabyl ie cr i s ta l l ine , fo rmée

p a r les g n e i s s , les micaschis tes et les cipolins de Djidjelli , de Collo,

de Phi l ippevi l le et de Bône, s 'observe , a u Sud de la p r e n u ò r e d e

ces local i tés , la sér ie c i - ap rè s : 1° des phy l l ades , des q u a r t z o p h y l l a -

des , des gneiss et des micasch is tes , c o m p o r t a n t vers leur s o m m e t des

quar tz i tes et des c o n g l o m é r a t s p o u r p r é s , p r e m i è r e assise dé t r i t i que

p e u t - ê t r e en re la t ion c h r o n o l o g i q u e avec les mani fes ta t ions de d é b u t

d e la pé r iode o r o g é n i q u e h u r o n i e n n e d 'Europe ; 2° des gneiss avec

accesso i rement des micaschis tes ; 3° des micaschis tes et des p h y l l a d e s

associés s u b s i d i a i r e m e n t à des gne i ss et à des cipolins d ' a l l u r e p l u s

ou moins l en t i cu l a i r e ; 4° des schis tes micacés ( v r a i s e m b l a b l e m e n t

ordovic iens et c o r r e s p o n d a n t a u x « Schistes X » de la car te géo log i ­

q u e d 'Algér ie ) , avec des quar tz i t es et des cong loméra t s fo rmant une

deux ième assise dé t r i t i que d i sco rdan te , l iée sans dou te à des p l i s ­

sements con tempora ins de ceux a y a n t dé t e rminé la g r a n d e s é p a r a ­

t ion s t r a t i g r a p h i q u e , au S a h a r a , d u P r é c a m b r i e n m é t a m o r p h i q u e

e t de l 'Ordovicien q u a r t z i t e u x , p l i s s e m e n t s s y n c h r o n i q u e s de ceux

de la de rn i è re phase h u r o n i e n n e d 'Europe ; 5° des schis tes à G r a p -

tol i thes du Goth land ien ; 6° des c o n g l o m é r a t s , des a rkoses et des

qua r t z i t e s ve r t s d u Dévonien in fé r i eu r ( t rois ième assise dé t r i t i que

d i scordan te t é m o i g n a n t de m o u v e m e n t s tec toniques de m ê m e âge

q u e ceux a y a n t d o n n é na i s sance à la Chaîne ca l édon ienne d 'Europe) ;

7° des schis tes à Tentacu l i t es , des g r è s , des g r a u w a k e s , des ca l ca i ­

r e s à Polypie rs du Dévonien m o y e n ; 8° des ca lca i res à Or thocères

et des ca lcschis tes à Ten tacu l i t es d u Dévonien supé r i eu r . Cette série

fossilifère siluro-dévonienne, découver te p a r F. E h r m a n n , a é té

r e t rouvée p a r ce g é o l o g u e à l 'Ouest de Bougie , où el le est s u r m o n ­

tée en d i sco rdance p a r des p s a m m i t e s et des schistes c h a r b o n n e u x

d u Carboni fère .

De m ê m e , su r le flanc m é r i d i o n a l de l a Grande Kabylie cr is ta l ­

l ine , d a n s le D j u r d j u r a , u n syncl ina l complexe , avec an t i c l ina l

Page 26: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

16 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

seconda i re , a m è n e a u j o u r , au-dessus d 'une sé r ie s i lu ro-dévonienne

c o m p a r a b l e à cel le d u Sud de Djidje l l i , les c o n g l o m é r a t s à pe t i t s

é l é m e n t s , l e s g r è s et les sch is tes n o i r â t r e s , avec lits de houille d u

Carboni fè re , puis l es p o u d i n g u e s gross ie rs , les g rès et a rg i l e s

r o u g e s , que lquefo is bar io lés d u Permo-Tr ias , enfin les calcaires

d u Lias.

Une série sch is teuse , n o i r â t r e , n o n m é t a m o r p h i q u e (« série S » de

l a car te géo log ique d 'Algér ie) a été i nd iquée depuis l o n g t e m p s à

Tifrit (dans les m o n t s de Saïda) , à Ghar R o u b a n (dans les m o n t s

de Tlemcen) , chez les T ra r a s , dans u n îlot voisin d u c a p Falcon (au

p i ed d ' u n coteau d u Sahe l d 'Oran) . Ces schis tes , d i r ec t emen t s u r ­

mon tés e n d i scordance p a r les schistes d u Carbonifère et p lus géné­

r a l e m e n t p a r les p o u d i n g u e s d u P e r m i e n , s e m b l e n t co r r e spon ­

d r e au Goth landien à Grapto l i thes de Djijdelli, é t age q u i se re t rouve

fossilifère aux a b o r d s des Ksours o r a n a i s , c o m m e l 'a constaté F. Rey,

au Nord de l a p la ine de Tamle t . La vas te ex tens ion de l a « fo rma­

t ion S » en Oranie p o u r r a i t ê t re envisagée c o m m e u n t é m o i g n a g e de

la t r a n s g r e s s i o n d u Goth land ien schis teux à Monograptus, t r a n s ­

gress ion si g é n é r a l e au Moghreb et au S a h a r a , où cet é t age con­

t r a s t e avec les facies dé t r i t iques de l 'Ordovicien et d u Dévonien.

Mouvements orogéniques. — L ' ensemble de l 'Algér ie et du Sahara ,

cont rées couver tes de cha înes de m o n t a g n e s s u b m é r i d i e n n e s en voie

de d é g r a d a t i o n ap rès le P r é c a m b r i e n , se t r o u v a en g r a n d e par t ie

é m e r g é au Cambr ien , pu is pa r t i e l l emen t recouver t p a r u n e faible

t r a n c h e d ' eau à l 'Ordovic ien et enfin for tement ennoyé sous la g r a n d e

t r ansg res s ion g o t h l a n d i e n n e . Ce t e r r i to i re fut le t héâ t r e de nouveaux

p h é n o m è n e s o r o g é n i q u e s au d é b u t du Dévonien, u n r e l è v e m e n t

d u fond de l 'océan s 'é tant p rodu i t a lo r s dans ces r é g i o n s . Pu i s ,

au Dévonien m o y e n et récen t , s 'édifient des récifs à Po lyp ie rs , qui

font p lace , vers le Sud-Ouest , à la fosse de la Saoura où p u l l u l e n t les

Cépha lopodes . Tandis q u e ce l l e - c i est occupée a u Carbonifère

in fé r ieur p a r une m e r subréci fa le , l 'A lgér ie p r o p r e m e n t di te est

r e couve r t e p a r une m e r t rès p e u p ro fonde où se forme de la hou i l l e ;

ce r é g i m e , dès le d é b u t d u Carbonifère m o y e n , s ' é tend j u s q u ' a u Sud

de l 'Atlas p r é s a h a r i e n o r a n a i s .

Carbonifère. — Dans le s u b s t r a t u m de l 'Atlas p r é s a h a r i e n , a u

Sud-Oues t des m o n t s des Ksours , so r t en t de dessous le Ju rass ique du

Grouz : 1° le Goth land ien (schistes à Graptol i thes) , 2° le Dévonien

Page 27: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 17

1. Voir fig.

s u p é r i e u r (grès et a rg i l e s à Goniat i tes) , 3° le Dinan t i en et le Wes t -

p h a l i e n in fé r ieur (calcaires et dolomies à Brach iopodes et Goniati tes

d u Tourna is ien , du Viséen et du Namur ien) de l 'An ta r et du Bechar ,

4° le Wes tpha l i en s u p é r i e u r de Kenadsa (grès , ca lca i res et schis tes

a r g i l e u x à lits de hou i l l e ) .

Nous connaissons en dehors des dépôts de c h a r b o n exploi tés à

Colomb-Béchar , des lits de houi l le a n t h r a c i t e u s e p r è s de Nemours ,

d a n s les Tra ra s , les Sahels d 'Oran et d 'Arzeu , dans les D ju rd ju ra ,

l es Babors et la Chaîne n u m i d i q u e . Du Carbonifère de m ê m e facies,

mais sans lits de houi l le c o n n u s , existe é g a l e m e n t ve r s Tipaza ,

Bougie , au Col des Oliviers, dans les Ze rdeza , e tc .

Mouvements orogéniques. — Toutes ces r é g i o n s , où furent à

diverses r ep r i s e s prospec tées , d a n s ces de rn iè res années , des assises

de c h a r b o n plus ou moins m é t a m o r p h i q u e (et i l p e u t y en avoir

é g a l e m e n t d a n s l 'Ouest du Centre o rana i s , su r le p r o l o n g e m e n t du

bass in m a r o c a i n d 'Oudjda) , ont été affectées p a r les p l i s sements

he rcyn iens , d o n t t é m o i g n e n t des c o n g l o m é r a t s carboni fè res et p e r -

m i e n s , a c c o m p a g n é s de l a c u n e s et de d i s c o r d a n c e s ; il en fut de

m ê m e d ' a i l l eu r s de l ' ex t rême Sud tunis ien, où d u P e r m i e n g r é s e u x

et potass ique existe vers Médine.

Permien, Trias 1 . — La m e r a a b a n d o n n é avan t la fin du Carbo­

ni fère m o y e n , sous l ' influence des g r a n d s m o u v e m e n t s h e r c y n i e n s

(wes tpha l iens-s téphaniens) p re sque tou te l 'Algér ie et le S a h a r a .

Un r é g i m e con t inen ta l d o m i n e a lors dans l a c o n t r é e , q u ' o c c u p e

désormais u n mil ieu d é s e r t i q u e . Les n a p p e s d ' e a u sont r é p a n d u e s ,

g é n é r a l e m e n t sous la forme de cuve t tes isolées : ce r t a ines d ' en t r e

elles c o r r e s p o n d e n t à d e s l agunes m a r i n e s , où u n e s é d i m e n t a t i o n

dé t r i t i que e m p r u n t e ses é léments t e r r i g è n e s aux massifs k a b y l e s

voisins, p e n d a n t le Tr ias , c o m m e elle l 'avai t dé jà fait au P e r m i e n .

Ailleurs s 'é tabl issent des l a g u n e s s a u m â t r e s ; p a r exemple su r u n e

g r a n d e pa r t i e d u t e r r i t o i r e de l 'Algérie i n t é r i e u r e , sauf c e p e n d a n t

d a n s l a Meseta o r ana i s e et le Hodna. De telles l a g u n e s s a u m â t r e s

occupen t auss i de vastes surfaces dans t ou t e la Tunis ie , à l ' except ion

de l ' ex t rême Sud , où le r é g i m e l a g u n o m a r i n r e p a r a î t à l a faveur du

voisinage de la m e r t r i po l i t a ine , p e u p l é e d ' é l éments faun iques

a lp ins . Au con t r a i r e , les r a r e s Mollusques des ép isodes m a r i n s

Page 28: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

18 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

t r i a s iques à Constant ine et à Souk Ahras , c o m m e d a n s la Tunisie

cent ra le et m é r i d i o n a l e , sont des types g e r m a n i q u e s .

En s o m m e , dans les zones qu i on t été spéc ia lement le t h é â t r e des

p h é n o m è n e s de p l i ssements he rcyn iens , le Tr ias se lie au P e r m i e n

dé t r i t i que , n o t a m m e n t à la b o r d u r e sud des Kabylies (Chaîne n u m i -

d ique , D ju rd ju ra , Sahe l d 'Alger , Sahel d 'Oran) , c o m m e d a n s le Haut

Atlas et le Moyen Atlas. De m ê m e , le Trias t r è s déve loppé de l 'ex­

t r ê m e Sud tunis ien , où il c o m p r e n d une sér ie con t inue de g rès r o u g e s ,

de m a r n e s bar io lées , de ca lcai res , de do lomies e t de gypses , révè len t

là le contact d ' un con t inen t dése r t ique avec l a g u n e s m a r g i n a l e s . La

m e r étai t a lors confinée au Nord du Rif et de l 'Algér ie , p u i s à l 'Est

de l a Tun i s i e ; en Anda lous ie , en Cata logne , aux Baléares , en Sa r -

d a i g n e , en Sicile, en Tr ipo l i t a ine , se t r o u v e un Trias d o n t le facies

r appe l l e en effet p lus ou moins exac tement celui d u Trias a lp in m a r i n

t y p i q u e du Tyrol .

Les l a g u n e s de su r sa tu r a t i on t r i a s iques , où p r é d o m i n e la p réc ip i ­

ta t ion d u g y p s e , s ' é tendent u n p e u p a r t o u t dans les pays d u Tell

a lgé r i en . D'autres cuve t tes , où s'est effectuée s u r t o u t la p réc ip i t a t ion

des dépôts de sel g e m m e , occupen t l ' emp lacemen t de l 'Atlas s a h a ­

r i en , des m o n t s de Figuig à l 'Ouest du Hodna. La dépress ion , où est

s i tuée a u j o u r d ' h u i ce d e r n i e r cho t t , étai t a lo r s é m e r g é e , ma i s p lus

à l 'Est le r é g i m e l a g u n a i r e à sel s ' é tendai t de nouveau s u r le t ra je t

de l 'Atlas p r é s a h a r i e n , la issant c o m p l è t e m e n t émergées les cuvet tes

actuel les des chot ts du Sud cons tan t inois ou t un i s i en . Le bouc l i e r

s aha r i en , p a r t i e i n t é g r a n t e d e la Gondwan ie , pous sa i t donc deux

diver t icules ve r s le Nord, l ' un a u Hodna , l ' au t r e d a n s la r ég ion des

Chotts o rana i s et dans le Maroc or ien ta l (Meseta orana ise ) . Des l a g u n e s

gypso - sa l ines , c o m p a r a b l e s à celles d 'Algér ie -Tunis ie , existaient é g a ­

l emen t , d ' u n e pa r t d a n s le R h a r b et le Prérif , d ' au t r e pa r t dans le

Maroc a t l an t i que a u Sud-Oues t de Casab lanca : ces deux g r o u p e s de

l a g u n e s é ta ien t séparés pa r l a Meseta m a r o c a i n e , a lo rs é m e r g é e

c o m m e la Meseta o rana ise .

Facies. — D'une façon g é n é r a l e en Algér ie-Tunis ie , le Permien est

formé de g r è s et d ' a rg i l e s r o u g e s avec cong loméra t s de base , le tou t

affectant le facies c lassique d u nouveau g rès r o u g e d ' E u r o p e ; accom­

p a g n é de roches é rup t ives ve rdâ t r e s , il se r e n c o n t r e sous ce facies d a n s

l a Chaîne n u m i d i q u e , le Djurdjura , le Chenoua , le Zaccar , le Sahe l

d 'Arzeu, les T ra ra s , Tifrit (environs de Saïda) . Enfin c'est avan t le

Page 29: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 19

Fig.

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Page 30: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

20 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

P e r m i e n q u e s'effectua la mise en p lace du g r a n i t e de Nédroma

(Oranie no rd -occ iden ta l e ) .

Le Trias c o m p r e n d su r tou t des a rg i l e s ba r io lées gypsi fères et s a l i -

fères, accesso i rement des ca rgneu le s , des ca lca i res do lomi t iques à

Myophories et Gervi l ies , p u i s des d iabases o p h i t i q u e s . Son facies le

p l u s r e m a r q u a b l e est ce lu i des rochers de sel de l 'Atlas p r é s a h a r i e n .

A El Outaya p a r exemple , on voit se d resse r au -des sus de l a p l a ine

une g r a n d e mura i l l e de sel dont le m o d e l é p r o f o n d é m e n t d é c h i q u e t é

d o n n e l ' impress ion d ' u n relief ne t t emen t p l u s accusé que ce lu i révélé

p a r l ' a l t i tude abso lue d u s o m m e t d u massif de se l . Néanmoins l a

conserva t ion de cette colline de c h l o r u r e de sod ium, à l a surface d u

sol , n e p e u t se concevoir q u ' e n ra i son de l a sécheresse de l ' a t m o s p h è r e

loca le . D 'au t re p a r t , les m o n t a g n e s d e sel ac tue l l emen t exis tantes en

Algér ie-Tunis ie j a l o n n e n t l ' anc ienne l imi te sud des l a g u n e s b o r d i è r e s

d u con t inen t dése r t ique s aha r i en .

L 'associat ion cons tan te du sel et de l ' a rg i le dans les massifs t r i as i -

ques nord-a f r ica ins e n t r a î n e parfois l a formai ion de lacs , q u i p r e n ­

n e n t , d u fait de l eu r s i tuat ion géo log ique p a r t i c u l i è r e , une p h y s i o ­

nomie t rès cu r i euse . Ainsi le lac d'Aïn Oua rka , p r è s d 'Aïn Sefra, lac

a l imen té p a r u n e source t h e r m a l e vauc lus ienne d a n s u n en tonno i r

de dissolut ion des a rg i l e s t r i a s iques , e n g e n d r e en s o m m e un mode lé

inverse , p a r sa c o u r b u r e g é n é r a l e concave vers le ciel , d ' u n e m o n ­

t a g n e de sel . C'est l à u n cas qu i est excep t ionne l l emen t réa l i sé d a n s

le Sud de l a Berbér ie : à Aïn O u a r k a i l est le fait de la jux tapos i ­

t ion locale d ' u n e e x s u r g e n c e et d ' un aff leurement t r i a s ique . De tels

t ra i t s g é o g r a p h i q u e s se r e n c o n t r e n t p l u s c o m m u n é m e n t dans le Nord

de la cont rée : p a r exemple le lac salé d'El Mehalla, p rè s de Féryvi l le ,

q u i occupe , cas f réquen t , u n en tonno i r de dissolut ion d 'a rg i les à

gypse t r i as iques (au contac t d e m a r n e s he lvé t iennes) , co r r e spond

au type de m o d e l é n o r m a l d ' u n aff leurement de sel en pays h u m i d e .

Jurassique. — L 'ensemble du J u r a s s i q u e infér ieur (Lias), du J u r a s ­

s ique m o y e n (Bajocien, Ba thon ien , Callovien et Oxfordien), du

Jurass ique s u p é r i e u r (Séquanien , Kimer idg ien et Por t l and ien) forme

en Algér ie -Tunis ie , u n sys tème s t r a t i g r a p h i q u e compréhens i f , don t

l ' é tude déta i l lée ne p e r m e t p a s encore d ' env i sage r i nd iv idue l l emen t

l 'his toire géo log ique de c h a q u e phase .

Au début du Lias, l a m e r envah i t les cuvet tes l a g u n a i r e s t r ias i ­

ques d u Centre constant inois au Sud orana is , s ' avançant t r a n s g r e s s i -

Page 31: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

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Page 32: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer
Page 33: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 21

vemen t sur le Paléozoïque de l a Meseta a lgé r i enne , sous la forme d e

sables l i t to raux à Card in ies . Puis b ien tô t les eaux océan iques s 'é ten­

d e n t à tout le Tell a lgé r i en , d é b o r d a n t s u r les Hautes Pla ines et

l 'Atlas p r é s a h a r i e n o r a n a i s . Vers l'Est, el les r e couv ren t l a Tunis ie

en t i è re . La t r ansgress ion g é n é r a l e débu te t an tô t p a r le Lias inférieur

(Ksours o rana i s , Chaîne n u m i d i q u e , Z a g h o u a n ) , t an tô t p a r le Lias

moyen. La séd imenta t ion ca lca i re domino p e n d a n t cette de rn i è r e

pé r iode dans u n géosyncl ina l , où d 'assez g r a n d e s p r o f o n d e u r s s 'obser­

vent d e p u i s le p i ed s u d des massifs kaby les j u s q u ' a u S a h a r a , c o n ­

trées d e m e u r é e s les u n e s et les a u t r e s au-dessus des eaux , m a i s

a t t e in tes m a r g i n a l e m e n t p a r l ' invas ion m a r i n e . Une faune de B r a -

ch iopodes à coqui l le lisse (Pygope) y révè le l a g r a n d e uni formi té de

mil ieux où p r i r e n t na issance les ca lcai res qu i , de Tunis aux T ra r a s ,

p a r la Chaîne n u m i d i q u e , les Babors , le Djurd ju ra , le Chenoua, Tenès

Arzeu, Oran, l 'Ouarsen i s , fo rment dans le Nord de fa Be rbé r i e , u n e

cha îne d i s con t inue , aux p i tons a b r u p t s p lus ou moins a b o n d a m m e n t

minéra l i sés sous des formes var iées (fer de Beni Saf, z inc d u F i l l aou-

cen, e tc . ) . Au mi l i eu de cette zone né r i t i que p rofonde se c reusen t des

fosses p e u p l é e s d 'Ammoni tes à test l isse, su r l ' e m p l a c e m e n t de l a

Dorsale t u n i s i e n n e et du Prér i f ; une au t r e cuvet te b a t h y a l e , qu i

a t te in t les mon t s des Ksours, s ' é tend de F igu ig vers Saïda , se raccor ­

d a n t au Tell a lgé ro i s à t r ave r s le Haut Pays o r a n a i s .

Au Lias supérieur, le facies m a r n e u x b a t h y a l a l p i n o - a p e n n i n est

p r é p o n d é r a n t des T ra ra s et d u D j u r d j u r a aux envi rons de Batna , pa r ­

tou t ca rac té r i sé p a r ses Ammoni t e s à coqui l le lisse. La l imi te m é r i ­

d iona le de l a m e r ba s ique a l g é r o - t u n i s i e n n e a t te in t a u Sud-Oues t

Colomb-Béchar , dans les m o n t s des Ksours o rana i s , et au Sud-Es t

Foum Tatahouin , sur les p l a t eaux des Matmata t un i s i ens . La zone

n é r i t i q u e s 'é tend à t r avers l a p l u s g r a n d e p a r t i e d u t e r r i t o i r e de l a

Régence , c o m m e en b o r d u r e d u S a h a r a o rana i s , et aussi a u t o u r d u

massif bé t ico-r i fa in j u s q u e dans le Tell o rana i s : des h a u t s fonds se

dess inen t a lo rs en n o m b r e de po in t s , e n t r a î n a n t des émers ions t em­

p o r a i r e s dans l ' ex t rême Sud tun i s i en et su r les Confins a l g é r o - m a r o -

cains . Dans le Sud m a r o c a i n ( rég ions de Bou Dnib, Telouct , Agad i r ,

Mogador) , se déve loppen t des l a g u n e s e n c a d r a n t m ê m e u n e t e r r e

é m e r g é e s ' a l longean t de T a r o u d a n t et de Marrakech en d i rec t ion d e

Mazagan et de Baba t . P e u t - ê t r e des î lots subs is ta ient - i l s auss i dans l a

zone des Hauts P la t eaux orana is .

GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER. 3

Page 34: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

22 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Au Jurassique moyen (Bajocien à Oxfordien), r ep résen té p a r des

g r è s et des do lomies (Oudjda-Sa ïda) , des ca lca i res et des m a r n e s , l a

m e r offre t ou t d ' a b o r d (Bajocien-Bathonien) u n e é t endue m o i n d r e

q u ' a u Lias en Algér ie e t dans la Tunis ie s e p t e n t r i o n a l e . Avec le

Callovien-Oxfordien c o m m e n c e u n e t r ansg res s ion mani fes te dans la

Meseta oranaise et la rég ion d 'Oud jda , où ces étages v i ennen t parfois

d i r ec temen t su r le Lias ou m ê m e s u r le Pa léozo ïque . Plus au Nord ,

le Callovien-Oxfordien p r e n d u n facies b a t h y a l de schistes à Pos ido-

n o m y e s (Sahe l d 'Oran) . Dans le Sud de l 'Oranie , l a m e r d u Ju ra s s ique

moyen co r re spond à l a pa r t i e superf ic ie l le de la zone n é r i t i q u e (hauts

fonds de Saïda) , qu i révèle l ' a p p r o c h e d u l i t to ra l s i tué a lo r s vers

Méchéria. Dans le d é p a r t e m e n t d 'Alger , ce sys t ème res te auss i l imi té

à la r é g i o n n o r d des Hauts P l a t e a u x ; il se déve loppe assez l a r g e ­

m e n t e n s u i t e vers l 'Est , dans les Babor s , l a Chaîne n u m i d i q u e , les

r ég ions de Sétif, Batna e t Tun i s . Enfin la m e r r e c o u v r e a lo r s e n t i è r e m e n t

l ' ex t rême Sud d u t e r r i to i r e de la R é g e n c e , où ses s é d i m e n t s t an tô t

font sui te au Lias , t an tô t s ' avancen t t r a n s g r e s s i v e m e n t s u r le Tr ias ,

sous la fo rme d ' a r g i l e s g y p s e u s e s , de m a r n e s v e r d â t r e s , d e ca lca i res

d o l o m i t i q u e s et de g r è s n é r i t i q u e s , à faune r a p p e l a n t celles de

l 'Abyssinie et de la Somal ie .

Au d é b u t d u Jurassique supérieur (Lus i t an i en -Kimer idg ien ) , des

récifs cora l l i ens (facies né r i t i que zoogène) s ' é tab l i s sen t s u r les Hauts

P l a t e a u x o r a n o - a l g é r o i s r e l i an t les h a u t s fonds d 'Oud jda à ceux d u

Hodna , c o m m e d a n s le Maroc o r i en t a l et a t l a n t i q u e . Des g r è s r o u g e s

l a g u n a i r e s se d é p o s e n t d u S u d orana i s à Te loue t , t and i s q u e des

fo rmat ions b a t h y a l e s s 'édifient s u r l ' e m p l a c e m e n t de l 'Atlas te l l ien

l i t to ra l et de la Tunis ie s e p t e n t r i o n a l e d 'Oran à Tun i s . Le c h a n g e ­

m e n t d e s facies es t t r è s b r u s q u e en pays cons tan t ino i s : s u r les ca l ­

ca i res g r u m e l e u x r o u g e s a r g o v i e n s (facies a lp in véni t ien et f r ibour -

geois) v i e n n e n t d e s marno-ca l ca i r e s à Phylloceras et Pyqope d a n s

la Chaîne n u m i d i q u e , les B a b o r s , le Bou T h a l e b : b r u s q u e m e n t à

50 k i l o m è t r e s p l u s a u S u d , a u de l à d u chot t el Hodna , d ' anc i ens

h a u t s fonds p o r t e n t des récifs à Po lyp i e r s , Spong ia i r e s , Crinoïdes

et B r a c h i o p o d e s .

Les ca lca i res récifaux d u J u r a s s i q u e s u p é r i e u r d u Ressas et d u

Z a g h o u a n fo rment l es p ics i m p o s a n t s qu i d o m i n e n t l a r ég ion de

T u n i s , où i ls on t é té a b o n d a m m e n t m in é ra l i s é s . A l e u r vo i s inage , le

Bou Kournin est cons t i tué p a r des ca lca i res n o d u l e u x d e m ê m e â g e ,

Page 35: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 23

à Ammoni t e s et Brachopodes à tes t l isse (T i thon ique b a t h y a l à

faune équa to r i a l e : Phylloceras, Pygope). Ce de rn i e r facies se p o u r ­

su i t , p a r la Tunis ie cen t r a l e , ve r s Ba tna , Sétif e t l 'Ouarsen is .

Zones océanographiques. — Les récifs d u Ressas -Zaghouan b o r ­

den t u n e zone é m e r g é e d e p u i s le Lias : cet te zone exondée , q u i

c o r r e s p o n d a u Nord-Ouest t un i s i en et à l ' e x t r ê m e Nord-Est cons t an -

t inois , est accolée aux massifs anc iens de la Pet i te Kabyl ie . Su r son

b o r d Sud se c reuse la fosse s u b b a t h y a l e de l a Chaîne n u m i d i q u e et

des Babors , a u de là de l aque l le se dess ine la l igne des h a u t s fonds

à s éd imen ta t i on ca l ca réo -do lomi t ique de Cons tant ine (Frikt ia) et

des Biban (Guergour ) , r ive ra ine e l l e - m ê m e de la cuve t t e h o d n é o -

b a t n é e n n e .

Dans le D j u r d j u r a , l 'Atlas de Blida et de Miliana, u n e nouve l l e

r é g i o n cont inen ta le se déve loppe en b o r d u r e de l a Grande Kabylie :

elle s ' avance , sous l a forme d ' u n géan t ic l ina l seconda i re , dans le Tell

de l 'Ouest a lgé ro i s , t and i s q u e p l u s a u Nord , s u r l ' e m p l a c e m e n t des

cha înes l i t to ra les , se c r e u s e une m e r p l u s p ro fonde (zone b a t h y a l e

géosync l ina le à facies a lp in ) , a y a n t subs is té p e n d a n t tou t l 'Ooli-

t h ique .

P lus au Sud , s ' é tend une m e r né r i t i que assez p rofonde s ' avançan t

j u s q u ' à T lemcen , Bel Abbès , Mascara, T iare t , le N a h r Ouasse l , l ' oued

e l Ham, le chot t el H o d n a et Batna . Au de là , dans la zone de l 'Atlas

p r é s a h a r i e n o rano-a lgé ro i s le fond de l 'océan se re lève , c o m m e le

révèle p e n d a n t ce r ta ines p h a s e s la p r é s e n c e de récifs e t , à d ' au t r e s

m o m e n t s , des émers ions loca les . Le l i t t o ra l est a lo r s r e p o r t é le

l o n g d ' u n e l igne a l l an t d u Tigri , dans le S u d - o r a n a i s , à Dehibat ,

a u de là d u p a y s Matmata t un i s i en : en cette de rn i è r e cont rée ,

c o m m e v e r s Sebdou , l 'Oo l i th ique est encore récifal , a lors q u e , dans

l a r é g i o n de T lemcen e t dans l a Tunis ie cen t r a l e , d e s î les exis tent

dé jà a u Bajocien-Bathonien . Enfin d a n s le Sud des Hauts P l a t e a u x

o rana i s , vers le Nord d u Tigr i , aux récifs se subs t i tuen t p r o g r e s s i ­

v e m e n t des l a g u n e s à fo rma t ions sificeuses r o u g e s , q u i pers is tent

seules d u côté d e F i g u i g et ne dépassen t pas d ' a i l l eurs la zone de

Colomb-Béchar .

Ainsi , t and i s q u ' a u Lias, u n e m e r r e l a t ivemen t p e u profonde

envah i t p r e s q u e t ou t e l 'Afrique mineu re et q u ' a u d é b u t d u J u r a s s i q u e

m o y e n (Bajocien-Bathonien) , u n e r é g r e s s i o n t rès é t e n d u e se m a n i ­

feste dans cette con t r ée , à p a r t i r de la fin d u J u r a s s i q u e m o y e n

Page 36: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

24 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

(Cal lovien-Oxfordien) , deux r ég ions o c é a n o g r a p h i q u e s s ' ind iv idua l i ­

sent en Berbé r i e . La p r e m i è r e , qu i e m b r a s s e le Nord et le Centre de

la Tunis ie , l 'Algér ie or ien ta le , a ins i q u e le Nord de l 'Algér ie occi­

den ta le , p r é s e n t e u n e a l l u r e f r anchemen t géosync l ina le . La seconde ,

qu i c o m p r e n d le Centre et le Sud de l 'Algér ie occ iden ta l e , l ' ex t rême

Sud tun i s i en , a insi que la p l u s g r a n d e pa r t i e du Maroc, res te sous

l a d é p e n d a n c e des Mesetas et du bouc l i e r s aha r i en , d e m e u r a n t

occupée p a r u n e m e r né r i t ique peu p ro fonde ou m ê m e se t r o u v a n t

p a r t i e l l e m e n t é m e r g é e .

Néocomien . — Au Crétacé infér ieur ou Néocomien (Berr ias ien ,

Va lang in ien , Hauter iv ien , Bar rémien et Aptien) se succèden t , en Algér ie -

Tunis ie , des zones océanographiques à o r ien ta t ion g é n é r a l e E. N. E. -

O.S. 0 . Une a i re de s éd imen ta t i on b a t h y a l e c o r r e s p o n d à l 'Atlas

te l l ien l i t t o ra l au Nord de Tlemcen , Bel Abbès , Mascara, Médéa ; elle

forme une b r a n c h e d u g r a n d géosync l ina l m é d i t e r r a n é e n , déve loppée

au Sud des a m y g d a l e s he rcyn iennes l i t tora les du Sahe l d 'Alger ,

des Kabylies et de l ' E d o u g h alors é m e r g é s . Une zone né r i t i que

p ro fonde p e u t ê t re d iscernée p lus au Sud. Elle fait p lace , vers la

b o r d u r e sep ten t r iona le de la r ég ion des Chot ts , à u n e m e r n é r i t i q u e

récifale, su r les Hauts P l a t eaux a lgé r i ens et dans la Tunis ie cen t ra l e .

Enfin en Oran ie , a u Midi des Chotts et d a n s l 'Atlas p r é s a h a r i e n

(F igu ig , Aïn Sefra, d jebel Amour) se local ise u n e zone de s é d i m e n t a ­

t ion dé t r i t i que l i t torale et subcon t inen ta l e . Un mi l i eu assez a n a l o g u e

existe dans le Sud tun is ien , où il co r r e spond à la fo rmat ion d ' a rg i l e s

gyps i fè res , de grès l a g u n a i r e s et c o n t i n e n t a u x , à faune et à flore de

facies p u r b e c k i e n - w e a l d i e n , à pa r t i r du chott cl Fedjedj : s ans dou te

ce facies se re l ie- t - i l à celui de m ô m e n a t u r e r é c e m m e n t r econnu en

Tr ipol i ta ine . Au-dessus v ient p a r p lace u n Bar rémien né r i t ique en

rég ress ion v e r s le Sud, régress ion qu i s 'accentue encore lors du

dépô t de l 'Apt ien.

Les zones ba thya l e et s u b b a t h y a l e d u Nord de l 'Algér ie se cont i ­

n u e n t a u Maroc, au Nord d 'Oudjda et de Fez, en b o r d u r e d u massi f

é m e r g é bético-rifain, p u i s , c o n t o u r n a n t l a Meseta au l a r g e de la côte

ac tue l le , elles vont re jo indre la r ég ion du c a p Ghir et d 'Agad i r :

celle-ci est b o r d é e vers l 'Est p a r u n e aire de facies j u r a s s i e n . La zone

de s é d i m e n t a t i o n dé t r i t i que d u Haut Pays orana is se con t inue dans

le Haut Pays du Maroc o r i en ta l , pu is p a r u n dét ro i t sub-a t l as ique

Page 37: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE 25

g a g n e le Haut Atlas , en c o n t o u r n a n t u n e t e r r e émergée q u i co r re s ­

p o n d a u Moyen Atlas et à la Meseta m a r o c a i n e .

Facies. — Dans la zone b a t h y a l e n o r d - a l g é r i e n n e s ' accumulen t

des m a r n e s r i ches l o c a l e m e n t en A m m o n i t e s py r i t euses à tes t l isse

(Phylloceras, Lytoceras), ca rac té r i s t iques du mi l ieu a lp in (Bar rémien

d u djebel Ouach ; Aptien de l ' o u e d Cheniour , d a n s le bas s in de

l ' o u e d Cherf).

Plus a u Sud dominen t les facies j u r a s s i e n s , marno-ca lca i res ,

ca lcai res et g rès à Hu î t r e s , P l i ca tu les , B r a c h i o p o d e s , S p a t a n g u e s ,

passan t t an tô t à des calcaires subréci faux à Rudis tes ou à F o r a m i n i -

fères (Orbitolines), t an tô t à d e s g r è s et a rg i les ba r i o l ée s . Dans les

r é g i o n s de Sétif, d u Hodna et de B a t n a , a p r è s l a régress ion b e r r i a -

s ienne et la t ransgress ion d u Valang in ien m a r n e u x , s 'édifient, à

l 'Hau te r iv ien , des récifs à Polypie rs su r des h a u t s fonds où s ' a ccumu­

l e r o n t ensu i te des gypses et des l ign i t e s au Ba r rémien , pu is d e

n o u v e a u , à l 'Apt ien, des édifices c o r a l l i e n s . Ainsi a u Valangin ien ,

les Hautes Pla ines cons tant inoises , p a r la p r o f o n d e u r re la t ive de

l eu r s eaux, r a p p e l l e n t la p a l é o g é o g r a p h i e j u r a s s i q u e , tandis q u ' à

p a r t i r de l 'Haute r iv ien les facies subrécifaux r é g r e s s e n t ve r s le Nord ,

a t t e i g n a n t le G u e r g o u r à l 'Apt ien .

Les calcaires subréci faux, qu i d o m i n e n t d a n s l a Berbér ie m o y e n n e

au Nord des Chotts , su r les h a u t s fonds d é p e n d a n t de la Meseta

o rana i se , p r o l o n g é e p a r le Hodna , a t t e ignen t Constant ine et Gue lma ,

où ils sont en b i en des endro i t s miné ra l i s é s p a r de l ' an t imo ine : i ls

se r e t r o u v e n t , dans la m ê m e si tuat ion o c é a n o g r a p h i q u e , a u b o r d

n o r d des Chotts d u Sud tun is ien (Fedjedj) . Au con t r a i r e , les g rès

et a rg i les r o u g e s l aguna i r e s et con t inen taux sont su r t ou t déve loppés

au Sud des Chotts o r a n a i s , d a n s le p a y s des Ksours , c o m m e d a n s

l ' ex t r ême Sud tun is ien , é g a l e m e n t a u Midi d e la zone des g r a n d s

Chot ts .

D 'une façon géné ra l e , les facies profonds sont p l u s accusés et p l u s

développés g é o g r a p h i q u e m e n t au B a r r é m i e n et à l 'Apt ien q u ' a u

Valangin ien et à l 'Hauter iv ien . Cette avancée est p a r t i c u l i è r e m e n t

mani fes te vers le S u d dans le bassin de la h a u t e Seybouse , o ù

s ' amorce a insi la fosse de l ' oued Cherf. Dans l a zone m o y e n n e de

l 'Est constant inois et de l 'Ouest tun i s i en , s 'édifient d ' imposantes

masses calcaires de facies u r g o n i e n , qui s e ron t p a r la sui te a b o n d a m ­

m e n t minéra l i sées en fer (Ouenza, Bou Kadra , Djerissa, Sla ta , Hameï-

Page 38: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

26 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

m a ) . Dans la Berbé r i e occidenta le , au B a r r é m i e n et à l 'Apt ien, la zone

b a t h y a l e g a g n e auss i su r la zone nér i t ique dans la r é g i o n d 'Agad i r ;

à son tou r , la zone né r i t i que s 'é tend aux dépens des mil ieux l a g u -

na i r e s et con t inen taux vers Safi-Marrakech, c o m m e en t re Oudjda et

T e n d r a r a . La zone des g rès rouges se t rouve ainsi s ens ib lemen t r é d u i t e

dans le Haut Atlas et dans le Haut Pays o rana i s . P a r con t r e , d a n s le

Tell o rana i s , l 'Aptien g é n é r a l e m e n t né r i t i que (sauf à Tl iouanet) r epose

s u r u n e série v a l a n g i n i e n n e - h a u t e r i v i e n n e - b a r r é m i e n n e b a t h y a l e .

Des mouvements tectoniques no tab les ont m a r q u é en Algér ie-Tunis ie ,

l ' ex t rême débu t d u Néocomien. Du Berr ias ien à Ammoni t e s se p r é ­

sente s p o r a d i q u e m e n t en Afrique d u Nord aux Haha , a u Rif (Khendeq

el Youdi) , à Tlemcen (Lamor ic iè re ) , a u Beni Chougran (Dubl ineau) ,

a u Bou Tha leb , a u Be l lezma, à Tun i s (d jebel Oust). A Lamor i c i è r e ,

des a rg i les b r écho ïde s t é m o i g n e n t de r e m a n i e m e n t s p a r des cou ran t s

de fond voisins du l i t t o r a l : L. Genti l y a t r o u v é u n Crocodil ien b rév i -

ros t re p u r b e c k i e n - w e a l d i e n (Goniopholis). F . E h r m a n n a décr i t r écem­

m e n t des Babo r s des c o n g l o m é r a t s liés à des a rg i les avec Cépha lopodes

s u b b a t h y a u x . Enfin E. Roch a mis en év idence le déve loppemen t des

g y p s e s a u t o u r d u Hau t Atlas au n i v e a u d u Ber r ias ien . D'Agadir à

Tunis p a r T lemcen , les Babors , Sétif et Batna s 'est donc manifes tée

l ' influence des p l i ssements c iméro-saxoniens , c o r r e s p o n d a n t d ' a i l l eurs

ici , c o m m e en Europe , à une p h a s e t ec ton ique subs id i a i r e .

Albien. — Au d é b u t d u Crétacé m o y e n , à l 'Albien se fo rment ,

j u s q u e d a n s le Centre d u Tell constant inois (fosse de l 'oued Cherf),

d e s m a r n e s à A m m o n i t e s pyr i t euses p r é sen t an t u n tes t l isse (facies

ba thya l ) . En Tunis ie et d a n s le Sud-Est du Tell cons tant inois , d o m i ­

n e n t des marno -ca l ca i r e s à Ammoni t e s d o n t la coqui l le est o rnée d e

côtes (facies né r i t i que t rès profond) , t and i s q u e d a n s les Babors et

le Tell o rano-a lgéro is , les m ê m e s Céphalopodes se r e n c o n t r e n t d a n s

des m a r n e s avec quar tz i t es (facies n é r i t i q u e profond) : l ' e n s e m b l e

c o r r e s p o n d à des mi l ieux s u b b a t h y a u x . Une fosse b a t h y a l e , a n a l o g u e

à celle de l ' o u e d Cherf, se creuse dans l 'Oranie m o y e n n e (fosse de la

Mina).

P lus au Sud se s é d i m e n t e n t des calcaires subréci faux à Rudistes

(Constantine), des calcaires g laucon ieux et p h o s p h a t é s à Ammoni t e s

ornées (Tébessa, Batna , Sétif, B o g h a r ) , des g rès , m a r n e s gypsifères et

calcaires à Huî t res vers le p i e d sep ten t r iona l de l 'Atlas p r é s a h a r i e n

Page 39: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 27

j u s q u ' a u Sud des Hauts P la t eaux o rano -a lgé ro i s (facies né r i t i que p e u

p ro fond) .

Enfin, les g r è s à d r a g é e s s u b c o n t i n e n t a u x s ' a ccu mu len t su r l ' em­

p l a c e m e n t des mon t s des Ouled Naïl , d u djebel A m o u r et des Ksours

o rana i s , où ils p ré sen ten t vers Aïn Sefra des i m p r é g n a t i o n s de cu ivre ;

u n e zone é m e r g é e s 'é tendai t à l 'Est de l eu r r é g i o n de dépô t d a n s le

Hodna o r i en ta l , d e p u i s Msila j u s q u ' à Batna p a r Colbert et A m p è r e , et

j u s q u ' à Biskra p a r Mdoukal . Des m a r n e s gypsi fères et des calcaires

mul t ico lores , r é v é l a n t u n mi l ieu l a g u n a i r e à Mollusques (Glauconia)

affines d 'espèces e spagno les , ont é té r e c o n n u s au Sud de la Tun i s i e

vers l a l imi te de l 'Alb ien et du C é n o m a n i e n . Ces m a r n e s pa s sen t

dans l ' ex t rême Sud à des a rg i les v e r t e s , à des g r è s à bois fossiles e t

dents de Poissons q u i , c o m m e ceux de l ' ex t r ême Sud o rano-a lgé ro i s ,

se r e l i e n t aux format ions a n a l o g u e s d u S a h a r a . Celles-ci t é m o i g n e n t

d ' u n mi l i eu assez c o m p a r a b l e à ce lu i où p r i r e n t na i ssance j a d i s les

vieux g r è s r o u g e s d'Écosse : l a faune de T i m i m o u n c o m p t e u n g r a n d

Dinosaur ien carnass ier t e r r e s t r e (Mégalosaure) , associé à un Crocodi -

l ien l o n g i r o s t r e (Dyrosaure) et à des Poissons (Cestracionte et Cerato-

dus), q u i r évè l en t dé jà le c a c h e t t ha l a s so ïde d e s faunes des eaux

con t inen ta les d u Sud, facies q u i a pe rs i s t é j u s q u ' a u Qua t e rna i r e

« s a h a r i e n

En s o m m e , avec l 'Albien , se manifes te u n r e l è v e m e n t d u fond d u

géosync l ina l , où seules se m a i n t i e n n e n t , avec des p r o f o n d e u r s

b a t h y a l e s , la fosse de la Mina et , à l 'Est des h a u t s fonds b a t n é o - h o d -

néens , la fosse d e l 'oued Cherf ; la d i m i n u t i o n de p r o f o n d e u r des

eaux océan iques a u d é b u t d u Crétacé m o y e n est une conséquence des

m o u v e m e n t s t ec ton iques con tempora ins , q u i m a r q u e n t la p r e m i è r e

phase des pl issements p y r é n é e n s . Enfin, v e r s le m é r i d i e n de l ' oued

Cherf, au S a h a r a , les l a g u n e s m a r i n e s s 'avancent j u s q u ' à Fo r t -

F l a t t e r s , à l 'Est de l ' a i re suré levée Tadmaï t -Mzab .

Cénomanien. — A une m e r b a t h y a l e à Phylloceras et Lytoceras

qui pers is te vers le Sud j u s q u e dans l a fosse d e l 'oued Cherf, fait

su i te , dans le Nord d e l a Tunisie c e n t r a l e d ' u n e p a r t , dans le Tell

a lgéro is et o rana i s d ' a u t r e p a r t , u n e m e r s u b b a t h y a l e à A m m o n i t e s

o rnées et l isses . Des récifs à Rudistes s 'é tabl issent à sa b o r d u r e d a n s

la rég ion de Constant ine et d u G u e r g o u r . Cependan t s u r les Hauts

P la teaux et les Hautes Pla ines d 'Algér ie , ainsi que d a n s l 'Aurès et le

Page 40: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

28 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Sud de la Tunisie cen t r a l e , s ' é tendent des eaux né r i t i ques peup lées

d 'Éch in ides , de Polypie rs isolés (Aspidiscus) et d 'Huî t res (facies afri-

cano-syr i en des local i tés c lassiques de Batna et de Tébessa) : d a n s

ces zones se préc ip i ten t des vases qui fo rmeron t p lus ta rd des ca lca i res

su r t ou t vers le Nord , et d e s m a r n e s p r i n c i p a l e m e n t vers le Sud. Des

récifs à Rudistes s'y observen t encore , au Bou Thaleb n o t a m m e n t .

P l u s au Midi, s u r l ' e m p l a c e m e n t des cha înes p r é s a h a r i e n n e s o r a n o -

a lgéro ises , pu i s d a n s le Sud cons tan t ino i s et tun is ien , les m a r n o -

calcai res à Échin ides et à Hui t res a l t e r n e n t avec des do lomies et des

gypses , qui révèlent u n facies m i -né r i t i que , m i - l a g u n a i r e , c o m p o r t a n t

parfois des pistes de Dinosaur iens . Ici enco re des récifs à Rudis tes

se déve loppen t , n o t a m m e n t d a n s la r é g i o n de Gafsa et des Chotts

tun is iens .

La sér ie t r ansgress ive d é b u t e p a r u n Vracon ien g laucon ieux et

p h o s p h a t é , t e rn ie de p a s s a g e de l 'Albion au Cénoman ien . Mais e l le se

fait s u r t o u t r e m a r q u e r p a r la cons tance de facies de ses m a r n o -

calcai res à Ostracées, P l ica tu les , Échin ides (Hemiaster), Polypiers

isolés (Aspidiscus) ; r é p a n d u s d e p u i s la Tr ipo l i ta ine et le Tadmaï t

j u s q u ' à Mogador et à Tanger , i ls t é m o i g n e n t de la l a r g e extension

dans le Nord-Ouest afr icain de la t r ansgress ion mésocré tacée , qu i ,

déjà t rès accusée en Algér ie à l 'Albien, se manifes te s eu lemen t a u

Cénoman ien dans le Hodna , les m o n t s de Ba tna , l 'Aurès et p r e s q u e

tou t le S a h a r a ; le Cénoman ien , q u i r e p o s e d i r e c t e m e n t su r le Cré­

tacé infér ieur dans le Sud cons t an t ino i s , a r r i v e su r le Ju rass ique

dans l ' ex t rême Sud tunis ien , le Moyen Atlas et le Prérif, su r le Pa léo-

zo ïque , d a n s le Haut Atlas ma roca in .

Cette m e r c é n o m a n i e n n e si é t endue et p re sque p a r t o u t l imi tée à

des p ro fondeur s de moins de 200 m è t r e s , n e laissai t é m e r g e r q u ' u n

pe t i t n o m b r e de t e r r e s isolées , n o t a m m e n t dans l 'Anti Atlas , le Haut

Atlas cen t r a l . la Meseta m a r o c a i n e , le R h a r b et le massif bét ico-r i fa in ,

ainsi que dans la r ég ion Saou ra -Ouga r t a -Tabe lba l a . Les m o u v e m e n t s

d u sol, q u i , c o r r e s p o n d a n t à la p r e m i è r e phase p y r é n é e n n e , s 'é taient

p r o d u i t s dès l 'Albien, sont at testés p a r la présence de cai l loux rou l é s

vers Ksabi-Midelt , dans la h a u t e Moulouya, et vers Colomb-Béchar ,

dans le S u d o rana i s : ces poussées t angen t i e l l e s e n t r a î n e n t l a for­

ma t ion de h a u t s fonds, r é su l t an t d u r e m a n i e m e n t des Altaïdes h e r ­

cyn iennes , su r l ' e m p l a c e m e n t du Haut Atlas o r i en ta l et du Moyen

Atlas. Une r ide m é d i a n e sous -mar ine , q u i s ' amorce d a n s le Moyen

Page 41: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE 29

Atlas, se con t inue en Algér ie , au Sud de T lemcen , Bel Abbès , Mascara,

Médéa : c 'est el le qu i , vers Sétif et Cons tan t ine , p o r t e les récifs

s ignalés c i -dessus , t and i s q u ' a u t o u r d 'Aumale ses oscil lat ions r épé tées

d o n n e n t na i s sance à des a l t e rnances d'assises à faune s u b b a t h y a l e et

né r i t i que .

Turonien. — Au T u r o n i e n , u n e l a r g e zone d ' é m e r s i o n se dessine

sur le p o u r t o u r de la Meseta orana ise , de l 'Atlas de Blida et des Kaby-

lies, a t t e ignan t ainsi la Mina, l 'Ouar sen i s , les Bibans et e n g l o b a n t

m ê m e u n e g r a n d e pa r t i e de l 'Algér ie n o r d - o r i e n t a l e j u s q u ' à Be r roua -

gh ia , Aïn Bessem, Beni Mansour, Lafayette , locali tés j a l o n n a n t la

l imi te mér id iona le de la régress ion de la fin du Crétacé m o y e n .

La zone b a t h y a l e res te c i rconscr i te à la fosse d e l ' oued Cherf et à ses

a b o r d s , t andis q u e les d é p e n d a n c e s s u b b a t h y a l e s de cette m e r occu­

pen t le Nord de la Tunisie cen t ra le ; ici et là se p r é c i p i t e n t , en cont i ­

nu i t é avec le Cénomanien , des m a r n e s et des m a r n o - c a l c a i r e s q u e l e

Sénonien su rmonte en conco rdance . La faune du Turon ien d e l a

Tunisie cen t ra le c o m p r e n d , à côté d e types d'affinités h i n d o u e s , u n e

série d 'Ammoni t e s a p p a r t e n a n t à des g e n r e s c ryp togènes , don t

p lus i eu r s r appe l l en t é t o n n a m m e n t , p a r l e u r m o r p h o l o g i e ex t e rne ,

des Céphalopodes j u r a s s i q u e s .

La zone des récifs à Rud i s t e s se r é p a n d a lo rs l a r g e m e n t , cons t i tuan t

en pa r t i cu l i e r d e u x séries de l ignes de h a u t s fonds : 1° dans l a r é g i o n

de Constant ine-Sét i f -Aumale ; 2° dans l 'Aurès , les mon t s de Ouled Naïl,

de Batna , d u Hodna : en t r e ces deux b a r r i è r e s se d ressa i t peu t - ê t r e

une t e r r e é m e r g é e . Dans le Nord-Est du t e r r i to i r e de la Régence , des

récifs à Rudis tes se déve loppen t i m m é d i a t e m e n t à l 'Est de Tunis , d a n s

l e d j ebe l Mokta d ' H a m m a m Lif.

Plus au Sud, les format ions né r i t iques r e n f e r m e n t enco re des récifs

à Rudis tes de Géryville à Gafsa et d'El Goléa aux Matmata de l ' ex­

t rême Sud t u n i s i e n ; ma i s à ces calcai res sont le p l u s g é n é r a l e m e n t

associés des m a r n o - c a l c a i r e s à Huî t res et à Éch in ides . Tels sont les

facies q u i s ' é t enden t s u r toutes les cha înes p r é s a h a r i e n n e s , sur la

Tunisie mér id iona l e , l ' ex t r ême Sud tun i s ien et la C h e b k a d u Mzab.

Les ca lca i res , en pa r t i cu l i e r , j o u e n t ici d a n s b i e n d e s cas u n rô le

i m p o r t a n t d a n s la t o p o g r a p h i e , sous l a forme de corn iches c o u r o n ­

n a n t les m a r n e s c é n o m a n i e n n e s .

Sénonien. — Le Crétacé s u p é r i e u r ou Sénonien (Coniacien, San -

Page 42: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

30 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

ton ien , Campan ien et Maestr icht ien) d é b u t e p a r u n e régress ion qu i

fait suite à celle du Turon ien , avec a c c e n t u a t i o n loca le aux envi rons

de Tunis et dans le Nord-Es t de l 'Algér ie : à Lafayette et a u Mansoura

de Constant ine , la sér ie d é b u t e s e u l e m e n t avec le C a m p a n i e n . D 'aut re

p a r t t ou t e u n e sér ie d'Ilots occupen t les r ég ions des Babors et d u Bou

T h a l e b , en avan t des Kabyl ies déjà p r é c é d e m m e n t en pa r t i e é m e r ­

gées . Sur le p o u r t o u r de ces v ieux massifs et j u s q u e t ou t p r è s de

Constant ine , c o m m e dans le Dahra , le Maestr ichtien t ransgress i f

est formé de dépôts en par t i e d é t r i t i q u e s , a r g i l o - g r é s e u x , qu i t émoi ­

g n e n t de la r épe rcuss ion en ces régions des m o u v e m e n t s o r o g é n i q u e s

de la p h a s e a n d i n e . Le Sénonien repose a ins i s u r le T u r o n i e n ou sou­

ven t su r des t e r r a in s p lus anc iens . A Bougie , à Ziama, a u Grand Babor

l es m a r n e s à faune s u b b a t h y a l e du Maestr ichtien r en fe rmen t m ê m e

des blocs rou lés de Lias . Au Bou Tha leb , le Sénon ien in fé r ieur , formé

d e c ong lom éra t s r o u g e s , r epose su r n ' i m p o r t e quel t e r m e des séries

j u r a s s iques et c ré tacées , t and i s q u e le Maestr icht ien est l u i - m ê m e

localement t ransgress i f . Enfin dans le Haut Pays o r a n a i s , le Crétacé

s u p é r i e u r r en fe rme des p o u d i n g u e s a u N a d o r .

Une c rê te s o u s - m a r i n e s 'élève ve r s l 'Ouest, s u r l ' a l i g n e m e n t de

l 'Ilot d u Bou T h a l e b , a u Nord d u Hodna et des Zah rez , et au Sud de

Médéa : elle va se souder à l ' é b a u c h e a n d i n e de l 'At las t e l l i en o r ana i s ,

qu i se dresse, e n d i rec t ion d 'Oudjda , au Sud de Mascara , Bel Abbès ,

T lemcen , et a u Nord des Chotts d u Sud o rana i s : le Sénonien est

t ransgress i f su r ses b o r d s d a n s les massifs de Daïa et de F r e n d a .

Tandis qu ' en Tunisie et dans l'Est d u d é p a r t e m e n t de Cons tan t ine ,

la faune r i c h e en L a m e l l i b r a n c h e s , voit d o m i n e r les Inocé rames , q u i

a t t e i g n e n t l e u r m a x i m u m au d é b u t d u Sénonien s u p é r i e u r ou

Campan ien , d a n s les provinces d 'Alger et d 'Oran abonden t s u r t o u t

les Huîtres a u Nord c o m m e au Sud de l a l igne des reliefs e t des h a u t s

fonds a l l an t d 'Oud jda et de l a Meseta o r ana i s e au Bou Tha leb e t aux

chot t s des Hautes P la ines cons tan t ino ises . Dans la zone né r i t i que p e u

p ro fonde d u Sud se f o r m e n t s u r t o u t des m a r n o - c a l c a i r e s et d a n s la

m e r n é r i t i q u e p rofonde d u Nord des m a r n e s .

A la fin de l a pé r iode , a u Maest r icht ien , les m a r n e s à n o d u l e s de

calcaires j a u n e s de l a zone né r i t i que son t ca rac té r i sées p a r u n e faune

r iche en A m m o n i t e s py r i t euses d'affinités i n d o - p e r s a n e s à coqui l le

lisse [Phylloceras, e tc .) et e n Éch in ides var iés (Leiotomaster, Guet-

tardia et formes t y p i q u e s du facies d e la scagl ia s ic i l ienne, telles que

Page 43: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 31

Stegaster). Ces fo rmat ions sont développées a u x env i rons de Tunis ,

de Souk el Arba , dans la Tunisie c e n t r a l e , les r é g i o n s de Guelma et

de Constant ine , les Babors , l 'Ouarsenis et la Mina, où s ' individual ise

ainsi u n e l i g n e de fosses s u b b a t h y a l e s .

Dans la Tunisie n o r d - o r i e n t a l e ( rég ion de Bizer te et Kroumi r i e ) ,

u n e série con t inue m é s o c r é t a c é e - n u m m u l i t i q u e compor t e n o t a m m e n t

u n Coniacien m a r n e u x à Cérati tes de la Craie (Tissotia), u n C a m p a n i e n

ca lca i re à Inocé rames et Stegaster d'affinités p y r é n é e n n e s . Le Séno-

n i en , en b o n n e pa r t i e b a t h y a l et r i che en Cépha lopodes à coqui l le

lisse, fo rme é g a l e m e n t un ensemble h o m o g è n e en Tunis ie c e n t r a l e ,

avec Coniacien m a r n o - c a l c a i r e à S p a t a n g u e s (Plesiaster) , San ton ien

m a r n e u x à Ammoni t e s pyr i t euses de facies i ndo- j apona i s (Lyloceras ,

etc . ) , C a m p a n i e n ca lca i re à Échin ides spéciaux (Guettardia) et

Maestr icht ien m a r n o - c a l c a i r e à Ammoni t e s dé rou l ée s et lisses. Cette

sér ie se r e t r o u v e d a n s l e Sud de la r é g i o n de Constant ine .

Dans l 'Ouest et le Cen t re d u d é p a r t e m e n t de Constant ine (Sud des

B iban , Maadid, Ba tna , Sellaoua) les s é d i m e n t s d e base d e la sér ie

(Coniacien-Santonien) sont su r tou t r i ches en Hu î t r e s , associées à des

Éch in ides d u g r o u p e des Spa t angues (Hemiaster) et a des Cérat i tes de

l a cra ie (Tissotia) : ceux-ci se p r o p a g e n t de Djelfa à Batna et Biskra .

Au Sénonien s u p é r i e u r (Campanien-Maest r ich t ien) a b o n d e n t p r inc i ­

p a l e m e n t les I n o c é r a m e s d a n s la r é g i o n sétifienne et les Ostracées

d a n s la r é g i o n h o d n é e n n e . A la fin de l a pé r iode , a u Maestr ichtien

s u p é r i e u r , des Échin ides spéc iaux (Hémipneustes) ca rac t é r i sen t u n

m i l i e u ca lca i re à p e u p r è s c i rconscr i t à la l imite m é r i d i o n a l e de

l 'Atlas p r é s a h a r i e n cons tan t ino i s .

La m e r né r i t i que à Ostracées d u Sud orana i s se cont inue vers

l 'Ouest p a r le dé t ro i t de la hau te Moulouya, en t r e le R e k k a m , le

Dahar et le Tadla . Elle re jo in t ainsi l a m e r d u Maroc a t l an t ique qu i

s ' é tend du R h a r b a u Midi d 'Agad i r , e n t o u r a n t u n e zone d ' émers ion

c o r r e s p o n d a n t à la Meseta ma roca ine , au Hau t Atlas, au Moyen Atlas

et au Maroc o r ien ta l , t e r r e f e rme dans l a q u e l l e s ' avancent les golfes

du Tadla de d i rec t ion n o r d - s u d , de Mazagan et du Haha à a l l u r e

s u b m é r i d i e n n e . Au Nord d ' u n c h e n a l subr i fa in d e m e u r e éga l emen t

é m e r g é le massif bél ico-r i fa in .

Au Sud de l 'Atlas p r é s a h a r i e n o r a n o - a l g é r o i s , de g r a n d e s l a g u n e s

voient se p réc ip i te r en a b o n d a n c e des g y p s e s . Ce r é g i m e , q u i se

déve loppe su r tou t a u Campan ien , se p r o p a g e p r i n c i p a l e m e n t d a n s

Page 44: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

32 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

la rég ion compr i se en t re L a g h o u a t , Batna, Gabès et El Goléa. P a r t i ­

cu l i è r emen t accusé a u Sud de Gafsa, de Négr ine et de Gha rda ï a , il

s ' é tend p l u s ou m o i n s vers le Nord-Ouest en d i rec t ion d e Bou Saada

et dans le Sersou, pu i s r e p a r a î t à l 'Est et à l 'Ouest de Sa ïda .

E n par t i cu l i e r dans le Sud tun i s ien (Fér iana , Gafsa, Cherb ) , a u -

dessus d ' u n Sénonien in fé r i eur marno -ca l ca i r e , où a b o n d e n t les

Huîtres associées à des Tissotia, v ient u n Sénon ien s u p é r i e u r ca lca i re

avec épisodes m a r n o - g y p s e u x et L a m e l l i b r a n c h e s pa r t i cu l i e r s (Rou-

daireia) se r e t r o u v a n t a u Soudan . Le Maestr icht ien de Gafsa c o m p o r t e

déjà u n e couche de p h o s p h a t e s rouges à den t s de Squa les (Corax),

a u mi l ieu de m a r n e s no i res à Huîtres . P lus au Sud , d a n s les Matmata ,

a u - d e s s u s des m a r n e s d u Sénonien in fé r i eur r i che en Ostracées, le

Campan ien , ca lca i re a u Nord , dev ien t m a r n o - g y p s e u x au Sud , avec

n o m b r e u s e s Huîtres ; enfin le Maest r icht ien , ici e ssen t ie l l ement

ca lca i re , r en fe rme é g a l e m e n t des Roudaireia, q u ' a c c o m p a g n e n t des

fo rmes h i n d o u e s .

Dans l a r é g i o n de Méchéria-Aïn Sefra c o m m e n c e u n e a i re con t i ­

n e n t a l e , é b a u c h e a n d i n e de l 'Atlas p r é s a h a r i e n o rana i s . Celle-ci se

lie vers le Sud au con t inen t s a h a r i e n , d é p e n d a n c e de la Gondwan ie ,

s ' é t endan t d 'Agad i r -Mar rakech , vers Gharda ïa , El Goléa, A d r a r , etc .

Le golfe du Tadma ï t r emp l i d ' e a u salée c h a u d e , où v iva ien t encore

des Huî t res , voit a l t e r n e r les dépô t s d ' a rg i l e s g y p s e u s e s et de calcai res

dolomi t iques : son r ivage mér id iona l devai t pas se r au Sud d'In Salah

et de For t -F la t te r s et a u Nord de F o r t - P o l i g n a c .

Les mouvements sénoniens, qu i m a r q u e n t les d é b u t s des p l i s sements

a lp ins , sont d i sce rnab les de Bougie à Ba tna , c ' e s t -à -d i re à l a fois

dans l 'Atlas tell ien et dans l 'Atlas p r é s a h a r i e n , tou t c o m m e l ' ava ien t

été les m o u v e m e n t s a lb iens p r é l u d e s des p l i s sements py rénéens :

a ins i a p p a r a î t u n peu p a r t o u t en Algér ie -Tunis ie la su r impos i t ion

g é o g r a p h i q u e de ces deux p h a s e s t ec ton iques te r t ia i res d a n s n o m b r e

d 'acc idents o r o g é n i q u e s de la Berbér ie cen t ra le et o r i en ta le .

Zones océanographiques. — En s o m m e , au Crétacé s u p é r i e u r ,

l ' e n s e m b l e de l 'Algérie et de la Tunisie p résen te u n e rég ion p l u t ô t

l a g u n a i r e vers Gabès, Gafsa, Ba tna , Bou Saada , le Sersou, Saïda et

p l u s au S u d ; pu is u n e r é g i o n n é r i t i q u e p ro fonde s u r le t e r r i t o i r e

cen t ra l de la Régence et de l 'Est cons tan t ino is , ainsi q u e d a n s le

pays sétifien ; u n e zone n é r i t i q u e p e u p ro fonde , qui c o r r e s p o n d a u

Hodna et a u mi l i eu d u d é p a r t e m e n t d 'Alger , passe à une r é g i o n

Page 45: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 33

é m e r g é e e n g l o b a n t tou t le Haut Pays orana is , maroca in o r i en t a l et

cen t r a l . La zone né r i t i que peu p ro fonde con tourne le Rif et a t te int

Tange r .

Une l igne de fosses s 'établi t à la fin de la pé r iode de Tunis à

Cons tant ine et à Mascara, a u Nord de l a zone des h a u t s fonds Bou

Thaleb-Sud de Médéa. En m ê m e t e m p s , u n e m e r n é r i t i q u e t ransgress ive

a t te in t la Chaîne n u m i d i q u e , les Babors , l a Grande Kabyl ie , l 'Atlas

de Blida, le Dahra . A u m ê m e m o m e n t , au r é g i m e p lus ou moins

l a g u n a i r e d u Sud a lgé ro - tun i s i en se subs t i t ue u n mi l ieu m a r i n

l i t to ra l const i tué p a r des chenaux coupés de b a r r e s et où se fo rment

des p h o s p h a t e s (Gafsa). Ce mi l i eu qu i se p r o p a g e de l 'Égyp te , p a r

la Tr ipol i ta ine à la Tunisie mér id iona l e , se r e t rouve dans l ' h in t e r l and

de Mogador et au Sous avec des faunes de Céphalopodes dé rou lé s et

de Lame l l i b r anches spéc iaux . Ainsi se manifes te le p r é lude des

condi t ions o c é a n o g r a p h i q u e s qui vont m a r q u e r , d a n s u n e p a r t i e

de la Berbér ie m o y e n n e , le d é b u t des t e m p s t e r t i a i r e s et p r é s i d e r

à la genèse des g r a n d s dépô t s de p h o s p h a t e s nord -a f r i ca ins .

Danien, Montien, Suessonien, Lutétien (fig. 3) . — Le Crétacé t e r ­

m i n a l ou Danien, le Paléocène ou Montien, l 'Eocène in fé r i eur ou Sues­

sonien et l 'Eocène m o y e n ou Lutét ien f o r m e n t en Algérie-Tunisie un

tou t assez i n t i m e m e n t u n i , p o u r lequel J. Savorn in a r é c e m m e n t p r o ­

posé l es dénomina t ions de « Phosphatien » ou de « Gafsien ». Je crois

pouvoi r y é tab l i r , en m e b a s a n t su r m e s é tudes a n t é r i e u r e s , t rois

g r a n d s g r o u p e m e n t s s t r a t i g r a p h i q u e s : 1° m a r n e s infér ieures co r r e s ­

p o n d a n t a u s o m m e t d u Crétacé (Danien) et à l a base du Pa léocène ;

2° p h o s p h a t e s c o m p r e n a n t à la fois la fin d u Paléocène et le d é b u t

de l 'Éocène infér ieur (équiva len t à peu p rès a u T h a n é t i e n du bass in

a n g l o - p a r i s i e n ) ; 3° ca lca i res s u p é r i e u r s s y n c h r o n i q u e s d u t e r m e final

de l 'Éocène infér ieur ( a p p r o x i m a t i v e m e n t Sparnacien-Cuis ien) et d e

tou t l 'Éocène m o y e n .

Zones océanographiques. — P e n d a n t ces pé r iodes , la mer s 'étalai t

l a r g e m e n t en Tunisie e t dans le d é p a r t e m e n t de Constant ine , avan t

d ' ê t re r édu i t e à u n b r a s de m e r , le sillon sud-tellien, d ans les d é p a r ­

t emen t s d 'Alger e t d 'Oran , a u q u e l faisait sui te vers l 'Ouest le dé t ro i t

sud-r i fa in ; au d e l à de ce dé t ro i t , l 'océan s 'avançai t sur de vas tes

surfaces d u Maroc a t l a n t i q u e .

La l imi te sep ten t r iona le de la m e r a l g é r i e n n e o r i en ta l e c o r r e s p o n d a i t

Page 46: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

34 GÉOLOGIE ET- MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

au b o r d mér id iona l d ' u n e t e r r e é m e r g é e , l a T y r r h é n i d e , e n g l o b a n t

le massif py rénéo -ba l éa ro -co r so - sa rde et le massif bé t ico-r i fa in :

u n e zone de p l i s sements p y r é n é e n s se déve loppa i t le l ong de la

m a r g e s u d de cet te g r a n d e î le . Le r ivage passa i t a u Sud de Bône,

a u Nord de Gue lma, de Cons tant ine et de Sétif, la m e r o c c u p a n t

la Kroumir ie et la Chaîne n u m i d i q u e , mais la issant é m e r g é s l ' E d o u g h ,

la Kabylie de Collo, une g r a n d e pa r t i e des Babors et les Biban.

La côte sep ten t r iona le d u dét ro i t de l 'Algér ie occ iden ta le é ta i t vo i ­

sine d 'Auma le , Be r rouagh i a , Teniet el Haad, P e r r é g a u x , Saint-Denis-

d u Sig ; elle s 'é tendai t a ins i au S u d de l a p l a ine des Beni S l iman , de

l 'Ouarsenis e t d u Sahel d 'Oran, l 'Ouarsenis dess inant une p r e s q u ' î l e

d a n s ce b r a s de m e r . Enfin le dé t ro i t sud- r i fa in con tou rna i t le Rif,

de Melilla à Ceuta .

La l imi te mér id iona le de la m e r tun i s ienne passa i t p a r le b l ed

Segu i , en t re le Seh ib-Rerda et le Che rb , la i ssant ainsi é m e r g é le

Djer id, ma i s r e c o u v r a n t le bas S a h a r a cons tan t ino is ( région de

Tougour t -E l Oued) et g a g n a n t a ins i Oua rg l a . Le r i vage r emon ta i t

ensui te vers le Nord, su ivan t u n t racé s i tué à l 'Est de Gharda ïa ,

L a g h o u a t , Djelfa et Bou Saada . La r é g i o n d u chot t el Hodna, qu i

é ta i t é m e r g é e , formai t u n p r o m o n t o i r e de la côte sud , c o m m e

l 'Ouarsen is en dessinai t u n su r le l i t to ra l n o r d . Un golfe se creusai t

u n peu plus à l 'Ouest en d i rec t ion des Zahrez , m a i s n ' a t t e i g n a i t po in t

c e p e n d a n t la cuvet te des lacs salés a lgé ro i s . Le p l a t eau de Bou Rhzoul

étai t i m m e r g é , t and i s q u e le Sersou étai t exondé , l ' e m p l a c e m e n t de

Tiare t se t r o u v a n t a u p r è s d u r i vage . Les m o n t s de F renda , Sa ïda ,

Daïa et Tlemcen é ta ien t en d e h o r s des eaux m a r i n e s , don t la b o r d u r e

se t rouva i t vers Chanzy et T l e m c e n . Les T ra ra s et les m o n t a g n e s

des Beni Snassen é ta ien t émergés , le c h e n a l se t r ouvan t r e p o r t é au

Nord d u Maroc o r ien ta l , dans u n e zone a u j o u r d ' h u i r ecouver t e p a r

la Médi terranée. Le dé t ro i t sud-r i fa in avai t sa r ive m é r i d i o n a l e

voisine de Taza, Fez, Meknès, Raba t . De n o u v e a u le l i t to ra l , en t r e

Raba t et Casablanca , é tai t r e j e t é su r u n e m p l a c e m e n t a u j o u r d ' h u i

i m m e r g é sous l 'Océan. Puis l a m e r p é n é t r a i t l a r g e m e n t d a n s le

Maroc a t l an t i que , j u s q u ' a u Tadla et a u Sous : Oued Zem, Telouet ,

Amismiz , T a r o u d a n t , Agad i r é ta ien t dans la zone i m m e r g é e , a u

mi l ieu de l aque l le s ' avançai t la t e r r e fe rme c o r r e s p o n d a n t au massi f

cen t ra l d u Haut At las , q u ' e n c a d r a i e n t les golfes d u Tadla et d u

Sous. D'une façon géné ra l e , la b o r d u r e con t inen ta le , r i v e r a i n e de l a

Page 47: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 35

Fig

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Page 48: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

36 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

mer des p h o s p h a t e s , d e m e u r a i t u n pays t abu l a i r e ( O u e r g u e m a ,

Chebka d u Mzab, p la te - forme d u Hodna , Meseta orana ise , Meseta

m a r o c a i n e ) , sauf au Sud d u Maroc (Moyen Atlas, Haut Atlas , Anti

Atlas).

Au de là de l 'Aurès , à p a r t i r de la r ég ion des g r a n d s Chotts, le

golfe suessonien d u S a h a r a constant inois étai t occupé p a r des eaux

mar ines t rès peu profondes où se p réc ip i ta ien t des boues ca lca i res .

Dans les zones d 'expans ion p r inc ipa l e de la m e r éocène en Afrique

du Nord, existaient , en t r e le sil lon sud - t e l l i en et l e bass in de Gafsa,

des hau t s fonds, ayan t p u ê t re m o m e n t a n é m e n t e n pa r t i e é m e r g é s :

1° dans le Centre de la Tunisie ( rég ion de Sbe ï t la -Kasser in) , 2° dans

les Hautes P la ines cons tant i noises ( régions du Bou T h a l e b , de Batna

e t des pe t i t s Chotts à l 'Ouest de la g u e r a a el Tarf) . Au Maroc, se

d r e s s a i e n t m ê m e des î les c o r r e s p o n d a n t au Djebilet et a u Haut

Atlas occ identa l .

Les p h o s p h a t e s se sont accumulés a u Sud et au Nord du h a u t fond

de Kasser in , c ' e s t - à -d i r e à Maknassi, Metlaoui, Redeyef et à Kalaat

es Senam, Kalaa Djerda, Tébessa ; pu i s a u Nord-Ouest d u h a u t fond

d u Bou T h a l e b , à Tocquevi l le , Bordj Red i r , Mzaïta.

Les différences p r é sen t ée s pa r les d ivers mil ieux m a r i n s de l 'Algér ie

o r ien ta le et de la Tunisie, a u Pa l éocène et à l 'Éocène in fé r ieur , se

d é d u i s e n t fac i lement , c o m m e je l ' a i m o n t r é , de l a r épa r t i t i on d a n s

les p h o s p h a t e s de chaux , de gen re s var iés de Poissons don t les restes

a b o n d e n t dans ces d é p ô t s . Cette r é p a r t i t i o n p e u t se r é s u m e r ainsi :

1° d a n s les phospha tes t r è s r i ches du Sud (Gafsa), les g e n r e s subl i t to ­

r a u x son t assez n o m b r e u x , t and i s que les g e n r e s à la fois sub l i t to ­

r a u x et p é l a g i q u e s sont p e u c o m m u n s , "et que les g e n r e s exclusi­

v e m e n t p é l a g i q u e s ne se t r o u v e n t qu ' acc iden t e l l emen t ; 2° dans les

p h o s p h a t e s r e l a t i vemen t r iches de la zone sud des Hautes P la ines

(Tunisie cen t ra le , Tébessa) , les g e n r e s sub l i t to raux ne se r e n c o n t r e n t

q u ' e x c e p t i o n n e l l e m e n t , les g e n r e s à la fois s u b l i t t o r a u x et p é l a ­

g i q u e s sont b i en r e p r é s e n t é s , les g e n r e s exclus ivement p é l a g i q u e s

n e dev i ennen t p l u s t r ès r a re s ; 3° dans les phospha t e s m o y e n n e m e n t

r i ches de l a zone n o r d des Hautes P la ines (Tocquevil le , Bordj Redi r ) ,

les g e n r e s sub l i t to raux para i s sen t m a n q u e r , t and i s que les g e n r e s à

l a fois sub l i t t o r aux et p é l a g i q u e s et su r t ou t les g e n r e s exc lus ivement

p é l a g i q u e s sont c o m m u n s ; 4° dans les calcaires u n p e u p h o s p h a t é s

d u Tell i n t é r i e u r ( région de Constant ine) , on ne t r o u v e q u e t rès p e u

Page 49: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 37

de res tes de Poissons a p p a r t e n a n t à des g e n r e s à la fois sub l i t t o r aux

et p é l a g i q u e s ; 5° enfin dans les ca lca i res n o n p h o s p h a t é s de la

Chaîne n u m i d i q u e , les Squa les para issent faire défaut .

La p ro fondeur de l a m e r éocène a u g m e n t a i t au fur et à m e s u r e

q u e l 'on s 'avançai t d u Sud vers le Nord, c ' e s t -à -d i re que l 'on g a g n a i t

la h a u t e m e r , en s ' écar tan t d u l i t to ra l de celte époque , l i t tora l qu i

se t rouva i t d a n s le Saha ra s e p t e n t r i o n a l ac tue l .

Facies. — En b o r d u r e du socle con t inen ta l c o r r e s p o n d a n t au Haut

Pays a lgérois et o rana i s , de m ê m e q u ' a u Maroc o r i en ta l , se d é p o ­

saient , au d é b u t de l 'Éocène, dans le si l lon s u d - t e l l i e n e t s u d -

rifain, des boues c rayeuses r e l a t i vemen t pauv re s e n p h o s p h a t e .

P lu s à l 'Ouest a u con t ra i r e r e p a r a i s s e n t des s é d i m e n t s r i ches en

p h o s p h a t e s a u t o u r de la Meseta m a r o c a i n e , aussi b ien vers l 'Est

q u e v e r s le Sud d u massif cen t r a l d u Haut At las .

L'Éocène m o y e n a é té c o n t e m p o r a i n d ' u n enfoncement de la m e r

sud- t e l l i enne o rano-a lgé ro i se , où se sont consol idés des ca lcai res à

N u m m u l i t e s , dans u n mi l ieu né r i t i que en con t inu i té avec celui des

Kabyl ies et de l a Chaîne n u m i d i q u e , et , vers le Midi, des g r è s ou

des m a r n e s à Huî t res .

Dans le Centre et le Sud de la Berbér ie o r i en ta l e , au Luté t ien , les

g e n r e s de Squa les pé l ag iques con t inuen t à ê t re a b o n d a n t s vers la

l imi te d u Tell et des Hautes P la ines , dans les p h o s p h a t e s p e u r i ches

de Souk A h r a s .

Il impor t e d ' obse rve r q u e si l a p résence de p lus i eu r s g e n r e s de

Squales p a r a i t en r a p p o r t avec la r ichesse des p h o s p h a t e s de cer ta ines

r ég ions , ce n 'es t p a s à la s imple a b o n d a n c e des res tes de ces Poissons

q u e cette r i chesse est d u e , niais s u r t o u t aux condi t ions du mil ieu d a n s

l e q u e l l es couches p h o s p h a t é e s ont pr i s na i ssance et se sont t ransfor ­

mées s u b s i d i a i r e m e n t .

Dans la Tunisie no rd -occ iden ta l e , au -dessus de m a r n e s noi res à

nodu les de calcaires si l iceux (Danien, Montien infér ieur) v i e n n e n t e n

Kroumi r i e , Nefza, Béjaoua s e p t e n t r i o n a l , Mogod, r é g i o n de Bizerte ,

des ca lca i res m a r n e u x à Globigér ines et Po lyp ie r s isolés (Montien

s u p é r i e u r , Suessonien et Luté t ien) . Plus à l 'Est , d a n s la r ég ion de

Tun i s , l a p resqu ' î l e du cap Bon et la Dorsale tun i s i enne , s 'observe

u n e l a c u n e s t r a t i g r a p h i q u e a u n iveau d u Danien et du Montien infé­

r i e u r ; au Montien s u p é r i e u r , a u Suessonien et au Lutét ien, se sont

séd imentés des ca lcai res c r ayeux b l a n c h â t r e s à Globigér ines e t G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - . M E R . 4

Page 50: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

38 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Brach iopodes , q u i sont d i r ec t emen t t ransgressifs su r le Maestr icht icn,

Les calcai res à Globigér ines de l a Tunisie nord-occ iden ta le e t de l a

Tunisie n o r d - o r i e n t a l e r évè len t des mi l ieux n é r i t i q u e s p ro fonds .

Dans l a Tunisie cen t r a l e , le Danien et le Montien infér ieur m a r ­

neux, r i ches e n Crinoïdes et Échin ides , p r écèden t u n Montien s u p é r i e u r

c o r r e s p o n d a n t à l a base de l a série phospha t ée ; à celle-ci succèdent

des calcaires cr is tal l ins à Nummull i tes , avec Huî t res et Thers i tées

(Gastéropodes à coqui l le bossue) : ces ca lca i res sont p a r t i e l l e m e n t

encore a t t r i b u a b l e s à l'Éocène infér ieur , m a i s équ iva len t en o u t r e a u

Lutét ien tou t en t i e r .

Dans le Sud de la Tun i s i e , au Danien et à l a base d u Montien se

r a p p o r t e n t des lumache l l e s à Naut i les , Huî t res , Gardi tes et Crabes ;

le Montien supé r i eu r et l a b a s e de l'Éocène in fé r ieur sont formés p a r

des phospha t e s , t and i s que le s o m m e t de l'Éocène in fé r ieur et l'Éocène

m o y e n c o m p r e n n e n t d ' a b o r d des ca lca i res m a r n e u x à Huî t res , pu is des

l umache l l e s et ensu i t e des m a r n e s p h o s p h a t é e s .

Au Sud-Est d e Gafsa, les calcai res m a r n e u x à Huîtres passen t à

des gypses , q u i r évè len t des l a g u n e s p roches d u r ivage ; le m ê m e

fait s 'observe vers Négr ine et Ou led Djel la l .

Les p h o s p h a t e s du Suessonien tun is ien et cons tan t ino is se p r é s e n ­

ten t tan tô t c o m m e u n sab le m e u b l e de cou leu r c la i re , t an tô t sous

l 'aspect d 'une roche i m p a r f a i t e m e n t consol idée de te in te g r i s j a u n â t r e

ou r o u g e â t r e , t a n t ô t enfin sous le facies d ' un ca lca i re compac t , p lus

ou moins c h a r g é de silice et g é n é r a l e m e n t a lo rs fo r t emen t te in té p a r

des i m p r é g n a t i o n s b i t umineuses . Les ca lca i res qu i les s u r m o n t e n t

sont p r e s q u e toujours d isposés en li ts r é g u l i e r s , de te inte b l a n c h â t r e ,

con tenan t en a b o n d a n c e des silex, le plus souvent colorés e n b r u n ou

e n no i r p a r de la m a t i è r e o r g a n i q u e .

Mouvements orogéniques. — L'Eocène in fé r i eu r est régressif, p a r

r a p p o r t aux assises t e r m i n a l e s du Crétacé d a n s la p lus g r a n d e p a r t i e

de l 'Atlas tellien l i t to ra l , c o m m e d a n s la r ég ion de Tunis et d a n s l e

Prér i f ; son dépô t a p r é c é d é , p o u r l ' ensemble de ces cont rées , u n e

t ransgress ion g r a d u e l l e du Luté t i en . Celui-ci débu te , dans l a Chaîne

n u m i d i q u e , les Babors , le D ju rd ju ra et le Chenoua , p a r des m a r n e s

et su r tou t p a r des ca lca i res massi fs à Nu mmu l i t e s (Lutétien i n f é r i e u r ) ,

q u e s u r m o n t e n t en d i scordance u n c o n g l o m é r a t à N u m m u l i t e s et des

psammi tes (Lutét ien supér ieur ) : ainsi se trouve défini l'âge pyrénéen

d'un des principaux mouvements orogéniques de l'Atlas tellien littoral.

Page 51: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 39

Dans l ' ex t r ême Sud tun i s ien , l 'Atlas s a h a r i e n , les Hautes P la ines

et le Tell i n t é r i e u r cons tan t ino i s , c o m m e d a n s la Tunisie m é r i d i o n a l e

et cen t r a l e ou d a n s le Sud m a r o c a i n et la Meseta maroca ine , le Sues -

sonien est soit t ransgress i f p a r r a p p o r t au Crétacé, soit en l iaison

s t r a t i g r a p h i q u e avec ce t e r r a i n : il y a cont inu i té dans p r e s q u e tou t

le Centre et le Sud de la Régence , d i scont inu i té dans le Moghreb

m é d i a n et m é r i d i o n a l . L'Éocène m o y e n t ransgress i f d a n s le Maroc

m o y e n (golfe de T imhad i t ) , a m o r c e d a n s le Sud tun i s ien et c o n s t a n ­

tinois u n e rég ress ion qu i se mani fes te p a r l a format ion de l agunes

vers Gafsa et N é g r i n e .

Aux env i rons de Constant ine , les calcaires né r i t iques phospha t é s

assez p ro fonds à T é r é b r a t u l i n e s , du Montien s u p é r i e u r et de l a base

de l 'Éocène in fé r i eu r , s u p p o r t e n t des calcaires l i tés à silex d u mi l ieu

de l'Éocène i n fé r i eu r , puis des a rg i l e s t ransgress ives à Huî t res ,

p r i nc ipa l emen t d ' â g e lu té t ien . Localement ve r s Guelma, Souk A h r a s ,

Tébessa et Sétif, s ' in te rca lent , e n t r e les ca lca i res à silex et les arg i les

à Huî t res , des calcaires à Nummul i t e s d u s o m m e t de l 'Éocène

in fé r i eur Cuisien) et de l a base de l'Éocène m o y e n (Luté t ien

infér ieur ) .

Dans les con t rées s i tuées e n t r e le Hodna , les m o n t s des Ouled Naïl,

le Moyen et le Haut Atlas, le soulèvement définitif au-dessus des

eaux marines remonte tout à fait au début du Nummilitique pour le

Haut Pays hodnéen, algérois et oranais oriental ; cet exhaussement

date même du commencement du Sénonien pour les Hauts Pays de

l'Ouest oranais et du Maroc. La t race de lacs éocènes a été re levée

p a r A. Joly, su r les Hauts P la teaux a lgéro is , g r âce à l a découve r t e

de calcai res caractér isés p a r u n Gastéropode (Ceratodes), p r o p r e aux

faunes d 'eau douce d u N u m m u l i t i q u e é g y p t i e n et des l acs ac tue ls

d u Mexique et d u Brési l .

D'une façon g é n é r a l e , l a Berbér ie i n t é r i e u r e , et p l u s spécia lement

l ' ex t r ême Sud tunis ien et le Sud-Oues t a l gé r i en , ont t ou jou r s m a n i ­

festé u n e t e n d a n c e à l ' émers ion , a u cours des t e m p s mésozoïques

et cénozoïques , p a r sui te de la p rox imi té d u v ieux con t inen t pa l éo -

zoïque du S a h a r a , t and i s q u e l 'Atlas l i t tora l n ' a j a m a i s cessé, aux

m ê m e s pé r iodes , de se c o m p o r t e r c o m m e u n e d é p e n d a n c e imméd ia t e

d u géosync l ina l m é d i t e r r a n é e n .

En résumé, dans l a Tunisie s ep t en t r iona l e , le Tell a lgé r i en et le

Prérif, la mer de l'Éocène i n fé r i eu r est b i e n moins p rofonde que

Page 52: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

40 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANGE D'OUTRE-MER.

celle du Crétacé, les fosses ba thya le s et s u b b a t h y a l e s faisant d é s o r m a i s

place à des c h e n a u x né r i t i ques .

Les t e r r i to i r e s occupés p a r la m e r ou les l a g u n e s de l 'Eocène infé­

r i eu r et m o y e n en Berbé r i e p e u v e n t en s o m m e ê t r e r épa r t i s en

q u a t r e g r a n d e s r ég ions : 1° la Tunisie sep ten t r iona le , le Tell a lgé­

r i e n m é r i d i o n a l et le Prérif où les p h o s p h a t e s sont p a u v r e s ou m a n ­

q u e n t t o t a l e m e n t ; les o rgan i smes , don t ce r ta ins révè len t u n mi l i eu

n é r i t i q u e assez p rofond , sont su r tou t r ep résen té s pa r des Globigé-

r ines , n o t a m m e n t en Tunisie a u Nord de la l i gne G h a r d i m a o u ,

Souk el Arba , Béja, Medjez el B a b , Teboursouk , Mactar, Ka i rouan ,

Sousse ; il en est de m ê m e j u s q u e dans le Prérif ; 2° la Tunisie cen­

t ra le (région d u Kef), le Sud-Est cons tant inois ( région de Tébessa) et

le Cent re-Oues t constant inois ( rég ion de Sét i f -Bogbar) , où les Nummu-

li tes a b o n d e n t et où les p h o s p h a t e s sont r i ches , le tout ca rac té r i san t

u n e m e r né r i t i que peu p ro fonde ; 3° l a Tunisie m é r i d i o n a l e , où, c o m m e

d a n s le Maroc cen t r a l et m é r i d i o n a l , les phospha t e s , r e m a r q u a b l e s

g é n é r a l e m e n t p a r l eu r t eneu r t rès é levée, débu ten t dès le Sénon ien ,

e t où la faune c o m p r e n d n o t a m m e n t des Ostracées , des S p a t a n g u e s

carac té r i s t iques d ' une m e r n é r i t i q u e t rès peu profonde ; 4° le S a h a r a

constant inois où d o m i n e n t les facies côt iers ou s a u m â t r e s i n d i q u a n t

des l agunes p roches du l i t t o r a l .

Priabonien. — L'Éocène supé r i eu r ou P r i a b o n i e n , qu i c o m p r e n d

le Bar ton ien et le Lud ien , est b i en moins déve loppé en Algé r i e -Tun i ­

sie q u e le Pa léocène , l 'Éocène infér ieur et m o y e n .

Dans la Tunisie m é r i d i o n a l e et le Sud de l a Tunis ie cen t ra le , seul

le Bar ton ien infér ieur est r e p r é s e n t é p a r des m a r n e s et quelquefois

p a r u n m i n e r a i de fer oo l i th ique (Gafsa), don t la faune de Spa tangues

et de Lamel l ib ranches var iés (Huîtres, Carolies) se réfère à u n mi l i eu

n é r i t i q u e peu profond ; tou tes ces r ég ions s emb len t avoir été é m e r g é e s

dès le Bar tonien s u p é r i e u r .

Dans le Nord de l a Tunisie c en t r a l e et dans la Tunis ie s e p t e n t r i o ­

n a l e , le Bar tonien infér ieur est aussi m a r n e u x , quelquefois gyps i f è re ;

r enfe rme tan tô t des Huîtres de mil ieu né r i t ique peu profond (Tebour ­

souk) , t an tô t des Dentales de milieu n é r i t i q u e assez profond (Kroumi-

r ie) . Au-dessus v iennent les g rès à Nummul i t e s du Bar tonien supé r i eu r

et d u Ludien dans le Nord de la Tunisie cen t r a l e et dans le Nord-Est de

l a Tunisie sep ten t r iona le ( région de Tunis , p resqu ' î l e d u cap Bon,

Page 53: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE, 41

etc.) ; dans la Kroumir ie , les Nefza et la r ég ion de Bizerte, le Bar ton ien

s u p é r i e u r et le Ludien sont formés d ' a l t e r n a n c e s de g r è s et de m a r n e s

sans fossiles, offrant souvent le facies du Medjanien d 'Algér ie .

Enfin une émers ion locale semble a lors s 'être dessinée d a n s le Nord

du Bejaoua et en p a y s Hedi l .

Dans le Haut Pays constant inois , c o m m e en Tunisie, l a base de

l 'Éocène supé r i eu r est m a r n o - g y p s e u s e et compor t e des l u m a c h e l l e s

à Hui t res , avec Thers i tées et Carolies, Mollusques qu i a t t e ignen t leur

l imi te n o r d de dispers ion vers Sétif. Ensuite une exonda t ion p r e s q u e

g é n é r a l e de la con t r ée re je t t e l a m e r v e r s le Nord, où elle offre le

m ê m e facies q u ' e n Kroumir ie , depu i s la r ég ion de La Calle j u s q u ' à

celle de Tange r , sous la forme d 'a rg i les et g rès d u « Medjanien »

(facies flysch).

Le l i t to ra l m é r i d i o n a l de la mer e s t - a lgé r i enne , qu i c i rconscr i t

a lors u n bass in n u m i d i e n , passe au Sud de Constant ine et a u Nord

de Sétif. Dans l 'Algérie no rd -o r i en t a l e n e subs i s ten t peu t - ê t r e q u e

des ilôts u n peu é tendus dans l ' E d o u g h , p lus r édu i t s dans la Kabylie

de Collo.

En t r e les pa ra l l è l e s de Djidjelli et de Ténès, la m e r de l 'Éocène

supé r i eu r a lgé r i en est rédu i te aux deux dé t ro i t s de Bouïra et de la

Medjana, q u ' e n c a d r e n t au Nord le Djurdjura et le massif de Miliana,

au Sud, les Maadid et l ' O u e n n o u g h a : les deux c h e n a u x m a r i n s sont

séparés p a r les Biban, qu i con t inuen t à ê t re é m e r g é s .

La côte mér id iona l e de l ' époque s'infléchit vers le Sud d a n s le

Tit ter i , qu i forme u n golfe en t r e l ' O u e n n o u g h a et l 'Ouarsenis . Ce

d e r n i e r massif dessine à son t o u r u n e p é n i n s u l e que l imi te à l 'Ouest

u n n o u v e a u golfe au Sud d 'Or léansvi l le , golfe l a r g e m e n t ouver t vers

la m e r du Dahra . Celle-ci est fe rmée au Couchant p a r l ' avancée d ' u n

p r o m o n t o i r e a u Nord de Mostaganem-Oran , le r i vage p r i a b o n i e n

é t an t ici r e p o r t é d a n s u n e zone a u j o u r d ' h u i sous la Médi ter ranée .

De n o u v e a u le sillon m a r i n b a r b a r e s q u e r e n t r e d a n s les t e r r e s

ac tue l l emen t é m e r g é e s vers Melilla, c o n t o u r n a n t sous l a forme d 'un

détroi t le Sud d u massif bé t ico- r i fa in j u s q u ' à T a n g e r et d é b o u c h a n t

ainsi d a n s le golfe d u R h a r b .

P a r t o u t a u Sud de l a m e r de l'Éocène supér ieur a lgé ro - tun i s i en ,

se dressa i t u n b o u r r e l e t m o n t a g n e u x , édifice p y r é n é e n de l 'Atlas

te l l ien orano-a lgéro is et su r t ou t de l 'Atlas p r é s a h a r i e n cons tan t ino i s -

tunis ien .

Page 54: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

42 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Tongrien. — L'Oligocène ou Tongr i en g r o u p e le Sannois ien ou

Lattorfien, le S t a m p i e n ou Rupé l i en et le Chat t ien, é tages dans b i en

des cas difficiles à s épa re r en Algér ie-Tunis ie .

Dans u n e p a r t i e d u cen t r e d u t e r r i to i re de la Régence , ce sys tème

affecte u n facies à Ostracées, Pe ignes et Échin ides . P a r con t r e , dans

le Nord de la Tunisie cen t ra le et dans la Tunisie s e p t e n t r i o n a l e ,

s 'observent , vers sa b a s e , a u n iveau du Lattorfien, des g rès à N u m m u -

l i tes , qu i sont en b e a u c o u p de points c o u r o n n é s p a r des g r è s sans

fossiles d u facies flysch di t Numidien en Algér ie .

Une vaste r ég ion é m e r g é e , qu i s 'é tend a lo rs chez les Hedi l , dans

le Bejaoua mér id iona l e t aux a b o r d s de Tebour souk , se l ie à la r ég ion

de Tha la , exondée depu i s le d é b u t d u N u m m u l i t i q u e ; le d o m a i n e

con t inen ta l con t inue à e n g l o b e r la Tunisie m é r i d i o n a l e , c o m m e à

l 'Éocène s u p é r i e u r .

E n Algér ie no rd -o r i en ta l e , le flysch « N u m i d i e n » est p a r t i c u l i è r e ­

m e n t bien déve loppé dans le Nord du d é p a r t e m e n t de Cons tan t ine , où

j ' a i m o n t r é qu ' i l s ' avance t r ansg res s ivemen t su r le Pa l éozo ïque et

d é b u t e a lors p a r un é n o r m e c o n g l o m é r a t de base de p l u s de 500

mè t r e s de pu issance . C'est dans u n p o u d i n g u e occupan t l a m ê m e

s i tuat ion géo log ique que F . E h r m a n n a r é c e m m e n t découver t des

Lépidocycl ines et des N u m m u l i t e s , au -dessus de calcaires lu té t iens

t ransgress i fs s u r le Dévonien de Djidjell i . Il est donc pa l éon to log i -

q u e m e n t d é m o n t r é , c o m m e la s t r a t i g r aph ie me l 'avai t depu i s long­

t e m p s l'ait a d m e t t r e , que le « Numid ien » est o l igocène, le « Medja-

n ien » é t an t p r i a b o n i e n .

En g r a n d e Kabyl ie , le « Numid ien » est r ecouver t en d iscordance

p a r les c o n g l o m é r a t s et g r è s du Dellysien, qu i co r responden t à

u n hor izon t rès élevé de l 'Ol igocène, peu t -ê t r e au Chat t ien . Ici, t ou t

a u mo ins , le m a x i m u m d 'ex tens ion des g r è s de Numidie se p lace à

u n n iveau moyen de l 'Ol igocène, au Rupél ien sans dou te .

Dans l 'Algérie cen t r a l e , les g r è s à Lépidocycl ines , connus l oca l e ­

m e n t sous le n o m de « Bogharien » p e u v e n t ê t re u n p e u p lus j e u n e s

q u ' u n e p a r t i e au moins d u « Numid ien » ; i ls sont r eprésen tés de Sidi

Aïssa (Sud d 'Aumale) à B o g h a r i , Vialar , Montgolfier, Uzès-le-Duc,

c o m m e dans l ' ex t r ême Nord-Oues t de l 'Oranie et le Maroc s ep t en ­

t r iona l pa r des g r è s calcaires en p l a q u e t t e s a l t e r n a n t avec des

m a r n e s . La t e rmina i son or ien ta le d u golfe à Lépidocycl ines o rano -

a lgéro is about i ssa i t dans le Ti t ter i à des p l ages où se formaien t des

Page 55: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 43

grès à Pe ignes et C rabes , auxque l s faisaient sui te des l a g u n e s r econ -

naissables à l eu r s dépôts d ' a rg i l e s à g y p s e .

En s o m m e , il ne r e s t e p lus en Berbé r i e , vers la fin de l 'Oligocène,

q u ' u n ét roi t b r a s de m e r sud- te l l ien , p e u p l é d e Lépidocycl ines et

d 'Échin ides spéc iaux , a l l an t d u Prérif, p a r le Tell m é r i d i o n a l o rano-

algérois et la Medjana, à l a Numidie et à l a Tunisie sep ten t r iona les :

sa l imite mér id iona l e c o r r e s p o n d a u R h a r b , aux rég ions d 'Aïn

T e m o u c h e n t , Bel A b b è s , Mascara, Bel izane, Uzès-le-Duc, Nord de

Tiaret , Sud de Teniet el Haad, B o g h a r i , Sidi Aïssa. Une b r a n c h e s e p ­

t en t r iona le no rd - t e l l i enne , pa ra l l è l e au si l lon sud- t e l l i en , passe au

l a rge d u Dahra sous les eaux de la Médi ter ranée ac tue l l e , d é b o r d a n t

peu t -ê t re su r l a t e r r e a u j o u r d ' h u i é m e r g é e à Cherche l l . Cette b r a n ­

che sep ten t r iona le dessine ensui te les golfes de Pa le s t ro , de Dellys et

de Djidjelli , puis el le s 'enfonce en Numidie , j u s q u ' a u Sud de Constan-

t ine , et en Tunisie , j u s q u ' a u Cher ich i ra et à l 'Ouest de Ka i rouan .

C'est en t r e ces deux b r a s d e mer , que se sont édifiés les p r inc ipaux

pl issements p y r é n é e n s de l 'Algérie du Nord (Sahel d 'Oran , Dahra ,

Ouarsenis , Atlas de Miliana et de Blida, Djurd jura , Babors) . Vers l 'Ouest,

au Maroc, le golfe prér i fa in occ identa l se r a c c o r d a i t à u n At l an t ique

sud g a g n a n t le l i t tora l sénéga la i s (Dakar ) , le l ong d ' u n r i v a g e r a p p e ­

lan t celui qu i assura i t p r é c é d e m m e n t les commun ica t i ons avec le

l a r g e de la m e r des p h o s p h a t e s .

Des l a g u n e s deva ien t exister a lo rs en b o r d u r e du con t inen t africain ;

il n ' es t g u è r e possible de s épa re r leurs dépôts de ceux qu i se sont

a ccumulé s à l ' au ro re des t emps miocènes , à l 'Aqui tan ien , et souvent

m ê m e d e ceux de la fin d u Miocène, d u Pon t i en . Toutefois dans la

r é g i o n à l 'Est d u Ti t te r i , des a rg i l e s à gypse s u g g è r e n t la présence

d 'eaux s a u m â t r e s o l igocènes . De m ê m e l a découve r t e à Khenche la

d ' u n Probosc id ien a p p a r e n t é à un g e n r e ca rac té r i s t ique du S t a m p i e n

d 'Égypte p e r m e t de pense r q u e la base des s é d i m e n t s r o u g e s de

l 'Aurès est o l igocène . Mais on n e s au ra i t i n fé re r de tel les cons ta ta ­

tions que les a rg i l e s à g y p s e de tous les bass ins con t inen taux a l g é ­

r iens sont t o n g r i e n n e s : en fait, la p l u s g r a n d e pa r t i e d e ces fo rmat ions

doi t ê t re classée dans le Pon t i en .

Aqui tan ien . — A l 'Aqui tan ien , l a m e r n ' occupe à p e u p rès p lus au ­

c u n e surface en Berbér ie : peu t - ê t r e c e p e n d a n t p o u r r a i t - o n lui a t t r i b u e r

la genèse des g r è s à A m p h i o p e s de Cherche l l . En tous cas, seul le chena l

»

Page 56: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

41 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

nord- t e l l i en ol igocène s u b s i s t e a u d é b u t d u Miocène. Il est poss ib le

q u ' u n e mer a q u i t a n i e n n e ai t existé é g a l e m e n t dans le Prérif (calcaires

à A m p h i o p e s de Moulay Idr i s s ) .

L 'Aqui tanien a v u se déve loppe r en Afrique d u Nord le r é g i m e

s t e p p i q u e dé jà manifes te d a n s le Sud a lgér ien à l 'Albien. Cependan t

il n e faudra i t p a s c ro i r e que tout le Moghreb fut t r ans formé en d é s e r t :

Il y a b ien des zones d é p r i m é e s r e m p l i e s p a r t i e l l e m e n t p a r des l a g u n e s

con t inen ta les , où se préc ip i te d u g y p s e dans des boues a r g i l e u s e s ;

ma i s la p lu i e t o m b e en a b o n d a n c e sur les m o n t a g n e s , où d o m i n e u n

r é g i m e c l imat ique s u b t r o p i c a l e n t r a î n a n t u n e g r a n d e activité é ros ive

des cours d ' e a u .

Des chot ts sont localisés au fond des cuvet tes de l 'Algér ie i n t é ­

r i eu re , n o t a m m e n t d a n s les dépress ions de Cons tan t ine (Mila), d e

Sétif (Colber t ) ; des n a p p e s d 'eau p lus é t endues , ma i s de m ê m e facies,

r ecouvren t le Hodna et le Bas S a h a r a cons tant inois a u Nord d u Melrhir .

S u r les bords de ces s e b k h a s vivent des Hélices dentées xé roph i l e s et

ha lophi les , a p p a r t e n a n t à des g r o u p e s don t ce r t a ins ont pers i s té jus­

q u ' à nos j o u r s dans le Maroc o r i en ta l et l 'Oranie d u Sud .

Si les fo rma t ions r o u g e s , a rg i l e s et cong loméra t s , g é n é r a l e m e n t

a t t r ibués à l 'Aqui tan ien , d é b u t e n t p a r endro i t s avec le S t ampien , a i l leurs

ces assises se con t inuen t a u n i v e a u d u B u r d i g a l i e n infér ieur , c o m m e

l ' i nd ique la p r é s e n c e , au mil ieu de ces s é d i m e n t s , de res tes d ' un Mas­

todon te p y g m é e en Grande Kabyl ie . D 'aut re p a r t , à l 'Ouest de Cons­

t a n t i n e , des a rg i les à Mollusques m a r i n s b u r d i g a l i e n s se l i en t à des

a rg i les à l igni tes et Po tamides (Rouached , e tc . ).

Le relief de la Berbér ie , b i en accusé g r â c e aux sou lèvements consé­

cutifs à l 'édif ication définitive des p l i s sements p y r é n é e n s , voit se c r euse r

a lors d e l a rges val lées , où l 'ac t ion to r r en t i e l l e se manifeste su r tou t

p a r l ' a ccumula t i on de pou d i n g u e s , avec parfois des g r è s et des a rg i l e s ,

le tou t fo r tement coloré en r o u g e . Telle est l ' o r ig ine des dépô t s de

ru i s se l l ement du « Bouirien », qu i r e m b l a y e n t les val lées e n c a d r a n t

l a c h a î n e des Biban, a u Nord dans les p l a i n e s des Beni S l iman , des

Arib et de l a S o u m m a m (Bouïra) , au Sud d a n s le Dira, le Cheuchke t ,

le Zd im, le Sek in , le Tefourer . De m ê m e , les m o n t s de Batna , d u

Zab, de l 'Aurès , de la C h e b k a des Se l l aoua et des N e m e n c h a , sont

a lors b i e n d e s s i n é s ; l eu r s va l lées se c o m b l e n t auss i de format ions

dé t r i t iques .

L 'Aqui tanien con t inen ta l , connu au Maroc depu i s Meknès, où il a

Page 57: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 45

fourni de grosses Hélices de type spécial (Camœnopsis), j u s q u ' a u Sud

de Marrakech et m ê m e a u Sous , se r e t r o u v e p lus localisé dans le Tell

o rano-a lgé ro i s (basse Tafna, Habra , Médéa). S'il est s u r t o u t r é p a n d u

dans l 'Ouest de l 'Algér ie o r i en ta l e , i l semble p a r con t re faire défaut

en Tunis ie , con t r ée d o n t sans d o u t e le relief ac tuel , r e l a t i vemen t

a t t énué d ' a i l l eu rs , est p l u t ô t l ié aux m o u v e m e n t s a lp ins q u ' a u x

m o u v e m e n t s p y r é n é e n s .

Les nappes d ' e a u s a u m â t r e de l 'Algér ie i n t é r i eu re , q u i se sont

é tabl ies au S t ampien et su r t ou t à l 'Aqui tan ien , ont p o u r l a p l u p a r t

pers is té j u s q u ' a u P l iocène , souvent m ê m e j u s q u ' a u Qua te rna i r e ou

à l ' époque ac tue l le (Zahrez, H o d n a ) : les dépôts qu i se f o r m è r e n t

dans ces mi l ieux chot t iques n e p e u v e n t ê t r e exac tement classés a u

po in t de vue s t r a t i g r a p h i q u e q u e l à où des ingress ions mar ine s sont

v e n u e s i n t e r r o m p r e le cours de la séd imenta t ion en bassin fe rmé ,

c o m m e c'est le cas d a n s le Prérif, le Tell o r ana i s et a lgé ro i s , le Hodna

et l a r ég ion de Batna , les Hautes Pla ines de Numid ie et l 'Aurès .

Burd iga l ien , Langh ien . — Le « Cartennien » de A. Pomel , a insi

que j e l 'ai m o n t r é depu i s l o n g t e m p s co r respond a u Burd iga l i en et au

L a n g h i e n de l 'Europe o c c i d e n t a l e ; il m a r q u e , d a n s l 'h is to i re pa léo­

g é o g r a p h i q u e n é o g è n e de l 'Algér ie -Tunis ie , un premier cycle de trans­

gression. Lors de cette p h a s e , c o n t e m p o r a i n e de la fin d u Miocène

infér ieur et d u d é b u t d u Miocène m o y e n , les eaux océan iques b a r b a -

r e sques sont r a m e n é e s à une extens ion q u i r appe l l e cel le d e l a m e r

d u Suessonien-Luté t ien , avec c e p e n d a n t u n e t e n d a n c e mani fes te à

une l imi ta t ion de d é v e l o p p e m e n t superf ic ie l . P e n d a n t la pé r iode

i n t e r m é d i a i r e d u P r i a b o n i e n - T o n g r i e n , l ' é t e n d u e des bass ins n u m i -

d ien et tunis ien avai t é té r é d u i t e en effet à des golfes de méd ioc re

expans ion et le sil lon o rano-a lgé ro i s c a n t o n n é en u n chena l sud- te l l ien

t rès r e s s e r r é . Il s 'en faut c e p e n d a n t que la surface de la m e r au

« Car tennien » r énove l 'état de choses qui existait en Berbér ie à l 'Éocène

infér ieur et m o y e n : l a Dorsale tun i s i enne et le t e r r i t o i r e d u Sud de

l a Régence sont déf ini t ivement é m e r g é s , ainsi q u e l 'Aurè s , le bas

S a h a r a cons tan t ino is et les m o n t s des Ouled Naïl ; il en est de m ê m e

d 'a i l leurs de l a Tunisie s e p t e n t r i o n a l e (en dehor s de la rég ion de

Bizerte), de l 'Atlas te l l ien l i t to ra l et i n t é r i eu r cons tan t ino i s , c o m m e

aussi d u Tadla , d u Haouz et d u Sous.

Désormais , la m e r ép icon t inen ta le de tou te l 'Afrique d u Nord est

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46 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

local isée en d 'é t roi ts chenaux qui c i rconscr ivent u n vas te a rch ipe l . En

Tunisie s ' amorcent t ro i s zones d ' ingress ions m a r i n e s , celle du Nord

et celle d u Sud sous la fo rme des deux golfes de Bizerte et de la

Tunisie cen t ra le (de Mactar à Sousse) , celle d u Centre , dess inan t u n

si l lon suivi a u j o u r d ' h u i p a r la Medjerda et le M e l l è g u e : e n c a d r a n t

ces avancées de la m e r , se d r e s sen t l es t e r r e s émergées de la Krou-

mi r i e , de la Dorsale tun i s i enne et de la Byzacène.

Dans l 'Algér ie o r ien ta le , la m e r « c a r t e n n i e n n e » forme au Sud

des m o n t s de Guelma-Constant ine , d u p l a t e a u sétifien et des Biban,

le bass in sud- te l l i en (Ouennougha , etc . ), le bass in de Msila et celui

d'El Outaya, Ces dét ro i t s dé l imi ten t les îles des m o n t s du Hodna et

de Batna . Dans le Centre-Est d u d é p a r t e m e n t de Constant ine , l a m e r

du Burd iga l i en s 'é tend des Hautes P la ines des pe t i t s chotts de Numidie

au pays de Souk Ahras . Plus au Nord-Ouest existe u n dé t ro i t qu i ,

c o n t o u r n a n t p a r le Sud l a Grande Kabyl ie , g a g n e Bougie , le Sud de

Djidjelli et l 'Ouest de Cons tan t ine . Dans le d é p a r t e m e n t d 'Alger , la

sér ie des dé t ro i t s de la Mitidja, d u b a s Chélif, d u Ti t ter i , du Sersou

et d u h a u t Chélif sont p l u s ou moins isolés les uns des au t r e s p a r les

a r c h i p e l s de l 'Atlas de Miliana-Blida, de l 'Ouarsenis et des m o n t s de

Chel la la . La m e r , en Oranie , r en fe rme p r o p o r t i o n n e l l e m e n t m o i n s

d ' î l e s : celles-ci c o r r e s p o n d e n t au Sahel d 'Oran, aux m o n t s des Beni

C h o u g r a n et à la chaîne d u Tessala, ces de rn i e r s reliefs s épa ran t u n

bass in sep ten t r iona l et u n bassin m é r i d i o n a l . Toutes les t e r r e s exondées

env i sagées ci-dessus sont en re la t ion avec des plissements alpins en

cours de formation. Rien d ' ana logue à cet te g é o g r a p h i e mésogéenne

n e p a r a i t avoir existé a u Maroc, où le dé t ro i t sud-r i fa in se r a c c o r d e

à une mer a t l a n t i q u e , s imple expans ion de l 'At lan t ique sur l a m a r g e

l i t tora le d u R h a r b , p e u t - ê t r e m ê m e de la Chaouïa et de la Doukka la .

La côte mér id iona le « c a r t e n n i e n n e » passe ainsi a u Sud de Raba t ,

Méknès, Fez, Taza, Oudjda, Tlemeen, Bel Abbès , Mascara, Tiare t ,

Chel la la , Msila. Les e m p l a c e m e n t s actuels de Biskra, Khenchela , la

Meskiana, Clairfontaine, Morsott j a lonnen t ensui te son t r acé . En Tunisie

le b o r d de la m e r d u Miocène in fé r i eur est s i tué au Sud du Kef, de

Tunis , d u d jebe l Goubel , de Kairouan et de Sousse.

Vers le Nord, la T y r r h é n i d e est p a r t i e l l e m e n t é m e r g é e en Pet i te

e t Grande K a b y l i e ; le D a h r a et l a basse val lée d u Chélif r éun i s sen t

a lors les anc iens c h e n a u x n o r d et sud- te l l i ens o rano-a lgé ro i s de l'Oli­

g o c è n e .

Page 59: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 47

Les différents facies d u « Car tenn ien » c o m p r e n n e n t des poud ingues ,

des g r è s et des calcai res d o n t la faune c o m p o r t e n o t a m m e n t des

Échinides (Clypéastres) , des t rot toi rs d 'Algues calcaires (Mélobésies) et

des Pe ignes . Poud ingues , g r è s et calcaires b u r d i g a l i e n s , i n d i q u e n t

u n e m e r n é r i t i q u e . Seules les arg i les à P té ropodes et Aturies d u L a n -

g h i e n , qu i ne sont p a s sans a n a l o g i e avec cer ta ins facies d u schlier,

prov iennen t d ' u n e fosse s u b b a t h y a l e , d o n t j ' a i r e c o n n u les dépô t s de

Gue lma (Mahouna) à Meknès (Beni A m a r ) .

Le « Car tenn ien » est parfois t ransgress i f j u s q u e su r le Pa léozo ïque

cr i s ta l l in ; ses r ivages sont b i e n conservés en Grande Kabyl ie , dans

la r ég ion de Trézel-Chel la la , e tc . Dans le Centre et le S u d du d é p a r ­

t ement de Constant ine , les p l i ssements a lp ins l 'on t p o r t é à p l u s de

1. 500 m è t r e s d ' a l t i t ude . Enfin, l ' épa i sseur de l ' ensemble Burd iga l i en -

L a n g h i e n a t te in t parfois p lus i eu r s centaines de m è t r e s .

Helvétien, Tortonien, Sarmatien. — Si le L a n g h i e n , é t age de d é b u t

du Miocène m o y e n ou Vindobonien , se r a t t a c h e i n t i m e m e n t a u Miocène

in fé r i eu r en Algér ie -Tunis ie , p a r con t re les sous-é tages su ivants de ce

sys tème, Helvétien, Tor tonien , Sa rma t i en , doivent ê t r e é tud iés en­

semble dans la Berbér ie cen t ra l e et m é r i d i o n a l e : en bien des cas

m ê m e , une d i scordance sépa re le « Car t enn ien » de l 'Helvét ien. D 'aut re

part, ce d e r n i e r t e r m e eng lobe p e u t - ê t r e , dans la n o m e n c l a t u r e s t r a -

t i g r aph iquc a lgé r i enne , la base du Tor tonien c lass ique . C'est p réc i ­

sémen t p a r c e q u e , en Europe occidenta le et c e n t r a l e , ces hor izons

sont souven t difficiles à sépare r , q u ' a été a d o p t é le n o m compréhens i f

de Vindobonien , express ion dont l ' emploi p o u r r a i t ê t re h e u r e u s e m e n t

généra l i sé en Afrique d u Nord.

La m e r du Vindobon ien s 'é tend en Tunis ie s u r la r é g i o n l i t tora le

de la Pet i te Syr te (Ben Gardan) , pu is s u r le Sahel j u s q u ' à Kai rouan .

Au Sud-Ouest de cet te loca l i té , el le dessine u n golfe q u i s 'avance

vers Henchir Souat i r , a u Nord de Gafsa. P a r con t re , toute l a Tunisie

c e n t r a l e , de Redeyef à Mactar , est é m e r g é e . Un second golfe s ' amorce

au Sud du Kef et un t ro i s ième à l 'Est de Souk el A r b a ; ma i s l 'orien­

ta t ion géné ra l e d u l i t tora l , d a n s l a Tunisie s e p t e n t r i o n a l e , su i t la

l i g n e : le Kef, Souk el Arba , Béja, Mateur , Bizerte .

En Tunis ie , l 'Helvétien est s u r t o u t formé de m a r n e s à Globigér ines ,

avec c o n g l o m é r a t de base t r ansgress i f vis-à-vis d u B u r d i g a l i e n : t o u t e ­

fois dans le cen t r e de la R é g e n c e cet é t age est cons t i tué p a r des

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48 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

argi les et des g r è s à Huî t res . Au Tor tonien c o r r e s p o n d e n t des a l t e r ­

n a n c e s de m a r n e s , de g r è s et d ' a rg i les à Huîtres, avec souven t auss i

u n c o n g l o m é r a t de b a s e . Au s o m m e t de cet e n s e m b l e se p résen ten t

des l igni tes (cap Bon, Djebib ina , D jemmal , Monastir, Djerba , e tc . )

carac tér i sés p a r des P o t a m i d e s ; a i l l eurs (Fériana) des g r è s à végé t aux

d a t e n t sans d o u t e de cet te de rn i è r e é p o q u e .

Le Tor tonien m a r i n existe p e u t - ê t r e au Nord et au Sud de la Grande

Kabyl ie , de l ' Isser (Aomar) à l a S o u m m a m (Mai l lo t ) : le golfe « c a r t e n -

n ien » de Bougie-Constant ine persiste sans dou te à l 'He lvé t ien-Tor to-

n ien j u s q u e vers Fedj Mzala, Mila, C h â t e a u d u n - d u - R o u m e l , où des

a rg i les à Huî t res voisinent avec les fo rmat ions gyps i fè res à Hélices

d e n t é e s des bass ins l a g u n o - l a c u s t r e s de Constant ine .

L 'Algér ie o r ien ta le p a r a î t avoi r é té en effet su r tou t occupée au

Vindobonien pa r des lacs dans les régions de Constant ine-Guelma, des

Sel laoua, de Sétif, d u Hodna o r ien ta l . Plus à l 'Ouest , le b a s s i n de

Msila devient u n dé t ro i t en voie d ' a p p r o f o n d i s s e m e n t .

L'ingression marine, ca rac té r i s t ique d a n s l 'Algérie occidentale du

Miocène moyen , ne dépasse g u è r e , vers l 'Est, Médéa, Téniet el Haad ,

Chel la la . Elle forme deux g o l f e s : le p l u s s e p t e n t r i o n a l est encad ré

en t re les p l i ssements a lp ins du Dahra , de l 'Atlas de Miliana et de Bl ida

au Nord, de l 'Ouarsenis au S u d ; le p lus m é r i d i o n a l est c o m p r i s

en t re les plis a lp ins de l 'Ouarsen is et le pays t a b u l a i r e de F r e n d a .

Sur l ' a l i g n e m e n t de l a r ide émergée de l 'Ouarsenis se d ressen t les îles

des Beni C h o u g r a n , d u Tessala et des T r a r a s ; de m ê m e , en face de

la po in te oues t d u Dahra, su rg i s sen t les t e r res exondées des Sahels

d 'Arzeu et d 'Oran .

L ' a rch ipe l n o r d - o r a n a i s t émoigne ainsi p a r son exhaussement de

l ' énerg ie des p l i ssements a lp ins qu i lui ont d o n n é na i s sance . En c o m ­

pensa t ion d ' un tel sou lèvemen t se dessine u n m o u v e m e n t de descente

qui favorise l a genèse d u golfe d u Chélif, où va évoluer u n second

cycle géologique néogène algérien débutant par un conglomérat de

transgression, c o m p o r t a n t ensui te l a fo rmat ion d ' u n e fosse s u b b a t h y a l e

où s ' a c c u m u l e n t des vases à Glob igér ines , p u i s l ' é tabl i ssement d ' e a u x

n é r i t i q u e s ca lmes peuplées de n o m b r e u x Mollusques, enfin l 'édifica­

t ion de récifs f r angean t s de Coraux, de t ro t to i rs à Mélobésies et de

p lages de sab les . Ces c h a n g e m e n t s o c é a n o g r a p h i q u e s successifs sont

en r a p p o r t avec des osci l lat ions de fond , effets p o s t h u m e s de l a

p r e m i è r e phase p r inc ipa l e des m o u v e m e n t s t ec ton iques a lp ins , c o m m e

Page 61: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 49

les é rup t ions c o n t e m p o r a i n e s , qui d o n n e n t na i s sance aux volcans du

Nord-Ouest de l 'Oranie (Tifarouin, e t c . ).

Le Vindobonien a été i n d i q u é au Maroc a t l an t i que de Sidi Saïd

Machou (bas Oum er Rebia) et de Casablanca , où i l est t r ansgress i f su r

le P a l é o z o ï q u e . Dans le R h a r b , cet é tage est parfois e n t i è r e m e n t

a r g i l e u x et s u b b a t h y a l ; le l o n g d u dé t ro i t sud- r i f a in , le Miocène

moyen , l a r g e m e n t déve loppé , compor t e u n t e r m e infér ieur souven t

t ransgress i f (Helvétien a r g i l e u x subba thya l ) et u n t e r m e s u p é r i e u r

parfois auss i t r ansgress i f (Tor ton ien -Sa rma t i en g r é s e u x à Huî t res) ,

qui révèlent c e p e n d a n t une m e r peu p r o f o n d e : a ins i se f e rme p r o ­

gress ivement , vers la fin d u Vindobonien , le s i l lon sud- r i fa in .

La j o n c t i o n des mer s t u n i s i e n n e et o r a n o - a l g é r o i s e du Miocène

m o y e n n e se fait p l u s p a r les bassins des Hautes P la ines cons tan-

t inoises , ma i s p a r u n cana l no rd - t e l l i en . Nous r evenons a ins i à u n

état de choses qui a ca rac té r i sé le t e r m e u l t ime de l ' évo lu t ion g é o g r a ­

p h i q u e o l igocène , a u « Bogha r i en », équ iva len t p e u t - ê t r e du Chatt ien

d 'Eu rope . Ve r s l a fin des t e m p s t ong r i ens , les communica t i ons océa­

n i q u e s en t re le sillon sud- te l l ien de l 'Algér ie occidenta le et la Byzacène

s'effectuaient p a r u n b r a s de m e r ins ta l lé su r r e m p l a c e m e n t de l ' a n ­

c ienne T y r r h é n i d e , déjà a lors en voie d 'affaissement a u Nord d u

Dahra, des Kabylies , de l a Kroumir ie et de la Z e u g i t a n e ; ce b r a s de

m e r s 'avançai t en golfe vers le Sud j u s q u ' à Dellys. De m ê m e , au

Miocène m o y e n , la m e r tun i s ienne o r ien ta le et la m e r o rano-a lgé ro i se

sont un i e s s e u l e m e n t p a r le chena l nord- te l l i en pas san t a u l a r g e des

m ê m e s r ég ions , Dahra , Kabylies, Kroumi r i e . Mais ce c h e n a l ne dessine

p l u s , c o m m e à l 'Oligocène, des golfes sur la t e r r e a u j o u r d ' h u i émer ­

gée . Sans d o u t e étai t- i l p l u s sep ten t r iona l , t é m o i g n a n t ainsi d ' un t r è s

l a r g e e n n o y a g e des c o m p a r t i m e n t s de l a viei l le T y r r h é n i d e . Cette

p a l é o g é o g r a p h i e p r é l u d e à l 'affaissement définitif des massifs anc iens

de l a Médi ter ranée occ iden ta le , affaissement q u i va se t r a d u i r e en

p a r t i c u l i e r à la fin d u Miocène, p a r la format ion de dé t ro i t de

Gib ra l t a r . L 'act ivi té é rup t ive an téhe lvé t i enne de l a r é g i o n de Tipaza-

Ténès est é v i d e m m e n t liée à ces ef fondrements o l igo-miocènes de la

T y r r h é n i d e .

L 'Helvét ien d 'Algér ie es t essent ie l lement fo rmé de p o u d i n g u e s et

de grès à Huî t res , pu i s d ' a rg i les m a r n e u s e s à Foramin i fè res , qu i sont

en r a p p o r t avec les a c c u m u l a t i o n s de p é t r o l e d u Tell in té r ieur o rana i s

(Tl iouanet) , c o m m e d 'a i l leurs aussi du R h a r b m a r o c a i n . Le Tor ton ien

Page 62: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

50 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

comprend de même à sa base des poudingues et grès à Ostracées, puis des marnes riches en Mollusques. C'est sans doute avec le Sar-matien qu'il faut paralléliser les grès à Huîtres et Foraminifères (Hétérostégines) passant à des calcaires à Mélobésies au Nord de l'Ouarsenis (Inkermann à Orléansville). Si le Sarmatien est ainsi marin aux confins des déparlements d'Alger et d'Oran, il est par contre lagunaire et bien individualisé dans la liasse Tafna, où il est carac­térisé par des Potámides; ailleurs, il présente des Hélices dentées.

Au Nord de l'Algérie occidentale des ingressions marines se pro­duisent au Tortonien dans les chaînes duSkrouna et du Tessala, aux environs de Lalla Marnia, Terni, Ain Tédèles, Renault, Les Cinq Palmiers, Flatters, Bou Medfa, Lodi, dans le djebel Contas, les régions de Zemmora, Mascara, Tiaret, Médéa, Dra el Mizan. Entre le golfe de Mostaganem et les hauteurs des Beni Chougran, puis plus à l'Est, vers Zemmora, le Tortonien devient même en partie bathyal.

Faciès continentaux. — La région de Biskra (Branis) et la partie sud-orientale de la région hodnéenne présentent, au niveau du Miocène moyen, des poudingues et des grès grossiers fluvio-lacus­tres et laguno-marins, intimement liés stratigraphiquement au Burdigalien-Langhien. Une formation identique se retrouve dans la région de Tiaret, où elle est transgressive par rapport à l'ensemble de la série miocène. D'autre part, à Constantino (Polygone), le Sarmatien correspond à des assises lagunaires avec Hélices dentées qui prennent ensuite une grande extension dans la région de Guelnia et sont séparées par une discordance des termes stratigraphiques plus anciens. Toutes ces données montrent que le terme final du Miocène moyen confine à la phase d'intensité máxima des plissements néogènes de l'Atlas.

Sahélien- — L'Algérie est une des très rares contrées du globe où le Miocène supérieur comporte des sédiments marins. Tel est le cas cependant aussi de la Tunisie et du Maroc, comme de la région au Sud d'Alicante (Espagne), de la Sicile, de la Crète, etc. Aussi a-t-on pris le type de cet étage sur la côte (Sahel) orano-algéroise ; mais il semble bien que du Pliocène soit encore classé dans le Sahélien en diverses régions d'Algérie (Alger, etc.). D'autre part, même en Afrique du Nord, ce sont surtout des terrains continentaux qui se sont sédimentés à la fin des temps miocènes : ils sont connus ici, de même

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ALGÉRIE ET TUNISIE. 51

que clans l 'Europe s u d - o r i e n t a l e , sous le n o m de Pon t i en . Le Sahé l ien ,

c o m m e l 'Àqui tan ien , m a r q u e d o n c une phase de r éduc t ion e x t r ê m e

de la m e r en Berbé r i e , une « phase géocratique ».

Des eaux à pe ine salées occupen t le Sahel tunis ien et le p o u r t o u r de

la Pet i te Syr te , dess inant une ba i e de forme assez c o m p a r a b l e a u

golfe de Gabès d ' a u j o u r d ' h u i , mais s ' avançant su r la t e r r e f e rme j u s ­

q u ' à Médenin, Maknassi, Kai rouan, Monastir. Le golfe de Mateur

s ' é tend des a b o r d s de l ' e m b o u c h u r e de la Medjerda a u x lacs ac tue ls

de Bizerte. D 'autres i n d e n t a t i o n s d u r i v a g e d é b o r d e n t le l i t to ra l a l g é ­

r ien m o d e r n e , esquissant le golfe de Bougie-Djidjel l i , puis u n golfe

de la Grande Kabylie , u n golfe d u Chélif et le golfe de Melilla. La m e r

qu i rel ie ces c inq golfes les u n s aux au t r e s passe au la rge d u l i t t o ra l

a c t u e l : dans l a Méditerranée d 'a lors s ' avança ien t les p r o m o n t o i r e s

1° de la Tunisie n o r d - o r i e n t a l e , 2° de la Kroumir ie et de la Pet i te

Kabyl ie , 3° de l a Grande Kabyl ie et d u Sahel d 'Alger , 4° du Dahra e t

du Sahe l d 'Oran , 5° de la Basse Tafna. La côte se déve loppa i t ensu i te

u n peu au Nord du Rif. Le r ivage d u Maroc occ identa l , s i tué à l 'Ouest

de l a pén insu le de Tange r , c i rconscr ivai t u n golfe d u R h a r b , j u s q u ' à

Dar Bel Hamr i , puis de n o u v e a u g a g n a i t u n e m p l a c e m e n t a u j o u r d ' h u i

r ecouver t pa r l 'A t l an t ique .

En Tunis ie , le Sahél ien compor t e des c o n g l o m é r a t s , des calcaires

gypseux , m a g n é s i e n s et si l iceux, puis des m a r n e s et enfin d e s g rès

sab leux . Le Sahé l ien m a r i n orana is c o m p t e l a t é r a l e m e n t : 1° u n

facies s u b b a t h y a l ( m a r n e s à Glob igér ines du golfe de Mascara) ; 2° u n

facies zoogène (calcaires à Mélobésies du S ig ) ; 3° u n facies n é r i t i q u e

c o m p r e n a n t de bas en h a u t : a) des c inér i tes e t g r è s micacés t r a n s ­

gress i fs ; b) des calcaires à s i lex ; c) des t r ipo l i s (k iese lgur à Diatomées,

Spongia i res , Radio la i res , Po issons) ; d) des m a r n e s à gypse , à se l

g e m m e , avec accumula t i ons d ' h y d r o c a r b u r e s (Aïn Zeft, d a n s le

Dahra ) . Cette de rn i è re ass i se , t é m o i g n a n t de la f e r m e t u r e d u bas s in

m a r i t i m e , se lie à des l igni tes d 'eau s a u m â t r e ou douce . En Grande

Kabylie, de vé r i t ab les fosses s u b b a t h y a l e s fu ren t a lors comblées p a r

des a rg i l e s à Pe ignes l isses (Amussium), Denta les et P l e u r o t o m e s .

En Oranie , la m e r s ahé l i enne s 'avance b e a u c o u p moins loin vers le

Sud q u e la m e r v i n d o b o n i e n n e : el le a évacué la dépress ion de la

basse Tafna et les chenaux si tués a u Sud des îlots d u Tessala , des

Beni C h o u g r a n et de l 'Ouarsen is . De m ê m e , ve r s le Nord , le golfe

du Chélif subi t une n o t a b l e r é d u c t i o n de su r face . P a r c o n t r e , le

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52 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

l i t tora l s ep ten t r iona l n e diffère g u è r e ici d ' e m p l a c e m e n t a u Miocène

moyen et au Miocène supé r i eu r . Cependan t , des ingressions locales se

mani fes ten t au Sahé l i en dans le Dahra ( rég ion d'Ouill is) , et à l 'Ouest

d ' O r a n ; enfin, à Por t -Say les dépô t s d u Sahé l ien r eposen t d i r ec t emen t

su r le Lias.

Mouvements orogéniques. — De g r a n d e s modif icat ions g é o g r a ­

p h i q u e s se p r o d u i s e n t a lors dans la Médi ter ranée occidenta le , où elles

a p p a r a i s s e n t d 'a i l leurs c o m m e l a c o n s é q u e n c e u l t ime de la f r a g m e n ­

ta t ion du massif bé t ico- r i fo -ba léa ro-corso-sa rde , d o n t l ' é m i e t t e m e n t

s'est de plus en p lus accusé depu i s la p h a s e p r inc ipa l e des p l i s semen t s

p y r é n é e n s , c ' es t -à -d i re depuis l 'Éocène s u p é r i e u r et l 'Ol igocène. Au

Sahél ien , l 'affaissement définitif d ' une g r a n d e p a r t i e d u b loc bé t i co-

rifain a c réé le dé t ro i t de Gibra l ta r , q u i r e m p l a c e r a d é s o r m a i s l e s

anc iens s i l lons miocènes n o r d - b é t i q u e et s u d - r i f a i n : ce n o u v e a u

c h e n a l est d û à une ingress ion m a r i n e de d i rec t ion t r a n s v e r s a l e p a r

r a p p o r t à la zone bét ique Malaga-Rif; il suit d ' a i l l eurs u n a b a i s s e m e n t

d 'axe don t l ' a l i g n e m e n t s e m b l a i t déjà dess iné p a r des accidents p e n i -

b é t i q u e s .

Facies continentaux (Pontien). — Ces i m p o r t a n t s événements

p a l é o g é o g r a p h i q u e s , et en pa r t i cu l i e r la f e r m e t u r e du dé t ro i t de Taza,

se l ient à u n r e n o u v e a u d 'act ivi té des m o u v e m e n t s o r o g é n i q u e s de la

p h a s e a lp ine . En m ê m e t e m p s , en effet, l ' accen tua t ion des zones

p l i s sées , s ' a l longean t p a r a l l è l e m e n t a u l i t to ra l m é d i t e r r a n é e n occi­

den ta l , favorise la format ion de bass ins fermés à l ' i n t é r i eu r de l 'Al­

gé r i e , et ra jeuni t l 'act ivi té érosive des eaux c o u r a n t e s : le Pon t i en

correspond, d a n s l 'Afr ique d u Nord, à une nouvel le p h a s e d ' a c c u m u ­

la t ion in tens ive de dépôts d é t r i t i q u e s r o u g e s , qu i r a p p e l l e n t s i n g u ­

l i è remen t ceux de l 'Aqui tan ien . Les p réc ip i t a t ions a t m o s p h é r i q u e s ,

e x t r ê m e m e n t a b o n d a n t e s p e n d a n t une p a r t i e de l ' a n n é e , deva ien t

cesser c o m p l è t e m e n t ensu i t e , sous un c l imat c o m p a r a b l e à celui des

r ég ions h u m i d e s d e la zone t ropica le ac tue l le . Les d é p ô t s dé t r i t i ques

de cet te époque , don t l a s éd imen ta t i on se con t i nue ra au Pl iocène e t

m ê m e au Qua te rna i r e s ' é t enden t fort lo in vers le Sud , où ils cons­

t i tuen t le « Saharien » de L. Ville et G. F l a m a n d : ils m a r q u e n t en

q u e l q u e sor te u n r e t o u r aux condi t ions g é o g r a p h i q u e s de l 'Albien et

on t , c o m m e les roches a n a l o g u e s de cet é t age , p e r m i s la genèse à

l eu r s dépens d ' u n e t o p o g r a p h i e de « gour ».

Les n a p p e s d ' eau cont inen ta les pon t i ennes de l 'Algérie-Tunisie

Page 65: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 53

c o m p t a i e n t : 1° le g r a n d lac du b a s S a h a r a cons tan t inois dans les

rég ions de Ouarg la , Touggour t , Ain Ta ïba ( s ' aba issan t a u Nord en u n e

fosse s u d - a u r a s i e n n e en t r e le Melrhir et la l i gne Messad-Biskra-Négrine,

pu is se r acco rdan t à l a m e r d u Sahel tunis ien à t r ave r s u n archipel

d ' î les au Nord des chot ts R h a r s a et Fed jed j ) ; 2° le g r a n d lac d u Sud

a lgé ro i s , l imi té p a r la Chebka , les Ksours , l 'Amour et r e j o i g n a n t

le l ac d u Saha ra cons tan t ino is p a r le dé t ro i t d u pays d e s Daïa ; 3° l e

g r a n d lac des Hautes Pla ines o r ana i s e s , don t le fond co r r e spond aux

Chotts ac tue ls et à l a r ég ion d u Zahrez R h a r b i , et don t l a j onc t ion

avec les lacs du Sud se faisait p a r un d é t r o i t en t re Aflou et Djelfa, à

l a l imite d u d jebel A m o u r et des m o n t s des Ouled Naï l ; 4° l es lacs d u

Saïs , d e la basse Tafna, d u Hodna , de Constant ine , de Kroumi r i e , d u

Béjaoua, de Medjez el Bab , de Tunis et de Z a g h o u a n .

Il convient de r e m a r q u e r que d é j à ainsi au Sahé l ien , se dess inen t

les a l i gnemen t s de cuvet tes lacus t res b ien reconna issab les encore

a u j o u r d ' h u i : 1° au Sud de l 'Atlas p r é s a h a r i e n (lacs d u Sud a lgé ro i s e t

d u S a h a r a cons tan t ino i s ) ; 2° e n t r e l 'Atlas p r é s a h a r i e n et l 'Atlas te l l ien

i n t é r i eu r (lacs des Hautes P la ines oranaises et a lgé ro i ses , d u Hodna ,

de Medjez el B a b , de Tunis , de Z a g h o u a n ) ; 3° en t r e l 'Atlas te l l ien

in té r i eu r et l 'Atlas l i t to ra l (lacs d u Saïs , de l a basse Tafna, de Constan­

t ine , de Kroumir ie et d u Be jaoua) . C'est que déjà au Miocène s u p é r i e u r

les cha înes de l 'Atlas, édifiées déf in i t ivement p a r le p l i s s e m e n t a lp in ,

conféra ient au relief b a r b a r e s q u e les g r a n d s t ra i t s o r o g r a p h i q u e s

qu ' i l a tou jours conse rvés d e p u i s .

Si les n a p p e s d ' eau d u Nord (Kroumir ie , Cons tan t ine , basse Tafna,

Saïs) sont de vé r i t ab le s lacs où se p réc ip i t en t vers le fond des

ca lca i res - t raver t ins et v e r s la p é r i p h é r i e des sab les et des l imons

r o u g e s avec calcaires g r u m e l e u x et cong loméra t s , ceux d u res te de la

con t rée sont dé jà des chot ts , q u i r eço iven t n é a n m o i n s d ' i m p o r t a n t s

c o u r s d ' e a u .

Le Miocène s u p é r i e u r r en fe rme des l igni tes à Marceau (au Sud-Est

de Cherche l l ) , au b l e d Boufour (près d 'Orléansvi l le) et à S m e n d o u

(au Nord de Constant ine) , où il est ca rac té r i sé p a r d ivers é l émen t s de

l a faune de Mammifères d u Pon t i en de P i k e r m i (Grèce).

Cette faune est é g a l e m e n t connue des Hautes P la ines constant inoises

(Tébessa) et de l a Tunis ie mér id iona l e (Djerid, Gafsa) où el le est

associée à des Mammifères h i n d o u s (Merycopotames) . Elle a été r e n ­

cont rée dans des sables éol iens , r epr i s p a r les to r ren t s con t empora in s G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 5

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54 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

et que s u r m o n t e n t des a rg i les gypseuses à Hélices dentées de facies

d é s e r t i q u e : ainsi donc à la pé r iode h u m i d e des lacs à Merycopotames

d u d é b u t du Pont ien , a succédé , dans le Sud tun is ien , u n e p h a s e sèche

qu i vit ces n a p p e s d 'eau se t r ans former en chotts à la fin de la p é r i o d e ;

(hor izon à Hélices d e n t é e s et à Cyclostomes affines de formes d u

l i t toral de la m e r R o u g e ac tue l le ) . Co n s t ammen t ces é t endues l a g u n o -

l acus t r e s res tè rent localisées dans les sync l inaux , les an t ic l inaux

d e m e u r a n t émergés suivant le processus h a b i t u e l à la genèse d ' une

t o p o g r a p h i e i m m é d i a t e m e n t consécut ive à u n e époque de g r a n d s

p l i s sement s .

Pl iocène anc ien . — Au Pliocène anc ien (Pla isancien et Astien), le

con tour de la t e r r e é m e r g é e b a r b a r e s q u e n ' é ta i t g u è r e différent du

t r acé des r ivages ac tuels . A pe ine que lques pe t i t s golfes en t a i l l a i en t -

ils le Sahel de la Régence , les rég ions de Tunis , Bizerte , Djidjelli et

Bougie . Une avancée p lus i m p o r t a n t e des eaux mésogéennes occupai t

l a Mitidja, laissant é m e r g e r à l 'état d ' î le le Sahel d 'Alger . Contour­

n a n t p a r le Nord le Dahra , la mer s 'enfonçait ensu i t e d a n s t ou t e

la basse val lée d u Chelif et d a n s l 'Oranie d u N o r d : son r ivage

passa i t p a r Cassa igne , Renau l t , W a r n i e r , Carnot , Vauban , Or léans -

vil le , Char ron , I n k e r m a n n , Rel izane , Kalaa, El Bord j , Alfarès ,

Mascara, Dubl incau, Sa in t -Denis-du-Sig , Aïn T e m o u c h e n t , Aïn Khia,

Montagnac , Nedroma . Au de là d u golfe de Melilla, la côte su iva i t

s ens ib l emen t le r ivage ac tue l du Rif, p u i s elle péné t ra i t d a n s le

Maroc a t l an t ique , où le R h a r b , l a basse Chaouïa , l a Doukkala ,

l 'Abda é ta ient i m m e r g é s a insi que les a b o r d s des villes de Mogador

et d 'Agad i r .

La m e r d u Pl iocène in fé r ieur a l g é r i e n accen tua i t d o n c le m o u v e ­

m e n t positif, dé jà esquissé a u Sahé l i en , d a n s l a d i rec t ion d u Nord

et l ié à l 'affaissement définitif des mass i fs anc iens k a b y l e s et r i fo-

b é t i q u e : les dépôts d u P la i sanc ien sont en effet t ransgress i fs aux

env i rons de Renaul t , t and i s q u ' e n t r e Or léansvi l le et Oran , des g r è s

à Ostracées et Pect inidés p l iocènes se s u p e r p o s e n t a u x séd imen t s

l a g u n o - m a r i n s du Sahé l i en .

En t re Cassaigne, Sa in t -Aimé, Relizane, l 'Hillil et Oran , se déve lop­

pa i en t m ê m e des p ro fondeurs no tab le s , où se f e rma ien t des m a r n e s

s u b b a t h y a l e s à P leuro tomes a u P l a i s a n c i e n ; là s eu l emen t la m e r

subs i s t e ra à l ' A s t i e n : cet é tage est a u j o u r d ' h u i const i tué p a r des g r è s .

Page 67: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 55

Pa r con t re le P la i sanc ien et l 'Astien sont en régress ion man i fe s t e ,

p a r r a p p o r t au Sahé l ien , d u côté de l 'Est et du Sud-Oues t , dans l a

r ég ion l i t tora le actuel le des d é p a r t e m e n t s d 'Alger et d ' O r a n : à

Carnot , la local i té t y p i q u e du Sahél ien m a r i n , le Pl iocène in fé r i eur

est p r i n c i p a l e m e n t r e p r é s e n t é p a r des g rès à Hélices den t ée s , t and i s

q u e , a u de là d 'Oran , su r le fond de la m e r qui se re levai t r a p i d e m e n t

vers l 'Ouest , se déposa ien t des sables ca lcai res à Ostracées et à A l g u e s ,

m a i n t e n a n t t r ans fo rmés en g r è s .

Aux envi rons d 'Alger , le Pla isancien est su r tou t a rg i l eux avec

n iveaux g r é seux -g l a uc on i e ux et l 'Astien cons t i tué p a r des molasses

à Algues calcaires et à Huîtres . De m ê m e au cap Bon, s u r les m a r n e s

subba thya le s à Pe ignes l isses d u Pla isancien, v i e n n e n t des sab les et

des g rès as t iens . Les golfes qu i se dess inent a ins i de Ceuta à Mahdia ,

souvent dans d ' anc iennes val lées p o n t i e n n e s désormais s u b m e r g é e s ,

sont des expans ions d a n s le Nord de l a Berbérie d ' u n e h a u t e m e r

s ' é t endan t de Gibra l ta r à R h o d e s , p l u s ou moins p a r a l l è l e m e n t a u x

r ivages mésogéens ac tue l s .

Dans l'arrière-pays b a r b a r e s q u e exis tent e n c o r e au Pl iocène anc i en

des lacs et des chot t s c o m m e a u Pont ien .

Pl iocène r é c e n t . Qua te rna i r e . — Le Pl iocène récen t (Ca labr ien

mar in m é d i t e r r a n é e n , Vil lafranchien fluviatile) est, p a r ses cond i t ions

p a l é o g é o g r a p h i q u e s , i n t i m e m e n t lié au Qua te rna i re . Les t ro i s t e r m e s

p r i n c i p a u x de cette de rn i è re époque p e u v e n t ê t re e u x - m ê m e s subd i ­

visés en p lus ieurs p h a s e s s e c o n d a i r e s : Qua te rna i re ancien ou Post­

p l iocène (Saint-Prest ien, Sicilien, Gromer ien) , Qua te rna i re m o y e n ou

Pléis tocène (Milazzien, Chelléen, T y r r h é n i e n , Monastirien pa r t i e l l emen t

con t empora in de l 'Atér ien) , Qua te rna i re r écen t , Néopléis tocène ou

Holocène .

Les l imi tes d u d o m a i n e con t inen ta l en Algér ie et en Tunisie é ta ien t

a lors t rès s e n s i b l e m e n t ce qu 'e l l e s sont a u j o u r d ' h u i . Seul le mode lé

de dé ta i l de ces con t rées a sub i , a u cours des de rn i è re s pé r iodes

géo log iques , des modif icat ions sensibles , conséquence d e dé forma­

t ions t o p o g r a p h i q u e s p l u s ou m o i n s i m p o r t a n t e s .

Des dép l acemen t s de g r a n d e a m p l i t u d e ont été en effet, au P l iocène

supé r i eu r et au Q u a t e r n a i r e , en Algér ie-Tunis ie , le r é s u l t a t de m o u ­

v e m e n t s de b a s c u l e , se t r a d u i s a n t en définitive p a r u n e a l t e rnance d e

phases d ' exhaussement et d 'affaissement, qu i ont po r t é l a série des

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56 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

p l a g e s mar ine s « soulevées », depu i s l ' a l t i tude de 200 mè t r e s , j u s q u ' à

celle de 15-20 m è t r e s , le long des côtes ac tue l les . Cette su r rec t ion

con t inen ta le n ' a pas eu d ' a i l l eu r s u n ca rac t è re g é n é r a l en Berbér ie .

Effet u l t ime des poussées a lp ines , el le a v u son act ion d e m e u r e r

local isée aux zones pl issées, t and i s que les cont rées d ' a r ch i t ec tu r e

t a b u l a i r e subs is ta ien t r e l a t i vemen t s tab les , p lus ou moins en c o n t r e ­

bas d e l 'Atlas . P e u t - ê t r e m ê m e les c o m p a r t i m e n t s d ' anc ienne con­

sol idat ion con t inuè ren t - i l s a lo rs leurs p r o p r e s osci l la t ions , se t r a d u i ­

san t p a r l ' aba i s sement de la r ég ion m a r g i n a l e n o r d du S a h a r a et des

zones bo rd iè re s sud des Mcsetas, ainsi que des massi fs l i t to raux .

Encore a u j o u r d ' h u i , en effet, des cuvet tes occupées p a r des chot t s

s ' a l i g n e n t : 1° u n p e u en a r r i è r e d u r i v a g e (Oran, F e t z a r a ) ; 2° a u

Midi des Hauts P la teaux (du Tigr i au Tarf) ; 3° à la lisière sep ten t r io ­

na le du Grand Désert (Melrhir , Rhar sa ) . Les lacs salés d u Sud cons-

tan t ino is et tunis ien n o t a m m e n t , don t le fond est s i tué au-dessous d u

n iveau de la m e r , b ien que sépa rés de celle-ci p a r des seui ls d 'assez

faible a l t i t ude , n ' on t c e p e n d a n t point été envahis p a r l 'Océan q u a t e r ­

n a i r e , c o n t r a i r e m e n t à l a fiction de la « m e r s a h a r i e n n e ».

En Tunisie , le l i t to ra l de la Méditerranée or ien ta le r ecoupe ob l ique ­

m e n t les pl is de l 'At las . Les vastes p l a i n e s qui occupen t une g r a n d e

pa r t i e du te r r i to i re de la Régence sont d 'o r ig ine cont inenta le et les

dépôts m a r i n s res tent ici l imités au vois inage de la m e r ac tue l l e , où

l 'on observe s e u l e m e n t des fo rmat ions c o r r e s p o n d a n t aux p l a g e s

d 'Algér ie les moins élevées. Tandis q u ' a u Nord et à l 'Ouest de l a

B e r b é r i e , l ' a l t e rnance des sou lèvemen t s et des affaissements s 'est t r a ­

du i te en définit ive p a r u n e su r rec t ion t rès m a r q u é e de la t e r re f e rme ,

en Tunisie, la t e n d a n c e à u n m o u v e m e n t de descente a p r é d o m i n é

d a n s la r é g i o n côt iè re . Le fond de la m e r des Syr tes possède encore

les ca rac tè res b ien accusés d ' u n e r é g i o n con t inen ta l e , avec ses va l ­

lées s u b m e r g é e s connues des i n d i g è n e s sous le n o m d' « oueds »,

c o m m e les vra is cours d 'eau du pays . Les bass ins fermés inc lus en t re

les c h a î n e s l i t tora les n o r d et les cha înes p r é s a h a r i e n n e s on t é té

pa r t i e l l emen t e n v a h i s p a r les eaux m a r i n e s des golfes de Bizerte ,

Mateur, Tunis , Gromba l i a , j u s q u ' a u mi l ieu des t e m p s q u a t e r n a i r e s ,

au Milazzien n o t a m m e n t ; de m ê m e ont été s u b m e r g é s tou t récem­

m e n t de vieux cho t t s de la b o r d u r e n o r d du Saha ra , à Bou Grara et

aux Biban p a r exemple .

Les dép lacemen t s q u i , a u Pl iocène s u p é r i e u r et a u Qua te rna i re ,

Page 69: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 57

ont a ins i affecté l ' e n s e m b l e de la Berbé r i e , ont eu p o u r r é s u l t a t

final u n sou lèvement vers le Nord et le Nord-Ouest et u n aba i s semen t

vers l 'Est et le Sud-Est. De telles osci l la t ions t r a d u i s e n t donc u n m o u ­

vemen t de bascule du m ê m e o r d r e que ceux qu i se manifes ta ient

p r é c é d e m m e n t dans les pays d ' a rch i t ec tu re t a b u l a i r e , Mesetas o u

S a h a r a . Ces d é p l a c e m e n t s ver t i caux sont en évidente l iaison avec les

poussées p o s t h u m e s de la phase a lp ine , tou t c o m m e le révei l de

l 'activité volcanique d u Nord de la r é g i o n d 'Oudjda et d u l i t toral

a lgé r i en (basse Tafna, Habra , e tc . ).

A l ' in té r ieur de l 'Algér ie-Tunis ie , su r tou t au Pl iocène récent et a u

Pos tp l iocène , subsis ta ient de vas tes é t e n d u e s lacus t res , n o t a m m e n t

dans la Haute P la ine de Sétif et dans la cuvet te de Cons tan t ine . Gra­

d u e l l e m e n t , au cou r s des t e m p s pléis tocènes et p r i n c i p a l e m e n t n é o -

plé is tocènes , se p rodu i s i t u n a s sèchemen t p rogress i f d u Sud de l a

cont rée , qu i e n t r a î n a l a r é d u c t i o n des surfaces l acus t r e s et l a m o r t

p a r a l l uv ionne m en t in tensi f du secteur aval des cours d ' eau t r i b u t a i r e s

des bassins fe rmés . L ' humid i t é a t m o s p h é r i q u e d é s o r m a i s confinée

p r e s q u e c o n s t a m m e n t aux zones p roches de la Médi te r ranée , favorisa

la c a p t u r e d ' une p a r t i e des dépres s ions in té r i eu res pa r les fleuves

about i ssan t à la me r . En connexion avec cette nouve l le g é o g r a p h i e ,

s ' é tab l i ren t , dans le Sud de l a Berbér ie , des condi t ions m é t é o r o l o ­

g iques e n t r a î n a n t l ' expans ion des mi l i eux s t e p p o - d é s e r t i q u e s . L ' a g ­

g r a v a t i o n d u r é g i m e m é t é o r o l o g i q u e en Haut Pays b e r b è r e a p p a r a î t

ainsi c o m m e un é v é n e m e n t géo log ique tou t p r o c h e de nous , d a t a n t

à pe ine d u Néoplé is tocène, m a i s n é a n m o i n s p r é p a r é p a r une l o n g u e

évolu t ion p a l é o g é o g r a p h i q u e .

IV. TECTONIQUE

Carac t è r e s o r o g é n i q u e s g é n é r a u x . — L'Algérie p ré sen te c inq

g r a n d e s zones t e c t o n i q u e s : 1° les massi fs pa l éozo ïques m é t a m o r ­

ph iques (Sahel d 'Alger , Grande Kabylie, Pet i te Kabylie, E d o u g h ) , don t

les d is locat ions s u b m é r i d i e n n e s s a h a r i e n n e s ou h u r o n i e n n e s (plis

kabyles) ont été r ep r i se s p a r les m o u v e m e n t s ca lédon iens et h e r c y ­

niens , pu is d o n t le rel ief a été r a j eun i p a r les p o u s s é e s t e r t i a i r e s et

q u a t e r n a i r e s ; 2° les cha înes l i t tora les , q u e ca rac té r i sen t des p l i s E. -O.

b i en accusés (plis numidiens), où les ac t ions t ec ton iques des p h a s e s

p y r é n é e n n e et a lp ine se sont succédé, d o n n a n t f ina lement l a s t ruc -

Page 70: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

58 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

t u r c en écai l les i m b r i q u é e s ca rac t é r i s t i que de la Chaîne n u m i d i q u e ,

des Babor s , du Dju rd ju ra , d e l 'Atlas de Bl ida et de Miliana, du D a h r a ,

d u Sahe l d 'Oran et des T r a r a s ; 3° les m o n t a g n e s d u Tell i n t é r i e u r d e

Cons tan t ine , des B iban , de l 'Ouarsen i s , des Béni C h o u g r a n et d u

Tessa la , où d o m i n e l 'o r ienta t ion N. E. -S . 0 . d ' acc idents o rogén iques

p lu tô t de faible a m p l i t u d e conférant à tou t le pays u n e s t r u c t u r e

s u b t a b u l a i r e ; 4° les Hauts P la teaux , qui e n c a d r e n t les Hautes Pla ines

de Batna et de Sétif, les cuve t t e s d u Hodna , des Zahrez a lgéro ises et

des Chotts o r a n a i s , ces d e r n i e r s b o r d é s a u Nord p a r les Causses d u

Se r sou et de Saïda , l ' e n s e m b l e offrant l ' a r ch i t ec tu re t a b u l a i r e p r o p r e

aux Mesetas (Meseta o r ana i s e à s u b s t r a t u m p a l é o z o ï q u e visible d a n s

l a fenêt re de Tifr i t ) ; 5° l 'Atlas p r é s a h a r i e n (Aurès , m o n t s des Ouled

Naïl , djebel Amour , m o n t s des Ksours orana is ) don t les faisceaux de

b r a c h y a n t i c l i n a u x e m b r y o n n a i r e s N. E. - S. 0 . (plis aurasiens) d é b u ­

t en t e n b o r d u r e de la p l a t e - fo rme t a b u l a i r e d u Saha ra et ont con ­

servé depu i s l 'Ol igocène l eu r s fo rmes s t ruc tu ra l e s p r imi t i ve s .

Tous ces g r o u p e m e n t s des r i de s a t l a s iques sont r e m a r q u a b l e s p a r

l e u r d i scon t inu i t é , en r a p p o r t avec la coalescence des accidents t ec ­

ton iques ind iv idue l s de c h a q u e fa isceau a u x d e u x ex t rémi tés de

l ' a m y g d a l e a ins i dé l imi tée . Ces faits, t r è s n e t s d a n s l 'Atlas p r é s a h a ­

r i en où ils ont été m i s en év idence p a r E. Ri t te r et II. Roux, se m a n i ­

festent é g a l e m e n t d a n s le Tell, c o m m e j e l 'ai m o n t r é p o u r les r ég ions

de Constant ine et de Phi l ippevi l l e . Dans les m o n t a g n e s du vo i s inage

de ces deux vil les, les acc idents t ec ton iques t e r t i a i res subissent des

dév ia t ions su ivan t des axes s u b m é r i d i e n s . Loca lement , ces de rn i è re s

l ignes c o r r e s p o n d e n t , d a n s le Tell i n t é r i eu r p a r exemple , à des

a f f leurements é t e n d u s de Tr ias , le p lus anc i en t e r r a in venan t au

j o u r aux e n v i r o n s de Cons tan t ine . Les t e r m i n a i s o n s des massifs

a m y g d a l o ï d e s de l a Kabylie de Collo et de l ' E d o u g h se t r o u v e n t aussi

s u r de te l les l i gnes , q u i c o r r e s p o n d e n t à de t r è s vieux p l i s s u b m é r i ­

d i ens .

L' influence de ces axes de dévia t ion à a l l u r e s u b m é r i d i e n n e est

p a r t i c u l i è r e m e n t manifes te dans le t r acé des l i gnes t ec ton iques des

confins n o r d de l a Numid ie et de l a Tunisie, de Bône et Guelma à

Bizerte et Tebour souk . Le l o n g de l ' a l i g n e m e n t La Gali te, T a b a r k a ,

Aïn D r a h a m , Souk el Arba , Le Kef, à l ' o r ien ta t ion des plis n u m i -

d iens O. -E . ou S. O. -N. E, se subs t i tue u n e d i rec t ion S. S. O. -N. N. E. , à

l a sui te d ' u n vé r i t ab l e r e b r o u s s e m e n t de c h a q u e accident t ec ton ique .

Page 71: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 59

Or c'est p réc i sémen t encore ici , au vois inage des poin ts de flexions

les plus r e m a r q u a b l e s q u e s 'observent l e s t r ès g r a n d s a f f leurements

de Trias d 'Algér ie -Tunis ie , v e r s Duviv ier , Souk A h r a s , T e b o u r s o u k ,

Béja.

Ca rac t è r e s o r o g é n i q u e s r é g i o n a u x . — Ce sont l es m o u v e m e n t s

tec toniques des p h a s e s p y r é n é o - a l p i n e s qu i ont conféré à la Berbér ie

sa phys ionomie a c t u e l l e ; i ls on t eu des effets différents d a n s l e s

diverses rég ions de l 'Algér ie-Tunis ie .

Dans l 'At las présaharien d'Algérie, ils on t e n g e n d r é des pl is de

fond, q u i ne se mani fes ten t g u è r e q u e sous la forme de plis de c o u ­

v e r t u r e , le s u b s t r a t u m pa léozo ïque n ' é t a n t à p e u p r è s nu l l e p a r t à

découve r t . Mais au Maroc, où le socle anc i en s u r g i t de dessous sa

c o u v e r t u r e seconda i re , la r épe rcuss ion des m o u v e m e n t s p y r é n é o -

a lp ins su r le P r i m a i r e a p u ê t r e mi se c l a i r emen t en év idence p a r

E. Roch et L. Moret. En Algé r i e , où el le n ' e s t p a s d i r e c t e m e n t

visible, ce t te répercuss ion d e m e u r e c e p e n d a n t i n d é n i a b l e : en effet,

les blocs de gneiss et de micaschis tes r a m e n é s si souven t avec le

Trias, ma i s q u e n ' a c c o m p a g n e n t g é n é r a l e m e n t pas des m o r c e a u x de

schis tes s i lur iens , de g rès ou de ca lca i res d é v o n i e n s , t é m o i g n e n t du

fait q u e le vieux socle pa léozo ïque de l 'Atlas a été p r o f o n d é m e n t

affecté p a r les m o u v e m e n t s p y r é n é o - a l p i n s . Ceux-ci ont d é t e r m i n é

u n déco l l emen t du s u b s t r a t u m p r ima i r e et de l a couve r tu re secondai re -

t e r t i a i re , déco l l ement q u i d o m i n e l ' o rogénèse a t las ique et j o u e u n

rôle i m p o r t a n t d a n s la m é t a l l o g é n i e locale. Ce déco l lement s'est en

effet r épe rcu t é su r tou te la h a u t e u r de l a sér ie s éd imen ta i r e j u r a s -

s iconéogène , a m e n a n t à l ' a f f leurement les a rg i l e s gypso-sal i fères

du Trias , avec blocs de Pa l éozo ïque , a u contact de n ' i m p o r t e q u e l

t e r r a i n .

Norma lemen t dans l 'Atlas p r é s a h a r i e n , ces pl is de fond se t r a d u i ­

sen t p a r des b r achysync l i naux , d o n t le ca rac tè re embryonnaire a

é té b ien mis en évidence p a r E. R i t t e r . D'une façon g é n é r a l e de

l 'Ouest à l 'Est, les cha înes b a r b a r e s q u e s bord iè res du bouc l i e r afri­

ca in se révè len t c o m m e offrant aux aff leurements des masses s éd i -

m e n t a i r e s p r inc ipa les de p l u s en plus j e u n e s , pa léozoïques d a n s le

massif cent ra l d u Haut Atlas m a r o c a i n , j u r a s s i q u e s dans les m o n t s

des Ksours o r ana i s , c ré tacées infér ieures et m o y e n n e s dans le d jebel

A m o u r et les monts des Ouled Naïl, c ré tacées s u p é r i e u r e s et n u m m u -

Page 72: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

GO GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

l i t iques clans l 'Aurès . Ces d isposi t ions g é o g r a p h i q u e s p r o u v e n t q u e

les mouvemen t s qu i ont d o n n é na i s sance aux cha înes p r é s a h a r i e n n e s

ont eu l eu r m a x i m u m d ' in tens i té vers l 'Ouest et ont déc ru d ' a m p l i ­

t u d e du Maroc à l a Tunis ie .

P r e s q u e t ou t en t i e r l'Atlas tunisien p r o l o n g e l 'Atlas p r é s a h a r i e n

a l g é r i e n . La fo rme des accidents y est c e p e n d a n t un peu d i f fé ren te :

les dômes et les cuvet tes y d o m i n e n t , a c c o m p a g n é s p l u s f r é q u e m m e n t

de g r a n d e s ca s su re s q u ' e n Berbér ie cen t ra l e . 11 y a é v i d e m m e n t

l iaison e n t r e le r accourc i s semen t des p l i s et la p r o d u c t i o n des frac­

t u r e s . Le d é v e l o p p e m e n t de ces de rn iè re s , en Tunis ie o r ien ta le n o t a m ­

m e n t , r a p p e l l e u n peu celui des dis locat ions b i en connues des b o r d s

d u Haut Atlas m a r o c a i n . Peut -ê t re p o u r r a i t - o n pousser p l u s lo in

la c o m p a r a i s o n et re lever l ' ana log ie d u d é v e l o p p e m e n t d u P r ima i r e

dans le Sud de l 'Empi re chérif ien et de l 'extension cons idé rab le d u

Trias dans le Centre de la Régence . De n o u v e a u , en Tunisie , l ' in ten­

sité des m o u v e m e n t s o r o g é n i q u e s ayan t d o n n é naissance aux cha înes

b o r d i è r e s du S a h a r a s ' accentue a m e n a n t à l ' a f f leurement des masses

de t e r r a i n s p l u s anc iens q u ' e n Algér ie et d é t e r m i n a n t une t ec ton ique

cassante de la c o u v e r t u r e s econda i r e et t e r t i a i r e du Trias . Au déve ­

l o p p e m e n t de cet te t ec ton ique cassante se l ie u n e extens ion g é o g r a ­

p h i q u e r e m a r q u a b l e de la zone miné ra l i s ée nord-a f r i ca ine vers le

cent re de la con t r ée .

Au Nord de l 'Atlas p r é s a h a r i e n d 'Algér ie , s ' individual ise la Meseta

oranaise qu i se p r o l o n g e t e c t o n i q u e m e n t ve r s l 'Est d a n s les Hautes

P la ines a lgéro ises et h o d n é e n n e s . Toute cet te zone cor respond à u n

g r a n d p l i de fond à faible r a y o n de c o u r b u r e , c o m p a r a b l e à ceux

qu i s 'observent au Sud de la l igne Haut Atlas-Atlas p r é s a h a r i e n

a lgér ien-At las tunisien, dans l 'Anti Atlas d ' u n e p a r t , chez les Ouer -

g u e m a d ' a u t r e pa r t . Je crois q u ' a u po in t de vue t ec ton ique la Meseta

o rana i se et s u r t o u t le Hodna co r r e sponden t a u Haouz de Mar rakech

Aux a b o r d s d u chot t el Hodna p a r e x e m p l e , l ' en foncement de l ' ex ­

t r é m i t é o r i en t a l e de la Meseta a l g é r i e n n e , sous les r ides mér id iona le s

de l 'Atlas t e l l i en , se d é g a g e ne t t emen t de l ' e x a m e n des ca r t e s . Vers

l a t e rmina i son de l ' ensemble Meseta o rana ise -Hodna , la discont inui té

en t r e le Horst a l gé r i en et la masse r i g ide q u i le r e l aye dans la

m o y e n n e Medjerda, a p e r m i s le déve loppemen t de r i de s adven t ives

d a n s l 'Atlas te l l ien m é r i d i o n a l , tel les q u e celle des m o n t s d u

Hodna a u S u d des B iban , p u i s celle des m o n t s de Batna au Sud des

Page 73: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 61

m o n t s du H o d n a ; ces acc iden ts sont en fait des pl is de fond à s t r u c ­

t u r e cassan te , que d é c o u p e la zone de relais des an t i c l inaux des Biban

p a r les r ides des m o n t s de Constant ine .

Des dislocat ions de m ê m e n a t u r e m a r q u e n t p lus à l 'Est u n n o u ­

veau r e d a n , à la t e r m i n a i s o n d u g r a n d p l i de fond lié à la su r rec -

t ion des masses t r ias iques i m p o r t a n t e s de Souk A h r a s - B é j a : à l 'Aurès

fait a lors p l ace , dans la zone des cha înes p r é s a h a r i e n n e s , l 'Atlas

tunis ien , q u i finit p a r les r ides m a r g i n a l e s avec cassures b o r d i è r e s

de l a Tunis ie n o r d - o r i e n t a l e (faille de Z a g h o u a n ) .

Au Nord de la Meseta orana ise se déve loppe u n e nouve l l e zone de

pl is de fond, d i sce rnab les s e u l e m e n t d a n s b i en des cas p a r les plis d e

c o u v e r t u r e q u i affectent ici la sér ie seconda i re et t e r t i a i r e . Cette zone

est cel le de l 'At las tellien méridional, t r è s différent t e c t o n i q u e m e n t

de l 'Atlas te l l ien s ep t en t r i ona l . Bien ca rac té r i sée d a n s les r ég ions d e

Sidi Bel Abbès , de Mascara, de l 'Ouarsen i s , des B iban , d e Cons tan­

t ine et de Gue lma , cet te zone est fo rmée p a r les reliefs i n t é r i e u r s d u

Tell . D'après les d e r n i è r e s obse rva t ions des géo logues d u Maroc, j e

pense qu ' i l faut la cons idére r c o m m e faisant su i t e , p a r l ' i n t e r m é ­

d ia i re des m o n t s des Beni Snassen, au Moyen Atlas et aux Djebi let .

En ce cas, elle offrirait c o m m e l a zone des pl is de fond d u S u d de la

Berbér ie , des aff leurements de ses p r inc ipaux t e r r a i n s de p lus en p lus

j e u n e s , d 'Ouest en Est, d e p u i s l a r ég ion a t l an t ique , où elle c o m p o r t e

su r tou t d u P r i m a i r e , j u s q u e dans l 'Est a lgé r i en , où el le est r e m a r ­

quab l e p a r le d é v e l o p p e m e n t d u Crétacé s u p é r i e u r e t de l 'Éocène

infér ieur .

Plus a u Nord se r encon t r e u n e zone de p l i s semen t s édifiés s u r

l ' e m p l a c e m e n t d ' u n sillon subgéosynclinal, où d o m i n e n t des f o r m a ­

tions s u b b a t h y a l e s . Il s'y observe à côté de m a r n e s à Cépha lopodes

pyr i t eux c ré tacés , des dépô t s de h a u t s fonds à cache t récifal ou s u b -

récifal . Au Turonien les fo rmat ions de ce d e r n i e r type sont r é p a n d u e s

pa r tou t . D 'aut re p a r t , d a n s les B a b o r s , des c o n g l o m é r a t s g r o s s i e r s

font pa r t i e i n t é g r a n t e d ' u n e n s e m b l e m a r n e u x avec A m m o n i t e s à

coqui l le l isse , d a n s le Crétacé in fé r ieur . Au J u r a s s i q u e , c o m m e a u

N u m m u l i t i q u e et au Néogène , nous n ' a v o n s q u e tou t à fait except ion­

ne l l emen t affaire dans cette zone à des format ions de m e r t r è s p r o ­

fonde.

Des T ra ra s à T a b a r k a , ce t te a i re de p l i s sements est aisée à su ivre

le l o n g d u Sahel d 'Oran , du Dahra , de l 'Atlas de Miliana et de B l ida ,

Page 74: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

62 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

du Djud jura , des Babors et de l a Chaîne n u m i d i q u e . La tec ton ique de

cet te zone a été fort d ive r semen t i n t e r p r é t é e . Tous les géo logues a lgé ­

r iens ont été f rappés de ce que les d is locat ions y sont b e a u c o u p p lus

in tenses que nu l l e p a r t a i l l eu r s en Berbér ie cen t r a l e -o r i en ta l e , de ce

q u e les contacts a n o r m a u x , les c h e v a u c h e m e n t s , à p e u p rès i n c o n n u s

su r le res te du t e r r i to i re b a r b a r e s q u e , y p r e n n e n t u n g r a n d d é v e l o p ­

p e m e n t . D'après les concept ions o rogén iques actuel les , ces anomal ies

a p p a r e n t e s p o u r r a i e n t s ' exp l iquer p a r le j e u complexe des c o m p a r t i ­

m e n t s r ig ides encad ran t l ' anc ien si l lon s u b b a t h y a l , s épa ré d u v ra i

géosync l ina l m é d i t e r r a n é e n p a r la l igne des massifs k a b y l e s .

Ces massifs kabyles a m y g d a l o ï d e s sont ent iers dans l a g r a n d e

Kabylie et l ' E d o u g h , en p a r t i e affaissés sous les eaux de l a Méditer­

r a n é e d a n s le Sahe l d 'Alger et la pe t i te Kabylie de Djidjelli, Collo,

Ph i l ippevi l l e . Des faits s t r a t i g r a p h i q u e s n o m b r e u x t é m o i g n e n t de l e u r

exis tence sous la m e r au Nord de Tipaza, de Ténès, d 'Arzeu , d 'Oran .

P e u t - ê t r e le socle pa l éozo ïque d u Kert, au Sud de Melilla, l eu r fai t -

i l sui te dans le Nord-Est d u Maroc; dans ce cas, les plis des Kebdna

s e r a i en t l ' équ iva l en t des pl is n u m i d i e n s . Plus h y p o t h é t i q u e m e n t , i l

est p e r m i s de pense r que la Meseta m a r o c a i n e c o r r e s p o n d à la zone

k a b y l e en t e r r i t o i r e a t l an t i que m o g h r e b i n .

Le vrai géosynclinal se se ra i t t r ouvé au Nord de l a l igne des m a s ­

sifs kaby le s . Le fait est ce r t a in p o u r le Trias , c o m m e j e l 'a i depuis

l o n g t e m p s i n d i q u é . Une telle conclusion c o n c e r n a n t l 'h is to i re de l 'ère

seconda i re en Algér ie -Tunis ie s ' h a r m o n i s e r a i t avec les nouve l l e s

h y p o t h è s e s de A. Marin, M. B l u m e n t h a l e t P . Fa l lo t su r l a géologie

d u Rif. P o u r t r o u v e r u n vé r i t ab l e r é g i m e de cha înes pl issées avec

c h a r r i a g e s , c o r r e s p o n d a n t à u n géosync l ina l ne t , il f audra i t , selon

ces a u t e u r s , a r r i v e r j u s q u ' a u Pa léozo ïque de la dorsa le Rif-Boccoya

et à sa c o u v e r t u r e mésozo ïque (de facies p é n i b é t i q u e ) . Le flysch d u

Prér i f sera i t a u t o c h t o n e et ses roches n e se ra ien t po in t f r a n c h e m e n t

b a t h y a l e s .

Le Rif s ep t en t r i ona l c o r r e s p o n d ac tue l l emen t à l a pa r t i e pos té ­

r i e u r e d ' une c a r a p a c e d o n t la zone n o r d est m a r q u é e p a r les n a p p e s

bé t i ques a n t é r i e u r e s au flysch e t s ' avançan t vers le Nord . Ce sera i t la

con t re -poussée en r e t o u r vers le Sud des masses figées d u b loc b é t i -

co-r ifain et des a m y g d a l e s k a b y l e s , qui au ra i t d o n n é na i s sance , à

l 'Oligo-Miocène, aux acc idents f o n d a m e n t a u x de la zone te l l ienne

n o r d , pl is déversés , d iap i r s , e tc . Subs id i a i r emen t des m o u v e m e n t s

Page 75: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE 63

en sens d ivers d e ces c o m p a r t i m e n t s anc iens au ra i en t a g i s u r les

masses en voie de p l i s sement , ces poussées se p o u r s u i v a n t j u s q u ' a u

Pl iocène. La s tab i l i sa t ion p rog re s s ive des c o m p a r t i m e n t s ins tab les

r i fa ins-kabyles , et accesso i rement des Mesetas, t an tô t poussées a u

Nord, t an tô t poussées a u Sud, exp l ique ra i t le déversement r é c i p r o q u e

des p l i s te l l iens d a n s ces deux d i r ec t ions .

Les vagues en r e t o u r q u i on t d é t e r m i n é les t ra i t s fondamentaux

d u style t ec ton ique de l 'Atlas on t agi avec d ' au t an t p l u s d ' énerg ie

que le c o m p a r t i m e n t env i sagé est p lus p r o c h e d u Rif et p lus é lo igné

d u S a h a r a . La v a g u e en r e tou r , cause d é t e r m i n a n t e des p l i s de

l 'Atlas, s 'est donc t r ouvée a t t énuée p a r l ' iner t ie des masses s u c c e s ­

sives à t r a v e r s l e sque l l es la p o u s s é e se p r o p a g e a i t , Rif, Kabyl ies ,

Mesetas. Des s u r con t r epous sée s , i n h é r e n t e s au r é t ab l i s s emen t final

de l ' équ i l ib re en t re c o m p a r t i m e n t s r é s i s t a n t s et souples , ont d é t e r ­

m i n é les d é v e r s e m e n t s locaux vers le Nord des p l i s , p r i n c i p a l e m e n t

d a n s les c h a î n e s b o r d i è r e s des Kabyl ies . Mais les poussées p r i n c i ­

pa l e s é m a n a n t d u massif bé t ico-r i fa in se sont r épe rcu t ée s j u s q u ' e n

m a r g e d u S a h a r a , c o m m e en t é m o i g n e la t e n d a n c e a u d é v e r s e m e n t

d u Grouz su r l 'Hercyn ien de Kenadsa .

Ces faits sont d ' au t an t p l u s r e m a r q u a b l e s que de tels m o u v e m e n t s

ont c o m m e cause in i t i a le , ainsi que E. A r g a n d e t L. Jo l eaud l 'ont

c h a c u n de l e u r côté déve loppé en 1922 a u Congrès de Bruxel les , l a

p r o g r e s s i o n du con t inen t s a h a r i e n v e r s le Nord . Mon é m i n e n t con­

frère de Neuchâte l p e n s e q u e le S a h a r a est p a s s é su r l a B e r b é r i e .

Je pers is te à c ro i re q u e le bouc l i e r anc ien d u Sud de l 'Atlas s'est

enfoncé au con t r a i r e sous l 'Afrique d u Nord . Mon i n t e r p r é t a t i o n est

ba sée s u r l 'a l lure des p l i s de l a b o r d u r e d u S a h a r a , d a n s le Sud des

mon t s des Ksours et aussi su r le disposi t i f des acc iden ts de la m a r g e

mér id iona le des Mesetas maroca ine ou o rana i se . Si, c o m m e le p e n s e

E. A r g a n d , le S a h a r a avai t eu t e n d a n c e à p a s s e r s u r l 'At las , les pl is

de ce d e r n i e r n e s e r a i en t pas p r i n c i p a l e m e n t déjetés vers le Sud.

Seul l ' en foncement de l 'Afr ique s a h a r i e n n e sous l a Berbér ie p e u t

exp l iquer le re ja i l l i ssement de l 'Atlas p a r - d e s s u s le boucl ie r s a h a r i e n

à la sui te de l a con t r epoussée des Mésetas, des Kabylies et d u Rif : ces

con t repoussées ont e l l e s -mêmes s u b i des su rcon t repoussées en sens

inve r se , causes d e déve r semen t s locaux v e r s le Nord .

Enfin, consécu t ivemen t aux m o u v e m e n t s t e c ton iques de la p h a s e

a lp ine et n o t a m m e n t à la sui te des r u p t u r e s d ' équ i l i b r e qu i fu r en t au

Page 76: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

64 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Quate rna i r e l a conséquence de ces poussées , u n e activité volcanique

in tens ive se d é v e l o p p a , s u r t o u t d a n s les r ég ions l i t tora les de l 'Al­

gé r i e et p l u s spéc ia lement d a n s le Nord-Ouest de l 'Oranie , p a r exem­

ple de p a r t et d ' a u t r e de la vallée de la Tafna.

A cette r écen te activité é rup t ive dans les zones n o r d de la Berbér ie

cen t ra l e se r a t t a c h e l 'existence de sources thermales a u x eaux à

t e m p é r a t u r e excess ivement é levée , p r éc ip i t an t en a b o n d a n c e d u

c a r b o n a t e de ca lc ium et r e n f e r m a n t en p ropor t i on no tab le des sels

m i n é r a u x pa r t i cu l i e r s , a r sen icaux , e t c . , c o m m e les sources chaudes

d ' H a m m a m Meskoutin. Ces e x s u r g e n c e s on t formé des d é p ô t s de

t r ave r t i n s qu i sont venus se m o u l e r s u r les t e r rasses q u a t e r n a i r e s

anc iennes et r écen tes de l a val lée de la Seybouse . Elles sont donc

a n t é q u a t e r n a i r e s et g é n é t i q u e m e n t d ' a i l l eurs se r évè len t c o m m e

u n e u l t ime mani fes ta t ion des m o u v e m e n t s t ec ton iques a lp ins p o s ­

t h u m e s : l e u r s i tua t ion géo log ique t é m o i g n e de l e u r o r i g i n e volca­

n i q u e , au vois inage des masses d 'ha l lo is i te d u Debar , des g ran i t e s

de la r é g i o n ferr i fère du Filfila et des mines d ' a n t i m o i n e - a i s e n i c des

m o n t s de Gue lma .

Peu t -ê t re faut - i l r a p p r o c h e r des p h é n o m è n e s si cur ieux don t j ' a i

fait voir le d é v e l o p p e m e n t aux env i rons d ' H a m m a m Meskoutin, les

actions métamorphiques hydrothermales qu i on t , se lon P . T e r m i e r

et M. Sol ignac , t r a n s f o r m é , a u djebel Achke l , le Ju ras s ique de l a

r ég ion de Bizerte, en schis tes à co rd i é r i t e et en calcai res m a r m o r é e n s .

Déjà j a d i s L. Gentil , E. F icheur et F . D o u m e r g u e ava ien t successive­

m e n t a t t r i b u é au J u r a s s i q u e et au Crétacé in fé r ieur , les schis tes à

a l l u r e p r i m a i r e d 'Oran et d 'Arzeu . Tout r é c e m m e n t P . Geoffroy et

T. Koulomzine v iennen t de classer les schistes à facies s i lu r ien d u

m o y e n Chélif et les ca lcai res à aspect l i a s ique r i c h e m e n t miné ra l i sés

en fer des Zaccars d a n s le Ba r rémien -Apt i en , don t le facies local

se ra i t p e u t - ê t r e auss i l ié à u n m é t a m o r p h i s m e . C'est encore au Cré­

tacé in fé r ieur q u e J. Savorn in et F . E h r m a n a t t r i b u e n t m a i n t e n a n t

les schis tes d ' a l l u r e s i l u r i e n n e de Blida (la Chiffa) et de la basse

Tafna (Beni Saf), ces d e r n i e r s é t an t tou t p roches des cé lèbres g î tes de

fer. Il est dès lors p e r m i s de se d e m a n d e r si les schis tes de l 'Haï rech ,

dans l a m o y e n n e Medjerda, q u i se t r o u v e n t en r a p p o r t avec

u n e h é m a t i t e cu iv reuse , sont b i en s i lur iens c o m m e l ' admet M. Soli­

g n a c . Il y a en tous cas d a n s la l i g n e des dépress ions sub l i t to ra les

a lgé ro- tun i s iennes , une zone de m é t a m o r p h i s m e h y d r o t h e r m a l ,

Page 77: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 65

a l l a n t de Beni Saf à Bizerte p a r Oran, Arzeu , Orléansvi l le Miliana,

H a m m a m Meskoutin et p e u t - ê t r e Souk el A r b a de T u n i s i e : ce m é t a ­

m o r p h i s m e semble en r a p p o r t avec u n e zone de miné ra l i s a t i on

r e m a r q u a b l e de l ' i n t é r i eu r de la c o n t r é e ; p e u t - ê t r e m ê m e cet te zone

se l ie-t-el le d 'une façon plus g é n é r a l e à tou te la minéra l i sa t ion a l g é r o -

tun i s ienne .

At las tel l ien o r a n a i s et a lgé ro i s occ iden ta l . — La t ec ton ique de

l 'Algér ie no rd -occ iden ta l e m e t en év idence le cont ras te de s t r u c t u r e

de la couve r tu r e ju ra s s ique de la Meseta o rana i se , des p l i s sements

py rénéens avec r ep r i se s a lp ines de l 'Atlas te l l ien m é r i d i o n a l et de

l 'Atlas te l l ien l i t to ra l , enfin l ' ind iv idua l i sa t ion de la zone des pl is­

sements p r o p r e m e n t a lp ins d a n s les a i res d 'affaissement c o r r e s p o n ­

dan t aux dépress ions néogènes de Mascara et du Chélif.

A la Meseta o r ana i s e , à m o d e l é de « causse » ou de « g a d a », se

r a t t a c h e n t les m o n t s de T lemcen , Saïda , F r e n d a et le Haut P la teau

d u Sersou.

L'Atlas t e l l i en m é r i d i o n a l ou i n t é r i e u r est formé p a r la cha îne d u

Tessa la , les m o n t s des Beni C h o u g r a n , l 'Ouarsenis e t le T i t t e r i : l ' acc i ­

den t o r o g é n i q u e le p l u s r e m a r q u a b l e de cet te l i gne de reliefs est le

d j ebe l Ouarsen is , don t les r o c h e r s de calcai res b a s i q u e s son t déversés

su r une série r enve r sée ju ras s i co -c ré t acée .

La zone des p la ines sub l i t t o ra l e s p résen te , dans la basse val lée du

Chélif, u n faisceau t rès se r ré d ' an t i c l inaux et de sync l inaux , qu i ont

j o u é j u s q u ' a u Pl iocène r é c e n t ; l eu r s t r u c t u r e a g u i d é des r e c h e r c h e s

de pé t ro le à la fin de la G u e r r e ; cette t e c t o n i q u e p o s t h u m e de la

p h a s e a lp ine se r e t rouve dans la cuvet te de l a Macta, à l aque l l e elle

confère des t ra i ts o r ig inaux , s u i n t e m e n t s de n a p h t e en m e r , es tua i re

en ta i l l é dans les dépô t s d ' u n e l a g u n e m a r i n e ennoyée a u mi l i eu du

Qua te rna i r e . La m ê m e inf luence est d i s ce rnab l e dans le mode lé

spécial des s e b k h a s d 'Arzeu et d 'Oran , ce t t e d e r n i è r e en p a r t i c u l i e r

affectant le facies r é s i d u e l d ' u n e n a p p e d ' eau a y a n t occupé u n e

dépress ion c reusée p r o f o n d é m e n t au décl in d u cycle d ' é ros ion

p l i ocène .

L'Atlas te l l ien s e p t e n t r i o n a l ou l i t t o ra l d e l 'Algér ie no rd -occ i ­

den ta le est formé de r ides d i scon t inues , T r a r a s , Sahel d 'Oran-Arzeu ,

Dahra , Atlas de Miliana et de Bl ida , Sahel d 'Alger . Dans l 'Atlas de

Bl ida n o t a m m e n t , se manifeste u n d o u b l e d é v e r s e m e n t des p l i s ve r s

Page 78: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

66 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

le Nord et vers le Sud, avec r ep r i s e s miocènes . Dans ce massif a m y g -

daloïde , c o m m e dans le Dahra , l 'Ouarsenis , le Sahel d 'Oran-Arzeu et

les T r a r a s , l a t e c ton ique p y r é n é e n n e p r é d o m i n e sur la t ec ton ique

a lp ine . Enfin, la disposi t ion en éven ta i l des dis locat ions des mon t s de

Blida, de l 'Ouarsenis et d u Dahra , a été d é t e r m i n é e p a r le co inçage

de ces accidents en t r e les zones d ' anc i enne consol ida t ion , Meseta et

T y r r h é n i d e : des t é m o i n s de cette de rn i è r e subs i s t en t dans le Sahel

d 'A lge r , l 'Atlas de Miliana (Chenoua) et se t r o u v e n t pr i s d a n s les

axes des p l i s d u Sahel d 'Arzeu-Oran et d u massif des Tra ra s , pl is

n o r m a l e m e n t déversés au Sud .

At las te l l ien a l g é r o i s o r ien ta l et cons t an t i no i s . — La l i g n e de

reliefs d o m i n a n t e à l 'Est d 'Alger , la cha îne d u D d u r d j u r a , m o n t r e

u n cu r i eux écai l lage de la zone l ias ique à la b o r d u r e m é r i d i o n a l e d u

massif p a l é o z o ï q u e , pu i s le d é v e r s e m e n t des pl is d u flysch ve r s le

Sud .

Au Dju rd ju ra , font sui te , vers l 'Orient , les Babors , faisceau de

c h a î n e s l ias iques , é b a u c h é e s dès le d é b u t d u Crétacé (phase c i m é r o -

saxonienne) , fo r t ement accusées à la fin de la m ê m e pé r iode (épisode

in i t ia l de l ' époque a lp ine ) , a y a n t ensu i te r e j o u é , n o t a m m e n t a u

Luté t i en , à l 'Oligocène et a u Miocène m o y e n .

La Chaîne n u m i d i q u e , qu i con t inue ve r s l 'Est les Babors , es t in i t i a ­

l e m e n t or ien tée O. - E . , c o m m e eux et c o m m e le D ju rd ju ra . Son axe

se t rouve j a l o n n é p a r les ca lca i res b a s i q u e s et n u m m u l i t i q u e s , d o n t

l es af f leurements sont parfois r édu i t s à l ' é ta t de s imples écail les,

poussées a u Sud , a y a n t success ivement s u b i les m o u v e m e n t s t an -

gent ie l s p y r é n é e n s et a l p in s . Ces acc iden t s t e c ton iques on t ce r ta i ­

n e m e n t re joué a u Miocène supé r i eu r , p u i s q u e les a rg i les à l ign i t e s

de S m e n d o u son t su r l eu r b o r d affectées de p l i s so tements t r ès a igus .

Dans la d i r ec t ion de l 'Est , la Chaîne n u m i d i q u e s ' ennoye sous les

co teaux de Pen th ièv re , au po in t de n e p l u s laisser affleurer, vers

Mondovi, que des « a rg i l e s e t g rès d e Numidie ». Sa zone axia le , q u i

se re lève vers La Calle, fait voir a lo rs de l 'Éocène i n f é r i eu r ; e l le

dess ine u n r e b r o u s s e m e n t vers le N. N. E. à la h a u t e u r de T a b a r c a ,

en Kroumir ie , et g a g n e ainsi la Gali te. Dans cet te île et s u r la t e r r e

ferme vois ine , aux confins des Nefza et des Mogods, subs i s t en t les

t émo ins les p lus occ identaux d e s venues é rup t ives r écen te s n o r d -

africaines, p r o c h e s aux Nefza, de gî tes de fer .

Page 79: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET T U N I S I E . 67

Au Sud de Djurd ju ra et des Babor s , s ' ind iv idua l i sen t les Biban ,

ancien h a u t fond c r é t acéo -éocène , devenu u n e cha îne de m o n t a g n e s

dès l 'Oligocène et p r é s e n t a n t s e u l e m e n t que lques acc iden ts t ec to ­

n i q u e s r e m a r q u a b l e s a u G u e r g o u r et dans les Azrou.

Les Biban se pou r su iven t ve r s l 'Est d a n s les mon t s de Cons tan t ine ,

l igne de reliefs, où j ' a i r e c o n n u l 'existence d ' u n e s t ruc tu re i m b r i q u é e

a u djebel Ouach p a r exemple , d a n s des m a r n e s d u Crétacé et d u

N u m m u l i t i q u e e n r o b a n t des l a m b e a u x de poussée de ca lca i res j u r a s ­

s i q u e s : ces écailles se d é v e l o p p e n t n o t a m m e n t en b o r d u r e d ' u n e

a i re de l a rges pl is de fond découpés p a r de g r a n d e s cassures et con­

férant a u pays u n m o d e l é de s u b p l a t e a u x . A Constant ine m ê m e ,

g r â c e à l 'existence de telles d is locat ions t r ansve r sa l e s , le t r a v a i l de

l 'é ros ion q u a t e r n a i r e s 'est t r o u v é g r a n d e m e n t facilité et a p e r m i s en

par t i cu l i e r le c r e u s e m e n t des p i t t o re sques g o r g e s du R o u m e l . Avec

ce t r o n ç o n n a g e d e s an t i c l inaux cré tacés ca lca i res de Constant ine es t

c e r t a i n e m e n t auss i en r a p p o r t la venue a u j o u r de n o m b r e u x p a q u e t s

de Trias (Che t taba , etc . ).

Sur l ' a l i g n e m e n t des mon t s de Cons tant ine se dressen t vers l 'Est

les m o n t s de Gue lma , où s 'observe é g a l e m e n t u n e s t r u c t u r e i m b r i ­

quée , su r t ou t dans les masses m a r n e u s e s d u Nord, et de l a r g e s an t i ­

c l inaux affectant des rocher s ca lcai res miné ra l i s é s p a r de l ' an t imoine .

Enfin dans l es m o n t s de La Calle, q u i con t inuen t ceux de Cuelma,

une invers ion d u relief m e t en sail l ie les sync l inaux de g r è s séparés

p a r des an t i c l inaux d ' a rg i l e s de Numid i e .

Tunisie septentrionale. — La tec ton ique de la Tunisie s e p t e n t r i o ­

nale est s u r t o u t r e m a r q u a b l e p a r le r e b r o u s s e m e n t vers le Nord-Est

des pl is tel l iens et s aha r i ens d 'Algér ie , r eb rous semen t déjà q u e l q u e

p e u d i sce rnab le d a n s l 'Est c o n s t a n t i n o i s : i l y a ce r t a i nemen t u n e

re la t ion de cause à effet en t re cette disposit ion o rogén ique et le fait

que p réc i s émen t l 'Est cons tan t inois c o m m e le Nord tunis ien , consti­

t u e n t les r é g i o n s min iè re s mé ta l l i ques p a r excellence de l 'Algér ie-

Tun i s i e ; m a l h e u r e u s e m e n t dans ces r é g i o n s la miné ra l i s a t i on est

auss i g é n é r a l e m e n t r é p a n d u e q u e loca lement peu déve loppée dans

b i en des cas.

Le Cen t re de la Tun i s ie sep ten t r iona le es t u n p a y s de plis i m b r i ­

qués S. O. -N. E. , const i tués p r i n c i p a l e m e n t p a r l 'Éocène ; ces pl is se

sont formés à la fin d u Burd iga l i en et a u d é b u t d u Vindobonien .

Page 80: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

6 8 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Dans l 'Est de la Tunisie s ep t en t r iona l e (p resqu ' î l e d u cap Bon e t envi­

rons de Tunis) domine le r é g i m e des dômes se r rés et complexes ,

avec parfois des l a m b e a u x de poussée (Argoub Sidi S m i r ) : ce sont

de tels acc iden t s qu i cons t i tuent l ' a i re surélevée de l a Dorsale t u n i ­

s i enne à t e rmina i son sep ten t r iona le t rès dis loquée et or ientée S.

S. O. -N. N. E.

H a u t P a y s o r a n a i s et a lgé ro i s . — La Meseta o rana i se , r é g i o n t a b u ­

la i re où se laisse en t revo i r u n e a n c i e n n e a rch i t ec tu re de pl is s u b m é ­

r id iens , s ' é tend v e r s le Sud-Ouest j u s q u ' a u Tigr i , où elle a r r i v e au

contac t des m o n t s des K s o u r s : des venues é rupt ives récentes , les

p lus m é r i d i o n a l e s de l 'Algér ie , se p r é s e n t e n t a u vois inage de l a l imi te

d e ces deux c o m p a r t i m e n t s .

Au Sud des Hautes P la ines s t epp iques des Chot ts , les cha înes de

l 'Atlas p r é s a h a r i e n ou Monts des Ksours o rana i s affectent la disposi­

t ion en cheni l les ca rac té r i s t ique des r ides bord iè res d u Saha ra . Orien­

tés O. -E . dans le s e c t e u r à l 'Ouest de F igu ig , les acc idents o r o ­

g é n i q u e s de la r ég ion p r e n n e n t ensu i te u n e di rect ion S. O. -N. E.

L 'éros ion a y a n t ici p r o f o n d é m e n t a t t a q u é le relief, l es pl is ont été

décapés j u s q u ' à la base de la sér ie s e c o n d a i r e ; auss i le Trias se p r é ­

sen te - t - i l souvent dans ce massif m o n t a g n e u x en s i tua t ion n o r m a l e

s o u s le Lias , à la différence de la moda l i t é h a b i t u e l l e d ' a f f leurement de

ce t e r r a i n en Berbér ie . Le m a n t e a u c ré t acé , a y a n t été l a r g e m e n t

déb layé d a n s les Ksours, les i n t rus ions a n o r m a l e s de Trias, si. g é n é ­

r a l e m e n t r é p a n d u e s en Afrique m i n e u r e a u mi l ieu des s é d i m e n t s

pos t ju rass iques , ont é té enlevées ici p a r les ac t ions superficielles.

Les n o m b r e u x dômes et cuvet tes i nc lu s dans les m o n t s des Ksours

sont tous en tou rés de pl is p lu tô t cour t s , an t i c l inaux et sync l inaux .

C'est d a n s les d ô m e s , souven t d ' a i l l eurs en pa r t i e décap i tés , et p lus

r a r e m e n t d a n s les b r a c h y a n t i c l i n a u x , q u e se p r é s e n t e n t les b o u t o n ­

n iè res t r i a s iques . Les cuvet tes qu i , dans le Hau t -Pays orana is , p r é d o ­

minen t p a r r a p p o r t aux d ô m e s , se dessinent g é n é r a l e m e n t avec u n

relief inversé .

Le P la teau s teppien a l g é r o i s , q u i s 'étend d u Sersou et d u Tit teri

aux m o n t s des Ouled Naïl, es t u n p a y s s u b t a b u l a i r e , où s 'es tompe u n

r ég ime de dômes et de cuve t tes en t re lesquels s ' ins inuent des an t ic l i ­

n a u x et des sync l inaux p e u accusés S. O. -N. E. Le Trias a p p a r a î t

s u r t o u t dans cet te r ég ion au b o r d de pet i ts c o m p a r t i m e n t s affaissés,

Page 81: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 69

qui acc iden ten t cette p l a t e - fo rme , du confluent d u N a h r Ouassel et

du Chélif a u Zahrez R h a r b i et à Zuina .

Dans le d jebe l A m o u r e t l es m o n t s des Ouled Naïl, le ca rac tè re

e m b r y o n n a i r e de la t ec ton ique es t p a r t i c u l i è r e m e n t mani fes te et ce

cachet s 'accuse encore dans les co teaux d u Zab occ identa l qu i for­

m e n t le r e d a n su ivan t d e l 'Atlas p r é s a h a r i e n a u Sud d u Hodna . Au

mil ieu des cha înes p r é s a h a r i e n n e s a lgé ro i ses d o m i n e n t des r ides

g é n é r a l e m e n t an t i c l ina le s et p l u s o u m o i n s cour tes , de d i rec t ion S.

O. -N. E . , à n o y a u suré levé en d ô m e , et des s y n c l i n a u x le p l u s s o u ­

ven t dép r imés , a y a n t de m ê m e leurs c e n t r e s su rba i s sés en cuve t te .

Vers le Sud et le Sud-Es t de cet te a i r e m o n t a g n e u s e , seuls les an t i ­

c l inaux sont n e t t e m e n t d e s s i n é s : na i s s an t d a n s l a p la te - forme s a h a ­

r i enne , i ls se r e l a y e n t les u n s les a u t r e s .

H a u t Pays constantinois. — Au Centre-Ouest d u p a y s cons tan t i -

no i s , le r é g i m e t a b u l a i r e de la Meseta o rana i se et d u P la t eau s t e p p i q u e

a lgérois se r e t rouve d a n s la p l a t e - f o r m e d u Hodna , don t l a t e r m i ­

na i son o r i en t a l e est m a r q u é e p a r les a t t e r r i s s e m e n t s d u chot t de

m ê m e n o m .

S u r l ' a l i g n e m e n t d u Hodna n ' ex i s t en t p l u s d a n s le Centre-Est d u

p a y s cons tan t inois q u e des Hautes P la ines peu é t e n d u e s , coupées

de c h a î n o n s i n t e r m é d i a i r e s t r a n s v e r s a u x . Ceux-ci, q u i dé r iven t des

m o n t s de Batna , a u Nord-Ouest de l 'Aurès , sont l ' amorce a t t énuée

des r ides qu i r e c o u p e n t p l u s à l 'Est le Haut Pays cen t ra l de l a Régence

en d o n n a n t naissance à l a Dorsale t u n i s i e n n e ; ainsi se t r o u v e r e p r o ­

dui te d a n s l a Berbé r i e o r ien ta le l a disposi t ion ca rac té r i s t ique des

l ignes de reliefs du Maroc, où le Moyen Atlas , p r o l o n g e a n t les Dje-

b i le t , se dé t ache d u faisceau O. -E . des m o n t a g n e s m o g h r e b i n e s

m é r i d i o n a l e s p o u r s ' i n s inue r su ivan t des axes S. O. -N. E. , e n t r e les

Mesetas m a r o c a i n e et o rana i se , avan t de r e p r e n d r e u n e d i rec t ion 0. -

E. dans l 'Atlas te l l ien m é r i d i o n a l . En fait, l ' en semble d e s c h a î n e s

i n t e r m é d i a i r e s des Hautes P la ines d e l a Numid ie o r i en ta l e e, la

Dorsale tun i s i enne , se d resse de m ê m e en t r e le Hodna , ex t r émi t é est

d u Horst a lgé r i en , et la r é g i o n t abu l a i r e des O u e r g u e m a , m a r g e n o r d -

est e x t r ê m e du S a h a r a .

C'est dans les Hautes P la ines de Numid ie , dans l a Tunisie cen t ra l e

et la Dorsale tun i s i enne que l a c o u v e r t u r e mésozoïque e t cénozo ïque

d u b loc h e r c y n i e n de la Berbé r i e m é d i a n e acqu i e r t son m a x i m u m GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER. 6

Page 82: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

70 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

d 'épa i sseur et en m ê m e t emps parfois u n facies de m e r p rofonde .

Cette zone d e p l u s g r a n d e act ivi té de la séd imen ta t ion p o s t p a l é o -

zo ïque s'est ainsi t rouvée p a r t i c u l i è r e m e n t favorable à l a fo rma t ion

des p l i s s emen t s ; ceux-ci se sont t r adu i t s en surface p a r u n r é g i m e de

b r a c h y a n t i c l i n a u x et de b rachysync l inaux . Le r accourc i s semen t des

accidents s u b e m b r y o n n a i r e s de l 'Atlas p r é s a h a r i e n est d ' a i l l eurs

d ' au t an t p l u s m a r q u é dans la Dorsale t un i s i enne , qu 'es t p l u s accen­

tuée l ' inflexion de cet te cha îne ve r s le Nord .

Les é l émen t s t e c ton iques les p l u s r e m a r q u a b l e s des t r ansve r sa l e s

i n t e r m é d i a i r e s , d a n s les Hautes P la ines de Numid ie , sont les cha înons

des Ouled Abd en Nour, l a C h e b k a des Sel laoua et les mon t s d u Mel­

l è g u e . Les cha înons des Ouled A b d en Nour , découpés p a r des c a s ­

sures et des flexures d a n s u n anc ien p l a t eau ca lca i re , p r é sen t en t des

dômes en p a r t i e effondrés et des cuvet tes en relief, les u n s e t les

au t r e s c o r r e s p o n d a n t à des ondu la t ions p r é s a h a r i e n n e s a t t énuées . Un

faisceau d e plis i m b r i q u é s , déversés au Sud-Est , est déve loppé p l u s à

l 'Est dans la C h e b k a des Sel laoua, où se sont succédé les p h a s e s

des p l i s sements l u t é t i ens , aqu i t an i ens et pos tv indobon iens . Dans les

m o n t s d u Mel lègue , le d ô m e de l 'Ouenza , r i c h e m e n t m i n é r a l i s é en

fer, est p a r t i e l l e m e n t r e c o u v e r t p a r du Trias .

L 'Aurès , q u i c o r r e s p o n d à u n e a i re de su ré léva t ion t r ansve r sa le

de l 'Atlas p r é saha r i en , est fo rmé p a r u n faisceau a m y g d a l o ï d e , q u e

l 'érosion a p e u p r o f o n d é m e n t a t t aqué et don t les n o y a u x an t i c l inaux

sont const i tués p a r d u Crétacé infér ieur . Le Trias n'affleure d a n s

l ' i n t é r i eu r d u massif q u e su r le r eve r s sud d u Chelia, le po in t cu lmi ­

n a n t de tou te l 'Algér ie ; d ' a u t r e s l a m b e a u x de Tr ias se t r ouven t , il

est v r a i , e n d ivers po in t s de l a p é r i p h é r i e d u massif. Les p l i s sements

u l t imes qu i ont d o n n é naissance aux d is locat ions de l 'Aurès d a t e n t

de l a p h a s e a l p i n e . Au Nord-Es t de ce massif m o n t a g n e u x et au S u d

d u Mellègue, dans les m o n t s de Tébessa , s ' ind iv idua l i sen t des

cuve t tes e l l ip t iques , formées d 'Éocène in fé r ieur et a l l ongées d u

Sud-Ouest au Nord -Es t ; q u e l q u e s d ô m e s de Crétacé infér ieur existent

encore ici, c o m m e p lus a u Nord, tou jour s pa r t i e l l emen t d 'a i l leurs

recouver t s p a r d u Trias . Enfin, a u Sud-Est , d a n s les m o n t s de Né-

g r ine , les acc iden ts t ec ton iques p r é p o n d é r a n t s sont assez a l l o n g é s ;

ils cons t i tuen t des b r a c h y a n t i c l i n a u x et des b r a c h y s y n c l i n a u x dyss i -

m é t r i q u e s à flanc sud p lus r a ide que le r eve r s n o r d et à o r ien ta t ion

p r e s q u e pa ra l l è l e à l ' é q u a t e u r .

Page 83: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 71

Tunis ie c en t r a l e et mér id iona le . — Dans l a Tunis ie cen t ra l e

p r é d o m i n e encore le r é g i m e des dômes et d e s c u v e t t e s : au mi l i eu

des d ô m e s , p r i n c i p a l e m e n t formés de ca lca i res a p t i e n s , se r encon­

t ren t f r é q u e m m e n t des g i sements mé ta l l i ques , fer, p l o m b (Djerissa,

S la ta , etc. ); les cuve t tes de l e u r côté c o r r e s p o n d e n t souvent à des reliefs

de ca lca i res lu té t i ens offrant à l eu r b a s e u n n i v e a u de p h o s p h a t e s

ac t ivement exploi tés (Kalaat es S e n a m , Kalaa Djerda). La br iève té

des pl is te r t ia i res S. O. -N. E. de cette r é g i o n est en r a p p o r t avec

l ' impor t ance des acc idents t r ansve r saux , sans d o u t e eux-mêmes en

re la t ion avec des dis locat ions d ' âge pa léozo ïque d u s u b s t r a t u m .

D 'aut re p a r t , ve r s le Nord-Est , s 'observe u n e t e n d a n c e a u g r o u p e m e n t

des a l ignemen t s tec toniques en u n e v i rga t ion p r inc ipa l e , l a Dorsale

t un i s i enne .

La Tunis ie mér id iona le fait vo i r le pa s sage g r a d u e l d u r é g i m e des

dômes et des cuvet tes a u dispositif, p l u s r é p a n d u d a n s les cha înes

p r é s a h a r i e n n e s , des b r a c h y a n t i c l i n a u x e t des b r a c h y s y n c l i n a u x .

C'est dans de tels b r a c h y a n t i c l i n a u x à g a l b e p a r a b o l i q u e , que se

t rouven t sur tou t les g r a n d e s masses de p h o s p h a t e s de Redeyef,

Metlaoui, Meheri, Zebbeus , e t c . . . S u r l es b o r d s de ces p l i s cour t s , à

p l o n g e m e n t pé r i c l ina l et à noyau c ré t acé , l e s zones syncl ina les p h o s ­

p h a t é e s i n t e r m é d i a i r e s sont parfois (Sehib) h a c h u r é e s en écail les.

Généra l emen t l ' a r ch i t ec tu re s u b t a b u l a i r e d u pays favorise l ' exploi ­

ta t ion des p h o s p h a t e s . C'est a u Pon t i en q u e s 'est p r o d u i t e la p h a s e

p r i n c i p a l e des p l i s semen t s de l 'Atlas tun is ien , q u i a p p a r a î t a ins i

c o m m e p lu tô t j e u n e , p a r r a p p o r t à l ' ensemble de l 'Atlas p r é s a h a r i e n

d 'Algér ie , a u q u e l il fait sui te vers l 'Est . Le m ê m e r e d r e s s e m e n t vers

le Nord-Nord-Est , q u i affecte la t e r m i n a i s o n de la Dorsale tun i s ienne ,

se mani fes te d a n s la Tunisie m é r i d i o n a l e avec une or ien ta t ion fran­

c h e m e n t m é r i d i e n n e au Sidi Kralif, a u Nasser Al lah , a u Zebbeus ,

c o m m e si , p o u r cet te zone m a r g i n a l e es t d e l 'Atlas, il y avai t eu

s i m p l e m e n t su r impos i t ion g é o g r a p h i q u e d e s d is locat ions te r t i a i res

aux acc idents pa léozoïques .

P lus à l 'Or ient , en effet, le r é g i m e tectonique c h a n g e t rès sensible­

m e n t , a insi q u e j e l 'a i i n d i q u é dans mes é t u d e s a n t é r i e u r e s . Le

Sud-Est tunis ien est essent ie l lement un p a y s d ' a i r e s ant ic l ina les et

sync l ina les , fe rmées p a r le p l o n g e m e n t pér ic l ina l des assises qu 'e l les

affectent. Ces é l émen t s tec toniques de fo rmat dé jà no t ab l e d 'El Djem

à Tozeur , dev i ennen t t r ès é t endus au cho t t Fedjedj et acqu iè ren t

Page 84: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

72 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

u n e expans ion ind iv idue l l e cons idé rab l e d a n s la Pet i te Syr te , le

Nefzaoua et les O u e r g u e m a . L ' a l l ongemen t de ces acc idents , p a r a l -

l é l i que v e r s Tozeur , devient O. S. O. -E. N. E. vers Gabès et Ksar

Matmata . En fait, il s ' agi t en tous ces de rn i e r s po in t s , d e la repr i se

d ' u n ma té r i e l anc ien p a r des pl is à g r a n d r a y o n de c o u r b u r e : l ' a i re

an t i c l ina le p a r a l l é l i q u e du Fedjedj r e m a n i e p a r exemple u n e sér ie de

d i s loca t ions locales d 'o r i en ta t ion S. O. -N. E.

L 'Oue rguema re s semble t e c ton iquemen t à l 'Edough , ces deux

massifs anc i ens e n c a d r a n t l ' en semble des pl is t u n i s i e n s : le r e b r o u s -

s e m e n t vers le Nord de l ' an t i c l ina l Sidi Kralif, Nasser Allah, Z e b b e u s ,

co r respond s y m é t r i q u e m e n t a u r e d r e s s e m e n t de l 'axe Kroumi r i e -

Galite et a c e r t a i n e m e n t l a m ê m e cause t ec ton ique o r ig ine l l e .

Le b o m b e m e n t de l ' O u e r g u e m a , q u i a m è n e au j o u r u n si vaste

aff leurement t r i a s i q u e est d ' a u t r e p a r t c o m p a r a b l e aux g r a n d s dômes

t r i as iques d u Nord-Ouest tun is ien , de l 'Ouenza à Bizerte . De m ê m e

q u e ces d e r n i e r s sont r e l a t i vemen t p e u éloignés des Kabylies

(Edough) , de m ê m e le p r e m i e r se t r o u v e vers la b o r d u r e d u Saha ra .

A p a r t i r de t ou t e s ces r é g i o n s t r i a s iques , p lus on se r a p p r o c h e de

l 'Atlas tun i s ien cen t ra l , p l u s l es b o m b e m e n t s an t i c l i naux sont n o m ­

b r e u x et p a r c o m p e n s a t i o n de surface r édu i t e ( région des K a l a a s ) : il

y a donc u n r a p p o r t i n v e r s e m e n t p r o p o r t i o n n e l en t r e l ' a m p l e u r

superf ic ie l le des acc idents tec toniques et l e u r é l o i g n e m e n t des massifs

anc i ens . La Tunis ie m o y e n n e et le Centre-Est cons tan t ino is , q u i sont

p a r excel lence les r é g i o n s de plis cou r t s de la Berbér ie , se t r o u v e n t

ê t r e aussi les cont rées les p l u s i m p o r t a n t e s de l 'Afr ique d u Nord au

po in t d e vue m i n i e r .

La t e n d a n c e ac tue l le de M. So l ignac , sous l ' inf luence des d e r n i è r e s

op in ions émises p a r P. Te rmie r , est de voi r dans la Tunisie essentiel­

l e m e n t u n p a y s de dômes de sel et d 'en exp l iquer p a r ce t te seule

cons idéra t ion tou tes les s i n g u l a r i t é s s t r u c t u r a l e s . Or, l 'o rogénie de

la Régence se l ie i n t i m e m e n t , c o m m e on l 'a v u , à celle de l 'Est

cons tan t ino is . En t e n a n t compte des ca rac tè res géo logiques de cet te

d e r n i è r e con t rée , l a concep t ion t ec ton ique tun i s i enne a été é t e n d u e

r é c e m m e n t à tou te l ' A l g é r i e : une tel le no t ion est p a r exemple à la

base de l ' i n t e rp ré t a t i on g é n é r a l e donnée tout d e r n i è r e m e n t p a r J. Sa-

vorn in de la t ec ton ique a n o r m a l e d u Tr ias de la Berbér ie c e n t r a l e ,

qui est, d i t - i l , u n e t ec ton ique de sel .

Pour m a pa r t , j e pense q u e les concept ions déve loppées a u j o u r d ' h u i

Page 85: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 73

p a r M. Sol ignac et p r é c é d e m m e n t p a r J. Savorn in p e u v e n t ê t r e

p a r t i e l l e m e n t adop t ée s , mais n e do iven t c e p e n d a n t p a s ê t r e g é n é ­

ralisées à toute l 'Algér ie -Tunis ie . Je crois , e n effet, q u e s u r l ' e n s e m b l e

d u t e r r i to i r e tun is ien , s u r t o u t a u Nord-Oues t et au Sud-Est , le Tr ias

se p résen te , p a r sui te de l ' é t endue de ses af f leurements , c o m m e le

t e r r a i n j o u a n t le rô le le p l u s r e m a r q u a b l e dans l ' a l l u re des s t ra tes

d u sous-sol ; i l en est é v i d e m m e n t d e m ê m e d a n s le Centre-Est et

le Sud-Est cons tan t ino i s . Mais dé jà ce sys tème géo log ique es t m o i n s

déve loppé superf ic ie l lement d a n s le res te d e l a Berbé r i e m é d i a n e .

Si l 'Algér ie-Tunis ie , ou d u moins l a zone des Hauts P l a t eaux a l g é ­

r i ens , le bas S a h a r a constant inois , la Tunisie m é r i d i o n a l e e t o r ien ta le

sont b i en p a r excel lence des pays d e cho t t s , d e lacs sa lés , c e p e n ­

d a n t il s 'en faut que p a r t o u t s'y r e n c o n t r e n t d e s m o n t a g n e s de s e l :

celles-ci son t , en effet, local isées d a n s les r é g i o n s d u S u d , d e p u i s le

d j ebe l Hadifa, à l 'Ouest de Gabès j u s q u ' a u d jebe l Melah d 'El At ta t ich

aux env i rons de F igu ig . Par c o n s é q u e n t le rô le de p r e m i e r o r d r e

dévolu à la t e c ton ique du sel d a n s ce r ta ines c o n c e p t i o n s r écen te s , n e

s au ra i t ê t re admis i n t é g r a l e m e n t que p o u r les t e r r i t o i r e s a l g é r o -

tunis iens d é p e n d a n t d i r e c t e m e n t ou i n d i r e c t e m e n t de l 'Atlas p r é s a h a ­

rien (de la m a r g e sud de la Meseta e t d u b o r d est de l a Kroumir ie

au S a h a r a ) : l a tec tonique d u sel n 'es t fondamen ta l e en Berbér ie

q u e l à où d o m i n e le r é g i m e de l ' o rogénèse e m b r y o n n a i r e . Cette

de rn i è r e affecte s i m p l e m e n t la c o u v e r t u r e p l u t ô t peu épaisse d ' u n

m a t é r i e l h e r c y n i e n , d o n t le sou lèvemen t d u Haut Atlas m a r o c a i n

p e r m e t de déce le r la s t r u c t u r e p r o f o n d e : i l est assez n a t u r e l dès lors

q u e le t e r r a in i m m é d i a t e m e n t p o s t h e r c y n i e n , le Tr ia s , j o u e u n

rô le cons idé rab le dans la t e c ton ique des cha înes p r é s a h a r i e n n e s .

V. RÉSUMÉ PALÉOGRAPHIQUE ET TECTONIQUE

Les plus anciennes formations géologiques de l 'Algér ie-Tunis ie

sont , c o m m e il a é té dit ci-dessus, des t e r ra ins cr is ta l l ins (sér ies x et

X de la ca r te géo log ique de l 'Algér ie) , qu i aff leurent a u Nord d a n s

les massifs kaby l e s et a u Sud d a n s l 'Adra r Ahne t , le Hogga r , l 'Adra r

des Iforas, e t c . . . Dans l 'Atlas ce s u b s t r a t u m cr i s ta l lophyl l i en n ' e s t

ce r t a inement pas t rès p ro fondémen t enfoui , c a r des r o c h e s qu i lu i

ont é té emprun tée s sont r a m e n é e s t e c t o n i q u e m e n t u n peu p a r t o u t a u

mi l ieu d 'a f f leurements t r i a s iques . Ce vieux socle de la Berbé r i e et d u

Page 86: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

74 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

S a h a r a a été affecté p a r des p l i s sements s u b m é r i d i e n s plus ou moins

synchron iques de nos dislocations précambriennes: ainsi on t pr i s

na issance les Saha r ides p é n é p l a i n é e s et les Kabyl ides , r a j eun ies

d e p u i s p a r d ' a u t r e s m o u v e m e n t s t ec ton iques .

Fo r t emen t d é g r a d é e s a u Cambrien e t à l 'Ordovicien, ces r ides

con t inen ta les on t été s u b m e r g é e s p a r la su i t e , au cou r s de la t r ans ­

g ress ion d u Silurien supérieur (Goth landien à Grapto l i thes) ; celle-ci,

r e c o n n u e des env i rons de Djidjelli à la r ég ion de Colomb-Béchar et

aux Tassilis de la b o r d u r e n o r d d u H o g g a r , a sans dou te s u b m e r g é

tou te la Berbér ie , où el le est r e p r é s e n t é e , en Oranie , p a r des schis tes

g é n é r a l e m e n t non fossilifères (série S de l a ca r t e g é o l o g i q u e d 'Al­

gé r i e ) .

Le Dévonien fo rmé de g r è s et de ca lca i res fossilifères en Kabylie

( c o m m e le Goth landien) a ses facies dé t r i t iques ou récifaux liés à la

su r r ec t ion des p l i s sements dé t e rminés p a r des m o u v e m e n t s sens ib le ­

m e n t c o n t e m p o r a i n s de la phase ca l édon ienne de l 'Europe sep ten ­

t r i o n a l e : l a t race de dis locat ions de cet âge a, en effet, été re levée

en Kabylie et aussi d a n s l a Meseta m a r o c a i n e .

Les dépôts carbonifères et permiens i n t i m e m e n t liés s t r a t i g r a p h i -

q u e m e n t , sont local isés d a n s le Nord de l 'Algér ie -Tunis ie , à l ' ex té r ieur

des massifs k a b y l e s , dans la Chaîne n u m i d i q u e et le D j u r d j u r a ; ils se

r e t r o u v e n t dans l 'Atlas de Miliana (Chenoua), le Sahe l d 'Oran et les

T r a r a s , puis d a n s la Meseta o rana i se , vers Sa ïda , d a n s la Tunisie n o r d -

occ identa le , dans l ' ex t rême Sud d u te r r i to i re de la Régence , c o m m e

dans celui de l 'Oranie .

C'est s e u l e m e n t à l a surface de cette de rn i è r e r é g i o n q u e ces

t e r r a in s font p a r t i e d ' u n ensemb le anc ien n e t t e m e n t pl issé . Les cha înes

de m o n t a g n e s pa léozoïques de la Zousfana, du Guir et de la

Saou ra se sont édifiées su r l ' e m p l a c e m e n t d ' u n anc ien sillon m a r i n

subgéosync l ina l dévon ien -d inan t i en , d e d i rec t ion S. E. -N. O. qu i

s 'avançai t en conse rvan t l a m ê m e or ien ta t ion j u s q u e dans le Maroc

cen t r a l .

C e r t a i n e m e n t les mouvements tectoniques hercyniens q u i ont

d o n n é na i s sance in i t i a l emen t aux cha înes de m o n t a g n e s d 'Ouga r t a ,

du mass i f cen t r a l d u Haut-Atlas m a r o c a i n , des Djebilet (Marokkides

ou Alta ïdes no rd -a f r i ca ine s ) , se sont r é p e r c u t é s d a n s tou te l 'Algér ie-

Tunis ie , c o m m e en t é m o i g n e n t l a fo rmat ion de chenaux h o u i l l e r s , le

ca rac tè re g r o s s i è r e m e n t d é t r i t i q u e de dépô t s r o u g e s (cong loméra t s )

Page 87: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 75

e t l ' a ccumula t i on de sels va r iés , q u i ca rac té r i sen t soit le Carbonifère ,

soit le P e r m i e n , depu i s la zone l i t to ra le des T ra ra s -Ze rdeza , j u s q u ' a u

Hau t -Pays de Saïda , à la m o y e n n e va l l ée de la Medjerda et au t e r r i ­

to i re des O u e r g u e m a de l ' ex t rême S u d tun i s i en . Mais j e c ro is , d ' a p r è s

la fo rme actuel le des aff leurements d e ces t e r r a i n s , q u e l'effort des

poussées t angen t i e l l e s h e r c y n i e n n e s en Algér ie-Tunis ie s'est p lu tô t

t r a d u i t p a r des pl is de fond à g r a n d r a y o n de c o u r b u r e , a y a n t e n t r a î n é

d e s émers ions d e massifs p l u s o u m o i n s a n c i e n s , q u e p a r l 'édifica­

t ion de vé r i t ab l e s cha înes de m o n t a g n e s , n o t a m m e n t d a n s le Sahe l

d 'Alger , en Grande et en Pet i te Kabyl ie , d a n s la Meseta o r a n a i s e , le

Centre-Est cons tan t ino is , la Tunis ie no rd -occ iden ta l e et l ' ex t r ême Sud

tun i s i en .

Le Trias, e s sen t i e l l emen t cons t i tué p a r des a rg i l e s gypso-sa l i fè res ,

p r é s e n t e de ce fait, u n m o d e l é spéc ia l , t r è s f r a p p a n t q u a n d on é tud ie ,

p a r exemple , l ' h y p s o m é t r i e des r o c h e r s d e sel t r i a s iques de l 'Atlas

p r é s a h a r i e n : cette t o p o g r a p h i e si é t r a n g e a eu ses ca rac t è re s de

dé ta i l b i e n mis en l u m i è r e pa r les levés d e E. Gaut ier à Djelfa. Comme

tou tes l es m o n t a g n e s sa l i fères , le d j ebe l Melah s i tué a u Nord de cette

local i té , es t l imi té p a r des falaises i m p o s a n t e s vues de la p l a ine . Les

r a r e s p a r t i e s g y p s e u s e s d u massif, a y a n t mieux résisté que les roches

hya l ines aux a g e n t s de d isso lu t ion , coiffent des p y r a m i d e s de se l .

Dans l a m a s s e d e c h l o r u r e de sod ium, l ' eau a creusé d e s avens et

découpé des pon t s n a t u r e l s , t and i s q u e les a rg i l e s t r i a s iques de l a

b o r d u r e r e t i e n n e n t capt ives les eaux superf ic ie l les . Le p h é n o m è n e

t e c ton ique de l a « m o n t é e d u sel » se sera i t mani fes té pa r le déve­

l o p p e m e n t de b r è c h e s de friction à la b a s e de la couve r tu r e crétacée

du r o c h e r de sel , a ins i que p a r la p r é sence d e n o m b r e u x p l i s so t emen t s

d a n s l a c o u v e r t u r e c ré tacée e l l e - m ê m e .

D'une façon à p e u p r è s cons t an te , sauf su r les confins t r ipo l i t a ins ,

le Tr ias se p r é s e n t e d ' a i l l eu r s d a n s l 'Algér ie -Tunis ie e n s i tuat ion

a n o r m a l e a u con tac t de t e r r a i n s q u e l c o n q u e s . L ' ex t rême p las t ic i té

d u gypse et d u sel q u e r e n f e r m e n t ses a rg i l e s ba r io lées , a p e r m i s

à ce t e r r a i n de s ' i n s inuer p a r t o u t où les p h é n o m è n e s de p l i s s e m e n t s

p o s t é r i e u r s à son dépô t on t a g i fo r t ement s u r les m a s s e s séd imen-

t a i r e s . Il doit a ins i à ses ca rac tè res p é t r o g r a p h i q u e s spéciaux

d 'avoir cons t i tué u n e zone de déco l l emen t d a n s les masses s é d i m e n -

ta i res de l 'At las .

P lus les p o u s s é e s on t é té é n e r g i q u e s , p l u s le déco l l emen t s 'est

Page 88: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

76 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

accusé , se t r a d u i s a n t p a r des d i a p i r s , p a r t i c u l i è r e m e n t dans les

zones de pl is d e fond, où d o m i n e u n r é g i m e de ca s su re s . Un te l t ype

s t r u c t u r a l se m o n t r a p a r l a sui te t r ès favorable à l a m i s e en p lace

de n o m b r e u x g i s e m e n t s m i n i e r s . Je ne p e n s e p a s , c o m m e on l 'a sou­

ven t d i t , qu ' i l y ai t une r e l a t i o n de cause à effet en t re l a proximi té

des p o i n t e m e n t s t r i a s iques et les v e n u e s minéra l i sa t r i ces . Ce voisi­

n a g e est dû s i m p l e m e n t aux effets d ' u n e m ê m e cause , u n peu c o m m e

se p r é s e n t e n t a u j o u r d ' h u i vo lcan i sme et s é i smes dans les rég ions l e s

p l u s r é c e m m e n t pl issées d u g l o b e .

Les zones de l 'Algér ie-Tunis ie où le Tr ias de facies g e r m a n i q u e

n 'affleure pas , n ' o n t c e r t a i n e m e n t pas été recouver tes p a r l e s l a g u n e s

où s'est fo rmé ce t e r r a i n . C'est le cas des massi fs k a b y l e s d u l i t to ra l ,

de l ' E d o u g h p a r e x e m p l e . Il en a été enco re a insi de la Meseta o ra -

n a i s e où à Tifrit, p r è s de Sa ïda , le Lias infér ieur v ient d i r e c t e m e n t

su r le Pa léozoïque . Les Hauts P la teaux et les Hautes P la ines de l 'Algér ie

occ identa le ne furent donc j a m a i s occupées p a r l es eaux s a u m â t r e s

t r i a s iques . De m ê m e dans tout le S a h a r a , y c o m p r i s l a b o r d u r e s e p ­

t en t r i ona l e de cet te con t r ée , d a n s la r ég ion de Co lomb-Béchar , p a r

exemple , le Trias fait défaut p a r sui te é v i d e m m e n t de l ' émers ion du

p a y s à l ' é p o q u e des n a p p e s d ' e a u t r i a s iques . Dans la r é g i o n i n t e r ­

m é d i a i r e , en t r e la Meseta et le S a h a r a , le Trias g e r m a n i q u e existe

d a n s les m o n t s d e s Ksours o r a n a i s , le d j ebe l A m o u r , les m o n t s de

Ouled Naïl . P a r c o n s é q u e n t une l igne de l a g u n e s t r i a s iques se déve ­

loppa i t en t re les Hauts P l a t eaux et le S a h a r a o rano-a lgé ro i s . Ainsi,

dès le Trias , u n e zone de dépress ions se dess ine su r l ' e m p l a c e m e n t

de l 'Atlas p r é s a h a r i e n occ iden t a l ; e l le se r a c c o r d e à la r ég ion des

eaux s a u m â t r e s te l l i ennes p a r u n dé t ro i t e n t r e les pays t a b u l a i r e s de

Sa ïda e t d u Hodna . A l 'Est de cet te d e r n i è r e r é g i o n é m e r g é e ,

s ' é tendent encore des l a g u n e s s u r l ' e m p l a c e m e n t de l ' e n s e m b l e des

Hautes P la ines et de l 'Atlas p r é s a h a r i e n cons tan t ino i s .

Le Jurassique nous offre d ' a b o r d u n e l a rge t r ansg re s s ion de m e r

né r i t i que p ro fonde qu i a t te in t une t rès g r a n d e p a r t i e de l 'Algér ie -

Tunis ie où se s é d i m e n t e n t des c a l c a i r e s . Des régress ions locales

s e m b l e n t se p r o d u i r e ensui te , concomi tan tes sans d o u t e à l ' i nd iv i ­

dua l i s a t i on de fosses.

Au Crétacé, l e si l lon s u b b a t h y a l où s 'é tabl i t le b r a s de m e r a l g é r o -

tun i s ien , voi t s ' individual iser p a r p laces des hau t s - fonds où s 'accu­

m u l e n t des vases ca lca i res récifales et subréci fa les , et a i l leurs des

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ALGÉRIE ET TUNISIE. 11

fosses où se p réc ip i t en t des vases a rg i l euses . Calcaires l ias iques e t

cré tacés d e v i e n d r o n t les l ieux d 'élect ion des p h é n o m è n e s de subs t i ­

tu t ion a y a n t d é t e r m i n é là genèse de la p l u p a r t des g î tes méta l l i fères

a lgé ro - tun i s i ens .

Vers l a l im i t e des t e m p s j u r a s s i q u e s e t c ré tacés , la p h a s e des

plissements subsidiaires ciméro-saxoniens se r é p e r c u t e dans les

Babors , e t c . . . ; ma i s les m o u v e m e n t s o rogén iques de l a g r a n d e

époque t ec ton ique a n d o - p y r é n é o - a l p i n e , qu i ont d o n n é naissance a u

rel ief a c t u e l de l 'Atlas, n ' o n t c o m m e n c é à s ' ébauche r n e t t e m e n t q u ' a u

Crétacé m o y e n (phase and ine ) , sous l a fo rme de reliefs d i scont inus

(Babors , B iban , Bou T h a l e b ) , qu i s 'accusent à la fin des t e m p s c r é ­

t a c é s : ils e n g e n d r e n t a lors des l i gnes de haut - fond qu i i solent l es

chenaux où s ' accumulen t les p h o s p h a t e s .

Avec le Nummulitique, u n i m p o r t a n t c h a n g e m e n t se p r o d u i t dans

la g é o g r a p h i e de l 'Algér ie et de l a Tunis ie . Le Haut -Pays o r ana i s ,

a lgéro is et h o d n é e n est p o u r tou jours é m e r g é . Au Nord, en t re ce pays

con t inen ta l , édifié déf in i t ivement p a r les m o u v e m e n t s p r é é o c è n e s , et

les massifs d u Nord, se c r e u s e u n s i l lon ou c h e n a l m a r i n r e l a t i vemen t

é t ro i t . Celui-ci se p r o l o n g e vers l 'Est, e n t r e les massifs k a b y l e s tou­

j o u r s é m e r g é s et la l a r g e zone d e s hauts - fonds des pays i n t é r i e u r s

cons tan t inois et tun i s iens , où des b a r r e s d é c o u p e n t , d a n s u n e m e r

t rès peu profonde , les c h e n a u x où s ' a ccumulen t les p h o s p h a t e s . P lu s

ces c h e n a u x sont p r o c h e s du l i t to ra l s a h a r i e n , p lus les p h o s p h a t e s

q u i s'y f o r m e n t cons t i tue ron t des r o c h e s r i ches a u po in t de v u e

explo i ta t ion .

Les plissements pyrénéens, qu i agissent é n e r g i q u e m e n t dès le

mi l i eu d u Luté t i en , se c o n t i n u e n t à l 'Éocène supé r i eu r et à l 'Oligo­

cène . La m e r est re fou lée p r o g r e s s i v e m e n t vers la zone te l l i enne à

p a r t i r de l 'Éocène m o y e n ; dès cette d e r n i è r e pé r iode des l agunes à

g y p s e r e m p l a c e n t les eaux à s a lu re n o r m a l e dans le Sud cons tan t i ­

nois e t t un i s i en . A l 'Éocène s u p é r i e u r ces r ég ions sont c o m p l è t e m e n t

é m e r g é e s et la m e r , localisée v e r s le Nord de la con t r ée , envah i t

m ê m e p a r t i e l l e m e n t l es massifs k a b y l e s . Avant la fin de l 'Ol igocène ,

le b r a s de m e r a lgé r i en est r é d u i t à u n c h e n a l occupan t la val lée

ac tue l le d u Chélif et le Sahe l d ' O r a n , t a n d i s q u ' e n Tunis ie , les eaux

océan iques s ' avancen t j u s q u e vers le Centre d u t e r r i t o i r e de la

R é g e n c e . Des chot ts occupen t a lo r s le fond de cuvet tes l imi tées p a r

de vé r i t ab les cha înes de m o n t a g n e s , qu i existaient ainsi dé jà , aussi

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78 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

bien s u r l ' e m p l a c e m e n t de l 'Atlas te l l ien i n t é r i eu r , d a n s les Biban et

à Cons tant ine p a r e x e m p l e , que su r celui de l 'Atlas p r é s a h a r i e n ,

n o t a m m e n t d a n s l 'Aurès . Au d é b u t d u Miocène, à l ' A q u i t a n i e n , l 'exon-

da t ion est à p e u p r è s g é n é r a l e , t é m o i g n a n t de l ' i m p o r t a n c e p r é p o n ­

d é r a n t e en Berbé r i e de l a p h a s e o r o g é n i q u e p y r é n é e n n e .

Le Burdigalien vit l ' é t ab l i s semen t en Algér ie -Tun i s i e de n o u v e a u x

c h e n a u x d 'une mer né r i t ique , coupée de hau t s - fonds et d ' i n n o m b r a b l e s

î les . Bientôt l e s plissements alpins r e fou len t ces c h e n a u x , é t e n d a n t

p lus l a r g e m e n t encore le r é g i m e des îles et des hau t s - fonds , si b i e n

q u ' a u Miocène supérieur il ne res ta i t p lus de m e r en Algér ie que

d a n s la val lée d u Chélif et le Sahel d 'Oran , c o m m e à la fin de l 'Ol igo­

cène . Le r é g i m e des chotts est de n o u v e a u p r é p o n d é r a n t dans l ' i n té ­

r i e u r de l a Berbér ie .

Au Pliocène supérieur et au Quaternaire, la Haute Afrique m i n e u r e

con t inue à ê t r e u n pays d e bass ins fe rmés , isolés de la m e r p a r les

Médi te r rané ides nord-a f r i ca ines (chaînes te l l iennes et p r é s a h a r i e n n e s ) ,

q u ' o n t ra jeun i de ta rd ives oscil lat ions, s u r t o u t d a n s les zones l i t t o ­

ra les a lgéroises et t u n i s i e n n e s . De cet te p h a s e u l t i m e des m o u v e m e n t s

o r o g é n i q u e s a t las iques t é m o i g n e n t , en dehor s de faits s t r a t i g r a -

p h i q u e s , l 'act ivi té vo lcan ique et s é i smique récen te d ' une g r a n d e

p a r t i e de la Berbér ie . Des poussées p o s t h u m e s , qu i ont d é t e r m i n é la

r emi se en m o u v e m e n t locale de ce r ta ins é l é m e n t s c h i m i q u e s de g î t e s

m i n é r a u x , c o n t r i b u è r e n t aussi l a r g e m e n t , en r e n o v a n t l ' é ros ion , à la

c a p t u r e de p lus ieurs bass ins fermés lors d ' u n e é p o q u e r e l a t i vemen t

p r o c h e de la n ô t r e . Aussi le mode lé g é n é r a l de la c o n t r é e n 'a-t-il

pas eu encore le t e m p s de s ' adap te r à ces d e r n i e r s p h é n o m è n e s de

c a p t u r e . Le Haut Pays , où se t r o u v e n t n o t a m m e n t des a c c u m u l a t i o n s

cons idérab les de p h o s p h a t e s et de fer, reste u n mi l i eu c los , vis-à-vis

des voies de p é n é t r a t i o n n a t u r e l l e , d 'où l a difficulté d ' é tab l i s sement

de l ' ensemble d u réseau des voies ferrées . Ainsi s ' exp l ique , en u n e

ce r t a ine m e s u r e , le r e t a r d a p p o r t é à l a mise en v a l eu r d u fer de

l 'Ouenza ou du Bou Kadra , des p h o s p h a t e s du djebel Onk, e tc .

VI. GITES MINÉRAUX1

Géologie minière. — Les gî tes m i n é r a u x ne sont pas u n i f o r m é m e n t

d i s t r ibués sur t ou t le te r r i to i re de l 'Algér ie et de l a Tunis ie . Ils ne

1. Voir les figures 4 à 7.

Page 91: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 79

se r e n c o n t r e n t que dans le Tell de l 'Algér ie occ iden ta le , t and i s qu ' i l s

sont r é p a n d u s dans le Tell et su r les Hauts P la t eaux de l 'Algér ie

or ien ta le . En Tunis ie , i ls se t r o u v e n t p a r t o u t , sauf dans l ' ex t r ême

Sud .

Cette r e m a r q u a b l e d i spers ion g é o g r a p h i q u e se l ie à l 'h i s to i re

géo log ique de l a cont rée . L'Atlas p r é s a h a r i e n et les Hauts P l a t e a u x

o r a n a i s , a l gé ro i s , h o d n é e n , ont é té le t h é â t r e de p h é n o m è n e s d ' é -

mer s ions a u m o i n s par t ie l les , d e p u i s le P e r m i e n : des fo rmat ions

dé t r i t iques , p lus ou moins gross iè res , se sont a c c u m u l é e s en ces pays

p e n d a n t p r e s q u e t o u t e l ' è r e seconda i re et u n e exonda t ion définitive

s'est t rouvée réa l isée ici a u débu t des t e m p s t e r t i a i r e s . P a r l a su i te ,

de faibles poussées o r o g é n i q u e s se sont s e u l e m e n t r é p e r c u t é e s j u s ­

q u ' e n ces r ég ions , y e n t r a î n a n t l a na issance d e pl is e m b r y o n n a i r e s ,

local isés d ' a i l l eurs dans les c o m p a r t i m e n t s des m o n t s des Ksours,

d u djebel A m o u r et des m o n t a g n e s des Ouled Naïl. Ce n ' e s t donc pas

le S a h a r a don t la pous sée a e n g e n d r é l 'At las , ma i s b i e n p l u t ô t les

Kabyl ies et le massif bé t ico- r i fa in don t la cont re -poussée a d o n n é

na issance aux r ides a l g é r o - t u n i s i e n n e s . Dans la masse séd imen ta i r e

des c h a î n o n s p r é s a h a r i e n s , l 'oppos i t ion es t mani fes te e n t r e le peu

d ' a m p l i t u d e des ondu l a t i ons t ec ton iques affectant le Ju ra s s ique , le

Crétacé , le N u m m u l i t i q u e , et l ' accen tua t ion re la t ive des p h é n o m è n e s

o rogén iques qu i on t en t r a îné l ' ascens ion d u Tr ias j u s q u ' a u contact

d e l ' un de ces t e r r a i n s d ' a i l l eu r s p r e s q u e p a r t o u t f a ib lement plissés.

Le m o u v e m e n t t a n g e n t i e l , o r ig ine p r e m i è r e de l 'Atlas, s 'est a insi

p r o p a g é en s ' a t t énuan t du fond ve r s la sur face des c o m p a r t i m e n t s

i n t é r i e u r s de la Be rbé r i e ; l ' en foncemen t d u bouc l i e r s a h a r i e n , sous

la zone mésozoïco-cénozoïque de l 'Algér ie-Tunis ie a, p a r conséquen t ,

é té l a cause p r e m i è r e des p l i s semen t s no rd -a f r i c a in s . Le passage

d u S a h a r a s u r l a Be rbé r i e n ' a c e r t a i n e m e n t p a s e u l ieu c o m m e en

ava i t émis l ' h y p o t h è s e E. A r g a n d .

Les v a g u e s en r e t o u r , géné ra t r i ce s des r ides a t l as iques , ont con ­

t inué à j o u e r t r ès t a r d i v e m e n t ; l e u r act ivi té u l t i m e , p a r r a p p o r t aux

p a r o x y s m e s p y r é n é o - a l p i n s , a é té b e a u c o u p p l u s accusée et s'est

fait sent i r b i en p l u s l o n g t e m p s ici q u e d a n s la p l u p a r t des au t r e s

r é g i o n s m é d i t e r r a n é e n n e s . Aussi l a m i n é r a l i s a t i o n , p h é n o m è n e

concomi tan t des g r a n d s m o u v e m e n t s o r o g é n i q u e s , c h r o n o l o g i q u e ­

m e n t u n p e u a n t é r i e u r a u vo lcan i sme et à l a sé ismici té , a - t -e l le a g i

e n Berbér ie j u s q u ' à u n e é p o q u e tou te p r o c h e de la nô t r e . Souvent ,

Page 92: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

80 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Fig.

4.

— G

isem

ents

min

érau

x (d

épar

tem

ent

d'O

ran)

.

Page 93: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 81

Fig.

5.

— G

isem

ents

min

érau

x (d

épar

tem

ent

d'A

lger

).

Page 94: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

82 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

les a u t e u r s on t mis en r e l a t i o n , d a n s l eurs concept ions t héo r iques ,

l ' o r ig ine des gî tes m i n é r a u x a l g é r o - t u n i s i e n s et les de rn i e r s affaisse­

m e n t s des c o m p a r t i m e n t s m é d i t e r r a n é e n s les p l u s i n t e r n e s . A u n e

tel le i n t e r p r é t a t i o n , p r i s e sous sa forme abso lue , s 'oppose le fait que

les g î tes mé ta l l i f è re s , dans l 'Est cons tan t inois et en Tunisie , se r e n ­

c o n t r e n t auss i b i e n v e r s le Nord q u e d a n s le Cen t re ou le Sud de

ces cont rées , c 'es t -à-di re , t an tô t a u vo i s inage , t an tô t au loin d u

c o m p a r t i m e n t affecté p a r des m o u v e m e n t s de descen te récen t s sous

les eaux de la Médi terranée.

Si les con t r e -poussées p y r é n é o - a l p i n e s des massi fs k a b y l e s et

bét ico-r i fa ins sont envisagées c o m m e le fac teur f o n d a m e n t a l de la

genèse des g i s emen t s min ie r s a l g é r o - t u n i s i e n s , il dev ien t a i sémen t

concevable que l ' expansion de ces g î tes se soit é t e n d u e à tou t l 'Est

cons tan t inois et à la Tunis ie , a lo r s qu 'e l le est res tée local isée, avec

d ' a i l l eu r s u n e a m p l i t u d e t ou t e re la t ive , d a n s le Tell o r a n o - a l g é r o i s .

Les cont re -poussées des Kabylies e t d u Rif, é t an t e l l e s - m ê m e s la

conséquence de l a p rogres s ion d u S a h a r a vers le Nord-Oues t , on t

été d ' a u t a n t p lus vives q u e le bouc l i e r anc ien ava i t son b o r d p l u s

p r o c h e de la zone de d é p a r t d e s v a g u e s en r e tou r . Or le S a h a r a ,

s ' avançan t vers le Nord b i en p l u s lo in sous le sec teur m é r i d i e n de

l a Tunisie q u e sous ce lu i de l 'Oranie , l es v a g u e s en r e t o u r se sont

p r o p a g é e s avec inf in iment p l u s d ' éne rg i e su r le t e r r i t o i r e de la Ré ­

g e n c e et de l 'Est cons tant inois q u ' e n Berbér ie c en t r a l e . La m i n é r a ­

l i sa t ion , p h é n o m è n e p r e s q u e tard i f de l 'act ion t angen t i e l l e p y r é n é o -

a l p i n e , a été ici p a r t i c u l i è r e m e n t act ive l a t é r a l e m e n t (c 'es t -à-dire

sous sa forme g é o g r a p h i q u e ) et aussi ve r t i c a l emen t ( c ' e s t - à -d i r e

du fait de ses man i fes t a t ions d ' in tens i té locale et r ég iona l e ) . Ainsi

s ' expl ique le d é v e l o p p e m e n t si r e m a r q u a b l e des g î t e s métal l i fères

cons tan t ino i s et tun i s iens c o m p a r é à celui d e s g i s e m e n t s de m ê m e

n a t u r e de l 'Oranie ou des p a y s a l g é r o i s .

Pa r u n e b ien cu r i euse co ïnc idence t o p o g r a p h i q u e , la zone de

local isat ion des a m a s p h o s p h a t é s concorde , d a n s u n e ce r t a ine m e ­

s u r e , avec l ' a i re de r é p a r t i t i o n des gî tes m é t a l l i q u e s . Cependan t les

moda l i t é s de genèse de ces deux types de concen t ra t ion de m a t i è r e s

u t i l es , d a n s le sous-sol no rd -a f r i ca in , son t f o n d a m e n t a l e m e n t diffé­

r en te s . La d ispers ion des gî tes méta l l i fè res se lie ici avan t tout aux

dis locat ions t ec ton iques r é c e n t e s . L 'expansion des p h o s p h a t e s est

en r a p p o r t d i rec t avec la p a l é o g é o g r a p h i e d u d é b u t de l ' è re t e r t i a i r e ,

Page 95: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 83

l aque l l e se t r o u v a e l l e - m ê m e sous la d é p e n d a n c e i m m é d i a t e d e s

p r e m i è r e s mani fes ta t ions des p l i s s emen t s p y r é n é o - a l p i n s , à l ' au ro re

des t emps n u m m u l i t i q u e s .

Ce fut s e u l e m e n t d a n s la m e r ép i con t inen ta l e , p r e s q u e sans fond,

des Hauts P l a t eaux cons tant inois e t t un i s i ens q u e des r ides sous-ma­

r ines , e n g e n d r é e s p a r les p l i s s emen t s p r é m o n i t o i r e s de la p h a s e

t e r t i a i re , ont réa l i sé les cond i t ions o c é a n o g r a p h i q u e s p r o p r e s à l a

s éd imen ta t ion de vases suscep t ib le s de deven i r p a r d i a g é n è s e d e

g r a n d s gî tes de p h o s p h a t e . Sans dou te cet te m e r r appe la i t - e l l e p a r

ce r t a ins t r a i t s l a m e r du Nord ou le b a n c de Ter re -Neuve ac tue l .

Dans le chena l te l l ien o r a n o - a l g é r o i s ou d a n s l a h a u t e m e r d u

Nord-cons tant inois et t un i s i en , les c o u r a n t s et les condi t ions de vie

des o rgan i smes n e favor isèrent p o i n t a lo rs l ' accumula t ion de dépô t s

né r i t i ques capab l e s d ' e n g e n d r e r p a r la su i te des p h o s p a t e s r i ches .

Il faut r e m a r q u e r p o u r t a n t q u e des roches p h o s p h a t é e s existent à

p e u p rès p a r t o u t en Algér ie-Tunis ie , a u n i v e a u de l 'Éocène le p l u s

in fér ieur (Paléocène) . Mais seules l es fo rma t ions des Hauts P l a t eaux

de Sétif, de Tébessa, de Gafsa et des Kalaas tun i s i ennes se sont

t rouvées p lacées dans des condi t ions d ' en r i ch i s semen t sa t i s fa i san tes ,

t a n t p a r l eu r s ca rac tè res o r ig ine l s que p a r l es condi t ions de l e u r s

modificat ions p é t r o g r a p h i q u e s successives a u cours des pé r iodes

géo log iques .

Ainsi, ce sont tou jours les ac t ions t ec ton iques p y r é n é o - a l p i n e s ,

qu i , p a r l e u r loca l i sa t ion in i t i a le , on t j o u é le rô le f o n d a m e n t a l d a n s

l a genèse des g i semen t s de p h o s p h a t e s c o m m e d a n s cel le des g î tes

mé ta l l iques . Mais dans le p r e m i e r cas c'est la p h a s e p r é m o n i t o i r e d e s

m o u v e m e n t s o r o g é n i q u e s qu i a exercé u n e ac t ion p r é p o n d é r a n t e

et d a n s le second, au con t r a i r e , c 'est u n ép isode p o s t h u m e qu i a

été la cause d é t e r m i n a n t e de l ' en r i ch i s semen t d ' une p a r t i e d u s o u s -

sol a lgé ro - tun i s i en .

D 'aut re p a r t , e n Berbér ie cen t r a l e et o r ien ta le , c o m m e nous l ' avons

vu , l a p h a s e h e r c y n i e n n e n ' a p a s e u , d ' u n e façon g é n é r a l e , u n e

g r a n d e a m p l e u r de déve loppemen t , t and i s qu 'e l l e s e m b l e avo i r é té

b i e n p l u s accusée a u Maroc a t l a n t i q u e et o r i en t a l , c o m m e à la bo r ­

d u r e d u S a h a r a , dans l ' ex t rême Sud o rana i s . Du m o i n s es t -ce seu­

l e m e n t en ces con t rées q u ' o n t été j u s q u ' à ce j o u r r e p é r é s des g i s e ­

m e n t s no tab les de combus t ib l e s so l ides , à D je r ada , au Sud d 'Oudjda ,

e t à Kenadsa, à l 'Ouest de Colomb-Béchar . Il est poss ib le d ' a i l l eu r s

Page 96: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

81 GÉOLOGIE ET MINES DE LÀ FRANCE D'OUTRE-MER.

q u e ces zones houi l l è res se p r o l o n g e n t vers le Levant , d a n s le sous -

sol de l 'Oranie cen t r a l e , c o m m e vers le Couchan t d a n s ce lu i du

Tafilalet. Mais, d ' u n e façon g é n é r a l e , l ' a rch i t ec tu re du c o m p a r t i m e n t

a lgé ro - tun i s i en p a r a î t ê t r e su r t ou t le fait de m o u v e m e n t s h u r o n i e n s -

ca lédoniens et p y r é n é o - a l p i n s . Ces con t r ées n e se p résen ten t donc

pas d a n s des condi t ions favorables à u n d é v e l o p p e m e n t i n d u s t r i e l

basé s u r l 'exis tence d ' i m p o r t a n t s g î tes de c h a r b o n , à l a m a n i è r e

d o n t on concevai t l ' économie g é n é r a l e a u siècle d e r n i e r .

De nos j o u r s , i l est v ra i , les combus t ib les l i qu ides et l e s chutes

d ' eau t e n d e n t à se subs t i t ue r de p lus en p lus a u c h a r b o n c o m m e

g é n é r a t e u r s d ' énerg ie util isés p a r des civil isat ions m o d e r n e s . Dans

ces deux d o m a i n e s encore , l 'Algér ie et la Tunisie ne para i ssen t ,

m a l h e u r e u s e m e n t , p a s t rès b i en do tées . Les chu te s d ' eau , p o u r ê t re

i m p o r t a n t e s , exigent u n e g r a n d e h u m i d i t é de l ' a t m o s p h è r e et

l 'existence de h a u t e s m o n t a g n e s , condi t ions g é o g r a p h i q u e s réa l i sées

d a n s le Maroc a t l a n t i q u e , ma i s n o n a u Maroc o r ien ta l , ni en Oranie .

P o u r t a n t , en se d é p l a ç a n t de l 'Ouest ve r s l 'Est, d a n s le Nord de

l 'Algér ie-Tunis ie , les c i rcons tances dev iennen t r e l a t i v e m e n t de moins

en m o i n s défavorab les au point de vue des chu tes d ' e au .

Quan t au pé t ro le , la local isa t ion poss ib le de ses accumula t ions

diffère q u e l q u e p e u de celle des gî tes méta l l i fères o u des p h o s p h a t e s .

Si des su in temen t s se r e n c o n t r e n t d a n s l a Tunisie sep ten t r iona le et

c en t r a l e , ainsi que d a n s l a zone m o y e n n e de l 'Est cons tan t ino i s , c'est

s e u l e m e n t dans le Nord o r a n o - a l g é r o i s q u e des exploi ta t ions d ' h y d r o ­

c a r b u r e s l iqu ides ont t rouvé m a t i è r e à q u e l q u e act ivi té , t r è s modes te

d 'a i l l eurs , d ' i n t é rê t p u r e m e n t local et sans r épe rcuss ion possible

s u r le d é v e l o p p e m e n t o r g a n i q u e de l 'Algér ie-Tunis ie .

Les mine ra i s doivent donc , faute de sources d ' éne rg i e n a t i o n a l e ,

ê t r e t r a n s p o r t é s en d e h o r s d u t e r r i to i re p o u r ê t re t ra i tés . D 'aut re

p a r t , l a maî t r i se q u ' e x e r c e , en m a t i è r e d e p h o s p h a t e , l 'Afrique d u

Nord f rança ise , d a n s l 'Ancien Monde, fait e ssen t ie l l ement de cette

roche u n e m a r c h a n d i s e d ' expor t a t ion , l a c o n s o m m a t i o n locale n e

p o u v a n t ê t re env isagée q u e c o m m e u n a d j u v a n t vis-à-vis de la

d e m a n d e m o n d i a l e . Aussi, l a cons t ruc t ion de c h e m i n s de fer m i n i e r s

domine- t -e l le depuis b ien des a n n é e s dé jà la po l i t ique commerc i a l e

nord-af r ica ine . L 'extension d u réseau fer rovia i re r e n c o n t r e , en

Berbér ie c e n t r a l e , u n obstacle i m p o r t a n t dans l ' a l l u r e de l ' o r i en ta t ion

des zones de p l i ssements , qu i cou ren t p a r a l l è l e m e n t au l i t to ra l m é d i -

Page 97: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 85

t e r r anéen . Les l ignes d i rec t r ices de l ' o r o g r a p h i e sont m o i n s accusées

en Tunisie q u ' e n Algér ie , ma i s l e u r d isposi t ion g é n é r a l e p r é s e n t e

cependan t cer ta ines ana log ies avec le s c h é m a d ' e n s e m b l e du rel ief

a lgé r i en , d a n s la Régence v is -à-v is de l a Méditerranée o r ien ta le ,

dans la Be rbé r i e p a r r a p p o r t à la Médi ter ranée occ identa le . L 'a l lure

g é n é r a l e des chaînes de l 'Atlas a d ' a i l l eurs é té d é t e r m i n é e p a r u n e

sorte de m o u v e m e n t de chasse ve r s le S a h a r a des massifs anc iens

p a r t i e l l e m e n t affaissés sous la M é s o g é e : a ins i , la t e c ton ique p y r é n é o -

a lp inc domine encore à ce po in t de vue les condi t ions du dévelop

p e m e n t économique de l 'Afrique du Nord .

P lomb et Zinc. — Les g i semen t s p r i n c i p a u x de p l o m b et de zinc

d 'Algér ie-Tunis ie sont r é p a n d u s depu i s le Tell i n t é r i e u r a lgé ro i s

j u s q u ' à la Tunis ie c e n t r a l e : i ls sont t r è s n o m b r e u x et que lques -uns

d ' en t re eux, ceux qu i on t fourni le t o n n a g e le p l u s élevé ou ceux

qu i sont exploi tés depu i s le p l u s l o n g t e m p s , seront seuls env i sagés

c i -après . Les g î t e s t r ès p o l y m o r p h e s d u Nador et d u Kef Oum T h e b o u l ,

b i e n qu ' i l s a ient fourn i u n e p ropor t i on i m p o r t a n t e de zinc et de

p l o m b , seront é tud iés avec les mines d ' an t imo ine et de cu iv re , en

m ê m e t e m p s que l ' a m a s moins complexe d 'Aïn Ba rba r .

Dans l 'Ouarsenis , à 55 k i lomè t re s a u Sud d 'Or léans ville, des a m a s

i r r é g u l i e r s de smi thsoni te s 'observent le l o n g de f rac tures de ca lca i res

b a s i q u e s , ces a m a s p a s s a n t à d e s i m p r é g n a t i o n s de b l e n d e d a n s l a

masse ca lca i re . L ' abondance des oxydes de fer d o n n e ap rès t r i age et

l a v a g e un i m p o r t a n t r é s i d u de t e r res p a u v r e s , s tockées su r le c a r r eau

de la m i n e et p o u r l esque l les ont été env i sagés d ivers p rocédés d ' en r i ­

c h i s s e m e n t . La mine de l 'Ouarsen is , exploi tée depu i s 40 a n s , a

fou rn i 193 . 000 tonnes de m i n e r a i , don t 6. 500 tonnes en 1928 c o m p r e ­

n a n t su r tou t du z inc .

A Sakamody, d a n s l 'Atlas de Blida, 5 f rac tures N. 25° E. son t

r empl ies p a r des filons de b l e n d e q u ' a c c o m p a g n e u n peu de g a l è n e ;

ces filons se l ien t ve r s les aff leurements à des a m a s de smi thsoni te .

133. 000 t o n n e s , c o m p r e n a n t su r tou t d u zinc, on t été re t i rées de

ce g i s emen t s m i n i e r en 35 a n s .

Dans les Biban , les i m p o r t a n t s g î tes d u Guergour, c o m p r e n n e n t

au d jebe l Anini et à Aïn R o u a des a m a s de smi th son i t e déve loppés

a u contact de m a r n e s du Crétacé s u p é r i e u r et de ca lca i res d u Crétacé

m o y e n ; ils p r é sen t en t à Bou Kedma des r o g n o n s de b l e n d e e t de G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 7

Page 98: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

Fig. 6. — Gisements minéraux

Page 99: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

département de Constantine)

Page 100: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

88 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

ga lène dans des ca lca i res l ias iques don t les cassures sont e l l e s -mêmes

rempl ies de s m i t h s o n i t e ; enfin, au Kef S e m m a , des f rac tures m i n é ­

ral isées d a n s des ca lca i res d u Cré tacé m o y e n sont en re la t ion avec

des é p a n c h e m e n t s ca l amina i r e s , au contact de ce de rn i e r t e r r a i n et

des m a r n e s d u Crétacé s u p é r i e u r . Au d jebe l Anini , u n i m p o r t a n t

c h a p e a u d ' h é m a t i t e , t i t r an t 60 % de fer, avec soufre, p h o s p h o r e ,

an t imoine , a r sen ic , b a r y t i n e , a été r e s p e c t é p a r l ' é ros ion, a u - d e s s u s

de l ' a m a s ca l amina i r e . Le G u e r g o u r a fourn i 295 . 000 tonnes en

30 ans d 'explo i ta t ion , don t 14. 000 tonnes en 1928 su r tou t const i tuées

p a r d u z inc .

Dans les m o n t s d u Hodna , les concess ions d e Soube l la , Bou Riech

et Bou Ich co r r e sponden t à des r empl i s sages p a r de la smi thson i t e

et subs id i a i r emen t p a r de l a g a l è n e de f rac tu res N. E. - S . O. affectant

les ca lca i res d u Lias m o y e n du Bou Thaleb; la p r o d u c t i o n to ta le a

é té là de 75 . 000 tonnes en 28 ans .

Au mi l ieu des m o n t s de Constant ine , a u djebel Felten, 5 g î tes

concédés sont formés de poches i r r égu l i è r e s de ca l amine et de cé ru-

site, local isées le l o n g des failles d u ca lca i re a p t i e n : 128. 000 tonnes

on t é té extra i tes ici au cours de 25 ans d 'exploi ta t ion, d o n t

4. 400 tonnes , c o m p r e n a n t s u r t o u t du z inc , figurent au compte de l a

p r o d u c t i o n de 1928.

Le coteau d'Aïn Arko, d i s t an t de 30 k i lomèt res d 'Oued Zenat i ,

p r é s e n t e des a m a s de smi thson i te dans des ca lcai res et des dolomies

d u L i a s : exploités exc lus ivemen t j u s q u ' à ces d e r n i è r e s a n n é e s en

ca r r i è re , ces masse s ont p résen té 126. 000 tonnes de mine ra i s extra i ts

en 30 ans , don t 1. 000 t o n n e s en 1928 cons i s tan t su r t ou t e n zinc.

Le djebel Ouasta, d a n s les m o n t s de la Medjerda, compor t e des

cassures N. 30° E r emp l i e s de smi thsoni te d a n s des ca lca i res d u

Crétacé supé r i eu r et des a m a s i r r égu l i e r s de ce m ê m e m i n e r a i dans

des ca lcai res a p t i e n s ; de l a g a l è n e existe éga l emen t d a n s ce g î te

q u i , mis en va l eu r d e p u i s 15 a n s , a p e r m i s l ' ex t rac t ion de

79 . 000 tonnes de m i n e r a i .

Le djebel Mesloula, g i sement de p l o m b le p l u s r e m a r q u a b l e d e

l 'Algér ie , découver t pa r J. Tissot en 1870, est const i tué p a r des

i m p r é g n a t i o n s d e g a l è n e d a n s des calcaires ap t iens compr i s en t re

des m a r n e s ap t i ennes et des m a r n e s ba r io lées gyps i fères d u Tr ias ;

il a d o n n é 190. 000 tonnes de m i n e r a i en 25 ans , don t 9. 000 t o n n e s

en 1928.

Page 101: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 89

Dans la Kabylie de Collo, d ivers g î tes fi loniens de ga l ène c o m p o r t e n t

de faibles t eneu r s d ' a r g e n t . Au djebel Dar Debbagh, des f ractures

subver t i ca les N. 30° E. on t fourni une ga l ène à 100-300 g r a m m e s

d ' a r g e n t p a r t o n n e de m i n e r a i à 75 % ; de m ê m e à Bou Doucka

deux cassures , l ' une ver t ica le N. 45° 0 , l ' a u t r e N. E. -S . 0 . inc l inée de

35° vers le N. , ont p résen té de la ga l ène à 1. 100 g r a m m e s d ' a r g e n t

p a r tonne de m i n e r a i à 65 %.

A Sakiet Sidi Youssef, le gî te miné ra l i s é se déve loppe en Tunis ie ,

à p a r t i r de f rac tures de ca lca i res du Sénonien supé r i eu r (Campanien) ,

au vois inage d u contac t d ' a rg i les t r i a s iques , tou t p r è s de l a f ront ière

a lgé r i enne , en di rect ion d u N. O. p a r r a p p o r t à l 'Ouasta . La p roduc t i on

to ta le de Sidi Youssef a a t te in t 500. 000 tonnes de mine ra i s , qu i ,

c lassés p a r o r d r e d ' impor t ance décro i ssan te , c o m p r e n n e n t de la

c a l a m i n e , de l a g a l è n e , de la b l e n d e et d u c a r b o n a t e de p l o m b ;

en 1930, i l a été extrai t là 1. 100 tonnes de m i n e r a i (p lomb p r i n c i p a ­

l e m e n t ) .

Les g i s emen t s d u djebel Hallouf e t de Sidi Bou Aouane, à 12 kilo­

mè t r e s au Nord de Souk el Khemis , sont s i tués d a n s u n l a rge an t i ­

c l inal à n o y a u t r ias ique fo r t emen t décol lé . Au djebel Hallouf, le

m i n e r a i se t rouve d a n s les cassures de calcai res d u Sénon ien s u p é ­

r ieur (Campanien) , sous la forme de cé rus i t e , a c c o m p a g n é e de g a l è n e

et de c a r b o n a t e de z i n c ; à Sidi Bou Aouane , la g a l è n e est inc luse

dans l 'Éocène m o y e n . Su r les 127. 000 tonnes p rodu i t e s en 25 a n s ,

7. 000 l 'ont été en 1 9 3 0 : el les consis ta ient s u r t o u t en p l o m b .

A 20 k i lomè t re s au Nord de Béja, les concess ions d e Khanguet Kef

Toulet de Sidi Ahmed exploi tent , d a n s un an t ic l ina l N. N. E. - S . S. O. de

calcai res sénoniens s u p é r i e u r s (Campan ien ) , s u r p rès d e 25 k i l o m è t r e s :

1° des f rac tures r e m p l i e s su r t ou t de smi thson i t e et aussi d e g a l è n e ,

avec de la b l e n d e et u n p e u d e p y r i t e de f e r ; 2° des gî tes de c o n ­

tac t e n t r e ces calcaires et les m a r n e s éocènes . La p r o d u c t i o n de

212. 000 tonnes en 40 ans a fourni su r tou t du z inc .

Au S. E. de Tunis , dans le d ô m e du djebel Ressas, formé de calcai res

l i as iques et l i t hon iques , l ' exp lo i t a t ion en c a r r i è r e à ciel ouve r t ,

effectuée s u r 300 m è t r e s de h a u t , a por t é p r i n c i p a l e m e n t su r les a m a s

minéra l i sés q u i se t r o u v e n t i nc lu s a u mi l ieu de ces deux é tages

j u r a s s i q u e s , a u vois inage de l eu r contac t , a insi que le l o n g des failles

d é c o u p a n t la m o n t a g n e . Le g î te r en fe rme s u r t o u t d u si l icate et d u

c a r b o n a t e de z inc , d u sulfure et d u ca rbona t e de p l o m b vers le h a u t , G É O L O G I E ET M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 8

Page 102: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer
Page 103: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

Fig.

7.

— G

isem

ents

min

érau

x (T

unis

ie).

Page 104: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

92 GÉOLOGIE ET MINES DE LÀ FRANCE D'OUTRE-MER.

de l a b l e nde e t de la g a l è n e ve r s le bas . La p roduc t ion d u zinc a

tou jou r s été p r é d o m i n a n t e p a r r a p p o r t à cel le du p l o m b : 247. 000

tonnes ont été fournies au total p a r ce g i sement .

Au djebel Touireuf, u n gî te de p l o m b , exploité p a r t i e l l e m e n t

à c ie l ouve r t , se déve loppe dans les calcai res d u Crétacé s u p é r i e u r

et de l 'Éocène infér ieur (djebel Ressas) , s u r le flanc oues t d 'un an t i -

c l inalN. N. E. -S . S. O., découpé p a r des cassures , les unes p l u s ou moins

pa ra l l è l e s , les au t r e s à peu p rès p e r p e n d i c u l a i r e s à l 'axe d u p l i :

ces f rac tures sont l a r g e m e n t minéra l i sées en g a l è n e et en ca rbona t e

de p l o m b . 2. 500 tonnes e n ont été ex t ra i tes en 1930.

Dans le djebel Slata, l e g î te de p l o m b de Sidi Amor b e n Salem a

fourn i j u s q u ' à ce j o u r 125. 000 tonnes d é m i n e r a i , don t 3 . 900 en 1930,

cons is tant s u r t o u t en p l o m b . Le d jebe l Slata est formé p a r u n d ô m e

d e calcaires massifs de l 'Apt ien infér ieur , r ecouver t s t an tô t p a r des

m a r n e s et des ca lca i res m a r n e u x de l 'Apt ien supé r i eu r , t a n t ô t p a r

d u T r i a s : d a n s ce de rn i e r cas, u n e b r è c h e de friction s é p a r e les deux

t e r r a in s . La miné ra l i s a t i on s'est déve loppée d a n s les fractures du

ca l ca i r e massif, n o t a m m e n t vers le contac t des calcai res e t des m a r n e s

ou des calcai res et d u Tr ias .

Au djebel Trozza, il a été ext ra i t a u total 83 . 000 tonnes de m i n e r a i ,

don t 1. 700 en 1930, cons t i tuées s u r t o u t p a r d u p l o m b . Cette m o n t a g n e

est fo rmée p a r u n d ô m e de ca lca i res ap t iens à noyau t r i a s i q u e , don t

la moi t ié sud-es t es t e f fondrée; su r le flanc n o r d - o u e s t v i e n n e n t des

ca lca i res c é n o m a n o - t u r o n i e n s , pu is des assises t r ansgress ives de

l 'Éocène m o y e n . P l o m b et ca l amine sont ici en re la t ion avec u n e

cassure p e r p e n d i c u l a i r e à la strat if icat ion des calcai res massifs .

Cuivre, Antimoine, Arsenic et Mercure. — Les g i s e m e n t s no tab le s

d e cu iv re , d ' an t imo ine , d ' a r sen ic et de m e r c u r e de l 'Algér ie se

t rouven t concent rés dans le Nord-Est d u d é p a r t e m e n t de Cons tan t ine ,

r é g i o n q u i p résen te u n e sér ie de ca rac t è re s t ec ton iques spéciaux.

Cette con t r ée se fait r e m a r q u e r n o t a m m e n t : 1° pa r le r e b r o u s s e m e n t

vers le N. N. E. de la Chaîne n u m i d i q u e aux env i rons de La Calle,

p réc i sémen t a u p r è s d u gî te d e cu ivre , e tc . , d e kef Oum T h e b o u l ;

2° p a r l ' e x t r a o r d i n a i r e d é v e l o p p e m e n t de ses af f leurements t r i as iques

s u r t o u t v e r s Duvivier et Souk A h r a s , n o t a m m e n t a u vois inage d u

g î te d ' an t imoine , e tc . , d u Nador ; 3° p a r ses a l i g n e m e n t d 'an t ic l inaux

ca lca i res n é o c o m i e n s a u t o u r d u Guelma, où se t r o u v e n t d e n o m b r e u x

Page 105: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE 93

a m a s d ' a n t i m o i n e ; ceux-ci se r é p a n d e n t , c o n c u r r e m m e n t avec des

gî tes a r sen icaux , des a b o r d s de cet te ville vers Cons tan t ine , P h i l i p -

pevi l le et Bône .

Le g i s e m e n t d u kef Oum Theboul, p r è s de La Calle, connu d e p u i s

1845, est celui qu i , ap rès le g î te d u Nador d o n t il va ê t r e ques t i on

p a r la sui te , a fourn i le p l u s fort cube de m i n e r a i de l 'Afrique d u

Nord (en d e h o r s des mines d e f e r ) : 310. 000 tonnes en 60 ans . C'est

aussi , avec le Nador , la mine exploi tée depuis le p l u s l o n g t e m p s en

Algér ie (abstract ion faite encore des mines de fer) . Le cuivre (chal-

copyr i te) y d o m i n e , associé a u zinc (b l ende ) , a u p l o m b (ca rbona te et

ga lène) et à la p y r i t e de fe r ; il existe aus s i de l ' a r g e n t (650 g r . à

la tonne) et de l 'or (7 g r . à la tonne) dans du ca rbona t e de p l o m b .

Le filon product i f est o r i en té N. 70° 0 .

Aïn Barbar const i tue u n e m i n e de cuivre (cha lcopyr i te ) encore

a u j o u r d ' h u i i m p o r t a n t e : cette local i té , qu i se t r o u v e à 25 k i l o m è t r e s au

Nord-Ouest de Bône, a été l 'obje t depu i s 50 ans d ' u n e explo i ta t ion

a y a n t p o r t é su r 85 . 000 tonnes de m i n e r a i t r a n s p o r t é p a r ba lance l les

à Bône ; 2 . 100 tonnes en furent ex t ra i tes en 1928. Les 17 filons d u p é ­

r i m è t r e , o r ien tés N. 2 5 ° 0 . , r e n f e r m e n t s u b s i d i a i r e m e n t de la b l e n d e

et de la g a l è n e , qu i p e u v e n t ê t re séparées é l e c t r o m a g n é t i q u e m e n t .

A Tadergount, d ans l a Kabylie de Collo, se t r o u v e la m i n e de

cuivre g r i s la p l u s n o t a b l e de l ' A l g é r i e : ins t i tuée en 1880, el le a

fourni 850 tonnes de ce m i n e r a i en 1 9 2 8 ; l ' exploi ta t ion, est concen­

t rée le l o n g de pe t i t s filonnets de m i n e r a i s .

Sur d ' i m p o r t a n t e s superficies, de n o m b r e u s e s i m p r é g n a t i o n s d e

cu iv re se d é v e l o p p e n t d a n s les g rès et les m a r n e s d u Crétacé infér ieur

des Ksours o r a n a i s : les g î t es de l a r é g i o n d 'Aïn Sefra sont là cons ­

t i tués p a r de la covell i te , quelquefois associée à de la cupr i t e , ma i s

le p lus g é n é r a l e m e n t t r ans fo rmée en m a l a c h i t e et en azu r i t e . L'ex­

plo i ta t ion est d e m e u r é e j u s q u ' à ce j o u r in f ruc tueuse dans tou te

cette con t r ée .

Les gî tes de cu ivre a lgé r i ens , en d e h o r s de ceux d 'Aïn Sefra,

affectent une a l lu re fi lonienne et se t r o u v e n t can tonnés le l o n g d u

l i t to ra l , de Ténès à La Cal le . En Tun i s i e , il e n existe à la Galite, pu i s

p r è s de Béja et de Souk el A r b a , d a n s des r ég ions à sous-sol en

pa r t i e formé de roches m é t a m o r p h i q u e s cré tacées et é o c è n e s : à l'île

de la Galite, en pa r t i cu l i e r , des filonnets de cha lcopyr i t e et de

p y r r h o t i n e t r a v e r s e n t une g r a n o d i o r i t e . G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 9

Page 106: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

94 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Au Nador, la m é t a s o m a t o s e de t r ave r t in s , compr i s e n t r e des a rg i l e s

d u Miopliocène, fourni t p r i n c i p a l e m e n t u n mine ra i de zinc ( smi thso-

n i te ferrugineuse) , avec c h a p e a u de flageolitite ( an t imonia te de f e r ) ;

l a nadorite, m i n e r a i le p lus cur ieux d u g i semen t , est u n ch lo roan t i -

mon ia t e de p l o m b . De 1872 à 1924, l ' ext ract ion p o r t a su r tou t su r une

c a l a m i n e p a u v r e . La reconnaissance des par t ies d u gî te venan t au

contac t de calcaires d u Lias fit découvr i r , ve r s le Nord, u n e ca lamine

p l u s r i che , associée à de la g a l è n e , de la cérusi te et de la mimetèse ,

avec c h a p e a u d 'a rsen ia te de p l o m b d ' âge p l i o c è n e : le m i n e r a i

r e m p l i t les cassures d u ca lca i re et se déve loppe au contact des

ca lcai res et d ' a rg i les à g y p s e du Pon t i en . Ces m i n e r a i s sont au sor t i r

des c h a n t i e r s , a c h e m i n é s p a r camion s u r 15 k i lomè t re s de r o u t e ,

j u s q u ' à la g a r e de Nador , que 68 k i lomèt res de voie ferrée n o r m a l e

re l ient au por t de Bône. Le Nador , qu i voisine avec le p l u s i m p o r t a n t

af f leurement t r i a s ique d 'Algér ie , est le g î te qu i a fourni le p l u s fort

cube de m i n e r a i complexe do tou te l 'Afrique d u N o r d : exploité

d e p u i s p r e s q u e aussi l o n g t e m p s que le kef Oum T h e b o u l , il a donné

en 1918, 4. 000 tonnes (zinc s u r t o u t ) .

En dehors des g i semen t s de l a rég ion d u Nador , l ' an t imoine et

l ' a rsenie se p ré sen t en t dans l 'Est constant inois sous des formes var iées

p r o p r e s à c h a q u e g i s e m e n t .

L ' a n t i m o i n e de la r ég ion de Guelma-Constantine c o m p o r t e : 1° de

l a s é n a r m o n t i t e au H a m i n a t ; 2° de la va len t in i t e a u Senza ; 3° de la

s t ib ine au T a y a ; 4° de la ce rvan t i t e à Aïn Kerma. Ce d e r n i e r g i s e m e n t

s i tué au Khened , à 17 k i l omè t r e s au Nord-Oues t de Constant ine, d a n s

des fractures de calcaires néocomiens , se t rouve a u contac t du

Trias et dér ive de l ' ép igén ie d 'un g î te de s t ib ine .

L'arsenic de l a r é g i o n de Guelma-Bône-Philippeville, e t c . , com­

p r e n d : 1° a u Debar (au-dessus d ' H a m m a m Meskoutin) , de la scorodite

i m p r é g n a n t des ca lca i res , a rg i l e s et g r è s d u Crétacé in fé r i eu r et de

l 'Éocène s u p é r i e u r ; 2° a u Belel iata, de la lo l l ingi te en amas l en t i ­

cu la i re au mi l i eu des gne i s s ; 3° a u c h a b e t Goudi (près de Sa in t -

Charles) , d u mispicke l en filonnets dans des p o u d i n g u e s d e base d u

N u m i d i e n ; 4° au c h a b e t Kechr ida , d u r é a l g a r et do l ' o r p i m e n t dans

des m a r n e s de l 'Éocène infér ieur . En Tunis ie u n pe t i t gîte de r é a l g a r

a été r econnu à G h a r d i m a o u d a n s des g r è s n u m m u l i t i q u e s supé r i eu r s

a u contac t d u Tr ias .

Le g i s e m e n t de Ras el Ma, p r è s de J e m m a p e s , qu i a fait l 'obje t

Page 107: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE 95

d 'une concession dès 1861 , r ep résen te la p r inc ipa l e a c c u m u l a t i o n de

mercure (c inabre) d ' A l g é r i e : il r e m p l i t p a r i m p r é g n a t i o n s diffuses,

à p a r t i r de f rac tu res , les g r è s , les m a r n e s et les ca lca i res b r éch o ïd e s

de l 'Éocène m o y e n et s u p é r i e u r de la Chaîne n u m i d i q u e (cha înon des

Zerdeza) . Donnant 0, 8 % de m e r c u r e p a r d i s t i l l a t ion , il en fourn i t

a n n u e l l e m e n t 30 tonnes qu i son t t r anspor t ées p a r voie ferrée à

Ph i l ippev i l l e , po r t d i s tan t de 33 k i l o m è t r e s .

A Taghit, des filonnets de c i n a b r e sont associés à de l a b l e n d e et

de la g a l è n e : cette exploi ta t ion sans i m p o r t a n c e indus t r i e l l e est la

seule mine du massif de l 'Aurès .

Genèse des g î t e s des p e t i t s m é t a u x . — Le m e r c u r e n ' a j a m a i s

j o u é dans l 'économie m i n i è r e g é n é r a l e de l 'Algér ie et de la Tunisie

q u ' u n rô le t r ès accesso i re . Il en fut t ou t a u t r e m e n t j a d i s de l ' an t i ­

moine c o m m e a u j o u r d ' h u i d u zinc et d u p l o m b .

Au n o m b r e des t e r r a ins qu i sont souvent en re la t ion in t ime avec

les g î tes m i n i e r s nord-a f r ica ins f igure su r t ou t le T r i a s : e n pa r t i cu l i e r

a u Nador , u n g î te complexe i m p o r t a n t vo i s ine , c o m m e il a été di t ,

avec les p l u s vastes aff leurements a lgé r i ens de ce sys tème géo log ique .

J 'a i dé jà insis té su r la cur ieuse cons t i tu t ion l i t ho log ique et su r la

s i tuat ion t ec ton ique h a b i t u e l l e du Trias e n Algér ie -Tunis ie . Ce

t e r r a i n r e n f e r m e en a b o n d a n c e du gypse et d u sel g e m m e , qu i sont

exploités de t e m p s i m m é m o r i a l . Souvent les m i n e u r s nord-a f r i ca ins

a t t r i b u e n t une ac t ion p r é p o n d é r a n t e dans la genèse des gî tes de zinc,

p l o m b , fer, e t c . , a u « Trias m i n é r a l i s a t e u r ». En fait, ce t e r r a i n n ' a

n u l l e m e n t exercé l ' influence qu ' on lui p r ê t e s u r l a d i s t r i bu t ion des

mé taux en Berbér ie . Essen t ie l l ement fo rmé d ' a r g i l e , il s 'est p r é sen té ,

a ins i q u e b i en d ' au t r e s fo rmat ions s é d i m e n t a i r e s de l a con t rée ,

c o m m e u n e assise i m p e r m é a b l e au contac t de l aque l l e les agen t s

m i n é r a l i s a t e u r s ont a c c u m u l é des p rodu i t s de s u b l i m a t i o n .

Deux faits v i ennen t s ingu la r i se r le rô le du Tr ias , vis-à-vis des m i n e s

nord -a f r i ca ines , p a r r a p p o r t aux au t r e s roches i m p e r m é a b l e s d u

s o u s - s o l : d ' u n e pa r t , le Tr ias est e x t r ê m e m e n t r é p a n d u en Berbér ie

sous l a fo rme d 'a f f leurements de faibles d i m e n s i o n s ; d ' a u t r e p a r t ,

ce t e r r a i n se m o n t r e c o n s t a m m e n t lié aux d is loca t ions t ec ton iques

les p l u s i m p o r t a n t e s de l a cont rée . De ces deux m a n i è r e s d ' ê t r e

résu l te la l ia ison a p p a r e n t e , si f r équen te mais non cons tan te , d u

Trias et des mines mé ta l l i ques nord -a f r i ca ines . Cependan t aussi

b ien l ' ex t rême dispers ion des p o i n t e m e n t s t r ias iques a lgé ro - tun i s i ens ,

Page 108: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

96 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

que les dis locat ions v r a i m e n t ano rma l e s auxquel les se t r o u v e liée

la venue de ce t e r r a in , p e r m e t t e n t de p e n s e r que les g î tes m in i e r s

en connexion avec les a rg i l e s ba r io lées gypso-sa l i fères , s'ils sont

t rès n o m b r e u x , peuven t ê t re souvent p e u et t rès i r r é g u l i è r e m e n t

déve loppés . Telles sont les causes des g r a n d e s difficultés auxquel les

se heu r t e en bien des cas la mi se en v a l e u r indus t r i e l l e des mines

d 'Algér ie et de Tun i s i e .

Il faut sou l igner d ' a i l l eurs q u ' e n Afrique d u Nord ce sont s u r t o u t

les minerais oxydés (smi thsoni te et c a l amine p o u r le z inc , cérusi te

p o u r le p l o m b ) q u i d o m i n e n t dans les explo i ta t ions , souvent

il est v ra i , p lu tô t superf ic ie l les ; en p ro fondeur , la b l en d e et la g a l è n e

occupen t u n e p lace p r é p o n d é r a n t e . Toutefois, dans l ' en semb le d e s

mines , la g a l è n e est b e a u c o u p p lus r é p a n d u e que l a b l e n d e et m ê m e

q u e la cé rus i t e . En g é n é r a l , en Berbér ie , ce sont les gî tes de mé ta so -

matose , du type de ce lu i du Nador , q u i ont été le p l u s f r é q u e m m e n t

mis en v a l e u r : tels sont les g i s e m e n t s de l 'Ouarsen is , du G u e r g o u r ,

d u p l a t e a u s t e p p i e n a lgéro i s , des m o n t s d u Hodna , de Constant ine ,

de Guelma, d e Batna , d e l a Medjerda, de Tébessa , e tc . Cependant

de n o m b r e u s e s mines filoniennes existent, s u r le l i t to ra l cons tan -

t inois en p a r t i c u l i e r : le Kef Oum Thebou l e n est u n type r e m a r ­

q u a b l e , de m ê m e qu 'Aïn B a r b a r ; ces g i semen t s filoniens se r e t r o u ­

ven t j u s q u e dans la Meseta à Ghar Rouban et dans l 'Aurès à Tagh i t .

A des formes de g î tes p lus ou moins i n t e rméd ia i r e s e n t r e les deux

ca tégor i e s p r é c é d e n t e s , co r r e sponden t les inject ions minéra l i sa t r i ces

dans les calcaires ( type du g î te de Mesloula) et les i m p r é g n a t i o n s

diffuses dans les g rès ( type du gî te de Ras el Ma).

Conditions techniques de l'exploitation des gîtes de petits métaux. — Dans ces de rn iè res a n n é e s , la p roduc t i on d u p l o m b en Afrique du

Nord a u n e t endance à p r é d o m i n e r su r cel le d u zinc p o u r obé i r aux

influences d u m a r c h é . Mais d a n s les g i s emen t s a lgé ro - tun i s i ens , c'est

en fait la c a l a m i n e q u i est le p r o d u i t le p l u s a b o n d a n t : sa t e n e u r

est souven t é levée et son facies inf iniment va r i ab l e . Ma lheu reusemen t ,

m i n e r a i p a r excel lence de subs t i tu t ion s econda i r e , la ca l amine est

t rès i r r é g u l i è r e m e n t r é p a n d u e en B e r b é r i e .

Il est possible t e c h n i q u e m e n t de p a r e r , d a n s une ce r ta ine m e s u r e ,

aux inconvén ien t s r é s u l t a n t de la d i s s é m i n a t i o n et de la faible

i m p o r t a n c e m o y e n n e d u cube des g î t es de zinc en pa r t i cu l i e r ,

l o r squ 'on s'efforce de c o n c e n t r e r les m o y e n s de t r a i t e m e n t t h e r -

Page 109: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 07

m i q u e s ou é l e c t r o l y t i q u e s : ceux-c i e n t r a î n e n t é v i d e m m e n t p a r

l eu r extension indus t r i e l l e des frais g é n é r a u x i m p o r t a n t s . Autrefois

la mi se en œ u v r e de pe t i t e s us ines de t r a i t emen t é ta i t t ou jour s le

fait d e g r o u p e m e n t s par t i cu l ie r s et n o n celui de sociétés spécia l i sées ,

i n i t i a l emen t fondées dans ce b u t . Au jou rd ' hu i , se manifeste h e u r e u ­

sement u n e t endance opposée , p a r l a c réa t ion , exclusive d ' a i l ­

l eu r s j u s q u ' à p r é s e n t en Tunisie , d 'us ines ut i l isant c o n c u r r e m m e n t

les p rodu i t s ext ra i t s de l a p l u p a r t des mines de m ê m e catégor ie d a n s

l a con t rée . Tel est le rôle q u e j o u e n t à l ' h e u r e ac tue l le les fonderies

d e p l o m b de Mégrine , p r è s de T u n i s , d u d jebe l Hallouf, p r è s de

Souk el Kemis et de Bizer te , ainsi que l a fonder ie de zinc d u djebel

Djel loud, p r è s de Tunis , où se p r é p a r e u n concen t r é de ca l amine

p a u v r e d ' a p r è s le p rocédé Coley. La cons t ruc t ion d ' u n e us ine u t i l i ­

s a n t le p r o c é d é Walz a été p ro je t ée p o u r le t r a i t emen t des t e r res

c a l amina i r e s p a u v r e s ac tue l l emen t s tockées s u r le c a r r e a u des m i n e s

de l 'Ouas ta , de l 'Ouarsen i s , d u G u e r g o u r , d u Gus ta r et des e n v i ­

rons de Batna .

F e r . — Les gî tes de fer sont localisés en Afrique d u Nord dans le Tell

o rana i s , a lgéro is et oues t -cons tant inois ; l e u r extension g é o g r a p h i q u e

est p a r con t re t r ès l a r g e dans le Tell et les Hauts P la teaux de l 'Est

cons tan t ino is , ainsi que dans la Tunisie s ep t en t r iona l e et cent re-occ i ­

denta le .

Il est cu r i eux de cons ta ter q u e seuls les g i s e m e n t s de fer de

l ' ex t r ême Nord-Ouest de l 'Oranie p r é s e n t e n t d u m a n g a n è s e en p r o ­

por t ion sensible et c ro issante d 'Est en Oues t : 1, 5 à 2 % à Beni Saf;

5 à 6, 5 % aux Beni Ouarsons ; 8 à 9 % aux Msirdas. Dans ce d e r n i e r

g i s eme n t le m a n g a n è s e c a r b o n a t é const i tue m ê m e parfois à lu i seu l

le m i n e r a i . Cette a l l u r e g é o g r a p h i q u e est d ' a u t a n t plus r e m a r q u a b l e

que les Msirdas confinent i m m é d i a t e m e n t a u Maroc, où le manganèse

a b o n d e dans les régions or ien ta les , n o t a m m e n t vers Oudjda et Bou

Arfa.

Les impor t an t e s mines de fer a lgé ro - tun i s i ennes ne s au ra i en t avo i r

l eu r s p r o d u i t s t ra i tés s u r p lace en ra i son de l ' absence de c h a r b o n

dans l a con t rée . Des ten ta t ives ont b i en été faites j a d i s d ' ins t a l l a t ions

à l 'Allelik, p r è s de Bône, de h a u t s fourneaux u t i l i san t c o m m e

combus t ib le le bois des forêts de la r é g i o n , ma i s ces expér iences on t

été r a p i d e m e n t a b a n d o n n é e s , l ' échec indus t r i e l de tel les en t repr i ses

Page 110: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

98 GÉOLOGIE ET MINES DE LÀ FRANCE D'OUTRE-MER.

é t an t é c o n o m i q u e m e n t i n é l u c t a b l e . Auss i , sont -ce les g î tes tou t

p roches de l a m e r , en Oranie et dans les rég ions de Ph i l ippev i l l e -

Bône , à Beni Saf et à Ain Mokra p a r t i c u l i è r e m e n t , qui ont été seuls

m i s e n v a l e u r t ou t d ' a b o r d (pér iode de 1850 à 1880). P a r la sui te ,

la zone d 'exploi ta t ion du fer a t t e ign i t des dis tances de 150 k i l omè t r e s

et p lus d u p o r t d ' e m b a r q u e m e n t dans le Tell a lgéro is (Zaccar,

Rouïna) , au cours de l a pé r iode de 1900 à 1 9 0 5 : la prospect ion po r t e

su r tou t a lo rs su r la val lée du Chélif, l 'At las de Miliana e t les Babors .

C'est s e u l e m e n t a p r è s 1920 q u ' a é té réal isée la mise en v a l e u r des

g î tes des Hautes Pla ines cons tan t ino i ses (Ouenza à 190 k i l o m è t r e s de

Bône) . Ac tue l l emen t est envisagée l ' explo i ta t ion du fer de Khangue t

el Mouad à 250 k i l o m è t r e s de la m e r . Enfin, l ' ex t rac t ion d u m i n e r a i

c o m m e n c e à pe ine dans l ' un des p lus i m p o r t a n t s gî tes de fer du Haut

Pays cons tan t ino is , le Bou Kadra .

La r é g i o n de Beni Saf est j u s t e m e n t cé lèbre p a r ses gî tes de fer,

qui consis tent en une h é m a t i t e r é s u l t a n t de la t r ans fo rma t ion ,

q u e l q u e p e u i r r é g u l i è r e d ' a i l l eu r s , de ca l ca i r e s ; parfois des schistes

a p p a r a i s s e n t au m u r d u g î t e . Calcaires et schistes r e p r é s e n t e n t u n

Crétacé in fé r i eur m é t a m o r p h i q u e . La r é g i o n offre encore des v e n u e s

t r i a s iques , des é p a n c h e m e n t s de roches é rup t ives r écen tes ( l ab ra -

dor i t e , basal te) et u n m a n t e a u l a r g e m e n t é ta lé de calcaires n é o g è n e s .

La t e n e u r en fer var ie de 45 à 60 % avec s e u l e m e n t 1, 5 à 2 % de

m a n g a n è s e . 30 . 000 . 000 de tonnes on t été ex t ra i tes d e p u i s 1807 d ' u n e

douza ine de pet i ts g i s e m e n t s s econda i r e s p l u s ou moins voisins les

u n s des a u t r e s et g é n é r a l e m e n t exploi tés à ciel ouve r t aux env i rons

de Beni Saf. Ce c u b e , qu i est le p lus fort t o n n a g e de mine ra i extra i t

en A lgé r i e , a n é c e s s i t é l ' a b a t a g e de 10. 000. 000 de t onnes de

s té r i le a u x découve r t e s et de 20 . 000. 000 tonnes de s tér i le à l ' in té ­

r i e u r m ê m e des chan t i e r s . Le p o r t m i n i e r de Beni Saf expédie s u r ­

tout en A n g l e t e r r e , en A l l e m a g n e et aux États-Unis.

Dans l a r é g i o n de Beni Saf se t r o u v e n t encore les gî tes de fer de

Ra r e l Maden ou Bab Mteurba chez les Beni Ouarsous (791 . 000 tonnes

ex t ra i tes en 10 ans , d o n t 15 . 500 en 1928) et de S e b a b n a d a n s les

Msirdas (529. 000 t o n n e s extra i tes en 15 ans d o n t 30. 000 en 1928).

Le p r e m i e r d e ces g î t es , s i tué a u Nord-Ouest de Montagnac , est

re l ié à la m e r p a r u n câb le de 7. 500 m è t r e s ; le second l 'est é g a l e ­

m e n t p a r u n câb le de 6. 800 mè t r e s abou t i s san t a u cap Kelaa b e n

Ouhoud . Tous deux d o n n e n t des m i n e r a i s t i t r an t de 5 à 9 % de

Page 111: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 99

m a n g a n è s e . Chez les Beni Ouarsous , l e fer r é su l t e de la m é t a s o m a -

tose de ca lca i res d u Lias m o y e n au con tac t de schistes don t l ' âge

reste i n d é t e r m i n é et qu i sont t r aversés p a r des roches ve r t e s . A

Sebabna , p rès de la f ront iè re m a r o c a i n e des calcaires d ' âge n o n

précisé , mais en r e l a t i on avec u n e andés i t e , sont miné ra l i s é s en

fer, mê lé de p h o s p h o r e : le fer est parfois ici e n t i è r e m e n t rem

p lacé p a r d u m a n g a n è s e c a r b o n a t é .

Le l i t to ra l en t re Tenès et Cherchel l compte p l u s i e u r s g î tes de

fer, don t deux vois ins l ' un de l ' au t re aux Beni Aquil et à

Breira. Connus depu i s 1861 , exploi tés depu i s 1912, ils ont fourn i

1. 276. 000 tonnes de minera i à p l u s de 50 % e n 18 années de t r a ­

vaux . Reliés à l a m e r p a r u n câb le aé r ien de 9 k i l o m è t r e s , les p r o ­

dui ts de ces l i g n e s sont e m b a r q u é s en r a d e fora ine à l 'Ilot de Sidi

Dji lani . Au Beni Aqui l existe u n filon subve r t i ca l , t r è s r égu l i e r ,

o r i en té N. 15° E. , où la s idé rose , d o n t l a p r o p o r t i o n a u g m e n t e d 'a i l ­

l e u r s en p ro fondeur , j o u e u n rô le i m p o r t a n t : le g r i l l a g e en est effectué

su r p l ace . A Bre i ra , le gî te est à la fois u n g î te filonien et u n g î te de

mé ta soma tose , à la r e n c o n t r e de f r ac tu re s de ca lca i res se p r ê t a n t

tou t p a r t i c u l i è r e m e n t à la subst i tu t ion d u fer au ca l c ium.

Dans la val lée d u Chélif, des ca lca i res son t , a u vois inage de frac­

tu re s , p a r t i e l l e m e n t minéra l i sés en fer sous la fo rme d ' a m a s i r r é ­

g u l i e r s d ' h é m a t i t e , p r e s q u e tou jou r s a u con tac t de schistes q u i ,

c o m m e les calcaires , sont p r o b a b l e m e n t d u Crétacé in fé r ieur p l u s

ou moins m é t a m o r p h i q u e . Les chan t i e r s de Rouïna et de T e m o u l g a

se t rouvent si tués au Sud d u fleuve, ceux d u Zaccar e t de Miliana

a u Nord d u cours d ' e au . Le m i n e r a i du Zaccar t i t re 49 à 50 % d e

fer, 5 % de s i l ice , 0, 2 de p h o s p h o r e , 1 à 2 % d e m a n g a n è s e . La

m i n e d u Zaccar , c o n n u e d e p u i s 1865, n e fut r é e l l emen t mise en

v a l e u r qu ' en 1 9 0 2 : u n e voie de 75 cen t imè t r e s desse rvan t Miliana,

r e l i e l ' exploi ta t ion a u chemin de fer à voie n o r m a l e d 'Alger . L ' amé­

n a g e m e n t des c h a n t i e r s , a u j o u r d ' h u i é l ec t r i que , a pe rmis l ' ex t r ac ­

t ion en 30 ans de 3 . 130. 000 tonnes de fer, don t 188. 000 tonnes

en 1928. P o u r les a m a s de Rou ïna l ' exp lo i ta t ion act ive c o m m e n ç a

s e u l e m e n t en 1 9 0 3 : effectuée à ciel o u v e r t , e l le u t i l i se , a insi q u e

le t r a n s p o r t j u s q u ' à la voie n o r m a l e d 'Alger , la force é l ec t r i que qu i

a l imen te aussi u n e us ine d ' a g g l o m é r é s d e p r o d u i t s m e n u s . Un débi t

t o t a l de 2 . 100. 000 tonnes a é té fourn i ici p a r 24 ans de r e c h e r c h e s

(131 . 800 tonnes en 1928).

Page 112: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

100 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Des gî tes de fer des Babor s , l es u n s (Timezrit, Ben i H immel ,

A d r a r , Gue ldaman) sont d i r e c t e m e n t rel iés a u c h e m i n de fer de Beni

Mansour à Bougie p a r des câbles abou t i s san t aux s ta t ions d 'El Maten

et d 'Akbou . D 'aut res (Beni Felkai, B r a d e m a h , T a d e r g o u n t ) emp lo i en t

d ' a b o r d d e s câbles ou des p l a n s inc l inés , ensui te une voie de 70 c e n ­

t imèt res dans la val lée du Chabe t e l A k r a e t enfin l ' e m b a r c a d è r e de

l ' e m b o u c h u r e de l 'oued Agr ioun . Que lques -uns enfin (d jebel Affalou,

d jebe l Bou Amran) possèden t des câbles a r r i v a n t d i r e c t e m e n t à

Bougie . Tous ces g î tes consistent en des a m a s len t icu la i res d ' h é m a t i t e

d a n s les calcaires massifs d u Lias moyen vers le contact des cal ­

ca i res l i tés d u Lias s u p é r i e u r . Leur product ion a été de 1. 679. 000 tonnes

(63. 000 en 1928) p o u r le g r o u p e de T imezr i t , et de 1. 230. 000 tonnes

e n 20 ans (75. 800 tonnes en 1928) p o u r le g r o u p e des Beni Felkaï .

A l ' es t de Phi l ippevi l le , d a n s le djebel Filfila, l a m i n i è r e d 'Aïn

b e n Merouan, exploi tée depu i s 1877 p e n d a n t 30 ans a fourni seu­

l e m e n t 153 . 000 tonnes de m i n e r a i , don t 16. 580 tonnes en 1928,

expédiées pa r u n câb le t r a n s p o r t e u r de 18 k i l omè t r e s à Ph i l ippev i l l e .

C'est p a r excel lence la m i n e de pyr i te de fer d ' A l g é r i e ; c'est celle

aussi où la p r é s e n c e de l 'o l igis te confère a u m i n e r a i de fer l a t eneu r

la p l u s é levée . Les g i semen t s d 'Ain b e n Merouan, de Fendek et d u

Filfila cons i s ten t en len t i l les d 'o l ig is te , passant en p r o f o n d e u r à de

la p y r i t e , le tou t diffus d a n s d e s schis tes n u m m u l i t i q u e s , a u voisi­

n a g e de v e n u e s g r a n i t i q u e s .

Le massif de l ' E d o u g h , don t le n o y a u est formé p a r u n e a m y g d a l e

de gne iss , se t rouve e n t o u r é , vers le Sud n o t a m m e n t , d ' u n e a u r é o l e

de calcai res m é t a m o r p h i q u e s , a u x q u e l s s'est subs t i tuée i r r é g u l i è r e ­

m e n t de l a m a g n é t i t e , en a m a s p a s s a n t a u vo is inage de l a surface à

de l ' h éma t i t e e t à de la l imoni te , en p r o f o n d e u r à de la p y r i t e . Le

« m i n e r a i r o u g e » superf ic ie l t i t r an t 55 à 60 % et p l u s , le « m i n e r a i

g r i s » m a g n é t i q u e ou pyr i t eux seu lemen t 50 %. Les ca lca i res m i n é ­

ra l i sés , q u i affectent souvent u n e a l l u r e l en t i cu l a i r e , se sont déve­

l o p p é s a u Sud-Ouest de Bône à Ain Mokra, Bou H a m r a , Meboudja ,

Karezas, el Mkimen, Marouania , Tebe iga . Les concessions d e

la r é g i o n furent ins t i tuées dès 1845. Le g i s emen t de Mokta el

Hadid, le d e u x i è m e p a r o r d r e d e t o n n a g e d 'Algér ie , a f o u r n i

8. 000. 000 de tonnes en 40 ans d ' exp lo i ta t ion . Cel le-ci a é té fina­

l emen t a b a n d o n n é e à p a r t i r de 1922 en r a i son de la d i m i n u t i o n de

pu i s sance des l en t i l l e s en p ro fondeur et de l ' a u g m e n t a t i o n de la

Page 113: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 101

t eneu r en soufre d u m i n e r a i : elle se faisait a u p a r a v a n t p a r le po r t

de Bône en u t i l i sant u n e voie m é t r i q u e .

L ' O u e n z a , au Sud-Es t de Souk Ahras , concédé dès 1901 , mis en

exploi ta t ion act ive s eu l emen t e n 1919, a son m i n e r a i extra i t en

car r iè re et m a n i p u l é e s sen t i e l l emen t p a r des p rocédés m é c a n i q u e s

j u s q u ' à l a voie n o r m a l e q u i le condu i t à Bône, où d e pu i s san tes

ins ta l la t ions a s s u r e n t son e m b a r q u e m e n t , p r i n c i p a l e m e n t p o u r

l 'Ang le te r re et l 'A l l emagne . Le d jebe l Ouenza est const i tué p a r u n

d ô m e de calcaires ap t i ens , faillés et minéra l i sés , que r ecouv ren t les

a rg i les ba r io lées d u Tr ias . Deux assises calcaires p r inc ipa les ,

e n t r e lesquel les s ' in te rca len t u n e zone m a r n e u s e , ont été le s iège de

p h é n o m è n e s de mé ta soma tose , favorisés p a r le d é v e l o p p e m e n t d ' u n

r é s e a u de c a s s u r e s : t an tô t l a minéra l i sa t ion s'est p rodu i t e su r tou te

la h a u t e u r des d e u x masses ca lcai res , t an tô t elle est res tée localisée

au -des sus e t a u - d e s s o u s de l 'hor izon des m a r n e s , de sorte q u e s u b ­

s is tent u n toi t et un m u r en ca lca i re . Le m i n e r a i se p résen te ici sous

l a fo rme d 'oxyde a y a n t r e m p l a c é d u c a r b o n a t e de fer, l u i -même

subs t i t ué a u c a r b o n a t e de ca lc ium des ca lca i res ap t iens . Le g î te de

l 'Ouenza est ex t r êmemen t r i che . La t e n e u r de l ' h é m a t i t e es t de

50-60 % de fer, 1, 5 % de m a g n é s i e , 0, 02 à 0 , 03 de sil ice, 0, 005 de

p h o s p h o r e , 0, 03 de soufre . Du cuivre g r i s r emp l i t parfois des ve i ­

n u l e s ; de l a b a r y t i n e se t r o u v e t ou t à fait acc iden te l l emen t d a n s

le g î t e , où s 'observe p lus r a r e m e n t encore d e la fluorine. 4. 000. 000 de

tonnes ont é té ex t ra i tes d u g i semen t en 8 a n n é e s d 'exploi ta t ion , d o n t

750. 000 tonnes en 1918 .

Le Boa Kadra, à 30 k i l o m è t r e s au Sud de l 'Ouenza, ut i l ise la voie

n o r m a l e abou t i s san t à Bône. La force é lec t r ique est mise s i m u l t a n é ­

m e n t à la d isposi t ion des deux mines de l 'Ouenza et du Bou Kadra ,

dont les t r anspor t s sont aussi effectués é l e c t r i q u e m e n t p a r le chemin

de fer. Au Bou Kadra , c o m m e à l 'Ouenza, le fer se m o n t r e sous la forme

d ' u n g î te de m é t a s o m a t o s e dans les ca lca i res ap t i ens dess inant u n

d ô m e d i s symé t r i que . Le g î te se p résen te c o m m e une masse l en t icu la i re

a l longée de l 'Ouest à l 'Est et inc l inée vers le Sud de p r è s d e 80°. Les

calcai res ap t iens d u Bou Kadra ont été t ransformés en h é m a t i t e et

en l i m o n i t e ; le g î te c o m p o r t e u n peu de silice et de b a r y t i n e s u r t o u t

a u toit et a u m u r , pu is d u ca lca i re et d e l ' a rg i le de décalcification

p a r p lace . La t e n e u r est de 55 à 60 % de fer, 2 à 3 % de m a n g a n è s e ,

1 à 5 % de si l ice, 0, 02 à 2 de soufre.

Page 114: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

102 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Au Nord-Ouest de la Tunis ie , la r é g i o n des Nefza r en fe rme d ' im­

p o r t a n t s g i s e m e n t s de fer concédés dès 1884, mais q u e la présence

d ' a r sen ic a e m p ê c h é p e n d a n t l o n g t e m p s de m e t t r e en va leu r . Ces

gî tes sont s i tués aux a b o r d s de la voie fer rée de Tabarca-Bizer te et

c'est ve r s ce d e r n i e r p o r t que le m i n e r a i est expédié . A. Pros t , au

cou r s d e son é t u d e dé ta i l lée , a m o n t r é que le g î te , formé d 'un

m é l a n g e d ' h é m a t i t e b r u n e et d ' héma t i t e r o u g e manganés i f è r e , se

déve loppe en t r e des m a r n e s gypseuses et les g r è s n u m i d i e n s : la

ma s s e miné ra l i s ée , qui const i tue des a m a s len t icu la i res à. un n iveau

s t r a t i g r a p h i q u e cons tant , r é su l t e de la p réc ip i t a t ion d u fer c o n t e n u

dans des eaux con t inen ta les au fond de lacs pont iens , a u t o u r des

é l émen t s d ' u n c o n g l o m é r a t : il s 'agit é v i d e m m e n t là d ' u n e r emi se

e n m o u v e m e n t d ' u n g î te p réex i s t an t . Les len t i l l es fe r rug ineuses sont

parfois r édu i t e s à d e s imple blocs en robés d ' a rg i l e ocreuse.

P a r m i ces m i n e s des Nefza, celle de T a m e r a , exploi tée depu i s

1925 , avai t fourni au total à l a fin de 1930, 163. 000 tonnes de m i n e r a i .

La m i n e de Douar ia , où le g î te est p lus r é g u l i e r , sous la fo rme d ' u n

m i n e r a i f r iable e n r o b a n t des blocs de g r è s et où l ' exploi ta t ion a

d é b u t é e n 1913, avai t d o n n é à la fin de 1930, 2 . 180. 000 tonnes de

m i n e r a i de fer. Ce m i n e r a i co r respond à u n m é l a n g e d ' héma t i t e

r o u g e et b r u n e t i t r an t 55 % de fer, G à 7, 5 % de si l ice, 0, 6 d ' a r ­

senic et 0, 3 de p h o s p h o r e . Les concessions de Tamera et de Douar ia ,

encad ren t le s e u l p o i n t e m e n t érupt i f n o t a b l e de la Régence , qui

c o r r e s p o n d à des venues rhyo l i t i ques et basa l t iques .

Le g î te de fer de Nebeur, s i tué dans la r é g i o n d u Kef, a u Sud

d e ceux d o n t i l v ien t d ' ê t r e ques t ion , est inc lus dans les ca lca i res

m a r n e u x du C é n o m a n i e n , a u con tac t d u Tr ias . Le m i n e r a i , d o n t

l ' explo i ta t ion a été t en t ée en 1911-12 et p o u r le t r a n s p o r t d u q u e l u n e

voie fer rée spéciale a été cons t ru i t e , se p r é s e n t e m a l h e u r e u s e m e n t

e n u n g i s e m e n t m a n q u a n t de r é g u l a r i t é dans son a l lu re et c o m p o r ­

t a n t des t e n e u r s no t ab l e s de si l ice, a insi q u e d iverses i m p u r e t é s

(zinc et p l o m b ) .

Le mine ra i de fer oxydé d u Slata t i t re 50 à 52 %. Il se t rouve d a n s

le m ê m e d ô m e de ca lca i res ap t i ens q u e le g î te de p l o m b de Sidi

Amor b e n Sa l em, p r é c é d e m m e n t men t ionné , d ô m e acc identé d ' i m p o r ­

tantes f r ac tu res . Le fer s ' i n s i n u e : 1° au-dessus des m a r n e s de l 'Apt ien

in fé r i eu r , 2° au-dessus des ca lca i res de l 'Aptien s u p é r i e u r a u con tac t

d u T r i a s ; le g î te se d é v e l o p p e en o u t r e d a n s des cassures qu i

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ALGÉRIE ET TUNISIE. 103

r e c o u p e n t l a m a s s e ca lca i re à t r ave r s tou te son épa i s seu r en t re les

deux zones d ' é t a l e m e n t de l ' amas minéra l i sé .

Dans le Sud de la Tunis ie cen t ra l e se r e n c o n t r e l a p l u s i m p o r t a n t e

mine de fer du t e r r i t o i r e de la Régence , l a m i n e d u djebel Djerissa,

qui a p r o d u i t au to ta l 8. 313 . 000 t o n n e s de m i n e r a i , la seconde m i n e

de fer de cet te r é g i o n ac tue l l emen t en ac t iv i té , le djebel Slata,

a y a n t fourni 1. 230. 000 tonnes . Deux a u t r e s gî tes de fer p r o c h e s des

p r é c é d e n t s , s i tués au d jebe l H a r r a b a et au djebel H a m e ï m a , n e sont

pas exploi tés a c t u e l l e m e n t . Tous q u a t r e se t r o u v e n t dans des condi­

t ions g é o l o g i q u e s t rès a n a l o g u e s à celles des gî tes a lgé r i ens voisins

d e l 'Ouenza et du Bou Kadra .

Au d j ebe l H a m e ï m a , u n mass i f ap t ien est p a r c o u r u p a r de g r a n d e s

cassures r empl i e s de m i n e r a i de fer oxydé . Les ca lca i res dess inen t

u n d ô m e su rba i s sé à faible p l o n g e m e n t pé r i c l i na l , sauf su r le r eve r s

Sud-Oues t . Un e m b r a n c h e m e n t d e l a voie fer rée m é t r i q u e d u Slata

do i t ê t re cons t ru i t avan t q u e c o m m e n c e l 'exploi ta t ion d u gî te de fer

d u H a m e ï m a .

Le m i n e r a i de Djerissa donne 55 , 25 % de fer, 2 à 3 % de m a n g a n è s e ,

0, 016 d e soufre, 0, 019 de p h o s p h o r e , 1, 85 de si l ice, 0, 029 de po tasse ,

0, 132 de soude , 3 , 7 de c a r b o n a t e de ca lc ium, 0, 3 d ' a l u m i n e , 1, 4 de

m a g n é s i e . Ce g î te de fer, q u i p l o n g e vers le Nord de 31°, a été

r e c o n n u en p ro fondeu r j u s q u ' à u n e faille t r a n s v e r s e ; cel le-ci re je t t e

vers le bas les ca lca i res a p t i e n s : u n s o n d a g e de 625 mèt res , effectué

au delà d e cet te fail le, n ' a pas re jo in t les a m a s d ' h é m a t i t e . Le g î te

est fo rmé p a r l a subs t i tu t ion de cet oxyde aux calcaires ap t iens d 'un

d ô m e o ù la miné ra l i s a t i on se déve loppe le l o n g d u con tac t des

m a r n e s d u m u r et des ca lca i res du toit de l ' é t age s u p é r i e u r d u

Néocomien . L ' ins ta l la t ion ac tue l l e de la m i n e p e r m e t d ' ex t ra i re

500. 000 tonnes p a r a n .

Le g î te de fer oxydé et de fer o l igis te d'Aïn Sedma, d ans l a

Kabylie de Collo, est s i tué au contact d ' u n e r h y o l i t e : é tud ié en 1879

p a r J. Tissot, il n ' a g u è r e q u ' u n i n t é r ê t t h é o r i q u e . D 'aut re p a r t , à

Euch el Bez, se t r o u v e u n a m a s d e fer c h r o m é et de n i cke l . D'une

façon g é n é r a l e les g î tes de fer du massif de Collo se ra ien t des g î tes

de s e g r é g a t i o n liés aux v e n u e s é rup t ive s de la r é g i o n .

P lus in té ressan t s t h é o r i q u e m e n t que p r a t i q u e m e n t sont l es g î tes de

fer s é d i m e n t a i r e s oo l i th iques d'Aïn Babonch, à 60 k i l o m è t r e s au Sud-

Ouest de Tébessa, au de là de Chéria , et du djebel Ank, d a n s l a

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104 GÉOLOGIE ET MINES DE LÀ FRANCE D'OUTRE-MER.

région de Gafsa, tous deux s i tués dans l 'Éocène m o y e n ou s u p é r i e u r

et é tud iés le p r e m i e r p a r Duparc et Favre , le second p a r M. Sol ignac.

Ces gîtes de fer , p a r la s t ruc tu re de l e u r mine ra i , r appe l l en t tout à fait

l es p h o s p h a t e s ; g é n é t i q u e m e n t , i l s p e u v e n t ê t re d u s à l ' ép igén ie de

g l a u c o n i e . À Ain B a b o u c h , en pa r t i cu l i e r , le m ine ra i r en fe rme 52 %

de fer, 4, 5 de si l ice, 1, 5 de m a n g a n è s e , 0 , 2 de soufre , 0, 8 de

p h o s p h o r e .

Du fer t i t a n é ( i lménite) en filonnets s ' ins inue a u mil ieu des schistes

d u djebel Haïrech, d ans la m o y e n n e Medjerda. L ' i lméni te a b o n d e

auss i su r les p l a g e s des env i rons i m m é d i a t s de Bône .

Genèse des gîtes de fer. — Le m i n e r a i de fer de Beni Saf se t rouve

r e m a n i é dans u n p o u d i n g u e r o u g e su r l eque l v i e n n e n t en d iscor ­

dance les m a r n e s he lvé t i ennes de la basse Tafna. D 'au t re p a r t , à

30 k i l omè t r e s vers le Nord-Est de Souk Ahras , au d jbe l Ballout ,

l ' h éma t i t e , qu i passe à la s idérose dans des ca lcai res du Crétacé

s u p é r i e u r , p é n è t r e aussi d a n s les p o u d i n g u e s et g r è s du Burd iga -

l i en . Dans le m ê m e o r d r e d ' idées , il faut r a p p e l e r que le fer sédi-

m e n t a i r e des Nefza r é su l t e de la repr i se d a n s les lacs pon t i ens d ' u n

g î te p l u s anc ien . Ces d ive r ses r e m a r q u e s p e r m e t t e n t de p e n s e r que

n o m b r e de g i s emen t s de fer de l 'Algér ie -Tunis ie se sont formés au

Miocène, p a r t i c u l i è r e m e n t vers le d é b u t du Miocène m o y e n .

Des cons ta t a t ions a n a l o g u e s p e u v e n t ê t re faites s u r les g î tes de

z inc et de p l o m b de ces con t rées . Au Touireuf, les p h é n o m è n e s de

s u b l i m a t i o n liés à la genèse d u g i semen t de p l o m b on t a t te in t les

g r è s du B u r d i g a l i e n . Des format ions de m ê m e facies et de m ê m e â g e

ont été minéra l i sées p a r de la g a l è n e à el Haouar ia e t ; à Rhar et Tin,

p r è s de Béja , a u Koudia t Safra, d a n s le d jebel Abda l l ah ech Cheid .

A l ' î le de l a Gali te, les f i lonnets de cu ivre sont en r a p p o r t avec des

g r anod io r i t e s p réc i sémen t d ' âge v indobon ien . Il est év iden t qu ' i l y a

e u des remises en m o u v e m e n t de m i n e r a i b i e n pos té r ieures a u débu t

du Miocène m o y e n , j u s q u ' a u Pl iocène p a r e x e m p l e , d a n s la r ég ion

du Nador . Mais la g r a n d e é p o q u e de l a minéra l i sa t ion a l g é r o - t u n i -

s ienne p a r a i t d a t e r de la fin de l a p h a s e p r i n c i p a l e des p l i s sements

a lp ins . Elle est d o n c a n t é r i e u r e à l ' époque d u pa roxysme d u vol­

c a n i s m e a l g é r i e n qu i , dans la b a s s e Tafna p a r e x e m p l e , se p lace a u

Miocène s u p é r i e u r , à l ' époque de l 'affaissement définitif du massif

bét icorifain et de l ' ouve r tu re d u dét ro i t de Gibra l ta r .

Si de n o m b r e u x g i s e m e n t s de zinc e t de p l o m b se m o n t r e n t i n d é -

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ALGÉRIE ET TUNISIE. 105

p e n d a n t s du Trias , c o m m e j e l 'ai fait voir p o u r les gî tes du Ressas

de Touireuf, e tc . , il en est de m ê m e p o u r b ien des gîtes de fer .

Mais su r les points où le Trias existe dans la m ê m e r é g i o n q u e d u

minera i , l a liaison de ce t e r r a i n et des a ccumula t i ons métal l i fères

es t loin d ' ê t r e tou jours é t ro i te . Ainsi, à l 'Ouenza , p r éc i s émen t d a n s

la cont rée où les af f leurements t r i as iques sont le p lus l a r g e m e n t

déve loppés , le t e r r a i n seconda i re le p lus anc ien ne se p résen te

q u ' e x c e p t i o n n e l l e m e n t a u contac t d i rec t des masses f e r rug ineuses .

Au Bou Kadra , le Trias n 'affleure m ê m e p a s . Dans l a r ég ion de Tun i s ,

a u Bou Kourn in , au Ressas, au Z a g h o u a n , le Tr ias existe bien, ma i s

p a s en re la t ion d i rec te a v e c le m i n e r a i de zinc ou de p l o m b . Ce

t e r r a i n n ' e s t d ' a i l l eurs q u e t rès r a r e m e n t m i n é r a l i s é : p o u r t a n t , à

Nebeur , le g î t e d ' h é m a t i t e de B e r k o u c h i a est excep t ionne l l emen t

inc lus dans le T r i a s ; de m ê m e des accumula t ions d e z inc e t de

p l o m b se p r é s e n t e n t d a n s cet te m ê m e s i tua t ion géo log ique à

Bazina, etc .

Conditions techniques de l'exploitation des gîtes de fer. — Une

différence g é o g r a p h i q u e et m é t a l l o g é n i q u e m a r q u é e s é p a r e les gî tes

de zinc et de p l o m b des gî tes de fer en Afrique d u Nord . Les

p r e m i e r s sont r é p a n d u s en un n o m b r e cons idé rab l e de po in t s de

l 'Algér ie-Tunis ie , souvent d ' a i l l eurs en assez pe t i te quan t i t é . Au

con t r a i r e , les g i s emen t s de fer qu i sont p lus localisés, offrent des

concen t ra t ions fort i m p o r t a n t e s quan t i t a t i vemen t . Aussi , b i en que le

fer soit p lu tô t considéré c o m m e u n m i n e r a i p a u v r e , n ' a - t - o n p a s

hés i té , en Tunis ie , d ' a b o r d , en Algér ie e n s u i t e , à cons t ru i r e ou à

m e t t r e à l ' é tude , ou encore à a m é n a g e r spéc ia l emen t su r de l o n g s

t ra je ts , des voies ferrées dest inées à l ' exploi ta t ion de cet te m a t i è r e

p r e m i è r e : Bizerte à Taba rca et à Nebeur , Tunis a u Slata et a u

Hameïma , Bône à Aïn Mokra, à l 'Ouenza et a u Bou Kadra , Djidjelli à

Bizot, Bougie à Sétif. Malgré des condi t ions favorab les et m a l g r é le

concours de l 'Etat qu i s'est ainsi t r a d u i t p a r l a pose de cen ta ines de

k i lomèt res de ra i l , la mi se en va l eu r de b e a u c o u p de g r o s gî tes de

fer de Tunisie et d 'Algér ie , s'est t r o u v é e r e t a r d é e p a r des causes

diverses , les u n e s t e c h n i q u e s , telles q u e la p r é s e n c e d ' a r sen ic , l es

au t r e s d ' o r d r e p lu tô t pol i t ique , local ou r ég iona l .

Les g i semen t s de fer exploités en Afrique d u Nord sont d 'a i l leurs

p o u r une b o n n e p a r t p r a t i q u e m e n t cont rô lés , d u p o i n t de vue de

l eu r mise en v a l e u r , p a r des g r o u p e m e n t s é t r a n g e r s . Aussi , d a n s le

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106 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

p r o g r a m m e de d é v e l o p p e m e n t des mines de fer de la Berbér ie , doit

o n ten i r le p l u s g r a n d c o m p t e des ca rac tè res spécifiques des gî tes

c o n c u r r e n t s si tués en E u r o p e . Les minera i s suédois , g é n é r a l e m e n t

p l u s r iches , m a i s à l e u r d é s a v a n t a g e p l u s siliceux, d e m a n d e n t

l ' appo in t , l o r s de l e u r mise au fourneau , de p rodu i t s r e n f e r m a n t une

p r o p o r t i o n n o t a b l e de c a r b o n a t e de ca lc ium, ce d e r n i e r corps é t an t

dest iné à en facil i ter l a fusion. P a r con t re , les mine ra i s e s p a g n o l s

sont i den t iques à ceux de l 'Afrique du Nord .

C'est essent ie l lement l 'Ang le te r re et l 'A l lemagne qu i a b s o r b e n t les

m i n e r a i s de fer nord-af r ica ins . Les chan t i e r s d 'extract ion de ces

d e r n i e r s t e n d e n t de p lus en p l u s à d é v e l o p p e r l e u r é q u i p e m e n t

m é c a n i q u e . De n o u v e a u x g i s e m e n t s sont d ' a i l l eurs en voie do mise

en œ u v r e , n o t a m m e n t aux a b o r d s des voies ferrées pro je tées de

Bougie-Sét i f et de Djidjelli-Bizot. D 'au t res a m a s de fer enfin se ron t

c e r t a i ne men t révé lés dans l 'avenir p a r l ' emp lo i en Algér ie et en

Tunisie des m é t h o d e s de prospec t ions g é o p h y s i q u e s .

Barytine. — Dans la forêt de Bou Maki, p rè s de Dra el Mizan

(Grande Kabylie) , u n filon d e b a r y t i n e p r e sque p u r e est exploi té .

Sur le c a r r e a u de la c a r r i è r e fonct ionne une laver ie qu i p e r m e t

d ' é l iminer l a g a l è n e . Un t r anspor t p a r r o u t e s u r 13 k i lomè t r e s j u s q u ' à

Boghn i , pu i s p a r voie ferrée m é t r i q u e su r G2 k i l o m è t r e s a s su re

l ' a c h e m i n e m e n t de l a b a r y t i n e j u s q u ' a u p o r t d e Del lys , où est

ins ta l lée une us ine de b r o y a g e et b l u t a g e .

D 'aut res filons r i c h e s e n sulfate de b a r y t e , e t c o n n u s en n o m b r e

de po in t s de l 'Algér ie l i t to ra le , de Beni Saf à La Calle, n ' o n t pas fait

j u s q u ' à ce j o u r l 'objet d 'explo i ta t ions spécia les .

Halloysite. — Au djebel Debar, au -dessus d ' H a m m a m Meskoutin

(Constant ine) d e s a m a s d 'ha l loys i te r emp l i s s an t des poches du ca l ­

ca i re néocomien on t été e x p l o i t é s : l e u r genèse est , c o m m e j e l 'ai

i n d i q u é , en l ia i son avec d ' anc iens griffons des sources t h e r m a l e s

voisines, si r e m a r q u a b l e s p a r l e u r m i n é r a l i s a t i o n et l e u r t e m p é r a ­

t u r e é levée .

Houille. — L'exploitation d u g i s e m e n t de houi l le de Kenadsa, d ans

le Sud o rana i s , concédée le 15 d é c e m b r e 1922, a été e n t r e p r i s e dès

octobre 1917 p a r l ' admin i s t r a t i on des chemins de fer de l 'État

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ALGÉRIE ET TUNISIE 107

a lgé r i en , a lors q u e le r av i t a i l l emen t en c h a r b o n de n o t r e colonie

nord-af r ica ine se h e u r t a i t à de g r a n d e s d i f f icu l tés : u n e voie fer rée

de 22 k i l omè t r e s a été posée p o u r r acco rde r la m i n e au r é s e a u

d ' in té rê t g é n é r a l , qu i ut i l ise les p rodu i t s de la min iè re de Kenadsa

p o u r le chauffage des locomot ives su r u n e p a r t i e d u t ra je t d 'Oran

à C o l o m b - B é c h a r : 770 k i lomè t re s séparen t Oran de Kenadsa .

Les lits c h a r b o n n e u x de Kenadsa on t é té découver t s p a r G. Fla­

m a n d le 1 e r m a i 1907. Le Wes tpha l i en , qu i affleure sur la r ive

dro i te de l ' oued Zousfana, est en cont inu i té s t r a t i g r a p h i q u e avec

les calcaires du Dinant ien d u d jebe l B é c h a r : en t r e l a h a m m a d a de

l 'Oum es Seba et les g o u r s des Bahar i a t d ' Igl i , l 'érosion a en levé la

couve r tu re de t e r r a i n s secondai res et t e r t i a i r e s , et mis à j o u r l a

p é n é p l a i n e h e r c y n i e n n e cons t i tuée p a r les ca lca i res , les g rès et les

schistes a rg i l eux d u W e s t p h a l i e n , se d é v e l o p p a n t su r u n e épa isseur

d e p l u s de 3. 000 m è t r e s , dans une zone an t ic l ina le a l longée sens i ­

b l e m e n t du Nord a u Sud. Sur ces p l i s , d a t a n t de la fin d u Carbon i ­

fère, sont venus se supe rpose r des acc idents o r i en tés à peu p r è s

Ouest-Est, qu i n 'affectent p a s le t e r r a i n des g o u r s et sont p a r con­

séquen t con t empora in s des p l i s p y r é n é e n s . Toutes ces dis locat ions

t é m o i g n e n t d ' a i l l eurs de re fou lements p e u in t enses .

C'est vers la pa r t i e t e r m i n a l e de la zone s u p é r i e u r e de ce

Westphal ien q u ' a u mi l ieu d 'a rg i les sch is teuses , ont été r e n c o n t r é e s

u n e douza ine de couches de hou i l l e incl inées de 23° vers le Nord et

su ivant , en d i rec t ion Est-Ouest, la dépress ion b o r d a n t a u Sud les

p a l m e r a i e s de Bel Had i et de K e n a d s a : des t r anchées ont p e r m i s de

r e p é r e r u n e de ces ve ines , épa isse d e 40 à 50 cen t imè t r e s , su r

15 k i lomèt res de l o n g u e u r . Le poids spécifique d u c h a r b o n en p lace

est de 1, 2 3 3 , ce qu i d o n n e p a r m è t r e ca r r é déhou i l l é u n r e n d e m e n t

de 500 k i l o g r a m m e s env i ron . 100 k i l o g r a m m e s de cet te h o u i l l e

grasse fournissent 76 k i l o g r a m m e s d e coke et 23 m 3 200 de gaz . Le

p o u v o i r calorif ique est de 8. 130 ca lor ies . La p r o d u c t i o n est passée

de 4. 379 tonnes en 1918 à 16. 034 tonnes en 1 9 2 8 : 110. 000 tonnes

on t été ext ra i tes p e n d a n t cette p é r i o d e de 11 ans d u seul g i s e m e n t

de c h a r b o n a lgé r i en exploi table , g i semen t q u i se cont inue d 'a i l leurs

t rès v r a i s e m b l a b l e m e n t dans le Maroc sud-or i en ta l . L'électrification

des chan t ie r s et l a cons t ruc t ion d ' u n e us ine d ' a g g l o m é r é s des p r o ­

dui t s fins p e r m e t t r a d 'ex t ra i re j o u r n e l l e m e n t 200 tonnes et d 'u t i l i ser

le stock de pouss iè res de 40. 000 tonnes ac tue l l emen t exis tant sur le

Page 120: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

108 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

ca r r eau de la m i n e : p o u r réa l i ser ces ins ta l la t ions , i l se ra nécessaire

de se p r o c u r e r s u r p lace c h a q u e j o u r de 50 à 60 mèt res cubes d ' eau ,

p r o b l è m e p a r t i c u l i è r e m e n t a r d u à r é s o u d r e en ces r ég ions d e s h é ­

r i tées .

De l a houi l le m a i g r e an th rac i t euse , sans va l eu r indus t r i e l l e , a é té

r econnue à S idna Youcpa (10 k i lomèt res Est de Nemours) et au djebel

Kahar (Arzeu), pu is p r è s d u col de T i r o u r d a chez les Ait O u a b a n

(Djurdjura) , à Bou Hatem (Bougie) et au kef ed Darja (El Milia), dans

des schistes carboni fères p lus ou moins mé tamorph i sé s , où el le

forme des l i ts , souvent à a l lu re len t icu la i re de 10 à 15 cen t imè t re s de

pu i s sance , t rop peu épais en tous cas p o u r ê t re exploi tés .

Des schistes à filonnets de g r a p h i t e on t été r e p é r é s dans des

couches de m ê m e âge et de m ê m e facies à Sa in t e -Wi lhe lmine , p r è s d u

Col-des-Oliviers, et à Lannoy, n o n loin de J e m m a p e s , d a n s le d é p a r ­

t emen t de Constant ine .

Ligni te . — Des l igni tes de d ivers âges on t été s ignalés en A l g é r i e :

dans le Néocomien, vers El Ar icha en Oranie et au mi l i eu des g r è s

de Bou S a a d a ; dans les c o n g l o m é r a t s aqu i t an i ens , à Por t -Gueydon

(Grande Kabyl ie ) ; d a n s les a rg i les b u r d i g a l i e n n e s de R o u a c h e d (E. de

Constantine) et su r tou t dans le Miocène s u p é r i e u r d 'Orléansvi l le (Bled

Boufour), de la r é g i o n a lgéro ise (Marceau, au Sud-Est de Cherchel l )

et du Nord de Constant ine (Smendou) . 4. 000 tonnes ont été extrai tes

de 1917 à 1921 de l a concession de Smendou et 5. 000 tonnes de

1898 à 1918 de celle de Marceau p o u r des besoins locaux.

A l ' ex t rémi té n o r d - o r i e n t a l e de la Tunis ie , le g i sement de l i gn i t e

de la presqu ' î le d u cap Bon, i n te rca lé dans les m a r n e s d u Sa rma t i en

s a u m â t r e , le l o n g d u revers sud-es t de l ' an t ic l ina l éocène , a é té

ac t ivement exploi té p e n d a n t la g u e r r e . Moins i m p o r t a n t s , m a i s de

m ê m e â g e sont , d a n s le Sud-Est de l a Régence , les g î tes de l ign i tes

de Djébibina, de Monastir et de Djemmal . Les chan t ie r s du cap Bon

ont fourni de 1916 à 1924 envi ron 200. 000 tonnes de l ign i t e et le

ba s s in de Djébibina , de 1917 à 1919, 1. 630 t o n n e s .

La mise en va l eu r des diverses mines de l igni tes nord-af r ica ines ne

saura i t ê t r e r ep r i se q u ' e n v u e de l ' a l imen ta t ion sur p l ace de cen ­

t ra les t h e r m i q u e s spéc ia l emen t const ru i tes en vue de l 'u t i l i sa t ion de

ce combus t i b l e , s i , b i e n e n t e n d u , les condi t ions économiques vena ien t

à c o m p o r t e r u n e te l le éven tua l i t é .

Page 121: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 109

Pé t ro le . — Les s u i n t e m e n t s de pé t ro le de l 'Algérie-Tunisie s o u r -

den t dans les zones plissées s ' é t e n d a n t au Nord et à l 'Est de l a

r ég ion t abu l a i r e de l a Meseta m a r o c a i n e et d u Horst a lgé r i en (Meseta

orana ise et Hodna) . Les man i f e s t a t i ons h y d r o c a r b u r é e s fo rmen t

q u a t r e g r o u p e m e n t s p r i n c i p a u x : 1° d a n s le Tell i n t é r i eu r d e

l 'Oranie o r i en ta le , à T l iouane t , 2° a u b o r d m é r i d i o n a l d u D a h r a ,

n o t a m m e n t à Aïn Zeft, 3° au Sud-Est des Hau tes Pla ines c o n s t a n -

t inoises , dans la C h e b k a des Se l laoua , 4° enfin d a n s les r é g i o n s

cen t ra l e et n o r d - o r i e n t a l e de la Tunis ie s e p t e n t r i o n a l e .

Les seuls g i s e m e n t s qu i a ien t é té exploi tés se t r o u v e n t à T l iouane t ,

p r è s de Mascara, et à Aïn Zeft, d a n s la val lée d u Chélif. Il y a l ieu

d e r e m a r q u e r que ces l ieux de c o n c e n t r a t i o n d u n a p h t e sont s i tués

a u milieu des pl is les p l u s j e u n e s d e l 'Algér ie n o r d - o c c i d e n t a l e ,

d a n s l a zone des dis locat ions a lp ines (plis-failles, etc . ), à côté d 'a i l ­

l eu r s d ' a u t r e s local i tés pé t ro l i fères , l 'Hillil , Sidi B r a h i m , etc.

Les pui ts c reusés à Tliouanet, j u s q u ' à p r è s de 150 mè t r e s d e

p ro fondeu r , sont p o u r l a p l u p a r t d e m e u r é s d a n s les lent i l les g réso -

sab leuses in te rca lées d a n s les m a r n e s g r i s b l e u â t r e de l 'Helvét ien;

en dessous v ient u n e b r è c h e c o n g l o m é r a t i q u e , p u i s des a rg i l e s b a ­

riolées a u x q u e l l e s c o r r e s p o n d u n e couche aquifère sa lée et de

pet i tes a c c u m u l a t i o n s de gaz i n f l a m m a b l e , enfin le Cré tacé . Les g r è s

s u b o r d o n n é s aux m a r n e s du Miocène m o y e n n e fo rmen t pas p a r t o u t

u n e assise c o n t i n u e . Tou tes les lent i l les d e sables ou de g r è s qu i

s ' in terca lent d a n s les m a r n e s de l 'Helvét ien r e n f e r m e n t en p lus ou

m o i n s g r a n d e q u a n t i t é d u p é t r o l e . Le c h a m p pét ro l i fè re de T l ioua­

n e t a p p a r a î t c o m m e a y a n t eu ses fo rma t ions miocènes affectées

d 'acc idents a lp ins de d i rec t ion s u b m é r i d i e n n e , p l i s d ro i t s , pl is déje tés ,

p l is déversés , p l is fai l les , plis d i a p i r s : ces dis locat ions pos té r ieures

aux an t ic l inaux et sync l inaux p r i n c i p a u x de l 'Atlas te l l i en , qu i sont

d ' âge p y r é n é e n , on t fait p é n é t r e r d a n s l 'Helvét ien, d u Crétacé et

d u Trias . Cette complex i t é t ec ton ique gêne b e a u c o u p l ' explo i ta t ion .

Des deux c h a n t i e r s ins ta l l é s s u r l a concession de T l iouane t , celui

de Medjila est a l imen té p a r p l u s i e u r s hor i zons pé t ro l i fè res , s ' é t a g e a n t

d e 25 à 100 mè t r e s de p r o f o n d e u r , t andis q u e celui de Messila a

r e n c o n t r é des h y d r o c a r b u r e s l iqu ides s e u l e m e n t e n t r e 120 et

170 m è t r e s . Les p r o d u i t s ob tenus sont des pé t ro les l é g e r s , de dens i té

compr i se en t r e 0, 8 et 0, 78 , c o n t e n a n t de 20 à 40 % d 'essence. De

1921 à 1928, 30 s o n d a g e s , d o n t 16 p roduc t i f s , on t été effectués à G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 10

Page 122: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

110 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Medjila et 10 a u t r e s à Messila. 20. 000 t onnes ont été ext ra i tes a u

to ta l à Tl iouanet j u s q u ' a u 1er j a n v i e r 1930. Les forages à p l u s fort

r e n d e m e n t on t été réal isés en 1928-1929 à Medjila, o ù ils on t d o n n é

l i eu à des j a i l l i s sements vers la p r o f o n d e u r de 100 m è t r e s : l ' un

d ' eux d o n n a à l ' o r ig ine j o u r n e l l e m e n t 4 tonnes . Le gaz et une pe t i te

pa r t i e des p r o d u i t s l i qu ides sont uti l isés p a r l ' exp lo i ta t ion , le res te

est expédié à Arzeu.

Des r e c h e r c h e s de p é t r o l e on t été effectuées su r le p l a t e a u de

Mostaganem et sur le r eve r s sud d u Dahra , p l u s ou moins loin d u

t h a l w e g d u Chélif. A Aïn Zeft, les forages , pou r su iv i s de 1874 à

1923, ont t rouvé d u n a p h t e en q u a n t i t é v a r i a b l e ; à l 'Hillil , Bel Acel

et su r tou t à Mazouna, des d é g a g e m e n t s gazeux ont été r e p é r é s : à

Mazouna, u n pui t s re je t te d e p u i s p lus d e 30 ans du gaz i n f l ammab le .

Les points les p lus in té ressan t s à m o n avis sont ceux situés su r les a n ­

t i c l inaux de Bel Acel e t de l 'Hillil , en t r e Mostaganem et Re l izane , a u

Nord de Tl iouane t . L ' ensemble de la zone p rospec t ée de l'Hillil à

Rabela i s mesu re 75 k i l o m è t r e s de l o n g .

A Bel Acel, en t re Rel izane et Mostaganem, su r t ro i s fo rages i m ­

p lan tés d a n s le Pla isancien , d e u x n 'en é ta ient pas sor t is , aux p ro fon­

d e u r s de 459 m è t r e s et de 533 m è t r e s , q u a n d ils furent a r r ê t é s :

ils n ' ava i en t t r o u v é que des t r aces insignif iantes d ' h u i l e ; le t r o i ­

s ième, p a r v e n u vers la base du P la i sanc ien à 491 m è t r e s , é tai t

encore en p le in Sahél ien à 1. 151 mè t r e s , ap rè s ê t re res té c o n s t a m ­

m e n t s tér i le .

Non loin de là , à Port-aux-Poules, s u r les bords du pe t i t l ac

Mouilah, b i en connu p a r ses d é g a g e m e n t s gazeux , u n e sonde , descen­

due j u s q u ' à 278 mèt res dans le Sahél ien s u p é r i e u r , a ob t enu un

i m p o r t a n t débi t d ' eau t h e r m a l e sa lée .

Enfin, à l 'Hil l i l , à l 'Ouest d e Rel izane , un s o n d a g e , poussé à

1. 108 m è t r e s , n ' a r e n c o n t r é n i hu i l e , n i g a z ; il se ra i t d e m e u r é tout

le t e m p s dans le Sahé l i en ; un second fo rage , effectué d a n s la m ê m e

loca l i té , a p r è s avoi r t r ave r sé le Sahé l i en j u s q u ' à 850 m è t r e s , a r e n ­

con t ré ensu i te des sables avec eau salée et gaz à p lus i eu r s n iveaux

dans la zone de pa s sage des g r è s et sab les t o r ton iens aux m a r n e s

s u b o r d o n n é e s .

P lus à l 'Est, à Sidi Brahim, u n s o n d a g e a é g a l e m e n t révélé l 'exis­

t ence de g r a n d e s quan t i t é s de gaz et d ' e a u salée d a n s le Sahé l i en

supé r i eu r .

Page 123: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 111

Encore p l u s lo in , dans la m ê m e d i rec t ion , à Aïn Zeft, existe u n

su in tement de b i t u m e , non lo in duque l 11 forages furent succes­

s ivement en t r ep r i s et poussés à des p ro fondeu r s va r i an t de 82 m è t r e s

à 1. 223 m è t r e s ; ils ont r e n c o n t r é des venues de pé t ro le d ' i m p o r ­

tance très v a r i a b l e , s u r t o u t ve r s 80 et 415 mè t res . La p roduc t ion

to ta le du g i s emen t a été de 1. 445 tonnes , d o n t 700 fournies p a r un

seul sondage à 416 mèt res de p r o f o n d e u r . Les s o n d a g e s descendus le

p lus bas ont a t t e in t l ' un 757 mèt res , l ' au t r e 1. 223 m è t r e s : le p r e m i e r

a t r ave r sé , de 422 à 757 mèt res , les m a r n e s à Globigér ines d u S a h é -

l ien in fé r i eu r ; le second, a p r è s avoir r e c o u p é de 475 à 715 m è t r e s

le Sahélien in fé r ieur , s 'est enfoncé de 715 à 1. 223 mèt res d a n s les

m a r n e s de cou leu r vive de l 'Aqu i t an ien , où il a p e r m i s de r e p é r e r

des indices de pé t ro l e à 862-871 m è t r e s et à 967-971 m è t r e s . Certai­

n e m e n t à Aïn Zeft, où les s t r a tes s ahé l i ennes récen tes sont pr ises d a n s

u n r é g i m e d 'écai l les fo r t ement dis loquées , le gî te de n a p h t e a été en

pa r t i e dé t ru i t , p a r m i g r a t i o n s des h y d r o c a r b u r e s l ége r s vers les

aff leurements , pu is p a r des p h é n o m è n e s de b i tumin i sa t ion superf i ­

c ie l le ; seuls , sont d e m e u r é s p r o t é g é s en p r o f o n d e u r les p r o d u i t s les

plus d e n s e s : les pé t ro les d 'Aïn Zeft sont , en effet, r iches en paraffine

et p l u s ou moins oxydés .

Les observat ions faites au cours d u s o n d a g e d e 1. 223 m è t r e s m o n ­

t r e n t que la r o c h e - m è r e d u pé t ro l e , b e a u c o u p p lus anc ienne que le

Sahél ien, pou r r a i t ê t re éocène ou m ê m e an té -éocène . Les roches

magas in s connues se t r o u v e n t s u r t o u t à la base d u Sahél ien s u p é

r i e u r , vers des h o r i z o n s voisins d u n iveau des t r i p o l i s : ces h o r i z o n s ,

où il existe d ' a i l l eu r s des sab les et des g rès , affectent m a l h e u r e u ­

semen t une a l l u r e plus ou m o i n s l e n t i c u l a i r e ; ils sont souven t en

o u t r e , insuff isamment p r o t é g é s p a r les m a r n e s gypseuses qui p e u ­

ven t j o u e r vis-à-vis d ' eux le rô le de couve r tu r e i m p e r m é a b l e . Les

r e c h e r c h e s qu i s e ron t sans dou te en t r ep r i s e s dans l ' aven i r , d e v r o n t

po r t e r sur des locali tés où le Miocène supé r i eu r est d e m e u r é recou­

ver t p a r u n m a n t e a u con t inu de m a r n e s p l a i s a n c i e n n e s . Or, celles-ci

ont 700 m è t r e s de pu i s sance et le Sahél ien s u p é r i e u r en mesure l u i -

m ê m e 300. Les t r a v a u x d e v r o n t d o n c a priori ê t re p r é v u s p o u r

p e r m e t t r e d ' a l l e r t rès p ro fondémen t . D'autre p a r t , le Sahé l i en in fé ­

r i eu r a y a n t à son tour 600 m è t r e s d ' épa i s seur , la r e c h e r c h e d u

pét ro le à sa base p a r a i t devo i r c o m p o r t e r des dépenses d i s p r o p o r ­

t ionnées avec la va l eu r actuel le des combus t ib l e s l i qu ides .

Page 124: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

112 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

A l 'Est d 'Aïn Zeft, d a n s le val lon de l 'oued Tha r r i a , p u i s a u Sud

de Renau l t , vers Mazouna, dans le t h a l w e g de l ' oued Ouar izan , des

sondages ont encore d o n n é b e a u c o u p de gaz c o m b u s t i b l e s , s u r t o u t

d a n s le Sahél ien s u p é r i e u r ; le d e r n i e r pui t s de Mazouna a t raversé

85 m è t r e s de Sahél ien t e r m i n a l (gypses et ma rnes gypseuses avec

t races d ' h y d r o c a r b u r e s ) , p u i s 160 mè t r e s de couches de base d u

Sahé l i en s u p é r i e u r (marnes , ca lca i res et t r ipol is) et ensui te 825 mèt res

de Sahél ien infér ieur (marnes à Globigér ines) .

Enfin, ve r s Rabelais, u n g r a n d forage a r évé lé l 'existence d ' h y ­

d r o c a r b u r e s l é g e r s , r a p p e l a n t ceux de T l iouane t , vers 1. 179 m è t r e s

en pet i te quan t i t é d ' a i l l e u r s : la coupe d u pu i t s compor ta i t 300 mè­

t res de Sahél ien s u p é r i e u r (marnes , calcaires e t t r ipol is ) , pu is

1. 064 m è t r e s de Sahél ien in fé r ieur (marnes à Globigér ines , d e v e n a n t

de p l u s en p lus sab leuses vers le b a s ) .

Dans la Chebka des Sellaoua, des s u i n t e m e n t s de pé t ro le exis tent

n o t a m m e n t : 1° vers Renier , dans le Pont ien , 2° d a n s la zone m é ­

d i a n e de la c h a î n e , s u r p l u s de 50 k i l o m è t r e s de l ong , au voisi­

n a g e des ca lca i res b i t u m i n e u x d u Crétacé m o y e n , 3" v e r s Aïn Fa-

k r o u n , où ont été r e c o n n u s des ca lca i res b i t u m i n e u x lu t é t i ens .

D'une façon g é n é r a l e , d ' a i l l eu r s , les ca lcai res à p h o s p h a t e s et à

silex de l 'Éocène p r é s e n t e n t de pet i ts s u i n t e m e n t s b i t u m i n e u x en

n o m b r e de poin ts de l 'Algér ie in té r i eure (Sa in t -Arnaud , Tocquevi l le ,

Bordj Redd i r , Sidi Aïssa, e tc . ).

En Tunis ie , u n h o r i z o n de schistes b i t u m i n e u x existe d a n s le Sé-

n o n i e n infér ieur , au d j ebe l Kebbouch et a u kef Bou Debbous . A

Aïn Rhela l et à S lougu ia , les ind ices h y d r o c a r b u r é s se t r o u v e n t dans

les g r è s d u Vindobonien . Sur les t rois d e r n i e r s de ces poin ts ils sont

en re la t ion avec le Tr ias . Les p rospec t ions de r e c h e r c h e s de n a p h t e

su r le t e r r i t o i r e de la R é g e n c e ont été p r i n c i p a l e m e n t effectuées à

Aïn Rhe l a l , d a n s l a p r e s q u ' î l e d u cap Bon, à Medjez e l Bab et à

S l o u g u i a ; elles sont poursu iv ies a c tue l l emen t en col labora t ion avec

l'Office n a t i o n a l f rançais des Combus t ib les l iqu ides .

A Aïn Rhelal, d a n s l a r é g i o n de Bizerte , les s éd imen t s in té ressant

le pé t ro le sont des m a r n e s gypseuses r o u g e s v e n a n t au con tac t de

l 'Helvét ien et d u Trias, m a r n e s t r ave r sées p a r u n forage j u s q u ' à

840 m è t r e s de p r o f o n d e u r .

Dans la p r e s q u ' î l e d u cap Bon, su r le v e r s a n t est de l ' an t ic l ina l de

Sidi Abd e r R a h m a n , u n s o n d a g e de 1. 070 m è t r e s a t r ave r sé des

Page 125: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 113

al te rnances de m a r n e s et de calcai res éocènes sans t r o u v e r de t races

d 'hu i l e .

A Smadia (5 k i lomèt res N. d e Medjez el Bah) , un a u t r e forage p r o ­

fond a été poussé j u s q u ' à 709 mèt res sans d o n n e r d a v a n t a g e de r é s u l ­

tats pos i t i f s .

A Slouguia, a u x a b o r d s aussi de Medjez el Bab , le n a p h t e exsude

avec de l 'eau salée, d ' u n g r è s t o r t o n i e n plissé e n a n t i c l i n a l : pé t ro le

et eau salée on t été r e c o n n u s p a r p u i t s à des p r o f o n d e u r s va r i an t de

50 à 300 m è t r e s ; le n iveau h y d r o c a b u r é p roduc t i f r epé ré vers 50 m è t r e s

a seul fourni d u combus t ib le l i q u i d e en quan t i t é a p p r é c i a b l e .

Plus au Sud-Ouest encore , t o u j o u r s su r le m ê m e a l i g n e m e n t t e c to ­

n ique , au n o m b r e des mani fes ta t ions superf iciel les d u djebel Bou

Debbouz, p r è s d e Tebour souk , l ' a ïn Gue t ran ia , « l a source d u g o u ­

d ron » n a î t en u n po in t d u contac t t e c ton ique de ca lca i res sénoniens ,

mylon i t i sés vers l eu r base , et de m a r n e s t a n t ô t a l b i e n n e s , t an tô t

suesson iennes , t an tô t t r i a s i ques .

Les efforts cons idé rab l e s faits de 1914 à 1924, p r i n c i p a l e m e n t p a r

des Sociétés affiliées aux g r a n d s t rus t s pé t ro l i e r s a n g l o - a m é r i c a i n s ,

p o u r t rouve r d u pé t ro l e s u r le p l a t e a u de Mostaganem, a u Dahra ,

dans les r é g i o n s de Bizerte , de Medjez el Bab et de la p re squ ' î l e d u

c a p Bon, n ' o n t n u l l e m e n t été c o u r o n n é e s de succès . Nos conna i s ­

sances théo r iques et p r a t i q u e s su r la géologie des h y d r o c a r b u r e s en

Algér ie-Tunis ie d e m e u r e n t m a l h e u r e u s e m e n t encore insuffisantes

p o u r fixer les possibi l i tés réelles d ' a c c u m u l a t i o n d e n a p h t e e n Berbérie

et les condi t ions de g i s emen t d u p r é c i e u x l i q u i d e , q u i su in te cepen ­

d a n t e n u n n o m b r e i m p o r t a n t de po in t s d u doma ine français n o r d -

afr icain. Les sondages qu i p o u r r o n t ê t re en t r ep r i s p a r l a su i te ,

dev ron t ê t re p récédés de nouve l l e s é tudes minu t i euses su r le t e r r a i n

et l eur i m p l a n t a t i o n sera désormais rég lée avec tou te la p réc i s ion

possible , ce qu i n ' a pas tou jours été le cas dans le passé .

Kiese lgur . — Le k i e se lgu r , t r ipo l i ou t e r r e d ' infusoires , co r r e s ­

pond , dans le Sahél ien d 'Oranie , à u n hor izon cons tan t , où la silice

p r o v e n a n t de pet i ts o rgan i smes végé t aux e t a n i m a u x (Diatomées,

Radio la i res , Spongia i res) e m p r i s o n n e de l ' a i r : i l en r é su l t e u n e

g r a n d e l é g è r e t é de la r o c h e . Celle-ci p a r endro i t s , i l est v r a i , se

t r o u v e p lus ou moins m é l a n g é e d e ca lca i re e t d ' a r g i l e : elle dev ien t

a lors inexplo i tab le a u po in t de vue indus t r i e l . Les ca r r i è re s d e Sa in t -

Page 126: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

114 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Denis-du-Sig, des Cheurfas , d u d o u a r el Mehdi, d u d o u a r Chanta ,

d 'Ouil l is et d u d o u a r Mohalif, fourn issen t d u k i e se lgu r à C5-90 %

de sil ice. Le n o m b r e de couches produc t ives va r i e de 1 à 7. A Sain t -

Denis-du-Sig (car r iè re à 3 k i l omè t r e s au Sud de la local i té ) , une

seule couche de 15 mè t r e s d ' épa isseur p l o n g e a n t à 65° est exploi tée .

A Ouillis au con t r a i r e , 7 couches ho r i zon ta l e s de 1 m è t r e à 1 m. 50

fournissent d u t r ipo l i . De 6. 735 tonnes en 1913, la p r o d u c t i o n est

passée à 10. 000 tonnes en 1923 et a été r a m e n é e à 9. 000 tonnes

en 1928. L'uti l isat ion d u tr ipoli o rana i s est t rès v a r i é e : en raison

de ses p r o p r i é t é s réf rac ta i res , calor i fuges et a b s o r b a n t e s , i l sert à l a

confect ion de mat i è res ign i fuges , isolantes ou ut i l isées au pol i ssage .

Soufre. — Le g î te de soufre d 'Héliopolis , f o rmé d a n s la l a g u n e

p o n t i e n n e de Guelma, et qu i r a p p e l l e t ou t à fait la « formazione

gessoso-solfifera » de Sicile, résu l te de l 'act ion réduc t r ice des h y d r o ­

c a r b u r e s sur des m a r n e s g y p s e u s e s : son exp lo i ta t ion a cessé depu i s

u n ce r t a in n o m b r e d ' années déjà . Une pe t i te masse de soufre a n a l o g u e

et de m ê m e âge (Sahélien) a été r e c o n n u e à Mazouna, en Oranie .

Potasse. — Au S. -O. de Zarsis, l a s e b k h a el Melah, en c o m m u ­

nica t ion i n t e r m i t t e n t e avec la m e r , reçoi t des a p p o r t s con t inen taux

q u i c o n t r i b u e n t à d é t e r m i n e r u n e différence n o t a b l e de compos i t ion

en t re ses eaux et celle des m a r a i s sa lan ts r ive ra ins de la Méditer­

r a n é e . I m m e n s e p l a ine de sel , s épa rée de l a m e r par un mince cordon

l i t to ra l , el le a son s u b s t r a t u m formé de 150 à 200 m è t r e s de couches

de sel in te rca lées de m a r n e s o u a rg i l e s n o i r e s et imb ibées d ' u n e

g r a n d e masse l iqu ide de dens i té é levée et c o n s t a n t e : cette n a p p e

d ' eau salée affleure en p lus ieurs poin ts p a r des pu i t s n a t u r e l s de 6 à

8 m è t r e s de p ro fondeur , que l a séd imenta t ion h y a l i n e comble cons­

t a m m e n t , t and i s q u e s 'ouvren t au vois inage d ' au t r e s a ï o u n . Comme

au d é b u t d e 1915 les A l l e m a n d s c o m m e n ç a i e n t à faire u s a g e des gaz

asphyx ian t s , il fut c réé , fin d é c e m b r e de la m ê m e a n n é e , u n e us ine

qu i , g r â c e à l ' éne rg i e et à l ' ac t iv i té d é p l o y é e s , d o n n a b ien tô t u n

r e n d e m e n t j o u r n a l i e r de 2. 500 k i l og r . de b r o m e . Cette us ine , s i tuée

p r è s de la s e b k h a en p le in déser t , sous u n c l ima t sub t rop i ca l , é ta i t

loin de tou t c e n t r e i m p o r t a n t . La Tunisie p r o d u i s i t p e n d a n t la g u e r r e

1. 133 t o n n e s de b r o m e et de 2 . 144 tonnes de c h l o r u r e de po ta s s ium.

La potasse de la s e b k h a el Melah p rov ien t , c o m m e j e l ' a i m o n t r é ,

Page 127: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 115

du less ivage de sels d u sous-sol d ' u n e rég ion s i tuée p lus en a m o n t ,

vers Kirchaou, où le P e r m i e n a l imen te en ch lo ru re de po tass ium, su r

p l ace , les eaux de la s e b k h a Areg el Makhsen, au -des sous de la k a s b a

Saboun . Le n iveau r i che en potasse est donc e n Tunis ie de m ê m e

âge q u ' à S tasfur th .

En Algér ie , l e Pe rmien d o n n e é g a l e m e n t des eaux r i ches en c h l o ­

r u r e de potass ium (2, 723 % ) au d jebe l Ayata , p rès d u Col-des-Oliviers

(Constant ine) . Un s o n d a g e p ro fond de r e c h e r c h e s de potasse en t r ep r i s

dans le rocher de sel d 'El Outaya (Sud constant inois) n 'a d o n n é a u c u n

résu l ta t .

Phosphate. — En Berbér ie , les g î tes r iches de p h o s p h a t e de chaux ,

ne se t r o u v e n t que d a n s le Centre et le Sud m a r o c a i n , cons tant inois

et t u n i s i e n ; les a f f leurements n u m m u l i t i q u e s d u Rif, d u Tell a l g é r i e n

et d u Nord tunis ien sont , p a r con t re , pauv re s en phospha t e s . Il y

a p a r exemple u n r a p p o r t étroi t e n t r e la local isat ion actuel le de

ces roches i n d u s t r i e l l e m e n t exploi tables et la p a l é o g é o g r a p h i e de

l 'Éocène in fé r i eur cons tan t ino i s et tun i s ien . Ce r a p p o r t t r a d u i t en fait

la local isat ion de la m e r à p h o s p h a t e s a u Sud de Sétif, en b o r d u r e des

h a u t s fonds des P l a t eaux de Batna et en t re Le Kef et Gafsa, é g a l e m e n t

en m a r g e des h a u t s fonds du Sud cons tan t ino is et tun is ien .

Les g i sements de phospha te s nord-a f r i ca ins sont g r o u p é s , soit à la

b o r d u r e i m m é d i a t e , soit à la surface m ê m e des rég ions t abu la i r e s de la

Berbé r i e i n t é r i e u r e , r é g i o n s c o r r e s p o n d a n t à des Mesetas qu i é ta ien t ,

à la fin du Crétacé et au d é b u t du Ter t ia i re , p a r t i e l l e m e n t é m e r ­

gées ou r ecouver t e s d ' u n e t rès faible t r a n c h e d ' e a u m a r i n e . La condi ­

t ion or ig ine l le de ces r o c h e s t ient , en effet, à l ' agg loméra t i on , su r le

fond de l 'océan , de par t icu les de p h o s p h a t e de chaux , auxquel les le

sque le t te de pe t i t s o r g a n i s m e s si l iceux, c o m m e les Diatomées , servi t

de cen t r e d ' a t t r a c t i o n : cet te concen t ra t ion n e p u t se réa l i se r que

d a n s des mer s fort p e u p ro fondes . La loca l i sa t ion s t r a t i g r a p h i q u e

assez é t ro i te des p h o s p h a t e s exploi tés , qu i d a t e n t p r e s q u e p a r t o u t en

Berbér ie d u Montien, t é m o i g n e c e r t a i n e m e n t d ' u n r é g i m e océano­

g r a p h i q u e p a r t i c u l i e r : à cette p é r i o d e , en effet, les m e r s ne s 'é ten­

da ien t à peu p rès pas à la surface des con t inen t s a c t u e l l e m e n t é m e r g é s .

Pa r sui te de l a régress ion cons idérab le qu i se manifestai t a lo rs , i l y

eu t une vér i tab le a g g l o m é r a t i o n de vie i n t ense d ' o r g a n i s m e s , de m e r

t rès peu p ro fonde , d a n s ce r ta ines r ég ions d u g l o b e .

Page 128: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

116 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

D'une façon g é n é r a l e , le lavage p a r les eaux d ' inf i l t rat ion a exercé,

de t e m p s i m m é m o r i a l , u n e ac t ion su r ces m é l a n g e s de p h o s p h a t e et de

c a r b o n a t e de chaux que sont les roches di tes « p h o s p h a t e s ». Ce l a v a g e

eut p o u r conséquence iné luc tab le l ' enr ich issement des zones voisines

des surfaces d 'a f f leurement p a r e n t r a î n e m e n t vers la p ro fondeur d u

co rps le p lus facilement soluble , le c a r b o n a t e . Mais cette ac t ion des

agen t s ex ternes est d e m e u r é e r e s t r e in t e à de t rès faibles p a r t i e s des

masses exploi tées . Elle exp l ique la r ichesse superf iciel le des g i s e ­

m e n t s lors des p r e m i è r e s p ro spec t i ons , r i chesse qu i s ' amo ind r i t en

g é n é r a l au cours des t r a v a u x d 'une r econna i s sance m é t h o d i q u e .

Les p h o s p h a t e s de Tocquevi l le , de Bordj Redd i r et de Mzaïta, qu i

se d é v e l o p p e n t au Sud d u p l a t e a u sétif ien, r appe l l en t , p a r l eurs

ca rac tè res p é t r o g r a p h i q u e s , ceux de la Tunisie cen t ra l e et m é r i d i o ­

na l e et ceux d u Sud cons tan t ino is . Ils en diffèrent p a r l eu r c o u l e u r

s o m b r e qu i cont ras te avec l a n u a n c e fauve cons tan te au Maroc et

p r e s q u e aussi g é n é r a l e à Tébessa , Gafsa, e tc . Ce n ' e s t qu ' acc iden te l ­

l e m e n t qu ' i l est d o n n é d 'obse rve r , dans ces local i tés , au m i l i e u des

couches explo i tées , des nodu le s no i r s .

La co lora t ion foncée des p h o s p h a t e s de Sétif t i en t à la p r é s e n c e

de ma t i è r e s b i t u m i n e u s e s in jec tant la masse r o c h e u s e . Il ne semble

p a s q u e ces h y d r o c a r b u r e s p r o v i e n n e n t de la décompos i t ion des

o r g a n i s m e s don t les sque le t tes se r e t r o u v e n t d a n s l a roche . Le b i t u m e

se p résen te , a u con t r a i r e , c o m m e a y a n t p é n é t r é s e c o n d a i r e m e n t le

p h o s p h a t e à u n e é p o q u e p l u s ou m o i n s t a r d i v e . La m i g r a t i o n s'est

sans doute faite o r i g i n e l l e m e n t sous la forme de p é t r o l e l i q u i d e , s u b -

s id i a i r emen t oxydé et po lymér i sé , pu is concent ré p a r un l en t écou­

l emen t ve r s les p l i s failles d é l i m i t a n t les imbr i ca t ions s t ruc tu ra l e s

de l a r é g i o n .

Les p h o s p h a t e s de Tocquevil le , de Bordj R e d d i r et de Mzaïta a p p a ­

ra i ssen t en s o m m e sous l ' aspec t d ' u n e roche d u r e , no i rc ie p a r des

p r o d u i t s b i t u m i n e u x . Au Mzaïta, l a p l a t e - fo rme Éocène , découpée p a r

l ' é ros ion , a vu ses sur faces d 'af f leurements de ca lca i res p h o s p h a t é s

en r i ch ies p a r l ' infi l t rat ion cons tan te des eaux d a n s son sous-sol .

D'une façon g é n é r a l e enfin, les p h o s p h a t e s d u p l a t e a u sétifien se

p r é s e n t e n t en couches très minces de 0 m . 40 à 0 m . 50.

A Tocqueville, a u c h a n t i e r Mahalla, les s t ra tes sont r e d r e s s é e s à

70-90° ; aux q u a r t i e r s Aour i r et Michaut, où l e u r p l o n g e m e n t est

s e u l e m e n t de 10-20°, elles subissen t des séries de re je ts p a r fai l les ,

Page 129: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 117

qui e n t r a v e n t le d é p i l a g e . Quat re couches se succèden t i c i : l a

deux ième à pa r t i r d u h a u t est g é n é r a l e m e n t s eu l e exp lo i t ée ; el le a

fourni en 1929, 5. 725 t o n n e s à 58-60 %. L 'expédi t ion se fait p a r

u n e voie de 0 m . 60 su r 16 k i l o m è t r e s , j u s q u ' à l a g a r e de Tixter ,

d i s tan te de 190 k i l o m è t r e s d u po r t d ' e m b a r q u e m e n t (Bougie) .

A Mzaïta, l e g î te de p h o s p h a t e t rès d i s loqué , a été for tement

a t t a q u é p a r l ' é ros ion . La décalcif icat ion a été i n t ense , e n t r a î n a n t

l ' enr ich issement superficiel d u m i n e r a i de deux, t ro is un i t é s ou p l u s .

Cinq î lots isolés ont été ici success ivemen t mis en explo i ta t ion . C'est l a

m ê m e couche q u ' à Tocquevi l le qu i fourni t p r i n c i p a l e m e n t le p h o s ­

p h a t e ; ma i s cer ta ins chan t i e r s s ' a t t aquen t aussi aux au t r e s s t r a t e s .

Les p r o d u i t s sont amenés p a r câble aux us ines de concassage et t r i a g e ,

qu i on t p r o d u i t e n 1929, 76 . 831 t o n n e s d e p h o s p h a t e à 58-63 % ,

u t i l i sé , p a r t i e dans la fabr ica t ion de s u p e r p h o s p h a t e s , p a r t i e d a n s

l a m é t a l l u r g i e d u fer ou la p r é p a r a t i o n d u p h o s p h o r e . Une voie

n o r m a l e de 12 k i l o m è t r e s re l ie les us ines à l a g a r e d 'Ain Tassera

é loignée de 181 k i lomè t re s de Bougie .

Les ca r r i è re s de Bordj Reddir sont localisées le l o n g de l a moi t ié

n o r d , seu le exp lo i t ab le , d ' u n e cuvet te syncl ina le q u e d é c o u p e n t d e

n o m b r e u s e s c a s s u r e s : l ' ex t rac t ion est r e s t r e in t e aux s t ra tes p h o s ­

pha tées m o y e n n e et i n f é r i e u r e . La couche m o y e n n e va r i an t de

0 m. 40 à 0 m. 70 d 'épa isseur , t i t re 68 % dans le p r e m i e r cas et

58 % d a n s le second. La couche s u p é r i e u r e , g é n é r a l e m e n t subdivisée

en p l u s i e u r s bancs secondai res , var ie é n o r m é m e n t d ' é p a i s s e u r e t doi t

ê t re a b a t t u e avec les i n t e r ca l a t i ons s tér i les . Les v e n u e s d ' eau sont

i m p o r t a n t e s en p ro fondeu r . 22 . 190 t o n n e s ont été expédiées en 1929

p a r u n câb l e de 16 k m . 400 a l l an t à la s ta t ion d 'El -Anasser-Galbois ,

d i s t an te de 163 k i l o m è t r e s d u p o r t d e Bougie .

Des g i s e m e n t s d e p h o s p h a t e d u p l a t e a u sétifien, Tocquevi l le fut le

p r e m i e r exploité en 1899, avec une p r o d u c t i o n a n n u e l l e in i t ia le de

de 50. 719 tonnes . Mais ce g î te est d e p u i s lors r e s t é soumis à u n e

ex t rême var iab i l i t é de d é v e l o p p e m e n t , d o n n a n t t an tô t 1 1 . 185 tonnes

a n n u e l l e s , t an tô t 55 . 612 . Dès 1899 l ' ex t rac t ion commence auss i à

Bordj R e d d i r et à p a r t i r d e . 1904, el le d o n n e en m o y e n n e c h a q u e

a n n é e 5. 966 t o n n e s acheminées sur la g a r e d'El Anasser . Enfin en

1910, l es chan t i e r s de Mzaïta en t r en t en act ivi té , accusan t 9 1 . 549 ton­

nes en 1913. Au to ta l , en 1928, Mzaïta avai t fourni 1. 018 . 879 t onnes ,

Tocquevi l le 709. 639 tonnes e t Bordj R e d d i r 669. 127 t o n n e s . Enfin il

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118 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

res te à me t t r e en explo i ta t ion dans la r ég ion de Sétif, le g î t e de

phospha te des Maadid à 11 k i l o m è t r e s au Sud-Oues t de T o c q u e v i l l e :

il f audra i t , p o u r q u e cet te opé ra t i on soit é c o n o m i q u e m e n t réa l i sab le ,

q u e de n o u v e a u x d é b o u c h é s s ' ouvren t à l ' i ndus t r i e p h o s p h a t i è r e

no rd -a f r i ca ine .

Tandis que les p h o s p h a t e s du Maroc se p r é s e n t e n t p h y s i q u e m e n t

c o m m e des sables m e u b l e s et q u e ceux d u p l a t eau sétifien affectent le

facies d ' u n e m a t i è r e d u r e , ceux de Tébessa, de N é g r i n e , de l a Tunisie

cen t ra l e et de Gafsa, offrent p lu tô t l ' a spec t de g r è s u n peu sab leux ,

souven t f r iab les , ma i s parfois auss i fo r tement consol idés . Ces roches

sont cons t i tuées p a r l ' agg loméra t i on , dans u n c imen t ca lca i re

p h o s p h a t é , de g r a n u l e s de p h o s p h a t e de c h a u x à enve loppe exté­

r i e u r e c r i s ta l l ine et à r e m p l i s s a g e i n t é r i e u r cons t i tué de ca rapaces

de Dia tomées p h o s p h a t i s é e s . L ' ex t r ao rd ina i r e a b o n d a n c e de ces

o r g a n i s m e s p e u t i n d i q u e r u n mi l i eu d o n t cer ta ines p a r t i e s offraient

des eaux r e l a t i vemen t froides et de s a l u r e p l u t ô t f a i b l e : ces cond i ­

t ions p h y s i q u e s , en con t rad ic t ion a p p a r e n t e avec le ca rac tè re

t rop ica l révélé p a r l a f aune des S q u a l e s , s ' exp l iquera ien t p a r

l ' inf luence p l u s ou m o i n s d i r ec t e , dans u n e m e r c h a u d e , de c o u r a n t s

m a r i n s froids d ' u n e p a r t , de l a g u n e s et d ' e s t u a i r e s t rès déve loppés

s u r le con t inen t voisin d ' a u t r e p a r t . Des d é b r i s d 'os , des copro l i thes ,

des den t s de Squa les sont assez souven t en robés d a n s ces p h o s ­

p h a t e s , d o n t les g r a n u l e s ou ool i thes sont parfois concré t ionnés en

m o d u l e s .

Dans la rég ion de Tébessa, l ' exp lo i ta t ion p o r t e s u r trois assises

d e p h o s p h a t e t e n d r e , coloré en g r i s foncé, assises d o n t l ' en semb le

mesu re 3 mè t r e s de h a u t e u r . Ces couches aff leurent s u r le p o u r t o u r

des cuve t t e s sync l ina les d u Dyr et d u Kouif, a i n s i q u e s u r le bo rd

des l a m b e a u x de Kissa et de Diba, affaissés a u p i e d s u d d u Dyr.

Les p l u s anc iens chan t ie r s d u Dyr fu ren t ins ta l l é s en 1893 et

fou rn i ren t dès cet te a n n é e 6. 000 tonnes d e p h o s p h a t e . En 1894, le

Kouif a y a n t été mis e n exploi ta t ion , la p r o d u c t i o n a l g é r i e n n e a n n u e l l e

s 'é leva à 50. 000 t o n n e s . Puis en 1895 les nouve l les m i n e s d 'Aïn Kissa

et d 'Aïn Diba, encore p l u s p r o c h e s de Tébessa q u e les p r é c é d e n t e s ,

p e r m i r e n t de p o r t e r l ' expor t a t ion des p h o s p h a t e s cons tan t ino i s à

133 . 390 t o n n e s p a r an . L 'ex t rac t ion a cessé au Dyr en 1908, d u fait

de la d i m i n u t i o n des t e n e u r s au fur et à m e s u r e q u e le front de

ta i l le s 'é loignai t d e s a f f l eurements . Aïn Diba et Aïn Kissa fu ren t

Page 131: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE 119

a b a n d o n n é s en 1912, devan t l ' augmen ta t i on du pr ix de rev ien t d e

l ' ex t rac t ion d a n s ces l a m b e a u x effondrés d u p o u r t o u r de l a cuvet te

d u Dyr, p a r s u i t e : 1° d u d é v e l o p p e m e n t et de l ' amp l i t ude d u r é s e a u

des fai l les; 2° d e la r e n c o n t r e d ' i m p o r t a n t e s n a p p e s aqui fè res .

Au to ta l , fin 1928, Le Kouif avai t p r o d u i t 9. 835 . 000 t o n n e s ; le Dyr,

1. 070. 000 tonnes et Kissa-Diba, 647. 966 t o n n e s .

Le g i s e m e n t de p h o s p h a t e d u Kouif est cons t i tué p a r les d e u x

fonds de cuvet tes syncl inales d 'El Bey et d u Kouif p r o p r e m e n t dit ,

La couche s u p é r i e u r e y m e s u r e de 0 m . 60 a 1 m . 20 , l a s t r a t e

m o y e n n e de 0 m. 80 à 2 m è t r e s e t l 'assise in fé r ieure de 0 m . 40 à

0 m. 70 . En t re elles s ' in te rca len t deux hor izons s tér i les , celui d u

h a u t a y a n t 0 m . 30 à 1 m . 10 de pu i s sance , celui d u bas , parfois

inexis tan t , offrant a u m a x i m u m 0 m. 40 d ' épa i s seur . L 'exploi ta t ion

se fait p a r d é p i l a g e en ta i l les m o n t a n t e s . Au so r t i r d e l a m i n e , le

p h o s p h a t e est concassé , p u i s b r o y é et enfin s é c h é : le t r a i n a g e est

a u t o m a t i q u e . Le p r o d u i t expor té t i t re 65-70, avec m o i n s d e 1 % de

fer et a l u m i n e : il en a été fourn i 720. 637 tonnes en 1929.

Les phospha t e s d u Kouif subissen t la série des t r anspor t s c i - a p r è s :

1° 26 k i lomè t re s de t ra je t en voie m é t r i q u e j u s q u ' à Tébessa ; 2°

69 k i l o m è t r e s de p a r c o u r s s u r voie m é t r i q u e d e Tébessa à Oued

Kebr i t ; 3° t r a n s b o r d e m e n t m é c a n i q u e d u w a g o n m é t r i q u e de 10 t o n ­

nes su r le w a g o n de voie n o r m a l e de 20 t o n n e s ; 4° 164 k i lomè t re s de

dis tance su r voie n o r m a l e en t r e Oued Kebrit et Bône . 800 . 000 tonnes

p e u v e n t ê t r e m a n i p u l é e s p a r a n .

Au Sud d e Tébessa , des g î tes d e p h o s p h a t e se r e t r o u v e n t à 80 k i ­

lomèt res à vol d ' o i seau , a u djebel Onk, p r è s d e Négr ine , où ils affleu­

ren t s u r 10 k i lomè t re s avec u n for t p e n d a g e , sous la forme de d e u x

couches épaisses , l ' une de 5 à 10 m è t r e s , l ' a u t r e de 25 à 30 m è t r e s ,

q u e s é p a r e n t 40 à 50 mè t r e s de s tér i le (calcaire et m a r n e ) : l es

t e n e u r s va r i en t de 50 à 68 % .

Au d jebe l Onk p r o p r e m e n t d i t , les a f f leurements de p h o s p h a t e se

p résen ten t d a n s le s u b s t r a t u m des calcaires à silex de l 'Éocène infé­

r i e u r et moyen en flanc d ' u n an t i c l ina l de ca lca i res à Inocé rames d u

Sénon ien ; ils r é a p p a r a i s s e n t dans l a b u t t e t é m o i n de Djemidjena a u

mi l ieu des sables d u Miopliocène de la p la ine . Le g i s e m e n t du d jebe l

Onk, s i tué su r le r e b o r d sud de l 'Atlas p r é s a h a r i e n d u pays des

Nemencha , vers le para l lè le de Gafsa, n 'es t pas encore en explo i ta t ion et

doi t ê t re desservi p a r une voie ferrée a l g é r i e n n e passan t p a r Tébessa.

Page 132: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

120 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Dans la Tunis ie cen t ra le , les p h o s p h a t e s , l a r g e m e n t déve loppés ,

sont g é n é r a l e m e n t des r o c h e s d u r e s , à t e n e u r m o i n d r e que celle

des p h o s p h a t e s d u S u d et s 'élevant s e u l e m e n t à 58-63 %; l a couche

p roduc t ive var ie de 2 à 3 m . 50 d 'épa isseur . Le rô le j o u é p a r les

explo i ta t ions d u Centre de la Régence t end à p e r d r e de l ' i m p o r t a n c e

vis-à-vis des g î tes d u S u d : 15 , 4 % de l ' ex t rac t ion to t a l e des p h o s ­

p h a t e s tun i s iens c o r r e s p o n d s e u l e m e n t a u j o u r d ' h u i au r e n d e m e n t

des trois mines de Kalaa Djerda, Kalaat es Senam et Reb iba , qu i on t

d o n n é en 1930, 406. 000 t o n n e s de m i n e r a i , les pe t i t e s exploi ta t ions

d 'Aïn T a g a , de Bir Lafou, de Goura ïa et de Salsa la a y a n t été a b a n ­

d o n n é e s . Kalaa t es S e n a m , où les t r a v a u x on t d é b u t é en 1905, a

fourn i au to ta l 2. 404. 005 t o n n e s ; Kalaa Djerda , depu i s 1906, a d o n n é

6. 438. 583 t o n n e s ; de Rebiba d e p u i s 1912, i l a été extrai t 955. 273 ton­

n e s . A Aïn T a g a , de 1908 à 1921 , les c h a n t i e r s , à act ivi té t r ès i r r é ­

g u l i è r e , ont p r o d u i t 14. 223 t o n n e s ; Bir Lafou mis a u s s i en va l eu r de

1909 à 1921 accuse u n c u b e to ta l ex t ra i t de 137. 659 t o n n e s ;

Goura ïa , de 1910 à 1923 , n ' a fourni q u e 5 1 . 289 t o n n e s ; enfin Salsa la ,

de 1906 à 1932, a a s s u r é u n r e n d e m e n t d e 99 . 481 t o n n e s .

Dans l a r é g i o n de Gafsa, les g î tes de Metlaoui et de Redeyef font

pa r t i e d u djebel Seldja , don t les deux v e r s a n t s s u r 704 m è t r e s de

l o n g u e u r à l 'Est de la f ront ière a l g é r i e n n e font l 'ob je t de conces ­

s ions . Pa r tou t ici le p h o s p h a t e se p r é s e n t e s u r l es flancs n o r d et s u d

d 'un an t ic l ina l c r é t acé , g é n é r a l e m e n t e n deux c o u c h e s , avec un fort

p e n d a g e , p o u v a n t a t t e i n d r e l a v e r t i c a l e . L 'exploi ta t ion p o r t e de

p ré fé rence s u r les « t ab l e s » fa ib lement inc l inées . Metlaoui a déb i té ,

en 1929, 708. 000 t o n n e s , Redeyef qu i a d o n n é la m ê m e a n n é e

728 . 000 t o n n e s , s 'affirme a ins i c o m m e le g i s e m e n t t un i s i en le p lus

r iche en p h o s p h a t e de c h a u x .

A Metlaoui, les deux couches d e p h o s p h a t e sont s épa rée s p a r des

m a r n e s : l a s t r a t e s u p é r i e u r e de 2 m . 80 de p u i s s a n c e compor t e d u

p h o s p h a t e à 59 %, la couche i n f é r i e u r e , d e 1 m . 60 d ' é p a i s s e u r

d o n n e 62 % de p h o s p h a t e . A Redeyef, les d e u x assises exploi tées ,

que lque fo i s s épa rées s e u l e m e n t p a r q u e l q u e s cen t imè t r e s de m a r n e s ,

m e s u r e n t 1 m. 75 et 1 m . 30 , avec des t e n e u r s de 58 à 63 % p o u r l a

s t ra te fert i le i n fé r i eu re et de 63 à 68 % p o u r la s t ra te s u p é r i e u r e .

Les p h o s p h a t e s ext ra i t s des ga le r i e s de ces mines r e n f e r m e n t 8 à

10 % d ' e a u ; i ls doivent ê t r e desséchés j u s q u ' à d é p a r t de 5 à 6, 5 %

d ' e a u : c o n c u r r e m m e n t avec de g r a n d s fours ro ta t i fs , sont ut i l isées

Page 133: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 121

dans ce b u t des a i res de s échage à l ' a i r l i b re où le m i n e r a i est

r é p a n d u , l a b o u r é et f ina lement r a m a s s é m é c a n i q u e m e n t .

Un fait r e m a r q u a b l e de l a cons t i t u t ion des p h o s p h a t e s de Gafsa

est l a p résence , d a n s les assises exploi tées , d ' u n t rès g r a n d n o m b r e

de t o u t e s pe t i t es len t i l les d ' a rg i l e où a b o n d e n t les coqui l les d 'Apor-

rhais. Cette observa t ion i n d i q u e la fo rmat ion , c o n t e m p o r a i n e d u

dépô t , s u r le fond d ' u n e mer t rès l i t to ra le , de n o d u l e s d ' a rg i l e e n r o ­

b a n t ces coqui l les et a y a n t ensu i te é c h a p p é a u p h é n o m è n e d e

cémen ta t ion c a l c a r é o - p h o s p h a t é , en r a i s o n sans d o u t e de la p r o p o r ­

t ion d ' a rg i l e qu ' i l s r e n f e r m a i e n t .

Commencée en 1899 à Gafsa, l ' exploi ta t ion des p h o s p h a t e s t u n i ­

siens a d o n n é , en 1930, 2 . 640. 000 tonnes à t e n e u r de 58 à 70 % de

p h o s p h a t e t r i ca lc ique .

Les g î tes d'Aïn Moularès s ' é t enden t d a n s les d jebels Mrata, Bou

Dinar et S tah es Souda . Ici enco re les couches de p h o s p h a t e sont

d e m e u r é e s s e u l e m e n t en flanc des an t i c l inaux , flancs affectés loca­

l e m e n t de syncl inaux seconda i r e s . La couche exploi tée m e s u r e 3 à

4 m . : elle es t divisée en deux p a r u n e i n t e r ca l a t i on m a r n e u s e

d ' épa i s seu r va r i ab l e et t i t r an t de 66 à 67 %.

D 'au t res g i semen t s de p h o s p h a t e ont été exp lo i t é s , e n t r e Gafsa et

Sfax, a Meheri, Z e b b e u s et Maknassi .

Le g î te du Mdilla, qu i fait p a r t i e du d jebe l Seh ib , p r é s e n t e u n

axe an t i c l ina l s té r i le , avec deux r e t o m b é e s , l ' une à l 'Ouest à pe ine

inc l inée , l ' au t re à l 'Est r e d r e s s é e à 40°. L ' e n s e m b l e produc t i f , q u i

m e s u r e 3 m. 10 à 3 m. 30, c o m p o r t e u n l i t de m a r n e de 0 m . 40 .

La t e n e u r or ig ine l le a t te in t 63 , 4 % : le p h o s p h a t e , cons t i t ué p a r des

ool i thes t r ès d u r e s , a g g l o m é r é e s pa r u n c i m e n t ma rnoca l ca i r e , es t

b r o y é dans u n e u s i n e , q u i pu lvé r i s e le c i m e n t sans t o u c h e r a u x

ool i thes , é l émen t s r i ches de la r o c h e . Trois opé ra t i ons m é c a n i q u e s

success ives p r o d u i s e n t a u t a n t de ca tégor ies d e m i n e r a i s : p h o s p h a t e

à 66 % c o r r e s p o n d a n t à 82 % de la masse t r a i t é e ; p h o s p h a t e à 59 %

c o r r e s p o n d a n t à 11 % d e l a r o c h e ex t ra i te ; s tér i les r a m e n é s à 7 %

d u c u b e m a n i p u l é . L ' e m b a r q u e m e n t se fait à Sfax, c o m m e p o u r les

gî tes de Metlaoui et Redeyef, les p r o d u i t s d 'Aïn Moularès é t an t

expédiés pa r t i e s u r Sousse, p a r t i e su r Sfax.

L ' ensemble des g î tes d e Metlaoui, Redeyef et Aïn Moularès a

fourni a u tota l 32 . 6 9 1 . 961 t o n n e s de 1899 à 1930 ; Meher i -Zebbeus

a do nné 722. 678 t o n n e s de 1920 à 1930, Maknassy 207 . 228 tonnes de

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122 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

1911 à 1921 et Mdilla 2 . 256. 927 tonnes d e 1922 à 1930. La t e n e u r

des p h o s p h a t e s t un i s i ens expor tés a été c o n s t a m m e n t amél io rée

d e p u i s 1 9 2 0 : à cet te é p o q u e 75 % des p r o d u i t s c h a r g é s su r b a t e a u x

t i t ra ien t de 58 à 63 % et 25 % de 63 à 68 % ; en 1929, 58 % s e u l e ­

m e n t ava ien t u n e t e n e u r de 58-63 % et 14 % une t e n e u r de 65-70 %.

C'est s e u l e m e n t à Aïn Moularès et à Mdilla q u e des us ines ont é té

c réées p o u r o p é r e r l ' en r ich i ssement des p h o s p h a t e s ; la t e c h n i q u e

ten tée à Meher i -Zebbeus n ' a y a n t pas d o n n é de résu l ta t s sat isfai­

san t s , usine et g i s emen t s ont é té a b a n d o n n é s .

Condi t ions t e c h n i q u e s de mi se en va leur d e s g î t e s de p h o s p h a t e s .

— Nous d é t e n o n s l a ma î t r i s e du m a r c h é m o n d i a l des phospha t e s ,

qu i abso rbe env i ron 10. 000. 000 de tonnes de ce m i n e r a i : n o u s l u i en

fourn issons en effet 60 % et les États-Unis n e lui en assu ren t que

35 %. Sur ces 60 %, 56 % v iennen t d e l 'Afr ique du N o r d :

2 . 500. 000 tonnes sont expédiées p a r la Tunis ie , 1. 600. 000 p a r le Ma­

r o c , 750. 000 p a r l 'Algér ie . 200. 000 tonnes son t ext ra i tes en France ,

3 . 660 . 000 aux États-Unis , 925 . 000 en Océanie (dont 225 . 000 en

Océanie f rançaise) .

S u r les 10. 000. 000 de tonnes d e p h o s p h a t e s d e la p roduc t ion

m o n d i a l e , 8. 000 . 000 servent à la fabr ica t ion de 14. 000. 000 de tonnes

de s u p e r p h o s p h a t e , don t l a F rance c o n s o m m e 1. 600. 000 (chiffre

s t a t ionna i re d e p u i s assez l o n g t e m p s et p a r su i te m a x i m u m ) . Les

2. 000. 000 de tonnes de phospha t e res tan t sont u t i l i sées p a r l a m é t a l ­

l u r g i e , q u i p r o d u i t 4. 000. 000 d e tonnes de scor ies de d é p h o s p h o -

ra t ion , don t 1. 500. 000 fourn ies pa r l a F rance et l a Sa r r e , 1. 300. 000

pa r l 'Al lemagne , 600. 000 pa r l a Be lg ique et 300. 000 p a r le L u x e m ­

b o u r g ; cette i n d u s t r i e se t rouve a ins i local i sée dans l 'Eu rope occi­

d e n t a l e , où sont t ra i tés des mine ra i s de fer r e l a t i vemen t r i ches en

p h o s p h o r e .

La s idé ru rg i e m o d e r n e ut i l ise l a r g e m e n t le ca lca i re p o u r l a r é ­

duc t ion des mine ra i s . En e m p l o y a n t des ca lca i res p h o s p h a t é s , el le

s ' a s su re les d e u x é l é m e n t s c h i m i q u e s nécessa i res à ses opé ra t ions ,

p u i s q u ' e l l e p r o d u i t auss i des scories de d é p h o s p h o r a t i o n des t inées

à l ' a g r i c u l t u r e . L ' A l l e m a g n e , p o u r le t r a i t e m e n t des m a g n é t i t e s d u r e s

d e Scand inav ie , r e c h e r c h e d e préférence des cra ies p h o s p h a t é e s ,

tel les q u e cel les de P i c a r d i e . P e u t - ê t r e u n j o u r y a u r a - t - i l là u n

débouché p o u r des ca lca i res p h o s p h a t é s pauv re s de l 'Éocène infér ieur

Page 135: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 123

a lgé ro - tun i s i en , d a n s les r ég ions voisines d e la mer , ve r s Bizerte

p a r e x e m p l e .

J u s q u ' à la crise ac tue l l e , la consommat ion des p h o s p h a t e s d a n s

le m o n d e s 'accroissai t r é g u l i è r e m e n t de 10 % p a r a n . La t e n d a n c e

à subs t i t ue r d a n s les e n g r a i s l 'acide p h o s p h o r i q u e à l ' ac ide su l fu -

r i q u e c o m m e s u p p o r t de l ' a m m o n i a c et de la chaux d e m e u r e t rès

ne t te .

L 'exploi ta t ion des p h o s p h a t e s nord-a f r ica ins a é té con t ingen tée

de façon à a s s u r e r l ' équ i l i b re de la p r o d u c t i o n des différentes mines

d u Maroc, d 'Algér ie e t de T u n i s i e : elle a t te in t le chiffre de 3 à

4. 000. 000 de t onnes q u e le Maroc, favorisé p a r les condi t ions g é o ­

g r a p h i q u e s et géo log iques loca les , p o u r r a i t à lu i s e u l a i sémen t

fou rn i r à u n p r ix qu i ne s a u r a i t ê t re r é m u n é r a t e u r p o u r les c h a n ­

t iers d u Sud cons tan t ino is ou de la Régence .

Condit ions é c o n o m i q u e s de l ' i ndus t r i e m in i è r e . — L'avenir m in i e r

de l 'Algér ie-Tunis ie doi t s 'o r ienter vers le t r a i t e m e n t p a r t i e l des

m ine ra i s , le t r a i t e m e n t comple t ne p o u v a n t ê t re env i sagé dans ces

p a y s d é p o u r v u s de g i s e m e n t s no t ab l e s de hou i l l e . A ce po in t de v u e ,

la Tunis ie est en avance su r l 'Algérie , p u i s q u e l 'us ine de Mégrine ,

a u x env i rons de Tunis , s 'occupe de la fonte d u p l o m b , ainsi d ' a i l l eurs

que l a fonder ie m o i n s i m p o r t a n t e d u djebel Hallouf (à 12 k i l o m è t r e s

a u Nord d e Souk el K h e m i s ) ; u n t ro i s ième é t ab l i s s emen t de cet te

n a t u r e es t en cons t ruc t ion p r è s de Bizerte. Il faut n o t e r que le t r ava i l

de ces us ines est facilité p a r la p r é d o m i n a n c e t rès m a r q u é e , a u

mi l ieu des mine ra i s de p l o m b tun i s i ens , des c a r b o n a t e s , p r é d o m i ­

nance qu i pers is te m a l g r é l ' a p p r o f o n d i s s e m e n t sans cesse croissant

des chan t i e r s de mines m é t a l l i q u e s de l a R é g e n c e .

L 'us ine de Mégrine t r a i t e d ' a i l l eu r s des m i n e r a i s p r o v e n a n t d e

l ' ex tér ieur (France , E s p a g n e , Yougos lav ie , T u r q u i e ) . D ' au t r e p a r t ,

l ' us ine d u d jebe l Hallouf f a b r i q u e d u p l o m b de c h a s s e , d u m i n i u m ,

de la cé ruse et d u b l anc de z inc . Tout d e r n i è r e m e n t u n e fonder ie

d e zinc, u t i l i s an t les p rocédés Colley p o u r c a l a m i n e p a u v r e , a été

achevée au d jebe l D j e l l o u d : elle est de s t i née à t r a i t e r les m ine ra i s

de Sidi Bou Krim, Seka rna , Becha teur , en o b t e n a n t u n oxyde no i r

à 60 % p a r des mé thodes qu i p e r m e t t e n t de r é c u p é r e r la p r e s q u e

total i té d u m é t a l . L 'avance de la Tunisie s u r l 'A lgér ie d a n s le d o ­

ma ine t e c h n i q u e de l ' i n d u s t r i e des m i n e r a i s se conçoi t d u fait q u e ,

Page 136: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

124 GÉOLOGIE ET MINES DE LÀ FRANCE D'OUTRE-MER.

p o u r la p r e m i è r e de ces con t rées le p r o b l è m e de la mise en v a l e u r

d u sous - so l , d o m i n a n t l ' économie g é n é r a l e , a r e t e n u t ou t p a r t i c u ­

l i è r e m e n t l ' a t ten t ion .

Des u s ines de s u p e r p h o s p h a t e s existent é g a l e m e n t en Tunis ie , à

El Afrane, p rès de Tunis , et en Algér ie , à Bône , à Maison Carrée

(Alger) e t à la Sénia (Oran) .

11 conv iendra i t enfin d ' ins ta l l e r , en Algé r i e -Tun i s i e , des cen t ra l e s

t h e r m i q u e s u t i l i san t les combus t ib l e s m i n é r a u x , hou i l l e de Kenadsa ,

l ign i t e d u cap Bon et peu t - ê t r e au t r e s l i t s c h a r b o n n e u x ou l ign i teux

de p l u s faible i m p o r t a n c e ou de m o i n d r e p o u v o i r c a l o r i f i q u e : ces

u s i n e s t h e r m i q u e s devra i en t au t an t q u e poss ib le , ê t r e j u m e l é e s avec

d ' a u t r e s cen t r a l e s se s e rvan t des c h u t e s d ' e a u p e n d a n t l a pa r t i e de

l ' année favorab le . C'est p a r t i c u l i è r e m e n t d a n s la r é g i o n de Tun i s

q u ' u n e tel le o rgan isa t ion se ra i t r é a l i s a b l e : le c h a r b o n , q u i dev ra i t

ê t re add i t i onné au l i gn i t e , p o u r la fabr ica t ion des b r ique t t e s des ­

tinées à la cent ra le t h e r m i q u e , sera i t a m e n é c o m m e fret d 'a l le r pa r

les c a r g o s venan t c h a r g e r le fer ou le p h o s p h a t e à l a Goule t te ,

accesso i rement à Sousse ou à Sfax. A Bizerte fonct ionne d ' a i l l eu r s

déjà u n e f a b r i q u e d ' a g g l o m é r é s e m p l o y a n t de la hou i l l e ang la i se ,

et à Kenadsa u n e ins ta l l a t ion s imi la i re do i t p e r m e t t r e l a r é c u p é r a ­

t ion des fines si a b o n d a n t e s d a n s les chan t i e r s de c h a r b o n d u Sud

o rana i s .

La ques t ion d u déve loppement des u s i n e s , en r a p p o r t p l u s ou

m o i n s d i rec t avec l ' impu l s ion économique l iée à l ' exploi ta t ion m i ­

n iè re , p réoccupe d 'a i l leurs auss i à l ' h e u r e ac tue l le l 'Algérie . Un

t r a i t e me n t b a s é su r le p rocédé t h e r m i q u e Walz a été env isagé à

l 'Ouarsenis p o u r l a mise en va l eu r des c a l a m i n e s p a u v r e s : 600. 000

tonnes de t e r r e s c a l amina i r e s f e r r u g i n e u s e s et de r é s i d u s de l aver ie

se t r ouven t ac tue l l emen t , en effet s tockées à l 'Ouarsen i s , a u G u e r g o u r

et à l 'Ouasta .

Une cen t ra le t h e r m i q u e en a c h è v e m e n t à Bône p e r m e t t r a l ' é lec-

trification d u réseau m i n i e r des c h e m i n s de fer de l'Est cons tan t ino i s ,

où le r a i l , q u i desser t déjà l 'Ouenza et Le Kouif, doit a b o u t i r p a r la

sui te a u Bou Kadra et a u d jebe l Onk. L ' a m é n a g e m e n t des c h u t e s d u

Roumel au Kheneg (Nord de Constant ine) a s s u r e r a l a poss ib i l i t é de

c o m b i n e r l ' u t i l i sa t ion d ' u n e force n a t u r e l l e et l ' éne rg ie t i rée de la

hou i l l e i m p o r t é e en Afrique d u Nord.

L 'expans ion indus t r i e l l e de l 'Algér ie , p a r t i c u l i è r e m e n t dans le

Page 137: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

ALGÉRIE ET TUNISIE. 125

d o m a i n e de l 'act ivi té min iè re , e n v e n a n t se greffer s u r les q u e l q u e s

us ines déjà exis tantes ou en cou r s de cons t ruc t ion en Tunis ie ,

n o t a m m e n t dans l a r é g i o n Tunis-Bizer te , et au Maroc, p r i n c i p a l e m e n t

ve r s Casablanca, a i ncon t e s t ab l emen t u n e cer ta ine i m p o r t a n c e p o u r

la Défense Nat ionale de no t r e d o m a i n e n o r d - a f r i c a i n : ce lui -c i p e u t

se t r ouve r , en effet, dans un conflit i n t e r n a t i o n a l , isolé de la Métro­

pole et l iv ré à ses s e u l e s r e s sou rces i n t é r i e u r e s .

Mais i l ne faut p a s p e r d r e d e vue que le j o u r où l 'Afrique d u

Nord e n t r e r a dans cet te voie , sa p rospé r i t é s e r a p lus c o m p l è t e m e n t

liée q u ' à l ' h e u r e ac tue l le à l ' évolut ion économique m o n d i a l e . Si

a u j o u r d ' h u i , l 'Algér ie , le Maroc et, d a n s u n e ce r t a ine m e s u r e aussi ,

la Tunis ie , n e souffrent p a s a u t a n t de la g r a n d e cr ise q u e la Métro­

po le , c 'est q u e ces con t rées sont d e m e u r é e s a v a n t t o u t des p a y s

agr ico les . En Tunis ie , où l 'act ivi té géné ra l e es t n e t t e m e n t sous l a

d é p e n d a n c e de l a p rospé r i t é m i n i è r e , le ma la i se ac tue l est dé jà p l u s

sens ib le q u e chez ses vois ines de l 'Ouest . Cette p r é d o m i n a n c e de

l ' a g r i c u l t u r e d a n s le d o m a i n e économique b a r b a r e s q u e p r é s e n t e à

l ' h e u r e ac tue l le u n g r a n d a v a n t a g e socia l . Les explo i ta t ions min iè re s

nord-a f r ica ines , q u i ont e u si s o u v e n t à se p l a i n d r e d e l a d i se t te

d ' ouvr i e r s a u m o m e n t des récol tes , voient h e u r e u s e m e n t a u j o u r d ' h u i

la cu l tu re m a i n t e n i r su r p l ace u n e m a i n - d ' œ u v r e b o n m a r c h é e t

de qua l i t é assez sat isfaisante , don t d e m a i n ces i n d u s t r i e s ex t rac t ives

a u r o n t le p l u s g r a n d beso in q u a n d se m a n i f e s t e r a le r e n o u v e a u

d 'act ivi té a t t e n d u de la mise e n va l eu r d u sous-sol de l 'Algér ie e t

de l a Tunis ie .

GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D ' O U T R E - M E R . 11

Page 138: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

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1 8 8 8 . — M. BLANCKENHORN. — Die geognostischen Verhältnisse von Afrika, I, Der Allas des nordafrikanischen Faltengebirges, Pet. Mittheil., Ergänz . 9 0 :

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Ré impress ion , Mat. Carte géol. Algérie, 2 , I, 1 8 9 1 : b ibl iographie, p . 3 9 9 - 4 0 1 ( 5 2 numéros ) .

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Fouque , i n - 8 ° : b ibl iographie, p. 2 ( 9 numéros sur la géologie).

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Page 139: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

A L G É R I E E T T U N I S I E . 1 2 7

1 9 0 7 . — 0 . TIETZE. — Die Phosphatlagerstätten von Algier und Tunis, Zeit. f. prak . Geol. : bibl iographie, p . 2 2 9 - 2 3 0 ( 1 8 numéros ) .

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Page 140: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

1 2 8 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

1 0 2 3 . — MOULIAS. — Essai de bibliographie sur les Territoires du Sud de l'Algérie, Alger, Carbonel , i n -8 ° , p . 4 7 - 5 9 ( 1 4 3 numéros sur la géologie). — 2 ° édition, pa r Th in iè re s , Alger, Soubiren, 1 9 2 9 , i n -8 ° , p . 4 4 - 6 0 ( 1 6 1 n u m é r o s su r la géologie).

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1 9 2 7 . — M. SOLIGNAC. — ÉTude géologique de la Tunisie septentrionale, Thèse Fac . Sc. Lyon et Carte géol. Tunis ie , Tunis , Barlier , i n - 4 ° : bibl iographie, p . 1 8 sq. , 7 2 6 ( 6 0 0 n u m é r o s env.) .

1 9 2 7 . — L. JOLEAUD. — Constantine et l'Algérie orientale, Géographie physique, Géologie, Biogéographie, Ass. fr. Avanc . Sc., Cons tant ine , B raham, i n - 8 ° : bibl iographie , p . 1 3 4 - 1 3 6 ( 5 1 numéros ) .

1 9 2 7 . — L. JOLEAUD. — Titres et travaux scientifiques, Par i s , i n - 4 ° : biblio­graph ie , p . 1 2 1 - 1 3 4 ( 2 0 3 n u m é r o s p r inc ipa l emen t sur l'Afrique du Nord).

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1 9 2 9 . — F . DAGUIN. — Étude stratigraphique et paléontologique du Carbonifère de la rive droite de l'oued Guir, Not. Mém. Carte géol. Maroc, Montpellier, l 'Abeille, i n - 8 ° : b ibl iographie , p . 4 4 - 4 7 ( 3 3 numéros ) .

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1 9 3 1 . — J . SAVORNIN. — La géologie algérienne et nord-africaine depuis 1830, Serv. Carte géol. Algérie, Alger, Carbonel , i n - 8 ° : bibl iographie, p . 1 9 - 1 0 4 ( 1 . 1 3 2 numéros ) .

1 9 3 1 . — M. SOLIGNAC. — Atlantide et Sud-tunisien, Rev. tun i s i enne , n . s., 6 : b ibl iographie , p . 1 8 3 - 2 2 3 ( 4 5 numéros ) .

1 9 3 2 . — D . DUSSERT ET G. BETIER. — Les mines et les carrières en Algérie, Par is , Larose .

1 9 3 2 . — L. GLANGEAUD. — Étude géologique de la région littorale de la province d'Alger, Paris , Thèse et Serv . Carte géol. Algérie.

Page 141: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

II. MAROC

PREMIÈRE PARTIE

MAROC SEPTENTRIONAL

P A R

P. FALLOT

Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. Conseiller technique du Gouvernement chérifien pour la géologie.

I. HISTORIQUE SOMMAIRE DES RECHERCHES GÉOLOGIQUES AU MAROC

Les t r a v a u x géo log iques d o n t l 'exposé r é s u m é va ê t re d o n n é dans

les p a g e s qu i suivent sont d u s tou t d ' a b o r d aux géo logues de

l ' époque h é r o ï q u e , Coquand , Bleicher, au x ix° siècle, pu i s Genti l .

Tout le m o n d e a p ré sen t à la m é m o i r e le souveni r de ses audac ieuses

r a n d o n n é e s . C'est le g r a n d g é o l o g u e maroca in .

Au v r a i , il a peu péné t r é d a n s le Rif; et t ou t ce q u e n o u s r e t e ­

n o n s ici est l ' a p p o r t de l ' équ ipe de j e u n e s géo logues d o n t l es n o m s

r e v i e n d r o n t souven t dans cet exposé . D ' abo rd M. Daguin d o n t les

levés d a t e n t d ' avan t l a c o n q u ê t e d u Rif, p u i s M. Bourca r t . Enfin

MM. Lacoste, Marçais, Russo . Ces c h e r c h e u r s ont t r ava i l l é avec infi­

n i m e n t de conscience , d ' a l l an t , d ' e n t h o u s i a s m e , en d é p i t d u soleil ,

des i n t e m p é r i e s et souven t de l ' épu i sement p h y s i q u e . Ils on t dro i t

dé jà d ' ê t re fiers de l eu r œ u v r e .

Mais ce n 'est pas a m o i n d r i r l eu r m é r i t e q u e de d i re qu ' i ls n ' a u r a i e n t

r ien fait sans l ' impu l s ion des chefs. Et c o m m e , si on n ' ava i t r i en

en t rep r i s , ce sera i t aux chefs q u ' o n s 'en p r e n d r a i t , il es t j u s t e de

l e u r r e n d r e , clans la r éuss i t e ce qu i l e u r a p p a r t i e n t .

Et ces chefs, ce sont les Résidents qu i on t fait a p p e l aux l u m i è r e s

des in spec teu r s g é n é r a u x des Mines P . T e r m i e r et Lan teno is . C'est, G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 12

Page 142: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

130 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

p o u r le passé le plus r écen t , M. E. Labonne , h i e r encore Secré ta i re

géné ra l d u Protectora t q u i n ' a cessé de sou t en i r et de susci ter d ' u n e

impu l s ion luc ide , les r e c h e r c h e s géo log iques . C'est M. Despujols ,

I ngén i eu r en chef des Mines, chef d u Service des Mines et de la

Carte géo log ique d u Pro tec to ra t , don t l 'act ivi té in te l l igen te et

l ' e sp r i t compréhens i f fédèren t si b ien les efforts des co l l abo ra t eu r s

q u ' i l chois i t .

C'est aussi et b ien qu ' i l ne j o u e pas , en cela, de rô le officiel,

M. Beaugé , Directeur de l'Office Chérifien des Phospha tes . Géologue

é m é r i t e l u i - m ê m e , il n ' a cessé de susci ter des r e c h e r c h e s t an t p a r

ses t r a v a u x pe r sonne l s que p a r son i m p u l s i o n . C'est u n des p è r e s

d e l a géo log ie maroca ine e t il n 'es t p a s u n c h e r c h e u r qu i n ' a i t

bénéficié de son a p p u i in te l lec tue l et ma té r i e l .

Ainsi , i n t e l l i g e m m e n t s o u t e n u e , l ' impuls ion g é n é r a l e d o n n é e au

Maroc p a r celui qu i es t dé jà en t ré dans la l égende con t inue à

p o r t e r ses fruits et à susci ter de nouvel les ondes d 'act ivi té .

État d'avancement des recherches.

Les levés déta i l lés au 1/100.000 e dé j à pub l i é s su r le Nord d u

Maroc ne c o u v r e n t q u ' u n e faible surface .

En zone f rançaise , le d o c u m e n t essen t ie l est d û à M. Daguin . Sa

car te et son mémoi r e descriptif r ep ré sen ten t u n magni f ique modè le

q u e l 'on ne p e u t q u e souha i t e r de voir imi t e r . La qua l i t é des

con tou r s et d e s c o u p e s , l ' i m p o r t a n c e des faits s t r a t i g r a p h i q u e s

q u ' i l a révélés ou analysés font de son œ u v r e l a b a s e essent ie l le ,

le t e r m e de c o m p a r a i s o n nécessaire de tou te r e c h e r c h e déta i l lée

su r le Rif.

Si, c o m m e on le ve r r a p l u s loin, la so lu t ion t ec ton ique qu ' i l avai t

p r o p o s é e en a d o p t a n t la not ion d ' u n e n a p p e , p o u r exp l iquer les

a n o m a l i e s de pos i t ion d u Trias du Prérif, se t rouve r emi se en

ques t ion , cela n ' en lève r ien à la qua l i t é de ses obse rva t ions n i à

l ' impor t ance fondamen ta l e de ses découver tes et de ses ana lyses .

Bien q u e t rès vas t e , la zone é tudiée p a r M. Daguin est p o u r t a n t

t rès r é d u i t e p a r r a p p o r t à l ' en semb le de la r ég ion . Des ca r tes t r è s

s c h é m a t i q u e s a c c o m p a g n é e s de desc r ip t ions on t d ' a u t r e p a r t été

données su r l'Est du Rif et le Maroc o r ien ta l . Mais si les d o c u m e n t s

p u b l i é s sont r e l a t i vemen t r e s t r e i n t s , les inves t iga t ions récen tes ont

Page 143: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC 131

n é a n m o i n s b e a u c o u p p r o g r e s s é : p lus i eu r s feuilles sont sur le po in t

de pa ra î t r e ou d ' ê t re remises à l ' impress ion et en u t i l i san t ces

données inédi tes , en u t i l i sant auss i des t r a v a u x i n a c h e v é s su r le

Rif e s p a g n o l , i l est déjà poss ible de d o n n e r u n e esquisse d ' e n s e m b l e

du Rif q u i est l ' é l ément s t r uc tu r a l essentiel d u Maroc du Nord.

C'est ce qu i a été fait ici . Le t ab leau d ' a s s e m b l a g e (fig. 8) m o n t r e

la r épa r t i t i on des t ravaux uti l isés. La série des feuil les d ressées p a r

MM. Bourca r t , Lacoste et Marçais d o n n a n t les t ra i t s essentiels d u

schéma géo log ique (fig. 9 ) ; ces g é o l o g u e s ont s igné ce d e r n i e r avec

m o i . Ainsi ils conse rven t chacun en ce qu i conce rne son sec teur

la p ropr i é t é mora l e de leurs découver t e s . P o u r l 'Est , on a ut i l isé les

t ravaux de Gentil et de MM. Russo et Savorn in . Pour la zone e s p a g n o l e ,

ou t r e les résul ta ts inéd i t s des r e c h e r c h e s de l ' a u t e u r , on a r éun i les

données des d o c u m e n t s pub l i é s p a r la Commision de Inves t igaciones

geo logicos de Marruecos et les t r avaux de MM. A. Marin et M. Blu-

m e n t h a l .

Il est à pe ine beso in de sou l igne r c o m b i e n d e m e u r e h y p o t h é t i q u e

l 'exposé succinct qu i est t i ré de ces levés don t les r accords sont

encore à faire. Les b l ancs de la ca r te (fig. 9) figurent les zones où

les levés n ' o n t p a s encore é té poussés avec préc is ion et m o n t r e n t

tout ce qu i reste encore à é tud i e r .

On d e m e u r e r a ici s t r i c t ement objectif et les i n t e rp ré t a t i ons g é n é ­

ra les , h o r m i s le cour t exposé introduct if , ne seront pas a b o r d é e s .

De m ê m e , t an t p o u r respecter les dro i t s des géo logues qui p u b l i e n t

des Mémoires su r ces r é g i o n s , que p o u r ne pas e n t r e r dans des

détai ls encore insuff isamment mis au po in t , b e a u c o u p de ques t ions

i m p o r t a n t e s devron t ê t re la issées dans l ' o m b r e j u s q u ' à l ' a c h è v e m e n t

des l evés .

II. GÉOLOGIE 1

Situat ion d ' ensemble . — Avant d e p a r l e r d u Nord d u Maroc,

essayons d 'en s i tuer l ' ensemble dans le cadre g é o l o g i q u e de la

Médi ter ranée occ identa le . En voici les é l é m e n t s (fig. 1).

Au Nord , le bâ t i e u r o p é e n . Au Sud , le bâ t i afr icain.

Entre les d e u x a passé , a u m o i n s depuis le Trias et j u s q u ' a u

Ter t i a i re , le géosync l ina l a lp in .

1. Voir la carte géologique au 2.000.000° du nord du Maroc (fig. 9) et la carte géolo­gique au 3.000.000° de l'Afrique du Nord (planche hors texte).

Page 144: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

132 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Fig.

8.

Page 145: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 133

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Page 146: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

134 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Après que des avis t rès d ive r s e u r e n t été émis d e p u i s 25 a n s , l ' idée

de cette s é p a r a t i o n s imp le de l 'Europe e t de l 'Afr ique p a r le g é o s y n ­

c l ina l , p u i s p a r l 'édifice o r o g é n i q u e a lp in qu i s'est fo rmé a u

Ter t i a i re , p a r é tapes , a fini p a r s ' imposer . Kober m ê m e , le tectonicien

v iennois , v ien t de s'y ra l l i e r . Mais cette expl ica t ion s impl is te ne

t a r d e r a pas à ê t re r emi se en ques t ion , et le s c h é m a (fig. 1) ne

l 'u t i l i sera q u e p o u r ê t re clair .

Au Nord de cette zone d ' é c r a s e m e n t , le bâ t i con t inen ta l eu ropéen

a subi des répercuss ions de l'effort o r o g é n i q u e sous forme de

diverses pe t i t es cha înes de pl is de c o u v e r t u r e , et d u p l i de fond

p y r é n é e n c o n t e m p o r a i n des p r emie r s p a r o x y s m e s a lp ins en zone

b é t i q u e .

Au Sud, l 'Afrique du Nord, de la Tunisie au Maroc, n e r ep résen te

q u ' u n e zone m a r g i n a l e de l ' a r r i è re de la zone d ' éc rasement . S u r le

b o r d s e p t e n t r i o n a l d u socle africain, les t e r ra ins de couver tu re pos t ­

he r c yn i e ns ont été plissés et poussés vers le Sud, mais sans p h é n o ­

mènes de c h a r r i a g e s d ' i m p o r t a n c e .

Au Maroc, le socle con t inen ta l africain l u i - m ê m e a sub i le con t r e ­

coup de ces press ions t angen t i e l l e s et s'est t r o u v é affecté d 'acc idents

de fond, se lon la t e rmino log ie d ' A r g a n d , acc iden ts qu i fo rment d a n s

le bât i con t inen ta l des plis à t rès g r a n d r a y o n de c o u r b u r e et s u r

l e sque l s s 'a juste , p a r des dis locat ions var iées de dé ta i l , la couve r ­

t u r e des t e r ra ins seconda i res , q u a n d elle exis te . On ne sait encore

si ce pli de fond afr icain est c o n t e m p o r a i n d u pli p y r é n é e n ou pos t é ­

r i eu r à ce m o u v e m e n t . En tou t cas , l 'Atlas résu l t e de ces accidents

g r a n d i o s e s du bât i con t inen ta l .

Les pl is d e la sér ie compr i se e n t r e le Nord de l 'Atlas et la m e r

a p p a r t i e n n e n t a u co r t ège de la zone des p l i s sements a lp ins .

Ces deux ensembles géo logiques si différents p a r t a g e n t n a t u r e l l e ­

men t , p o u r le g é o l o g u e , le Maroc en deux . Le Sud d u Maroc, c'est

t ou t e la r é g i o n sol idai re d u pli de fond de l 'Atlas qu i fait l 'objet

d ' u n a u t r e c h a p i t r e de cet o u v r a g e . Le Nord d u Maroc, ce se ra ce t t e

r é g i o n des accidents d ' âge et de style a lp in . C'est de ces pe t i t s

t e r r i to i res que n o u s p a r l e r o n s ici . Ils v i e n n e n t s ' inscr i re à l 'Est cont re

les pl is de l 'Atlas te l l ien raccordés avec le Moyen-Atlas, a u Sud-Es t

con t re le b â t i con t inen ta l des a b o r d s d u Moyen-Atlas, au Sud-Oues t

et à l 'Ouest con t re le p r o l o n g e m e n t n o r d d u socle pa léozo ïque d e l a

Meseta m a r o c a i n e q u i s 'é tend j u s q u e sous le G h a r b .

Page 147: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 135

Le Rif. — De Ceuta, le Pa l éozo ïque forme en b o r d u r e de la côte

m é d i t e r r a n é e n n e u n a rc cou r t et étroi t , concave a u Nord-Est , qu i se

t e r m i n e déjà à P u e r t o Capaz (Pun ta P e s c a d o r e s ) .

Ex té r i eu remen t , cet a r c est l imité p a r u n e cha îne ca lca i re et d o l o -

mi t ique q u i es t aussi fort é t ro i te , ma i s a t te in t 2 .200 m è t r e s . C'est au

p o u r t o u r de cette dorsale ca lca i re d u Rif, q u e s ' é tend u n e zone où

p r é d o m i n e u n Flysch n u m m u l i t i q u e m o y e n n e m e n t d is loqué q u i

d é b o r d e j u s q u e sur le Maroc f rançais .

Analysons d ' a b o r d r a p i d e m e n t ces un i t é s .

La zone pa l éozo ïque offre u n e r e m a r q u a b l e iden t i t é avec les forma­

t ions p r i m a i r e s c o n n u e s a u Sud de l 'Espagne p o u r y former la p l u s

élevée des n a p p e s b é t i q u e s , ce l le de Malaga. Nous y re levons d u

gne i ss à Ceuta e t e n t r e l ' o u e d Tigisses et l 'oued M'ter, des schistes

cr is ta l l ins offrant, en p a r t i c u l i e r , e n t r e les deux r é g i o n s le facies di t

des « phy l l i t e s b leu fumée » e t supposés c a m b r i e n s , pu is un complexe

n o n m é t a m o r p h i q u e de g r a u w a c k e s , cong loméra t s , qua r t z i t e s , a d m e t ­

t a n t à sa pa r t i e s u p é r i e u r e des calcaires noi rs en masses gauch i e s ,

« les Calizas a l a b e a d a s », associés p l u s ou m o i n s d i r e c t e m e n t à des

ca lca i res s i lur iens (Gothlandien) à Orthoceras. La p r é s e n c e d u Dévo-

n i e n est p r o b l é m a t i q u e . On n e conna î t p a s de Carbonifère .

Au-dessus du Pa léozo ïque plissé, vient un Permo-Tr ias sans doute

wer fen ien , t ransgressif , d u type b é t i q u e , c o m m e le P r i m a i r e .

Une nouve l le ana log i e est offerte p a r l 'existence de pér idot i tes p r è s

d e Ceuta , de deux massifs de pér ido t i t es t r ans fo rmées en se rpen t ines

e n t r e l 'oued Tigisses et l ' oued M'ter et d ' un a u t r e p o i n t e m e n t au Nord

de Melilla. Ces roches sont l 'exacte r ép l ique des pér ido t i t es andalouses

de la S e r r a n i a de R o n d a .

Le s c h é m a (fig. 9) m o n t r e l 'extension de ces format ions . De P u n t a

Pescadores à l 'Ouest de Villa San jur jo la b a n d e p r i m a i r e é c h a p p e —

e n m e r — à nos inves t iga t ions . A l 'Ouest de Villa Sanjur jo des l a m ­

b e a u x de Pa léozoïque sont associés à d u P e r m o - T r i a s en b o r d u r e de

la côte . C'est le d e r n i e r j a l o n de la zone pa léozo ïque i n t e r n e .

A l ' ex té r ieur , la zone ca lca i re offre u n e sér ie i n c o m p l è t e . S u r le

Pe rmo-Tr i a s v ien t un e n s e m b l e d e d o l o m i e s pas san t ve r s le h a u t

aux calcaires et o ù , e n dehor s d ' un Rhé t i en l im i t é , l e seul r e p è r e

est u n n iveau aa l én ien dans le h a u t de la masse ca lca i re . Il s e m b l e

q u e le Ju rass ique m o y e n et s u p é r i e u r , sans dou te e n pa r t i e décapé

p a r une érosion u l t é r i eu re , soit r é d u i t à q u e l q u e s l a m b e a u x d e

Page 148: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

136 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

marno-ca l ca i r e n o d u l e u x , r ouges , v is ibles au Djebel Musa et au Sud

de T e t u a n .

Le S e c o n d a i r e compor t e e n ou t re dans la r é g i o n n o r d , vers le

Djebel Musa, des calcaires et marno-ca lca i res l i tés à b a n c s rouges et

roses q u i sont c ré tacés , e t des couches roses à Aptychus d ans des s y n ­

c l inaux de l a cha îne ca lca i re , a u Sud de T e t u a n .

A l ' ex té r i eur de la zone ca lca i re , le F lysch est u n e format ion t rès

m o n o t o n e , pu issan te , p r e s q u e s té r i l e , où a l t e r n e n t des lits m inces de

g r è s et des m a r n e s . D 'après une sér ie de ja lons r e p é r é s depuis le Gap

Malabata et l 'Ouest d u Djebel Musa j u s q u ' à Alhucemas , le Flysch

d é b u t e ici au Luté t ien et se con t inue j u s q u ' à l 'Oligocène. Vers le h a u t ,

des g r è s pu i ssan t s appa ra i s sen t en vastes lent i l les , sans cloute d ' â g e

v a r i a b l e , selon les po in t s . Cer ta ins sont enco re de l 'Éocène s u p é r i e u r ,

d ' a u t r e s sont ol igocènes. Ils sont s tér i les . C'est l'« Arenisca del Alj ibe ».

Dans les repl i s de l a cha îne ca lca i re c'est aussi t r ès g é n é r a l e m e n t au

Lu té t i en q u e d é b u t e la t r ansgress ion n u m m u l i t i q u e . Sur le Pa léo -

zoïque i n t e r n e , c'est à l 'Éocène m o y e n ou s u p é r i e u r .

Du po in t d e vue s t r u c t u r a l la dorsa le calcaire est formée de plis

droi t s , voi re d é v e r s é s à l 'Est, d a n s son t r onçon m é r i d i e n . A p r è s u n

r e b r o u s s e m e n t à h a u t e u r de Te tuan , la série t end à se déverser à

l ' ex té r ieur , d ' a b o r d l é g è r e m e n t au Sud de cet te vi l le , pu is p lus forte­

m e n t à h a u t e u r d e X a u e n . De l 'oued Lau au Djebel A m a t r a s , ce son t

de vé r i t ab les c h e v a u c h e m e n t s qu i affectent la masse j u r a s s i q u e ,

p i n ç a n t des l a m e s de Flysch d o n t la p ré sence p e r m e t de définir les

acc idents (7).

P lus à l 'Est, a p r è s la t o r s ion de la cha îne , la zone ca lca i re s'effile ;

ses contacts avec le P a l é o z o ï q u e m o n t r e n t u n dévers accusé vers le

Sud sans q u ' o n pu isse savoi r s'il y a c h e v a u c h e m e n t . En tou t cas ,

dans les Boccoya où cet te dorsa le ca lca i re m o r d de n o u v e a u sur le

b o r d d u con t inen t , le Dr. Russo a m o n t r é (24) que le Jurass ique

c h e v a u c h e f r a n c h e m e n t le N u m m u l i t i q u e . P e u t - ê t r e l ' a m p l e u r d u

p h é n o m è n e a t te in t -e l l e q u e l q u e s k i l o m è t r e s .

La zone du Flysch n e p a r a î t pas pa r t i c ipe r à ces c h e v a u c h e m e n t s

don t e l le sub i t s i m p l e m e n t le c o n t r e - c o u p (21).

P o u r é t u d i e r la s t r u c t u r e de la cha îne à la p é r i p h é r i e de ces t ro i s

zones s imples , fa isons u n e coupe au Sud des G o m a r a en d i r ec t ion

sud-sud-es t , ve r s Taza .

Au cen t re de l a c h a î n e r i faine, sous la b o r d u r e sud d u Flysch qu i

Page 149: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 137

est en pa r t i e r é d u i t à ses g r è s t e r m i n a u x , a p p a r a î t une sér ie m a r n o -

schis teuse no i r e , coupée de l i ts qua r t z i t eux , p a r t o u t p r e s q u e s té r i l e ,

va r i ab l e d a n s le dé ta i l . Elle n ' a p a s été da tée en zone e spagno l e ma i s

e l le semble y a t t e i nd re , dans sa p a r t i e s u p é r i e u r e , le Crétacé tou t à

fait supé r i eu r .

En zone f rançaise , M. Marçais a fait u n e découve r t e t r ès i m p o r ­

t an t e (16). Dans l 'Azrou A k c h a r i l a p u é tab l i r qu ' e l l e fait sui te à

une sér ie de ca lca i res ba s iques et d u Jurass ique m o y e n , t e r m i n é e

p a r du Callovien fossilifère en calcaires n o d u l e u x rosés . L'Oxfordien-

Argovien , le Kimér idg ien , le T i thon ique on t été identifiés d a n s cette

sér ie schis teuse c o m p r é h e n s i v e , p u i s le Néocomien.

Une q u a r a n t a i n e de k i l o m è t r e s à l 'Ouest le D r et M m o Russo avaient

dé jà s igna lé au T a m c h e c h t (21) des couches à Rosalina Linnei d a n s

le h a u t de cette fo rmat ion qu i nous a p p a r a î t , donc , c o m m e e n g l o b a n t

toute la sér ie s t r a t i g r a p h i q u e d u Callovien a u Crétacé supé r i eu r .

La ques t ion se posai t encore d e la con t inua t ion d e la s é d i m e n t a t i o n

sous le m ô m e facies au d é b u t d u N u m m u l i t i q u e . Sans a u c u n d o u t e

des couches marno - sch i s t euse s dans le Djebel Nador et a u Djebel

Be rkane r e n f e r m e n t des foraminifères lu té t iens découver t s p a r

M. Marçais. Mais ce lui -c i a b i e n vou lu m e s igna le r q u e la série t e r t i a i r e

d é b u t e p a r un c o n g l o m é r a t de b a s e . Il y a d o n c u n e l a c u n e qui

i n t e r r o m p t l a série à l 'Éocène infér ieur , et c o r r e s p o n d peu t - ê t r e à

u n e p r e m i è r e p h a s e de p l i s semen t s .

D'ai l leurs en zone e s p a g n o l e su r cet te t r an sve r sa l e , le Flysch

lu t é t i en semble t ransgress i f su r la série c o m p r é h e n s i v e , d o n t la

schis tosi té sera i t donc en pa r t i e d u e à des efforts o r o g é n i q u e s a n t é -

lu té t i ens .

Au Sud d u Rif o r i en ta l , l a sér ie c o m p r é h e n s i v e passe l a t é r a l e m e n t

à des dépô t s m a r n e u x où M. Marçais (17) a t rouvé des c épha lopodes

d u Crétacé infér ieur et m o y e n .

A l 'Ouest d e cette t r an sve r sa l e la série m a r n o - s c h i s t e u s e s ' é tend

j u s q u ' à h a u t e u r de Bab-Taza . Au Sud-Ouest de ce po in t , en zone

f rançaise , vers l ' o u e d Loukkos , sa pa r t i e supér ieu re s e m b l e r e p r é ­

sen tée p a r ce q u e M. Lacoste appe l l e le « F lysch c ré tacé », sér ie

m a r n o - c a l c a i r e p lus ou m o i n s sch is teuse , de te in tes p l u s c la i res

aff leurant sous le Flysch n u m m u l i t i q u e . De l 'oued Loukkos à la h a u t e

va l lée d e l 'oued Lau, on r e t rouve la con t inua t i on d e ce « Flysch

c ré tacé » p a r t i e é levée de no t r e sér ie c o m p r é h e n s i v e , où M. Bourca r t G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 13

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138 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

a t rouvé des Ammoni tes cré tacées en t re Draâ el Azef et la val lée de

l 'oued L a u 1 .

A p a r t i r d u Nord-Oues t d 'Ouezzan, cet te série d i spa ra î t ou tout au

moins n ' a pas encore été r e c o n n u e . Mais p l u s au Nord , on conna î t

depu i s les t r avaux de Bleicher et de Gentil l 'existence du Crétacé (voir

b ib l i og raph ie en 21) , embras san t l a sér ie d u Cénomanien au Sénonien

inc lus , vers Tange r . MM. Dupuy de Lôme et Milans de l Bosch (18-19)

l 'on t identif ié en zone espagnole en t re e l Bordj et el Fondai t . Cette

série qu i est ma rno - sch i s t euse en surface est da t ée p a r des I n o c é r a m e s .

Elle p e u t ê t re c o m p a r é e j u s q u ' à un ce r t a in point , avec u n d y n a m o m é -

t a m o r p h i s m e moins a c c e n t u é , à l a sé r ie marno-schis teuse no i r e de l 'Est.

Dès la pa r t i e ex te rne de la sér ie m a r n o - s c h i s t e u s e c o m p r é h e n s i v e

on r e t r o u v e d u N u m m u l i t i q u e , ma i s différent du Flysch de la zone

e s p a g n o l e .

Au Sud, vers Taza, Gentil avai t no t é le Thané t i en . MM. Lacoste

(15 bis) et Marçais no ten t d ' a u t r e p a r t une t r a n s g r e s s i o n yp ré s i enne

ou du Luté t ien in fé r i eu r , visible d u Nord de Sebou au Prérif, pu i s le

Luté t ien s u p é r i e u r fo rmé de m a r n e s b l a n c h e s à silex, b ien connues

dans le Prér i f d e p u i s les b e a u x t r avaux de M. Daguin (6).

Une nouve l l e t r ansgress ion , sensible dans le Rif m é r i d i o n a l en

d i rec t ion s u d - n o r d a été notée p a r M. Lacos te , pu i s v ien t l 'Ol igocène,

où n o t r e s c h é m a géo log ique compte aussi l 'Aqu i t an i en . Ce n i v e a u

est m a r i n a u Nord-Ouest , d ' ap rè s M. Bourcar t . On sait q u e ve r s

Moulay Idr iss (Prérif) M. Daguin ( 6 ) a t r o u v é que sa base est m a r i n e

et son s o m m e t con t inen ta l .

Enfin p o u r t e r m i n e r l ' é n u m é r a t i o n s t r a t i g r a p h i q u e n o t o n s q u ' o n

a identifié le Burd iga l i en et le Vindobonien m a r i n s , d o n t l es a rg i les

he lvét iennes n o u s r e t i end ron t a u sujet du pé t ro l e . Le Miocène m o y e n

passe d a n s le Gha rb a u Sahé l i en . Une sér ie l acus t r e pos t - s ahé l i enne

p l iocène ou q u a t e r n a i r e est di te des calcaires lacus t res de Meknès et

d u Saïs (b ib l iogr . en 6, 2, 4) .

Revenons à la série c o m p r é h e n s i v e n o i r e .

Cette zone l a r g e de 70-80 k i l o m è t r e s n 'es t p a s un i fo rme . Des m a s ­

sifs ca lcai res a n a l o g u e s à celui de l 'Azrou Akchar , où n o u s avons

vu u n e sér ie fossilifère, y po in t en t avec des con tours et des contacts

capr i c i eux . On a p u y voir des c h a r r i a g e s .

1. Renseignement inédit, dont je remercie vivement M. Bourcart.

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MAROC. 139

Mais les recherches précises de MM. Lacoste et Marçais ont é t ab l i

dans c h a q u e cas que le ca lca i re é m e r g e p a r p e r c e m e n t à l a façon

d 'un ant ic l ina l ou d ' u n d iap i r , avec quelquefois un dévers , u n chevau­

c h e m e n t localisé en l a r g e u r et en p r o f o n d e u r , d i r i g é f r é q u e m m e n t

vers l ' ex tér ieur de la c o u r b u r e de la c h a î n e .

Ces massifs de p e r c e m e n t sont a l ignés et dess inen t une c o u r b u r e

p l u s accusée q u e celle de la do r sa l e ca lca i re d u Rif e spagno l . Dans

la zone levée p a r M. Marçais, ils sont cour t s et assez n o m b r e u x . A

l'Ouest de Boured , q u a t r e l i gnes p r inc ipa l e s de c rê tes s ' ind iv idua l i ­

sent l ' une aux abo rds de la f ront ière au Dj. Bou l l a m a , l ' au t r e au

Sud du hau t O u e r g h a formant le l a r g e massif des Senhad jas et p r o ­

l o n g é e p a r des p o i n t e m e n t s j u s q u e p rès de Ghafsai. La r ide des Sofs

s ' incurve p a r le Dj. Messaoud. Un nouve l axe la r e l a y e d é b u t a n t p a r

les beaux d i ap i r s de l ' A m e r g o u - A r e c h g o u . Il se r ed re s se fo r tement

au Nord-Ouest, et d ' au t r e s l ignes d 'acc idents p l u s ex te rnes a p p a ­

raissent vers le Sud-Oues t .

P lus à l 'Ouest, à l eu r t e rmina i son , les acc idents sont moins é t e n d u s ,

ma i s d ' u n p l u s h a u t d e g r é de d is locat ion , d a n s la r ég ion d 'Ouezzan.

Le ca rac tè re ant ic l inal de ces massifs de calcai res j u r a s s i q u e s est

soul igné d a n s le cen t re de l a cha îne p a r la r épa r t i t i on d u Néogène .

M. Russo avai t dé jà m o n t r é qu ' ic i le Néogène (Burd iga l i en o u Vindo-

bonien) se r e n c o n t r e d a n s les por t ions i n t e rnes d u Rif en sync l inaux

i ncu rvés (24).

M. Lacoste a préc isé l eu r t r acé et a mis e n év idence leur posi t ion

e n t r e les a l i g n e m e n t s des calcaires j u r a s s i q u e s , posi t ion q u i définit

l a p a r t de l ' o rogén ie p o s t m i o c è n e .

La l i gne des Sofs sépare p o u r M. Lacoste le Rif l u i - m ê m e ou si l 'on

veu t le Rif mér id iona l d u Prérif é tudié p a r M. Daguin en 1923-

27 (6). Dans tou te l a l a r g e zone c o m p r i s e e n t r e la Médi te r ranée

et ce t te r i de , n i a u Nord en zone e s p a g n o l e , n i a u Sud en zone

française on n ' a t r o u v é les g r a n d s c h a r r i a g e s auxque l s , j ad i s , on

s 'était a t t e n d u . Mais les acc iden t s sont ce r t a inemen t poussés a u Sud

avec pu issance , tous les p l i s de p e r c e m e n t j u r a s s i q u e s en fou rn i s ­

sent l a p r e u v e . Ils s ' a c c o m p a g n e n t de l'Est à l 'Ouest de niasses de

Trias qu i se sont in jec tées , soit a u vois inage des massifs ca lca i res ,

soit à la faveur des cassures de l a sér ie , sous l'effet d 'un déco l l e ­

m e n t relatif de la base de la série et des press ions qu i en son t

résul tées . Les levés de MM. Marçais et Lacoste en m o n t r e n t dans les

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Pliocène et quaternaire

Calcaires lacustres de Meknès el du Saïs

Sahél ien

Néogène inférieur et moyen

Parties de la série compréhensive d'âge nummuli t ique (Ypresien.Lutétien)

Parties de la série compréhensive d'âge crétacé

Série compré (Oxfo rd i en Te

Grès de la par

Nummulitiqu du RIF e s p a g n o l )

Crétacé supér

Crétacé inféri

Lias e t Juras

Fig. 9. — Esquisse géologique du Nord du Ma

Page 153: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

E S Q U I S S E G É O L O G I Q U E

o u

N O R D D U M A R O C

ive marno-schisteuse noire re)

erminale du Flysch

cies Flysch.jupourtour de la dorsale

Trias germanique

Zone externe du Rif oriental à série secondaire néritique

Paléozoïque

Gne i s s

Péridotites

e moyen (calcaires) Roches eruptives basiques récentes (Néogène quaterna i re )

par P. Fallot, J. Bourcart, Lacoste et Marçais).

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142 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

posit ions les p lus i m p r é v u e s , et ces géo logues en p r é p a r e n t des é tudes

t rès foui l lées.

Si, d a n s la l a r g e u r de cette zone schis teuse pe rcée de massifs ant i ­

c l inaux , il n 'y a pas de c h a r r i a g e s , il s emb le a p p a r a î t r e des c h e v a u ­

c h e m e n t s dans sa m a r g e ex t e rne .

On re lève n o t a m m e n t le c h e v a u c h e m e n t du N u m m u l i t i q u e de la

b o r d u r e su r le Néogène depu i s le Nord-Est de Taza j u s q u e bien à

l 'Ouest du col de Touaha r où M. Daguin l ' ayai t dé jà no té en 1927.

Ce N u m m u l i t i q u e é t an t s u i v e n t percé pa r des n i a s s e s de Tr ias , cer ­

ta ines de cel les-ci appa ra i s sen t au vois inage du contact é o c è n e - m i o -

cène c o m m e si le Trias à gypse é ta i t c o m p l è t e m e n t in te rca lé e n t r e

ces n iveaux .

A h a u t e u r de Taza, ce c h e v a u c h e m e n t m a r g i n a l est r édu i t à t rès

p e u de chose, b i en qu ' i l ai t é té j a d i s p r i s p o u r p r e u v e de l 'exis tence

de g r a n d e s nappes venues d u Nord .

P a r cont re , vers l 'Ouest , en t re Fez et l 'Ouergha , les r a p p o r t s r e s ­

pectifs des m a r n e s néogènes , des m a r n e s n u m m u l i t i q u e s et du Trias,

s e m b l e n t t rès complexes . La g r a n d e extension de l a m b e a u x t r ia -

s iques et des oppos i t ions de facies du Luté t ien ont fait a d m e t t r e à

M. Daguin l 'existence d ' une n a p p e const i tuée p a r d u Trias et des

m a r n e s b l a n c h e s n u m m u l i t i q u e s .

Cette n a p p e de g r a n d e ex tens ion , v e n u e d u Nord, lu i para i ssa i t

r e p o s e r su r un Néogène au toch tone d u q u e l des r ides pu issan tes du

s u b s t r a t u m font é m e r g e r le Ju rass ique , le Crétacé, le N u m m u l i t i q u e

gréseux en une doub le v i rga t ion a d m i r a b l e m e n t é tud iée vers

Moulay Idriss et Pe t i t j ean .

En fait ce t te s t ruc tu re se p r o l o n g e a u Nord-Ouest vers Souk el

A r b a d u G h a r b , ve r s l 'Est j u s q u ' à la zone m a r g i n a l e d u Nord de

Taza. C'est l a zone des p l i s sements m a r g i n a u x .

Vers le Nord-Ouest , d ' après les t r avaux d e M. Bourca r t (1-5), les dis­

positifs se c o m p l i q u e r a i e n t de déco l lements de la sér ie te r t ia i re p a r

r a p p o r t a u Crétacé, d a n s la pa r t i e i n t e rne de la c o u r b u r e , et de c h a r ­

r iages accen tués du N u m m u t i l i q u e su r le Néogène à l ' ex té r i eur . Il y a

i ncon te s t ab lemen t des d is locat ions i m p o r t a n t e s et ce Trias j o u e , ici

a u t a n t q u ' à l 'Est , le rô le a m b i g u qui a tou jours t r oub l é le g é o l o g u e .

P . T e r m i e r es t ima dès 1928 q u ' à Souk cl Arba les dis locat ions

é ta ient dues non à des c h a r r i a g e s ma i s à des acc idents localisés i m p u ­

t ab le s en par t i e au Tr ias (27).

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MAROC. 143

Depuis les bel les r e c h e r c h e s de M. Lacoste, on t end à a d m e t t r e en

effet q u e cette zone d e dis locat ions m a r g i n a l e s ne compor t e pas de

g r a n d s cha r r i ages . D'une p a r t on a pu m o n t r e r q u e les m a r n e s c r é ­

tacées (Crétacé infér ieur à Cépha lopodes py r i t eu x ou Crétacé s u p é r i e u r

à Foramini fères) r e s semblen t a b s o l u m e n t à celles d u Néogène , et q u e ,

au débu t , faute de fossiles, ces deux n iveaux on t été confondus . En

beaucoup de poin ts , donc , de Souk el A r b a au Bou Mehiris, e t c . . . , il

n 'y a p a s de c h a r r i a g e s de N u m m u l i t i q u e su r d u Vindobonien , c o m m e

on l 'avai t cru , mais superpos i t ion n o r m a l e d e l 'Éocène a u Cré tacé .

Ail leurs, n o t a m m e n t au Sud de la r ide des Sofs, M. Lacoste (9-15 bis)

t end à voir , d a n s celles des disposi t ions a n o r m a l e s des format ions

m a r n e u s e s qu i subs is ten t ap rè s revis ion, et d a n s la pos i t ion tou jours

a n o r m a l e d u Tr ias , des accidents p lus l imi tés r e p r o d u i s a n t en q u e l q u e

sorte avec les ma té r i aux inf in iment p lus p las t iques d u N u m m u l i t i q u e ,

d u Néogène et du Trias des p h é n o m è n e s c o m p a r a b l e s à ceux des

r i de s ca l ca i r e s . Les sondages de Souk el A r b a on t confirmé les in te r ­

pré ta t ions p r u d e n t e s de P . Te rmie r et de M. Lacoste.

Il n ' e n existe pas m o i n s , cela me s e m b l e ce r t a in , des déco l l emen t s

de la b o r d u r e mér id iona le de la série s t r a t i g r a p h i q u e r i fa ine avec

des c h e v a u c h e m e n t s m a r g i n a u x , des pl is déjetés et déversés , ma i s

en s o m m e p lus localisés q u ' o n ne l ' admet ta i t .

Au Sud, à l ' ex t é r i eu r de l ' a rc p ré - r i fa in et des c h e v a u c h e m e n t s

m a r g i n a u x , nous a t t e i g n o n s l a couve r tu r e au toch tone des avancées

d u socle d u Moyen-Atlas, c 'es t -à-dire u n e sér ie j u r a s s i q u e à facies

ép i con t i nen t aux , t ransgress ive su r le Pa léozoïque pl issé. Nous s o m m e s

déjà d a n s le d o m a i n e d u Maroc cen t r a l et m é r i d i o n a l .

Remontons vers Tange r . A p a r t i r de Souk el A r b a les acc idents et

les déco l l emen t s d i m i n u e n t d ' i m p o r t a n c e . Genti l , j a d i s , puis M. Russo

a p r è s M. Bourca r t ( 1 , 23) ava ien t p a r l é de c h a r r i a g e s a u t o u r de

Tange r . Ce de rn i e r a m o n t r é qu ' i l n ' y e n avai t pas ma i s il env i sage

q u a n d m ê m e des déco l l emen t s de la série n u m m u l i t i q u e . Ceux-ci

se ron t sans dou te t r ès r é d u i t s .

Du res te , à p a r t i r de la f ront ière n o u s n e possédons q u a n t à la

p r o l o n g a t i o n e spagno le d u Gharb q u e peu de données . M. Bourcar t

en a fait des levés p a r t i e l s . La Commission géo log ique d u Maroc

e spagno l lève l a r ég ion de Larache , ma i s les r accords de dé ta i l

m a n q u e n t encore , et les feuilles e spagno les au 1/50.000" n e sont pas

pub l iées .

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144 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Le Sahél ien , p a r quoi se t e r m i n e la sér ie n é o g è n e , et le Q u a t e r n a i r e ,

l a r g e m e n t é t e n d u s m a s q u e n t u n e b o n n e pa r t i e de l a r é g i o n ; s'ils lu i

confèrent sa f écond i t é , ils g ê n e n t g r a n d e m e n t le g é o l o g u e .

Ces fo rmat ions r écen tes cachen t en pa r t i cu l i e r le con tac t des pl is

de l a b o r d u r e d u Rif ou d u Prér i f avec le Pa léozo ïque de la Meseta

m a r o c a i n e don t l ' a i re , définie j a d i s p a r Gentil , v ien t se t e r m i n e r sans

dou te sous le Qua te rna i r e du Sebou et le Pl iocène qu i le b o r d e au

Nord .

A l 'Est , on a vu , d ' ap rès les t r avaux de M. Marçais, t r a v a u x qu i

ont c o m p l é t é et rectifié les résu l ta t s d 'observa t ions a n t é r i e u r e s de

M. Russo (24), q u e les l i g n e s d i rec t r ices d u Rif se r ed res sen t en d i rec ­

t ion d u Nord-Est .

La zone marno- sch i s t euse no i re d u Seconda i re a t te in t le Cap Qui-

la tes et v ien t se p e r d r e en m e r en t r e celui-ci et la po in te de Melilla.

On y r e t rouve les masses calcaires pe r çan t l a sér ie schis teuse et m ê m e

c o m m e a u Dj. Ouaour id u n pe t i t massif p e r ç a n t de Pa léozoïque ,

déversé con t re le p r o l o n g e m e n t d u N u m m u l i t i q u e d u B e r k a n e .

Le Maroc o r ien ta l t a b u l a i r e . — A l ' ex té r ieur de cet te zone for te­

m e n t p l i ssée , on a t te in t la c o u v e r t u r e d u Pa léozo ïque no rd -a f r i ca in ,

o u , si l 'on veut , les t e r r a i n s d ' a l l u r e p l u s t r a n q u i l l e q u i p r o l o n g e n t

le Moyen-Atlas en d i rec t ion de Melilla et le r a cco rden t avec, le Tel l

Le couloir d e Taza r e s se r r é e n t r e la b o r d u r e d u Moyen-Atlas a u

S u d et la b o r d u r e ex terne d e l 'arc r i fa in a u Nord s 'é la rg i t dès

Msoun, e t se poursu i t vers l 'Est e n t i è r e m e n t su r la couve r tu r e d u

socle afr icain .

M. Russo (25 et 25 bis) qu i l ' é tud ie en a d o n n é u n e p r e m i è r e

esquisse d 'où il r e s s o r t q u e nous sommes b ien là d a n s u n e zone t ou t

à fait é t r a n g è r e au Rif. La p r o l o n g a t i o n du cou lo i r où s'est l a r g e m e n t

é t e n d u le Néogène s ' a l longe vers l 'Est-Nord-Est, pa r le Nord de Taou-

r i r t vers Oudjda et la p rov ince d 'Oran . Elle est l imi tée au Sud-Est et

a u Nord-Ouest p a r des r ég ions à série seconda i re t a b u l a i r e , où le

Ju rass ique , su r tou t ca lca i re , offre des zones assez r i ches en fossiles

n o t a m m e n t au Lias et a u Dogger .

M. Russo a d i s t ingué d e s faibles an t ic l inaux a l longés selon la d i rec ­

t ion d u coulo i r e t , au Nord , des écail les locales d a n s les Ben i -Snassen 1 .

1. Une ancienne étude de Gentil et un tout récent mémoire de M. Savornin ne mon­trent co chaînon des Beni Snassen que comme un anticlinal très tranquille (28).

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MAROC. 145

Au Nord ce r é g i m e d ' a p p a r e n c e t r a n q u i l l e se poursu i t j u s q u ' à

Melilla. L a r g e m e n t m a s q u é p a r le Qua te rna i re de l 'oued Mlouya, le

Jurass ique a c c o m p a g n é de Crétacé n é r i t i q u e avec facies à Orbi tol ines

forme les massifs e n t o u r a n t l a dépres s ion d u G u e r r o u a o u . Nous les

re t rouvons au Nord d u couloi r q u a t e r n a i r e de Dar Drius dans la p é n i n ­

su le de Melilla (18-19) où le Ju rass ique a été minéra l i sé p a r des v e n u e s

é rup t ives . Cette série seconda i re est en p a r t i e cachée p a r le Néogène

t ransgressi f d u Kert , ma i s son socle pa l éozo ïque r e p a r a î t p e u t - ê t r e au

Nord de Melilla.

Ainsi nous avons si tué les d ivers é l émen t s d u Nord d u Maroc. Sans

conteste la chaîne r ifaine en rep résen te l ' essent ie l t an t p a r l ' a m p l e u r

de ses acc idents que p a r l ' in té rê t qu'offrent l e u r s connexions .

11 nous res te ra i t à d a t e r les phases o r o g é n i q u e s , ma i s ces ques t ions

si i m p o r t a n t e s feront l 'obje t de chap i t r e s f o n d a m e n t a u x des t r a v a u x

de MM. Bourca r t , Lacoste et Marçais et j e ne veux pas les a b o r d e r .

Notons s i m p l e m e n t q u e les m o u v e m e n t s on t é té d ' au tan t p lus récents

que nous considérons des un i tés s t ruc tu ra l e s p lus ex te rnes , et q u e

M. Daguin a déjà m o n t r é que les d e r n i e r s d i s loquen t les ca lca i res

l acus t res d u Saïs qu i sont t rès récents , sans dou te p l iocènes ou post -

p l iocènes .

Éruptions récentes. — Au Néogène s u p é r i e u r et a u Pl iocène , à

la fin des m o u v e m e n t s o r o g é n i q u e s ta rd i fs , se p lace l a fo rmat ion

des vo lcans d e la Médi ter ranée occ iden ta le n o t a m m e n t ceux des

a b o r d s de Melilla et d u Maroc o r i en ta l . Les p r i n c i p a u x massifs sont

situés su r l e s c h é m a (fig. 10).

III. RESSOURCES MINIÈRES 1

Le Rif f rançais ne compor t e pas d 'explo i ta t ions m i n i è r e s ; s eu l le

pé t ro le n o u s r e t i e n d r a u n ins tan t .

Toutefois, p u i s q u e n o u s avons é t endu no t r e c o u p d'oeil d ' e n s e m b l e

1. On sait qu'au Maroc, pour la première fois en ce qui concerne la France d'outre­mer fut créé un organisme, auquel participe l'État, qui coordonne et oriente les re­cherches minières. Cet organisme, le Bureau de Recherches et de Participations Minières, aborde, dans tous les cas où la prospection le nécessite, des recherches géologiques détaillées. Dans cette partie de son champ d'activité, il travaille en liaison avec le Ser­vice géologique et on lui doit beaucoup de résultats scientifiques de grand intérêt.

G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 14

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146 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

sur le Rif e spagno l , j e crois b o n de n o t e r b r i è v e m e n t les ressources

min i è r e s qu'offre cet te zone , d ' ap rès M. Marin (20).

Fer. — Le gî te le p l u s i m p o r t a n t est celui de Uixan, p r è s de Meli l la 1 .

Minerais : 1) Hémat i t e à 60 à 61 % d e fe r ; 6 à 9 % de s i l ice ; 0 ,016 à

0,22 de p h o s p h o r e ; t races de soufre. — 2) Minerai pyr i teux : 53 à

55 % de f e r ; m ê m e s p r o p o r t i o n s de silice et de p h o s p h o r e ; 2 à 6 %

de soufre. — 3) Magnétite à 60 % de fer et t races de soufre .

Le m i n e r a i py r i t eux est t r a i t é p a r ca lc ina t ion .

P roduc t ion en 1929 : 1.035.000 tonnes don t 768.000 p o u r l a Société

e spagno le des Mines d u Rif.

Ext rac t ion d e 1914 à 1929 : 6 .453.600 t o n n e s .

La méta l l i sa t ion est en re la t ion avec les venues é rup t ives s igna lées

p l u s h a u t .

Un au t r e g î te est en cours d ' é t udes à Afrau. On en cite un a u t r e

dans les Beni-Tuzin.

Dans la région d ' A l h u c e m a s , on ava i t pa r l é j a d i s de r iches g i se ­

men t s de fer dans le Djebel H a m m a m et d a n s le Monte Pa lomas (à

2 k i l o m è t r e s de Villa Sanjur jo) . On n 'y a r ien t rouvé .

Abd-e l -Kr im avai t r é p a n d u le b r u i t qu ' i l existait des gî tes d ' a r g e n t

dans le Djebel H a m m a m . On n ' e n a pas d a v a n t a g e r econnu t r ace . Le

seul filon obse rvé dans la r ég ion d 'A lhucemas à Ta tmera t i m o n t r e u n

c h a p e a u l imoni t eux , de t rès peu d ' i m p o r t a n c e .

Cuivre. — On obse rve assez f r é q u e m m e n t d a n s la zone des schis tes

pa léozo ïques des t races de ma lach i t e et d ' azur i te ( t r ibu des Beni -

Saïd , env i ron 20 k m . a u Sud-Oues t de Te tuan , t r i b u des Beni-Hozmar,

m o n t a g n e s des Gomara , versant Nord du Djebel Kelty, e t c . . . ) . Ces

format ions p é n è t r e n t u n p e u d a n s les g rès et les p o u d i n g u e s d u

Permo-Tr ia s qu i sont t ransgress i fs su r le Pa léozoïque . Elles n 'on t

pas p a r u m é r i t e r une explo i ta t ion .

P lomb et Zinc. — Les mines de Afra (Sud de Melilla) son t c o n n u e s

depu i s l o n g t e m p s . Ce sont des filons d e sulfures complexes en re l a t ion

avec des r o c h e s d io r i t iques et andés i t i ques . Le m i n e r a i con t ien t

1. La minéralisation en est attribuée souvent aux diorites et porphrites dioritiques (18, 19, 22) qui traversent le Jurassique. Vu l'acidité de ces roches l'origine de ce gîte semble encore peu claire.

Page 159: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 1 4 7

Fig

. 10

. —

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148 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

envi ron 80 % de p l o m b ; les ca l amines 35 à 50 % de zinc. Ces mines

s 'exploitent a u r a l en t i .

Dans l a do r sa l e j u r a s s i q u e du Rif, on cite de n o m b r e u s e s m i n é r a ­

l isat ions. A Adela t , d a n s le h a u t d u cha înon ca lca i re des Ben i -Zehman ,

des t r avaux on t mis en évidence u n filon de zinc et de p l o m b d e

1 k i lomè t re de l o n g et de 3 à 30 m è t r e s de pu i s sance . Au d i re des

i n g é n i e u r s e s p a g n o l s , le filon r e c o n n u est t rès in té ressan t , mais i l

n ' a pas été exploi té , à m a connaissance , ca r il se t rouve dans une

r ég ion p a r t i c u l i è r e m e n t â p r e et i n c o m m o d e .

P lus in té ressan t s sont les gî tes de la r ég ion d 'Ondjda où le t o n n a g e

de ga l ène à la vue est es t imé à 25-30.000 t o n n e s (6 bis).

Antimoine. — A Beni-Mesala, q u e l q u e s k i lomè t re s a u Sud-Ouest de

Ceuta existe u n e m i n e de s t ib ine avec u n p e u de cobal t . Celle-ci fut

é tudiée déjà en 1846 p a r Coquand . Le m i n e r a i , exploi té p a r les ind i ­

gènes , se venda i t à Ceuta et étai t expor té e n Ang le t e r r e . Depuis la

domina t i on espagno le , la m i n e a été exploi tée p a r les Espagnols s u r

une pe t i te échel le .

Graphite. — Le g r a p h i t e existe en filonnets et e n t rès pet i tes p o c h e s

dans l es pér ido t i tes de la r ive g a u c h e de l ' oued M'ter n o t a m m e n t ,

a u t o u r de Taamai l t .

Le charbon est i n c o n n u sauf q u e l q u e s t r aces associées a u P e r m o -

Trias d u Rif e s p a g n o l .

Le gypse et s o u v e n t le sel a c c o m p a g n e n t les p o i n t e m e n t s de Tr ias

g e r m a n i q u e de la p a r t i e ex t e rne de l 'a rc r i fain.

Hydrocarbures. — Des t r aces d ' h y d r o c a r b u r e s l iqu ides ou gazeux

on t é té é tudiées a u p o u r t o u r d u Rif dès la zone e s p a g n o l e , ma i s

c'est en zone française de Souk el Arba à l 'Est de Taza q u e les ind ices

de la p r é s e n c e du n a p h t e sont les p l u s n o m b r e u x .

Cer ta ins forages déjà anc iens ont d o n n é un peu de pé t ro le et le

g o u v e r n e m e n t chér i f ien , soucieux de faire l ' i nven ta i r e des r ichesses

min i è r e s d u Maroc, a déc idé de susc i te r et d ' a n i m e r u n e c a m p a g n e

de r e c h e r c h e s m é t h o d i q u e s q u i est en cou r s .

Les levés g é o l o g i q u e s détai l lés sont assez avancés p o u r p e r m e t t r e

le choix des r ég ions où il conv ien t de p lace r des sondes . Depuis deux

Page 161: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 1 4 9

ans les é tudes ont été menées t r è s ac t ivement . Nous to ta l isons a u

1 e r n o v e m b r e 1931 , en c o m p t a n t les anc iens forages faits dès a p r è s

la g u e r r e , 84 s o n d a g e s . Certains sont p e u i m p o r t a n t s , la m a j e u r e

pa r t i e descend à 200-300 m è t r e s , m a i s d a n s l a c a m p a g n e ac tue l l e

il en est q u ' o n pousse ou q u ' o n p o u s s e r a à p l u s de 1000 ou

1.500 m è t r e s .

Les indices , sources salées avec n a p h t e l i q u i d e , gaz, e tc . , ont

su r tou t été observés d a n s le b o r d du Gha rb (Souk el Arba) vers le

massif de Moulay Idr iss et d u Tselfat, en g é n é r a l au Sud de l 'Ouergha ,

j u s q u ' a u Tizerout ine à l 'Est de Taza.

Les s o n d a g e s conf i rment les indices superficiels; p o u r n e p a r l e r

q u e des p l u s anc iens , celui p l acé p a r M. Yovanovi tcb à Ain-e l -Hamra

a d o n n é depu i s 1923 de 100 à 400 l i tres pa r j o u r ; ce lu i d u Tselfat

u n e tonne p a r j o u r p e n d a n t assez l o n g t e m p s .

P lus i eu r s au t r e s fo rages ont enco re fourni de l ' h u i l e .

Je ne sau ra i s d o n n e r à ce sujet des dé ta i l s qu i n e m ' a p p a r ­

t i ennen t p a s , ma i s on p e u t r é s u m e r la s i tua t ion en d isant q u e si on

n ' a p a s encore découver t de g i semen t s de pé t ro l e exploi tables a u

Maroc, il n 'es t pas imposs ib l e q u e de te l les découver tes se p r o d u i s e n t ,

c a r les ind ices et forages m o n t r e n t qu ' i l s'est formé d u n a p h t e , que l ­

quefois e m m a g a s i n é dans le n iveau à Foramin i fè res , d ' a i l l eu r s m in ce

de l 'Helvét ien, d ' au t res fois localisé dans le J u r a s s i q u e . Si n o u s ne

pouvons avoi r l ' e spérance d 'y t r o u v e r u n e R o u m a n i e , il est n é a n ­

moins nécessa i re de pousser la c a m p a g n e de r e c h e r c h e s à fond t a n t

p a r l ' espoir , g é o l o g i q u e m e n t t r è s l ég i t ime , de t r o u v e r de l ' hu i l e en

q u a n t i t é s r é m u n é r a t r i c e s q u e p o u r en avoir le c œ u r net et ne p a s

laisser dans cet i nven ta i r e pas s ionnan t , de r ég ions non é tudiées .

Page 162: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

Pour tous les travaux de détail anciens voir la bibliographie donnée par M . DAGUIN(6).

1. J. BOURCART. — Sur la stratigraphie du R'arb septentrional. Bull. Soc. géol . Fr . (4), XXVIII, 1928.

2. J . BOURCART. — Note préliminaire sur la région d'Ouezzan. C. R. somm. Soc. géol. Fr . , 1929, p . 34-36.

3 . J . BOURCART. — Etude stratigraphique du R'arb marocain. Livre jub i la i re Soc. géol. Fr . , 1930, p . 170-195.

4. J . BOURCART. — Stratigraphie de la péninsule de Djebalas. C. R. Ac. Sc., t. 191, 1930, p . 621, p . 722, p . 954.

5. J. BOURCART et C. LACOSTE. — Une traversée des Djeballas. C. R. somm. Soc. géol. Fr . , 1929, p . 51 .

6. F . DAGUIN. — Contribution à l'étude géologique de la région prérifaine. Notes et Mémoires Serv. des Mines et de la Carte géol. du Maroc, in-8°, 413 p . , 37 pl . , 1927, avec 1 car te géologique au l /100.000 e .

6 bis. DESPUJOLS. — Note sur l'Industrie minérale au Maroc. Rapport p résen té

à la Société de l ' Industr ie miné ra l e . Congrès d'Alger. 7. P. FALLOT. — Observations géologiques sur la région de Xauen. C. R. Ac. Sc. ,

t. 193, 1931, p . 245, 424, 466; t. 194, 1932, p . 552 et 794. 7 bis. L . GENTIL. — Carte géologique provisoire du Maroc. Par is , Larose, 1922. 8. J . LACOSTE. — Résultats de recherches géologiques dans le Rif occidental.

A. F. A. S., La Rochelle, 1928.

9. J. LACOSTE. — L'extension du Crétacé dans la région méridionale du Rif occidental. C. R. Ac. Sc., t. 188, 1129, p . 719.

10. J. LACOSTE. — Observations sur le Rif central. C. R. Somm. Soc. géol. Fr . , 1930, p . 48.

11. J . LACOSTE. — A propos du Massif des Senhadjas. Les rapports de sa partie occidentale avec la région prérifaine. Ibid., 1930, p . 81 .

12. J . LACOSTE. — Notes stratigraphiques sur le Rif méridional (région de Mou-lay Bou Chta). C. R. Ac. Sc., t. 192, 1931, p . 368.

13. J. LACOSTE. — Observations tectoniques sur le Rif méridional (région de Moulay Bou Chta). Ibid., t. 192, p . 495 et t. 192, p . 1248.

14. J . LACOSTE. — Sur quelques situations tectoniques du Trias dans le Rif méridional. C. R. somm. Soc. géol. Fr . , 1931, p . 113.

15. J . LACOSTE. — Sur le rôle paléogéographique et tectonique des massifs juras­siques du Rif méridional. C. R. s o m m . Soc. géol. Fr . , p . 186, 1931.

15 bis. J. LACOSTE. — Observations sur la série nummulitique prérifaine et rifaine méridionale : niveaux transgressifs et décollements. C. R. Ac. Sc. , t. 194, 1932, p . 112.

Page 163: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

M A R O C . 151

16. J. MARCAIS. — Observations sur la géologie de la région de Tizi Ouzh (Rif oriental). C. R. Ac. Sc., t. 192, 1931, p . 757.

17. J. MARCAIS, DUHOUX et LECWIJCK. — Sur la présence du Crétacé inférieur

dans la partie méridionale du Rif oriental. C. R. Somm. Soc. géol. Fr . , 1931, p . 119.

18. A. MARIN, DUPUY de LÔME, MILANS del BOSCH, Alfonso del VALLE. — Estudios

relativos a la geologia de Marruecos. Bol. Inst . geol. Espana , t. 18, 2 o sér . , 1917.

19. A. MARIN, DUPUY de LÔME, MILANS del BOSCH, Alfonso del VALLE. — Id., t. 2,

3e sér. , 1921. 20. A. MARIN. — Constitucion geologica y risqueza mineral de la zona de protec­

torado espanol en Marruecos. Bol. R. Soc. Geografica Madrid, t. LXX, 1930, p . 103-134.

21. A. MARIN, M. BLUMENTHAL et P. FALLOT. — Observations géologiques sur le

N. 0. du Rif marocain. Bull. Soc. géol. Fr . (4), t. XXX, 1930, p. 659-735.

22. MILANS DEL BOSCH et GAVALA. — Livret-Guide XIVe congrès géologique international. Esc. A. Est recho de Gibral tar , Madrid, 1926.

23. P . Russo. Recherches hydrogéologiques sur la zone internationale de Tanger. Bull. Soc. géol. Fr . (4), XXVIII, 1928, p . 391.

24. P . Russo. — Recherches géologiques dans le N.-E. du Rif. Mém. Soc. Se. Nat. du Maroc, Rabat-Paris , 1929.

25. P . Russo. — Observations sur la signification tectonique des volcans maro­cains. Bull. Soc. géol. F r . (4), XXX, 1930, p . 133-140.

26. P . Russo. La jonction de l'Atlas et du Tell dans le couloir de Taza-Oudjda. Bull. Soc. géol. Fr . (4), XXX, p . 1121-1159.

27. P . Russo. — Le couloir de Taza à Oudjda. Géologie de la Méditerranée occidentale, vol. V, l r e par t . , 1931.

28. SAVORNIN. — La région d'Oudjda. Esquisse géologique, pa r S. Savornin ; Paléontologie, раr H. Roman et J. Dareste de la Chavanne . Service des Mines et de la carte géologique du Maroc. Notes et Mémoires, in-4°, 1930.

29. P. TERMIER. — Sur l'un des problèmes tectoniques du R'arb. Bull. Soc. géol. Fr . (4), XXVIII, 1928, p . 7.

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Page 165: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

DEUXIÈME PARTIE

MAROC CENTRAL ET MÉRIDIONAL 1

PAR

L. NELTNER

Ingénieur des Mines

Professeur à l'École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne.

Ne p o u v a n t faire u n e b i b l i o g r a p h i e dé ta i l lée d a n s le c a d r e de ce

cour t r é s u m é , il conv ien t d ' i n d i q u e r ici les n o m s des p r i n c i p a u x t r a ­

va i l leurs à q u i sont d u s les r é su l t a t s exposés c i -dessous .

A l ' époque h é r o ï q u e , en t r e 1900 e t 1912, q u e l q u e s g é o l o g u e s

firent u n e explora t ion fo rcément superf iciel le , sans ca r t e c o n v e n a b l e

et souvent a u mi l ieu des d a n g e r s ; t ro i s n o m s à c i t e r : Brives , Gent i l ,

Lemoine , qu i on t i nd iqué les l i gnes géné ra l e s de la g é o l o g i e m a r o ­

ca ine .

Ensu i t e , est v e n u e de 1912 à 1920 u n e é p o q u e t rans i to i re o ù l 'on

doit ci ter : B e a u g é , Jo leaud , Lecoin t re , Russo , Savorn in .

Enfin, le Service des Mines, sous la d i rec t ion de M. P . Despujols,

a o rgan i sé le levé r é g u l i e r de la ca r te géo log ique , a u q u e l on t col­

l a b o r é MM. Bar thoux , Bourca r t , Lecoint re , Le Vil lain, Moret, Ne l tne r ,

Roch , Russo , H. T e r m i e r , e t c . . .

I. APERÇU GÉOGRAPHIQUE

Limité à l 'Est p a r u n e f ront iè re p u r e m e n t po l i t i que , le Maroc

a p p a r t i e n t à p lus i eu r s g r a n d e s uni tés g é o g r a p h i q u e s et la viei l le

division en Maroc occ iden ta l et Maroc o r i en ta l t r a d u i t cet é ta t de

choses ; on p e u t y a jouter une t ro i s i ème divis ion : le Maroc s a h a r i e n

1. Voir, la carte géologique au 3.000.000e de l'Afrique du Nord (planche hors texte). G É O L O G I E E T M I N E S D E LA FRANCE D ' O U T R E - M E R . 15

Page 166: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

154 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE MER.

qu i au Sud d u Haut -At las forme u n e un i t é b i en ind iv idua l i sée à

l 'Ouest, m a i s se r a c c o r d a n t i n sens ib l emen t ve r s l 'Est au Maroc o r i e n t a l

à t r a v e r s les de rn i è r e s r ides d e la c h a î n e . En t r e ces é l é m e n t s , l 'Atlas

forme lu i aussi u n tou t géo log ique et g é o g r a p h i q u e .

Le Maroc occidenta l c o m p r e n d l a zone d e faibles rel iefs, de basse

a l t i tude , q u i s 'é tend e n t r e l 'Océan, le Rif, l e Moyen-Atlas et le Haut-

Atlas. Quelques fleuves issus des h a u t e s c imes , u n e h u m i d i t é p l u s

g r a n d e d u e a u vois inage de la m e r lui a s s u r e n t une ce r t a ine r ichesse ;

c'est le pays m a r o c a i n p a r excel lence avec les g r a n d e s villes de l 'Em­

p i r e : Fès, Meknès, Raba t , Mar rakech . Géo log iquemen t c 'est u n pays

he rcyn ien , p a r t i e l l e m e n t r e c o u v e r t p a r le Secondai re ou le Ter ­

t ia i re ho r i zon t aux , d 'où son n o m de Meseta m a r o c a i n e .

Pays h e r c y n i e n auss i q u e le Maroc o r i en t a l , mais le Seconda i re

et le Te r t i a i r e c o u v r e n t p r e s q u e tou te sa surface et p r o l o n g e n t les

h a u t s p l a t eaux a l g é r i e n s . Cl imat p l u s sec, s u b d é s e r t i q u e , relief

exc lus ivement t a b u l a i r e , te l s sont ses ca rac tè res ; sa r iv iè re , la Mou-

l o u y a , p r o f o n d é m e n t enca i ssée , est p e u u t i l i sab le .

P resque figé depuis le Cambr ien , le pays s a h a r i e n t r a d u i t p a r que l ­

q u e s r ides le c o n t r e - c o u p de l a poussée a lp ine ; l ' une de ces r ides se

sui t su r 200 k i lomè t re s , c'est l 'Anti-Atlas q u e f lanque au Nord la va l ­

lée d u Sous.

Déser t ique , nu , v ivan t su r tou t de l ' eau envoyée p a r l 'Atlas, ce pays

pa r t i c ipe d u S a h a r a p a r sa vie aussi b i e n q u e p a r sa s t r u c t u r e de

vieux bouc l i e r figé. Ses r i v i è r e s : Draa , Ghér is , Ziz, Guir, se p e r d e n t

d a n s les sab les a p r è s avoi r i r r i g u é de bel les oas is c o m m e celle d u

Tafilelt su r le Ghér is et le Ziz. Vers l 'Est , sa l imi te géo log ique est

aussi incer ta ine que sa l imi te g é o g r a p h i q u e , ca r les h a u t e s c rê tes

d i spa ra i s sen t et le P r i m a i r e o n d u l é r e c o u v r e o b s t i n é m e n t le socle

anc ien .

L'Atlas c o m p r e n d deux h a u t e s cha înes t e r t i a i res : a u Nord le

Moyen-Atlas d e d i rec t ion sens ib lemen t n o r d - e s t , a u Sud le Haut-Atlas

de d i rec t ion es t -nord -es t . Pays seconda i re à p l i s g é n é r a l e m e n t doux,

ma i s acc iden té d e q u e l q u e s an t i c l inaux b r u s q u e s , le Moyen-Atlas n e

dépasse g u è r e 2 .500 à 3 .000 m è t r e s ; i l p a r a i t se c o n t i n u e r v e r s

l 'Ouest d a n s l a Meseta p a r l a r ide a t t énuée des Djebi lets .

Le Haut -At las , qu i c u l m i n e à 4 .175 au Djebel T o u b k a l , m o n t r e

au Sud de Marrakech u n e l o n g u e éch ine p r i m a i r e q u i s 'enfonce de

tous côtés sous le Secondai re : c 'est le massi f cen t ra l d u Haut-

Page 167: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 155

Atlas ou Massif cen t ra l tou t cou r t . Vers l 'Ouest, sa d i spa r i t ion sous

le Secondaire m a r q u e l a fin des h a u t e s a l t i t u d es ; v e r s l 'Est, au

con t ra i r e , le Seconda i re se ma in t i en t l o n g t e m p s aux e n v i r o n s d e

3.000 et 4.000 m è t r e s et ce n ' e s t q u ' a p r è s le Djebel Ayachi , a u S u d

de la Moulouya, que l a cha îne s 'abaisse et se pe rd en c h a î n o n s é p a r s

dans les h a u t s p l a t e a u x .

Géo log iquemen t donc nous devons d i s t i n g u e r 3 un i tés :

le pays h u r o n i e n ou socle s a h a r i e n ;

le p a y s h e r c y n i e n ou Meseta m a r o c a i n e et Maroc o r i e n t a l ;

le p a y s a lp in ou Atlas (Moyen-Atlas et Haut -At las) .

Mais ce s c h é m a t r o p s imple , s'il es t c o m m o d e , n e t r a d u i t q u ' i m ­

pa r fa i t emen t la complexi té des fai ts . En réa l i t é , dans ces t rois p a y s ,

les trois t ec ton iques pa ra i s sen t s 'être exercées et la différence v ien t

seu lement de l ' in tens i té diverse de l e u r ac t ion , d u p l i s s e m e n t qu i

i m p r i m e son cache t p lus p e r s o n n e l . Dans la Meseta, la r i d e des

Djebilets p a r a î t b i en p r o l o n g e r le Moyen-Atlas , e t , d a n s le p a y s

s aha r i en , la r ide de l 'Ant i -At las p a r a i t b i e n aussi d ' â g e t e r t i a i r e .

I nv e r s e me n t le p l i s semen t he rcyn ien se r e t r o u v e dans l 'At las .

La poussée a lp ine , s 'exerçant su r u n p a y s figé de vieux ma té r i e l ,

l 'a plissé en l a r g e s pl is de fond : deux d ' e n t r e eux se sont p a r t i c u ­

l i è r e m e n t m a r q u é s e t le g l i s semen t d e l e u r c o u v e r t u r e , q u i s'est

froncée parfois v io l emmen t su r le vieux b â t i , a achevé de l e u r d o n n e r

u n ca rac t è re a lp in n e t t e m e n t visible aux yeux de t o u s . Mais nous

ve r rons que des f roncements parfois aussi é n e r g i q u e s se t r o u v e n t

l oca l emen t aussi s u r la c o u v e r t u r e c a m b r i e n n e ou c ré tacée d u v ieux

bâ t i .

Malgré ces réserves le s c h é m a p roposé t r a d u i t b i en l ' en semble

des faits.

II. STRATIGRAPHIE

Pays pr iv i lég ié p o u r la t ec ton ique , p u i s q u ' i l p a r t i c i p e à la fois de

la cha îne a lp ine au Nord e t d u bouc l i e r s a h a r i e n au Sud , le Maroc

l 'est aussi p o u r la s t r a t i g r a p h i e , c a r tous les t e r r a in s y sont r e p r é ­

sentés d u P r é c a m b r i e n au Qua t e rna i r e . Faisons donc un r a p i d e

inven ta i r e de ces r ichesses .

A n t é c a m b r i e n . — Les t e r r a in s de cet âge se r e n c o n t r e n t d a n s le

Sud s u r l a zone axiale de l 'Anti-Atlas et les p l a t eaux d u Draa. Leur

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156 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

âge a n t é c a m b r i e n est d é m o n t r é pa r la d i scordance t r è s n e t t e de

l 'Acadien q u i , le p l u s souvent d ' a i l l eu rs , r epose s u r eux p a r l ' in ter ­

m é d i a i r e d ' u n pu issan t c o n g l o m é r a t . L 'on p e u t d ' a i l l eu rs , dans cet

a n t é c a m b r i e n , d i s t i n g u e r 2 n i v e a u x s é p a r é s p a r u n e d i scordance :

nous les a p p e l l e r o n s a r c h é e n et a l g o n k i e n , sans p r é t e n d r e p a r ces

t e rmes r a p p r o c h e r nos fo rmat ions de cel les décr i t es sous ces n o m s

a i l l eurs d a n s le m o n d e .

L 'Archéen , formé de gneiss et micaschis tes r ed re s sé s et de g r a n i t e s ,

d é b u t e p a r des g r a n i t e s dans le Haut-Atlas (Our ika) , p u i s a u Sud de

l 'Atlas i l fo rme le s o u b a s s e m e n t du S i roua et a p p a r a î t a u delà en

de l a rges b o u t o n n i è r e s (p la ine de Tazenakh t , Aza ra r des Sek t ana ,

r ou t e de Tazenakh t au Draa) ou en pet i ts a f f leurements ( r ég ion au

Nord d ' I g h e r m , p a r e x e m p l e ) .

L'Algonkien est formé d ' u n e g rosse masse (200 à 800 mètres) de

qua r t z i t e s p loyées en plis t rès l a r g e s , de sor te q u e le Cambr i en peut

r e p o s e r s u r e l les en d i scordance ou en concordance se lon les po in ts ;

( leurs a f f leurements sont assez localisés : b o r d u r e s u d du p l a t eau

du S i roua , Djebel Igu igu i l chez les S e k t a n a s , r é g i o n d ' I g h e r m et

Ida ou Zekri) .

Cambrien. — Très i m p o r t a n t au Maroc, son exis tence n ' a p a s

é té c o n n u e des p r e m i e r s e x p l o r a t e u r s . On le t r o u v e dans la Meseta

v e r s Casablanca , p u i s on le sui t vers le S u d (et ses aff leurements

forment su r la ca r te une b a n d e d 'o r i en ta t ion voisine d u Nord-Nord-

Est) j u s q u e dans les Djebilets , d o n t tou te la pa r t i e occ iden ta le est

c a m b r i e n n e (et p e u t - ê t r e auss i une b o n n e pa r t i e , s inon l a to ta l i té ,

d u r e s t an t ) . Mais c'est d a n s le Haut -At las e t le socle s a h a r i e n que

ce t e r r a i n p r e n d u n g r a n d d é v e l o p p e m e n t . Il fo rme les 3/4 au m o i n s

d u Massif c e n t r a l d u Haut-Atlas et la p r e s q u e total i té de l 'Anti-Atlas et

des p la t eaux d u Draa . Vers l'Est on le vo i t s ' é t endre t rès lo in d a n s

le Djebel S a r r o .

Seul l e C a m b r i e n m o y e n est connu avec ce r t i tude p a r u n e faune de

Tr i lobi tes (Paradoxides, Conocephalites, Ellipsocephalus) et d 'Ar-

chaeocya t idés (Archaeocyathus, Coscinocyathus, Spirocoyathus...);

mais le P o s t d a m i e n est s o u p ç o n n é dans la r é g i o n d e Casab lanca et ,

de m ê m e , le Géorgien dans l 'Anti-Atlas.

Dans le socle s aha r i en , en effet, les p r e m i e r s dépôts c a m b r i e n s

(que n o u s a p p e l l e r o n s ici Cambr i en anc ien sans p r é j u g e r l e u r âge)

Page 169: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 157

son t fo rmés d ' u n e masse é n o r m e de c o n g l o m é r a t s et de r o c h e s

d ' é p a n c h e m e n t , que l 'on p e u t c o m p a r e r , à l ' épaisseur p r è s , à celles

du K e w e e n a w a m é r i c a i n . A la sui te d u p l i ssement a l g o n k i e n , des

volcans se sont in s t a l l é s , la m e r est r e v e n u e s u r les ru ines d e l a

cha îne , et nous voyons là u n ex t r ao rd ina i r e e n c h e v ê t r e m e n t d e cou­

lées, de c o n g l o m é r a t s à ga le t s b ien roulés (de c r i s t a l lophy l l i en , de

g r a n i t e , de quar tz i tes et d e roches d ' épanchemen t s ) et auss i d e con­

g l o m é r a t s b r é c ho ïde s fo rman t de vé r i t ab le s tufs à pe ine r e m a n i é s .

Les c ong lomé ra t s sont t rès a b o n d a n t s vers le S u d , t a n d i s q u e les

coulées d o m i n e n t a u Nord où elles fo rmen t les p l u s h a u t e s crêtes

de l 'Atlas (massif du Rera ia ) . Vers le h a u t , ce sys tème passe aux

calcaires a c a d i e ns , de sor te que l 'on n e sait pas s'il faut en faire la

base de l 'Acadien ou le Géorg ien ; p o u r m a p a r t , j ' o p i n e r a i p o u r la

d e u x i è m e h y p o t h è s e .

L'Acadien couvre l 'Anti-Atlas et les p l a t eaux d u Draa d ' u n m a n t e a u

déch i r é de calcai res do lomi t iques q u i , en deux points , ont fourni des

Archaeocyathus (Aglou vers Tiznit , Tiout a u Sud de T a r o u d a n t ) .

Ces ca lca i res t rès pu i s san t s (700-800 m è t r e s a u moins) se p r o l o n g e n t

dans le Haut-Atlas (avec faune en t ro i s poin ts ) , ma i s y passen t l a t é ra l e ­

m e n t à des schistes qu i on t f ou rn i u n e r a r e faune de Tr i lobi tes

[Paradoxides, Conocephalites). Le passage des ca lcai res aux schis tes

est b r u t a l et f réquent , ce qu i est l a r èg le p o u r les format ions récifales.

Vers le Nord, schistes et calcaires se r e t r o u v e n t dans l 'ai le occ identa le

des Djebilets , et p e u t - ê t r e u n e b o n n e p a r t i e des schis tes de l 'ai le

o r i en ta le sont- i ls aussi c a m b r i e n s .

Enfin vers Casablanca l 'Acadien est schisteux avec d e s n iveaux de

quar tz i t es : ici aussi la fo rmat ion est t rès pu i s san te , p lus de 1.000 mè t r e s

et p e u t - ê t r e 5.000 m è t r e s (s'il n ' y a pas de r e d o u b l e m e n t m é c a n i q u e ) .

Vers Casablanca enfin on t rouve , au-dessus de l 'Acadien, l a sér ie

des schistes ver ts d u Bou Znika , pu i s san te de 3,500 m è t r e s et sans

fossiles. On l ' a t t r i b u e avec dou te au P o s t d a m i e n .

Si lurien. — Quoique b i en r e p r é s e n t é au Maroc i l est b e a u c o u p

moins a b o n d a n t q u e le Cambr i en et se t r o u v e s u r t o u t à l 'é ta t d e

Goth land ien . Il a p p a r a î t d a n s c h a c u n e de nos t rois g r a n d e s zones :

le Haut-Atlas occ identa l et peu t -ê t r e les Djeb i l e t s ;

le socle s a h a r i e n , a u vois inage du Tafilelt et vers Tiznit , en b o r d u r e

de l 'Anti-Atlas ;

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158 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

l a Meseta m a r o c a i n e , en de n o m b r e u x po in t s , vers Set tat , Casa­

b l a n c a , Oulmès et Khenifra .

Haut-Atlas. — Dans l ' épaisse sé r ie de schis tes l é g è r e m e n t m é t a -

m o r p h i s é s , qu i fo rme le socle h e r c y n i e n de l 'Atlas, les fossiles sont

ra res et q u e l q u e s a t t r i bu t i ons d 'âge seront p e u t - ê t r e à r ev i se r lors

d ' u n e é t u d e u l t é r i eu re . Mais l 'on r e n c o n t r e dans cet te r ég ion le Si lur ien

cer ta in aux deux ex t rémi tés du Massif c en t r a l du Haut-Atlas :

vers l 'Ouest , l 'Ordovicien, formé de schis tes noirs à a l t é ra t ion f e r ru ­

g ineuse avec Trinucleus, existe chez les Seksaoua , Ida ou Mahmoud ,

Ida o u Zal et l ' on p e u t r a p p o r t e r au Go th l and ien des schistes no i r s

à Or thocè res ;

vers l 'Est les schis tes à Grap to l i thes g o t h l a n d i e n s des Ait Mdioual

sont connus depu i s l o n g t e m p s (Gentil, 1905).

Socle Saharien. — Dans le socle s aha r i en , du côté d u Tafilelt,

des g r è s ca lcai res à Trinucleus se t r o u v e n t sous la série dévon ienne ,

le Go th l and ien é t an t p e u t - ê t r e r e p r é s e n t é p a r u n e par t i e des g r è s de

la r é g i o n .

Meseta. — Dans la Meseta, l 'Ordovic ien , à facies i d e n t i q u e à celui

d u Haut-At las n ' e s t jusqu ' i c i connu q u ' a u cen t r e d ' u n l o n g ant ic l ina l

a l l a n t de Beni A h m e d à Oulmès .

Le Goth land ien , lui , se r e n c o n t r e d ' a b o r d en au réo le de l 'Ordovic ien ,

et ensui te d a n s u n e zone an t i c l ina le e n t r e Khenifra et Azrou, et dans

les r ég ions de Casablanca et d e Set ta t . Il c o m p r e n d des schis tes et

des ca lca i res à g r a p t o l i t h e s ou à Cardiola interrupta, des schis tes

avec nodu les à Orthoceras et u n b e a u d é v e l o p p e m e n t de quar tz i t e s .

Rappe lons enfin q u e l e S i lu r ien fo rme p e u t - ê t r e une p a r t i e des

Djebilets .

Dévonien. — Il est t r è s b ien connu au Maroc et , c o m m e le Silu­

r i e n , on le r e n c o n t r e d a n s les 3 zones :

Haut-At las : en b o r d u r e d u massif cen t ra l du Hau t -At l a s ;

Bouc l ie r s a h a r i e n : d a n s le Djebel Bani en b o r d u r e sud de l 'Anti-

Atlas et ve r s le Tafilelt;

Meseta m a r o c a i n e : Djebilets , Mechra ben Abbou , Casablanca , Beni

A h m e d , Ou lmès .

Haut-Atlas et Djebilets. — Le Dévonien ce r t a in de ce g r o u p e est

t rès r édu i t , i l est fo rmé t an tô t d e schis tes ca lca i res du Dévonien infé­

r i e u r (Ida ou Mahmoud) t an tô t de schistes et g rès d u Dévonien supé-

Page 171: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 159

r i eu r (Ida ou Zal, Djebilets) . Les fossiles y sont r a re s et m a l con­

servés.

Bouclier saharien. — Sur le r eve r s sud de l 'Anti-Atlas les g rès

dévoniens à Phacops fecundus et Spirifers ( t rès p r o b a b l e m e n t g é d i n -

niens) v iennen t r epose r su r les ca lca i res c a m b r i e n s sans in te rpos i t ion

d e Si lur ien c e r t a i n ; le Dévonien supé r i eu r se r e t r o u v e au Sud de

l ' a u t r e côté du Draa, et il est p r o b a b l e q u e la sér ie d é v o n i e n n e est

ici à peu p r è s c o m p l è t e .

Vers le Tafilelt, le Dévonien s u p é r i e u r ca lca i re à Clyménies est l a r g e ­

m e n t r ep ré sen t é , mais Givétien et F r a sn i en ca lca i re ou g ré seux affleu­

r e n t é g a l e m e n t .

Meseta. — C'est dans l a Meseta q u e le Dévonien est de b e a u c o u p

le mieux connu et le mieux é tud ié , m a i s nous n e pouvons e n t r e r d a n s

le dé ta i l . Parfois schis teux ou g r é s e u x , ma i s le p l u s souven t ca lca i re ,

i l affleure l a r g e m e n t en de n o m b r e u x po in t s d u Sud de Raba t ,

e n t r e Beni A h m e d et T e d d e r s , vers Chr is t ian , ve r s Azrou.

L'on conna î t ses différents t e r m e s m a i s ceux-ci n e sont p a s tous

r ep ré sen t é s a u m ê m e p o i n t : le Givétien à facies récifal se r e n c o n t r e

u n peu p a r t o u t , t and i s que le Dévonien infér ieur a des aff leurements

assez l imi tés .

Carbonifère . — Cet é t age m é r i t e u n e é t u d e spéciale vu les

g r a n d s espoi rs et les q u e l q u e s r é su l t a t s q u i sont l iés aux r eche rches

de c h a r b o n .

On r e n c o n t r e le Carbonifère d a n s nos t rois un i tés e t l 'on conna î t

tous ses t e r m e s . Dinant ien , Wes tpha l i en et S t é p h a n i e n sont c o n n u s

a u Maroc, ma i s en q u a n t i t é s t r è s i n é g a l e s ; le Dinant ien l ' e m p o r t e , et

de b e a u c o u p , t and i s q u e le S t é p h a n i e n n 'est connu q u ' e n deux po in t s

d u Haut -At las .

Haut-Atlas. — Dans l 'Atlas le Carboni fère a p p a r a î t en b o r d u r e d u

Massif cen t ra l en t ro is po in t s : ve rs le Nord-Est nous t rouvons d e u x

b a n d e s de Dinant ien o r i en tées l ' une (vers Amismiz) en d i rec t ion he r cy ­

n i e n n e , l ' au t re (au S u d i m m é d i a t de Mar rakech avec le g i s e m e n t

cé lèb re de Moulay B r a h i m ) e n d i rec t ion a lp ine (es t -nord-es t ) . A

son s o m m e t cette d e r n i è r e compor t e u n e in t e rca la t ion ca lca i re à

faune de pa s sage Dinan t i en -Wes tpha l i en s u r m o n t é e d ' u n e t r e n ­

t a ine de m è t r e s de schis tes q u i r e p r é s e n t e n t sans dou te le W e s t p h a l i e n .

Au-dessus de ces schis tes u n e m a s s e de g r è s r o u g e s a t t r i b u é s a u

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160 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Permo-Trias, mais qui, à la base, contiennent des intercalations schis­teuses avec flore stéphanienne.

A l'extrémité sud-ouest du Massif central (Ida ou Zal) se trouve une bande où le Stéphanien repose en discordance sur son substratum primaire et passe vers le haut et même latéralement aux grès rouges dits Permo-Trias. Dans cette cuvette des Ida ou Zal l'on rencontre quelques minces couches de charbon souvent broyé par les actions tectoniques. Des travaux sont en cours pour rechercher s'il y a un gîte exploitable.

Meseta. — Dans la Meseta marocaine le Dinantien existe à peu près seul : sou niveau inférieur (Tournaisien) ne se rencontre que dans la région de Rabat, tandis que le Viséen, formé de calcaires, schistes et grès, couvre de très grandes étendues dans tout le Maroc central. Une forte épaisseur de schistes et grès sans fossiles reposant (Sud d'Oulmès) dans un synclinal de ce Viséen pourrait bien représenter la base du Westphalien.

Maroc oriental et saharien. — Dans le Maroc oriental et la bordure nord du socle saharien le Westphalien est, par contre, bien repré­senté et contient du charbon.

La plus grande partie du Maroc oriental est couverte par les terrains des hauts plateaux, [formation d'âge indéterminé (Crétacé, Tertiaire?)] ou ie Secondaire (Jurassique, Crétacé), de sorte que le Primaire n'affleure qu'au Nord vers Oudjda et au Sud dans les bassins du Guir et du Ziz.

Au Nord à Djerada (40 km. au Sud d'Oudjda) le Carbonifère appa­raît sous forme d'une bande synclinale allongée en direction sensi­blement est-nord-est et comprend le Dinantien et le Westphalien. L'ensemble affleure sur 30 km. de long et 10 km. de large à peu près.

Le Dinantien, formé de schistes sombres, calcaires et nombreuses roches volcaniques, peut avoir 1.000 à 1.500 m. d'épaisseur. Le Westphalien est principalement formé de grès fins auxquels s'asso­cient des grès grossiers (et même des poudingues) et des schistes. L'on y trouve, à la fois, selon les niveaux, des flores westphaliennes et des Spirifers ou Productus. Les niveaux productifs se trouvent vers le milieu ou le sommet de la série où l'on connaît 3 ou 4 couches de 50 à 70 cm. de puissance. Le tonnage parait être de quelques millions de tonnes d'anthracite, à 80-90 % de carbone et 2-10 % de cendres. Donc un charbon de bonne qualité, très utilisable.

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MAROC. 161

Au Sud l 'on t r o u v e le bas s in d u Guir qu i affleure su r 70 à 80 k m .

au Sud d ' u n e l igne Colomb-Bechar -Berba t ine ; de tous côtés il d i spa ra î t

sous le Secondai re ou les t e r r a i n s r écen t s . Le Dinant ien ca lca i re y est

s u r m o n t é du W e s t p h a l i e n c a l c a r o - g r é s e u x à sa b a s e , f r a n c h e m e n t

g réseux et schis teux vers le s o m m e t ; c 'est d a n s ces d e r n i e r s n iveaux

r iches en débr i s de p l an t e s d u W e s t p h a l i e n m o y e n que l 'on t r o u v e

d u c h a r b o n . Quelques gonia t i tes t rouvées en ce r t a ins points d a n s ces

n iveaux i n d i q u e n t des inf luences m a r i n e s a n a l o g u e s à celles qu i

s ' exercent à Djerada . Le bass in se divise e n 3 cuve t tes o r i en t ées

sens ib lement Est-Nord-Est et d i scordan tes sous le Crétacé . La cuve t te

no rd cont ient le c h a r b o n à Kenadsa (8 à 9 couches minces to ta l i san t

3 à 4 m . de hou i l l e d e m i - g r a s s e ) , la cuve t te cen t r a l e en cont ien t u n e

t r è s mince couche (20 c m . ) ; la cuvet te s u d couver te p a r l a H a m m a d a

ou les a l l uv ions est m a l connue . En t e r r i t o i r e m a r o c a i n , l 'assise de

g r è s à v é g é t a u x , q u i , à Kenadsa , m a r q u e la ba se des t e r r a i n s p r o d u c ­

tifs, b o r d e la falaise cré tacée et d i spa ra î t sous el le de sor te que l 'on

est r é d u i t à des con jec tu res su r le p r o l o n g e m e n t du b a s s i n a u Maroc.

Dans la val lée d u Ziz, a u Sud d 'Erfoud et d u Taficelt on t r o u v e

s u r le F a m e n n i e n à Clyménies le Dinant ien formé de roches é rup t ives

et de ca lca i res qu i affleure vers Taouz et l 'on est en t ra in de r e c h e r c h e r

le Wes tpha l i en au Sud de cet te loca l i t é .

P e r m o - T r i a s . — Dans l 'Atlas et l a Meseta l a sé r ie d i sco rdan te

su r le P r ima i re d é b u t e en g é n é r a l p a r une masse de c o u c h e s r o u g e

s o m b r e (g rè s , c o n g l o m é r a t s , m a r n e s e t argi les) q u i , p o u r p a r t i e , se

r a t t a c h e n t au Crétacé . Mais, en b i e n des po in t s , ce t te sér ie est d ' â g e

an té -c ré tacé et m ê m e an t é - ju ra s s ique : c'est le P e r m o - T r i a s des

géo logues m a r o c a i n s .

Vu l ' absence de fossiles, on ne p e u t g u è r e p réc i se r l ' âge d e ce t te

fo rmat ion souven t sal i fère . Nous avons v u q u e , en deux po in t s d u

Haut -At las , sa b a s e pas sa i t a u S t é p h a n i e n : vers Khenifra les h a s a r d s

de l ' exp lo i ta t ion d ' u n e c a r r i è r e ont p e r m i s d e t r o u v e r u n e fougère

p e r m i e n n e ( Walchia piniformis) et l 'on a, p a r a i l l eu r s , t r o u v é au Sud-

Est d e Khemisse t une a u t r e flore é g a l e m e n t p e r m i e n n e . Vers Khenifra

ce P e r m i e n da té repose en l é g è r e d i scordance sous le res te des couches

r o u g e s et en d ivers points (Kebbab, Mechra b e n Abbou) u n e pa r t i e

des couches r o u g e s est d i s co rdan te sous la p a r t i e s u p é r i e u r e ou sous

le Rhé t i en . Mais ces m o u v e m e n t s he r cyn i ens tardifs ne sont p e u t - ê t r e

Page 174: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

162 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

p a s p a r t o u t c o n t e m p o r a i n s et , d ' a i l l eurs , on n e les observe p a s en

g é n é r a l , de sor te q u e l 'on n e peu t c o m p t e r su r eux p o u r s é p a r e r

P e r m i e n et Trias . L' idée d ' une pa r t i e infér ieure g réseuse p e r m i e n n e ,

s u r m o n t é e d ' u n Trias a rg i l eux , n e p a r a i t p a s n o n p lus suscept ib le

d ' u n e app l i ca t ion g é n é r a l e , de sor te q u e nous sommes forcés de

conse rve r le t e r m e Permo-Tr ias , tou t en spécifiant b ien que ces couches

r o u g e s p e u v e n t c o m p r e n d r e d u S t éphan i en , et m ê m e la ba se d u Lias

(couches r o u g e s d u Lias dans le Haut -At las ) . F r é q u e m m e n t (Haut-

Atlas, Moyen-Atlas) la pa r t i e supé r i eu re de cette fo rmat ion c o m p r e n d

une couche de b a s a l t e p o u v a n t a t t e i n d r e u n e g r a n d e pu i s sance (plus

de 100 m . ) . Ses aff leurements se r e n c o n t r e n t en b o r d u r e du Haut -

Atlas et m ê m e à l ' i n t é r i eu r de cette c h a î n e , dans le Moyen-Atlas

p r i n c i p a l e m e n t v e r s Ouaouizer t (où la dis t inct ion d 'avec le Crétacé

est par fo is difficile) et Khenifra , et d a n s la Meseta en b o r d u r e du

p l a t e a u cré tacé du Set ta t . Il m o n t r e en tous ces po in t s des ca rac t è re s

de fo rma t ion con t inen ta le en oppos i t ion avec le Pe rmo-Tr i a s souvent

do lomi t ique d u Rif qu i p a r a î t l a g u n o - m a r i n .

J u r a s s i q u e . — P r e s q u e absent s u r la Meseta, fa ib lement r ep résen té

à l ' ex t rémi té occ identa le de l 'At las , le J u r a s s i q u e couvre a u con t ra i r e

de g r a n d s espaces d a n s le Maroc o r i e n t a l et fo rme la p r e s q u e to ta l i té

d u Moyen-Atlas et d u Haut-At las o r i en t a l .

Le Lias p ré sen te u n facies p rofond de t ype a lp in d a n s le Sud-Est

du Maroc (Djebel Ayachi , F igu ig) et passe ve r s le Nord et l 'Ouest à

des types p lus né r i t iques : d a n s le Moyen-Atlas, p a r exemple , le Lias

supé r i eu r seul c o m p o r t e des Ammoni t e s t and i s que le Lias in fé r ieur

et moyen à Brach iopodes et Bivalves forme les p l a t eaux do lomi t iques

d u Causse p r é a t l a s i q u e .

Le Dogger , quo ique moins profond dans le Sud-Est , p ré sen te une

r épa r t i t i on a n a l o g u e ; t r è s épais d a n s le Moyen-Atlas il y c o m p r e n d

3.000 m. de calcai res et m a r n e s à faune n é r i t i q u e ; p a r con t r e , le

Malm y est absen t et ne se r e n c o n t r e q u e d a n s le Maroc o r i en ta l .

Vers le Sud et le Sud-Ouest la p r o x i m i t é d u con t inen t afr icain

s 'accuse p a r u n facies l a g u n a i r e r o u g e q u i , ve r s Bou-Denib p a r

e x e m p l e , s emb le r e p r é s e n t e r le Lias et le Dogger .

Dans le Maroc occidenta l le vo i s inage des t e r r e s é m e r g é e s (cont inent

africain et Massif cen t ra l ) s 'accuse de la m ê m e m a n i è r e et su r tou t au

Lias in fé r i eu r et a u J u r a s s i q u e s u p é r i e u r . C'est a ins i que vers Telouet

Page 175: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 103

nous voyons le Ju ra s s ique l a g u n a i r e a p p a r a î t r e en b i seau en t r e le

Pe rmo-Tr ia s et le Crétacé r o u g e , p u i s les facies ca lca i res à Brachio-

podes a p p a r a i s s e n t et se déve loppen t de p l u s en p l u s à m e s u r e q u e

l 'on va vers l ' i n t é r i eu r de l a c h a î n e , où finalement les facies r o u g e s

sont l imi tés à la base et au s o m m e t de la sér ie . Même chose à l ' ex t ré ­

mi té occ iden ta l e de l 'Atlas vers le Cap Ghir , ma i s ici l ' app ro fond i s ­

semen t i n t e r m é d i a i r e est p l u s m a r q u é et l 'on va j u s q u ' a u x facies à

Cépha lopodes .

Crétacé. — Au Crétacé la m e r v r a i m e n t b a t h y a l e p a r a î t localisée

dans le Nord et l 'Ouest d u Maroc (Rif et r é g i o n d u Cap Ghir) et les

dépô t s né r i t i ques , souvent m ê m e rouges et l a g u n a i r e s , sont la r èg l e

p a r t o u t a i l leurs a u Maroc. D'une façon g é n é r a l e , le m a x i m u m de

p ro fondeu r se m a r q u e au Crétacé m o y e n (Cénomanien-Turon ien

p r inc ipa l emen t ) , époque de l a r g e t r ansg re s s ion , ma i s si l 'on excepte

la r é g i o n de Set ta t , ces n iveaux calcaires sont tou jour s encadrés

p a r les facies ru t i l an t s du Crétacé in fé r i eur et du Crétacé supé r i eu r .

Au Maroc or ien ta l , le Crétacé couvre d e g r a n d s espaces d a n s la

r é g i o n des Hau t s P l a t eaux , il se conforme a u t ype g é n é r a l , m a i s la

r é g r e s s i o n finale a é té pa r t i cu l i è r emen t m a r q u é e : le Crétacé supé ­

r i e u r es t absen t .

Dans le Moyen-Atlas , au con t ra i r e , c'est le Crétacé infér ieur qu i

m a n q u e à l ' appel et le Cénomanien est d i r e c t e m e n t t ransgress i f et

l é g è r e m e n t d i s co rdan t s u r le Dogger ou le Pe rmo-Tr i a s : la l a c u n e

d u Crétacé infér ieur est p r o b a b l e m e n t due au b o m b e m e n t a n t é - c é n o -

m a n i c n , m i s e n évidence p a r la l é g è r e d i s c o r d a n c e . Le Crétacé

s u p é r i e u r va r i ab l e p r é sen t e des couches r o u g e s c o m m e de c o u t u m e .

Dans la Meseta le Crétacé couvre de l a rges surfaces (p l a t eau des

Ouled A b d o u n ou de Settat , r é g i o n de Safi, Ch ichaoua , Mogador)

avec d ive r s aspects de dé ta i l , ma i s se conforme au t ype g é n é r a l , sauf

su r le p l a t e a u de Set ta t où les facies r o u g e s sont t rès r é d u i t s .

Le Crétacé ba thya l a p p a r a î t e n t r e Mogador et Agad i r d a n s la

fosse des H a h a , mais là auss i la fin d u Crétacé se s igna le pa r u n e

r ég res s ion t r è s m a r q u é e .

Dans le res te d u Haut-Atlas occ iden ta l et en b o r d u r e du socle

s aha r i en , le Crétacé se conforme a u schéma h a b i t u e l .

Éocène. — Très peu déve loppé vers l 'Ouest , il est p r o b a b l e m e n t

Page 176: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

164 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

i nconnu a u Maroc o r ien ta l , à moins qu ' i l ne r e n t r e d a n s l a c o m p o ­

si t ion d u « t e r r a in des g o u r s » et on n e le s igna l e q u ' e n u n seul

po in t du Moyen-Atlas. P a r con t re , les ca lca i res et m a r n e s éocènes

p r e n n e n t u n g r a n d d é v e l o p p e m e n t au Maroc occ iden ta l et la p r é ­

sence de p h o s p h a t e l eu r confère u n g r a n d in t é rê t é c o n o m i q u e . Ce

p h o s p h a t e , d ' a i l l eu r s , est parfois c ré tacé et son é t u d e m é r i t e que lques

l ignes .

Après l a g r a n d e régress ion d u Crétacé supér ieur , l a m e r rev ien t

a u Maestr icht ien ou à l 'Éocène et les p h o s p h a t e s se déposen t a u

cou r s de cette t r ansg res s ion . On les r e n c o n t r e depu i s le Sud de l 'Atlas

qu ' i l s b o r d e n t ; p u i s on les suit à t r ave r s la r é g i o n d 'Agad i r , et le

bass in des Meskala ou de Chichaoua j u s q u ' a u Nord des Djebilets,

où ils couvren t deux p l a t eaux , séparés p a r la vallée p ro fonde de

l 'Oum er Rbia : p l a t e a u d u Gantour au S u d et celui de Settat ou

des Ouled A b d o u n a u Nord. La zone p h o s p h a t é e a t te in t une pu i s sance

de 40 à 60 m è t r e s et des concen t ra t ions seconda i r e s y ont a m e n é

l o c a l e m e n t la fo rmat ion de n iveaux r iches exploi tables . Crétacés

vers Agad i r , d ' â g e discuté chez les Meskala, ces n iveaux sont en

g é n é r a l éocènes .

La sér ie des Ouled A b d o u n donne u n b o n type de ces format ions :

s u r les a rg i l e s du Crétacé s u p é r i e u r on t rouve des a rg i l e s b r u n e s

foncées avec faune d u Suessonien d 'Algér ie , pu is des m a r n e s calcai res

où s ' in terca lent des l i ts de m a r n e s à silex et des bancs de ca lca i re

p h o s p h a t é . C o u r o n n a n t la série enfin, une b a r r e de calcaire à

Thers i tées d ' âge éocène .

Oligo-Miocène. — L'on r e n c o n t r e , en divers po in t s a u p ied d e

l 'Atlas (Sud de Marrakech , Nord de T a r o u d a n t ) , des c o n g l o m é r a t s

assez m a l c imen tés p r i s d a n s le p l i ssement , mais l o c a l e m e n t

d i scordan t s su r l 'Éocène. Ce sont les p r e m i e r s d é b r i s de l 'Atlas e n

voie de s u r r e c t i o n ; en l ' absence de fossiles on n e p e u t l eu r a t t r i b u e r

d ' â g e p réc i s , m a i s c o m m e ils sont pos téocènes et q u e , d a n s le Moyen-

At las , le Miocène à Ostrea crassissima n ' e s t p a s in té ressé p a r le

p l i s semen t , le t e r m e d'Oligo-Miocène l eu r convient p a r f a i t e m e n t .

Dans le Sud-Est d u Maroc on rencon t re aussi une m a s s e de t e r r a in s

ba r io l é s , calcaires , g r é seux , a rg i l eux avec g y p s e d ' o r ig ine con t i ­

n e n t a l e qu i r e p o s e n t sur le Crétacé cer ta in : ce sont les « t e r r a i n s

des g o u r s » d ' âge t e r t i a i r e i n d é t e r m i n é .

Page 177: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 165

Miocène. Pliocène. Quaternaire. — La m e r m i o c è n e a couve r t

d'assez l a rges é t e n d u e s de la Meseta et y a déposé des a rg i l e s p lus

ou moins fossilifères. Le Pl iocène m a r i n auss i se r e n c o n t r e en d ivers

po in t s et parfois à d e s a l t i t udes élevées (650 mè t r e s ) .

S igna lons enfin q u ' a u P l iocène ou a u Qua t e rna i r e u n e act ivi té

vo lcan ique in tense s'est manifestée dans le Moyen-Atlas et le Nord d u

Maroc o r i en t a l , c 'est à cet te m ê m e époque que l 'on doit r a p p o r t e r le

magni f ique vo lcan d u Si roua qui d o m i n e de ses 3.300 m è t r e s les

p l a t eaux d u Draa et l a val lée d u Sous.

III. TECTONIQUE

Un ou deux p l i s s e m e n t s a n t é c a m b r i e n s , u n p l i s semen t h e r c y n i e n ,

u n p l i s s e m e n t a lp in , t e l est le bref r é s u m é de l ' o rogénèse m a r o c a i n e .

Mais i l convien t ici d ' é tud ie r le dé ta i l de ces p h é n o m è n e s , de

d i s t i ngue r les p a r o x y s m e s et les p h a s e s s econda i r e s , d e les d a t e r ,

de c o m p r e n d r e l e u r style 1 .

1) Plissements huroniens. — L 'Archéen redressé à la ver t ica le

p o r t e la m a r q u e d ' u n p l i s s emen t v io lent don t n o u s ne conna issons

pas le dé t a i l ; ces couches sont d i r igées d a n s le q u a d r a n t n o r d -

oues t avec t e n d a n c e à se r a p p r o c h e r des pa ra l l è l e s vers l 'Est

(Tazenakht ) et des m é r i d i e n s vers l 'Ouest (Sek tana d u Sous) .

Sur cet Archéen les quar tz i t e s d i s co rdan t s m o n t r e n t un p l i ssement

g é n é r a l e m e n t l a r g e de d i rec t ion assez v a r i a b l e , tantôt es t -nord-es t

(vers T a z e n a k h t p a r exemple) ou n o r d - e s t , t an tô t no rd -oues t [Djebel

Igu igui l (Sektana d u Sous) p a r exemple ] , t an tô t se m o u l a n t s im­

p l e m e n t s u r le s u b s t r a t u m (le l o n g du p la teau g r a n i t i q u e d u S i roua

p a r exemple) et c 'est l à , s emb le - t - i l , l ' o r ig ine de l a va r i a t i on d e s

d i rec t ions : les quartzites se sont moulés sur le vieux bâti préexistant.

2) Plissements hercyniens. — C'est à eux que l 'on doit l a t ab le

massive de l a Meseta, ma i s l eu r ac t ion se fait sen t i r auss i dans le

Haut-At las . Deux di rec t ions p r inc ipa l e s de p l i s se p a r t a g e n t à peu

p r è s t o u t le Maroc : l ' une f r a n c h e m e n t n o r d - s u d ou no rd -no rd -e s t ,

l ' a u t r e peu inc l inée s u r les p a r a l l è l e s et souvent vois ine de l 'Est-

Nord-Es t ; et en g r o s l 'on p e u t d i r e que la p r e m i è r e d i rec t ion d o m i n e

1. Voir les coupes fig. 11 à 16.

Page 178: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

KM) GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

à l 'Ouest et l a deux ième à l 'Est (Maroc o r ien ta l ) . Mais voyons c o m m e n t

les choses se passent d a n s la Meseta.

La d i rec t ion d o m i n a n t e que l 'on y r e n c o n t r e à peu p r è s p a r t o u t est

la d i rec t ion v a r i s q u e d 'o r i en ta t ion g é n é r a l e n o r d - n o r d - e s t ou n o r d -

est , en cer ta ins p o i n t s de la Meseta et d u Haut-At las ; vers Raba t et

Casab lanca toutefois l 'on observe une d i rec t ion n o r d ou no rd -oues t

(a rmor ica ine) q u i va , s e m b l e - t - i l , se r a c c o r d e r à l a p r e m i è r e p a r

u n e b r u s q u e ro t a t i on des couches a c c o m p a g n é e d ' acc iden ts , ma i s la

ques t ion est enco re i n c o m p l è t e m e n t déb rou i l l ée .

Le p l i s sement a-t-il a t te in t l 'Anti-Atlas? La chose est d i scu tab le ;

l 'on doi t toutefois s i g n a l e r des d i rec t ions n o r d - n o r d - e s t dans la

r ég ion de Tiznit et de m ê m e l 'on t r o u v e u n e d i rec t ion n o r d - s u d

b i e n m a r q u é e e n u n poin t t r ès au Sud de T a r o u d a n t , ma i s p l u t ô t

q u ' u n e d i rec t ion g é n é r a l e de pli il m e p a r a î t y avo i r là u n s imple

mou lage de pl is assez l a r g e s su r un b â t i ? S igna lons aussi q u e p a r

a i l l eu rs , on t rouve a u delà d u Draa des plis h e r c y n i e n s de d i rec t ion

es t -nord-es t .

D'une façon g é n é r a l e ces pl is he rcyn iens sont assez t r anqu i l l e s et

r égu l i e r s , les d é v e r s e m e n t s et acc idents (plis-failles) y sont p e u fré­

quen t s et ne pa ra i s sen t avoi r q u ' u n e p o r t é e locale .

Dans le Maroc or ien ta l la d i rec t ion es t -nord-es t est t rès ne t t e et

m a r q u e p a r e x e m p l e les sync l inaux houi l l e r s t r anqu i l l e s de Djerada

et Kenadsa .

Le Viséen, et m ê m e semble- t - i l le N a m u r i e n , sont e n g a g é s d a n s

ces pl is , t and i s que le S t é p h a n i e n repose en d i scordance s u r l 'Her­

cynien . L 'âge d u p l i s sement p r i n c i p a l (paroxysme) est donc d u Wes t -

pha l i cn et p lus p r o b a b l e m e n t d u Wes tpha l i en supé r i eu r .

Le m o u v e m e n t a, p a r a i l l eu r s , p r é sen t é dans la Meseta u n e phase

précoce et u n e p o s t h u m e peu m a r q u é e s d ' a i l l eu r s . La p h a s e p récoce

sera i t vois ine d u Dévonien s u p é r i e u r ; q u a n t à la p h a s e p o s t h u m e , elle

est m a r q u é e p a r une l é g è r e d i s c o r d a n c e de l 'Au tun ien sous le reste

du Permo-Tr ias ou le Secondai re da té (Rhét ien-Lias) ; elle es t p r o b a ­

b l e m e n t p e r m i e n n e .

3) P l i s s e m e n t a lpin. — Quoique s ' exerçan t su r u n vieux m a t é r i e l

l ' o rogénèse a lp ine a v i g o u r e u s e m e n t m a r q u é de son e m p r e i n t e le

Maroc h e r c y n i e n e t m ê m e l a b o r d u r e d u vieux socle h u r o n i e n . La

d i rec t ion g é n é r a l e d e s p l i s sements oscille en t r e Est-Nord-Est (Haut-

Page 179: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 1 6 7

Fig.

11

et

12.

Page 180: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

1G8 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Atlas-Anti-Atlas) et Nord-Est (Moyen-Atlas). L'Éocène p h o s p h a t é

p r i s dans les m o u v e m e n t s a lp ins d e l a c h a î n e (Haut-Atlas) e t , dans

Nord du Moyen-Atlas , le Vindobonien r e p o s e en d i sco rdance sur

Crétacé plissé : il est donc p r o b a b l e q u e le p r inc ipa l m o u v e m e n t es

d ' â g e o l igocène . Notons en p a s s a n t q u e , dans le Haut-Atlas au mo ins ,

i l y a eu deux p h a s e s te r t i a i res , ca r l 'on t rouve a u Nord de T a r o u d a n t

l 'Oligo-Miocène re levé (à 30°, parfois j u s q u ' à 45°) d i s co rdan t s u r le

Crétacé redressé à la ver t ica le ou l 'Éocène .

Dans le Moyen-Atlas, p a r con t re , les p r e m i è r e s dé fo rma t ions ont com­

mencé d a n s le Seconda i re , p u i s q u e le C é n o m a n i e n t ransgress i f vient

parfois y r epose r en l égè re d i s c o r d a n c e s u r le Dogger .

Les vo lcans récents s igna lés déjà sont en re la t ion p r o b a b l e avec

d e r n i è r e sur rec t ion de l a c h a î n e .

Des t races de l ' o r o g é n è s e a l p i n e se t r o u v e n t dans l a Meseta o

el le a p r o b a b l e m e n t fait s u r g i r l a r i d e des Djebilets q u i p r o l o n g e le

Moyen-Atlas et a p e u t - ê t r e aussi accusé ce r t a ins t ra i t s de l 'o rogénèse

h e r c y n i e n n e d a n s le Maroc cen t r a l .

Dans le Moyen-Atlas la d i rec t ion a lp ine p a r a i t s 'ê t re moulée su r la

viei l le d i r ec t ion h e r c y n i e n n e e t i l en est p e u t - ê t r e de m ê m e auss i en

q u e l q u e s poin ts du Haut -At las , b i e n q u ' e n d ' au t re s po in t s de cet te

c h a î n e elle v i e n n e coupe r b r u t a l e m e n t les pl is he rcyn iens voisins

des m é r i d i e n s .

Mais quel les que pu i s sen t ê t r e l es différences de dé ta i l , le p l i s sement

a l p i n possède u n e g r a n d e un i t é d ' a l l u r e ; il est formé de plis de fond

p l u s ou m o i n s accen tués avec froissement de la c o u v e r t u r e qu i s'est

p lus ou m o i n s décol lée d u bâ t i a n c i e n ; ma i s r e g a r d o n s de p l u s p rè s .

Moyen-Atlas. — Serrés d a n s la r é g i o n de Khenif ra-Azrou les plis

s ' e spacen t au c o n t r a i r e vers le Nord, où ils vont finir d a n s la p l a i n e .

Les coupes (fig. 15 e t fig. 16) faites d a n s la r é g i o n cen t ra l e d u massif

m o n t r e n t b ien le style g é n é r a l : l a r g e s sync l inaux t abu la i r e s et a n t i ­

c l i n a u x p lus accusés p o u v a n t passe r r a p i d e m e n t a u t ype déversé

ou a u p l i fa i l le .

Le Sud d u Moyen-Atlas nous est i n c o n n u , m a i s i l est p r o b a b l e q u e

le s ty le y es t le m ê m e .

Haut-Atlas. — Le Haut -At las cen t r a l nous es t à peu p r è s i n c o n n u ,

ma i s l ' a l lure g é n é r a l e de ses pl is , b i e n v is ib les s u r pho tos ou s u r

ca r tes , m o n t r e qu ' i l p r o l o n g e en les r e l ayan t ceux d u Haut-At las

o r i e n t a l q u e nous conna i s sons mieux . Dans cet te r ég ion , les l a r g e s

Page 181: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 169

Fig.

13

et

14.

G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 16

Page 182: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

170 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

sync l inaux crétacés a l t e r n e n t avec des an t ic l inaux cour t s et b r u t a u x

qu i m o n t r e n t un noyau massif de ca lca i res j u r a s s i q u e s assez souven t

redressés à la ve r t i ca l e et p e r ç a n t l i t t é r a l e m e n t la c o u v e r t u r e

c ré t acée . Ces an t i c l i naux se r e l a i en t les u n s les au t res et on les a

j a d i s c o m p a r é s à u n e b a n d e de cheni l les p rocess ionna i res .

Le Haut-Atlas occ iden ta l mieux connu n o u s m o n t r e b ien les rela­

t ions d u socle et de la couve r tu re et a u s s i l ' ac t ion d u p l i s sement su r

le socle. Dans l 'Est d u Massif c e n t r a l , une sér ie d e flexures souven t

a c c o m p a g n é e s de déco l lement et de l a m i n a g e s é p a r e n t des g r a d i n s

successifs , t and i s q u e d a n s l 'Ouest où le socle p r i m a i r e schis teux

a pa r t i c i pé a u p l i s semen t ces flexures p a r a i s s e n t moins s 'accuser .

Dans cet te d e r n i è r e r ég ion , la d i rec t ion h e r c y n i e n n e n o r d - s u d ne

s 'accuse g u è r e et la d i rec t ion a lp ine nord-es t d o m i n e n e t t e m e n t

(pli h e r c y n i e n de d i rec t ion no rd -e s t su r qu i s 'est mou lée la d i rec t ion

a lp ine o u p l u t ô t pl is he rcyn iens assez faibles complè t emen t r ep r i s à

l ' époque a lp ine? )

Anti-Atlas. — C'est u n e g r a n d e r i d e ant ic l ina le qu i s 'aplat i t vers

l 'Est e t passe p e u à p e u au r é g i m e t a b u l a i r e d u Draa .

Sa d i rec t ion est n e t t e m e n t a lp ine e t , p a r a i l l eu r s , l 'on r e n c o n t r e

j u s q u e d a n s le p l a t e a u du Draa u n f ro issement local et i n t ense de la

couve r tu r e c a m b r i e n n e qui a glissé su r le socle anc ien : en u n po in t

d ' a i l l eu r s , au Sud de l 'Atlas, le Crétacé est pr i s dans des p l i s de ce

s ty le . Il est donc r a i sonnab le d ' a t t r i b u e r p o u r p a r t i e a u moins ces

p l i ssements à l ' ac t ion a l p i n e , ma i s il n e faut pas o u b l i e r q u e , p lus

au Sud, vers Tindouf, la d i rec t ion h e r c y n i e n n e est , elle aussi , vois ine

de l 'Est-Nord-Est , de sor te qu ' i l y a p e u t - ê t r e bien superpos i t ion de

deux act ions success ives et pa ra l l è les .

IV. RICHESSES MINÉRALES

Quoique e n c o r e i m p a r f a i t e m e n t connues les r ichesses miné ra l e s

d u Maroc m é r i t e n t u n e men t ion et le bref exposé su ivant se t i e n d r a

d a n s le d o m a i n e des faits en évi tant des pronost ics h a s a r d e u x , t r o p

souven t démen t i s p a r l ' expé r i ence .

Outre les phospha t e s et le c h a r b o n , don t nous avons déjà fait

m e n t i o n , le Maroc p résen te des miné ra l i s a t ions in té ressan tes en fer,

m a n g a n è s e , p l o m b , z inc, cu ivre et accesso i rement m o l y b d è n e et

coba l t . Passons une r evue r ap ide de nos connaissances à ce sujet .

Page 183: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 17

Fig.

15

et

16.

Page 184: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

172 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Phosphates. — Les n iveaux p h o s p h a t é s font l 'objet d ' u n e explo i ta ­

t ion in tens ive dans le bass in des O u l e d - A b d o u n a u t o u r du cen t re de

Kour igha . Un a u t r e cen t re « Louis Genti l » est en cou r s d ' ins ta l la ­

t ion à l 'Est de Safi.

A Kour igha , le p h o s p h a t e a été loca lemen t concen t ré p a r su i t e , s em-

b le - t - i l , d u less ivage p a r les eaux des calcai res p h o s p h a t é s ; l a p r i n c i ­

pa le c ouc he , épa isse de l m . 5 0 , est formée de sables p h o s p h a t é s à h a u t e

t e n e u r (76 % de p h o s p h a t e t r icalc ique) et fait l ' ob je t d ' une exploi ta t ion

in t ense . Tout le p r o b l è m e de la p r o d u c t i o n se r é d u i t à p e u p r è s à

l ' o rgan i sa t ion de la m a n u t e n t i o n et à l a r e c h e r c h e de d é b o u c h é s . La

p roduc t i on de 1929 a dépassé 1.600.000 tonnes et s'est encore a c c r u e

en 1930.

Charbon. — Nous avons s igna l é déjà les bass ins con t enan t de la

hou i l l e . A l ' h e u r e ac tue l l e le bass in de Djerada fait l 'obje t d ' u n d é b u t

d ' exp lo i t a t ion .

Le bass in de Kenadsa exploité se t rouve en Algér ie , ma i s les p r o s ­

pec t ions géo log iques se poursu iven t a u Maroc p o u r r e c h e r c h e r son

p r o l o n g e m e n t poss ib le . Des s o n d a g e s de r e c h e r c h e s p ro je t é s n ' o n t

p a s été encore exécu té s .

Chez les Ida ou Zal enfin (Haut-Atlas) des t r a v a u x sont en c o u r s

p o u r r econna î t r e la va leur d u bass in s t é p h a n i e n .

Fer. — Les t e r r a in s r o u g e s , avons -nous vu, a b o n d e n t a u Maroc,

ma i s a u c u n d 'eux j u s q u ' à p ré sen t n ' a m o n t r é de concen t ra t ions i m p o r ­

t an t e s de fer et les g î tes r e c o n n u s et é tud iés à l ' heu re ac tue l l e sont

tous localisés d a n s le P r i m a i r e .

Ils se r a t t a c h e n t à deux types :

a) g î t e s s é d i m e n t a i r e s ,

b) g î tes de subs t i tu t ion dans les ca lca i res .

a) Gîtes sédimentaires. — On les t r o u v e d a n s le S i lu r ien et le Car ­

boni fè re de la Meseta.

1) Gîte carbonifère de Tiflet. — Vers Tiflet on r e n c o n t r e d a n s les

g r è s de la base d u Dinant ien u n n iveau i r r é g u l i e r de m i n e r a i ooli-

t h i q u e (ca rbona te ou oxyde) . Les af f leurements épars se t r o u v e n t d a n s

u n e cuvet te sync l ina le d 'o r i en ta t ion app rox ima t ive es t -oues t ; on les

sui t sur une l o n g u e u r d e 20 k i l o m è t r e s env i ron et u n e l a r g e u r de

Page 185: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 173

2 à 3 k i l o m è t r e s En surface la t e n e u r est de 48 % et la pu i ssance de

la couche peu t a t t e ind re 6 m è t r e s mais l ' a l lu re d u g i s e m e n t est t r è s

l en t i cu la i re , le m i n e r a i passant r a p i d e m e n t à des g rès f e r r u g i n e u x .

Le t o n n a g e r e c o n n u n e dépasse g u è r e 300.000 tonnes .

2) Gîtes siluriens. — I. Keradid (Ouest de Set ta t ) . — On r e n c o n t r e su r

les deux flancs d ' u n an t i c l ina l c a m b r i e n une sér ie sch i s to -g réseuse d u

Goth land ien con tenan t du mine ra i de fer oo l i th ique . Sur le flanc oues t

la couche q u e l q u e p e u r ep loyée ne t i en t g u è r e q u e 33 % de fer ; su r

le flanc est au con t r a i r e la couche épaisse de 2 m . 5 0 à 3 m è t r e s s'en­

fonce d o u c e m e n t et r é g u l i è r e m e n t sous le Miocène; sa t e n e u r

m o y e n n e est d e 45 % de fer avec plus de 12 % de silice et moins d e

1 % de p h o s p h o r e . Des failles para issent toutefois l imi te r l ' é t endue de

ce q u a r t i e r est , m a i s l ' on y a déjà r e c o n n u envi ron 5.000.000 de

tonnes .

II. Camp Boulhaut. — Le m i n e r a i a p p a r a î t ici d a n s les g r è s d u

Si lur ien à une v ing ta ine de k i l omè t r e s s eu lemen t d u p o r t de Fedha la .

On le rencont re d a n s u n ou deux sync l inaux fa i l l és ; vers le Sud , il

s 'enfonce sous le Pe rmo-Tr i a s , vers le Nord, p a r con t re , il passe la té­

r a l emen t aux g r è s . En surface l 'on r encon t r e une zone miné ra l i s ée de

8 à 13 mèt res avec u n b a n c r i che de 3 m è t r e s env i ron de p u i s s a n c e :

ce banc cont ient env i ron 48-50 % de fer, 9-15 % de silice et m o i n s de

1 % de p h o s p h o r e . En p ro fondeur , l a t e n e u r p a r a î t s ' amél io re r encore ,

m a i s les t r avaux effectués à ce j o u r sont p r e s q u e n u l s et ne p e r m e t ­

ten t en r ien de p r é j u g e r de la v a l e u r d u gî te où il y a p l ace , s e m b l e -

t - i l , p o u r p lu s i eu r s mi l l ions de t o n n e s .

b) Gîtes de substitution. — Deux g î tes de ce t ype sont connus à

l ' heu re ac tue l le :

1) Tiflet. — Là, n o n loin du gî te oo l i t h ique , on t rouve du fer d a n s

des ca lcai res dévoniens ou s i lu r iens ; le g î te offre t o u s les ca rac tè res

d ' un g î te de s u b s t i t u t i o n ; la miné ra l i s a t i on y est be l le , ma i s le ton­

n a g e t r è s faible .

2) Khenifra. — Au Sud de cette ville se t r o u v e u n d ô m e p r i m a i r e

d 'o r ien ta t ion g é n é r a l e vois ine d u Nord-Es t . Su r le flanc no rd -oues t

de ce d ô m e on r e n c o n t r e u n e couche de ca lca i res d inan t i ens h é m a t i s é e

su r t ou t e sa l o n g u e u r . Les aff leurements sont l a r g e s , b i e n v is ib les et

faciles à é tud ie r . Des t r a v a u x assez pous sé s ont d ' a i l l eurs été e n t r e ­

p r i s . La minéra l i sa t ion a auss i p o r t é pa r t i e l l ement su r les schistes a u

Page 186: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

174 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

m u r des ca lca i res , de sor te que la pu issance de la f o r m a t i o n m i n é r a ­

lisée var ie d a n s d 'assez l a r g e s l im i t e s (12-60 mèt res ) . Ma lheureuse ­

m e n t le m i n e r a i est i m p r é g n é de ba ry t e qu i se r e n c o n t r e en b a n c s ,

ve inules , lent i l les , dans la format ion et qu i est t rop i n t i m e m e n t unie

au m i n e r a i p o u r que l 'on puisse l ' é l im ine r en l i m i t a n t les q u a r t i e r s

exploi tés à ce r t a ines zones ou en u t i l i san t les m o y e n s couran t s de

t r i age . La t e n e u r en fer est bel le : en m o y e n n e 50 % (a t t e ignan t s o u ­

vent 56 % ) avec 2 % de m a n g a n è s e , 9 % de silice et p r a t i q u e m e n t p e u

de soufre et p h o s p h o r e , ma i s il y a en m o y e n n e 4,8 % de b a r y t i n e et

a u moins 2 à 3 %, m ô m e dans les zones favorables . Le t o n n a g e à vue

est de 50 mi l l ions de tonnes , mais la b a r y t e pose le p r o b l è m e de l a

possibi l i té d 'u t i l i sa t ion et la ques t i on se r é d u i t à une mise a u p o i n t

m é t a l l u r g i q u e , poss ible sans d o u t e , ma i s non encore réa l isée .

M a n g a n è s e . — Le m a n g a n è s e se r e n c o n t r e au Maroc en assez

g r a n d e a b o n d a n c e et p rov ien t , semble- t - i l , du r e m a n i e m e n t de

roches é rupt ives q u i , d a n s le Tr ias ou le C a m b r i e n , fo rment des mas ­

ses i m p o r t a n t e s .

Afin de n e p a s s é p a r e r des gî tes p a r a i l leurs i n t i m e m e n t liés n o u s

ferons deux g r o u p e s se lon l 'or ig ine de l a minéra l i sa t ion .

1) Manganèse d'origine cambrienne. — On r e n c o n t r e des g i se ­

men t s de ce g r o u p e au Sud du Haut -At las , d a n s le h a u t Sous et le

p la teau d u Draa. Ils se r a t t a c h e n t à t ro is types de miné ra l i s a t i on .

a) Remplissage de cassures et alvéoles dans les laves du Cambrien

ancien. — Le m i n e r a i , t r è s r iche (60 %) vers la surface, d i spa ra î t

r a p i d e m e n t en p ro fondeur : les épontes sont souven t m a l définies et

le m i n e r a i passe p e u à peu à la r o c h e . Il p a r a i t r é su l t e r d ' un r e m a ­

n i e m e n t du m a n g a n è s e i n i t i a l e m e n t con tenu d a n s la roche et concen­

t r é p a r l ' ac t ion des eaux superficiel les.

b) Lits interstratifiés dans les conglomérats du Cambrien ancien. —

On r e n c o n t r e de tels lits d a n s les c o n g l o m é r a t s au toit des laves , où ils

fo rmen t des n iveaux de g r è s manganés i f è r e s p o u v a n t a t t e ind re des

t eneu r s de 45 %. La p ré sence de ga le t s t r ès r iches en oxydes de m a n ­

ganèse au toit de ces g rè s , l e u r in te rca la t ion r égu l i è r e en lenti l les

d ' a l lu re stratifiée conduisent à l eu r a t t r i b u e r une or ig ine séd i -

m e n t a i r e , p a r concen t ra t ion m é c a n i q u e d u m a n g a n è s e , des roches

d ' é p a n c h e m e n t (déjà concen t ré p o u r u n e b o n n e p a r t i e d a n s la r o c h e ,

pa r les act ions superf iciel les) . La t e n e u r des couches miné ra l i s ée s

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MAROC. 175

var ie très vi te , de sor te q u e des t r a v a u x t r è s poussés sont u t i l es p o u r

conna î t re la va l eu r exacte d ' u n tel g i s e m e n t .

Les gîtes de ces deux types se r e n c o n t r e n t en t r e Tik i r t et T a z e n a k h t

en divers poin ts du p l a t e a u formé de C a m b r i e n anc ien .

c) Gîtes de substitution dans la base du Crétacé. — Ce Crétacé

minéra l i sé se t rouve tou jour s a u vois inage d u C a m b r i e n éruptif, de

sor te que le r a t t a c h e m e n t de la minéra l i sa t ion à ce C a m b r i e n n e m e

para î t p a s dou teux , b ien q u e l 'on ai t i nvoqué p o u r l ' un d ' eux (Imini)

le r e m a n i e m e n t des basa l tes du Trias.

Deux g i sements se r a t t a c h e n t à ce t ype : le p r e m i e r dans le h a u t

Sous, vers Aoulouz, le d e u x i è m e sur l 'Oued I m i n i , au Nord de Tikir t .

Le g i semen t d'.Voulouz est formé de t ro is couches l e n t i c u l a i r e s ,

don t l a p lus épaisse a 0 m . 50 de pu i s sance : on le suit s u r u n e q u i n ­

zaine de k i l o m è t r e s ; u n p e u de p l o m b y a c c o m p a g n e le m a n g a n è s e .

Le gî te de l ' Imini se r e n c o n t r e d a n s les do lomies de la base d u

Crétacé et r epose p a r l ' i n t e r m é d i a i r e de q u e l q u e s m è t r e s de g r è s

rouges su r le Cambr ien schis teux ou érupt i f qui est miné ra l i s é à une

qu inza ine de k i lomèt res de l à . On p e u t su ivre les i m p r é g n a t i o n s su r

une v ing ta ine de k i l o m è t r e s , mais le g î te p r i n c i p a l , f o r m é de 2 à

3 couches to ta l i san t 1 m è t r e à 1 m . 20 de pu i s sance , n ' a g u è r e q u e

4 k i lomè t re s de long . La t e n e u r est voisine de 50 % et le t o n n a g e

r econnu doit dépasse r 1 .500.000 t o n n e s .

2) Manganèse d'origine permo-triasique. — Tout d ' a b o r d l 'on r e n ­

con t re dans la r é g i o n d 'Oudjda une sér ie de pet i ts g î tes qu i s ' éche­

l o n n e n t s u r une d is tance de 90 k i lomèt res . Le m a n g a n è s e se r e n c o n t r e

là dans des a rg i l e s r o u g e s s é p a r a n t les roches t r ias iques des ca lcai res

do lomi t i ques du Lias ; il s'y p résen te en blocs isolés, ve inu les , b a n c s

i r r é g u l i e r s et p e u t auss i exis ter d a n s la r o c h e é r u p t i v e . Il s emble

b ien q u e les a rg i l e s sont les r é s i d u s de l ' a l t é ra t ion con t inen ta le de la

r o c h e t r i a s ique , r é s idus où s'est c o n c e n t r é le m a n g a n è s e . La p r o d u c ­

tion d e ces g î tes n ' a pas , à l ' h e u r e ac tue l l e , dépassé q u e l q u e s mi l l ie rs

de t o n n e s .

Bou Arfa. — Le Djebel Bou Arfa a p p a r t i e n t à l 'un des d e r n i e r s

cha înons q u e le Haut -At las l ance à t r ave r s les Hauts P la teaux , il forme

u n an t ic l ina l qui p résen te à la b a s e le Tr ias a rg i l o -gypseux , puis une

épaisse sér ie d é t r i t i q u e (300 m. ) d 'o r ig ine con t inen ta l e ou l i t torale

avec p o u d i n g u e s , g rès , a rkoses et q u e l q u e s b a n c s ca lca i res i r r é g u -

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176 GÉOLOGIE ET MINES DE LÀ FRANCE D'OUTRE-MER.

l iers e t enfin des m a r n e s et g rès co lorés avec gypse s u p p o r t a n t

les calcaires d u Lias. On r e n c o n t r e des lent i l les de mine ra i à la base

des bancs ca lca i res de la sér ie dé t r i t i que . Comme dans l a r é g i o n

d 'Oudjda l e m i n e r a i se t rouve dans u n e zone d ' a l t é ra t ion et de r e m a ­

n i e m e n t pos t - t r i a s ique , ma i s ici il y a eu subs t i tu t ion pa r t i e l l e dans

les ca lca i res , d ' u n e pa r t , et de l ' au t re n o u s n e voyons pas en p lace

les roches é rupt ives d u Trias d 'où v iendra i t le m a n g a n è s e .

Le p r o b l è m e est donc p l u s complexe , d ' a u t a n t p lus q u e l 'on a t rouvé

au m u r de la zone p roduc t i ve une cheminée miné ra l i s ée qu i m a r q u e

peu t -ê t re la venue d ' u n m a n g a n è s e d 'o r ig ine p ro fonde , b ien que ce

rempl i s sage s 'expl ique aussi b ien p a r une act ion p e r de scensum.

Le m i n e r a i forme u n chape le t d e lentil les où la t e n e u r p e u t

a t t e i nd re j u s q u ' à 58-60 % en m a n g a n è s e (minera i m a r c h a n d pour

usages ch imiques spéc iaux) . Le t o n n a g e à vue doit dépas se r u n

mi l l i on de tonnes .

P lomb et Zinc. — Les g i s e m e n t s de ces m é t a u x se r a t t a c h e n t au t ype

filonien avec occas ionne l l ement subs t i tu t ion d a n s les ca lcai res . Ces

gî tes sont t rès n o m b r e u x et n o u s ne p o u r r o n s ici qu ' en i n d i q u e r les

carac tè res géné raux , et disons, p o u r c o m m e n c e r , q u e l 'on peu t es t i ­

m e r le t o n n a g e total à vue à 160-200.000 tonnes de m i n e r a i m a r c h a n d

de p l o m b ou de z inc .

Les filons sont a b o n d a n t s d a n s le P r i m a i r e d u Haut-Atlas et de

ce r t a ines pa r t i e s de la Meseta (Djebilets , R e h a m n a ) ou du Maroc or ien­

tal (Moulouya). Ils m o n t r e n t f r é q u e m m e n t une t e n d a n c e à l ' en r i ch i s ­

semen t en p r o f o n d e u r , ma i s p o u r l eu r â g e , la n a t u r e et la d ispos i t ion

de la minéra l i sa t ion , o n ne p e u t d o n n e r de règ les g é n é r a l e s : d a n s

le Haut-At las , p a r exemple , les filons des Goundafa se t r ouven t sur le

p r o l o n g e m e n t d ' un acc iden t a lp in , tandis que ceux de l 'E rdouz a p p a r ­

t i e n n e n t à u n e l o n g u e b a n d e minéra l i sée d e d i rec t ion g é n é r a l e h e r ­

c y n i e n n e (ma i s qu i p o u r r a i t b ien avo i r re joué a u Ter t ia i re) . Dans la

Moulouya, vers Midelt, il est p lus facile de da t e r les filons logés dans

le Cristall in e t le P r ima i re : l 'on r e n c o n t r e en effet, a u vois inage, d u

p l o m b logé en i m p r é g n a t i o n d a n s les ca lcai res , d u Lias au m u r des

m a r n e s cré tacées et il est l og ique d ' a t t r i b u e r les deux minéra l i sa t ions

à u n e m ê m e v e n u e d ' â g e a lp in .

P lomb et zinc nous appa ra i s sen t en filons et souvent en a m a s dans

les t e r r a ins seconda i res du Maroc or iental ( région d 'Oudjda et p r i n c i -

Page 189: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

MAROC. 177

p a i e m e n t t e rmina i son or ien ta le d u Haut-Atlas) . Dans cette de rn i è r e

zone , l a méta l l i sa t ion a t e n d a n c e à se concen t r e r le long des accidents

qu i b o r d e n t les noyaux ca lca i res j u r a s s i q u e s p e r ç a n t e n q u e l q u e sor te

à t r ave r s le Crétacé marno-ca l ca i r e ; l a r ég ion est encore m a l connue

à cause de l ' insécur i t é , m a i s l 'on y a dé jà re levé des g î tes i m p o r t a n t s

c o m m e celui d u Bou Daha r ( t onnage p r o b a b l e : 30 à 40.000 t o n n e s

de ca l amine et 8 à 10.000 tonnes de p l o m b ) .

Cuivre. — Les indices de ce méta l sont t rès r é p a n d u s et l 'on p e u t

p a r exemple pose r en p r i n c i p e q u e le Massif c e n t r a l d u Haut -At las

cont ien t p a r t o u t des t r aces de cu iv re . Pa r con t re , les concen t ra t ions

u t i l i sables connues à ce j o u r sont r a r e s ; et des t r a v a u x sér ieux n ' o n t

g u è r e p o r t é q u e su r deux po in t s : r é g i o n d 'El Kelaa d a n s les Djebilets

et celle de Debdou (Maroc o r i en t a l ) .

A El Kelaa les t r a v a u x p o r t e n t su r d ' assez jo l i s filons de cha l copy-

r i te , t andis q u ' à Debdou l 'on a affaire à des i m p r é g n a t i o n s dans

l ' au réo le de m é t a m o r p h i s m e d ' u n massif g r a n i t i q u e . On t r o u v e là ,

d a n s les schistes , des a m a s inters t ra t i f iés con tenan t de 1 à 6 % d e

cu ivre dans u n e g a n g u e de s i l ica tes ; a u to ta l i l p a r a î t y avoi r

p lus i eu r s dizaines de mi l l i e r s de tonnes de m i n e r a i à basse t e n e u r :

2-3 %.

L'Anti-Atlas m o n t r e f r é q u e m m e n t des t r aces de cu iv re a u vois inage

des andési tes d u Cambr ien anc ien ou dans cel les-ci , à q u i il fau t auss i ,

pensons -nous , a t t r i b u e r la p a t e r n i t é d ' u n e b o n n e pa r t i e des indices

d u Haut-At las . Dans les pa r t i e s d u massif a c tue l l emen t accessibles, il

n ' y a que q u e l q u e s pe t i t s g î tes p l u s ou moins exploi tés p a r les i n d i ­

g è n e s , m a i s ceux-ci ont des exploi ta t ions que l 'on dit act ives d a n s l a

zone encore d iss idente , de sor te q u e l 'existence de g î tes i m p o r t a n t s

l iés aux andés i t e s ne doi t pas ê t re exclue à p r i o r i .

Métaux divers : Molybdène, Etain, Cobalt. — Au vois inage

d 'Amizmiz (Haut-Atlas) on t r o u v e à A z g o u r de la molybdénite d a n s

les ca lcai res c a m b r i e n s m é t a m o r p h i s é s p a r u n massif g r a n i t i q u e

intrusif. La miné ra l i s a t i on se r e n c o n t r e dans u n e série de b a n d e s où

le m é t a m o r p h i s m e p a r t i c u l i è r e m e n t actif se t r a d u i t p a r u n e g r a n d e

a b o n d a n c e de si l icates : g r e n a t s p r i n c i p a l e m e n t . La min é ra l i s a t i o n

est l oca lemen t t r è s r i che et b i e n q u e les t r a v a u x n e p e r m e t t e n t p a s

encore de conna î t r e e n t i è r e m e n t la v a l e u r d u g i s emen t , il offre de

be l l es pe r spec t ives .

G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 17

Page 190: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

178 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

L 'é ta in se r e n c o n t r e vers Oulmès d a n s u n massif g r a n i t i q u e ou à

son vois inage . On r encon t re là, d a n s le g r a n i t e et les schistes, des

veines de p e g m a t i t e ne dépas san t g u è r e q u e l q u e s d iza ines de cen t i ­

m è t r e s de pu issance . Ces veines con t iennen t de la t o u r m a l i n e et de

cassi tér i te , cette d e r n i è r e local isée au vois inage de l a p é r i p h é r i e du

massif. Les r e c h e r c h e s n ' on t guè re été poussées dans les filons où la

minéra l i sa t ion est i r r é g u l i è r e , m a i s les a l luv ions au vois inage

m o n t r e n t loca lement des t e n e u r s in téressantes (1 à 2 kg . à la tonne) .

S igna lons enfin que le cobalt a été r é c e m m e n t découve r t a u Maroc

p a r u n officier du service des affaires i n d i g è n e s au cours d ' u n e recon­

na issance . Des filons qua r t zeux d a n s l 'Archéen c o n t i e n n e n t , e n t r e

Tazenakh t et le Draa, de la sma l t ine a l t é rée en é r y t h r i n e à la surface .

L ' ana lyse d ' échan t i l l ons effectuée p a r le l a b o r a t o i r e d u Service des

Mines a donné des t eneurs de 24-25 % de coba l t dans l ' é r y t h r i n e et

s eu l emen t 8-10 % d ans la smal t ine souillée de fer.

Page 191: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

(On t rouvera la bibl iographie détail lée dans les ouvrages ci-dessous.)

G. L E C O I S T R E . — Recherches géologiques dans la Meseta marocaine. Min. Soc. Sc. Nat. du Maroc, 1 9 2 6 .

P . Russo. — Recherches géologiques sur le territoire des Hauts Plateaux. Lyon,

Thèse Faculté des Sc., 1 9 2 6 .

Série des Mémoires du Service des Mines et de la carte géologique, no tam­

m e n t :

A. R O C H . — Etudes géologiques dans la région méridionale du Maroc occidental. 1 9 3 0 .

L. MORET. — Recherches géologiques dans l'Atlas de Marrakech. 1 9 3 1 .

Sur le Maroc central : le m é m o i r e de H. T e r m i e r à para î t re p rocha inemen t .

On l ira avec profit l 'excellente mise au point géologique et m i n i è r e de P . D E S -PUJOLS. Note sur l'industrie minière au Maroc. (Rev. de l 'Ind. m i n . , 1 5 août 1 9 3 0 . )

Page 192: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer
Page 193: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

III. SAHARA ALGÉRIEN1

PAR

JACQUES B O U R C A R T

Chef de Travaux à la Sorbonne.

Le Saha ra , p o u r les géo logues , c o m m e p o u r d ' au t res aussi, est

u n pays qu i ne « paie » p a s . En g é n é r a l , i l n ' i n s p i r e pas de t r avaux

aux br i l l an tes conclus ions . D' immenses é t endues t a b u l a i r e s , dans sa

pa r t i e sep ten t r iona le au moins , n'offrent aucune var ié té a u c h e r ­

c h e u r e t , s o u v e n t , les aff leurements sont m a s q u é s p a r des dépôts

m e u b l e s récents que l 'action t r o p ép isodique des eaux couran tes n e

p e u t suffire à en lever .

Dans la masse si i m p o r t a n t e des t e r r a in s c ré tacés , qu i cons t i ­

t u e n t p r e s q u e toute cette p a r t i e , les var ia t ions de facies sont t r è s

faibles et n 'offrent g u è r e d ' in té rê t . En ou t r e , à p lus i eu r s époques ,

u n c l imat , a n a l o g u e à celui qu i sévit a u j o u r d ' h u i dans ce déser t ,

a d û déjà r é g n e r . Les l acunes sont i m m e n s e s ; des p é r i o d e s en t i è res

n e fournissent q u e des séd imen t s con t inen taux qu i se r e s s e m b l e n t

é t r a n g e m e n t : g r è s s i lur iens con t inen taux , g rès « a lb i ens » de la

ba se de la série c ré tacée , g r è s di ts de Nubie , an t é r i eu r s à l 'Éocène,

ma i s d ' âge encore i n c o n n u , g r è s ol igocènes (?), g rè s pon t i ens ou

q u a t e r n a i r e s qu i souvent se r e s s e m b l e n t . Pas de fossiles p o u r les

da t e r et , souvent , dans des r ég ions qu i sont restées t abu l a i r e s a u

cours des t e m p s , p a s de d iscordances qu i p e r m e t t e n t de r e c o n ­

na î t r e si p lu s i eu r s séries d 'aspect a n a l o g u e , ma i s d ' âges e n t i è r e ­

m e n t différents, ne se sont pas superposées l ' une à l ' a u t r e .

En ou t r e , les r ichesses min iè res a p p a r e n t e s du S a h a r a sont nul les .

P e n d a n t q u a t r e mois d ' i t inéra i re dans le S a h a r a cen t ra l p r é c a m ­

b r i e n , j e n ' a i p u , pas p lus d ' a i l l eurs que les géo logues qu i on t été

m e s devanciers ou mes successeurs , t rouve r au t r e chose que des

m o u c h e s de cha lcopyr i t e mic roscop iques . Les efforts q u e fit, p e n -

1. Voir carte géologique de l'Afrique française au 10.000.000 (planche hors texte).

GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER. 18

Page 194: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

182 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

dan t la g u e r r e , u n e i m p o r t a n t e mission p o u r t r ouve r des n i t r a t es

explo i tab les , ont échoué . La p r i n c i p a l e subs t ance u t i l e , d a n s ce

pays d u v ide , l ' un ique p e u t - ê t r e , s emb le ê t re l ' e au ; la t âche c a p i ­

ta le du géo logue doi t ê t r e de la r e c h e r c h e r .

Toutefois, ce pays est d ' un i m m e n s e in térê t p o u r ceux qu i se

vouen t à l ' é tude des p h é n o m è n e s géologiques actuels ou qu i v e u ­

lent , en su ivan t la r èg le de condu i te q u e nous a l éguée Lyell,

« c o m p r e n d r e les p h é n o m è n e s du passé en s ' insp i ran t de l ' é tude

de ceux d u p résen t ». L a conna i s sance de ces p h é n o m è n e s au

Saha ra p e u t nous a p p r e n d r e c o m m e n t se sont créés ces déser ts

fossiles du P e r m i e n ou d u Tr i a s e t , auss i , de c o m p r e n d r e m i e u x

l 'act ion d e s forces qu i agissent dans les rég ions de déser t i n c o m ­

ple t : Tunisie c e n t r a l e , Hauts -P la teaux a lgé r i ens , Sud m a r o c a i n .

Pays d u v ide , le S a h a r a (le m o t e n a r a b e s 'oppose à bled, la

r é g i o n h a b i t a b l e , h a b i t é e ) s 'é tend d ' un océan à l ' au t r e , de la Mer

R o u g e à l 'A t l an t ique . I n s e n s i b l e m e n t , le Sud de l ' immense déser t

passe à la zone sahé l i enne , s t e p p i q u e , du Soudan ou d u Sénéga l .

La l imi te , p l u s ne t t e à p r e m i è r e vue avec l 'Afrique d u Nord , n 'es t

p a s mieux t r a n c h é e en réal i té : le Sous , l 'Atlas m a r o c a i n o r ien ta l , les

Hauts -P la teaux a l g é r i e n s , la Tunisie cen t ra l e font passage , aux po in t s

de vue c l ima t ique e t g é o l o g i q u e , aux zones monotones et dessé­

chées d u g r a n d déser t p a r d ' insens ib les t r ans i t ions . Mais nous

p r e n d r o n s , u n p e u a r b i t r a i r e m e n t , c o m m e f ron t iè re n o r d , le b o r d

m é r i d i o n a l des p r e m i e r s p l i s semen t s a lp ins , le g r a n d Atlas m a r o ­

cain et l 'Atlas p r é s a h a r i e n a lgé r i en et t un i s i en .

Seul u n pays e x t r a o r d i n a i r e , artificiel en q u e l q u e so r t e , p r o d u i t

d ' u n fleuve é t r a n g e r , l 'Egyp te , con t red i t ce t te uni formi té . La Saou ra ,

qu i croise le S a h a r a occ identa l d u Nord-Ouest au Sud-Est , a p e u t -

ê t re fertilisé j a d i s u n e a u t r e E g y p t e q u a n d r é g n a i t le c l imat « p l u ­

via l » de ce r t a ines époques du Qua te rna i r e . Mais, son i m m e n s e

va l lée , la « r u e des p a l m i e r s », c o m m e d isen t les Saha r i ens , n e

m a r q u e p l u s que l ' ancien lit d ' u n fleuve a u j o u r d ' h u i p r e s q u e mor t .

Ce fleuve, et la l i gne qu i jo in t son b a s - c o u r s dans le Touat au

Massif cen t r a l de l 'Ahagga r , s é p a r e n t le Saha r i en a lgé r i en en deux

p a r t i e s . La p a r t i e d u Nord et de l'Est est la p l u s a n c i e n n e m e n t

c o n n u e c o m m e la mieux exp lo rée , et el le cont ient p r e s q u e toutes

les oasis ; l a p a r t i e d u Sud-Ouest , m a u r i t a n i e n n e , ma l c o n n u e

a u j o u r d ' h u i enco re , sans pu i t s n i popu l a t i ons s éden t a i r e s , est p a r -

Page 195: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

SAHARA ALGÉRIEN. 183

courue p a r les rezzous des p i l la rds r egue ïba t s d u Rio-de-Oro e spagno l .

Un au t re fleuve s a h a r i e n , p l u s m o r t p e u t - ê t r e encore — ca r l a

Saoura coule u n e fois p a r an — nous fourni t u n a u t r e r e p è r e i m ­

por tan t , c'est l ' I r ' a r ' a r -oued R' i r . Couloir m é r i d i e n , i ssu d u Massif

cen t ra l du H o g g a r et de ses enve loppes , il t r ave r se une masse

é n o r m e de d u n e s , le Grand E r g or ien ta l , et abou t i t f ina lement

dans u n g r a n d lac m o r t , le Chott Melr'ir q u i se t r o u v e à u n e a l t i ­

t u d e inférieure au niveau de la mer. Un p e u au delà d 'Oua rg l a , i l

recevai t aut refois u n affluent cons idé rab le de r ive g a u c h e , l ' oued

Mya, issu d u p la teau cré tacé d u T a d e m a ï t .

Un t ro i s ième fleuve coule vers l 'At lan t ique , l ' oued Draa , o r ig i ­

na i r e du Haut-Atlas m a r o c a i n ; il se d i r igea i t , comme tous les

fleuves du versant sud de l'Atlas, v e r s u n e g r a n d e dép re s s ion qu i

sui t exac tement le b o r d m é r i d i o n a l de ce sys t ème m o n t a g n e u x ,

q u a n d une b r u s q u e c a p t u r e l 'a a m e n é à couler , a u j o u r d ' h u i , dans

l 'axe de cet te dép res s ion , ve r s l 'At lan t ique .

P o u r ê t re comple t , il f audra i t p a r l e r des oueds d u S a h a r a occi­

den ta l ou du Massif cen t ra l qu i se d i r igen t vers u n cen t r e c o m m u n ,

la sal ine de Taodéni , où about i ssa ien t p r o b a b l e m e n t autrefois auss i

le Niger et les oueds du Massif c e n t r a l , t r i bu t a i r e s t héo r iques de

ce fleuve.

I. RÉGIONS NATURELLES

P o u r t e n t e r de d o n n e r u n s c h é m a des différentes r ég ions n a t u ­

re l les qu i cons t i tuent le S a h a r a a lgé r i en , i l f audra i t nécessa i rement

exposer tout d ' a b o r d l 'h is to i re s t r a t i g r a p h i q u e de ce dése r t et en

d i s ce rne r le b â t i s t r uc tu r a l .

Le pays , dans l ' e n s e m b l e , est si s imple qu ' i l suffira d 'en i n d i q u e r

t rès r a p i d e m e n t les t ra i t s cap i t aux .

Il existe au Saha ra tou t d ' a b o r d une é n o r m e sér ie de roches prè-

cambriennes qu i font p a r t i e d e l a masse i m m e n s e q u i const i tue

p r e sque toute l 'Afr ique. Elles y a p p a r a i s s e n t en t ro i s dômes e l l ip­

t iques , le d ô m e cen t r a l est le H o g g a r ou A h a g g a r ; à l 'Est, en A.

E. F . , se t rouve le T ibes t i ; à l 'Ouest, l 'e l l ipse p lus pe t i t e , dé jà à

d e m i m a u r i t a n i e n n e , d u Yit ty-Karet et des E g l a b q u i est b e a u c o u p

p l u s s e p t e n t r i o n a l e .

Des roches t r è s anc iennes appa ra i s sen t é g a l e m e n t tou t à fait au

Page 196: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

184 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

n o r d , a u c œ u r de l 'Anti-Atlas m a r o c a i n , pli de fond à d i r ec t ion

a lp ine , qu i s é p a r e la va l lée d u Sous du S a h a r a .

Une auréo le de terrains primaires e n t o u r e ces mass i f s ; elle forme

en g é n é r a l des p l a t eaux , qu ' on appe l l e des tass i l i s ; les m ê m e s

t e r r a ins p r i m a i r e s a p p a r a i s s e n t sur la b o r d u r e m é r i d i o n a l e de

l 'Ant i -At las , ou sont p incés en crochet dans sa masse . Ils se m o n ­

t r en t , e n ou t r e , tout le l o n g de la val lée de la Saou ra , g r â c e à

u n an t ic l ina l c revé qu i j o in t les tassilis c en t r aux , ou p lu tô t l eu r

b o r d u r e , à celle de l 'At las p r é s a h a r i e n . Vers le Nord , les pl is

sud-es t -nord -oues t de ce fa isceau, compr imés d ' a b o r d dans le pays

d u Toua t , d i v e r g e n t en éven ta i l ve r s l 'Ouest et cer ta ins (Kahel

de Tabelbala) a t t e ignen t la dépress ion t o p o g r a p h i q u e dont l 'axe

n o r d - s u d passe p a r le Tafilelt m a r o c a i n . Quelques au t r e s pl is p a r a i s ­

sen t d i v e r g e r vers le Nord-Est . Ils sont mis à n u dans la dépress ion

du Goura ra , affluente de la S a o u r a vers A d r a r (du Toua t ) . La por ­

t ion occ iden ta le de cet éventa i l , d 'o r ig ine t r è s p r o b a b l e m e n t fluvia­

t i le , est occupée p a r le G r a n d Erg occidental .

Ces zones ant ic l ina les sont séparées p a r des zones syncl inales ,

quelquefois immenses , q u i , a lors que les p r e m i è r e s ne compor t a i en t

q u e des t e r r a in s p r é c a m b r i e n s et p r i m a i r e s , n e son t faites que de

Crétacé.

Il exis te , en effet, c o m m e on le ver ra p lus lo in , u n e é n o r m e l a c u n e

en t re le Carbonifère et le Crétacé . Il n ' y a, a u S a h a r a a l g é r i e n ,

n i P e r m i e n , n i Trias , n i Ju r a s s ique , n i Crétacé infér ieur .

Le p lus g r a n d de ces sync l inaux est cons t i tué p a r l ' ensemble

Tadema ï t -T in r ' e r t ; il occupe tou t le Nord-Est d u Saha ra a lgé r i en . Le

b a s cours d e l 'oued Mya et de l 'oued Rir se t rouve dans son cen t r e ,

ainsi q u e les t e r r a i n s récen t s de la r é g i o n d ' O u a r g l a , de T o u g g o u r t

et d u Souf. Son b o r d o r i en t a l , p e u dis t inct , se t r o u v e en Tr ipol i -

ta ine et dans le Sud t u n i s i e n ; le bo rd sep ten t r iona l se confond

avec l 'Atlas p r é s a h a r i e n .

A l 'Ouest, a u contac t d u Draa , u n au t r e sync l ina l a n a l o g u e , mais

b e a u c o u p p lus pe t i t , connu depuis p e u , a p o u r cent re Tindouf.

Enfin, on p e u t a d m e t t r e q u ' u n t ro is ième syncl ina l existe au Sud-Es t

de celui-ci , à l ' e m p l a c e m e n t de l 'E rg Chèche .

Les t ra i t s g é n é r a u x de la t o p o g r a p h i e s a h a r i e n n e ne se s u p e r ­

posen t pas a b s o l u m e n t à ce bât i s t r uc tu r a l .

Page 197: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

SAHARA ALGÉRIEN. 185

Le Massif central saharien, c o m m e p r o b a b l e m e n t l 'Eglab-Yi t ty ,

a p p a r a î t t r ès u s é , en tou ré de dépress ions c i r cu la i res que l imi t en t l es

côtes , i ncomplè t e s et festonnées 1 des tassi l is p r i m a i r e s . Ces côtes

sont les su ivan tes : l a p r e m i è r e est formée pa r les grès inférieurs

(Ordovicien) s u r le pays c r i s ta l l in ; la seconde côte est celle des grès

supérieurs s u r la dépress ion intratassilienne (Gothlandien) ; une

dépres s ion p é r i p h é r i q u e (Dévonien s u p é r i e u r et Carbonifère) , l a

p l a g e ou pays pré tass i l ien , se p o u r s u i t j u s q u ' à la p r e m i è r e côte c r é ­

tacée (grès à dragées) d u Tid ike l t .

Les « Krebs » de l 'Eglab r ep ré sen t en t des m a r c h e s d 'escal ier a n a ­

logues .

La région anticlinale de la Saoura p r é s e n t e , elle aussi , des c rê tes

monoc l ina l e s o ù a p p a r a i s s e n t les d iverses roches rés i s t an tes de l a

sér ie , s épa rée s p a r des s i l lons .

Cette d isposi t ion t o p o g r a p h i q u e est encore réa l i sée d a n s la g r a n d e

cuvette du Tademaït, syncl inal p e r c h é de Crétacé, c o m m e l 'avai t déjà

v u F l a m a n d . Mais l à , les côtes son t t ou rnées v e r s l ' ex t é r i eu r de

l ' e l l ipse .

La p r e m i è r e , d ' a l t i tude souven t t rès fa ible , ma i s q u i , q u a n d on

l ' abo rde d u Sud , p r e n d u n rel ief assez m a r q u é , g r â c e au m i r a g e ,

est celle que fo rment les g rès à d r a g é e s (Albien?) su r l a dépress ion

p ré t a s s i l i enne carboni fè re ; la seconde est cons t i tuée p a r des g r è s

ana logues et des m a r n e s vers icolores à gypse (Cénomanien) ; l a

t ro i s ième, p a r u n e n s e m b l e su r tou t calcaire avec des do lomies q u i

const i tue le T u r o n i e n ; u n e m a r c h e s u p p l é m e n t a i r e y est m a r q u é e

p a r des a rg i l e s ; enfin, une q u a t r i è m e et d e r n i è r e falaise, mo ins im­

p o r t a n t e , es t formée p a r les ca lca i res s énon iens .

Comme on l 'a d i t , l 'axe d u syncl inal est r e m p l i p a r des t e r r a i n s

récents , t e r r a ins sahariens r ouges , fo rma t ions q u a t e r n a i r e s , d u n e s

de l 'Erg o r i en ta l . La val lée de l ' I r ' a r ' a r - o u e d R ' i r , qui const i tue u n e

des voies d 'accès p r inc ipa l e s vers le Massif cen t ra l , coupe la cuvet te

d u Sud a u N o r d ; son g r a n d axe est occupé p a r l ' oued Mya. D'une

façon g é n é r a l e , la p a r t i e sud du sync l ina l (au vo i s inage du faisceau

de l a Saoura) est b e a u c o u p p lus é levée q u e l ' ex t r émi té no rd -e s t qu i

a subi le g r a n d e n n o y a g e g é n é r a l du golfe de Gabès .

Ces c rê tes sont b ien moins ne t t e s d a n s le synclinal de Tindouf2;

1. C. Kilian, 1922. 2 . N. Menchikoff, 1930.

Page 198: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

186 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

tou t le S a h a r a occ identa l pa ra î t d u res te n ive lé p a r une m ê m e s u r ­

face d ' a r a s ion . Le syncl ina l de Tindouf et le sync l ina l (pr imai re ) de

Taodéni son t à pe ine p l u s élevés que le c œ u r d u massif anc ien ,

Yi t ty-Eglab .

Un a u t r e t r a i t d e la m o r p h o l o g i e s a h a r i e n n e est d û a u chape le t

de dépress ions p é r i p h é r i q u e s qui b o r d e n t les cha înes a t l a s iques :

le si l lon d u Draa, le sillon de Laghoua t -B i sk ra (oued Djedi), le sil lon

des Chotts (Melr ' ir-Djerid).

Il s emble qu ' i l y ai t l à aussi u n t ra i t t e c to n iq u e . C'est, en effet,

se lon cet axe que se sont faites les g r a n d e s accumula t ions récentes

de séd imen t s dans l a « r ég ion des d h a y a s » qui fo rment une so r te

d'affluent d e l a cuvet te d 'Oua rg l a -Touggour t . Comme les p l i s de

l 'Atlas , les f r a g m e n t s qu i cons t i tuen t ce s i l lon n e sont pas en p r o ­

l o n g e m e n t , ma i s se su iven t p a r a l l è l e m e n t , c h a c u n dé r ivan t vers le

Nord p a r r a p p o r t à l ' a u t r e , si l 'on va vers l 'Est . A p a r t i r de Biskra,

l ' e n s e m b l e s'infléchit j u s q u ' à deveni r Ouest-Est , p o u r a t t e i nd re le

g r a n d e n n o y a g e des Syr tes .

Une dépress ion p r e s q u e p a r a l l è l e , su r l aque l l e a j a d i s insisté

K i l i a n 1 , suit l a falaise des g r è s a lb iens su r la b o r d u r e sud d u Tade -

m a ï t e t d u T in r ' e r t . L ' exp lora teur s aha r i en la croyai t d 'o r ig ine

éolienne. Je pense qu ' i l faut y voi r u n e s imple dépress ion p é r i p h é ­

r i q u e , d ' o r ig ine f luviale, d o n t l ' o r i en ta t ion t rès s imple est due à

l 'exis tence de failles ou f lexures exac t emen t pa ra l l è l e s aux plis a t la­

siques et p e r p e n d i c u l a i r e s aux p l i s he rcyn iens . L 'oued El Botha , la

s e b k h a Az-el-Mati occupen t enco re a u j o u r d ' h u i ce sil lon.

En r é sumé : une b a r r i è r e n o r d formée de cha înons pl issés a l ignés

p a r a l l è l e m e n t e t en r e t r a i t l ' u n su r l ' au t r e , l 'Atlas p r é s a h a r i e n , bo rdée

p a r u n chape le t de dépress ions d isposées d e m ê m e façon. Deux syn ­

c l inaux p e r c h é s , s épa rés d ' u n t ro i s i ème , i m m e n s e , p a r u n an t ic l ina l

de fond, faisceau d ' an t ic l inaux anc iens , qu i est le l ieu de passage

d u p l u s g r a n d oued s aha r i en , l a Saoura , et u n e voie de c o m m u n i ­

cat ion cap i t a le . Deux dômes e n t o u r é s de tassi l is , l ' un t r è s pet i t (le

Yi t t i -Eglab) , l ' a u t r e t r ès g r a n d (le H o g g a r ) , s épa ré s p a r le sync l ina l

de l 'Erg Chèche .

Deux cuvet tes topographiques i m p o r t a n t e s sont p lacées : l 'une d a n s

1. Loc. cit., p. 211, fig. 121.

Page 199: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

SAHARA ALGÉRIEN. 187

l ' épanou i s semen t de l ' éventa i l d u Goura ra , c'est u n g r a n d c i r q u e

fluviatile, d û à la confluence de tous les oueds a t las iques vers l a

S a o u r a ; l ' a u t r e , a u cen t re du syncl ina l d u Tadema ï t , c 'est l a zone

d ' é p a n d a g e de l ' i r ' a r ' a r et d e l ' oued Mya. E n t r e ces d e u x cuvet tes

se t r o u v e u n p o n t é t ro i t (Gantra) d e Crétacé q u i j o in t le Mzab à El

Goléa, s é p a r a n t les deux g r a n d s Ergs s a h a r i e n s .

On p e u t d i s t ingue r , d ' u n a u t r e po in t de v u e , t ro is S a h a r a :

— le Sahara récent (a t te r r i ssements pon t i ens et q u a t e r n a i r e s ,

Ergs) ;

— le Sahara crétacé ( syncl ina l de Tindouft et sync l ina l du T a d e ­

maï t ) ;

— le Sahara primaire (faisceaux d e la S a o u r a et g r a n d s dômes) .

II. STRATIGRAPHIE

P r é c a m b r i e n . — Le t e r r a i n le p lus ancien d u S a h a r a , da t é p a r

des fossiles, est le Goth land ien const i tué p a r des schis tes ou calcaires

à Graptol i tes , découver t s p o u r l a p r e m i è r e fois p a r F e r n a n d F o u r e a u

au Tindesset . Mais, sous ce Go th land ien , existe u n e sér ie t rès épaisse

de g r è s en g é n é r a l con t i nen t aux , d é b u t a n t p a r u n c o n g l o m é r a t

de base et q u e Kilian appe l le grès inférieurs. Ceux-ci s u r m o n t e n t ,

en complè t e d i scordance , l ' immense série m é t a m o r p h i q u e afr ica ine

q u i const i tue la masse m ê m e d e ce vieux con t inen t . Il nous faut donc ,

p o u r conna î t r e l ' âge de ce complexe , faire tou t d ' a b o r d des h y p o ­

thèses su r l ' âge des g rès in fé r ieurs .

Nous v e r r o n s que les g rès infér ieurs d e s tassilis d u Massif cen t ra l ,

A z g u e u r s , Mouydir , Ahnet , r é a p p a r a i s s e n t 1 (Ougar ta ) au c œ u r des

p l i s d u faisceau de l a S a o u r a qu i , t r ès p r o b a b l e m e n t , se p r o l o n g e

d a n s le Tafilelt. Dans ce t te oasis m a r o c a i n e , M. L. Nel tner a décou­

v e r t u n Trinucleus, Tr i lobi te o rdovic ien . Les g r è s des syncl inaux de

l 'Anti-Atlas ont auss i u n facies t rès a n a l o g u e à ce lu i des g rès infé­

r i eu r s . L 'âge ordovic ien p e u t donc ê t re ass igné à l a pa r t i e s u p é r i e u r e

des g r è s in fé r ieurs . Mais n e c o m p r e n n e n t - i l s pas aussi d u Cambr i en?

J 'a i e u l 'occasion de découvr i r ce t e r r a i n d a n s l 'Ant i -At las m a r o ­

ca in où il es t c o n c o r d a n t avec l 'Ordovic ien et M. Ne l tne r a m o n t r é

1. Menchikoff, 1931.

Page 200: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

188 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

son é n o r m e p u i s s a n c e et sa t rès g r a n d e extension dans cet te cha îne .

Mais, n u l l e pa r t a i l l eu rs , on n ' a p u t r o u v e r a u Saha ra de p r e u v e ce r ­

ta ine de l 'exis tence de t e r r a i n s de cet â g e . P o u r t a n t , a u Sud-Ouest

de l ' A h a g g a r , j ' a i m o n t r é q u e des calcaires b leus , déjà u n p e u m é t a ­

m o r p h i q u e s , s e m b l e n t p ré sen te r de cur ieuses ana log ie s avec les

ca lcai res à Archéocya th idés d u Maroc. Dans l 'Adra r -Ahne t , en t re les

g r è s infér ieurs et le s u b s t r a t u m africain m é t a m o r p h i q u e , des conglo­

m é r a t s ou des g r è s p o u r p r é s , ravinés par l'Ordovicien, p o u r r a i e n t ,

p a r l e u r facies et l e u r posi t ion, ê t re r a p p r o c h é s de roches a n a l o g u e s

d u Cambr i en m a r o c a i n . J 'a i donc t endance à pense r q u e le Cambr i en

n ' e s t compr i s n i dans les g r è s in fé r ieurs , n i d a n s le socle afr icain,

mais qu ' i l existe à ce n iveau u n e l a c u n e , soit r ée l l e , soit due à

l ' é n o r m e aras ion qu i a p r é c é d é le dépô t des g r è s i n f é r i eu r s , c o m p a ­

r a b l e à celle q u i p r é c è d e en F rance le d é p ô t des g r è s d u P e r m i e n et

d u Tr ias . Les t e r r a i n s afr icains on t é té , en effet, r i g o u r e u s e m e n t

t r ans fo rmés en pénép la ine avan t le d é b u t d e s g rès in fé r ieurs .

En r é s u m é , on p e u t , a u moins p rov i so i r emen t , r a n g e r la série

m é t a m o r p h i q u e d u socle afr icain dans le Précambrien. Cette série

p r é c a m b r i e n n e se compose des roches su ivan tes :

1o Des roches é rup t ives t r ès éc rasées , r éd u i t e s en l ames t rès

é t ro i tes . Ces roches é rup t ives sont des granites calco-alcalins, des

granodiorites, des diorites quartziques, b e a u c o u p p l u s r a r e m e n t

des gabbros ou des norites, t r ans fo rmés en or tho-gne iss , o r t h o -

amphibo l i t e s ou souven t en my lon i t e s en t i è r emen t recr is tal l isées ;

l e s roches ver tes u l t r a - b a s i q u e s m a n q u e n t c o m p l è t e m e n t .

2° Des roches m é t a m o r p h i q u e s , é g a l e m e n t f ragmentées en l ames :

paragneiss, micaschistes, schistes à séricite, cipolins et quartzites.

L'Adra r -Ahne t est fo rmé de g rès b e a u c o u p moins m é t a m o r p h i q u e s ,

à c iment sér ic i teux, t rès ana logues à ceux que Louis Gentil a recuei l l i s

dans l 'Anti-Atlas m a r o c a i n , d i scordan ts su r l 'Archéen et r ecouve r t s

en d i scordance p a r le Cambr i en , donc a l g o n k i e n s . Ils r e ssemblen t

é g a l e m e n t à cer ta ins g rès ordovic iens de l a m ê m e c h a î n e . Mais ici ,

ces g r è s appa ra i s sen t en an t ic l ina l sous des schistes p l u s m é t a m o r ­

p h i q u e s .

Toutes ces roches , plissées en g é n é r a l en di rect ion m é r i d i e n n e , sont

coupées de t rès n o m b r e u x filons de m i c r o g r a n i t e s , de rhyo l i t e s p o r -

p h y r i q u e s ca lco-a lca l ines , de dolér i tes et su r t ou t d 'ap l i tes ou de

pe gm a t i t e s .

Page 201: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

SAHARA ALGÉRIEN. 189

Assez souvent , les couches s emblen t c o n t o u r n e r de g r a n d s massifs

a m y g d a l o ï d e s de g ran i t e s p o r p h y r o ï d e s à mic roc l ine , p lu tô t a lcal ins ,

mais sans m i n é r a u x s y m p t o m a t i q u e s des g r a n i t e s sod iques (aegyr ine ,

r i ébecki te , e t c . . . ) . Il est difficile de p r é j u g e r de l ' âge relat i f ou a b ­

solu de ces venues é rupt ives , b e a u c o u p m o i n s écrasées que les

roches qu 'e l les t r a v e r s e n t .

Cette série afr icaine, t rès pl issée, a p p a r a î t au cent re d u Massif cen ­

t r a l où elle fo rme le g r a n d d ô m e de l ' A h a g g a r (s. l.), a u Tibesti , et

dans l 'axe d u d ô m e Yit t i -Eglab. On l ' obse rve , e n ce r t a in s poin ts , a u

c œ u r de l 'Anti-Atlas .

Est-il possible d 'y faire des d iv i s ions , c o m m e dans l 'Ant i -At las , de

s é p a r e r u n Archéen d ' u n A l g o n k i e n , d 'y r econna î t r e l ' équ iva len t de

cette sér ie p e u m é t a m o r p h i q u e et f a ib l emen t plissée q u i s é p a r e , en

A. 0 . F . et en A. E. F . , le v ieux socle africain des g r è s s éd imen ta i r e s

n o n m é t a m o r p h i q u e s . C. K i l i a n 1 , y r econna i s san t un n iveau ce r t a in

de c o n g l o m é r a t s , nous a p roposé d 'y d é c o u p e r deux sér ies , l ' une

infér ieure qu ' i l appe l l e le Pharusien, l ' au t r e s u p é r i e u r e , le Sugga-

rien, mais il ne dit p a s s'il y a u n e différence d a n s le m é t a m o r p h i s m e

des deux séries. L ' exemple de l 'Adra r -Ahne t n o u s m o n t r e c e p e n d a n t

q u ' i l est possible que l ' in tens i té des p l i s sements ai t i n t e rve r t i q u e l ­

quefois l ' o r d r e des supe rpos i t ions .

Si lurien. — Le S i lu r i en c o m p r e n d deux t e r m e s t rès cons tan t s : les

g r è s in fé r ieurs d e C. Kilian (Ordovicien, vide ante) et les schistes ou

quelquefois calcaires g o t h l a n d i e n s à Grapto l i tes .

Les g rès infér ieurs d é b u t e n t en d i scordance q u a d r a n g u l a i r e su r l e

P r é c a m b r i e n p a r u n cong loméra t de b a s e , assez cons t an t ; ce sont , le

p lus souven t , des g r è s - q u a r t z i t e s r o s e s , à pe t i t s ga l e t s de q u a r t z

b l a n c ; ils son t souvent a r k o s i q u e s ou fe ldspa th iques et parfois

m ê m e t r ave r sés de passées kao l in iques . On y obse rve un p e u d ' h é ­

mat i t e . Pas de fossiles, sauf des e m p r e i n t e s de signif icat ion dou teuse :

Bilobites, e t c . . .

La t ex tu re et la n a t u r e p é t r o g r a p h i q u e s e m b l e n t m o n t r e r que ces

g r è s sont c o n t i n e n t a u x . Ils d e v i e n d r a i e n t m a r i n s vers l a f ron t iè re

m a r o c a i n e .

Dans les c h a î n e s d ' O u g a r t a (faisceau de la Saoura ) , les g r è s in fé ­

r i eu r s r e p o s e n t s u r u n e épaisse fo rma t ion de rhyo l i t e s et de cen-

1. C. R. Somm. S. C. G. F. 7, 4 avril 1932.

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190 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

d r e s q u i r appe l l e cer ta ins t ra i ts d u Cambr ien m a r o c a i n si r i che en

laves (Haut-Atlas) . Les g rès in fé r ieurs fo rmen t , r a p p e l o n s - l e , la p r e ­

miè re côte e n t o u r a n t le pays cr is ta l l in et la p r e m i è r e ce in tu re des

tassil is (tassilis i n t e r n e s de Kilian). Ils p l o n g e n t p é r i p h é r i q u e m e n t ,

cons t i t uan t le b o r d d ' u n e nouve l l e dép re s s ion que l imi te une s econde

côte à s o m m e t g ré seux , r e b o r d d ' u n deux ième p l a t e a u tassil ien, le

tassili externe d e Kilian. La pa r t i e infér ieure de la falaise et l a d é p r e s ­

sion son t faites de Goth land ien . Ce sont en g é n é r a l des schis tes d ' u n

g r i s t r ès c la i r , ou roses , se dé l i t an t c o m m e d u ca r ton , parfois des

schistes noi rs , c a r b u r é s , fétides, con t enan t souvent de l ' a l un ( chebb i ) ,

ce q u i les fait r e c h e r c h e r des n o m a d e s .

Dans les c h a î n e s d 'Ougar ta , les p l aque t t e s d e v i e n n e n t souven t

ca lca i res et on y récol te a lors des Or thocères et des Cardiola. P r e s q u e

tous les n iveaux semblen t r ep ré sen té s . L 'analogie est t rès g r a n d e

avec le Goth landien m a r o c a i n . Connus autrefois en t rès peu de po in t s :

a u Tindesset (Foureau) , à Haci el Kheneg au Mouydir (Lieutenant

Cottenest) , à Ain Chebb i d a n s le Tid ike l t (Capitaine de St-Mart in) ,

ces t e r r a i n s s i lu r iens ont été r e t rouvés dans les cha înes d ' O u g a r t a , le

Tafilelt maroca in , et d a n s p r e s q u e toute l ' é t endue de l a dép res s ion

i n t r a t a s s i l i e n n e .

Dévonien. — Les tassilis i n t e r n e s sont d ' a b o r d const i tués p a r des

g r è s qu i , à la base p e u t - ê t r e , sont enco re g o t h l a n d i e n s , pu i s p a r une

sér ie assez épaisse d e grès b l a n c s , s accha ro ïdes , sans fossi les, où l 'on

doi t p l a c e r le Gédinnien. Dans la pa r t i e s u p é r i e u r e se m o n t r e n t des

n iveaux souvent f e r rug ineux , à facies de g r a u w a c k e s , avec des

p s a m m i t e s et des in te rca la t ions d ' a rg i l e s roses , t r è s a n a l o g u e s aux

schistes g o t h l a n d i e n s . L ' ensemble , t rès fossil ifère, à Spirifer Rous-

seaui, Rhynchone l l e s , Ten tacu l i t e s , e t c . . . , r e p r é s e n t e u n Coblentz ien

s o u v e n t a n a l o g u e à celui du Nord de l a F r a n c e , mais avec des affinités

a m é r i c a i n e s . A l 'Est, en a l l an t vers l e Tibest i , les g r è s s u p é r i e u r s

sont p lus p s a m m i t i q u e s ; i ls por t en t l a m a r q u e d 'ac t ions éo l iennes et

m o n t r e n t des t u b u l u r e s autrefois ca lca i r e s , r e m p l i s s a g e d ' anc i ennes

rac ines et de n o m b r e u s e s t r a c e s é n i g m a t i q u e s . Ils pa ra i s sen t deven i r

con t inen taux .

Difficiles à m e t t r e en év idence dans la demi - ce in tu r e d u S u d , ma i s

exis tant t r è s p r o b a b l e m e n t au Soudan , les g r è s s u p é r i e u r s aff leurent

l a r g e m e n t dans toute la demi-ce in tu re tass i l ienne d u Nord (Azgueurs ,

Page 203: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

SAHARA ALGÉRIEN. 191

Mouydir , Ahnet) ; ils appa ra i s sen t clans le faisceau d 'Ouga r t a , sur les

b o r d s d u bass in de Tindouf, e t p r o b a b l e m e n t à Taodéni , e n Maur i ­

tan ie , et dans le Bani (Anti-Atlas m a r o c a i n ) .

P a r p lace , les g rès s u p é r i e u r s sont coiffés de q u e l q u e s l a m b e a u x de

calcaires a zu ré s , quelquefois b i t u m i n e u x , r e p r é s e n t a n t le Dévonien

m o y e n (Eifelien) à Or thocères et Po lyp ie r s . Tout le l ong des tassilis

du Nord, ces ca lca i res a p p a r a i s s e n t à la l imite d u tassili et de la d é ­

pression p ré tass i l i enne . Cette l imi te co r r e spond à une f lexure b r u t a l e

qui se m a r q u e p a r un fort p e n d a g e des ca lca i res et qu i r é d u i t l e u r s

aff leurements .

Le Givétien est connu dans les sync l inaux d u faisceau de l 'Ahnet

où il est à l ' é ta t de ca lca i res ; p a r con t re i l est gréso-schis teux d a n s

les Azgueurs . Dans l 'Ahnet , le faisceau de la Saoura , su r le b o r d d u

sync l ina l de Tindouf et a u Tafilelt, le Dévonien m o y e n est r ep résen té

p a r des couches ca lca i res , de m e r p ro fonde , à Goniat i tes .

Au tou r d u Massif cen t ra l i l est t r è s difficile de s é p a r e r l e Dévonien

s u p é r i e u r d u Carboni fère . Leur ensemble const i tue l a dépression

prétassilienne de C. Kilian. Le Dévonien s u p é r i e u r es t p r e s q u e

toujours formé de g r è s micacés , schis teux, t r ès c o n t o u r n é s , à Brach io-

podes (Spirifer Verneuili, e t c . . . ) , r e p r é s e n t a n t le F rasn ien , le

F a m e n n i e n et m ê m e la zone d ' E t r e u n g t q u i fait p a s s a g e a u Carbo­

nifère (Ahnet , Tindouf) . Les facies sont les m ê m e s dans le syncl ina l

de Tindouf et au Kaw. Mais, d a n s le faisceau de la Saou ra , le

Frasn ien et le F a m e n n i e n sont encore r e p r é s e n t é s p a r des couches à

Cépha lopodes de m e r p ro fonde (Ougar t a ) . Le F a m e n n i e n avec des

Clyménies est le seul t e r m e dévon ien aff leurant dans le Goura ra , q u i

est d o n c u n v é r i t a b l e g é o s y n c l i n a l 1 .

Carbonifère . — Le Carboni fè re , i n t i m e m e n t lié a u Dévonien s u p é ­

r i eu r , d é b u t e e n g é n é r a l p a r des schistes a rdo i s i e r s , g a u c h e s ,

appa ra i s san t en g r a n d e s cupu les qu i s'effeuillent à la surface c o m m e

les feuillets d ' u n l i v re . Dans cet te sér ie des calcaires à E n t r o q u e s , à

Po lyp i e r s et à Productus, i ls dev iennen t de p lus en p l u s a b o n d a n t s

j u s q u ' à l ' envah i r t ou te . Ils sont a lors s û r e m e n t viséens . N. Menchikoff

a p u ana lyse r d e t r è s p r è s la sér ie et m e t t r e en év idence dans l a

r é g i o n de Tindouf : 1° l a zone de passage d i te d ' E t r e u n g t ; 2° d u

Tourna i s ien (cont inenta l avec gypses su r le b o r d sud d u bass in) ;

1. Menchikoff, 1931.

Page 204: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

192 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

3° les différents t e r m e s d u Viséen. Sur !e b o r d de l 'At las s a h a r i e n ,

à Kenadsa , cette série v iséenne , qu i p r é s e n t e déjà des f r a g m e n t s

végé taux à sa pa r t i e supé r i eu re , s u p p o r t e u n e sér ie gréseuse o ù

appa ra i s sen t des lits de houi l le de 35 à 50 cen t imè t re s . Le sync l ina l

p a r a i t se pou r su iv re en d i r ec t i on e s t -no rd -e s t oues t -sud-oues t vers

le Tafilelt p a r la vallée m a r o c a i n e du Guir. Les l i ts de houi l le on t

des schistes p o u r toi t et sont r ecouve r t s p a r le Cré tacé .

Le Carbonifère infér ieur , qu i forme d e s rel iefs i m p o r t a n t s d a n s

le Djebel Béchar (front ière o r a n o - m a r o c a i n e ) affleure l a r g e m e n t

d a n s le Toua t , le G o u r a r a , l a dépress ion pré tass i l i enne . Il faut

r a p p e l e r q u e F. F o u r e a u l 'a d é c o u v e r t d a n s l 'E rg d ' I s saouan au

Nord des Azgueurs . Il y c o m p r e n d du Viséen et d u Namur ien (équi­

v a l e n t m a r i n d u S t éphan ien ) c o m m e le pensa i t E. H a u g

S téphan ien et P e r m i e n m a n q u e n t a b s o l u m e n t au S a h a r a . Les

aff leurements d u Carbonifère in fé r ieur para issent j o u e r un rô le

i m p o r t a n t a u cen t r e du bassin de Taodén i . Il faut encore s igna le r

u n e roche é rup t ive (dolér i te ) de cet te époque dans le Toua t à Tazoul t ,

p r e m i è r e indicat ion du rô le si i m p o r t a n t q u e celles-ci vont j o u e r

dans le Viséen d u Maroc.

Au-dessus d u Carbon i fè re , la p r e m i è r e couche que l 'on r e n c o n t r e

es t c e r t a i n e m e n t c ré tacée . Cette i m m e n s e l a c u n e , qu i e m b r a s s e le

Pe rmien , le Trias, le Ju ra s s ique et le Crétacé in fé r i eu r , est c o m p a ­

r a b l e à la l acune a n t é - g o t h l a n d i e n n e q u e nous avons déjà s igna lée

( p r e m i e r con t inen t a l de Kilian).

Cré tacé . — Sur l a sér ie p r i m a i r e a ra sée , mais d ' u n e façon g é n é r a l e

s u r le Carbonifère in fé r ieur , r e p o s e a u t o u r d u Tadema ï t , u n e sér ie

de g r è s à c imen t ca lca i re , pu is d ' a rg i l e s ba r io lées . Les p r e m i e r s

con t i ennen t soit des pe t i t s q u a r t z b l ancs q u i les ont fait a p p e l e r

g r è s à « d r agées », soit des concré t ions s p h é r i q u e s , isolées ou en

g r a p p e s de ra i s in appe lées kerboub. Quand le t e r ra in sous - j acen t

est formé de ces g r è s , on t rouve souvent s u r le sol des f r a g m e n t s

br i sés , à cassure l i t h i q u e , de bois fossiles. J 'a i recue i l l i p e r s o n n e l ­

l e m e n t u n f r a g m e n t de t r onc . Ce sont tou jour s des bois d e g y m n o ­

spe rmes . Ils pa ra i s sen t b ien p roven i r des g r è s , c a r ils appa ra i s sen t

en m ê m e t e m p s q u e ceux-ci , m ê m e sur l a b o r d u r e soudana ise , ma i s

pe r sonne ne les a e n c o r e recueil l is en p lace . Dans les a rg i l e s s u b o r -

1. Delépine in Menchikoff, 1931.

Page 205: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

SAHARA ALGÉRIEN. 193

données, au Gourara, M. Savornin signale de grands reptiles : Dyrosaurus, Megalosaurus. Au pied du Tinr'ert, on y a trouvé des dents de Poissons dipneustes, de Ceratodus, fréquents aussi dans le Tilemsi soudanais. Ces grès, toujours qualifiés d'albicns, sont certai­nement au plus cénomaniens. Toute une partie des grès de Nubie doit leur être rattachée. Dans cette immense formation, qui couvre la majeure partie du Sahara oriental, jusqu'au Nil et au delà, on a voulu voir tantôt du Crétacé (antésénonien), tantôt du Primaire. Il est possible que deux séries se recouvrent avec des faciès litholo-giques analogues mais dont les âges seraient ditiérents, l'une appartenant au Paléozoïquc et l'autre au Crétacé. Cela me parait plus vraisemblable que de supposer une immense série compré-hensive allant du Dévonien (ou du Silurien) à l'Éocènc.

Des grès de même faciès que ceux qui constituent la première marche, très peu marquée, qui sépare le Tidikclt de la dépression prétassilienne carbonifère, font partie de la base de l 'importante falaise qui limite le Tademaït vers l'extérieur. Cette falaise qui constitue la deuxième marche est en grande partie cénomanienne.

Le Cénomanien est formé surtout à la base par de puissantes argiles versicolores, vertes et rouges avec d'importantes lames de gypse; à la partie supérieure existent quelques niveaux calcaires contenant diverses Huitres (Exogyra), des Neithea et des Ammonites du genre Neolobites rappelant des formes très anciennes. La fin de la série est presque toujours argileuse et correspond à une plate­forme et à un niveau aquifère.

Une troisième marche d'escalier est constituée par des calcaires souvent presque marmoréens, par des argiles qui marquent une plate-forme secondaire, puis surtout par des dolomies, enfin par des calcaires coupés de bandes de silex qui seraient probablement déjà sénoniens. La partie principale, très peu fossilifère, serait essentiel­lement turonienne.

Une quatrième falaise, moins distincte, est formée par des calcaires durs, fossilifères, où l'on peut reconnaître presque tous les termes du Sénonien.

J'ai eu l'occasion de trouver que les dernières couches, qui d'ail­leurs paraissent transgressées, sont constituées par des calcaires à Oursins [Linthia, e tc . . ) et des calcaires silicifiés à Cérithes et Cardila Beaumonli, qui représentent le Danicn. Ces couches sont,

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194 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

su r la b o r d u r e soudana ise , s u r m o n t é e s p a r des ca lca i res à g r a n d s

Naut i les , g é n é r a l e m e n t considérés c o m m e r e p r é s e n t a n t l a base de

l 'Éocène, sans g r a n d e ra i son d ' a i l l eu r s .

Dans toute l 'Afrique d u Nord , en d e h o r s d u d o m a i n e p r o p r e m e n t

a l p i n , l ' image est p r e s q u e p a r t o u t la m ê m e . J u s q u ' a u Moyen-Atlas

maroca in , l a t r ansg re s s ion c é n o m a n i e n n e d é b u t e p a r des couches

r o u g e s : a rg i les ou g r è s à g y p s e , sel , basa l te , souven t confondus

avec d u Trias , de l 'Aqu i t an i en ou d u Miocène ; des couches f r anche ­

m e n t mar ine s les r ecouvren t . Le s o m m e t de l a série est t o u j o u r s

cons t i tué p a r des ca lca i res à Cardita Beaumonti et à Gas t ropodes

dan iens .

La t r a n s g r e s s i o n c é n o m a n i e n n e ne p a r a î t avoi r laissé d ' in tac t que

le s o m m e t du Massif cen t ra l s aha r i en . Dans les é c h a n c r u r e s de l ' en ­

ceinte tass i l ienne , on t r o u v e le Crétacé, enfoncé c o m m e dans des

fjords. C. Kilian a b e a u c o u p insisté su r ce q u e les g r a n d e s vallées

d u Massif cen t r a l se ra ien t an t é r i eu re s à cette t r ansgress ion .

Après le Danien , toutes les fo rmat ions sont cont inenta les e t ,

c o m m e on n ' y a pas encore t rouvé de Vertébrés fossiles, l a p lus

complè te i nce r t i t ude r è g n e su r l eu r a t t r i bu t i on à des époques géo lo ­

g i q u e s définies.

Terrains sahariens et quaternaires. — Dans t o u t le S a h a r a

cen t r a l et occ identa l , les seules fo rmat ions pos t -c ré tacées , qu i r ecou­

v r e n t d ' a i l l eurs des t e r r a i n s que lconques sont d u Qua te rna i r e et m ê m e

d u Qua te rna i re très récen t .

L 'Éocène, qu i est r ep ré sen t é a u Soudan , d é b u t e s u r le t e r r i t o i r e

de l'A. O .F . , p a r des couches à g r a n d s Naut i les , Nautilus Molli, e t c . . . ,

qui sont p e u t - ê t r e encore cré tacées . Tous les aff leurements de cet

â g e s igna lés dans le Saha ra s e p t e n t r i o n a l sont e r ronés , à l 'except ion

de ceux q u i font p a r t i e d u r e b o r d a t l a s ique . M. Savorn in , en o u t r e ,

a s i g n a l é du calca i re gross ier , a u q u e l il a t t r i b u e cet â g e , d a n s le

sondage profond de T o u g g o u r t . L'Éocène a t l a s ique est su r t ou t

l a g u n a i r e ; s u r des ca lca i res c rayeux à Mollusques et Oursins (Éocène

in fé r ieur? ) r eposen t des m a r n e s à a lbâ t r e l u t é t i ennes . Mais, à

l 'except ion p r è s citée p l u s h a u t , ces format ions n ' a t t e ignen t pas le

S a h a r a p r o p r e m e n t di t .

Dans le S a h a r a sep ten t r iona l , des s é d i m e n t s c o n t i n e n t a u x , e x t r ê ­

m e m e n t épais , r empl i s sen t , p a r con t re , les deux cuve t tes de l 'E rg

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SAHARA ALGÉRIEN. 195

occidenta l et de l 'Erg o r i en t a l , a ins i q u e la gou t t i è re s u b a t l a s i q u e

qu i les r é u n i t .

Ces fo rmat ions j o u e n t un rô le i m p o r t a n t a u point de vue t e c h ­

n i q u e , car c'est à t r a v e r s el les q u e se font les g r a n d e s forages a r t é ­

siens. Ceux d e l 'Oued R'ir , n o t a m m e n t , sont const i tués p a r des

g rav ie r s , souvent c imentés en p o u d i n g u e s , des sab les et des a r g i l e s ;

le g y p s e y est e x t r ê m e m e n t a b o n d a n t et , associé a u ca lca i re , cons t i tue

essen t ie l lement le c i m e n t de tou tes les roches . Leur cou leu r est en

g é n é r a l rose , du rose c la i r a u s a u m o n . Des facies ana logues à ceux

des g rès « a lb i ens » s 'y t r o u v e n t f r é q u e m m e n t : g rè s à k e r b o u b et

à bois fossiles ( P h a n é r o g a m e s ) .

On a b e a u c o u p hés i té sur l ' âge de ces fo rma t ions , d o n t i l a d ' a b o r d

fallu s é p a r e r d u Crétacé a u t h e n t i q u e : on en a fait de l 'Ol igocène, d u

Mio-pliocène (c 'est le « t e r r a i n des g o u r s » de F l a m a n d ) . 11 sem­

ble m a i n t e n a n t q u e l 'on r e v i e n n e h e u r e u s e m e n t à la s t r a t i g r a p h i e

é tab l ie e n 1890 p a r Rol land . Celle-ci était d ' a i l l eu r s b a s é e su r u n e

par fa i te conna issance d u S a h a r a s e p t e n t r i o n a l et de tous les s o n d a g e s

de l 'Oued R' i r .

Sur la b o r d u r e a t l a s i q u e , n o t a m m e n t aux env i rons de Biskra , ce

t e r r a i n « s a h a r i e n », repose su r des couches à Ostrea crassissima v i n -

d o b o n i e n n e s . Il ne peu t donc ê t re a n t é r i e u r a u Miocène. Toutes les

observa t ions d o n n e n t le m ê m e résu l t a t : une sér ie de c o n g l o m é r a t s ,

sables , l imons , a rg i l e s smec t iques à fou lon , gypse , e t c . . . con t i ennen t

à ce r t a ins n iveaux les Escargo ts d e n t é s d u Po lygone de Cons tan t ine :

Leucochroa Tisoti (exis tant dé jà dans l 'Aqu i t an ien) , Leucochroa sem-

periana (dont le d e s c e n d a n t ac tue l est Leucochroa candidissima si

r é p a n d u dans les format ions « néo l i th iques » d u Saha ra ) . Sur cet te

sér ie , des m a r n e s ver tes ou g r i ses , c e r t a i n e m e n t lacus t res , puis d e

n o u v e a u u n e masse de grès ou m ê m e de l i m o n s a n a l o g u e à l a p r e ­

miè re est f ina lement r ecouver te p a r une carapace ca lca i re ou g y p -

seuse (quelquefois m ê m e silicifiée), la carapace hamadienne. Celle-ci

est souvent c raque lée en p o l y g o n e s et p résen te l 'aspect de p s e u d o ­

c o n g l o m é r a t s 1 .

Nous suivrons Ro l l and dans l ' âge qu ' i l d o n n e à ces d ivers t e r m e s ,

âge que conf i rment d 'a i l leurs les faits q u ' a mis en év idence l ' é tude

des pa roxysmes des m o u v e m e n t s a t l a s iques .

1. G. B. M. Flamand, ayant trouvé dans cette carapace un seul individu de Limnæa Bouilleti, lui fixait un âge pliocène.

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196 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Le p r e m i e r t e r m e dé t r i t i que à E s c a r g o t s den tés a p p a r t i e n d r a i t a u

Pont ien , é p o q u e qu i , d a n s t ou t e l 'Europe et en Afrique du Nord ,

co r r e spond à un m a x i m u n de con t r ac t i on des p l i s sements , à u n

m a x i m u m é g a l e m e n t de l 'act ivi té de l ' é ros ion . Cette a t t r i bu t ion

peu t d ' a i l l eu r s ê t re vérifiée p a r u n e s t r a t i g r a p h i e fine et c o n t i n u e ,

a l lant vers les Hauts -P la teaux et l a Tunisie où il existe d e s g i sements

de Ver tébrés pont iens .

L'épisode des a rg i l e s lacus t res p a r a i t devoi r se p l ace r au Pl iocène

anc ien , é p o q u e de d é t e n t e , de r e l â c h e m e n t o r o g é n i q u e (la p h a s e des

g r a n d e s d is tens ions m é d i t e r r a n é e n n e s d ' A r g a n d ) . A ce m o m e n t se

forme au S a h a r a un g r a n d l ac d a n s le cen t re d u syncl ina l de Tade-

m a ï t qu i const i tue u n bassin de subs idence , c ' es t -à -d i re s'affaissant

d ' u n e façon c o n t i n u e . Les t e r r a ins dé t r i t i ques du second n iveau cor­

r e s p o n d e n t à u n de rn ie r p a r o x y s m e a lp in , le Pl iocène supé r i eu r (ou

Vil lafranchien) é g a l e m e n t ca rac té r i sé en Europe , en Algér ie ou a u

Maroc p a r d ' impor t an t e s n a p p e s d e cai l lout is .

La c a r a p a c e h a m a d i e n n e , an t é r i eu re au r é s e a u fluviatile ac tue l —

ma i s qu i en cer ta ins po in t s se fo rme encore a u j o u r d ' h u i — p a r a i t

c o r r e s p o n d r e à u n e pé r iode p a r t i c u l i è r e m e n t sèche d u Quate rna i re

anc i en 1 . J ' insiste su r le fait q u e , dans les deux cuve t tes , les m a t é r i a u x ,

qu i cons t i tuen t les g r a v i e r s , sont u n i q u e m e n t a t las iques et q u e , si les

séd iments s a h a r i e n s p é n è t r e n t t rès loin au Sud dans la r é g i o n d u Grang

E r g occidenta l , i ls m a n q u e n t t o t a l e m e n t en b o r d u r e d u Massif c e n t r a l .

Les format ions pos t é r i eu re s , assez var iées , sont liées au réseau des

fleuves ou aux cuvet tes lacus t res (cuvet te des chot ts ) . Ce sont d e s

calcaires ou argi les l a c u s t r e s ; celles-ci sont de cou leu r verte ou grise

avec u n e t rès g r a n d e a b o n d a n c e de Mollusques d ' eau douce : ces

a rg i les existent d a n s la va l lée de l 'Oued Mya (première phase p luv ia le ) .

Elles sont r ecouver t e s p a r des t r a v e r t i n s à r o s e a u x ou p a r des croûtes

compactes. Viennent ensui te des l imons ou sab les rouges, con tenan t

parfois des sols en te r ré s (Gourara) q u i sont é g a l e m e n t r e c o u v e r t s

d ' u n e c roû te . C'est à ces fo rma t ions q u ' a p p a r t i e n n e n t les g r a n d e s

t e r r a s ses de l 'Oued S a o u r a : el les con t i ennen t souvent des pointes

de flèches di tes pédoncu lées (deuxième phase p luv ia le à c l ima t sou­

d a n a i s ou sahé l i en ) . Selon nous, la pa t ine l a t é r i t i que des g r a in s des

sab les des g r a n d s Ergs m o n t r e que c'est à ce t t e époque q u e se sont

déposées les masses de sables qu i ont été ensu i t e r e m a n i é e s en d u n e s .

I. Elle est « achuléenne » au Maroc.

Page 209: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

SAHARA ALGÉRIEN. 197

Ces format ions r o u g e s (du Moustiér ien a u Pa léo l i th ique s u p é r i e u r ? )

co r responden t à u n e repr i se de l ' é ros ion et, su r les h a m m a d a s , à

une érosion s o u t e r r a i n e , k a r s t i q u e . Au-dessus , on ne peu t p l u s p a r l e r

que des bu t t e s de l i m o n s à t roncs d ' a r b r e s ca rbon i sé s et des j o n ­

chées de Mollusques fluviatiles, s a u m â t r e s ou t e r res t r e s (ceux-ci

en t i è r emen t d i spa rus ) qu i couvren t tou tes les p l a i n e s d u S a h a r a ,

sol des g r a n d s E r g s , de l ' Iguid i , t anezrouf ts , cuve t tes des g r a n d s

fleuves, e t c . . . , associés aux déb r i s de c é r a m i q u e s e t aux a te l i e r s de

silex tail lés di ts « néo l i th iques » (de rn iè re pé r iode p luv ia le ) . Une

nouvel le e t de rn i è r e pé r iode sèche co r re spond à la m o r t des r iv ières

et à l ' a s sèchement ac tue l progress i f q u e r e t r acen t les te r rasses de

l u m a c h e l l e s à Cardium edule de t ype casp ien des deux g r a n d s lacs

s aha r i ens , le l ac des Chotts et le l ac de Taodén i . Ceux-ci n e sont

p l u s r ep résen tés q u e p a r des chot ts c roû teux , o u d e s s e b k h a s , g ise­

men t s exploi tés de se l ( A m a d r o r , Taodén i , B i lma , e t c . ) .

Des fo rmat ions ac tue l l e s , j e n e veux d i r e q u ' u n m o t des Grands

E r g s d o n t les d u n e s r ep ré sen t en t u n é ta t d ' équ i l i b r e des s a b l e s

m e u b l e s vis-à-vis d u ven t d o m i n a n t . On a fort e x a g é r é l ' envah i s ­

s e m e n t d u S a h a r a p a r le sab le , qu i d ' a i l l eu r s est p r e s q u e toujours

f luviati le, donc l imi té c o m m e q u a n t i t é . Les dunes envah i s san te s ,

toujours t r ansve r sa l e s , sont l imitées à cer ta ines cuve t tes (par exemple

le Gourara ) et aux a b o r d des oasis . Pour u n t r a je t b i en choisi ,

elles n e cons t i tuent n u l l e m e n t un obs tac le à l ' i m p l a n t a t i o n d ' une

voie ferrée t r a n s s a h a r i e n n e .

III. ROCHES ÉRUPTIVES

L'activité é rup t ive es t su r tou t local isée a u s o m m e t des g r a n d s

a t inc l inaux d e fond (Hoggar , Tibesti) ou à leurs abo rds .

Une p r e m i è r e pé r iode é r u p t i v e — j e d i ra i s volont iers c a m b r i e n n e

p a r ana log ie avec le Maroc, en tou t cas an t é -o rdov ic i enne — cor res ­

p o n d aux i n n o m b r a b l e s filons ou necks de do lé r i t e , de r h y o l i t e , e t c . . .

qu i t r a v e r s e n t le P r é c a m b r i e n . Le p l u s be l exemple en est le p s e u d o ­

volcan d ' In Ziza d a n s le Tanezrouf t d u H o g g a r .

Une seconde pé r iode co r respond aux g r a n d e s el l ipses de g ran i t e s

e t de m i c r o g r a n i t e s sod iques s igna lées p a r Büt ler et aux filons de

rhyo l i t e s à æ g y r i n e ; el le es t p e u t - ê t r e t e r t i a i r e .

Au Hoggar , l 'act ivi té é rup t ive essent iel le es t t r è s r é c e n t e . On p e u t

y d i s t ingue r de g r a n d s volcans en t i è r emen t d é m a n t e l é s q u i sont

G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 19

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198 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTREMER.

s u r t o u t p h o n o l i t i q u e s et andés i t iques : tel est le cas d u volcan

d ' I l a m a n , d o n t u n t é m o i n , le Taha t , est le po in t c u l m i n a n t d u

S a h a r a a l g é r i e n (3.000 m . ) . Ces volcans p e u v e n t ê t re placés à l a fin

du Miocène. A ces é rup t ions de roches ac ides , ma i s sod iques , succè­

d e n t de g r a n d s é p a n c h e m e n t s basa l t i ques de ca rac t è re fissurai ou

h a w a ï e n , don t les coulées é n o r m e s pa ra i s sen t encore déformées pa r

les de rn iè res mani fes ta t ions de l 'act ivi té o r o g é n i q u e (P l iocène?) .

Enfin, des basal tes q u a t e r n a i r e s ont coulé , filiformes, c o m m e au

Maroc, dans les val lées , r e c o u v r a n t des l imons r o u g e s à Esca rgo t s ou

des t raver t ins à ro seaux . Les l i ts ac tuels des o u e d s les en ta i l l en t .

IV. TECTONIQUE

Nous avons déjà vu , en essayant de d é g a g e r q u e l q u e s r ég ions

n a t u r e l l e s d u S a h a r a , q u e l l e étai t l ' a r ch i t ec tu re g é n é r a l e des t e r r a in s

qu i cons t i tuent ce déser t . Il suffit d ' i nd ique r b r i è v e m e n t les p r i n c i ­

paux sys tèmes de p l i ssements qu i p e u v e n t s'y r econna î t r e .

Plissements antécambriens (Saharides).— Tout l 'An técambr ien est

e x t r ê m e m e n t p l i s sé , en style b r i s an t , avec p r o b a b l e m e n t p r o d u c t i o n

de c h a r r i a g e s . On p e u t , en se b a s a n t s u r les co n g lo méra t s s e u l e m e n t ,

d i s t i ngue r du moins deux g r a n d s p l i s semen t s ( p h a r u s i e n et s u g g a r i e n

de Kilian) et p r o b a b l e m e n t u n p l i s sement a l g o n k i e n c o r r e s p o n d a n t à

celui d u Maroc et de l 'A. E. F .

La d i rec t ion g é n é r a l e des plis ( donnée s u r t o u t pa r les quar tz i t es )

p a r a i t dess iner u n g r a n d faisceau don t l 'axe est n o r d - s u d avec

inflexion su r les b o r d s vers l 'Ouest (Ahnet) et vers l 'Est a u Tibest i .

Puis v ient l a d i sco rdance af r ica ine .

Plissements hercyniens. — La couve r tu r e p r i m a i r e des t e r r a ins

an t écambr i ens n e p r é s e n t e p l u s a u c u n e d i scordance cap i ta le . On

p e u t y r econna î t r e des plis qu i afféctent c e r t a i n e m e n t tous l es t e r ­

r a i n s . Ce sont des an t ic l inaux souvent t rès s e r r é s , de d i rec t ion

é g a l e m e n t m é r i d i e n n e d a n s l 'axe, f o rman t u n g r a n d éventa i l don t

u n faisceau p e u t se su ivre j u s q u ' a u Maroc (faisceau de la S a o u r a -

Goura ra ) . Ces plis d é t e r m i n e n t des festons p r ima i re s ou seconda i res

dans l ' ence in te tass i l ienne.

L 'étude d u Haut-At las m a r o c a i n nous a a p p r i s que le de rn i e r t e r ­

r a in plissé est le Wes tpha l i en , s u r lequel est d i sco rdan t , à ang le

d ro i t , le S t éphano-Tr i a s .

Page 211: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

SAHARA ALGÉRIEN. 199

En cer ta ins po in t s , Goura ra , r ég ion houi l lè re de Kenadsa , syn­

clinal de Djerada, des d i rec t ions a b e r r a n t e s ap p a ra i s s en t , su d -o u es t

— nord-es t dans le p r e n d e r cas, e s t -no rd -e s t — oues t - sud-oues t

dans les deux a u t r e s . Cette de rn i è re d i r ec t ion , p e r p e n d i c u l a i r e à la

p r e m i è r e , atlasique, est celle des g r a n d s pl is de fonds an téc ré tacés

c o m m e nous le v e r r o n s p l u s lo in .

L'Anti-Atlas occ identa l p r é sen t e aussi des sync l inaux h e r c y n i e n s

é t ro i t emen t p incés dont la d i rec t ion est s u d - s u d - o u e s t n o r d - n o r d - e s t .

Les d i rec t ions h e r c y n i e n n e s para i s sen t r e v i v r e g r â c e à des m o u v e ­

m e n t s p o s t h u m e s pos t é r i eu r s a u Crétacé. C'est ainsi que p e u v e n t

s ' exp l iquer les g r a n d e s val lées an t ic l ina les c o m m e celle de la S a o u r a

et celle des oueds q u i font a p p a r a î t r e le Carbonifère et m ê m e le

Si lur ien su r le b o r d sud d u Tademaï t (Ain Chebb i , I n R 'a r ) . On p e u t

c o m p r e n d r e de l a m ê m e façon les an t i c l i naux é t ro i t s , n o r d - s u d , d u

Crétacé de ce p l a t e a u , p e u t - ê t r e m ê m e la conserva t ion de la Gant ra

en t re l es deux Ergs .

Plis de fonds a n t é c é n o m a n i e n s . — Nous avons vu que l 'on peu t

t rouve r u n fil conduc teu r d a n s la s t r u c t u r e s a h a r i e n n e en d i s t i n g u a n t un

cer ta in n o m b r e de pl is de fond qu i sont , d u Nord au Sud, au S a h a r a :

1. l 'Anti-Atlas m a r o c a i n ,

2. le Syncl inal de Tindouf (Menchikoff),

3 . l 'Anticl inal du Karet-Yi t ty-Eglab ( id . ) ,

4. le Syncl inal de Taodéni et ce lu i d e l 'E rg I s saouan ,

5. l 'Ant ic l inal I for 'as-Hoggar ,

6. La flexure soudana i s e .

Ces syncl inaux à fond carboni fè re et ces an t i c l inaux à c œ u r a r c h é e n

sont e x t r ê m e m e n t l a r g e s (de 400 à 1.000 k m . ) . Ils sont acc identés

p a r des festons de d i rec t ion h e r c y n i e n n e . Ils ont c e r t a i n e m e n t été

formés a v a n t le Cénomanien q u i est tou jours d i s c o r d a n t et qu i ,

c o m m e l'a m o n t r é C. Kilian, pénè t r e en fjords d a n s les vallées p r i n ­

c ipa les . Mais, le Cénomanien est aus s i d i sco rdan t su r le J u r a s s i q u e

dans l 'Atlas m a r o c a i n o r i e n t a l et t r ès p r o b a b l e m e n t en b e a u c o u p

d 'au t res points . Nous ve r r ions donc volont iers dans ces plis de fond

des répercuss ions du p l i s s e m e n t a t l a s ique a n c i e n 1 .

1. Ces grands plis de fond correspondent à des surélévations ou abaissements dans le train des plis de la Saoura (abaissement du Touat — surélévation d'Ougarta — Gourara).

Page 212: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

200 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Mais le Crétacé l u i - m ê m e a été plissé en g r a n d s sync l inaux de

fond qu i ne coïncident avec les p r e m i e r s q u e d ' une m a n i è r e

a p p r o x i m a t i v e .

Ce sont :

1° l 'Anti-Atlas et le sys tème a t l as ique m a r o c a i n ;

2° le Syncl inal de Tindouf (ou du Draa) don t le p r o l o n g e m e n t

p e u t ê t re che rché dans la g o u t t i è r e suba t l a s ique ;

3° l 'Anticl inal Kare t -Yi t ty-Eglab don t le p r o l o n g e m e n t se t r o u v e

d a n s les cha înes d 'Ougar ta , le Goura ra et la cuvet te d'érosion, du

Grand E r g occ identa l ;

4° le Sync l ina l de l ' Iguid i (qu i pa ra i t u n peu décalé p a r r a p p o r t

au syncl ina l anc ien de Taodéni) . Son p r o l o n g e m e n t est l a g i g a n ­

tesque cuvet te d u Tadema ï t . Un r e l èvemen t axial fait a p p a r a î t r e

en t r e eux deux le faisceau h e r c y n i e n de la S a o u r a c o m m e ant ic l inal

pos tc ré tacé d é t e r m i n a n t l ' invers ion du relief;

5° l ' en semble des massi fs I fo r ' a s -Hoggar .

Toutes les d i rec t ions sont oues t - sud -oues t e s t -no rd -es t , celles de

l 'Atlas .

J 'ass ignerai t rès vo lont ie rs un â g e p o n t i q u e au p a r o x y s m e cer ta i ­

n e m e n t pos tc ré tacé qui a d é t e r m i n é ce p l i ssement . Cela co r respon­

d ra i t à tou t ce q u e nous savons de l ' a r a s ion de l 'Atlas s a h a r i e n .

L 'object ion que C. Kilian t i re de la p r é sence d u Cénomanien en fjords

s u r le p o u r t o u r n o r d d u Massif c en t r a l a u r a i t la m ê m e va leu r en ce

qu i concerne les m o u v e m e n t s postpl iocènes et q u a t e r n a i r e s de ce

d ô m e que p r o u v e n t tou tes les obse rva t ions v u l c a n o l o g i q u e s et m o r ­

pho log iques .

Enfin, il y a eu , a u S a h a r a , deux repr i ses de l 'act ivi té o r o g é n i q u e ,

l ' une a u Pl iocène supé r i eu r , l ' au t re au Qua t e rna i r e . La réal i té d e

ces m o u v e m e n t s n e peu t se p r o u v e r q u e par l ' ana lyse m o r p h o l o ­

g i q u e . En ou t r e , la n o n exis tence ce r ta ine de l a m e r s a h a r i e n n e

p a r a i t c o n t r e d i r e les aba i s sements eustatiques d u n iveau de la Médi­

t e r r a n é e . Pour conci l ier ces deux faits et exp l ique r q u e le seuil de

Gabès ai t t ou jour s été con t i nen t a l , il faut a d m e t t r e que l ' aba i sse ­

m e n t d u Chott Melr'ir a u - d e s s o u s d u n iveau de la m e r est e x t r ê m e ­

m e n t r écen t .

Page 213: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

SAHARA ALGÉRIEN. 201

V. RESSOURCES MINÉRALES

Je serai bref su r ce p o i n t , ca r , a ins i que j e l 'ai d i t , les ressources

minéra les connues ou prévis ibles a u S a h a r a sont nu l l e s .

De m é t a u x , à pe ine des t r aces microscopiques , à l ' except ion peu t -

ê t re d u fer, t r o p lo in t a in p o u r ê t re r e c h e r c h é . P a r m i les subs tances

préc ieuses , n i or , ni a r g e n t et ni p l a t i ne , n i n i cke l qu i sont liés aux

roches ver tes u l t r a -bas iques c u r i e u s e m e n t absen tes d u S a h a r a

cen t ra l . On a p a r l é des é m e r a u d e s des Ga raman te s .

On ava i t pensé à exploi ter des n i t r a t e s : les r é su l t a t s de l a miss ion

Gui l laume, envoyée p o u r cet obje t p e n d a n t la g u e r r e , sont nu ls . Il

faut s i gna l e r d u n a t r o n , dans les c ra tè res vo lcan iques , des sources

sulfatées, de l 'a lun d a n s les schistes g o t h l a n d i e n s , le sel q u a t e r n a i r e

d 'Amadro r , de Bi lma , de Taodén i , vé r i t ab le m o n n a i e d ' é changes ,

obje t d 'explo i ta t ions an t iques des t inées à d i s p a r a î t r e sans dou te .

La p r inc ipa l e ressource qu ' i l a p p a r t i e n t aux géo logues d ' a m é n a g e r

ou de d é c o u v r i r , c 'est l 'eau.

Dans les r é g i o n s p r é c a m b r i e n n e s ou p r i m a i r e s , m o n t a g n e u s e s ,

l 'eau de ru i s se l l ement , en quan t i t é l imi tée , a p p a r a î t d a n s le s o u s -

é c o u l e m e n t des r iv iè res , g r â c e à des b a r r e s rocheuses que l 'on p e u t

a m é l i o r e r p a r de pe t i t s b a r r a g e s . 11 n ' y a pas d e roche m a g a s i n .

Aucune t r ace d ' eau n ' a p p a r a î t dans les p l a ines recouver tes de l imon

( tanezroufts ou t éné ré s ) , ni dans les dépress ions p ré tas s i l i ennes . Les

pr inc ipa les accumula t ions sont dans le S a h a r a seconda i re ou t e r t i a i re

et su r t ou t dans t ro is r o c h e s m a g a s i n s :

1° d ans les g r è s « a lb iens »,

2" dans les ca lca i res sénoniens ou t u ron i ens ,

3° dans les sab les p o n t i e n s .

Les p r e m i è r e s , q u i sont p e u t - ê t r e « fossiles » (Passa rge ) , sont

exploi tées , dans le Touat , p a r u n sys tème de t r a v e r s - b a n c s , les

forggaras, i m m e n s e réseau de ga le r i e s c reusées dans le l i m o n depu i s

une t rès lo in ta ine an t iqu i t é et , dans le T id ike l t , p a r des pui t s t rès

a b o n d a n t s , t r o p a b o n d a n t s p o u r u n e m a i g r e p o p u l a t i o n .

Les secondes sont celles qu 'u t i l i s en t les Mzabites, h é r é t i q u e s

réfugiés dans le t e r r ib le lacis (Chebkha) d e la Gantra c ré tacée .

Les t ro is ièmes sont celles du bass in sync l ina l de l 'Oued R' ir e t

d ' O u a r g l a ; ce sont celles qu i a l i m e n t e n t les sp lend ides oasis où se

Page 214: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

202 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

cul t ive la da t te deglat nour, que nous mangeons a u des se r t . Les

forages ar tés iens les r eche rchen t clans le Pont ien. Su r le b o r d du

S a h a r a tun i s ien , des r e c h e r c h e s ont été faites au con tac t des ant i ­

c l i naux ; d a n s l 'Atlas s aha r i en , M. Savorn in a i m a g i n é u n e t e c h n i q u e

a n a l o g u e qui s ' inspire des r e c h e r c h e s de pé t ro le .

Tous les pu i t s des é t apes , d o n t q u e l q u e s - u n s sont c e r t a i n e m e n t su r

des emp lacemen t s déjà hab i t é s p a r les « Néol i thiques » n è g r e s , j a l o n ­

n e n t les sous-écoulements des oueds .

On p e u t é v i d e m m e n t a u g m e n t e r et su r tou t a m é n a g e r les r e s ­

sources d 'eau au Saha ra , mais le p r o b l è m e doi t se l ie r à une co lo­

n isa t ion . Le p e u p l e m e n t des oasis pa r les harratins b e r b é r o - n è g r e s

é ta i t autrefois e n t r e t e n u p a r l ' e sc lavage ; il se raréfie a u j o u r d ' h u i .

Quant aux n o m a d e s , ce sont des g u e r r i e r s , des gu ides , accessoire­

m e n t des c o m m e r ç a n t s , j a m a i s des ag r i cu l t eu r s . D'où t i r e r a - t - o n la

m a i n - d ' œ u v r e nécessai re à d e g r a n d s t r avaux? Mais avec de l 'eau le

S a h a r a dev ien t un vrai j a r d i n 1 .

VI. BIBLIOGRAPHIE.

Je n ' a i pas voulu r e t r ace r ici l 'h is toire de la reconna i ssance géolo­

g i q u e du S a h a r a dont M. J. Savo rn in a d o n n é d 'a i l leurs l 'esquisse , et

d o n t on t r o u v e r a ma in tes pages contées avec le p lus fin h u m o u r p a r

E . -F . Gaut ie r ; j e c i terai s eu l emen t les ouvrages essentiels , i n d i q u a n t

ceux qui con t i ennen t toute la b i b l i o g r a p h i e .

On p e u t d i s t i n g u e r dans cet te conquê te scientifique p lus i eu r s

é t apes : les g r a n d e s exp lora t ions d e la pé r i ode h é r o ï q u e , R. Caillé,

Bar th , Rohlfs e t p a r m i lesquel les il faut c i ter s u r t o u t a u point de

vue géo log ique : Oskar Lenz, d i spa ru h ie r , oubl ié de tous . Cette

p é r i o d e est close à la fin d u siècle p a r l ' œ u v r e a d m i r a b l e de

F . F o u r e a u qu i donne le S a h a r a à la France et p e r m e t l 'édification

d ' u n vé r i t ab le m o n u m e n t scientif ique.

Chevauchan t avec cette p h a s e se t r o u v e n t l es t en ta t ives d ' exp lo­

r a t i ons p u r e m e n t a lgé r i ennes , extension p rog re s s ive d e nos connais­

sances en b o r d u r e d e l 'Atlas; les n o m s d e P o m e l et su r tou t de

Rol land se d é t a c h e n t de la masse des t r ava i l l eu rs . Pu is ce sont de

g r a n d e s en t repr i ses qu i mot iven t les r eche rches , p r o b l è m e de la

1. Témoin El Golca où s'est tenu le « Congrès de la Rose et de l'Oranger », la •métropole bénie (El Meniya', des Chaambas).

Page 215: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

SAHARA ALGÉRIEN. 203

« m e r i n t é r i eu re », cause d 'ép iques d iscuss ions , p ro je t de T r a n s ­

saha r i en qu i n o u s vaut d 'a i l leurs la série des vo lumes de Ro l l and et

motive les deux missions F la t te rs .

La fin t r ag ique de la de rn i è r e r a l en t i t l ' exp lora t ion , j a m a i s tota­

l e m e n t a r r ê t ée p o u r t a n t . La r e c h e r c h e scientif ique p r é c è d e ou mot ive

les expédi t ions mi l i ta i res , c o m m e la p r i se d ' In Sa lah p a r G. B. M.

F l amand , « p r é p a r a t e u r de géo log ie à l 'École des Sciences d ' A l g e r 1 »,

qu i j e t t e la F rance au Tidikel t et au Touat , source fu ture de diffi­

cul tés maroca ine s . Lape r r ine et ses officiers, avec l ' admi rab l e i n s t r u ­

m e n t des c o m p a g n i e s s a h a r i e n n e s , exp lo ren t et pacif ient ; g é o g r a p h e s

et géo logues su iven t n o n s e u l e m e n t les r a i d s (E.-F. Gaut ier , Vil late,

R. Chudeau ) , m a i s le g é n é r a l t r ans forme ses officiers en s a v a n t s .

Le P. de Foucau ld d o n n e u n c o u r o n n e m e n t s y m b o l i q u e à l 'œuvre .

En p l e ine g u e r r e , après u n e cr ise t rès d a n g e r e u s e , L a p e r r i n e p a r a ­

chève la pacification et p réc ip i te l ' évolut ion s a h a r i e n n e e n d i r i g e a n t

le p r emie r ra id au tomob i l e et aé r ien où il s u c c o m b e . Un h a s a r d

t r a g i q u e r é u n i t côte à côte , à la croisée des deux g r a n d e s r o u t e s

soudana i se s , les t o m b e s des deux anc iens c a m a r a d e s .

Après g u e r r e . . . « le S a h a r a es t devenu un pays de tour i sme », dit

M. Savorn in . P e u t - ê t r e p a s a u t a n t que le pense le savan t professeur

d 'Alger . Si les missions de But ler et la m i e n n e au H o g g a r n'offrirent

aucun d a n g e r , mais furent p e u t - ê t r e d 'exécut ion q u e l q u e peu dé l i ­

cate , celle de C. Kilian, qu i a to t a l emen t r enouve lé nos c o n n a i s s a n c e s

su r le Saha ra cen t ra l et n o u s en a d o n n é un c a d r e p r o b a b l e m e n t

définitif, a r ep r i s dans des rég ions v i e rges les t r ad i t ions de la g r a n d e

explora t ion des t emps h é r o ï q u e s .

Je c i te ra i ma in t enan t les t r avaux q u i ne figurent pas d a n s la

l iste de M. Savorn in : la thèse de M. Menchikoff, f rui t aussi de r a id s

audac ieux j u s q u ' a u Rio de Oro, qu i clarifie tous les p r o b l è m e s d u

S a h a r a occ identa l , la m o n o g r a p h i e t rès poussée d e l 'Ahnet pa r T h é o ­

dore Monod, p r e m i e r t r ava i l d e dé ta i l au S a h a r a . L 'expédi t ion d i te

d u Centena i re au H o g g a r n e c o m p r e n a i t n i g é o l o g u e , n i t o p o g r a p h e .

Il faut , en ou t r e , r e n d r e j u s t i c e à l ' œ u v r e d u Service g é o l o g i q u e

des t e r r i to i res d u Sud où G. B. M. F l a m a n d p r e s q u e seul r é u n i t les

m a t é r i a u x d ' u n e vra ie s o m m e bénéd ic t i ne de toute l a géo log ie s a h a ­

r i e n n e . Ce service est a c tue l l emen t d i r igé p a r M. Savorn in .

1. E. F. Gautier, La conquête du Sahara. Paris, Colin.

Page 216: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

1 8 9 0 . — G. R O L L A N D . — Géologie du Sahara algérien et aperçu géologique sur le Sahara de l'Océan Atlantique à la Mer Bouge (dans Documents relatifs à la Mission di r igée au Sud de l 'Algérie pa r M. Choisy). Par is , Impr imer i e nat ionale , 1 8 9 0 .

1 9 0 5 . — F . F O U R E A U . — Documents scientifiques de la Mission saharienne (Mis­sion Foureau-Lamy). Géologie, pa r F . Foureau . Paléontologie par E. Haug. Pét rographie pa r L. Genti l . Par is , Masson, 1 9 0 5 .

1 9 0 8 . — E. F . G A U T I E R . — Sahara algérien (dans Missions au Sahara, t. I). Par is , Colin, 1 9 0 8 .

1 9 0 9 . — R. CHUDEAU. — Sahara soudanais (dans Missions au Sahara , t. II). Par is , Colin, 1 9 0 9 .

1 9 1 1 . — G. B . M. F L A M A N D . — Recherches géologiques et géographiques sur le Haut Pays de l'Oranie et sur le Sahara. Thèse , Lyon (Rey), 1 9 1 1 et Service géologique de l 'Algérie, 1 9 1 1 (Bibliographie complè te ju squ ' à cette date) .

1 9 2 3 . — Jacques B O U R C A R T . — Un voyage au Sahara. Par is . Publication du Comité de l'Afrique française, 1 9 2 3 .

1 9 2 5 . — C. KILIAN. — Au Hoggar, mission de 1922. Par is , Soc. d 'édit . géog., mar i t . et colon., 1 9 2 5 .

1 9 2 8 . — E. F . G A U T I E R . — Le Sahara. Par is , Payot, 1 9 2 8 .

1 9 3 0 . — N . MENCHIKOFF. — Recherches géologiques et morphologiques dans le Nord du Sahara occidental. Par is , Rev. géog. phys . géol. dyn. , 1 9 3 0 . Vol. III, fasc. 2, p . 1 0 3 - 2 4 8 .

1 9 3 1 . — J. SAVORNIN. — La géologie algérienne et nord-africaine depuis 1830. Alger, Serv. car te géol. Algérie, 1 9 3 1 (Bibliographie p resque complète) .

1 9 3 1 . — Th. MONOD. — L'Adrar Ahnet, essai de monographie d'un district saharien. Par is , Rev. géog. phys . géol. dyn. , 1 9 3 1 , vol. IV.

Page 217: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

IV. AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO1

P A R

H E N R Y H U B E R T

Inspecteur général du Service météorologique colonial.

Ancien chef du Service géologique et des Mines de l'A. 0 . F.

I. ESQUISSE GÉOGRAPHIQUE

L'Afrique occ iden ta le f rança ise est la p l u s vaste de nos colonies :

2.500 k i l o m è t r e s en l a t i t u d e , 3.500 k i l o m è t r e s en l o n g i t u d e , d i m e n ­

sions qu i font p e n s e r à cel les d u cont inent aus t r a l i en , avec u n e surface

m o i n d r e toutefois , à cause des enc laves é t r a n g è r e s — 4.800.000 ki lo­

m è t r e s c a r r é s , p l u s de 8 fois la F r ance .

Quant au Togo, su r l eque l l a F r ance et l ' A n g l e t e r r e exercent u n

m a n d a t , il a u n e superficie b e a u c o u p p l u s r édu i t e : 87.000 k i l o m è t r e s

ca r rés , don t 50.000 p o u r le m a n d a t français , la cen t i ème p a r t i e de

l 'A. 0 . F .

La r é p a r t i t i o n g é o g r a p h i q u e d e s t e r r i to i r e s de l 'A. O. F. et d u Togo

est te l le q u ' u n e é t u d e de la géo log ie de ces pays i m p l i q u e nécessa i ­

r e m e n t celle de l 'Ouest afr icain tout en t i e r . Il s 'ensui t q u ' o n sera

e n t r a î n é à c o m p r e n d r e , d a n s le s c h é m a g é o l o g i q u e p résen té , ce r t a ines

format ions p l u s déve loppées dans les possess ions é t r a n g è r e s , ma i s qu i

d é b o r d e n t dans les t e r r i to i res f rança is .

On conna î t t r o p le dessin g é o g r a p h i q u e de l 'Ouest africain p o u r

qu ' i l para isse nécessa i re d ' en i n d i q u e r ici le dé ta i l . On r a p p e l l e r a

s eu lemen t , a u po in t de vue o r o g r a p h i q u e , q u e , d a n s ce p a y s , t r ès p e u

acc identé dans son e n s e m b l e , subsis tent q u e l q u e s massifs i ndépen­

d a n t s l ' un de l ' au t r e (massif de F a r a n a à Sémien , Fouta-Djal lon, Aïr ,

1. Voir la carte géologique au 10.000.000° de l'Afrique française (planche hors texte).

GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D ' O U T R E - M E R . 20

Page 218: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

206 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Atacora , A d r a r des Iforass, les t rois p r e m i e r s seuls a y a n t en pe t i t

n o m b r e des p o i n t e m e n t s supé r i eu r s à 1.000 mèt res ) et de t rès longues

l ignes de falaises (Adrar , Tagan t , Daha r , T a m b a o u r a , falaises de

Bobo-Dioulasso et de B a n d i a g a r a , e tc . ) . Au po in t de vue h y d r o g r a ­

p h i q u e , e n d e h o r s des fleuves cô t ie rs , r ec t i l i gnes , p l u s ou moins

déve loppés , il y a q u a t r e g r a n d e s a r t è r e s (Sénégal , Gambie , Volta,

Niger) q u i , par t ies d ' a b o r d ve r s le Nord-Est , déc r iven t u n e bouc le

p l u s ou moins complè t e a v a n t d e ven i r se j e t e r d a n s l ' océan .

L 'obse rva t ion d u sous-sol p ré sen te souven t des difficultés m a t é ­

r ie l les qu ' i l p e u t ê t re u t i l e de r a p p e l e r . Au Sud, dans la g r a n d e forêt ,

l a végé ta t ion est que lquefois si dense qu 'e l l e e m p ê c h e m ê m e de voir

les b e r g e s des r iv ières . Elle r e n d t rès difficile la c i rcu la t ion et a for­

tiori les r e c h e r c h e s . Dans les s en t i e r s , l ' a b o n d a n c e d e s m a t é r i a u x

m e u b l e s , en pa r t i cu l i e r a rg i l e s de décompos i t ion , et u n épais revê te­

m e n t de d é b r i s végé taux s 'opposen t à tou tes inves t iga t ions , à mo ins

d ' e n t r e p r e n d r e de vér i t ab les t r a v a u x d e t e r r a s s e m e n t . Si, p a r con t re ,

su r les g r a n d e s r o u t e s la c i rcu la t ion est aisée et les é l émen t s d ' é t u d e

r e l a t i vemen t n o m b r e u x , il s 'en faut q u e le r é seau ro u t i e r soit assez

déve loppé p o u r p e r m e t t r e de r é s o u d r e d a n s le dé ta i l le p r o b l è m e

des r e c h e r c h e s géo log iques e t min iè re s .

Au Nord de la forêt , d a n s les p a y s de savanes , les obse rva t ions sont

b e a u c o u p p l u s faci les , m a i s la dens i té de la végé ta t ion h e r b a c é e ,

d ' u n e p a r t , le d é v e l o p p e m e n t des la té r i tes d ' a u t r e p a r t , r e n d e n t

encore les inves t iga t ions l abo r i euse s , a u m o i n s lo r squ ' i l s 'agi t des

con tac t s .

A ceux qu i a b o r d e r o n t l a géologie de l 'Ouest afr icain, on n e sau ra i t

t r o p r e c o m m a n d e r de se fami l ia r i ser avec les différents types de l a t é ­

r i tes . Dans de t r è s n o m b r e u x cas , une é t u d e m i n u t i e u s e de ces p r o ­

dui t s d ' a l t é ra t ion p e r m e t d 'y r e conna î t r e d e minuscu les f r agment s

non d igé ré s de l a roche o r ig ine l l e , et p a r conséquen t de se faire u n e

op in ion t r è s préc ise su r le sous-sol , c e p e n d a n t inv i s ib l e .

Au Nord des r é g i o n s de savanes c o m m e n c e n t les pays subdése r ­

t i ques ou dése r t i ques , avec l e u r sol r ecouve r t soit de cai l lout is ( rag)

soit d ' a l luv ions a rg i l euses , soit de sables . Ici encore , b i en q u ' o n n e

soit p lus g ê n é p a r la végé ta t ion , on éprouve souven t des difficultés à

i n t e r p r é t e r son t e r r a i n , d u fait de l ' a ccumula t ion des é l é m e n t s d é t r i ­

t iques t r a n s p o r t é s .

Page 219: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 207

La g ê n e q u e causen t t r ès souven t les fo rmat ions superficiel les

e x p l i q u e que les i t i né r a i r e s géo log iques les p lus f ruc tueux , ceux

d 'a i l l eurs q u i ont été choisis de p r é f é r ence , sont ceux qu i j o i g n e n t

en t re el les les r ég ions acc iden tées : là au moins le m a n t e a u de for­

ma t ions superficiel les est d é c h i r é .

II. LES FORMATIONS GÉOLOGIQUES.

L 'his toire des t r ans fo rma t ions géo log iques s u b i e s p a r l 'Oues t a f r i ­

cain compor t e t ro is g r a n d e s p é r i o d e s .

La p r e m i è r e es t ca rac té r i sée p a r l 'exis tence de sér ies g é n é r a l e m e n t

cons idé rées c o m m e a n t é r i e u r e s a u S i lu r ien , soumises à des ac t ions

t ec ton iques p u i s s a n t e s , pu is r abo t ée s p a r l ' é ros ion .

P o s t é r i e u r e m e n t à la t r ans fo rma t ion en p é n é p l a i n e de l a surface

de ces format ions c o m m e n c e la deux i ème p é r i o d e , don t les d é p ô t s ,

affectés de m o u v e m e n t s faibles ou loca l i sés , m a r q u e n t u n e s é d i m e n ­

ta t ion plus ou moins con t inue depu i s l 'Ordovic ien j u s q u ' a u moins a u

Moscovien.

Une i m m e n s e l acune s é p a r e la d e u x i è m e p é r i o d e d e la t ro i s i ème ,

cel le-ci d é b u t a n t a u Crétacé et se c o n t i n u a n t j u s q u ' à l ' é p o q u e ac tue l l e .

LA PREMIÈRE PÉRIODE.

Toutes les format ions de cet te pé r i ode sont cons t i tuées p a r des

roches é rup t ive s ou des roches m é t a m o r p h i q u e s a y a n t sub i d e s

act ions t ec ton iques souven t cons idé rab les . On a s i g n a l é des t r a ce s

d ' o r g a n i s m e s p o u r les t e r m e s séd imenta i res les m o i n s m é t a m o r p h i s é s ,

mais a u c u n é l é m e n t d ' u n e va leur p a l é o n t o l o g i q u e a p p r é c i a b l e n ' a

été r ecue i l l i . Cependan t des dis t inct ions on t été é tab l ies . Elles r e p o s e n t

su r la cons t i tu t ion l i t ho log ique et , a cces so i r emen t , su r l e s ca rac t è re s

t ec ton iques .

Il est sage de penser que les d is t inc t ions l i t h o l o g i q u e s in t rodu i t e s

dans la classification des format ions de la p r e m i è r e p é r i o d e n e g a r ­

d e r o n t p a s tou te l a v a l e u r s t r a t i g r a p h i q u e q u ' o n l e u r a a t t r i b u é e au

débu t , à défaut d ' a u t r e s m o y e n s de c o m p a r a i s o n . Mais il n ' e n res te

p a s m o i n s q u e de te l les dis t inct ions d e m e u r e r o n t c o m m o d e s , a u p o i n t

de v u e p r a t i q u e , p a r c e qu ' i l existe au moins p o u r cet te p é r i o d e u n e

Page 220: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

208 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

r e l a t i on en t r e la cons t i tu t ion l i tho log ique des fo rmat ions et la n a t u r e

des subs tances minéra les qu ' on peu t y r e n c o n t r e r .

La p r e m i è r e de tou tes les sér ies l i t ho log iques , celle auss i q u i e s t

l a p l u s l a r g e m e n t r e p r é s e n t é e , est const i tuée p a r des gneiss, d e s

micaschistes, des talcschistes, e tc . Les types les p lus r é p a n d u s sont ,

de b e a u c o u p , des g n e i s s d ' o r ig ine é rup t ive a y a n t subi tou tes les

actions m é c a n i q u e s poss ib les . On t r o u v e ainsi tous les p a s s a g e s

depu i s le g r a n i t e à é l émen t s s i m p l e m e n t o r i en té s j u s q u ' a u x gne i s s

œillés e t aux mylon i t e s compac t e s . Pa r except ion , a u Togo sont

l a r g e m e n t déve loppées des pyroxén i t es , a m p h i b o l i t e s , ép ido t i t es ,

s e rpen t i ne s , e tc . , p r o v e n a n t de la t r ans fo rmat ion de roches é rup t ives

b a s i q u e s .

L ' idéal au ra i t été sans dou te de faire la d is t inc t ion, su r l a ca r te ,

en t re les gneiss d 'o r ig ine é rup t ive et ceux d 'o r ig ine s é d i m e n t a i r e ,

m a i s cela dépasse encore de b e a u c o u p les m o y e n s ac tue ls de la g é o ­

log ie d ' exp lora t ion . Il y a t r o p de rég ions sans a f f leurements , et , là

où ces d e r n i e r s existent, t r o p peu d ' endro i t s où l'on a i t eu le t e m p s

de faire des é tudes de dé ta i l . Si l 'on est con t r a in t de r a n g e r encore

tous les gneiss dans le m ê m e g r o u p e , on sait c e p e n d a n t q u ' i l s ont

des o r i g ine s différentes.

Les r ég ions gne i s s iques occupent des surfaces i m m e n s e s en Afrique

occ identa le , e n p a r t i c u l i e r a u sud d ' u n e l i gne Fo réca r i ah -Ansongo .

Les gne i s s et t ypes associés son t cons idérés c o m m e r e p r é s e n t a n t

l es t e r m e s les p l u s anc iens en Afrique occidenta le , du fait de l e u r

cons t i tu t ion l i tho log ique d ' une p a r t , et de l ' in tensi té des ac t ions tecto­

n i q u e s dont i ls on t été l 'ob je t d ' a u t r e p a r t . Le t e r m e d ' A r c h é e n est

ce lu i qui p a r a i t conveni r l e m i e u x à l ' e n s e m b l e de la sér ie , é tan t

e n t e n d u toutefois q u ' o n ne lui a t t r i b u e ici q u ' u n e va l eu r locale.

Les a f f leurements de cette sér ie se t r a d u i s e n t de d iverses façons sur

le t e r r a in : décompos i t ion en boules , a c c u m u l a t i o n s de b locs au mi l ieu

des fleuves, vastes da l les d é n u d é e s dans les r ég ions de s avanes , dômes

su rg i s san t au mi l i eu des p la ines , e tc .

Dans le Sud, la r a p i d i t é d ' é c o u l e m e n t des eaux sauvages d é t e r m i n e

u n pol i ssage r e m a r q u a b l e des roches et p r o d u i t u n profil p a r a b o l i q u e

typ ique . Mais a u fur et à mesu re q u e les p réc ip i t a t ions d e v i e n n e n t

p l u s r a r e s , vers le Nord, l ' u su re -po l i s sage est p r o g r e s s i v e m e n t r e m ­

p lacée p a r l ' éc l a t ement des blocs, et l 'on passe ainsi , d a n s les r é g i o n s

Page 221: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 209

d é s e r t i q u e s , à u n mode lé p o u r lequel ce de rn ie r m o d e de d é s a g r é g a ­

t ion in t e rv i en t à peu p r è s seu l .

A côté des p h é n o m è n e s d ' éc l a t emen t , i l conv ien t de s i g n a l e r d e

g r a n d i o s e s act ions de d e s q u a m a t i o n , qu i e n t r a î n e n t la fo rma t ion

d 'éca i l les p o u v a n t a t t e i n d r e p lus i eu r s d iza ines d e m è t r e s de l on ­

g u e u r .

Les gne i ss sont t r a v e r s é s , l a rdés , on p e u t d i r e , p a r des filons ou

des pet i ts massifs é rupt i f s p a r m i lesquels les types ac ides d o m i n e n t

l a r g e m e n t .

Il n e peu t ê t r e ques t i on ici d ' a b o r d e r la n o m e n c l a t u r e de ces

massifs, c e p e n d a n t u n e m e n t i o n spécia le do i t ê t re faite à p r o p o s de

ceux qu i on t une cons t i tu t ion m i n é r a l o g i q u e except ionne l le c o m m e

le massif des Dans, avec des roches d u g r o u p e de la c h a r n o c k i t e , et

l ' a r ch ipe l de Los, const i tué p a r des syéni tes n é p h é l i n i q u e s .

Les a u t r e s séries l i t h o l o g i q u e s de la p r e m i è r e p é r i o d e ont tou tes

ce ca r ac t è r e c o m m u n d 'ê t re const i tuées p a r des roches p lus ou moins

m é t a m o r p h i s é e s don t l ' o r ig ine s é d i m e n t a i r e est toujours facile à

m e t t r e en év idence sur le t e r r a i n .

Il peu t a r r i v e r que cer ta ines de ces roches , les schistes micacés

su r tou t , soient l oca l emen t associées aux fo rmat ions gne iss iques et

cela expl ique que cer ta ins a u t e u r s les a ien t r é u n i e s à celles-ci en

u n e m ê m e sé r i e . Mais il ne s e m b l e pas q u ' u n e te l le i n t e r p r é t a t i o n

doive ê t re g é n é r a l i s é e .

En effet, si l 'on s 'é lo igne de la pa r t i e cen t ra l e d ' u n e r é g i o n où les

o r thogne i ss s 'observent d ' une façon exclusive p o u r a l l e r ve r s des

r ég ions de schis tes micacés , on cons ta te souvent , ap rès avo i r parfois

c i rculé p e n d a n t des d iza ines de k i l o m è t r e s sur les gneiss , u n e

associat ion d ' a b o r d r a r e , acc idente l le , de ces d e r n i è r e s roches et des

sch is tes . Pu is , p l u s lo in et p lus ou m o i n s r a p i d e m e n t , ceux-ci

d e v i e n n e n t plus a b o n d a n t s , d o m i n a n t s m ê m e , e t f ina lement exc lu­

sifs. C'est d ' a i l l eu r s sur eux que reposen t p r e s q u e tou jours l es types

s é d i m e n t a i r e s n o n m é t a m o r p h i s é s . Et en m ê m e t e m p s q u e s'effectue

le p a s s a g e des gneiss a u x schistes micacés , o n r e m a r q u e q u e les

act ions t ec ton iques sont de m o i n s en moins m a r q u é e s .

Ainsi , en dépi t de ce r t a ines associa t ions i n d i s c u t a b l e s , l es diffé-

rences l i t ho log iques e t t ec ton iques , d ' une par t , et le d é v e l o p p e ­

m e n t excep t ionne l de l 'un ou de l ' a u t r e des t ypes l i t h o l o g i q u e s su r

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210 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

des espaces cons idérab les , d ' a u t r e p a r t , p a r a i s s e n t just if ier u n e

d i s t inc t ion d ' â g e . On a é té a m e n é ainsi à cons idé re r , ap rè s les types

gne i s s iques r é u n i s d a n s l 'Archéen , q u a t r e sér ies successives d e

format ions s éd imen ta i r e s mé tamorph i sée s .

La première série se ra i t cons t i tuée su r tou t p a r des schis tes fe ld-

spa th iques et des a r k o s e s , format ions q u i se r a p p r o c h e n t le p l u s

l i t h o l o g i q u e m e n t des types gne i s s iques . El le n ' a été observée en

Afrique occ iden ta l e f rançaise que su r des é t e n d u e s l imi tées , mais

e l le pa ra î t p l u s déve loppée au Togo, où el le cons t i tuera i t les couches

di tes d e B u e m .

Ces couches ont d ' a b o r d été a t t r ibuées au P e r m o Carbonifère ,

pu is au S i lur ien , et les de rn iè res observa t ions t e n d e n t à en faire u n e

série t rès voisine de l 'Archéen . La p résence de gneiss a u p ied de

l 'Atacora et d a n s le p r o l o n g e m e n t des couches de Buem s 'accor­

d e r a i t avec cet te m a n i è r e de voir . Toutefois, p o u r m a r q u e r que ces

fo rmat ions con t i ennen t en a b o n d a n c e des t ypes d ' o r i g ine s éd imen-

t a i r e a y a n t d ' a i l l eurs subi u n m é t a m o r p h i s m e parfois p e u in tense ,

on p e u t p lace r p rov i so i r emen t cet te sér ie à l a b a s e de Y Algonkien.

La deuxième série est s u r t o u t ca rac té r i sée , au po in t de v u e l i tho­

log ique , p a r des schistes m icacé s , des p h y l l a d e s , e tc .

En d e h o r s des cas où il y a associat ion in t ime de ces roches avec

les types gne i s s iques , les fo rmat ions de cet te sér ie occupen t su r la

ca r te soit d e vastes t aches , soit des b a n d e s t rès a l l ongées , con t inues

ou non , q u ' o n peu t su ivre parfois s u r des cen ta ines de k i l omè t r e s

de l ongueu r . Les a u t e u r s ang la i s r a n g e n t p rov i so i r emen t cet te sér ie

(Bi r r imien) avec celle d u Swazi land de l 'Afrique du Sud , c 'est-à-dire

à la p a r t i e i n f é r i eu r e de l ' A l g o n k i e n , en spécif iant qu ' e l l e p e u t

n ' ê t r e q u ' u n e fo rme de b o r d u r e de l 'Archéen l eque l est, d a n s son

e n s e m b l e , p lus p ro fondémen t m é t a m o r p h i s é .

P o u r m a p a r t , sans p l u s préc iser , j ' a v a i s p lacé les schistes micacés

de l 'A. 0 . F . e n t r e l ' A r c h é e n et les dépô t s s é d i m e n t a i r e s h o r i z o n ­

t aux don t c e r t a i n s au moins sont s i l u r i e n s . Je m e suis d ' a i l l eurs

r a n g é à l ' a t t r ibu t ion à l 'A lgonk ien de cet te sé r i e , à condi t ion t o u t e ­

fois de ne d o n n e r encore à ce t e r m e q u ' u n e va l eu r loca le .

Sur le t e r r a i n , les schis tes micacés et les t ypes associés ont u n

mode lé t r è s différent de celui des schis tes c r i s ta l l ins . Ils d o n n e n t

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AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 211

na i s sance à des r é g i o n s à t r è s cour tes ondu la t ions , c o u r o n n é e s de

h a u t e u r s ou de col l ines den te lées t r è s ca rac t é r i s t i ques . Ces fo rma­

t ions sont t r ave r sées p a r des filons ou de pe t i t s massifs é rupt i f s ,

s u r t o u t const i tués p a r des t ypes mic ro l i t iques . Les roches d o m i ­

nan tes d e ces massi fs sont des do lé r i t es , qu i se p r é s e n t e n t sous

forme de d y k e s ou d e coulées ho r i zon t a l e s , avec débi t p r i s m a t i q u e

de l eu r m a s s e .

La troisième série des roches s é d i m e n t a i r e s m é t a m o r p h i s é e s ,

l a r g e m e n t r é p a n d u e d a n s l a Gold Coast , n e p é n è t r e en t e r r i to i re

français que d a n s u n e pa r t i e t rès l imi tée de l a Côte d ' Ivoi re . Elle

est su r tou t ca rac té r i sée p a r l 'exis tence de c o n g l o m é r a t s m é t a m o r -

ph i sé s . A l a Côte d ' Ivo i re , ce t te fo rma t ion se t rouve d a n s u n e zone

élevée, p rès de B o n d o u k o u , et tou t po r t e à l a cons idé re r c o m m e

p l u s r écen te que les schis tes micacés , encore q u ' a u c u n contact n e

soit v i s ib l e .

Les a u t e u r s ang la i s , q u i ont d ' i m p o r t a n t s é l é m e n t s de c o m p a ­

ra i son , font d e ces c o n g l o m é r a t s u n e sér ie spéc ia le r e p o s a n t en

d i s c o r d a n c e su r l a p r é c é d e n t e . P o u r des r a i sons l i t ho log iques , i ls

l ' a s s imi len t p r o v i s o i r e m e n t à la sér ie d u W i t w a t e r s r a n d de l 'Afr ique

d u Sud, s u p é r i e u r e , d a n s l ' A l g o n k i e n , à la sé r ie d u S w a z i l a n d .

On a r r i ve m a i n t e n a n t à la quatrième et dernière série des roches

s é d i m e n t a i r e s m é t a m o r p h i s é e s . Celle-ci est su r t ou t cons t i tuée p a r

des qua r t z i t e s , parfois micacés et p a r des sch is tes , ces d e r n i e r s

a b o n d a n t s s u r t o u t d a n s le Sud . Elle occupe u n e b a n d e de t e r r a in ,

t r è s acc iden tée , qu i s 'é tend d ' u n e façon cont inue su r p l u s de

800 k i l omè t r e s de l o n g u e u r , du Golfe d e Guinée a u Niger , avec u n e

l a r g e u r qu i , p a r e n d r o i t s , p e u t d é p a s s e r 100 k i l omè t r e s .

Tout le m o n d e est d ' accord p o u r faire de ces fo rmat ions u n e sér ie

spécia le . Dans le Nord d u D a h o m e y , ces qua r t z i t e s , r i c h e s en m i n é ­

raux d e fumerol les , se t r o u v e n t a u con tac t d i rec t des gne i s s e t

s u r t o u t des micasch i s tes , et ceux-ci a p p a r a i s s e n t p r i n c i p a l e m e n t

su r les b o r d s de la format ion et d a n s le fond des va l lées .

Les qua r t z i t e s et les schis tes associés, i n t é r e s sé s p a r de t rès n o m ­

b r e u s e s fai l les , son t en ou t r e affectés p a r des p l i s s emen t s qui , a u

p r e m i e r a b o r d , s e m b l e n t concordan t s avec c e u x des gne i s s et des

micasch is tes , ma i s q u i l eu r sont s i m p l e m e n t pa ra l l è l e s . En effet, il

Page 224: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

212 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

n ' y a déjà p a s c o r r e s p o n d a n c e e n t r e les p l i s s e m e n t s des gne i ss et

ceux des sch is tes , t e r m e s les p lus anc i ens de la sé r i e , m a i s ce t te

différence a u g m e n t e q u a n d on p a s s e aux q u a r t z i t e s , e t s u r t o u t

q u a n d on cons idère les pa r t i e s é levées de ces d e r n i e r s . Si u n e

éros ion except ionnel le n e r e n d a i t pas t rès difficile t ou t e i n t e r p r é ­

ta t ion t e c t o n i q u e , on n ' a u r a i t p a s de pe ine à m e t t r e e n év idence ,

p o u r les qua r t z i t e s , des m o u v e m e n t s t r ès s imples pa r r a p p o r t à

ceux des roches p l u s anc i ennes . On se t r o u v e , en effet, le p lus

souven t en p r é s e n c e de b a n a l e s voû tes effondrées et , d a n s

l ' ex t rême Nord, les quar tz i t e s sont subhor i zon taux sur de g r a n d e s

é t e n d u e s . Dans ce d e r n i e r cas , au mo ins , la d i sco rdance p a r r a p p o r t

aux format ions sous- jacentes es t p a r t i c u l i è r e m e n t n e t t e .

C'est dé jà u n a r g u m e n t p o u r conc lu re à la j eunesse re la t ive de

cet te s é r i e ; m a i s il es t poss ible d ' a l l e r p l u s loin. Dans la pa r t i e la

p l u s s e p t e n t r i o n a l e de l a zone des q u a r t z i t e s , su r le Niger , on passe

p r o g r e s s i v e m e n t de ces d e r n i è r e s roches à des g r è s , m é t a m o r p h i s é s

seu lement p a r places , et affectés de faibles m o u v e m e n t s t ec ton iques .

Ces g rès ont , p a r a i l l eu r s , des affinités incon tes t ab les avec les Grès

si l iceux ho r i zon t aux , qu i fo rment la p r e m i è r e des sé r i es séd imen-

taires non m é t a m o r p h i s é e s . On est donc fondé à p l a c e r les qua r t z i t e s

en t r e l a sér ie des schistes micacés et ces g rès hor i zon taux , et ce r ta i ­

n e m e n t t rès p r è s de ces d e r n i e r s . Or ceux-ci sont s i lu r iens . En g r o s ,

la sér ie des qua r t z i t e s se t r o u v e a insi en t r e l 'A lgonk ien et l 'Ordo-

vicien. P o u r fixer les idées on p e u t la p l ace r d a n s le Cambrien,

cet é t age n ' é t a n t d o n n é ici que c o m m e t e r r a i n de compara i son , et

é t a n t b i en e n t e n d u qu ' i l n e s 'agi t q u e d ' u n r e p è r e proviso i re

gross ier .

P o u r la Gold Coast, l a sér ie des qua r t z i t e s a été s igna lée c o m m e

con tenan t des t races de pis tes sans v a l e u r p a l é o n t o l o g i q u e et , p o u r

des r a i sons su r tou t l i t ho log iques , on l a si tue d a n s le Si lur ien m o j e n

(série de P r e t o r i a ) . Cela ne laisse p a s assez de p lace p o u r les Grès

siliceux ho r i zon t aux déjà ind iv idua l i sés à l 'Ordovicien. Il f audra i t

a lors a d m e t t r e la b a s e de cet é t age ou le Cambr ien , ce q u i c o n c o r d e

avec l ' hypo thèse fo rmulée p lus h a u t .

Si l 'on l'ait une coupe t r ansve r sa l e d a n s la b a n d e des qua r t z i t e s ,

on voit q u e la p a r t i e cen t ra l e de la zone acc identée qu ' i l s const i ­

tuen t est formée p a r u n p l a t eau assez r é g u l i e r l imi té , d e p a r t et

d ' a u t r e , p a r des b o u r r e l e t s pa ra l l è les , les p lus ex té r i eu r s finissant

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AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 213

b r u s q u e m e n t , parfois m ê m e pa r des mura i l l e s ver t icales ( sur tout à

l 'Ouest) , au-dessus des p l a ines e n v i r o n n a n t e s . Tous ces b o u r r e l e t s , q u i

p r é s e n t e n t des é l émen t s p l u s ou moins comple t s de p l i s , sont

f r é q u e m m e n t i n t e r r o m p u s , e t m a r q u e n t parfois u n e l é g è r e v i r g a -

t ion ve r s l 'Est.

Ces format ions , t rès peu a t t a q u a b l e s p a r les a g e n t s n a t u r e l s , se

sont débi tées en blocs souven t v o l u m i n e u x qu i c o u v r e n t u n i f o r m é ­

m e n t le sol e t r e n d e n t t rès difficiles les inves t iga t ions de dé ta i l .

L 'aspect g é n é r a l , vu de l 'Est, est celui d ' u n e m u r a i l l e . Quand on est

su r le massif l u i - m ê m e on a su r t ou t l ' impress ion de c i r cu le r su r u n

immense tas de blocs rocheux .

Toutes les format ions é tudiées j u s q u ' à p r é sen t , toutes cel les qu i

ca rac té r i sen t l a p r e m i è r e pé r iode , ont été affectées de p l i s sements de

d i rec t ion g é n é r a l e m e n t c o n c o r d a n t e , mais d ' i m p o r t a n c e , ou si l 'on

préfère , d ' a m p l i t u d e différente. Les p lus é n e r g i q u e m e n t plissées

sont les gneiss , les a u t r e s fo rmat ions le sont b e a u c o u p moins et cela

p rog re s s ivemen t d a n s l ' o rd re su ivan t l e q u e l elles ont été décr i tes .

Dans l ' e n s e m b l e , ces p l i ssements N . N. E . -S . S. W. sont assez b ien

r ep ré sen t é s en d i rec t ion pa r les massifs d u Togo et de l 'Atacora .

Ce sont les Saharides de Suess . On est fondé à c o n s i d é r e r q u e ,

c o n t r a i r e m e n t à l ' op in ion d u géo logue au t r i ch i en , ces p l i ssements

ne sont p a s ca lédoniens . L ' ensemble a p p a r t i e n t à l a c h a î n e h u r o -

n i e n n e .

LA DEUXIÈME PÉRIODE.

La deux ième pé r iode se différencie de la p r e m i è r e , d ' a b o r d p a r

u n e i m p o r t a n t e l acune dans l a s éd imen ta t ion , puis p a r l ' hor izon ta l i t é

a p p a r e n t e ou le faible p e n d a g e des couches , l esque l les r eposen t en

d i sco rdance m a r q u é e su r les t e r m e s de la pé r i ode p r é c é d e n t e , enfin

p a r l ' absence de m é t a m o r p h i s m e g é n é r a l .

On é t a b l i r a deux divis ions d a n s cette p é r i o d e , divisions l i tho log i ­

ques sur tou t . La p r e m i è r e , carac tér i sée p a r les dépô t s infér ieurs , où

les g r è s siliceux d o m i n e n t . La seconde, s u p é r i e u r e , m a r q u é e p a r l a

p ré sence de calcaires ca rboni fè res .

Page 226: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

214 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Première série. Les Grès siliceux horizontaux.

Ces g r è s , avec les mômes ca rac tè res l i tho log iques et t ec ton iques ,

affleurent d ' u n e façon cont inue depu i s la Maur i tanie s ep t en t r iona l e

j u s q u ' a u x env i rons de Conakry et d e p u i s la basse Guinée j u s q u ' à

Hombor i , c 'es t -à-di re s u r des l o n g u e u r s de l ' o r d r e de 1.500 k i l o m è t r e s .

On les r e t rouve encore à p lus de 4 .000 k i l o m è t r e s de l e u r s affleure­

m e n t s les p l u s occ iden taux , d a n s le Tibes t i e t l 'Enned i . D ' immenses

p la teaux g ré seux a s s u r e n t l a liaison en t re ces deux d e r n i e r s massifs et

les m o n t a g n e s du H o m b o r i ; p a r exemple celui d u G o b n a n g o u ,

dans la Haute-Vol ta ; ceux de Kintempo, de Bogoro , e tc . , dans la

Gold Coast; ceux d'In Echa ie , d ' In Guezzam dans les r é g i o n s s a h a ­

r i ennes de l'A. O. F.

Il est év iden t q u e sur les 4.000 k i l o m è t r e s le l o n g desque l s on

r encon t r e l es fo rmat ions d ' u n m ê m e g r o u p e , il n 'y a pas que des

g r è s si l iceux. Ceux-ci son t s i m p l e m e n t d o m i n a n t s . Les types l i tholo­

g iques qu i l e u r sont associés sont des pél i tes , des qua r t z i t e s , des

j a s p e s , des schistes, des c o n g l o m é r a t s , e t , fort r a r e m e n t , des ca l ­

ca i r e s .

Le t ype de g r è s d o m i n a n t est à é l é m e n t s gross ie rs . Il p r é s e n t e la

strat if icat ion en t r ec ro i s ée ; toutefois ce l le-c i n e t r a d u i t p a s des forma­

t ions to r ren t ie l l e s , mais des dépôts né r i t i ques fo rmés p r o b a b l e m e n t

d a n s des pa r t i e s c o n s t a m m e n t i m m e r g é e s où r é g n a i t u n e forte h o u l e .

On a du res te r e p é r é dans ces g r è s des n iveaux m a r i n s e n Mauri­

t an ie , a u S a h a r a , en Guinée , au S o u d a n . Il sera i t s ans d o u t e p r é m a ­

t u r é de conclure de là que tous les t e r m e s de cet te sér ie sont m a r i n s ,

d ' a u t a n t plus qu ' on a observé p a r m i eux, en Afrique é q u a t o r i a l e , des

dépô t s f r a n c h e m e n t con t inen taux .

Au point de vue de l ' âge de ces g r è s on sait enco re b ien p e u de

choses , ca r p o u r l ' immense é t e n d u e de la zone qu ' i l s occupen t on n e

conna î t q u ' u n e d iza ine de gî tes fossilifères, tous r é p a r t i s à l a p é r i ­

p h é r i e de cette zone .

Les p r e m i e r s de ces g î tes qui a ien t été obse rvés ont fourni des

espèces dévon iennes . En s ' appuyan t s u r l e u r découve r t e e t su r ce

q u ' o n savait a lors d u S a h a r a s ep t en t r iona l , on a placé d ' a b o r d d a n s

le Dévonien — prov i so i r emen t d u res te — l ' ensemble des Grès s i l i ­

ceux hor i zon taux .

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AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 215

La découve r t e de nouveaux g î tes fossilifères a m o n t r é qu ' i l fallait

é t end re cet te sér ie dans l 'échelle s t r a t i g r a p h i q u e . Les n iveaux ac tue l ­

l e m e n t connus sont les su ivants :

1° Gothlandien (base de l ' é t age de W e n l o c k en Angle te r re , s o m ­

met de l ' é t age Oswégien des États-Unis) , avec Monograptus priodon

Bronn. et Monograptus Riccartonensis L a p w o r t h dans la r é g i o n de

Tél imélé (Guinée française) et des pis tes dés ignées sous le n o m

d'Harlania Halli Goepper t à Djado (Niger ) ;

2° Dévonien inférieur, avec Spirifer cf. Rousseaui M. Rouau l t et

Stropheodonta oriskania Clarke à Dadafi 1 ;

3° Dévonien moyen (Givétien) avec Homalonotus dekayi Green à

Accra (Gold Coast);

4° Dévonien supérieur avec Spirifer Verneuili Murch. d a n s l e

bassin de l 'oued el Abid (Mauritanie);

5° Carbonifère avec Productus Cora d 'Orb . a u Kreb en Naga

(Mauri tanie) .

Il est r a p p e l é ici que les dépô t s ca rboni fè res sont l a r g e m e n t

r ep ré sen t é s a u Ouadaï (Afrique équa to r i a l e française), où les g r è s à

Har lan ia sont r ecouver t s p a r des couches con t enan t u n e flore cont i ­

n e n t a l e (Spirophy ton , Palæophycus Lepidendron, etc.) m a r q u a n t

l 'extension de la série des Grès sil iceux ho r i zon taux j u s q u ' a u Dinan-

t ien .

D 'après cette é n u m é r a t i o n , cet te série s ' é tendra i t d u S i lur ien s u p é ­

r i e u r a u Carbonifère s u p é r i e u r . Mais la t e n d a n c e é tant de p lace r

m a i n t e n a n t les couches à Grap to l i thes et à Har lan ia du S a h a r a à la

l imi te de l 'Ordovic ien et d u Goth land ien , il s ' ensui t q u e tous les d é ­

pôts in fé r ieurs de la sér ie , aussi bien d a n s les r ég ions de Djado et

d ' In Guezzam q u ' e n G u i n é e 2 do ivent ê t re r a p p o r t é s a u Si lur ien

infér ieur .

En ou t re , p o u r ce r ta ins au t eu r s , ce t te série n e s ' a r rê te ra i t pas a u

Carbonifère , mais s ' é tendra i t a u Crétacé, et m ê m e au d e l à . C'est

ainsi q u e des g é o l o g u e s venus d 'Égyp te j u s q u ' a u Djebel Dira , fort

loin, il es t v ra i , de l'A. 0 . F . , ont t rouvé des végé taux d u Crétacé

1. Les dépôts dont on a fait l'étage Voltaien en Gold Coast, et qui occupent la majeure partie de cette colonie, ont été attribués au Dévonien inférieur (Waterberg ?). On y a signalé des fragments de plantes et des pistes qui ne paraissent pas caractéristiques.

2. Les couches à Graptolithes de Télimélé sont d'ailleurs à la cote 450, et il y a encore, au-dessous d'elles, vers Boké, plusieurs centaines de mètres de dépôts appartenant au môme ensemble géologique.

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216 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

infér ieur dans des d é p ô t s qui pa ra i s sen t a n a l o g u e s à ceux q u i nous

occupen t . Cela condu i ra i t à i nco rpo re r les Grès s i l iceux h o r i z o n t a u x

dans les Grès de Nubie , en faisant u n e série c o m p r é h e n s i v e a l l an t

d u Si lur ien a u Ter t ia i re .

D'autre p a r t , les officiers v e n u s d 'Algér ie ont recue i l l i , d a n s le

Hank (Mauritanie), dans des fo rmat ions a n a l o g u e s à celles de l a série

des Grès siliceux hor izon taux et dans le p r o l o n g e m e n t l a t é ra l de

ceux-c i , des déb r i s de G y m n o s p e r m e s fossiles (Taxinés) qu i on t été

r a p p o r t é s à l 'Albien.

Malgré ces observa t ions , don t l ' exac t i tude n 'es t p a s contes tée , il

s emb le q u ' e n ra ison de la localisat ion des dépôts seconda i res associés

aux Grès siliceux ho r i zon taux , il est p r é f é r ab l e , j u s q u ' à p lus a m p l e

in formé, de ne faire de ceux-ci q u ' u n e sér ie compréhens ive a l l an t du

Silurien a u Carbonifère et de cons idére r les dépôts c ré tacés obse rvés

c o m m e u n s imple p l a c a g e local : on écar te a insi l ' idée de cont inui té

de la s éd imen ta t i on du Carbonifère au Crétacé e t cela est en h a r m o ­

nie avec ce qu 'on sait de l ' a l l u r e n e t t e m e n t t r ansgress ive des c o u ­

ches c ré tacées d a n s les r ég ions cons idé rées .

L 'absence de gî tes fossilifères r e n d a i t t e n t a n t e l 'u t i l isat ion des

facies p o u r é tab l i r des d is t inc t ions d a n s la sér ie des Grès siliceux

ho r i zon taux . Mais les types l i t ho log iques de cet te série sont si var iés ,

les g r è s e u x - m ê m e s sont si différents d ' u n po in t à l ' au t re et les

difficultés de suivre de p r o c h e en p roche les mul t ip les n i v e a u x sont

encore telles que cette m é t h o d e , c e r t a i n e m e n t f ruc tueuse , n ' a é té

q u ' à pe ine é b a u c h é e . Il faudra i t d u res te un p lus g r a n d n o m b r e

d 'ho r i zons da tés avec ce r t i t ude p o u r pouvo i r e n t r e p r e n d r e u t i l e m e n t

un tel t r ava i l .

Un p r e m i e r essai d a n s cet te voie, essai i n t é re s san t d ' a i l l eu rs , con­

siste à faire d ' u n n iveau à schis tes , j a spe s , ca lcai res , e t c . , i nc lus a u

mil ieu des g rè s , u n hor izon r e p è r e . Mais t an tô t cet hor izon est i d e n t i ­

fié aux n iveaux à Grap to l i thes de la Guinée et de l 'Enned i , t an tô t il est

ass imilé aux schistes et ca lca i res à Spirifer Verneuili de l 'Adra r . Cette

d e r n i è r e i n t e rp r é t a t i on , p lus v r a i s e m b l a b l e q u e l a p r é c é d e n t e , n ' a u ­

tor ise pas toutefois à p l a c e r d a n s le Dévonien la to ta l i té de la sér ie

des Grès si l iceux de l 'A. O. F . a u n o r d d u 13° pa ra l l è l e , p u i s ­

qu ' on sait que d a n s cette zone le S i lu r ien et le Carbonifère ont été

obse rvés .

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AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 217

Les re la t ions classiques des Grès siliceux ho r i zon t aux avec les for­

ma t ions sous- jacentes sont fournies su r tou t p a r l a r é g i o n d e Bobo-

Dioulasso (Haute-Volta).

Le cas le p lus s i ;nple est ce lu i de la falaise de Dinkasso , où les

g rès siliceux, de t ypes d ive r s , r e p o s e n t d i r e c t e m e n t , eu strat if icat ion

d i scordan te et pa r l ' i n t e r m é d i a i r e d ' u n c o n g l o m é r a t de base , s u r des

schistes r e d r e s s é s , le p lus souvent p r e s q u e à la ve r t i ca l e .

A B o r o d o u g o n , à une centa ine de k i lomèt res dans le Nord-Est , les

g rès à g r a i n fin, à r i p p l e - m a r k s , t ou jou r s t rès ho r i zon taux , r eposen t

d i r e c t e m e n t su r u n gneiss p o r p h y r o ï d e à enclaves . Au-dessus de ces

g rès s 'en t rouven t d ' au t r e s , à s t rat i f icat ion en t rec ro i sée , p u i s seu le ­

m e n t le c o n g l o m é r a t de b a s e et la sér ie de Dinkasso.

A Dendoko (cercle de Sa tadougou , S o u d a n f rançais ) , les g r è s

sil iceux, à g r a i n m o y e n , r eposen t d i r e c t e m e n t su r les schistes micacés

r i ches en f i lons de qua r t z in ters t ra t i f iés .

A S a n o u k o u , é g a l e m e n t d a n s l a r ég ion d e S a t a d o u g o u , les g r è s

si l iceux, à g r a i n fin, r e p o s e n t d i r ec t emen t su r les schis tes micacés

redressés .

Malgré ces exemples , qu i sont t y p i q u e s , il s 'en faut que le d é b u t

de la sér ie appa ra i s se tou jours aussi s imple et sans l ia ison, au moins

t e c t o n i q u e , avec les fo rmat ions sous - j acen te s .

Déjà, au vois inage de S a n o u k o u , on t r o u v e des schis tes g r é s e u x ,

que j ' a i r a n g é s dans l a série des Schistes micacés , p o u r des r a i sons

l i tho log iques , m i n é r a l o g i q u e s (présence de filons-couches de qua r t z )

et t ec ton iques , m a i s q u ' o n p o u r r a i t fort b ien c o n s i d é r e r c o m m e des

t e rmes de passages . Car ce r t a in s g r è s , i m m é d i a t e m e n t au -des sus , sont

t o rdus , m é t a m o r p h i s é s , et envah i s de filonnets de q u a r t z .

Dans la r ég ion de Hombor i , les g r è s si l iceux de b a s e sont é g a l e ­

m e n t l a r d é s de filonnets de q u a r t z . A Kir tachi , on t r o u v e , associés

aux quar tz i t e s de la sér ie de l 'Atacora , des g r è s si l iceux t rès ondu lés ,

m é t a m o r p h i s é s l o c a l e m e n t et qu i , dans l eu r s pa r t i e s n o n modifiées,

para i ssen t t rès voisins de ceux du G o b n a n g o u . Or ceux-c i , d ' u n e façon

incon tes tab le , a p p a r t i e n n e n t à l a série des Grès s i l iceux hor izon taux .

Dans l a Mauri tanie m é r i d i o n a l e , p r è s de la m a r e de Galoula, on a

la succession l a t é r a l e su ivante : schis tes micacés t rès r ed r e s sé s , g r è s

t o r d u s mé tamorph i sé s ( la rdés de filonnets de q u a r t z ) , g rès u n p e u

ondulés , et enfin g r è s hor i zon taux . M a l h e u r e u s e m e n t les contac t s ne

sont pas v is ib les .

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218 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Enfin, dans la Guinée m é r i d i o n a l e , en t r e Kindia et S o u g u é t a , il

existe en a b o n d a n c e des quar tz i t es à la base des g r è s . Ils se t rouven t

en t re ces d e r n i e r s et des d i abases . Or les quar tz i t e s sont o n d u l é s et

les g r è s r eposen t su r eux en d i scordance . Malgré cette pa r t i cu la r i t é ,

i l s emb le b i e n qu ' i l faille i n c o r p o r e r ces qua r t z i t e s dans la sér ie des

Grès si l iceux ho r i zon t aux , p a r c e que d ' au t res quar tz i t e s de la Guinée ,

l i t h o l o g i q u e m e n t i den t iques , font , de toute év idence , pa r t i e de cet te

sér ie .

En s o m m e , on est a m e n é à cons idé re r l a sér ie des Grès s i l iceux

c o m m e é tan t carac tér i sée p a r son a rch i t ec tu re t a b u l a i r e , avec cet te

l égè re res t r ic t ion q u e dans cer ta ines r é g i o n s l e u r s assises les p l u s

anc iennes sont parfois o n d u l é e s et se r a p p r o c h e n t , d u moins au point

de vue t ec ton ique , des sé r ies plissées a n t é r i e u r e s .

Il serai t sans dou te inexac t d 'a l le r j u s q u ' à d i r e qu ' i l y a pas sage

g r a d u e l des fo rmat ions a n c i e n n e s aux Grès s i l iceux. Il ne faut vo i r ,

semble- t - i l , d a n s les acc iden t s tec toniques de l a base de ces fo rma­

t ions , q u e le c o n t r e - c o u p , t rès a t t é n u é , des p l i s sements q u i ont affecté

les t e r m e s des séries m é t a m o r p h i q u e s .

Si l 'expression de Grès siliceux ho r i zon taux a été choisie p o u r

d é s i g n e r l ' ensemble de la sér ie , il ne s 'ensuit pas que l ' hor izon ta l i t é

des couches soit r i g o u r e u s e . L 'a l lu re g é n é r a l e des s t r a t e s , te l les

qu ' e l l e s appara i ssen t a u loin su r les falaises, est p r a t i q u e m e n t h o r i ­

zonta le . C'est la p r e m i è r e impre s s ion qu i f r appe . Mais il y a des

m o u v e m e n t s d ' e n s e m b l e l ége r s , d o n t les p lus cons tan t s se t r a d u i s e n t

p a r un p e n d a g e r é g u l i e r de q u e l q u e s d e g r é s p e r p e n d i c u l a i r e m e n t

aux falaises, vers l ' i n t é r i eu r des p l a t e a u x . Il y a aussi de n o m b r e u s e s

dis locat ions ver t icales (cassures , diaclases , failles, e t c . ) ; enfin, on

observe m ê m e des p l i s t r è s m a r q u é s , mais ceux-ci se p r é s e n t e n t

c o m m e des acc iden t s t r è s localisés.

Une d e r n i è r e pa r t i cu la r i t é i m p o r t a n t e de la série des Grès si l iceux

hor i zon taux est le d é v e l o p p e m e n t except ionnel de cer ta ins types

é rup t i f s , à peu p r è s exc lus ivement des d i abases (dolér i tes) . Celles-

ci se p r é s e n t e n t sous la forme de d y k e s , mais su r tou t sous forme de

coulées et de sills. En descendan t d u massif d u T a m g u é , e n Guinée ,

on p e u t c o m p t e r 9 de ces masses in te rca lées d a n s les pé l i tes , avec

des puissances a t t e ignan t , p o u r cer ta ines d ' e n t r e e l les , 150 à

200 m è t r e s .

Page 231: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 219

D'ai l leurs , les aff leurements con t inus de d iabases p e u v e n t a t t e i nd re

des dizaines de k i l omè t r e s de l o n g u e u r . On se t rouve donc en p r é ­

sence d ' a p p a r e i l s a y a n t u n e extension g é o g r a p h i q u e c o n s i d é r a b l e .

Ils sont f r é q u e m m e n t l imi tés p a r des p a r o i s t rès a b r u p t e s .

Les contac ts de ces types érupt i f s avec les dépôts séd imen ta i r e s a u

mi l i eu de sque l s ils se sont indiv idual i sés sont ex t r êmemen t f réquen ts .

Toutefois, d u fait de l a compos i t ion c h i m i q u e de ces d e r n i e r s ,

les act ions m é t a m o r p h i q u e s sont r e l a t i v e m e n t faibles et t rès l oca ­

l isées . Les g r è s se t r ans fo rmen t en quar t z i t e s , l es g r è s ca lca i res en

c o r n é e n n e s , les séd iments a rg i l eux en pél i tes (parfois à cord ié r i t e ) ,

les ca lca i res en m a r b r e s à m i n é r a u x ( p r e h n i t e , g r e n a t ) , e t c . Ces

de rn i e r s con tac t s , qu i sont m a l h e u r e u s e m e n t r a r e s , sont les p l u s

in té ressan ts a u po in t de v u e é c o n o m i q u e .

Bien e n t e n d u , les fo rmat ions de la série des Grès siliceux hor i zon­

t aux sont celles don t le m o d e l é est le p lus t y p i q u e , on p o u r r a i t d i re

le p lus cur ieux , le p l u s i n t é r e s san t a u po in t de vue tou r i s t i que .

Deuxième série. Les calcaires carbonifères.

Les seuls dépô t s carboni fères connus j u s q u ' à p ré sen t e n A. 0 . F .

son t des fo rmat ions m a r i n e s .

On a vu p r é c é d e m m e n t que cel les d u Kreb en N a g a (Productus)

a p p a r t i e n n e n t à la série des Grès sil iceux hor i zon taux et il est log ique

de pense r qu ' on o b s e r v e r a p l u s t a r d d ' au t r e s a f f leurements c a r b o ­

nifères de cet te sér ie .

En d e h o r s du Kreb en Naga , les fo rmat ions carboni fè res de l 'A. 0 . F .

sont t o u t e s const i tuées p a r des ca lca i res et ce sont ces d e r n i e r s d o n t

on fait ici u n e sér ie spéc ia le . Il n 'es t p a s d o u t e u x que la seu le division

r a t ionne l l e doi t ê t re s t r a t i g r a p h i q u e et n o n l i tho log ique et qu ' i l faut

p l ace r u n e c o u p u r e ent re le Dévonien et le Carbonifère et n o n en t re les

Grès s i l iceux et les ca lcai res s u p é r i e u r s . Si l 'on n ' o p è r e p a s ici de

cette m a n i è r e , c 'est s i m p l e m e n t en ra i son de l ' impréc i s ion encore

t rès g r a n d e q u a n t aux l im i t e s à d o n n e r aux dépô t s ca rboni fè res du

Kreb en Naga , m a i s dès que ce t te impréc i s ion p o u r r a cesser il f a u d r a

r e v e n i r à la dis t inct ion p a r é t ages , si c o m m o d e que pu isse ê t re l a

dis t inct ion l i t ho log ique .

Les calcai res carboni fères fo rment d a n s la r ég ion d ' In Tedreft , à

l ' ex t rémi té des tassil i g r é seux de la r ég ion d'In Guezzam, des couches

ho r i zon ta l e s , avec des Spirifer et des Productus (dont un P r o d u c t u s

Page 232: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

220 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

du g r o u p e de P. semi-reticulatus F l e m . ) . Ces couches r e p o s e n t en

c o n c o r d a n c e sur l es Grès sil iceux hor izon taux .

La p lus é t e n d u e des format ions carbonifères de l'A. 0 . F . est celle

qu i const i tue la H a m m a d a el Har icha , au p i e d de l aque l l e se t r o u ­

vent les sa l ines de Taodéni . Il s 'agi t de dépô t s a t t e i g n a n t 250 mèt res

de pu issance , avec des ca lcai res m a r i n s con t enan t des espèces telles

que Spirifer du g r o u p e d u S. Striatus Martin, Productus linealus

W a a g . , Syryngothyris Winche l l , Zaphrentis d u g r o u p e d u Z. patula

Mich., e tc . Les couches sont p r e sque hor izon ta les à Taodén i , elles

on t u n p e n d a g e no t ab l e à Oum el Asel . Elles r eposen t d i r e c t e m e n t

su r des schis tes a t t r i b u é s à l 'Algonkien et p l o n g e n t vers le Sud p o u r

d i s p a r a î t r e sous les g r è s c ré tacés .

On a r a p p o r t é les format ions de la H a m m a d a el Har icha au Dinan-

tien et p l u s p r o b a b l e m e n t au Moscovien. Les m a t é r i a u x pa léon to lo -

g iques recuei l l i s ne p e r m e t t e n t pas une a t t r ibut ion p réc i se .

On i g n o r e c o m m e n t les fo rmat ions de l a H a m m a d a el Har icha se

r e l i en t à celles du Kreb en Naga .

Sur le r i v a g e de la Gold Coast, au vo i s inage de Sekondi , on a t rouvé

des nodu le s ca lca i res , cons idérés c o m m e a p p a r t e n a n t a u Carbonifère

infér ieur (Orbiculoidea nitidia? Ph i l ippe , Modiola s p . , e tc . ) . Près de

T a k o r a d i , d ' a u t r e s ca lca i res r e n f e r m e n t des res tes de poissons

(Pleuracanthis, Cladodus, Palœonicid) a t t r i bués au Carbonifère s u p é ­

r i e u r . Les re la t ions des couches où ces fossiles ont é té recuei l l i s e t

des format ions d é v o n i e n n e s d 'Accra n ' on t pas été p réc i sées .

La cont inui té des Grès s i l iceux ho r i zon taux j u s q u ' a u Carbonifère ,

d ' u n e p a r t , la conco rdance de strat if icat ion de ces g r è s et d e s calcaires

carboni fères d ' au t r e p a r t , jus t i f ient le g r o u p e m e n t q u i a été fait ici

de l ' ensemble des dépô t s anc iens n o n m é t a m o r p h i s é s de l'A. 0 . F .

Si, c o m m e il a été d i t p l u s h a u t , les p l i s semen t s b u r o n i e n s ont p u

r e j o u e r l é g è r e m e n t aux d é p e n s des s t ra tes les p lus a n c i e n n e s des

Grès s i l iceux hor izon taux , i l ne s 'agissai t là que de p h é n o m è n e s

locaux. Au c o n t r a i r e , de vastes m o u v e m e n t s de fond, de t rès g r a n d

r a y o n de c o u r b u r e , il est v ra i , se sont manifestés pa r la sui te su r des

é t e n d u e s c o n s i d é r a b l e s .

Les seuls é l é m e n t s q u ' o n ai t p o u r les s i t ue r d a n s le t e m p s sont ,

d ' u n e p a r t , qu ' i l s ont affecté tous les d é p ô t s de la deux ième p é r i o d e :

ils sont donc pos té r i eu r s à cel le-ci ; — e t , d ' a u t r e p a r t , q u e les cou-

Page 233: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

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Page 234: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer
Page 235: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 221

ches cré tacées (ou ter t ia i res) r e p o s e n t d i r ec t emen t su r les p a r t i e s les

p lus profondes des voûtes q u i se sont formées , et ap rès le d é c a p a g e

de celles-ci : ils sont d o n c an t é r i eu r s à la t ro is ième p é r i o d e . P e u t - ê t r e

sont-ils h e r c y n i e n s .

Ces m o u v e m e n t s ont donné na i s sance à de vastes an t ic l inaux g r â c e

auxque l s , d u fait de l 'érosion, l a pénép la ine a r c h é e n n e a p u a p p a r a î ­

t r e a u j o u r a u mi l ieu des Grès siliceux ho r i zon t aux . De p a r t et d ' a u t r e

des b o m b e m e n t s ainsi fo rmés , les falaises g ré seuses se font vis-à-vis

et, c o m m e il a été dit p lus h a u t , l eu r s couches p l o n g e n t vers l ' i n t é ­

r i e u r des p l a t eaux .

Ces an t i c l inaux sont : 1° l 'Ahaggar , d a n s le Sud a lgé r i en ; 2° la

rég ion des Eg lab , avec ses p r o l o n g e m e n t s (Karet ,Ytt i) , d a n s le n o r d

d e la Maur i tan ie ; 3° u n vaste b o m b e m e n t q u i t r a v e r s e en é c h a r p e

l 'A. 0 . F. en t re les envi rons d u pa ra l l è l e , su r le Niger , et l a

côte d u Libér ia ; sa pa r t i e m o y e n n e c o r r e s p o n d , en gros , à u n e l igne

passant p a r Sansan-Haoussa , Léo, Kong, Daloa e t Greenvi l le .

Les deux p r e m i e r s de ces an t i c l i naux on t dé jà é té décr i t s . Le

d e r n i e r , que , p a r simplification on a p p e l l e r a ici l 'ant ic l ina l de Léo,

a u n e or ien ta t ion N. E.-S. W. , voisine de celle des Eg lab . Cette d i rec­

t ion, qui p a r a i t j o u e r u n rô le i m p o r t a n t d a n s l a t ec ton ique de l 'A .0 .F .

à p a r t i r de la deux ième pé r iode , est sans d o u t e pa ra l l è l e à q u e l q u e s

p l i ssements h u r o n i e n s , ma i s elle diffère c e p e n d a n t n e t t e m e n t de la

p lus g r a n d e pa r t i e de ceux-c i .

La symét r ie de l ' an t ic l ina l de Léo es t accen tuée p a r l a p résence de

format ions a lgonk iennes e n t r e la p a r t i e axiale a r c h é e n n e et les p l a ­

t e aux gréseux .

Au n o r d de l 'axe de cet an t ic l ina l a p p a r a î t u n e sér ie m o n o c l i n a l e

de falaises : Bobo-Dioulasso, B a n d i a g a r a - D o k o u y , B a m a k o , Tichit ,

au r e g a r d tou rné vers le Sud . Le s o m m e t de ces acc idents doi t ê t r e

formé d ' é léments de plus e n p l u s r é c e n t s ; en ou t r e , à l e u r p ied se

sont indiv idual i sées de vastes dépress ions q u i s e r o n t occupées u l t é ­

r ieurement , p a r des dépôts t e r t i a i r e s ou q u a t e r n a i r e s : Vo l t a -Sourou ,

Niger moyen , Aouker .

En t re l ' an t ic l ina l des Eg lab et celui de Léo v ien t se p l a c e r u n vas te

syncl ina l , don t l 'axe passe app rox ima t ivemen t p a r la dépress ion d u

Rha t et p a r Taodéni .

En t i r an t a r g u m e n t des p e n d a g e s observés en Mauri tanie et a u

Sénéga l , on p e u t penser é g a l e m e n t q u ' u n vas te an t i c l ina l de fond, GÉOLOGIE E T MINES DE LA F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 21

Page 236: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

222 G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R .

or ien té n o r d - s u d s'est ind iv idua l i sé en t r e le Rio de Oro et la Guinée

p o r t u g a i s e . N a t u r e l l e m e n t il y au ra i t eu p a r la sui te e n n o y a g e du

flanc occ iden ta l de cet an t i c l i na l .

LA TROISIÈME PÉRIODE.

Cette pér iode se différencie de la p récéden te p a r une i m m e n s e

l a c u n e de séd imenta t ion , p a r le ca rac tè re t r ansg re s s i f très m a r q u é

des fo rmat ions dès le d é b u t de la p é r i o d e , p a r l a n a t u r e l i t ho log ique

b e a u c o u p p lus va r i ée des dépô t s , et p a r des m o u v e m e n t s t ec ton iques

p l u s accen tués , b i en qu ' i l s d e m e u r e n t de faible a m p l i t u d e .

Cette p é r i o d e d é b u t e à l 'Infracrétacé et se pou r su i t j u s q u ' à

l 'Ac tue l .

Si l 'on e x a m i n e u n e ca r t e g é o l o g i q u e de l 'Ouest afr icain , on

r e m a r q u e que les fo rma t ions de la t ro i s i ème pé r iode se r e n c o n t r e n t

soit d a n s les r é g i o n s s e p t e n t r i o n a l e s , soit d a n s la zone cô t i è re . Or,

en dép i t des ana log ie s q u e p r é s e n t e n t les deux zones , il es t p lus

c o m m o d e d e les examine r s é p a r é m e n t .

A) Les dépôts secondaires et tertiaires

des régions sahariennes et soudanaises.

a) Infracrétacé. — On n e conna î t ac tue l l emen t aucune fo rma t ion

da tée en t re le Carbonifère et le Crétacé infér ieur en A. O. F . , et l 'on

a d m e t q u ' u n e i m m e n s e l a c u n e sépare ces deux é p o q u e s .

C'est dans la r ég ion d 'Agadès que s 'observe le mieux l'Infracrétacé.

11 est fo rmé p a r des couches ho r i zon ta l e s , et d é b u t e , à G k i lomètres

au Nord d 'Agadès , p a r u n p o u d i n g u e r e p o s a n t en d i scordance sur les

format ions redressées a t t r i buab le s à l 'A lgonkien .

Ces dépô t s o c c u p e n t t ou t e l a vaste r é g i o n q u ' o n a p p e l l e le T é g a m a .

Ils sont p r i n c i p a l e m e n t cons t i tués p a r des a rg i l e s et des m a r n e s

v io le t t e s , r ecouver t e s de g r è s b lancs ou j a u n e s à pa t ine n o i r e . Les

restes o r g a n i q u e s r e n c o n t r é s d a n s ces fo rmat ions sont des bo is fossiles

( à r a p p o r t e r p r o b a b l e m e n t au g e n r e Mesembryoxylon Seward ) et

des déb r i s de Dinosaur iens . Ces é léments p e r m e t t e n t d ' a s s u r e r q u ' o n

est b i en en p ré sence du Crétacé, et c o m m e on a o b s e r v é , d a n s le Sud ,

q u e les g r è s d u T é g a m a sont recouver t s p a r d u Turon ien , on les a

r a p p o r t é s au Crétacé in fé r ieur .

Page 237: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 223

b) Crétacé moyen. — Au-dessus des g r è s de T é g a m a , et eu con­

c o r d a n c e avec eux, on t rouve , dans le D a m e r g o u , u n e sér ie d 'assises

formées de g r è s , d ' a rg i l e s et de calcai res a u m i l i e u de sque l s se r e n ­

con t ren t des b a n c s t r è s fossilifères. Les Ammoni t e s y a b o n d e n t , et

en pa r t i cu l i e r u n g e n r e vois in de Vascoceras Durandi Thomas et

Pé ron . On y t rouve é g a l e m e n t des hu i t r e s a p p a r t e n a n t aux g r o u p e s

de Exogyra Columba L a m k . , Ostrea Rollandi Coquand , 0. Olissi-

ponensis S h a r p e , e tc .

L 'ensemble d e ces fo rmat ions a é té r a n g é d a n s le Turonien, e t

l 'on fait r e n t r e r d a n s la m ê m e série le g r o u p e des g r è s , non fossi­

l i fères, du Koutous et de l 'Alakos .

c) Crétacé supérieur et Tertiaire. — A p a r t i r d u 6° l o n g . Est

Greenwich e t vers l 'Ouest, les fo rmat ions d o n t il v i en t d ' ê t r e q u e s ­

t ion son t r e c o u v e r t e s , t ou jou r s en conco rdance , p a r des dépô t s

ho r i zon taux ou s u b h o r i z o n t a u x où d o m i n e n t les a rg i l e s b l anches ou

l i e -de -v in et les g r è s a rg i l eux . On t r o u v e aussi q u e l q u e s b a n c s

ca lca i res et le s o m m e t de ces format ions est r e c o u v e r t d ' u n r e v ê ­

t e m e n t t r è s d u r , t rès c o m p a c t , de g r è s f e r r u g i n e u x . En de n o m b r e u x

poin ts , ces format ions ont été d é c o u p é e s p a r l ' é ros ion en falaises

p lus ou moins a b r u p t e s .

Au po in t de vue s t r a t i g r a p h i q u e on a affaire à u n e sér ie c o n t i n u e

au suje t de l a q u e l l e les a t t r i bu t ions d ' âge ont n o t a b l e m e n t va r ié .

Tout d ' a b o r d , on a g r o u p é , en b loc , cet e n s e m b l e d a n s l 'Éocène.

Pu i s , à l a su i te de nouvel les i nves t i ga t i ons , on a r emis le t ou t d a n s

le Crétacé s u p é r i e u r , le Maest r icht ien .

L 'é tude de n o u v e a u x m a t é r i a u x p a l é o n t o l o g i q u e s a condu i t enfin

aux divisions su ivan tes :

1° Maestrichtien e t Danien. — Couches à Libycoceras Ismaeli

Zitt. et Roudairia Drui Mun. -Ch. , e tc .

2° Paléocène (Montien). — Calcai res à Linthia sudenensis Bather ,

Plesiolampas S a h a r æ L a m b e r t , Operculina Canalifera d ' A r c h . , e tc .

3° Éocène inférieur. — Couches à Operculines, à Gisortia brevis

Douv i l l é , Heligmotenia Molli Douv i l l é , e t c .

4° Éocène moyen. — Couches à Naut i les (N. senegalensis Douvillé)

et à Spondy le s (S. quadricostatus Douvi l lé) ; couches à Huî t res ( 0 .

multicostata Desh.) .

5° Éocène supérieur. — Marnes gyps i fères (avec Crassostrea sou-

Page 238: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

224 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

danensis Douvil lé , Tor tues , e tc . ) , g r è s a rg i l eux et g rès f e r rug ineux .

Il convient d ' a j o u t e r q u e , b i e n q u ' o n a i t t rouvé d a n s les g rès

f e r r u g i n e u x une espèce m a r i n e vois ine de Proto rotifera d u Miocène

français , on hés i t e à a d m e t t r e la pers i s tance de la m e r d a n s ces

r ég ions j u s q u e d a n s le Néogène . Les g r è s a rg i l eux et f e r rug ineux

r e s t en t donc , p r o v i s o i r e m e n t d u m o i n s , d a n s l 'Éocène.

Si des divis ions ne t t e s ont p u ê t re a ins i é tabl ies a u po in t de vue

pa l éon to log ique , il s 'en faut q u e ces divisions a ient été t r adu i t es s u r

le t e r r a i n p a r des coupes p réc i ses . En fait, on est encore r é d u i t à

po r t e r su r les car tes des divisions basées su r la const i tu t ion l i tho lo ­

g i q u e des f o r m a t i o n s , savoir :

1° Argi les et g r è s d u T é g a m a , c o r r e s p o n d a n t à l ' Inf racré tacé ;

2° Calca i res , c o m p r e n a n t la p l u p a r t des assises depuis le Turonien

j u s q u ' à l 'Éocène m o y e n a u m o i n s ;

3° Marnes, g r è s a rg i l eux et f e r rug ineux , c o r r e s p o n d a n t p robab le ­

m e n t à l 'Éocène s u p é r i e u r .

L'extension d a n s les rég ions soudana i ses et s a h a r i e n n e s des

fo rmat ions qu i d é b u t e n t à l ' Infracrétacé est cons idé rab le . Et l 'on

constate q u ' e n g r o s el les dess inent a u t o u r des massifs anciens du

Hogga r et de l 'Aïr des a u r é o l e s concen t r iques d ' a u t a n t p l u s é lo ignées

d u cent re qu ' i l s 'agi t de dépôts p l u s r écen t s .

Tout d ' a b o r d , on t rouve les fo rmat ions inf racré tacées q u i s 'é ten­

den t e n t r e l a r ég ion de Zinder et le Ti lemsi , su r p lus de 1.800 ki lo­

m è t r e s de l o n g u e u r . On les r e n c o n t r e encore su r p lus de 500 k i lo­

m è t r e s , en t re Taodén i et les Grès siliceux hor izon taux d ' In Echa ie .

La zone où se d é v e l o p p e n t ces fo rmat ions est j a l o n n é e , sur des

d is tances cons idé rab le s p a r u n e falaise t o u r n é e vers le Nord, et q u ' o n

peu t su ivre parfois su r des cen ta ines de k i lomèt res de l o n g u e u r .

Une seconde a u r é o l e , ca rac té r i sée p a r la présence des format ions

calcai res de l a sé r ie (Turon ien , Maestr icht ien, Éocène in fé r i eu r et

m o y e n a u m o i n s ) , a été r e c o n n u e en t re le 4° l o n g . W. Greenwich et

le 6° l o n g . E. Greenwich , soit s u r p l u s de 1.200 k i l omè t r e s , avec

une l a r g e u r qu i p e u t a t t e indre 500 k i l o m è t r e s . Cette auréo le se p o u r ­

su i t , sous les dépô t s r écen t s , d a n s l 'Est, au moins j u s q u ' à Bilma.

Une t ro is ième a u r é o l e , la de rn i è r e , es t cons t i tuée p a r les g r è s

a rg i l eux et les g r è s f e r r u g i n e u x cons idérés c o m m e éocènes . Elle

s 'é tend depuis la r é g i o n de Maradi j u s q u ' a u x envi rons d u lac F a g u i -

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AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 225

bine soit su r u n e l o n g u e u r de l ' o rd re de 1.400 k i l o m è t r e s . On a

t endance à c o m p r e n d r e dans ces fo rma t ions les g r è s , les a rg i l e s e t

les ca lcai res du Nord de la bouc l e d u Niger , ainsi q u e des golfes

p lus ou moins é t e n d u s qu i s 'enfoncent , vers le Sud , d a n s les r ég ions

de fo rmat ions anc iennes (golfes de Koro et de Kodjar) . On a t t r i b u e

encore a u Ter t ia i re les a rg i l es , g rè s et ca lcai res d u Macina, de

Guénindo , etc.

B ) Les dépôts secondaires et tertiaires

des régions côtières.

Avec u n facies t r ès différent, des d é p ô t s s econda i r e s e t t e r t i a i res

c o r r e s p o n d a n t à ceux d u Saha ra et d u S o u d a n sont é g a l e m e n t

représentés dans les r é g i o n s cô t i è res .

P o u r les fo rmat ions seconda i res , on ne conna î t q u e le Crétacé

supérieur à Dakar (calcai res à Physaster inflatus P o m . ) et d u Turonien

d o u t e u x (calcaires avec f r a g m e n t m a l d é t e r m i n a b l e d 'Ammoni te ) en

Gold Coast.

Les af f leurements de fo rmat ions q u ' o n p e u t avec ce r t i t ude r a p p o r ­

ter à l'Éocène occupen t des surfaces t r ès l imi tées au Sénéga l , en

Guinée po r tuga i se et à la Côte d ' Ivoire . Ils sont n o t a b l e m e n t p lus

é t endus au Dahomey ( r ég ion de l a L a m a ) . Là e n c o r e , les d i s t i nc ­

t ions en Éocène infér ieur , m o y e n et s u p é r i e u r , ont é té faites d ' ap rè s

les g r o u p e s de fossiles, ma i s non précisées s u r le t e r r a i n . La corres­

p o n d a n c e avec les hor i zons d u S o u d a n est la su ivante .

Paléocène (Montien). — Calcai res à Linthia Delaouei d e Loriol.

Éocène inférieur. — Couches à Gisortia brevis Douvillé, Heligmo-

tenia Molli Douvillé, etc .

Éocène moyen. — Couches à Nummul i t e s (N. Vasseuri Douvil lé ,

N . Heeri d e l a Ha rpe , etc.) et à Nautilus senegalensis Douvil lé ,

Spondylus quadricostatus Douvillé, e tc . ; a rg i l e s et m a r n e s à Huîtres

(Ostrea Friryi St. Meun., 0. cf. gryphina Desh. , e t c . ) .

Éocène supérieur. — On a t t r i bue p r o v i s o i r e m e n t à l 'Éocène s u p é ­

r i e u r , sans p r euves décisives, des fo rmat ions n o n da tées , r eposan t

en concordance su r les dépôts men t ionnés p r é c é d e m m e n t . Ce sont

sur tout des a rg i l e s , des m a r n e s , des ca lca i res , des g r è s a r g i l e u x , le

t ou t parfois s u r m o n t é de g r è s f e r r u g i n e u x . Ces d e r n i e r s dépôts se

r e n c o n t r e n t n o t a m m e n t a u Sénéga l , où ils c o u v r e n t d e l a rges

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226 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

surfaces . Ils fo rment enco re le s o u b a s s e m e n t de p la teaux peu é t endus ,

d ' a b o r d d a n s l a zone côtière d u Sénéga l ( région de Thiès) , puis

d a n s la basse Côte d ' Ivo i re , le b a s Dahomey , e t c .

L'Oligocène n 'es t connu j u s q u ' à p résen t q u ' à Dakar , où il existe

des ca lca i res a q u i t a n i e n s , à Lépidocyclines.

C) Les dépôts quaternaires.

La dis t inc t ion faite en t r e les dépôts t e r t i a i res et les format ions

q u a t e r n a i r e s r e p o s e , aussi f r é q u e m m e n t q u ' o n a p u le faire , su r la.

d é t e r m i n a t i o n de fossiles. On fait i n t e rven i r auss i d a n s cette dis t inc­

t ion, des cons idéra t ions l i tho log iques (sables d u n a i r e s , p a r exemple)

o u s t r a t i g r a p h i q u e s (a l lure t r ansg res s ive su r des couches d ' a p p a ­

r ence t rès récen te ) . Dans b i en des cas c e p e n d a n t la r é p a r t i t i o n reste

a r b i t r a i r e .

Les a l luv ions m a r i n e s occupen t su r tou t les zones côt ières ac tue l les .

Leur p l u s g r a n d e extension s 'observe en Mauri tanie et a u Sénéga l ,

où elles f o rmen t u n vas te golfe s ' é tendant j u s q u ' à la l o n g i t u d e d 'Aleg .

P a r m i les a l l uv ions fluviatiles, il faut faire u n e p l ace à p a r t à

celles du Nige r , en pa r t i cu l i e r en ava l de S a n s a n d i n g . Elles r e p r é ­

sentent u n p u i s s a n t dépôt , s ' é t endan t , n o t a m m e n t à l 'Ouest d u fleuve,

a u moins s u r p l u s de 100 k i l o m è t r e s .

C'est pa r t i e à des a l luv ions anc iennes d u Niger , p a r t i e à des dépôts

con t inen taux , qu ' i l convient d ' a t t r i b u e r les fo rma t ions superficielles

q u i s ' é tendent en t re le de l t a s o u d a n a i s d u Niger , d 'une p a r t , les

Grès siliceux ho r i zon t aux d u Mandingue et les sab les d u Hodh ,

d ' a u t r e p a r t .

Dans les colonies du Sud , on d o n n e le n o m de « t e r r e de b a r r e »

à u n e fo rmat ion a r g i l o - s a b l e u s e , à g r a i n fin, assez h o m o g è n e p a r t i ­

cu l i è r emen t a b o n d a n t e a u Dahomey et a u Togo. Cette format ion ,

d é p o u r v u e de res tes o r g a n i s é s , p a r a î t ê t re é g a l e m e n t d 'o r ig ine

fluviatile.

Dans u n t r è s g r a n d n o m b r e de r é g i o n s , parfois j u s q u ' a u x env i rons

des 13-14 e pa r a l l è l e s , les format ions superficiel les sont r eprésen tées

p a r d e s l a té r i t es , s ans dou te p o u r la p l u s g r a n d e pa r t i e q u a t e r ­

na i r e s . Dans les r é g i o n s m é r i d i o n a l e s , et e n p a r t i c u l i e r cel les cou­

ver tes p a r la forêt , on a affaire à des l a t é r i t e s m e u b l e s , t and i s que

p l u s a u Nord les l a t é r i t e s se p r é s e n t e n t le p l u s souven t en surface

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AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 227

sous la fo rme rocheuse , scor iacée . Cette différence d 'aspect est

fonction de la différence d ' inso la t ion .

Au Nord d u 14° pa ra l l è l e , les la té r i tes d e v i e n n e n t r a r e s , e x c e p ­

t ionne l les , et p a r a i s s e n t ne p l u s r e p r é s e n t e r q u e des types fossi les .

Enfin, u n e place cons idé rab le est occupée p a r les sab les en

Afrique occidenta le , s u r t o u t d a n s les r ég ions s ep t en t r i ona l e s . De

n o m b r e u s e s é tudes ont été faites su r la ques t ion et l 'opinion la p l u s

r é p a n d u e consis te à r é p a r t i r les dunes en deux types , les u n e s

v ivan tes , m o b i l e s , g l a b r e s , dans les r é g i o n s d é p o u r v u e s de p lu ies ,

les a u t r e s m o r t e s , fossiles ou fixées, p l u s ou moins r ecouver t e s de

végé ta t ion , et qui r e p r é s e n t e n t l ' emp lacemen t d ' anc iennes r é g i o n s

dése r t i ques , a y a n t a u j o u r d ' h u i des p lu ies r é g u l i è r e s .

11 est p r o b a b l e que la ques t i on est b e a u c o u p moins s imp le . Le

p r o b l è m e d u t r a n s p o r t des sab les est a v a n t tou t ju s t i c i ab le de la

m é c a n i q u e des f luides, et u n e ana lyse dé ta i l lée d u m o u v e m e n t dans

les filets aé r iens su r des surfaces é t endues est à e n t r e p r e n d r e a v a n t

d ' a b o r d e r le côté en q u e l q u e sor te h i s t o r i q u e de la q u e s t i o n . Il est

ce r t a in , p a r e x e m p l e , q u e le sab le c i rcule au -des sus des d u n e s fixées,

a u po in t de fo rmer des a c c u m u l a t i o n s de d u n e s g l a b r e s sous le

vent de ce l les- là , de m ê m e qu ' i l c i rcule , d a n s des condi t ions t rès

différentes d ' a i l l eu r s , a u - d e s s u s des espaces ca i l lou teux dénudés

( rag) où il ne s ' accumule j a m a i s . Il faut donc se g a r d e r de g é n é r a ­

l i sa t ions h â t i v e s .

Au vois inage d u Cap Vert, les couches s éd imen ta i r e s ont été t r a ­

versées p a r des v e n u e s basa l t iques . Les p l u s anc iennes sont a t t r i ­

b u é e s au Crétacé, les p l u s r écen te s sont q u a t e r n a i r e s . Les appa re i l s

conservés sont des coulées et le volcan des Mamelles.

Les m o u v e m e n t s t e c ton iques qu i se sont mani fes tés au cours de

la t ro i s i ème pé r iode pa ra i s sen t b e a u c o u p p l u s complexes q u e ceux

de la p é r i o d e p r é c é d e n t e , m a i s n o u s n e les connaissons q u e p a r des

coupes de déta i ls e t i l es t encore mala i sé de les c o o r d o n n e r d a n s

u n e vue d ' e n s e m b l e .

Si on laisse de côté les acc idents souven t t rès i m p o r t a n t s , m a i s assez

loca l i sés , tels que ceux q u ' o n p e u t o b s e r v e r a u Sénégal , p a r e x e m p l e ,

on cons ta te q u e p o u r d e g r a n d e s é t e n d u e s , les m o u v e m e n t s d e fond

d e la d e u x i è m e pé r iode on t eu l e u r r épe rcuss ion a u cou r s de l a

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228 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

t ro i s i ème et l 'on t rouve cet te fois l e u r inf luence en q u e l q u e sor te

combinée :

la sur rec t ion du Massif cen t ra l du S a h a r a a l g é r i e n , q u i se p o u r ­

suit l o n g u e m e n t , d é t e r m i n e , en défini t ive, la format ion des a u ­

réoles concen t r iques où la m e r se re t i r e p r o g r e s s i v e m e n t ;

on a vu p l u s h a u t q u ' e n re la t ion avec le b o m b e m e n t an t ic l ina l de

Léo, s 'étaient déve loppés les golfes de Koro, de Kodjar et de Gué-

n i n d o ;

l ' e n n o y a g e des pa r t i e s ex t r êmes de l ' an t ic l ina l de Léo, p e r p e n d i ­

c u l a i r e m e n t à l 'axe de celui-ci , se p rodu i t , p o u r la p a r t i e no rd -es t ,

p r o b a b l e m e n t au Crétacé (dépôts de la b r a n c h e d e s c e n d a n t e du Niger ,

le cours de ce fleuve m a r q u a n t encore la t r ace g é o g r a p h i q u e d ' u n

m o u v e m e n t t ec ton ique i m p o r t a n t ) . L ' ennoyage de la p a r t i e sud-ouest

a eu l ieu b e a u c o u p p l u s t a r d , sans dou te à la fin d u Ter t i a i re . Il a

d o n n é na i s sance à l a côte ac tue l le , en t r e le cap Roxo et le cap des

P a l m e s .

A p a r t i r et à l 'Est d ' u n e l igne de 1.200 k i lomè t re s de l o n g u e u r , p a ­

ra l lè le aux deux p r é c é d e n t e s , et a l lan t du confluent Baoulé-Bagoé

(Soudan français) à Ch ingue t t i (Mauri tanie) , se p r o d u i t é g a l e m e n t ,

sans dou te au Ter t ia i re , l ' e n n o y a g e de tou te l a r é g i o n cen t ra l e des

Grès sil iceux ho r i zon t aux .

Il faut a jouter à cet te l is te l ' e n n o y a g e du b o m b e m e n t s u b m é r i d i e n

de la Mauri tanie occ identa le , l eque l se place p r o b a b l e m e n t au Cré­

t acé .

En d e h o r s de ces m o u v e m e n t s , à r a t t a c h e r à ceux de l a deux ième

p é r i o d e , il faut s igna le r , au c o u r s d u Qua te rna i r e , l a format ion de

p l a g e s de 5 ,18 ,30 ,60 et p e u t - ê t r e 100 m è t r e s , dues à des m o u v e m e n t s

é p i r o g é n i q u e s affectant l ' ensemble de l 'Ouest afr icain.

III. LES PRODUITS MINERAUX

Accessoirement , et à t i t r e de compara i son , j e d i ra i q u e l q u e s mots

des p rodu i t s m i n é r a u x des colonies é t r a n g è r e s voisines de l 'A. 0 . F .

en m ê m e t e m p s q u e j e pa r l e ra i de ceux de ce d e r n i e r pays et d u

Togo.

Or. — Au m o y e n âge déjà , le mé t a l p réc ieux était l 'obje t d ' u n

c o m m e r c e i m p o r t a n t d a n s l 'Ouest afr icain. Il était r é p u t é ven i r d u

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AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 229

pays de Galam (rive dro i te de la Fa l émé) , mais il est p r o b a b l e que

les i n d i g è n e s exploi ta ient déjà à cette époque u n ce r ta in n o m b r e

d ' au t res g î tes .

On peu t d i s t i ngue r t ro is types différents de g i sement s .

a) Formations en place. — Le cas le p l u s g é n é r a l est celui où l 'or

se r encon t re au mil ieu des schistes micacés , r e p r é s e n t a n t l a seconde

série a t t r i buée à l 'A lgonkien . Au mi l i eu de ces format ions se sont

déve loppés deux t y p e s de filons q u a r t z e u x . En p r e m i e r l i eu des filons-

couches , t rès é t e n d u s , a t t e i g n a n t r a r e m e n t p l u s de deux m è t r e s d e

puissance . En second l ieu des faisceaux de ve inu les ramif iés , i r r é g u ­

l i è r e m e n t répar t i s dans la masse et d i scon t inus .

La p r e sque total i té de l 'o r es t local isée dans le qua r t z et, dans l a

major i t é des cas, la p y r i t e a servi de véhicu le (p résence de p y r i t e ,

c r i s taux négat i f s de pyr i t e , pépi tes en robées de l imon i t e , e tc . ) .

Le p lus souven t , les f i lons-couches sont s tér i les . Lorsqu ' i l s con­

t i ennen t de l 'or , ils n e sont minéra l i sés que sur des é t e n d u e s l i m i ­

tées. On a vu des t eneurs de 50 g r a m m e s à l a t o n n e t o m b e r b r u s ­

q u e m e n t , ap rès ex t rac t ion de q u e l q u e s d iza ines de m è t r e s cubes , à

des chiffres p r a t i q u e m e n t n u l s .

Les faisceaux de ve inules ( s tockwerks) ont u n e minéra l i sa t ion p lus

h o m o g è n e , ma i s elle est g é n é r a l e m e n t fa ib le . Les observa t ions se

r a p p o r t a n t à des exploi ta t ions d 'une ce r ta ine d u r é e p o r t e n t su r des

t eneu r s m o y e n n e s de l ' o r d r e d ' un g r a m m e à la t onne p o u r le t ou t -

venan t (schis tes et ve inu le s ) . Ceci n ' i n t e r d i t pa s , é v i d e m m e n t , q u e ce

chiffre puisse être dépassé p o u r des p r é l èvemen t s l imi tés .

La local isat ion des r é g i o n s aur i fè res dans les zones de schis tes

micacés est t r ès t y p i q u e ; dans de n o m b r e u x cas el le p e r m e t de p r é v o i r

à p l u s d ' une j o u r n é e de m a r c h e , p a r le seul aspect du m o d e l é ,

l 'existence de te l les r é g i o n s .

b) Gîtes d'éluvions. — Les pa r t i e s décomposées des schis tes au voi­

s inage de la surface d u sol n ' on t par fo i s sub i q u ' u n t r a n s p o r t t r ès

l imi té . Elles cons t i tuen t ce q u ' o n appe l l e des é luv ions . L'or con tenu

p r i m i t i v e m e n t dans le quar tz a été p lus ou moins mis en l ibe r té et a

c o m m e n c é à c i rcu le r . Mais i l n ' a j a m a i s été t r a n s p o r t é à de g r a n d e s

dis tances ; il y a m ê m e des cas où l ' on se t rouve dans des condi t ions

t rès voisines de celles des g î tes en p l a c e . Il es t p l u s f r é q u e n t c epen ­

d a n t q u e l 'or se concen t re en p ro fondeur , soit d 'une façon m é c a n i ­

q u e , en c i rcu lan t e n t r e les v ides des roches superf ic ie l les , soit c h i -

Page 244: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

230 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

m i q u e m e n t , à l 'é tat de solut ion. Dans le p r e m i e r cas, on a u n n iveau

d ' en r i ch i s semen t qui p a r a i t en re la t ion avec celui des eaux souter ­

ra ines , dans le second cas , i l y a en ou t r e fo rmat ion de dendr i tes ,

de pépi tes , e t c .

c) Gîtes d'alluvions. — Après avoir été désag régées p a r les agents

superficiels, les tê tes de filons ont p u avoi r l e u r s é l émen t s en t ra înés

p a r les eaux sauvages ou cana l i sées et , a p r è s m é l a n g e avec des

ma té r i aux e m p r u n t é s à d ' au t r e s roches , cons t i tuer des a l luv ions .

Celles-ci p e u v e n t se révé ler au r i fè res .

Les pr inc ipa les régions aur i fè res de l 'A. 0 . F . sont , a u Sénéga l , les

val lées du Niéri-Ko et de la Fa lémé ; a u Soudan , le B a m b o u k , le Man-

d i n g u e , l 'Ouassoulou; en Guinée française, le Bouré et le S iéké ; à la

Côte d ' Ivoire , le Sanwi , le Baoulé , le Morénou, l ' I n d é n i é ; en Haute-

Volta, le Lobi , le Kippirs i , le Ya tenga , e tc .

Depuis des siècles, les i nd igènes savent l aver les maté r iaux m e u ­

b les p rovenan t de la décompos i t i on des schistes (éluvions et a l lu ­

vions comprises) p o u r en ex t ra i r e l 'or . Ils u t i l i sent c o m m e réc ip ien t s

des calebasses . Ils saven t aussi déb i t e r les filons d e q u a r t z en m e n u s

f r a g m e n t s , voi re en p o u d r e qu ' i l s l aven t ensui te . On a es t imé que

p o u r ce r t a ines années l a to ta l i té de la p roduc t i on i n d i g è n e avai t

a t t e in t 600 k i l o g r a m m e s .

Des exploi ta t ions e u r o p é e n n e s ont opéré soit p a r vastes t r a n c h é e s ,

soit p a r pui ts et ga l e r i e s , soit p a r d r a g a g e s . La p roduc t ion de 1926

se chiffre p a r 93 k i l o g r a m m e s .

Les cong loméra t s du T a r k w a i e n (3e sér ie des r o c h e s séd imen-

ta i res mé t amorph i s ée s ) , à peu p r è s exc lus ivement localisés en Gold

Coast, offrent, p o u r des c u b a g e s t rès i m p o r t a n t s , des t eneu r s souven t

é levées , e n m o y e n n e 15 g r a m m e s à l a t o n n e (la mine d 'Obuasi passe

p o u r ê t re u n e des p l u s r i ches du m o n d e ) . L 'exploi tat ion de ces

cong loméra t s res te p a y a n t e j u s q u ' à de g r a n d e s p r o f o n d e u r s . La

p r o d u c t i o n a n n u e l l e d u m é t a l précieux en Gold Coast est de l 'o rdre

de 7 t onnes .

P la t ine . — Le p l a t i ne n ' a p a s été s igna l é en A. 0 . F . On sait p a r

con t r e q u ' i l est a c t u e l l e m e n t explo i té d a n s l a colonie ang la i se de

S ier ra -Leone et qu ' i l a été r e c o n n u en Gold Coast. J u s q u ' à p r é s e n t ,

i l n ' a été r e n c o n t r é q u e d a n s les a l luv ions , ma i s à p rox imi té de r o c h e s

Page 245: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 231

érupt ives bas iques , h o r n b l e n d i t e s et pé r ido t i t e s su r tou t . Il se ra i t p a r

conséquen t justif ié de faire que lques prospec t ions dans les te r r i to i res

de l'A. 0 . F. où d e s e m b l a b l e s roches ont été r encon t r ée s .

Cuivre. — P o u r les m i n e r a i s de cu iv re , on connaî t u n ce r ta in

n o m b r e de po in t s où la cha l copy r i t e et la m a l a c h i t e exis tent dans

les schistes micacés , et on a observé , d a n s l a sér ie des Grès si l iceux

hor izon taux , deux g î t e s d e ma lach i t e (Seï e t L a m b a t a r a ) . Il n ' y a

ac tue l l emen t a u c u n e exp lo i ta t ion .

Ti tane . — Les mine ra i s de t i t ane ( i lméni te et rut i le) sont ac tue l l e ­

m e n t ut i l isés s u r t o u t p o u r la fabr ica t ion d ' endu i t s p o u r p e i n t u r e s .

On exploi te d a n s ce bu t les sables lou rds re je tés su r cer ta ines p l ages

d u Sénéga l p a r les fortes hou les . L 'exploi ta t ion est local isée e n t r e

Rufisque et la Gambie , r ég ions où ces sables sont r iches en i lmén i t e ,

celle-ci p r o v e n a n t de la décompos i t ion des basa l tes de la p r e s q u ' î l e

d u Cap Vert et de l'Ile de Gorée. La p roduc t i on a été de l ' o rd re de

7.000 tonnes en 1928. De pu i s san te s a c c u m u l a t i o n s de sables l i t an i -

fères on t é té s igna lées à S ie r r a -Leone .

É ta in . — Il est fort cu r i eux q u e m a l g r é l ' e x t r a o r d i n a i r e d é v e ­

l o p p e m e n t des format ions é rup t ive s ac ides , on n ' a i t t rouvé d e gî tes

d 'é ta in que d a n s la Niger ia . On sait qu ' i l s sont t r è s n o m b r e u x et t rès

r i ches , ma i s ils pa ra i s sen t t rès local isés d a n s u n e m ê m e r ég ion (pla­

t e a u de Bauchi) . Leur explo i ta t ion avai t été en t rep r i se p a r l es i nd i ­

gènes depu i s p lus d ' u n siècle l o r s q u e les Anglais occupèren t le pays .

Chrome . — Le c h r o m e , qu i a de n o m b r e u s e s app l ica t ions (méta l ­

l u r g i e , i n d u s t r i e c h i m i q u e , t a n n a g e , etc.) se r encon t r e sous forme

de c h r o m i t e , ou fer c h r o m é , a u mi l ieu des pér ido t i tes de la basse

Guinée, et su r tou t d a n s les se rpen t ines du Togo. Ces de rn i è re s roches ,

qu i p r o v i e n n e n t d 'une t r ans fo rma t ion de pé r ido t i t e s , con t i ennen t l a

ch romi t e soit sous l'orme d e g r a n u l a t i o n s , soi t sous forme d e b locs .

Les deux p r i n c i p a u x g î tes r econnus sont ceux d u mont Djét i , où l 'on

es t ime q u ' i l y a u n c u b a g e r é c u p é r a b l e de 400.000 tonnes , et ce lu i

de l a m o n t a g n e Ahi to , o ù les t r avaux de r e c h e r c h e sont e n c o r e à fa i re .

Le m i n e r a i d e la m o n t a g n e Ahito a u n e t e n e u r q u i p e u t dépasser

49 % d 'oxyde de c h r o m e . Son explo i ta t ion sera i t sans d o u t e facile :

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232 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

des blocs de c h r o m i t e , pesan t parfois p lus ieurs centa ines de k i l o ­

g r a m m e s , é t an t dé jà isolés de la roche enca i ssan te , p a r suite de la

dé sag réga t i on et de la décompos i t ion de celle-ci .

De vastes lent i l les de ch romi te ont é té s igna lées en S ie r ra -Leone ,

au mi l ieu de ta lcschis tes et de s e r p e n t i n e s , dans les Kambui Hills.

M a n g a n è s e . — Le seul g î te de m a n g a n è s e a c t u e l l e m e n t exploi té

d a n s l 'Ouest afr icain es t celui d ' Insu ta , dans la colonie ang la i se de

la Gold Coast. Il est fo rmé pa r des dépô t s de s é g r é g a t i o n , i n d i v i d u a ­

l isés à l a sui te de la décompos i t ion de schis tes a l g o n k i e n s r iches en

spessar t i te et en r h o d o n i t e . D'après l es d e r n i è r e s in fo rmat ions , ces

dépô t s se ra ien t e u x - m ê m e s a l g o n k i e n s .

Ils cons t i tuent au m o i n s la pa r t i e s u p é r i e u r e d ' u n e col l ine . Le

mine ra i se p r é s e n t e sous forme de nodu les ou de b locs , con t enan t

su r t ou t de la p s i l omé lane , de la p y r o l u s i t e et de l ' ace rdèse . La t e n e u r

en m a n g a n è s e dépasse 50 %. L 'existence d ' u n e voie ferrée à

p rox imi té d u g î te et la faible d i s tance à un por t d ' e m b a r q u e m e n t ,

ont l a r g e m e n t favorisé l ' explo i ta t ion . Celle-ci po r t e s u r p l u s de

350.000 tonnes p a r a n .

Des dépô t s t r ès c o m p a r a b l e s à celui d ' Insu ta , et s i tués , c o m m e lu i ,

dans u n e zone de schistes a lgonk iens , sont connus a u Soudan f rançais ,

dans la r ég ion d 'Ansongo . Ils cons t i tuen t la masse p r inc ipa l e d e

h a u t e u r s a t t e i g n a n t 20 à 60 m è t r e s au-dessus des p l a ines e n v i r o n ­

n a n t e s . Il y a là u n cube cons idérab le d ' oxydes de m a n g a n è s e , don t

l 'exploi ta t ion semble devo i r ê t re différée p e n d a n t l o n g t e m p s , d u

fait de l ' é l o i g n e m e n t de la côte (un mi l l i e r d e k i l omè t r e s ) .

Des gîtes a n a l o g u e s , se r é p a r t i s s a n t s u r u n e t r e n t a i n e de k i l o m è ­

t res , ont encore été observés d a n s l a pa r t i e s e p t e n t r i o n a l e de l a

bouc le d u Niger , d a n s la rég ion de Hiersane .

A lumin ium. — La la té r i te con t i en t parfois u n e te l le q u a n t i t é

d ' hyd ra t e s d ' a l u m i n i u m qu 'e l le p e u t deven i r u n vé r i t ab le m i n e r a i

de ce mé ta l . Des analyses ont révélé q u ' e n cer ta ins po in t s on a des

t eneurs q u i just i f ieraient le t r a i t emen t , si les condi t ions d 'explo i ta t ion

étaient favorables . L 'extract ion est g é n é r a l e m e n t facile, mais le

m i n e r a i est de faible v a l e u r , et n e suppor t e p a s des t r anspo r t s p a r

t e r r e t r è s l ongs .

Il convient d ' a jou te r q u e , si les l a té r i t es occupen t des surfaces

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AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 233

considérables au sud d u 14e p a r a l l è l e , surfaces qu i se chiffrent p a r

des cen ta ines de mi l l ie rs de k i l omè t r e s ca r rés , elles ont l ' i nconvé ­

nient de cons t i tue r u n mine ra i h é t é r o g è n e , ce qu i es t suscept ib le de

g ê n e r b e a u c o u p le t r a i t e m e n t .

Fer. — La la té r i te cont ient p r e s q u e tou jour s d u fer, sous forme

de l imon i t e , et la concen t r a t i on de cel le-ci p e u t ê t re te l le qu 'e l l e

cons t i tue un vér i t ab le m i n e r a i (50 % de fer mé ta l ) . C'est sous cet te

fo rme qu ' e l l e est exploi tée depu i s des siècles p a r les i n d i g è n e s . Ils

t r i en t à cet effet l es g rav i l lons qu i leur pa ra i s sen t les p lus denses

et les t r a i t en t p a r l a m é t h o d e ca ta lane .

Outre la l imoni te d ' o r ig ine l a t é r i t i que , qu i se t rouve sur des espaces

cons idé rab les , on conna î t d ' au t r e s mine ra i s de fer. D ' abo rd l ' h é m a ­

t i te , qui a été s ignalée à p lus ieurs r ep r i se s a u mi l ieu des quar tz i t es

de l 'Atacora et d u Togo (Bangel i ) , et qu i forme des d é p ô t s é t endus

d a n s l a série des Grès s i l iceux ho r i zon taux , a u moins dans la r ég ion

de Kayes, a u S o u d a n .

Quant à la m a g n é t i t e , elle existe, en g r a n d e a b o n d a n c e , au mi l ieu

des quar tz i t es de la r é g i o n Man-Logoualé , à la Côte d ' Ivo i re . On la

r e t rouve d a n s les m ê m e s format ions , en Guinée f rançaise , dans les

m o n t a g n e s de N'Zo, Kérouané , etc . Les p r e m i è r e s observa t ions mon­

t ren t qu ' i l y a là des ressources cons idérab les en mine ra i de fer

d 'exce l len te qua l i t é .

On t rouve encore d ' i m p o r t a n t s a m a s de m a g n é t i t e , a u con tac t des

d iabases et des ca lcai res , dans la série des Grès sil iceux hor izon taux ,

à S i racoro , S a m a n t a r a , e t c . , au S o u d a n .

Gemmes. — Le d i a m a n t a été découver t d a n s la Gold Coast en

1919 d a n s la val lée de la r iv ière Bir im. On l 'a t rouvé ensu i t e en u n

ce r ta in n o m b r e de poin ts . 11 se r e n c o n t r e a u mi l ieu des a l l uv ions ,

ma i s d ' a p r è s de t rès récen t s r e n s e i g n e m e n t s , le g i s e m e n t o r i g i n e l

sera i t cons t i tué p a r des massi fs érupt i fs b a s i q u e s d é v e l o p p é s au

mi l ieu des sch is tes r a p p o r t é s à l 'A lgonk ien .

En g é n é r a l les p i e r r e s sont pe t i t e s , m a i s de t rès be l le e a u .

En 1925, la p roduc t ion étai t dé jà de 115.000 c a r a t s , va l an t

18.000.000 de f rancs .

D 'après des r e n s e i g n e m e n t s pa r t i cu l i e r s , que lques d i a m a n t s

a u r a i e n t é té é g a l e m e n t t rouvés dans la Côte d ' Ivoi re . E tan t d o n n é

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234 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

que d a n s cet te colonie des format ions t rès c o m p a r a b l e s à celle de la

Gold Coast ne sont pas r a r e s , u n e telle découver te est v r a i s e m b l a b l e .

Elle g a g n e r a i t toutefois à ê t re confirmée p a r des d o c u m e n t s officiels.

Les g r e n a t s son t assez a b o n d a n t s en A . O . F . , n o t a m m e n t l 'a l-

m a n d i n (g r ena t ferrifère) et le g ros su la i r e (g rena t ca lc ique) . Celui-ci

se r e n c o n t r e su r tou t au con tac t des d iabases et des calcaires d a n s la

sér ie des g r è s si l iceux ho r i zon taux , en pa r t i cu l i e r dans la r ég ion de

Bendougou (Soudan français) . Cer ta ines p i e r r e s seu lement d e ces

d e r n i e r s g i semen t s p a r a i s s e n t suscept ib les d 'ê t re u t i l i sées c o m m e

g e m m e s . Elles sont d ' u n e assez jo l ie cou leur ver te .

Sel. — Les gî tes d e sel des rég ions s a h a r i e n n e s ont eu , p e n d a n t

p l u s d ' u n mi l l éna i r e , u n e i m p o r t a n c e économique except ionnel le

p a r c e qu ' i ls p r o d u i s a i e n t la m a t i è r e d ' é c h a n g e s avec les r é g i o n s

soudana ises et la g r a n d e forêt. Ces g î tes se t rouven t tous soit au

mi l ieu de fo rma t ions c ré tacées , soit de dépôts p lus r écen t s .

Les sal ines d e Taodén i , qu i p rodu i sen t le sel le p lus es t imé , occu­

p e n t u n e vas te d é p r e s s i o n au p i ed de la H a m a d a el Har icha . On y

t r o u v e 100 à 150 fosses d 'explo i ta t ion . Il existe 6 couches de sel ,

séparées p a r des bancs d ' a rg i l e . Deux de ces couches fournissent u n

p rodu i t de p r e m i è r e qua l i t é .

Pour l 'extract ion des p l a q u e s de sel , on t r ace , à la surface des

couches explo i tab les , des r igoles l imi tan t des r ec t ang le s de 2 m è t r e s

de l o n g u e u r su r 0 m . 45 de l a r g e u r . Lorsque ces r igo les sont suffi­

s a m m e n t approfond ies , on n ' a p lus q u ' à sou lever les p l a q u e s .

Ces de rn i è r e s sont ensu i te dég ross i e s et déb i t ées en « b a r r e s » de

35 à 40 k i l o g r a m m e s . C'est sous cet te fo rme qu 'e l les sont t r a n s ­

por tées . Au d é b u t d u s iècle , l a p roduc t ion a n n u e l l e po r t a i t e n c o r e

su r e n v i r o n 100.000 b a r r e s .

L 'exploi tat ion qu i se p o u r s u i t d a n s la s e b k h a d ' Idj i l , d a n s la Mau­

r i t a n i e s ep t en t r iona l e , es t t r ès c o m p a r a b l e à celle d e Taodéni . Elle

p o r t e s u r env i ron 60.000 b a r r e s p a r a n . En Mauri tanie é g a l e m e n t , la

sa l ine de N 'Térer t , qu i occupe l ' e m p l a c e m e n t d ' u n e anc i enne l a g u n e ,

p r é s e n t e u n e superpos i t ion a n a l o g u e de couches de se l .

L 'extract ion d u se l , à Bi lma, se fait d a n s des condi t ions différentes,

ca r on se t r o u v e en p ré sence d e t e r r e s salées, et n o n p l u s de couches

con t inues . On c r e u s e d e s fosses r e c t a n g u l a i r e s de 5 à 15 m è t r e s de

l o n g u e u r e t on y fait a r r i v e r de l ' e a u . Le sel con t enu d a n s la t e r r e

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AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 235

s'y dissout . On fait é v a p o r e r l ' e au et on recuei l le le sel. Celui-ci est

a lors purifié et c o m p r i m é en pa in s p o u r l ' expor t a t ion .

Dans le Manga, on racle m é t h o d i q u e m e n t les efflorescences qu i se

forment a u t o u r des dépress ions ou d a n s les b a s - f o n d s , a p r è s l ' assè­

c h e m e n t des m a r e s , pu is on les lessive dans d e g r a n d s p a n i e r s en

pa i l l e . On é l imine a ins i u n e g r a n d e q u a n t i t é d u sulfate de soude

c o n t e n u d a n s les efflorescences. On concen t re ensu i te les eaux de

less ivage, à c h a u d , d a n s de pe t i t s po ts en t e r r e . Au b o u t d ' u n cer ta in

t e m p s , l a masse , d ' a b o r d devenue pâ teuse à la fois d u fait de l ' évapo-

ra t ion et de l ' add i t ion p rog re s s ive de nouve l les quan t i t é s d ' eaux de

less ivage, p r e n d d ' u n seul c o u p . On casse a lors les pots p o u r recuei l l i r

le sel. Celui-ci cont ien t de n o m b r e u s e s i m p u r e t é s et s e u l e m e n t 68 %

de c h l o r u r e de sod ium.

En Guinée f rançaise , dans la r ég ion de Youkounkoun , à Diamatou ,

on effectue é g a l e m e n t le less ivage d e t e r r e s sa lées .

Gypse . — En A . O . F . , on t rouve d u g y p s e à Dakar , au mi l i eu des

calcaires sénoniens , et , associé ou n o n au sel g e m m e , d a n s u n ce r t a in

n o m b r e d e poin ts de l a zone c ré tacée ou pos t -c ré tacée d u Soudan et

du Niger . L 'explo i ta t ion de ce m i n é r a l n e p a r a i t pas avo i r été env i ­

sagée j u s q u ' à p r é s e n t .

P h o s p h a t e s . — Il existe en p lus i eu r s points d e l a colonie d u

Sénéga l , n o t a m m e n t dans la rég ion de Gossas et d a n s cel le de Diouldé-

Diabé, des lits p h o s p h a t é s inc lus dans les ca lcai res éocènes . Certa ins

échan t i l lons ont u n e h a u t e t e n e u r en ac ide p h o s p h o r i q u e ( jus­

qu 'à 36 % ). Aucune explo i ta t ion n ' a é té e n t r e p r i s e j u s q u ' à p r é s e n t .

H y d r o c a r b u r e s . — Le b i t u m e i m p r è g n e des ca lca i res (vra i sembla­

b l e m e n t crétacés) et des sab les o u g r è s (sans dou te ter t ia i res) à

Eboïnda , au b o r d de l a l a g u n e Tendo , à la Côte d ' Ivoi re . La pu i s sance

du d é p ô t est d e p l u s i e u r s mè t res . On exploi te l oca l emen t ce g î te p o u r

le r e v ê t e m e n t de la chaussée d 'Assinie .

Les ca lca i res d e la r é g i o n d u Cap Vert r e n f e r m e n t é g a l e m e n t u n

peu de b i t u m e .

Les cavi tés des ca lca i res a q u i t a n i e n s de Dakar con t i ennen t u n peu

d e pé t ro l e . On est fondé à c o n s i d é r e r q u e celui-ci existe é g a l e m e n t

d a n s la r é g i o n d e Kaolack.

Page 250: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

236 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Divers . — On p o u r r a i t c i ter encore u n ce r ta in n o m b r e d 'espèces

miné ra l e s obse rvées en A. O.F . , ma i s elles ne pa ra i s sen t pas p r é s e n t e r

u n in t é rê t i m m é d i a t suffisant p o u r a t t i r e r l ' a t ten t ion sur l eu r exis tence.

On r a p p e l l e r a ic i , s imp lemen t p o u r m é m o i r e , que d iverses roches

sont emp loyées c o m m e ma té r i aux de cons t ruc t ion (g ran i t e s , gne i ss ,

schis tes , ca lcai res , a rg i l es , e tc . ) . Ajoutons que les i n d i g è n e s , ou t r e

l 'u t i l isat ion de l 'or , d u fer et du sel qu ' i l s ex t ra ien t d u sous-sol, font

des meu le s en g r a n i t e , des po te r i es avec de l ' a rg i l e , des bi joux avec

du qua r t z la i teux et avec du j a s p e r o u g e , qu ' i l s confec t ionnent des

cosmét iques don t le co loran t est l ' i lméni te , qu ' i l s m a n g e n t de l ' a rg i l e

et qu ' i l s i n c o r p o r e n t l ' a l u n o g è n e (sulfate d ' a l u m i n e h y d r a t é ) à l eu r s

mas t ica to i res . . .

Page 251: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

BIBLIOGRAPHIE

Il n 'est pas possible de p résen te r ici u n e bibl iographie u n peu complète parce que celle-ci devrai t comprendre p lus ieurs cen ta ines de numéros . La liste suivante , des t inée seu lement à faciliter les r echerches , comporte , pa r ordre chronologique : 1° des t ravaux de synthèse dans lesquels se t rouvent s ignalés la p lupar t des ouvrages publiés ; 2° les quelques notes ou mémoi re s dont la ment ion ne figure pas dans ces t ravaux de synthèse .

A) Bibliographie généra le se rappor tant à la pér iode 1916-1925.

1. H. HUBERT. — Tables décennales (1916-1925) du Bulletin du Comité d'Études historiques et scientifiques de l'A. 0. F., Paris (Larose), 1927.

B) Travaux se rappor tant à la géologie de l'A. 0 . F .

2. H. HUBERT. — Etat actuel de nos connaissances sur la géologie de l'Afrique occidentale, Paris (Larose), 1re édit ion, 1911, 2e édit ion, 1919.

3. P. LEMOINE. — Afrique occidentale in Handbuch der regionalen Geologie, Heidelberg (Carl Winter ) , VII, 6 a, 1914, p . 1-80.

C) Travaux se rapportant à la minéra log ie de l'A. 0 . F.

4. LACROIX. — Minéralogie de la France et de ses colonies, Paris (Béranger) , 1893-1914.

5. H. HUBERT. — Les produits minéraux (des colonies françaises) in Le Do­m a i n e colonial français, Paris (Les édit ions du cygne) , 1930.

6. A. LACROIX. — La minéralogie de la France d'outre-mer au Muséum d'His­toire Naturelle, Par is , Bull. Mus. Hist. Nat., 2 e sér ie , t. III, 1931, p . 71-82 et 92-97.

D) Travaux concernant le Sénégal .

7. H. HUBERT. — Carte géologique de l'A. 0. F. au 1\1.000.000. Feuille 5. Dakar, Paris (Larose), 1920.

8. H. HUBERT et A. LENOBLE. — Notes géologiques sur Dakar, Paris (Larose), Bull. Com. Et. hist . scient . A. 0 . F . , 1926, p . 185-224.

Voir aussi le Numéro 25.

E) Travaux concernant la Guinée française.

9. J. CHAUTARD. — Élude géophysique et géologique sur le Fouta-Djalon, Par i s (H. Jouve), 1905.

10. A. LENOBLE. — Élude géologique des cercles de Bamako et de Bougouni au Soudan; du cercle d'Odienné à la Cóle d'Ivoire; des cercles de Kankan, Si-

G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 22

Page 252: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

2 : Ì8 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

guiri, Dabola en Guinée, Paris (Larose), Bull. Com. Et. hist . soient. A. 0 . F . ,

p . 2 1 6 - 2 5 7 .

Voir aussi les Numéros 6 et 7 .

F) Travaux concernant la Côte d 'Ivoire.

1 1 . H. HUBERT. — Carte géologique de l'A. 0. F. au 1/1.000.000. Feuille 10. Bingerville, Paris (Larose), 1 9 1 8 .

1 2 . E. AUBERT DE L A RÜE. — Reconnaissances géologiques à travers la Côte d'Ivoire, Paris , Rev. géog. phys . et géol. dyn. , 1 9 3 0 , p . 1 7 - 7 5 .

G) Travaux concernan t le Dahomey.

1 3 . H. HUBERT. — Mission scientifique au Dahomey, Paris (Larose), 1 9 0 8 .

1 4 . DE CHÊTELAT. — Notes d'un voyage géologique au Dahomey et en Haute- Volta, Paris , Rev. géog. phys . et géol. dyn. , 1 9 2 8 , p . 1 - 1 6 .

H) Travaux concernant le Soudan français.

1 5 . P. LEMOINE. — Sur quelques fossiles du Tilemsi, Paris , Bull. Soc. Phi lomat ique , 1 9 0 9 , p . 1 0 1 - 1 0 9 .

1 6 . R. CHUDEAU. — Excursion géologique au Nord et à l'Est de Tombouctou, Par i s , Bull. Soc. géol. Fr . , 4E sér ie , t. XV, 1 9 1 6 , p . 9 5 - 1 1 2 .

1 7 . H. HUBERT. — Carte géologique de l'A. 0. F. au 1/1.000.000. Feuille Cm. Bamako, Par is (Larose), 1 9 2 6 .

1 8 . A. LENOBLE. — Etude géologique des cercles de Kayes et Bafoulabé, Par is (Larose), Bull. Com. Et. hist . sc ient . A. 0 . F . , 1 9 2 6 , p . 5 5 4 - 5 8 4 .

1 9 . R. F u R O N et V. PÉRÉBASKINE. — Notice sur une carte géologique de reconnais­sance au Soudan français, Par is , Rev. géog. phys . et géol. dyn. , 1 9 3 0 , p . 7 8 -9 1 .

2 0 . V. PÉRÉBASKINE. — Sur la présence de « Libycoceras Ismaeli » Zittel au Sou­dan français, Par is , Bull. Soc. géol. Fr. , 4E sér ie , t. XXX, 1 9 3 0 , p . 1 2 9 - 1 3 2 .

2 1 . R. FURON. — L'extension du Dévonien marin en Afrique occidentale, Paris , C. R. Ac. Sc., 1 9 3 2 , t. 1 9 4 , p . 9 9 6 - 9 9 8 .

Voir aussi les Numéros 1 0 et 2 5 .

1) Travaux concernan t la Haute-Volta.

2 2 . H. HUBERT. — Carte géologique de l'A. 0. F. au 1/1.000.000. Feuille 7a.

Ouagadougou, Par is (Larose), 1 9 2 6 .

Voir aussi les Numéros 1 3 et 1 4 .

J) Travaux concernan t le Niger .

2 3 . R. CHUDEAU. — Sahara soudanais, Paris (A. Colin), 1 9 0 9 .

2 4 . GaRDE. — Description géologique des régions situées entre le Niger et le Tchad et à l'Est et au Nord-Est du Tchad, C le rmont -Fer rand (G. Mont-Louis), 1 9 1 0 .

2 5 . DOUVILLÉ. — L'Éocène au Soudan et au Sénégal, Paris (Larose), Bull. Com.

Et . hist . sc ient . A. 0 . F . , 1 9 2 0 , p . 1 1 3 - 1 7 1 .

Voir aussi les Numéros 1 3 et 2 2 .

K) Travaux concernan t la Mauri tanie .

2 6 . — GRUVEL et CHUDEAU. — A travers la Mauritanie occidentale, Par is (La­

rose), 1 9 1 1 .

Page 253: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE ET TOGO. 2 3 9

2 7 . R. CHUDEAU. — Note sur la géologie de la Mauritanie, Par is , Bull. Soc. géol . Fr. , 4E sér ie , t. XI, p . 4 1 3 - 4 2 8 .

2 8 . R. CHUDEAU. — Contribution à la carte de la Mauritanie, Par is , Bull. Com. Afr. fr.; Rens. Colon., n° 1, 1 9 1 2 , p . 2 0 - 2 7 .

2 9 . R. CHUDEAU. — Nouveaux renseignements sur la Mauritanie, d'après le lieu­tenant. Schmitt, Paris , C . R. Soc. géol. Fr. , 1 9 1 3 , p . 9 0 - 9 1 .

30. TH. MONOD. — Une traversée de la Mauritanie occidentale, Paris , Rev. géog. phys . et géol. dyn . , 1 9 2 8 , p . 2 - 2 5 .

3 1 . J. SAVORNIN. — Les territoires du Sud de l'Algérie. Esquisse géologique et hydrologique, Alger ( Impr imer ie a lgér ienne) , 1 9 2 9 .

3 2 . J. MALAVOY. — Géologie de la Mauritanie du Nord, Par is , C. R. Ac. Sc., 1 9 3 1 , t. 1 9 3 , p . 1 8 4 - 1 8 6 .

3 3 . J. MALAVOY et N. MENCHIKOFF. — Sur un gisement du Dévonien supérieur de l'Adrar mauritanien, Par is , C. R. Soc. géol. Fr . , 1 9 3 1 , p . 1 2 6 .

Voir aussi le Numéro 7 .

L) Travaux concernan t le Togo.

3 4 . KOERT. — Begleitworte zur geologischen Karte von Togo in Hans Meyer, Das deutsche Kolonialreich, Leipzig, 1 9 1 0 .

3 5 . N. Kouriatchy. — Rapport officiel de missions au Togo. (Document m a n u s ­crit) .

Voir aussi les Numéros 6 et 1 3 .

M) Travaux concernant des régions extér ieures à l'A. 0 . F. et au Togo. 3 6 . C. KILIAN. — Au Hoggar, Paris (Soc. d'édit. géogr. m a r . et col.), 1 9 2 5 . 3 7 . C. KILIAN. — Sur la présence du Silurien à l'Est et au Sud de l'Ahaggar,

Paris , C. R. Ac. Sc. , 1 9 2 8 , t. 1 8 6 , p . 5 0 8 - 5 1 0 .

3 8 . N. MENCHIKOFF. — Recherches géologiques et morphologiques dans le Nord du Sahara occidental. Paris , Rev. géog. phys . et géol. , d y n . , 1 9 3 0 , p . 1 0 3 -2 4 7 .

3 9 . C . KILIAN. — De la genèse du Massif central saharien. Par is , C. R. Ac. Sc., 1 9 3 1 , t. 1 9 2 , p . 5 6 9 - 5 7 1 .

4 0 . C . KILIAN. — Sur l'âge des grès à Harlania et sur l'extension du Silurien dans le Sahara oriental. Par is , C. R. Ac. Sc. , 1 9 3 1 , t. 1 9 2 , p . 1 7 4 2 - 1 7 4 4 .

4 1 . M. DALLONI. — Les grès siluriens et les roches intrusives alcalines des for­mations anciennes du Tibesti. Par is , C. R. Ac. Sc. , 1 9 3 2 , t. 1 9 4 , p . 4 7 1 - 4 7 4 .

Page 254: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer
Page 255: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

V. AFRIQUE EQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN1

P A R

A N D R É DEMAY

Ingénieur en chef des Mines, Professeur à l'École Nationale Supérieure des Mines de Paris.

I. APERÇD SUR LA GÉOGRAPHIE DE L'AFRIQUE ÉQUATORIALE

FRANÇAISE ET DU CAMEROUN2

L'Afrique é q u a t o r i a l e f rançaise a u n e superficie d ' env i ron

2 . 5 0 0 . 0 0 0 k i lomèt res c a r r é s , c ' e s t - à -d i re u n peu plus de q u a t r e fois

et demie la surface de l a F r ance . Le C a m e r o u n sous m a n d a t français a

une surface d ' e n v i r o n 400 .000 k i lomè t re s c a r r é s . On d i s t ingue d a n s

ce vas te ensemble : d ' a b o r d l a dépress ion côt ière l a rge souven t de

p lus de 80 k i l o m è t r e s , pu i s des p l a t eaux é tagés , acc iden tés parfois

p a r de h a u t e s m o n t a g n e s , qu i s ' é t e n d e n t d e p u i s le fleuve Congo

j u s q u ' a u Nord du Cameroun et a u Sud d u Tchad . Les p r i n c i p a u x

massifs m o n t a g n e u x de cet te zone sont : le massif du Mayombé

en t re l a côte et Brazzavil le , le massif d u Chaillu a u Gabon (point

c u l m i n a n t : 1.000 mètres) et le massi f d u Yadé (point c u l m i n a n t :

1.400 mètres) en t r e l 'Oubangu i -Cha r i et le C a m e r o u n , enfin d a n s ce

d e r n i e r t e r r i to i re des m o n t a g n e s b e a u c o u p p lus é levées , massif d u

L Je tiens à remercier bien vivement tous les géologues qui, en me faisant part des résultats de leurs propres travaux ou de données bibliographiques utiles, ont facilité la préparation des deux conférences sur l'Afrique équatoriale française. Je remercie en particulier les Sociétés qui m'ont communiqué des cartes et des rapports de pros­pection inédits et, prêté des photographies, la Compagnie equatoriale des Mines, le Con­sortium Congo-Niari, la Société de Recherches et d'Exploitations minières de l'Afrique equatoriale française, la Compagnie de l'Oubangui oriental. Enfin je remercie bien vivement M. le Directeur de l'Agence économique de l'A. E. F. qui m'a prêté quelques plaques de projection.

2. Voir la carte géologique au 10.000.000° de l'Afrique française (planche hors texte) établie notamment pour l'A. E. F., d'après la carte de M. Denaeyer.

G É O L O G I E E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R . 23

Page 256: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

242 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Mont Cameroun (4 .005) d 'or ig ine v o l c a n i q u e e t massif de l ' A d a m a o u a .

A l 'Est de cet te zone a p p a r a î t une rég ion p lus basse qu i c o m p r e n d :

au Sud , la pa r t i e sep ten t r iona le de l a cuvet te congola ise , au Nord,

au de là d u seuil de l 'Oubangui -Char i de rel ief t r ès adouc i , la cuvet te

t c h a d i e n n e . Celle-ci couvre env i ron 55 % de la surface to ta le de

l 'A. E. F . et s ' é tend au de là de ses f ront iè res , en A. O. F. et en

Niger ia . Enfin l 'Oubangu i -Char i et le Tchad sont bo rdés à l 'Est et au

Nord p a r des p l a t eaux ou p a r d e s m o n t a g n e s é levées , qu i les sé­

p a r e n t d u Soudan a n g l o - é g y p t i e n , c 'es t -à-di re du bass in d u Nil.

Ce sont d u Sud a u Nord les m o n t s D a r a g o u m b a , le massif d u Dar-

Chal la ou d u Fer t i t , le massif du Ouadaï , le p l a t e a u de l 'Enned i ,

enfin à l a poin te n o r d du Tchad le massif vo lcan ique d u Tibest i ,

don t le po in t c u l m i n a n t , su r le b o r d d ' u n c r a t è r e de 12 k i lomè t re s

de d i a m è t r e , a t te in t l a cote 3 .415 mèt res .

Le r é s e a u h y d r o g r a p h i q u e c o m p r e n d : d ' u n e pa r t , les fleuves

tributaires de l 'Atlantique, Congo excepté , en pa r t i cu l i e r au Came­

r o u n la Sanaga , au Gabon l 'Ogooué avec son affluent p r inc ipa l la

Livindo, a u Bas-Congo le Kouilou-Niari ; — d ' a u t r e pa r t , les tribu­

taires du bassin du Tchad, en pa r t i cu l i e r le Char i , un ion d u B a h r -

Sa ra qu i vient d u massif d u Yadé et de l 'Aouk qu i vient d u Soudan ,

et le Logone dont les deux b r a n c h e s p r inc ipa l e s on t l eu r source d a n s

le Yadé, enfin le Congo et ses affluents. P a r m i ceux-ci , les p l u s i m p o r ­

tan t s sont : la Sanga , o r ig ina i re el le aussi d u Yadé, pu is l ' O u b a n g u .

Le t e r r i t o i r e de l 'Oubangu i -Char i est a r rosé essen t i e l l ement p a r les

affluents de r ive d ro i t e de l ' O u b a n g u i et d ' une des deux b r a n c h e s

s u p é r i e u r e s d e l 'Oubangu i , le M'bomou. Citons seu lemen t ceux don t

il s e ra ques t ion p a r la sui te : Kouango , Koto, M'bari , Ch inko , O u a r r a .

Enfin, le t e r r i to i r e d u Tchad c o m p r e n d , à sa po in te sud-oues t , u n e

pa r t i e d u h a u t bassin de la B e n o u é , affluent d u Niger .

Au poin t de vue du c l ima t et i n d é p e n d a m m e n t des var ia t ions p r o ­

du i t e s p a r l ' a l t i t ude , on d i s t ingue en Afrique é q u a t o r i a l e f rança ise

et a u Cameroun t ro is g r a n d e s zones : au Sud la zone équatoriale

j u s q u ' a u 5me d e g r é de l a t i tude Nord, p luv i euse en toutes sa isons ,

q u o i q u e de m a n i è r e i n é g a l e , l a zone tropicale d u 5me d e g r é a u

16me d e g r é , avec deux saisons sèches dans la par t i e mér id iona le ,

u n e seule saison sèche , plus l ongue à m e s u r e q u ' o n mon te vers le

Nord , dans la p a r t i e s e p t e n t r i o n a l e , enfin la zone désertique a u Nord

d u 1 6 m e d e g r é .

Page 257: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 243

Fig.

17

et

18.

Page 258: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

244 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Au po in t de vue pol i t ique , le C a m e r o u n est placé p o u r la p l u s

g r a n d e pa r t sous m a n d a t français et p o u r une pet i te p a r t sous m a n ­

da t b r i t a n n i q u e . Quant à l 'Afr ique équa tor ia le française el le const i tue

un Gouve rnemen t Général et c o m p r e n d q u a t r e colonies : Moyen-Congo,

Gabon, O u b a n g u i - C h a r i et Tchad .

I I . S T R U C T U R E GÉOLOGIQUE DE L ' A F R I Q U E ÉQUATORIALE F R A N Ç A I S E

E T DU CAMEROUN

Lorsqu 'on examine l a s t r u c t u r e g é n é r a l e de l 'Afrique équa to r i a l e

française et d u C a m e r o u n , on est condu i t à d i s t i ngue r :

1° le Moyen-Congo et le Gabon, où aff leurent dans l ' ensemble

en b a n d e s d i r igées ve r s le Nord-Nord-Ouest , au de là de l a b a n d e cô-

t i è re éocène e t c r é t a c é e , p e u t - ê t r e t r i a s ique , des t e r r a ins de p lus en

p l u s r écen t s l o r s q u ' o n s 'écarte de la côte : cr is ta l l in et c r i s ta l lophyl -

l ien , sys tèmes schis to-calcai re et sch is to-gréseux , qu i a p p a r t i e n n e n t

au P r é c a m b r i e n ou a u Paléozoïque anc ien , Système du Lubi lache d u

Trias s u p é r i e u r ;

2° l'Oubangui-Chari et le Cameroun, l a r g e zone cr i s ta l l ine et

c r i s ta l lophyl l ienne or ientée oues t -es t , qu i s 'é tend d e p u i s l 'At lan t ique

j u s q u ' a u Soudan et se p r o l o n g e m ê m e au delà j u s q u ' e n Abyss in ie .

Dans cet te zone existent auss i de vastes l a m b e a u x de t e r r a i n s m o i n s

anc iens , les u n s d 'âge p r é c a m b r i e n ou pa l éozo ïque anc ien , les a u t r e s

pa léozoïques ou t r i a s iques ;

3° la zone des terrains anciens à l'Est et au Nord du Tchad qui

c o m p r e n n e n t le socle cr is ta l l in et c r i s ta l lophyl l i en et une c o u v e r t u r e

s éd imen ta i r e ho r i zon ta l e qu i d é b u t e a u Go th l and ien et m o n t e , a u

moins en cer ta ins p o i n t s , j u s q u ' a u D inan t i en ;

4° la zone côtière de l'A. E. F . e t d u C a m e r o u n , où affleurent

le g r è s sub l i t t o raux , t r i as iques ou j u r a s s i q u e s , et des format ions

cré tacées et éocènes b ien da t ée s , a u x q u e l l e s on p e u t r a t t a c h e r , non

p lus g é o g r a p h i q u e m e n t , ma i s s t r a t i g r a p h i q u e m e n t , les fo rmat ions

cré tacées ou te r t i a i res d u te r r i to i re du Tchad, p r o l o n g e m e n t de cel les

de la Niger ia e t d u C a m e r o u n ;

5° les régions volcaniques du Cameroun, du haut bassin de la

Renoué, de l'Ouadaï et du Tibesti dans le territoire du Tchad;

6° l a cuvette quaternaire du Tchad et les zones d'altération qua­

ternaire superficielle.

Page 259: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE EQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 245

Fig.

19

et

20.

Page 260: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

246 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

Nous al lons é tud i e r success ivement les t e r ra ins qu i cons t i tuent ces

différentes r ég ions en déc r ivan t p o u r chacune d ' a b o r d les condi t ions

l i tho log iques et s t r a t i g r aph iques , pu i s les g i s emen t s de subs tances

ut i les qu i y sont con tenus .

Enfin, n o u s e x a m i n e r o n s p o u r l ' e n s e m b l e de l 'Afrique équa to r i a l e

f rançaise et d u C a m e r o u n les condi t ions géné ra l e s de la t ec ton ique

et de la mé ta l l ogén i e .

I I I . MOYEN-CONGO E T GABON

Si on laisse de côté les format ions l i t to ra les , t e r t i a i res et c ré tacées ,

et les g r è s sub l i t t o r aux d ' â g e p r o b a b l e m e n t a n t é r i e u r d o n t il sera

ques t ion p lus lo in , on d i s t ingue dans le Moyen-Congo et a u Gabon

des fo rmat ions qui s ' é che lonnen t depuis des t e r m e s c r i s t a l lophy l l i ens

p l u s ou m o i n s m é t a m o r p h i q u e s j u s q u ' a u Sys tème d u Lubi lache qu i

est du Trias supé r i eu r ou du Ju ra s s ique . Dans la p a r t i e occidentale

du Moyen-Congo, ces t e r r a i n s affleurent dans des b a n d e s para l lè les

or ien tées no rd -oues t sud-es t .

1° Cristallophyllien et cristallin.

Les t e r r a i n s c r i s t a l lophy l l i ens et cr is ta l l ins cons t i t uen t u n e p r e m i è r e

b a n d e à l 'Est de la zone l i t tora le dans le Mayombé occ iden ta l , pu i s

r é appa ra i s s en t ensui te p l u s à l 'Est, au moins p a r l e u r s t e r m e s s u p é ­

r ieurs de m é t a m o r p h i s m e faible, dans les an t ic l inaux de la zone

s éd imen ta i r e .

Vers le Nord , sans dou te p a r suite de la mon tée axiale , ils s ' é t enden t

p l u s l a r g e m e n t et cons t i tuen t une g r a n d e p a r t i e d u Gabon.

Le c r i s t a l lophy l l i en c o m p r e n d à sa base des gneiss l a r g e m e n t

cr is tal l isés , p a r e x e m p l e des gneiss à microl ine et o l igoclase et à deux

micas , et f r é q u e m m e n t des gneiss à a lb i te , pu is des micaschis tes à

sér ic i te , ch lo r i t e , ép ido te . D'une m a n i è r e g é n é r a l e , les carac tè res

m i n é r a l o g i q u e s e t c h i m i q u e s accusent , m a l g r é l ' in tens i té d u m é t a ­

m o r p h i s m e rég iona l , l ' o r ig ine s é d i m e n t a i r e de tou t cet e n s e m b l e . Il

passe a u s o m m e t à d e s t e r m e s fa iblement m é t a m o r p h i q u e s qu i

c o r r e s p o n d e n t au « Sys tème m é t a m o r p h i q u e » d u Congo b e l g e et

on t é té no tés d e l a m ê m e m a n i è r e p a r M. Denaeyer s u r l a ca r te de

l'A. E. F. Mais dans la r é g i o n q u e nous é tud ions , c o m m e s u r b e a u c o u p

Page 261: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 247

Fig.

21

.

Page 262: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

248 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

1. A. Amstutz., Bull. Soc. géol. Fr., 4°, t. 29, p. 321.

de points en Afrique, il y a, semble-t- i l , passage cont inu du c r i s ta l lo ­

phy l l i en ca ta - et m é s o - m é t a m o r p h i q u e à cet te série é p i m é t a m o r -

p h i q u e , sans a u c u n e d iscordance qu i p e r m e t t e de la d i s t i ngue r c h r o ­

n o l o g i q u e m e n t des t e r m e s sous- jacen ts . P o u r t a n t M. A. Amstu tz

s igna le q u e , dans le Mayombé, existe en ce r ta ins points u n c o n g l o ­

m é r a t à l a base de la série m é t a m o r p h i q u e et au-dessus du cr i s ta l lo­

p h y l l i e n 1 . Elle c o m p r e n d essen t ie l l ement des quar tz i t es et des schistes

avec des in te rca la t ions d ' a rkoses , de p s a m m i t e s g r i s , r ouges ou

violacés et que lques bancs ca lca i res . Le m é t a m o r p h i s m e décro î t

s e n s i b l e m e n t et tend à d i spa ra î t r e d a n s les pa r t i e s h a u t e s .

Au mi l ieu des t e r r a ins c r i s ta l lophyl l iens ou m é t a m o r p h i q u e s

appa ra i s sen t q u e l q u e s p o i n t e m e n t s de g r a n i t e . Près de Boma , J. Cor­

n e t a s ignalé des g r a n i t e s gne iss iques , des g r a n i t e s p o r p h y r o ï d e s et

des pe gma t i t e s . Cette zone g r a n i t i q u e s 'étale au S u d d u Congo,

p e u t - ê t r e p a r sui te de m o n t é e axiale , dans l 'Angola . De m ê m e au

Nord d u Mayombé, d a n s le Gabon , le g r a n i t e affleure dans les zones

an t ic l ina les , avec diverses var ié tés , g r a n i t e à mica no i r , g r a n i t e

syéni t ique , g r a n i t e à a m p h i b o l e (Arsandaux . C. R. Ac. T. 148,

p . 378) . MM. Duparc et Amstutz ont noté r é c e m m e n t 1 dans ce d o m a i n e

la p r é p o n d é r a n c e d ' u n g r a n i t e à mica n o i r , avec ol igoclase p l u t ô t

a lb i t i que et microc l ine p l u s c o m m u n q u e l ' o r those . Près de Moukagn i ,

à l 'Ouest de Francevi l le , ces deux géo logues ont s igna lé l 'exis tence

dans ce g r a n i t e du Gabon d ' u n e l a r g e zone a m p h i b o l i q u e et s e r p e n -

t incuse , p e u t - ê t r e d 'o r ig ine ca lca i re .

2° Systèmes schisto-calcaire et schisto-gréseux.

Au-dessus des t e r r a i n s c r i s ta l lophyl l iens e t m é t a m o r p h i q u e s et

e n g a g é s avec eux d a n s le p l i s sement du Mayombé a p p a r a i s s e n t des

t e r r a i n s schis teux, g ré seux et ca lcai res , d ' â g e p r o b l é m a t i q u e , où l 'on

d i s t ingue deux systèmes di ts schis to-ca lca i re et schis to-gréseux. L 'é tude

s t r a t i g r a p h i q u e et t e c ton ique en a é té faite d ' a b o r d p a r MM. Delhaye

et S luys , pu is repr i se et complé tée p o u r la p a r t i e f rançaise p a r

M. Babet .

Le Système schisto-calcaire c o m p r e n d es sen t i e l l emen t :

a) u n conglomérat qui s emb le exister , t an tô t r édu i t , t an tô t t r è s

puissant , de m a n i è r e à p e u p r è s cons t an t e à la b a s e du sys t ème su r le

Page 263: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 249

1. Même au Katanga l'origine fluvio-glaciaire est assez incertaine.

socle ancien et qu i est const i tué p a r des cai l loux a r r o n d i s ou angu leux

de d imens ions très va r i ab les et p a r une pâ te a rg i l euse ou schis teuse

ba r io l ée ; son facies, peu t -ê t re f luvio-glaciai re , est a n a l o g u e à celui d u

c o n g l o m é r a t de base d u K u n d e l u n g u a u Katanga (Congo b e l g e ) 1 ;

b) une zone inférieure const i tuée p a r des dolomies roses et gr ises ,

en bancs compac t s et rés i s tan t s , p a r u n e p u i s s a n t e série de schistes

calcaires en p l a q u e t t e s et de m a c i g n o s de c o u l e u r gr i se ou lie de vin,

enfin p a r des ca lca i res compac t s g r i s c la i r , parfois oo l i th iques , d ' u n e

g r a n d e pu issance ;

c) une zone moyenne const i tuée p a r des schistes ca lcareux et p a r

des ca lca i res d e cou leu r va r i ée , roses , j a u n e s , v iole ts , b r u n s , et p a r

une sér ie do lomi t ique avec in t e rca l a t ions de n o m b r e u x bancs siliceux,

lits à r o g n o n s de silex, che r t s , ca lca i res oo l i th iques silicifiés qu i m e

r a p p e l l e n t les facies si l iceux de la série schis lo-ca lca i re du Katanga

dans la r ég ion cupr i fè re . Au Katanga les s o n d a g e s on t m o n t r é q u e

ces facies siliceux p a s s a i e n t l a t é r a l emen t en p r o f o n d e u r au facies

sch i s to -do lomi t ique . Au Congo f rançais , M. Babet s igna le l ' exis tence

su r une g r a n d e é t endue de b locs de roches siliceuses, à aspect de

che r t , si lex, j a s p e , m e u l i è r e , et m ê m e qua r t z i t e et g r è s , qu i j a l o n n e n t

les b a n d e s ca lca i res de l a zone m o y e n n e e t r é su l t en t à la fois d ' u n e

silicification et d ' u n r e m a n i e m e n t . M. Babet les dés igne sous le n o m

de grès polymorphes, q u i est a p p l i q u é aussi et de m a n i è r e p lus

hab i tue l l e à u n facies des g r è s t r i a s iques ou j u r a s s i q u e s d u Lub i -

l a c h e ;

d) une zone supérieure const i tuée p a r des ca lca i res d o l o m i t i q u e s et

pa r d e s schistes ca lca reux , avec in te rca la t ions de ca lca i res noi rs fétides,

enfin p a r des calcai res b lancs b i e n c r i s ta l l ins passan t à d u m a r b r e .

D 'après M. Duparc , les séries in fé r i eu re et m o y e n n e n ' ex i s t e ra i en t

p a s dans la r ég ion min i è r e du Niar i , où l a zone s u p é r i e u r e serai t

r e p r é s e n t é e de b a s en h a u t p a r des ca lca i res rosés, p a r des calcai res

b i tumineux foncés et fé t ides , enfin p a r des ca lca i res do lomi t iques

c o m p r e n a n t des pa r t i e s silicifiées, t and i s q u e d ' a p r è s MM. Delhaye et

Sluys , seule la série i n fé r i eu re fait défaut .

Le Système schisto-gréseux c o m p r e n d essen t ie l l ement : des schis tes ,

des a rkoses , des p s a m m i t e s de cou leu r h a b i t u e l l e m e n t r o u g e , parfois

gr i s ve rdâ t r e ou violacée. On obse rve f r é q u e m m e n t , à la b a s e de la

Page 264: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

2 5 0 GÉOLOGIE ET MINES DE LÀ FRANCE D'OUTRE-MER.

sér ie , une brèche dite « brèche du Niari », à f r a g m e n t s a n g u l e u x de

calcai res ou che r t s sous- jacents , parfois à pe t i t s ga l e t s b ien r o u l é s ,

à c i m e n t souven t ca lca i re , parfois s i l iceux. En ce r ta ins po in t s , la

strat if icat ion es t en t rec ro i sée . Ou d i s t i ngue dans le Sys tème schis to-

g r é s e u x deux é t ages assez nets au Congo b e l g e , mo ins b i e n ca rac té ­

r isés a u Congo f rançais : u n é tage infér ieur (ou de M'pioka), schis tes

et g r è s fins, un é tage s u p é r i e u r (ou de l ' Inkiss i ) , g rès g ross i e r s

p a s s a n t parfois à u n vé r i t ab l e c o n g l o m é r a t fo rmé de ga le t s de

qua r t z .

On a d m e t e n g é n é r a l q u e le Sys tème sch i s to -g ré seux est conco r ­

d a n t su r le Sys tème schis to-ca lca i re . P o u r t a n t M. Amstu tz , dans u n e

no te r écen te , a s igna l é u n e d i scordance d u c o n g l o m é r a t de base s u r

les calcaires p l i s sés . De tou te façon, le S y s t è m e schis to-gréseux est

t ransgress i f et r e p o s e parfois d i r e c t e m e n t s u r le sys tème m é t a m o r ­

p h i q u e .

Les obse rva t ions récen tes de M. Babet , de MM. F u r o n et P e r e -

b a s k i n e et de MM. Ka tchewsk i et Choube r t ont m o n t r é q u e le Sys­

t è m e schis to-calcaire et le Sys tème schis to-gréseux du Moyen-Congo

se p r o l o n g e n t au Gabon occ iden ta l j u s q u ' a u x Monts Tandou inc lus i ­

v e m e n t , dans u n l a r g e sync l ina l o r i en t é Sud-Est Nord-Ouest c o m m e

tous les pl is du Mayombé. C'est u n e modif icat ion i m p o r t a n t e à l a

car te de M. Denaye r .

D 'au t re p a r t , a u de là d 'un an t i c l ina l gne i s s ique que p e r c e n t

d e s massifs g r a n i t i q u e s , dans la h a u t e val lée de l 'Ogooué et p l u s

au Nord d a n s le bass in de son affluent la Liv indo, existe u n ensemble

a n a l o g u e , p r o b a b l e m e n t équ iva l en t au poin t de vue ch rono lo ­

g ique , schis tes et a rkoses de l 'Ogooué, p s a m m i t e s r o u g e s de F r a n -

çeville, schis tes et g r è s do lomi t iques de Las tourv i l le . M. Amstutz

s igna le p rès de Lastourvi l le des calcai res do lomi t iques q u i , selon

lu i , sont équ iva l en t s aux ca lca i res d u Niari , c 'es t -à-dire au Sys­

t è m e schis to-ca lca i re . P a r con t re , MM. D u p a r c et Amstutz assi­

mi l en t u n e p a r t i e de cet te sé r ie dé t r i t i que de l 'Ogooué a u sys tème

m é t a m o r p h i q u e . Enfin, on r a p p o r t e avec dou te aux deux m ê m e s sys­

t è m e s les p s a m m i t e s et a rkoses an té r i eu r s a u Karroo et p r o b a b l e m e n t

pos t é r i eu r s à l ' e n s e m b l e des t e r r a i n s c r i s t a l lophyl l i ens et m é t a m o r ­

p h i q u e s , qui affleurent b e a u c o u p p lus loin vers l'Est dans la vallée

de la Sanga et au s u d d e Bangu i .

Les deux sys t èmes q u i v i ennen t d ' ê t r e définis se p r o l o n g e n t sans

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AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 251

discont inui té au Sud dans le Congo b e l g e . On p e u t a d m e t t r e , d ' après

les t r avaux de J. Cornet et en accord avec l 'opin ion d e M. Four­

m a r i e r , qu ' i l s sont p r o b a b l e m e n t équ iva len ts aux sys tèmes de

facies et d e posi t ion s t r a t i g r a p h i q u e a n a l o g u e s , Système schis to-cal-

cai re et Sys tème du K u n d e l u n g u , qu i ont été observés au Congo

b e l g e , dans t ro i s a u t r e s r é g i o n s assez é lo ignées de cette p r e m i è r e

zone, la r ég ion d u Kasaï et d u L u b u d i , affluents d u Congo, la

r é g i o n de l ' A r u w i m i a u Nord de S tan leyvi l le , enfin l a r ég ion d u

Katanga à l a po in t e sud-es t d u Congo b e l g e , p r è s de l a Rhodés ie

s ep t en t r i ona l e . Mais, en l 'absence p r e s q u e complè t e de fossiles, ces

ass imi la t ions r e s t en t encore u n p e u ince r t a ines et sujet tes à d i s ­

cussion. MM. Delhaye et Sluys es t iment p o u r l eu r p a r t q u e seu l le

K u n d e l u n g u es t r ep résen té a u Bas -Congo 1 . Le sys tème schis to-ca l -

caire de cette r é g i o n c o r r e s p o n d r a i t n o n pas a u sys tème schis to-

calca i re d u Ka tanga , ma i s à la pa r t i e in fé r ieure d u K u n d e l u n g u q u i

c o m p r e n d a u Ka tanga et d a n s l ' A r u w i m i u n ou deux noyaux calcaires

peu i m p o r t a n t s . Sans e n t r e r dans la discussion des a r g u m e n t s qu i

p e u v e n t ê t r e formulés en faveur de c h a c u n e de ces thèses , nous n o u s

r a n g e r o n s au moins p r o v i s o i r e m e n t à l 'op in ion de M. F o u r m a r i e r .

L 'ass imi la t ion aux sys tèmes de l 'Afrique aus t ra le e t la d é t e r m i n a ­

t ion de l ' â g e abso lu sont encore p l u s dé l ica tes . Des faits d ' o rd r e

l i t ho log ique et t e c ton ique m ' o n t condui t à suppose r en accord avec

l 'opinion fo rmulée p a r M. F o u r m a r i e r , que le sys tème schis to-cal -

cai re du Katanga é q u i v a u t au sys t ème d u Transvaa l (ou de N a m a ) ,

d ' âge p r é c a m b r i e n ou p lus v r a i s e m b l a b l e m e n t c a m b r i e n , et que le

K u n d e l u n g u équ ivau t au sys tème du W a t e r b e r g , à p e u près concor­

dan t s u r le T ransvaa l ma i s t r ansgress i f de m ê m e que le K u n d e l u n g u

sur le sys tème sch is to-ca lca i re . L 'âge absolu p o u r r a i t ê t r e c a m b r i e n

ou s i lu r ien , p e u t - ê t r e dévonien , en t ou t cas an t é - ca rbon i f è r e .

MM. Delhaye e t S luys et M. Babe t ont découve r t , d a n s les ca lca i res

ool i thiques d u Moyen Congo, des t r aces o r g a n i q u e s r a p p o r t é e s p a r

M. Cayeux à des a l g u e s calcaires s iphonées et à des a lgues n o n ca l ­

caires r a p p e l a n t celles d u Dévonien r u s s e e t du S i l u r i en ba l t i co -

s c a n d i n a v e 2 . Il est i m p o r t a n t de n o t e r q u e , tou t r é c e m m e n t ,

1. D 'après leur note de 1920. L'opinion actuelle de ces géologues sera précisée dans une note non encore publiée.

2. L. Cayeux, Existence de deux groupes d'Algues à structures conservées dans le système schisto-calcaire du Congo français, C. R. Ac. Sciences, 1930. T. 190, p. 231.

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2 5 2 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

M. C h o u b e r t a s igna lé l ' ex is tence , d a n s le n iveau oo l i th ique d u ca l ­

caire rose d u Ka tanga , des a lgues s iphonées d o n t une espèce s e r a i t

nouve l l e et l ' au t r e se ra i t u n e espèce du Dévonien russe . Ces dé t e r ­

mina t ions ont é té d i scu tées . D 'aut re p a r t , M. Cayeux p o u r s u i t l ' é tude

des a l g u e s d u ca lca i re oo l i th ique du Moyen Congo .

3° Système des grès Batéké ou du Lubilache.

Au-dessus des t e r r a i n s an t é r i eu r s , fo r t emen t p l issés à l 'Ouest,

ondu lés à l 'Est, r e p o s e n t en d i scordance des g r è s n e t t e m e n t t r a n s -

gressifs, di ts g r è s Batéké 1 , d ' a l lu re à peu p r è s ho r i zon ta l e , qu i

p ro longen t les g r è s a n a l o g u e s d u Lubi lache au Congo be lge et a p p a r ­

t iennent d e ce fait p r e sque ce r t a inemen t au sys tème du Kar roo . Tout

r é c e m m e n t M. Babet a i n d i q u é q u e les sables d u p l a t e a u Batéké cor­

r e s p o n d e n t à u n r e m a n i e m e n t de ces g r è s ou de g r è s p lus anc iens ,

ma i s que la p résence d u Lub i l ache est p o u r t a n t ce r ta ine d a n s la

val lée d u Djoué et aux env i rons de Brazzavi l le . Ces g rès , qu i

d é b u t e n t parfois p a r un cong loméra t de base et p r é sen t en t fré­

q u e m m e n t u n e stratif ication en t rec ro i sée , sont des g r è s e s sen ­

t ie l lement si l iceux, de cou leur b l a n c h e ou j a u n e , p l u s r a r e m e n t

r o u g e ou violacée , souvent t end re s et f r iables , parfois assez d u r s et

p r e n a n t p a r des p h é n o m è n e s seconda i res des facies va r i é s ,

quar tz i t e s , j a spe s , meu l i è re . Ces var ié tés on t r eçu de J. Cornet le

nom de grès polymorphes.

Le système d u L u a l a b a du Congo b e l g e , q u e cer ta ins g é o l o g u e s

ont cons idéré c o m m e u n facies o r i e n t a l d u L u b i l a c h e , p r é s e n t e ,

d ' a p r è s M. F o u r m a r i e r , d a n s la rég ion de la L u k u g a p r è s d u lac

T a n g a n y i k a , u n facies su r t ou t sch i s teux avec c o n g l o m é r a t de base

g lac ia i re et couches de hou i l l e et s 'enfonce sous u n e pu i ssan te masse

d e g rès gross iers qu i a p p a r t i e n n e n t sans dou te a u Lubi lache . S'il

en est a ins i , il faut a d m e t t r e q u e le sys t ème d u Lua laba d i spa ra î t à

l 'Ouest dans le Bas et Moyen Congo et q u e le Lubi lache est t r a n s -

gressif au delà des l imites a t t e in tes p a r ce s y s t è m e . De t o u t e façon,

le facies à couches de hou i l l e d i spara î t à l 'Ouest.

Jusqu ' ic i a u c u n fossile n ' a été découve r t dans les g r è s Ba téké a u

Congo f rançais , ni d a n s les par t ies i m m é d i a t e m e n t voisines du

Congo b e l g e . Mais a u Kasaï et dans la val lée du Lub i l ache , M. Ler iche

1. Du nom du plateau Batéké, entre Franceville et le Congo, constitué par ces grès.

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AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 253

a s ignalé dans les couches du Lubi lache une faune l acus t re à Cypris,

Estheria, Planorbis, qu ' i l a t t r i b u e a u Trias s u p é r i e u r et a u Rhé t i en ,

p e u t - ê t r e m ê m e p o u r u n e p a r t au J u r a s s i q u e . De p lus , en t r e S t an -

leyvi l le , e t P o n t h i e r v i l l e , M. Ler iche a d é t e r m i n é dans le sys t ème

sous-jacent du L u a l a b a des Poissons et des Entomos t racés (Estheriel la)

qu i a p p a r t i e n n e n t auss i p r o b a b l e m e n t a u Trias s u p é r i e u r ou a u

Rhé t i en . Enfin, les fo rmat ions hou i l l è res d u s y s t è m e d u L u a l a b a

con t i ennen t d a n s la r é g i o n de la Lukuga des e m p r e i n t e s de plantes

p e r m i e n n e s ou t r i a s iques .

Il résu l te de ces découver tes q u e l ' ensemble L u a l a b a - L u b i l a c h e et

le sy s t ème des g r è s Ratéké équ iva len t s a u Lubi lache a p p a r t i e n n e n t

à la p a r t i e s u p é r i e u r e d u sys tème d u Karroo d 'Afrique aus t r a l e

(Beaufort s u p é r i e u r et S t o r m b e r g ) , c 'est-à-dire au Trias supé r i eu r ,

au Rhét ien et peu t - ê t r e a u d é b u t d u Lias. Depuis le déser t d u Kar­

roo j u s q u ' e n Afrique équa to r i a l e , les fo rmat ions l acus t res ou fluvia­

ti les d u Karroo sont ne t t emen t t r a n s g r e s s i v e s 1 . La série de Dwyka

ne dépasse pas u n e l igne qu i ondu l e e n t r e le 20" pa ra l l è l e et le t ro­

p i q u e d u Capr icorne . Les eaux douces de l ' époque d 'Ecca ont g a g n é

vers le Nord j u s q u ' à une l igne qu i va de Walfish Bay su r l 'At lant ique

j u s q u ' à Mombasa su r l 'Océan Ind ien . C'est seu lement au Karroo

s u p é r i e u r (Beaufort s u p é r i e u r et S to rmbe rg ) q u e la t r a n s g r e s s i o n

a t te int les r ég ions qu i nous in té ressen t ici . Nous v e r r o n s , à p r o p o s

de l 'Oubangu i -Char i , ce q u e l ' on p e u t s u p p o s e r de la l imite sep ten­

t r iona le de cette de rn i è r e t r a n s g r e s s i o n .

4° Métallogénie. Les gisements de cuivre du Congo français.

Les seuls g i s e m e n t s i m p o r t a n t s a c t u e l l e m e n t c o n n u s dans les t e r ­

rains anc iens d u Moyen Congo et d u Gabon sont les g i s emen t s c u p r i ­

fères et accesso i r emen t p lombi fè res ou zincifères de la r é g i o n d u

Niari e t , à l 'Est d e ce l le-c i , de la rég ion d u Djoué.

Les g i semen t s d u Niar i , s i tués su r la r ive g a u c h e d u fleuve e n t r e

Boko-Songo e t Mindouli , et le g i s e m e n t de Renévi l le , s i tué d a n s le

h a u t bass in d u Djoué, a p p a r t i e n n e n t à une zone miné ra l i s ée o r i e n -

1. le rappelle que le système du Karroo comprend de bas en haut l'étage de Dwyka (Carbonifère), Ecca (Carb. sup. et Permien), Beaufort (Permien et Trias), Stormberg (Trias supérieur et Rhétien). La flore spécifiquement australe à Glossopteris ne s'étend Pas au delà du Beaufort inférieur.

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254 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

tée vers le N. N. E. , qu i sui t la b o r d u r e s ep t en t r iona l e d u p l a t eau

des Catarac tes . Au po in t de vue de la géo log ie g é n é r a l e , elle se

p lace dans la r é g i o n const i tuée e s sen t i e l l emen t p a r le sys tème

schis to-ca lca i re et p a r le sys tème sch i s to -g réseux (Kunde lungu) ,

s i m p l e m e n t o n d u l é e , ou affectée de l a r g e s p l i s , qu i fait sui te à l 'Est

aux p l i s serrés et déversés de la cha îne d u Mayombé. Les plis

pa ra l l è les à ceux-ci sont ici t r ès a t t énués et l 'on d i s t i n g u e s u r t o u t les

p l i s de d i rec t ion à p e u près o r t h o g o n a l e , à savoir E. N. E. , an t i c l ina l

de Mindouli à clef de v o û t e é rodée , sync l ina l de T c h i k o u m b a , a n t i ­

cl inal de la val lée d u Niar i . Pa r sui te de l 'existence d u p r e m i e r

an t ic l ina l , le s y s t è m e sch i s to -gréseux , qu i const i tue le p l a t e a u des

Catarac tes , d i spara î t à son r e b o r d sep ten t r iona l , où i l forme falaise

a u - d e s s u s d u sys tème sch i s to -ca lca i re . Il affleure à n o u v e a u en d is ­

posi t ion sync l ina le d a n s des p l a t eaux g r é s e u x c o m m e celu i d e

T c h i k o u m b a , bas t ions avancés d u p la teau des Catarac tes , p o u r

d i s p a r a î t r e c o m p l è t e m e n t p l u s au Nord, a u m o i n s j u s q u ' à F r a n c e -

ville.

Le m i n e r a i es t con t enu d a n s des ca lca i res do lomi t iques p lus ou

moins silicifiés et vacuo la i res , au sommet d u sys t ème sch is to -ca l ­

cai re , i m m é d i a t e m e n t sous le g r è s ou l a b rèche de base du Kunde­

l u n g u . 11 p r é sen t e a ins i l ' aspect d ' u n e c o u c h e i r r é g u l i è r e et d i scon­

t inue p r è s d u contact des deux fo rma t ions .

A Mindouli , g î te le p lus i m p o r t a n t et le mieux connu , on obse rve

de bas en h a u t au -des sus des ca lca i res do lomi t iques stéri les :

a) des calcaires minéralisés. Ces ca lca i res , toujours assez si l iceux

et m a n g a n é s i f è r e s , con t i ennen t de pe t i t es veines ou mouches de c h a l -

cosine et aussi p a r p lace des ve ines et a m a s p lus ou m o i n s impor ­

t a n t s et tou t à fait i r r égu l i e r s d u m ê m e m i n é r a l . Excep t ionne l lement

la cha lcos ine y est t r ans fo rmée p o u r u n e pe t i te p a r t en m a l a c h i t e ou

azur i t e . A la b a s e de cette zone existe souven t u n réseau c o m p l i q u é

de fissures con t enan t des si l icates ou ca rbona tes de cuivre ;

b) l a (erre noire s é p a r é e parfois des ca lca i res p a r u n e mince

couche a rg i l euse . C'est u n p r o d u i t l é g e r , po reux , const i tué essen­

t i e l l emen t pa r de pe t i t s g r a i n s de qua r t z , des oxydes de m a n g a n è s e

a m o r p h e s , de l ' a rg i l e , enfin des m i n é r a u x cupr i fè res (chrysoco l le ,

m a l a c h i t e , d iop t a se , e t c . . . ) , q u i r e m p l i t des poches de d i sso lu t ion

des calcaires sous- jacents ou forme au -des sus d 'eux u n e couche d i s ­

c o n t i n u e . La masse p r i n c i p a l e cont ien t su r tou t des ve inules de ma la -

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AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 255

ch i t e , t and i s q u ' a u - d e s s u s a p p a r a i s s e n t de l a cupr i te et des len t i l les

de cha lcos ine dont il va être ques t i on . La t e r r e no i r e cont ient en

ou t re des r o g n o n s et des b locs de m i n e r a i et des f r agmen t s de

calca i re ou de m e u l i è r e , co r rodés et tapissés de cr i s taux. Le t e n e u r

en cu iv re var ie de 0 à 25 % et, i n d é p e n d a m m e n t des m o r c e a u x de

m i n e r a i massif et des lent i l les de cha l cos ine , s e m b l e ê t re en m o y e n n e

de 6 % ;

c) des lentilles de chalcosine massive q u i sont con tenues dans la

t e r r e no i re p r è s d u toi t et d o n t le po ids var ie de q u e l q u e s ki los à

p lus ieurs tonnes . Au contact de la t e r r e n o i r e , la chalcosine est t r a n s ­

formée en m a l a c h i t e et en si l icates de c u i v r e . A l ' i n t é r i eu r on a

observé parfois de la cha lcopyr i t e e n t o u r é e de b o r n i t e ;

d) u n e couche de terre noire avec intercalations de lits argileux

blanchâtres et des géodes q u a r t z e u s e s tapissées de d iop tase , m a l a c h i t e

ou azur i t e ;

e) une zone argileuse blanchâtre ou rougeâlre ;

f) les grès du Kundelungu ou l a b r è c h e de b a s e de ce sys tème

(g i s emen t de M'Passa). Sur ce d e r n i e r p o i n t la b r è c h e est miné ra l i s ée .

D'une m a n i è r e g é n é r a l e , les g r è s du toit n e sont pas m i n é r a l i s é s .

P o u r t a n t ils con t i ennen t p rès du contact de t rès pe t i tes q u a n t i t é s de

cu ivre et en u n seul p o i n t ont accusé u n e t e n e u r a p p r é c i a b l e de

près de 5 % de Cu.

L ' a r g e n t est associé au cu ivre dans le g i s e m e n t de Mindouli, avec

des t e n e u r s qu i p e u v e n t a t t e i n d r e , d ' a p r è s les r e n s e i g n e m e n t s de

la Société exp lo i t an te , 2 k i l o g r a m m e s p a r t o n n e de cuivre d a n s les

chalcosines mass ives et 600 g r a m m e s p a r t o n n e de cu ivre dans les

t e r res no i r e s . Il existe aussi parfois u n p e u de p l o m b sous forme de

g a l è n e et de m i n é r a u x oxydés et un p e u de zinc sous forme de wi l l é -

mi te dans les gî tes du Niari et sous forme de b l e n d e et c a l a m i n e à

Renévi l le . Enfin le fer sous forme de l imon i t e es t a b o n d a n t dans les

mines du Niar i et du Djoué.

Les cond i t ions , sans ê t re tou t à fait cons t an t e s , sont a n a l o g u e s à

celles qu i v i e n n e n t d ' ê t r e décr i tes d a n s tous les g i sements si tués à

l'Est de la Louvisie o r i e n t a l e . Au c o n t r a i r e , les g i s emen t s de la pa r t i e

occidentale se p résen ten t d a n s des cond i t i ons u n peu différentes . Le

toit de K u n d e l u n g u a été en levé p a r l ' é ros ion . 11 est c e p e n d a n t

p r o b a b l e (Delhaye et Sluys, A. Babe t , Duparc) q u e le m i n e r a i se

t rouva i t là auss i a u contac t des deux fo rmat ions . La t e r r e n o i r e ,

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256 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

qui n ' é t a i t p lus p r o t é g é e , a été lessivée p lus ou moins c o m p l è t e m e n t

et t r an s fo rmée p a r la tér i t i sa t ion en t e r r e r o u g e . Parfois el le a d is ­

p a r u et il n e subs is te p lus q u e la p a r t i e in fé r ieure d u g i s emen t ,

sous forme de ve ines cuprifères dans les ca lcai res (p . ex. à Kin iama

et à Songo) . D 'aut re par t , d a n s ces g i s e m e n t s occ identaux la p r o ­

por t ion de p l o m b et de fer es t souvent p l u s g r a n d e .

Les g i s e m e n t s cupr i fè res du Niari et d u Djoué sont , p a r l e u r

genèse in i t i a le , des g i semen t s d ' i m p r é g n a t i o n . Le c u i v r e , qu i est cer­

t a i n e m e n t d 'o r ig ine p ro fonde et h y d r o t h e r m a l e , b i en q u e l 'on n ' a i t

découve r t en a u c u n po in t de vé r i t ab les filons, s 'est déposé in i t i a le ­

m e n t à l ' é ta t de cha l copy r i t e , su r t ou t a u contact du sys t ème schis to-

calca i re et m a n t e a u g r é s e u x . Il y a eu ensu i t e , sous l ' influence de

la c i rcu la t ion des e a u x , à la fois d isso lu t ion par t i e l l e et silicification

des calcaires et t r ans fo rma t ion de l a cha lcopyr i t e en cha lcos ine , pu i s

en ma lach i t e , chrysoco l le , d iop tase et au t r e s m i n é r a u x oxydés , en

m ê m e t e m p s q u e les r é s i d u s si l iceux, cupri fères e t manganés i fè res

p r e n a i e n t s p o r a d i q u e m e n t le facies de t e r r e no i r e .

L ' a l i gnemen t des g î tes du Niari et du Djoué su r une l igne d i r igée

vers le Nord-Nord-Est p o u r r a i t t r a d u i r e u n e liaison de la mé ta l lo -

gén ie et d e la t ec ton ique , soit q u ' i l y ai t e n p r o f o n d e u r des f rac tures

o r ien tées dans ce sens, e l l e s -mêmes en r a p p o r t avec une des d i rec t ions

de p l i s semen t , soit que la concen t r a t i on d u cuivre soit en r a p p o r t

d i rec t avec le p l i s semen t . P o u r MM. De lhaye et S luys la m i n é r a ­

lisation sera i t liée effectivement à l 'exis tence de failles et f lexures

l ong i tud ina l e s et de fail les t r an sve r sa l e s . D 'après M. Duparc , des

s o n d a g e s récents a u r a i e n t m o n t r é que la zone de con tac t du Kunde-

l u n g u et d u sys tème schis to-calcai re est en g é n é r a l s tér i le dans les

sync l inaux et minéra l i sée dans les an t i c l inaux , plus p a r t i c u l i è r e m e n t

d a n s les d ô m e s au c ro i semen t d e s an t ic l inaux des deux systèmes

o r t h o g o n a u x . Mais la géné ra l i t é d ' u n e te l le disposit ion res te t r è s

d i scu tab le . De p l u s , l ' a l i g n e m e n t des gî tes s 'explique de toute façon

p a r l ' o r i en ta t ion de la l i g n e de contact d u K u n d e l u n g u et du sys tème

sch i s to -ca lca i re .

L a format ion des g i s e m e n t s cupr i fères d u Niari et d u Djoué est

p r o b a b l e m e n t pos té r ieure a u K u n d e l u n g u , où le cu ivre existe excep ­

t i o n n e l l e m e n t en i m p r é g n a t i o n p r i m a i r e , el le es t c e r t a i n e m e n t a n t é ­

r i e u r e au Lubi lache . Elle a p p a r t i e n t sans doute à la g r a n d e pé r iode

des sy s t èmes d u Transvaa l et du W a t e r b e r g , qui est soit p r é c a m -

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AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 257

b r i e n n e , soit p l u s v r a i s e m b l a b l e m e n t c a m b r i e n n e et s i l u r i enne .

11 est i n t é re s san t d e r e m a r q u e r que le g i sement cupr i fère le p lus

i m p o r t a n t d u Sud-Ouest africain, celui de Tsumeb au Nord-Est d e

Walfish Bay, est const i tué p a r des lent i l les minéra l i sées au contac t

d ' un f i lon-couche ap l i t ique dans les dolomies d 'Otavi , q u i sont é q u i ­

valentes au sys tème d u T r a n s v a a l . De m ê m e les g i semen t s de cuivre

de la Rhodésie sep ten t r iona le et d u Katanga sont con tenus dans u n

ensemble de s éd imen t s p r o b a b l e m e n t équ iva len t s aux sys tèmes du

Transvaal et d u W a t e r b e r g . Ce sont aussi des g i s e m e n t s d ' i m p r é ­

gna t ion , avec a l t é ra t ion seconda i re et souven t silicification. Le

calcaire à m i n e r a i no i r , cupr i fère et manganés i f è re , d u Katanga

évoque u n le peu facies des te r res n o i r e s . Bien que l a pos i t ion s t r a t i -

g r a p h i q u e e t les condi t ions ne soient p a s exac tement les m ê m e s , on

voit donc que les g i s e m e n t s cup r i f è r e s les p l u s i m p o r t a n t s d 'Afrique

aus t r a l e et équa to r i a l e se sont formés dans des calcaires do lomi t iques

d ' âge p r o b a b l e m e n t à peu p r è s équ iva l en t .

En d e h o r s des g i sements de cu ivre d u Niari e t d u Djoué, on n ' a

découver t j u s q u ' i c i d a n s les t e r r a ins anc iens du Moyen Congo et d u

Gabon a u c u n g i s e m e n t i m p o r t a n t . P o u r t a n t M. Babe t a s ignalé l 'exis­

tence d e g i s emen t s de graphite con t enus d a n s les schistes g r a p h i ­

teux de Francevi l le , q u i s e r a i en t l ' équ iva len t des schis tes g r a p h i t e u x

du Ka tanga . L 'observa t ion d ' h é m a t i t e et d e m a g n é t i t e dans les a l lu -

vions d e ce r t a ines p a r t i e s d u Mayombé cor respond p e u x - ê t r e à l 'exis­

tence de g i s emen t s de fer i n c o n n u s dans les schistes et quar tz i t e s

m é t a m o r p h i q u e s .

La p résence d 'or en quan t i t é s m i n i m e s a été s igna lée p a r M. Levat

d a n s les a l l uv ions formées au d é t r i m e n t de schistes e t qua r t z i t e s

m é t a m o r p h i q u e s dans les env i rons de Kakamoeka su r le Kouilou,

t r ibu ta i re d i rec t de l 'At lan t ique .

IV. OUBANGUI-CHARI ET CAMEROUN

La plus g r a n d e pa r t i e d e l 'Oubangu i -Char i et d u Cameroun

appar t i en t à la g r a n d e zone c r i s t a l l ophy l l i enne e t c r i s ta l l ine , d i r igée

ouest-est , qui l imi te au Nord la cuve t te congola i se e t s 'é tend depu i s

l 'At lant ique j u s q u ' e n Abyssinie . On d i s t ingue d a n s cette zone des

t e r ra ins c r i s ta l lophyl l i ens l a r g e m e n t cr is ta l l isés , gneiss et m i c a ­

schistes cata- et m é s o m é t a m o r p h i q u e s , des t e r r a i n s c r i s ta l lophyl l iens

GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER. 24

Page 272: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

258 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

de m é t a m o r p h i s m e m o i n s accentué ou é p i m é t a m o r p h i q u e s , schistes

sér ic i teux, quar tz i t e s micacés , e tc . , des séd imen t s in tac ts ou très faible­

m e n t m é t a m o r p h i q u e s , c o m p r e n a n t en p a r t i c u l i e r les g r è s de Fou -

r o u m b a l a , enfin des séd iments de facies m o i n s anc ien , c o m p r e n a n t

en p a r t i c u l i e r les g r è s et cong loméra t s de Mouka. Des roches é r u p -

t ives, p a r m i lesquel les d o m i n e le g r a n i t e , son t parfois associées

é t ro i t emen t aux t e rmes les p lus h a u t e m e n t m é t a m o r p h i q u e s d e la

sér ie c r i s t a l lophy l l i enne . P lus f r é q u e m m e n t elles ont u n ca rac tè re

in t rusi f et t r ave r sen t non s e u l e m e n t la série c r i s t a l lophy l l i enne

for tement m é t a m o r p h i q u e , ma i s des t e r m e s de m é t a m o r p h i s m e

r é g i o n a l faible, t ransformées p r è s d u mass i f é rupt i f p a r m é t a m o -

p h i s m e de contac t . La p l u p a r t des venues é rup t ives , s i non tou tes ,

sont a n t é r i e u r e s aux g r è s de Mouka.

1° Cristallophyllien cata- et mésométamorphique.

Au C a m e r o u n , les facies gne i s s iques h a u t e m e n t m é t a m o r p h i q u e s

s e m b l e n t d o m i n e r . A l 'Est d u C a m e r o u n , dans la par t i e occ iden ta le

de l 'Oubangu i -Char i , les micaschis tes t i ennen t à côté des gneiss u n e

p l ace i m p o r t a n t e . De m ê m e à l 'Est des fo rma t ions schisteuses et

quar tz i t euses de la rég ion de B a n g u i , Kouango , B a m b a r i , ce sont

j u s q u ' à la r iv ière Koto, affluent de l 'Oubangu i , des micaschistes q u i

d o m i n e n t . P lus à l 'Est, il i m p o r t e de n o t e r le d é v e l o p p e m e n t d ' une

sér ie de gneiss e t micaschis tes , c o m p r e n a n t de n o m b r e u s e s i n t e r c a -

la t ions a m p h i b o l i t i q u e s et associée à des dior i tes . Je d é s i g n e r a i p a r

la sui te cet te r é g i o n que t raverse le M'bomou, u n e des deux b r a n ­

ches s u p é r i e u r e s de l 'Oubangu i , f ront ière de l 'Oubangu i -Cha r i et d u

Congo be lge , sous le nom de domaine amphibolique du bas M'bomou.

Ce d o m a i n e s 'é tend vers l 'Est a u de l à d u Ch inko et d e Rafai.

Plus loin vers l 'Est o u le Nord-Est , d a n s l 'Oubangu i -Char i

o r i en ta l , t ou t le long de la front ière d u Soudan ang lo -égyp t i en depu i s

le massif d u Fer t i t (Monts Dar-Chal la et Massif Bongo d e la ca r t e

géo log ique de M. Denaeyer) j u s q u ' a u x Monts D a r a g o u m b a et a u Haut

M'bomou p rès du Congo be lge , on r encon t re de l 'Ouest à l 'Est des

te rmes de m é t a m o r p h i s m e croissant , d ' a b o r d des ta lcschis tes , ch lo r i -

toschis tes et micaschis tes , p u i s des gneiss , en p a r t i c u l i e r des gneiss

g r i s c a t a m é t a m o r p h i q u e s q u i aff leurent sur le versan t oues t e t su r

la crê te des Monts D a r a g o u m b a , enfin u n g r a n i t e gne i s s i que p a s s a n t

aux gne i s s et d u g r a n i t e f ranc , d o n t nous r e p a r l e r o n s p lus lo in .

Page 273: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 259

2° Cristallophyllien épimétamorphique.

De m ê m e q u e d a n s tou tes les pa r t i e s connues d u vieux socle afr icain,

p a r exemple T ransvaa l , Rhodés ie , Congo be lge , o n observe ici à

côté des gne i ss ou micaschis tes , des t e r m e s m o i n s t r ans fo rmés , sans

qu 'on sache b i e n le p l u s souvent s'ils on t p r i s naissance a u cours

d ' u n m ê m e cycle de m é t a m o r p h i s m e et d 'o rogenèse et cons t i tuent

s e u l e m e n t la pa r t i e h a u t e de l ' ensemble des gne i s s et micasch i s tes ,

ou b i en s'ils sont d i s c o r d a n t s su r cet ensemble et a p p a r t i e n n e n t à

u n cycle m o i n s anc ien . Leur facies c o r r e s p o n d à celui du « sys tème

m é t a m o r p h i q u e » du Congo b e l g e .

Ils on t é té observés en pa r t i cu l i e r sous forme de p h y l l a d e s , q u a r t ­

zites, ca lcai res c r i s ta l l ins , d a n s le bass in m o y e n d u Faro au C a m e r o u n

s ep t en t r i ona l . Des prospec t ions r écen t e s on t révé lé l e u r existence d a n s

la par t ie n o r d - o u e s t d e l 'Oubangu i -Char i , su r le v e r s a n t d e l a Bénoué ,

où ils aff leurent su ivan t u n e l o n g u e b a n d e à l 'Ouest d e Leré e t

dans u n g r a n d l a m b e a u à l 'Ouest d e P a l a 1 . Dans l e massif essen­

t ie l lement g r a n i t i q u e d u Yadé, q u i est à cheva l s u r le Cameroun et

l 'Oubangu i -Char i , on en conna î t p l u s i e u r s l a m b e a u x , en p a r t i ­

cul ier celui de Bozoum. Leur extens ion s e m b l e à l 'Est de ce massif

b ien p lus g r a n d e q u ' o n n e l ' avai t c ru d ' a b o r d , tou t le l o n g d u b o r d

m é r i d i o n a l d e la cuvet te d u Tchad , pu i s ve r s le Sud , j u s q u e dans l a

rég ion de F o r t - C r a m p e l , des M'bré e t de For t -S ibu t . On re jo in t a ins i

l a r é g i o n de Bangu i , de For t -Posse l et d u K o u a n g o , où les p h y l l a d e s

et quar tz i t es c o u v r e n t a u Nord d e l ' O u b a n g u i d e l a r g e s surfaces .

Dans ce t e n s e m b l e , qua r t z i t e s , p h y l l a d e s , schistes sér ic i teux de

l 'Oubangui m o y e n , s ' in te rca len t d e s i t ab i r i t es , fo rmées essen t ie l l ement

de q u a r t z e t d 'o l ig i s te q u i , à la faveur d u p l i s semen t a i g u d e tou te

la sér ie , affleurent d a n s une b a n d e de d i rec t ion N. N. W . depu i s

Roandj i au Nord de B a m b a r i p e u t - ê t r e j u s q u ' a u x M'bré. Dans la

par t ie cen t ra le de cet te zone , en deux po in t s é l o i g n é s , au Mont Topa

et au Mont Kadé, exis tent des concen t r a t i ons r e m a r q u a b l e s d 'o l ig is te .

Dans l ' O u b a n g u i - C h a r i o r i en t a l , l a zone é p i m é t a m o r p h i q u e affleure

d ' une m a n i è r e g é n é r a l e à l 'Ouest ou a u Nord des gne i ss et m ica ­

schistes cata- e t m é s o m é t a m o r p h i q u e s s ignalés p l u s h a u t e t accuse

a ins i d a n s le m ê m e sens une d iminu t ion encore p lus sens ib le d u d e g r é

m é t a m o r p h i q u e . A cet te zone a p p a r t i e n n e n t l es schistes e t qua r t z i t e s

1. Non figurés sur la carte de M. Denaeyer.

Page 274: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

260 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

des Monts Dar-Chal la et à la po in te sud-es t de l 'Oubangu i -Char i une

b a n d e assez c o n t i n u e , mise en év idence p a r des prospect ions r écen te s ,

qui s ' é tend en d i rec t ion E. S. E. d e p u i s Yal inga su r le M'bari , j u s q u ' à

l'Est d e Zemio , su r le M'bomou, et sans dou te au delà a u Congo be lge .

3° Grès et poudingues de Fouroumbala

(équiva len t possible d u K u n d e l u n g u ) .

Dans la rég ion des r iv iè res B a n g u i , Koto, affluents de l ' O u b a n g u i ,

au Nord de F o u r o u m b a l a , affleure l a r g e m e n t un e n s e m b l e de

p o u d i n g u e s , a r k o s e s , g rès qua r t z i t eux , p s a m m i t e s et schis tes a r g i ­

leux, parfois de cou leu r gr i s c la i r , le p lus souvent de cou l eu r r o u g e

ou rose , qu i d ' a p r è s des obse rva t i ons r écen tes est c e r t a i n e m e n t

pos t é r i eu r aux micaschis tes d e Mobaye et p r o b a b l e m e n t aux schistes

et quar tz i t e s d e l a sér ie é p i m é t a m o r p h i q u e . En effet, M. Dubois a

observé , e n t r e Mobaye et Zanga , à la base des schistes et psammi tes ,

u n p o u d i n g u e d e base d i s co rdan t s u r les micaschis tes .

Dans la pa r t i e i n f é r i eu re de cet e n s e m b l e , les schistes et p s a m m i t e s

c o m p r e n n e n t au m o i n s u n e in te rca la t ion de schis tes c h a r b o n n e u x .

Dans la pa r t i e s u p é r i e u r e , p r o b a b l e m e n t c o n c o r d a n t e , q u i cons t i tue

le g r è s de F o u r o u m b a l a p r o p r e m e n t d i t , exis tent des bancs à s t r a t i ­

fication en t r ec ro i s ée . L ' ensemble est plissé e t accuse une d i rec t ion

t ec ton ique N. E.

A 150 k m . vers l e Nord d a n s le bassin de la h a u t e Ouaka , M. Dubois

s igna l e l 'existence d ' u n e sér ie d ' a rkoses et g r è s gross iers qu i se

d i s t i n g u e r a i e n t n e t t e m e n t des schistes m é t a m o r p h i q u e s sous - jacen t s

et sont de t ou t e façon s û r e m e n t a n t é r i e u r s a u sys tème du Kar roo .

D 'après des obse rva t ions d e De Leener , ce t te sér ie est d i scordan te

su r les schistes m é t a m o r p h i q u e s et s emb le b ien ainsi a p p a r t e n i r au

m ô m e sys t ème q u e la sér ie de F o u r o u m b a l a .

Enfin, u n p e u p l u s au Nord , p r è s de N'délé , d a n s u n e r é g i o n qu i

a p p a r t i e n t dé jà au bass in h y d r o g r a p h i q u e du Tchad, affleurent des

g rès g ro s s i e r s de c o u l e u r rose , parfois à s trat if icat ion en t r ec ro i sée ,

associés à des p o u d i n g u e s et à des q u a r t z o p h y l l a d e s , qu i sont

a n t é r i e u r s aux g r è s ho r i zon taux de N'délé et a p p a r t i e n n e n t p e u t - ê t r e

au m ê m e sys t ème .

Dans les trois r é g i o n s d o n t i l v ient d ' ê t re ques t ion , mais p lus

p a r t i c u l i è r e m e n t dans les deux de rn iè re s , ces fo rma t ions sont assez

fo r t emen t plissées. Elles sont pos t é r i eu res aux g r a n i t e s anc i ens , ma i s

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AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN 261

ont subi l ' influence des d e r n i è r e s venues é rup t ives . Pa r ces c a r a c ­

t è r e s 1 , p a r l e u r â g e i n t e r m é d i a i r e , s emble - t - i l , e n t r e celui des séries

m é t a m o r p h i q u e s ou c r i s t a l lophy l l i ennes et celui d u Karroo, el les se

p lacen t dans l ' échel le c h r o n o l o g i q u e à p e u p rès à l a m ê m e é p o q u e

que les sys tèmes schis to-ca lca i re e t schis to-gréseux ( K u n d e l u n g u ) d u

Congo b e l g e , e u x - m ê m e s équ iva len t s p r o b a b l e s de l ' en semble

T r a n s v a a l - W a t e r b e r g d ' f i r ique m é r i d i o n a l e . Les g r è s et p o u d i n g u e s

de F o n r o u m b a l a e t d e N 'dé lé é v o q u e n t d ' a i l l eu r s p a r l e u r facies les

g rès et p o u d i n g u e s d u K u n d e l u n g u . Il es t i m p o r t a n t de no te r à cet

é g a r d que le colonel Henry a observé , d a n s l 'A ruwimi a u Nord d e

Stanleyvi l le , une sér ie assimilée au K u n d e l u n g u d u K a t a n g a et c o m ­

p r e n a n t des p o u d i n g u e s , d e s g r è s e t schis tes r o u g e s , des p s a m m i t e s

et d e s schis tes fins no i râ t r e s c h a r b o n n e u x , c ' e s t -à -d i re , y c o m p r i s ce

d e r n i e r t e r m e , des facies i d e n t i q u e s à ceux d e F o u r o u m b a l a .

Dans la pa r t i e oues t de l 'Oubangu i -Char i , on p e u t r a p p o r t e r à l a

sér ie de F o u r o u m b a l a l e l a m b e a u g ré seux de Mobaye et deux au t r e s

l a m b e a u x , l ' un i m m é d i a t e m e n t au Sud de Fo r t Possel , su r la r ive

g a u c h e d e l 'Oubangu i , c 'es t -à-di re dé jà a u Congo b e l g e , l ' a u t r e qu i

est r e c o u p é p a r l ' O u b a n g u i p r è s d e Z inga .

4° Grès de Mouka et de N'délé.

A l 'Ouest et a u Sud d u massif cr is ta l l in de Dar-Challa , f ront ière

d u S o u d a n a n g l o - é g y p t i e n e t de l ' O u b a n g u i - C h a r i , aff leure, s u r

de g r a n d e s é tendues , au -dessus du socle c r i s t a l lophy l l i en et c r i s ta l l in

et en cer ta ins po in t s a u - d e s s u s des g r è s anciens de N 'dé lé , u n e sér ie

de g rès e t p o u d i n g u e s hor izontaux ou l a r g e m e n t ondu lé s .

Près de Mouka, l a série repose e n d i scordance su r les gne i ss e t

micaschis tes et s u r d e s qua r t z i t e s redressés p a r l ' i n t e r m é d i a i r e d ' u n

p o u d i n g u e à ga le t s de quar tz et p l o n g e fa ib lement vers le N . N . E.

Près d e N 'dé lé , l a sér ie d é b u t e p a r u n c o n g l o m é r a t à c i m e n t

f e r rug ineux e t c o m p r e n d d e s p o u d i n g u e s , des a r k o s e s , des g r è s

gross iers f e r rug ineux .

Elle s 'é tend loin vers l 'Est j u s q u ' a u c œ u r d u massif d u Dar-Chal la ,

dans la r ég ion d e Ouanda-Dja lé . Elle c o m p r e n d l à des g rès à g r a i n

1. Il existe du granite intrusif dans la série de Roan de Rhodésie septentrionale, qui correspond à la partie inférieure du système schisto-calcaire du Katanga. Au Transvaal, le granite et la norite sont intrusifs dans le système du Transvaal. D'autre part, si le Kundelungu est resté à peu près horizontal sur de grandes étendues, il est engagé dan le plissement du rameau katango-rhodésien.

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262 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

de qua r t z et c iment s i l iceux ou p l u s r a r e m e n t f e r rug ineux , parfois à

stratif ication en t rec ro i sée et, p r è s d e la base , des bancs de c o n g l o m é r a t

qui ont j u s q u ' à 2 m è t r e s de p u i s s a n c e . Le contac t de b a s e et la

d i scordance s u r les gne i ss et qua r t z i t e s sous- jacents ont été observés

en p lus i eu r s p o i n t s 1 .

En ra ison de l eu r posi t ion s t r a t i g r a p h i q u e et d e l eu r a l l u r e t ec to ­

n i q u e , les g rès de Mouka et d e N 'dé lé ont été a t t r i bués , m a l g r é

l ' absence de fossiles, a u sys tème d u Karroo qu i const i tue l a cuvet te

congola ise à q u e l q u e 200 k i lomè t re s p l u s a u Sud (système du Lua laba

e t du Lubi lache) . Leur facies fluvio-lacustre r appe l l e d ' a i l l eu r s ceux

d u L u a l a b a et p lus encore ceux d u Lub i l ache . Déjà au Congo b e l g e

le L u a l a b a d i m i n u e de pu issance ou m ê m e d i spa ra î t c o m p l è t e m e n t

vers le Nord et vers l 'Ouest. Les fossiles découve r t s en t r e Stanleyvi l le

et Pon th i e rv i l l e d a n s le sys tème du Lua l aba a u - d e s s o u s des couches

de Lubi lache p e r m e t t e n t d ' a t t r i b u e r celles-ci aux é t ages d u Beaufort

s u p é r i e u r ou d u S t o r m b e r g du sys tème d u Karroo d 'Afrique a u s t r a l e ,

c ' e s t -à -d i re a u Tr ias s u p é r i e u r ou a u Rhét ien . On sera i t ainsi condu i t

à a t t r i b u e r les g r è s de Mouka e t de N'délé au Tr ias supé r i eu r ou a u

Rhé t i en . Mais il est possible aussi , c o m m e l 'a s u p p o s é avec dou te

M. Denaeyer , que ces g r è s soient l ' équ iva l en t des fo rmat ions ho r i zon­

ta les de l 'Enned i et de l 'Ouadaï , où l 'on a découve r t des fossiles

g o t h l a n d i e n s , dévon iens et d i n a n t i e n s .

5° Roches éruptives.

Le g r a n i t e t i en t u n e g r a n d e p lace d a n s le C a m e r o u n e t d a n s

l 'Oubangu i -Cha r i , a u mil ieu des gneiss , des micaschis tes et des

schistes p lus ou m o i n s m é t a m o r p h i q u e s .

Les deux massifs p r inc ipaux sont celui d u Yadé (ou des Monts Karé)

d a n s l ' O u b a n g u i occ iden ta l e t les pa r t i e s voisines du C a m e r o u n et le

massif d u Dar-Chal la (ou d u Fer t i t ) et des Monts D a r a g o u m b a d a n s

l ' O u b a n g u i or ien ta l et l es pa r t i e s voisines d u Soudan a n g l o - é g y p t i e n .

Dans ce massif or ienta l existent d u g r a n i t e g r i s à g ra in fin, assez

r i che en b io t i te , et d u g r a n i t e rose à g r a n d s é l émen t s d 'o r those , tous

deux p a s s a n t a u gne iss , c ' e s t -à -d i re des g ran i t e s p ro fonds q u i on t

p r i s naissance en m ê m e t e m p s q u e le c r i s t a l lophyl l i en , mais auss i des

g r a n i t e s int rusi fs p l u s j e u n e s de facies p e g m a t i t i q u e 1 . Le massif

g r a n i t i q u e d u Yadé s emb le p lu tô t de ca rac tè re intrusif. Il a b s o r b e et

1. J. L. Middleton, rapport inédit.

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AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 263

injecte des schis tes fa ib lement m é t a m o r p h i q u e s . De m ê m e le massif

mo ins i m p o r t a n t de B a m b a r i d a n s le bass in d u Kouango , affluent

de l 'Oubangu i , est n e t t e m e n t in t rus i f d a n s l e complexe m é t a m o r ­

p h i q u e de schistes e t quar tz i t es micacés et d ' i t ab i r i t es . Le facies es t

souvent u n facies p o r p h y r o ï d e ou d u moins à g ros é l émen t s . Souvent

auss i c 'est u n g r a n i t e à d e u x micas ( g r a n u l i t e a u s ens f r ança i s ) .

Entre l e Kouango e t le M'bari ce sont encore des roches in t rus ives

f r anchement ac ides qu i p r é d o m i n e n t . Au con t r a i r e , les d ior i tes ,

p lu tô t except ionnel les dans l ' O u b a n g u i occ identa l , p r é d o m i n e n t d a n s

la zone a m p h i b o l i q u e d u bas M'bomou don t i l a été ques t i on p l u s

h a u t . Ces dior i tes on t un ca rac t è re intrusif , et , d ' a p r è s M. Mousienko,

sont t an tô t des d ior i t es n o r m a l e s formées d 'o l igoc lase et de h o r n -

h lende avec un p e u d ' a u g i t e , t a n t ô t des d ior i tes p y r o x é n i q u e s

formées d 'o l igoclase , d i a l l age e t h y p e r s t h è n e , ou encore des d ior i t es

à mica n o i r ou des d ior i tes quar tz i fè res à mica no i r . En r a i son d e

l ' abondance des a m p h i b o l i t e s d a n s cet te r é g i o n , o n p e u t se d e m a n d e r

si les d ior i t es ne r é s u l t e n t p a s d ' u n p h é n o m è n e d ' e n d o m o r p h i s m e .

b a n s l a m ê m e r é g i o n ex is ten t d ' a i l l eurs des g r a n i t e s intrusifs et d e

n o m b r e u x filons de q u a r t z .

M. Denaeyer a s igna lé en q u e l q u e s po in t s d e s g r a n i t e s a lca l ins

avec ou sans métas i l ica tes sod iques au C a m e r o u n et dans l ' O u b a n g u i -

Chari a u Nord de N 'dé lé .

D 'une m a n i è r e g é n é r a l e , l e s i n t r u s i o n s g r a n i t i q u e s ou d io r i t i ques

on t d o n n é l i eu , d a n s les schistes t r ave r sés , à u n m é t a m o r p h i s m e de

contact , p a r e x e m p l e c r i s ta l l i sa t ion de g r o s g r e n a t s d a n s les schis tes

a u con tac t d u g r a n i t e de B a m b a r i p r è s de Roandj i , d é v e l o p p e m e n t

de b io t i te , t o u r m a l i n e , ru t i l e , z i rcon, monaz i t e e t aussi d ' o r qu i appa ­

raissent d e m a n i è r e p r e s q u e cons tan te d a n s les a l luv ions au vois inage

i m m é d i a t d u con tac t . Ces p h é n o m è n e s de con tac t p r e n n e n t a ins i u n

g r a n d in t é r ê t p r a t i q u e , l o r s q u e l e u r signif icat ion m é t a l l o g é n i q u e a

été d é g a g é e .

O n n ' a s igna lé j u squ ' i c i nu l l e p a r t des massifs i m p o r t a n t s de r o c h e

bas ique p ro fonde q u i au ra i en t u n g r a n d in té rê t e n ra i son de leur rô le

m é t a l l o g é n i q u e . A n o t e r s eu l emen t d a n s ce s ens la no r i t e o b s e r v é e

p rès de N'délé p a r Cour te t . Les roches h y p o a b y s s i q u e s son t r e p r é ­

sentées d e m a n i è r e p l u s c o m m u n e , en p a r t i c u l i e r p a r des filons de

d iabase q u i sont t a n t ô t en l i a i son avec les v e n u e s é rup t ives a n c i e n n e s ,

t an tô t avec des v e n u e s vo lcan iques b e a u c o u p p lus r é c e n t e s . C'est

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264 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

ainsi que les seu i l s des r a p i d e s de Zinga, de Bangu i , d e l 'É l éphan t

de l ' O u b a n g u i sont const i tués p a r des d iabases . Quant aux roches

vo lcan iques , il en se ra ques t ion p l u s loin en m ê m e temps q u e des

roches volcaniques du Darfour et d u Tibes t i .

Les v e n u e s é rup t ive s i n t r u d v e s du C a m e r o u n et de l 'Oubangu i -Char i ,

g r a n i t e s ou d io r i t e s , sont en r a p p o r t avec le p l i s s e m e n t i n t e n s e des

gneiss et schis tes m é t a m o r p h i q u e s . Files sont tou tes an t é r i eu re s aux

g r è s hor i zon taux de Mouka et de N'délé , c ' e s t - à -d i re p r e s q u e ce r ta ine ­

m e n t p r é c a m b r i e n n e s ou p a l é o z o ï q u e s ; il s e m b l e que les g rès anc iens

de F o u r o u m b a l a soient pos tér ieurs , s inon à tou tes les v e n u e s , d u moins

à la p l u p a r t . S'il en est a ins i , les g ran i t e s se ra ien t e n g é n é r a l p r é c a m ­

b r i e n s et i l y a u r a i t e n c o r e eu , c o m m e en Afrique aus t r a l e , d e s

venues au Pa léozo ïque ancien a v a n t l ' époque d u Karroo .

6° Métallogénie.

P o u r le m o m e n t , les seules r e s sources miné ra l e s ut i les de q u e l q u e

i n t é r ê t a u Cameroun et dans l 'Oubangui -Char i , son t l 'or et le d i a m a n t .

Encore les p r e m i è r e s r econna i s sances sont -e l les t r ès récen tes e t

l ' exploi ta t ion c o m m e n c e à pe ine .

a) Gisements d'or.

L'or a é té r econnu en pet i tes quan t i t é s su r b e a u c o u p de points d a n s

les a l luvions des r iv ières qu i t r a v e r s e n t les t e r r a in s c r i s ta l l ins , c r i s -

t a l lophy l l i ens ou m é t a m o r p h i q u e s . Il a p p a r a î t parfois lo in de tou t

contact g r a n i t i q u e , en q u a n t i t é m i n i m e il es t v r a i , et p rovient a lo r s

soit d ' o r d i sséminé dans les micasch is tes , soit des filonnets q u a r t z e u x

qu i les t r a v e r s e n t . Mais le p lus souven t il s e m b l e en r a p p o r t avec

u n e zone de contact . D'après les r a p p o r t s de p rospec t ion , des t eneurs

app réc i ab l e s a u r a i e n t été observées dans les rég ions s u i v a n t e s 1 : zone

de contact d u massif g r a n i t i q u e de B a m b a r i et d e la sér ie m é t a m o r ­

p h i q u e d e micaschis tes , qua r t z i t e s , i t ab i r i t e s , e t de son p r o l o n g e m e n t

v e r s le Nord-Ouest d a n s la d i rec t ion d e s M'bré ; zone a m p h i b o l i q u e

et d ior i t ique d u b a s M'bomou, r é g i o n de Ouanda-Dja lé (massif d u

Fer t i t ) .

La seu le zone où l ' explo i ta t ion ai t c o m m e n c é est celle du massif

de B a m b a r i , p rè s de Roandj i au Nord de Bambar i . D'après un r a p p o r t

1. Ceci n'exclut pas naturellement la possibilité de reconnaître des gisements inté­ressants dans d'autres régions où la prospection est moins avancée et n'implique d'ailleurs aucune certitude quant à l 'exploitabilité de l'or dans les régions citées.

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AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 265

de M. Brus t ie r , les a l luv ions aur i fè res r eposen t su r u n b e d - r o c k de

schis tes sérici teux et t a l q u e u x à pet i te d i s tance du contact g r a n i t i q u e .

D'après M. J.-L. Middleton, on a obse rvé dans les micaschis tes en place

de pe t i t s f i lonne t s de q u a r t z l é g è r e m e n t aur i fè re . Comme d ' a u t r e

p a r t l ' enr ich issement des a l luv ions est n e t t e m e n t en r a p p o r t avec l a

proximi té d 'un contac t , on ne s a u r a i t dou te r que l 'or a été a p p o r t é

p a r le g r a n i t e ou pa r des filonnets de q u a r t z liés à la venue g r a n i t i q u e .

En d e h o r s de q u e l q u e s pép i t e s , l ' o r es t e n g é n é r a l d a n s les sab les e n

par t i cu les t rès fines de forme s p h é r i q u e . Dans la r é g i o n de Ouanda-

Djalé, on cons ta te de m ê m e que l 'o r es t à p e u p r è s absen t dans les

zones cr is ta l l ines et c r i s t a l lophy l l i ennes ca t a - ou m é s o m é t a m o r ­

p h i q u e s et a p p a r a î t s e u l e m e n t dans les r iv ières q u i t r ave r sen t des

schistes ou q u a r t z i t e s de m é t a m o r p h i s m e faible, p r è s d ' u n contac t

g r a n i t i q u e . Ici é g a l e m e n t l 'or es t lié à des v e n u e s de roches ac ides .

Dans la zone a m p h i b o l i q u e et d io r i t i que d u bas M'bomou, l ' o r ig ine de

L'OR es t u n peu i n c e r t a i n e . Il s e m b l e à p r e m i è r e vue q u e la p r é s e n c e

de l 'or est e n r a p p o r t avec le ca rac t è re mo ins ac ide de la roche

é rup t ive . MM. Rodine et Korableff ont m ê m e s igna lé que la d ior i te de

Rafaï contenai t parfois de la py r i t e et des t races d 'o r . La d iminu t ion

de la t e n e u r en o r d a n s les a l luvions au delà d u Chinko, à l 'Ouest de

l a zone a m p h i b o l i q u e , p e u t ê t re considérée c o m m e u n a r g u m e n t dans

le m ê m e sens . P o u r t a n t , m ê m e si l 'or dé r ive i n d i r e c t e m e n t de la

venue d io r i t i que , il s e m b l e b i e n que sa v e n u e soit en r a p p o r t d i rec t

avec les n o m b r e u x filonnets q u a r t z e u x q u i r e c o u p e n t la roche en

p lace , micaschis tes et a m p h i b o l i t e s , a u vois inage des a l luv ions a u r i ­

fères. En sens inverse il y a lieu de r a p p e l e r ici que les g i sements a u r i ­

fères de Kilo-Moto au Congo b e l g e , à peu p rès dans le p r o l o n g e m e n t

axial des p récéden ts , s e m b l e n t en r a p p o r t avec des venues de d ior i te

et de d i abase .

La r épa r t i t i on de l 'o r d a n s les a l luv ions est conforme à cel le q u i a

été observée dans b e a u c o u p d ' a u t r e s r é g i o n s du g l o b e : p a r exemple

dans la zone d u bas M'bomou, MM. Rodine e t Korableff on t observé de

h a u t en b a s :

u n e a r g i l e j a u n e l a t é r i t i q u e ,

u n sab le fin a u r i f è r e ,

des g r a v i e r s où l 'or p r é s e n t e les t e n e u r s les p l u s élevées,

le b e d - r o c k qu i es t aur i fè re su r 2 ou 3 c e n t i m è t r e s .

La forme et l ' épa isseur des a l luvions ont une g r a n d e i m p o r t a n c e a u

Page 280: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

266 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

poin t de vue des facilités d 'exploi ta t ion et d u pr ix de r ev ien t . Dans la

r é g i o n d e l a h a u t e Ouaka , sauf su r les q u a r t z i t e s , les val lées sont

m a r é c a g e u s e s e t é l a r g i e s . Les g r a v i e r s sont couver ts p a r d u sable

cou lan t , d u sab le a r g i l e u x et de la t e r r e . Dans le bass in d u Gr ib in-

g u i , p r è s de For t -Crampel et p l u s en aval j u s q u ' à l a cuvet te d u C h a r i ,

les a l luv ions t r o p épa isses se p r ê t e n t mal à l ' exploi ta t ion de l 'o r . De

m ê m e , p r è s d e N'délé , les a l luvions sont de p lus en p l u s épaisses

vers le Nord, d a n s la d i rec t ion de l 'Aouk, affluent du Char i . Les g r a v i e r s

r i ches , s'ils existent , sont enfouis sous des sables , g r a v i e r s et a r g i l e s

s tér i les . Au con t r a i r e , à la p o i n t e n o r d - o u e s t de l ' O u b a n g u i - C h a r i ,

et sud-oues t d u Tchad s u r le ve r san t de la Bénoué , rég ion de Lamé et

de Léré, les r iv iè res sont sans g r a v i e r s . De ce côté on a p u s eu l emen t

j u s q u ' i c i t r o u v e r u n p e u d 'o r d a n s des g r a v i e r s et co n g lo méra t s

a n c i e n s de l a N 'da la , affluent du Mayo P y , l u i - m ê m e sous-affluent

d e la Bénoué , su r u n b e d - r o c k de schis tes a m p h i b o l i q u e s .

Ces exemples mon t r en t d a n s q u e l sens peuven t ê t re o r i en tées les

r eche rches d 'o r en Oubangu i -Char i : é tudes des a l luvions d ' a l l u r e

exp lo i t ab le , d a n s les r é g i o n s de schis tes fa ib lement m é t a m o r p h i q u e s ,

p l u t ô t que d a n s les r é g i o n s de micaschis tes f rancs , de gneiss ou de

g r a n i t e , et , de toute façon, p r è s des contac ts de g r a n i t e ou d e d ior i te

ou d a n s des zones d ' in jec t ion q u a r t z e u s e .

b) Gisements diamantifères.

Le p r e m i e r cristal de d i a m a n t de l 'Oubangu i -Char i a été t r o u v é en

1914 d a n s des a l luv ions p r è s d ' Ippy , d a n s le bass in du Kouango ,

affluent de l ' O u b a n g u i 1 et es t conservé a c t u e l l e m e n t d a n s la col lect ion

d u Muséum.

Les r e c h e r c h e s en t repr i ses à p a r t i r de 1926 n ' o n t mis en év idence ,

p rès d ' I ppy , a u c u n g i s e m e n t explo i tab le . Mais d u d i a m a n t a été

découver t en mai 1928 à 120 k i lomè t re s au Nord-Est d ' I ppy , dans la

r ég ion de Br ia , p rè s d u confluent d u Koto et du B o n g o u . Depuis

cet te é p o q u e , la p rospec t ion sys t éma t ique de cet te r é g i o n e t d ' u n e

r é g i o n de cons t i tu t ion géo log ique ana logue au Nord d u massif d u

Dar-Chal la a p e r m i s de r econna î t r e en p lus ieurs poin ts des a l luvions

d iamant i fè res qu i , d ' ap rès les r a p p o r t s de prospec t ion , se ra ien t exp lo i ­

tables . La p r é s e n c e d u d i a m a n t d a n s les a l luvions est en r a p p o r t avec

le vo i s inage de bancs c o n g l o m é r a t i q u e s , qu i a p p a r a i s s e n t à la base

1. A. Lacroix, Minéralogie de la France d'Outre-Mer. — Bulletin du Muséum, 1931, p. 85.

Page 281: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE EQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 267

des grès horizontaux de N'délé. Le diamant, dont les gîtes primai­res étaient dans le socle ancien, a donc été entraîné en même temps que les autres éléments détritiques et déposé immédiatement au-des-sus du socle dans les formations fluvio-lacustres de la série de Mouka (Karroo supérieur ou siluro-dévonien), puis remanié à partir de ces formations dans les alluvions quaternaires. Les conglomérats con­tiennent des galets dequartzite, de jaspe, de quartz filonien. Les sables lourds des alluvions voisines sont formés essentiellement de zircon, tour­maline, rutile, disthène, staurotide, clirysobéryl, ilniénite, et contien­nent parfois du diamant, enfin un peu d'or et des traces de platine1. U est très remarquable de constater que, dans des conditions géolo­giques identiques, à 200 kilomètres plus au Nord, du côté de Ouanda-Djalé, sur le bord septentrional de la vaste zone d'affleurement des grès horizontaux de N'délé, des diamants ont été découverts dans les alluvions, au voisinage des conglomérats de base de la série de N'délé. Les concentrés, comme ceux du bord méridional, contiennent disthène, tourmaline, staurotide, rutile, zircon, ilménite, un peu d'or et des traces de platine.

Les gîtes primaires de ces diamants remaniés sont inconnus. La présence de l'ilménite et de traces de plaline dans les gîtes de rema­niement évoque l'idée d'un apport par des roches basiques intrusives dans les terrains plissés du socle ancien. Pourtant la plupart des minéraux associés sont des minéraux de roches acides et, en ce qui concerne l'ilménite, M. J. L. Middleton a observé à 18 kilomètres du bord sud du conglomérat ce minéral dans des veines de quartz.

Quelle que soit la valeur pratique des gisements diamantifères de la bordure de grès de N'délé, dont on ne saurait encore préj uger actuel­lement, ils présentent un grand intérêt par leur condition géologi­que, analogue à celle des beaux gisements en pleine exploitation du Kasaï qui, au Congo belge et en Angola, apparaissent eux aussi à la base d'un ensemble détritique à peu près horizontal, peut-être de même âge.

Les diamants de l'Oubangui-Chari sont bien plus anciens que ceux •les grands gisements du Transvaal, contenus dans la kimberlite, ba­salte à olivine et mélilite ou néphéline de la famille des ijolites ou dans "ne limburgite de la famille des péridotites, d'âge crétacé, et dans des

L Rapport de M, J. L. Middleton.

Page 282: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

268 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

g î t e s te r t ia i res ou q u a t e r n a i r e s de r e m a n i e m e n t à pa r t i r des c h e m i ­

nées de k i m b e r l i t e . Ils se p r é sen t en t au con t ra i re dans des condi t ions

g é o l o g i q u e s ana logues à celles des g i s e m e n t s de S o m a b u l a 1 à l'Est de

B u l a w a y o en Rhodés ie mér id iona l e , où la base d u Karroo s u p é r i e u r ,

e n contac t d i rec t avec le g r a n i t e d u socle anc ien , est d i aman t i f è r e .

c) Gisements divers.

P a r m i les g i sements d e m o i n d r e i n t é r ê t , a u moins pour le m o m e n t ,

on p e u t c i ter les g i s e m e n t s de g r a p h i t e é tudiés p a r M. Brus t ie r dans

la rég ion d ' Ippy au Nord de B a m b a r i et des g i s e m e n t s a l luv ionna i res

de monaz i t e r i che en cé r ium et t h o r i u m , r e c o n n u s pa r M. Brust ier .

V . L E S T E R R A I N S A N C I E N S AU NORD E T A L ' E S T DU TCHAD

La p l u s g r a n d e pa r t i e d u t e r r i t o i r e d u T c h a d , qui c o r r e s p o n d à ce

q u ' o n appe l l e h a b i t u e l l e m e n t la cuvet te du Tchad , est const i tuée

essent ie l lement p a r des fo rmat ions récen tes , q u i sont des sab les ,

a rg i les et ca lca i res , des d u n e s m o r t e s ou des d u n e s actuel les d a n s la

p a r t i e s ep t en t r i ona l e , avec q u e l q u e s po in t emen t s d u socle g r a n i t i q u e

ou gne i s s ique . C'est s eu l emen t à l 'es t e t a u n o r d du Tchad , près d u

S o u d a n , de la Libye et de la po in te no rd -es t de l 'Afr ique occ iden­

ta le française dans l 'Ouadaï , l 'Ennedi , le Borkou , le Tibest i , que l 'on

obse rve su r de g r a n d e s é t e n d u e s ce socle et les t e r r a i n s anc iens qu i

le r e c o u v r e n t .

1° Cristallophyllien et cristallin.

Les t e r r a ins c r i s ta l lophyl l iens p l u s ou moins m é t a m o r p h i q u e s de

l 'Ouadaï p ro longen t au de là de la dép re s s ion de l 'Aouk q u i a p p a r ­

t ient à l a cuvet te t c h a d i e n n e les t e r r a i n s a n a l o g u e s d e l 'Oubangu i -

Chari o r i en ta l , a u x q u e l s ils son t d ' a i l l eurs liés p a r l ' i n t e r m é d i a i r e d u

S o u d a n a n g l o - é g y p t i e n . Ce sont des gneiss cata- ou m é s o m é t a m o r p h i ­

q u e s , gne i s s g r i s r u b a n é s , parfois g l a n d u l e u x , souven t g r an i t o ïde s ,

des gneiss d io r i t iques et quar tz i fères à a m p h i b o l e , des amph ibo l i t e s ,

des gne i ss feuil letés parfois g r a p h i t e u x , des micaschis tes , enfin des

qua r t z i t e s à muscov i t e qu i aff leurent en longues c rê tes rocheuses d i r i ­

gées ve r s le Nord ou le Nord-Est . En l ia ison avec les gne i s s ca t amé-

t a m o r p h i q u e exis tent des g r a n i t e s gne i s s iques à b io t i te . Il existe e n

1. D'importance minime par rapport aux grands gisements d'Afrique australe, seu­lement 1/50.000 de la production totale.

Page 283: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 269

ou t re des g r a n i t e s a lcal ins , m a i s sans métas i l ica tes sod iques , à m i c r o -

cline d o m i n a n t e t de facies a p l i t i q u e , e n t o u t cas p a u v r e s en mica .

Ils sont souvent l aminés ou m ê m e m y l o n i t i q u e s et a p p a r a i s s e n t d e ce

fait, a u même t i t r e q u e les g r a n i t e s gne iss iques et que les gne i s s ,

an té r i eurs à la de rn i è r e g r a n d e phase o rogén ique q u i a plissé tou t cet

ensemble . P o u r t a n t ce r t a ins m i c r o g r a n i t e s , mic rod io r i t e s e t p e g m a -

t i tes , n o n déformés, e t l a syén i te d e Tiné d a n s le Dal-Zagoua à l a fron­

t ière Ouadaï-Darfour (syénite à néphé l ine e t aegyr ine ) sont p e u t - ê t r e

pos tér ieurs à cet te p h a s e .

Le g ran i t e et les gne i ss c a t a m é t a m o r p h i q u e s sont concen t rés s u r ­

tout d a n s la pa r t i e occ iden ta le de l 'Ouada ï , les micaschis tes d a n s la

par t i e o r i en ta le e t a u de là d e l a f ront ière d a n s le Darfour. L 'Ouadaï

p r o l o n g e d o n c v e r s le Nord la zone c a t a m é t a m o r p h i q u e que n o u s

avons s igna lée p r é c é d e m m e n t à la f ront ière o r ien ta le de l 'Oubangu i -

Chari et qui affleure sans d o u t e à la faveur d ' u n b o m b e m e n t à g r a n d

rayon a n t é r i e u r à la fo rmat ion d e la p é n é p l a i n e cr i s ta l l ine .

2° Grès de l'Ennedi, de l'Ouadaï, du Borkou et du Tibesti.

Le socle c r i s ta l l in et c r i s ta l lophyl l ien s u p p o r t e dans l 'Enned i a u

Nord de l 'Ouadaï u n e série g r é seuse à peu p rès ho r i zon ta l e , da tée de

man iè r e assez p réc i se p a r l a d é c o u v e r t e d e fossiles. Au poin t de v u e

l i tho log ique ce son t des q u a r t z i t e s et des g r è s qua r t z i t eux à c i m e n t

de q u a r t z , d ' a rg i l e cr is ta l l ine ou p l u s souvent colloïde, de l imon i t e ,

les uns à g r a i n fin, passan t m ê m e à des pél i tes e n t i è r e m e n t q u a r t -

z e u s e s 1 , les a u t r e s à g r a i n p l u s g r o s s i e r (M. E. Denaeyer ) .

Près de Am Djeress, à la l imi te s u d d u p l a t eau g ré seux de l 'Enned i ,

la sé r ie c o m p r e n d à la base des g r è s à g r a i n m o y e n , d e s g r è s gross iers

et un p o u d i n g u e (Ct Car r i e r ) . Non loin de l à et p l u s au Nord d a n s

la r ég ion de Ouara , l e C o m m a n d a n t Carr ie r a découve r t des t races

ana logues aux Harlania d 'Amér ique d u Nord et des e m p r e i n t e s d e

Plantes qui a p p a r t i e n n e n t , d ' ap rès P . H. Fr i te l , a u Goth land ien infé­

r i eu r , a u Dévonien s u p é r i e u r et a u Dinant ien . Les g r è s à peu p r è s

hor izontaux d u Borkou et d u Tibest i a p p a r t i e n n e n t au m ê m e e n s e m b l e

pa léozoïque c e r t a i n e m e n t con t inen ta l à p a r t i r d u Dévonien. La d é c o u ­

ver te d e Leplostrophia oriskania s i gna l é p a r M. H. Huber t à l 'Ouest

1. A. Lacroix et Tilho, Esquisse géologique du Tibesti, du Borkou, de l'Erdi et de l'En­nedi. Comptes rendus, t. CLXVIII, 1919, p. 1169.

Page 284: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

270 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

d u Tibesti à la base d u sys tème g r é s e u x semble conf i rmer que cet te

base a p p a r t i e n t effect ivement au Go th land ien . Cet e n s e m b l e d e

l 'Ouadaï , d u Borkou et d u Tibesti se p r o l o n g e t rès lo in vers le Nord

et vers l'Est en Libye et a u Soudan d a n s la sér ie compréhens ive d i te

des g r è s n u b i e n s , don t les pa r t i e s hau tes m o n t e n t j u s q u ' a u Crétacé.

Il y a l ieu de r a p p e l e r ici que des g rap to l i t e s g o t h l a n d i e n s on t été

découver t s ou d é t e r m i n é s d a n s l a pa r t i e infér ieure d ' u n e sér ie g r é ­

seuse t ransgress ive su r les schistes cr is ta l l ins a u H o g g a r p a r M. Conrad

Kilian et en Guinée française p a r MM. Lecoin t re et Lemoine et que

le Dévonien m a r i n est connu au Sud d u Tidikel t et d a n s le Hoggar

et d a n s la Gold Coast ( d ' ap rè s M. Kitson), et le Dinant ien m a r i n

é g a l e m e n t au Sud d u Tidikel t , d a n s la Gold Coast (découver t p a r

M. Kitson) et de p l u s d a n s l a r ég ion s a h a r i e n n e de Taodén i . La m e r ,

qu i a n o y é a u Goth land ien , a u Dévonien et a u Dinan t ien u n e g r a n d e

p a r t i e d e l 'Afrique sep ten t r iona le , a a t te in t au Goth land ien a u moins

l a pa r t i e s ep ten t r iona le du t e r r i to i re d u Tchad, pu i s a reculé vers

le Nord a u Dévonien e t a u Dinantien, d u r a n t lesquels se déposen t les

g r è s con t inen taux d u Tibest i , d u B o r k o u et de l 'Ennedi ,

Au Sud des g r è s de l 'Ennedi existent encore d a n s l 'Ouadaï , a u -

dessus du socle cr is ta l l in et c r i s t a l lophy l l i en , de g r a n d s l a m b e a u x de

g r è s , d ' a l lu re t a b u l a i r e et de facies i d e n t i q u e à ceux de l 'Enned i

(en pa r t i cu l i e r p l a t eaux g ré seux d u Massalit dans l a r é g i o n d 'Adré

et de Kamare igne ) . Ils a p p a r t i e n n e n t p r e s q u e c e r t a i n e m e n t a u m ê m e

ensemble pa léozoïque que les g r è s de l 'Enned i . Enfin, p lus lo in e n c o r e

vers le Sud, les g rès d u Djebel Mela au -des sus des schistes c r i s ta l l ins

du Dar-Chal la ont une a l l u r e a n a l o g u e à celle des p récéden t s , et ,

d ' a p r è s M. E. Denaeyer , p r é sen t e r a i en t é g a l e m e n t le m ê m e facies.

Mais on se h e u r t e ici à u n p r o b l è m e encore n o n réso lu , p r o b l è m e

fondamen ta l de s t r a t i g r a p h i e af r ica ine . En effet, les g r è s du Djebel

Mela font i ncon te s t ab l emen t pa r t i e d e la sér ie des g r è s ho r i zon taux

de N'délé de l 'Oubangu i -Char i , don t il a été ques t ion p l u s h a u t . S'ils

sont le p r o l o n g e m e n t de ceux de l 'Enned i , ils r e p r é s e n t e n t d u Paléo­

zo ïque ancien et n o n p a s d u Karroo supé r i eu r , c ' e s t -à -d i re d u

Trias ou m ê m e d u J u r a s s i q u e , c o m m e on l 'a env i sagé ju squ ' i c i . En

l ' absence de fossiles, l a so lu t ion res te i nce r t a ine . De tou te façon la

l imi te s e p t e n t r i o n a l e d 'ex tens ion du Karroo doit ê t re p lacée soit a u

Nord d u Dar-Chal la en O u b a n g u i or ien ta l , soit u n p e u au Sud de

l 'Ouellé a u Congo b e l g e . En sens i nve r se , vers le Sud, on ne r e t r o u v e

Page 285: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 271

VI . G R È S S U B L I T T O R A U X . F O R M A T I O N S C R É T A C É E S E T T E R T I A I R E S

DE L ' A F R I Q U E ÉQUATORIALE F R A N Ç A I S E E T DU CAMEROUN

1° Grès sublittoraux du Bas-Congo et du Gabon.

On dés igne h a b i t u e l l e m e n t sous le n o m de g r è s sub l i t to raux des

grès à peu p r è s ho r i zon taux , associés à des schistes et à des ca lca i res ,

qui aff leurent e n t r e la zone cô t i è re d e Crétacé e t d e Ter t ia i re m a r i n

et les t e r r a i n s c r i s t a l l ins , d ' u n e p a r t en Angola e t au Bas-Congo ,

d ' au t re p a r t au Nord du Gabon et e n Guinée espagno le . Ce sont des

g rès gross iers de c o u l e u r j a u n e ou r o u g e . E n l ' absence d e fossi les ,

l eur âge est ince r ta in . P o u r t a n t ils s e m b l e n t devo i r ê t re r a t t a c h é s aux

g rès gross iers à e m p r e i n t e s v é g é t a l e s i n d é t e r m i n a b l e s , p r o b a b l e m e n t

équ iva len ts au Lub i l ache , découve r t s su r la v ive d ro i t e du Congo en

amont de Boma et a u x fo rma t ions c h a r b o n n e u s e s de l 'Angola p r o b a ­

b l e m e n t t r i a s i ques . De ce fait, i l y a l i eu d e s u p p o s e r , e n acco rd

avec M. F o u r m a r i e r , que ces g r è s sub l i t to raux a p p a r t i e n n e n t a u Trias

supé r i eu r , peu t -ê t r e à l a base d u Ju r a s s ique . En Guinée e s p a g n o l e ,

1. Ceci est conforme à une idée exprimée par M. Fourmarier. — Comptes rendus du Congrès géologique international de Madrid, 11)28.

p l u s a u Congo be lge l ' équ iva l en t des g r è s g o t h l a n d i e n s , dévoniens

et carbonifères de l 'Enned i e t de l 'Ouada ï , ma i s s e u l e m e n t les g rès d u

Kundelungu, de facies assez différent, p e u t - ê t r e p r é c a m b r i e n s , p l u s

v r a i s e m b l a b l e m e n t c a m b r i e n s ou s i lur iens , souven t p e u incl inés su r

de g r a n d e s é t endues , ma i s e n g a g é s p a r a i l leurs d a n s le p l i s semen t

de la c h a î n e des T r a n s v a a l i d e s . Au po in t d e v u e s t r a t i g r a p h i q u e ,

l 'Oubangui o r i en t a l e t l 'Ouadaï sont a insi l a r ég ion m ê m e où les

facies t y p i q u e s d e l 'Afrique aus t r a l e font p lace à c eux d e l 'Afrique

sep ten t r iona le e t qu i a cons t i tué un relief, u n e b a r r i è r e f o n d a m e n t a l e

en Afr ique, a u m o i n s d e p u i s l e G o t h l a n d i e n 1 .

3° Gîtes minéraux.

Le C o m m a n d a n t Carr ier a obse rvé de g r a n d s a m a s de m a g n é t i t e

à Makar, dans u n î lot de q u a r t z i t e de la série m é t a m o r p h i q u e , qu i

émerge au m i l i e u des t e r r a in s récents de la dépress ion de l 'Aouk en t r e

l 'Ouadaï et l ' O u b a n g u i - C h a r i .

Page 286: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

272 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

M. E. d 'Almonte a t t r i b u e u n e sér ie i d e n t i q u e au Trias supé r i eu r et au

Ju ras s ique .

2° Crétacé et Éocène de la bande côtière. — « Schistes

et phtanites du Gabon ».

Les t e r r a i n s de l a b a n d e côtière qu i r eposen t sur les g r è s subl i t ­

to raux ou d i r e c t e m e n t su r les t e r r a i n s anc i ens con t i ennen t en p lus i eu r s

poin ts , d e p u i s le C a m e r o u n j u s q u ' à l 'Angola , du Crétacé m a r i n b i en

d a t é , é che lonné de l 'Albien au S é n o n i e n supér i eu r . Les g r è s calcaires

de Poin te Noire a p p a r t i e n n e n t , d ' ap rè s M. Babet , au Sénonien s u p é ­

r i eu r . Tout r é c e m m e n t , M. J. L o m b a r d a é tud ié les a m m o n i t e s et

les l a m e l l i b r a n c h e s d u g i s emen t de la b o r d u r e est de la l agune de

F e r n a n Vaz et d u g i semen t de la po in te Milango (près Setté Kama)

su r l a côte d u Gabon et a t t r i b u é le p r e m i e r au Santonien , le second

a u C o n i a c i e n 1 .

Un peu p lus au Sud , à L a n d a n a , en te r r i to i re po r tuga i s , a é té

découve r t e u n e f aune m a r i n e m o n t i e n n e (base de l 'Éocène à l a l imi te

d u Crétacé) et, d a n s des couches s u p é r i e u r e s , u n e faune m a r i n e

d ' âge n e t t e m e n t éocène (Yprésien, Bar ton ien) . A Po in te Noire, M. J.

L o m b a r d a découver t deux den ts d ' u n Lamnidé connu dé jà à L a n d a n a

et p r o b a b l e m e n t éocène .

Enfin on a obse rvé l 'Éocène m a r i n fossilifère en Angola et au

C a m e r o u n .

D'après les obse rva t ions récen tes de M. F u r o n , les schis tes et

p h t a n i t e s d u Gabon , d ' âge i nce r t a in , no tés su r la car te de M. Denaeyer

c o m m e v r a i s e m b l e m e n t p lus anc i ens q u e le sys tème schis to-calcai re

du Bas-Congo, se r a c c o r d e n t de m a n i è r e ce r t a ine , au moins en ce

q u i c o n c e r n e la b a n d e s i tuée à l 'Ouest de N'djolé , aux format ions

c ré tacées et t e r t i a i r e s . Elles sont d ' a i l l eurs assez s o u v e n t , c o m m e

celles-ci , b i t umineuses .

3° Formations crétacées ou éocènes du territoire du Tchad

et de l'Oubangui-Chari septentrional.

Les format ions m a r i n e s c ré tacées ou éocènes du Cameroun se p r o ­

longen t j u s q u ' e n Nige r i a , et s ' é t enden t en d i rec t ion no rd -e s t fort

1. J. Lombard. C. R. Ac. Sc., t. 190, p. 1203 et Bull. Soc. géol. Fr., 1931.

Page 287: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 273

loin de la cô te , d a n s ce t e r r i to i r e b r i t a n n i q u e et j u s q u e d a n s le t e r ­

ri toire du Tchad , dans u n e l a r g e b a n d e q u e sui t la B é n o u é .

Il résul te en effet de prospect ions r écen tes , q u e des format ions à

peu près hor izonta les , c o n g l o m é r a t s , g rav ie r s , a rkoses , g r è s ca lca i res ,

lumachel les , aff leurent l a r g e m e n t à la po in t e sud -oues t du t e r r i to i r e

du Tchad et p l u s à l 'Est en O u b a n g u i - C h a r i , p e u t - ê t r e j u s q u ' a u

Logone. L ' é tude p a l é o n t o l o g i q u e de ces format ions parfois très r i ches

en coqui l les n ' a p a s é té faite. Il est p r o b a b l e qu ' i l s 'agi t de Crétacé

supér ieur ou d'Éocène 1.

Les format ions crétacées et éocènes de l 'Afrique équa to r i a l e f ran­

çaise et d u Cameroun c o r r e s p o n d e n t à p e u p r è s aux l imi tes o r i en t a l e

et mér id iona le de la g r a n d e t r ansg res s ion m a r i n e qu i a n o y é au

Crétacé supé r i eu r et à l 'Éocène l 'Afrique sep t en t r iona l e , é m e r g é e

depuis le W e s t p h a l i e n et m ê m e depu i s le P r é c a m b r i e n p o u r les p a r ­

t ies p l u s p roches de l'Équateur qu i n o u s in té ressen t ici .

4° Gisements bitumineux des grès sublittoraux, du Crétacé et de l'Éocène.

Les g r è s sub l i t to raux sont b i t u m i n e u x en A n g o l a e t en ce r t a ins

points du Bas-Congo et. du Gabon. P rès de Pointe-Noire , q u i do i t

son nom à ce t te p a r t i c u l a r i t é , les g r è s ca lcai res sont encore p l u s

r iches en b i t u m e , qu i est s u r t o u t concen t ré d a n s les couches s u p é ­

r i eu res , vacuola i res pa r sui te de p h é n o m è n e s de d i sso lu t ion . Des

g isements de b i t u m e a n a l o g u e s on t é té s igna lés su r la côte du Came­

roun . Il es t in t é ressan t de n o t e r que les schis tes b i t u m i n e u x du

bassin de S tanleyvi l le -Ponthierv i l le au Congo b e l g e a p p a r t i e n n e n t au

système du L u a l a b a , c 'es t -à-dire au Karroo s u p é r i e u r , et qu'une

posi t ion s t r a t i g r a p h i q u e a n a l o g u e , ou peu t - ê t r e un p e u p lus h a u t e ,

a été envisagée p o u r les g r è s sub l i t to raux d 'Ango la e t du Bas-Congo.

Des r eche rches de pé t ro le sont poursu iv ies a c t u e l l e m e n t d a n s les

formations l i t to ra les et sub l i t to ra les de l 'A. E. F . et du C a m e r o u n et

aura ien t d o n n é q u e l q u e s ind ices f avorab les .

1. D'après les travaux do plusieurs géologues, en particulier MM. Garde et Chudeau, et d'après les déterminations ultérieures de M. Douvillé (Bull. Comité d'Etudes histori­ques et scientifiques de l'A. O. F., 1920, p . 113), affleurent à l'Ouest du Tchad dans l'Adar Doutchi l'Éocène inférieur et moyen marin, l'Éocène supérieur lagunaire ou continen-tal et, plus à l'Ouest, du Crétacé marin. Le Crétacé et l'Éocène ont été signalés en Nigeria dans le haut bassin de la Bénoué.

GÉOLOGIE E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R .

Page 288: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

274 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE MER.

VII. FORMATIONS VOLCANIQUES RÉCENTES DU CAMEROUN

ET DE L'AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE.

Des p h é n o m è n e s vo lcan iques de g r a n d e in tens i té , qu i se sont p ro­

dui t s à u n e é p o q u e sans dou te assez récen te , en tou t cas pos t -éocène ,

ont laissé l eu r s t races d a n s u n e l a r g e zone de di rect ion n o r d - e s t ,

depuis l'île de F e r n a n d o Po et la r ég ion d e Douala, à t r a v e r s t ou t le

C a m e r o u n et au de là de la f ron t iè re dans le t e r r i to i r e du Tchad. A

la m ê m e pé r iode a p p a r t i e n n e n t les p h é n o m è n e s vo lcan iques qu i se

sont p rodu i t s à l 'Ouest d u Tchad , en Niger ia , et enfin ceux d u Tibesti

en Afrique occ iden ta le française et à la p o i n t e n o r d - e s t du t e r r i t o i r e

d u Tchad , et p r o b a b l e m e n t ceux du Djebel Marra a u Darfour à l 'Est

de ce t e r r i t o i r e .

L ' a l ignement des cen t res vo l can iques des îles San Tomé, P r inc ipe

et F e r n a n d o Po et d u Cameroun co r r e spond p r e s q u e ce r t a inemen t à

l 'existence d 'une zone de d is locat ion . De m ê m e , les a l i g n e m e n t s des

cen t res vo lcan iques d u Darfour , de l 'Ouadaï et de l 'Enned i s emb len t

bien, d ' a p r è s M. Denaeyer , ê t r e en r a p p o r t avec une l igne de frac­

ture , para l lè le aux g r a n d s fossés de l 'Afrique o r ien ta le , q u i sont eux-

m ê m e s j a l o n n é s p a r des volcans .

D'une m a n i è r e g é n é r a l e , les t races de ces p h é n o m è n e s vo lcan iques

consis tent en d y k e s et en cou lées parfois t rès é t e n d u e s q u i , p a r

exemple d a n s le t e r r i to i re d u Tchad (hau t bass in de la Bénoué) ,

reposen t su r les couches fossilifères s igna lées p l u s h a u t (vi, 3). Il

existe en ou t re des appa re i l s vo lcan iques b ien conse rvés , e n pa r t i ­

cu l ie r a u C a m e r o u n , où le vo lcan Et inde a été é tud ié p a r E. Esch,

et a u Tibesti don t les volcans on t été décr i t s p a r M. A. Lacroix. Dans

cette de rn i è re rég ion , le massif de l 'Emi-Koussi , don t le s o m m e t

a t te in t 3 .415 m è t r e s d ' a l t i tude , compor t e au-dessus des g r è s g o t h l a n -

diens « de pu i s san tes cou lées de ba san i t o ïde s , pu is des coulées et

pro jec t ions t r a chy t i ques et p h o n o l i t i q u e s , dans q u o i est creusée la

g r a n d e ca lde i ra d u Koussi qu i m e s u r e 14 k i l omè t r e s de p l u s g r a n d

d i a m è t r e . S u r son fond p l a t , s i tué à 2.670 mè t r e s d ' a l t i t ude , se t rouve

u n vér i t ab le c h a m p de t r o n a d ' u n b l a n c éb louissant ».

Au point de vue l i t h o l o g i q u e , ce sont les basani to ïdes ou les basal tes

qu i s e m b l e n t d o m i n e r aux îles San Tomé et F e r n a n d o Po, au Came­

r o u n , en Niger ia et d a n s l 'Ouest d u Tchad , enfin dans l 'Ouadaï , le

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AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 275

Darfour et le Tibesti . Mais i l existe auss i des andés i tes , des t r a c h y t e s ,

des pbonol i tes et des rhyo l i t e s .

VIII. FORMATIONS QUATERNAIRES

1° La cuvette tchadienne.

D'après M. G. G a r d e , le fond d u Tchad ac tue l et la cuvet te t c h a ­

dienne sont cons t i tués de m a n i è r e à peu p r è s cons t an te p a r des d u n e s

qua t e rna i r e s an t é r i eu re s à la format ion d u l a c , d u n e s m o r t e s , encore

reconnaissables , q u o i q u e p l u s ou m o i n s démol i e s p a r les p lu ie s e t

les vents , q u i s ' é tendent vers l 'Est j u s q u ' à l a r é g i o n d u B a h r el

Gazai a u S o u d a n é g y p t i e n . Le lac s 'est fo rmé à l a f aveu r d ' u n e

pér iode h u m i d e . Les n o m b r e u s e s îles de sab le d e l a p a r t i e occ iden ­

tale d u l ac ac tue l et les « î lots sous- lacus t res » d u b o r d occ identa l

sont d ' anc iennes dunes de la p r e m i è r e pé r iode sèche . Au m o m e n t de

leur extension m a x i m a , les eaux douces ont occupé b ien a u de là d u

Tchad ac tue l les dép re s s ions ou cuve t tes compr i ses en t re l es dunes

dans le Kanem, le Manga et , p a r l ' i n t e rméd ia i r e d u Bahr-e l -Gaza l ,

toute la r ég ion d é p r i m é e ac tue l l emen t a s séchée de l 'Egueï , d u Bodelé

et du Djourab . Dans ces cuve t tes se sont d é p o s é s des s é d i m e n t s

a rg i lo-ca lca i res , épa i s de 10 m è t r e s au m a x i m u m , où M. Garde a

découver t une faune ma laco log ique iden t ique à la faune ac tue l l e d u

Tchad. Cet anc ien Tchad étai t a l imen té p a r l es affluents ac tue ls e t

p a r des r iv iè res m a i n t e n a n t a s séchées venan t du Tibest i , d u Borkou ,

de l 'Enned i et don t la t race subs is te sous forme de va l l ées sèches .

Une pé r iode de sécheresse qu i se pou r su i t ac tue l l emen t a p rovoqué

d ' abord l ' i solement d u Tchad et d u l ac d u Bodelé , p u i s l ' a s sèchemen t

de celui-ci et u n e r éduc t ion t r è s sens ib le d u Tchad .

Dans l 'Enned i , des la té r i t es anc iennes a c c u s e n t aus s i l ' exis tence

d 'une pé r iode h u m i d e . Ac tue l l ement , sous l ' inf luence d ' un c l imat

f r anchement d é s e r t i q u e , des d u n e s v ives se f o rmen t d a n s les d é p r e s ­

sions d e l 'Enned i et d a n s l a p a r t i e s ep t en t r i ona l e d u t e r r i to i r e d u

Tchad. Ces d u n e s d o m i n e n t d e p l u s en p l u s v e r s le Nord et vers

l 'Est.

Dans l 'Ouadaï on n e voit a u con t r a i r e q u e des d u n e s fixées et

s p o r a d i q u e m e n t une c o u v e r t u r e l a t é r i t ique , formée sur p lace a u

dé t r iment des t e r r a in s c r i s ta l lophyl l i ens et c r i s ta l l ins .

Dans la dépress ion de l 'Aouk , en t re l 'Oubangui -Char i et l 'Ouadaï ,

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276 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

s 'é tale u n e p la ine s ab l euse , r ég ion de goz r e p o s a n t sur de la l a té r i t e .

M. Denaeyer cons idè re ces sab les r o u g e s , à g r a i n s de q u a r t z en robés

p a r la l imoni te , c o m m e un dépô t a l luv ia l d e la cuvet te t c h a d i e n n e

avec que lques pa r t i e s éo l iennes dues à des p h a s e s dése r t i ques acces­

so i res .

P lus a u Sud, d a n s l 'Oubangui -Char i or ien ta l , s 'est déve loppée su r

la p é n é p l a i n e , en d e h o r s des reliefs g r a n i t i q u e s et gne i s s iques , « u n e

cui rasse con t inue de l a té r i t e d 'a l luvion r ecouve r t e d ' u n e c roû te de

l imoni te concré t ionnée ».

2° Alluvions et latérites de la zone équatoriale.

D'une m a n i è r e g é n é r a l e , dans tout le t e r r i to i re de l 'Oubangu i -Char i

et dans le Moyen et Bas Congo, on observe , d ' une p a r t des a l l u ­

vions q u a t e r n a i r e s a n c i e n n e s ou ac tue l l es , d ' au t r e p a r t , su r de t rès

g r a n d e s é t e n d u e s , une c o u v e r t u r e l a t é r i t ique don t les facies co r r e s ­

p o n d e n t d ' ap rè s M. Babe t aux facies observés p a r M. Lacroix e n

Guinée . M. Babet s igna le en pa r t i cu l i e r des c roû tes é t endues r e s sem-

l a n t à des scories et cons t i tuan t u n e cu i rasse fe r rug ineuse difficile à

e n t a m e r , des b locs l a t é r i t i ques é p a r s , des a ccumula t i ons de d r a g é e s

l a t é r i t i ques , enfin des b r èches et cong loméra t s l a té r i t iques .

3° Gisements de substances utiles.

En d e h o r s des a l luv ions aur i fères ou d iamant i fè res q u i ont été

é tud iées d a n s u n chap i t r e a n t é r i e u r , en m ê m e t e m p s que le socle

ancien d 'où p r o v i e n n e n t l 'or et le d i a m a n t , on p e u t s igna le r , p a r m i

les subs tances u t i l e s con tenues d a n s le q u a t e r n a i r e ou concen t rées

p a r des p h é n o m è n e s d 'a l té ra t ion récents :

dans la zone équatoriale,

des g i semen t s de fer sous forme de l imoni te l a t é r i t i que en blocs sco­

r iacés ou en pisol i tes , qu i a été exploi tée aut refois p a r les ind igènes ,

et des g i s e m e n t s d ' a l u m i n i u m sous forme de la tér i tes b a u x i t i q u e s ;

dans la zone désertique,

des g i s e m e n t s de c h l o r u r e de soude et de c a r b o n a t e de soude qui

cons t i tuen t , à l ' é ta t de t r o n a , des c roû tes épa isses dans des bass ins

d ' évapo ra t i on à l 'Ouest et à l 'Est d u Tchad . Ces g i s emen t s on t d o n n é

l ieu à de pet i tes exploi ta t ions p o u r les besoins i n d i g è n e s .

Page 291: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 277

IX. TECTONIQUE GÉNÉRALE

Les t e r r a in s c r i s ta l lophyl l iens , par fo is f a i b l e m e n t m é t a m o r p h i ­

ques , et la p l u s g r a n d e pa r t i e des t e r r a i n s c r i s ta l l ins de l 'Afr ique

équator ia le Française et d u Cameroun cons t i tuen t , avec ceux de

l 'Afrique aus t ra le , u n v ieux socle p l i ssé cons t ru i t a u cou r s de p l u ­

s ieurs pé r iodes o r o g é n i q u e s , a v a n t le d é p ô t des sys tèmes d u W i t w a -

t e r s r a n d et d u T ransvaa l d u côté aus t r a l , a v a n t le d é p ô t d u sys tème

schis to-calcaire d u Bas Congo et des g r è s de F o u r o u m b a l a p o u r

la r ég ion q u i n o u s in té resse . Ces p l i s semen t s sont a r c h é e n s ou

a lgonk iens .

Presque p a r t o u t le c r i s ta l lophyl l ien est p l i ssé à pl is a igus , souven t

redressé e t à peu p rès ver t ica l . Les d i rec t ions t ec ton iques essent ie l les

sont o r i en tées vers le Nord-Ouest clans la p l u s g r a n d e pa r t i e de

l 'Oubangu i -Char i , aus s i b i en d u côté o r i e n t a l que d a n s l a r é g i o n

située au Nord de Bangu i . Dans la p a r t i e occ iden ta le , mo ins c o n n u e ,

semblen t exis ter des d i rec t ions n o r d - e s t . Dans le coin sud-oues t d u

ter r i to i re d u Tchad , su r le ve r san t d e la Bénoué , l a d i rec t ion est

n o r d l é g è r e m e n t est . Dans la p a r t i e es t d u Tchad , d a n s l 'Ouadaï e t

l 'Ennedi , les schis tes c r i s ta l l ins fo r t ement p l i ssés accusen t auss i en

géné ra l u n e d i rec t ion s u b m é r i d i e n n e q u i se p o u r s u i t fort lo in v e r s

le Nord, a u moins j u s q u ' a u H o g g a r .

Au Moyen Congo et a u Gabon, l a d i rec t ion t e c to n iq u e d a n s les

schistes c r i s ta l l ins est s o u v e n t n o r d - n o r d - e s t .

Comme j e l 'a i i n d i q u é p o u r l 'Afr ique aus t r a l e d a n s u n e é t u d e

an té r i eu re , le socle r i g ide cons t ru i t p a r ces p l i s s e m e n t s a r c h é e n s e t

a lgonk iens , à p a r t i r d e cet te époque l o in t a ine n e s 'enfonça j a m a i s

assez, n i d ' u n e m a n i è r e assez g é n é r a l e p o u r l i b é r e r l ' o rogenèse d e

son inf luence. Les efforts o r o g é n i q u e s n e p u r e n t s ' exercer q u e

d a n s des r a m e a u x r e l a t i vemen t é t ro i t s e n s e r r é s e n t r e des zones

t a b u l a i r e s .

La cha îne d u Mayombé a u Bas Congo e t a u Gabon a p p a r t i e n t à

l ' un de ces r a m e a u x , le s e u l qu i soit assez b ien défini a c t u e l l e m e n t

en Afrique équa to r i a l e f rança ise . La d i r ec t ion est n o r d - o u e s t . Le

maté r i e l e n g a g é d a n s l a cha îne c o m p r e n d , o u t r e les schistes c r i s ta l l ins

du vieux socle, le sys tème sch i s to -ca lca i re e t le sy s t ème sch i s to -

Page 292: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

278 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

gré seux . Dans la p a r t i e occidenta le , le p l i s semen t est intense et a créé

des pl is déversés vers le Nord-Es t . Mais il s ' a t ténue assez vite à l 'Est

où subs is ten t s e u l e m e n t d e l a r g e s o n d u l a t i o n s . Les observa t ions

de MM. Delhaye et S luys , confirmées p a r celles de M. Babet , on t

m o n t r é qu ' i l n ' y a p a s , c o m m e l 'avai t s u p p o s é d ' a b o r d Cornet , d i s ­

co rdance d u K u n d e l u n g u s u r le sys tème schis to-ca lca i re , o u , t ou t

a u p l u s , u n e d i scordance t rès faible . Le fait a é té confirmé r é c e m ­

m e n t p o u r le Gabon occ identa l p a r M. F u r o n . Le p l i s semen t essentiel

d u Mayombé est donc p o s t é r i e u r au K u n d e l u n g u . Sous r é se rve de

l ' exac t i tude d 'ass imila t ions ch rono log iques encore u n p e u i nce r ­

ta ines , le r a m e a u du Mayombé a p p a r t i e n t à la cha îne des T rans -

vaal ides d 'Afrique a u s t r a l e , c o m m e le r a m e a u d 'Otavi d u S u d -

Ouest afr icain et le r a m e a u k a t a n g o - r h o d é s i e n . Comme les au t res

r a m e a u x de cette c h a î n e , il est b o r d é p a r u n e zone t a b u l a i r e , au

m o i n s d u côté est . A l 'Ouest, il d i spa ra î t sous des t e r ra ins r écen t s .

Au Nord d u Niar i , le n o y a u sync l ina l se ré t réc i t , se divise et s 'é­

c h a p p e p a r t i e l l e m e n t p a r suite de la m o n t é e axiale. Mais les obse r ­

va t ions récen tes de MM. Babet , F u r o n et P e r e b a s k i n e , Katchewsky

et Choube r t ont d é m o n t r é l 'existence de l a m b e a u x de K u n d e l u n g u

qu i j a l o n n e n t le p r o l o n g e m e n t du sync l ina l . La b a n d e sync l ina le

a p p a r a î t de m a n i è r e p lus con t inue a u Nord de l a Nyanga , d a n s le

Gabon, et d i spa ra î t , s emble - t - i l , au C a m e r o u n p a r m o n t é e ax ia le .

Au Gabon , l ' a l lure t ec ton ique est celle d ' un sync l ina l l a r g e , c o m m e

dans la p a r t i e est d u Mayombé.

Il n ' e s t pas i m p o s s i b l e q u e le r a m e a u d u Mayoïnbé, qu i se p r o l o n g e

a u Sud en Ango la , a i l le r e j o i n d r e p lus au Sud le r a m e a u d 'Otavi

et le r a m e a u Namib-Cap de Bonne-Espé rance de l a cha îne des

Transvaa l ides q u i p ré sen te une a l l u r e t rès a n a l o g u e , avec de p u i s ­

sants an t ic l inaux de fond et u n d é v e r s e m e n t vers l 'Es t -Nord-Es t .

Mais ces r a c c o r d s r e s t en t i nce r t a ins . Le p l i s sement des g r è s de

F o u r o u m b a l a , s'ils sont équ iva len t s au K u n d e l u n g u , déf inira i t u n

a u t r e r a m e a u de l a m ê m e c h a î n e .

Après l 'orogenèse des Transvaa l ides , l 'Afrique a u s t r a l e , au Nord

de la cha îne h e r c y n i e n n e d u Cap, et l 'Afrique équa to r i a l e ont été affec­

tées s e u l e m e n t p a r des m o u v e m e n t s t r ès l a r g e s , p l i s de fond et de

couve r tu r e à g r a n d r a y o n .

En Afrique équa to r i a l e f rançaise , les fo rmat ions d u Karroo s u p é ­

r i eu r (Trias supé r i eu r ) , g r è s d u Lub i l ache du Moyen Congo, et les

Page 293: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 279

X. MÉTALLOGÉNIE GÉNÉRALE

Les g i semen t s de subs tances ut i les ont été décr i t s d a n s les chap i t r e s

p récéden t s à p r o p o s des format ions qu i les con t i ennen t . Il y a

in térê t à l e s examine r m a i n t e n a n t dans l e u r ensemble , e n les p l a ç a n t

dans le cad re d e la g é o l o g i e e t de l a m é t a l l o g é n i e g é n é r a l e .

Les schistes c r i s t a l l ins d u vieux socle con t i ennen t , en d ivers po in t s ,

en pa r t i cu l i e r en Oubangu i -Cha r i e n t r e B a m b a r i et les M'bré, des

in te rca la t ions de m i n e r a i de fer, qu i sont p e u t - ê t r e a n t é r i e u r e s a u

m é t a m o r p h i s m e et d ' o r i g ine séd imenta i re et r a p p e l l e n t les g i s e m e n t s

ana logues d e Rhodés ie m é r i d i o n a l e , ou encore l e s g i s e m e n t s de

m ê m e t y p e e t de m ê m e é p o q u e d u b o u c l i e r c a n a d i e n .

Le g i semen t de m a g n é t i t e de Makar dans le T c h a d et les g i sements

de g r a p h i t e de l 'Oubangu i -Cha r i , encore m a l connus et d ' in té rê t

assez faible, s e m b l e - t - i l , sont aussi c o n t e n u s d a n s les schis tes

m é t a m o r p h i q u e s d u vieux socle afr icain. Les g i s e m e n t s de g r a p h i t e ,

s ignalés au Gabon p r è s de Francevi l l e p a r M. Babet , son t con tenus

dans des schis tes g r a p h i t e u x q u i , d ' a p r è s ce g é o l o g u e , p o u r r a i e n t

a p p a r t e n i r au sys tème schis to-ca lca i re et ê t re c o n t e m p o r a i n s des

schistes g r a p h i t e u x d u Ka tanga .

L'or, r e c o n n u en Oubangui -Char i , a é t é a p p o r t é p a r des roches

g r è s de Mouka et de N'délé de l ' O u b a n g u i - C h a r i o r i en ta l , q u i sont

peu t - ê t r e de m ê m e â g e , sont res tés à p e u p r è s h o r i z o n t a u x .

Plus au Nord , les fo rmat ions s i lu r iennes , dévon iennes ou c a r b o ­

ni fères de l 'Ouadaï , d e l 'Enned i , d u Tibes t i , auxque l l e s il faut

peu t -ê t r e d ' a i l l eurs r a t t a c h e r les g r è s de Mouka et d e N'délé , sont

res tées e l l e s - m ê m e s à p eu p r è s ho r i zon ta l e s . On aperço i t ainsi de

m a n i è r e sais issante la liaison t e c t o n i q u e étroi te de l 'Afrique équa ­

toriale et aus t ra le , d ' u n e p a r t , et de l 'Afrique sep ten t r iona le de

l ' au t re , en u n g r a n d b loc r i g i d e , s e r re m é r i d i o n a l e des o rogénèses

he rcyn ienne et a lp ine .

Les m o u v e m e n t s a l p i n s , c o m m e les m o u v e m e n t s h e r c y n i e n s , n ' on t

c réé en Afrique équa to r i a l e f rançaise q u e des o n d u l a t i o n s à pe ine

percep t ib les . C'est a ins i qu ' i l faut a t t r i b u e r à u n e p h a s e a lp ine

l ' incl inaison t rès faible qu i a p u ê t re obse rvée en ce r t a ins poin ts

d a n s les fo rmat ions côtières, c r é t acées e t éocènes .

Page 294: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

280 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

érupt ives le p l u s souven t g r a n i t i q u e s , parfois d ior i t iques , d o n t

l ' in t rus ion est en r a p p o r t avec u n e des p h a s e s o r o g é n i q u e s , a r c h é e n n e s

ou a l g o n k i e n n e s a n t é r i e u r e s aux Transvaa l ides , et il s'est c o n c e n t r é

dans des g i sements a l l uv ionna i r e s p rès d u contact de la r o c h e é rup t ive

et de schistes fa ib lement m é t a m o r p h i q u e s . Jusqu ' ic i on n ' a p a s

découve r t de filons i m p o r t a n t s de qua r t z aur i fè re , c o m m e il en existe

en Rhodésie mér id iona le dans les schistes anc iens , p r è s de g r a n i t e s

in t rus i f s .

Les d i a m a n t s de l 'Oubangui -Char i on t été a p p o r t é s sans d o u t e p a r

des roches bas iques i n t ru s ive s à t r ave r s les t e r r a in s cr is ta l l ins et

c r i s ta l lophyl l iens . Mais ils n ' on t été r e c o n n u s j u squ ' i c i q u e d a n s d e s

g i sements a l l uv ionna i r e s formés e u x - m ê m e s a u d é t r i m e n t do bancs

c o n g l o m é r a t i q u e s d ' â g e i n c e r t a i n , peu t - ê t r e s i lu r ien , peu t - ê t r e

t r i a s ique . Ce sont des g i sements b ien a n t é r i e u r s aux g r a n d s g i sements

de k imber l i t e d iamant i fè re d 'Afrique aus t ra le , et c o m p a r a b l e s au

con t r a i r e aux g i sements de S o m a b u l a de l a base du Karroo supé r i eu r

en Rhodés ie m é r i d i o n a l e et aux g i s emen t s a l l uv ionna i r e s d u Kasaï,

formés au d é t r i m e n t des b a n c s c o n g l o m é r a t i q u e s de base d u

Lub i l ache .

Les g i s e m e n t s de cu iv re d u Niari et d u Djoué, avec a r g e n t , p l o m b ,

e t zinc s u b o r d o n n é s , sont des g i s emen t s d ' i m p r é g n a t i o n q u i , s ans

ê t re i d e n t i q u e s aux g r a n d s g i s e m e n t s de cu iv re du Ka tanga e t d e

l a Rhodés ie s e p t e n t r i o n a l e , se p ré sen t en t en condi t ions a n a l o g u e s

dans des format ions calcaires p r o b a b l e m e n t é q u i v a l e n t e s . Leur genèse

a p p a r t i e n t ainsi à la g r a n d e p é r i o d e m é t a l l o g é n i q u e de l 'Afrique

a u s t r a l e , l iée à l ' o rogénèse des Transvaa l ides (p la t ine d u Transvaa l ,

p l o m b et z inc d u Transvaa l et de Rhodés ie , cu iv re de Rhodés i e , d u

Katanga et d u Sud-Ouest afr icain) .

Enfin dans les sys tèmes p lus récen ts , pos té r i eu r s aux de rn i è r e s

venues de roches p ro fondes , existent s eu l emen t des g i sements de tou te

au t r e n a t u r e . La hou i l l e , q u i est exploi tée au Congo b e l g e d a n s le

sys tème du Kar roo , n ' a j a m a i s été observée a u Congo français dans

les couches de ce sys t ème , qu i d ' a i l l eurs s emb len t c o r r e s p o n d r e

seu lemen t au Karroo tou t à fait s u p é r i e u r . De ce fait, il n ' y a pas

g r a n d e s po i r de découver t e s u l t é r i e u r e s . P o u r t a n t les g r è s subl i t to ­

r aux c o m p r e n n e n t des couches c h a r b o n n e u s e s en Ango la . Les for­

ma t ions c ré tacées et t e r t i a i r e s con t i ennen t du b i t u m e et p o u r r a i e n t

con ten i r du p é t r o l e , bien q u e l e u r a l l u r e hor izon ta le soit peu

Page 295: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE ET CAMEROUN. 281

GÉOLOGIE E T M I N E S D E L A F R A N C E D ' O U T R E - M E R .

favorable à la concen t r a t i on et à l a conse rva t ion d u p é t r o l e 1 . Quant a u Qua te rna i r e , en dehor s des g î tes a l l uv ionna i r e s de

r e m a n i e m e n t formés à p a r t i r de g î t e s c o n t e n u s d a n s les t e r r a i n s anciens, il cont ient seu lemen t des g i s emen t s l a t é r i t i ques de fer ou d ' a l umin ium et des g i s emen t s d ' évapora t ion de c h l o r u r e et c a r b o n a t e de soude .

1. Pourtant des recherches de pétrole sont en cours daus les formations littorales ou sublittorales et auraient donné quelques indices favorables.

Page 296: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

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2 8 4 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

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Page 299: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

VI. CÔTE FRANÇAISE DES SOMALIS

PAR

MAURICE D R E Y F U S S

Géologue chargé de mission à la Côte française des Somalis.

La Côte f rançaise des Somal is est s i tuée s u r l a côte o r ien ta le

d 'Afrique e n t r e 11° e t 12°30 de l a t i t u d e n o r d . Bordée p a r l a m e r

Rouge et le golfe d 'Aden , el le a p o u r vois ines l ' E r y t h r é e i ta l ienne

au Nord , le S o m a l i l a n d a n g l a i s a u S u d et l 'Abyssinie à l 'Ouest .

Au po in t de v u e g é o l o g i q u e , e l le fait p a r t i e de l a r é g i o n dés ignée

h a b i t u e l l e m e n t sous l e n o m d'Afar : l 'Afar es t l e p a y s t r i a n g u l a i r e

effondré e n t r e les p l a t e a u x abyss in et somal i , et s é p a r é des h a u t s

p l a t eaux d u Yémen p a r le fossé de l a m e r R o u g e .

Tandis q u e les h a u t s p l a t e a u x voisins on t des a l t i tudes m o y e n n e s

de 2 .000 à 3 .000 m è t r e s , et son t cons t i tués f o n d a m e n t a l e m e n t p a r des

roches m a g m a t i q u e s et m é t a m o r p h i q u e s pa léozo ïques , on ne t rouve

g u è r e d a n s l 'Afar de s o m m e t s d é p a s s a n t 1.500 à 2 .000 m è t r e s , et

les r o c h e s anc iennes font à p e u p r è s t o t a l e m e n t défaut : c'est s u r t o u t

u n d o m a i n e d e r o c h e s d ' é p a n c h e m e n t : basa l tes et rhyo l i t e s . A p a r t

ces fo rmat ions , on n 'y r e n c o n t r e q u e q u e l q u e s t e r r a in s séd imen-

ta i res : ca lca i res j u r a s s i q u e s , g r è s d a t a n t sans d o u t e du P o r t l a n d i e n

et de l ' In f rac ré tacé , e t dépô t s q u a t e r n a i r e s d ive r s .

Un fossé, o r i en té à p e u p r è s de l 'Ouest à l 'Est , s é p a r e la colonie en

deux r é g i o n s , peup lée s d ' a i l l eu r s p a r des races différentes : a u Nord

d u fossé, q u i est m a r q u é p a r le golfe de Tad jou rah , h a b i t e n t les

Dankal is ou Afars ; au S u d , ce sont les Somal i s .

La p a r t i e s ep t en t r iona l e d e la colonie cons t i tue u n p l a t e a u b a s a l ­

t ique (p la t eau de Weima) l imi té a u Sud p a r des r ég ions accidentées

b o r d a n t le golfe de T a d j o u r a h (monts Mabla et G o u d a h ) .

La r é g i o n m é r i d i o n a l e c o m p r e n d , t ou t à fait au Sud , a u vois inage

des f ront ières de l 'Abyssinie et d u Somal i l and , u n e r é g i o n m o n t a -G É O L O G I E ET MINES DE LA FRANDE D'OUTRE-MER. 27

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286 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

gneuse où affleurent des roches séd imenta i res : c 'est le d ô m e d 'Ali-

Sab ieh . Le res te de la Côte des Somalis est formé de p l a t eaux

basa l t iques p lus ou m o i n s é t e n d u s , séparés p a r des va l lées encaissées

ou p a r des p la ines , où se sont déposées des format ions l acus t res ou

accumulées des a rg i les p r o v e n a n t d e l a décompos i t ion des basa l t e s .

Les côtes sont en de n o m b r e u x po in t s b o r d é e s de p l a ines formées d e

dépô t s m a r i n s q u a t e r n a i r e s .

Nous a l lons déc r i r e success ivement :

1° le d ô m e d 'Al i -Sabieh ;

2° les p l a t e a u x basa l t i ques ;

3° les d é p ô t s q u a t e r n a i r e s .

I. LE DOME D'ALI-SABIEH

La r é g i o n m o n t a g n e u s e s i tuée au Sud d 'Al i -Sabieh cons t i tue u n

d ô m e e l l ip t ique don t le g r a n d axe est o r ien té Nord-Est Sud-Oues t .

Ce p l i ssement es t c o m p l i q u é de fail les don t les p r inc ipa l e s ont u n e

or ien ta t ion n o r d - n o r d - o u e s t sud-sud-es t et oues t -sud-oues t es t -nord-

est .

Les t e r r a in s affleurant d a n s ce p l i s s e m e n t sont les su ivants :

a) u n e sér ie de ca l ca i r e s , c o m p r e n a n t à la base des bancs à

a m m o n i t e s , et , p l u s h a u t , des fo rmat ions d e p l u s en p l u s l i t to ra les :

ce sont d ' a b o r d des calcaires c o m p a c t s t r è s p e u fossilifères, puis des

calcai res cora l l igènes avec des Nér inées . Au-dessus v i ennen t d e s ca l ­

ca i res m a r n e u x et des calcai res g ré seux con tenan t Terebratula

subsella, Pholadomya Protei e t des l u m a c h e l l e s d'Exogyra bruntu-

tana.

Ces ca lca i res , don t nous avons é tud ié la faune en dé ta i l (voir b ib l i o ­

graph ie ) c o r r e s p o n d e n t à l 'Astar t ien et a u Kimér idgien ;

b) s u r ces ca lca i res r eposen t , s ans d i scordance ni l a c u n e , des g rès

t r è s p u i s s a n t s n e con tenan t a u c u n fossile. Des g r è s ana logues sont

connus dans les rég ions voisines (Abyss in ie , Somal i l and et Yémen) où

ils sont cons idérés c o m m e inf racré tacés . A la Côte f rançaise des

Somalis , ils s e m b l e n t d é b u t e r a u P o r t l a n d i e n .

Ces g r è s et ces calcai res sont les seules fo rmat ions s éd imen ta i r e s

de cet te r é g i o n ;

c) au -dessus v i ennen t des basa l t es , g é n é r a l e m e n t t rès a l té rés , e t

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COTE FRANÇAISE DES SOMALIS.

Fig. 22.

287

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COTE FRANÇAISE DES SOMALIS. 289

II. LES PLATEAUX BASALTIQUES

La côte sep ten t r iona le d u golfe de T a d j o u r a h est b o r d é e d e h a u ­

teurs découpées dépas san t g é n é r a l e m e n t 1.000 mèt res et a t t e ignan t

1.654 m è t r e s au m o n t G o u d a h ; ces h a u t e u r s sont en g r a n d e pa r t i e

rhyo l i t i ques ; ma i s su r les sommet s appa ra i s sen t des b a s a l t e s qu i se

pou r su iven t vers le Nord sous forme d ' u n p l a t eau m o n o t o n e ,

s ' é tendant j u s q u ' a u p ied d u Moussa Ali, qu i es t le seul cône volca­

n ique (d 'a i l leurs éteint) de cet te r é g i o n .

Les basal tes d u Sud de l a co lonie ont été émis p a r des volcans

moins i m p o r t a n t s q u e le Moussa Ali , et s i tués a u Sud d e Djibouti

su r p lus ieurs a l i g n e m e n t s , ainsi q u ' a u x e n v i r o n s d u l ac Assal.

Les l aves de l a rég ion d u l ac Assal p a r a i s s e n t d ' a i l l eurs u n p e u

p lus r écen tes que toutes les a u t r e s , e t l e u r émi s s ion a sans d o u t e

d u r é p e n d a n t u n e pa r t i e d u Q u a t e r n a i r e .

III. LES DÉPOTS QUATERNAIRES

Si l 'on m e t à pa r t les a rg i l e s d e décompos i t i on des b a s a l t e s , qu i

couvren t à elles seu les de g r a n d e s é t e n d u e s , c o m m e p a r e x e m p l e l a

p la ine de Bara , qu i a 28 k i l o m è t r e s s u r 30 , on peu t d i s t i n g u e r

p a r m i les d é p ô t s q u a t e r n a i r e s de la Côte des Somal is :

a) des dépô t s d ' eau douce , q u i c o r r e s p o n d e n t à d ' anc iens bass ins

lacus t res de t rès g r a n d e é t e n d u e , te ls q u e ceux de Gobad et de Gagadé ,

où l 'on t rouve des sab les et d e s m a r n e s b l a n c h e s c o n t e n a n t u n e

faune fossile const i tuée p a r des espèces v ivan t enco re ac tue l l emen t ,

c o m m e p a r e x e m p l e Melania tuberculata;

b) des formations m a r i n e s , local isées le l o n g des côtes d u golfe

c o m p r e n a n t des cou lées e t des filons t r a v e r s a n t l es t e r r a i n s p r é ­

cédents ;

d) ces basa l t e s sont s u r m o n t é s p a r des coulées épaisses de

rhyol i tes .

Tous ces t e r r a i n s plissés sont a n t é r i e u r s à u n e seconde série d e

basa l tes qu i v i e n n e n t les r e c o u v r i r h o r i z o n t a l e m e n t en différents

points .

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290 GÉOLOGIE ET MINES DE LA FRANCE D'OUTRE-MER.

d 'Aden , et q u e l 'on t r o u v e aussi s u r la côte Nord d u golfe de

Tad jou rah , pas san t i n sens ib l emen t à d e s d é p ô t s to r r en t i e l s su r les

contrefor ts des m o n t s Mabla et Goudah : ce sont des fo rmat ions cora l -

l igènes , e t des sab les con t enan t u n e f aune i den t ique à celle v ivan t

a c t u e l l e m e n t d a n s les m e r s vo is ines ;

c) i l faut m e t t r e à p a r t les dépôts d u lac Assal : les p lus anc iens de

ces dépôts sont des fo rma t ions d 'eau douce a n a l o g u e s à celles don t

nous avons p a r l é p r é c é d e m m e n t . Pu i s v i ennen t des dépôts d ' eau salée

e t d 'eau sursa lée ; les b o r d s d u lac son t occupés p a r u n e doub le ce in­

t u r e de sel et de gypse .

TECTONIQUE

La t ec ton ique de ces r é g i o n s est r e l a t i v e m e n t s imp le , p u i s q u ' à

p a r t le d ô m e d 'Al i -Sabieh , on ne t rouve g u è r e q u e des fai l les, q u i

p o u r la p l u p a r t sont en re la t ion avec le fossé j a l o n n é p a r le golfe de

T a d j o u r a h et le l ac Assal.

RICHESSES MINÉRALES

Nous venons de voir que l les sont les g r a n d e s l ignes de la géologie

de l a Côte f rançaise des Somal is : que l l es conc lus ions p e u t - o n en

t i r e r conce rnan t les ressources min iè re s?

A pa r t le sel et le g y p s e du lac Assal, n o u s n 'avons r e n c o n t r é , a u

c o u r s de deux années passées à l a colonie , a u c u n miné ra l explo i tab le .

Les d o n n é e s actuel les ne s emblen t d ' a i l l eurs pas e n c o u r a g e a n t e s , et

il est fort p e u p r o b a b l e que des r e c h e r c h e s u l t é r i e u r e s p e r m e t t e n t

d e c réer u n e indus t r i e m i n i è r e dans n o t r e pe t i t e colonie .

Page 305: La Géologie et les mines de la France d'outre-mer

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

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