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1 La Gazette Tolosane n°14 ORDRE DU SAINT SEPULCRE DE JERUSALEM Lieutenance de France Province Saint Jean-Paul II http://saint-sepulcre-toulouse.eklablog.com LA GAZETTE TOLOSANE Numéro 14 janvier-février-mars 2015 Le mot du Président 2014 aura été une année déterminante pour notre Province. L’ensemble des responsables de commanderies (Philippe CABIDOCHE, Marc DUTRENOIS, François NENERT puis Alain LEDUC, Thierry de MAULEON), de groupes (Bernard BONNET, Serge BRISCADIEU), délégués diocésains (Henri BALSSA, Didier NAUDIN), chevaliers et dames, sympathisants et bénévoles se sont illustrés par la générosité de leurs engagements au service de nos frères de Terre Sainte, méritant notre profonde reconnaissance pour leur dévouement. Forts de ce soutien, nous avons pu mettre en œuvre le programme énoncé lors de notre nomination en juillet 2013 : 1) revigorer l’énergie spirituelle grâce à l’action de nos deux prieurs régionaux, le Père Czeslaw SULKOWSKI et Monseigneur Michel CAMBON, qui se sont investis efficacement sur le terrain, participant à toutes les manifestations organisées dans la Province, assistant le président, les responsables de commanderies, de groupes et les délégués diocésains, dont ils sont les guides spirituels, et par leurs publications. 2) approfondir nos travaux de recherches en interaction avec le monde universitaire et la communauté scientifique. L’Institut Catholique de Toulouse a répondu avec enthousiasme à cette volonté. Madame le Professeur Marie-Thérèse URVOY, directrice du CISA (Christianismes, Islams et Sociétés Arabes) et Monsieur le Professeur Bernard CALLEBAT, Directeur du CEHDC (Centre d’Etude et d’Histoire du Droit canonique) ont invité l’ensemble des chevaliers et dames de notre Ordre à participer à leurs colloques. Le fait que Madame Marie-Thérèse URVOY ait publié dans la Gazette Tolosane, atteste du sérieux et de la qualité de cet engagement. Il en est de même pour tous ceux qui se sont investis dans la rédaction d’articles et documents reproduits dans notre Gazette. Outre l’approfondissement intellectuel procuré aux rédacteurs, visant à s’améliorer et à se bonifier, conformément aux objectifs de notre Ordre, ils servent largement d’exemple, avec la tenue des réunions d’animations spirituelles, aux recrutements. 3) accentuer les recrutements pour renouveler et vivifier notre Ordre. Le nombre de sympathisants et postulants dans la Province est en augmentation constante et nous sommes encouragés par la qualité des personnes qui nous rejoignent pour participer à notre l’action. 4) Le nouveau découpage de la Province est plus harmonieux et respectueux des particularismes locaux : commanderie de Notre Dame de Sabart, groupes du Gers et du Tarn, délégués diocésains dans le Lot et le Tarn-et-Garonne. A ces axes initiaux sont venus s’ajouter plusieurs nouveaux projets, énoncés à Lourdes le 14 août et à Conques le 12 octobre :

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La Gazette Tolosane n°14

ORDRE DU SAINT SEPULCRE DE JERUSALEM

Lieutenance de France

Province Saint Jean-Paul II

http://saint-sepulcre-toulouse.eklablog.com

LA GAZETTE TOLOSANE Numéro 14 janvier-février-mars 2015

Le mot du Président

2014 aura été une année

déterminante pour notre Province. L’ensemble des responsables de commanderies (Philippe CABIDOCHE, Marc DUTRENOIS, François NENERT puis Alain LEDUC, Thierry de MAULEON), de groupes (Bernard BONNET, Serge BRISCADIEU), délégués diocésains (Henri BALSSA, Didier NAUDIN), chevaliers et dames, sympathisants et bénévoles se sont illustrés par la générosité de leurs engagements au service de nos frères de Terre Sainte, méritant notre profonde reconnaissance pour leur dévouement. Forts de ce soutien, nous avons pu mettre en œuvre le programme énoncé lors de notre nomination en juillet 2013 :

1) revigorer l’énergie spirituelle grâce à l’action de nos deux prieurs régionaux, le Père Czeslaw SULKOWSKI et Monseigneur Michel CAMBON, qui se sont investis efficacement sur le terrain, participant à toutes les manifestations organisées dans la Province, assistant le président, les responsables de commanderies, de groupes et les délégués diocésains, dont ils sont les guides spirituels, et par leurs publications.

2) approfondir nos travaux de recherches en interaction avec le monde universitaire et la communauté scientifique. L’Institut Catholique de Toulouse a répondu avec enthousiasme à cette volonté. Madame le Professeur Marie-Thérèse URVOY, directrice du CISA (Christianismes, Islams et

Sociétés Arabes) et Monsieur le Professeur Bernard CALLEBAT, Directeur du CEHDC (Centre d’Etude et d’Histoire du Droit canonique) ont invité l’ensemble des chevaliers et dames de notre Ordre à participer à leurs colloques. Le fait que Madame Marie-Thérèse URVOY ait publié

dans la Gazette Tolosane, atteste du sérieux et de la qualité de cet engagement. Il en est de même pour tous ceux qui se sont investis dans la rédaction d’articles et documents

reproduits dans notre Gazette. Outre l’approfondissement intellectuel procuré aux rédacteurs, visant à s’améliorer et à se bonifier, conformément aux objectifs de notre Ordre, ils servent largement d’exemple, avec la tenue des réunions d’animations spirituelles, aux recrutements.

3) accentuer les recrutements pour renouveler et vivifier notre Ordre. Le nombre de sympathisants et postulants dans la Province est en augmentation constante et nous sommes encouragés par la qualité des personnes qui nous rejoignent pour participer à notre l’action.

4) Le nouveau découpage de la Province est plus harmonieux et respectueux des particularismes locaux : commanderie de Notre Dame de Sabart, groupes du Gers et du Tarn, délégués diocésains dans le Lot et le Tarn-et-Garonne.

A ces axes initiaux sont venus s’ajouter plusieurs nouveaux projets, énoncés à Lourdes le 14 août et à Conques le 12 octobre :

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5) communiquer plus et mieux vers l’extérieur. Notre Province s’est dotée, grâce à Henri BALSSA, d’outils de communication du XXIème siècle (Blog de la Province, site Face Book [ayant accueilli plus de 1.000 visiteurs depuis le 18 août 2014]), à l’usage des chevaliers et dames de notre Ordre, de nos diocèses, et de tous ceux qui souhaitent nous rejoindre.

6) réformer et moderniser nos structures par un élargissement de la composition du Conseil : Monsieur Jacques CRANSAC (accompagnateur des nouveaux impétrants), le Colonel Didier DELTOUR (responsable des relations avec les armées), le Docteur Jean-François GOURDOU (responsable des relations avec le personnel politique), Madame Béatrice MASSON

(assistante pour l'élaboration de la Gazette

Tolosane). Offrir plus de transparence, par la publication de ses comptes-rendus. Les activités de notre Province sont nombreuses et importantes : cérémonies de Lourdes, Rocamadour, Sainte Foy de Conques, Saint Jean-Paul II à Auch, Saint-Bertrand de Comminges, Sainte Cécile d’Albi, Sainte Geneviève, Saint Saturnin à Toulouse, retraite de Boulaur, auxquelles s’ajoutent les chapelets de Lourdes, les quêtes, kermesses (Pamiers, Saverdun), l’accueil des chrétiens d’Orient (Ariège, Tarn). Le parrainage conjoint des Provinces de Montpellier et de Toulouse a conduit à l’ordination diaconale d’Ibrahim NAFFA’, du séminaire de Beit Jala, le 26 juin 2014.

Notre Province s’adapte pour répondre à sa mission en période troublée. Les plus anciennes implantations chrétiennes, celles où le christianisme était présent depuis l'époque des apôtres, se vident de leurs habitants. Nos frères chrétiens d’Orient sont arrachés à leur terre, déracinés et obligés de partir à la hâte, à l’instar de la Sainte Famille, et de se disperser aux quatre coins du monde. Les fils d’Abraham (juifs, chrétiens, musulmans) ont de plus en plus de mal à vivre dans la fraternité, l’amour et la paix. Jésus, Dieu fait homme, nous fait participer à sa divinité pour nous donner le courage de rester fermes, et d’aimer jusqu’au bout, même au

prix de porter la croix ! Ce qu’a enduré notre Eglise durant des siècles nous apprend que la foi, la charité et l’espérance sont plus fortes que toutes les tentations du Malin et les tempêtes du Mal. Le désespoir n’a pas sa place dans nos cœurs.

2015 sera une année passionnante, qui verra se poursuivre le travail de restructuration engagé, la création de nouveaux outils et actions, et une réflexion sur notre avenir commun. Nous avons d’ores et déjà décidé avec la Province de Montpellier d’élaborer un nouveau programme de formation de prêtres.

C’est avec la plus grande joie que nous avons appris que les prochains adoubements et investitures se dérouleront à Toulouse. Ces cérémonies, organisées par la Lieutenance de France, se tiendront ainsi à la fois dans l’un des diocèses les plus anciens des Gaules et dans l’une des métropoles régionales les plus importantes et attractives. Nous ne saurons jamais assez remercier Monseigneur Robert LE GALL, Archevêque de Toulouse, pour cette prise de décision en accord avec le Grand Magistère. Il s’agit pour nous de l’aboutissement positif d’un projet auquel nous tenions particulièrement depuis de plusieurs mois. C’est la première fois en effet dans l’histoire de notre Ordre que des cérémonies d’adoubements se dérouleront dans la Ville Rose. L’accueil de ces célébrations contribuera à apaiser les esprits dans un juste respect des institutions. Nous nous réjouissons que S.Em.R. le Cardinal Grand Maître ait accepté de présider ces cérémonies rappelant que la mission de l’Ordre est d’aider des frères victimes d’une situation conflictuelle réellement dramatique, et pour qui nous devons tous prier. Nous ferons tout notre possible pour regrouper l’ensemble des personnes de bonne volonté, dans la ligne romaine, autour de S.Em.R. le Cardinal Grand Maître.

La veillée d’armes et de prières se déroulera dans la basilique Saint-Sernin le vendredi soir 2 octobre 2015.

La cérémonie d’adoubements se tiendra en la cathédrale Saint-Étienne le samedi matin 3 octobre 2015.

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La messe d’action de grâces sera célébrée en l'église Saint-Jérôme le dimanche matin 4 octobre 2015.

S.E Pierre MURRET-LABARTHE, Lieutenant de France, nous a confié la responsabilité de l’organisation matérielle, en liaison avec les autorités locales, les cérémoniaires de la Lieutenance, l’abbé Laurent VILLEMIN à titre ecclésiastique, Monsieur Eric LEFEVRE à titre laïc, et Monsieur Philippe RADAL. Un comité d’organisation des adoubements a été institué dans la Province, composé d’un certain nombre de responsables, car le bon déroulement de telles cérémonies suppose une organisation très précise. Toutes les commanderies de la Province seront associées à cette célébration nationale et y apporteront leur participation. Nous agirons tous ensemble dans le même sens, avec les mêmes objectifs, qui nous le savons, animent profondément chacun d’entre nous.

Nous coopérerons tous dans l’action pour que la Province Saint Jean-Paul II, qui nous est si chère, prenne la place qui doit être la sienne dans l’honneur, l’efficacité et la fierté. Osons de nouveau l’aventure : croire qu’il nous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, il y a deux mille ans, aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps ! Remercions, une fois encore, tous ceux qui se sont impliqués dans la réalisation de ce numéro en nous apportant leur aide, leurs clichés photographiques, leur temps et leur énergie. Ils ont concouru, avec une grande générosité, à l’élaboration de ce numéro afin que nous puissions progresser ensemble vers les objectifs qui sont les nôtres.

Ludovic SEREE de ROCH

(La place du Capitole de Toulouse)

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SOMMAIRE

ACTUALITES DE LA PROVINCE

Le mot du Prieur de la Province : «Dieu se contente d’être aimé», Monsieur l'Abbé Czeslaw SULKOWSKI. Le mot du Coadjuteur de la Province : «Pâques tombe très tôt (ou «très tard») cette année...», Monsieur l'Abbé Michel CAMBON. «Adoubements 2015 : Le Lieutenant de France en visite à Toulouse (31 janvier 2015)», Henri BALSSA & Marc DUTRENOIS.

COMMANDERIE SAINTE BERNADETTE SOUBIROUS «LOURDES, fête de Notre Dame de Lourdes», Philippe CABIDOCHE. «Un pèlerinage à Lourdes pour les familles chrétiennes syriennes et irakiennes réfugiées en France», Philippe CABIDOCHE.

COMMANDERIE NOTRE DAME DE SABART «Ordination épiscopale de Monseigneur Jean-Marc EYCHENNE (15 février 2015)», Marc DUTRENOIS.

TRAVAUX D’ANIMATION SPIRITUELLE

«L'Encyclique Lumen Fidei», Jean-François GOURDOU.

ARTICLES

«Retraite Nationale de la Lieutenance Notre Dame de La Garde (21 février 2015)», Béatrice MASSON. «Retraite Nationale au domaine de Sainte Garde Saint-Didier (20-22 février 2015)», Monseigneur Jean-Pierre Norbert ELLUL. «L’évolution du statut patriarcal», Père Pierre TANIOS.

TERRE SAINTE

«Les premiers fruits d’un parrainage conjoint des Provinces de Montpellier et de Toulouse : l’ordination sacerdotale d’Ibrahim NAFFA’, du séminaire de Beit Jala en Terre Sainte (26 juin 2014)», Paul BLAISE. «Nouveau parrainage d’un Séminariste par les Provinces de Montpellier et Toulouse», Marc DUTRENOIS. «Pèlerinage national en Terre Sainte (06 au 15 novembre 2015)», Joëlle de MONREDON. «Condamnation des attentats de Paris», Mgr Mounir KHAIRALLAH

INVITATION, PUBLICATIONS, NOMINATIONS, CALENDRIER

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ACTUALITES

Le mot du Prieur de la Province

(Monsieur l’Abbé Czeslaw SULKOWSKI)

Dieu se contente d’être aimé

Sur le pilier de l’église de Vicdessos,

il y a un tableau du Christ crucifié. Si vous faites une promenade dans la vallée de la Haute Ariège, arrêtez-vous dans cette église. J’ai regardé ce tableau car il y avait quelque chose de différent par rapport à d’autres tableaux et croix : les bras du Christ étaient très élevés. Vu mon regard pensif, un monsieur s’est approché et a commencé à me raconter l’histoire de ce tableau qui

venait d’être restauré : «c’est la croix de style

janséniste. Les bras en effet ressemblent à un

entonnoir. Selon cette doctrine, il fallait

faire beaucoup d’efforts, de pénitences, de

sacrifices pour entrer dans le Royaume de

Dieu». Aujourd’hui encore, nous sommes,

me semble-t-il, trop souvent persuadé que la religion est une sorte de morale. Et pourtant, un Dieu qui nous a créés libres, doit être aussi un Dieu qui respecte notre liberté, qui ne nous demande rien. Il nous donne tout, certes, mais il n’exige rien.

Toutefois, dans le livre du Deutéronome 10, 12 Moise dit au peuple :

«Sais-tu, Israël, ce que le Seigneur ton Dieu

te demande ? Craindre le Seigneur ton

Dieu, suivre tous ses chemins, aimer le

Seigneur ton Dieu, le servir de tout ton

cœur et de toute ton âme, garder les

commandements et les lois du Seigneur que

je te donne aujourd'hui pour ton bien». Le prophète Michée, lui aussi

exhorte ses contemporains : «On t’a fait

savoir, ô homme, ce qui est bien, ce que

Yahvé réclame de toi : rien d’autre que

d’accomplir la justice, d’aimer avec

tendresse, et de marcher humblement avec

ton Dieu» (Mi 6,6-8). Michée ne dit pas comment accomplir la justice ; comment aimer avec tendresse, comment marcher avec Dieu ? Dieu ne fournit pas de code civil, pas de morale !

Bien évidemment, cela ne veut pas dire que le droit, la morale, toutes les règles seraient inutiles. Nous avons besoin être clairs en matière de droit, de morale. St Paul

dit : «Tout est permis, mais tout n’est pas

profitable. Tout est permis, mais n’édifie

pas» (1 Co 10,23). Ce qu’il faut donner à Dieu ne se trouve pas à l’extérieur de nous. Michée, Isaïe, Osée critiquaient et rejetaient les sacrifices des animaux. Ce qu’il faut

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donner à Dieu se trouve en nous. Cela est inscrit dans notre cœur, notre intérieur.

L’auteur du livre Deutéronome a

déjà saisi cela en écrivant : «Car cette loi que

je te prescris aujourd'hui n'est pas au-dessus

de tes forces ni hors de ton atteinte. Elle n'est

pas dans les cieux, pour que tu dises : «Qui

montera aux cieux nous la chercher et nous

la faire entendre, afin que nous la mettions

en pratique ?» Elle n'est pas au-delà des

mers, pour que tu dises : «Qui se rendra au-

delà des mers nous la chercher et nous la

faire entendre, afin que nous la mettions en

pratique ?» Elle est tout près de toi, cette

Parole, elle est dans ta bouche et dans ton

cœur afin que tu la mettes en pratique» (30, 11-14).

St Paul, tout en ayant une éducation juive, donne une autre approche. Dans sa

lettre au Romain 2, 14-15, il écrit : «Quand

des païens qui n'ont pas la Loi pratiquent

spontanément ce que prescrit la Loi, ils

montrent que la façon d'agir ordonnée par

la Loi, est inscrite dans leur cœur, et leur

conscience». La loi de Dieu est inscrite dans notre conscience. C’est elle qui nous dit vraiment comment répondre à cette question du prophète Michée. J’accomplis la justice parce que Dieu m’a justifié c’est-à-dire il m’a pardonné tant de fois. Ainsi, je cherche à être juste avec l’autre, mon prochain. J’aime Dieu car Lui m’a aimé le premier, avec un amour gratuit, inconditionnel. Son exemple me pousse à aimer à mon tour le prochain. Je marche avec le Seigneur car c’est lui qui est venu jusqu’à moi. Alors comment ne pas prendre

la route pour le suivre ? «Que rendrons-nous

donc au Seigneur pour tout ce qu’il nous a

donné ? (interroge saint Basile) Il [Dieu] est

si bon qu’il ne demande rien en échange de

tout ce qu’il nous a donné : il se contente

d’être aimé».

Abbé Czeslaw SULKOWSKI

Prieur de la Province

(La cathédrale Saint Etienne de Toulouse)

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ACTUALITES

Le mot du Coadjuteur de la Province

(Monsieur l’Abbé Michel CAMBON)

«Pâques tombe très tôt (ou «très tard») cette année...»

Propos incontournable des conversations post-hivernales et vérité objective ! A la différence de Noël, de l'Assomption et de quelques autres grandes fêtes, la date de Pâques est variable, voire élastique. Nul ne l'ignore, mais peu seraient capables d'en expliquer la raison. L'année liturgique est scandée par des jours spéciaux qui se réfèrent à un épisode de la vie du Christ (Pâques, Noël) ou à un aspect du dogme chrétien (Trinité, Épiphanie). Le plus important de tous est la fête de Pâques, car ce qu'elle célèbre, c'est la Résurrection de Jésus, l'événement central de notre foi. Le Christ a vécu les étapes de Sa passion dans le cadre de la grande fête juive de la Pâque (sans «s» !), d'un mot hébreu qui veut dire «passage», celui de la Mer Rouge, le moment fondateur par lequel la troupe hétéroclite des esclaves hébreux est devenue le peuple libre des Juifs. Mort le vendredi veille du sabbat, demeuré dans le repos du tombeau le samedi (jour saint du judaïsme, précisément caractérisé par la suspension de toute activité profane), ressuscité le lendemain, le Christ, Fils de Dieu et fils d'Israël, inaugure le calendrier chrétien tout en assumant les contingences du calendrier juif auquel Il s'est soumis toute Sa vie. Il institue le

dimanche, la [dies] dominica, c'est-à-dire en latin le «jour du Seigneur» (Apocalypse, 1, 9-10). C'est pour cela qu'au bout du compte, les deux fêtes chrétiennes les plus importantes sont Pâques... et

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chacun de nos dimanches, qui sont en quelque sorte, comme disait un grand liturge, cinquante-deux «petites Pâques» ! La désaffection quasi-généralisée de ce jour saint entre tous aurait bien étonné les martyrs nord-africains d'Abitène, qui, le couteau sous la gorge, proclamèrent cette

certitude tranquille, qui nous fait rougir : «Sans le dimanche [entendre : l'observance du

dimanche], nous ne pouvons vivre». Méditons. Et comprenons. Pendant les trois premiers siècles de l'Eglise, loin de Rome et des grandes métropoles, certaines communautés chrétiennes se distinguaient encore assez mal du judaïsme. Sans avoir abandonné la coutume du sabbat, qui demeurait leur jour de repos hebdomadaire et qu'ils considéraient toujours comme le dernier de la semaine, ces fidèles exprimaient le «petit plus» de leur identité chrétienne en célébrant le Repas du Seigneur le lendemain ou dans la nuit du samedi au dimanche, lequel demeurait ce qu'il était dans le calendrier juif, le premier de la semaine, mais en s'étant chargé d'une réalité plus haute : il était devenu le «Jour du Seigneur», celui qui faisait entrer dans une semaine nouvelle et par rapport auquel toutes les activités humaines allaient s'organiser et prendre sens ! Au premier siècle, pour affirmer l'historicité de l'événement face aux premières attaques des intellectuels païens, certaines communautés chrétiennes, en particulier celle de Rome, décidèrent qu'il fallait célébrer tous les ans un «anniversaire» de la Résurrection du Christ. Dans la certitude qu'aucun jour ne saurait être préféré au «Jour du Seigneur» quand il s'agit de réunir le peuple de Dieu, ces Eglises choisiraient chaque année le dimanche le plus proche du 14 Nisan, date historique de la Passion et jour mobile de la Pâque juive. La Pâques chrétienne ainsi calculée serait alors, si c'est un dimanche, celui-là-même du 14 Nisan, ou bien, s'il ne l'était pas, le dimanche suivant. En ce temps où l'Eglise n'était pas unifiée, où de nombreuses querelles théologiques faisaient rage, parfois jusqu'à l'extrême violence, et en l'absence de moyens faciles de communication, certaines communautés avaient d'autres coutumes, en particulier les Églises d’«Asie» (dans l'actuelle Turquie) : elles avaient décidé que la fête chrétienne de Pâques serait célébrée le même jour que la Pâque juive, que celui-ci soit ou non un dimanche. En 190, le pape Victor Ier voulut mettre un terme à cette divergence en excommuniant les évêques d’Asie. C’est saint Irénée, évêque de Lyon, qui fêtait lui-même Pâques le dimanche, bien que son Eglise fût de tradition orientale, qui apaisa toutes les tensions en lui conseillant filialement de laisser chaque Eglise libre en la matière. On en était là quand parut l’empereur Constantin, avec le désir de tout régenter et de tout unifier... y compris les moindres détails de la vie de l'Eglise ! L'historien saint Eusèbe de Césarée, son contemporain, résume bien le dossier dont le monarque n'allait pas tarder à s'emparer, car celui-

ci, comme bien plus tard Napoléon, ne détestait rien tant que le désordre : «Dans ces temps-là,

une question assurément non sans importance fut soulevée, parce que les chrétientés de toute

l'Asie, suivant une tradition très antique, pensaient qu'il fallait garder le quatorzième jour de la

lune pour la fête de la Pâque du Sauveur. C'était le jour auquel il était ordonné aux Juifs

d'immoler l'agneau et, d'après eux, il était absolument nécessaire, en quelque jour de la semaine

que se rencontrât cette date, de mettre alors fin aux jeûnes. Mais les Églises de tout le reste de la

terre n'avaient pas l'habitude d'observer cette manière de faire, et d'après la tradition

apostolique elles gardaient l'usage qui est en vigueur jusqu'à présent, pensant qu'il n'était pas

convenable de mettre fin au jeûne en un autre jour (de la semaine) que celui de la résurrection de

notre Sauveur (dimanche)» (Histoire ecclésiastique, V, 23). En 325, l'empereur convoque un concile à Nicée, un faubourg de Constantinople sa capitale. Se considérant comme le chef suprême de la catholicité, il préside lui-même tous les débats ! Il oblige l'Eglise à prendre parti sur toutes les questions qui agitent la chrétienté parfois depuis des siècles. La date de Pâques est l'une des plus épineuses, et le symbole de l'incompréhension grandissante entre l'Eglise d'Orient et

l'Eglise d'Occident. L'assemblée des évêques décrète alors que «Pâques est le dimanche qui suit le

quatorzième «jour de la lune» (pleine lune), qui atteint cet âge au 21 mars (équinoxe) ou

immédiatement après». En d'autres termes, la fête de Pâques devra être célébrée le dimanche qui suit la première pleine lune de printemps, c'est-à-dire au plus tôt le 22 mars, au plus tard le 25 avril, un intervalle dans lequel pas moins de trente-cinq jours de l'année sont éligibles ! Ce qui

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impressionne, c'est qu'au concile de Nicée, l'Eglise, au faîte de sa puissance, très impériale, et partout distincte de la Synagogue, n'a pas renié ses liens avec la foi d'Israël et qu'elle tient à le proclamer officiellement ! La Pâques chrétienne sera à jamais liée à la Pâque juive. C'est pour la même raison qu'à l'encontre de plusieurs hérésies qui le disaient caduque depuis la venue du Christ, l'Eglise n'a jamais voulu retrancher l'Ancien Testament du livre de ses Saintes Ecritures. L'Eglise a conscience de ses racines ; elle prêche un Messie incarné dans le peuple et la religion d'Israël ; elle ne peut être antisémite. On l'a dit, la Pâque juive se célèbre le 14 Nisan, un mois qui commence le jour de la première nouvelle lune du printemps. Car le calendrier juif est lunaire et non solaire. Le printemps correspond à l’équinoxe. Or l’équinoxe, comme la pleine lune qui le suit, et donc la date de la Pâque juive, peuvent avoir lieu n’importe quel jour de la semaine et c’est pour cela que l’on a choisit le dimanche suivant pour fêter la résurrection de Jésus le même jour où on la célèbre chaque semaine. Seulement la date même de l’équinoxe posait problème. Dans l’antiquité romaine, selon le calendrier julien (édicté par Jules César), l’équinoxe était fixée au 25 mars (le solstice d’hiver, au 25 décembre, qui serait ultérieurement christianisé sous la forme de la fête de Noël que nous connaissons). A l’époque du concile de Nicée, au IVème siècle, on avait déjà constaté que la date astronomique de l'équinoxe était le 21 mars (en fait, le 20 ou 21 mars). Mais cette erreur n'a été corrigée que bien plus tard, en 1582, grâce à l'adoption d'un nouveau système, le calendrier dit grégorien, d'après le nom de Grégoire XIII, le pape qui l'a promulgué et imposé à tous les pays catholiques. Cette année, en 2015, l’équinoxe tombe le 20 mars, la première lune sera le 4 avril et le dimanche suivant (donc Pâques), le 5 avril. Les Eglises d'Orient séparées de Rome, dites «orthodoxes», russe, grecque, copte, éthiopienne, ont un calcul différent qui repose toujours sur le calendrier julien, car elles sont bien sûr restées extérieures à la réforme papale du calendrier. Au moment de l'adoption de celui-ci à la fin du XVIème siècle, il y avait un décalage de 10 jours ; l'écart est actuellement de 13 jours. Pour cette raison, les Eglises orthodoxes célébreront Pâques le 12 avril 2015.

Abbé Michel CAMBON

Coadjuteur de la Province

(Vue de la basilique Saint Sernin de Toulouse)

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ADOUBEMENTS 2015 :

LE LIEUTENANT DE FRANCE

EN VISITE A TOULOUSE (31 janvier 2015)

Etaient présents : Henri BALSSA, Bernard BONNET, Mgr Michel CAMBON, Jacques

CRANSAC, Marc DUTRENOIS, Docteur Jean-François GOURDOU, Docteur Alain LEDUC, Eric LEFEVRE, Béatrice MASSON, François NENERT, Thierry de MAULEON, S.E. Pierre MURRET-LABARTHE, Didier NAUDIN, Philippe RADAL, Maître Ludovic SEREE de ROCH, Abbé Czeslaw SULKOWSKI. Excusés : Colonel Serge BRISCADIEU, Philippe CABIDOCHE, Colonel Didier DELTOUR.

Ce samedi 31 janvier 2015, se tenait à Toulouse une réunion Extraordinaire des Conseils de la Province et des Adoubements, organisée par notre Président de Province, présidée par S.E. Pierre MURRET-LABARTHE, Lieutenant de France de l’Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem, assisté du secrétaire de la Lieutenance, Philippe RADAL ainsi qu’Eric LEFEVRE, cérémoniaire laïc pour les adoubements. L’objectif résidait dans la constitution d’une équipe ou plutôt de plusieurs équipes en charge de responsabilités précises (certaines encore à déterminer) dans les domaines de la préparation des cérémonies d’octobre. En premier lieu les contacts au niveau du clergé, attribués cela va de soi à nos Prieurs de la Province. Les autres responsabilités étant définies par la nature même des évènements (veillée d’armes, adoubements, chapitre et messe d’action de grâce). Tous les lieux de culte sont connus. Le Lieutenant les a visités, accompagné de nos responsables nationaux descendus pour l’occasion. En soi, si la méthode de travail est assez simple, les responsables pour chaque mission auront une importante tâche devant eux. Gros travail en perspective qui est déjà bien en route pour certains. Les autorisations, la sécurité, la logistique des responsables ecclésiastiques dignitaires et civils, les transports et l’accueil en hôtels, la soirée de gala, etc…, ont tour à tour été évoqués et ont pour la plupart trouvé les réponses préalables.

Le Lieutenant de France a parfaitement cadré le travail. Il a aussi rappelé certaines

exigences valables pour nous tous, dames et chevaliers : «on ne peut pas être à la fois en et hors la

Lieutenance de France». Partant de là et avec le recul, les acquis sont importants : les effectifs, en hausse permanente, l’expérience des précédents adoubements pour les responsables, et aussi un laps de temps conséquent pour l’organisation de l’évènement, surtout comparativement aux organisations de Rome (2013) et Evry (2014), notre implantation toulousaine alliée au désir de bien faire, à tout le moins y contribuer. Le Président de la Province a très clairement exprimé sa volonté de voir l’ensemble des commanderies et groupes de la Province associé à cet événement, par une participation active de leurs membres choisis en fonction de leurs compétences et disponibilités.

La venue du Cardinal Grand Maître à côté de Monseigneur Robert LE GALL montre s’il en était, l’intérêt que l’on porte en haut lieu à cette première sur le territoire national : des adoubements à Toulouse.

Une inspection au verdict positif accompagné du vœu de réussite résonnant comme un encouragement au challenge important pour tous, Lieutenance, Province et au-delà pour chacune et chacun d’entre nous : faire qu’en octobre 2015 cet évènement marque la Ville Rose comme le théâtre d’un grand moment.

Henri BALSSA & Marc DUTRENOIS

Secrétaires de séance

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Commanderie Sainte Bernadette Soubirous

LOURDES, fête de Notre Dame de Lourdes

26 chevaliers et dames français et italiens ont participé à la solennité de Notre Dame de

Lourdes, ce 11 février 2015. Une belle procession Mariale le 10 au soir, et la messe Internationale, présidée par Monseigneur Nicolas BROUWET, évêque de Tarbes et Lourdes, au milieu d'une très grande foule, qui a largement rempli la basilique Saint Pie X.

Après la messe, l'angélus a été célébré depuis la rive droite, face à la Grotte, inaccessible en raison des grands travaux en cours. Des travaux destinés à renforcer le caractère sacré de cet espace et à inciter les pèlerins au silence, tout en y facilitant la circulation.

La réunion d'animation spirituelle qui a suivi a réuni plusieurs chevaliers et dames issus de commanderies voisines.

La journée s'est terminée avec les louanges eucharistiques à la basilique Saint Pie X.

Philippe CABIDOCHE

Responsable de la commanderie Sainte Bernadette Soubirous

(Frédéric VIONNE avec béret et flambeau)

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(Les dames et chevaliers se préparant pour la cérémonie)

(Le clergé et les chevaliers devant le Gave)

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Commanderie Sainte Bernadette Soubirous

Un pèlerinage à Lourdes pour les familles chrétiennes

syriennes et irakiennes réfugiées en France

Le dimanche 3 mai sera une journée de pèlerinage à Lourdes pour les familles chrétiennes d'Irak et de Syrie, qui ont trouvé refuge en France après avoir été persécutées dans leur pays. Au programme, messe à l'église paroissiale à 11h, puis procession dans les rues de Lourdes jusqu'au Sanctuaire pour un pique-nique. La commanderie Sainte-Bernadette Soubirous sera associée à cette initiative.

Philippe CABIDOCHE

Responsable de la commanderie Sainte Bernadette Soubirous

(Les chrétiens d’Irak à Lourdes. Cliché. Pierre VINCENT)

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Commanderie Notre Dame de Sabart

ORDINATION EPISCOPALE DE MONSEIGNEUR

JEAN-MARC EYCHENNE (15 février 2015)

C’est bien plus que l’Ariège catholique qui s’était donnée rendez-vous ce dimanche 15 février à Mirepoix pour un évènement majeur : l’ordination épiscopale du père Jean-Marc EYCHENNE et son installation dans son évêché de Pamiers Couserans Mirepoix.

La cathédrale Saint Maurice de Mirepoix

L’édifice mérite tout d’abord une courte visite, qui peut apporter un éclairage sommaire

sur l’histoire de l’évêché. Comme souvent, elle a connu une genèse agitée. Commencée à la toute fin du XIIIème siècle, 600 ans furent nécessaires à son édification : interruptions, modifications, restaurations, pillages ont quasiment sans cesse émaillé sa construction. Les armées de Simon de Montfort avaient tout d’abord pris la ville à la fin de la croisade contre les cathares. Une inondation ayant détruit l’église originale sur la rive droite de l’Hers, c’est Jean Ier de Lévis-Mirepoix qui décida du nouvel édifice sur la rive gauche où elle se dresse encore de nos jours.

C’est le 26 septembre 1317, avec la bulle Salvator noster, que le Pape nouvellement élu Jean XXII fait de Mirepoix le siège d’un nouvel évêché ; l’église devient cathédrale. Mais on manque de financement pour agrandir l’édifice. Les différents évêques tentent de s’en occuper, mais ils ne parviennent jamais à terminer les travaux. Jacques Fournier, évêque de Pamiers, futur Benoît XII, fait bien dresser des plans par Pierre Poisson (futur architecte du Palais des Papes en Avignon) mais il est nommé cardinal et la réalisation s’arrête. Il faudra attendre le XVIème siècle avec l’évêque exceptionnel que fut Philippe de Lévis pour qu’enfin des travaux significatifs soient portés à leur terme : il fait démolir les maisons accolées à la cathédrale, dégageant ainsi l’édifice, l’agrandit, l’embellit, et surtout fait construire le clocher dont la flèche, très aiguë, à 8 faces, porte à 60 mètres de hauteur la croix terminale, ce qui en fait la plus haute du département. Et pourtant, la cathédrale subit bien des malheurs ; les évêques ne vivent plus sur place car l’évêché fusionne avec celui de Pamiers et plus tard celui du Couserans (Saint Lizier). Elle est abandonnée. Le mobilier disparaît, les stalles sont vendues, et elle est livrée au pillage à la Révolution. Elle sera restaurée en 1858 et 1859 par Prosper Mérimée et Eugène Viollet-le-Duc. Ce dernier trouve un édifice désaxé et dissymétrique, très hétérogène, et en piteux état… Il fait édifier des arcs-boutants en pierre, et la voûte est enfin construite. En 1860, sa nef, élargie de 3,30 m et la portant ainsi à 21,40 m, en fera la plus large nef unique dans le style architectural gothique languedocien. Le clocher, achevé en 1506, abrite 16 cloches, dont un bourdon de deux tonnes (le plus lourd du Sud-Ouest). Cette restauration a eu et a toujours ses détracteurs. Viollet-le-Duc supprime, rajoute, agrandit, réinterprète… mais permet à cette cathédrale, jamais terminée et modifiée à des époques bien différentes, d’acquérir une certaine unité de style. La chapelle privée de l’évêque Philippe de Lévis est connue pour son labyrinthe, dernier installé dans une cathédrale d’Europe. La chapelle possède également un carrelage peint de grande valeur, très fragile et inaccessible au public. Les clefs de voûte des chapelles rayonnantes sont attribuées au maître de Rieux, sculpteur très important et de grande qualité, dont la majorité de l’œuvre connue aujourd’hui est conservée au musée des Augustins de Toulouse. Enfin, l’orgue présent dans cet édifice compte 40 jeux et a été construit par la manufacture Link de Giengen sur Brenz (Allemagne) en 1891. C’est l’instrument le plus important construit par ces facteurs d’orgue pour la France. N’ayant jamais été restauré, il en est d’autant plus précieux pour comprendre la facture d’orgue allemande de cette époque.

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Une assistance nombreuse et recueillie

Ce sont plus de 1.000 personnes qui ont finalement bravé le vent glacial et les giboulées

de ce mois de février, comme pour signifier, s’il ne le savait déjà, au nouveau «maître» des lieux la rudesse de ce département de l’Ariège. En raison du contexte national, les diverses commissions de sécurité ayant réduit drastiquement la capacité d’accueil, un chapiteau de 300 places chauffé et muni d’écrans a pu être dressé pour permettre au maximum de paroissiens et de diocésains d’assister à l’évènement, mais aussi de nombreux représentants de la société civile. Comme la nef, il était comble. Car c’est un évènement : pour réunir 26 évêques, entourant Monseigneur Robert LE GALL, Archevêque métropolitain de Toulouse, celui-ci assisté de Monseigneur Jacques BLANQUART, évêque d’Orléans, de Monseigneur Philippe MOUSSET, évêque de Périgueux et Sarlat, et surtout prédécesseur de Monseigneur Jean-Marc EYCHENNE, appelés à officier, il fallait que le moment soit important. Pour le notifier, nous recevions avec eux, Monseigneur Luigi VENTURA, nonce apostolique en France, que nous connaissons bien dans l’Ordre (voir les récents adoubements de Rome et d’Evry), porteur et lecteur de la bulle du Pape François, nommant le nouvel évêque. Enfin, il faut souligner, la présence de Monseigneur Joan-Enric VIVES I SICILIA, coprince d’Andorre, venu en qualité de voisin et, on peut le dire d’ami, au vu des relations déjà anciennes qu’il entretient avec les ariégeois, notamment par les jumelages des sanctuaires de Sabart, en Haute-Ariège (Sainte patronne de notre Commanderie) et de Meritxell, en pleine montagne andorrane. Deux sites remarquables pour leur dévotion mariale d’époque carolingienne.

Après le décor et les acteurs principaux, le rôle titre, si nous osons dire

Depuis le départ de Monseigneur Philippe MOUSSET pour le Périgord en septembre

dernier, l’évêché était vacant. Nous avons donc appris la nomination du père Jean-Marc EYCHENNE en fin d’année. Premier élément, première surprise, celui-ci est natif de Pamiers. Certains parmi nous se souviennent d’ailleurs des membres de sa famille, qui résidaient et travaillaient dans un vieux quartier de la ville. Le père Jean-Marc EYCHENNE est né en 1956 ; ordonné prêtre en 1982 pour l’archidiocèse de Gênes (Italie), il est incardiné dans le diocèse d’Orléans depuis 1994. Après l’Italie, ayant poursuivi son activité pastorale dans le diocèse de Fréjus-Toulon, il a pris géographiquement une route plus septentrionale : d’abord vicaire de la paroisse Saint Laurent d’Orléans, il a mené plusieurs missions comme aumônier des écoles, des étudiants, puis comme curé (Chécy) et doyen (Val Forêt), puis Saint Yves de la Source, Saint Marceau. Depuis 2009, il était Vicaire Général du Diocèse d’Orléans et menait depuis 2010, une importante mission semble-t-il très remarquée, comme responsable de la formation aux ministères. Enfin le voilà évêque de Pamiers Couserans Mirepoix. Si nous pouvons nous permettre avec tout le respect nécessaire, le père Jean-Marc EYCHENNE tient une partie éminente de sa formation de la Communauté SAINT MARTIN dont il est issu, d’où la relation avec le diocèse de Gênes, comme on peut le voir ci-dessous.

Quelques mots de la Communauté Saint Martin…

Dépendant directement du Saint-Siège, la Communauté Saint-Martin est une association

de prêtres et de diacres vivant leur apostolat en communauté, au service de l’Eglise diocésaine. Elle forme plus de 90 séminaristes dans son séminaire sur un modèle simple : intense vie communautaire, richesse de la liturgie, exigence des études, souci de mobilité, esprit critique et… humour. Envoyés au moins par trois, les prêtres et diacres prient, vivent et travaillent ensemble dans une fraternité spirituelle et pratique. Elle compte aujourd’hui 85 prêtres et diacres, envoyés

dans 15 diocèses en France et 2 à l’étranger (Italie et Cuba) : « «Prendre Dieu au sérieux sans se

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prendre au sérieux». Nous résumons ainsi tout un esprit que nous aimons partager, fait d’amour

de la liturgie, de joie et de simplicité familiale» aime à dire Don Paul Préaux, modérateur général de la Communauté Saint-Martin. Nos premiers contacts suggèrent comment Monseigneur Jean-Marc EYCHENNE, semble vivre cette maxime dans la foi : quoi de mieux pour des chrétiens que de rayonner ainsi ! Nous savons aussi que Monseigneur Jean-Marc EYCHENNE fait souvent référence à Madeleine DELBREL. Cette grande croyante, a laissé une œuvre poétique «contemporaine», profondément significative à l’approche d’une époque heurtée par le matérialisme et la sécularisation. Recevons comme il se doit cette citation mentionnée par

Monseigneur Jean-Marc EYCHENNE : «Il n’importe pas tant d’agir que d’être agi». Dans, et près la cathédrale Saint Maurice, ce dimanche de février, tout cela, nombreux sont ceux qui l’ont ressenti : par des gestes, des mots, un sourire, une poignée de mains, etc. Mais le moment qui nous a le plus marqués, c’est vraiment l’ordination elle-même, l’imposition des mains, l’onction du Saint Chrême, et fortement, la remise de l’Evangéliaire et son imposition. Le silence et l’émotion ont alors saisi l’assistance, et ce n’est pas pour rien, que les évêques officient à l’instant en médiateurs de l’Esprit Saint. Vraiment, il était avec nous à ce moment, avec l’assemblée, recueillie et priante… plus qu’attentive, véritablement profondément associée au moment de grâce vécu en commun, et ajoutons-le, emplis d’espérance quant à la mission de son nouvel évêque. Par sa délégation présente, la Commanderie Notre Dame de Sabart augure bien du ministère de Monseigneur Jean-Marc EYCHENNE, cinquantième évêque de Pamiers, Couserans, Mirepoix : il y va de la qualité de nos relations avec notre évêque dont peuvent dépendre tellement d’actions. Tout cela paraît bien parti, alors permettez-nous, de vous dire

simplement et face au sourire qui vous va si bien : «Bonne chance en Ariège, Monseigneur !»

Marc DUTRENOIS

Responsable de la commanderie Notre Dame de Sabart

(Les chevaliers et dames. Cliché Marc DUTRENOIS)

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(Intérieur de la cathédrale Saint Maurice. Cliché Ludovic SEREE de ROCH)

(26 évêques étaient présents. Cliché Marc DUTRENOIS)

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TRAVAUX D’ANIMATION SPIRITUELLE

L'ENCYCLIQUE LUMEN FIDEI

En ces temps gravement troublés par plusieurs attentats terroristes à visée religieuse, il

apparaît très important de réfléchir, de travailler et de témoigner de notre foi chrétienne catholique. Ce temps de réflexion voire de méditation apparaît ainsi nécessaire. La formation spirituelle étant un des buts et actions principales de l'Ordre du Saint-Sépulcre, avec l'aide au patriarcat catholique de Jérusalem, comprenant le siège dans le vieux Jérusalem, l'hôpital de Saint-Louis, l’orphelinat de Saint-Jean de Paul et un séminaire à Bethléem et plusieurs écoles autour de Ramallah. La Lieutenance de France et le Grand Maître le cardinal O' BRYEN de Rome nous

proposent des thèmes issus de l'Encyclique Lumen Fidei. Nous allons étudier successivement

deux passages de l'Encyclique du pape François continuant celle du pape Benoît XVI Verbum

domini la parole du seigneur. Nous rappellerons la signification d'une Encyclique qui provient du grec action circulaire. Dans le cadre de la religion catholique il s'agit d'une bulle d'un pape soit une lettre solennelle adressée par un pape aux prélats, évêques de toute la chrétienté ou d'une nation. Une encyclique est désignée par ses premiers mots et sa date. Il s'agit de décisions voire plutôt de conseils solennels adressés par le pape à ses évêques afin que ceux-ci les transmettent aux fidèles. Un pape peut en écrire une ou plusieurs pendant son ministère. Tous les papes en ont écrit sur des sujets très divers, toujours pour renforcer l'église et la foi par rapport à l'évolution des sociétés civiles.

«Cependant, en parlant de cette lumière de la foi, nous pouvons entendre l'objection de

tant de nos contemporains. À l'époque moderne on a pensé qu'une telle lumière était suffisante

pour les sociétés anciennes, mais qu'elle ne servirait pas pour les temps nouveaux, pour l'homme

devenu adulte, fier de sa raison, désireux d'explorer l'avenir de façon nouvelle. En ce sens, la foi

apparaissait comme une lumière illusoire qui empêchait l'homme de cultiver l'audace du savoir.

Le jeune Nietzsche invitait sa sœur Élisabeth à se risquer, en parcourant de nouveaux chemins…

Dans l'incertitude de l'avancée autonome. Et il a ajouté : à ce point les chemins de l'humanité se

séparent : si tu veux atteindre la paix de larmes et de bonheur et donc la foi, mais si tu veux être

un disciple de la vérité alors cherches. Le fait de croire s'opposerait au fait de chercher. A partir

de là, Nietzsche reprochera au christianisme d'avoir amoindri la portée de l'existence humaine,

en enlevant à la vie la nouveauté et l'aventure. La foi serait alors comme une illusion de lumière

qui empêche notre cheminement d'homme libre vers l'avenir». Ce premier texte nous amène à

réfléchir sur le thème même de l'encyclique Lumen fidéi la lumière de la Foi et les mots clefs : lumière, foi, et illusoire. Son interprétation actuelle conduirait à dire que cette lumière serait illusoire et qu’il s'agirait en d'autres termes d'une illusion de lumière, ainsi la foi chrétienne serait

illusoire par rapport aux vérités des sciences. Étudions donc ce mot de «lumière». C'est un nom

étymologiquement latin, lux, mais qui existait bien avant dans le grec et l'araméen des premiers chrétiens, avec ETHER, déesse céleste, et HEMERA déesse terrestre et antérieurement dans l'hébreu primitif de la Bible il y a plus de 4.000 ans, dénommé OWR, Or, Hor.

Ainsi nous retrouvons souvent le nom de lumière dans la Bible. Tout d'abord dans l'Ancien Testament dans le premier livre de Moïse dit de la genèse :

Verset 1 : «Au commencement Dieu créa les cieux et la terre».

Verset 2 : «Et la terre était désolation et vide, II y avait des ténèbres sur la face de l'abîme et de

l'esprit de Dieu planait sur la surface des eaux».

Verset 3 : «Et Dieu dit «que la lumière soit» «Fiat lux» et la lumière fut. Et Dieu vit la lumière

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qu'elle était bonne et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres et Dieu appela la lumière «jour»

et les ténèbres il les appela «nuit».

Et encore verset 14 : «Et Dieu dit : qu'il y ait des luminaires dans l'étendue des cieux pour

séparer le jour de la nuit. Il fit deux grands luminaires dans l'étendue des cieux pour séparer le

jour et la nuit Le grand pour dominer le jour et le petit pour dominer la nuit et les étoiles». Nous retrouvons aussi le nom de lumière dans le Nouveau Testament. Tout d'abord dans

l'Évangile selon Saint Mathieu lors de l'arrivée des rois mages auprès de l'enfant Jésus à Bethléem

«Nous avons vu sa lumière son étoile dans l'orient et nous sommes venus lui rendre hommage».

Par la suite Jésus prêchant aux apôtres dira : «vous êtes la lumière du monde que votre lumière

luise ainsi devant les hommes en sorte qu'il voit vos bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre Père

qui est dans les cieux». Ensuite dans l'Évangile selon Saint Jean : «Au commencement était la

parole et la parole était Dieu. En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes. Et la

lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas comprise. Il y eut un homme envoyé de

Dieu son nom était Jean. Celui-ci vint pour rendre témoignage de la lumière». La vraie lumière était celle qui venant dans le monde éclaire tout homme. Encore nous retrouvons le nom de

lumière dans l'Apocalypse : «Il n'y aura plus de nuit ni besoin d'une lampe et de la lumière du

soleil car le seigneur fera briller sa lumière sur eux et il régnera aux siècles des siècles». Et aussi :

«La gloire de Dieu illumine le monde et sa source de lumière est l'agneau divin : Amen viens

Seigneur Jésus». Enfin évoquons le Crédo. Suite au concile de Nicée en l'an 325 : «Je crois en un

seul Dieu je crois en un seul seigneur Jésus-Christ fils unique de Dieu né du père avant tous les

siècles. Il est Dieu. Né de Dieu né de la lumière Vrai Dieu né du vrai Dieu».

Ainsi dans tous nos textes sacrés nous retrouvons le mot de lumière. Ce mot est intimement associé à Dieu à son fils Jésus et au Saint Esprit. Ce mot est associé à la fois à la création des cieux et de la terre et à sa continuité. Ce mot devient aussi indissociable de la croyance en Dieu et donc de la foi. Nous recevons ainsi la lumière de Dieu, de son fils Jésus et du Saint Esprit. La lumière nous est donnée avec la vie, elle nous est reprise à la mort mais uniquement sur le plan terrestre car nous croyons avec Jésus à la résurrection dans l'au-delà dans les cieux avec le Père Dieu éternel. Ainsi la lumière de la foi ne peut être illusoire bien au contraire elle est comme Dieu éternelle, infinie et inaccessible. On ne peut donc dissocier la lumière de la foi. La foi est éternelle et infinie comme la lumière. Elle n'est donc pas illusoire car ce mot est purement humain. Elle est bien réellement éternelle. Mais l'homme est devenu de plus en plus matérialiste, depuis le temps de Jésus. Ainsi s'est posé peu à peu le problème de la lumière illusoire de la foi. En effet les progrès des sciences et des connaissances humaines ont fait évoluer grandement la notion de lumière. On peut distinguer en effet : la lumière intérieure théologique dite surnaturelle la lumière de la vie de la foi, de la religion catholique. Cela suivant notre baptême et notre enseignement religieux basé sur la Bible avec l'Ancien et le Nouveau Testament que nous avons évoqués auparavant et deuxièmement la lumière extérieure dite naturelle qui est en fait double : la lumière humaine qui est la raison ou plutôt l'intelligence qui s'est développée peu à peu dans l'espèce humaine et qui a abouti à de plus en plus de connaissances sur notre environnement et en particulier sur la lumière extérieure naturelle. La lumière extérieure dite naturelle : a été appréhendée et étudiée par l'homme depuis l'Antiquité indépendamment des religions.

Dès l’Antiquité grecque plusieurs philosophes ont réfléchi sur la nature de la lumière avec tout d'abord les théories archaïques : le feu du soleil vénéré comme Dieu chez les Egyptiens avec Akhenaton et avec Héraclite d'Éphèse au VIème siècle évoquant un feu mythique forme primitive de la lumière unité de toutes choses. Ensuite selon les pythagoriciens la lumière peut avoir sa source dans les objets extérieurs eux-mêmes, théorie du feu extérieur selon Aristote ou dans l'œil interne théorie du feu visuel selon l'école d'Alexandrie d’Euclide et Héron. Ensuite selon Platon : théorie mixte : la vision de la lumière née d'une adaptation réciproque de l'agent et du patient. Après les travaux d'Alhazen en Égypte au Moyen-âge, la Renaissance en Europe fera rapidement progresser la connaissance de la lumière et de la science de l'optique basée sur les lentilles et les

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télescopes. Déjà Léonard de Vinci en 1480 étudiait la propagation de la lumière et de ses rayons. Ensuite Descartes précisera que la conception de la lumière est inséparable du cosmos avec les lois de réflexion, indépendante toutefois de la foi qui demeure intacte, différenciant bien la lumière naturelle physique et la lumière surnaturelle de la foi. Par la suite au XVIIIème siècle est apparu le siècle dit «des lumières» avec ses philosophes. La raison humaine devant triompher des choses de la religion. Diderot dans son encyclopédie diffusera au maximum toutes les techniques et sciences de l'époque dont les théories physiques de la lumière naturelle. Voltaire suivit et diffusa largement les idées libertaires bases d'une théorie naturelle unique de la lumière. Cela fut confirmé par la connaissance de la nature vibratoire de la lumière, les ondes lumineuses et les théories de la science de l'optique. Les travaux de Newton furent majeurs à cette époque. La vitesse de la lumière fut même fixée de façon précise : elle est égale à C = 299.793 km/seconde. Nietzsche dans la deuxième moitié du XIXème siècle orienta la philosophie vers la primauté de la raison conduisant à une recherche de plus en plus approfondie et nécessaire laissant à sa sœur ou aux gens simples, la notion statique de la lumière de la foi religieuse. Einstein ensuite dira que la vitesse de la lumière est une constante fixe universelle et qu'ainsi cela limiterait, voire empêcherait l'homme d'aller dans le cosmos, vu les délais dans le temps d’un tel voyage ! Mais les sciences ont progressé. Il y a eu la découverte de l’électricité, de la radioactivité, de l’Internet et il semble que l'on puisse aller plus vite que la lumière physique dans l’instantané et ainsi permettre à l'homme d'aller un jour dans le cosmos. Mais jamais les sciences ne pourront dire Quand ? Quoi ? Comment ? est né le monde de la terre et des cieux et où il va. Jamais les sciences ne pourront répondre à de telles questions. Donc ce ne peut être que la lumière de la foi, certes surnaturelle, qui puisse répondre à notre juste questionnement, dont nous trouvons la vérité imagée dans les textes sacrés de la Bible. Le rêve de la raison des philosophes des lumières devenu par la suite un athéisme militant du XIXème siècle à nos jours, ne peut être qu'un individualisme obscurantiste du repli sur soi, niant l'infini d'un Dieu dans les cieux à l'origine de tout passé, présent et avenir. Ce qui n'exclut pas selon Descartes les progrès de la recherche humaine on ne peut ainsi atteindre l’infini, l'inaccessible, l'éternel que par la foi dans l'amour de Dieu de son fils et du Saint Esprit, sans eux le monde serait incompréhensible, inexplicable. Ainsi la lumière des textes bibliques nous précise bien que la lumière est à l'origine de tout et de notre monde en particulier et qu'elle est éternelle dans l'infini des cieux et de Dieu. Dire que la lumière est illusoire revient à penser selon encore à l'étymologie latine de ce mot, qu'il s'agit d'une erreur des sens, mais surtout de l'esprit. Il pourrait y avoir ainsi des perceptions sensorielles fausses. Mais encore et surtout il s’agit de jugements erronés faisant évoquer plutôt une forme de raison illusoire, mais la raison scientifique ne peut expliquer l’origine de la lumière et de la vie. Dans ce processus, la foi a fini par être associée à l’obscurité. On a pensé pouvoir la conserver, trouver pour elle un espace pour

la faire cohabiter avec la lumière de la raison. «L’espace pour la foi s’ouvrait là où la raison ne

pouvait pas éclairer, là où l’homme ne pouvait plus avoir de certitudes. Alors la foi a été

comprise comme un saut dans le vide que nous accomplissons par manque de lumière, poussés

par un sentiment aveugle ; ou comme une lumière subjective, capable peut-être de réchauffer le

cœur, d’apporter une consolation privée, mais qui ne peut se proposer aux autres comme lumière

objective et commune pour éclairer le chemin. Peu à peu cependant, on a vu que la lumière de la

raison autonome ne réussissait pas à éclairer assez l’avenir ; elle reste en fin de compte dans son

obscurité et laisse l’homme dans la peur de l’inconnu. Ainsi l’homme a-t-il renoncé à la recherche

d’une grande lumière, d’une grande vérité, pour se contenter des petites lumières qui éclairent

l’immédiat, mais qui sont incapables de montrer la route. Quand manque la lumière tout

devient confus, il est impossible de distinguer le bien du mal, la route qui conduit à destination

de celle qui nous fait tourner en rond, sans direction». Les mots clés dans ce passage étant Foi et Obscurité. La foi serait pour certains associée à l'obscurité en dehors ainsi de toute raison tournée vers la recherche et donc l'avenir. Mais la raison ne peut tout expliquer et conduit à une quête sans fin de découvertes débouchant toujours sur l'inconnu, et en fait sur le divin éternel et infini.

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La notion de lumière et de son opposé : l'obscurité conduit aussi à l'interprétation du bien et du mal. Le bien ne peut être issu que de la lumière, devenant le salut éternel de l'homme. La lumière est la base et le carburant de la foi en Dieu le Père, le fils et le Saint Esprit selon la Trinité éternelle. Notre foi chrétienne est ainsi critiquée, niée dans notre monde occidental européen bien plus que dans les autres parties du monde : Amérique, Afrique, Asie. Cela comme une dépendance antique voire une ignorance par rapport aux vérités et aux libertés acquises depuis la Révolution française. Mais en fait depuis il n'y a rien eu de bien nouveau, si ce n'est des guerres au nom de libertés nationalistes. L'évolution de notre société vers l'athéisme et maintenant la laïcité voudrait se substituer aux religions en les remplaçant par un culte des valeurs dites éthiques ou plutôt politiques. Mais en fait l’athéisme ne fait que mettre en avant et en opposition les différentes religions en particulier judéo-chrétiennes et musulmanes. Laissant à côté toutefois l'hindouisme, le bouddhisme et autres religions orientales. La raison et les sciences sont effectivement toujours en recherche rationnelle de la vérité de la vie. Mais elles se heurtent à l'infini de la connaissance qui débouche à terme sur la réalité de la foi révélée en Dieu et à ses enfants dont l'intermédiaire fut notre seigneur Jésus-Christ fils d'amour de Dieu pour l'humanité. Toutefois à l'inverse le chrétien et en particulier le catholique ne rejette en aucune façon le travail de la raison des hommes qui l'ont conduit à plus de liberté et de connaissance. Et comme l'ont exprimé Vatican I et Vatican II on peut dire que suite aux écritures saintes on peut parvenir à l'affirmation de l'existence de Dieu notre père par la seule raison humaine en se souvenant de la genèse précédemment évoquée. La foi est donc bien une lumière réelle et non illusoire. Celle-ci constitue en elle-même la raison et sa quête de connaissance. Elle est donc compatible et moteur d'évolution. Elle est l'exemple d'amour de ses valeurs et toutefois de ses limites selon le mot actuel «du vivre ensemble». L'appel de Dieu est donc la foi en lui et dans la nature de l'homme de

sa vie à sa mort dans la continuité éternelle de la vie. Dieu est lumière. La Lumière est Dieu. Je

terminerai en vous faisant part d'un message du Pape François : «Quand je prie Dieu je prie en

moi, la prière est la respiration de l'âme il est important de trouver des moments dans la journée

pour ouvrir notre cœur à Dieu et nourrir notre vie de foi» et en citant cette phrase : «La raison

n'est pas suffisante pour choisir Dieu. La foi c'est accepter d'être choisi par Dieu».

Docteur Jean-François GOURDOU

Chevalier de la commanderie Notre Dame de Sabart

(Le palmier du Couvent des Jacobins de Toulouse)

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RETRAITE NATIONALE DE LA

LIEUTENANCE

NOTRE DAME DE LA GARDE

(21 février 2015)

L’accueil débute par la présentation du Domaine de Sainte Garde par Mademoiselle Martine Reynaud. Ce domaine est un sanctuaire marial, une maison qui a une très longue histoire, commençant au milieu du 17ème siècle : un jeune prêtre, l’abbé MARTIN est alors nommé curé de Saint-Didier. Il trouve un village en grand besoin d’être évangélisé, et en priant, il reçoit l’inspiration de construire d’abord un chemin de rosaire, puis, sur la colline, un oratoire dédié aux mystères de l’ascension. Cet oratoire, curieusement, va s’écrouler à plusieurs reprises, jusqu’à ce que la même voix, déjà entendue en prière, dise à notre abbé de construire une chapelle de la Sainte Garde en ce lieu, puisque le Christ, en quittant la terre, avait confié l’Eglise à la sainte garde de sa Mère. Pendant trente ans, l’abbé Martin ne voit pas de prêtre arriver, mais en revanche des pèlerins en grand nombre, qui reçoivent ici des grâces nombreuses ; cela va durer jusqu’en 1650 : un jeune prêtre reçoit alors en ce lieu lui aussi un appel intérieur, et, avec l’abbé MARTIN et un laïc, ils se consacrent à la Vierge ; c’est la naissance des missionnaires diocésains : les

missionnaires de Sainte Garde, vite reconnus par l’évêque de Carpentras. Leur devise : «parfaits

solitaires pour être parfaits missionnaires», proclame dans leur consécration un volet de contemplation et un volet d’action. Leur action va durer tout le 18ème siècle. De cette époque hélas ne reste qu’une porte. Avec la Révolution, les missionnaires refusent en masse la constitution civile du clergé et sont dispersés. Début 19ème un prêtre de la région fait l’effort, avec des amis, de racheter le domaine de la Sainte Garde, qui avait été transformé en élevage de vers à soie, et qui avait grandement souffert de cette transformation, puisque le toit de la chapelle avait été détruit. Il parvient à racheter le domaine, et y installe un petit séminaire : tous les bâtiments datent du 19ème siècle, et de l’époque de ce petit séminaire. En 1906, avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat, une nouvelle spoliation se produit : l’Etat prend possession des lieux, mais ne sait qu’en faire, et le domaine reste à l’abandon jusqu’en 1916, où il va être utilisé pour accueillir des blessés de guerre, des tuberculeux et des gazés. Pendant plusieurs années ensuite, rendu à la vie civile, le bâtiment reste vide, et ce ne sera qu’à la fin des années 20 qu’on en fera un orphelinat. Cette nouvelle affectation va durer jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Le bâtiment est alors pris par les allemands, qui y installent un hôpital militaire et une section de SS. Après la guerre, le domaine installe une école de plein air pour des enfants en difficultés sociales et retirés à leur famille. En 1971 l’éducation nationale fait fermer les bâtiments, par trop dégradés. Après 71, le Conseil Général cherche à faire quelque chose de ce bâtiment, et le fondateur de Notre-Dame-de-Vie, qui avait fondé une association pour racheter le domaine, parvient à ses fins en 1983. Des tranches successives de restauration sont alors entreprises. Il faudra cependant attendre 2010 pour que les responsables décident de finir la restauration en faisant appel aux donateurs, de façon à pouvoir y accueillir à la fois un centre spirituel qui accueille des groupes, et le studium de Notre-Dame-de-Vie, qui forme les prêtres de l’institut et des étudiants en théologie, séminaristes ou laïcs, d’autres familles religieuses, au nombre d’environ 60 en ce moment. Le studium décerne

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des diplômes à valeur universitaire. Monseigneur ELLUL nous a fait part de son enseignement (voir ci-dessous). Le Lieutenant de France a présenté l’Ordre, rappelant qu’il importe, pour qu’il vive, que chacun paie sa cotisation, comme chaque chrétien se doit de payer le Denier de l’Eglise, et déclare le désir de l’Ordre de se mettre au service de nos évêques, même s’il ne leur est pas toujours facile, au milieu de leurs très nombreuses contraintes, de dégager du temps pour nous rencontrer. Le but de notre Ordre est d’apporter, en restant simples et discrets comme le demande l’évangile de rentrée en Carême, notre aide, pas seulement aux les chrétiens de l’Orient et du Moyen Orient, mais d’abord et surtout à nos paroisses, nos diocèses et partout où nous pouvons servir. Le but est d’intégrer notre Ordre pour le meilleur (la prière) et le pire (les quêtes !) à la vie de nos diocèses et de nos paroisses.

Monseigneur Jean-Pierre CATTENOZ, Archevêque d’Avignon, nous remercie de notre invitation et se propose de parler de trois choses :

- rappeler ce qui est pour lui l’essentiel : la sanctification. - parler de la Terre Sainte où il va deux ou trois fois par an, pour des réunions avec des

rabbins par exemple. - parler du Saint Sépulcre à partir de l’évangile de Marc que l’on va lire cette année.

Votre Lieutenant a parlé de la sanctification, qu’est-ce que cela signifie ? «-Vivre les

Béatitudes ?» propose l’un des participants… Monseigneur Jean-Pierre CATTENOZ dit qu’il n’a pas pu, pendant des années prier les Béatitudes, qui lui paraissaient trop dures, et que finalement, à force demander au Seigneur son aide pour comprendre ce texte, il lui est venu la

compréhension du fait que seul le Christ peut vivre et prier les Béatitudes ! «Soyez parfait comme

votre Père est parfait», dit le texte… Matthieu regroupe ensuite dans l’évangile 9 miracles trois par trois et nous donne chaque fois une clé de lecture :

-Seigneur si tu le veux tu peux me purifier. -Seigneur nous périssons ! Au secours ! C’est notre cri, celui que nous devons pousser ! Nous sommes incapables d’être parfaits

comme notre père est parfait, nous sommes impurs et nous ne pouvons nous purifier nous-mêmes. Notre seule façon de nous libérer de notre imperfection, de notre impureté, c’est de tout mettre sur les épaules du Christ : il s’est chargé de nos infirmités, il les a prises sur ses épaules, ainsi et ainsi seulement nous en sommes libérés, puisqu’il est venu pour cela, puisque, il a dit lui-

même : «Je ne suis pas venu pour les biens portants, mais pour les malades». Revenons à la

sanctification : à la question : «Qu’est-ce qu’un saint ?», Paul répond qu’un saint, c’est quelqu’un qui se laisse conduire par l’Esprit Saint (Romains 8, 14), c’est ainsi et ainsi seulement que l’on découvre la véritable place de l’Esprit Saint. Se sanctifier c’est se laisser conduire par l’Esprit Saint qui seul peut conduire à Jésus, qui seul peut nous permettre d’entrer dans le Christ. Le christianisme, c’est Dieu qui, par grâce, vient à notre rencontre, qui se fait homme pour venir nous chercher et nous ramener auprès du Père. Si je veux vivre, je dois vivre dans le Christ, et

seul l’Esprit Saint peut me ramener au Christ. L’évangile de Marc dit «La lumière vient-elle pour

être mise sous le lit ou sur le lampadaire ?» La lampe «marche» si l’on en croit le verbe grec employé dans la traduction de la Septante, Jésus nous dit par là qu’il est venu, qu’il a «marché» en nous le jour de notre baptême, et nous demande ce que nous avons fait de sa lumière. L’avons-nous mise sur la table, ou sous le lit ? Si la lumière du Christ éclaire notre chemin, elle l’éclaire dans le moindre de ses pas, de ses choix, sinon, de fait, nous l’avons mise sous notre lit… La sanctification, c’est donc de se laisser conduire par l’Esprit pour vivre dans le Christ, et bien entendu, c’est aussi le salut, ce salut qui nous est promis, en lequel nous croyons. Mais quelle preuve avons-nous du fait que nous sommes sauvés ? Et bien nous sommes sauvés, et nous en avons la preuve, puisque Jésus est venu et s’est incarné pour prendre pour lui le péché des multitudes, mon péché comme celui de tous les hommes : puisque le Christ est mort à ma place, puisqu’il est mort à la place de tout homme, le jugement qui me condamne, qui condamne tout homme est «éteinte», l’action publique, en quelque sorte, est éteinte par sa mort ! Si je vis en lui, si je lui donne mon péché, alors je suis sauvé !!!

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On ne parle du Saint Sépulcre, dans la première finale de l’évangile de Marc, que dans les 8 premiers versets du chapitre 16. Mais bien avant, au moment où on arrête Jésus, on nous dit qu’il y avait là un jeune homme «vêtu d’un drap», qui laissant là le drap s’en alla tout nu… cela nous amuse, nous fait rire, on y voit une anecdote… mais quand les femmes arrivent au tombeau, chargées des aromates, elles se demandent entre elles qui leur roulera la pierre du tombeau, car «elle était fort lourde»… Pourquoi nous dit-on que cette pierre était fort lourde ? Il y a une seule autre «pierre fort lourde» dans toute la Bible : on la trouve au puits de Jacob, qui est, nous dit l’Ecriture, fermé par une «pierre fort lourde». C’est le puits de l’eau vive qui abreuve le peuple, et dont la Bible nous dit qu’il «se déplaçait» tout au long de la marche de ce peuple dans le désert ! Donc le tombeau du Christ, avec cette «pierre fort lourde» qui le ferme, devient la source d’eau vive qu’était le puits de Jacob dans le désert !

Deuxième étonnement : on nous dit que les femmes viennent au tombeau deux jours après la mort du Christ, ce qui est absolument impossible dans cette culture, puisque l’on pensait que l’âme restait trois jours et puis s’en allait du corps le troisième jour… les femmes veulent rester en contact avec lui, elles y vont donc le deuxième jour, quand l’âme de celui qu’elles aimaient est encore là, et, entrant dans le tombeau elles voient un jeune homme vêtu de blanc qui leur dit d’aller dire aux disciples que le Seigneur est ressuscité et qu’il les précède en Galilée… Nous savons que les disciples ont été prévenus, mais par qui ? Comment, puisque la suite du texte nous dit qu’elles ont eu peur et n’ont rien dit. Alors comment les disciples ont-ils su que le Seigneur était ressuscité ? Au moment de l’arrestation de Jésus, nous apprenons qu’il y avait un jeune homme vêtu d’un «drap», et qui, laissant là le drap, s’enfuit tout nu… or en grec, le corps de Jésus dans le sépulcre est enveloppé dans le «drap» (le même mot est utilisé aux deux endroits du texte), qui revêtait le jeune homme. Et les femmes trouvent un jeune homme vêtu d’un drap blanc dans le tombeau. Rappelons-nous qu’aux premiers temps de l’Eglise les catéchumènes entraient dans les baptistères vêtus d’un drap, et en ressortaient vêtus de blanc. Le corps du Christ porte ce drap que le jeune homme a laissé tomber en s’enfuyant, son habit de péché et le jeune homme présent au tombeau est revêtu d’un vêtement d’un blanc éclatant : le Christ a revêtu le péché du monde ! Comment donc le message de Pâques a-t-il été transmis à tous malgré la peur et le silence des femmes ? il a été confié, à tous les baptisés qui ont laissé tomber leur habit

de péché pour revêtir le Christ, ce même message de Pâques qui a été livré aux femmes : «Vous

cherchez Jésus, il n’est pas ici, il vous précède en Galilée» ; le message que reçoivent les baptisés

c’est celui-là : «vous cherchez Jésus au ciel, bien loin, dans les signes extraordinaires, les miracles,

mais il vous précède dans la Galilée de votre vie quotidienne, c’est là que vous le rencontrerez !!

Et que vous l’annoncerez !!» Si j’ai voulu donner mon péché au Christ, il l’a pris sur lui et il m’en a libéré, et si je vis avec le Ressuscité, dans le Ressuscité, je le trouve dans mon quotidien, dans ma vie, où je suis chargé de l’annoncer. Si je veux être sauvé je dois revêtir le Christ. -La Terre sainte : les juifs sont nos frères aînés, j’en ai une conscience très aigüe. J’ai la joie de pouvoir célébrer la messe au Cénacle une fois par an, et là, en ce lieu, je me dis qu’on est au cœur de la naissance de l’Eglise et que l’eucharistie y prend tout son sens. Etre là où Dieu a voulu s’incarner, ce n’est pas rien ! Je vais aussi chaque année au Liban aider une association de personnes atteintes de handicaps, et quand je vois ce Liban déchiré entre les musulmans qui prennent de plus en plus de pouvoir, où la situation peut exploser d’une minute à l’autre, où les réfugiés syriens sont de plus en plus nombreux, je suis inquiet et désolé. Il est essentiel de continuer à aller en Terre Sainte, et tout le monde y trouve son intérêt, par chance, pour parler du seul point de vue économique, mais il est essentiel de continuer à y aller, pour soutenir de notre présence et de notre prière les chrétiens qui y sont encore, de moins en moins nombreux, puisque le nombre de chrétiens diminue de plus en plus dans tous les pays orientaux. Les chrétiens étant plus éduqués que les musulmans dans ces régions, ils essaient le plus possible d’envoyer leurs enfants aux USA et ailleurs faire leur études et tenter de trouver une vie meilleure et plus sûre.

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Conclusion du Lieutenant de France

Qu’est-ce qu’une retraite ? J’ai assisté à trois retraites depuis que je suis dans l’Ordre, et

elles sont toujours différentes ! Je vais vous dire ce qui m’a frappé pendant cette retraite en particulier : quand on assiste à une retraite, ou une prédication, on veut apprendre un mode de conduite, on a aussi envie de faire un équilibre entre l’intellect et la réalité. Je dis très souvent à propos de ce qui est la singularité de l’Ordre en France, que je suis tout à fait partisan des réunions spirituelles à condition qu’elles ne deviennent ni le monologue de quelqu’un qui a bien préparé, ni des discussions légères de type spiritualo-psychologique qui ne soient qu’un excellent apéritif au repas qui va suivre. Eh bien, ce qui m’a frappé depuis deux jours, dans cette retraite, ce sont les silences, qui nous ont permis de réfléchir à ce qui venait de nous être dit. Le silence nous a permis d’intégrer, de nous approprier, l’enseignement qui venait de nous être donné, de parvenir à cet équilibre entre notre intelligence, et notre vie de foi. Je peux parler de moi, puisque l’occasion m’en est donnée. J’ai été nommé à la lieutenance il y a deux ans, pas à ma demande, et si je puis vous faire une confidence, il n’y a pas un jour où je ne regrette d’avoir été nommé ! Je crois qu’il ne faut pas trop épiloguer, philosopher sans fin sur les mots, au fond, pour moi, c’est très simple : servir, c’est faire ce pourquoi on a été nommé, sans trop se poser de questions ! Dans l’annuaire j’ai constaté qu’il y avait dans notre Ordre beaucoup d’anciens militaires, mieux que personne ils savent qu’on ne se pose pas de questions sans fin pour obéir à un ordre donné !!! J’ai la chance d’être entouré d’un conseil de Lieutenance formé d’hommes qui sont tous en activité, à la différence de moi qui suis retraité. Auparavant l’Ordre n’était pas dirigé par de jeunes personnes, c’est donc une nouveauté ! Nous essayons de faire en sorte que lorsque nous cesserons d’exercer la fonction pour laquelle nous avons été nommés, les choses soient différentes : pour nous, l’important c’est de permettre à l’Ordre de garder sa substance garder tout en en modifiant les conditions d’actions. Mon désir et mon but, c’est que lorsque je partirai, que, dans deux ans, l’Ordre continue d’exister mais continue aussi et surtout de mieux s’adapter aux conditions du monde actuel : les choses ont changé, le monde a changé, nous ne pouvons plus exercer nos activités dans le monde comme nous le faisions il y a seulement cinquante ans. Tout à l’heure une dame me demandait pourquoi l’Ordre ne faisait pas de publicité, elle a raison d’une certaine manière ! Nous devons essayer de mieux adapter notre fonctionnement à

l’évolution des choses, parce que si nous continuons à «faire comme on a toujours fait», notre Ordre restera une association de gens bien, bien élevés, mais pas exactement adaptée à ce pourquoi elle est faite ! Je l’ai dit, l’important pour les chevaliers et dames, ce n’est pas tant de se battre en Terre Sainte, notre prière et nos dons sont notre action, en revanche, et jour après jour, les chevaliers du Saint Sépulcre doivent d’abord et avant travailler dans leur paroisse. Nous devons garder ce qui fait la spécificité de l’Ordre en essayant de l’adapter doucement. Souvenez-vous que l’on peut très bien aller au ciel sans passer par l’Ordre du Saint Sépulcre ! Il y a un lien spécial entre les membres de l’Ordre et Rome, nier ce lien spécial c’est nier l’évidence. On ne peut pas décider que Rome est loin, qu’on peut s’en passer, et vouloir faire partie de l’Ordre : rester dans l’Ordre, c’est suivre Rome. Je veux enfin parler du bénévolat : c’est la meilleure et la pire des choses ! La meilleure, parce que par définition, si vous êtes bénévoles, c’est que vous acceptez de donner de votre temps, de votre argent, de votre vie de famille, de votre vie professionnelle, mais, comme on le sait, le diable se glisse dans les détails, parce qu’au bout d’un certain temps le bénévole qui a fait ses preuves estime qu’il a fait ses preuves mieux que le voisin ! Nous sommes tous tentés de penser que nous sommes meilleurs que les autres, que nous sommes irremplaçables, et finalement, bien souvent, le bénévole qui occupe un poste avec succès

depuis des lustres est tenté de s’y maintenir ad vitam ! Pour que le bénévolat ne devienne pas la pire des choses, il faut mettre en place des systèmes qui obligent les gens à partir. Il faut absolument qu’un renouvellement salutaire puisse intervenir. Enfin dans l’Ordre, il y a un certain

nombre de gens qui n’ont pas vu, pas su discerner «jusqu’où on ne pouvait pas aller trop loin» ! Le discernement est indispensable, cependant, pour ne pas construire nous-mêmes les choses qui

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permettront notre destruction. Il est essentiel que chaque membre de l’Ordre se demande si les actions qu’il pose construisent ou détruisent cet Ordre auquel il se dit attaché. Je crois intimement qu’il faut que nous agissions, mais que, avant d’agir chacun de nous doit faire sa prière, s’en remettre «au bon Dieu», comme disait la prière qu’on nous a lue hier, chacun doit prier dans le secret de son cœur. Peut-être au fond que nous ne prions pas suffisamment pour pouvoir vérifier si nos réactions ne sont pas outrancières par rapport à ce qu’on nous demande, par rapport aux situations. Pour rejoindre le thème de notre retraite, je veux affirmer que nous sommes en tenue de service si nous faisons ce pourquoi nous avons été adoubés ou investis. Est-ce que nous réalisons ce pourquoi nous avons été adoubés et investies, c’est la vraie question ! Avec le conseil de la lieutenance, nous considérons que faire ce pour quoi nous avons été adoubés et désignés, c’est de faire en sorte que l’Ordre se prépare à évoluer, à s’adapter au monde, tout en faisant passer le message du Christ dans les pays qui ont, les premiers, reçu le message chrétien, et qui sont marqués aujourd’hui au fer de la souffrance. Or cette mission nous ne pouvons la remplir que si nous maintenons le lien très étroit que nous avons avec Rome.

Béatrice MASSON

Dame de la Commanderie Notre Dame de Sabart

Denier de Saint-Gilles ou de Nîmes, d’Alphonse Jourdain (1112-1148), comte de Toulouse, de Rouergue, d'Albi, de l'Agenais et du Quercy, marquis de Gothie, de Provence, duc de

Narbonne, comte de Tripoli (baptisé dans le Jourdain, d’où son nom).

A/+ ANFOS COMES R/ONOR SCII.GIDI (Collection particulière)

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ARTICLES

RETRAITE NATIONALE AU DOMAINE DE SAINTE GARDE

SAINT-DIDIER (20-22 février 2015)

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc 12, 35-38. 40 Jésus disait à ses disciples : 35

«Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. 36 Soyez comme des gens qui

attendent leur maître à son retour de noces pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la

porte. 37 Heureux les serviteurs que le maître à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen,

je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour.

38 S'il revient vers minuit ou plus tard encore et qu'il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! 40 Vous

aussi, tenez-vous prêts : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le fils de l'homme viendra».

Excellence, Chers Dames et Chevaliers, Chers amis, Mesdames, Messieurs,

Nous nous retrouvons, venus de toute la France à Ste Garde, dans le Vaucluse, dans cette belle maison qui nous accueille ; nous remercions les responsables de Notre-Dame-de-Vie de mettre à notre disposition ces structures qui vont nous permettre de passer ces trois jours de prières dans un cadre agréable. Cette retraite spirituelle va nous permettre de retrouver le Seigneur Jésus, de devenir des artisans de paix avec une grande douceur de cœur, alors que nous venons d’entrer en Carême et que les Cendres ont touché nos fronts. Je vous invite à penser à tous ceux qui ne peuvent être là, mais qui s’unissent à notre prière et qui comptent sur la nôtre. Nous formons une grande famille, nous sommes gardiens du Saint-Sépulcre, tombeau de la Résurrection et nous essayons d’agir en conséquence dans notre vie quotidienne. Je dis bien : nous essayons, car ce n’est pas toujours facile de ne pas tomber dans les travers dénoncés par le pape François lors de ses vœux à la curie romaine en décembre 2014. Nous en reparlerons. Je dois vous dire que je fus surpris par le coup de téléphone de notre confrère Jean-François DELMAS. Il m’invitait, de votre part, il y a quelques mois, à être l’animateur spirituel de ce temps de retrouvailles avec Jésus. Ma réponse fut immédiatement positive. En effet, j’étais en train de relire, dans l’Ancien Testament, les grands cris des prophètes, les appels que Dieu leur lançait

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pour porter sa Parole et surtout leurs réponses. Les uns se trouvaient trop jeunes, d’autres n’en avaient pas la qualification, d’aucuns se trouvaient sans force pour porter cette parole divine ; et pourtant à chacun d’entre eux, Dieu donna une mission spécifique : celle de ne pas avoir peur et de dire, à temps et à contretemps ce qu’il leur communiquerait. Et c’est ainsi que je dis oui. Puis-je me présenter un instant. Je suis prêtre depuis 46 ans, du diocèse de Marseille, entré au séminaire il y a maintenant 50 ans. Originaire de la ville de St Augustin, Bône, Annaba en Algérie, j’y suis né en 1942. Mon père est décédé il y a 4 ans, ma mère qui a 93 ans est dans une maison de retraite, j’ai 2 sœurs et un frère. Ordonné en 1969, je fus aumônier de lycée d’Etat à Aubagne à 25 km de Marseille, durant 6 ans, avec près de 600 jeunes qui étaient catéchisés toutes les semaines ; puis curé de 3 petites paroisses : La Bouilladisse, La Destrousse et Belcodène, durant 6 ans également. Le cardinal ETCHEGARAY, en me nommant me dit que c’était une paroisse pas facile car je devais exercer mon ministère auprès de tous ceux qui revenaient de la guerre d’Espagne. La plupart d’entre eux étaient assez durs contre l’Eglise et ses ministres. Pourtant j’y fus très heureux. Puis il me demanda de quitter ce ministère pour me nommer à St Victor de Marseille et à la paroisse St Georges. Je reçus des habitants de ces paroisses, à mon départ, les plus belles lettres de félicitations, très touchantes dans leurs expressions, si simples, si riches. 19 ans à St Victor ; une paroisse à taille humaine, mais avec une grande représentation «diplomatique», où tous ceux qui venaient à Marseille, en ces années-là, venaient visiter ce haut-lieu monastique, enracinement de la foi depuis les premiers siècles du christianisme, avec une belle particularité : l’octave de la Chandeleur du 2 au 9 février. Des milliers de fidèles, pendant 8 jours se succèdent pour venir prier le Christ lumière et la Vierge Marie, la Théotokos, une sculpture du XIIIème siècle, placée au-dessus du martyrium et que l’on vénère sous le beau vocable de «Notre-Dame au-dessus de la confession des Martyrs». Un lieu œcuménique exceptionnel et en arrivant, succédant au chanoine Charles SEINTURIER, je trouvais un groupe de laïcs bien en place et surtout un festival de musique, celui des Amis de St Victor, dont la renommée avait dépassé la France et qui chaque année, conviait en ces lieux, les artistes et les musiciens les plus prestigieux. Et me voilà en 2000, nommé curé-recteur de la basilique du Sacré-Cœur sur le Prado et en 2002, proposé pour être accompagnateur spirituel de l’Ordre Equestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem à Marseille en remplacement du chanoine Louis BOS qui se retirait pour raisons de santé. La paroisse du Sacré-Cœur, c’est là où chaque année se renouvelle le Vœu des Echevins. En 1722, lors de la grande peste de 1720, ils promirent que chaque année ils participeraient à la messe, le jour de la fête du Sacré-Cœur, en offrant un cierge qui brûlerait devant le Saint-Sacrement, pour remercier le Seigneur de les avoir protégés de ce fléau ! N’oublions pas que Marseille, fut la première ville, et le premier diocèse au monde à être consacrés au Sacré-Cœur de Jésus, par l’évêque du temps, Mgr de BELSUNCE, sur les recommandations d’une jeune visitandine, la servante de Dieu, Anne-Madeleine REMUZAT, qui durant toute sa vie verra Jésus, entendra ses messages d’amour, recevra les stigmates et mourra à 33 ans, le 15 février 1730. Son procès en béatification s’est ouvert au Sacré-Cœur en 2013. Depuis 2002, j’ai rendu service à l’ordre, et les premières rencontres spirituelles se firent dans notre paroisse lorsque Mgr PERRIER, nous demanda de nous réunir, pour prier et réfléchir à notre vocation et à nos implications dans l’Ordre et envers nos frères et sœurs de Terre Sainte. Depuis trois ans, après avoir accompagné durant 12 ans, dames et chevaliers, c’est un jeune confrère de Marseille, le Père Matthias VASSEUR, qui a pris le relais. Ces 2 paroisses sont bien connues des Dames et Chevaliers car lors des 2 adoubements de la Lieutenance dans notre ville de Marseille, ces deux paroisses eurent l’honneur de vous y accueillir pour les veillées précédant la célébration en la cathédrale de Marseille. Mais je dois le souligner d’emblée, celui que vous avez choisi pour cette retraite, n’est ni prophète, ni devin, et lorsque j’acceptais ce service spirituel, je me disais le lendemain de mon acceptation : mais enfin pourquoi moi ? Pourquoi ne pas avoir choisi un théologien, un spécialiste d’Ecriture-Sainte, voir un prédicateur de renom. Et comme évidemment je n’avais pas de réponse, sinon, celle, positive, que j’avais donnée à l’Ordre, je me suis mis à penser au thème de cette récollection, à prier pour que le Seigneur m’éclaire. Et un

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matin d’octobre, à l’eucharistie, après l’élévation du Corps et du Sang du Seigneur, j’entendis en

esprit ces phrases de l’évangile de Luc : «Restez en tenue de service, gardez vos lampes allumées». Alors, me suis-je dit, ce thème est choisi par l’Esprit-Saint, toi reste en paix et prépare ce que tu dois partager. Et c’est vrai que nous sommes en tenue de service : notre baptême, notre vie chrétienne, notre manteau nous le rappelle, ainsi que la croix que nous portons ; peut-être oublions-nous trop souvent, le sens du don total du Seigneur et ses plaies qui nous ont sauvés du péché, mais aussi notre engagement dans la fidélité et l’obéissance. Les documents du Concile Vatican II, et en particulier (il nous faudrait relire, comme nous l’avions fait il y a quelques années dans nos réunions spirituelles), le décret sur l’Apostolat des laïcs, met en évidence, le primat donné à la vocation de tout chrétien à la sainteté, ainsi que le témoignage d’une communion solide et forte. Nous sommes au service de l’Eglise de France, nous sommes au service de nos frères et sœurs de Terre Sainte, de nos diocèses, de nos paroisses et, dans nos familles, nos milieux de vie, nous essayons d’être des dispensateurs de la grâce du Christ ressuscité. Nous avons reçu du St Père, un mandat spécial : celui de renforcer la pratique de la vie chrétienne parmi nos membres et d’aider au maintien de la présence chrétienne en Terre Sainte, malgré leurs grandes difficultés. Aussi, vous le savez, mais je le souligne, nous devons nous distinguer par notre conduite exemplaire, notre dévotion religieuse, notre pratique assidue de la foi chrétienne et de l’Eucharistie. Nous nous sommes engagés, lors des adoubements et nous ne devons jamais oublier que la vie de chaque membre du St Sépulcre porte un témoignage devant le monde. De même façon que ses échecs discréditent l’Eglise, ses succès contribuent à la gloire de Dieu. Nous sommes en tenue de service, lorsque chaque jour nous disons notre prière de chevaliers et dames et celle à Notre-Dame de Terre Sainte. Nous sommes en tenue de service, quand, à temps et à contre temps, considérant les souffrances et les drames de nos frères chrétiens, nous tenons bon dans la prière et l’espérance de voir enfin arriver la paix, tout en les aidant par nos offrandes et nos dons. Nous sommes en tenue de service, quand nous restons dans l’obéissance et rejetons la médisance. Car nous devons faire preuve d’autodiscipline et de témoignage : c’est-à-dire avoir une disposition intérieure au détachement, une volonté de subordonner nos intérêts personnels aux besoins des autres ou du bien commun. Nous sommes en tenue de service quand, dans l’humilité et la confiance, nous remercions le Seigneur d’avoir fait de nous des instruments de paix. Mais c’est vrai aussi que nous devons garder nos lampes allumées, pour nous éclairer nous-mêmes à la

lumière du Christ ressuscité, lui qui a dit : «Je suis la lumière du monde, celui qui me suit ne

marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie». Nos lampes sont allumées, car nous avons été illuminés depuis notre baptême, et nous faisons une place dans nos vies à celui qui nous a choisis pour servir en sa présence… et servir les autres par la prière, le don et le partage. Nos lampes sont allumées, car nous attendons le retour du maître dans l’espérance, sans déposer nos tabliers, sans nous assoupir ou nous endormir, mais toujours en alerte, pour pratiquer dans la prière, la charité, le partage, le don de nous-mêmes avec ceux que le Seigneur confie à notre miséricorde. Nous sommes aussi unis à tous ceux qui nous ont précédés dans le Royaume des cieux, et qui nous illuminent, parce qu’irradiés par la lumière de la résurrection. Aussi, chers amis, je vous propose dès à présent de laisser une place à Jésus. Nous allons lui faire une place près de nous durant ces deux journées, nous gêner peut-être, pour le laisser s’asseoir près de nous. C’est vrai que nous regardons Jésus ; nous le regardons face-à-face, et nous savons qu’il est en nous. Ce que je vous propose, durant ces journées de récollection, c’est de le voir assis près de nous, épaule contre épaule, de sentir la chaleur de sa proximité, de le laisser prendre notre main, de ne pas avoir peur de la lui donner, mais au contraire de lui ouvrir notre cœur et peut-être, lui poser les questions que nous n’oserions pas lui poser, pour que désormais notre vie soit belle, intérieure, rayonnante, afin que ce temps de carême soit propice à un vrai retournement spirituel. Nous verrons demain quelle est la place de la prière en Jésus Fils de Dieu. Que Le Seigneur vous comble par sa grâce et que la Vierge Marie accompagne votre prière et votre méditation. Mise à disposition de textes (Message du Carême du Saint Père, Florilège de textes sur la prière tirés du Catéchisme de l’Eglise Catholique. Péricopes d’évangile sur Jésus en prière dans les synoptiques).

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Nous sommes en carême depuis Mercredi des Cendres et le St Père nous invite à méditer sur son message, nous proposant un approfondissement spirituel sur nous-mêmes, sur les pauvres et leur proximité. Le texte a été mis à votre disposition hier, si vous voulez le lire ou le relire et surtout le méditer. Pour rester en tenue de service et surtout garder nos lampes allumées, je voudrais vous présenter brièvement les 5 dimanches de carême de l’année B : l’année St Marc. Ils vont soutenir, souligner notre prière durant tout ce carême. En tournant les pages de votre missel, de votre Prions en Eglise ou de votre Magnificat, vous allez pouvoir rapidement vous rendre compte que les 2 premiers dimanches sont tirés l’évangile de Marc, les 3 autres de l’évangile de Jean.

1er dimanche :

1-La Genèse Gn9, 8-15, va nous présenter le temps du déluge et de l’Alliance. Dieu fait alliance avec nous, nous promettant un sauveur.

2-St Pierre dans la première lettre 1P 3, 18-22, rappelle l’image du déluge comme l’eau du baptême qui nous sauve, cette eau dans laquelle nous avons été plongés pour être régénérés en Christ, revêtant la tenue de service, la faute originelle ayant été effacée.

3-Et ce sera l’évangile de la tentation de Jésus dans le désert, qui ouvrira ce dimanche. Avec lui, comme je le disais hier, nous resterons en sa présence d’amour, et ce texte bien connu, va nous permettre de nous recentrer face à Dieu, à la Trinité, et voir quel sera notre cheminement

durant ce carême. Le pape François nous propose ce renouveau intérieur. Pour dépasser nos prétentions de toute puissance, il nous invite à le vivre comme un parcours de formation du cœur. Avoir un cœur miséricordieux, un cœur fort, solide, fermé au tentateur, mais ouvert à Dieu. Un cœur qui se laisse pénétrer par l’Esprit et porter sur les voies de l’amour, un cœur qui conduit aux autres. Au fond, un cœur pauvre, un cœur qui connait, en fait, ses propres pauvretés et qui se dépense pour l’autre.

2ème dimanche :

1-Nous garderons le livre de la Genèse Gn 22, 1-18, et nous méditerons sur le sacrifice d’Abraham, préfiguration du sacrifice du Christ sur la croix. Si son fils Isaac à la vie sauve, Jésus, lui meurt sur la croix pour le pardon de nos péchés.

2-Dans la lettre aux Romains R 8, 31-34, Paul nous dit que Dieu a livré son Fils pour

nous sauver. «Dieu n’est pas indifférent au monde, il l’aime jusqu’à donner son Fils pour le salut

de tout l’homme». Le pape François précise ceci : dans l’Incarnation, dans la vie terrestre, dans la mort et la résurrection du Fils de Dieu, la porte entre Dieu et l’homme, entre ciel et terre, s’ouvre définitivement.

3-L’évangile de Marc Mc 9, 2-10, nous montre le baptême de Jésus : «Celui-ci est mon

Fils bien-aimé, écoutez-le». Comme Jésus fut revêtu de l’Esprit et de la Parole du Père, le chrétien est celui qui permet à Dieu de le revêtir de sa bonté, de sa miséricorde, de le revêtir du Christ, pour devenir comme lui, serviteur de Dieu et des hommes.

3ème dimanche :

1-Dans le livre de l’Exode, la loi est donnée à Moïse, Ex 20, 1-17. Une loi qui permettra au peuple de Dieu de marcher en sa présence, le rendant fort, voulant le préserver du péché de la suffisance et de l’orgueil.

2-C’est la première lettre aux Corinthiens que nous lirons : 1Co 1, 22-25. Jésus est le messie crucifié, qui donne sa vie pour nous, qui nous introduit auprès du Père.

3-Evangile de Jean : Détruisez ce temple, je le reconstruirai en 3 jours, Jn 2, 13-25. Nous sommes le temple de l’Esprit-Saint. Ne l’avons-nous pas déconstruit, ruiné par nos

querelles intestines, nos suffisances, notre orgueil et notre désobéissance ? C’est Dieu, c’est Jésus qui construisent en nous, dans l’Esprit-Saint un temple saint.

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4ème dimanche : de la joie !

1-Dans le livre des Chroniques Ch36, 14-23, c’est le temps de l’Exil, temps de la conversion par excellence, temps d’arrêt, de retournement, qui est proposé à notre méditation. Colère et miséricorde de Dieu sont les deux thèmes traités. 2-Dans la lettre aux Ephésiens Ep 2, 4-10, nous sommes morts par la faute originelle et ressuscités par la grâce. Faisons en sorte de rester en sa présence d’amour, de tout faire pour que la lumière dont nous sommes porteurs, puisse jaillir dans tous les instants de notre vie.

3-L’évangile de Jean Jn3, 14-21, vient rejoindre notre liturgie de Carême, pour nous rappeler que le Fils, envoyé par le Père, est venu pour sauver le monde.

5ème dimanche :

1-La nouvelle alliance dans l’oubli des péchés passés, dans le livre de Jérémie Jr31, 31-34. Tout peut être reconstruit si nous faisons confiance, si nous revenons au Seigneur avec un cœur contrit, demandant pardon pour nos fautes. 2-Le Christ obéissant, cause du salut éternel, dans la lettre aux Hébreux He 5, 7-9. L’obéissance, nous l’oublions trop souvent, pour y mettre à la place fierté et suffisance. Le temps du carême va nous permettre de nous recentrer sur l’obéissance du Fils de Dieu, qui donne sa vie pour nous sauver. 3-Evangile de Jean, Jn 12, 20-33. Le grain de blé enseveli en terre donne du fruit. Mais il doit mourir à lui-même, de même le chrétien qui veut être fidèle à celui dont il est configuré. Faire mourir en nous le péché, la médisance, le vouloir paraître. Sinon comment garder la tenue de service, et à la main la lumière, si nous ne sommes pas dans la vérité ?

Après ce tour d’horizon des lectures de ce carême de l’année B 2015, nous reprenons notre méditation, là où nous l’avions laissé hier, et nous retrouvons la proximité de Jésus. Lui avons-nous fait une place ? Est-il toujours là, présent ; l’Esprit-Saint va nous aider à rester dans la prière, pour essayer de changer nos cœurs, nos vies, et passer ces 40 jours de conversion dans la paix. Alors que le St Père, dans son message de carême désire que tous les lieux où se manifeste

l’Eglise, en particulier nos paroisses et nos communautés, et j’ajoute notre Ordre, deviennent «des

îles de miséricorde, au milieu de la mer de l’indifférence», je vous propose de vous laisser interpeller par l’Esprit, pour faire passer nos demandes et nos questions. Une première question qui vient à nos lèvres : Jésus, comment pries-tu ? Et moi quelle est ma prière ? Est-ce un élan du cœur ? Un simple regard jeté vers le Ciel, dira Ste Thérèse de l’Enfant Jésus ? Pour elle, c’est un cri et un cri de reconnaissance et d’amour… Toi le fils du Père éternel, pourquoi as-tu besoin de prière ? Tu pars dès le petit matin, pour être en obéissance à ton Père ? Quelle est ta prière ? Oui, je sais, tu as appris le Notre Père à tes disciples, mais toi quelle est ta prière personnelle, pour que je puisse faire comme toi, la faire mienne ? Elle est faite par la répétition des psaumes, que beaucoup savaient par cœur et qu’ils récitaient quotidiennement. Evidemment le «Shema Israël» que Jésus, Fils du Père, connait et qui fonde sa mission : celle d’apporter l’amour et la paix, de montrer la tendresse du Père, de laisser l’Esprit leur faire découvrir, par sa présence, par sa vie, par ses miracles, par le regard posé sur chaque personne, par son amour pour nous tous. Evidemment les prières qui rythment la journée, celles du repas, et en particulier celles du repas pascal, qu’il va amplifier dans le discours après la Cène en St Jean, paroles de l’Institution de

l’Eucharistie, que nous trouvons dans les évangiles synoptiques : «Prenez, Mangez, ceci est mon

corps» ; «Prenez, buvez, ceci est mon sang», ce sang de l’alliance nouvelle et éternelle, qu’il va répandre pour la multitude, en rémission de nos péchés et que nous renouvelons en mémoire de lui, comme il nous a dit de le faire, en chaque Eucharistie, où après avoir médité sur ses paroles, nous nous nourrissons de son Corps et de son Sang, dans l’attente de son retour glorieux… Quelques éléments de réponse, pour accompagner nos méditations de cette journée, se trouvent dans le Nouveau Testament et dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique, tout en n’oubliant pas

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que la prière vient de Dieu lui-même : nous ne pouvons que l’accueillir en nous. Au moment où nous décidons d’entrer en prière, nous savons que Dieu est déjà là, secrètement présent. Mais dans ce «secrètement» se cachent également toutes nos peurs et nos difficultés à prier. Ce silence plein de Dieu, nous le ressentirons d’abord comme un vide, tant que nous ne serons pas accoutumés à un retournement complet de notre façon de vivre. C’est souvent dur de rester à contempler, à prier, à essayer d’écouter. Il nous faut une grande simplicité de cœur. C’est comme de rester en tenue de service. Il faut être éveillé, ne pas s’endormir, être là, présent. Mais nous nous oublions, nous nous habituons, nous déposons notre tablier, nous fuyons. Nous osons même, quelquefois, revêtus du manteau qui fonde notre appartenance à l’Ordre, nous laisser aller à la critique, voire à la colère, en ne regardant pas l’autre comme si c’était Jésus. Et pourtant nous portons sa croix sur nos vêtements, sur notre épaule, comme lui, durant le Chemin de la Croix. La croix du Christ, souffrant, montant au calvaire est autour de notre cou ; elle nous rappelle que nous devons prendre sur nous le joug du Seigneur, pour nous livrer, avec amour et mansuétude à nos frères et sœurs et les aider de nos prières et de nos offrandes, eux qui habitent le pays de Jésus. C’est vrai que Dieu ne nous parle pas que de l’extérieur, mais aussi et surtout, de l’intérieur

mais nous avons du mal à l’entendre. Jésus nous dit aussi : «Toi quand tu pries, entre dans ta

chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est là dans le secret» (Matt, 6, 6). Donc, nous allons

faire taire «le vacarme intérieur de nos vies», rester dans le silence, près de Dieu, l’écouter nous parler, opérer en nous une «conversion totale», méditer en présence de Dieu son Père, recevoir la vie de la Trinité, des trois personnes, l’amour qui les animent et penser à Jésus, le retrouver dans les textes des évangiles proposés ou ceux que nous trouverons, prendre du temps pour lire quelques passages de notre Bible, voir même souligner les différentes attitudes de Jésus. Regardez le vivre ! Il sort, tôt le matin, pars dans la montagne pour prier, redescend dans la plaine, parle aux foules, prie avant d’appeler les disciples, pleure lors de la mort de Lazare, regarde au fond du cœur ceux qui viennent vers lui, scrute les reins et les cœurs, pardonne inlassablement, remet debout, par le pardon et la guérison, nous fait avancer sur une route que nous n’aurions jamais empruntée si nous avions été seuls, livrés à nous-mêmes. Il est en tenue de service et ce, durant ses trois années de prédication. Il ne craint pas de monter vers Jérusalem, la ville qui tue les

prophètes, car il doit accomplir la volonté du Père. «Si ce calice peut passer loin de moi, mais

non, je dois faire ta volonté». Je vous propose de rechercher dans les Evangiles quelques péricopes où Jésus est en prière. Un texte vous a été remis pour accompagner votre prière. Que nous reste-t-il à faire ? A prier, comme Jésus l’a fait. A reprendre le texte de l’évangile de Luc, qui

sert de support à notre récollection : «Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées…

et la suite de la péricope». Chacun d’entre nous sait, d’ailleurs, comment il peut désormais se convertir, préparer sa confession si besoin était, faire la lumière dans son âme. Que l’Esprit-Saint accompagne votre démarche de foi. Le texte remis, donne les références suivantes : Matthieu Mt 4,1 Alors Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Mt 6, 9-13 Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui est aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. Mt 11, 25 En ce temps-là,

Jésus prit la parole et dit : «Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu

as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits». Mt 14, 13 Quand Jésus apprit cela, il se retira et partit en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les foules l’apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied. Mt 14, 23 Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. Mt 14, 25 Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. Mt 26, 36-46 Alors Jésus parvient avec eux à un domaine

appelé Gethsémani et leur dit : «Asseyez-vous ici, pendant que je vais là-bas pour prier». Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir

tristesse et angoisse. Il leur dit alors : «Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec

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moi». Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : «Mon Père, s’il est

possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais

comme toi, tu veux». Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre :

«Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller seulement une heure avec moi ? Veillez et priez,

pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible». De nouveau, il

s’éloigna et pria, pour la deuxième fois ; il disait : «Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que

je la boive, que ta volonté soit faite !» Revenu près des disciples, de nouveau il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil. Les laissant, de nouveau il s’éloigna et pria pour la troisième fois, en répétant les mêmes paroles. Alors il revient vers les disciples et leur dit :

«Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de

l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui

me livre». Marc Mc 1, 35 Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Mc 2, 13 Jésus sortit de nouveau le long de la mer ; toute la foule venait à lui, et il les enseignait. Mc 3, 13 Puis, il gravit la montagne, et il appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui. Mc, 14, 32 Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani. Jésus dit à

ses disciples : «Asseyez-vous ici, pendant que je vais prier». Luc Lc 4, 42 Quand il fit jour, Jésus sortit et s’en alla dans un endroit désert. Les foules le cherchaient ; elles arrivèrent jusqu’à lui, et elles le retenaient pour l’empêcher de les quitter. Lc 6, 12 En ces jours-là, Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Lc 9, 18 En ce jour-là, Jésus était en

prière à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : «Au dire des foules, qui suis-je ?»

Lc 9, 28 Environ huit jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Lc 11,1 Il arriva que Jésus, en un certain lieu était en

prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : «Seigneur, apprends-nous à prier,

comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples». Lc 22, 40 Arrivé en ce lieu, il leur dit :

«Priez, pour ne pas entrer en tentation». Jean Jn 18, 1 Ayant ainsi parlé, Jésus sortit avec ses disciples et traversa le torrent du Cédron ; il y avait là un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples.

«Restez en tenue de service»

N'est-ce pas de la part de Jésus une invitation à ses disciples, de ne pas rendre leur tablier, de ne pas baisser les bras chaque fois que leur existence est confrontée à des difficultés ? Et des difficultés nous en aurons toujours. Nous en vivons les prémices quotidiennement. Que le Seigneur nous accorde la paix dans notre pays, car nous avons plusieurs motifs de crainte avec les événements de ces dernières semaines et la haine qui est semée. C’est ainsi que, chaque membre de l’Ordre doit être un catalyseur, et un ferment d’amour, comme Jésus, nous l’a enseigné, afin de faire progresser la paix et l’union des Chrétiens, surtout en Terre Sainte, ce territoire sacré que

l’Eglise a confié d’une façon toute spéciale à l’Ordre, comme le rappelle le Mémento du

Chevalier p.123 et suivantes. Dans notre société de bruits, de distractions, le pape François nous

dit, et je reprends ces phrases que nous avons soulignées ce matin : «Oui, je désire tant que les

lieux où se manifeste l’Eglise, deviennent des iles de miséricorde au milieu de la mer de

l’indifférence», car en tant qu’individu nous avons souvent la tentation de l’indifférence. Nous sommes saturés de nouvelles et d’images bouleversantes qui racontent la souffrance humaine et nous sentons en même temps toute notre incapacité à intervenir. Que faire pour ne pas se laisser absorber par cette spirale de peur et d’impuissance, que les médias mettent sous nos yeux tous les jours ? Etre et rester dans la prière, être conscient de nos responsabilités de dames et de chevaliers du Saint-Sépulcre. Je relisais il y a quelques jours, les prières de l’Adoubement, ces

phrases prononcées lorsque nous avons été reçus dans l’Ordre, et je me disais : «Mais depuis

combien d’années je ne les ai pas relues et méditées ?» En les méditant, il me semble que cela nous permettrait de ne pas tomber dans la routine, la critique, le désenchantement, le péché d’orgueil et de suffisance, mais bien au contraire ces prières devraient avoir sur nous, comme un déclic, être

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un signal, le rappel de notre engagement au service de la Terre Sainte et de nos frères et sœurs qui y vivent. Réaffirmer tout d’abord, comme nous l’avons fait lors de la cérémonie, ou comme le feront celles et ceux qui seront adoubés, et comme nous le faisons chaque dimanche à l’Eucharistie, notre foi en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, ainsi que notre attachement filial à l’Eglise de Rome, au Pape, au Grand Maitre, au Patriarche de Jérusalem, à nos évêques et à notre grand prieur. Nous pensons que cela va de soi, mais nous avons à nous en souvenir et surtout à l’intégrer dans nos vies. Il nous a été rappelé, que pour rester en tenue de service et garder nos lampes allumées, que notre volonté doit être et de rester, avec la grâce de Dieu, des témoins du Christ, par une vie chrétienne vivifiée par la prière et la pratique des sacrements, pour ensuite aider nos frères et sœurs de Terre Sainte, par tous les moyens que l’Ordre nous propose. Notre manteau, rappelons-le, habit de chœur ou d’église, symbolise le vêtement des élus et le manteau de justice, témoignant de notre union avec le Christ, l’Agneau Immaculé, mais quelquefois aussi… (7. La maladie de la rivalité et de la vanité) quand l’apparence, les couleurs des vêtements et les insignes de distinctions honorifiques deviennent l’objectif premier de la vie, oubliant les

paroles de saint Paul : «N’accordez rien à l’esprit de parti, rien à la vaine gloire, mais que chacun

par humilité estime les autres supérieurs à soi. Ne recherchez pas chacun vos propres intérêts, mais

plutôt que chacun songe à ceux des autres» (Ph 2, 1-4). C’est la maladie qui nous porte à être des hommes et des femmes faux, et à vivre un faux «mysticisme» et un faux «quiétisme». Saint Paul

lui-même les définit comme des «ennemis de la croix du Christ», parce qu’ils «mettent leur gloire

dans leur honte et ils n’apprécient que les choses de la terre» (Ph 3, 19). Saint Paul préconise dans

la lettre aux Ephésiens 6, 13-17, de «Saisir l’armure de Dieu, afin qu’au jour mauvais, vous

puissiez résister et demeurer debout, ayant tout mis en œuvre. Debout donc ! A la taille, la vérité

pour ceinturon, avec la justice pour cuirasse et comme chaussures aux pieds, l’élan, pour

annoncer l’Evangile de la paix. Prenez surtout le bouclier de la foi, il vous permettra d’éteindre

tous les projectiles enflammés du malin. Nous avons reçu enfin le casque du salut et le glaive de

l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu». Et, il faut nous le rappeler toujours et encore : nous avons promis ensemble, de bouche et de cœur, à Dieu tout puissant et à Jésus-Christ son Fils, ainsi qu’à la Vierge Marie, Notre-Dame de Terre Sainte, d’observer tout ce qui nous sera imposé, comme de vrai soldat du Christ. Puis nous avons entendu nous dire, qu’il nous fallait être fidèles et valeureux, forts et courageux, que les éperons, étaient le symbole de l’Ordre… et l’épée, celui de la droiture, de l’Equité et de la Force, afin qu’ils soient pour nous, le signe de notre zèle à défendre la Sainte Eglise de Dieu, par les armes de la justice et de la vérité. Cela nous a constitués :

- Dames du Saint Sépulcre, dont les pensées doivent s’orienter vers le pays du Rédempteur, veillant sur son tombeau ;

- Chevaliers, c’est-à-dire soldat du Saint Sépulcre, avec ce zèle pour défendre la foi par

les armes de la justice et de la vérité, sans tomber dans «la maladie du bavardage, du

murmure et du commérage». C’est une maladie grave, qui commence simplement par un peu de bavardage, et puis qui finit par s’emparer de la personne la transformant en

«semeur de zizanie» (comme Satan), et dans beaucoup de cas en «homicide de sang-

froid» de la réputation des collègues et des confrères. C’est la maladie des personnes lâches, qui n’ont pas le courage de parler directement ; ils parlent par derrière. Saint

Paul nous exhorte ainsi : «Agissez en tout sans murmures ni contestations, afin de

vous rendre irréprochables et purs» (Ph 2, 14-18). «Frères, gardons-nous du terrorisme

des bavardages !» dit le pape François.

- Pour les prêtres, la mozette posée sur nos épaules, nous permet d’accomplir les bonnes œuvres pour étendre le règne du Christ.

A tous la croix du Christ, ces 5 croix potencées ou croix de Jérusalem, dont la couleur rouge sang, nous rappelle l’amour du Christ notre rédempteur, afin qu’il nous protège et à cet

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effet, il nous a été proposé de répéter sans cesse : «Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons

parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix». Oui, cette prière doit être dite souvent, pour bien nous persuader de notre appartenance à l’Ordre. Je crois qu’il était bon, en pensant au thème de notre retraite, de rappeler, en termes simples, ces prières de l’investiture, qui font de nous tous, les dignes serviteurs du Christ. Nous devons faire attention à la maladie des cercles fermés, où l’appartenance au groupe devient plus forte que celle au Corps et, dans certaines situations, au Christ lui-même. Cette maladie aussi commence toujours par de bonnes intentions, mais avec le temps, elle asservit ses membres en devenant un cancer qui menace l’harmonie du Corps et cause beaucoup de mal (des scandales) spécialement à nos frères les plus petits. L’autodestruction, ou le

«le tir ami» des frères d’armes est le danger le plus sournois. C’est le mal qui frappe de l’intérieur ;

et, comme dit le Christ, «tout royaume divisé contre lui-même est dévasté» (Lc 11, 17) (discours à la Curie). Alors, il nous faut prier, et en regardant notre monde, supplier le Seigneur de nous donner la force, toujours et encore, de susciter chez nous et autour de nous, toutes les conditions d’une vraie vie chrétienne. Car nous le savons bien, et nous en sommes témoins tous les jours cette autre maladie soulignée par le pape, risque de nous atteindre, celle de la maladie du «marthalisme» (qui vient de Marthe), d’une activité excessive ; ou de ceux qui se noient dans le

travail et négligent, inévitablement «la meilleure part» : le fait de s’asseoir aux pieds de Jésus (cf.

Lc 10, 38-42). C’est pourquoi Jésus a appelé ses disciples à «se reposer un peu» (cf. Mc 6, 31), car négliger le repos nécessaire conduit au stress et à l’agitation. Le temps du repos, pour celui qui a accompli sa mission, est nécessaire et juste. Il doit être vécu sérieusement : en passant un peu de temps avec sa famille et en respectant les vacances comme moments de ressourcement spirituel

et physique ; nous devons apprendre ce qu’enseignait le Qohéleth qu’«il y a un temps pour tout» (3,1-15). Il y a aussi la maladie de «la pétrification» mentale et spirituelle de ceux qui ont un cœur

de pierre et une «nuque raide» (Ac 7, 51-60) ; de ceux qui, chemin faisant, perdent la sérénité

intérieure, la vitalité et l’audace, et qui se cachent sous les papiers devenant «des machines à

dossiers» et non plus des «hommes de Dieu» (cf. Hb3, 12). Il est dangereux de perdre la sensibilité humaine nécessaire pour nous faire pleurer avec ceux qui pleurent et nous réjouir avec ceux qui

se réjouissent ! C'est la maladie de ceux qui perdent «les sentiments de Jésus» (cf. Ph 2, 5-11) parce que leur cœur, au fil du temps, s’est ’endurci et est devenu incapable d’aimer le Dieu le Père et le

prochain (cf Mt 22, 34-40). Être chrétien, en effet, signifie avoir «les mêmes sentiments qui sont

dans le Christ Jésus» (Ph 2, 5), sentiments d’humilité et de don de soi, de détachement et de

générosité (discours à la curie). «Garder nos lampes allumées», c’est vivre notre «aujourd’hui de

Dieu», comme des gens qui attendent tout de l’avenir et cet avenir a un visage, car il est une personne, celle qui se tient à nos côtés… C’est Jésus, qui nous appelle à demeurer vigilant, à être prêt, à ne pas demeurer passif, car nous sommes souvent comme les disciples d’Emmaüs : sur notre route humaine, nous pouvons énumérer nos espoirs et nos attentes qui ne se sont pas réalisés. Je pense en cet instant au Pays de Jésus, mais également à tous ceux qui depuis des mois, voire des années vivent dans la souffrance et dans la peur, sont persécutés, par leur fidélité au Christ, tués pour leur foi, et encore dernièrement ces chrétiens coptes d’Egypte. Nous avons priés pour eux, mais que faisons-nous pour aider ? Quel dialogue peut être mis en place pour que nous puissions nous reconnaitre comme frères ? Je voudrais laisser un instant la parole à Mgr

William SHOMALI, qui apporte son témoignage «sur la façon, dont nous vivons le dialogue

interreligieux en Terre sainte, où les chrétiens coexistent avec les musulmans depuis quatorze

siècles. Il est bon de noter que la communauté chrétienne en Jordanie, en Palestine et en Israël

compte 400.000 fidèles et vit au milieu de 6.500.000 Juifs en Israël et 11 millions de musulmans

dans les trois régions. Notre dialogue s’inscrit dans un pays déchiré par les divisions, les conflits,

la violence et un interminable cercle de représailles. Je commencerai avec trois observations

préliminaires. Nous vivons dans un monde globalisé. Un événement qui a lieu à Paris ou à

Londres peut avoir un impact non seulement dans toute l’Europe mais aussi dans le monde

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entier. Une parole prononcée par un homme politique américain peut avoir une répercussion

directe en Chine, à Cuba ou à Moscou. De même, la mondialisation interfère fortement dans le

dialogue interreligieux. Les exemples abondent : un événement comme le massacre des

journalistes de Charlie Hebdo a eu un impact à l’échelle mondiale. Ce n’est pas rien de voir plus

de 50 dirigeants politiques mondiaux présents à une marche pour la liberté d’expression en tête

de 3,7 millions de personnes (…) En parlant de l’islam, nous sommes confrontés à plusieurs

formes d’islam, et, par conséquent, à plusieurs formes et degrés d’ouverture au dialogue. Il y a

l’islam modéré, l’islam politique, et enfin l’islam radical et militant. Ce dernier est également

divisé en plusieurs formes et degrés de radicalisme (…). Vivre avec les musulmans n’est ni une

fatalité ni une coïncidence, mais une vocation qui doit porter ses fruits dans la sérénité,

l’ouverture et le respect. Nous devons fournir tous les efforts nécessaires pour en apprendre

davantage sur l’islam, estimer ses valeurs, et travailler ensemble pour promouvoir nos valeurs

éthiques et religieuses communes. Je ne prétends pas qu’en Terre sainte, nous soyons arrivés à la

perfection. Mais nous avons derrière nous une expérience positive qui signifie que si nous,

chrétiens, alors que nous ne sommes qu’une minorité jusqu’à présent, nous avons réussi à vivre

cette coexistence, elle est réalisable également en Europe. Mais cela implique que nous

connaissions l’islam. En même temps, nous exhortons les musulmans à en apprendre davantage

sur le christianisme. Ici, nous souhaitons rappeler combien l’éducation est la clef dans la

promotion du dialogue. L’exemple de Jésus qui a dialogué avec le centurion, avec la Samaritaine,

reste d’actualité et nous invite à faire de même avec ceux qui ne partagent pas notre foi. Enfin,

j’aimerais dire quelques mots à propos de ce qui touche actuellement l’Europe. Si l’islam n’est pas

intégré dans la culture européenne, ou si les musulmans européens n’acceptent pas de s’intégrer,

ou d’apprendre la langue de la nation, mais vivent isolés dans leurs quartiers, en d’autres termes,

si l’islam européen reste une sous-culture à part, alors les jeunes musulmans, non intégrés, et

souvent sans travail, seront tentés par le fondamentalisme, le djihadisme et se révolteront contre

l’Europe qui les a rejetés ou qu’ils ont eux-mêmes choisi de rejeter… nous avons reçu ce texte

dernièrement et vous pourrez le lire in extenso». Je voudrais également vous faire partager un extrait de ce texte de Mgr Marc AILLET, qui résume bien, à mon humble avis, ce que nous vivons aujourd’hui. Le Patriarche de Jérusalem l’a rappelé il y a quelques semaines. Ceux que l’on appelle les «islamistes radicaux», qui semblent rallier de plus en plus d’adeptes, tant dans les pays à majorité musulmane qu’en France, où le nombre de conversions à l’Islam grandit, ont décidé de punir cette conception du monde qu’ils identifient de manière sommaire avec la civilisation chrétienne : c’est pourquoi les chrétiens, comme nous le constatons au Moyen Orient, au Nigéria ou au Pakistan, sont des cibles privilégiées de leurs exactions. Il s’agit pour eux de conquérir le monde à l’Oumma, en recourant à la violence la plus aveugle pour servir un idéal à la fois politique et religieux. Nous ne saurions répondre à cette grave crise par le seul recours à une

laïcité qui accompagne ce que saint Jean Paul II a appelé «une apostasie tranquille et silencieuse». Aujourd’hui, après les attentats du mois de janvier à Paris, on semble même avoir oublié les victimes désarmées, au profit d’idées que l’on appelle pompeusement les «valeurs de la

République» : «Maintenir vivante la démocratie en Europe demande d’éviter les «manières

globalisantes» de diluer la réalité : les purismes angéliques, les totalitarismes du relativisme, les

fondamentalismes anhistoriques, les éthiques sans bonté, les intellectualismes sans sagesse» a rappelé le Pape François devant le Parlement européen. Aveuglés sur les vrais enjeux, on s’obstine à idolâtrer la liberté d’expression. Mais une liberté d’expression qui n’est pas au service de l’affirmation des droits humains les plus fondamentaux, comme le droit à la vie et le droit à la liberté religieuse, peut devenir destructrice : en sombrant dans l’insulte et la dérision, elle attise la haine, engendre la violence et érige le manque de respect de l’autre en principe du vivre ensemble ! Les événements récents en ont apporté la navrante démonstration. Ni la violence, ni le laïcisme ne sont une réponse adéquate à la crise que nous vivons. La réponse des chrétiens est tout autre :

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c’est la grâce de l’Esprit Saint reçue au baptême ! Ce don est seul capable, en nous unissant réellement au Christ mort et ressuscité, de changer radicalement notre cœur, c’est-à-dire de le transformer à la racine, où se cachent les pensées perverses dont Jésus parle dans l’Evangile. On a beaucoup évoqué les islamistes radicaux ou radicalisés, qui exercent une violence inouïe au nom de leur croyance ou de leur religion. La radicalité du baptême se situe à un autre niveau, au plus intime de nous-mêmes, dans la seule contestation qui soit efficace, celle qui s’attaque non aux autres, mais à la racine du mal qui est tapi dans les cœurs : une révolte d’amour contre l’esclavage des passions.1 C’est bien pour cela que nous, chevaliers et dames du Saint-Sépulcre, nous avons une mission à remplir, celle d’être des témoins de l’amour du Christ, sans haine, surtout sans division, mais montrant que, dans le respect, l’amour de Jésus peut, au milieu de ce monde qui se durcit et se radicalise, être un vecteur, qui permette de se reconnaître comme des frères, témoignant notre attachement à nos valeurs chrétiennes, montrant que notre vie avec le Christ n’est pas en contradiction avec notre vie quotidienne, mais bien au contraire, qu’elle peut servir de pont, pour que la grâce du Christ puisse passer et interpeller tous ceux qui voudraient trouver une réponse, dans un monde fermé et qui se cloisonne. Oui, gardons nos lampes allumées, restons en tenue de service, soyons des témoins de ce Dieu d’amour, car en gommant les racines chrétiennes de notre culture, en faisant l’apologie d’une conception matérialiste, hédoniste et

relativiste de l’existence qui conduit à ce que le pape François a appelé «le grand vide d’idées

auquel nous assistons en Occident», nous faisons le lit du fondamentalisme religieux et de tous les extrémismes, et il rappelait devant le Parlement européen, en citant le Pape émérite Benoît XVI,

«c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence». L’amour du Christ, si nous le vivons profondément, dans la joie et la prière, comme notre consécration dans l’Ordre nous le propose, peut aider à la réalisation de tout cela. C’est mon souhait et c’est le vôtre. Je vous remercie de votre attention en vous demandant de prier pour moi.

Monseigneur Jean-Pierre Norbert ELLUL

Recteur de la basilique du Sacré-Cœur de Marseille

Denier d’Alphonse Jourdain (þ1103 - ý 1148), comte de Toulouse, de Rouergue, d'Albi, de l'Agenais et du Quercy, marquis de Gothie, de Provence, duc de Narbonne,

comte de Tripoli (baptisé dans le Jourdain, d’où son nom). A/. Croix cantonnée de deux crosses. R/. Croisette, A et crosse posées en triangle.

(Collection particulière)

1 Texte de Mgr+ Marc AILLET, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron. Notre Église n°55,

février 2015.

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NOTRE CORRESPONDANT EN TERRE SAINTE

(Père Pierre TANIOS)

L’EVOLUTION DU STATUT PATRIARCAL

L’institution patriarcale, dans ses origines, sa formation et son évolution, a subi, avec le temps, de nombreuses transformations.2 De l’épiscopat soumis aux Apôtres, à l’épiscopat différencié, au régime métropolitain, à l’exarchat, nous avons été conduits, comme par une évolution historique naturelle, à l’institution patriarcale distinctement organisée. L’institution patriarcale est donc issue de la tradition apostolique, réglementée par les décisions des anciens conciles.3 Elle a reçu de Justinien sa sanction civile organisée par les synodes particuliers et par l’effet de nombreuses coutumes, pour être plus adaptée aux conditions propres à chaque Église.4 Le gouvernement de l’Église est alors partagé entre les cinq grands sièges de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem, d’où le substantif grec Pentarchie.5 Le

2 Abbé Pierre TANIOS, «Autorité et Synodalité dans les Eglises Orientales Catholiques – Entre

primat romain et patriarcat oriental», Thèse de droit canonique. ICT TOULOUSE, 30

septembre 2013, pp.110-118. 3 Nicée 325, Chalcédoine 451. 4 EID (E.), La figure juridique du patriarche, op.cit., p 27. 5 SLEIMAN (E.), Thèse, chap. 1, p 64 ; et voir De VRIES (W.), le «collegium patriarcharum»

dans Concilium, 8, [1965], pp.63-77.

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patriarche de Rome avait la première place parmi ceux-ci. Sa primauté était qualifiée de Primauté

d’honneur.6 Il «préside dans la charité», selon l’expression de saint Ignace d’Antioche.7 Il occupait la première place dans l’ordre (taxi) canonique.8 La pentarchie constitue un système canonique (et non pas une institution) fondé sur le principe de l’indépendance administrative ecclésiastique9 réservant une juridiction propre dite patriarcale,10 inventée canoniquement par l’Église.11 La pentarchie synodale vient s’ajouter au système métropolitain12 et au système de l’autocéphalie.13 En effet, l’œcoumène chrétienne d’alors s’organisait ecclésialement autour de cinq centres de gravité ou de primat, coïncidant avec les centres historiques majeurs de la chrétienté : c’est-à-dire Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. Il s’agit d’une répartition administrative conciliaire de l’autorité (synodale) de l’Église en cinq patriarcats désignant (voulant exprimer) la manifestation de la synodalité dans son administration suprême et de laquelle font également partie, par la suite et jusqu’ à ce jour, les Églises autocéphales. Cette articulation structurale a des incidences ecclésiologiques depuis sa constitution conciliaire. C’est ainsi que le système de la Pentarchie inventé par l’Église au 4ème Concile œcuménique de Chalcédoine (451), selon la pratique canonique adoptée alors, présente la structure suivante : 1. Patriarcat de Rome, 2. Patriarcat de Constantinople, 3. Patriarcat d’Alexandrie, 4. Patriarcat d’Antioche et 5. Patriarcat de Jérusalem.

1) L’Eglise de Rome.

Nous ne possédons aucun renseignement sûr et précis et aucune information précise et historiquement certaine sur la fondation de l’Église de Rome, «la ville éternelle». Parmi les fondations apostoliques mentionnées dans le livre des Actes, ne figure point celle de l’Église de Rome.14 Le premier document connu qui mentionne d’une manière explicite l’Église de Rome est

l’épître adressée, vers l’an 58, par saint Paul, aux chrétiens de cette ville. Il leur dit : «J’ai en effet

un très vif désir de vous voir, pour vous communiquer un don de l’Esprit, afin de vous rendre

forts» (Rm 1 : 11). Il est vraisemblable que ces chrétiens étaient judaïsant et qu’ils furent

médiocrement reconnaissants des éloges de saint Paul et du dessein qu’il avait «d’aller cueillir

quelque fruit parmi eux, comme parmi les autres nations»15. Lorsque l’Apôtre fut amené prisonnier à Rome, ils le laissèrent sans assistance et sans consolation.16 Il y serait resté dans l’indigence, si les Philippiens ne lui avaient envoyé des secours.17 Cette épître aux Romains suppose l’existence, sinon d’une église complètement organisée, au moins de plusieurs groupes chrétiens déjà formés dans cette capitale. Le deuxième document fournissant un indice de l’existence de l’Église de Rome est ce fait mentionné dans la première partie du chapitre 28 des Actes : saint Paul, à son arrivée à Rome, au printemps de l’an 62, fut accueilli par des frères qui, à

6 Voir pour cette expression le canon 7 de Nicée (325) et le canon 3 de Constantinople I

(381). 7 Cf. IGNACE D’ANTIOCHE, lettre aux Romains, prologue. 8 Cf. Document de Ravenne, ibid., 41. 9 Autocéphalie. 10 Jus patriarchati 11 Dans le 4ème Concile œcuménique de Chalcédoine – 451. 12 Dans le 1er Concile œcuménique de Nicée – 325. 13 Dans le 3ème Concile œcuménique d’Éphèse – 431. 14 Consulter GODET (F.), «Commentaire sur l’Epître au Romains», dans Soleil d’Orient, [2009],

pp.81-92. 15 Rm 1 : 13. 16 Cf. 1Col 4 : 11 ; 2Tim 4 : 16. 17 Phi 2 : 25 ; 4 : 18.

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la nouvelle de son approche, vinrent au-devant de lui jusqu’à une douzaine de lieues de la ville. Les catholiques attribuent la fondation de l’Église de Rome à l’Apôtre Pierre, qui serait allé une première fois à Rome, vers les années 42 ou 43, dès le temps de l’empereur Claude (41-54), pour y annoncer l’Evangile et en particulier pour y combattre les hérésies du magicien Simon. Puis il y serait retourné et enfin y aurait été martyrisé, vers 65 ou 66. Il est impossible de trouver dans le Nouveau Testament le moindre texte indiquant ces faits, qu’il serait d’ailleurs fort difficile de concilier avec l’attitude de saint Paul en son Epître aux Romains et le projet qu’elle annonce, et avec les renseignements qu’il donne en d’autres épîtres sur sa propre captivité. Le silence de ces dernières épîtres à l’égard de saint Pierre serait inexplicable ou injurieux, si saint Pierre avait gouverné l’Église de Rome au temps où elles ont été écrites. De même, le silence des Actes des Apôtres18 racontant l’arrivée à Rome de saint Paul, prisonnier, et sa prédication en cette ville. Il n’est pas absolument improbable que saint Pierre soit mort à Rome ; mais les motifs que nous venons d’indiquer et plusieurs autres nous semblent écarter l’hypothèse de la fondation de l’Église de Rome par cet Apôtre, et celle d’un pontificat ayant duré vingt-deux ou vingt-cinq années. Si saint Pierre était réellement venu à Rome à une époque aussi reculée et qu’il y eût le premier propagé l’Evangile, saint Paul ne pourrait évidemment écrire une longue lettre à cette église sans mentionner son fondateur ; et si nous considérons que cette lettre est un écrit didactique, un exposé plus ou moins complet de l’Evangile, nous comprendrons qu’en vertu de ses principes mêmes, il n’aurait pu l’adresser à une église fondée par un autre Apôtre. Car il

déclare plus d’une fois qu’il est contraire à ses principes apostoliques «d’entrer dans le travail

d’autrui», ou de «bâtir sur le fondement posé par un autre».19

Un écrivain protestant, Thiersch a défendu encore l’assertion du séjour de saint Pierre à Rome, au commencement du règne de Claude20 en s’appuyant sur le passage Actes 12:17, où il est dit que, délivré de sa prison à Jérusalem, saint Pierre se rendit dans un autre lieu, expression mystérieuse employée, selon ce savant, pour désigner Rome. Cet argument est aussi peu solide ; pourquoi Luc n’aurait-il pas expressément désigné Rome, si c’était là que saint Pierre s’était réellement retiré ? Il n’avait aucune raison de faire mystère de ce nom. D’ailleurs, à cette époque, de 41 à 44, saint Pierre peut difficilement être parvenu jusqu’à Rome ; car en 51 (Actes 15), nous le trouvons à Jérusalem, et en 54 à Antioche seulement. Saint Paul lui-même, le grand pionnier de l’Evangile du côté de l’Occident, n’avait pas encore, en 42, mis le pied sur le continent européen ni prêché en Grèce. L’auteur des Actes, dans les chapitres 6-13, énumère avec grand soin toutes les transitions providentielles qui préparèrent graduellement le commencement de la mission dans le monde païen. Assurément donc saint Pierre n’avait pas à cette époque franchi les mers pour aller évangéliser Rome. La vraie tradition de l’Église romaine sur sa fondation ressort plutôt du témoignage d’un diacre de cette église, vivant au troisième ou quatrième siècle et connu, comme écrivain, sous le nom d’Ambrosiaster21 ou faux Ambroise (parce que ses écrits figurent dans les œuvres de saint Ambroise), mais dont le vrai nom était probablement Hilaire.22 Il déclare à la

louange de son église que les Romains étaient devenus croyants «sans avoir vu un seul miracle ni

18 Cf. Ac 28 : 15, 31. 19 Rm 15 : 20 ; 2 Co 10 : 16. 20 THIERSCH (H.-W.-J.), Die Kirche im apostolischen Zeitalter und die Entstehung der

neutestamentlichen Schriften, Frankfurt am Main und Erlangen, Éd. Heyder und Zimmer,

[1858], p. 96-98. 21 Ce nom (qui est d’ailleurs plutôt un qualificatif: «l’Ambrosiaster») a été inventé par Érasme

pour désigner un auteur latin, totalement inconnu, commentateur des 13 Épîtres de saint

Paul sous le pontificat de Damase Ier ! Cf. AMBROSIASTER, Contre les païens et Sur le destin,

introduction, texte critique, traduction et notes par BUSSIÈRES (M.-P.), Paris, Éd. du Cerf,

[2007], pp. 30-40. 22 Ibid. pp. 35-37.

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aucun des Apôtres».23 La plupart des écrivains catholiques sérieux et indépendants combattent

aujourd’hui l’idée d’un séjour de saint Pierre à Rome sous le règne de Claude. Bien entendu, nul ne conteste que saint Pierre soit venu à Rome vers la fin de son apostolat. Les témoignages relatifs à ce séjour nous paraissent trop positifs pour pouvoir être écartés par une critique judicieuse.24 Mais cette arrivée ne peut, en tout cas, avoir eu lieu qu’après la composition de l’épître aux Romains et même des lettres écrites par saint Paul pendant sa captivité romaine, en 62 et 68 (Colossiens, Philippiens, Ephésiens, Philémon). Comment, si saint Pierre eût à ce moment-là travaillé simultanément avec lui dans la ville de Rome, saint Paul ne le nommerait-il pas parmi les prédicateurs de l’Evangile dont il fait mention et de la part desquels il salue ? Saint Pierre ne peut donc être arrivé à Rome qu’à la fin de l’an 63 ou au commencement de l’an 64, et son séjour n’aura duré que quelques mois, jusqu’en août 64, où il périt victime de la persécution de Néron. Du reste, l’histoire de ces commencements est fort obscure ; à ce point qu’il est impossible de constater avec certitude les noms et d’établir la succession des premiers évêques. Non seulement elle est obscure, mais elle est quasiment inutilisable ; pendant la plus grande partie des deux premiers siècles, elle ne présente guère que des listes onomastiques. Beaucoup de ces noms sont d’origine grecque ou orientale et concourent avec d’autres indices à démontrer que, pendant plusieurs siècles, cette Église contient une forte proportion d’éléments étrangers, les Romains étant restés longtemps attachés au culte de leurs dieux et de leurs empereurs, qu’ils identifiaient avec la gloire et la prospérité de l’Empire.25

2) L’Eglise de Constantinople.

Au contraire des quatre autres sièges patriarcaux de la Pentarchie (Jérusalem, Rome, Antioche, Alexandrie) le siège de Constantinople n’est pas un siège apostolique, bien que la tradition lui attribue une fondation par l’Apôtre André.26 Cependant, suite à la refondation de la

ville comme «Nouvelle Rome»27 par Constantin, le troisième canon du premier concile de

Constantinople, en 381, lui reconnaît une «prééminence d’honneur après l’évêque de Rome, car

Constantinople est la Nouvelle Rome»28. Cette décision est confirmée dans le canon 28 du concile de Chalcédoine en 451,29 mais avant même cette époque, les patriarches de

23 Commentaria in XIII epistolas Paulinas. 24 Ces témoignages sont ceux de Clément de Rome, de Clément d’Alexandrie, de Denys de

Corinthe, de l’auteur du Fragment de Muratori, d’Irénée, de Tertullien et de Caïus. 25 Pour plus de détails sur l’Église de Rome, sa fondation et l’influence orientale et hellénique

dans son histoire, sa supériorité en Occident (premier millénaire), la primauté apostolique de

son évêque (deuxième millénaire), et la résistance occidentale à cette primauté, consulter un

site internet intitulé «Imago Mundi Encyclopédie Gratuite en Ligne ; Histoire de l’Église

romaine». 26 Pour plus de détails, consulter GRIGORITA (G.), L’autonomie ecclésiastique selon la

législation canonique actuelle de l’Église orthodoxe et de l’Église catholique, op.cit., p. 102,

note 5. 27 La cité de Constantinople fut fondée par l’empereur Constantin en 324 et inaugurée

officiellement comme la «nouvelle Rome» en 330. DAGRON (G.), Naissance d’une capitale,

Constantinople et ses institutions de 330 à 451, op.cit., p. 34. Voir aussi GRIGORITA (G.),

ibid, p. 101. 28 Ibid, p. 102. 29 Pour plus de détails, voir l’étude analytique et minutieuse de L’HUILLIER (P.), «Le décret du

Concile de Chalcédoine sur les prérogatives du siège de la Très Sainte Église de

Constantinople», dans MPERO, 27, [1979], pp.33-69.

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Constantinople prirent le titre de Patriarche Œcuménique,30 sans préciser ce que cela recouvre précisément en termes de juridiction. Les papes Léon Ier et Grégoire Ier, revendiquant pour leur siège la juridiction sur l’ensemble des églises, refusèrent de cautionner cet usage. Le maintien de la partie orientale de l’Empire Romain fit que le patriarche resta sous la tutelle du pouvoir impérial, dans un système de partage des pouvoirs qui a pu varier avec les époques. Mais l’accusation de césaro-papisme, souvent formulée par les Occidentaux, ne tient pas compte du fait qu’aucun empereur d’Orient ne réussit à imposer à l’Église la moindre décision doctrinale, et ce n’est pas faute d’avoir essayé de le faire. Selon la tradition,31 le premier évêque de la ville aurait été consacré par l’Apôtre André. Suite au déplacement en 330 de la capitale de l’Empire romain de Rome à Byzance, rebaptisée Constantinople ou nouvelle Rome, l’évêque de la ville obtint la prééminence

d’honneur après celui de Rome, selon la pratique au sein de l’Église orthodoxe «répandue à

travers tout l’univers»32 L’Église de Constantinople se présente alors comme possédant une nouvelle existence canonique avec un territoire canonique de sa circonscription patriarcale qualifiée historiquement par la ville de Constantinople et les trois éparchies limitrophes.33 Elle devait par la suite être définie géographiquement par les quatre mers,34 comme le deuxième trône patriarcal dans le système de la pentarchie des patriarcats. Après le schisme de 1054, qui marqua la rupture avec l’Église de Rome, elle occupera une place prépondérante parmi les Églises orthodoxes.35 Mais la chute de Constantinople, d’abord aux mains des Croisés en 1204, puis des Turcs en 1453, affaiblit considérablement l’autorité du patriarche. Il ne put empêcher l’érection de Moscou en patriarcat autocéphale en 1589, et la tendance de plus en plus prononcée des églises nationales à l’autocéphalie pendant le XIXème siècle diminua encore son influence.36 Cependant, les sultans de l’Empire ottoman lui accordaient encore une certaine autorité sur les chrétiens orthodoxes de l’Empire, dans le cadre du système des milliyets.37 Le patriarche devient

30 Ce titre, bien qu’il fût d’un usage assez courant pour d’autres évêques, est utilisé en 588

par l’évêque de Constantinople Jean IV le Jeûneur (582-595) comme titre personnel. Mais

c’est Photius qui l’a introduit dans le protocole. Du temps de Michel Cérulaire, ce titre a

commencé à figurer sur les sceaux officiels de l’Église de Constantinople, et le patriarche

Manuel Ier (1217-1222) est le premier à l’avoir fait figurer de sa propre main dans la

signature d’un document. Cf. GRIGORITA (G.), ibid, p. 103. Voir aussi VAILHÉ (S.), «Le titre

de Patriarche œcuménique avant Saint Grégoire le Grand», dans Echos d’Orient, t. 11,

[1908], pp.65-69 et du même auteur «Saint Grégoire le Grand et le titre de Patriarche

œcuménique», dans Echos d’Orient, 11, [1908], pp.161-171 ; LAURENT (V.), «Le titre de

Patriarche œcuménique et la signature patriarcale (Recherches de Diplomatique et de

Sigillographie byzantines)», dans Revue des Études Byzantines, 6, [1948], pp.5-26 et du

même auteur «Le titre du patriarche œcuménique», pp.373-386 ; TUILIER (A.), «Le titre du

patriarche œcuménique à l’époque de Michel Cérulaire et le schisme entre les Eglises», dans

Studia Patristica, 11, Berlin, Éd. AkademieVerlag, [1972], pp.215-229 et 247-258 ; GRUMEL

(V.), «Le titre de patriarche œcuménique sur les sceaux byzantins», dans Revue des Études

Grecques, 58, [1945], pp.212-218. 31 Petit Dictionnaire de l’Orient chrétien (§ Constantinople), Brepols, Éd. Turnhout, [1991],

p.113. 32 Voir le can. 57 du Concile local de Carthage (419) ; cf. can. 56 du Quinisexte Concile

œcuménique in Trullo (691). Une Église qui s’étend «d’un bout à l’autre de l’univers»

(expression dans l’offrande de la sainte Eucharistie ; divine liturgie de St Basile le Grand de

Césarée). 33 Thrace, Pont et Asie Mineure. 34 Noire, Méditerranée, Adriatique et Baltique. 35 Cf. GRIGORITA (G.), ibid, pp. 105. 36 Ibid., pp. 107-108. 37 Le terme ottoman millet désigne une communauté religieuse légalement protégée. Il

concerne aussi les minorités. Il vient du mot arabe milla, communauté confessionnelle (aussi

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donc, avec la conquête ottomane (29 mai 1453) le millet bashi ou l’ethnarque,38 c’est-à-dire le chef civil et religieux de tous les orthodoxes de l’empire ottoman. Après la chute de l’Empire ottoman, les Églises présentes sur les territoires libérés du joug ottoman exigent d’être reconnues comme autocéphales. Il s’agit, en particulier, des Églises orthodoxe de Serbie, Bulgarie, Roumanie

et Grèce. L’Église de Constantinople «refusait d’abandonner l’autorité acquise pendant

l’ottomanocratie soit en retardant la reconnaissance de ces autocéphalies, soit en les condamnant

comme schismatiques».39 En 1923, avec la République turque, le système des milliyets étant aboli, cette fonction cessa complètement, et les autorités turques mirent en place une Église orthodoxe turque, non canonique. Sur le territoire turc, en dehors de l’archevêché de Constantinople, des quatre métropoles de Dercon (à Büyükdere), de Chalcédoine (à Kadiköy), des îles des Princes (îles Kızıl en mer de Marmara) et des îles d’Imbros et Ténédos (Gökceada et Bozcaada en mer Égée), seule l’Église orthodoxe turque est reconnue par les autorités. Dans cette situation assez difficile, le patriarche Mélétios Metaxakis,40 en profitant de la faiblesse d’autres Eglises orthodoxes locales, essaie de se mêler de leurs affaires internes. Il recommence à réorganiser l’Eglise de Constantinople en remettant sous son autorité, par un tomos patriarcal, la diaspora grecque.41 Cette décision unilatérale n’est pas mentionnée dans le canon 28 de Chalcédoine. Ce canon indique très clairement que seulement les diocèses d’Asie, de Thrace et du Pont sont sous l’autorité du patriarcat de Constantinople. De plus, ni la tradition canonique, ni la praxis ecclésiale orthodoxe ne justifient une telle théorie. Le patriarcat œcuménique de Constantinople actuel en est l’héritier direct. Il est la première juridiction autocéphale de l’Église orthodoxe. Cette situation est liée au statut de capitale de l’Empire romain dont jouissait autrefois Constantinople. La ville, aujourd’hui située en Turquie, est appelée Istanbul. Le patriarcat est un titre et une fonction de présidence attachée à un siège épiscopal, l’Archevêché orthodoxe de Constantinople. Les orthodoxes considèrent que le patriarche de Constantinople n’a qu’une prééminence honorifique sur les autres Églises autocéphales orthodoxes, comme les papes d’avant le schisme de 1054 selon

leur doctrine.42 Sa titulature complète est «archevêque et patriarche œcuménique», avec résidence

taïfa «confessions», d’où taïfiyya qui signifie «confessionnel»), qui est aussi utilisé pour

désigner les quartiers juifs au Maroc ou en Tunisie. En turc moderne, milliyet signifie «nation».

Cf. Ibid, pp.105 -106, note 15. 38 Le terme «ethnarque» renvoie au gouvernement par un monarque sur un groupe ethnique

homogène ou sur un royaume hétérogène. Le mot est issu des mots grecs signifiant «nation»

(έθνος) et «chef» (άρχων). Cette signification désigne l’expression turque millet bashi (έθνος)

«nation» «millet» et άρχων «chef» bashi). Le premier à avoir cette responsabilité a été

Georges Scholarios Gennadios qui le 6 janvier 1454 a été nommé patriarche de

Constantinople, et, par conséquent, ethnarque du Rum Millet par le sultan Mehmed II. Ibid,

pp.106 note 16. 39Ibid., p. 107 et les notes 24 et 25. 40 Pour plus d’informations sur Mélétios Metaxakis, lire GRIGORITA (G.), ibid, pp.109 note 29. 41 Pour plus de détails sur l’actualité de la diaspora orthodoxe et sur les nouvelles théories

constantinopolitaines pour la revendication du droit d’autorité sur l’entière diaspora

orthodoxe, consulter, GRIGORITA (G.), ibid, pp.114-120. 42 Il est difficile de dater avec précision le schisme entre l’Orient et l’Occident, car ni le

concile de Lyon, ni le concile de Florence ne se réfèrent à 1054. Pour cette raison, Yves

CONGAR parle d’un «estrangement» ou d’éloignement progressif entre les deux Eglises

catholique et orthodoxe. Cf. CONGAR (Y.), «Neuf cent ans après : notes sur le Schisme

oriental», dans Irénikon, Éd. Chevetogne, [1954], pp.3-95. Mais il nous semble important de

souligner que deux événements permettent de considérer l’année 1054 comme

déterminante : Le 16 juillet 1054, le cardinal Humbert de Moyen-Moutier, représentant du

Pape Léon IX dépose sur l’autel de la cathédrale Ste Sophie une bulle papale excommuniant le

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au Phanar (en turc : Fener) à Constantinople (Istanbul) en Turquie.43 Le patriarcat de

Constantinople «exerce (aujourd’hui) son autorité sur les orthodoxes grecs de Turquie, de certains

territoires de Grèce (île de Crète, Dodécanèse et les prétendus «Nouveaux Territoires» du Nord de

la Grèce, presqu’île du Mont Athos), de l’entière diaspora orthodoxe grecque, ainsi que sur

quelques communautés qui, forcées par des situations politiques ou sociales, se sont mises

volontairement sous l’autorité de l’Eglise de Constantinople (les orthodoxes de Finlande, une

partie des orthodoxes d’Estonie, une partie de la diaspora ukrainienne de l’Amérique, la diaspora

albanaise d’Amérique, une infime partie de la diaspora russe de l’Europe occidentale)». De plus,

«le même patriarcat exerce une autorité, plus ou moins directe, même sur l’Église orthodoxe de

Grèce».44

3) L’Eglise d’Alexandrie

Selon la tradition45 et l’historien Eusèbe de Césarée, l’Église d’Alexandrie, «la Belle ville» et «la Grande»46 aurait été fondée par l’évangéliste Marc.47 Elle a connu plusieurs schismes au cours de son histoire et aujourd’hui plusieurs Églises, appartenant à des confessions différentes, en sont les héritières : - L’Église copte orthodoxe. Son chef porte le titre de «Pape d’Alexandrie et Patriarche de la prédication de saint Marc et de toute l’Afrique», avec résidence à Alexandrie au Caire. - L’Église orthodoxe d’Alexandrie. Son chef porte le titre de «Pape et patriarche d’Alexandrie et de toute l’Afrique», avec résidence à Alexandrie en Egypte. - L’Église catholique copte. Son chef porte le titre «Patriarche d’Alexandrie des Coptes», avec résidence au Caire. - L’Église évangélique copte (née à partir du XIXème siècle). Elle est la plus importante communauté protestante du Proche-Orient.

4) L’Eglise d’Antioche

Dans la Grèce antique, plusieurs villes portaient le nom d’Antioche. Mais la ville syrienne qui a donné naissance à cette Église fut distinguée des autres notamment par les appellations suivantes : «Antioche de Syrie», «Antioche la Grande» (Antakiya Al Azima), la «ville de Dieu» (madinat Allah). Elle devint le berceau du christianisme et une des premières Églises chrétiennes composant la Pentarchie. Selon la tradition, l’Église d’Antioche aurait été fondée en 38 par les Apôtres Pierre et Paul. Un de ses évêques les plus célèbres est Ignace d’Antioche. C’est à partir d’elle que les Apôtres Barnabé et Paul, aidés par un embryon de chrétiens fervents, ont réussi à

Patriarche Michel Cérulaire. Le 24 juillet suivant, le synode byzantin prononce l’anathème sur

les légats du pape. 43 Il faut signaler qu’il y a un Patriarcat arménien à Constantinople qui a été institué en 1461. 44 Voir GRIGORITA (G.), ibid, p. 121. 45 Pour plus de détails, consulter DE ZOGHEB (A.-M.), L’Église d’Alexandrie, Le Caire, Éd.

Imprimerie nationale, [1894]. 46 De toutes les cités portant le nom d’Alexandrie égyptienne est indéniablement celle qui

connaîtra le plus grand rayonnement et ce, immédiatement après sa fondation. Il en est pour

preuve les différents qualificatifs tels que «la Belle» ou encore «la Grande» qui seront

rapidement attribués. Pour plus de détails sur l’histoire de cette ville lire, BOISDRON (M.)

«Alexandrie», dans L’Histoire dans tous ses états. Vous pouvez consulter cet article sur le

site internet http://misraim3.free.fr/divers2/alexandrie.pdf. Voir aussi BERNARD (A.),

Alexandrie la Grande, Paris, Éd. Arthaud, [1998] ; Alexandrie des Ptolémées, Paris, Éd. CNRS,

[1995]. 47 Cf. Petit dictionnaire de l’Orient chrétien (§ Alexandrie), Brepols, Éd.Turnhout, [1991].

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propager l’Evangile. Elle fut le premier centre de propagation de la foi chrétienne. Du temps de l’Église primitive, Antioche était la capitale de la province romaine, dont le territoire s’étendait à toutes les régions faisant partie naturellement du pays syrien. Nous sommes très bien renseignés sur la naissance de l’Église d’Antioche grâce aux Actes des Apôtres. Après l’émoi qu’a suscité la lapidation du diacre Etienne, de nombreux missionnaires «hellénistes» vinrent prêcher la Bonne Nouvelle à Antioche, tant aux Juifs qu’aux païens.48 Barnabas, un lévite d’origine chypriote, fut dépêché à Antioche, où il constata l’authenticité des nouveaux convertis49 et s’associa aux prédicateurs hellénistes. En raison du nombre considérable de convertis, il alla chercher Saul (devenu ensuite l’Apôtre Paul) à Tarse. Les deux Apôtres travaillèrent ensemble pendant un an et contribuèrent à la fondation de l’Église d’Antioche. Et c’est à Antioche que le nom de «chrétiens» fut donné, pour la première fois, aux disciples de Jésus.50 Elle a connu plusieurs schismes au cours de son histoire et aujourd’hui plusieurs Églises, appartenant à des confessions différentes, en sont les héritières : - Église syriaque orthodoxe, - Église orthodoxe d’Antioche, - Église catholique syriaque, - Église maronite, - Église grecque-catholique melkite. Antioche a énormément souffert : inondations fréquentes, innombrables tremblements de terre, multiples invasions. De ce fait, les Antiochiens ont subi toutes sortes de persécutions, d’exactions ; beaucoup ont dû s’exiler à travers les siècles. En dépit de toutes ces tribulations, elle fut maintes fois rebâtie mais le coup de grâce lui a été asséné par les Mamelouks (membres d’une milice ottomane formée d’esclaves affranchis) en 1268 : leur victoire a été suivie de massacres indescriptibles, dont les chrétiens ont été les principales victimes. Antioche ne se relèvera plus de cette calamité. Enfin, nous pouvons très brièvement signaler que, selon certains historiens, c’est à Antioche que certains documents de l’Église primitive ont vu le jour. Citons, à titre d’exemples, l’épître de Barnabé, la Didaché et l’Evangile selon saint Matthieu. De même il est bon de mentionner l’école exégétique d’Antioche rendue célèbre, aux 4ème et 5ème siècles, par la recherche du sens simple et littéral des saintes Ecritures.

5) L’Eglise de Jérusalem

Dans la tradition chrétienne, l’Église de Jérusalem, «mère des Églises» est l’appellation d’une des premières communautés chrétiennes locales, sinon de la première. La tradition veut que cette Église ait été fondée par Jacques le juste qui dirigeait cette communauté après la mort de Jésus. Elle est donc l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses de la chrétienté, du fait de sa situation en Terre Sainte. Eusèbe de Césarée rapporte que Jérusalem n’a plus à son époque de signification théologique pour les chrétiens, à l’inverse des Juifs,51 et ils ne semblent pas lui avoir accordé un intérêt particulier. C’est l’empereur Constantin qui assiéra l’importance de la ville en la favorisant comme lieu de pèlerinage à partir du IVème siècle et en y construisant à partir de 326 la basilique du Saint-Sépulcre. Ce n’est qu’en 451 que le patriarcat de Jérusalem est créé par le concile de Chalcédoine, devenant ainsi une des composantes de la Pentarchie. Les patriarcats de Jérusalem actuels sont :

48 Ac 11 : 19-21. 49 Ac 11 :22-24. 50 Ac 11 : 25-26. 51 MARAVAL (P.), «L’Empereur Constantin aux origines des pèlerinages», dans les Premiers

Temps de l’Église, Paris, Éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, [2004], p. 659.

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- Le Patriarcat orthodoxe de Jérusalem dont le chef porte le titre de «Patriarche de la Sainte Cité de Jérusalem et de toute la Palestine», - Le Patriarcat latin de Jérusalem dont le chef porte le titre de «Patriarche latin de Jérusalem», - Le Patriarcat arménien de Jérusalem dont le chef porte le titre de «Patriarche arménien de Jérusalem», - L’Eglise grecque-catholique melkite, dont le primat, résidant à Damas en Syrie, porte le titre de «Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem des Melkites».

Père Pierre TANIOS

Curé de Tannourine

(Apocalypse de Bamberg. L’ange montre à Jean la Nouvelle Jérusalem,

avec l’Agneau de Dieu au centre)

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La Gazette Tolosane n°14

TERRE SAINTE

LES PREMIERS FRUITS D’UN PARRAINAGE CONJOINT DES PROVINCES

DE MONTPELLIER ET DE TOULOUSE : L’ORDINATION SACERDOTALE

D’IBRAHIM NAFFA’, DU SEMINAIRE DE BEIT JALA EN TERRE SAINTE

(26 JUIN 2014)

Ibrahim NAFFA’ est né le 23 mars 1982 à Zarqa en Jordanie. Ses parents Sameer NAFFA’ et Rima GAMMOH ont su l’élever pieusement comme ses 4 frères et son unique sœur. Que Dieu les bénisse pour cette réussite. Après ses études primaires et secondaires à Zarqa, puis des études supérieures en gestion hôtelière, il décide de rejoindre pendant 8 ans les frères franciscains de la Custodie de Terre Sainte dont il partage l’esprit missionnaire. Il y reçoit une solide formation en éducation et spiritualité, en langue italienne et en philosophie. Mais l’appel à la prêtrise le rejoint et le voilà engagé en 2009 dans une nouvelle mission, celle de devenir un prêtre de paroisse. Pour cela il rejoint le séminaire de Beit Jala qui, rappelons le, a formé depuis sa création en 1852 et son transfert à Beit Jala en 1857 plus de 260 prêtres dont 12 sont devenus

évêques et 3 des patriarches. «Chers frères et sœurs, je vous salue, et vous demande de prier pour

moi en ce moment où je me prépare à l'ordination sacerdotale, qui sera le 26/06/2014, je vous

porte dans ma prière» votre frère Ibrahim NAFFA’.

Paul BLAISE

Chargé de mission parrainage de la Province de Montpellier

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La Gazette Tolosane n°14

Voici les photos de l'ordination sacerdotale d'Ibrahim NAFFAA. Nous lui présentons toutes nos félicitations et nos vœux pour un saint sacerdoce.

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La Gazette Tolosane n°14

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La Gazette Tolosane n°14

TERRE SAINTE

NOUVEAU PARRAINAGE D’UN SEMINARISTE PAR LES PROVINCES

DE MONTPELLIER ET TOULOUSE

La récente ordination sacerdotale d’Ibrahim NAFA’A a démontré la mobilisation des chevaliers, dames et sympathisants en faveur de ce qui nous rassemble le mieux dans l’Ordre : l’aide aux chrétiens de Terre Sainte. En parrainant, ce jeune séminariste jordanien et en l’amenant au bout de ses études pour entrer dans le sacerdoce, tous ceux et celles qui se sont engagés moyennant monnaie ont démontré avoir du cœur et parler à l’intelligence, celle de maintenir activement la présence chrétienne par des prêtres sur les terres du patriarcat latin.

L’heure est venue maintenant de faire de nouveau appel à vous pour un projet identique. Nos deux provinces de Montpellier et de Toulouse seront une nouvelle fois regroupées pour plus d’efficacité. Je rappelle le principe du parrainage : s’engager pour un don annuel d’un montant librement fixé par chacun des donateurs, pour une période de quatre années, la durée des études de notre filleul, au séminaire de Beït Jala, de 2015 à 2018 compris. Ces sommes ouvrent à la déduction fiscale sur l’année civile et feront l’objet d’un reçu circonstancié. Il est nécessaire de connaître la nature des engagements de ceux ou celles d’entre vous qui s’associeront au projet : votre loyauté fera, comme cela a donc été démontré pour Ibrahim, le reste.

En pratique, notre confrère Paul BLAISE est le coordonateur du projet des deux provinces. Je reste votre contact sur la province de Toulouse et je vais tenter avec vous de mener à bien cette mission. Nous avons besoin de recueillir les intentions de ceux et celles qui s’engageront dans le projet : pour cela, si vous souhaitez vous associer au projet, vous devrez renseigner un formulaire d’intention que vous voudrez bien m’adresser (voir ci-dessous mes coordonnées courriel ou postales), je les centraliserai pour la province de Toulouse. Vous trouverez ce formulaire en pièce jointe. Maintenant, c’est à nous tous de jouer pour ordonner dans quatre ans un jeune prêtre en Terre Sainte, qui plus est notre filleul. Sachant compter sur votre générosité et votre engagement, je vous adresse, Messieurs les Abbés, Madame, Monsieur, chers confrères, cher(e)s ami(e)s, mes salutations confraternelles.

Marc DUTRENOIS

Chargé de mission parrainage de la Province de TOULOUSE

5, chemin du plateau de la Cavalerie

09.100 PAMIERS

Tél : 05.61.60.06.02.

Port : 06.09.39.67.88.

courriel : [email protected]

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Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem

Province de Montpellier

Province de Toulouse

(Document à faire parvenir à chaque membre de la Province pour l’enquête préliminaire)

DECLARATION D’INTENTION (1 fiche par membre donateur)

A renvoyer à Paul BLAISE, 9, rue Mariano Fortuny, 66.000 PERPIGNAN

A. Renseignements importants

Je soussigné :…………………………………………………………………………….

Commanderie :………………………………………………………………………….

Adresse : ………………………………………………………………………………..

N° téléphone : …………………………… Portable……………………………………

Courriel : …………………………………………………………………………………

B. Engagement

1. Déclare être intéressé par le parrainage d’un séminariste de Beit Jalah (cocher la case)

OUI NON

2. Déclare vouloir m’engager pour une somme annuelle de :

Cocher la case

100 euros 150 euros 200 euros Autres (indiquer la somme

3. M’engage à verser cette somme pendant la durée des études du séminariste (4 ans)

Cocher la case

4. Souhaite recevoir un reçu fiscal annuel pour ce don (cocher la case)

OUI NON

Fait à le :

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La Gazette Tolosane n°14

Pèlerinage National en Terre Sainte

(du 06 au 15 novembre 2015)

La lieutenance de France organise un pèlerinage en Terre sainte du vendredi 6 au

dimanche 15 novembre 2015, quelques jours après les adoubements à Toulouse du 2 au 4

octobre 2015.

Ce pèlerinage sera conduit par l’abbé Pierre-Édouard de Bruchard, que beaucoup

d’entre nous connaissons bien pour avoir reçu ses enseignements, et dont la connaissance de

la Terre Sainte est profonde.

Le programme établi apporte quelques nouveautés par rapport aux lieux

incontournables de la Terre Sainte :

Saint-Jean-d’Acre, lié aux Croisades et aux États latins ;

Yad Vashem, mémorial de la Shoah ;

l’Hérodium, palais d’Hérode le Grand et son tombeau.

Parmi les rencontres nouvelles que nous avons prévues :

Mme Marie-Armelle BEAULIEU, rédactrice en chef de la revue Terre sainte ;

Mgr MARCUZZO, évêque de Nazareth,

et bien sûr aussi :

le Consul général de France à Jérusalem ;

le père Jamal KHADER, jésuite, supérieur du séminaire de Beit-Jala ;

Sa Béatitude Mgr Fouad TWAL, patriarche latin de Jérusalem ;

l’hôpital Saint-Louis-des-Français, et sœur Monika ;

l’hospice Saint-Vincent-de-Paul, qui a failli être fermé…

Nous vous invitons donc :

à vous inscrire rapidement à ce pèlerinage, que vous soyez déjà venu en Terre

Sainte ou pas encore ;

à en parler à vos amis qui ne connaissent pas la Terre Sainte.

Bien confraternellement,

Joëlle de MONREDON

Conseiller de la Lieutenance

Responsable des pèlerinages

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TERRE SAINTE

Mgr Mounir KHAIRALLAH, Evêque de Batroun (Liban)

Condamnation des attentats de Paris

Très chers amis, A la sortie de notre réunion mensuelle de l'Assemblée des Evêques maronites à Bkerké,

nous apprenons avec stupéfaction la nouvelle de l'attentat de Paris. Nous sommes tous consternés. Sa Béatitude le Patriarche RAÏ nous donne les dernières nouvelles de l'attaque terroriste perpétrée contre le siège de l'hebdomadaire «Charlie Hebdo» durant la réunion habituelle de la rédaction faisant douze morts et une vingtaine de blessés ! Il nous a invité à prier pour les victimes et pour le peuple français. Nous ne pouvons que condamner fermement cet acte terroriste et toute violence inouïe. Nous savons bien ce que le terrorisme entraîne comme conséquences ! Nous vous disons, chers amis, toute notre solidarité et notre sympathie. Nous vous assurons de nos prières afin que le Seigneur de la Vie et de la Paix vous éloigne de tout mal et vous procure la tranquillité et la prospérité en ce début d'année 2015.

Nous savons déjà que les condamnations sont venues de toute part du monde entier. C'est consolant. Mais il faut que les gouvernements œuvrent sans relâche à éliminer les raisons profondes de ce terrorisme aveugle qui fait le tour du monde ! Le Pape François, quant à lui, a

exprimé «sa plus ferme condamnation de l'attentat ; quelle que soit sa motivation, la violence

homicide est abominable», appelant à «s'opposer par tous les moyens à la diffusion de la haine et

de toute forme de violence». Courage ! Ne baissez pas les bras ! Vous avez manifesté, et le monde avec vous, dans le silence qui n'ose pas gémir, dans la dignité qui ne crie pas vengeance et dans la liberté qui ne demande qu'à être respectée ! Nous avons suivi avec vous les manifestations de plus de trois millions de personnes à travers toute la France, condamnant la violence aveugle et la barbarie qui n'a pas d'identité religieuse, culturelle ou nationale ! Et n'a aucune appartenance humaine ! Ce n'est pas humain ce que certaines personnes commettent au nom d'une religion ou d'une nation ou d'une quelconque raison ! Cela, nous le répétons depuis des années en criant

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La Gazette Tolosane n°14

justice et solidarité ! Mais nous ne rencontrions pas tant d'oreilles qui voulaient entendre et agir ! Aujourd'hui, malheureusement, la barbarie vous a touché de plein fouet et vous avez dû payer de très chères victimes ! Nous sommes à vos côtés ; nous prions pour vous et avec vous pour les victimes innocentes et leurs familles. Nous prions pour que les responsables de ce monde comprennent enfin que la violence n'a pas de frontière, que la justice doit être appliquée à tous les peuples de la même mesure, que la paix doit régner partout dans le monde et que la liberté doit primer sur les autres valeurs mais dans le respect de l'autre : de ses idées, de ses croyances et de son expression religieuse ! En guise de réponse, j'emprunte ces quelques phrases du message du cardinal André VINGT-TROIS, Archevêque de Paris, du samedi 10 janvier et lu dans toutes les

paroisses ce dimanche 11 janvier : «Notre pays, notre ville de Paris en particulier, ont été cette

semaine le théâtre d’actes de violence et de barbarie inouïes. Depuis de nombreuses années pour

nous, la guerre, la mort, c’était toujours ailleurs même si, pendant ce temps, des soldats français

étaient engagés en différents pays pour essayer d’apporter un peu de paix. Certains l’ont payé de

leur vie. Mais la mort violente s’est invitée brusquement chez nous. En France, et bien au-delà de

nos frontières, tous sont en état de choc. La majeure partie de nos concitoyens ont vécu cette

situation comme un appel à redécouvrir un certain nombre de valeurs fondamentales de notre

République comme la liberté de religion ou la liberté d’opinion». Profitons de cette solidarité unanime et générale pour construire un monde de justice, de paix et d'amour ! Un monde de convivialité dans le respect de nos différences ! Heureux sommes-nous, surtout nous chrétiens, si nous savons être des artisans de paix dans un monde qui en a tant besoin. Unis à vous dans la prière et à toutes les personnes de Bonne Volonté.

Mgr Mounir KHAIRALLAH

Evêque de Batroun

(Forteresse Saint-Gilles située à Tripoli, au Liban, construite par le comte Raymond IV de Toulouse sur la colline de Hajjage, à trois kilomètres de la côte méditerranéenne).

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TERRE SAINTE

«Les murs miroirs», Auditoire de Calvin, Genève (Suisse) 2014

LES MURS MIROIRS PERFORMANCE DE VIDEO-PROJECTIONS

Parti de l'abbaye de Cluny en Bourgogne, le projet Murs Miroirs met en scène des performances de vidéo projections des gravures de Charlette Morel Sauphar, artiste graveur, sur les façades et les élévations de monuments historiques comme le château de Voltaire, près de Genève, le château de Bussy Rabutin, près de Dijon, l'Auditoire de Calvin, à Genève ou la médiathèque et la cathédrale de Chalon sur Saône. Le thème principal des projections est la paix, par la rencontre. Désormais, l'équipe franchit la Méditerranée et parcourt la Palestine et Israël. La première soirée se déroulera à Nazareth sur les murs de la basilique de l'Annonciation, immense vaisseau à flanc de la colline. La performance sera visible de partout, ouverte à tous.

* le mardi 24 mars 2015 à 19 heures

Basilique de l’Annonciation à Nazareth, en présence du Patriarche latin de Jérusalem

* le jeudi 26 mars 2015 à 18 h 30 heures

Couvent Saint Etienne, Ecole biblique de Jérusalem, en présence du Consul général de

France à Jérusalem

François-Xavier VERGER Charlette MOREL-SAUPHAR

Chef de projet Artiste graveur

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PUBLICATIONS

184 pages (12 euros)

Le colloque «Qu’est-ce que croire ?» résulte des débats théologiques et pastoraux engagés par l’ICES et le Pôle Théologie du Diocèse de Luçon. Cette réflexion s’inscrit dans l’Année de la foi promulguée par Sa Sainteté le Pape Benoît XVI. La publication des actes présente l’enjeu

fondamental du colloque, à savoir le nécessaire passage d’une simple distinction entre fides qua

creditur (la foi par laquelle il est cru, c’est-à-dire l’expérience du sujet dans sa relation croyante à

Dieu) et fides quae creditur (la foi en laquelle on croit, c’est-à-dire la réalité objective qui est d’ordre du contenu de la foi résumé dans les symboles), à une authentique confrontation des dimensions subjective et objective de la foi.

Les auteurs : Sœur Christiane BAKA, Mgr Pierre-Marie CARRE, Mgr Alain CASTET, R.P.

Paul Marie CATHELINAIS, o.p., R.P. Michel du MERLE, o.s.b., Mgr Jacques GOMART, Laure

MEESEMAECKER, Abbé Antoine NOUWAVI, T.R.P. Dom Jean PATEAU, o.s.b., Anne

PINOT, Père Bernard SESBOÜE, s.j., Abbé Charles TALAR.

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PUBLICATIONS

302 pages (39 euros)

Ce livre, le premier traité d’éthique en langue arabe, enfin traduit, est l’œuvre d’un

chrétien d’Orient qui vécut au Xème siècle. Tout d’abord attribué au mystique musulman IBN ‘ARABI et mis à la disposition d’un large public à la fin du XIXème siècle, ce texte décrit le cheminement, fait de modération et de partage, menant l’homme à la perfection. Dans une écriture limpide et élégante, le philosophe et théologien syriaque Yahya IBN ‘ADI, un des meilleurs connaisseurs d’Aristote au Moyen Age, expose comment, par le discernement, chacun peut parvenir à dépasser ses vices, et atteindre la beauté spirituelle. Maîtrise de soi, amour d’autrui, compassion, miséricorde, sincérité, équité… Sans que la religion du philosophe soit clairement exposée ici, les vertus imputées à l’homme parfait sont autant de vertus mises en avant par l’Evangile. La traduction et l’étude scientifique de Marie-Thérèse URVOY, spécialiste de l’histoire et de la langue arabe classique, redonnent toutes ses lettres de noblesse à la littérature arabe chrétienne trop méconnue et pourtant fondatrice de toute une civilisation. Une lecture inédite et surprenante, à la confluence de la théologie et de la philosophie, de l’Occident et de l’Orient.

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NOMINATIONS

Monsieur l’Abbé Czeslaw SULKOWSKI a été nommé Prieur de la commanderie Saint Sernin. Ont été nommés au Conseil des Adoubements la Province de Toulouse : Maître Ludovic SEREE de ROCH, Président de la Province de Toulouse. Monsieur l’Abbé Czeslaw SULKOWSKI, Prieur de la Province de Toulouse (chargé des relations avec le clergé affectataire). Monseigneur Michel CAMBON, Coadjuteur de la Province de Toulouse (chargé des relations avec l’Archevêché). Monsieur Henri BALSSA, chevalier de la commanderie Sainte Foy (chargé du Blog de la Province et du site Face Book). Monsieur Philippe CABIDOCHE, responsable de la commanderie Sainte Bernadette Soubirous (chargé de la communication). Le colonel Didier DELTOUR, assisté du Docteur Jean-François GOURDOU, chevaliers de la commanderie Notre Dame de Sabart (chargés des relations avec les Armées et les responsables politiques). Monsieur Thierry de MAULEON, responsable de la commanderie Saint Sernin (chargé de la logistique et de l’intendance).

(Cloître du couvent des Augustins de Toulouse)

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CALENDRIER

20, 21 et 22 mars 2015 : Retraite des impétrants à Poissy.

02 avril 2015 : Quête à Saverdun.

03 avril 2015 : Quête à la cathédrale de Pamiers.

10 avril 2015 : Animation des Vêpres suivie de la Messe à Notre Dame du Taur.

13 avril 2015 : Réunion d’animation spirituelle de la commanderie Saint Sernin.

18 avril 2015 : Réunion d’animation spirituelle de la commanderie Sainte Foy.

24 avril 2015 : Réunion d’animation spirituelle de la commanderie Notre Dame de Sabart.

16 mai 2015 : Réunion d’animation spirituelle du Groupe Sainte Cécile d’Albi.

17 mai 2015 : Canonisation à Rome d'Emilie de VILLENEUVE, avec retransmission de cette cérémonie en direct à ND de la Platé à Castres à 10 heures.

22-23 mai 2015 : Retraite annuelle de la Commanderie Sainte Bernadette Soubirous à l'abbaye de Boulaur dans le Gers.

05 juin 2015 : Animation des Vêpres suivie de la Messe à Notre Dame du Taur.

08 juin 2015 : Réunion d’animation spirituelle de la commanderie Saint Sernin.

12 juin 2015 : Réunion d’animation spirituelle de la commanderie Notre Dame de Sabart.

08 août 2015 : Pèlerinage de la Saint Louis à Rocamadour.

14 et 15 août 2015 : Fêtes de l'Assomption à Lourdes.

14 août 2015 : Réunion du Conseil de Province.

02 octobre 2015 : Veillée d’armes et de prières en la Basilique Saint Sernin de Toulouse.

03 octobre 2015 : Cérémonies annuelles d'adoubement et d'investiture dans l'Ordre célébrées en la cathédrale Saint Etienne de Toulouse, présidées par S.Em.R. le Cardinal Edwin O'Brien, Grand Maître de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Chapitre à l’Institut Catholique de Toulouse. Réception & Soirée de gala.

04 octobre 2015 : Messe d’action de grâce à l’église Saint Jérôme de Toulouse.

10-11 octobre 2015 : Fêtes de la Sainte Foy de Conques.

06 au 15 novembre 2015 : Pèlerinage national en Terre Sainte.

(Notre Dame des Grâces. Musée des Augustins de Toulouse)