La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman...

68
de Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro 29 d’Approches Marxistes est consacré principalement à la signification politique et stratégique que souligne l’abandon de la faucille et du marteau par la direction du PCF, lors de son 36 ème congrès, à Aubervilliers. Par un long passage de son discours de clôture, où voisinent des contre-vérités et des interprétations, Pierre Laurent a entériné cet abandon, sans aucune consultation des adhérents. Nous allons voir pourquoi et comment ce sigle est il né, ou renaît en 1917. A-t-il une naissance beaucoup plus lointaine (ce serait le symbole d’insurgés juifs en 161 avant JC ?) comme nous le laisse à penser notre camarade Bruno Drweski ? Les décisions de l’Internationale communiste dans leur généralisation et leur signification historique, celle du marxisme révolutionnaire contre le réformisme et tous les opportunistes ? Le problème de l’amalgame possible avec le stalinisme et le maoïsme ? C’est un formidable sigle mondial, qui parle à beaucoup de peuples. Par exemple, rappelez-vous la banderole avec la faucille et le marteau sur l’Acropole, dénonçant les attaques de l’Union Européenne contre le peuple grec ou encore, pour l’histoire gravée à tout jamais, la faucille et le marteau sur le drapeau rouge sur le Reichstag dans Berlin libéré du nazisme. Pas besoin de traduction. Tout le monde comprend le sens positif de la faucille et du marteau. C’est bien en le mettant en avant dans la lutte contre l’apartheid par les communistes sud-africains et dans la lutte pour une solution juste au Moyen Orient comme l’avancent les communistes libanais, que ces aspects très positifs l’emporteront. Le capitalisme « publicitaire » nous envie de posséder un tel symbole. L’abandonner c’est rendre un grand service au capital.

Transcript of La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman...

Page 1: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

de Jean Jacques Karman

1

La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste !

Le numéro 29 d’Approches Marxistes est consacré principalement à la signification politique et stratégique que souligne l’abandon de la faucille et du marteau par la direction du PCF, lors de son 36ème congrès, à Aubervilliers. Par un long passage de son discours de clôture, où voisinent des contre-vérités et des interprétations, Pierre Laurent a entériné cet abandon, sans aucune consultation des adhérents.

Nous allons voir pourquoi et comment ce sigle est il né, ou renaît en 1917. A-t-il une naissance beaucoup plus lointaine (ce serait le symbole d’insurgés juifs en 161 avant JC ?) comme nous le laisse à penser notre camarade Bruno Drweski ? Les décisions de l’Internationale communiste dans leur généralisation et leur signification historique, celle du marxisme révolutionnaire contre le réformisme et tous les opportunistes ? Le problème de l’amalgame possible avec le stalinisme et le maoïsme ?

C’est un formidable sigle mondial, qui parle à beaucoup de peuples. Par exemple, rappelez-vous la banderole avec la faucille et le marteau sur l’Acropole, dénonçant les attaques de l’Union Européenne contre le peuple grec ou encore, pour l’histoire gravée à tout jamais, la faucille et le marteau sur le drapeau rouge sur le Reichstag dans Berlin libéré du nazisme. Pas besoin de traduction. Tout le monde comprend le sens positif de la faucille et du marteau. C’est bien en le mettant en avant dans la lutte contre l’apartheid par les communistes sud-africains et dans la lutte pour une solution juste au Moyen Orient comme l’avancent les communistes libanais, que ces aspects très positifs l’emporteront.

Le capitalisme « publicitaire » nous envie de posséder un tel symbole. L’abandonner c’est rendre un grand service au capital.

Page 2: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

La faucille et le marteau ont disparu, remplacés par le mot d’ordre humaniste de l’organisation de l’Abbé

Pierre. Le marxisme ne peut pas se réduire à cela !

La Gauche Communiste au Conseil National du PCF

Au lendemain du 36ème congrès du PCF, qui a vu des reculs statutaires des droits de l’opposition interne, la direction nationale autour de Pierre Laurent, décide de ne plus publier dans l’Huma les résumés des interventions des membres du Comité National. Le prétexte est d’ordre financier, pour ceux qui voudraient bien le croire. En réalité, c’est un nouveau recul de l’expression de nos contradictions, donc un retour vers le monolithisme stalinien. Depuis les années 70, les positionnements au Comité Central étaient publics.

2

Page 3: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

INTERVENTION DE JEAN JACQUES KARMAN SUR L’AUSTERITE ET LES ELECTIONS MUNICIPALES LORS DU C.N. DU PCF LE 9/3/2013, PUBLIE SUR SON BLOG

.Notre juste lutte contre l’austérité

jointe à notre volonté légitime de renforcer notre implantation municipale peuvent produire des contradictions avec nos alliés et surtout avec le Parti socialiste. Il nous faut être très transparent sur cette question.

Les socialistes au pouvoir ont choisi clairement la voie de l’austérité dictée par l’Union européenne. Nous connaissons d’avance le résultat d’une telle politique, la seule position juste est donc pour nous : guerre à l’austérité.

En pratique cette juste position peut soulever des contradictions non négligeables : l’exemple du vote du budget du Conseil général de la Seine-Saint-Denis est à ce sujet très parlant.

L’Etat doit au Conseil général, à la date du 31 décembre 2012, 1 milliard 620 millions, dont 202 millions depuis que le Parti Socialiste dirige le gouvernement. Le budget avancé par la direction socialiste du Conseil général propose d’oublier cette dette et d’en prévoir une nouvelle pour l’année 2013 d’environ 360 millions. Ce qui nous

ferait atteindre le chiffre incroyable de 2 milliards

Parallèlement à cette dette, des coupes antisociales de 140 millions sont imposées, mettant en cause toutes les politiques innovantes du Conseil général à direction communiste. Ajoutons une augmentation de l’impôt pour cette année 2013 de 9,3 %.

Doit-on voter ce budget d’austérité, bien sûr que non !

Et dans le même temps, le Parti socialiste prépare, en Seine-Saint-Denis, des listes contre toutes les municipalités à direction communiste et même à Aubervilliers, le maire socialiste déclare : « les communistes seront certainement devant nous au premier tour mais je les battrais au deuxième tour » sous entendu avec une partie de la droite comme en 2008.

De plus, ce même Parti socialiste ne s’oppose pas à la fermeture de site PSA d’Aulnay. Mieux : le maire socialiste de cette ville fait visiter les terrains PSA à de possibles acheteurs, mieux encore, on trouve dans le budget du Conseil général, un crédit de 105 000 euros d’étude pour la reconversion du site PSA, alors que les travailleurs sont en grève depuis plusieurs semaines contre la fermeture.

Ma position est claire : président de la commission des finances du Conseil général, je voterai contre ce budget. En général, ceux qui seront bienveillants avec l’austérité pour des raisons électoralistes seront sanctionnés par la population lors des prochaines élections.

La seule position juste à mon avis pour nous communistes, c’est de travailler à des listes, bien à gauche, de très large rassemblement, anti-austérité, pour vivre mieux dans la ville.

3

Page 4: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Lettre de la Gauche communiste du Pcf Caroline Andréani Avril 2013

En mai 2012, les électeurs ont voté pour François Hollande afin de chasser Sarkozy. A aucun moment, à l’exception des militants socialistes, cette élection n’a créé d’enthousiasme. Hollande était le candidat par défaut, dont on pouvait espérer qu’il ne ferait pas plus mal que ses prédécesseurs.

Un an après cette élection, force est de constater que le bilan est catastrophique : un traité européen inique ratifié sans aucune modification par rapport à la version négociée par Sarkozy, une politique d’austérité assumée avec des restrictions budgétaires sans précédent pour les collectivités territoriales, des mesures antisociales comme la non-revalorisation des pensions de retraite, une loi antisociale de casse du Code du travail – l’Accord national interprofessionnel – passée sans tambours ni trompettes en première lecture, une complaisance scandaleuse vis-à-vis du patronat, sans manquer l’inévitable aventure néocoloniale au Mali au nom de la « lutte contre le terrorisme » chère à Georges W. Bush. Et dans les antichambres des ministères, l’acte III de la décentralisation dont les différentes moutures préalables montrent la volonté de casser l’organisation administrative des 36.000 communes et des départements, expression de la démocratie locale, pour favoriser les régions et les métropoles.

Cerise sur le gâteau, l’affaire Cahuzac montre au grand jour la duplicité d’une caste politique qui mélange consciemment exercice du pouvoir et enrichissement personnel.

Face à cela, la loi sur le mariage pour tous ou les annonces en matière de logement social ne font pas le poids.

Comment s’étonner alors du renforcement du désespoir et du rejet de la politique, du « tous pourris », et des replis communautaires ?

Certains s’inquiètent de la montée de l’extrême droite. Dans un pays où la gauche est atone, l’extrême droite réussit à s’imposer dans le débat politique comme la seule expression de la contestation du système. Mélenchon ou Pierre Laurent font d’autant moins le poids face à la rhétorique de Marine le Pen qu’à aucun moment ils ne posent les vrais problèmes et qu’ils manquent singulièrement de courage politique.

La poursuite de la guerre au Mali ? Les députés et sénateurs communistes et Front de gauche s’abstiennent. Jaurès peut se retourner dans sa tombe !

La politique d’écrasement des peuples menée par l’Union européenne, l’étranglement de la France dans le cadre du TSCG, les politiques d’austérité qui mènent des pays entiers à la ruine ? Ils ne mettront surtout jamais en cause la construction européenne.

Par couardise, par manque d’analyse, par des calculs politiciens à la petite semaine, les dirigeants du Pcf accompagnent la dérive de notre société vers la droitisation extrême. Il n’y a pas besoin de beaucoup de recul historique pour savoir que sans perspectives, nous allons lentement mais sûrement vers l’installation d’un gouvernement de droite extrême. Il ne prendra pas forcément l’aspect d’un gouvernement dirigé par Marine Le Pen. Ce pourra être le retour d’un Sarkozy entouré des Copé, Guénot, Guéant et autres apprentis fascistes, ou une dérive à la Berlusconi.

Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas d’un Parti communiste qui s’enferme dans l’idée qu’il ne faut rien dire parce que nous avons comme ambition de « faire bouger les lignes » ou que nous serions une force responsable en capacité à exercer le pouvoir. Nous n’avons pas besoin non plus d’un rassemblement autour d’un « leader naturel » qui confond sa promotion dans les médias avec l’intérêt populaire, ni d’une recomposition autour de la petite gauche qui n’en finira jamais de vomir les communistes.

Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de l’émergence d’une véritable expression révolutionnaire, qui donne des perspectives à notre peuple. Faute de quoi, nous risquons comme en Italie, une très longue traversée du désert.

4

Page 5: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

INTERVENTION DE JEAN JACQUES KARMAN LORS DUCONSEIL NATIONAL DU PCF DU 13 AVRIL 2013, PUBLIE SUR SON BLOG

ICI LES TRAVAILLEURS DE CHEZ PSA LORS DE LA REUNION DE LA DIRECTION

NATIONALE DU PARTI SOCIALISTE LE 13 AVRIL 2013

Nous avons un double problème : notre positionnement face à la politique du Parti Socialiste et celui contre l’extrême droite. En politique, les situations ne se répètent pas, mais des similitudes avec la situation du 6 février 1934 devraient nous faire réfléchir.

EN 1934 malgré un faible Parti Communiste de 30 000 adhérents, le PC trouve la position juste face au gouvernement de gauche plongé dans des scandales financiers et la tentative de coup d’Etat de l’extrême droite (où figure, pour la petite histoire, un certain François Mitterrand). Cette double position juste sera la vraie naissance du Front populaire antifasciste sur des positions de classe. La France sera le seul pays d’Europe où les fascistes n’ont pas vaincu de l’intérieur. En effet, le 6 février, les communistes ont répondu à l’appel de

l’ARAC (organisation dirigée par des communistes) sur les Champs Elysées au cri de : « à bas les voleurs ». Le Parti Communiste signalera deux blessés par balles, parmi ses membres. Le PC contre-manifeste, seul, le neuf février, place de la République, contre le danger fasciste. 9 communistes seront tués. Le 12 février, la CGTU (proche du PC) et la CGT (réformiste) décident d’une journée de grève générale, le Front populaire est en route.

Notre positionnement ambigu sur le PS nous pousse à des erreurs politiques. L’exemple du vote du budget du Conseil général de Seine Saint-Denis est, à ce sujet, très parlant. Les 13 membres du groupe communiste/Front de gauche jugent inacceptable un budget d’austérité qui annonce de nombreuses coupes antisociales et qui affecte, entre autre, une somme de

5

Page 6: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

105 000 euros pour une étude pour la reconversion du site PSA d’Aulnay, alors que les travailleurs sont en grève, depuis 10 semaines, contre la fermeture du site PSA. Notre groupe organise des réunions dans les villes et nous annonçons que nous ne voterons pas ce budget. Le jour du vote, huit camarades annoncent qu’ils voteront contre le budget, mettant ainsi le nouveau Président en minorité. Dans mon intervention, rappelant les raisons de voter contre, je précise bien que, dès le lendemain du vote, on se remet au travail pour un autre budget, comme la loi nous le permet, où le gouvernement aurait remboursé une partie des deux milliards qu’il nous doit. A ce moment, Bartolone lance un appel à l’union

de tous les réformistes et fait incroyable, quatre conseillers généraux communistes, en fonction de la ligne du parti disent-ils, votent en faveur, contredisant ainsi leurs déclarations publiques et permettant au budget d’austérité de passer d’une voix.

Pas d’illusion, le Parti socialiste continuera à suivre la politique d’austérité de l’Union Européenne. Il nous faut construire un rapport de force clair contre la politique du PS, contre la droite et l’extrême droite. Au sujet de la manif du 5 mai, cela me rappelle la période du 6 au 9 février 34. C’est Pierre Laurent, au nom du Parti communiste, qui aurait du lancer l’idée de cette manif. Nous sommes trop à la remorque de Mélenchon et nous le paierons tôt ou tard.

MISE AU POINT DE JEAN JACQUES KARMANSUR LE VOTE SCANDALEUX DU BUDGET

DU CONSEIL GENERAL DE LA SEINE SAINT DENIS

Une incompréhension du journaliste du « Parisien », sur le sens de ma déclaration à la suite du vote du budget 2013 du Conseil général, m’oblige à préciser mes prises de positions.

Depuis 3 ans, la dette de l’Etat envers notre département progresse scandaleu-sement au point de mettre en cause des pans entiers des politiques départementales novatrices, impulsées par les présidents communistes Georges Valbon, Jean-Louis Mons, Robert Clément et Hervé Bramy, au service des habitants de la Seine-Saint-Denis.

Le socialiste Claude Bartolone a, dès son élection, combiné une politique volontaire de marginalisation du PCF en Seine-Saint-Denis, par des accusations sournoises sur le bilan de son prédécesseur communiste et une dénonciation verbale de l’attitude du gouvernement de droite envers la Seine-Saint-Denis. Il a, dans le même temps, soutenu les candidats socialistes se maintenant au deuxième tour des élections contre les candidats communistes, pourtant arrivés en tête. Et en pratique, il a multiplié les coupes antisociales, dans le budget, comme par exemple la suppression de l’aide

au transport pour 53 000 jeunes du département ou encore la suppression de l’ordinateur pour les élèves entrant en 6ème …

Cette année, avec le nouveau président socialiste Stéphane Troussel, et « le changement c’est maintenant », nous nous retrouvons avec de nouvelles coupes antisociales, prenant sur les 3 ans, des proportions très importantes, malgré quelques avancées sur les péréquations, mais rien sur le remboursement de la dette de l’Etat. Pire, cette dette s’est amplifiée de 330 millions d’euros depuis que le Parti socialiste dirige le gouvernement, pour atteindre aujourd’hui presque 2 milliards d’euros.

De plus, les annonces du ministre socialiste Jérôme Cahuzac sur les moins 5 milliards pour 2014, sur les dépenses de l’Etat, puis son estimation, selon laquelle la France doit payer, à l’UE, 9 milliards de sanction et enfin sa déclaration sur les 60 milliards d’économies sur les 5 ans, m’ont convaincu que la Seine-Saint-Denis pouvait être « le grain de sable » qui bloque ce processus, à condition d’un vote contre majoritaire de notre groupe.

6

Page 7: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Une série de réunions du groupe communiste, Front de gauche et de multiples rencontres avec les habitants ont construit notre opposition au budget d’austérité. Jamais un membre du groupe n’a manifesté le désir de voter pour le budget. Tous, le considérant comme un budget d’austérité, balançaient entre l’abstention et le vote contre. Quand le chiffre de 5 votes contre fut atteint, le Parti socialiste fit des déclarations sur de possibles sanctions et représailles si le budget était refusé. A ce moment là, tous les membres du groupe se sont déclarés solidaires, et toujours pas un seul vote pour le budget. Ce n’est que la veille, au soir du 21 mars, après avoir constaté que les votes contre étaient passés de 5 à 7, qu’Hervé Bramy déclara vouloir voter pour, afin que le budget passe, avec l’accord de 2 ou 3 autres membres du groupe.

Lors de la séance, devant ce revirement politique et l’appel de Claude Bartolone à « l’union des réformistes », un nouveau camarade rejoignit le vote contre. Et

j’ai assisté avec tristesse, en direct, à une véritable « destruction politique » de mon camarade secrétaire fédéral du PCF qui contrairement à toutes ses déclarations devant la population, appelant à voter pour le budget d’austérité, au nom « de la lutte contre l’austérité » permettant ainsi au Parti socialiste de faire passer son budget d’austérité et au gouvernement de continuer sa sale besogne contre la population. Mon vote contre est avant tout un vote communiste.

Je poserai une seule question : pourquoi quatre camarades ont émis un vote contraire à toutes les déclarations précédentes, pour anéantir le vote pourtant majoritaire de notre groupe contre le budget de régression ? D’autant plus, qu’en votant pour le budget de soumission au capital, la question des 105 000 euros pour une étude, pour la reconversion du site PSA est passée, alors que les travailleurs sont en grève depuis 9 semaines contre la fermeture du site PSA.

7

Le beau symbole du communisme !!!

Page 8: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

La faucille et le marteauDans son allocution de clôture du 36e Congrès du PCF à Aubervilliers, Pierre Laurent donne son opinion sur l’absence de la faucille et du marteau sur la nouvelle carte du PCF.

Dans le chapitre « Nous voulions un congrès marqué par la novation communiste » il déclare :

« À ce propos, je ne résiste pas au plaisir de dire quelques mots sur ce que certains médias ont présenté comme le scoop du Congrès. Selon eux, l’abandon de la faucille et du marteau aurait tourneboulé les communistes. Je veux leur faire une révélation. À la naissance du PCF en 1920, la faucille et le marteau ne figurent pas à la une de “l’Humanité“. Pas plus d’ailleurs qu’en 1921, 1922, 1923... Il a fallu que Lénine meure pour que la faucille et le marteau s’affichent à la une du journal. C’est vrai aussi de la carte du Parti communiste français. En 1944, sur la carte du Parti des fusillés, pas de

faucille ni de marteau. Mais, par contre, un liseré bleu-blanc-rouge, le symbole de la Résistance. Alors, oui, notre carte a changé. Elle n’a plus les outils, mais elle a deux qualités. Elle est rouge et elle comporte le sigle du Parti de la gauche européenne car nous sommes fiers d’afficher notre ambition d’ouvrir des chemins émancipateurs pour l’Europe. En fait, pour moi, les symboles ne s’effacent pas. Ils s’additionnent pour construire notre histoire. Et le signal d’aujourd’hui, c’est de rallumer les étoiles. Et de regarder vers l’avenir. »

Quelques minutes avant, Jean Jacques Karman avait déclaré à la tribune du congrès, dans son intervention : "Le symbole du communisme que représentent la faucille et le marteau, est historique. Ils symbolisent une démarche, une idée, une organisation. Les retirer d’un congrès, d’une carte, a forcément un contenu politique. Chacun peut avoir son opinion, mais la décision de les retirer ne doit pas revenir à une seule personne, même si c’est le secrétaire national. Ce sont les communistes qui doivent pouvoir trancher cette question, par un vote."

8

Page 9: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

La source du problème la carte 2013 du PCF

9Sur la carte 2012 du PCF figurent la faucille et le marteau. Et, au recto, le dessin du siège du PCF, par l’architecte et camarade de renommée mondiale, Oscar Niemeyer,

où dans l’esquisse, la faucille et le marteau n’étaient pas absents.

La décision de remplacer, sur la carte, le symbole du communisme, la faucille et le marteau, par les étoiles (de l’Union européenne) du symbole de la Gauche européenne, a été prise sans consultation des adhérents. C’est une autre manière de faire disparaître tout doucement le Parti Communiste Français.

Page 10: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

La direction du PCF, comme pour se rattraper, fait remarquer que la faucille et le marteau figurent toujours sur les timbres 2013

« Faux » voir ?

10

Ces 4 timbres annuels sur la carte du PCF sont de couleur différente. Rouge pour 2010, brun pour 2011, sont très lisibles, avec une belle faucille et un marteau. Pour 2012 l’expression est trouble, un rose pâle, mais on distingue quand même la faucille et le marteau.

Pour 2013, une décision opportuniste a été prise : on change le graphisme et est utilisé un jaune très, très pâle sur blanc. A l’œil nu, la faucille et le marteau sont invisibles. Pourquoi une telle décision ?

Cette décision est liée à celle de la carte. En 2014, plus de faucille et de marteau. S’il y a protestation, la très petite faucille et marteau en blanc sur jaune très, très pâle prouveront que la direction du PCF n’a pas fait disparaître le symbole du communisme. Exigeons le maintien de ce symbole.

Pierre Laurent : ce sigle "ne résume pas ce que nous sommes"Pierre Laurent, secrétaire général du PCF, a réagi à ces critiques, sur le plateau

de LCI. "C’est un sigle qui a existé, qui continue d’être utilisé ici et là dans les manifestations. Mais qui ne résume pas ce que nous sommes aujourd’hui. Moi je parle aujourd’hui, de communisme de nouvelle génération."

Page 11: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Les différentes histoiresde la faucille et du marteau

Qu’en est-il de la faucille et du marteau ?André Narritsens

La faucille et le marteau (« les outils du communisme » ainsi qu’aimait à dire Bertolt Brecht) alimentent depuis des années des polémiques. Bien sûr l’extrême droite et la droite rejettent le symbole par simple haine du communisme, la social-démocratie ne dit aujourd’hui pas grand-chose mais s’est, dans le passé, située dans un voisinage idéologique proche de la droite.

Plus curieux (et, sur le fond, plus intéressant) est le débat qui se déroule entre les communistes parce que se joue dans la relation au symbole la relation à leur identité et à leur histoire.

Bien sûr ce genre de débat éprouve des difficultés à se tenir loin des passions. Autour du drapeau rouge et des symboles qui l’accompagnent se sont installées des

identités, des références que l’histoire glorieuse et tragique du « communisme » a travaillées pour le meilleur et pour le pire. On trouve trace de cette ambivalence dans le fait que le Parti communiste, a depuis plusieurs années abandonné l’apposition de la faucille et du marteau sur les matériaux nationaux qu’il édite (mais des supports locaux le conservent) mais l’a gardé comme logo interne (carte du parti et timbres).

Sans doute conviendrait-il d’étudier, en articulation avec la faucille et le marteau (mais aussi l’étoile rouge à cinq branches, symbole d’internationalisme) le drapeau rouge lui-même dont l’histoire a été décortiquée il y a déjà longtemps par Maurice Dommanget [1].

La vieille symbolique des outils

Mais avant d’entrer dans ce que fut le moment même de la création de l’emblème, il convient de prendre en compte le fait que la tradition de la présence d’outils sur bannières, drapeaux et supports divers était très ancienne. La représentation d’objets de travail (pioches, truelles, compas, niveaux, fils à plomb…) sur des affiches, dessins, gravures, bannières… est observable notamment durant et après la Révolution française. La franc-maçonnerie a joué un grand rôle dans cette prolifération.

La faucille et le marteau figurent, à cette époque, assez souvent parmi les outils mobilisés mais sont rarement associés.

Quelques affiches d’avant 1914 présentent parfois un homme brandissant masse ou marteau mais la femme, dès lors qu’on la figure, brandit plus simplement une bannière ou une branche.

Dans les représentations qui sont alors faites du travail et de son monde, faucille et faux cohabitent souvent et se trouvent posées sur le sol, aux pieds des sujets mis en scène.

11

Page 12: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

En tout état de cause, le marteau (ou la masse) caractérisent l’homme, l’ouvrier fort et vigoureux. L’outil est assimilé au travail industriel (ou artisanal), mais représente plus généralement le monde du travail industriel, la classe ouvrière.

Quant à la faucille c’est non seulement un symbole du travail agricole, l’outil de la femme à la campagne, mais c’est aussi la femme, ainsi que le suggère, disent certains, sa forme arrondie. Une affiche réalisée pour le 1er mai 1920 en Russie conforte cette interprétation. On y voit s’avançant vers l’avenir, côte à côte, un ouvrier portant une lourde masse, un paysan

pourvu d’une faux et une paysanne une faucille à la main.

Le monument du pavillon soviétique à l’Exposition universelle de Paris en 1937 conforte aussi cette représentation. La sculpture, monumentale, représente un ouvrier et une kolkhozienne tendant vers le ciel, entrecroisés, le premier un marteau, la seconde une faucille. La révolution soviétique s’incarne dans la réconciliation du travail industriel et du travail agricole sur fond de paix, comme elle unit étroitement l’homme et la femme dans un destin historique.

Un symbole fils de la Révolution d’Octobre

Ceci dit, la faucille et le marteau sont incontestablement un héritage de la Révolution d’Octobre. Quelle en est la genèse ?

C’est au cours de l’année 1918 que le Conseil des commissaires du peuple se préoccupe de faire établir un emblème pour le sceau du gouvernement et du pays afin de mettre un terme au désordre qui jusqu’alors s’était incarné dans des représentations spontanées [2].

Le conseil des commissaires du peuple en discute à partir du 20 avril à partir d’un projet confié au peintre Alexandre Léo qui, dans une première mouture, avait

proposé une faucille, un marteau et un glaive entrecroisés devant un bouclier d’acier, le tout entouré d’une couronne d’épis. Au cours des débats, Lénine se prononce pour la suppression du glaive qui contredit l’essence pacifique même de l’Etat nouveau.

En juillet 1918, le Conseil des commissaires du peuple choisit comme armoiries du régime la faucille et le marteau sur fond de soleil levant..

La faucille et le marteau sont conservés dans les armes de la République socialiste fédérative soviétique de Russie constituée en juillet 1918, puis dans celles de l’URSS en 1922.

L’appropriation française de la symbolique soviétique

En France, la reprise de la symbolique soviétique est rapide. Le terreau culturel français en matière de symboles se révèle, en effet, ainsi qu’on l’a vu, propice. En 1921, les timbres de cotisation du jeune Parti communiste portent en emblème la République rouge, mais dès 1922 la faucille et le marteau font leur apparition. A partir du 4 octobre 1924, L’Humanité, organe du Parti, installe un emblème, très proche alors de celui de la RSFSR, à la droite du titre. Après

quelques jours d’hésitation on lui trouve une place définitive entre le L et le H (24 octobre 1924), puis derrière le M (16 mars 1926). En même temps on le simplifie, on l’épure, pour finalement ne mettre en valeur que les deux instruments de travail.

À la fin des années 1970, la faucille et le marteau prennent place sous le titre du journal avant de disparaître du titre, en même temps que le lien avec le Parti communiste français en 1999.

Symboliser la perspective communiste

12

Page 13: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Parti populaire, ouvrier et paysan [3], le parti communiste a d’évidence trouvé dans la faucille et le marteau un emblème en correspondance avec son identité et son histoire alors qu’il était originairement porteur de contenus plus riches et variés.

D’aucuns posent la question de savoir si ce symbole peut aujourd’hui correctement représenter ce qu’est devenu la PCF et, plus généralement, la cause qu’il incarne dans une société profondément transformée.

On peut disserter à l’infini sur ces aspects mais je crois nécessaire de dire que l’imagerie symbolique n’a pas une fonction de représentation directe. Ainsi la République s’est identifiée à une femme (Marianne) alors que le droit de vote n’a été reconnu aux femmes qu’après la Seconde Guerre mondiale et que, jusqu’à aujourd’hui, aucune femme n’a accédé à la fonction de Président de la République.

Ceci dit, il n’en demeure pas moins qu’un emblème a une certaine importance dans la mesure où sa perception consciente ou inconsciente doit aider les individus à se mobiliser en faveur de la réalité qu’il évoque.

Cette question fait-elle problème après l’échec de l’expérience soviétique et après qu’ont été révélés les crimes commis au nom du « communisme » ?

On peut, de ce point de vue, céder à la pression des lectures aujourd’hui dominantes de l’histoire ou bien considérer que le symbole, bien naturalisé en France par l’action du Parti qui en est porteur, dispose d’une signification indépendante.

Demeure, en objection au symbole, l’argument selon lequel faucille et marteau privilégient le travail manuel alors que le travail intellectuel a acquis une place de plus en plus grande dans tous les secteurs de l’activité économique. On peut certes débattre à ce propos et, pourquoi pas, réfléchir à un renouvèlement symbolique. En tout cas il me semble que si un débat s’ouvrait à propos d’un nouvel emblème du parti, il devrait s’établir à partir des significations primitives et émancipatrices de la faucille et du marteau. C’est-à-dire la recherche de la paix humaine, l’union dans l’égalité de la femme et de l’homme, la coopération des différentes formes du travail pour une société meilleure… bref : le communisme.

mercredi 25 février 2009 Notes[1] Histoire du drapeau rouge, rééditée en 2006 aux éditions Le mot et le reste.[2] Ainsi l’Armée rouge le 29 juin 1918 avait adopté comme emblème l’étoile à cinq branches comportant en son centre une charrue et un marteau de couleur jaune.[3] L’Internationale ne dit-elle pas : « Ouvriers, paysans, nous sommes le grand parti des travailleurs… »

Le PCF abandonne la faucille et le marteauLe point de vue de Guy Konopnicki, un ex-communiste, aujourd’hui journaliste à « Marianne ».

Mardi 12 Février 2013

La statue géante de l’ouvrier croisant son marteau avec la faucille de la kolkhozienne est depuis longtemps une curiosité pour touristes nostalgiques venus contempler à Moscou cette œuvre conçue en 1937 pour le pavillon de l’URSS à l’exposition universelle de Paris.

L’emblème du communisme marque l’entrée d’un parc où les pavillons des anciennes républiques soviétiques n’en finissent plus de se dégrader. Le Parti communiste français abandonne à son tour la faucille et le marteau, qui ne figurent plus sur la carte du parti, millésime 2013.

13

Page 14: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Il y avait eu une première éclipse, sur la carte 1945, quand les communistes participaient à un gouvernement d’union nationale, présidé par le général De Gaulle.

De retour de Moscou, Maurice Thorez avait rétabli tout ce qui constituait l’identité communiste : les portraits de Lénine et Staline, les dogmes inaltérables du marxisme-léninisme, la fidélité à la patrie des prolétaires et, bien sûr, la faucille et le marteau.

L’histoire devait obliger le PCF à jeter un à un ses oripeaux. Il lui fallut quelques années pour décrocher les portraits de « l’homme que nous aimons le plus », le grand Staline, guide génial du prolétariat et des peuples de l’URSS.

Beaucoup plus tard, ce fut le tour de l’Union Soviétique, qui cessa d’être une référence officielle au moment de sa disparition. Il restait donc cet emblème désuet, la faucille et le marteau. On l’avait retiré du logo de L’Humanité, il n’ornait plus systématiquement les tribunes des réunions.

Oscar Niemeyer s’en était bien inspiré, mais de loin, pour dessiner le siège du comité central, Place du Colonel Fabien.

Ensuite, le terme « comité central » a lui-même été abandonné, en raison de sa connotation soviétique. Il avait été emprunté par Lénine à la Commune de Paris. Presque toute la panoplie du communisme venait de

France : le drapeau rouge et l’Internationale, écrite par le poète communard Eugène Pottier sur la musique de la Marseillaise, avant de trouver se propre mélodie, composée à Lyre ouvrière de Lille par Pierre Degeyter.

Il n’y avait guère que la faucille et le marteau pour appartenir en propre à la Révolution russe. Cette association d’outils exprimait le mensonge fondateur du communisme : l’alliance historique des ouvriers et des paysans. Lénine avait en fait formulé cette alliance pour fabriquer une majorité au congrès des Soviets de Russie et donner une légitimité au pouvoir issu de la prise du Palais d’Hiver.

Matérialisée par le décret du gouvernement bolchevik remettant la terre aux paysans, l’alliance symbolisée par la faucille croisant le marteau ne devait pas résister à la collectivisation forcée. De la déportation des koulaks aux famines provoquées en Ukraine, dans le Caucase et sur la Volga, la classe paysanne fut proprement exterminée par Staline.

Le régime conserva pourtant son symbole, la faucille, au centre de son écusson, entre deux gerbes d’une plante qui ne poussait plus beaucoup, le blé. Jamais système idéologique n’avait autant parlé de moissons. Les religions du Livre s’en tenaient à l’élevage, aux bergers et aux brebis. Le communisme était céréalier, annonçant toujours des moissons miraculeuses. Elles s’avérèrent si minces que

14

La faucille et le marteau vus et dessinés par Oscar Niemeyer devant le siège du PCF

Page 15: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

les peuples d’URSS et d’Europe de l’Est finirent par arracher toutes les plaques arborant la faucille et le marteau.

Le PCF ne pouvait alors imiter leur geste, c’était une question de décence. Il fallait un peu de temps. Le voici donc déposant les armes. La faucille disparaît avec le marteau, comme un vestige oublié, un meuble inutile que l’on avait gardé en

souvenir. De l’identité du communisme français, il ne restera plus rien, sauf, peut-être, Pif le Chien. Il est déjà maltraité, chaque jour, dans L’Humanité, par le dessinateur chargé de maintenir en survie le canidé imaginé par Arnal.

Pourtant, s’il faut sauver quelque chose de l’héritage du PCF, c’est incontestablement Pif le Chien !

La véritable histoire de la faucille et du marteauRaymond Huard

Le texte ci-dessus reproduit à l’identique l’article paru initialement dans l’hebdomadaire du PCF : « Révolution » n° 727 du 3 février 1994 –pages 26 et 27.

Que la faucille et le marteau soient un héritage de la Révolution russe, rien n'est plus évident. C'est pendant l'hiver de 1918 que le Conseil des commissaires du peuple se préoccupa de faire établir un emblème pour le sceau du gouvernement et le pays alors que diverses représentations spontanées avaient déjà vu le jour. La tâche fut confiée à un artiste, Alexandre Léo. Celui-ci élabora un premier projet représentant une faucille, un marteau, un glaive entrecroisé devant un bouclier d'acier, le tout entouré d'une couronne d'épis. Le Conseil des commissaires du peuple en discuta à partir du 20 avril. Lénine se prononça pour la suppression du glaive : qu'avait à faire celui-ci sur le sceau d'un état qui se voulait pacifique ? (1) Restèrent donc la faucille et le marteau qui furent d'ailleurs reprises en mai et juin 1918 dans bien d'autres projets (2). Retenons déjà la signification pacifiste de ce choix. La faucille et le marteau furent conservés dans les armes de la RFSFR prévues par la première constitution de celle-ci en juillet 1918, puis dans les armes de l'URSS en 1922.

Dès 1918-19 d'ailleurs, en Russie, la faucille et le marteau, emblèmes très vite populaires, se croisent ou voisinent, comme ce fut le cas pour les emblèmes républicains à l'époque de la Révolution française, sur toutes sortes d'objets, plats, médailles, timbres (3) etc., tandis que des artistes les

reprennent dans leurs compositions, comme le peintre Jean Pougny, qui né en Finlande, travaillait alors en Russie.

Que représentent dans l'imaginaire alors le marteau et la faucille ? Le marteau, c'est le travail industriel assurément, mais c'est aussi l'ouvrier, plus généralement l'homme caractérisé par sa vigueur corporelle, car ce marteau peut être aussi une « masse », lourde à porter. Outil polyvalent utilisé dans de très nombreux métiers et même dans les travaux domestiques - qui n'a pas aujourd'hui un marteau chez soi ?, il apparaît assez bien adapté à la représentation du travail industriel ou artisanal, surtout si l'on tient compte du fait que les représentations symboliques des réalités matérielles sont souvent marquées par un certain archaïsme.

15

Page 16: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Quant à la faucille, c'est loin d'être seulement un symbole du travail agricole. Bien que le mot faucille en russe (« serp ») soit masculin, la faucille c'est l'outil de la femme à la campagne alors que les hommes utilisent plutôt la faux. La faucille, c'est donc aussi la femme, ce que suggèrent peut-être implicitement ses formes arrondies. Une affiche du 1er Mai 1920 en Russie illustre cette interprétation.

On y voit, s'avançant fièrement vers l'avenir, côte à côte, un ouvrier portant une lourde masse, un paysan pourvu d'une faux, une paysanne portant une faucille. La meilleure illustration de cette dualité faucille - marteau se trouve dans le monument du pavillon soviétique à l'Exposition universelle de Paris en 1937, qui fut justement célèbre : un ouvrier et une kolkhozienne tendent vers le ciel, entrecroisés, le premier un marteau, la seconde une faucille. La signification apparaît claire : la société soviétique réconcilie le travail agricole et le travail industriel sur fond de paix comme elle unit plus étroitement l'homme et la femme.

Il était normal qu'en France, où la pratique des symboles politiques était familière (avec le bonnet phrygien, par exemple), l'attirance pour le symbole nouveau fut vive. Dans la tradition républicaine et socialiste française, bien des

éléments préparaient son adoption. La franc-maçonnerie avait déjà popularisé la représentation emblématique des outils du travail (le niveau, le fil à plomb). Le marteau était, à travers le personnage du « forgeron », familier aux écoliers français qui avaient appris à l'école L'Outil de Clovis Hugues : « Le père; un forgeron musclé comme un athlète/a deux outils de fer l'enclume et le marteau » ; ou mieux encore : la Légende du forgeron de Jean Aicard : « Un forgeron forgeait une poutre de fer (...) Il chantait le travail qui rend dure la main / Mais qui donne un seul cœur à tout le genre humain ».

Que de fois l'image de la « forge » avait été utilisée pour illustrer l'avenir en préparation, le rougeoiement du foyer s'identifiant au soleil levant ! Quant à la faucille, bien que cet outil ait été présenté, et parfois en plusieurs exemplaires, dans toutes les exploitations paysannes et même bien au-delà, qu'il ait été largement utilisé par les femmes dans une France encore majoritairement rurale, c'est peut-être un symbole usité, sans doute parce qu'en terme de représentation féminine, l'image de Marianne avait ici occupé le terrain. Un dessin de Steinlen, Souvenir de la Commune de Paris, met au premier plan, dans une foule ouvrière symbole du peuple, un ouvrier muni d'une masse, un paysan avec une faux, mais la femme du peuple qui conduit le cortège est ici - nous dirons : naturellement — une Marianne à bonnet phrygien (4). Rien ne s'opposait en tout cas, dans le domaine des représentations symboliques, à l'adoption en France de la faucille et du marteau.

Le prestige de la révolution d'Octobre aidant, la symbolique empruntée à la révolution soviétique s'acclimate sans peine dans le terreau culturel français. Il n'est donc pas étonnant que les timbres du nouveau Parti communiste fassent place en France dès 1922 à la faucille et au marteau (remplaçant la République rouge encore présente en 1921). Ce n'est qu'un peu plus tard avec la bolchévisation que le symbole est associé en 1924 au titre de L'Humanité, comme c'est

16

Page 17: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

encore le cas de nos jours. Sans doute, avant cette date, la faucille et le marteau trouvent occasionnellement leur place dans le journal : le 11 octobre 1923, par exemple, un dessin de Grandjouan montre une Marianne assise et pensive à côté d'un porte - feuille d'actions, d'un sabre, d'une faucille et d'un marteau, avec cette légende : « La révolution ou la guerre, la faucille et le marteau du travail ou le sabre, il faut choisir ma petite ! » Le 4 octobre 1924, le pas décisif est accompli. L'emblème- très proche alors que celui de la RSFSR prend place à la droite du titre de L'Humanité. On tâtonne ensuite pour lui trouver une place définitive d'abord entre le L et le H (24 octobre 1924), puis derrière le M (16 mars 1926), et en même temps on le simplifie et on l'épure pour ne mettre en valeur finalement que les deux instruments de travail. Beaucoup plus récemment enfin, c'est sous le titre du journal qu'ont pris place ceux-ci.

Parti populaire, ouvrier et paysan, le PCF a trouvé dans la faucille et le marteau un emblème dont la signification la plus évidente (l'union des travailleurs industriels et agricoles) semblait bien correspondre à son identité réelle, alors que cet emblème était porteur au départ comme on a tenté de le montrer plus haut -, de contenus plus riches et plus variés qui n'ont peut-être pas été pleinement assimilés.

Ce symbole représente-t-il correctement ce qu'est devenu le Parti communiste et plus généralement la cause qu'il incarne dans une société profondément transformée ? (5) L'imagerie symbolique, il faut le rappeler, n'a pas une fonction de représentation directe. La meilleure preuve n'en est-elle pas que la République s'identifie en France à une femme alors que les femmes ont eu le droit de vote très tard et que jamais une femme n'a accédé à la fonction suprême de l'Etat ? Mais il n'est pas moins vrai qu'un

emblème a une certaine importance, puisque tant à travers sa perception consciente que par ce qu'il évoque dans l'inconscient, celui-ci doit aider à mobiliser les individus en faveur de la réalité qu'il évoque.

La question de l'origine du symbole fait-elle problème après l'échec de l'expérience soviétique ? La disparition de l'URSS, la tendance, en Russie, à revenir aux emblèmes de l'Ancien Régime (aigles et autres prédateurs, tout à l'opposé de nos modestes instruments) restitue semble-t-il - au symbole du PCF, bien naturalisé en France grâce à l'action du parti qui en est le porteur, une signification indépendante.

Reste enfin l'argument plus fort, selon lequel l'emblème actuel, en privilégiant le travail manuel, en ignorant le travail intellectuel qui a pris une place de plus en plus grande dans tous les secteurs de l'activité économique, donnerait une image trop archaïque d'un parti qui se veut moderne.

Peut-on trouver mieux ? D'autres s'y sont essayé : l'ex-RDA, par exemple, avait repris, parmi ses symboles, le marteau, mais lui avait associé le compas. La diversité des formes du travail aujourd'hui fait qu'il est difficile sans doute de les résumer dans des outils quels qu'ils soient, surtout si l'on pense que ces outils doivent en outre se prêter à une représentation qui parle à la raison comme au cœur.

Ne fermons pas en tout cas la porte à l'imagination, aux efforts de renouvellement créateur. Mais ce que l'on peut espérer en revanche, c'est que, si un nouvel emblème était souhaité par les adhérents du parti, les significations primitives et émancipatrices de la faucille et du marteau soient conservées et mises en lumière, c'est-à-dire le pacifisme, l'union dans l'égalité, de la femme et de l'homme, la coopération des différentes formes du travail pour une société meilleure.

(1) Voir l’Union soviétique n°9 (270), 1972, p.8(2) Voir sur ce point l’ouvrage de W.Bereliwitch et L.Gervereau, Russie-URSS 1914,1991, changements de regards, BDIC, 1991, notamment p.12-13 qui donne une histoire beaucoup plus détaillée des emblèmes soviétiques.(3) Voir à ce sujet les documents rassemblés dans l’ouvrage En écoutant le cœur de la révolution (en russe) éd.Aurore Léningrad, 1977 (plusieurs rééditions)(4) Le Congrès de Tours, Ed.sociales, 1980, p.8

17

Page 18: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

(5) La question a été posée dans une lettre à l’Humanité Dimanche par Claude Boudret de Robion Vaucluse), lettre publiée dans le numéro 197, 23 au 29 déc.1993.

Les communistes grecs sur l’abandon de la faucille et du marteau

« La fin de la faucille et du marteau dans le PCF : une conséquence inéluctable de la mutation du parti »

Une conséquence inéluctable... Le PCF lors de son 36ème congrès, qui s'est achevé ce dimanche à St-Denis, a renoncé à la faucille et au marteau.

L'abandon de la faucille et du marteau par le PCF n'arrive pas par hasard, au moment même où les autorités de plusieurs pays européens interdisent les symboles communistes, où l'UE tente de façon anti-historique de mettre sur un même plan communisme et fascisme. C'est le moment que choisit le président du Parti de la gauche européenne (PGE) pour renoncer de son propre gré au marteau et à la faucille. Le 12 février, le journal « Rizospastis », organe du comité central du KKE, a publié le commentaire suivant :

Le PCF a abandonné depuis longtemps le marxisme-léninisme et les principes révolutionnaires des partis communistes, tandis qu'il a utilisé sa position à la tête du PGE pour jouer un rôle de premier ordre dans la diffusion de l'opportunisme, pour achever la mutation des partis communistes en Europe.

Le secrétaire-général du PCF et président du PGE, Pierre Laurent, a personnellement veillé

à ce que le but du congrès soit atteint, comme le confirment ses déclarations sur la chaîne de télévision LCI, lorsqu'on lui a posé la question des nouvelles cartes d'adhérent du parti, où la faucille et le marteau était remplacés par l' « étoile » du PGE : « C’est un sigle qui a existé et qui continue d’ailleurs à être utilisé ici ou là dans les manifestations, mais ce sigle ne résume pas ce que l'on est aujourd'hui. Il ne parle plus vraiment à une nouvelle génération de communistes ».

Après qu'une partie des délégués ont protesté contre ces déclarations, ainsi que contre l'abandon de la faucille et du marteau, Pierre Laurent a présenté une carte du parti de 1944 lorsque le PCF était illégal, affirmant ironiquement que celle-là non plus n'avait pas la faucille et le marteau !

Au-delà de la vulgarité et de la dégénérescence de direction opportuniste du PCF, une provocation pour les communistes révolutionnaires du monde entier, le fond de l'histoire est que l'abandon de la part du Parti français du symbole historique des partis communistes n'est que la conséquence ultime d'une voie suivie depuis plusieurs décennies. De façon méthodique et cohérente, il s'est éloigné de

18

Page 19: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

la théorie marxiste-léniniste, des principes de constitution et de fonctionnement d'un parti révolutionnaire et, ce qui est le plus fondamental, il a fait de la gestion du capitalisme, d'une politique d'alliances inconditionnelle, de la participation aux gouvernements bourgeois sa stratégie, trahissant l'objectif de renversement de la barbarie capitaliste et dénigrant la lutte pour le socialisme. Il convient de noter que depuis des nombreuses années des tendances et des plateformes ont opéré au sein du PCF au nom du pluralisme et de la démocratie... en fait cela n'a rien à voir avec un parti communiste mais cela rentre bien dans la tradition de l'eurocommunisme.

Le PCF a irrémédiablement trahi la classe ouvrière et les couches populaires en France. Il a gouverné avec les sociaux-démocrates à deux reprises, contribuant aux attaques visant le peuple de France, tandis qu'il a systématiquement, depuis, apporté son soutien à la social-démocratie, appelant les travailleurs à soutenir ces forces qui creusent la tombe des travailleurs. Face à la crise, le PCF cherche une issue dans le « développement », occultant le fait qu'il se produira dans des conditions où les droits

des travailleurs seront littéralement détruits et où la vie sera un véritable enfer pour la classe ouvrière.

Mais la classe ouvrière dans chaque pays peut décider de son avenir, profiter de la richesse qu'elle produit et refuser de vivre dans des conditions de temps révolus. Mais le Parti communiste doit, en tant qu'avant-garde de la classe ouvrière, avoir une stratégie pour le renversement du capitalisme, pour le socialisme. Il doit avoir un plan pour rassembler et préparer les forces, même aujourd'hui, vers ce but. En dernière analyse, il doit préparer la classe ouvrière et ses alliés à réaliser cet objectif. Cela n'a rien à voir avec ce que le PCF opportuniste dit sur le « communisme de nouvelle génération », la « démocratie », le « socialisme » qui nie les lois scientifiques de la construction socialiste, et la perspective impossible d'humanisation du capitalisme qu'elle diffuse.

Les communistes de toute l'Europe doivent tirer les conclusions de cette évolution du PCF, le parti qui est à la tête de l'opportunisme européen, et lutter pour écraser l'opportunisme politiquement, idéologiquement et organisationnellement dans leurs pays.

V’là que les cocos abandonnent le beau symbole de la faucille et du marteau, super logo symbolisant à merveille le camp des exploités, ouvriers et paysans.

Ils avaient déjà abandonné scandaleusement la lutte des classes et remplacé la magnifique Internationale par l’infecte Marseillaise.

Jusqu’où vont-ils aller dans le reniement ? Changer le rouge par un bleu layette ? Substituer une main molle de folle tordue au poing levé vengeur ?

Toutes ces capitulations me font presque regretter le bon temps des staliniens et les ukases de Georges Marchais !

Je préférais de beaucoup les vieux militants bien bornés, avec leurs œillères inamovibles, que leurs descendants ouverts et libéraux utilisant, à un poil de cul près, la même rhétorique que les social-traîtres !

19

Page 20: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

La gauche est exsangue et en pleine anémie. Elle a un urgent besoin de transfusion de sang ! Pourquoi ne pas prendre, de gré ou de force, celui des bourges replets, super bien nourris ?

Voilà une idée qu’elle est bonne !... Siné Le 13 février 2013

"Morceau d'histoire superposée"Bruno Drweski

Nous pensions jusqu'à récemment que la faucille et le marteau comme emblème avait été inventé par les bolcheviks pour symboliser l'alliance des ouvriers et des paysans. C'est vrai, incontestablement, ...mais pas seulement :

En fait, il s'avère, à la lecture des sources historiques russes, que le dessinateur bolchevik de ce dessin a repris cet emblème de l'histoire antique. C'était le symbole des insurgés juifs dirigés par Juda Maccabhée en lutte contre la domination des Séléucides en Palestine et qui se sont révoltés lorsque le roi grec a voulu mettre la statue de Zeus dans le temple de Jérusalem. Cela se passait en

161 avant JC. Ils prirent la faucille et le marteau comme symbole de leur lutte, celle du peuple et de ses "premières armes". Il semblerait que le choix de la faucille et du marteau ait aussi plu pour des raisons graphiques "modernistes" aux dirigeants bolcheviks, et à Lénine en particulier, mais aussi parce que, de l'avis du dirigeant musulman tatar bolchevik, Sultan Galiev, la faucille comportait "implicitement" aussi le croissant, et, qu'en y rajoutant l'étoile (rouge), ce qui fut fait, cela donnait le croissant et l'étoile ...de l'islam, ...ce qui a permis à Zinoviev au congrès des peuples d'Orient à Bakou en 1921, de proclamer que la lutte contre l'impérialisme occidental était une "djihad". Et ce qui explique aussi que Lénine ait imposé, contre les colons russes d'Asie centrale qui avaient pris partie pour les bolcheviks, le droit pour les musulmans d'URSS de choisir lors des procès soit les tribunaux soviétiques, soit les tribunaux de la charia, et que Lénine a réimposé "en parallèle", au nom de la lutte contre

l'oppression coloniale ...en même temps que le droit de porter le foulard dit islamique. Au même moment, il justifiait la répression contre l'Eglise orthodoxe au nom de l'alliance historique incestueuse de cette dernière avec le tsarisme. Et essayait de négocier en secret avec le Vatican un compromis pour la légalisation du culte catholique en Russie, perçu par Lénine aussi comme un culte opprimé sous les tsars. Il était en particulier intéressé par le fonctionnement des Jésuites. Cela ne se fit pas, parce que Rome envisageait tout simplement de prendre avecl'appui des bolcheviks la place vacante de l'orthodoxie. Les bolcheviks, en bons fils des Lumières, ne pouvaient imaginer aller aussi loin que le désirait le Vatican ! Qui, de son côté, pensait dans sa subjectivité d'un autre âge que le catholicisme, vu sa "solidité légendaire", pouvait garantir aux bolcheviks la pérennité de leur pouvoir mieux que l'athéisme marxiste.

Mais rappelons-nous que Soljenitsyne, tout à fait sérieusement, avait proposé dans une lettre au Comité central dans les années 1970 que celui-ci se réunisse pour prononcer la renonciation au marxisme-léninisme et le passage au christianisme orthodoxe, comme fondement légitimateur du parti unique. Ce n'était pas sérieux en 1970, cela le devint au cours de la perestroïka avec, d'abord en version "soft", les "valeurs universelles" de Gorbie, puis en version "claire", en 1993 dans la nouvelle constitution russe où figurent comme "religions nationales" l'orthodoxie, l'islam, le judaïsme et le bouddhisme (mais pas le catholicisme, car "occidental").

Staline, dix ans après Lénine, avait de son côté "simplifié" l'histoire, "rajeuni" la

20

Page 21: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

faucille et le marteau, lui enlevant ses origines juives (et musulmanes), il fit fusiller Sultan Galiev, interdire les tribunaux de la

charia et organisa à Tachkent une manifestation où les femmes brûlèrent leurs foulards.

Une histoire qui nous a échappé...

La faucille et le marteau et le PCF ?

La vraie question est celle du marxisme !Jean Jacques Karman

Il n’est pas juste de réduire le contenu du 36ème congrès du PCF à la non présence sur la nouvelle carte d’adhérent du symbole communiste de la faucille et du marteau, même si cette décision n’est pas neutre et dénote une certaine orientation politique de la direction du PCF.

Pour preuve, Pierre Laurent, dans son discours de clôture du 36ème congrès, est revenu longuement sur cette question pour répondre à la presse en général, mais aussi pour avancer une explication interne très discutable et sur certains points erronée.

Le symbole de la faucille et du marteau fut créé par le Parti Bolchevick en 1917. A l’origine, il cohabitait même avec d’autres symboles, comme par exemple, un marteau croisant une charrue, pour symboliser l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie dans la révolution russe et dans la guerre civile. L’Internationale Communiste nouvellement créée utilise ce symbole dès 1919, et il devient ainsi celui des communistes et du communisme. Toutes les sections nationales de l’Internationale communiste l’adoptent immédiatement après leur adhésion. En France, la faucille et le marteau ne sont pas présents au congrès de Tours, car l’adhésion à l’internationale communiste ne se fera qu’à la fin du congrès. Le nouveau Parti Communiste SFIC les prend comme « emblème » dès son premier congrès en 1921, au congrès de Marseille (voir photo).

Il deviendra le symbole officiel de l’URSS en 1922 ; puis la charrue et le marteau furent utilisés par l'Armée rouge.

La faucille et le marteau étaient l'un des symboles de la RSFS de Russie depuis 1917. Il fut adopté sur le drapeau de l'Union soviétique en

1923, institué dans la constitution en 1923 et placé sur les drapeaux des Républiques de l'Union soviétique après cette date.

La faucille et le marteau furent de toutes les luttes, de 1936 en France, à la guerre d’Espagne, de la Résistance en France (L’Humanité clandestine), à la prise de Berlin par l’Armée Rouge, de Mai 68 en France, à la lutte du peuple chilien.

Alors, quand mon camarade Pierre Laurent laisse entendre que la faucille et le marteau datent qu’après la mort de Lénine (en janvier 1924), il dit même 1925, il ne dit pas la vérité historique. Pour être juste, la faucille et le marteau sont encore sur le timbre de la carte pour

21

Le 1er congrès du parti communiste (SFIC) à Marseille en décembre 1921.

Page 22: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

le prélèvement automatique, en très petit, en blanc sur fond jaune pâle (il faut de bons yeux ! ). Il faut savoir qu’aujourd’hui, une personne qui est trouvée en possession de ce symbole

communiste en Pologne peut-être condamnée à une peine de deux ans de prison.

Mais pourquoi la direction du PCF recule-t-elle devant ce symbole, le symbole du communisme ?

Le premier abandon de la faucille et du marteau imposé par la direction du PCF date de décembre 1996, sans aucune consultation des adhérents ou des organismes de direction du PCF. En effet, pour la première fois dans l’histoire du PCF, aucune faucille et marteau dans la salle du congrès au 29ème congrès à la « Défense » près de Paris.

C’était le congrès de « La Mutation » de Robert Hue, le congrès du renoncement de la voie communiste (classe ouvrière, révolution marxiste et socialisme) choisie lors du congrès de Tours en 1920. Le PCF était lui-même en question. La faucille et le marteau étaient restés, pour le moment, sur les cartes d’adhérents. Maintenant ils ne resteront (à la loupe) que sur un timbre blanc et jaune, jusqu’à la prochaine décision d’un dirigeant, toujours sans consultation des communistes. Non, ne tournons pas autour du pôt, la vraie question, c’est celle du au marxisme !

22

18ème congrès du Parti socialiste SFIO. Tours 1920

1985, 25ème congrès du PCF

1er congrès du Parti communiste SFIC Marseille 1921

1924 3ème congrès du PCF à Lyon 1937 9ème congrès du PCF Arles

Page 23: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

23

1970, 19ème congrès du PCF, Nanterre 1967, 18ème congrès du PCF à Levallois-Perret

1956, 14ème congrès du PCF. Le Havre 1964, 17ème congrès du PCF à Paris

1985, 25ème congrès du PCF à Saint-Ouen1972 20ème congrès à Saint-Ouen

1947 11ème congrès du PCF à Strasbourg 1950 12ème du PCF congrès Gennevilliers

Page 24: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Les congrès et directions du PCF

Les congrès communistes de 1920 à 2013 Congrès de Tours décembre 1920 (18ème congrès national du Parti socialiste SFIO) ·

Ier congrès du Parti communiste SFIC (Marseille 1921, 1er fois pour la faucille et la marteau) · IIe congrès du Parti communiste SFIC (Paris 1922 victoire de la gauche et départ de Frossard). IIIe congrès du Parti communiste SFIC (Lyon 1924 Réorganisation du Parti en cellules ) · IVe congrès du Parti communiste SFIC (Clichy 1925 le vrai congrès de la bolchévisation) · Ve congrès du Parti communiste SFIC (Lille 1926 la fin de l’expression des tendances) · VIe congrès du Parti communiste SFIC (Saint-Denis 1929, pendant une semaine dans la mairie) · VIIe congrès du Parti communiste SFIC (Paris1932 le congrès « classe contre classe) ·

VIIIe congrès du Parti communiste français SFIC (Villeurbanne 1936 le congrès Front populaire) · IXe congrès du Parti communiste français SFIC (Arles 1937 début du culte Thorez) ·

Xe congrès du Parti communiste français (Paris 1945 la SFIC a été dissoute en 1943 par Staline) · XIe congrès du Parti communiste français (Strasbourg 1947 sortie du gouvernement) · XIIe congrès du Parti communiste français (Gennevilliers 1950 l’appel de Stockolm) · XIIIe congrès du Parti communiste français (Ivry-sur-Seine 1954 Thorez de nouveau le « chef ») · XIVe congrès du Parti communiste français (Le Havre 1956 pour un nouveau Front populairre) · XVe congrès du Parti communiste français (Ivry-sur-Seine 1959 recul à 10 députés PCF) · XVIe congrès du Parti communiste français (Saint-Denis 1961 l’affaire Servin-Casanova) · XVIIe congrès du Parti communiste français (Paris 1964 Début d'aggiornamento) · XVIIIe congrès du Parti communiste français (Levallois-Perret 1967 W. Rochet nouveau chef) · XIXe congrès du Parti communiste français (Nanterre 1970 départ de Garaudy) · XXe congrès du Parti communiste français (Saint-Ouen 1972 Programme commun) · XXIe congrès du Parti communiste français (Vitry-sur-Seine 1974 ajustement Marchais/Leroy) · XXIIe congrès du Parti communiste français (L'Île-Saint-Denis 1976 Dictature du prolétariat ?) · XXIIIe congrès du Parti communiste français (Saint-Ouen 1979 la rupture) · XXIVe congrès du Parti communiste français (Saint-Ouen 1982 le PCF au gouvernement) · XXVe congrès du Parti communiste français (Saint-Ouen 1985 purge au Comité central) · XXVIe congrès du Parti communiste français (Saint-Ouen 1987 pour Lajoinie contre Juquin) · XXVIIe congrès du Parti communiste français (Saint-Ouen 1990 oui à la ligne Gorbi) · XXVIIIe congrès du Parti communiste français (Saint-Ouen 1994 le CC devient C National) · XXIXe congrès du Parti communiste français (La Défense 1996 le congrès de la mutation) · XXXe congrès du Parti communiste français (Martigues 2000 l’abandon du marxisme) · XXXIe congrès du Parti communiste français (La Défense 2001 mutation anticommuniste) · XXXIIe congrès du Parti communiste français (Saint-Denis 2003 Hue à 3,37 % présidentielles) · XXXIIIe congrès du Parti communiste français (Le Bourget 2006 1ère liste dissidente au CN élue) ·

24

32ème congrès du PCF, Saint-Denis 2003 36ème congrès du PCF, Aubervilliers 2013

Page 25: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

XXXIVe congrès du Parti communiste français (La Défense 2008 la gauche du PCF à 45%) · XXXVe congrès du Parti communiste français (La Défense 2010 P. Laurent secrétaire national) · XXXVIe congrès du Parti communiste français (Aubervilliers 2013 communiste nouvelle générat.)

Secrétaires généraux (1921-1929) Ludovic-Oscar Frossard (1921-1923) · Albert Treint, Suzanne Girault et Louis Sellier (1923-1924, intérim) · Pierre Semard (1924-1929)

Secrétariat collectif (1929-1936) Henri Barbé (1er secrétaire, 1929-1931) · Pierre Celor (1929–1931) · Maurice Thorez (1929-1936, principal dirigeant 1932-1936) · Benoît Frachon (1929-1936) · Jacques Duclos (1932-1936) · Eugen Fried (1932-1936)

Secrétaires généraux (1936-1994) Maurice Thorez (1936–1964) · Jacques Duclos (1950-1953, intérim) · Waldeck Rochet (1964-1972) · Georges Marchais (1972–1994)

Secrétaires nationaux (1994 ) Robert Hue (1994-2001) · Marie-George Buffet (2001-2010) · Pierre Laurent (2010-)

Présidents (fonction ponctuelle) Maurice Thorez (1964) · Robert Hue (2001-2002)

25

Ludovic Frossard Albert Treint Suzanne Girault Louis Sellier

Pierre Semard Henri Barbé Maurice ThorezPierre Célor

Page 26: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Orientations de la Jeunesse Communisteet leurs reflets sur les cartes de la JC

La faucille et le marteau sur les timbres mensuels de la JC et sur la carte jusqu’en 1963, sont effacés en 1964, 1965, 1966, 1967, 1968, 1969 pour réapparaître en petit en 1970.1963, c’est aussi l’abandon du journal des jeunesses communiste depuis 1920 : « Avant-Garde », pour le remplacer par « Nous les Garçons et les Filles, puis NGF.

Pour revenir à l’Avant-Garde (avec la modification judiciaire et financière du l’), les raisons de ces modifications sont liées à une analyse (erronée) de la nouvelle situation sociale et politique. La fin de la guerre en Algérie et le tournant d’une grande partie de la jeunesse vers le rock. « Nous les Garçons et les Filles » ressemble étrangement à « Salut les Copains ». Ce sont les luttes de la JC contre la guerre au Vietnam et Mai 68 qui feront revenir la faucille et le marteau et l’Avant-Garde. La preuve est encore une fois donnée que les changements autour de la faucille et le marteau sont liés à des analyses et orientations politiques.

26

Benoît Frachon

Eugen Fried

Jacques Duclos Waldeck Rochet

1968

1967

Georges Marchais Robert Hue Marie George Buffet Pierre Laurent

Eugen Fried

Page 27: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

L’histoire de la JC née avant le Parti en octobre 1920 Fédération des jeunesses communistes de France (1920 - 1945) Union des jeunes filles de France (1936 - 1956) Union de la jeunesse républicaine de France (1945 - 1956) Mouvement des jeunes communistes de France (1956 – 2013)

Et les cartes du PCF

En 1964 un timbre en hommage à Maurice Thorez, mort le 11 juillet. Ce qui est moins juste, c’est d’avoir supprimé les bals et feux d’artifices du 14 juillet dans les nombreuses villes dirigés par le PCF.Un timbre avec la tête de Lénine pour le cinquantième anniversaire de la révolution d’Octobre 17.

27

Page 28: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Les cartes du PCF avec la faucille et le marteau sont les mêmes depuis 1947. Les seules différences tiennent au format (dans les années cinquante elles étaient plus grandes) et au changement d’adresse, passant de la rue Le Peletier jusqu’en 1971 à Place du Colonel Fabien à partir de 1972.

Ici, la seule modification touche au graphisme de la faucille et du marteau en 1988. Une modernisation ? Peut-être en liaison avec la campagne présidentielle, où André Lajoinie est notre candidat ? Car cette campagne revêt une grande importance pour le PCF après le grand recul des européennes. De plus Pierre Juquin est candidat (financé directement par Mitterrand). La direction du PCF aurait demandé aussi une aide financière au PCUS (la presse bourgeoise en publiera une lettre) : « Dans ce courrier portant la mention "Top secret", le chef du département international du Kremlin explique au premier secrétaire du parti que Georges Marchais, le grand patron du PCF, a dépêché à Moscou un

membre du bureau politique, Gaston Plissonnier, afin de réclamer une aide exceptionnelle, en vue de l'élection de 1988.

« Pour leur campagne, les partis de droite et les socialistes disposent de moyens plusieurs fois supérieurs à ceux du PC », écrit Dobrynine sous la dictée de Plissonnier. En dépit des difficultés économiques de son pays, Gorbatchev accède à la requête des camarades français: le 3 juillet 1987, une note confidentielle du Comité central, également publiée par Ogoniok, valide l'octroi d'une aide de 1 million de dollars pour la campagne de Lajoinie. » Peut-être vrai ? Mais dans la lutte des classes, comme pour une barricade, il n’y a que deux cotés.

28

C’est dans les années 2000 que la direction du PCF décida changer la carte cartonnée en carte plastique. Et plus pour une année, mais pour plusieurs années (ce qui supprime le rituel positif annuel de remise des cartes. Cette carte avec une petite faucille et un marteau est accompagnée d’un feuillet cartonné pour mettre les timbres, avec la faucille et marteau.Et sur la carte 2013, la faucille et le marteau sont enlevés !!!

Page 29: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Sur les cartes du PCF à la Libération

29

Pierre Laurent lors du 36ème congrès du PCF. Après son discours de clôture, où il traite de la faucille et du marteau, il montre, aux journalistes, une carte du PCF de 1944, sans faucille et marteau, avec un liseré bleu blanc rouge. Cette carte est certainement une vraie carte du PCF éditée par une organisation du parti. Mais sûrement pas la carte nationale du PCF, car en 1944, le 1er janvier, le PCF était clandestin et comme en 1940, 1941, 1942 et 1943, il n’y a pas de carte officielle.

Page 30: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

30

Sur la première carte, après la libération, celle de 1945, la faucille et le marteau ne sont pas présents sur le premier volet. Il y a un drapeau bleu blanc rouge, il manque la Corse et surtout le sigle SFIC de

la Section Française de l’Internationale Communiste remplacé par « renaissance française ».

A l’intérieur de la carte 1945, les timbres, de couleur verte, ont bien la faucille et le marteau comme symbôle, mais ne sont pas datés. Seul le timbre de contrôle est en rouge et avec la date de 1945.

La carte de 1946 est bleu pâle avec un cercle tricolore et la faucille et le marteau au dos de la carte. La page repliée à l’intérieur a aussi un cercle tricolore et deux phrases qui démontrent que la question nationale a pris le dessus sur la lutte des classes.

Page 31: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

31

Et maintenant voyons de 1920 à 1940

La carte 1948 marque le retour à la lutte des classes avec un extrait des statuts sur le but du communisme. But qui était absent sur les cartes 45, 46 et 47. Petite interrogation : pourquoi le timbre, avec la faucille et le marteau, payable tous les 15 jours lors de la réunion de cellule, est remplacé, au milieu de l’année par un timbre mensuel sans faucille et marteau ? Après cette période, la faucille et le marteau sont de nouveau sur le devant de la carte jusqu’aux années 2000. Celle-ci ne changera que de dimension. On y trouvera, certaines années, des citations à la gloire de Staline ou Thorez.

La carte 1947 imprimée, bien sûr, avant l’exclusion des communistes du gouvernement, est encore très nationale, même si la faucille et le marteau y sont présents. Le socialisme n’est pas présent dans le texte de Maurice Thorez. Et l’oubli de la Corse dans la carte de France est étonnant.

Page 32: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

32

La carte 1921 du Parti socialiste SFIO imprimé avant le congrès de Tours (décembre 1920) avec un timbre de 5 francs pour la maison du Parti socialiste SFIC (Section Française de l’Internationale Communiste). Le nom Parti communiste sera pris au milieu de l’année 1921.

La carte de propagandiste de la fédération de la Seine du Parti socialiste SFIC (communiste) d’un des futurs maires d’Aubervilliers. Le secrétaire de la section est Jules Alvergnat, futur membre du bureau politique. La section d’Aubervilliers avait voté à 100 % pour l’adhésion à l’Internationale Communiste.

Page 33: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

33

La carte 1925 est elle aussi rouge avec la faucille et le marteau (à la française).

La carte 1923 du Parti communiste (Section Française de l’Internationale Communiste) est rouge avec la faucille et le marteau de l’Internationale Communiste (les communistes français vont être les seuls au monde à avoir la faucille et le marteau à l’envers).

1935

Page 34: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

34

Cette carte de la section d’Aubervilliers pour une maison du parti est intéressante à plus d’un titre. Elle date de la deuxième partie des années 30 et pourtant le mot français est présent depuis 1937 et en plus gros que parti communiste. Deuxième remarque : le sigle SFIC est absent alors que la SFIC ne sera dissoute quand 1943. Et bien sûr, on y trouve la faucille et le marteau à la française. A la fin des années 20 et au début des années 30, il a existé des cartes de la SFIC pour plusieurs années (la période de la tactique « classe contre classe » avant le tournant de 1934 vers le Front populaire). Les changements dans les cartes d’adhérents ont bien un rapport avec les changements politiques. A l’exception de la période de la guerre où il n’y avait pas de carte. On était membre du parti lorsqu’on était dans une des organisations clandestines contrôlées par le Parti communiste.

La carte 1935 est comme une carte de la 3ème Internationale avec les statuts de l’Internationale Communiste (cette carte est identique plusieurs années de suite).

Page 35: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Et les statuts du parti communiste

35

Les statuts ont donc étaient modifiés en 1964, 1977, 1979, 1994, 2001 et au 36ème congrès à Aubervilliers, mais pas encore imprimé. Tous comme vous pouvez le voir ont la faucille et le marteau.

Avant 1945 le parti communiste était une

section de l’Internationale Communiste et donc régit

par les statuts de l’Internationale

Communiste

Page 36: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Et l’Huma ?

36

Enfin, sur la carte de l’amicale des vétérans du Parti communiste français figurent aussi la faucille et le marteau, avec un timbre annuel pendant 6 ans. Le timbre symbolise parfois un événement, comme 1936 ou 1920.

De 1904 à 1914

De 1914 à 1921

En 1924

De 1922 à 1924

De 1921 à 1922

Page 37: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Une partie de l’autre presse communiste

37

Depuis 1999

La presse communiste pour enfant de 1901 à 1994

1962

1942

De 1994 à 1999

1929

Page 38: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Voyons maintenant le symbole du communisme à travers le monde

38

Communistes sur 4 pages est édité une fois par semaine dans l’Humanité

Pendant la Résistance, les éditions du PCF ont continué sur des imprimeries clandestines préparées bien avant guerre en fonction des statuts de l’Internationale Communiste. La particularité de cette édition, avec la faucille et le marteau, c’est que le cours n° 5 est édité dans la première moitié de l’année 1941, avant l’invasion par les nazis de l’URSS et que le cours n° 6 est lui édité après l’invasion nazie.

Page 39: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

ve du

39

90 ans du PC Chinois

Le très communiste Kerala, Inde

Parti Communiste Syrien

Parti Communiste algérien

Parti Communiste Palestinien

Parti Communiste Libanais

Le Parti Communiste du Venezuela rend hommage à Chavez

Parti Communiste d’Espagne Parti Communiste Italien

Parti Communiste Portugais

Page 40: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

40

Sur le fond, la direction du PCF est parfaitement d’accord avec cette image. C’est pour cela qu’elle voulait changer le nom du Parti et qu’aujourd’hui elle décide sans aucune consultation des communistes, d’abandonner la faucille et le marteau, symbole du communisme mondial !

Voilà quelques Partis Communistes de par le monde. Ils gardent le symbole du Communisme mondial. Le Parti Communiste

Français aurait-il abandonné cette perspective ?

Parti Communiste Allemand Parti Communiste Israélien

Page 41: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Les Rouges et Verts

A la fête de L'Humanité, on retrouve souvent la faucille et le marteau le long des allées.

La faucille et le marteau ont été supprimés des nouvelles cartes d'adhérents que le Parti communiste a commencé à éditer il y a deux mois. Romain Ducoulombier, historien spécialiste du PCF, auteur de Vive les Soviets, un siècle d'affiches communistes, revient sur l'importance de ce symbole.

Que pensez-vous de cette décision ?S'il s'avère que c'est bien la direction du parti qui en est responsable, l'erreur psychologique est

grave. L'anecdote reflète les contradictions profondes qui divisent le parti, et l'inachèvement de sa révolution intellectuelle depuis la "rénovation" huiste dans les années 1990 [sous la direction de Robert Hue].

Quand la faucille et le marteau ont-ils été adoptés par le PCF ?La faucille, le marteau et la gerbe de blé, sont des symboles soviétiques introduits par le PCF

dans les années 1920. A l'époque, ils représentaient l'Etat ouvrier et paysan qu'était supposée être l'URSS. Ils sont inscrits au fronton de L'Humanité sur décision du Bureau politique en 1924 et dessinés sans doute par Jules Grandjouan, un très grand dessinateur de presse venu du syndicalisme révolutionnaire d'avant 1914.

41

" On imagine mal le PCF

sans la faucille

et le marteau ! "

La situation est trouble en Tunisie, mais les travailleurs sont présents

Page 42: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Que symbolisent-ils ?Avec le temps, ce symbole a fini par résumer l'identité communiste française,

indissolublement liée au rêve soviétique. Il s'est parfois effacé des affiches du Parti dans les périodes les plus patriotiques et les plus ouvertes, mais on imagine mal le PCF sans les deux outils. Leur effacement de la carte militante montre que la repentance des années Hue aboutit au reniement ultime de tout ce qui rattache ce parti à son passé, dont il traîne une partie tout au moins comme un boulet, quoi qu'il en dise. Qu'il s'agisse de son rapport de dépendance à l'URSS, de l'année 1940 ou de Staline, rien en fait n'est vraiment réglé. Depuis les années 1970 et la conversion progressive du PCF au "changement" et non plus à la révolution prolétarienne, son offre politique originale, construite dans les années 1920, s'est pourtant fondue dans le mainstream de la gauche.

Il faut convenir que le symbole n'est pas très "éco-socialiste", c'est même tout l'inverse : il rappelle l'industrialisme foncier du modèle soviétique de l'ouvrier et de la kolkhozienne et c'est peut-être une raison de sa liquidation. Il n'y a pourtant qu'une seule chose qui unit les jeunes et les vieux militants de la "nouvelle génération communiste" de Pierre Laurent : c'est la faucille et le marteau ! Mais s'il y a vraiment une relève, il faut faire de la place.

Le PCF abandonne un peuplus faucille et marteau

Elsa journaliste à « Rue 89 »

La faucille et le marteau, symboles du communisme, ont disparu des cartes d’adhérent au Parti communiste français (PCF), révèle France Info vendredi 8 février, remplacé par l’étoile du Partie de la gauche européenne (PGE).

A l’ouverture jeudi du 36e congrès du Parti communiste à Saint-Denis en région parisienne, de nombreux militants se sont dit choqués par une initiative de la direction du parti. L’information avait cependant déjà circulé. Des cartes avaient été reçues en décembre, et certaines sections avaient critiqué le changement de logo sur la carte. Ainsi, le PCF du Bassin d’Arcachon estimait que : « C’est un signe de la volonté de la direction de poursuivre la “normalisation” d’un PCF fondu dans l’euro social-démocratie, chapeautée par le PGE. »

Se « tourner vers l’avenir ». Mi-janvier, quelques membres du Conseil national dénonçaient sur leur site une « mise sous tutelle du PCF et des communistes ».

Ce n’est cependant pas une nouveauté totale. Le PCF poursuit plutôt une démarche entamée depuis un moment, rappelle la section d’Aubervilliers sur son site : « Le Parti communiste a [...] abandonné l’apposition de la faucille et du marteau sur les matériaux nationaux qu’il édite (mais des supports locaux le conservent) mais l’a gardé comme logo interne (carte du parti et timbres). »

En réponse, vendredi 8, Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, sur LCI répond : « [C’est] un sigle qui ne résume pas ce que l’on est aujourd’hui. Nous voulons nous tourner vers l’avenir. »

_____________________

La signification occulte de la faucille et du marteau

La faucille et le marteau sont des symboles maçonniques présents dans le

« tableau de loge » dès le premier degré d’initiation, celui d’Apprenti.

42

Page 43: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

La lecture au niveau initiatique est très différente de celle au niveau exotérique qui évoque un hymne à la construction sociale et au travail des ouvriers et des paysans.

Le marteau est un instrument qui, métaphoriquement, aide le maçon à construire le Temple [de Salomon] – le

Grand Œuvre – en même temps que d’autres outils comme l’équerre, le compas, le fil à plomb et la truelle ; il symbolise le pouvoir, la force, l’impérialisme, avec la même signification que le poing fermé.

La faucille, par contre, est l’emblème de la philosophie, entendue comme succédané absolu de la religion, c’est-à-dire la gnose des initiés.

L’ensemble est conforme à un programme : le Pouvoir (Haute Finance [juive]) fondé sur la gnose de la Contre-Eglise [maçonnique] pour le Gouvernement Mondial de l’Humanité.

Epiphanius – Maçonnerie et sociétés secrètes (2005)

La Faucille et le Marteau sont le symbole de classe de l’unité des travailleursLe 10 février 2013, le Parti

Communiste Français annonce qu’il se plie aux exigences du « Parti de la Gauche Européenne », en décidant de supprimer « le marteau et la faucille » de ses cartes, affiches et drapeaux. Le lendemain 11 février 2013, Benoît XVI, ancien membre des jeunesses hitlériennes, annonce aussi sa démission, il se plie aux réalités de l’âge. Qui démissionnera demain 12 février 2013 ?

Le drapeau rouge floqué de l’Etoile, de la Faucille et du Marteau, qui fût hissé, par les communistes soviétiques, vainqueurs et héros de Stalingrad, sur le Reichstag en mai 1945, pour remplacer l’ignoble étendard du 3ème Reich qui y flottait depuis 12 ans… serait-il devenu honteux pour le PCF ?

Certainement, puisque le PCF, le parti de la résistance aux nazis, le parti des martyrs, vient de rompre avec sa propre histoire, au nom du modernisme et du caractère « has been » de cet emblème, pour

satisfaire beaucoup de petits bourgeois qui pensent avec un mépris saisissant : « qu’il n’y a plus d’ouvriers dans les usines pour symboliser le marteau ni d’ouvriers dans les fermes pour symboliser la faucille »… donc plus de lutte de classes.

Après être devenu réformiste il y a 60 ans, voilà que le PCF est devenu négationniste de sa propre histoire en se séparant de son emblème, sur lequel a coulé le sang de ses propres martyrs, pour se plier aux exigences de l’impérialisme européen et de du flanc gauche du capital, le PGE. (Parti de la gauche européenne)

Voilà que le PCF se met à genou devant le capitalisme européen qui a et fait tant de mal aux travailleurs, avec la destruction organisée de pans entiers d’industries (textile-mines-charbon-acier-agriculture…) et qui aujourd’hui s’attaque aux entreprises d’Etat, à la Sécurité Sociale, au système de

43

Page 44: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Santé, à la retraite par répartition, à l’Education Nationale… au nom de la concurrence libre et non faussée. A genou devant cette Europe qui fait de nous des esclaves modernes de la technocratie et du pouvoir de la finance en nous rendant corvéables à volonté. A genou devant cette Europe qui s’attaque désormais au principe même de la Nation libre de ses choix et souveraine dans ces décisions, qui a été acquise et défendue depuis plus de 220 ans, par et avec le sang de la Classe Ouvrière et ses prédécesseurs asservis par l’aristocratie.

Quelle honte pour cette méprisante décision, car ceux qui ont créés l’Europe, celle du capital et de l’ultralibéralisme, sont ceux qui ont participé à la mise en place de cette barbarie fasciste qui prenait le pouvoir il y a 80 ans (le 23 février 1933, 4000 communistes étaient arrêtés en Allemagne, aucun ne survivra) pour éviter que le socialisme soviétique ne vienne à l’ouest au-delà du fleuve Kouban…

Quel mépris pour les 75 000 camarades tombés devant les nazis ou morts dans des camps après avoir été torturés : quel mépris pour Ambroise, Maurice, Marcel… qui ont été les penseurs et les fondateurs du CNR avec ses avancées pour les travailleurs : quel mépris pour les communistes sincères qui ont donné leur vie à cette juste cause qu’est le socialisme et la paix, et qui se sont

usés jusqu’aux os pour porter leur drapeau rouge avec le marteau et la faucille, symbole des idées communistes développées par Marx, Engels, Lénine, Staline, puis par Castro…

Mais le pire est qu’aujourd’hui des formations qui n’ont rien, dans leur pratique idéologique, de communiste, porteront le drapeau rouge avec le marteau et la faucille en se revendiquant être « les vrais communistes » (???), alors qu’ils ont dénigré, craché sur et révisé les idéaux communistes depuis la création du PCF en 1921 et de la IIIème Internationale en 1919.

Alors même s’il reste au PCF, des camarades honnêtes et sincères, et une avant-garde ouvrière pour faire évoluer la science marxiste-léniniste (apprise dans les grandes écoles capitalistes pour tenter de la contrer)… la direction nationale du PCF, bureaucratique et calculatrice pour ses propres intérêts, s’est fourvoyée avec les tenants du capitalisme et a cédé à l’électoralisme bourgeois après s’être fourvoyée avec la social-démocratie qui pourtant avait exclu les communistes en 1939 puis en 1947… elle a choisi son côté de la barricade, sauf que c’est le mauvais côté de la barricade… et les effets d’annonce ne suffiront pas ni même les plans sur la comète à mille lieues de la classe opprimée… mais l’histoire tranchera !

Cellule Ouvrière du Bassin Minier Ouest du Pas-de-Calais

------------------------------------------

Plus de faucille ni marteau : "Le PCF a cédé devant les sirènesde la communication politique"

44

Page 45: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Propos recueillis par ANTOINE IZAMBARD

La direction du Parti communiste français (PCF) a décidé de supprimer les symboles de la faucille et du marteau des cartes des adhérents. Cette décision suscite un certain émoi chez les militants.

Incompréhension. La faucille et le marteau, symboles du communisme, ont disparu des cartes d'adhérent au Parti communiste français (PCF), a révélé France Info, vendredi. Ils ont été remplacés par le sigle du parti de la gauche européenne - dont est membre le PCF. A l'ouverture du 36e congrès à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), jeudi, de nombreux militants avaient déjà fait part de leur mécontentement et de leur inquiétude. "C’est un sigle qui a existé, qui

continue d’être utilisé ici et là dans les manifestations, a réagi Pierre Laurent, secrétaire général du PCF, sur LCI. Mais qui ne résume pas ce que nous sommes aujourd’hui. Moi je parle aujourd’hui de communisme de nouvelle génération."

Pour Stéphane Courtois, historien du communisme, directeur de Recherche au CNRS, cette décision constitue un tournant majeur dans l'histoire du PCF.

La disparition de la faucille et du marteau sur les cartes des militants communistes vous surprend-elle ?

Je suis très étonné de cette décision. Je pensais qu'il ne se passerait rien lors de ce congrès, j'avais tort. C'est un symbole très puissant de l'histoire du Parti communiste qui s'en va. La faucille et le marteau sont nés en 1918, dans la Russie bolchévique et ont été repris à partir de 1921 par les différents partis communistes européens. Il est l'un des emblèmes traditionnels du communisme au même titre que le drapeau rouge ou l'étoile

rouge – qui a une très forte connotation soviétique. C'est le marqueur de la lutte des classes, avec les ouvriers et les paysans d'un côté, les capitalistes de l'autre. C'est aussi le symbole auquel se sont opposés les nazis avec la croix gammée. Il incarne une mémoire tragique et historique. Avec cette décision, c'est donc un petit peu l'histoire qui s'en va.

Cette décision marque-t-elle véritablement une rupture dans l'histoire du PCF ?

Oui, cela n'a rien d'anecdotique. Je me souviens d'une discussion en 1994 avec Robert Hue, qui était alors candidat à l'élection présidentielle. Je lui avais demandé si le mot communiste avait encore un sens. Il s'était révolté et m'avait dit que le nom "Parti

communiste" et ses symboles étaient sacrés et que ce mouvement resterait révolutionnaire. Ce n'est plus tout à fait le cas. Si Maurice Thorez, Jacques Duclos ou Benoît Frachon voyaient ça, ils se retourneraient dans leurs tombes.

Cela fait pourtant plusieurs années que certains candidats communistes aux élections ne font plus figurer la faucille et le marteau sur leurs affiches de campagne.

Oui, depuis environ 20 ans, c'est le cas. Par exemple, Patrick Braouzec (député de Seine-Saint-Denis, ndlr) a été l'un des premiers à le faire. Mais la différence, avec les cartes des militants, est que la décision

émane de la direction du PCF. Ce n'est pas du tout la même chose. Ce changement engage tous les communistes. Le PCF a cédé devant les sirènes de la communication politique

Plusieurs militants voient dans cette décision le signe que le PCF va devenir un mouvement social-démocrate.

45

Page 46: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Il faut bien cerner l'état désastreux dans lequel se trouve le parti. Selon un sondage de l'Ifop, publié le 6 février, 29 % des ouvriers déclarent que le PCF est utile pour les défendre contre 38 % qui affirment le contraire. Ce désaveu chez les ouvriers est révélateur de la crise que traverse le parti depuis plusieurs années. Les communistes doivent donc viser un nouvel électorat. Aujourd'hui, ils ne s'occupent plus beaucoup

de la question ouvrière. Ils soutiennent des réformes, comme le mariage pour tous, qui ne font pas partie des priorités des ouvriers. Le PCF essaie par là de s'ouvrir à un autre électorat qui comprend notamment les classes moyennes. Et la faucille et le marteau sont des symboles qui peuvent un petit peu effrayer cet électorat-là. De ce point de vue, il n'est pas illogique de les comparer à des sociaux-démocrates.

Une autre crainte des militants est qu'avec cette disparition symbolique, leur parti perde son autonomie par rapport au Front de Gauche.

C'est difficile à dire. Je ne sais pas si cela va profiter au Front de Gauche. A mon sens, les gens trouvent surtout qu'il y a comme un brouillage de l'image du parti. Plus généralement, et c'est le cas depuis quelques années, on assiste à un clivage entre les partisans de l'orthodoxie et ceux qui veulent faire évoluer le parti en abandonnant

les symboles historiques. Qu'y a-t-il de commun, par exemple, entre Alain Bocquet (député Front de gauche du Nord, ndlr) et le porte-parole du PCF, Olivier Dartignolles ? Il n'est pas fou de penser que cette histoire de la faucille et du marteau pourrait conduire à une scission à l'intérieur du parti, comme on a pu le voir en Italie, en 1991.

Débat

LE MARTEAU ET LA FAUCILLE

Symbolisation, désymbolisation, resymbolisationvendredi 28 mars 2008, par Hervé Fuyet

Bonjour les amies, les amis et les camarades amis,

Quand nous avons ouvert le site "Communistes de Montrouge", on a tout naturellement décoré notre sobre page d’accueil avec un petit marteau et un petite faucille, le tout très zen, comme on dit aujourd’hui. Puis, des membres de notre joyeuse équipe, car nous ne sommes pas un site "officiel", se sont penchés sur la portée symbolique de notre choix. On a ensuite décidé d’échanger sur le sujet avec notre lectorat, puisque nous voulons être le plus interactif possible.

Il y a plusieurs mois que je devais m’en charger, mais par excès de travail, ou mauvaise organisation, ou les deux, je ne le fais qu’aujourd’hui. Devant l’abondance de

documentation de toutes sortes trouvée sur Google, je me suis contenté de vous transmettre un peu de documentation sérieuse ou moins sérieuse sur ce sujet pourtant profond (En effet, les symboles sont puissants, parfois dangereux, et ils ont une vie tumultueuse).

On peut à ce sujet parler de symbolisation, de désymbolisation et de resymbolisation. C’est Bernard Doray, psychanalyste, psychiatre et communiste qui a élaboré cette notion de resymbolisation. Pour ne pas alourdir cette introduction, je renvoie celles et ceux que la question intéresse à l’article de Sagot-Duvauroux

46

Page 47: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

portant sur la resymbolisation et à Bernard Doray.

Remarquons pour commencer que le marteau de son côté et la faucille du sien étaient déjà des symboles bien avant le communisme. Wikipedia nous informe : « dans la mythologie nordique, Mjöllnir (en vieux norrois, Mjǫllnir), littéralement « le concasseur » est le marteau à manche court de Thor, le dieu de la foudre et du tonnerre. La raison pour laquelle le manche fut forgé trop court est que pendant sa forge, Loki se transforma en mouche et vint distraire le nain ».Le Guichet du Savoir de la Bibliothèque municipale de Lyon nous renseigne :« La faucille fut l’un des premiers outils du moissonneur dans les civilisations agraires du néolithique ; elle fut tout d’abord réalisée en silex puis devint un objet de culte qui se rapportait au croissant de lune. On désignait fréquemment les épées recourbées du nom de faucille, par exemple l’arme du dieu Marduk, le dieu protecteur de la ville de Babylone. C’est avec une faucille que le dieu Cronos (dans la Théogonie d’Hésiode) amputa Ouranos de ses organes avant d’être lui-même foudroyé par son fils Zeus (voir Jupiter), puis détrôné et banni. La faucille demeure l’attribut de Cronos (Saturne) que l’on considérait, à l’époque préhellénique, comme le dieu de la fertilité. Son nom fut plus tard associé à celui du temps personnifié (Chronos) qui porta désormais la faucille ou (plus récemment) la faux comme symbole du temps qui s’écoule impitoyablement. Voilà pourquoi la faucille et la faux devinrent également les symboles de la mort.

Ce ne fut d’ailleurs que d’une façon apparemment contraire que le régime soviétique, après la révolution de 1917, fit figurer une faucille d’or sur son drapeau rouge : symbolisant la paysannerie libérée associée à la classe ouvrière triomphante figurée par le marteau, la faucille, en effet, y renvoyait à l’exaltation de la vie et à l’annonce de ce monde et de cet homme nouveaux auxquels le marxisme devait donner naissance. Avait-on pourtant pensé que la faucille, au temps de la moisson à laquelle elle

est destinée, coupe le blé, c’est-à-dire le tue ? À moins qu’on n’interprète le symbole, d’une façon tout à fait traditionnelle, en rappelant qu’on ne tue le blé qu’afin de fabriquer la nourriture de vie qu’est le pain ? Autrement dit, une nouvelle vie ne se construit que sur la disparition de l’ancienne, et comme dans la technique de l’homme et l’alchimie de la cuisson, le nouveau paradis dont rêvait Marx et dont il parle dans Économie politique et philosophie, « cette véritable fin de la querelle entre l’homme et la nature » ne peut s’instaurer métaphoriquement que sur la destruction des anciennes classes et la métamorphose, ou la « transmutation », de l’humanité par elle-même où le puer alchimique devient l’homme régénéré qui s’est enfanté lui même : « Pour l’homme socialiste, toute l’histoire universelle n’était pas autre chose que la procréation de l’homme par le travail humain, que le devenir de la nature pour l’homme, il possède la preuve visible et irréfutable de son enfantement par soi-même, du processus de sa création » source : Encyclopédie des symboles. Sur le marteau et la faucille comme symbole communiste, nous trouvons cette remarque d’un anticommunisme très primaire provenant d’un site d’extrême-droite : "Je regarde à l’instant cette affiche, qui représente le tristement célèbre symbole communiste de la faucille et du marteau.

La faucille et le marteau (серп и молот, serp i molot, en russe) est un symbole graphique utilisé pour représenter le communisme. Il dépeint le marteau du prolétariat ouvrier et la faucille des paysans ; leur jonction symbolise l’union entre les travailleurs agricoles et industriels" (sur : Wikipédia) Mais ne peut-on y voir un peu plus que ça ? De prime abord, il est donc notoire que la faucille et le marteau symbolisent l’union des travailleurs. Certes. Mais si l’on approfondit juste une minute, que peut-on y voir ? C’est simple : le marteau sert à frapper et à écraser, la faucille sert à trancher. Ce sont des outils tout autant que des armes. Toute la puissance et la volonté castratrice et meurtrière des régimes communistes se

47

Page 48: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

trouvent ainsi résumées à travers ce symbole."J’ai aussi trouvé dans un blog plus amusant portant bizarrement sur le choix d’un amoureux ou d’une amoureuse ce commentaire :"En ce moment l’extrême gauche est à la mode : j’en vois plein la rue des gens sapés avec des t shorts avec la faucille et le marteau ou encore "Che Guevara"Enfin, j’ai trouvé dans un site trotskyste une discussion amusante, à prendre au second degré, comme on le dit parfois, sur les Schtroumpfs qui seraient cryptocommunistes ! En voici un extrait : "La figure du Grand Schtroumpf est également très intéressante car elle est l’un des rares points permettant d’identifier clairement le modèle soviétique ; en effet lui qui est l’exemple, est habillé de...rouge. A noter (mais je ne me souviens plus de l’album), que sur une image on voit portés par des Schtroumpfs une faucille et un marteau (une scène de défense contre Gargamelle.) Là encore un signe qui ne trompe pas.

Peyo (créateur et auteur de la série) reprend d’ailleurs avec délicatesse plusieurs grands symboles de l’imaginaire communiste". Plus sérieusement, sur le marteau et la faucille, des sources trotskystes dans Wikipedia, à améliorer dans Cocowikipedia, nous disent : La faucille et le marteau (en russe : серп и молот, prononcé : serp i molot) est un symbole graphique utilisé pour représenter le communisme. Il dépeint le marteau du prolétariat ouvrier et la faucille des paysans ; leur jonction symbolise l’union entre les travailleurs agricoles et industriels. Bien que le symbole soit couramment utilisé pour décrire le communisme, certains diront qu’il contredit les idées de Karl Marx selon lesquelles la révolution ne peut provenir que du prolétariat. Cependant, Karl Marx a été l’instigateur de la théorie selon laquelle la révolution ne proviendrait que d’une alliance entre prolétaires et paysans, quoique promue par le premier groupe. L’adjonction de la paysannerie est à l’origine une variation de Lénine. Il est présent sur le drapeau de l’URSS, sur tous les drapeaux des anciennes

républiques de l’Union des républiques socialistes soviétiques comme la République socialiste fédérative soviétique de Russie, la République socialiste soviétique d’Ukraine, la République socialiste soviétique d’Ouzbékistan, etc. et sur divers supports liés au communisme (cartes d’adhérents du parti, timbres postaux soviétiques, etc.).Usage

Le symbole était à l’origine un marteau croisant une charrue, portant le même sens. La faucille et le marteau, bien qu’utilisés dès, ne devinrent un symbole officiel qu’en 1922 ; avant cela, la charrue et le marteau étaient utilisés par l’armée rouge. La faucille et le marteau étaient l’un des symboles de la RSFS de Russie depuis 1917. Il fut adopté sur le drapeau de l’Union soviétique en 1923, institué dans la constitution en 1924 et placé sur les drapeaux des républiques de l’Union soviétique après cette date. Auparavant, ceux-ci étaient généralement totalement rouges, avec le nom de la république écrit en lettres dorées. Les partis communistes affiliés au Kominterm et au Kominform (c’est-à-dire à l’Union soviétique), ainsi que ceux qui se tournèrent vers la république populaire de Chine, avaient tendance à employer la faucille et le marteau dans leur symbolique. Cependant, même des partis communistes opposés à ces deux États l’utilisèrent, éventuellement avec quelques modifications stylistiques.Variantes

Divers symboles présentent des variations stylistiques sur la faucille et le marteau. Le drapeau de l’Angola représente une roue dentée croisée avec une machette. Le symbole du parti ouvrier coréen utilise un marteau, une faucille, et un pinceau. En France, le logo du Parti communiste français est représenté par la faucille et le marteau mais dans le sens inverse de l’URSS. Il a plusieurs fois changé de graphisme. C’est encore aujourd’hui le logo interne du PCF, présent sur la carte d’adhésion. Enfin, la quatrième internationale créée en 1938 par Léon Trotsky en réponse à la liquidation de fait de la troisième internationale représentée par Staline qui préférait promouvoir le

48

Page 49: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

socialisme dans un seul pays, plutôt que la révolution mondiale, a aussi repris ces symboles sur son drapeau mais flanqué d’un "4" entrelacé dans les outils.

Il existe un caractère Unicode représentant la faucille et le marteau. Il est situé dans l’intervalle 2600-26FF des symboles divers et correspond au code U+262D. Sur les navigateurs internet supportant l’Unicode, le symbole devrait s’afficher : ☭. Sa représentation est simplifiée par rapport aux symboles utilisés par les partis politiques traditionnels et elle est assez uniforme selon les polices de caractères utilisées. Il n’y a pas de rupture entre le manche et la lame de la faucille. Et le marteau ne possède pas de

panne en pratique alors que c’est le cas sur le document de référence de unicode.org et sur le symbole qui figurait sur le drapeau de l’URSS ou celui qui figure sur celui du Parti communiste chinois.

Je ne sais pas si vous avez eu la patience de lire cet article un peu long ! Notre équipe du site Communistes de Montrouge attend vos commentaires et les nôtres aussi, car il n’y a pas non plus unanimité sur la question dans notre équipe. Il faudrait que moi aussi je réfléchisse sur la question pour ensuite pouvoir participer au débat et vous donner mon opinion sur le marteau et la faucille. A bientôt !

Faucille et Marteau, de 1917 à Pierre Laurent...Mardi 12 février Faire Vivre le PCF

Pierre Laurent répondant aux inquiétudes des communistes, renforcées par l’écho médiatique de l’abandon de la faucille et le marteau sur la carte du parti, décidée en catimini par la direction sortante en pleine préparation du congrès, tentait pour une fois de se référer à l’histoire du parti pour justifier sa décision.

Il soulignait ainsi que la carte du parti en 1920, 1921, 1922 n’avait pas de faucille et marteau... sans dire bien sûr que les "outils" ne sont apparus sur le drapeau de l’URSS qu’en ... 1923 justement !

Il exhibait aussi une carte de 1944, sans faucille et marteau. On ne peut que se féliciter de cet intérêt de Pierre Laurent pour l’histoire des communistes. Mais a-t-il seulement pris le temps de chercher pourquoi

et dans quelle condition cette carte a été faite ? Dans la clandestinité d’un réseau local du parti ? Après la libération dans un esprit de rassemblement républicain ? Le parti avait-il dans la Résistance une carte nationale ? Des questions intéressantes, mais sans rapport avec cette décision de 2013, prise sans discussion, sans mettre en discussion un autre logo, au contraire imposant le logo du Parti de gauche européen, comme si le PCF était devenu la section français de ce PGE, non communiste...

Il aurait pu aider à la réflexion en rappelant que ce symbole a été abandonné en 1994, avec le départ de Georges Marchais, et l’arrivée de Robert Hue. Il est vrai que ce changement conduira peu après à une "mutation" qui se traduira par la

49

Page 50: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

désorganisation rapide du parti sur le terrain, la domination des stratégies électorales avec la soumission au PS, et qui se poursuivra de "nouveau communisme" en "métamorphose" jusqu’à ce "communisme de nouvelle génération" promu par Pierre Laurent... Ce rappel aurait sans doute conduit certains à se demander si Pierre Laurent finira sa vie politique comme Robert Hue, au Parti socialiste...

Il aurait pu dire que L’Humanité l’a abandonné parce qu’elle n’était plus le journal des communistes...

Il ne dit pas non plus que ce symbole fait l’objet d’une bataille acharnée des anticommunistes pour l’interdire, ce qui est fait en Hongrie, Lituanie, Pologne, Moldavie. Avoir de tels symboles communistes en Pologne est puni de deux ans de prison !

Il ne dit pas non plus que des centaines de jeunes communistes brandissent avec joie et détermination des drapeaux rouges avec faucille et marteau...

Bref, Pierre Laurent fait de la com... Les communistes ont vraiment besoin d’autre chose... entre autre de connaitre et comprendre leur histoire...

___________

PCF : Adieu Faucille, Marteau et Lutte des Classes

Point de vue de Maryvonne Leray mercredi 13 février 2013, par Comité Valmy

Le PCF a baissé sa culotte... et largué l’industrie et l’agriculture. Fini l’alliance ouvriers paysans, d’ailleurs des ouvriers il n’y en plus guère au Parti et encore moins à l’Assemblée ... le Parti a renoncé, il aménage. Enfin il n’aménage rien du tout parce qu’il a perdu son influence auprès des masses. Il y a les discours du tribun Mélenchon, un Front de gauche illusoire, die Linke à la française. Et pendant ce temps là on licencie... Le PCF a renoncé, il croit que le capitalisme est inéluctable ... un avenir pour l’humanité. Il croit que l’Internationale n’est plus le genre humain :

50

Page 51: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

LE PCF SE TROMPE.

L’Internationale est toujours le genre humain et les foules esclaves se lèveront... mais sans lui et sans doute en désordre. Les damnés de la terre les forçats de la faim un jour la feront la lutte finale car cela ne peut plus durer.

Le communisme est une utopie vers laquelle nous devons tendre : "de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins".

L’alliance du marteau et de la faucille, de l’ouvrier du paysans, du manuel de l’intello, de l’homme et de la femme, de celui "qui croit au ciel et de celui qui n’y croit pas", de celui marche et de celui qui ne peut pas. Le Communisme est l’avenir de l’humanité et le seul moyen pour elle de survivre.

___________1944, la faucille et le marteau Lundi 18 Février 2013

PCF 1944/la faucille et le marteauLuc Capievic

La suppression de ce symbole de l’histoire communiste sur la carte du PCF a été décidée par P. Laurent, sans débat ni vote à quelconque échelon. C’est un crachat sur les tombes des communistes, celles des résistants communistes en particulier.

A la fin du congrès, interrogé sur la suppression du célèbre logo, face aux médias, un Laurent volontaire requinqué par sa reconduction à "100%", sort de sa poche le document imparable, qui va clore cette polémique hors de tout bon sens.

Qu’est-ce donc ? C’est une carte d’adhérent du PCF de 1944.Gros plan. Recto, verso, pas la moindre faucille, pas même un petit marteau. Alors si déjà en 1944 on n’en trouve pas trace !

Vous êtes convaincus ? NON !

Comment, la date vous interroge ?

Vous doutez qu’un parti démantelé par la répression en 39-40, sous le coup du décret-loi (Albert Sérol SFIO) du 10 avril 1940 prévoyant la peine de mort pour propagande communiste, un parti clandestin où toutes les structures traditionnelles, cellules, rayons ont disparu... avec dorénavant un fonctionnement étanche en triangle... etc

51

Page 52: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Bref on a du mal à croire que Frachon et Duclos se préoccupent fin 43 de faire imprimer les cartes de 1944 (...).

Je m’en suis ouvert à quelqu’un qui a vécu toute cette histoire : ma mère, 89 ans, résistante communiste dès 1940. Médaillée.

Interloquée par l’idée même qu’on puisse parler de cartes PCF pendant l’occupation, elle a simplement dit "mais rappelez vous que Paris a été libéré en août 44 !"

Ensuite elle est allée chercher une boîte, a extrait d’une épaisse liasse sa carte du PCF de 1945 (et celle de mon père) avec au verso une faucille et un marteau dans une étoile.

________

La faucille et le marteau : ça veut dire quoi ?par Maïlys Honoré le 16/02/2013

Ils ont disparu de la nouvelle carte du PCF... Adieu faucille et marteau. Eux qui, entremêlés, symbolisent le communisme. Pourquoi les avoir retirés du logo du parti ? Et surtout, d'où vient cet emblème et que signifie-t-il ?

Une faucille pour le monde paysan. Un marteau pour la classe ouvrière. L'union de ces deux outils symbolise celle entre travailleurs agricoles et industriels. A l’origine, point de faucille, mais une charrue utilisée par l’armée rouge. La faucille et le marteau sont les symboles de la RSFS, la République socialiste fédérative soviétique

de Russie mise en place en 1917, après la prise de pouvoir des bolcheviks. Il faudra attendre 1922 pour qu’ils deviennent un symbole officiel, et 1923 pour qu’ils soient adoptés sur le drapeau de l’Union soviétique. Quant à l’étoile à cinq branches, représentant les cinq continents, elle symbolise l'unité des travailleurs du monde entier.

En France, ces symboles soviétiques ont été introduits par le PCF dans les années 1920. Mais à une petite différence près : l’ordre est inversé par rapport au drapeau russe. Et pourquoi ? Parce que seuls les partis communistes inféodés à Moscou le

52

Page 53: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

reprennent tel quel. Le logo du Parti communiste français a plusieurs fois changé de graphisme, pour devenir très stylisé dans ses dernières versions.

Sauf que depuis la semaine dernière, adieu faucille, adieu marteau… Lors de son 36e congrès, le Parti communiste français a décidé de ne plus faire figurer, sur la carte d'adhérent 2013, ces symboles historiques. La raison avancée ? Les nouvelles orientations du parti depuis la création du

Front de Gauche, alliance entre le PCF, le Parti de Gauche de l'ancien socialiste Jean-Luc Mélenchon et plusieurs micro-partis issus de l'extrême gauche trotskiste. Une page de l’histoire est tournée. Les plus nostalgiques se consoleront en conservant précieusement l’enveloppe dans laquelle arrivera leur nouvelle carte d’adhérent. La faucille et le marteau s’accrochent encore discrètement sur le timbre…

_________Le Parti communiste abandonne

la faucille et le marteauLe 8 février 2013, par Tristan Quinault Maupoil

Le symbole historique du Parti communiste ne figure plus sur la carte d’adhérent 2013. La décision du secrétaire national, Pierre Laurent, est vivement contestée.

"Je ne suis pas d’accord. Ça me choque". Jean-Jacques Candelier, député PCF du Nord est remonté. Le secrétaire national du Parti communiste a décidé de supprimer la faucille et le marteau des cartes d’adhérents. Une nouvelle qui ébranle le parti au moment même où se tient son 36e congrès. "Nous voulons nous tourner vers l’avenir. C’est un sigle qui ne résume pas ce que l’on est aujourd’hui", a précisé Pierre Laurent sur LCI.

53

Page 54: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Une déclaration qui déplaît à Jean-Jacques Candelier : "Je suis peut être vieux jeu mais cette carte m’a déplu". Il poursuit : "Parfois, l’Internationale (l’hymne communiste) est oubliée. Sur les nouveaux drapeaux, il n’y a déjà plus le marteau et la faucille".

Interrogée, l’ancienne secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, pensait que cette disparition avait eu lieu il y a bien longtemps. "Ça fait 15 ans que ça a disparu, que c’est réglé", dit-elle dans un sourire.

Jean-Jacques Candelier, lui, n’en démord pas : "J’ai demandé d’autres cartes pour ma section".

“On imagine mal ce qu’est le PCF sans la faucille et le marteau”

08/02/2013

Réuni en congrès depuis ce jeudi le Parti communiste français a fait disparaître la faucille et le marteau des cartes de ses adhérents.

Romain Ducoulombier, historien spécialiste de l’image du communisme (son ouvrage “Vive les soviets” est paru en septembre dernier),analyse la disparition de ces symboles forts du communisme.

Que vous inspire l’abandon de la faucille et du marteau?

Romain Ducoulombier – Si c’est confirmé, c’est très révélateur des contradictions du Parti communiste par rapport à son histoire. La faucille et le marteau ont été adoptés comme

54

Page 55: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

symboles fondateurs (avec le drapeau rouge et la gerbe de blé) dans les années 1920. Il est indissolublement lié à l’image de l’Union soviétique, mais avec le temps, les communistes français se le sont approprié. C’est même devenu indissociable de leur identité.Et même si ce symbole est très fortement lié à la promesse soviétique, c’est devenu un signe identitaire. On imagine mal ce qu’est le PCF sans la faucille et le marteau, personnellement je l’imagine mal. C’est presque une éviscération pour certains militants, tant ils sont “viscéralement” liés à ces symboles.

Vous parlez de « contradictions » du Parti communiste? Vis-à-vis de son passé, oui. Cet abandon est un signe de l’inachèvement de la

“rénovation” à l’époque de Robert Hue, mais c’est aussi une remise en cause de l’identité communiste, qui traine le boulet de son passé, et qui a du mal à s’en débarrasser.

Pourquoi pensez-vous que le PCF a pris une telle décision?Un certain nombre de choses inciterait à les faire disparaître. On peut penser que le

drapeau rouge suffit, car la faucille et le marteau rappellent l’industrialisme soviétique. C’est l’alliance des classes fondatrices de l’URSS, l’ouvrier et la kolkhozienne ; et cette vision industrialiste de la société était une conviction forte tout au long du XXe siècle. Or aujourd’hui, avec les débats amenés par Mélenchon sur l’écosocialisme, ce symbole ne fonctionne plus vraiment. Vous imaginez Mélenchon s’approprier la faucille et le marteau ? Le drapeau rouge révolutionnaire lui convient mieux.

Justement, certains voient dans cet abandon la mort du PCF, sa dissolution dans un courant « Front de gauche »…

Il y a une question générationnelle. L’abandon de la perspective révolutionnaire en 1976 avec l’adoption d’un discours sur le changement plutôt que sur la dictature du prolétariat a menacé de dissoudre l’identité du parti, son originalité historique, dans le courant général de la gauche française. C’est la même chose là, et ça effraie les communistes. Mais c’est un peu le dernier combat. Parce qu’au delà de ça, cette dissolution est largement engagée, voire peut-être déjà terminée. Malgré tout, si on s’attaque au dernier carré, aux derniers symboles, on est dans la désacralisation.

Pierre Laurent (le secrétaire général du PCF) met en avant l’idée de “nouvelle génération communiste“. Mais la question posée est de marier cette nouvelle génération qui viendrait à l’ancienne, attachée à certains principes qu’ils ne veulent pas remettre en cause. Et là où je vois une contradiction, c’est qu’à mon sens, ce qui unit ces vieux militants et ces jeunes, c’est le symbole de la faucille et du marteau. Même si c’est un symbole ouvriériste, peut-être un peu passéiste.

Le PCF peut-il survivre à l’abandon d’un symbole aussi important?C’est peut-être une maladresse politique. Je ne sais pas si c’est un acte politique

réfléchi ou le résultat d’une évolution qui dépasse ses auteurs. Car le fait de supprimer ces symboles fait ressortir tout ce qu’ils signifient, à la fois un objet identitaire pour les communistes, hérité du passé soviétique, et la référence révolutionnaire. Donc ça fait beaucoup d’un coup pour un seul symbole.

Ça ressemble vraiment à la formule “du passé faisons table rase“, chantée dans l’Internationale.

Je ne sais pas si c’est ce qu’ils avaient en tête. C’est l’aboutissement d’une logique, mise en branle dans les années 1990 avec la repentance “huiste”, et la distanciation avec certains aspects bolchéviques et soviétiques de l’histoire du Parti communiste. C’est un pas tellement impossible et difficile à franchir qu’à mon avis, ça va sans doute provoquer des

55

Page 56: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

remous. Car le moment choisi pour effacer la faucille et le marteau du parti ne pourrait être pire. Un congrès, c’est fait pour adopter de nouveaux symboles, pas pour en faire disparaître. Si le Parti communiste continue de renier son passé, il risque de disparaître. On a l’exemple en Italie, où le PC a cessé d’exister après avoir voulu rompre avec son histoire.

Romain Ducoulombier est l’auteur Vive les soviets, Les échappés, septembre 2012, Paris.

Après la lecture de ce numéro d’ « Approches

Marxistes » nous pouvons en conclure que la décision

anti-démocratique d’abandonner la faucille et le

marteau, symbole du communisme mondial, est bien un tournant historique

pour le PCF. Sa direction continue dans sa volonté de

56

Page 57: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

sociale démocratisation, mais les communistes n’ont pas dit leur dernier mot !!!

Suite à des notes de lecture

LETTRE OUVERTE A CATHERINE LE GALL ET NICOLAS CORI AUTEURS DE « DEXIA UNE BANQUE TOXIQUE »

Suite à la parution de votre enquête sur la banque Dexia, je vous transmets les informations suivantes qui me paraissent essentielles à la bonne

compréhension du sujet traité. Elles sont de nature à compléter, éclairer, resituer et parfois démentir certains de vos propos

.

57

de Brenda JORIOZ HADJ est conseillère municipale « Gauche communiste » de la ville de Clichy.

Page 58: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

1/SUR LA FORME, DE L’IMPARTIALITE A « GEOGRAPHIE » VARIABLE ?

En amont à toute réflexion, j’ai souhaité m’interroger sur le sens de certains mots et du rôle d’informateur que vous incarnez ; la méthode repose sur l’enquête et les témoignages qui sont censés être par essence le travail du journaliste. Cette remarque est confortée par vos écrits :

« les auteurs de ce livre ont entrevu une partie de l’histoire qui va être relatée ici et ont eu envie d’enquêter pour obtenir des réponses à des interrogations… » : le Petit Robert définit l’enquête comme «une recherche méthodique reposant notamment sur des questions et des témoignages».

Je vais plus loin ! Enquêter permet selon Wikipedia « En consultant plusieurs sources et en interrogeant plusieurs spécialistes du sujet ou témoins des événements, le journaliste d'investigation peut trier plus efficacement les informations et découvrir des faits inédits. Sa connaissance des faits tiendra donc mieux compte de la réalité et son analyse sera ainsi de meilleure qualité. La définition du journalisme d'investigation, selon la déontologie du journalisme, implique également une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques ou économiques, et une profondeur d'analyse qui résiste à la tentation de l'audimat ou à la course à l'exclusivité. »

« Nous avons rencontré de très nombreux protagonistes qui étaient au cœur de la machine » : effectivement si vous avez bien pris la peine de retranscrire en partie les témoignages de 46 protagonistes ( cf liste en annexe p.251), ni le Président du Conseil général de l’époque Hervé Bramy, ni Jean Jacques Karman, Conseiller général n’apparaissent dans cette liste. Est-ce à dire qu’ils n’étaient

pas au « cœur de la machine » ? Vous consacrez pourtant un sous chapitre entier, soit 3 pages de votre « enquête » à juger de leur action au Conseil Général. Comment « témoigner », c’est-à-dire apporter une contribution à la bonne compréhension de votre argumentaire en tenant à distance grossièrement les personnes concernées ?

Ce sont ces mots qui m’interrogent sur la qualité et le sérieux de votre enquête qui se trouve, maintes fois biaisée par des regards démesurément accusateurs ! Voici plusieurs arguments, concernant notamment la situation du Conseil général de la Seine-Saint-Denis qui démontrent comment une analyse entachée de préjugés, très souvent dénuée d’objectivité, sous un style romanesque justifiant un recours quasi systématique à des approximations ou des contre-vérités. Cette forme d’investigation brouillonne mène, et il en est regrettable au regard de l’importance du sujet traité, une partie de votre enquête dans l’impasse :

p107 : « les emprunts toxiques servent à compenser les difficultés économiques et sociales…le conseil général doit faire face à une demande croissante d’aides sociales, tandis que les recettes n’augmentent pas », je ne peux que regretter que votre analyse se contente de relater une partie de la vérité. Certes, le département de la Seine-Saint-Denis est confronté à de très fortes dépenses sociales accentuées par la crise sans précédent que nous traversons depuis 2008. Lorsque vous évoquez « les recettes qui n’augmentent pas », vous n’allez pas jusqu’au bout de votre raisonnement. Je vous apporte donc des informations qui seront de nature à compléter votre analyse. Depuis 2004, le transfert de charges issue de la solidarité nationale

58

Page 59: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

(APA, PCH, RSA) non compensé par l’Etat s’élève aujourd’hui à 1.9 millards d’euros. Ce véritable hold up mis en place par un gouvernement de droite et malheureusement poursuivi par celui du « changement », marque la volonté d’asphyxier financièrement les collectivités et les services publics de proximité ! Je poursuis par une citation et analyse de Michel Klopfer, spécialiste auquel vous vous référez très souvent dans votre ouvrage : « Les collectivités qui demain se seront effondrées, ne le seront pas à cause des produits structurés. Il s’agit pour vous d’un effet de ciseaux entre les dotations d’Etat qui vont progresser moins que l’inflation, une taxe professionnelle contrainte, des droits de mutation qui feront peut-être moins dix l’année prochaine, voire pire, et la dérive du social. » Il ne s’agit pas de minorer la place toxique de certains emprunts dans les finances du département ni de la responsabilité de la banque Dexia, mais bien de contextualiser la situation financière dans laquelle se trouve, malgré lui le Conseil général et bien d’autres collectivités.

p107 : « Le département de la Seine Saint Denis concentre à lui seul tous les « maux » des banlieues : …sa population est très jeune, la proportion d’immigrés ou de personnes issues de l’immigration est la plus élevée de France et le taux de chômage y est important ». Je m’interroge sur le regard subjectif que vous portez sur la « banlieue ». Je ne considère nullement la jeunesse et l’immigration comme un mal de la banlieue. Au contraire, la jeunesse et la diversité sont une chance pour notre département, il faut arrêter avec cette image cassante, ces préjugés qui discriminent toujours plus notre territoire. Sur quelles données statistiques et objectives vous appuyez-vous, quelles sont vos sources qui permettent d’établir clairement et effrontément ce lien

« banlieue-mal-jeunesse » ? «banlieue-mal-immigration » ?

-p107 : « Hervé Bramy, militant communiste sans histoires, fait équipe avec un autre élu aux finances, beaucoup plus remuant » Les jugements de valeur font-ils partie du journalisme d’investigation ? Comment entendre le qualificatif de « sans histoire » ? Est-ce employé pour disqualifier Jean Jacques Karman? Si un réel travail d’enquête avait pu voir le jour, vous auriez sans doute observé qu’il n’a JAMAIS ETE ELU AUX FINANCES du Conseil général. Si le temps précieux vous manquait pour le rencontrer, il vous suffisait de vous reporter à son site internet sur lequel il détaille ses différentes fonctions passées et actuelles. Vous auriez appris, par exemple, qu’entre 2004 et 2008, il a été vice-président à l’aménagement du territoire, à la politique foncière et aux affaires juridiques du département. Depuis 2008, il est Président de la Commission des finances, commission, qui comme vous le savez, ne délibère pas sur les affaires du Conseil général mais effectue un travail de réflexion et d’échanges entre les conseillers généraux.

-p107 : C’est dans cet esprit accusateur que vous citez un extrait d’un rapport de la commission permanente dans lequel Jean Jacques Karman expliquerait « qu’il faut maintenir le taux moyen prévisionnel de la dette en faisant usage, pour l’atteindre, d’instruments de gestion de taux proposés par les marchés » : il s’agit bien ici de propos calomnieux à son égard puisque il n’a pu signer un rapport qui ne relevait pas de sa responsabilité ni de sa délégation. Cette délibération présente-t-elle sa signature ?

-p108 : « et voici comment la finance spéculative se trouve mise à contribution pour assurer les

59

Page 60: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

objectifs du communisme » ! Toujours à charge et à « géométrie » variable, votre analyse, si elle peut nous faire sourire, perd pieds avec la réalité des faits. Pourtant vous expliquez aisément que c’est la financiarisation des budgets des collectivités, et notamment la privatisation et la mise sur le marché de la banque Dexia par le gouvernement Jospin qui a fait plonger les collectivités locales. A Lille « dans les deux cas, l’ancienne dirigeante du PS, n’y est pour rien… tout s’explique par la personnalité des responsables financiers de l’époque » ! Le système libéral et ce qu’il sous-tend de privatisations et de spéculation est le seul coupable de ces dérives… Néanmoins, vous expliquez qu’en fonction du contexte politique dans lequel ces emprunts sont passés, la responsabilité pourra varier.

En Seine-Saint-Denis par exemple, c’est le fait de la gestion des « communistes ». A Lille, Madame Aubry, n’a pas eu de chance, elle s’est entourée de mauvais conseillers ! Quel raisonnement pointu, nuancé, argumenté, qui dessert même l’objet de votre recherche ! Voici ce que Jean Jacques Karman écrivait et vérifiable sur son site : « On ne peut prétendre analyser la dette de notre département, sans la resituer dans un contexte plus global des finances publiques et notamment en 1986 et en 1991, dates de la privatisation du Crédit Local de France, par deux Premiers Ministres socialistes. Et c’est à ce moment-là que l’on assiste à l’achèvement d’un processus appelé « banalisation des financements » qui n’est autre que la financiarisation des budgets des collectivités locales. »

-p108 : « la Chambre régionale des comptes passe alors complètement à côté de l’existence des emprunts structurés se contentant de noter que le département a bénéficié de la baisse significative des frais

financiers »…toujours dans cet esprit de porter des accusations pour « rendre coupable », il s’agit ici de remettre en cause les compétences de l’institution juridique que représente la Chambre Régionale des Comptes, les experts des finances publiques qui y sont associés, les magistrats et même l’autorité des préfets ! Ces personnes ne sont pas passées « à côté de », elles ont composé, en connaissance avec ce que la loi du marché autorise, celle de la spéculation financière et de la libéralisation malheureuse du budget des collectivités locales.

-p.108 : « selon Daniel Guiraud, le successeur de Jean Pierre Beck »… effectivement Jean Pierre Beck a bien été le Directeur des affaires budgétaires du Conseil général…Quant à Daniel Guiraud, actuel maire des Lilas et 1er vice président aux finances du Conseil Général, il sera certainement ravi d’apprendre sa nouvelle fonction de directeur des Services.

-p.109 « En Seine-Saint-Denis, le responsable financier n’était pas le maître de la stratégie, nous a expliqué Sandra de Pinho. C’est l’élu aux finances qui décidait ». Je me suis longuement interrogée sur l’identité de cette personne, souscrivant l’idée qu’un tel témoignage émanerait d’une employée des services CG, d’un membre du cabinet…en vain. J’apprends dans les pages qui suivent, que Sandra de Pinho est directrice du service financier de la ville de …Lille ! Malgré 8000 agents que compte le Département, il vous a fallu chercher un témoignage extérieur afin d’étayer au mieux votre stratégie de culpabilisation et d’enquête à charge!

-p109 : « Et malgré (ou à cause de ?) sa formation marxiste, Jean Jacques Karman, l’adjoint aux Finances, a l’air de ne rien comprendre aux produits structurés ». Cette phrase, à elle seule,

60

Page 61: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

est un concentré de malhonnêteté intellectuelle, si intelligence il y a… .En accusant un élu communiste de jouer avec la finance, vous cherchez à accuser le mouvement marxiste (à cause de ?) et au-delà, la gestion communiste dans les collectivités. Mais cette affirmation repose sur une méconnaissance profonde des faits et des institutions. Comme expliqué précédemment, Jean Jacques Karman n’a jamais été élu aux finances du département. J’ai appris que vous collaboriez avec la Gazette des communes, qui est la revue de référence du secteur des collectivités locales. C’est à ce titre, qu’une information déterminante vous a pourtant manquée : le statut « d’adjoint » ne se trouve qu’au niveau d’une municipalité, on dit « adjoint au maire » ; à l’échelle du département, il s’agit d’un poste de vice président. Il a été effectivement adjoint aux finances du Maire d’Aubervilliers. …je vous renvoie donc le jugement de valeur que vous lui portez sur sa méconnaissance des produits structurés, à celle de votre ignorance profonde du fonctionnement des collectivités locales.

-p109 : « le rapport établi par Karman à la commission permanente du juillet 2005 ». Outre le ton familier et méprisant que vous empruntez pour le nommer, je vous demande de me transmettre tout rapport qu’il aurait établi et donc signé sur les emprunts, n’étant pas, je vous le rappelle, l’élu référent aux finances ! Je précise d’ailleurs, que la Commission permanente a délibéré sur tous ces contrats d’emprunts. Tous ont été adoptés unanimement par les membres de la Commission permanente : communistes, socialistes, et droite.

- Les copains de Dexia « Des politiques des 2 bords bénéficiaient du système », les jetons de présence sont plus que symboliques ; en moyenne les élus touchent 20 000 euros par an, pour 4 ou 5 réunions

par an » « François Rebsamen, maire de Dijon, présent au CA de 2003 à 2008, Claudy Lebreton, président de l’ ADF… un ancien membre de la direction de Dexia évoque les réseaux franc-maçonnerie « c’est un élément essentiel pour comprendre les relations entre Dexia et le monde des collectivités »

Quelle est donc cette stratégie de déstabilisation qui consiste à trouver à n’importe quel prix, un coupable quitte à recourir à la calomnie ? Pourquoi ce deux poids deux mesures alors que tous s’accordent pour affirmer que les collectivités locales de gauche comme de droite ont été piégées par le système ? Il y a manifestement de votre part la volonté de nuire à la gauche radicale, d’apporter du discrédit, ceci est d’autant plus fort lorsque j’observe les qualificatifs employés pour définir le personnage central du roman, le chevalier Claude Bartolone !

- Gloire à Monsieur Bartolone « Ce livre doit beaucoup au combat de Claude Bartolone », « il a mené l’offensive » « il multiplie les interventions pour dénoncer le rôle des banques » « CB a été le premier à prendre les armes » « cet homme au verbe haut et au franc parler » « il a lancé une première offensive et ne s’arrêtera plus » « après avoir lancé un ultimatum »« CB donne l’exemple en récidivant» « combattant de la première heure » « mais la plus grande victoire de CB est la création d’une commission d’enquête parlementaire » « CB sous les feux de la rampe » « comme CB se réserve le titre de Président » de la commission… » « Jean Pierre Gorges destiné à tempérer la fougue de CB ».

Vous concluez votre enquête en abordant un regard critique sur les financements sous forme des PPP

61

Page 62: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

(partenariat public privé). Savez vous que Claude Bartolone en a fait l’élément fort de sa mandature en signant des contrats avec les majors du BTP pour la rénovation de 7 collèges et la construction de 5 autres pour un total de 350 millions d’euros ? Ces contrats PPP, pourtant largement décriés sur tout le territoire en raison des risques financiers énormes qu’ils font courir aux collectivités locales et de l’attaque contre le service public qu’ils représentent n’ont pas empêché votre chevalier à Privatiser le Patrimoine Public.

Savez-vous que les 13 élus qui composent le groupe communiste Front de Gauche ont voté contre ces contrats ? Savez-vous que le PS et la droite, étonnamment rassemblés dans la même logique, ont voté pour ?

Le recours au Partenariat Public/Privé , tout comme l’absence de volonté de mettre en œuvre un pôle public bancaire capable de sécuriser les finances des collectivités, sont finalement l’aveu d’un renoncement et d’un échec devant le libéralisme.

2/SUR LE FOND, UNE CHARGE CONTRE DEXIA QUI DECHARGE LES MEFAITS DU LIBERALISME (CAPITALISME FINANCIER)

Créé en 1987 sous les auspices de la Caisse des dépôts et consignations, le Crédit Local de France, destiné à financer les collectivités locales, connaît sa première introduction en bourse en 1999 (Dominique Srauss-Khan) L’ébranlement actuel du système bancaire est l’aboutissement programmé de la frénésie de privatisations, de déréglementations et de spéculations.

Cette faillite de Dexia montre que le maillon faible de la chaîne de la crise de la dette est constitué par les banques privées alors que les gouvernants et les médias dominants mettent l’accent sur la crise de la dette publique. Si un réel gouvernement de gauche avait été élu, voici les premières mesures de justices sociales et fiscales qui permettraient de sortir les collectivités de ce gouffre :

1/suspendre le versement des intérêts comme la loi l’autorise… Oui, en Seine-Saint-Denis, il fallait assigner les banques en justice, oui, il faut refuser de payer les intérêts de ces emprunts structurés…mais il faut aller plus loin ! Je fais mienne la proposition d’ATTAC qui préconise aux Etats français et belge d’annuler les 85 milliards d’euros de

garantie consentis à Dexia et à ses créanciers. Il faut mettre un terme au sauvetage à répétition ; Dexia a déjà été sauvée 3 fois depuis 2008 grâce à de l’argent public, sans contre partie et c’est ce qui explique l’augmentation de la dette publique, prétexte pour imposer l’austérité et des coupes budgétaires dans les services publics !

2/créer d’un pôle public bancaire dont les missions d’appui au développement des projets d’intérêt général soient clairement affirmées. L’idée de la création d’une Agence de financement de l’investissement local doté de moyens ridicules nous interroge sur le cap emprunté par le « gouvernement du changement » qui sert les intérêts des banques et de la finance au détriment de l’intérêt général et du secteur public.

3/prendre des mesures pour empêcher les institutions financières de continuer à nuire : nationaliser les banques (sans indemniser les actionnaires) en les plaçant sous le contrôle des citoyens et modifier les statuts de la Banque Centrale Européenne.

Brenda JORIOZ HADJ

62

Page 63: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Front de gauche :stratégie électorale et démarche politique

Caroline ANDREANI

La manifestation du 5 mai dernier illustre les contradictions de la démarche du Front de gauche, qui oscille depuis le départ entre une stratégie électorale, celle d'un rassemblement de forces politiques à la gauche du Parti socialiste, et une démarche politique moins évidente, qui elle même oscille entre la volonté de dilution du Pcf au sein d'un rassemblement plus large, et la volonté de maintenir malgré tout la primauté de la force communiste au sein de ce

rassemblement. La diversité des échéances électorales et politiques, la stratégie à géométrie variable de la direction du Parti communiste et de son principal allié, le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, font qu'il est parfois difficile de bien comprendre tous les éléments de la démarche. Pour autant, ne nous y trompons pas, le risque de dissolution est latent depuis la création du Front de gauche il y a 5 ans.

.

L'héritage des collectifs antilibéraux

Rappelons-nous de l'épisode des collectifs antilibéraux et du plantage de l'élection présidentielle de 2007.

En 2004, le Parti communiste, après avoir hésité sur la stratégie, se lance dans une campagne pour le « Non » au référendum sur le Traité constitutionnel européen. Cette

campagne rassemble bien au-delà du Pcf, puisque l'on voit aux côtés de Marie-George Buffet des personnalités aussi diverses que Olivier Besancenot, Laurent Fabius, José Bové ou Jean-Luc Mélenchon. Cette expérience d'une campagne collective, avec des militants issus de l'extrême gauche, est

63

Le dernier livre de notre camarade François Ferrette

Page 64: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

une première pour le Pcf qui jusque-là se méfiait de tout ce qui n'était pas issu de ses rangs. Le référendum de 2005 voit la victoire du « Non ». A travers cette expérience politique positive, les dirigeants du Parti communiste commencent à ré-espérer peser sur le débat politique, en sortant du tête à tête inégalitaire avec le Parti socialiste. Le Pcf rêve déjà d'une alliance large, comme le montre les démarches envers Laurent Fabius qui est invité à la Fête de L'Humanité en 2005. Mais la greffe ne prend pas car de nombreux militants du Pcf se souviennent de ce Premier ministre de Mitterrand, chantre de l'austérité, et de l'épisode du sang contaminé.

C'est à la suite de l'expérience de 2005 que sont créés en 2006 les collectifs antilibéraux. Ces collectifs rassemblent dans les mêmes assemblées militants communistes et militants de la « petite gauche ». La direction du Parti travaille à une liste commune fédérant toutes les forces à la gauche du parti. Elle fait de nombreuses avances à l'étoile montante de l'époque, Olivier Besancenot. Las, la LCR est dans son processus de construction du Nouveau parti anticapitaliste. Persuadés de devancer le Pcf aux élections présidentielles et d'attirer à eux de nombreux communistes, voire de siphonner la majorité des militants communistes pour créer enfin la grande organisation populaire qui dépassera le Pcf, les dirigeants du NPA refusent toute idée d'alliance. Le Pcf devra donc se rabattre sur les militants gauchistes et écologistes des

collectifs, qui se reconnaissent, eux, dans José Bové beaucoup plus que dans Marie-Georges Buffet.

Ce n'est pas faute, au sein du Pcf, de mettre en garde contre une certaine forme d'aventurisme liée à une méconnaissance totale de la mouvance gauchiste. Ce qui devait arriver arriva : les collectifs explosèrent lorsqu'il fallut désigner le candidat à l'élection présidentielle. Entre un José Bové issu de l'expérience du Larzac, dirigeant de la Confédération paysanne, quelques aventuriers politiques en mal de reconnaissance et Marie-Georges Buffet, les gauchistes choisirent Bové, les communistes MG Buffet, même s'il s'éleva à l'époque dans les rangs du Pcf des voix pour déplorer que les communistes n'aient pas accepté le choix des gauchistes.

Marie-Georges Buffet, partie trop tard en campagne, ne se présentant pas sous l'étiquette communiste, ne réussit pas à mobiliser les communistes. Elle obtint moins de 2% des voix, son challenger José Bové faisant encore moins bien.

On aurait pu penser qu'après cette expérience cuisante, les communistes auraient eu à cœur de repenser leur démarche d'alliance et de réfléchir à une stratégie de rassemblement différente. C'était sans compter Jean-Luc Mélenchon, nouvel homme providentiel après Besancenot et Bové, rangés dans les limbes des tentatives malheureuses.

Les premiers pas du Front de gauche : européennes et régionales

S'il est un homme politique qui sait se saisir des opportunités, c'est bien Jean-Luc Mélenchon. Sénateur socialiste, issu de l'OCI, Mélenchon choisit son moment pour sortir du Parti socialiste avec un maximum de publicité, en novembre 2008, avec le député du Nord Marc Dolez. Il espère quitter le Parti socialiste avec sa frange de gauche, mais à peine 2 000 militants socialistes quittent leur parti pour le suivre.

Il déclare alors : «Ainsi que nous l’a montré en Allemagne Oskar Lafontaine avec

Die Linke, nous décidons d’engager avec tous ceux qui partagent ces orientations la construction d un nouveau parti de gauche et nous appelons à la constitution d'un front de forces de gauche pour les élections européennes».

Il n'est pas encore question d'un rassemblement avec le Parti communiste, et Mélenchon ne ferme aucune porte. Des contacts existent depuis 2005 entre les dirigeants du Parti communiste et Mélenchon. Il saura les réactiver pour créer

64

Page 65: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

le Front de gauche, car l'aspiration a créer en France un nouveau Die Linke est bien présente dans la direction du Pcf. Le nouvel astéroïde politique comprend au départ trois « forces », le Pcf, le Parti de gauche créé par Mélenchon, et la Gauche unitaire, issue du NPA et emmenée par un dirigeant historique de la LCR, Christian Piquet.

Pour les communistes, c'est un nouvel épisode politique qui voit le jour, et qui doit valider coûte que coûte une stratégie d'alliance électorale mise à mal avec les collectifs antilibéraux. Plus question de perdre du temps avec la « petite gauche » : Gauche unitaire ou Parti de gauche, les deux formations n'existent que sur le papier et à travers leurs dirigeants « emblématiques », mais ils donnent une caution de rassemblement à la direction du Parti communiste qui cherche un renouveau dans l'affichage politique.

Ce renouveau, le Parti communiste va le payer chèrement au niveau des élus. Si le PG et la GU ne représentent que peu de forces sur le terrain, médiatiquement par contre, Jean-Luc Mélenchon prend une assurance et un poids que le Pcf n'avait sans doute pas escompté. Ce poids médiatique, le Parti de gauche le monnaye. Lors des élections européennes de 2009, sur huit régions, le Parti communiste présente et réussit à faire élire deux communistes, Jacky Hénin (Nord-Pas-de-Calais) et Patrick Le Hyaric (Ile-de-France). Le Parti de gauche obtient deux têtes de liste éligibles et élues, Jean-Luc Mélenchon dans le Sud-Ouest, Marie-Christine Vergiat dans le Sud-Est. Au total, un micro-parti nouvellement créé (il est fondé officiellement le 1er février 2009) obtient autant de députés européens que le Parti communiste, ce dernier ayant été le fer de lance de la campagne des européennes.

Dans la foulée, aux élections régionales de mars 2010, le Parti communiste et ses alliés décident de poursuivre dans la voie tracée aux européennes. Si certains s'opposent fermement à cette alliance dans laquelle ils voient un jeu de dupes, d'autres au sein du Parti communiste y voient l'occasion de poursuivre dans la voie de l'effacement du parti. Toute l'aile droitière de la direction nationale pousse à fond pour que le Front de gauche soit l'étiquette derrière laquelle se rangent les communistes, voulant transformer une alliance électorale en nouvelle force politique.

Dans 17 régions, le Front de Gauche présente des listes autonomes. Au moment de la constitution des listes, on voit se manifester localement des membres se revendiquant de l'étiquette PG ou GU qui exigent et obtiennent des positions éligibles.

Résultat, aux régionales de 2010, les résultats électoraux sont contrastés. Avec 6% des scrutins au plan national, le Front de gauche réussit quelques percées intéressantes en Nord-Pas-de-Calais, Auvergne, Corse et Limousin où le Front de gauche dépasse les 10 %. Mais le Parti communiste lui, perd la moitié de ses élus -ils ne sont plus que 95- par rapport aux élections régionales de 2004 où il avait obtenu 191 élus. Au total, si le pourcentage global a augmenté, le nombre des élus est très en deçà de ce qu'il aurait du être parce qu'il fallait laisser la place aux partenaires, puis négocier avec le Parti socialiste. Des partenaires qui se révèlent parfois difficilement gérables. En Ile-de-France, au lendemain de l'élection, deux groupes Front de gauche siègent au Conseil régional, l'un rassemblant les communistes, l'autre leurs alliés des autres composantes politiques...

La présidentielle de 2012

L'aventure électorale des européennes et des régionales se poursuit avec les élections présidentielles de 2012.

En juin 2010, Pierre Laurent succède à Marie-Georges Buffet, promotrice du Front de gauche et soutien indéfectible de Jean-Luc Mélenchon. Pierre Laurent, tout jeune

65

Page 66: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

secrétaire national, ne souhaite manifestement pas risquer une candidature à l'élection présidentielle.En 2011, la direction du Pcf lance un processus de désignation du candidat à l'élection présidentielle. Pierre Laurent met son poids dans la balance en affirmant publiquement à différentes reprises que son candidat est Jean-Luc Mélenchon. Face à cette candidature imposée, d'autres noms circulent, les plus sérieux étant ceux d'André Gérin et d'André Chassaigne, tous deux députés et connus pour leur ancrage de terrain. Rapidement, André Gérin annonce son soutien à André Chassaigne. Lors de la consultation des communistes (juin 2011), Chassaigne obtient 36,82 % des voix des communistes. La désignation de Jean-Luc Mélenchon est donc actée.

Le soutien à Jean-Luc Mélenchon est une rupture dans l'histoire du Pcf qui depuis 1981 avait toujours présenté un candidat aux élections présidentielles. En soutenant un candidat qui n'était pas issu de ses rangs, le Pcf préférait éviter un énième résultat catastrophique. En même temps, il se privait d'une tribune politique au profit d'un ancien socialiste.

Le résultat a dépassé les prévisions : crédité en début de campagne de 6 % des

suffrages, Mélenchon a réussi à dépasser 11 % des scrutins.

Mais surtout, cette campagne lui a permis de s'imposer comme un acteur incontournable de la vie politique. Entre ses interviews, ses débats, les réunions publiques dans les grandes villes de France qui ont réuni des centaines de milliers de partisans, Mélenchon a obtenu une tribune qu'il n'aurait jamais eue autrement. En politicien intelligent, il a eu ce qu'il cherchait : une légitimation médiatico-politique qui lui donne un poids sans commune mesure avec la réalité de son organisation.

Ne jetons pas la pierre à Mélenchon : sa verve, son talent d'orateur ont aussi cassé les codes du débat politique. Il a redonné, y compris aux communistes, une volonté de se battre contre les idées dominantes. Et on peut certainement mettre à son actif la non-participation à un gouvernement dirigé par le Parti socialiste, participation qui tentait une partie des dirigeants du Pcf.

Ne sur-estimons toutefois pas les résultats de la présidentielle : Mélenchon a aussi engrangé les voix qui se sont portées aux scrutins précédents sur l'extrême gauche. Lors de cette élection, il a polarisé l'électorat que le parti communiste avait laissé échapper par l'illisibilité de ses positions et son manque de courage politique.

L'épisode Hénin-Beaumont

Le coup de pied de l'âne a été par la suite l'aventure législative d'Hénin-Beaumont. Lorsqu'au lendemain de la présidentielle, Pierre Laurent a officiellement annoncé au Conseil national du Pcf la candidature de Mélenchon face à Marine Le Pen à Hénin-Beaumont, l'idée d'un duel Le Pen-Mélenchon a été appréciée. D'une part, ce parachutage déstabilisait la fédération du Pas-de-Calais, ouvertement hostile au Front de gauche. D'autre part, cela constituait un défi personnel pour le candidat de la présidentielle. A aucun moment les communistes n'ont remis en cause ce choix, alors qu'en tout état de cause, le Front de gauche n'était pas responsable de la montée

en puissance du leader de l'extrême droite. En allant jouer les pompiers-pyromanes, le Front de gauche et les communistes en leur sein, tombaient dans le piège des médias et des partis bénéficiaires de la bi-polarisation de la vie politique. On peut aujourd'hui s'agacer que le Front national et le Front de gauche soient systématiquement renvoyés dos à dos. Il fallait commencer par refuser d'affronter l'extrême droite sur le terrain choisi par d'autres, en mettant en cause les véritables responsables de sa montée en puissance : la politique du gouvernement Fillon-Sarkozy, la crise économique, l'Union européenne.

66

Page 67: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

Des lendemains qui chantent ?

Aujourd'hui se pose pour le Parti communiste plusieurs questions, dont les réponses ne sont ni simples ni évidentes.La validité de la politique d'alliance électorale n'est pas à remettre en cause. A toutes les étapes de son histoire, le Parti communiste a conclu des alliances avec d'autres forces politiques, ce dès les années 1934 avec la mise en place du Front populaire, au moment de la Résistance, à la Libération. Depuis les années 60, on peut remarquer que ces alliances se sont limitées à un partenariat de plus en plus prégnant avec le Parti socialiste. Celles du Front de gauche ne dérogent donc pas à la règle, mais elles ne sont pas absurdes si l'on se place dans la perspective de desserrer l'étau des relations trop inégalitaires avec le Parti socialiste.

Autre chose est la dilution du Parti communiste dans une nouvelle force politique. Ce risque est présent, et il est inquiétant car toutes les expériences menées dans des conditions similaires ailleurs en Europe se sont terminées par la disparition des forces communistes.

Cependant, le personnage de Mélenchon refroidit de nombreux communistes. Le récent épisode du dépassement des prévisions du compte de campagne à l'élection présidentielle n'est pas sans interroger les communistes. En effet, au cas où les dépenses de la campagne

présidentielle dépassaient les projections, le Parti de gauche s'était engagé à en assumer sa part. Il refuse aujourd'hui de le faire, laissant au Pcf le soin de payer l'ensemble des dépenses supplémentaires de la campagne.

Les positions du Parti de gauche, qui annonce lors de son congrès qu'il présentera des listes autonomes dans plus de 60 grandes villes de France face au Parti socialiste, sans en discuter au préalable avec ses partenaires, posent aussi problème aux communistes. Le Pcf est le 3e parti de France en terme d'élus locaux. Or, il doit cette positon à ses alliances avec le Parti socialiste. Si celles-ci sont remises en cause par l'attitude du PG, que fera le Parti communiste ? Acceptera-t-il une confrontation avec le Ps dont il ne sortira pas vainqueur ? Certainement pas. Des décennies d'alliances électorales avec le Ps l'ont convaincu de ne pas affronter trop directement le Ps, le récent vote du budget du Conseil général le prouve.

Quid des instances dirigeantes du Front de gauche ? Même si l'on ne veut pas voir dans le Front de gauche les prémisses d'une nouvelle organisation politique, on ne peut que s'étonner du silence qui entoure ses instances dirigeantes. Une indiscrétion de Didier Le Reste lors d'un récent CN du Pcf laisse à penser que les rapports avec les dirigeants des organisations partenaires ne sont pas au beau fixe.

En tout état de cause, les élections municipales de 2014 risquent de constituer une ligne de fracture entre un Pcf habitué la gestion municipale, dont il a structurellement besoin, et le Parti de gauche, qui lui, n'a rien à perdre à une confrontation avec le Parti socialiste, sauf une reconnaissance en tant qu'opposant à la ligne sociale-démocrate du Ps. Et pourtant, qu'est-ce qui distingue vraiment Mélenchon du reste du Parti socialiste ? Il suffit de lire en détail ses discours pour comprendre que le Parti de gauche est sur une ligne réformatrice.

Mélenchon n'est pas un Chavez français. Tout au plus serait-il un Régis Debray avec 20 ans de moins. Sur le fond, rien de révolutionnaire. L'union européenne, l'euro ? Il ne faut pas y toucher. Les agressions impérialistes contre le Libye ou la Syrie ? Il ne les condamne pas. Alors bien sûr, il y a les références historiques, les traits d'esprit et les rodomontades. Mais ce n'est pas cela qui donne de l'épaisseur à une visée politique. Celle de Mélenchon est facile à cerner : il se sert du Parti communiste pour fonder les bases d'une nouvelle organisation qu'il

67

Page 68: La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un ... · PDF filede Jean Jacques Karman 1 La faucille et le marteau : plus qu’un symbole, un positionnement marxiste ! Le numéro

souhaite diriger, une organisation qui serait l'aile gauche du Parti socialiste. En cela, il

rejoint les visées de Pierre Laurent de de Marie-Georges Buffet

.

68