La filariose lymphatique, un fléau économique et social

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La filariose lymphatique, un fl6au konomique et social Lam N. Nguyen’, Philippe Esterrel, Frederic Lardeuxl, Steven A. Williams’, Luc Nicolass* La filariose lymphatique due aux filaires Wuchereria ban- crofti et Brugia malayi affecte plus de 120 millions d’indivi- dus dans les zones tropicales. G&e aux efforts de plusieurs equipes de recherche dans les differentes zones endemiques, la filariose est l’une des rares maladies parasitaires pour laquelle on dispose de tech- niques de diagnostic et de strategies de traitements effi- caces. De plus, les connais- sances sur l’immunobiologie des parasites et la pathogen&e chez l’homme ont fortement progresse, et un programme de sequencage du genome devrait permettre d’identifier de nouvelles cibles therapeu- tiques, ou P plus long terme des molecules dint&et dans le developpement d’un vaccin. t lnstitut territorial de recherches medicales Louis-Malarde, BP 30, Papeete, Tahiti, Poly- nesie Francaise, * Department of Biological F;;nces, Clark Science Center, Smith Col- Northampton, MA, Etats-Unis, 3 Unite d’immunophysiologie et parasitisme intracellulaire, lnstitut Pasteur, 25, rue du Docteur-Roux, 75724 Paris cedex 15, Fran- ce. lnicolasQpasteur.fr. L a filariose lymphatique, mala- die tropicale parasitaire, est causee par les Nemathel- minthes (vers ronds) Wuchereria bancrofti (89 % des cas), Brugia maluyi (11 % des cas), et tres locale- ment B. timori (< 1 % des cas). Ces trois especes sont transmises par des moustiques. W bancrofti parasi- te exclusivement l’homme, tandis que B. malayi et B. timori peuvent parasiter d’autres mammiferes. Leur cycle est cependant compa- rable a celui de Wuchereriu. 1. Parasites et aspects du cycle L’homme devient parasite par une piqure de moustique femelle abri- tant des larves dites infectantes (larves L3), lors d’un repas san- guin. Les larves L3 s’echappent de la piece buccale du moustique et p&&rent activement dans la peau a travers l’orifice de la piqtire. Debute alors le cycle intrinseque chez l’homme. Les larves L3 pas- sent dans le systeme lymphatique et subissent une derniere mue au bout de 2 a 4 semaines pour deve- nir larves L4. Ces dernieres devien- nent adultes (males ou femelles) en 3 a 6 mois. Les vers adultes (appeles macrofilaires) sont des vers ronds, blancs, filiformes et translucides. La femelle de Wuchereria mesure environ de 4 a 8 cm de long pour 0,15 a 0,3 mm de diametre. Le male est plus petit (2-4 cm de long). AprPs fecondation, les femelles emettent a partir des oviductes des embryons ou microfilaires, mesu- rant de 250 a 300 pm de long et 8 un~ de diametre. La multiplica- tion du parasite a done lieu chez l’homme et pas chez le vecteur. La periode de prepatence, intervalle separant la penetration des larves infestantes et la premiere appari- tion d’une microfilaremie dans le sang, est estimee a environ 6 mois ou plus [75]. Brugia est generale- ment de plus petite taille que Wuchereriu. Les vers adultes se trouvent au niveau du systeme lymphatique ob ils induisent des pathologies. Leur duree de vie est estimee a environ lo-15 ans [531. Les microfilaires circulent en per- manence dans la lymphe. Leur pas- sage dans la circulation sanguine (microfilaremie) suit une periodici- te nycthemerale variable selon les especes et les varietes de filaires. Pour VV. bancrofti cette periodicite est generalement nocturne, entre 22 h et 4 h, sauf pour la variete paci- fica qui a une subperiodicite diur- ne, entre 10 h et 18 h [85, 871. Les microfilaires representent une impasse parasitaire et leur develop- pement necessite le passageobliga- toire chez le vecteur (moustique). En l’absence de ce passage chez le vecteur, leur duree de vie est envi- ron de 6 semaines a 12 mois 1641. Le moustique s’infecte en absor- bant des microfilaires circulant dans les capillaires, lorsque les sty- lets v&&rants pen&rent ces petits vaisseaux. Les microfilaires ingerees vont dans l’estomac du vecteur. Elles perdent leur gaine et essayent de passer a travers la paroi stoma- tale avant la formation de la mem- brane peritrophique qui est secretee autour du bol alimentaire ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR / actualites (1999) 10,l ,93-106 0 Elsevier, Paris 93

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La filariose lymphatique, un fl6au konomique et social

Lam N. Nguyen’, Philippe Esterrel, Frederic Lardeuxl, Steven A. Williams’, Luc Nicolass*

La filariose lymphatique due aux filaires Wuchereria ban- crofti et Brugia malayi affecte plus de 120 millions d’indivi- dus dans les zones tropicales. G&e aux efforts de plusieurs equipes de recherche dans les differentes zones endemiques, la filariose est l’une des rares maladies parasitaires pour laquelle on dispose de tech- niques de diagnostic et de strategies de traitements effi- caces. De plus, les connais- sances sur l’immunobiologie des parasites et la pathogen&e chez l’homme ont fortement progresse, et un programme de sequencage du genome devrait permettre d’identifier de nouvelles cibles therapeu- tiques, ou P plus long terme des molecules dint&et dans le developpement d’un vaccin.

t lnstitut territorial de recherches medicales Louis-Malarde, BP 30, Papeete, Tahiti, Poly- nesie Francaise, * Department of Biological F;;nces, Clark Science Center, Smith Col-

Northampton, MA, Etats-Unis, 3 Unite d’immunophysiologie et parasitisme intracellulaire, lnstitut Pasteur, 25, rue du Docteur-Roux, 75724 Paris cedex 15, Fran- ce. lnicolasQpasteur.fr.

L a filariose lymphatique, mala- die tropicale parasitaire, est causee par les Nemathel-

minthes (vers ronds) Wuchereria bancrofti (89 % des cas), Brugia maluyi (11 % des cas), et tres locale- ment B. timori (< 1 % des cas). Ces trois especes sont transmises par des moustiques. W bancrofti parasi- te exclusivement l’homme, tandis que B. malayi et B. timori peuvent parasiter d’autres mammiferes. Leur cycle est cependant compa- rable a celui de Wuchereriu.

1. Parasites et aspects du cycle

L’homme devient parasite par une piqure de moustique femelle abri- tant des larves dites infectantes (larves L3), lors d’un repas san- guin. Les larves L3 s’echappent de la piece buccale du moustique et p&&rent activement dans la peau a travers l’orifice de la piqtire. Debute alors le cycle intrinseque chez l’homme. Les larves L3 pas- sent dans le systeme lymphatique et subissent une derniere mue au bout de 2 a 4 semaines pour deve- nir larves L4. Ces dernieres devien- nent adultes (males ou femelles) en 3 a 6 mois. Les vers adultes (appeles macrofilaires) sont des vers ronds, blancs, filiformes et translucides. La femelle de Wuchereria mesure environ de 4 a 8 cm de long pour 0,15 a 0,3 mm de diametre. Le male est plus petit (2-4 cm de long). AprPs fecondation, les femelles emettent a partir des oviductes des embryons ou microfilaires, mesu-

rant de 250 a 300 pm de long et 8 un~ de diametre. La multiplica- tion du parasite a done lieu chez l’homme et pas chez le vecteur. La periode de prepatence, intervalle separant la penetration des larves infestantes et la premiere appari- tion d’une microfilaremie dans le sang, est estimee a environ 6 mois ou plus [75]. Brugia est generale- ment de plus petite taille que Wuchereriu. Les vers adultes se trouvent au niveau du systeme lymphatique ob ils induisent des pathologies. Leur duree de vie est estimee a environ lo-15 ans [531. Les microfilaires circulent en per- manence dans la lymphe. Leur pas- sage dans la circulation sanguine (microfilaremie) suit une periodici- te nycthemerale variable selon les especes et les varietes de filaires. Pour VV. bancrofti cette periodicite est generalement nocturne, entre 22 h et 4 h, sauf pour la variete paci- fica qui a une subperiodicite diur- ne, entre 10 h et 18 h [85, 871. Les microfilaires representent une impasse parasitaire et leur develop- pement necessite le passage obliga- toire chez le vecteur (moustique). En l’absence de ce passage chez le vecteur, leur duree de vie est envi- ron de 6 semaines a 12 mois 1641. Le moustique s’infecte en absor- bant des microfilaires circulant dans les capillaires, lorsque les sty- lets v&&rants pen&rent ces petits vaisseaux. Les microfilaires ingerees vont dans l’estomac du vecteur. Elles perdent leur gaine et essayent de passer a travers la paroi stoma- tale avant la formation de la mem- brane peritrophique qui est secretee autour du bol alimentaire

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du vecteur. Celles qui reussissent a passer dans l’hemocele m&rent activement vers les muscles thora- ciques ou elles vont subir une pre- miere transformation. Cette phase s’accomplit dans les 12 h qui sui- vent le repas sanguin. Dans les muscles thoraciques, les microfi- laires evoluent en 5 a 6 j en un stade larvaire (Ll) court, epais et immo- bile, baptise stade <X en saucisse >X (225 a 300 urn de long pour 10 a 17 urn de large). Une premiere mue a lieu, donnant un stade L2 peu mobile (appele forme intermediai- re) qui va aller en grandissant. Quelques jours apres, une seconde mue a lieu, donnant un stade L3, tres long et fin (1200 a 1800 pm / 18 a 23 pm), tres mobile, qui peut cir- culer activement dans tout le corps du vecteur. L’ensemble du cycle du parasite chez le vecteur (cycle extrinseque) est fonction de la tem- perature, de l’espece ou de la souche de vecteur mais dure en moyenne un peu moins d’une quinzaine de jours dans les condi- tions naturelles moyennes (25 a 30” C) [lo, 481. Au moment du repas sanguin suivant, les larves L3 migrent activement vers la trompe du vecteur par laquelle elles peu- vent s’echapper et infecter un nou- vel hate.

2. Distribution et incidence clinique, sociale et konomique

Selon l’OMS, plus de 120 millions d’individus sont parasites par W. bancrofti ou B. malayi dans le monde, repartis dans 73 pays des zones tropicales et subtropicales, et plus de 20 % de la population mon- diale est menacee [Bl, 1071. Ce chiffre global sous-estime la realite de l’endemie, car il ne prend en compte que les porteurs de microfi- laires et les individus presentant des symptomes cliniques externes. Par ailleurs, les don&es sur l’Afrique sub-saharienne sont pour la plupart anciennes, et il y a fort a craindre que de vastes foyers exis- tent dans cette region. En effet, une

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enquete locale au Ghana vient de montrer que 41 % de la population examinee etait porteuse de microfi- laires de W. bancrofti et que 3 % souffrait de filariose chronique [35]. La plus grande partie des individus parasites par W. bancrofti se trou- vent en Asie (49 %), en Afrique (34 %) et dans le Pacifique occiden- tal (16 %) ; des foyers plus epars etant localises au Bresil et dans les Caraibes. L’Inde est de loin le pays le plus touche avec 45,5 millions de cas, suivi par la region sub-saha- rienne avec 41 millions de cas. La filariose a Brugia skit essentielle- ment en Inde et en Chine ainsi que dans differents pays du Sud-Est asiatique mais jusqu’a present demeure inconnue sur les conti- nents africain et americain. B. timo- ri est circonscrit a Hndonesie. Bien que non mortelles, les diverses manifestations cliniques de la filariose, aigues ou chro- niques, dont les plus connus sont les lymphangites et l’elephantiasis des membres et les deformations genitales (hydrocele du scrotum en particulier), peuvent @tre respon- sables de lourdes consequences fonctionnelles, psychosociales et esthetiques. Longtemps sous-esti- mee, car elle affecte surtout les couches economiquement faibles des pays ou elle skit, la filariose est une des rares maladies parasi- taires pour lesquelles on dispose, maintenant, a la fois de medica- ments efficaces et de moyens dia- gnostiques fiables. Devant le succes des recents programmes de contro- le et l’implication croissante des pouvoirs politiques, la 50e Assem- blee mondiale pour la Sante reunie en mai 1997 a consider6 comme une priorite l’elimination de la fila- riose lymphatique comme proble- me de Sante publique 11091. La preoccupation des Etats a consi- derablement Pvolue au tours des dernieres annees devant l’impact social et economique de cette mala- die qui constitue un frein au deve- loppement. La filariose est conside- ree par l’OMS comme la deuxieme cause mondiale d’invalidite perma- nente ou a long terme [lOBI. Plus de

44 millions d’individus, la plupart vivant dans des conditions socio- economiques et sanitaires tres defa- vorisees, souffrent des manifesta- tions invalidantes de la filariose. L’adenolymphangite, symptome courant, avec inflammation des ganglions et vaisseaux lympha- tiques, accompagne d’episodes febriles, entraine en moyenne 30 j d’arret de travail par an par patient. Plus de 16 millions d’indi- vidus souffrent de lymphcedemes et 15 millions, d’elephantiasis des jambes. Les pathologies genitales atteignent plus de 27 millions d’hommes et probablement plu- sieurs millions de femmes. Ces symptomes entrainent des handi- caps s&&es et une perte de pro- ductivite entrainant souvent la perte de l’emploi ]89, 90, 911. De plus, l’exclusion sociale et les pro- blemes psychologiques et sexuels lies aux infirmites affectent cruelle- ment les patients, surtout lorsqu’ils sont jeunes [17, 261. De plus, 76 millions d’individus sont porteurs de microfilaires dans le sang, sans toutefois presenter de symptomes externes. La plupart de ces individus, longtemps consider& comme porteurs (< asymptoma- tiques >), souffrent en realite de pathologies internes, lymphatiques ou r&ales [21, 301. 11 y a done lieu maintenant de considerer que tout individu capable de permettre le developpement du parasite est sus- ceptible de developper egalement une pathologic.

3. R6le des moustiques dans la transmission

q 3.1. Espkes vectrices

En 1877 Manson a reussi a decrire les stades de developpement de W. bancrofti chez le moustique CL&X quinquefasciatus (famille des Ctllici- due) : le parasite passe par trois stades larvaires notes convention- nellement Ll, L2, L3 et &pares par une mue. La larve L3 est qualifiee de larve infectante car elle seule peut entrainer de nouvelles infec-

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tions chez l’homme lorsqu’elle est transmise par piqfire de l’insecte. La dkouverte de Manson marque la naissance de l’entomologie mkdi- tale car ce fut la premiere fois que l’on associait sans ambigui’tk un arthropode a un parasite humain. Sur plus de 3 000 espPces de Culici- dae, seules quelques dizaines sont susceptibles de transmettre les filaires lymphatiques humaines [91, 1041. La transmission est d’au- tant plus intense que l’espilce vec- trite est abondante, que le contact homme-vecteur est frequent, et que le cycle de dkveloppement du parasite dans son vecteur se fait facilement, sans mortalite excessive des larves. On distingue ainsi des vecteurs principaux, secondaires et expkrimentaux chez qui le cycle peut aboutir en conditions de labo- ratoire, mais pas forckment dans la nature. La plupart des espkces vec- trices de W. bancrofti sont d’activite nocturne et leur activiM de piqtire coincide avec le rythme nyctkm&-al des microfilaires dans la circulation sanguine pkriphkique de l’hom- me. La forme subpbriodique, a rythme nycthkmQa1 peu marqub, est transmise par quelques espkes de Aedes d’activiM diurne. De man&e g&-kale, C. quinqtiefas- ciattls est le principal vecteur incri- mine dans les zones urbaines. Quelques rares autres espkes de Culex sont vectrices, mais leur r61e est relativement secondaire. En situation plus rurale, ce sont les espPces du genre Anopheles (espkes vectrices kgalement de Plasmodium) qui sont responsables de la plus grande intensite de transmission. Nelson 1661 en cite 23. Parmi celles- ci, An. gambiae, An. funestus ou An. arabiensis sont les plus redoutables dans la zone afro-tropicale. Plus d’une quinzaine d’espkes de Ano- pheles sont incriminees en Asie et au moins trois en Papouasie. Treize espkes de Aedes peuvent trans- mettre W. bancrofti [161, essentielle- ment dans les rkgions asiatique (par exemple Ae. niveus) et Pacifique. En Polyntkie oh seule la forme subpk- riodique de la filaire existe, Ae. poly- nesiensis est le vecteur principal.

Brugia malayi est transmis par des espPces du genre Mansonia.

n 3.2. Jkologie des vecteurs

Le cycle biologique d’un mous- tique comporte quake stades : l’cwf, la larve, la nymphe et l’adul- te, les trois premiers f?tant aqua- tiques. Dans les conditions favo- rables, l’kmergence de l’adulte intervient, selon les espkes, de 10 & 20 j apr$s la ponte. La disponibilitk de gites en eau (et done la pluvio- mktrie) est souvent un facteur de variation saisonnike d’abondance des adultes. De man&e g&&ale, les Anopheles se reproduisent en eau deuce, mais aussi en eaux pol- l&es, en particulier dans les mark- cages. Les Aedes pondent dans des petites collections d’eau Claire ou peu poll&e. Les Ctl2ex affection- nent les eaux poll&es comme celle des eaux de drainage, les fosses septiques, ou toutes les eaux riches en matike organique, d’oti leur extension lice B l’urbanisation ma1 contrblee des zones tropicales. Les adultes ont des comportements variables selon les espkes : la dis- persion, les prkferences alimen- taires, les lieux de piqtire, le rythme de piqtire, les lieux de repos, la duke du cycle gonotrophique (intervalle de temps entre deux repas sanguins) sont diffkrents. Plusieurs revues ou ouvrages sur I’kologie des vecteurs de filaires lymphatiques peuvent etre consul- t& [8,41,43,941.

n 3.3. Transmission vectorielle et facteurs signifiants

Nelson [651 a donn& une revue de d&ail des facteurs intrinkques qui interagissent entre le parasite et ses h&es (homme et moustique) et des facteurs extrinseques qui directe- ment ou non influent sur la multi- plication et la dissemination du parasite. Tous les moustiques qui se nourris- sent sur un homme porteur de microfilaires ne permettent pas l’&olution compkte du parasite, et parmi les espilces rkceptives, toutes

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les souches de moustiques ne sont pas egalement sensibles. La kepti- vite varie d’une population 2 l’autre, et ce caractke, gknktique- ment determinG, est transmissible d’une gknkration 2 la suivante. Plu- sieurs ktudes ont confirm6 ce ph& nom&e de coadaptation [8,28,521. Contrairement aux maladies a pro- tozoaires ou & virus (paludisme, trypanosomiase, fievre jaune, dengue...) egalement transmises par des arthropodes, le vecteur ne joue pas ici un r81e multiplicateur des agents pathogPnes. Au contrai- re, il y a une forte rkduction du nombre des filaires entre l’inges- tion et le nombre de larves L3 infec- tantes rksultantes. Les causes de cette reduction, qui determinent en partie le rendement parasitaire, sont variees : endommagement des microfilaires au moment de l’inges- tion par les dents pharyngkes de l’armature buccale du moustique, coagulation du sang, passage de la membrane peritrophique, de la paroi stomacale.. . sans compter les rkactions d’immunite du vecteur entrainant la lyse ou l’encapsula- tion du parasite ou la mort du vec- teur par hyper-parasitisme... De plus, au tours d’un repas de sang, seule une tr& faible proportion des 20 6 100 % des L3 lib&es p&&rent effectivement chez l’hete-vertebrk [27, 1121. Par ailleurs, l’infection a aussi pour effet de rkduire la portke de vol des moustiques qui est dejh naturellement peu importante. Ces diffkents facteurs de r&duction du parasitisme, qui interviennent au tours de l’kvolution du parasite chez l’insecte et au moment de la transmission, permettent d’expli- quer en partie l’h&&og&&tk spa- tiale remarquable de la transmis- sion de W. bancrofti. Le vecteur est done un rkducteur du parasitisme, si bien que les femelles infectantes sont rares (1 & 3 % en moyenne) et que leur charge parasitaire est faible (1 h 5 L3 infectantes en moyenne). Cette perte de parasites est souvent compenske par des phknom&nes adaptatifs, de com- portement du vecteur ou de condi- tions environnementales particu-

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likes [13, 481. Ainsi, malgre une apparente fragilite des mecanismes de transmission vectorielle, les populations de W. bancvofti se main- tiennent efficacement. Parmi les facteurs extrinseques, les variations saisonnieres de densite, le rythme et le lieu de piqure des vecteurs determinent les saisons de transmission. La puissance de vol des vecteurs, faible, contribue a creer un contact homme-vecteur etroit, ce qui est essentiel dans la transmission des filaires car cela facilite les S-infections (la filariose est une maladie (X d’accumula- tion >>). La repartition geographique de la filariose est le plus souvent localisee en foyers (sauf dans cer- tains cas particuliers lors de trans- missions par Aedes). Cette focalisa- tion indique que la maladie ne peut se developper que lorsque les conditions de transmission sont tres favorables. Parmi celles-ci, la tem- perature et la disponibilite de gites de developpement larvaires en nombre suffisant sont les plus importantes. La temperature est un facteur limitant dans le developpe- ment du cycle du parasite chez le vecteur 1481. Elle determine bien souvent des zones geographiques de transmission. Par exemple, le tro- pique du Capricorne (23,5”C) marque la limite de repartition sud de IV. bancrofti. D’autre barrieres cli- matiques peuvent ainsi etre mises en evidence (altitude) [9, lo], ainsi que des zones ou les periodes de transmission favorables sont trop courtes pour permettre un parasitis- me par accumulation. La disponibi- lite et la permanence des gites de developpement des larves de mous- tique est importante car elle condi- tionne les densites vectorielles. Ce parametre est d’ailleurs un des plus importants pris en compte dans le modele mathematique de transmis- sion de Rochet 1931 qui montre qu’une reduction des surfaces en eau disponibles peut permettre de controler, voir d’eradiquer la filario- se a Pondichery.

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W 3.4. bments d’hpidkmiologie vectorielle

L’etude du rendement parasitaire (nombre de L3 infectantes resul- tanteslnombre de microfilaires ingerees) a apporte de nombreux enseignements a l’epidemiologie. Plusieurs etudes ont mis en eviden- ce les phenomenes de limitation, facilitation et proportionnalite entre le nombre de microfilaires ingerees et le nombre de L3 resultantes [3,4, 7, 83, 86, 881. La relation qui lie le nombre de microfilaires ingerees (x) au nombre de L3 (y) peut s’ecrire sous la forme d’une fonction hyper- bolique : y = J. H. x / (H + J.x), oti J et H sont 2 constantes caracteris- tiques de chaque couple parasite/ vecteur. H represente l’asymptote de la courbe, il est le nombre moyen maximum de larves infectantes qu’un vecteur peut heberger. J est la probabilite de reussite des parasites quand leur nombre moyen tend vers 0. De maniere g&&ale, les Anopheles presentent des pheno- m&es de facilitation (le rendement parasitaire augmente avec le nombre des mirofilaires ingerees), et les Aedes, une limitation marquee (plus le nombre de microfilaires ingerees est grand, plus le rende- ment parasitaire diminue). Les Culex sont dans des situations variables selon les souches geogra- phiques. La facilitation et la limita- tion produisent des situations epi- demiologiques tres differentes. Dans le premier cas, l’endemie fila- rienne est t&s instable : on observe de faibles rendements parasitaires lorsque le nombre de microfilaires est faible. 11 est alors possible de stopper assez facilement la trans- mission et d’eradiquer la filaire des populations humaines. C’est ce qui arrive parfois indirectement a la suite de lutte anti-paludique qui s’attaque au meme vecteur 11021. La facilitation rend bien compte de la focalisation de la filariose de Ban- croft en Afrique de l’Ouest ou les Anopheles sont des vecteurs princi- paux. Correlativement, une fois eli- mince, la filariose est difficile a rein- troduire dans les regions de facilita-

tion. Au contraire, la limitation, en favorisant le rendement parasitaire dans le cas de faibles microfilare- mies, implique que l’elimination de la transmission est tres difficile. Les programmes de controle de la mala- die par diminution de la microfila- remie doivent done l’abaisser consi- derablement pour esperer un controle durable : la prophylaxie de masse qui reduit la densite microfi- larienne entraine, pour les parasites qui subsistent, des chances supe- rieures de survie [83]. Les eradica- tions spontanees sont improbables, les foyers de filariose ont tendance a etre jointifs (uniformisation geogra- phique) et les invasions (ou reinva- sions) relativement aisees, comme dans le cas des foyers polynesiens. Ces resultats theoriques ont trouve des conclusions pratiques 1971. L’etude de la distribution du nombre de larves de filaires chez son vecteur a permis de degager la notion de <c pathogenicite )) du para- site pour son hate [861, qui est le reflet de la mortalite vectorielle due au parasitisme. Plus le parasite est <X pathogene )) pour son vecteur, plus la mortalite differentielle qu’il induit est importante. La encore, l’analyse de ce coefficient pour dif- ferents couples vecteur/parasite montre qu’une campagne microfila- ricide de masse energique, qui reduirait le nombre moyen de microfilaires disponibles pour le moustique, peut permettre de reduire considerablement la trans- mission chez les Anopheles et beau- coup moins chez les Aedes (cas de la Polynesie francaise, apres quatre decades de prophylaxie par la die- thylcarbamazine). Quoi qu’il en soit, meme si le contrble de la filariose lymphatique peut etre effectif par le seul controle vectoriel (cas de la transmission par Anopheles), il n’en reste pas moins que, compte tenu de la courte duke de vie du vecteur par rapport a celle du ver adulte (qui produit les micro- filaires), il faut abaisser les densites vectorielles pendant tres longtemps pour esperer obtenir un effet a long terme [2].

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4. Diagnostic chez l’homme

H 4.1. Diagnostic sCrologique

I1 est bask sur la dktection, dans le s&urn des individus, d’IgG ou d’IgG4 rkagissant avec des pro- tkines de filaires et a longtemps servi de reference pour le diagnos- tic des filarioses lymphatiques, que ce soit & W. bancvofti ou A B. malayi. L’une des techniques les plus utili- &es utilise un extrait de vers adultes de B. malayi (ou parfois de B. pahangi) comme antigPne, dans un test Elisa [44]. Plusieurs pro- tkines de l’extrait sont en effet com- munes 2 IN bancrofti et 21 Brugia sp. Cependant le diagnostic skrolo- gique ne permet pas de distinguer une parasitose actuelle d’une para- sitose pas&e, et manque de spkcifi- cit& [14]. Pour IN bancvofti, il est remplace maintenant par la dktec- tion d’antiggnes circular& dans le sang ?I l’aide d’anticorps monoclo- naux. Pour B. malayi, le skrodia- gnostic continue ?I @tre utilisk, en l’absence d’autre test disponible. Cependant, la skologie baske non plus sur l’utilisation d’extrait brut de parasites mais d’antigkes d&fi- nis (antigenes recombinants) pour- rait donner de nouvelles perspec- tives au skrodiagnostic [47].

n 4.2. Diagnostic parasitologique : microfilaires et vers adultes

Les techniques de diagnostic parasi- tologiques de W. bancrofti ont 4M revues rkemment [67]. La dktection des microfilaires (le stade prklevk par le moustique) est la technique la plus classique et la plus ancienne. Les microfilaires peuvent @tre pr& sentes dans divers liquides biolo- giques, mais en pratique on les recherche dans le sang veineux p&i- phkrique par observation au micro- scope d’un khantillon de sang colo- rk au May Griinwald Giemsa [19]. Les techniques de pklkvement les plus courantes sont la goutte kpais- se calibree g 20 m,3 de sang prkle- vt! au doigt par un capillaire et la fil-

tration sur membrane de sang vei- neux (1mL) hkmolyse (par 9 mL d’eau bicarbonatge & 0,l %). La fil- tration est la technique de rkfkrence, bien standardike et utiliske dans de nombreuses etudes sur la filariose lymphatique. Sa sensibilitk est sup& rieure & la goutte kpaisse car le volu- me de sang analysk est superieur 124, 611. La dktection des microfi- laires prksente deux incon-vknients majeurs : d’une part, le sang doit @tre prelevk la nuit dans la plupart des zones endemiques en raison de la p&iodiciM nocturne de la microfi- larkmie, et d’autre part, on sait maintenant qu’il existe une propor- tion elevke d’individus (< amicrofila- rkmiques )) (ou avec une microfila- rkmie non detectable) porteurs cependant de vers adultes. Pendant tr&s longtemps la dktec- tion des vers adultes ktait impos- sible, ce qui a limit6 l’kvaluation de l’endkmie filarienne mais aussi celle des programmes de contr8le. Toute stratkgie de contr6le de la filariose doit en effet viser B dktrui- re non seulement les microfilaires, pour stopper la transmission, mais aussi la <c source )> de microfilaires, c’est-&dire les vers adultes. Une avancke majeure dans le diagnostic de la filariose a ktk rkalisk a la fin des an&es 1980. Deux anticorps mono- clonaux, AD12 et Og4C3, initiale- ment prkparks contre des antig&nes de filaires animales, permettent en effet de dktecter chez l’homme des antigenes de vers adultes de W. ban crofti [60, 1041. Deux tests Elisa ont et6 dkveloppks a partir de ces anti- corps monoclonaux et kvaluks dans diffkrentes rbgions endkmiques avec des rksultats similaires. Les prkl&vements sanguins peuvent etre realis& 2 n’importe quelle heure de la journke car la concentration des antigenes circulants dktectks est quasi-constante sur 24 h, ce qui kite les fastidieux prkkvements nocturnes. La sensibilitk des Elisa est excellente puisqu’ils dktectent plus de 99 % des individus porteurs de microfilaires. Mais surtout les diffkrentes ktudes ont montr@ que 20 h 40 % des individus (( amicrofi- larkmiques x> ont des antigPnes cir-

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culants et sont done suspect& d’abriter des vers adultes. En d’autres termes, on peut estimer qu’il existe deux fois plus de por- teurs de vers adultes que de por- teurs de microfilaires. Les don&es Gpidemiologiques bakes sur la microfilaremie seraient done sous- estimkes de moitik. Le test Elisa, bash sur l’anticorps monoclonal Og4C3 est commercialisk par JCU Tropical Biotechnology (Australie), tandis que celui bask sur l’anticorps monoclonal AD12 reste B l’khelle du laboratoire. En revanche, l’anti- corps AD12 vient d’@tre utilisk dans le d&veloppement d’une carte indi- viduelle (FL02, ICT Diagnostic, Ban- gowlah, Australie). Ce test indivi- duel nkessite une faible quantitk de sang total (4 gouttes prglevkes au bout du doigt), et donne un rksultat qualitatif sous forme de bandes de prkipitation en 5-15 min. Bien qu’elle ne soit pas quantitative (comme un Elisa), la carte ICT a l’in- deniable avantage d’etre plus rapi- de et plus facile & utiliser sur le ter- rain, sans kquipement particulier.

4.3. Diagnostic par PCR

Des tests PCR (polymeruse chain reac- tion) ont ktk dkveloppks pour la dhtection d’ADN de W. bancrofti ou de B. malayi, A partir du sang [50, 106, 1131 ou des urines [51], & l’aide d’amorces spkcifiques d’espkces. Pour W. bancrofti, la positivitk de la PCR est like ?I la prksence de micro- filaires [106], et non pas des vers adultes. Lint&et de la PCR reste done 2 demontrer, face a la dktec- tion des antigenes circulants (par Elisa ou carte ICT), tout du moins pour W. bancrofti. Cependant, la PCR peut avoir un int&$t diagnos- tic pour B. malayi ou bien dans les zones oh plusieurs filarioses coexis- tent, comme en Afrique centrale, car il existe kgalement des amorces spkifiques de Loa loa 11021.

Iff 4.4. Imagerie mCdicale

L’kchographie a &k adaptke A l’ob- servation in vivo des filaires par une kquipe brkilienne de 1’Institut

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Oswald0 Cruz [l, 221 et a permis une avancee significative dans l’etude de la biologie des filaires in vivo, et plus accessoirement dans le diagnostic. Pour la premiere fois il a ete possible de visualiser les vers adultes de W. bancvofti au niveau peripherique (notamment dans le scrotum), d’observer leurs mouve- ments caracteristiques (da~2cing worms) et d’etudier l’effet direct de molecules antifilariennes sur leur mob&M 123, 741.

5, &valuation par PCR du parasitisme des moustiques

L’evaluation et le suivi de la pre- sence des filaires dans les popula- tions de moustiques est necessaire pour evaluer a la fois la transmis- sion des parasites et l’efficacite des programmes de controle. Tradi- tionnellement, cela necessite de dissequer individuellement et d’observer au microscope des mil- liers de moustiques. Bien qu’elle fournisse des informations detail- lees sur les differents stades lar- vaires et leur localisation dans chaque moustique, et qu’elle per- mette d’etablir des indices entomo- logiques, en particulier le taux d’in- fection (pourcentage de mous- tiques porteurs de parasites dans une population a un instant don&) et le taux d’infectivite (pourcentage de moustiques porteurs de larves infectantes L3), cette technique est t&s fastidieuse. Le developpement d’amorces nucleotidiques speci- fiques de W. bancrofti 11131 ou de B. malayi 1501 a permis de mettre en place un test PCR pour calculer le taux d’infection d’une population de moustiques, en recherchant la presence de larves non plus sur des moustiques individuels mais sur des lots de moustiques 115, 701. Pour W. bancrofti, les amorces sont communes a toutes les souches geographiques de W. buncrofti testees [1131. La sensibilite du test permet de detecter par PCR la pre- sence d’une seule larve dans 50 a 100 moustiques [34, 501. Un pro-

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gramme statistique (Poolscreen ProgramrM 1391 permet de deduire le pourcentage de moustiques parasites (tous stades confondus, car les amorces ne sont pas speci- fiques de stade) a partir du nombre de lots de moustiques positifs en PCR et de la taille des lots de mous- tiques analyses. Le test permet d’analyser plusieurs milliers de moustiques par jour et par techni- cien, et de suivre l’evolution du taux d’infection d’une population de moustiques au tours d’un pro- gramme de controle. 11 est mainte- nant applique de man&e opera- tionnelle sur Ae. polynesiensis en Polynesie et sur C. quinquefusciatus au Bresil, mais peut aisement etre transfer6 sur d’autres couples vec- teurs/filaires. Notons egalement qu’a partir des memes extraits de moustiques, on peut rechercher la presence de plusieurs pathogenes en utilisant des amorces speci- fiques, comme cela a et& realise avec W. bancrofti et D. immitis, transmis par le m@me vecteur en Polynesie [ 691.

6. Manifestations cliniques, immunobiologie et pathogen&se

W 6.1. Une nouvelle classification clinique des malades

Contrairement a d’autres maladies parasitaires, il y a peu de systemes experimentaux appropries en mat&e de filarioses lymphatiques. Si une pathologie lymphcedema- teuse a pu etre d&rite de man&e precoce (souris athymiques et SCID parasitees par B. malayi) ou au contraire chronique (chien et furet parasites par divers Brugiu sp., chat parasite par B. puhangi) dans plusieurs modeles, celle-ci ne reflete qu’imparfaitement les lesions observees chez l’homme, d’autant que les outils immunolo- giques pour ces especes sont sou- vent limit& [49]. 11 n’existe a priori qu’un seul modele animal satisfai- sant en mat&e de filariose lym-

phatique, c’est celui developpe au Museum national d’histoire natu- relle de Paris depuis plusieurs an&es avec la filaire Litosomoides sigmodontis 1561. C’est en effet la seule espece connue de filaire qui realise un cycle biologique com- plet, avec microfilaremie, chez la souris BALB/c, et elle represente sans doute un modele d’avenir dans l’approche immunogenetique des infections filariennes 1571. Devant le peu d’informations four- nies par les modeles animaux, la classification des malades filariens s’est longtemps limitee a un spectre clinique bati sur les donnees de la microfilaremie. A un pole on decri- vait les individus f< microfilare- miques et asymptomatiques x), et a l’oppose ceux presentant une pathologie chronique (lymphcede- me, hydrocele et elephantiasis) et consider& comme amicrofilare- miques. Cette vision classique a recemment fait I’objet d’une cri- tique severe, a l’occasion d’une m&a-analyse de 21 etudes publiees dans la litterature et concernant des foyers du Bresil, d’Haiti, d’Egypte, des iles Cook et de Polynesie [59]. La microfilaremie, un marqueur d’infection decidement peu sen- sible, etait positive dans une large proportion (de 10 a 40 %) d’indivi- dus presentant une pathologie chronique. Le developpement recent d’outils immunologiques plus fiables, notamment la detec- tion d’antigenes circulants revela- teurs de la presence de vers ad&es, permet de proposer une classifica- tion r&i&e des patients en zone d’endemie 1291. Les individus pre- sentant une symptomatologie chro- nique forment en fait un groupe heterogene, certains d’entre eux (entre 15 et 60 %, selon les foyers endemiques) ayant une antigene- mie positive. L’absence de tests equivalents en matiere d/infection a B. malayi et a B. timori limite les pos- sibilites d’analyse pour cette autre filariose lymphatique. La correla- tion avec les donnees immunolo- giques sera precisee plus loin. Autre revolution technologique ayant influence nos connaissances

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en mat&e de pathologie filarienne, le developpement de techniques modernes d’imagerie medicale (lymphoscintigraphie et echogra- phie y compris a effet doppler) a permis de demontrer l’existence d’une pathologie <c cryptique B negligee jusqu’alors. Outre l’obser- vation attendue d’anomalies des vaisseaux lymphatiques chez des individus symptomatiques, les cli- niciens ont eu la surprise d’obser- ver de semblables anomalies chez des individus microfilaremiques mais asymptomatiques, et ce de man&e bilaterale. Lorsqu’on utili- se la technique de lymphoscintigra- phie dynamique, ce sont pratique- ment 100 % des individus qui ont une pathologie [30, 311. Quant a l’ultrasonographie, elle permet d’observer non seulement la pre- sence de vers adultes tres mobiles, mais aussi des dilatations lympha- tiques anormales au niveau scrotal, que les individus soient sympto- matiques ou non [l, 741. En zone d’endemie, il semblerait done que tous les hommes infect& par des vers adultes developpent une telle pathologie lymphatique en region genitale. 11 est probable que pour les femmes, a l’instar de ce qui a ete mis a jour ces dernieres an&es en mat&e de bilharziose urogenitale, l’impact exact reste a decrire [26]. Autre aspect de la pathologie parti- culierement neglige en matiere de filariose lymphatique, des anoma- lies r&ales aux niveaux tubulaire et glomerulaire sont regulierement d&rites ches les individus microfi- laremiques [21,46].

m 6.2. Dynamique des statuts immunitaire et parasitaire

11 a ete demontre que les patients situ& au pole chronique de la pathologie presentaient une immu- noreactivite in vitro aux antigenes parasitaires augmentee, a contrario des individus microfilaremiques et asymptomatiques ou les reponses sont nettement diminuees. Chez ces derniers, les microfilaires comme les vers adultes sont suppo- ses induire un etat de tolerance

immunologique qui empeche a la fois l’elimination du parasite (ce sont des <( porteurs de microfi- laires >>) et la progression vers une filariose clinique [54]. Cette mauvai- se reponse semble resulter d’une acquisition in utero de la tolerance a plusieurs antigenes microfilariens, ainsi que l’a montre le suivi a long terme d’enfants polynesiens (iles Cook) nes de meres chroniquement parasitees ]98]. Plusieurs etudes portant sur ces deux poles extremes de la classifi- cation <( classique >) ont montre que la production d’interleukine (IL)-4 n’etait pas significativement diffe- rente dans les deux groupes, alors que la production d’interferon gamma (IFNy) etait diminuee chez les individus asymptomatiques microfilaremiques [29, 42, 54, 55, 781. Cette diminution specifique de l’antigene, visualisee par l’aug- mentation du rapport IL-4/IFNr, est interpretee plus comme une absence de reponse de type Thl chez ces individus qu’un reel profil de secretion de cytokines de type Th2 ]29]. Chez les humains qui, en zone d’endemie, sont parasites a un moment don& par plusieurs stades parasitaires (larves infes- tantes L3, vers adultes males et femelles, microfilaires), le profil de cytokines secretees par les cellules mononucleees sanguines ne semble pas correspondre a un profil type classique (ThO ou Thl ou Th2). L’integration de l’antigenemie dans les criteres d’analyse du groupe cli- nique a confirm6 l’heterogeneite de celui-ci sur le plan immuno- logique : les individus symptoma- tiques mais mauvais repondeurs, en terme de secretion de cytokines, se sont reveles etre en fait victimes d’une infection active ainsi que cela a ete demontre par la presence d’antigenes circulants [29,451. Le consensus actuel fait done etat d’une correlation entre reactivite immunitaire, definie par le profil de cytokines secretees apres stimu- lation antigenique, et statut infec- tieux. Une production soutenue d’IFNy ne s’observe que chez les individus avec une filariose cli-

nique, qui sont par ailleurs negatifs lors de recherche d’antigenemie. Cette reponse antifilarienne de type Thl a ete demontree sur des patients provenant de divers foyers d’endemie [20, 291. La progression vers differentes formes cliniques de la maladie s’explique actuellement par un ensemble de reponses immunopathologiques reliees plus a la charge en antigene parasitaire circulant qu’a une quelconque sequelle pathologique specifique ]29]. 11 reste a determiner, a l’instar de ce qui a ete fait en mat&e de bil- harziose 21 Schistosoma rnansoni, si un profil de marqueurs immunolo- giques (telles que les diverses molecules d’adherence sous forme circulante) et biochimiques (tels que certains marqueurs de fibrose) pourrait etre defini (Esterre et al., travaux en tours a Hnstitut Malar- de). Un tel profil de marqueurs de morbidite permettrait de faire une distinction precise entre les diffe- rentes formes cliniques et done une analyse approfondie de leur immu- noreactivite. Dans l’attente d’un tel resultat, le groupe clinique est tou- jours etudie en bloc sur le plan immunologique [29]. Ajoutons qu’aucune correlation entre le profil isotypique des immunoglobulines specifiques et la forme clinique n’a pu @tre demon- tree : la reponse en anticorps semble beaucoup plus lice au statut parasitologique qu’au statut cli- nique. AprPs chimiotherapie de masse, la reponse IgE reste relative- ment stable au contraire des diffe- rents isotypes d’IgG qui diminuent, plus apres traitement par la die- thylcarbamazine (DEC) que par l’ivermectine [ 721. Ces reponses humorales a des antigenes filariens sont, dans la filariose lymphatique comme dans d’autres parasitoses, fortement correlees a l’hge des indi- vidus [96]. Enfin un dernier groupe merite qu’on lui Porte une attention parti- culiere : c’est celui des individus vivant en zone d’hyperendemie fila- rienne et fortement exposes mais non infect& (ou du moins chez qui l’on ne trouve ni vers adultes ni

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miaofilaims). On qualifie souvent ces individus de (q potentiellement immuns )) ou t( ~+~istants au d&e loppement du parasite )), bien que le m&u&me reel de cette immunite protectrice mste encore imparfaite ment compris. Ainsi que I’a montr6 une cSgante analyse sur 17 ans de suivi, rc5aliG dans un foyer sit& aux fles Cook 1991, cette protection est, au mains partiellement, m&&Se par une r+onse dependante des lym- phocytes T.

W 6.3. Immunopathologie des l&ions lymphatiques

Intervention de facteurs non immunologiques

11 est certain que la mobilite perma- nente des vers adultes, associ&e h la liberation de produits secretes potentiellement toxiques, pro- voque des dommages mecaniques au niveau de lagaroi des vaisseaux lymphatiques. A cela s’ajoute l’obs- truction partielle reali& par des vers qui ont une taille non negli- geable (jusqu’a 8 cm de long et 0,3 mm de diametre pour les femelles). Ce facteur cf ver adulte )b semble important dans les stades p&cows au debut de la pathologie en affectant la contractilite des vais- seaux lymphatiques 124, 731. La stase lymphatique qui en decoule est a l’origine d’une dermatite caracteristique du lymphcedeme filarien. Cette pathologie cutanee comporte un epaississement de l’epiderme, des depots de collage- ne au niveau dermique et une pro- liferation de fibroblastes 1761. De nombreux cliniciens ont note des infections, bacteriennes et fon- giques, repetees au niveau des membres inferieurs. On evoque alors cette surinfection microbien- ne, sur fond d’insuffisance du drai- nage lymphatique, comme facteur declenchant le passage h des crises de lymphangites iteratives 129, 761. Dans une etude tres complete reali- see dans le foyer indien, les especes le plus frequemment isolees de la lymphe comme des ganglions drai- nants appartiennent aux genres

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Staphylococcus (S. epidermidis, S. horni&, S. cap&),. Bacillus (B. cereus) et Micrococcus spp. 1771. Une autre etude r&lis& dans un foyer b&s&n, n’a cependant pas abouti aux memes conchrsions 1321, bien qu’une hygiene locale intensive ait demontre son efficacite clinique en r&h&ant les episodes d’adenolym- phangites. L’absence de toute etude longitudinale sur des patients evo- luant dun stade de lymphangite aigue vers un elephantiasis chro- nique emp&he de definir avec pre- cision le role des attaques micro biennes iteratives darts la progres- sion de la maladie [291.

R6le de la r&action immune chronique

A partir de biopsies real&&es sur des lesions des membres inf&ieurs, l’in- filtrat inflammatoire local a pu &re etudie. Une reaction granulomateu- se perivasculaire, mais pas perilym- phatique, est regulierement d&rite essentiellement composee de macrophages (CD68+, HLA-DR+) et de lymphocytes T (CD3+, avec rme nette predominance de lym- phocytes CD8+ chez les patients symptomatiques) [32, 761. La des- cription in vivo de celhrles endothe- liales activ&s (HLA-DR+) est a rap- procher de la demonstration in vitro de l’intervention dune interaction entre VCAM-1 (exprimee par les cellules endotheliales) et VLA-4 KD29, a la surface des lympho- cytes) lors de la phase transendothe- liale de migration des lymphocytes [331. Cette reponse immunologique locale, associe a un processus fibro- sant dans les lesions plus anciennes, est consideree comme l’element majeur expliquant la pathologie chronique obstructive a l’origine du lymphodeme. L’evolution vers d’autres formes cliniques (hydrocele, elephantiasis) fait appel a d’autres facteurs, non immunologiques (telles que les surinfections microbiennes ou l’im- portance des infections rep&es en zone d’endemie) ou immunolo- giques (role de l’immunite conco- r&ante et dune eventuelle rupture de l’etat de tolerance ?).

n 6.4. L’intensite de la transmis- sion influe-belle sur la patholo- gie ?

Des etudes recentes d’epidemiolo- gie ont montre une remarquable heterogeneite spatiale de la trans- mission du parasite, avec une cor- relation positive entre le potentiel annuel de transmission et, au niveau communautaire et non indi- viduel, la valeur moyenne de la microfilaremie ou la prevalence de certaines formes cliniques de pathologie chronique (lymphode- me et hydrocele, mais pas l’ele- phantiasis) 1401. Par opposition a la pathologie lymphatique chronique, notre comprehension des facteurs de risques pour le developpement d’adenolymphangites aigues est tres incomplete. Une etude au Ghana a recemment montre que le nombre de crises de lymphangites etait globalement, toujours au niveau de la population, correle avec la pluviometrie locale [37]. Ainsi se dessine progressivement une approche epidemiologique glo- bale, utilisant des out& modernes comme les systemes d’informations geographiques, visant a definir a l’&helon regional des facteurs de risque au plan de la transmission comme a celui de la morbidite [llO].

7. ContrGle de la filariose

H 7.1. ContrGle du parasitisme

Le controle de la filariose est base sur le traitement de masse de la communaute humaine a l’aide de medicaments filaricides et, lorsque c’est possible, sur la lutte antivecto- rielle. Trois medicaments se sont revel& @tre efficaces pour une application communautaire dans les programmes de controle de la filariose : la diethylcarbamazine (DEC, Notezine@) utilisee depuis 50 ans [791, et recemment I’iver- mectine (Mectizan@)f et l’albenda- zole (Zentel@). Seuls les deux pre- miers ont eu une autorisation de mise sur le marche pour la filariose lymphatique, et le troisieme est maintenant fourni gratuitement

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par le laboratoire fabricant. Les protocoles de traitements ont &?! compliltement r&is& dernike- ment. Les processus de decision dans le contr6le de la filariose (en particu- lier, quand arr@ter un program- me ?) ont longtemps souffert de l’absence de moyens de diagnostic fiables et pratiques pour kvaluer le parasitisme chez l’homme, en par- ticulier la presence de vers adultes. La consequence fut l’arr@t prema- ture de programmes de contr6le, et la reemergence de foyers impor- tants quelques annkes plus tard. C’est ce qui est arrivk en Polynkie franlaise oh le programme de dis- tribution de DEC, initik dans les an&es 1950, avait conduit & une forte reduction de la p&valence microfilarienne [821. Cependant, 10 ans aprPs l’interruption du pro- gramme (interrompu en 1982), l’in- cidence du parasitisme (microfi- larkmie) etait de nouveau trits ele- vee (20-30 % de microfilarkmie dans certaines iles), indiquant que les vers adultes avaient persist6 1121. Les traitements filaricides doivent tuer ?I la fois les microfilaires (pour interrompre la transmission) et les vers adultes pour prkvenir la reemergence du parasitisme. Les stratkgies de traitement ont &k simplifif?es, et reposent maintenant sur la prise annuelle ou semestriel- le de doses uniques de mkdica- ments 181 I. Le protocole prkkdem- ment recommandk par 1’OMS (DEC pendant 14 j conskcutifs) n’est en effet pas plus efficace qu’une prise unique Ill]. A la suite de son succPs dans la chimiothkra- pie de Onchocerca volvulus, filaire responsable de la c( c&it6 des rivikes N en Afrique, l’ivermectine a kte testee contre W bancrofti en Polynksie francaise [951 et s’est a&- ree @tre microfilaricide [801. La DEC et l’ivermectine, aprks inges- tion, tuent les microfilaires en 1-4 h et maintiennent la microfilarGmie a un niveau reduit de 90 % pendant 6 mois aprits le traitement. Cepen- dant un traitement associant les deux mkdicaments (bithbrapie)

permet de rkduire la microfila& mie de 99 %, cela pendant un an 162,631. De mcme une ktude au Sri Lanka a montrC que l’albendazole, un mPdicament utili& contre les parasites intestinaux, avait en monothQapie un faible effet micro- filaricide mais, en bithQapie avec l’ivermectine, permettait de r&h& re la microfilarknie de 99 % egale- ment pendant un an [381. Les &udes de terrain sur la rtiuc- tion (et l’klimination) des charges en vers adultes chez les patients sont encore peu nombreuses et demeurent un domaine important d’investigation. Les traitements annuels avec la DEC associ& A l’ivermectine, et dans une moindre mesure avec la DEC en monothQa- pie, rkduisent fortement l’antigitn& mie, alors que l’ivermectine seule a peu d’effet 163, 711. Cependant, le nombre de traitements nkessaires pour kliminer la charge en vers ad&es (&al&e par I’antigGnkmie) dkpend de la charge initiale 162, 711. De mEme, une etude men& sur des villageois en Papouasie Nou- velle-Guinee a montrk que la bith& rapie ivermectine/DEC entraine une plus forte rkduction du taux de parasitisme des moustiques que la DEC seule [lo]. Bien que l’albenda- zole soit adulticide pour plusieurs espPces de nematodes, son effet adulticide pour W. bancrofti reste 2 dbmontrer. Dans la plupart des zones de transmission, le choix des mkdicaments reste ouvert, mais dans les zones d’Afrique sub-saha- rienne oh des infections 5 0. volvu- lus ou L. loa coexistent avec W. ban- crofti, la DEC doit @tre &itee car elle induit de s&&es et dange- reuses reactions adverses dues 2 la mort t&s rapide de ces deux filaires. Les programmes de contrale sont maintenant bases sur le traitement de l’ensemble de la communautk humaine d’une zone de transmis- sion, afin d’kviter le cotit klevk d’un diagnostic individuel sur l’en- semble de la population et les erreurs de diagnostic. Deux stratk- gies sont maintenant recomman- dkes par l’OMS pour le traitement

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de masse [81] partout, sauf en Afrique sub-saharienne : a) un trai- tement annuel pendant 4 A 6 ans avec soit une bitherapie associant ivermectine (200 pg-kg-*) et DEC (6 mgkg-1) ou albendazole WI0 mg), soit une monoth&apie avec DEC (6 mg-kg-*) ; b) remplacement du se1 de table par du se1 fort&e en DEC (0,2-0,4 X), pendant 6-12 mois, ce qui a permis d’inter- rompre la transmission dans plu- sieurs r@ions [35,1001. En Afrique sub-saharienne, les recommanda- tions sont une bitherapie annuelle, pendant 4-6 ans, associant l’iver- mectine (200 pgkg-J) et l’albenda- zole (400 mg), soit une mono&&a- pie avec l’ivermectine (400 pgkg?).

W 7.2. Contr6le de la maladie

Les symptomes cliniques s&&es que sont l’&?phantiasis, le lyrn- phcedtime ou l’ad&tolymphangite reflete dans de nombreux cas les mauvaises conditions d’hygiitne dans lesquelles vit le patient. Les traitements filaricides n’ont pas d’effet direct sur les symptomes cli- niques, mais &itent une exacerba- tion ult&ieure des symptGmes par les vers. Cependant, il est mainte- nant ktabli que les surinfections bact&iennes et fongiques exacer- bent la majorit des episodes d’adenolymphangites et que la pr& vention de l’infection par des mesures d’hygitine locale et une antibiotherapie peuvent rkduire ces episodes. Le traitement chirur- gical peut etre la seule solution th& rapeutique dans les cas avarices (hydroctiles du scrotum).

n 7.3. Lutte antivectorielle

Le parasitisme et l’incidence de la maladie sont lies 5 l’intensite de la transmission par les vecteurs [40]. Par conskquence, la rkduction des contacts homme-vecteur peut jouer un r81e significatif dans l’interrup- tion de la transmission et doit @tre mis en place en complement de la chimiothkapie. Les approches pra- tiques dkpendent de la biologie du vecteur. Les populations de Culex

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quinquefasciatus, le principal vec- teur, peuvent etre reduites par des larvicides, par exemple Bacillus sphaeuicus, des billes de polystyrene ou bien des insecticides chimiques, ou bien par des moustiquaires impregnees [18, 1011. Le succes a long terme de la lutte antivectoriel- le depend essentiellement de la motivation et de la participation communautaire. En revanche, d’autres vecteurs comme Ae. poly- nesiensis sont tres difficiles a controler en raison de la diversite de ses habitats.

7.4. Suivi et Cvaluation des programmes

Les pro@ majeurs dans les strate- gies chimiotherapeutiques et les methodes de diagnostic de la fila- riose (en particulier le suivi de l’an- tigenemie chez l’homme par Elisa, et celui de l/infection des vecteurs par PCR) ont considerablement simplifie les programmes de controle de la filariose et leurs chances de succes. La mise en place d’un programme de controle ne necessite plus une structure sanitai- re tres elaboree, en particulier si on l’integre dans les autres compo- santes du systeme de Sante publique. L’identification des com- munautes parasitees peut Ptre basee sur les techniques rapides de diagnostic [llOl comme l’examen des rapports sanitaires preexis- tants, l’examen clinique des hommes pour la recherche d’hy- droceles, l’examen par PCR des populations de moustiques, et la recherche de parasites chez l’hom- me a l’aide des cartes ICT indivi- duelles apres ponction d’une gout- te de sang au doigt. L’evolution du parasitisme au tours du traitement peut reposer sur la detection des antigenes circulants chez l’homme et la PCR sur les moustiques. La question essentielle de l’interrup- tion des traitements filaricides depend des objectifs de Sante publique mais en theorie les pro- grammes devraient @tre maintenus jusqu’a ce que ces deux parametres deviennent negatifs dans la zone

102

consideree. Neanmoins, compte tenu des experiences passees et des risques de reinfestation, un pro- gramme de surveillance epidemio- logique doit etre mis en place apres l’arret du programme de controle, comme cela est realise pour le controle de l’onchocercose.

1 7.5. Conseils au voyageur

Quelle que soit la duree du sejour, une protection contre les piqfires de moustiques est conseillee. Actuelle- ment il n’existe pas d’efficacite demontree d’une chimiotherapie preventive. Cependant le risque de parasitisme est minime lors des sejours de courtes duree (quelques semaines) et un bilan serologique (detection d’anticorps antifilariens) peut etre realise au retour d’une zone endemique. Une bitherapie ivermectine (400 pg.kg-l)/ DEC (6 mg.kg-l) en dose unique pourrait etre proposee en cas de serologic positive. Pour les longs sejours en zones endemiques une chimio- therapie systematique - monothera- pie semestrielle ou bitherapie annuelle - doit etre preconisee.

ellles

Dans le cadre des projets de sequencage des genomes de para- sites, inities ces dernieres annees comme une nouvelle approche dans l’etude des parasites d’impor- tance medicale, un projet a ete ini- tie en 1995 pour les filaires. Brugia malayi a ete choisie, car la possibili- te de realiser son cycle complet en laboratoire a don& immediate- ment acces a tous les stades de ce parasite. De plus, B. malayi est phy- logenetiquement t&s proche de W. bancvofti et 0. voluulus [llll, ce qui permet de transposer les don- nees moleculaires obtenues avec une espece aux deux autres. La taille du genome de B. malayi (100 mil- lions de paires de base) est tres proche de celle du nematode Caeno-

rhabditis elegans, chez qui le nombre de genes codant pour des proteines est estime a environ 16 000 151. L’objectif du projet sur le genome des filaires, finance par l’OMS/ TDR, est d’identifier de nouveaux candidats-vaccins ou de nouvelles cibles therapeutiques. Fin 1994, 60 g&es de B. mnIayi seulement etaient connus. Le premier objectif du projet fut done d/identifier des milliers de genes nouveaux et de les localiser sur les cartes chromo- somiques de Bvugia. Pour cela, des banques d’ADN complementaire (ADNc) ont ete construites pour chaque stade du cycle de B. malayi. En decembre 1998, grace a la colla- boration de 7 laboratoires, 16 650 fragments d’ADN preleves au hasard dans les banques (Expres- sed Sequence Tag, EST) ont deja ete sequences, representant 8 millions de paires de base et 6 000 nouveaux genes. Tous les stades sont repre- sent& (microfilaires, L2, L3 infec- tante, L3 en mue, L4, adulte male, adulte femelle). Si le nombre total de genes de Brugia est similaire a celui predit pour C. elegans, la banque de donnees contient deja environ 40 % des genes de Brugia. Toutes les banques d’ADNc de Bru- gia (ainsi que celles de 0. uolvz4lz4s

et IN. bancrofti construites depuis) et tous les genes clones sont desor- mais accessibles au Filarial Geno- me Project Resource Center, Smith College, Northampton, USA (geno- [email protected]). Les sequences EST sont accessibles sur la base de don- nees dbEST du NCBI (National Center for Biotechnology Informa- tion). Une banque de donnees inter- active (FilGenNet) regroupant les objectifs du projet, son etat d’avan- cement, ainsi que de nombreuses informations sur les maladies para- sitaires et outils d’analyse, ainsi qu’une bibliographie (Biblio FIL) est accessible via le reseau Internet (http ://helios.bto. ed.ac.uk/mbx/ fgn/filgen.html). La deuxieme etape du projet, c’est- a-dire la construction de cartes physiques a partir des 6 000 genes identifies, est maintenant en tours. Des banques genomiques BAC

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(bacterial artificial chromosome) de 1’ADN de Brugia ont &6 construites. Elles seront utilisees par la communaute scientifique pour isoler et sequencer des copies de genes identifies lors de l’analyse des EST dans les banques et seront necessaires pour etudier l’organisa- tion des genes et leur regulation dans les filaires. Chez B. malayi, il existe deux genomes additionnels, en plus du genome nucleaire, ce qui complique l’etablissement de la cartographic. Le premier est le genome mitochondrial circulaire de 14 kb dont 50 % a deja et& sequence. Le second est le genome circulaire d’une bacterie endosym- biotique proche du genre W&r- ckiu, lequel regroupe des endosym- biontes d’insectes tels que droso- phile ou moustiques. Cinq pour cent des clones de la banque BAC contenant de 1’ADN apparemment apparent6 h Wolbackia, une carte physique de cet endosymbionte est en construction afin de l’eliminer de la cartographic du genome nucleaire de B. malayi. La formation de scientifiques des pays endemiques est un objectif important de tous les projets de sequencage de genomes de para- sites men& par l’OMS/TDR. Des scientifiques de 4 regions ende- miques (figypte, Inde, Indonesie et Ouganda) ont recu une formation poussee pour l’analyse des sequences d’ADN, la gestion des banques de don&es, la construc- tion de banques d’ADNc et geno- miques, et la cartographic du geno- me, dans les laboratoires des regions non-endemiques. Les retombees de l’analyse des ESTs issus des banques d’ADNc de B. malayi sont au-de& des resultats ini- tialement attendus. Tout d’abord, les 6 000 nouveaux genes de filaires ont ete identifies et partiellement sequences tres rapidement. Par comparaison de ces don&es avec celles de C. &guns et d’autres orga- nismes, nombre de ces nouveaux ggnes ont ete rapidement identifies et leur fonctions biologiques puta- tives ont ete deduites. Ensuite, dans la mesure ob il existe des

banques de tous les stades du para- site, il est possible, par soustraction de banques, de selectionner des genes exprimes specifiquement dans un stade don&. Pour finir, l’analyse de la volumineuse banque d’EST de Brugia fournit des don&es essentielles sur l’abondan- ce relative des differents ARNm dans les differents stades du cycle du parasite. Cette approche geno- mique a deja permis l’identification et le clonage de nouveaux genes importants, dont certains peuvent coder pour des proteines cibles pour les drogues ou utiles dans le developpement d’un vaccin.

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