La Culture de la Paix et la Tolérance en Islam

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La Culture de la Paix et la Tolérance en Islam La culture de la paix et la tolérance en Islam Introduction Le présent document a été élaboré à l'occasion de l'année internationale de la culture de la paix (année 2000) proclamée par l'Organisation des Nations Unies (ONU) (Décision de l'Assemblée générale N°15/52 du 20 novembre 1997) sur proposition de l'Organisation des Nation Unis par l'Education, les Sciences et la Culture (Unesco. Il est utile de rappeler à ce sujet que ces deux organisations ont pris et continuent de prendre de nombreuses initiatives allant dans le sens de la diffusion de la culture de la paix et de la tolérance, dont on peut citer : - L'élaboration et l'édition de nombreux documents culturels et pédagogiques en relation avec la paix et la tolérance. - La préparation (et le vote par les pays membres) de nombreuses déclarations avec des programmes d'actions dans ce domaine, en particulier : la déclaration de principe sur la tolérance(1995); la déclaration et le programme d'action sur la culture de la paix(1999); etc. - La création de plusieurs occasions visant à stimuler les actions et à mobiliser les énergies en faveur de la tolérance et la paix dans le monde, par exemple : la proclamation de l'année 1995 comme année internationale de la tolérance, du 16 novembre de chaque année comme journée mondiale de la tolérance, de l'année 2001 comme année internationale du dialogue entre les civilisations, de la décennie 2001-2010 pour le soutien de la culture de la paix et de la non-violence en faveur des enfants. Ces différentes actions, leurs motivations et les résultats escomptés ont fait l'objet d'un Rapport de Synthèse sur la

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La Culture de la Paix et la Tolérance en Islam

La culture de la paix et la tolérance en Islam

Introduction

Le présent document a été élaboré à l'occasion de l'année internationale de la culture de la paix (année 2000) proclamée par l'Organisation des Nations Unies (ONU) (Décision de l'Assemblée générale N°15/52 du 20 novembre 1997) sur proposition de l'Organisation des Nation Unis par l'Education, les Sciences et la Culture (Unesco. Il est utile de rappeler à ce sujet que ces deux organisations ont pris et continuent de prendre de nombreuses initiatives allant dans le sens de la diffusion de la culture de la paix et de la tolérance, dont on peut citer :

- L'élaboration et l'édition de nombreux documents culturels et pédagogiques en relation avec la paix et la tolérance.

- La préparation (et le vote par les pays membres) de nombreuses déclarations avec des programmes d'actions dans ce domaine, en particulier : la déclaration de principe sur la tolérance(1995); la déclaration et le programme d'action sur la culture de la paix(1999); etc.

- La création de plusieurs occasions visant à stimuler les actions et à mobiliser les énergies en faveur de la tolérance et la paix dans le monde, par exemple : la proclamation de l'année 1995 comme année internationale de la tolérance, du 16 novembre de chaque année comme journée mondiale de la tolérance, de l'année 2001 comme année internationale du dialogue entre les civilisations, de la décennie 2001-2010 pour le soutien de la culture de la paix et de la non-violence en faveur des enfants.

Ces différentes actions, leurs motivations et les résultats escomptés ont fait l'objet d'un Rapport de Synthèse sur la Culture de la Paix préparé par l'Unesco et présenté par le secrétaire général de l'ONU en 1998 (1).

La diffusion de cette culture de la paix constitue en effet un axe essentiel des actions visant à instaurer la coexistence et la compréhension entre les hommes quelles que soient leurs différences ethniques, culturelles ou religieuses ; elle constitue aussi une réponse à ce défis que constituent les conflits, les guerres destructrices et les crimes organisés qui ont marqué l'histoire de l'humanité.

Par ailleurs la poursuite de ces phénomènes de violence et de destruction au cours de la dernière décennie du 20éme siècle et jusqu'à présent, de même que les crimes contre l'humanité commis en Bosnie et au Rwanda par exemple, constituent une triste démonstration du fait que le chemin pour sauver les générations futures du fléau de la guerre est encore long et nécessite de profonds et incessants efforts.

L'Education constitue, dans cette optique, une composante majeure de ces efforts afin de transformer la culture de la violence et de la guerre en culture de la non-violence et de la paix. Car «les conflits naissent d'abord dans les esprits, et par conséquent la défense de la paix et son

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enracinement doivent commencer dans les esprits» comme le précise bien l'Acte constitutif de l'Unesco.

D'un autre coté, au niveau des valeurs spirituelles, bien que toutes les croyances, et en particuliers les religions monothéistes, donnent une grande importance aux valeurs de la paix et de tolérance, on constate malheureusement que la recrudescence des violences qui se mêlent aux religions donne une image déformée de celles-ci ; avec de regrettables amalgames entre terrorisme et religion. Ces amalgames nourrissent différents préjugées et idées reçues ou préconçues, contrariant ainsi les valeurs de paix qui sont prônées. Une telle situation requiert elle aussi des efforts constants de la part des institutions religieuses et éducatives, afin de préciser les idées et mettre en évidence l'attachement de ces religions aux valeurs de paix et de tolérance.

L'Education est un moyen efficace pour l'instauration de la culture de la paix; c'est également un moyen relativement simple à mettre en oeuvre à condition toutefois que la volonté de l'institution éducative se manifeste à cet égard et qu'un minimum de préparatifs pédagogiques (essentiellement diffusion d'un matériel pédagogique adéquat et éventuellement des sessions de formation des enseignants) soient réalisés. La méthode consiste :

- à aborder le sujet de la paix et de la tolérance dans le cadre de l'éducation religieuse ou civique à tous les niveaux scolaires.- à étudier des sujets ou textes littéraires ou historiques en rapport avec la paix et les vertus de tolérance.- à aborder les conflits et violences qui ont marqués l'histoire de l'humanité et leurs conséquences dévastatrices et en déduire les leçons à tirer dans le cadre de la matière 'Histoire'.

En sachant que l'objectif est de donner à l'élève des informations pertinentes qui complètent son expérience personnelle et qui renforcent son attachement aux valeurs de paix et de tolérance.

Le but de ce document est de présenter, d'une manière concise et pédagogique espérons-nous, les valeurs de tolérance et de paix prônés par l'Islam. Le texte peut ainsi être exploité dans le cadre de la préparation de leçons à ce sujet aux différents niveaux de l'enseignement.

(1) Rapport disponible sur le site Web de l'Unesco

Chapitre Premier

La Tolérance au niveau individuel et le respect de l'autre dans l'Islam

1. Introduction : signification de la tolérance2. La tolérance à l'échelle de l'individu et les qualités qui s'y rattachent 2.1. L'égalité entre les hommes et le respect d'autrui 2.2. L'ouverture d'esprit, l'élimination des préjugés 2.3. La Bonne Parole2.4. La résolution des différents de manière juste et rationnelle et la quête de la réconciliation(1) La justice, l'objectivité, l'équité(2) La quête de la conciliation (3) La médiation en cas de différends

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(4) Le principe de la concertation et de la prise en compte de l'opinion d'autrui(5) Le non-usage de la violence2.5. La rétention du ressentiment, le pardon, la longanimité2.6. Ne pas culpabiliser les innocents ou rechercher des bouc-émissaires3. La Tolérance à l'échelle individuelle dans d'autres croyances

1. Introduction : Signification de la Tolérance

La Tolérance au niveau individuel est prise ici dans un sens large, qui signifie le respect de l'autre, son appréciation, la bonne conduite, quelles que soient les différences qui existent entre les hommes aux niveaux ethnique, linguistique, des valeurs culturelles ou religieuses, des opinions, etc. Sous réserve, bien entendu, que ces valeurs ou ces opinions prônent elles aussi les principes de tolérance : la tolérance n'aurait en effet pas de sens si elle implique une passivité devant des attitudes injustes, racistes, intolérantes. A cet égard, il est intéressant de rappeler la signification proposée pour la tolérance dans la déclaration de principe sur la tolérance adopté à l'Unesco en 1995 :

« La tolérance est le respect, l'acceptation et l'appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d'expression et de nos manières d'exprimer notre qualité d'êtres humains. Elle est encouragée par la connaissance, l'ouverture d'esprit, la communication et la liberté de pensée, de conscience et de croyance. La tolérance est l'harmonie dans la différences. Elle n'est pas seulement une obligation d'ordre éthique ; elle est également une nécessité politique et juridique. La tolérance est une vertu qui rend la paix possible et contribue à substituer une culture de la paix à la culture de la guerre. La tolérance n'est ni concession, ni condescendance, ni complaisance. La tolérance est, avant tout, une attitude active animée par la reconnaissance des droits universels de la personne humaine et des libertés fondamentales d'autrui. En aucun cas la tolérance ne saurait être invoquée pour justifier des atteintes à ces valeurs fondamentales. La tolérance doit être pratiquée par les individus, les groupes et les Etats. La tolérance est la clé de voûte des droits de l'homme, du pluralisme (y compris le pluralisme culturel), de la démocratie, de l'Etat de droit. Elle implique le rejet du dogmatisme et de l'absolutisme et conforte les normes énoncées dans les instruments internationaux relatifs aux droit de l'homme. Conformément au respect des droits de l'homme, pratiquer la tolérance ce n'est ni tolérer l'injustice sociale, ni renoncer à ses propres convictions, ni faire de concessions à cet égard. La pratique de la tolérance signifie que chacun a le libre choix de ses convictions et accepte que l'autre jouisse de la même liberté. Elle signifie l'acceptation du fait que les être humains, qui se caractérisent naturellement par la diversité de leur aspect physique, de leur mode d'expression, de leurs comportements et de leur valeurs, ont le droit de vivre en paix et d'être tels qu'ils sont. Elle signifie également que nul ne doit imposer ses opinions à autrui »

La Tolérance prend aussi d'autres dimensions dans les situations conflictuelles; elle implique notamment : la prise en considération de l'opinion d'autrui, la résolution des conflits de manière rationnelle, la quête de la conciliation, le pardon, la longanimité, la modération, la bonne parole etc.

La promotion de ces attitudes suppose en outre certains préalables essentiels comme l'attachement au principe d'égalité entre les hommes, dans les droits et les devoirs, l'élimination des préjugés et de tout sentiment de supériorité ou d'égoïsme.

Toutefois, si les effets de la tolérance et des attitudes qui s'y rattachent sont des plus heureux au niveau des relations entre individus, il est aussi connu que l'application de ces attitudes, n'est pas

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toujours facile et toute personne peut être amenée à faire face à des situations difficiles sur le plan relationnel.

Il va de soi qu'à ce sujet, l'erreur est non seulement permise mais elle est inévitable. L'important est d'en tirer les leçons, de rectifier ou d'améliorer ses attitudes.

D'un autre coté, il est aussi connu que les comportements non-tolérants (la colère - du moins la colère facile-, la mauvaise parole, le refus d'autrui, la violence, la vengeance,...) ont des conséquences fâcheuses non seulement au niveau des relations humaines, mais aussi au niveau du travail et plus généralement au niveau du développement humain, économique et social : le progrès, la production reposent sur le travail collectif des humains et dépendent du degré de coordination, d'entraide et d'harmonie entre les différents acteurs que ce soit dans l'entreprise, ou l'administration ou dans toute autre institution : cet aspect est bien connu des spécialistes ( et des praticiens) de la gestion et il est utile de rappeler à ce propos que la gestion des conflits ou des susceptibilités dans l'entreprise par exemple constitue un chapitre à part entière des sciences de gestion et de l'organisation.

Ce chapitre aborde ces différentes questions du point de vue de l'Islam et met en évidence l'importance accordée par le Coran à la tolérance et aux attitudes qui s'y rattachent

2. La Tolérance à l'échelle de l'individu et les qualités qui s'y rattachent

Comme nous venons de le préciser, la tolérance entre individus englobe plusieurs vertus comme : le principe d'égalité entre les hommes, le respect d'autrui, la bonne conduite avec les autres, l'acceptation de la diversité, la résolution des conflits de manière rationnelle, le pardon, la modération, la quête de la conciliation etc. Le présent paragraphe présente ces qualités plus en détail.

2.1. L'égalité entre les hommes et le respect d'autrui

Le respect de l'autre est une attitude qui prend son véritable sens lorsque chaqu'un est profondément convaincu de l'égalité avec l'autre dans les droit et les devoirs, ce qui exclu tout sentiment de supériorité, d'égoïsme, ou d'arrogance qui serait provoqué par une appartenance ethnique ou sociale.

L'égalité entre les hommes :

L'Islam a posé le principe d'égalité entre les hommes par son texte fondateur, le Coran, qui souligne que le genre humain est unique, que les hommes ont un Créateur unique et descendent d'un seul parent. On peut citer à ce sujet les versets suivants :

Sourate les Femmes v.(1) {Humains, Craignez votre Seigneur qui vous a créés d'un seul être, et a créé de celui-ci sont épouse, et qui de ces deux là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d'hommes et de femmes. Craignez Dieu au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes Dieu vous observe parfaitement. }

Sourate le Trajet Nocturne v.(70) { Certes, Nous avons honoré les fils d'Adam.}

Sourate les Appartements v.(13) { Humains, Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous

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entreconnaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes Omniscient et Grand-Connaisseur}

De ce principe d'égalité, on peut alors déduire plusieurs conclusions pratiques, en particulier : l'égalité dans les droit et les devoirs : le droit à la vie ; le droit à la santé ; le droit à l'Education ; le droit au travail, à la sécurité etc. Signalons à cette occasion que l'Islam a également insisté sur le principe de solidarité et d'entraide entre les hommes, le considérant comme un signe d'amour et de fraternité ; cette solidarité est aussi un moyen de concrétisation des droits de l'homme qu'on vient de citer en assurant la dignité humaine aux niveaux moral et matériel. L'Aumône, qui constitue un des piliers de l'Islam est un outil pratique de cette solidarité.

Lorsque le Coran stipule { Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux.}, il faut entendre en particulier que ce qui fait la différence ou le mérite des hommes, ce n'est pas l'appartenance ethnique, ou la position sociale mais c'est le fait de se prémunir, concept important en Islam qui signifie notamment : faire du bien, éviter le mal, bien agir envers soit même et autrui, la droiture morale. C'est ce que le Prophète Mohammed ( Paix et Salut soient sur lui, psl) a souligné dans son dernier discours : « Humains, votre Dieu est unique, votre parent est unique; vous descendez tous d'Adam et Adam est fait de terre; le plus méritant d'entre vous [ pour Dieu] est celui qui se prémunit davantage»

La ( condamnation) et l'arrogance en raison d'une appartenance sociale ou ethnique :

Le Coran a condamné tous les sentiments d'arrogance ou de supériorité, les considérant par ailleurs comme des illusions puisque tout est éphémère dans ce monde. Il a appelé à la modestie et l'humilité, qualités considérées par le Coran comme étant des composantes essentielles de la sagesse :

Sourate le Trajet nocturne v. (37) : { Et ne foule pas la terre avec orgueil : tu ne sauras jamais fendre la terre et tu ne pourras jamais atteindre la hauteur des montagnes !}

Sourate Luqmân v.(18) { « Et ne détourne pas ton visage des hommes, et ne foule pas la terre avec arrogance » : car Dieu n'aime pas le présomptueux plein de gloriole.}

Le Prophète Mohammed (psl) a affirmé dans un hadith : "Dieu glorifiera davantage celui qui pardonne aux autres, et élèvera celui qui fait preuve de modestie"

La mise en garde du Coran contre les sentiments de présomption, d'orgueil, d'excès d'estime de soi, de superbe d'arrogante est intervenue dans de nombreuses situations : Par exemple :

Sourate Les Redans v.(146) :{ J'écarterai de Mes signes ceux qui, sans raison, s'enflent d'orgueil sur terre }.

Voir aussi l'histoire de Coré dans la sourate La Narration v.76 et sq.

2.2. L'ouverture d'esprit, l'élimination des préjugés

Le Coran a prôné le principe d'ouverture d'esprit et de connaissance de l'autre dans le verset (13) de la Sourate Les Appartement, qui incite les hommes, les peuples à l'ouverture et à la connaissance mutuelle :

{ Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez }

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La connaissance mutuelle est à prendre ici dans un sens large qui englobe la connaissance du patrimoine culturel, linguistique et scientifique des autre, mais aussi la coopération et l'entraide. Un des objectifs visés par cette meilleure connaissance de l'autre est l'élimination des idées reçues ou des préjugés qui constituent des obstacles devant la compréhension, la coexistence dans la paix, la collaboration entre les hommes aussi bien à l'échelle individuelle que collective. A cet égard, le Coran appelle les hommes à éviter les mauvaises conjectures ou pensées envers autrui et à éviter les préjugés et les idées non fondées:

Sourate le Trajet nocturne v.36 { N'imputez à personne ce dont vous n'avez pas connaissance.}

Verset qui appelle à ne pas juger ou se prononcer sur des situations qu'on ne connaît pas parfaitement, et donc à ne pas suivre uniquement des conjectures ou informations non fondées pour se constituer une opinion.

Sourate Les Appartement v.12 : { Vous qui croyez, Evitez de trop conjecturer [sur autrui] car une partie des conjectures est péché. Et n'espionnez pas; et ne médisez pas les uns des autres. L'un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? (Non !) vous en aurez horreur. Et craignez Dieu. Car Dieu est Grand Accueillant au repentir, Très Miséricordieux. }

Le Coran a aussi évoqué ceux qui suivent les conjectures et les illusions : Sourate Jonas v. 36 : { Et la plupart d'entre eux ne suivent que conjecture. Mais, la conjecture ne sert à rien contre la vérité ! Dieu sait parfaitement ce qu'ils font.}

Dans le même contexte le Coran a déconseillé les conciliabules malintentionnés, c'est-à-dire le fait de dire du mal des autres en leur absence : c'est-à-dire le fait de dire du mal des autre en leur absence :

Sourate La protestataire v.7 { Ne vois-tu pas que Dieu sait ce qui est dans les cieux et sur la terre ? Pas de conversation secrète entre trois sans qu'Il ne soit leur quatrième, ni entre cinq sans qu'Il n'y ne soit leur sixième, ni moins ni plus que cela sans qu'Il ne soit avec eux, là où ils se trouvent. Ensuite, Il les informera, au Jour de la Résurrection, de ce qu'ils faisaient, car Dieu est Omniscient.} Cf. également le verset (12) de la Sourate Les Appartements indique ci- dessus. Au lieu de tout cela, le Coran a appelé à l'usage de la raison, en adoptant le principe de justice d'objectivité dans la constitution de toute opinion, la prise de position ou la formulation de jugements, ce que l'on va voir dans une prochaine section.

2.3. La Bonne Parole

Le proverbe dit «la langue, c'est le meilleur, et le pire» citation qu'il n'est jamais inutile de rappeler. Ghazali affirme dans son célèbre ouvrage «Revivification des sciences religieuses T.3» : '' Sachez que le danger de la langue est immense, et seul le silence permet de l'éviter '', il évoque ensuite le sujet à travers ce qu'il appelle les fléaux de la langue.

L'aptitude à la bonne parole est en quelque sorte un art qui s'acquiert et qui suppose l'observation de certaines règles, en particulier :

(1) Le choix des mots, l'emploi d'un style positif et la proscription des expressions blessantes au insultantes.

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(2) La modération des critiques : s'il est nécessaire de critiquer une action [car il faut bien aviser les gens de leurs fautes pour qu'ils en soient conscients], il est préférable de le faire intelligemment, en commençant par des termes positifs envers l'intéressé; ce qui l'aide à reconnaître son erreur et même à faire son autocritique et à la corriger.

(3) Eviter le verbiage : selon la citation populaire : « Trop parler peut faire couler des navires». Cela ne signifie naturellement pas que la réserve doit être poussée au silence complet, lequel peut nuire à la conversation, au travail et peut être interprété soit comme un manque d'aptitude à communiquer, soit comme un signe d'arrogance.

Ce sont là des règles théoriques et la pratique, qui peut être difficile parfois, ainsi que l'attention que l'on prête à cette question peuvent aider à améliorer les comportement dans ce domaine de la communication, domaine très présent à l'heure actuelle dans différentes branches : économie psychologie, sociologie, etc. Le verset suivant montre l'importance accordée par l'Islam à la bonne parole (qui rapporte beaucoup) et sa mise en garde contre les mauvaises expressions qui ne rapportent rien mais dont la nuisance peut être grande :

Sourate Abraham (24 -27) :{ N'as-tu pas vu comment Dieu propose en parabole une bonne parole pareille à un bel arbre dont la racine est ferme et la ramure s'élançant dans le ciel ? Il donne à tout instant ses fruits, par la grâce de son Seigneur. Dieu propose ses paraboles à l'intention des gens afin qu'ils s'exhortent. Et une mauvaise parole est pareille a un mauvais arbre, déraciné de la surface de la terre et qui n'a point de stabilité. Dieu affermit les croyants par une parole ferme, dans la vie présente et dans l'au-delà. Tandis qu'Il égare Ies injustes. Et Dieu fait ce qu'Il veut.}

Dans le même sens, le Coran dit : Sourate la Vache v. (83) : { Tenez à autrui langage honnête. }

Le verset suivant donne un autre conseil dans ce domaine : Sourate les Femmes v. (148-149) { Dieu n'aime pas qu'on profère de mauvaises paroles sauf quand on a été injustement provoqué. Et Dieu est Audient et Omniscient. Que vous fassiez du bien, ouvertement ou en cachette, ou bien que vous pardonniez un mal... Alors Dieu est Pardonneur et Omnipotent.}

Ce verset explique que Dieu n'aime pas que les gens s'échangent entre eux des mauvais propos, eu particulier parce que :

(1) Ceci peut devenir source de haine et d'inimitié entre les gens et peut conduire à des violences.

(2) Ceci influence négativement les autre auditeurs : les gens s'imitent en général; celui qui entend une personne tenir des mauvais propos et des insultes fera de même lorsqu'il sera dans une situation semblable, surtout s'il s'agit des mineurs qui apprennent souvent leurs conduites en imitant celles de leurs aînés : voilà une source de mauvaise éducation : celui qui est tenté par un comportement blâmable le suit plus facilement s'il connaît un précurseur. Beaucoup de gens ignorent à quel point la parole influence les coeurs et les comportements et n'observent pas une attitude retenue sur ce plan.

(3) Le verset précédent cite une exception : « à moins qu'on n'ait subi une iniquité», c'est-à-dire que celui qui a été victime d'une injustice et s'en plaint à haute voix à un juge ou à une personne qui peut l'aider, celui- là ne sera pas blâmé, car Dieu ne demande pas à ce que les gens soient passifs devant l'injustice et l'oppression.

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Le prochain verset indique que le mauvais usage de la langue tant sur le fond que sur la forme est considéré comme une manipulation diabolique cherchant à semer la discorde.

Sourate le Trajet Nocturne v. (53) { Et dis à Mes serviteurs d'exprimer les meilleures paroles, car le Diable sème la discorde parmi eux. Le Diable est certes, pour l'homme, un ennemi déclaré.}

Toujours au niveau de la communication, les musulmans adoptent l'expression « que le paix soit sur vous » comme symbole de leur salutation ( expression déjà utilisé par le Christ, paix et bénédiction sur lui). Le Coran a également abordé cet aspect symbolique. Sourate les Femmes v. (86) { Si on vous fait une salutation, saluez d'une façon meilleure; ou bien rendez-la (simplement). Certes, Dieu tient compte de tout} Chacun sait que l'absence de réponse à un salut est un manque fâcheux de politesse, évidement le salut vaut entre tous les hommes indépendamment de leurs valeurs culturelles ou religieuses.

2.4. La résolution des différends de manière juste et rationnelle et la quête de la réconciliation

La diversité dans les idées, les opinions et les attitudes est un fait naturel et c'est souvent une chose positive qui permet de trouver les bonnes solutions à des problèmes, d'atteindre la vérité, de faire avancer les connaissances et ce par la confrontation d'idées et de points de vue différents. Cependant, parfois cette diversité conduit à des différends et peut même être source de conflits. La résolution des différends de manière juste et rationnelle, est un principe important qui permet la prévention des conflits, avec des effets très positifs, à tous les niveaux, sur la société et les rapports entre les gens. Ce principe suppose un certain nombre de règles dont :

(1) L'acceptation de la différence ou la diversité : chacun doit accepter le fait que les autres peuvent avoir des idées, des opinions, des attitudes différentes des siennes et de considérer cela comme normal : tout est relatif.

(2) Que les différends restent contenus dans certaines limites : si un différend surgit entre deux personnes dans le travail, alors ce différend ne doit pas dépasser son cadre initial pour devenir source de susceptibilités voir d'inimitié entre ces deux personnes.

(3) L'usage de la raison et de la logique dans la résolution des différends : La solution la plus pérenne d'un différend, c'est la plus juste, c'est celle qui prend en compte l'intérêt de tous. Chacun doit se mettre dans la position de l'autre pour comprendre ses positions, chacun doit aussi être en mesure de reconnaître ses erreurs, ainsi que les droit ou le bien fondé de l'attitude des autres.

(4) La maîtrise de soi,la retenue : car les émotions et les réactions rapides ouspontanées sous l'effet de la colère, peuvent conduire à des actes irréfléchis qui enveniment les situations plus qu'ils ne les apaisent .

Ces règles sont naturellement loin d'être faciles à appliquer en toute circonstance. C'est cependant un idéal qui procure une élégance morale à celui ou à la partie qui s'en rapproche en faisant preuve d'une dépassement de l'égoïsme et d'un hauteur de vue.

La justice, l'objectivité, l'équité

L'usage de la raison et la logique dans la résolution des différends est sous-tendu par une finalité : l'équité et la justice et ce qu'on appelle aujourd'hui l'objectivité. Le Coran a mis en valeur à de nombreuse occasions ces vertus ; à titre d'exemple, le verset suivant appelle l'homme à être

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équitable et objectif dans ses témoignages ou ses jugements fût-ce à l'encontre de soi-même, de ses parents ou des ses proches :s'il est lui même en faute ou ses proches, il se doit de l'affirmer sans complaisance :

Sourate Les Femmes v.(135) :{ vous qui croyez, Observez strictement la justice et soyez des témoins (véridiques) comme Dieu l'ordonne, fût-ce contre vous mêmes, contre vos père et mère ou proches parents. Qu'il s'agisse d'un riche ou d'un besogneux, Dieu a priorité sur eux deux (et Il est plus connaisseur de leur intérêt que vous). Ne suivez donc pas les passions, afin de ne pas dévier de la justice. Si vous portez un faux témoignage ou si vous le refusez, [sachez qu'] Dieu est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites}

Les versets suivants vont dans le même sens.

Sourate Les Femmes v. (58) : { Dieu vous commande de rendre les dépòts à leurs ayants-droit, et quand vous jugez entre des gens, de juger avec équité }

Sourate La Table pourvue v.( 42) : { Et si tu juges, alors juge entre eux en équité. Car Dieu aime ceux qui jugent équitablement}

Sourate Les Troupeaux v. (152) :{ Et quand vous parlez, soyez équitables même s'il s'agit d'un proche parent. }

La quête de la conciliation :

Il arrive souvent que les différends compliquent les relations entre les gens au point de se regarder de manière inconvenante (ou de ne pas se regarder du tout), de rompre les relations ou même de causer des conflits et des violences.

Toutes ces situations peuvent arriver et il importe d'y remédier, en particulier avec

-La convictions des différentes parties de la nécessité de corriger les problèmes et les relations.

-La prise d'initiative par l'une des parties [et ce sera la plus méritante] en vue de la réconciliation : Le Coran dit : {Craignez Dieu, maintenez la concorde entre vous} ( sourate Le Butin v.1) et aussi { .. et la réconciliation est meilleure } (sourate Les Femmes v.128). Que chacune des parties cherche à dépasser les erreurs de l'autre ; Dieu dit dans le Coran :

Sourate Ils s'articulent v. 34-35 : { La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux. Mais (ce privilège) n'est donné qu'à ceux qui patientent et il n'est donné qu'au possesseur d'une grâce infinie. ..}

Commentaires sur ce verset :

« Repousse (le mal) par ce qui est meilleur »; signifie : répond à la méchanceté par la bonté, au péché par le pardon, à la colère par la patience et par le dépassement des erreurs et des mauvaises actions de l'autre. En agissant ainsi, l'autre partie finira par abandonner ces agissements pour revenir à la raison et la rectitude. Il en résultera aussi que l'adversaire d'hier deviendra un allié chaleureux.

«Mais (ce privilège) n'est donné qu'à ceux qui patientent » : signifie que l'attitude de dépassement des erreurs d'autrui qu'on vient de signaler est toutefois très difficile à observer dans

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la pratique : bien agir envers celui qui a mal agit à votre encontre est en effet un comportement chevaleresque que peu de personnes (celles qui font preuve d'une grande patience) arrivent à tenir.

La médiation en cas de différends :

Le verset suivant montre la grande récompense que Dieu réserve aux personnes qui oeuvrent pour la réconciliation entre les gens en tenant les rôles de médiateurs :

Sourate les Femmes v.114: { Il n'y a rien de bon dans la plus grande partie de leurs conversations secrètes, sauf si l'un d'eux ordonne une charité, une bonne action, ou une conciliation entre les gens. Et quiconque le fait, cherchant l'agrément de Dieu, à celui-là Nous donnerons bientòt une récompense énorme.}

Le principe de la concertation et de la prise en compte de l'opinion d'autrui:

Ce principe de concertation [ou démocratie comme on dit actuellement] consacre les observations précédentes au sujet de la différence dans les opinions qui doit être considérée comme normale et que le traitement des affaires collectives requiert la prise en compte des différents points de vue, en plus de l'adoption d'une conduite équitable et raisonnable. Le Coran a fait allusion à cet aspect, en incitant le prophète Mohammed (psl) à la concertation avec ses compagnons et à éviter les attitudes autoritaires:

Sourate La Famille de Imrân V .159 {C'est par quelque miséricorde de la part de Dieu que tu (Muhammad) as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au coeur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (de Dieu). Et consulte-les à propos des affaires; puis une fois que tu t'es décidé, confie-toi donc à Dieu, Dieu aime, en vérité, ceux qui Lui font confiance}

Le Coran a également mis en valeur le style de concertation et ceux qui l'adoptent :

Sourate La concertation v.(38) { .. qui répondent à l'appel de leur Seigneur, accomplissent la prière, se consultent entre eux à propos de leurs affaires, dépensent de ce que Nous leur attribuons (...)}

Le non-usage de la violence :

Il s'agit d'éviter l'usage de la violence en cas de différend, sauf dans les situations de légitime défense; on reviendra sur ce point aux chapitre 2 et 3.

2.5. La rétention du ressentiment, le pardon, la longanimité :

Le Coran a donné une importance à ces qualités (maîtrise de la colère, pardon, longanimité, ..........) comme nous le verrons. Mais commençons d'abord par préciser certains termes :

-Le ressentiment : Douleur qui affecte l'être si un de ses droits d'ordre matériel (comme l'argent) ou moral (comme l'honneur et la dignité) a été atteint, ce qui le contrarie et le pousse à se venger par exemple.

-Rétention du ressentiment : Maîtriser soi et éviter d'agir ou de prononcer des mauvaises paroles sous l'effet de la colère.

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-Le pardon : Attitude qui consiste à effacer et à oublier la faute d'autrui et à ne pas punir en conséquence, même si l'on a les moyens d'accomplir cette punition ; cette qualité est supérieure à celle de la rétention du ressentiment.

-Longanimité : Le fait de ne pas donner la priorité à la punition d'un mal et donc ne pas réagir rapidement laisse ainsi le temps à celui qui a mal agit pour rectifier sa faute, et s'il la rectifie effectivement alors la faute sera effacée. (Le Longanime fait partie des Noms de Dieu : Dieu est Longanime en ce sens qu'il ne punit pas le péché aussitôt après être commis, mais laisse à l'homme un temps pour rectifier son action se repentir et demander pardon). Les versets suivants montrent l'importance donnée par le Coran à ces attitudes:

Sourate la Famille de Imran v.(133-134) { Et hatez vous au pardon de votre Seigneur, et à un Jardin (paradis) large comme les cieux et la terre, préparé pour les pieux, qui dépensent dans l'aisance et dans l'adversité, qui contiennent leur ressentiment, et pardonnent à autrui - car Dieu aime les bienfaisants -}

Une note de Tabarani rapporte que le Prophète Mohammed (psl) a dit dans un hadit : « celui qui veut être élevé en gloire et en dignité doit pardonner à celui qui lui a fait tort, doit donner à celui qui l'a privé et se rapprocher de celui qui s'en est éloigné»

Sourate Les Abeilles v.(125-128) : { Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au chemin de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c'est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s'égare de Son chemin et c'est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés. Et si vous punissez, ce doit être par une punition égale au tort qu'il vous a fait. Et si vous patientezv... cela est certes meilleur pour qi aura patienté. Patiente donc ! La patience, il est vrai, [ne viendra] qu'avec (l'aide) de Dieu. Ne t'afflige pas pour eux. Et ne sois pas angoissé à cause de leurs complots. Certes, Dieu est avec ceux qui [L'] ont craint avec piété et ceux qui sont bienfaisants.}

La signification des versets précédents est claire : le prochain montre que si l'homme aspire à ce que Dieu lui pardonne ses péchés, il doit lui aussi savoir pardonner les fautes des autres.

Sourate la Lumière v.(22) : {... Qu'ils pardonnent et absolvent. N'aimez-vous pas que Dieu vous pardonne ? et Dieu est Pardonneur et Miséricordieux ! }

Sourate le critère (63) { Les adorateurs du Tout miséricorde sont ceux qui vont par la terre modestement .... si des païens les interpellent, ils disent : « Salut» }

Dans le prochain verset, le Coran considère la patience et le pardon des fautes d'autrui comme un précepte de rigueur, c'est à dire une injonction importante :

Sourate La Concertation v.(40-43) {La sanction d'une mauvaise action est une mauvaise action [une peine] identique. Mais quiconque pardonne et réforme, son salaire incombe à Dieu. Il n'aime point les injustes ! Quant à ceux qui ripostent après avoir été lésés,...ceux-là n'ouvrent contre eux aucun recours ; Il n'y a de voie [de recours] que contre ceux qui lèsent les gens et commettent des abus, contrairement au droit, sur la terre : ceux-là auront un châtiment douloureux. Mais patienter, pardonner, c'est vraiment un précepte de rigueur.}}

Signalons également les verset suivant :

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Sourate Joseph v.(92) : { « Nul blâme sur vous pour ce que vous faites par erreur, mais (vous serez blâmés pour) ce que vos coeurs font délibérément. Dieu, cependant, est Pardonneur et Miséricordieux. »}

Ce dernier verset donne l'exemple du pardon de Joseph à ses frères qui avaient tenté de le tuer.

Comment réagir face à l'erreur de l'autre ? L'homme se trouve quelques fois devant des situations où une autre personne lui cause du tort en commettant une erreur, une mauvaise action à son égard. Comment devrait-il réagir ?La réaction la plus convenable dépend évidement des circonstances, mais il y a des règles générales qui découlent de ce qui a été exposé ci-dessus et qu'il est utile de rappeler :

-Distinguer : l'erreur est-elle préméditée ? Est-elle involontaire ? : une erreur préméditée peut être sanctionnée.-Distinguer : l'erreur est-elle grave ? Une erreur minime ne requiert pas trop de commentaires.-Parmi les finalités de la réaction à l'erreur est que (1) l'erreur ne se répète pas (2) celui qui l'a commise doit rectifier son erreur.-Eviter les réactions brutales, les mauvaises paroles, les critiques blessantes contenir la colère.-Chercher des circonstances atténuantes pour le fautif.-Fermer les yeux si possible sur l'erreur, escomptant que celui qui l'a commise s'en rende compte et qu'il rectifie lui même son action.-Se rappeler que chacun à droit à l'erreur et peut se tromper ; cependant ce ne saurait être un prétexte pour tolérer l'injustice ou l'arbitraire, il y a des limites à tout.

Terminons par citer le verset suivant : Sourate Les Coalisés v. 5 : {Toutefois nul blâme à vous de l'erreur commise mais seulement de ce qu'aurait délibéré votre coeur – Dieu est Tout Pardon, Miséricordieux}

2.6. Ne pas culpabiliser les innocents ou rechercher des bouc-émissaires

Il s'agit d'accuser des innocents pour des maux qu'ils n'ont pas commis ou de désigner des bouc-émissaires dans des situations difficiles pour sortir d'une crise [rien n'est plus simple que la désignation d'un coupable] ou pour atteindre un but donné. Dans le cas extrême, ils s'agit de commettre un mal ( de façon préméditée ou non) et d'accuser un innocent pour cela; ce que le Coran a condamné vigoureusement :

Sourate Les Femmes v.(112) : { Et quiconque acquiert une faute ou un péché puis en accuse un innocent, se rend coupable alors d'une injustice et d'un péché manifeste }

3. La Tolérance à l'échelle individuelle dans d'autre croyances

En réalité les principes de tolérance qui viennent d'être exposés se résument en un précepte simple qui se retrouve dans les diverses croyances érigé en un principe universel :

Le Judaïsme « Ce qui est douloureux pour toi, ne le fait pas à ton prochain »

Le Christianisme

« Toutes les choses que tu aimerai que les hommes fassent pour toi, fais-les pour eux. »

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L'Islam

« Pas un de vous n'est un croyant s'il n'aime pour son frère ce qu'il aime pour lui-même »

Le Bouddhisme

« Il y a, dans un clan, cinq moyens pour un homme de pourvoir aux besoins de ses amis et de ses familiers : la générosité, la courtoisie et la bienveillance, les traiter comme il se traite lui-même et être le même en actes et en paroles.»

Le Confucianisme

« Ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'ils te fassent»

L'Hindouisme« Ne fais pas aux autres ce qui, si on te le faisait, te causerait de la douleur »

Le Jaïnisme« Dans le bonheur et dans la souffrance, dans la joie et la peine, nous devons avoir pour toutes les créatures la considération que nous avons pour nous même .»

Le Sikhisme « Comme tu t'estimes toi-même, estime les autres. Alors, tu auras ta part auciel»

Le Taoïsme « Considère le gain de ton voisin comme ton propre gain et la perte de ton voisin comme ta propre perte »

Le Zoroastrisme « La seule bonne nature est celle qui ne fait pas à autrui ce qui n'est pas bon pour elle-même

Chapitre II

La Tolérance dans l'Islam (2) au niveau des peuples et des religions

1. Introduction2. Les principes de tolérance prônés par l'Islam 2.1.1 La diversité aux niveaux ethniques et linguistiques des signes divins2.1.2 La diversité religieuse consacre une volonté divine2.1.3 L'Islam reconnaît et confirme les religions monothéistes antérieures (judaïsme et christianisme) 2.1.4 Dieu est Le seul juge des hommes dans le domaine des croyances2.1.5. L'appel au dialogue2.2. Le principe : « Point de contrainte en religion »2.3. L'interdiction formelle d'offenser autrui sans raison valable 2.4. Proscription de la moquerie2.5. L'appel à tous les hommes à la connaissance et la compréhension mutuelles2.6. Résolution des différends de manière rationnelle 3. Signification de la tolérance en matière religieuse

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4. Exemples historiquesL'affaire de Samarkande

1.Introduction

Ce chapitre expose les principes de tolérance prônés par l'Islam à l'échelle collective c'est-à-dire au niveau des peuples, des nations et des valeurs religieuses, et ce à travers plusieurs axes dont :

-La diversité humaine aux niveaux ethnique, linguistique, culturel, étatique, source de richesse pour l'humanité et considérée par le Coran comme un ensemble de signes divins.

-Le fait que la différence dans les religions monothéistes consacre une volonté du créateur comme le mentionnent plusieurs versets du Coran. A ce propos toute personne se doit de se rappeler que l'appartenance à tel peuple ou telle religion découle en générale de l'origine familiale : un enfant qui naît dans une famille juive, chrétienne ou musulman deviendra en général juif, chrétien ou musulman.

-L'adoption par l'Islam du principe fondamental : « Point de contrainte en religion » qui présente deux significations :

(1) On ne doit pas obliger les gens à embrasser une religion donnée ;

(2) [C'est une justification du premier sens] La croyance en une religion n'est valable que si elle découle de la volonté et la conviction personnelles en l'absence de toute contrainte.

-L'appel de l'Islam à tous les hommes pour la connaissance et l'entraide mutuelles ainsi qu'à l'ouverture d'esprit ;

En outre, l'Islam adopte le principe de modération sur beaucoup de plans : la pensée, les relations, les comportements, les attitudes sans oublier le culte; c'est ce que résume le verset 143 de la sourate La Vache : {..... Ainsi vous constituons-Nous communauté médiane } [faisons remarquer que la sourate La Vache compte 286 versets, ce verset de la communauté médiane se trouve exactement au milieu de la sourate]

Par ailleurs, ce chapitre souligne que la tolérance ne signifie pas qu'il faut considérer que toutes les religions sont identiques, ou que toutes les croyances sont véridiques ou qu'il faille éviter de faire connaître ou prêcher sa religion aux autres.

2. Les principes de Tolérance prônés par l'Islam

2.1. La diversité

2.1.1. La diversité aux niveaux ethnique et linguistique: des signes divins

Dans la Sourate Rome v.22, le Coran dit : {Parmi Ses signes, la création des cieux et de la terre et la différence de vos langues et de vos sortes }

C'est-à-dire que parmi les signes (ou preuves) qui devraient interpeller l'homme et l'inciter à réfléchir sur l'univers, ce qu'il contient et Celui qui L'a créé, l'existence de langues différentes, de

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races différentes. Chaque langue est formée d'un ensemble de termes et de règles grammaticales parfois complexes et dans tous les cas bien construites ; ces langues ont elles été inventées par l'homme (primitif) ? Ou s'agit-il d'un don divin à l'homme pour assurer une communication très évoluée [ de même que les animaux- les oiseaux par exemple- sont dotés de langages propres leur permettant de communiquer ; ces animaux ont-ils inventé ces langages ? ].

Il existe dans le monde plus de 6700 langues et dialectes; les langues les plus utilisées sont : le Chinois, l'Hindou, l'Anglais, l'Espagnol, l'Arabe, le Russe, le Français, le Japonais, L'Allemand, le Portugais, le Malais.

Il existe aussi des langues qualifiées d'anciennes comme le Latin, l'Hébreu, le Grecque,... mais elles sont toujours utilisées.

Quant aux différences des apparences ( couleurs,....), elles correspondent souvent à l'origine géographique de l'homme.

La diversité des nations et des peuples : le Coran dit dans la sourate Les appartements v. 13

{ Humains Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes Omniscient et Grand- Connaisseur. }

Il existe des dizaines de peuples dans le monde; le concept de peuple et généralement lié à celui de l'Etat et il existe actuellement plus de 180 Etats dans le monde.

2.1.2. La diversité religieuse consacre une volonté divine

Une croyance ou une religion consiste en un ensemble de principes et de valeurs à caractère spirituel et moral. Les croyances sont apparues depuis que l'homme existe et actuellement il en existe plusieurs dans le monde, on peut citer : le Judaïsme, le Christianisme, L'Islam, l'Hindoïsme, le Bouddhisme, la Confucianisme, le Zoroastrisme, le Taoïsme, le Sikhisme,etc. De plus, les grandes religions comportent plusieurs courants ou jurisprudences qui peuvent différer dans des aspects secondaires (comme les 4 jurisprudences en Islam) ou des aspects plus signifiants (comme pour le christianisme, les trois églises : catholique, protestante et orthodoxe).

Remarque fondamentale :

Le lecteur est invité à réfléchir sur cette remarque simple mais essentielle, à savoir que l'appartenance à un peuple, à un Etat, à une couleur ou ethnie, à une religion découle généralement de l'appartenance familiale. Dans la plupart des cas, les gens ne choisissent pas leur religion : le juif est juif, le chrétien est chrétien, le musulman est musulman, etc., parce que ses parents sont juifs ou chrétiens ou musulmans. Il est rapporté que le prophète Mohammed (psl) a dit : « L'homme naît sur l'innéité; ses parents en font un Juif, un Chrétien ou un Zoroastrien »

Le verset principal :

Le verset suivant est d'une grande importance dans la clarification de la position de L'Islam en matière de diversité religieuse ; ce verset affirme que cette diversité religieuse (dans le cadre du monothéisme) consacre une volonté divine et que si Dieu le voulait, il n'y aurait eu qu'une seule religion avec un ensemble unique de préceptes; sachant que les religions ( monothéistes) révélées par Dieu s'accordent sur le principe fondamental de l'adoration (et l'obéissance) au Dieu unique.

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Sourate la Table pourvue v.48 {A chacun de vous Nous avons assigné une législation et un plan à suivre. Si Dieu avait voulu, certes Il aurait fait de vous tous une seule communauté. Mais Il veut vous éprouver en ce qu'Il vous donne. Concurrencez donc dans les bonnes oeuvres. C'est vers Dieu qu'est votre retour à tous; alors Il vous informera de ce en quoi vous divergiez.}

D'après les versets qui précèdent ce dernier [voir ci-après], celui-ci s'adresse aux juifs, chrétiens et musulmans, en disant que pour chacune de ces communautés, Dieu a prescrit : -des lois, et règles : celles qui se trouvent dans la Torah, l'Evangile, le Coran, -des règles de culte, comme par exemple les méthodes de prière, les jours de prière collective (vendredi; samedi; dimanche), etc. --Que si Dieu le voulait, Il aurait fait ainsi une seule communauté avec des préceptes et règles identiques. --Mais que Sa volonté a fait qu'il existe sur terre cette diversité --Que tous doivent agir pour le bien --Et que Dieu est le seul à arbitrer au niveau des différences pouvant naître de cette diversité.

Plus précisément, les versets qui précèdent celui qu'on vient d'analyser présentent le contexte et clarifient mieux le sens de cette partie importante du Coran : Sourate La Table pourvue v.44-48 {A chacun de vous Nous avons assigné une législation et un plan à suivre. Si Dieu avait voulu, certes Il aurait fait de vous tous une seule communauté. Mais Il veut vous éprouver en ce qu'Il vous donne. Concurrencez donc dans les bonnes oeuvres. C'est vers Dieu qu'est votre retour à tous; alors Il vous informera de ce en quoi vous divergiez.

Remarques :

-v.45 {Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation.} : cela signifie que celui qui pardonne à celui qui lui à porté atteinte ( âme, oeil, ...), donc sans se venger, sera récompensé par l'effacement de certains de ses péchés.

-v. 46 et 48 : On remarque dans ces versets l'insistance sur le fait que les révélations confirment celles qui les précédent : l'Evangile confirme la Torah ; le Coran confirme la Torah et l'Evangile.

Le verset suivant va dans le même sens :

Sourate Hûd v. 118-119 :<B>{Et si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des gens une seule communauté. Or, ils ne cessent d'être en désaccord (entre eux,) }

2.1.3. L'Islam reconnaît et confirme les religions monothéistes antérieures (Judaïsme et Christianisme) :

(1)L'Islam est une religion :

-Qui reconnaît et confirme les révélations antérieures : Judaïsme et Christianisme

-Qui reconnaît les livres révélés : Torah, Psaumes, Evangile :

Sourate La Famille de Imrân v. 1-3: {ALM. Dieu ! Il n'y pas de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par Lui-même. Il a fait descendre sur toi le Livre avec la vérité, confirmant les Livres descendus avant lui. Et Il fit descendre la Thora et l'Evangile. auparavant, en tant que guide pour les gens. Et Il a fait descendre le Discernement}

- Qui reconnaît les prophètes cités dans les livres . D'ailleurs de nombreuses sourates (chapitres) du Coran portent le nom de ces prophète : il s'agit des sourates : Noé, Abraham, Hûd, Joseph,

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Jonas, Al Imrân ( la famille de Marie), Marie; le Coran a glorifié particulièrement certains prophètes comme Abraham que Dieu {a pris pour ami} selon le Coran, Moïse auquel Dieu a parlé directement ; Jésus :{ illustre dans ce monde et dans l'autre monde et parmi les rapprochés de Dieu} selon le Coran.

Sourate La Vache v. 285 { Le Messager a cru en ce qu'on a fait descendre vers lui venant de son Seigneur, et aussi les croyants : tous ont cru en Dieu, en Ses anges, à Ses livres et en Ses messagers; (en disant) : "Nous ne faisons aucune distinction entre Ses messagers". Et ils ont dit : "Nous avons entendu et obéi. Seigneur, nous implorons Ton pardon. C'est à Toi que sera le retour". }

Sourate La Famille de Imrân v. 84 : { Dis : "Nous croyons en Dieu, à ce qu'on a fait descendre sur nous, à ce qu'on a fait descendre sur Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et les Tribus, et à ce qui a été apporté à Moïse, à Jésus et aux prophètes, de la part de leur Seigneur : nous ne faisons aucune différence entre eux; et c'est à Lui que nous sommes Soumis". }

Le Coran accorde une considération particulière aux Gens du livre [expression qui signifie tantôt les Juifs seuls, tantôt les Juifs et les Chrétiens ] : en particulier les Fils d'Israël que Dieu a sélectionnés et privilégiés pour recevoir la révélation :

Sourate La Vache v. 40: {Fils d'Israël, rappelez-vous Mon bienfait dont Je vous ai comblés. Si vous tenez vos engagements vis-à-vis de Moi, Je tiendrai les miens. }

Sourate la vache v. 122 : { Fils d'Israël, rappelez-vous Mon bienfait dont Je vous ai comblés et que Je vous ai favorisés par dessus le reste du monde (de leur époque).}

Signalons aussi qu'une grande partie du Coran est consacrée à des événements ou des épreuves qu'ont connus les contemporains des prophètes cités donc en particulier les Fils d'Israël : un des buts de ces parties est de tirer les leçons de l'expérience des ancêtres.

Si le Coran adresse des critiques parfois sévères à une partie des Juifs, il est important de noter que ces critiques sont également rapportés par l'Ancien testament et il est aussi important de noter l'équilibre, l'équité et la générosité qui marque l'attitude du Coran à l'égard des Juifs :

Sourate Les Redans v.137: { Et les gens qui étaient opprimés, Nous les avons fait hériter les contrées orientales et occidentales de la terre que Nous avons bénies. Et la très belle promesse de ton Seigneur sur les enfants d'Israël s'accomplit pour prix de leur patince. Et Nous avons détruit ce que faisaient Pharaon et son peuple, ainsi que ce qu'ils construisaient. }

Sourate La Prosternation v.23-24 { Nous avons effectivement donné à Moïse le Livre - ne sois donc pas en doute sur ta rencontre avec lui -, et l'avons assigné comme guide aux Enfants d'Israël. Et Nous avons désigné parmi eux des dirigeants qui guidaient (les gens) par Notre ordre aussi longtemps qu'ils étaient patients et croyaient fermement en Nos versets.}

Sourate La Famille de Imran v. 113-115 : { Mais il ne sont pas tous pareils. Il est, parmi les gens du Livre, une communauté droite qui, aux heures de la nuit, récite les versets de Dieu en se prosternant. Ils croient en Dieu et au Jour dernier, ordonnent le convenable, interdisent le blâmable et concourent aux bonnes oeuvres. Ceux-là sont parmi les gens de bien. Et quelque bien qu'ils fassent, il ne leur sera pas dénié. Car Dieu connaît bien les pieux. } De manière générale, signalons aussi les deux versets très importants, à l'égard des croyants, musulmans, juifs, chrétiens, sabéens :

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Sourate La Table Pourvue v. 69 :{ Ceux qui ont cru, ceux qui se sont judaïsés, les Sabéens, et les Chrétiens, ceux parmi eux qui croient en Dieu, au Jour dernier et qui accomplissent les bonnes oeuvres, pas de crainte sur eux, et ils ne seront point affligés. ...}

Sourate La Vache v.62 : { Certes, ceux qui ont cru, ceux qui se sont judaïsés, les Chrétiens, et les Sabéens, quiconque d'entre eux a cru en Dieu, au Jour dernier et accompli de bonnes oeuvres, ceux là seront récompensés par leur Seigneur; ils n'éprouveront aucune crainte et il ne seront pas affligés. }

(2)D'un autre coté, l'Islam se considère comme une religion qui complète les révélations précédentes et que le terme Islam qui signifie soumission (c'est-à-dire Obéissance à Dieu) ou le terme 'musulmans' qui signifie 'ceux qui se soumettent' ont été utilisés dès le prophète Noé (psl) qui disait :

Sourate Jonas v. 72 : { Et il m'a été commandé d'être du nombre des soumis (à Dieu)}

Puis concernant Abraham : Sourate Le Pélrinage v. 78 : { Il (Dieu) ne vous a imposé aucune gêne dans la religion, celle de votre père Abraham, lequel vous a déjà nommés Ceux-qui-se-soumettent.}

Puis Moïse qui a dit : Sourate Jonas v.84 : { Et Moïse dit : "Ô mon peuple, si vous croyez en Dieu, placez votre confiance en Lui si vous (Lui) êtes soumis"}

Puis les apôtres du Christ (psl) qui ont dit : Sourate La famille Imran v.52 :nt}{Les apòtres dirent : "Nous sommes les alliés de Dieu. Nous croyons en Dieu. Et sois témoin que nous Lui sommes soumis. }

2.1.4. Dieu est le seul juge des hommes dans le domaine des croyances

C'est ce qu'a clairement souligné le verset 48 de la sourate Table pourvue ( voir ci-dessus) et ce que précise le verset suivant :

Sourate Le Pèlerinage v.17 { Certes, ceux qui ont cru, les Juifs, les Sabéens, les Chrétiens, les Zoroastriens et ceux qui donnent à Dieu des associés, Dieu tranchera entre eux le jour de Jugement, car Dieu est témoin de toute chose. }

Ainsi, Dieu est Le seul Juge des hommes dans le domaine religieux, C'est Le seul qui connaît la pensée et le coeur des gens. Dans ce domaine, les hommes peuvent dialoguer, convaincre du bien fondé de leur croyances, prêcher mais il ne leur appartient pas de juger les gens dans ce domaine.

2.1.5. L'appel au dialogue

Le dialogue contribue largement à l'entente, la paix et à la compréhension entre les différentes communautés, les différents peuple ; il permet aussi de prévenir les conflits ou de les résoudre. Par ailleurs, le dialogue permet d'éliminer les préjugés et les idées reçues qui sont autant d'entraves à l'instauration d'un climat sain et d'une compréhension véritable dans un contexte de différences. Le dialogue est un mode qui transparaît à travers le style même du Coran et l'appel au dialogue dans le Coran s'est manifesté particulièrement à l'égard du Judaïsme et du Christianisme :

Sourate La famille de Imrân v.64 { Dis : "Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous : que nous n'adorions que Dieu, sans rien Lui associer, et que nous ne

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prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors de Dieu". Puis, s'ils tournent le dos, dites : "Soyez témoins que nous, nous sommes soumis (à Dieu)".}

Sourate L'Araignée v.46: {Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d'entre eux qui sont injustes. Et dites : "Nous croyons en ce qu'on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu est votre Dieu et c'est à Lui que nous nous soumettons". }

L'expression 'Gens du livre' fait allusion dans ces versets aux Juifs et aux Chrétiens et l'expression « de la manière la plus belle » revêt un double sens: le premier concerne la forme et signifie la courtoisie dans le dialogue et le second incite les adeptes des trois religions monothéistes à entamer leur dialogue par les principes qui les rassemblement, ce que précise la fin de verset

2.2. Le principe : « Point de contrainte en religion » C'est un principe essentiel de la foi islamique que pose le verset suivant :

Sourate La Vache v.256 { Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s'est distingué de l'égarement. Donc, quiconque mécroît au Rebelle tandis qu'il croit en Dieu saisit l'anse la plus solide, qui ne peut se briser. Et Dieu est Audient et Omniscient. }

Remarque :

on peut observer (comme l'a noté J. Berques dans sa traduction du Coran) que ce verset vient juste après le verset du Trône, ce que lui donne une importance particuliere. Marmaduke Pikthal ( qui a traduit le Coran en Anglais) a fait remarquer que le verset du trône et le verset 256 sont complémentaires : le premier évoque la Grandeur et la Majesté de Dieu et le second évoque la liberté et la responsabilité de l'homme en matière de croyance.

Le verset 256 revêt deux sens complémentaires :

(1)Qu'il ne faut pas contraindre les gens à embarrasser une religion.

(2)[second sens qui justifie le précédent] : que la croyance en une religion n'est valable que si elle découle de la conviction et du libre choix; celui qui adopte une religion sous la contrainte et sans conviction n'a pas une foi véritable en cette religion.

De nombreux autres versets du Coran corroborent ce principe de non contrainte en religion, soulignant le fait que l'homme soit un être doué de raison et il lui appartient de réfléchir et de choisir, il est libre et responsable :

Sourate Jonas v.108 {Dis: « O humains, Certes la vérité vous est venue de votre Seigneur. Donc, quiconque est dans le bon chemin ne l'est que pour lui-même; et quiconque s'égare, ne s'égare qu'à son propre détriment. Je ne suis nullement un protecteur pour vous. }

Sourate La Caverne v.29 {Et dis : "La vérité émane de votre Seigneur". Quiconque le veut, qu'il croit, et quiconque le veut qu'il dénie"}

Sourate La famille de Imrân v.20 {Dis à ceux qui ont reçu l'Ecriture et aux incultes : « est-ce que vous vous soumettez ? » s'ils le font, c'est qu'ils se dirigent bien. S'ils se dérobent, seule t'incombait la communication.}

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Sourate La Narration v.56 { Tu (Muhammad) ne diriges pas celui que tu aimes : mais c'est Dieu qui guide qui Il veut.}

2.3. L'interdiction formelle d'offenser autrui sans raison valable

Cet aspect sera évoqué au chapitre suivant. Contentons- nous de signaler les versets suivants. Le premier interdit d'offenser autrui sans raison et le dernier invite les croyants à être non seulement juste mais aussi bienfaiteurs à l'égard de toute personne qui respecte à son tour les autres.

Sourate La Vache v.190 {Combattez sur le chemin de Dieu ceux qui vous combattent, sans pour autant commettre d'agression : Dieu déteste les agresseurs}

Sourate La Table pourvue v.2 :{ ... Et ne laissez pas la haine pour un peuple qui vous a obstrué la route vers la Mosquée sacrée vous inciter à transgresser. Entraidez-vous dans l'accomplissement des bonnes oeuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. }

Sourate La Table pourvue v.32: { C'est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d'Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes.}

Sourate L'Examinante v.8: { Dieu ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Dieu aime les équitables. }

2.4. Proscription de la moquerie

Le Coran a déconseillé la moquerie vis-à-vis des autres, ce qui est valable aussi bien au niveau individuel qu'au niveau collectif : Sourate Les Appartements v.11 { Qu'un groupe ne se raille pas d'un autre groupe : ceux-ci sont peut-être meilleurs qu'eux. Et que des femmes ne se raillent pas d'autres femmes : celles-ci sont peut-être meilleures qu'elles. Ne vous dénigrez pas et ne vous lancez pas mutuellement des sobriquets (injurieux). Quel vilain mot que "perversion" lorsqu'on a déjà la foi. Et quiconque ne se repent pas... Ceux-là sont les injustes. }

2.5. L'appel à tous les hommes à la connaissance et la compréhension mutuelles

Le verset suivant s'adresse à tous les hommes en les appelant à la connaissance et à l'entraide mutuelles et résume en même temps les principes humanistes de l'Islam :

Sourate Les appartements v.13 : {Humains, Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes Omniscient et Grand- Connaisseur. }

2.6. Résolution des différends de manière rationnelle

Cela implique l'usage de la raison et de la logique dans la prise des positions, des décisions ou même dans la constitution d'opinions sur un sujet ou un différend ; sur ce plan, la justice, l'équité, l'objectivité sont des règles essentielles. Cela implique également la quête de la réconciliation en cas de conflit et l'exclusion de l'usage de la violence sauf dans le cas de la légitime défense. On

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se reportera aux textes du Coran cités dans le paragraphe analogue du chapitre 1 relatif aux différends individuels; ces textes sont valables également dans le cas des différends collectifs. Le lecteur trouvera en outre dans le paragraphe 4, une histoire exemplaire de justice en matière de relations entre les peuples ( l'affaire Samarkande )

3. La tolérance en matière religieuse

Ce paragraphe récapitule quelques principes de tolérance évoqués ci-dessus, en montrant également ce que la tolérance ne signifie pas afin d'éviter les confusions.

La tolérance implique :

-La reconnaissance du droit à la différence, l'acceptation de la diversité humaine, voir par exemple la sourate La Table pourvue v.48

-La conduite juste et bienfaisante à la l'égard d'autrui : voir par exemple les sourates L'Examinante v.8, Les Abeilles v.90.

-Le dialogue avec respect et courtoisie, voir par exemple les sourates L'Araignée v.46, Les Abeilles v.125

-La connaissance des autres, (de leurs cultures, la coopération, ....) v. sourate Les Appartements v.13.

La tolérance en matière religieuse implique de :

-Ne pas contraindre les gens à embarrasser une croyance et assurer la liberté du culte, voir par exemple sourate La Vache v.256.

-Accepter le fait que les adeptes d'une religion croient que leur religion est authentique.

-Ne pas mettre d'obstacles ou ségrégation envers les adeptes d'une religion en raison de leur convictions, en particulier dans les domaines de l'éducation, la santé, l'emploi, etc. Voir les sourates L'Examinante v.8 et La Vache v 256.

La tolérance en matière religieuse ne signifie pas :

- Ne signifie pas de croire que les religions sont identiques. En effet si les religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme, Islam) présentent des similitudes sur les principes fondamentaux (adoration du Dieu unique, prière, aumône,....), ces religion diffèrent des autres croyances comme l'Hindouisme, le Bouddhisme, etc. Il faut remarquer que toutes ces religions s'accordent sur de nombreux points concernant la morale et les relations avec autrui.

-Ne signifie pas que toutes les religion sont véridiques; la plupart des gens considèrent leur religion comme la seule valable et que celles des autres est au moins partiellement non valable.

-Ne signifie pas que l'on doit s'abstenir de parler de sa religion ou de la faire connaître.

-Ne signifie pas que l'on doit ignorer sa religion et la considérer comme une occupation secondaire.

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4. Exemples historiques

L'affaire de Samarkande

« Les musulmans avaient conquis la ville de Samarkande, qui est devenue ensuite un haut-lieu de la civilisation islamique; c'est Saîd Ibn Othman qui y entra au début à l'époque des Oumeyyades; puis la ville fût une deuxième fois conquise par Kotayba El Bahili, sous le règne de Walid Ibn Abdel Malik. Les habitants de Samarkande n'ont pas bien accepté ce fait et lorsque Omar Ibn AbdleAziz devint le calif (en 99 de l'hégire) et devint vite célèbre dans l'empire pour sa justice, son attachement au droit et son combat de l'iniquité, les habitants de Samarkande lui ont envoyé une délégation pour se plaindre des attitudes de Kotaybâ à leur égard.

Le calif reçut cette délégation qui a exposé sa plainte en disant que Kotaybâ les a trahit et a pris leur cité injustement et qu'ils sont venus pour qu'il leur rende justice. Le calif prit alors une plume et un papier (papyrus) et écrivit une lettre à Suleyman I.B Sarh, son gouverneur sur Samarkande lui disant :

(Les habitants de Samarkande se sont plaint d'une iniquité de la part de Kotayba. Si vous recevez ce message, désignez un juge pour statuer sur cette affaire)

Cette délégation retourna à Samarkande et le message fut transmis au gouverneur qui désigna le juge Jamaî b. Hader Naji. Celui-ci écouta les habitants, leurs témoins et il convoqua aussi des témoins de l'armée qui ont témoigné de la vérité : a savoir que Kotayba n'a pas respecté son engagement envers les habitants de Samarkande et il les a surpris par la conquête de cette ville.

Lorsque l'affaire devint claire pour le juge, il annonça son verdict, sans équivoque, en disant : l'armée musulmane qui est entrée à Samarkande doit immédiatement se préparer pour sortir de cette ville, de même des musulmans qui sont entrés dans cette ville après la conquête.

Ce verdict eut un grand effet à Samarkande et ses environs : personne n'imaginait que les préceptes de l'Islam vont jusqu'à habiliter le juge d'ordonner à l'armée de quitter une ville conquise . Le gouverneur de Samarkande se dépêcha d'avertir le calif au sujet du jugement prononcé; le calif répondit à son gouverneur en ordonnant d'appliquer le verdict à la lettre. C'est alors que le gouverneur ordonna à l'armée et aux musulmans de la ville de sortir de Samarkande.

Ainsi, les musulmans et l'armée ont commencé à démanteler leurs tentes, à rassembler leurs affaires, à vendre les propriétés qu'ils ont acquises et à faire leur adieux aux habitants de Smarkande; c'est à ce moment qu'une surprise eut lieu : une délégation des habitants de Samarkande est allée au gouverneur lui disant :

Qu'ils se sont concertés entre eux après le verdict ; Qu'ils n'ont jamais imaginé que la justice prônée par l'Islam pouvait aller jusqu'à donner pouvoir à un juge d'ordonner à une armée de musulmans de se retirer d'une ville conquise, sans qu'il n'ait eu de penchant pour les musulmans . Qu'ils n'ont également pas imaginé que le calif puisse ordonner l'application de ce verdict.

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Ce faisant et sachant les bonnes relations qu'ils ont eues avec les musulmans résidants dans la ville, ils ont décidé de retirer leur plainte et de demander à ce que la situation reste telle qu'elle était, car ils n'ont plus peur actuellement d'une injustice. Devant cette requête sincère des habitants de Samarkande, le gouverneur ordonna à l'armée et aux musulmans de demeurer dans la ville; c'était une satisfaction partagée par tous.» D'après l'Histoire de Tabari, vol.6.

Chapitre III

L'Islam et l'appel à la paix

{ Une lumière et un Livre explicite vous sont certes venus de Dieu ! Par ceci (le Coran), Dieu guide aux chemins de la paix (du salut) ceux qui cherchent Son agrément.}

Sourate la Table pourvue v.15-16

1. Introduction2. La paix : une valeur fondamentale de l'Islam (1) L'appel du Coran à la paix(2) L'interdiction formelle d'agresser ou de porter atteinte à autrui(3) L'équité et la bienfaisance à l'égard de tous les hommes (4) La coopération, le dialogue constructif entre les hommes, les communautés(5) La quête de la conciliation (et des règlements équitables) en cas de conflit(6) Le respect des engagements et accords conclus entre différentes parties(7) Comportement humain dans une situation de conflit(8) L'exemple du prophète Mohammed (psl) (9) Autres aspects de la paix dans l'Islam 3. Remarques3.1. Remarques préliminaires3.2. Remarques sur les circonstances de la diffusion de l'Islam3.3. Remarques sur certaines conceptions erronées 4. Témoignages historiques (1) Un exemple de justice qui ne prend pas en considération l'appartenance ethnique ou religieuse

(2) L'Islam est une religion de prédication [Arnold, 28] (3) Le but de l'imposition de la Jiziâ (Arnold p.79)(4) Les Chrétiens de l'empire islamique (Arnold p.81-86) (5) L'intégrisme' de certains musulmans ne contredit pas l'idée de tolérance chez la majorité (Arnold p.167) (6) Sur les relations islamo-chrétiennes aux débuts de l'empire Ottoman (Arnold p.170)

1. Introduction

L'Islam considère la paix comme l'une de ses valeurs importantes. C'est ce qui sera montré dans ce chapitre à travers les points suivants :

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(1)L'appel du texte fondateur de l'Islam (le Coran) à la paix ainsi que nous l'avons vu dans les chapitres précédents et comme on le montrera dans le paragraphe suivant.

(2)L'interdiction formelle d'agresser ou de porter atteinte à autrui sans motif valable ( la légitime défense)

(3)L'appel non seulement à l'équité mais aussi à la bienfaisance à l'égard de tous les hommes qu'ils soient musulmans ou non.

(4)La coopération et l'entraide entre tous les hommes pour le bien de l'humanité; l'appel au dialogue constructif entre les différentes communautés.

(5)La quête de la réconciliation en cas de conflit.

(6)Le respect des engagements et des traités conclus entre les différentes parties.

(7)L'adoption d'un comportement humain en cas de conflit notamment afin de préserver la dignité humaine (les prisonniers de guerre, les civils, etc.) dans le cas d'un conflit qui n'a pu être évité.

(8)L'attitude de tolérance exemplaire du prophète Mohammed (psl) envers tous les hommes indépendamment des convictions religieuses, les traités et accords conclus avec d'autres communautés, l'attitude également tolérante qui a prévalu au moment de l'extension de l'Islam à d'autre régions comme en ont témoigné des historiens européens impartiaux (et non musulmans), voir les témoignages cités au dernier paragraphe

(9)L'importance de la paix dans l'Islam apparaît également à travers certains cotés symboliques et significatifs : -Le fait que 'la paix' ou 'le salut' soit parmi les noms de Dieu. -L'adoption par les musulmans de l'expression ' la paix soit sur vous' comme expression de salut (la même expression à été utilisée par le Christ (psl) auparavant) -La qualification du paradis dans le Coran comme étant ' la demeure de la paix' -La répétition du terme 'paix' (salam, traduit également par ' le salut') et de ses dérivés plusieurs fois dans le Coran .

Le présent chapitre abordera ces différents aspects et sera aussi l'occasion de certaines mises-au-point, notamment :

-La nécessité de l'analyse minutieuse, logique et globale des versets du Coran,qui tient compte du contexte, évitant toute lecture superficielle ou hâtive qui donnerait lieu à des interprétations erronées.

-Les circonstances que traverse le monde (régulièrement hélas) caractérisées par l'éclatement de conflits, du crime organisé ainsi que les violences qui se mêlent parfois à des considérations religieuses. Cette situation ouvre la voie à divers commentaires et spéculations qui nuisent (parfois volontairement) à l'image des religions en exploitant tout événement qui mêle religion, terrorisme et violence et à travers l'invention de certains termes comme le mot « islamiste » qui permet de coller un concept d'extrêmisme au mot Islam ; alors que 'Islam' désigne une religion profondément attachée aux valeurs de paix et de justice.

2. La paix : une valeur fondamentale de l'Islam

(1)L'appel du Coran à la paix

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Cet appel du Coran à la paix est illustré par plusieurs versets, dont nous citons :

Sourate La Vache v.208 { Vous qui croyez, entrez en masse dans la paix, gardez-vous de suivre les pas de Satan, il est pour vous un ennemi déclaré}

Ce verset est une injonction claire donnée aux adeptes de l'Islam d'opter pour la paix ; la seconde partie du verset { Gardez-vous de suivre les pas de Satan}peut être comprise comme une mise-en-garde contre l'usage de la violence sans raison, considérant ceci comme une incitation ou un comportement diabolique.

Le verset suivant est une autre injonction ( au prophète, mais ayant clairement une portée générale) à opter pour la paix dans une situation de tension ou de conflit, au cas ou l'autre partie opte également pour la paix : Sourate Le Butin v. 61 {Et s'ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Dieu, car c'est Lui l'Audient, l'Omniscient. }

Citons également le verset suivant : Sourate La Table Pourvue v.15.16 : { Une lumière et un Livre explicite vous sont certes venus de Dieu ! Par ceci (le Coran), Dieu guide aux chemins de la paix (du salut) ceux qui cherchent Son agrément.}

Le terme 'salut' est synonyme de 'paix' : ce verset montre que la paix est une des finalités du message du Coran ; il s'agit d'une paix au sens individuel et au sens collectif. Signalons aussi le verset suivant qui appelle les hommes à bien agir dans la terre qui leur est confiée : Sourate Les Redans v. 56 : { Ne faites pas dégât sur la terre, après qu'elle fut créée si bonne } (2)L'interdiction formelle d'agresser ou de porter atteinte à autrui

Dans le verset suivant, le Coran interdit clairement d'agresser autrui : { sans pour autant commettre d'agression, Dieu déteste les agresseurs}; en même temps, il évoque la légitime défense : { combattez sur le chemin de Dieu ceux qui vous combattent }.

Sourate La Vache v.190 :{ combattez sur le chemin de Dieu ceux qui vous combattent, sans pour autant commettre d'agression; Dieu déteste les agresseurs}

Puis dans un verset suivant (v.192):{ Cependant s'ils finissaient ... - alors Dieu est Tout pardon, Miséricordieux}

Puis au verset 193 de la même sourate : { cependant s'ils finissaient ... - alors plus d'offensive, sinon contre les iniques ...}

Puis citons aussi : Sourate Les Femmes 90 : {... Si Dieu avait voulu, Il leur aurait donné l'audace (et la force) contre vous, et ils vous auraient certainement combattu. (Par conséquent,) s'ils restent neutres à votre égard et ne vous combattent point, et qu'ils vous offrent la paix, alors, Dieu ne vous donne pas de chemin contre eux. }

Le Coran a par ailleurs beaucoup insisté sur l'interdiction de l'agression d'autrui et a mis en garde tous les hommes à ce sujet, en promettant un dur châtiment à ceux qui portent atteinte à autrui et se montrent cruel sur terre : Sourate La Concertation v.42 :{ Il n'y a de voie [de recours] que contre ceux qui lèsent les gens et commettent des abus, contrairement au droit, sur la terre : ceux-là auront un châtiment douloureux. }

De même, dans le verset suivant, le Coran insiste de nouveau sur l'interdiction de commettre des injustices ou des crimes et ordonne l'entraide et la collaboration pour le bien et la justice avec une autre mise en garde à l'encontre des iniques :

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Sourate La Table Pourvue v.2 { Et ne laissez pas la haine pour un peuple qui vous a obstrué la route vers la Mosquée sacrée vous inciter à transgresser. Entraidez-vous dans l'accomplissement des bonnes oeuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. }

Explications :

ce verset s'adresse aux hommes accompagnant le prophète Mohammed (psl) au moment de l'entrée à la Mecque, leur interdisant toute vengeance ou atteinte à ceux qui les ont combattus auparavant et qui ont violé le traité Houdaybiâ qui garantissait aux musulmans le droit de faire un pèlerinage à la Mecque alors que celle-ci était tenue par les polythéistes de Koreïsh; il s'agit donc de leur pardonner ces agissements et d'interdire toute violence ou injustice à l'égard de Koreish après leur faute.

Le Coran a vigoureusement interdit de tuer un être humain en promettant un terrible châtiment pour le coupable d'un tel crime :

Sourate La Table Pourvue v.32 :{ ... quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. }

A ce sujet voir aussi les sourates : Les Troupeaux v.192, Le Trajet nocturne v.133, Les Femmes v.93.

La légitime défense :

Le verset 37 de la sourate Le Pèlerinage est le premier verset qui autorise le combat pour la légitime défense; d'après Zamarkhchari ( célèbre auteur d'exégèse du Coran ), ce verset a été révélé après environ 70 versets interdisant l'usage de la violence malgré les persécutions subies par les musulmans:

Sourate Le Pèlerinage v.39-40 {Toute autorisation de se défendre est donnée à ceux qui ont été attaqués ; parce qu'ils ont été injustement opprimés. Dieu est puissant pour les secourir – et à ceux qui ont été chassés injustement de leurs maisons pour avoir dit seulement : « Notre Seigneur est Dieu! » Si Dieu n'avait pas repoussé certains hommes par d'autres, des ermitages auraient été démolis, ainsi que des synagogues, des oratoires et des mosquées où le Nom de Dieu est souvent invoqué. Oui, Dieu sauvera ceux qui l'assistent. Dieu est en vérité fort et Puissant}

Nota : Nous avons pris pour ce verset la traduction de D. Masson. Selon la traduction J.Berque , l'autorisation de se défendre est donnée à « ceux qui combattent » ; (yokatilouna) ce qui n'est pas exact car le Coran parle de ceux qui sont combattus (youkatalouna).

Il est très important de remarquer que ces versets explicitent, de manière claire et concise, ce principe de légitime défense, illustrant ainsi un caractère constant du style du Coran : celui d'indiquer implicitement ou explicitement les motifs de toute injonction, interdiction ou autorisation : -Premier motif : l'autorisation a été donnée à qui ? à ceux qui ont été attaqués . -Second motif : parce qu'ils ont été injustement opprimés et chassés de leurs maisons. -Troisième motif : Si Dieu n'avaient pas repoussé certains hommes par d'autre c'est-à-dire n'avait pas légitimé cette défense, en particulier pour les adeptes des religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme et Islam), ceux-ci seraient menacés dans leur existence même à cause des persécutions et injustices qu'ils ont subies.

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(3)L'équité et la bienfaisance à l'égard de tous les hommes

Dans le verset suivant -déjà cité- le Coran appelle non seulement à une conduite juste et équitable, mais aussi à la bienfaisance envers tous ceux qui n'offensent pas les gens, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse :

Sourate L'Examinante v.8 { Dieu ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Dieu aime les équitables. } Le verset suivant est également à signaler ; il évoque la réconciliation avec l'autre en cas de différend:

Sourate L'Examinante v. 7 : { Il se peut que Dieu établisse de l'amitié entre vous et ceux d'entre eux dont vous avez été les ennemis. Et Dieu est Omnipotent et Dieu est Pardonneur et Très Miséricordieux. }

Le prophète Mohammed (p.s.l) a lancé cet appel à la fraternité entre les hommes dans le dernier message qu'il a adressé à la Mecque : « O les hommes, votre Dieu est unique, votre père est unique, vous descendez tous d'Adam et Adam est fait de terre. Pour Dieu, le plus noble d'entre vous est le plus pieux; un arabe n'est pas plus méritant qu'un étranger, un étranger n'est pas plus méritant qu'un arabe, sauf par la piété (c'est-à-dire les bonnes oeuvres NDLR ) »

Ultime appel du prophète qui met en évidence le principe d'égalité entre les hommes.

(4)La coopération, le dialogue constructif entre les hommes, les communautés

Nous rappelons ici les versets déjà évoqués au sujet du dialogue entre les hommes, lesquels constituent un moyen de réalisation de la paix, la coexistence et la compréhension entre les communautés, les Etats, etc. Les deux versets suivants concernent le dialogue entre les trois religions monothéistes :

Sourate La Famille de Imrân v.64 :: { Dis : « Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous : que nous n'adorions que Dieu, sans rien Lui associer » }

Sourate L'Araignée v.46 { Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d'entre eux qui sont injustes. Et dites : "Nous croyons en ce qu'on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c'est à Lui que nous nous soumettons". }

Rappelons également que l'un des effets très positifs du dialogue est l'éliminations, des préjugés et idées reçues qui sont des obstructions à la compréhension mutuelle entre différentes communautés.

Si on ajoute le verset 13 de la sourate Les Appartement :

{Humains, Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes Omniscient et Grand- Connaisseur. },

on conclut que le Coran incite tous les hommes à se connaître et à coopérer pour le bien, sachant que dans le domaine des croyances, Dieu demeure Le seul Juge, comme cela a été indiqué au chapitre précédent ( voir par exemple les sourate La Table pourvue v.48, Le Pèlerinage v.17)

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(5)La quête de la conciliation (et aux règlements équitables) en cas de conflit

Le verset suivant illustre cet appel à la conciliation Sourate Les Appartements v.9 :{Et si deux groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux. Si l'un d'eux se rebelle contre l'autre, combattez le groupe qui se rebelle, jusqu'à ce qu'il se conforme à l'ordre de Dieu. Puis, s'il s'y conforme, réconciliez-les avec justice et soyez équitables car Dieu aime les équitables. }

La justice et l'équité dans le règlement des différends est extrêmement importante dans le Coran. En plus des textes cités au chapitre précédent et du verset ci-dessus, citons celui-ci :

Sourate La Table Pourvue v.8{ Ô les croyants ! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Dieu et (soyez) des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injuste. Pratiquez l'équité : cela est plus proche de la piété. Et craignez Dieu. Car Dieu est certes Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. }

Il faut donc être juste et équitable avec tous y compris avec d'éventuels adversaires ayant commis des offenses ; le ressentiment éprouvé à leur égard ne doit nullement conduire à un comportement ou à des peines injustes. Le verset insiste, comme on le remarque, sur la justice, considérant qu'être juste est une condition de piété (ou de se prémunir). Remarquons également que le verset 2 ( déjà cité dans ce chapitre) évoque le même sujet d'une façon similaire dans la même sourate : autre insistance du Coran sur la justice .

(6)Le respect des engagements et accords conclus entre différentes parties

Le respect des contrats, des accords et des engagements est un principe de base dans les relations individuelles ou collectives. Se conformer à ce principe c'est favoriser les bons rapports entres les différentes parties; en revanche ne pas s'y conformer peut être à l'origine de tensions voire de conflits

Les textes suivants témoignent de la place accordée par le Coran à ce principe :

Sourate La Vache v.177 {La piété consiste (...) à remplir les pactes une fois conclus, à prendre patience dans la souffrance et l'adversité au moment du malheur : ceux-là sont les véridiques, ce sont eux qui se prémunissent }

Sourate Les Croyants v.8 : {Comblés sont les croyants (...) qui veillent à la sauvegarde des dépòts confiés à eux et honorent leurs engagements}

(par ce verset, le Coran établit que le respect des engagements est une des conditions de la foi et une qualité du croyant )

Sourate La Famille de Imrân v.76 : { ... quiconque remplit sa promesse et craint Dieu... Dieu aime les pieux.}

Sourate La Table pourvue v.1 : {Vous qui croyez, remplissez fidèlement vos engagements. !} Sourate Les Troupeaux v.152 : { Et remplissez votre engagement envers Dieu }

Sourate Le Trajet nocturne v.34 :{ Et remplissez l'engagement, car on sera interrogé au sujet des engagements}

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Sourate Le Repentir v.4 {A l'exception des associants avec lesquels vous avez conclu un pacte, puis ils ne vous ont manqué en rien, et n'ont soutenu personne [à lutter] contre vous : respectez pleinement le pacte conclu avec eux jusqu'au terme convenu. Dieu aime les pieux. }

Sourate Le Repentir v.7 :{ Comment y aurait-il pour les associants un pacte admis par Dieu et par Son messager ? A l'exception de ceux avec lesquels vous avez conclu un pacte près de la Mosquée sacrée. Tant qu'ils sont droits envers vous, soyez droits envers eux. Car Dieu aime les pieux.}

Signalons à ce propos la remarque de Murad Hoffman dans son livre (Der Islam als Alternative) :«Si deux Etats établissent entre euxun traité et que l'un des deux entre en conflit avec un Etat tiers, l'Etat qui n'est pas en conflit ne doit pas aider l'Etat tiers si cette aide contredit le traité, même au cas où ces deux Etats (l'Etat qui n'est pas conflit et l'Etat tiers )sont tous les deux islamiques : ceci constitue un renouveau révolutionnaire du droit de guerre [ qui consacre la prééminence des traités et engagements conclu] :

Sourate La Famille Imrân v.28 :{Que les croyants ne prennent pas de dénégateurs comme alliés au lieu de croyants. Le faire, ce serait vous couper totalement de Dieu, à moins que ce ne soit dans le but de vous prémunir contre eux; néanmoins Dieu vous met en garde contre Lui-même – Dieu est la destination de tout }

Sourate Le butin v.72 :{ Quant à ceux qui ont cru et n'ont pas émigré, vous ne serez pas liés à eux, jusqu'à ce qu'ils émigrent. Et s'ils vous demandent secours au nom de la religion, à vous alors de leur porter secours, mais pas contre un peuple auquel vous êtes liés par un pacte. Et Dieu observe bien ce que vous oeuvrez.}

(7)Comportement humain dans une situation de conflit

Il est nécessaire de respecter la dignité humaine même dans les situations de conflit : cela implique des droits pour les civils, pour les prisonniers de guerre ; cela exclu naturellement les comportements inhumains de torture, de destruction des biens, etc.

Nous donnons ici deux exemples évoqués dans le Coran :

-Le verset 4 de la sourate Mohammed évoque une situation de bataille. En disant {.. Après quoi, faire grâce ou rançonner} : ce qui interdit de tuer un soldat qui a été désarmé et ne laisse qu'une alternative : ou bien sa libération sans contrepartie, ou bien sa libération avec contrepartie (un prisonnier ou bien matériel). -Sur la conduite avec les prisonniers de guerre : Sourate Le Butin v.70 :{ Prophète, dis aux captifs qui sont entre vos mains : "Si Dieu sait qu'il y a quelque bien dans vos coeurs, Il vous donnera mieux que ce qui vous a été pris et vous pardonnera. Dieu est Pardonneur et Miséricordieux. }

(8)En ce qui concerne l'attitude tolérante du prophète Mohammed (psl.) et des Etats islamiques, le prophète était un exemple de tolérance ; il avait conclu des accords avec les Chrétiens (de Najran par exemple) et les Juifs de Médine et de ses environs. Nous citerons des exemples au dernier paragraphe concernant les Etats islamiques.

(9)Autres aspects de la paix dans l'Islam

Ce sont des aspect symboliques mais significatifs, en particulier : -Le fait que les attributs 'Paix' ou 'Salut' fassent partie des noms de Dieu.

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-Le fait que l'expression de salut des musulmans entre eux et avec les autres soit « que la paix soit sur vous », expression utilisée auparavant par le Christ (p.s.l.) et citée plusieurs fois le Coran (Sourate Les Troupeaux v.54, Le Tonnerre v.24, Les Abeilles v.32, La Narration v.55, Par Vagues v.73)

-La désignation du paradis comme étant la demeure de la paix : Sourate Les Troupeaux v.127 : { Pour eux la demeure de paix auprès de leur Seigneur. Et c'est Lui qui est leur protecteur, pour ce qu'ils faisaient (sur terre) } Sourate Jonas v. 25 : { Dieu appelle à la demeure de la paix et guide qui Il veut vers un droit chemin. }

-Enfin le fait que le mot 'Salam' (qui signifie 'paix' ou 'salut') et ses dérivées ont été signalés plus de 40 fois dans le Coran.

3. Remarques

3.1. Remarques préliminaires

L'Islam est né dans des conditions difficiles : le prophète Mohammed (psl) et ses premiers compagnons ont rencontré une opposition de la part Koreïch (sa tribu ) qui a donné lieu à des hostilités et des persécutions. Lorsque Koreïch s'est décidée à 'en finir' avec la nouvelle religion en tentant de tuer le prophète (psl), celui-ci est parti à Medine (la ville de Yathrib) où il a reçu un accueil favorable qui lui a permis de poursuivre sa mission et de jeter les bases d'une nouvelle société. Cependant les tensions ne se sont pas apaisées même après la conclusion d'accords avec certaines tribus arabes et même après le célèbre accord de Houdaybia et le retour à la Mecque. Les deux exemples suivants illustrent ces circonstances :

Aux débuts de l'Islam à Medine, la tribu bani Amer autorisa le prophète par la voix de son chef Abu El Barea, à y faire connaître l'Islam; le chef de la tribu s'était engagé à garantir la sécurité des émissaires du prophète. Or les quarante émissaires envoyés à cette tribu ont été tués sauf trois d'entre eux (voir Arnold, p.54) Plus tard, le prophète Mohammed (psl) avait envoyé un émissaire, Harith ben Omaïr au roi de Basra, et au cours de son voyage, il a été intercepté et assassiné par Charhabil un gouverneur romain, ce qui poussa le prophète à préparer une armée pour combattre Charhabil.

C'est donc dans ce genre de circonstances que certains versets du Coran ont été révélés, autorisant les premier adeptes de l'Islam à se défendre contre les attaques et les persécutions (v.37 de la sourate Le Pèlerinage par exemple ) et d'autres versets autorisant à combattre des polythéiste qui ont violé les accords conclus avec les musulmans et ont poursuivi leurs attaques; parmi ces versets, citons celui-ci :

Sourate Le Repentir v.5 { Après que les mois sacrés expirent, tuez les associants où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la prière et acquittent la Zakat, alors laissez-leur la voie libre, car Dieu est Pardonneur et Miséricordieux. }

Il est, toutefois, regrettable que certains (commentateurs de l'Islam) en aient déduit que ce verset est une incitation générale au combat pour prêcher la religion; cette interprétation, évidement fausse, est due à une lecture superficielle qui ignore ou veut ignorer les circonstances d'application de ce verset et les raisons de sa révélation. On peut répondre à cette fausse interprétation comme suit :

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(1)Ce verset (et d'autres comme Le Butin v.65, Mohammed v.4) ont été révélés dans des circonstances précises et il est impossible d'en donner une interprétation correcte si on ignore ces circonstances qui clarifient à la fois les raison d'être de ces versets et leur champ d'application (voir par exemple : Dr Sobhi Saleh, Recherches dans les sciences du Coran) : il est vrai que de nombreux versets ont une porté générale mais il est vrai aussi que d'autres ont une portée ponctuelle, et souvent on trouvera des clarifications d'un verset dans d'autres versets voisins. En l'occurrence, les versets qui suivent Le Repentir v.5, donnent des explications claires sur les raisons de la rigueur exprimée à l'égard des polythéistes :

Sourate Le Repentir v.8 :{ Comment donc ! Quand ils triomphent de vous, ils ne respectent à votre égard, ni parenté ni pacte conclu. Ils vous satisfont de leurs bouches, tandis que leurs coeurs se refusent; et la plupart d'entre eux sont des pervers. }

Sourate Le Repentir v.9 :{ Ils troquent à vil prix les versets de Dieu (le Coran) et obstruent Son chemin. Ce qu'ils font est très mauvais ! }

Sourate Le Repentir v.10 :{ Ils ne respectent, à l'égard d'un croyant, ni parenté ni pacte conclu. Et ceux-là sont les transgresseurs. }

Sourate Le Repentir v. 13{Ne combattrez-vous pas des gens qui ont violé leurs serments, qui ont voulu bannir le Messager et alors que ce sont eux qui vous ont attaqués les premiers ? Les redoutiez-vous ? C'est Dieu qui est plus digne de votre crainte si vous êtes croyants ! }

De plus, les versets qui viennent juste après le verset 5 ci-dessus incitent à la bonne conduite et au respect des engagements tenus avec certains polythéistes si ceux-ci respectent les leurs :

Sourate Le Repentir v.6 : { Et si l'un des associants te demande asile, accorde-le lui, afin qu'il entende la parole de Dieu, puis fais-le parvenir à son lieu de sécurité. Car ce sont des gens qui ne savent pas.}

Sourate Le Repentir v.7 :{Comment y aurait-il pour les associants un pacte admis par Dieu et par Son messager ? A l'exception de ceux avec lesquels vous avez conclu un pacte près de la Mosquée sacrée. Tant qu'ils sont droits envers vous, soyez droits envers eux. Car Dieu aime les pieux.}

(2)Il a été montré clairement que l'Islam a formellement interdit la transgression,l'atteinte ou l'injustice vis-à-vis d'autrui et il a appelé à la bienfaisance à l'égard de tous (ceux qui ne commettent pas de crime ou injustice ), cf. les paragraphes précédents; les versets indiqués sont clairs et il n'est pas possible de prétendre qu'ils ont été abrogés ultérieurement : à titre d'exemple : {Dieu n'aime pas les transgresseurs} (sourate La Vache v.8) est clair et évidement non abrogeable, de même du verset { Point de contrainteen religion} ( Sourate La Vache v. 256)

(3)S'il est naturel de considérer que l'existence d'un droit international de la guerre ne signifie pas que ce droit incite les Etats à entrer en guerre, il est aussi évident que l'existence de versets dans le Coran qui sont relatifs à des circonstances de conflits (comme Le Repentir v.5) ou l'existence d'autres versets qui évoquent les règles à respecter dans une situation de guerre, ne signifient pas que l'Islam incite à l'éclatement des conflits ; ce serait absurde.

3.2. Remarque sur les circonstances de la diffusion del'Islam

Il existe également des idées erronées sur les modes de diffusion de l'Islam et son expansion en Afrique et en Asie aux premiers siècle de son avènement, selon lesquelles la religion à été

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imposée par la force. Pour avoir une idée proche de la réalité, on se référa à l'excellent ouvrage de Sir Thomas Arnold (1864-1930), l'historien et orientaliste anglais (qui n'est pas musulman) qui a fait preuve d'objectivité et de minutie dans ses écrits. On trouvera ci-après des extraits de cet ouvrage .

3.3. Remarques sur certaines conceptions erronées

Il existe aussi des conceptions et expressions erronées ou fabriquées de toute pièce qui sont devenues monnaie courante actuellement dans les médias; ces médias, dont l'influence sur les esprit et la formation des pensées et des opinions est considérable. Parmi ces idées citons : l'amalgame religion-terrorisme, l'utilisation à tout hasard du mot « jihâd », l'invention du terme « islamiste » en tant que nom (et aussi adjectif), l'utilisation de l'expression « guerre sainte ». Contentons-nous ici de quelques observations concises à ce sujet :

(1)Le terme « jihâd » est dérivé du mot effort ; étymologiquement, il signifie : la persévérance dans l'effort dans un but qui peut être le travail, la bienfaisance, l'intégrité morale (qui requiert un véritable effort de la part de l'individu et c'est précisément pour atteindre ; cette intégrité que les soufis (mystiques musulmans) utilisent le terme « jihad » pour signifier l'effort qui doit être accompli pour contourner les tentations) et aussi pour faire connaître le message de l'Islam { avec sagesse et belle exhortation} comme le souligne le Coran ( Les Abeilles v.125) et sans contrainte ni transgression comme cela a été souligné précédemment. Quant à l'usage du mot « jihad » dans un contexte de conflit, il concerne la légitime défense, ce qui est licite pour tous, musulmans ou non musulmans. En résumé, le mot « jihad » n'a pas cette connotation guerrière (sauf en cas de légitime défense) qui lui est souvent collée.

(2)L'expression « guerre sainte » est étrangère à la littérature islamique, elle n'a jamais été citée ni dans le Coran ni dans les Hadiths du prophète. Il s'agit probablement d'une expression d'origine latine qui a été employée aux temps des croisades.

(3)Le mot « islamiste » comme nom n'a pas d'équivalent dans le dictionnaire arabe qui contient plutôt l'équivalent du mot 'islamique' qui est un adjectif par lequel on peut designer la civilisation islamique, la religion islamique, la morale islamique, etc. Le terme « islamiste » a été inventé récemment dans la langue française pour désigner des extrémistes. Ainsi, mélange-t-on un mot dérivés du mot 'Islam' avec l'extrémisme ou le terrorisme, ce qui est très regrettable.

(4) Enfin après qu'on ait cessé de parler du 'péril rouge' et l'histoire nous rappelle l'hystérie anti-communiste des années 1950, aux Etats Unis surtout, puis du péril jaune (la Chine), le péril vert (Islam (!)) a été quelque fois évoqué à son tour, comme un autre péril (jaune+vert) en raison de la peur que certains ont eue de la ceinture confuciano-islamique ! Ce genre d'idées, qui relèvent du domaine des illusions, sont évoqués en relation avec la soi-disant thèse du choc des civilisations, devenue à la mode, qui n'est ni plus ni moins qu'une conception d'un autre âge exprimée dans un style contemporain et nourrie par des événements et des conflits que tout être humain doué de bon sens regrette, quelle que soit son appartenance ethnique ou religieuse. Ces conceptions, qui considèrent que les tensions et les conflits sont nécessaires pour faire évoluer les sociétés, sont difficiles à justifier ; serait-ce de la naïveté, la mauvaise foi, ou simplement la recherche fébrile de thèses 'dans l'air du temps' à publier ici et là ? Puisqu'à l'évidence tous les peuples n'aspirent qu'à la paix et la stabilité et n'ont point besoin d'un péril rouge, jaune ou vert. Quant à l'Islam, « péril vert » est une expression gratuite, puisque le texte fondateur de cette religion dit :

Sourate Les Appartements, v.13 :{Humains, Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous

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entreconnaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes Omniscient et Grand- Connaisseur. }

4. Témoignages historiques

Un exemple de justice qui ne prend pas en considération l'appartenance ethnique ou religieuse:

Nous avons déjà cité les versets du Coran qui posent des principes de justice qui doivent être respectés envers tous, fût-ce à l'encontre de soi-même, des proches, etc.; cette justice est naturellement indépendante des considérations ethniques ou religieuses, il est remarquable que le Coran donne un exemple explicite qui illustre l'application de ces principes, ce que nous allons évoquer : Tômâ Ibn Ibrik , un musulman de Médine avait volé un bouclier [appartenant à Kotada Ibn Nouman qui habitait près de lui], puis il le cacha chez un ressortissant juif de cette ville, Zayad Ibn Samin, sans que celui-ci le sache. Le bouclier se trouvait initialement dans un sac de farine, ce qui a permis aux enquêteurs de le retrouver facilement chez Samin, en suivant les traces de farine. Ainsi, l'accusation se porta sur Samin; l'événement a été rapporté au prophète (psl), qui, vu les preuves à tenté de confirmer l'accusation de Samin. C'est alors que le prophète reçut la révélation de huit versets du Coran, qui innocentent le ressortissant juif et montrent le véritable coupable à savoir Tômâ, le musulman le premier ce ces versets est

Sourate Les Femmes v.105 { Nous avons fait descendre vers toi le Livre avec la vérité, pour que tu juges entre les gens. selon ce que Dieu t'a appris. Et ne te fais pas l'avocat des traîtres. }

L'Islam est une religion de prédication [Arnold, p.28]:

« Ainsi des son apparition, l'Islam a été une religion de prédication aux plans théorique et pratique. La vie de Mohamed était l'exemple même de cette conception. Le prophète est le premier représentant de plusieurs générations de prédicateurs musulmans qui ont réussi à trouver un chemin aux coeurs des non-croyants. Aussi nous ne devons pas chercher l'esprit de cette prédication dans les images de persécuteurs ou de fanatiques ou même celle du combattant musulman, ce héros mythique qui prenait l'épée dans une main et le Coran dans l'autre main, mais nous devons chercher cet esprit dans ces actions sincères et pacifiques des prédicateurs et des commerçants qui ont porté leur foi à tous les coins de la terre. Cependant, il faut noter (contrairement à certaines affirmations) que ces prédicateurs n'ont pas adopté ces méthodes pacifiques parce que les circonstances ont rendu impossible l'utilisation de la force et la violence; le Coran a en effet beaucoup insisté sur ces méthodes pacifiques, on peut y lire par exemple :

Sourate L'Emmitouflé v.10-11 :{ Et supporte avec patience ce qu'ils disent; et écarte-toi d'eux d'une façon convenable. Et laisse-moi avec ceux qui crient au mensonge et accorde-leur un court répit } Sourate Les Djinns v.23 :{... « [Je ne puis que transmettre] une communication et des messages [émanant] de Dieu ».}

(...) Et lorsque la prédication de Mohammed n'a rencontré que la dérision et l'opposition de la part des mecquois, durant plus de dix ans sans véritable succès, il s'est décidé à chercher d'autres tribus qui seraient plus favorables à son appel (...) Il est ainsi parti à la ville de Taef située à 70 miles de la Mecque où il a rencontré certains des notables qui les a appelés à l'adoration du Dieu unique, en les informant qu'il a été envoyé par Dieu au service de cette religion. Il leur a demandé en même temps de le protéger contre ses persécuteurs de la Mecque. Cependant là aussi il n'a rencontré que la moquerie et la dérision, son appel n'ayant pas pu entré dans les esprits des

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habitants de Taef qui étaient des polythéistes; le prophète a même été chassé de la ville par des jets de pierres. A son retour de Taêf, le prophète a senti que ses espoirs dans le succès étaient plus infimes que jamais; une amertume qui se trouve relatée dans le Coran par la voie de Noé :

Sourate Noé v.5-6 :{{- Il dit : « Seigneur ! J'ai appelé mon peuple, nuit et jour. Mais mon appel n'a fait qu'accroître leur fuite. »}

Le but de l'imposition de la Jiziâ (Arnold p.79):

« Le but de jiziâ, impôt devant être acquitté par les Chrétiens, n'était pas comme le prétend certains chercheurs une punition de leur refus d'embrasser l'Islam; mais cet impôt était payé par tous les non Musulmans qui, du fait de leur religion, ne peuvent pas servir dans l'armée; c'est donc une contre partie de la protection que leur garantissait les Musulmans. Ainsi lorsque les habitants de Hira se sont acquitté de cet impôt, ils ont dit clairement qu'ils ont fait cela ' afin qu'ils soient protégés avec leur gouverneur contre tout attaque'; Il est également arrivé que Khalid Ibn Walid se soit engagé avec les habitants (non musulmans) des villes voisines de Hira, selon ces termes : « Si nous arrivons à vous protéger alors on prend la jizia, sinon on ne la prend pas ». On peut juger de la reconnaissance claire de cette condition par les musulmans, à travers cet événement qui s'est déroulé sous le règne du calif Omar : lorsque l'empereur romain a massé une grande armée pour contrer les armées musulmanes. Les Musulmans devaient alors concentrer leur force dans cette bataille; suite à cela Obeîda, commandant des musulmans, a alors écrit aux gouverneurs des villes conquises au nord de la péninsule arabique, leur ordonnant de rendre la jizia qui a été acquise auprès des non-musulmans de ces villes aux quels il a écrit : « Nous vous avons rendu votre argent, ..... car vous avez exigé qu'on vous protège et nous ne pouvons le faire dans les circonstances actuelles; nous avons rendu cet argent afin de respecter cette condition et ce que nous avons convenu avec vous, si Dieu nous donne victoire sur eux [les romains ] » Ainsi, des sommes importantes ont été rendues aux habitants chrétiens des villes conquise, qui ont prié pour les chefs musulmans et ont dit « ...... Dieu vous accorde la victoire sur eux; car eux (les romains) ne nous auraient rien rendu et auraient pris tout ce qui nous reste ».

Les Chrétiens de l'empire islamique (Arnold p.81-86) :

« Les chrétiens de cet empire vivaient en sécurité, avec cette tolérance qui assure la liberté de culte; ils ont pu jouir d'une certaine prospérité sous les premier califs. Ainsi le calif Mouâwia (661-680) avait conféré de hautes fonctions à des chrétiens, comme AL Akhtal, chrétien arabe, qui était le poète de la cour du calif; ou Jean Avi Keddis qui était conseiller du calif AbdelMalik (680-705). Le calif Môtassim (833-842) avait parmi ses collaborateurs deux frères chrétiens promus à de hautes responsabilités : l'un d'eux, Salmaouiâ, était un ministre qui apposait sa signature aux documents du roi pour devenir exécutoires; quant à son frère Ibrahim, il était chargé de préserver le sceau du calif ainsi que la conservation de la trésorerie alors qu'une telle fonction devait être conférée à un musulman; le calif avait une grande considération pour Ibrahim; il l'a visité lors de sa maladie et était pris d'une immense tristesse lors de sa mort et le service religieux chrétien a eu lieu dans le palais du calif au jour de ses funérailles »

T. Arnold donne ensuite de nombreux exemples de non-musulmans auxquels les califs ont attribué d'importantes responsabilités, puis évoque l'édification de nombreuses églises dans les villes de l'empire islamique à travers une longue liste d'exemples, dont voici un extrait :

« (...) et nous avons d'autres exemples d'édification des églises rapportés par des historiens chrétiens et musulmans. Ainsi Athanasuis, habitant chrétien aisé de la ville de Rahâ a bâti une belle église en l'honneur de Ste Marie, au cours du règne de Abdel Malik (704-685); il a aussi construit un édifice pour le baptême, d'autres églises ont été bâties en plusieurs lieux de l'Egypte .

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En outre, des chrétiens qui collaboraient avec Abdel Aziz Ibn Marwan (le frère de Abdel Malik) gouverneur d'Egypte, ont demandé à ce dernier de bâtir une église à Halwan, en l'honneur de St Jean; alors que cette ville a été construite par les musulmans. Et en 711, une église jacobine a été édifiée avec l'autorisation du calif El Walid (705-715) (....) Sous le règne suivant, le gouverneur de l'Irak, Kalid Kasri (entre 724 et 738) a bâti une église pour sa mère qui était chrétienne et en 759 une autre église a été bâtie et pour laquelle l'évêque Nastorien Cyprian a dépensé 5600 dinars; et c'est à cette époque que remonte l'édification de l'église d'Abi Sarja dans le fort romain de l'Egypte ancienne (...) Sous le règne de Mehdi (775-785), une église fût bâtie à Bagdad pour les chrétiens faits prisonniers lors des compagnes contre Byzance; les membres de la famille de Smalo ont bâti de leur côté une autre église dans cette ville sous le règne de Haroun Rachid (786-809) (...) Et sous le règne de ce calif, le Nastorien Serguis de Basra à été autorisé à bâtir une église dans cette ville fondée par les musulmans sous le règne de Omar en 638. A Babelion, une grande église a été bâtie et comprend les dépouilles des prophètes Daniel et Ezechiel (...) En outre le patriarche Nastorien Timotheus (mort en 820) avait inauguré une autre église à Bagdad (...) »

L'intégrisme' de certains musulmans ne contredit pas l'idée de tolérance chez la majorité (Arnold p.167)

« (...) sous le règne des Morabits qui ont pris le pouvoir en Andalousie, le volcan de l'intégrisme religieux fit éruption aux débuts du 12ème siècle sous l'impulsion de certains fanatiques musulmans; ce qui a fait souffrir des chrétiens, des juifs et une partie des musulmans libéraux qui ont appelé à la liberté de la pensée comme les philosophes, les poètes et les hommes de lettres. Mais ces événements étaient une exception en comparaison avec la tolérance religieuse qui a marqué l'attitude des gouverneurs musulmans de l'Espagne envers leurs citoyens chrétiens; Ainsi, un des musulmans espagnols qui a été chassé de son pays à la fin du règne Arabe (en Espagne) en 1610, alors qu'il protestait contre les persécutions des tribunaux de l'inquisition, a montré avec des arguments tangibles le haut degré de tolérance de ses frères en religions à travers ces mots : « Nos prédécesseurs victorieux ont-ils essayé une seule fois d'effacer le Christianisme de l'Espagne alors qu'ils avaient la capacité de le faire ? N'ont-ils pas permis à vos parents la liberté dans la peinture religieuses et l'habillement ? Notre prophète n'a-t-il pas recommandé de préserver la liberté religieuse dans les pays conquis par l'épée ? Ne leur a-t-il pas permis de suivre leurs religions s'acquittant d'un montant modéré de la jiziâ ? Et certains avancent des exemples pour prouver que des habitants ont été contraint d'embrasser l'Islam, ces exemples sont tellement rares qu'ils ne peuvent constituer une preuve, et les gens qui ont contraint ces habitants l'ont fait de leur propre initiative en contrariant les préceptes de la religions islamique (....) » »

Sur les relations Islamo-Chrétiennes aux débuts de l'empire Ottoman (Arnold p.170)

« Une des première mesures prises par Mohammed II (l'empereur Ottoman), après la chute de Constantinople et la remise de l'ordre dans cette ville, était de s'assurer de l'allégeance des Chrétiens, en se proclamant lui-même protecteur de l'Eglise Grecque. Il a ainsi promulgué un décret garantissant au nouveau patriarche, à ses fidèles et ses subordonnés le droit de jouir des privilèges anciens et des ressources et dons dont ils bénéficiaient antérieurement. Le premier patriarche après la conquête turque, Genaduis, a reçu de la main du sultan le bâton patriarcale, symbole de cette fonction, avec un sac contenant 1000 pièces en or et un cheval avec son cortège distingué . (....) les musulmans ont en outre donné un large pouvoir au chef de l'Eglise sur la communauté chrétienne, l'Eglise pouvait ainsi imposer des amendes, emprisonne les criminels dans une prison spéciale et elle pouvait même prononcer le peine de mort dans certains cas »

Chapitre IV

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Les guerres, les conflits et leurs conséquences désastreuses 1. Introduction 2. Les guerres et les conflits qu'a connu le monde entre 1990 et 2000 2.1. Des guerres dévastatrices, des crimes contre l'humanité, des purifications ethniques (1) Guerre civile et épuration ethnique au Rwanda (1994) : plus de 800000 morts en 3 mois (2) La guerre civile et l'épuration ethnique en Yougoslavie (3) La crise de l'Irak (4) La guerre en Tchéchénie (5) La guerre civile en Algérie 2.2. En plus de dizaines d'autres conflits 3. Rappel sur certains conflits du 20ème siècle (1) La 1ère guerre mondiale (2) La seconde guerre mondiale (1939-1945) (3) La guerre de Vietnam ( 1946-1975) (4) La guerre civile au Cambodge (1970-1990) (5) Le proche orient : le conflit Israëlo – Arabe

1. Introduction

Ce chapitre rappelle que les efforts visant à diffuser la culture de la paix ne sont pas sans objet mais constituent une réponse à un défi posé à l'humanité depuis son origine, celui des phénomènes de violence, des guerres dévastatrices, des crimes contre l'humanité qui atteignent parfois des degrés difficiles à imaginer et à comprendre.

Les paragraphes qui suivent reviennent sur les grands conflits qu'a connus le monde au 20éme siècle, avec leurs causes- qui sont variables : volonté d'hégémonie, fanatisme ethnique, conflits idéologiques, et parfois les attitudes irresponsables des dirigeants – et leurs conséquences désastreuses au plan humanitaire (le nombre des visctimes militaires et civiles, les veuves, les orphelins, les réfugiés , etc.) et au plan économique (les destructions, les famines, etc.).

En notant aussi que la survenue de crimes abominables contre l'humanité à la fin du 20éme siècle : au Rwanda, , Bosnie-Herzégovine et de conflits destructeurs en Irak, Tchéchénie, par exemple est hélas une preuve que ces phénomènes dévastateurs n'appartiennent pas à un passé lointain et que leur recrudescence dans le futur n'est malheureusement pas exclue. D'où la nécessité de poursuivre les efforts visant à instaurer la paix et la solidarité entre les peuples sur tous les plans : au plan éducatif avec la diffusion des valeurs de paix et de tolérance, au plan culturel, et aussi aux plan politique et économique : la construction européenne est un exemple intéressant d'intégration économique et politique dont une finalité essentielle était, au début, de favoriser la compréhension des peuples de l'Europe – réconciliation Franco-Allemande en particulier - au lendemain du désastre de la seconde guerre mondiale.

2. Les guerres et les conflits qu'a connu le monde entre 1990 et 2000

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2.1. Des guerre dévastatrices, des crimes contre l'humanité, des purifications ethniques

(1) Guerre civile et épuration ethnique au Rwanda (1994) : plus de 800000 morts en 3 mois

En 1994, l'Afrique a connu une guerre d'épuration ethnique qui constitue un des plus abominables crimes contre l'humanité de l'histoire. Le fait que ces événements se soient produits en 1994 montre comme nous l'avons signalé, que l'humanité traverse encore des périodes d'obscurité matérialisées par ces crimes qui font des centaines de milliers de victimes; cela pose en même temps la problématique de la responsabilité de la communauté internationale.

Le Rwanda est un petit pays ( 26340 Km, env.8 millions d'habitants) qui se trouve au centre-est de l'Afrique -région des grands lacs ; la population de ce pays est formée de deux ethnies : les hutus et les tutsis. Au cours des dernières décennies, plusieurs conflits, parfois meurtriers, avaient éclaté entre les deux ethnies, qui ont conduit au déplacement de centaines de milliers de personnes dans des conditions très difficiles.

La coexistence des deux ethnies a donc été difficile et à partir de 1993, des événements graves se déroulent : en août 1993, la radio libre des milles collines contrôlée par les hutus commence à diffuser des émissions incendiaires incitant les hutus à déclencher une guerre contre les tutsis. En octobre 1993, le président d'origine hutu du Burundi - Etat voisin du Rwanda - Andaday fût assassiné ; entre janvier et mars 1994, des rapports de l'ONU ont indiqué que les hutus préparent un plan d'épuration systématique des tutsis. Le 6 avril 1994, les présidents du Rwanda Habyarimana et du Burundi Ntaryamira ont été assassinés, l'avion qui les ramenait d'une conférence en Tanzanie a été abattue à Kigali. Aussitôt après, le 7 avril 1994 la compagne d'épuration ethnique menée par les extrémistes hutus débuta pour se terminer en juillet 1994 en faisant 800 000 morts (hommes, femmes et enfants) parmi les tutsis et aussi les hutus modérés. Cette compagne a commencé avec l'assassinat du Premier ministre Rwandais Mme Agathe Uwilingiyimana. et les membres de sa famille.

Plusieurs rapports officiels ont été publiés sur ce sujet par des institutions étatiques (parlements belge et français notamment) et par des organisations internationales. L'ONU à par ailleurs mis en place un tribunal international spécial à Arushâ (Tanzanie) pour juger les responsables des crimes commis au Rwanda. Le 15 décembre, l'ONU publia le rapport d'une commission indépendante qui avait pour mission d'évaluer le rôle joué par l'ONU au cours de cette tragédie. Ce rapport commence avec les phrases suivantes :

«Quelques 800 000 personnes ont été massacrées lors du génocide de 1994 au Rwanda. Le carnage dont hommes, femmes et enfants ont été victimes au cours d'une centaine de jours entre avril et juillet 1994 constitue l'un des événements les plus abominables qui entacheront à tout jamais le XXème siècle dans la mémoire des hommes. Les Rwandais ont tué des Rwandais, décimant avec férocité la population tutsie du pays mais s'attaquant aussi aux hutus modérés. D'inqualifiables atrocités ont été commises, par les milices et les forces armées, mais aussi par les civils contre d'autres civils .»

Cet important rapport a mis en cause la communauté internationale :

(l'Organisation des Nation Unis, ses membres et son administration) en leur faisant porter la responsabilité de la non-intervention, de la négligence au cours de cette épuration ethnique.

Il appartient alors à la communauté internationale, qui porte ainsi une lourde responsabilité, de tirer les leçons de cette tragédie et en particulier en réduisant le fossé qui sépare : - Les (belles)

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intentions exprimées par tous les Etats en matière de préservation de la paix et de disponibilité à agir dans ce sens, ce que traduit les diverses chartes, conventions, déclarations ou résolutions internationales approuvées par ces pays; - et les actions concrètes dans des situations de crise comme celle que nous évoquons, action de nature à mettre fin à des crimes commis sous l'oeil du monde entier. A titre d'exemple, rappelons que le conseil de sécurité avait voté, le 17 mai1994, une résolution stipulant l'envoi d'une force internationale de 5500 hommes pour le maintien de la paix et la protection des civiles au Rwanda. Or, à la fin du mois de juillet 1994, c'est à dire lorsque la compagne d'épuration ethnique s'est achevée, l'ONU n'est pas parvenue à constituer cette force : la plupart des Etats ont refusé de contribuer ne serait ce que par un petit nombre de soldats et seule une force de 500 hommes a pu être formée! Face à cette situation, seule la France avait pris l'initiative en juillet 1994, d'envoyer une force de 2500 soldats, avec la participation du Sénégal (opération Turquoise, sous couvert de l'ONU).

(2)La guerre civile et l'épuration ethnique en Yougoslavie

A partir de 1991, le démantèlement de la Yougoslavie fut entamé avec l'indépendance de la Croatie et la Slovénie, suivies en 1992 par la Bosnie-Herzégovine; cette dernière république comprend trois ethnies : les musulmans (44% de la population), les serbes de Bosnie (31% de la population) et les croates de Bosnie (17%de la population)

Aussitôt après la proclamation de l'indépendance de la Bosnie -Herzégovine (le 6 avril 1992), une guerre civile éclata qui, selon des rapports de l'ONU, a provoqué dés les 60 premiers jours, le déplacement d'environ un million de personnes hors de leur villes et villages ainsi que l'assassinat de dizaines de milliers de gens, en majorité des musulmans. Cette guerre civile, qui s'est poursuivie jusqu'en novembre 1995, date des accords de Dayton, a été caractérisée par la compagne d'épuration ethnique menée par les serbes de Bosnie contre les musulmans et les croates et par des crimes contre l'humanité qui constituent une des pages les plus sombres de l'histoire de l'humanité .

Un exemple de ces abominations est cité par le secrétaire générale de l'ONU dans son rapport « la chute de Srebrinicâ » (3) du 15 novembre 1999 :

Le 16 novembre 1995, le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie mettait en accusation Radovan Karadic (Président de la Republika Srpska).»Et Ratko Mladic (commandant de l'armée des Serbes de Bosnie) qui auraient été directement responsables des atrocités commises en juillet 1995 contre la population musulmane de Serbrenica désignée zone de sécurité par les Nations Unies. Après examen des éléments de preuve présentés par le procureur, le juge Riad confirmait l'inculpation dans les termes suivants : « Après la chute de Srebrenica aux mains des assiégeants serbes en juillet 1995, il apparaît que la population musulmane a été victime d'un massacre. Les éléments de preuve présentés par le procureur décrivent des scènes d'une sauvagerie inimaginable : des milliers d'hommes exécutés et jetés dans des fosses communes, des centaines d'hommes enterrés vivants, des hommes et des femmes mutilés et massacrés, des enfants tués devant les yeux de leurs mères, un grand-père forcé à manger le foie de son petit-fils. Ce sont là de véritables scènes d'enfer qui constituent l'une des pages les plus noires de l'histoire de l'humanité. » Communiqué de presse publié le 16 novembre 1995 à LaHaye par le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (CC/PIO/026-E)

Note (3) : Le 6 mai 1993, le conseil de sécurité de l'ONU avait créé 6 zones de sécurité en Bosnie, à savoir : Sarajevo, Bihach, Gipa, Srebrenica, Tuzla et Gorashde, où des forces de l'ONU sont investies d'une mission de protection de la population. Cela n'a pas empêché les serbes de Bosnie de défier la communauté internationale en attaquant ces zones et de commettre les atrocités de Srebrenica après sa chute le 11 juillet 1995. Plus tard, l'Assemblée générale de l'ONU

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demanda au secrétaire générale un rapport détaillé sur les événements de Srebrinica et le rôle de l'ONU dans cette tragédie. Ce rapport très important est disponible au site Web de l'ONU sous le titre « la chute de Srebrinica».

(3)La crise de l'Irak

Cette crise a commencé après l'invasion du Koweït le 2 août 1990; la guerre contre l'Irak a commencé le 17 janvier 1991 pour se terminer quelques mois plus tard en faisant des centaines de milliers de victimes et en provoquant une destruction complète des infrastructures du pays. Après cela, un blocus contre l'Irak a été imposé de fait et dont la conséquence sur ce pays est désastreuse aux niveaux humain, social et économique; à titre d'exemple, en juillet 2000, un rapport de l'Unicef a signalé que plus de 500000 enfants irakiens ont trouvé la mort en raison du blocus qui est toujours en vigueur.

(4)La guerre en Tchéchénie

Au cours des années 1990 la Tchéchénie a connu deux guerres destructrices avec la Russie qui la considère comme une république intégrée à la fédération russe. La premiere guerre entre 1994 et 1996 a fait des milliers de victimes en plus de la destruction des villes de ce pays. Quant à la deuxième guerre, elle a commencé lorsqu'un groupuscule armé est entré au Daguestan où il a renversé le gouvernement en place et déclaré l'indépendance de cette république; ce qui incita la Russie à envoyer une armée au Daguestan puis à déclencher une offensive violente contre la Tchéchénie qui a provoqué des dizaines de milliers de morts, une destruction totale des principales villes dont la capitale Groznie et l'exode de centaines de milliers de réfugiés.

(5)La guerre civile en Algérie

La crise de l'Algérie s'est déclenchée au début de 1992 après l'annulation de l'organisation des élections législatives et la démission du président Chadli. Depuis cette date, l'Algérie est entrée dans une spirale de violence et de terrorisme qui s'est transformée en guerre civile avec des assassinats et des massacres qui visent les femmes, les hommes et les enfants, avec des compagnes de terreur comme l'explosion de voitures piégées et de bombes dans des lieux publiques, etc

Ces événements ont fait des dizaines de milliers de victimes avec les drames humains que cela comporte. En l'absence de données fiables sur ces événements, on se contentera ici d'indiquer un court rapport publié par l'ONU qui avait mandaté une commission indépendante en 1999 pour évaluer les violences commises entre 1997 et 1998 dans ce pays; ce rapport affirme que

« Au cours des deux dernières années, la population civile a été la cible des terroristes comme jamais auparavant, avec des massacres systématiques dans les campagnes. Bon nombre des victimes sont des femmes et des enfants. En 1997 et au début de 1998, les massacres ont été particulièrement fréquents – souvent un par jour. Les villageois sont massacrés de façon extrêmement brutale, poignardés, décapités et mutilés à l'aide de couteaux, de machettes et de scies, certains avaient été abattus par balles, d'autres brûlés vifs dans l'incendie de leurs maisons. Ces massacres auraient fait plusieurs milliers de victimes»

2.2. En plus de dizaines d'autre conflits

Outre les conflits qui viennent d'être évoqués, le monde a connu dans la décennie 1990 -2000 des dizaines d'autres conflits, chose qui est devenue, hélas, presque ' normale' dans les bulletins d'informations rapportées quotidiennement par les medias.

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Cette chose ' presque normale ' dans les informations reflète le drame et les malheurs des populations concernées, les réfugiés qui se retrouvent dans des conditions pénibles : pas de logement, pas d'emploi, ceux qui perdent leurs familles, etc. Dans ce qui suit, on dresse la liste des principaux foyers de tension ou de guerre entre 1990 et 2000.

Afrique :

Dans son rapport sur l'Afrique, le secrétaire générale de l'ONU indique que : « Depuis 1970, l'Afrique a connu plus de 30 guerres, la plupart d'entre elles étaient dues à des conflits internes. Durant l'année 1996 seule, 14 parmi les 53 pays d'Afrique ont connu des conflits armés qui ont causé plus de la moitié des victimes de guerre dans le monde et plus de 8 millions de réfugiés » Ainsi, en plus du conflit interne au Rwanda et au Burundi ; l'Afrique a été le théâtre des conflits suivants :

- Ethiopie :guerre avec l'Eriterie qui est une cause de la recrudescence de la famine dans cette région, cette famine qui fait des milliers de victimes en plus de l'exode de dizaines de milliers de personnes.

- Liberia : conflit sanguinaire qui a provoqué l'exode de 15 à 20% de la population.

- Angola :guerre civile depuis 1975.

- Ouganda : guerre civile.

- Sieralione : guerre civile .

- Tchad : conflit interne.

- République du Congo démocratique (Zaïre ) : conflit interne.

- Somalie :guerre civile .

Europe

En plus des guerres en Bosnie Herzegovine et au Kosovo, l'Europe continue de connaître quelques tensions.

- Irlande du Nord :conflit entre catholiques et protestants dans l'Ulster.

- Pays basque espagnole : conflit entre le gouvernement et le mouvement indépendantiste basque.

Asie :

- Le conflit Israëlo-Arabe.

- Afghanistan : guerre civile.

- Arménie – Azerbaïdjan : conflit au sujet de la région du haut Karabach

- Inde - Pakistan : conflit au sujet de la province du Cachemire

- Tadjikistan : conflit interne

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- Turquie-Grèce : conflit au sujet de l'île de Chypre

- Cambodge : guerre civile

- Srilanka : guerre civile

- Indonésie : conflit sur le Timor oriental

- Corée du sud- Corée du Nord : tensions depuis 1950

- Chine-Taiwan :conflit sur le statut de Taiwan

Amériques centrale et latine

- Guatemala : conflit interne

- Salvador : conflit interne

- Colombie : conflit interne

- Colombie-Venezuela :conflit frontalier

- Peru-Equateur : conflit frontalier

- Haïti : conflit interne

Les réfugiée dans le monde au milieu des années 1990 :

- Conflit Israëlo-Arabe : environ 3 millions de réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban, en Syrie, etc.

- Conflit au Caucase (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) : 1.8 millions de réfugiés

- Tadjikistan : 500 000 réfugiés ou déplacés.

- Afghanistan : 4.5 millions de réfugiés ou déplacés.

- Irak, Turquie : 1.2 millions de réfugiés Kurdes.

- Soudan, Ethiopie, Eriterie : 2 millions de réfugiés en Ouganda, au Zaïre, au Kenya, etc.

- Angola, Mozambique : 1.5 millions de réfugiés (au Zaïre, au Zimbabwe, en Zambie, Swaziland, .......)

3. Rappel sur certains conflits du 20ème siècle

Au cours du 20ème siècle, le monde à connu plusieurs grands conflits; l'ampleur des désastres causés par ces conflits a été considérablement accentuée par le progrès technique qui a permis la mise au point d'armes redoutables : des bombes d'une grande puissance, une aviation sophistiquée, des missiles de longue portée, des balles qui se désintègrent en heurtant leurs cibles (l'homme), en plus des armes de destruction massives : armes atomiques, chimiques, biologiques,

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etc. Les dégâts humains et matériels causées par les guerres au 20ème siècle dépassent de loin les dégâts causés par toutes les guerre depuis l'origine de l'homme au 19ème siècle.

La 1ère guerre mondiale

Le 25 juin 1914, le prince héritier d'Autriche, François Ferdinand, fût assassiné par un étudiant serbe à Sarajevo et le 28 juillet, la grande guerre éclata lorsque l'Autriche et le Hongrie ont déclaré la guerre à la Serbie; l'Allemagne est aussitôt intervenue aux cotés de l'Autriche et la Russie aux cotés de la Serbie, ce qui donna lieu à un conflit mondiale entre (l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, l'empire Ottoman) d'un côté et les alliés (France, Grande Bretagne, Serbie, Belgique, ......) de l'autre. Cette guerre s'est achevée 11 novembre 1918, en provoquant 10 millions de morts et 20 millions de blessés.

La seconde guerre mondiale (1939-1945)

Cette guerre s'est déroulée entre les pays de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon) et les alliés ( Grande Bretagne, France, Union Soviétique, Etats Unis, ......) avec la participation de bien d'autres pays. Vue les pertes humaines et matérielles causées, on considère ce conflit comme le plus important que le monde ait connu : avec 55 millions de morts et des dizaines de millions de blessés. Parmi les faits marquants de cette guerre, signalons : -L'utilisation de la bombe atomique à Hiroshima et Nagasaki. -Des crimes contre l'humanité contre les Juifs et les Tziganes.

L'utilisation massive d'armes sophistiquées durant cette guerre par tous les belligérants a entraîné des destructions massives partout : à titre d'exemple, l'aviation allemande a provoqué la destruction totale de certaines villes ou villages en Angleterre notamment. De même de l'aviation des alliés : l'exemple du bombardement de la ville allemande de Dresde a marqué l'histoire : en une seule nuit (12-13 février 1945) cette ville a été totalement détruite par l'aviation anglo-américaine en provoquant 135000 morts.

La guerre du Vietnam 1946-1975)

Ce long conflit comporte plusieurs facettes : c'était d'abord une guerre d'indépendance entre la France et le Vietnam ( la guerre d'Indochine 1946-1954 ) puis c'était un conflit entre le Vietnam nord communiste (soutenu par l'URSS et la chine) et le Vietnam sud soutenu par les Etats Unis. L'intervention directe de Etats Unis dans ce conflit commença en 1965 pour s'achever en 1973. Cette guerre a provoqué des centaines de milliers de morts coté vietnamien et des dizaines de milliers de morts coté américain en plus des français et africains qui ont été auparavant engagés dans le conflit d'Indochine.

La guerre civile au Cambodge (1970-1990)

Cette guerre avait au départ un aspect idéologique (conflit entre les libéraux soutenus par les Etats Unis et les communistes soutenus par le Vietnam, L'URSS et l'Inde) puis il a pris un autre tournant avec le conflit opposant les communistes pro-vietnamiens et les communistes pro-chinois. Cette guerre interne à laquelle ont participé la Chine, le Vietnam et les Etats Unis ( selon les périodes) a été caractérisée par :-La lourdeur des dégâts : des millions de morts, de blessés et de déplacés.-Des abominations et des crimes contre l'humanité .-Le déplacement forcé de la population des villes à la compagne et la destruction quasi-totale des infrastructures ( écoles, hôpitaux,..... ) lorsque les khmers rouges sont arrivés au pouvoir (1975-1979) .

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Le proche orient : le conflit Israëlo – Arabe

Ce conflit a débuté dans les années 30 et a été marqué par des guerres en 1948, en 1967, en 1973 puis la guerre civile au Liban 1975-1989 et l'invasion du Liban par Israël, la guerre des pierres (l'Intifada en 1987 et en 2000); ce conflit a pour objet l'occupation par Israël des terres palestiniennes, le non-respect par Israël des résolutions de l'ONU (242 et 338) qui stipulent le retrait d'Israël des territoires occupés. En plus des questions des réfugiés et de la question de Jérusalem.Les négociations de paix se sont concrétisées par l'accord de paix de Camp David (1978) entre l'Egypte et Israël et les accords d'Oslo entre Israël et la Palestine ; le processus de paix qui s'est poursuivi depuis rencontre de grandes difficultés.

Références :

La Culture de la Paix et la Tolérance en Islam

Ressources et liens sur la tolérance et la culture de la paix en général

Documents du système des Nations Unies :

Rapport de synthèse, déclaration et programme d'actions sur la culture de la paix, 1998

Déclaration sur le rôle de la religion dans la promotion d'une culture de la paix, Barcelone (Espagne), 18 décembre 1994

Propositions de Rabat Formulées à l'occasion de la réunion d'experts sur le projet « Les routes de la foi », Rabat (Maroc), 23 juin 1995

Appel de Tbilissi pour la paix et la tolérance, pour le dialogue entre les cultures, Tbilissi (République de Géorgie), 14 juillet 1995

Déclaration de principes sur la tolérance, proclamée par la Conférence générale de l'UNESCO, 16 novembre 1995

Déclaration de Malte, « Routes de la foi ». La Valette, Malte, 22 juin 1997

Déclaration sur "Le dialogue entre les trois religions monothéistes: Vers une culture de la paix". Rabat (Maroc), 16 février 1998 Résolutions des Nations Unies relatives à la Culture de la Paix :

A/RES/52/13 Culture de la paix (le 20 novembre 1997)

A/RES/52/15 Proclamation de l'an 2000 Année internationale pour la culture de la paix (le 20 novembre 1997)

E/1997/47. Année internationale de la culture de la paix, en l'an 2000 (le 22 juillet 1997

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A/53/243 Déclaration et Programme d'Action sur la Culture de la Paix (le 13 septembre 1999)

Ressources pédagogiques :

Jeux sur la Tolérance Liens :

Unesco : Unité Tolérance

Isesco : Organisation Islamique pour l'Education les Sciences et la Culture

Unesco : Département Paix, Droits de l'Homme, Tolérance

Unesco : Année Internationale pour le Dialogue des Civilisations (2001)

Unesco : Année Internationale Pour la Culture de la Paix (2000)