La Feuille 17/11/12

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La Feuille RENCONTRE AVEC L’ÉCRIVAIN GUINÉEN TIERNO MONÉNEMBO, QUI SORT UN NOUVEAU LIVRE. PAGE 7 JOURNAL-ATELIER DES ÉTUDIANTS EN JOURNALISME DE L’IUT DE TOURS NOUVELLE SÉRIE 17 NOVEMBRE 2012 FRANCE Hollande passe son grand oral La première conférence de presse du nouveau Président a eu lieu mardi. Tour d’horizon des réactions parues dans les journaux. PAGE 2. ESPAGNE En grève contre l’austérité Le pays était paralysé mercredi dernier. 800 000 espagnols sont descendus dans la rue, excédés par des mesures drastiques et minés par la crise. PAGE 2. LÉGENDE L’origine des trois pucelles Voilà une appellation de voie qui peut prêter à confusion. Alors, quelle est la vraie nature des trois mystérieuses créatures découvertes dans la rue pavée du centre historique ? Réponse PAGE 7. ENVIRONNEMENT Ils nettoient les bords de Loire 450 lycéens ont participé à l’opération Pla’net jeudi, malgré le froid et le brouillard. Au programme : ramassage des déchets et plantation d’arbres sur plusieurs sites de l’agglo- mération Tour(s)plus. Nous avons suivi les élèves de seconde du lycée Albert Bayet, qui rechignaient un peu à remplir leurs sacs poubelle. PAGE 3. TENNIS DE TABLE L’heure du réveil pour la 4S Le club de tennis de table tourangeau organise la rencontre France-Serbie mardi 20 novembre. Une consécration pour Marie Cissé, la présidente de l’association sportive. Elle retrace l’historique de son club, de l’âge d’or au désert médiatique qu’elle déplore. PAGE 6. SUR L’AGENDA P. 8 Autisme : un parcours du combattant Des internautes stars d’un jour L’autisme a été déclaré grande cause nationale 2012. Ce soir a lieu, au palais des Congrès, à Pa- ris, le bilan des actions menées toute cette année. Un nouveau plan national est en train de voir le jour, qui, selon l’association Autisme France, semble plus concret et plus proche de la réa- lité que celui de 2008. Néan- moins, les problèmes restent considérables dans le système de santé français. Lenteur des dia- gnostics, absence de suivi per- sonnalisé... Nous avons suivi le parcours semé d’embûches de la famille de Kéo, 8 ans. Ses pro- blèmes de communication ne lui permettent pas toujours de s’inté- grer à l’école, ni dans des activi- tés périscolaires. Déçus par le milieu hospitalier, ses parents se sont tournés vers des méthodes comportementales, comme l’ABA, encore peu développées en France. Structures d’accueil, scolarisation, coût des soins : les attentes des familles sont-elles prises en considération ? Le point en Touraine, région qui connaît encore des problèmes de prise en charge. Nous avons aussi ren- contré une jeune psychologue et interviewé une pédopsychiatre. Notre dossier page 4 et 5. TOURNAGE AU PALAIS DE JUSTICE. Cette semaine, une équipe d’Arte a pris ses quartiers dans le tribunal de Tours. Rémy Burkel réalise le téléfilm Intime conviction, avec l’acteur Philippe Torreton. Sa particularité ? Il retrace un procès de fiction, mais les six jurés sont des internautes et de vrais magistrats et avocats interprètent leur propre rôle. Page 3. L’INVITÉ Félicie Gatinet-Pénau Jeune handicapée moteur de 27 ans, elle a organisé la Journée de l’accessibilité à Tours. Si elle reconnaît les efforts de la ville, Félicie constate néanmoins qu’il reste encore beaucoup à faire. PAGE 8. HUGO FLOTAT-TALON MARION FOURNET HUGO FLOTAT-TALON LOUISE SEBILLET LOUISE SEBILLET

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Journal atelier des étudiants de l'EPJ de Tours.

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La Feuille

RENCONTRE AVEC L’ÉCRIVAIN GUINÉEN TIERNO MONÉNEMBO, QUI SORT UN NOUVEAU LIVRE. PAGE 7

JOURNAL-ATELIER DES ÉTUDIANTSEN JOURNALISME DE L’IUT DE TOURS NOUVELLE SÉRIE 17 NOVEMBRE 2012

FRANCEHollande passe son grand oral

La première conférence de presse du nouveau Président a eu lieu mardi. Tour d’horizon des réactions parues dans les journaux. PAGE 2.

ESPAGNEEn grève contre l’austéritéLe pays était paralysé mercredi dernier. 800 000 espagnols sont descendus dans la rue, excédés par des mesures drastiques et minés par la crise. PAGE 2.

LÉGENDEL’origine des trois pucellesVoilà une appellation de voie qui peut prêter à confusion. Alors, quelle est la vraie nature des trois mystérieuses créatures découvertes dans la rue pavée du centre historique ? Réponse PAGE 7.

ENVIRONNEMENTIls nettoient les bords de Loire

450 lycéens ont participé à l’opération Pla’net jeudi, malgré le froid et le brouillard. Au programme : ramassage des déchets et plantation d’arbres sur plusieurs sites de l’agglo-mération Tour(s)plus. Nous avons suivi les élèves de seconde du lycée Albert Bayet, qui rechignaient un peu à remplir leurs sacs poubelle. PAGE 3.

TENNIS DE TABLEL’heure du réveil pour la 4SLe club de tennis de table tourangeau organise la rencontre France-Serbie mardi 20 novembre. Une consécration pour Marie Cissé, la présidente de l’association sportive. Elle retrace l’historique de son club, de l’âge d’or au désert médiatique qu’elle déplore. PAGE 6.SUR L’AGENDA P. 8

Autisme : un parcours du combattant

Des internautes stars d’un jour

L’autisme a été déclaré grande cause nationale 2012. Ce soir a lieu, au palais des Congrès, à Pa-ris, le bilan des actions menées toute cette année. Un nouveau plan national est en train de voir

le jour, qui, selon l’association Autisme France, semble plus concret et plus proche de la réa-lité que celui de 2008. Néan-moins, les problèmes restent considérables dans le système de

santé français. Lenteur des dia-gnostics, absence de suivi per-sonnalisé... Nous avons suivi le parcours semé d’embûches de la famille de Kéo, 8 ans. Ses pro-blèmes de communication ne lui permettent pas toujours de s’inté-grer à l’école, ni dans des activi-tés périscolaires. Déçus par le milieu hospitalier, ses parents se sont tournés vers des méthodes comportementales, comme l’ABA, encore peu développées en France. Structures d’accueil, scolarisation, coût des soins : les attentes des familles sont-elles prises en considération ? Le point en Touraine, région qui connaît encore des problèmes de prise en charge. Nous avons aussi ren-contré une jeune psychologue et interviewé une pédopsychiatre. Notre dossier page 4 et 5.

TOURNAGE AU PALAIS DE JUSTICE. Cette semaine, une équipe d’Arte a pris ses quartiers dans le tribunal de Tours. Rémy Burkel réalise le téléfilm Intime conviction, avec l’acteur Philippe Torreton. Sa particularité ? Il retrace un procès de fiction, mais les six jurés sont des internautes et de vrais magistrats et avocats interprètent leur propre rôle. Page 3.

L’INVITÉFélicie Gatinet-Pénau

Jeune handicapée moteur de 27 ans, elle a organisé la Journée de l’accessibilité à Tours. Si elle reconnaît les efforts de la ville, Félicie constate néanmoins qu’il reste encore beaucoup à faire. PAGE 8.

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La FeuilleLes Infos

HORS CHAMP

SAMEDI 17 NOVEMBRE 2012

Plein aux as Un homme originaire des Alpes-Maritimes a remporté 169 millions d’euros au tirage de l’Euromillions, devenant ainsi la 221e fortune de France. Il dispose de soixante jours pour aller retirer le pactole au siège de la Française des jeux, à Boulogne-Billancourt. Un accueil de roi lui sera ensuite réservé à Paris : limousine, dîner dans un grand restaurant et une nuit dans un palace. Le tout aux frais de la FDJ. En temps de crise, le millionnaire est roi !

Payer sa têteIl doit récolter quatre millions de riyals (835 000 euros) pour échapper à sa décapitation. C’est l’ultimatum posé à un Philippin condamné à mort en Arabie saoudite. Il avait été condamné en 2010 pour le meurtre d’un Saoudien. Il bénéficie d’un sursis de quatre mois pour rassembler cette somme astronomique. Son exécution était initialement prévue mercredi dernier.

SDF  Une planète errante a été découverte par des astrophysiciens européens et canadiens. Elle ne semble pas tourner en orbite autour d’une étoile et se balade librement dans le vide intersidéral. Une première pour les scientifiques. Située à une centaine d’années-lu-mières de la terre, cette planète serait également la plus proche de notre système solaire.

Nœunœuf Le prince Charles a dû démentir publiquement une rumeur qui circulait en Angleterre depuis 2006. Non, il n’exige pas qu’on lui présente sept œufs durs au petit déjeuner, afin de choisir celui qu’il trouve le plus savoureux. Jeremy Paxman, journaliste vedette de la BBC, précisait dans son livre sur la monarchie que le prince de Galles s’adonnait à cet étrange rituel afin de manger le jaune le plus adapté à son noble palais.

Hollande, cap ou pas cap?

Le peuple espagnol broie du noir et le dit

Pour nombre de journalistes, la prési-dence « normale » autoproclamée est passée à la trappe mardi soir, lors de la

première conférence de presse du chef de l’État. À l’occasion d’une réception dansle salon de l’Élysée, tout en or et tentures rouges, l’image du président qui se déplace en train a pris du plomb dans l’aile. Le Fi-garo et Libération se rejoignent sur ce point. Les deux quotidiens pointent une « faute de goût ». Vincent Giret décrit, dans l’éditorial de Libération, un « décorum pompier entre deux colonnes. Hollande a enterré une fois pour toutes la présidence normale ». Même son de cloche au Figaro, Solenn de Royer y voyant même « un enterrement en grande pompe sous les ors de l’Elysée ».

Le président de l’humourMis à part ce formalisme institutionnalisé par le général de Gaulle, tous s’accordent à dire que François Hollande maîtrise très bien l’exercice de la conférence de presse. Plus à l’aise qu’à la télévision pour Daniel Schnei-derman, Alain Duhamel (Libération) trouve qu’à ce petit jeu, François Hollande fait jeu égal avec François Mitterand ou Valéry Gis-card d’Estaing. « Il ne démérite pas.» Fran-çois Hollande a enfin endossé l’habit prési-dentiel, y ajoutant tact et humour. Hervé Cannet de la Nouvelle République le trouve même « punchy, à l’aise, drôle et précis, sé-duisant sur le plan médiatique ». Mais si l’image a convaincu, les propos ont été diversement appréciés. Les médias n’ont

pas renoncé à leur sport favori de ce début de quinquennat, le « Hollande bashing ». Cyrille Lachèvre, du Figaro, est revenue sur l’optimise de Hollande face à la croissance. Si le gouvernement promet la fin de la crise de l’euro et l’amélioration de la situation économique dès 2014, la journaliste pointe du doigt un positivisme dangereux, « qui n’exonère pas le pouvoir exécutif de ré-formes structurelles ».Dominique Seux, éditorialiste aux Échos, affirme que « la France aura la fiscalité la plus lourde des pays développés ». Hollande voulait prouver qu’il prenait des décisions

fortes (retraite à 60 ans, suppression de la TVA sociale instaurée par Nicolas Sarkozy, contrats d’avenir). « Ces mesures ont sim-plement consisté à dépenser plus et à détri-coter le travail de son prédécesseur », tou-jours selon Dominique Seux.Beaucoup ont jugé François Hollande pas assez réformateur. Mais pour Patrick Apel-Muller, de L’Humanité, c’est un virage poli-tique a 180 degrés amorcé par le président de la république. « François Hollande a pri-vilégié le soutien aux marchés financiers. Hier au Bourget, il fallait leur résister ; au-jourd’hui il faut leur assurer la crédibilité économique de la France.»Pour Érik Izraelewicz, rédacteur en chef du Monde, Hollande assume enfin son « hollan-disme » et ne change pas de cap. Il redevient le « social-démocrate européen partisan du socialisme de l’offre » qu’il a toujours été pendant la campagne. « Depuis six mois, j’ai fait mes choix et je m’y tiens sans avoir be-soin de prendre je ne sais quel tournant ou virage. Ces choix sont conformes à mes en-gagements et mes principes, et, surtout, aux intérêts de la France.» Le président assume avoir fait « le choix du redressement ». Une orientation politique nuancée par Érik Izrae-lewicz, les moyens d’action contre la crise demeurant très vagues. « Malgré sa volonté de parler clair et vrai, il est sans doute trop tôt pour qu’il le reconnaisse.» Dominique Seux abonde en ce sens : « en matière éco-nomique, dit-il, pas de netteté, plutôt des pointillés ». Valentin QUENARD

Un taux de chômage à 25 % et qui grimpe à plus de 50 % chez les moins de

25 ans. Les chiffres sont alar-mants et inquiètent les Espa-gnols. Ils se sont largement mo-bilisés mercredi lors d’une grève générale contre les mesures de restriction budgétaire. La situa-tion est critique pour les Ibères qui sont de plus en plus nom-breux à plonger dans la précarité. En témoignent les événements dramatiques de ces derniers jours. Une femme de 44 ans, au chômage, a mis en vente ses or-ganes sur Internet afin de payer un logement pour elle et sa fille. Une au t re s ’es t su ic idée lorsqu’elle a vu l’huissier qui venait l’expulser. L’Espagne, quatrième puissance écono-mique de la zone euro, est l’un des pays les plus touchés par la crise. Sa production industrielle a encore baissé de 2,8 % en sep-tembre et les mesures d’austérité

se multiplient. Le gouvernement prévoit 150 milliards d’euros d’économies d’ici à 2014 et s’est engagé dans une réforme du marché du travail. Des mesures qui risquent de peser sur les mé-nages les plus modestes.

Nombreux affrontementsMercredi, à l’appel des syndicats et des indignés, les Espagnols ont largement protesté contre ces mesures. « Nous sommes en grève contre la réforme du tra-vail, contre les hausses d’impôts,

contre les coupes budgétaires dans tout, dans l’éducation, dans la justice. On est en train de perdre tout ce que l’on avait ob-tenu grâce à beaucoup de travail et d’efforts », résumait Rocio Blanco, une gréviste de 48 ans. Dès l’aube, de nombreuses usines, boutiques et gares étaient bloquées par des piquets de grève, même si l’impact du mou-vement a été limité par le service minimum habituel. Dans tous le pays, ils étaient des centaines de milliers à défiler. Des manifesta-tions qui ont parfois tourné à l’affrontement avec la police. Au total, 155 personnes ont été in-terpellées à travers le pays, selon le ministère de l’Intérieur.

Mobilisation européenneSigne de l’importance du mou-vement, le ministre de l’écono-mie, Luis de Guindos, réagissait dès la mi-journée : « La grève n’est pas le bon chemin à suivre

pour sortir de la crise.» La veille, il avait promis le maintien des réformes, assurant qu’il n’exis-tait pas de « mesures miracles ».Des déclarations qui n’ont pas convaincu les milliers d’Euro-péens descendus dans la rue. Les Espagnols n’étaient en effet pas les seuls à protester contre la po-litique de rigueur. Dans toute l’Europe, l’appel de la confédé-ration européenne des syndicats a été entendu. Les manifestants étaient plusieurs milliers à Paris, à Lisbonne ou encore Turin. Alors que la croissance dans la zone euro devrait rester au point mort (+ 0,1 % en 2013 selon la Commission européenne), le Fonds monétaire international a mis en garde les pays face au danger des politiques d’austéri-té, qui risquent, à terme, de de-venir « politiquement et sociale-ment intenables ». Marion FOURNET et

Hugo FLOTAT-TALON

Mardi dernier, le Président passait son grand oral, face à 394 journalistes. À cette occasion, il a souhaité réaffirmer son autorité à la tête de l’État. Pari à moitié réussi.

Gares désertées, commerces fermés : la grève générale contre l’austérité a mobilisé plus de 800 000 personnes mercredi en Espagne, où la crise fait des ravages.

FRANCE

MONDE

SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE CRITIQUE DE L’AUTRE CÔTÉ DES PYRÉNÉES : LA COLÈRE GRONDE EN ESPAGNE

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Le chef de l’État a rappelé sa détermination à appliquer son programme de campagne.

Les Espagnols s’opposent aux mesures de rigueur budgétaire.

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La Feuille Les Infos

Des jurés qui se retirent pour débattre, un juge en tenue de cour... Le palais de Justice de Tours est le théâtre d’un jugement. Fictif sur le fond,

mais totalement vrai sur la forme, l’affaire est le pilier, d’« Intime conviction », un téléfilm d’Arte. La chaîne lance un concept véritablement nouveau.Acte I : le tournage d’une scène dans le sud-ouest, inspiré d’un roman policier où un médecin légiste, Paul (interprété par Philippe Torreton), est soup-çonné d’homicide sur sa femme et mis en examen. Acte II : les débats judiciaires autour du présumé meurtrier, tourné, depuis lundi, dans le batiment tou-rangeau qui jouxte la Mairie. Suspects, policiers et témoins sont des acteurs professionnels, mais, des ma-gistrats et avocats leurs donnent la réplique . Le public est lui composé de curieux. Le rôle des jurés est tenu par six internautes volontaires, comédiens d’un jour

Le verdict n’est pas écrit à l’avance« Le déroulé sera divisé en différentes vidéos diffusées sur le site d’Arte fin 2013. Les internautes pourront réagir, partager leur avis », expliquent Maryne Mu-roni et Thomas Simon, responsables de Supergazol, l’agence de communication chargée de la partie web. Ils pourront s’appuyer sur les pièces à convictions et éléments du dossier mis en ligne.Dans la salle de délibération, les jurés débatent : « Je ne pense pas que ce soit un suicide », estime l’un. « Non, pour moi Paul est innocent », rétorque l’autre.

Jeudi, 10 heures, le long du quai des Bateliers, dans l’agglomération de Tours, le

brouillard et le froid règnent en maître. Sur le terrain boueux, des jeunes élèves, armés de sacs poubelles et parés de gilets jaunes estampillés « Opération Pla’net ». Une opération lancée par Tour(s) Plus en 2003, en coo-pération avec neuf communes, et à laquelle participent des lycéens chaque année. L’initiative a per-mis la récolte et le recyclage de plusieurs tonnes de déchets depuis sa création. Plus de 100 km de berges ont été nettoyés. Toute la matinée, 450 jeunes issus de huit établissements ont donc participé à des opérations de ramassage de déchets ou de plantation d’arbres dans onze sites de l’agglomération tou-rangelle. Parmi eux, dix-sept

élèves de seconde du lycée Al-bert Bayet œuvrent sur les bords de Loire, dans le secteur de Fondettes, pour cette sensibili-sation au traitement des déchets et à l’environnement. « On ra-masse énormémement de bou-teilles en verre », lance un élève en ouvrant son sac. Alors que certains marchent à l’avant, sacs poubelles pleins, d’autres traînent des pieds,

écouteurs dans les oreilles. Et se font vilipender par leur pro-fesseur de logistique, Chantal Gilbert. « Allez les traînards, ramassez au lieu de parler ! Tiens là, un mouchoir ! »

Valeur du travailAu fil du temps, ils sont plus nombreux à se prendre au jeu, comme lorsqu’il faut porter un gros séparateur de voie rouge. Sur cinq volontaires au départ, deux abandonnent, à bout de souffle en s’exclamant : « Ça me saoule. » Les derniers courageux emploient toute leur énergie pour hisser l’objet rempli de terre en haut de la pente. « Franchement, c’était sympa cette opération, jusqu’à ce qu’on ait à porter ça. J’en veux beaucoup à celui qui a laissé cet objet traîner ici », plai-sante le jeune Thomas.

Autour de lui, ses camarades sont moins emballés par cette mati-née orientée écologie : « Nous n’avions pas le choix mais c’est bien, on loupe des cours. » D’autres réfléchissent : « Main-tenant j’éviterai de jeter mes papiers n’importe où ! » Yves Bellais, régisseur des espaces verts à Fondettes, observe ces jeunes, les yeux rieurs : « Ça leur apprend la vraie valeur du travail, sans pour au-tant obtenir de récompense. » « Il y a un élève qui m’a même demandé s’ils seraient payés ! », s’amuse Chantal Gilbert.Pas de salaire, mais un pique-nique géant, bio et local. Ils étaient 450 à le partager sur les quais de la Loire à Tours. Pour tous, une première belle et réconfortante récompense. Estel PLAGUÉ

SAMEDI 17 NOVEMBRE 2012

Noël approcheà grands pas Grande roue, carroussel…Les équipes municipales de Tours préparent le lancement des fêtes de fin d’année qui aura lieu vendredi à 17 h 30. Et comme un premier cadeau pour les Tourangeaux, les barrières blanc et orange qui gênent les piétons rue Nationale seront enlevées le 15 décembre prochain.

Bientôt des bornes électriquesLe Sieil, Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et-Loire, vient de lancer un appel d’offres. Il prévoit d’installer 300 bornes de charge pour véhicules électriques, un projet d’ampleur pour favoriser la mobilité dans tout le département. Les premières installations pourraient avoir lieu dès l’été 2013.

Devenez juré avec Arte

Corvée de ménage pour les lycéens

Le tribunal de Tours servait cette semaine de lieu de tournage à un téléfilm. Acteurs professionnels, magistrats et citoyens lambda ont participé à un procès, faisant chaque jour évoluer le scénario au gré de leurs improvisations.

Les secondes du lycée Albert Bayet se sont donnés de la peine jeudi. Ils ont passé la matinée à ramasser bouteilles en verre et vieux réservoirs sur les berges de la Loire.

RÉGION

NATURE

LES MARÉCAGES DES BORDS DE LOIRE REGORGENT DE DÉCHETS EN TOUT GENRE

Le saviez-vous ? France 2 a diffusé en 2006 une émission portant le même nom. Le principe de l’émission se rap-prochait de celle d’Arte mais le télespectateur était beaucoup plus passif, la partie web n’existant

pas. Patrick Sébastien ou Lio jouaient les protagonistes. Le tribunal de Tours n’est pas novice en matière d’audiovisuel. « Nous avons déjà filmé le docu-mentaire sur Véronique Courjault

ici. Et puis, c’est une question de subventions. La région nous aide et en contrepartie, nous em-ployons des techniciens locaux », explique Cristobal Matheron, di-recteur de production du film.

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« Les jurés sont en situation de travail réelle, nous ne leur donnons aucune indication mais nous précisons juste les grandes lignes de l’affaire. A eux de décider de l’issue. Mes collègues et moi ne la connaissons pas. Tous les jours, nous avons des surprises. », s’amuse Colomba Falcucci, la directrice de casting.Un café à la main, elle fume sa cigarette en racon-tant les anectodes de la veille à une de ses collègues : « Hier, la comédienne qui joue la flic témoin s’est fait démonter par l’avocat. Elle connaissait l’histoire de son personnage, c’est sûr, mais l’avocat maîtrise les procédures, pas elle. Elle a dû encore une fois impro-viser. Et les acteurs ont fait pareil. »Jamais de cafouillages alors ? « On ne voit même pas s’il y a des erreurs. J’ai assisté à de vrais procès et celui-ci y ressemble, vraiment. Je suis déjà en train de me poser des questions sur la culpabilité du pré-venu ! », raconte, assise dans le public, Aude, une étu-diante en droit aux yeux pétillants.

Isabelle précise : « Les scénaristes introduisent au fur et à mesure des nouvelles données dans le dossier. Il y a encore plus d’improvisation et de suspense. Mais hier, ça n’a pas marché. » Un nouvel élément acca-blait entièrement Paul, l’accusé. « Philippe Torreton est parti fâché ! Pour une fois, ils seront obligés de couper la scène. » Au tribunal, même les techniciens ont appris l’improvisation. Louise SEBILLET et Hélène QUINQUETON

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Les six jurés s’investissent et débattent comme au cours d’une procédure habituelle.

Les lycéens s’unissent pour dégager un reste de barrière.

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Le dossier La FeuilleSAMEDI 17 NOVEMBRE 2012

L’autisme, un combat au quotidien

Dans le salon de la famille Matheu, une frise couvre presque intégralement un des murs. Petit déjeuner, voiture, école, repas du midi… jusqu’au coucher, toutes les activi-tés de Kéo sont planifiées et illustrées par

des images et des photos. « Notre fils a besoin de plus de repères qu’un enfant typique, explique Claude Matheu, son père. Avec Kéo, nous avons dû changer notre façon de voir les choses et repenser la manière d’éduquer un enfant. » « Kéo avait 3 ans et venait d’entrer à l’école lorsque l’assistante maternelle nous a dit qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas », raconte Lydia Matheu, sa mère. Aide soignante à temps partiel, elle a tout de suite su à qui s’adresser. « On a demandé une consul-tation au Centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP). Nous avons été reçus six mois plus tard. »

Se battre pour une prise en chargeS’ensuit alors un véritable parcours du combat-tant pour les parents de Kéo. « On ne savait pas ce qu’il avait, explique Claude. Le système fran-çais n’aide pas vraiment à vous ouvrir les yeux. Il faut faire pression pour que les choses avancent. » Lydia insiste donc pour que son fils soit soumis aux tests qui permettent de diagnostiquer les troubles de l’autisme. « On a fait la demande de diagnostic en 2007, précise-t-elle. Le Centre de ressources au-tisme à Bretonneau (CRA) nous a reçu pour faire les tests un an après. » Entre temps, Kéo est pris en charge à l’hôpital de jour, tous les mercredis. « En France, on préfère voir comment les choses évoluent avant de vouloir diagnostiquer l’autisme, explique Claude. Les médecins savent ce qu’il se passe mais on ne préfère pas nous alarmer. »Les Matheu se décident alors à chercher par eux-mêmes. « Quand vous avez le sentiment que rien n’est fait pour qu’on vous aide, vous vous tournez vers des associations, vous faites des recherches sur Internet, pour mieux comprendre », raconte Claude. C’est ainsi qu’ils entendent parler d’un système de communication par échanges d’images (PECS).

Kéo, 8 ans, est en classe de CP, à l’école de La Chapelle-au-Naux. Comme tous ses camarades, il a un emploi du temps bien chargé : Classe le matin, activités sportives le soir. Mais Kéo est atteint de troubles de l’autisme. Impossible pour lui d’interagir ou de communiquer normalement. Compliqué de vivre avec ce handicap.

Le point sur l’autisme aujourd’hui en France 440 000. C’est le nombre de personnes atteintes d’autisme en France selon la Haute autorité de santé (HAS). Parmi elles,100 000 sont des enfants. L’autisme touche en moyenne quatre garçons pour une fille. 6 ans, c’est l’âge moyen de dia-gnostic de l’autisme en France. Un dépistage tardif puisque les premiers signes de l’autisme ap-paraissent à 1 an et que le dia-gnostic peut être établi dès 2 ans.

1 enfant sur 100 est autiste. En 1990, 1 enfant sur 10 000 l’était. Les troubles n’ont pas augmenté mais sont mieux détectés. En région Centre, 200 adultes autistes sont sans solution de prise en charge. En 2008, 3 500 personnes autistes se sont rendues en Belgique pour y trouver une structure adaptée. Le Centre de ressources au-tisme de la région Centre (CRA)

conseille et oriente les personnes et les familles qui souhaitent s’in-former sur l’autisme et les possi-bilités de prise en charge. Tél : 02 47 47 86 46. CHRU Bre-tonneau, 2, boulevard Tonnellé, 37044 Tours. La Maison départementale des personnes handicapées est un lieu d’accueil et d’accompagne-ment pour l’accès aux droits des personnes handicapées. 19, rue Edouard-Vaillant, 37042 Tours.

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« Ça permet à l’enfant de communiquer sans l’usage de la parole, à travers des images qui représentent un objet, un sentiment, ou une action », explique Claude. Petit à petit, la méthode fait ses preuves. Elle permet au petit garçon de s’exprimer sans la barrière de la langue. Bien, mais pas suffisant selon ses parents, qui veulent main-tenir leur fils dans le milieu scolaire traditionnel. « On nous a dit qu’il fallait le mettre en Institut médico-édu-catif (IME), que la structure serait plus adaptée à son problème, raconte Lydia. Travaillant dans le milieu

médical, je connais le fonctionnement de ces struc-tures, et j’ai refusé. Je ne voulais pas que mon enfant régresse. » Lydia Matheu décide alors de se former

à la méthode d’Analyse appli-quée du comportement (ABA). « On voulait aider notre enfant en dehors du circuit tradition-nel de soins, explique-t-elle. Grâce à cette méthode, on s’est rapidement rendu compte que notre fils avait progressé. »

Pour ses parents, l’ABA a déjà fait ses preuves. Le petit garçon est propre depuis cet été. « Il a fini par comprendre qu’aller aux toilettes lui permettait d’évi-ter bien des inconvénients », racontent-ils soulagés.Dans sa première école, la maîtresse ne voulait pas entendre parler de l’ABA. « Elle le mettait au coin, elle l’isolait.Tout ce qu’il ne faut pas faire avec un enfant autiste », regrette sa maman. Aujourd’hui, dans sa nouvelle école, tout va mieux pour lui. La maîtresse s’est adaptée, les enfants jouent avec lui. Une situation qui n’est malheureusement pas le reflet de la réalité, puisque 80 % des enfants autistes n’ont pas accès à un établissement scolaire. Dorénavant, Kéo parle. « C’est souvent pour exprimer ce qui va mal, raconte Claude Matheu. Là où les choses sont plus compliquées, c’est pour dire ce qui va bien. L’enfant autiste rencontre alors beaucoup plus de difficultés à s’exprimer. »Le garçon est suivi par un orthophoniste, deux psy-chologues et une psychomotricienne. Parfois, c’est avec Fleur ou Letizia, deux intervenantes, qu’il passe l’après-midi. Une aide constante afin de lui assurer le

Apprendre à leur fils autiste à devenir autonome. C’est chaque jour, ce que Lydia et Claude Matheu s’efforcent de faire, au moyen d’images et de photos représentant les activités du quotidien.

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« Je ne voulais pas que mon enfant

régresse »

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Le dossierLa Feuille SAMEDI 17 NOVEMBRE

L’autisme, un combat au quotidienQuand le jeu aide à surmonter la maladie

Joseph sort du cabinet d’Eléna Adriaenssens et se précipite vers son père. Le

garçon de 11 ans a les yeux qui pétillent et le sourire jusqu’aux oreilles. Il en a même oublié les marionnettes qu’il réclame ha-bituellement à chaque séance.Jeux de société, peluches et livres en tout genre sont disper-sés dans la salle. Une trentaine de dessins entourent le diplôme de psychologie de l’enfant et de l’adolescent de la théra-peute. Avec toutes ses couleurs, le cabinet spécialisé dans les troubles autistiques ressemble à une classe de maternelle.

Des méthodes adaptablesC’est souvent grâce au jeu que la jeune femme aborde ses patients. « Ils sont âgés de 3 à 14 ans. Les premiers contacts se font souvent sous forme ludique, pour réussir à échan-ger », explique-t-elle. Elle suit une trentaine d’enfants, tous très différents. Les méthodes s’adaptent selon chaque patient.

POUR PERSONNALISER LE SUIVI DES PATIENTS, IL EXISTE DES ALTERNATIVES À L’HÔPITAL

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meilleur suivi médical possible. Mais avec 650 euros d’aide mensuelle de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), Claude et Lydia font attention au quotidien. Ils sont actuellement en procès avec la sécurité sociale, afin d’obtenir le remboursement des trajets en voiture de la psycholo-gue. « La sécurité sociale ne rembourse pas les frais liés aux consultations des psychologues. Notre fils en voit deux par semaine. À 45 euros de l’heure, c’est dur financièrement. »

Toujours rester vigilantCe qui paraît évident pour un enfant « typique » devient souvent sujet de complication pour un enfant autiste. « Il a fallu quatre séances chez le dentiste avant que le médecin puisse toucher à la bouche de Kéo, explique Claude. Ces rendez-vous aussi ont un coût financier. » Quand on lui demande ce que cela fait d’avoir un petit frère autiste, Pauline, son aînée de deux ans, répond : « C’est difficile. À part en lui faisant des chatouilles, je ne peux pas jouer avec lui. » Il y a encore du che-min à faire. La famille Matheu en a bien conscience. Pour autant, les progrès se font sentir, même s’ils peuvent être imperceptibles : « Parfois, on ne voit pas le bout. Il faut toujours être vigilant pour que Kéo progresse. Nous avons appris à faire des sacrifices, à mettre beaucoup de choses du quotidien de côté. » Jour après jour, ils apprennent au petit garçon à deve-nir autonome. Claude et Lydia Matheu préfèrent anti-ciper : « Quand on ne sera plus là, ce sera trop tard. »

Niels EULER

“La France est en retard pour les traitements”

Comment l’autisme se manifeste-il ?Les personnes touchées ont des difficultés à com-muniquer ou à s’adapter à un nouvel environ-nement. Chez les en-fants, on remarque leur désintérêt pour les jeux de leur âge. Ces troubles peuvent peuvent s’ac-compagner d’un retard mental ou d’absence de la parole. C’est pour cela que le problème doit être détecté et traité le plus tôt possible.

Rencontre avec Catherine Barthélémy, professeur au CHU de Tours, pédopsychiatre et auteur de plusieurs livres et études sur l’autisme (1).

« Avec ceux qui sont intégrés dans le système scolaire, je dis-cute de leur entourage, de leurs instituteurs ou professeurs avec qui j’ai beaucoup de contacts. Il existe plusieurs méthodes. Je pioche dans l’une ou dans l’autre selon l’enfant. »Eléna voit Joseph toutes les deux semaines depuis six mois. Ses parents ont entendu parler du cabinet par une orthopho-niste. « Depuis que Joseph vient, il a fait des progrès, explique

Christophe, son père. Il gère mieux son quotidien. On a eu tellement de mal auparavant avec le système de santé. » Un système qui ne peut pas suivre personnellement chaque en-fant et adolescent autiste.Un problème qu’Eléna connaît bien grâce à ses études. Elle passe d’abord son Deug 1 (équivalent première année de licence. NDLR) où elle se familiarise avec l’autisme. Sa maitrise et son DESS sur la

psychologie du développement en poche, elle ouvre alors son cabinet de suivi qui apparaît comme une bonne alternative.

Créer du lien « À Tours, on n’est pas si mal lotis, tempère-t-elle. De nom-breuses structures qui ne sont pas spécialisées dans l’autisme, peuvent néanmoins accueillir les enfants et les adolescents atteints par ce handicap. Il y a aussi de bons chercheurs, même s’il reste des progrès à faire, ici comme ailleurs. »C’est maintenant au tour d’Agnès, 15 ans. La jeune fille est autiste et atteinte d’une déficience intellectuelle. « Je suis proche de chacun de mes patients, explique Eléna. C’est important de créer du lien. Ces enfants rencontrent déjà beaucoup de problèmes au quotidien. Ils doivent pouvoir se lâcher dans une atmosphère chaleureuse. J’espère que c’est ce que je leur procure.»

Hélène QUINQUETON

D’où proviennent ces troubles ? La génétique joue un grand rôle dans le déve-loppement du cerveau. Nous connaissons une quarantaine de gènes im-pliquée dans les troubles de l’autisme. Mais pro-viennent-ils d’un pro-blème infectieux ou de facteurs extérieurs tels que les pesticides ? Nous n’avons pas encore les réponses.Comment les profes-sionnels traitent-ils ces problèmes ? Dès la détection du han-dicap, nous agissons sur la communication en apprenant à l’enfant à

jouer ou à faire attention aux autres. La France est cependant en retard dans les traitements de l’autisme. Les profes-sionnels de santé doivent être mieux formés. Les étudiants en médecine qui passent le concours d’internat n’ont, par exemple, aucune ques-tion sur ce handicap.Comment mieux abor-der le problème ? Un 3e plan autisme est en cours de rédaction au niveau national. Davan-tage de places en centre pour les adultes vont être créées Les diffé-rentes structures seront mises en réseaux. Les

professionnels des sec-teurs privés et publics se-ront mieux coordonner. En clair, on va devoir optimiser nos moyens pour être plus efficaces. Mais il est aussi impor-tant de créer des petites unités, pour alléger les structures existantes. De-puis vingt ans, on détecte mieux ces troubles. Mais les moyens de traitement et d’accompagnement n’ont pas suivi. Propos recueillis

par Hugo FLOTAT-TALON

(1) Co-auteur notamment de

L’autisme de l’enfance à l’âge

adulte (éditions Médecine

sciences publications)..

Eléna permet aux enfants d’échanger à travers des jeux.

Catherine Barthélémy, spécialiste de l’autisme

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Temps libre La Feuille

À VOS MARQUES

BIEN JOUÉ CARTON ROUGE

SAMEDI 17 NOVEMBRE 2012

Le match de la semaine

HOCKEY

Tours–ValenceTours ne doit manquer ce gros rendez-vous sous aucun prétexte. C’est déjà le dernier match de la phase aller pour les Remparts de Tours, avec la réception de Valence ce soir à 20 h 30. Les hommes de Radek Stepan ont effectué un très bon déplacement à Strasbourg le week-end dernier (1-9) et doivent poursuivre sur leur lancée pour espérer disputer les play-off et monter en D1. Ce serait une belle consécration.

Les autres rendez-vous

VOLLEY-BALL

Tours-BelgradeAu match aller, les Tourangeaux ont facilement battu les Serbes chez eux (0-3). Ils devront confirmer jeudi 22 novembre à domicile, lors du match retour, comptant pour la Ligue des Cham-pions. Le TVB pourra s’appuyer sur David Smith, auteur d’une excellente partie à Belgrade grâce à son jeu de contre parfaite-ment rodé.

FOOTBALL

Tours-GFCO AjaccioLe TFC reçoit vendredi 23 novembre le Gazélec d’Ajaccio dans le cadre de la 15e journée de Ligue 2. Après un début de saison difficile, les Tourangeaux semblent sortir la tête de l’eau depuis quelques rencontres, avec un

bon match face à Guingamp le 10 no-vembre, qui s’est terminé sur un score nul et vierge. Il faudra confirmer vendredi face aux Corses.

FORMULE 1

GP des USA La Formule 1 fait son grand retour aux États-Unis demain dimanche. C’est sur le tout nouveau circuit d’Austin que les pilotes s’affronteront dans une course déterminante pour le titre de champion du monde. Leader du classement des pilotes, l’Allemand Sebastian Vettel devance actuellement l’Espagnol Fernando Alonso de dix points.

Nos choix TV

RUGBY

France-Argentine Après leur probante victoire face aux Austra-liens la semaine dernière (33-6), les Bleus du XV de France voudront confirmer ce soir contre les Pumas. Dans le Grand Stade Lille Métropole, les Français tenteront de battre leur bête noire, puisque sur les dix dernières années, les Français se sont inclinés huit fois en douze confrontations face aux Argentins. Aujourd’hui, à 21 heures sur France 2.

PATINAGE

TrophéeBompardL’hiver revient, le patinage artistique aussi. Paris-Bercy accueille ce week-end le Trophée Éric Bompard. Les Français Brian Joubert et Florent Amodio seront sur la glace, ainsi que le couple Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat. Aujourd’hui, à 15 h 50 sur France 2, et demain à 15 h 20 sur France 3.

Le rebond de la 4S

Chez les Cissé, le tennis de table, c’est une histoire de famille. Et même un héri-

tage. Dans les années soixante dix, Jean-Claude, le père, entre au club de la 4S. Plus tard, trois de ses enfants se lancent eux aussi dans l’activité, dont Agathe, qui jouera même quelques années à un très haut niveau. Et puis voilà les petits-enfants qui perpétuent aujourd’hui la tradition, dans la catégorie « poussins » (moins de 12 ans).Marie Cissé, la femme de Jean-Claude, elle, n’a jamais joué. D’abord secrétaire du club, elle en devient la présidente en 2002. « Les responsabilités sont vraiment très importantes. Nous devons tou-jours chercher des subventions, des aides financières pour faire tourner le club. » Grâce à sa formation d’aide-comptable, elle relève haut la main ce défi difficile.

Une époque fastueuseEt puisque, comme le dit Marie, il faut « faire vivre le club, et plus généralement, le tennis de table à Tours », les membres de la 4S en-voient régulièrement des demandes à la Fédération afin d’accueillir des rencontres internationales. Ils ont fini par être écoutés il y a peu, puisque l’organisation de la ren-contre France-Serbie a été confiée au mois de juin à Marie Cissé et son équipe. « Nous sommes vrai-ment très heureux de pouvoir mon-trer du grand tennis de table au public tourangeau », se réjouit-elle. Elle n’oublie pas cependant les difficultés d’organisation d’un tel événement. « C’est très lourd. Il faut s’occuper des arbitres, des joueurs et, bien sûr, gérer toute la communication. »

Des matchs internationaux, la 4S en a déjà organisé. Notamment un France-Autriche en 1997, qui avait attiré 1500 personnes. « Un mo-ment exceptionnel, se remémore Marie. Le tennis de table était vrai-ment à la fête. » Comme lors de la belle époque de la 4S de Tours, dans les années quatre vingt. Le club comptait dans ses rangs les meilleurs joueurs mondiaux : Pa-trick Gernot, alors numéro 5 fran-çais, puis Jean-Philippe Gatien, numéro 1 mondial, suivi quelques mois plus tard par Jean-Michel Saive, le numéro 1 belge. « C’était une époque formidable, se souvient la sexagénaire. Le public était très présent, il y avait une vraie émula-tion. Le tennis de table à Tours était à son apogée et avait sa place dans les médias. Les choses, malheureu-sement, ont bien changé… »

Trop peu de médiatisationDepuis, le club a perdu de son pres-tige, même s’il dénombre encore 400 adhérents. Il n’y a désormais plus de professionnels dans l’effec-tif. L’équipe féminine la mieux

classée joue en Nationale 3, tandis que la meilleure des 13 équipes masculines est en Nationale 1, soit juste avant les professionnels. Pas assez prestigieux pour être sous le feu des projecteurs. Car face aux monstres médiatiques que sont le Tours Volley-Ball ou le Tours FC, le club de tennis de table fait figure de « parent pauvre ». « Nous ne sommes pas présents dans les médias, regrette la dyna-mique présidente. Pour le journal régional, le tennis de table n’est sûrement plus assez attrayant. » Tous se préparent donc en vue de la rencontre de mardi en espérant une « re-connaissance ».Marie Cissé, elle, en a déjà eu un avant goût, puisque la salle Jean-Claude Cissé a été inaugurée en 2002, en mémoire de son mari dé-cédé en 1997. Entièrement dédiée au tennis de table, elle n’attend plus que les grandes occasions. Marion FOURNET

France-Serbie, mardi 20 novembre à 19 h 30 à la halle des sports Monconseil de Tours. Plein tarif 12 euros, tarif réduit 8 euros.

Un même ballon pour tous Le club Blois Handisport et l’ADA Blois Basket viennent de signer un partenariat. Une convention entre les deux clubs qui permettra aux personnes handica-pées de bénéficier d’un entraîneur réputé ou d’utiliser les mêmes installations sportives que les valides. Un plus pour la trentaine de licenciés handisport, qui dispute régulièrement des matchs amicaux.

Et de huitpour Loeb  Une dernière victoire pour conclure son ultime saison complète en WRC. Sébastien Loeb a remporté, le week-end dernier, le rallye de Catalogne (Espagne) pour la huitième fois d’affilée. Une soixante-seizième victoire pour le pilote qui prendra sa retraite au cours de l’année prochaine. Il disputera quelques rallyes, mais il assure ne pas savoir lesquels.

Christophe Bouchet se retireLe vice président du Tours FC, originaire de Tours, a renoncé à briguer la tête de la fédération française de football. L’ancien président de l’Olym-pique de Marseille et ex-candidat du parti radical aux législatives a décidé de retirer sa liste, estimant que « les conditions n’étaient pas réunies pour gagner ». Le dernier délai pour s’inscrire était jeudi soir.

Le Tours FC condamné  La cour d’appel d’Or-léans a condamné lundi le club de foot à rembourser 32 000 euros à son ancien dirigeant, Jean Frobert. L’ex-prési-dent de la section amateur avait prêté 70 000 euros au club en difficulté financière en 2003. Depuis, le club s’est acquitté de la moitié de la somme seulement, en invoquant la mau-vaise santé économique de la section amateur.

Le club de tennis de table de Tours organise le mardi 20 novembre le match France-Serbie, qualificatif pour les Championnats d’Europe.

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Marie Cissé peut compter sur les 400 membres du club pour l’épauler.

Les Remparts auront un adversaire de taille.

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La Feuille Temps libre

LÉGENDE

PASSION

SORTIES BONS PLANS

En v o i l à u n n o m étrange pour une rue.

On ne parle pas de trois Jeanne d’Arc qui se se-raient réunies à Tours ou d’une quelconque autre légende du Moyen-Âge. À l’origine, il n’y a pas de connotation sexuelle, loin de là, il suffit de le s a v o i r. E n f a i t d e vierges, si l’on résume, ce sont les poissons qui sont à l’honneur. Mais que viennent-ils faire dans cette histoire ? Les amateurs de pêche l’auront compris, il existe une espèce dont le

nom est « pucelle ». On la connaît aussi sous le vocable de feinte. Pourquoi un tel nom pour cette rue ? Tout re-monte en fait au XIXe siècle. Tours a connu une des plus grandes crues de l’histoire de la Loire. Le fleuve est sorti de son lit, monté jusqu’à la ville et s’est déversé, entre autres, dans la fa-meuse rue. La décrue terminée, on a retrouvé dans le passage trois pu-celles (les poissons, donc). L’appellation de cette voie trouve son ori-gine dans cette catas-trophe naturelle. Un mot à double-sens qui laisse souvent les gens de passage interdits ou amusés devant la plaque de rue. Au coin de la rue, un bar du même nom joue sur cette histoire, trois spé-cimens de pucelles sont dessinés sur la devan-ture et sur l’enseigne.

Valentin QUENARD

SAMEDI 17 NOVEMBRE 2012

Ce week-end, le salon de l’érotisme s’ins-

talle à Tours. Actrices et réalisateurs seront réu-nis pour cet événement, mais aussi des dan-seuses... Contrairement aux idées reçues, les danses autour d’une barre, mêlant les atti-tudes sexy et les figures acrobatiques ne sont plus l’apanage des strip-teaseuses. La discipline s’est démocratisée, et les hommes peuvent aussi

la pratiquer. Un petit his-torique s’impose. La pole dance est née au Canada dans les années trente, inventée dans les foires par les filles de petite vertu qui dan-saient autour des mâts qui soutenaient leurs tentes (d’où le nom pole, mât en anglais), mais sans véritable chorégra-phie. Il faut attendre les années quatre-vingt dix pour mêler danse, acro-baties et sensualité, et codifier les figures. Les adeptes se multi-plient. Des associations internationales prennent le relais et organisent des compétitions. À ce jour, la pole dance est cons idé rée pa r l e s pratiquantes comme un vrai sport qui s’en-seigne, au même titre que le modern jazz ou la gymnastique.

Valentin QUENARD

La nuit des solos Ce soir, c’est La Nuit des Solos au Petit Faucheux. Dix minutes de solo pour chacune des onze personna-lités du jazz français invitées sur scène. La première partie sera assurée par Quin-tet’sens, cinq musiciens

soutenus par Jazz Emer-geance 2012. C’est un véritable mélange de genres qui compose leur répertoire. Aujourd’hui à 20 h, au Petit Faucheux. Tarif plein : 15 euros ; réduit : 12 euros ; abonnés : 7 euros ; Pass festival : 50 euros.

Arthur H à Joué-les-ToursLe chanteur français Arthur H défendra son album Baba Love, mercredi 21 novembre. Opus léger et chaleureux, il s’inscrit dans l’air du temps, avec une pointe d’électro. A 20 h 30, Espace André Malraux, Joué-lès-Tours. Tarif plein : 29 euros ; réduit : 24,90 euros ; moins de 12 ans :18,80 euros.

Planète quiz Les Joulins organisent un quiz musical fort sympa-thique et gratuit, jeudi 22 novembre. À gagner ? Des places pour le Temps Machine. C’est l’équipe de l’émission « Planet of Sound », de Radio Béton, qui anime la soirée. Rendez-vous à 21 h, au bar Les Joulins à Tours. Entrée gratuite pour tous. Le lendemain, toujours aux Joulins, apéro béton suivi d’une soirée karaoké gratuite.

L’heure littérairePour les férus de littérature, Jean Rouaud (Prix Goncourt

1990 pour son roman Les Champs d’honneur) propose, mardi 20 novembre, une heure de lecture de certains de ses textes inédits. Elle se prolongera par un temps d’échange avec le public.Rendez-vous à 18 h à la salle Ockeghem, place Chateau-neuf à Tours. Entrée libre.

PATRIMOINE

L’énigme de la rue des trois pucelles

EROTISME

La pole dance se démocratise

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Son pays pour totemL’écrivain guinéen Tierno Monénembo était de passage jeudi à Tours. Son dernier roman, Le Terroriste Noir (Seuil), a déjà remporté deux prix.

Son sourire est humble et ses yeux sont rieurs. Tierno

Monénembo, prix Renaudot 2008 pour Le Roi de Kahel, a présenté jeudi soir à La Boîte à Livres, à Tours, son dernier ouvrage, Le

Terroriste noir. L’écrivain a quitté la Guinée en 1969, fuyant la dic-tature de Sékou Touré. Il y réside maintenant de nouveau. « On ne peut pas dire que mon pays ait beaucoup évolué. Pas du point de vue économique et politique en tout cas. Il est toujours aussi miné par la corruption », glisse-t-il, ne lâchant pas son sourire. Son pays est en deuil. Aissatou Boiro, ex-directrice nationale du Trésor Pu-blic, a été assassinée. « Sa sœur me loue la maison que j’habite en Guinée ! Je la connaissais bien ! Elle avait dû découvrir un réseau de corruption au Trésor Public, et ça n’a pas plu. »

De la Guinée aux VosgesLe terroriste noir. C’est comme cela qu’on appelait Addi Bâ, un personnage réel qui a combattu pendant la Seconde Guerre Mondiale. Tirailleur guinéen, il s’est investi dans la Résistance en France. Ce dernier est fait prisonnier par les Allemands lors de la bataille de la Meuse. Finalement, Addi Bâ s’échappe de prison et trouve refuge dans un pe t i t v i l l a ge de s Vos ges , Romaincourt. Là, les habitants vont le considérer comme un membre à part entière de leur communauté, eux qui n’avaient jamais connu un seul noir auparavant.

C’est une vieille dame vosgienne qui narre l’action, parfois en pa-tois. Tierno Monénembo a dû se plonger dans tout l’univers de la paysannerie française et faire des recherches très poussées sur ce personnage. « J’ai séjourné quelques jours dans les Vosges », raconte le romacier. L’histoire du tirailleur finit mal. Il est fusillé par les Allemands en 1943 et ne sera jamais reconnu comme combattant pour la France par ses supérieurs et les élites du pays. Tierno Monénembo a voulu lui rendre l’hommage qu’il n’a jamais reçu.Une histoire pour laquelle l’écri-vain a déjà remporté le prix Métis et le prix Erckmann-Chatrian. c’est la première fois que l’auteur raconte l’intégration réussie d’un Guinéen dans une communauté française : « Il faut assainir la mé-moire. Si on ne dépeint que des tableaux atroces, comment pour-rions-nous aller de l’avant ? »

L’auteur n’envisage pas d’écrire son autobiographie, par pudeur : « Beaucoup de Guinéens ont vécu ce que j’ai vécu en plus dur. »

Un livre sur Cuba ?Imprégné de ce qu’il a vu ou res-senti, ce citoyen du monde n’a pas fini de mettre en lumière les tra-vers des systèmes politiques, éco-nomiques et sociaux. Dans Pelourinho, il évoquait les relations de son pays avec la dias-pora guinéenne forcée au Brésil, dans la ville de Salvador de Bahia. Dans Peuls, il retraçait l’histoire de ce célèbre peuple nomade d’Afrique noire, qui vit notam-ment en Guinée, en Mauritanie et au Sénégal. Aujourd’hui il aime-rait écrire un livre sur Cuba. « Il y a tellement de choses à dire, et à tous les niveaux. » Mais pour l’instant, il va rendre visite à sa femme et à ses enfants, qui résident, eux, en Normandie. Estel PLAGUÉ

Une quarantaine de personnes ont écouté Tierno Monénembo.

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Trois pucelles sur l’enseigne.

Cette danse sensuelle est aussi un vrai sport.

Jean Rouaud invité salle Ockeghem.

L’album Baba Love est sorti il y a un an.

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L’invité

SUR L’AGENDA SUR L’AGENDA SUR L’AGENDA SUR L’AGENDA SUR L’AGENDA SUR L’AGENDA

La Feuille Journal-atelier des étudiants en journalisme de l’IUT de Tours.29, rue du Pont-Volant, 37000 Tours.Distribué gratuitement.Directeur de publica-tion : Nicolas Sourisce. Imprimerie Alinéa 36ISSN - 0299-3406

Rendez-vous autour d’un verre

Déguster du vin bio pour 3 euros. C’est ce que proposent ce week-end trente producteurs de Touraine dans le cadre du salon Bio t’y foule à l’Hôtel de Ville de Tours. Petits et

Souriante et volontaire, Félicie Gatinet-Pénau est une jeune handi-capée moteur de 27 ans. Pendant six

mois, elle a préparé seule la Journée de l’accessibilité tourangelle, qui s’est dé-roulée le 20 octobre dernier. Avant un colloque fin novembre sur les difficultés d’accès à la culture pour les personnes à mobilité réduite, la jeune femme revient sur ce sujet qui lui tient à cœur. Quels étaient les objectifs de cette Journée de l’accessibilité tourangelle ?Tout d’abord, faire une liste des com-merces, parcs et salles que les personnes handicapées peuvent fréquenter sans dif-ficultés (disponibles sur le site jaccede.com, NDLR). Par manque de temps, les personnes présentes n’ont malheureuse-ment pu recenser que 57 lieux. Je voulais aussi faire évoluer les menta-lités. La question de l’accessibilité ne peut pas être abordée sans cela, elle concerne tout le monde, aussi bien une personne handicapée que malvoyante, enceinte ou âgée. Chacun sera un jour concerné par le problème de l’accessibi-lité. Aujourd’hui, c’est chacun pour soi. Par exemple, dans les magasins, la file d’attente aux caisses prioritaires est sou-vent longue. Personnellement, ça m’est égal, je suis dans mon fauteuil. Mais pour certains, rester debout est difficile. Et peu de gens laissent passer une femme en-ceinte ou une personne handicapée. Même problème sur les parkings. Certains ne respectent pas les places ré-servées. Leur excuse : « J’en avais pour cinq minutes. » C’est un manque de ci-visme mais aussi d’informations et de compréhension. Notre société est trop individualiste. Il faudrait sensibiliser da-vantage les gens. C’est une clé essen-tielle pour faire évoluer les choses. Quels ont été les efforts réalisés par la municipalité de Tours ?Des travaux ont été effectués grâce au plan de mise en accessibilité de la voirie et des espaces publics avec, par exemple,

La FeuilleSAMEDI 17 NOVEMBRE 20128

Faire bouger les mentalités17e en 2011, Tours chute en 2012 à la 49e place du palmarès des villes de France les plus accessibles aux handicapés. La faute aux travaux du tramway ? Félicie Gatinet-Pénau avance une autre explication : le manque de sensibilisation.

des trottoirs abaissés (plan élaboré dans les villes de plus de 5000 habi-tants, NDLR). La mairie de Tours s’in-téresse vraiment à nos problèmes et compte en son sein une mission handi-cap. En ce moment, ils essayent d’adap-ter au maximum les bâtiments sco-laires. 52 % des écoles élémentaires seraient aux normes. L’arrêté de 2006 sur l’accessibilité des constructions ou-vertes au public est bien respecté, no-tamment au centre des congrès Vinci.Mais je pense malgré tout que Tours est en retard. J’ai vécu à Paris pendant mon enfance. Quand j’ai quitté la capitale, il y avait encore beaucoup de choses à

changer. Mais lorsque j’y suis retour-née, la ville s’était améliorée. Les trois quarts des bus parisiens sont aux normes. Ce n’est pas le cas à Tours. Fil Bleu, c’est vraiment la galère. Quand on va prendre une carte de bus, ils nous assurent que tous les véhicules sont aménagés pour les handicapés. Mais ce n’est pas le cas. Pour me déplacer, je préfère prendre Fil Blanc (transport à la demande adaptée pour les personnes à mobilité réduite, NDLR).Le passage se révèle tout aussi compli-qué dans certaines rues La circulation rue Rouget-de-Lisle par exemple est très mal commode, avec un trottoir trop

étroit pour mon chien Barrow et moi. Le centre historique aussi est difficile d’accès, à cause des pavés. La place Plumereau, c’est l’enfer avec un fau-teuil roulant manuel ! Comment les personnes à mobilité réduite vivent-elles les travaux du tramway ?Si on veut une ville plus accessible, il faut bien passer par des périodes de chantiers. Certaines personnes dans la même situation que moi sont révol-tées. Mais il faut rester logique ! Dans la rue Nationale, la mairie a mis en place des passerelles et les commer-çants ont installé des rampes pour faciliter l’accès aux magasins. Malgré les difficultés occasionnées, on peut observer de réels efforts. À Tours, tous les commerçants ont-ils mis leur boutique aux normes ?Pendant la Journée de l’accessibilité, certains étaient assez ouverts. D’autres ne se posent même pas la question, ne se sentent pas concernés. Les rayons et les lecteurs de carte bancaire à hauteur de fauteuil sont trop rares. Dans quasiment chaque magasin, on trouve une cabine handi-capé. Mais en général,elle sert plutôt de dépôt de vêtements ! Des difficultés pour faire du shop-ping donc, mais aussi pour profiter des activités culturelles, sujet du colloque Mode H du 27 novembre prochain. Rencontrez-vous des pro-blèmes dans ce domaine ?Bien sûr, puisque dans certaines ex-positions, les tableaux sont trop hauts pour moi. Ce qui m’embête le plus, ce sont les salles de cinéma et de spec-tacles. Il y a bien des rangées au pre-mier rang réservées aux fauteuils. Mais je voudrais être parmi les gens, avoir des places entre les sièges. Ça favoriserait l’intégration. Je voudrais être considérée comme tout le monde. Propos recueillis par Louise SEBILLET

grands pourront découvrir les saveurs viticoles de la région, grâce aux initiations à l’œnologie et aux dégustations. En prime, un service de « cyclo-taxi » permettra de rentrer chez soi avec ses bouteilles. Aujourd’hui, de 14 à 19 heures et demain de 10 à 18 heures, avec possibilité de se restaurer.

Sept jours dédiés aux enfants À l’occasion de la semaine des droits de l’enfant à Saint-Cyr-sur-Loire, l’équipe de l’Escale propose des

activités tous les jours. Un studio radio a même été créé pour l’occasion (retransmission sur 97.4 FM). Vous pourrez aussi assister à un concert pop-rock et à diverses conférences. Renseigne-ments au 02 47 42 80 00.

Jouez au volley-ball déguisé Vous êtes étudiants et titulaires du pack sport ? Participez à la soirée disco et volley à la halle des sports de Grandmont, mardi dès 20 heures. Les joueurs s’affronteront en équipes

mixtes, six contre six. Inscription obligatoire sur le site du Suaps. Vous êtes invités à venir déguisés et avec votre carte étudiante, contrôlée à l’entrée.

Création originale à Montlouis « Ben, dealer de la réalité » est une création théâtrale de la compagnie L’Arc Électrique. L’ histoire d’un jeune homme d’au-jourd’hui, qui se pose beaucoup de questions et qui attend des réponses. L’argent, la réussite ou bien le travail font partie des

thèmes abordés dans la mise en scène de Charlotte Gosselin, en interaction directe avec les specta-teurs, jusque dans la préparation du décor. Mardi à l’espace Ligéria de Montlouis-sur-Loire à 20 h 30. Réservations au 02 47 45 85 10.

Le Blues fait sa rentrée La tournée Chicago Blues Festival fait une halte mercredi à Chambray-lès-Tours. Au programme pour les passionnés de blues : Grana Louise, Big

James, Michael Wheeler et bien d’autres. Ils seront tous à l’espace culturel Yves Renault, à 20 h 30. Tarif : 24 euros.

« Personne handicapée, malvoyante, enceinte ou âgée. Chacun sera un jour concerné par l’accessibilité. »

LOU

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SEB

ILLE

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Le vin rouge sera l’une des stars du week-end.

ERIC

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