la croix 2018-2019 de jérusalem · Bonne Nouvelle de la grande portée des résultats de la grâce...

annales ordinis equestris sancti sepulcHri hierosolymitani

2018-2019la croixde jérusalem

Avec les chrétiensde Terre Sainte,

pour la rencontreet la paix

DirecteurAlfredo Bastianelli

Co-directeur et directeur de la rédactionFrançois Vayne

Rédactrice et coordinatrice des éditionsElena Dini

Avec la collaboration des auteurs cités dans chaque article, du Patriarcat Latin deJérusalem, des Lieutenants ou de leurs délégués des Lieutenances correspondantes

TraductricesChelo Feral, Christine Keinath, Emer McCarthy Cabrera, Vanessa Santoni, Solène Tadié

Mise en pageTipografia Giuseppe Esposito - Roma

Documentation photographiqueArchives du Grand Magistère, Archives de l’Osservatore Romano, Archives du Patriarcat

Latin de Jérusalem, Archives des Lieutenances correspondantes, Philippe Cabidoche,Cristian Gennari, Claudio Maina, et autres collaborations indiquées dans les légendes

En couvertureUn Chevalier australien lors d’une investiture : l’Ordre du Saint-Sépulcre attire de

nombreux jeunes chrétiens qui y trouvent une famille spirituelle pour cheminer vers lasainteté (Photo Giovanni Portelli)

Publié parGrand Magistère de l’Ordre Équestre

du Saint Sépulcre de Jérusalem00120 Cité du VaticanTel. +39 06 69892901Fax +39 06 69892930

E-mail : [email protected]

Copyright © OESSH

00120 Cité du vatican

la croixde jérusalem


2018-2019

@[email protected]

Gouverneur Général de l’Ordre Equestredu Saint-Sépulcre de Jérusalem

Leonardo Visconti di Modrone

Grand Maître de l’Ordre Equestredu Saint Sépulcre de Jérusalem

Cardinal Edwin O’Brien

E D I T O R I A L

LA CROIX DE JÉRUSALEM 2018-2019 1

Un soutien concret à l’Eglisequi est en Terre Sainte

Ces dernières années, notre GrandMagistère a réalisé d’immensesprogrès dans le sens de son objectif

d’informer les catholiques et les autres desefforts de nombreux membres de notreOrdre pour soutenir l’Eglise en TerreSainte, dans son aide spirituelle, matérielleet humanitaire à la population –chrétienne ou non – qui en a le plusbesoin.

Voici quelques faits résumés, à titred’exemple :

● L’Ordre soutient un réseau d’unequarantaine d’écoles en Terre Sainte,où chrétiens et musulmans étudientet apprennent à vivre ensemble.

● L’Ordre aide des famillesdéfavorisées notamment en Palestine,aux côtés de la Caritas.

● L’Ordre est engagé auprès des migrants et des travailleurs étrangers en Israëlet en Jordanie.

● L’Ordre contribue aux activités pastorales et catéchétiques du diocèse deJérusalem...

Cette édition annuelle 2018-2019 de La Croix de Jérusalem offre une preuveéclatante des efforts de notre Service Communication pour permettre à nosLieutenances, diverses et toujours en expansion, de même qu’à nos DélégationsMagistrales, de développer leurs interactions et de raconter leur histoire au nomd’une terre biblique trop souvent ignorée ou mal représentée par les médias dans lemonde.

Quel est donc l’objet de cet éditorial ? Celui de vous encourager, en lisant cesmots, à tout mettre en œuvre pour partager La Croix de Jérusalem avec le plus grand nombre de fidèlescatholiques et d’autres personnes de bonne volonté qui méconnaissent notre Ordre, ou qui ont unemauvaise impression de nous, ce qui résulte habituellement non pas d’une faute de leur part mais plutôt dela nôtre, qui ne parvenons pas à diffuser notre message.

Il est également triste de se dire que même des membres actifs de notre Ordre n’auront pasl’opportunité de lire ces pages. J’espère que nos actions de communication, consciencieusement fournies, seferont sentir dans chacune de vos Lieutenances et sections subsidiaires.

Il ne s’agit pas là d’un exercice d’autocongratulation, mais d’évangélisation réelle, visant à diffuser laBonne Nouvelle de la grande portée des résultats de la grâce de Dieu à l’œuvre dans l’Eglise.

Edwin, cardinal O’Brien

Le Grand Maître del’Ordre en visite(début février 2019)au « Hogar NinoDios » de Bethléem,où sont accueillis desenfants handicapés etabandonnés, une desréalités que lesChevaliers et Damesaccompagnent de leursoutien matériel etfraternel.

2 LA CROIX DE JÉRUSALEM 2018-2019

LES ACTESDU GRAND MAGISTÈRE

La mission des Lieutenants de l’Ordreau cœur des travaux de la Consulta2018

Le Pape aux membres de la Consulta :“Vous êtes chez vous au Vatican”

Salutations du Grand Maître, lecardinal Edwin O’Brien, adressées auSaint-Père

La Congrégation pour les EglisesOrientales et l’Ordre du Saint-Sépulcre : une collaboration féconde

L’Oratorio ExsulteT, inspiré du Saint-Sépulcre

Prier avec le Grand Maître

L’ORDREET LA TERRE SAINTE

Comment vivent les jeunes en TerreSainte ?Entretien avec Mgr Pierbattista Pizzaballa

24

26

27

29

30

31

21SOMMAIRE4

8

10

13

14

18

« Que tous nous soyons un »Prière de saint Paul VI au Saint-Sépulcre

La place des prêtres dans l’Ordre

130 ans de présence des Damesdans l’Ordre

Enquête sur les reproductionsde l’Edicule du Saint-Sépulcreen Occident

D’ennemis à frères : la célébrationdes 800 ans de la rencontre entresaint François et le Sultan

L’ORDRE À L’UNISSONDE L’EGLISE UNIVERSELLE

« Le flux des pèlerins chrétiensaugmente en Terre Sainte »Entretien exclusif avec Mgr Leopoldo Girelli


Quelques projets menés en TerreSainte

Catholiques d’expression hébraïque etpersonnes migrantes : l’actionpastorale du Patriarcat latin

Enseigner et transmettre le goût de laBibleRencontre avec le Père Jean-Jacques Pérennès

Le soutien aux écoles du Patriarcatlatin de Jérusalem : une priorité pourl’Ordre

Le pèlerinage, un chemin d’Eglise

LA VIEDES LIEUTENANCES

Echos des grands rendez-vous del’Ordre en Amérique et en Australie

Le Grand Maître a visité les membresde l’Ordre en Océanie

Appelés à la sainteté quotidienne

La spiritualité au cœur de la vie desLieutenances : l’exemple de la France

Favoriser lacommunion entretous les amoureuxde la Terre Sainte

Nous avions averti nos lecteurs d’unchangement pour la revue annuelle del’Ordre : désormais nos pages ne sont

plus simplement consacrées à raconter ce quenous avons vécu mais elles ouvrent l’avenir.Ainsi, avec ce numéro de La Croix deJérusalem, il estpossible par exemplede mieux découvrir labeauté du chemin desainteté entrepris parles membres del’Ordre, et aussi dese préparer à vivre lepèlerinage en TerreSainte en allant à larencontre dediverses réalitéshumaines qui s’ydéploient.

J’espère que ce numéro consistant et bienillustré sera amplement diffusé, comme leGrand Maître nous le demande, etj’encourage les Chevaliers et Dames à s’enservir pour faire connaître leur vocation danstous les milieux, afin que notre famillespirituelle continue de s’agrandir.

Notre équipe du Service deCommunication du Grand Magistère animeaussi une publication trimestrielle en cinqlangues qui raconte la vie de l’Ordre aurythme des saisons, à laquelle chacun peuts’abonner sur notre site www.oessh.va.

La revue annuelle lui est complémentaire.Le principal objectif de nos moyens decommunication est de favoriser la communionentre nous, membres de l’Ordre, et avec tousles amoureux de la Terre Sainte.

Alfredo BastianelliChancelier de l’Ordre

47

44

41

37


2018-2019

la croixde jérusalem

Avec les chrétiensde Terre Sainte,pour la rencontreet la paix

54

56

57

33

63

http://www.oessh.va/content/ordineequestresantosepolcro/fr/newsletter/subscription.html


Mgr Leopoldo Girelli,après un an de fonctionen Terre Sainte où les

problèmes sont nombreux, quellessont vos raisons objectives d’espé-rer, les bonnes nouvelles que vousaimeriez partager ?Durant l’année passée en Terre

Sainte depuis mon arrivée le 27 no-vembre 2017, la situation dans la ré-gion du Moyen-Orient s’est dévelop-pée de manière disparate, présentantune certaine stabilité en Irak, mais unconflit persistant en Syrie et une ten-sion croissante entre Israël et l’Iran.De plus, le transfert de l’ambassadeaméricaine à Jérusalem a constitué unnouvel obstacle au processus de paixdans la région et en particulier dans lesrelations entre la Palestine et les Etats-Unis. Les affrontements à la frontièreentre Gaza et Israël ont repris, causantde nombreuses victimes. Ces affronte-ments sont suivis de périodes de trêveprécaire. L’Administration américainedu président Donald Trump est entrain de réduire considérablement lesaides aux Palestiniens, tandis que laPalestine apparaît également toujoursplus isolée des pays arabes du Golfe.Dans un tel contexte, j’ai envie de direque les raisons objectives d’espérer

Entretien exclusif avecMgr Leopoldo Girelli,Nonce apostolique enIsraël et Déléguéapostolique à Jérusalemet en Palestine

« Le flux des pèlerins chrétiensaugmente en Terre Sainte »

L’Ordre à l’unissonde l’Eglise universelle


sont bien peu nombreuses et faibles. Dans le mêmetemps, en raison de cette situation de grande incer-titude, l’on peut penser que de nouvelles évolutionspourront être observées, qui iront – espérons-le –dans le sens d’une situation plus stable et pacifiquepour la Terre Sainte et la région tout entière. LeSaint-Siège continue à soutenir la nécessité du dia-logue et ainsi de la reprise des négociations entreIsraël et Palestine. Le Saint-Père François a marteléque « seule une solution négociée entre Israéliens etPalestiniens, voulue fermement et promue par laCommunauté internationale pourra conduire à unepaix stable et durable et garantir la coexistence dedeux Etats pour deux peuples ».

Je crois que les dirigeants des deux pays de-vraient adopter une démar-che plus pragmatique pouratteindre le résultat souhaité.En somme, les espoirs de-meurent tels quels, toutcomme l’on reste en attentede bonnes nouvelles.

Toutefois, personnelle-ment, j’ai des raisons de me

réjouir de la façon dont j’ai été accueilli par l’Egliseen Terre Sainte et par les gouvernements israélienet palestinien en qualité de représentant pontifical.J’ai constaté du respect et de la satisfaction quantaux positions du Saint-Siège à l’égard de Jérusalemet de la question palestinienne, de même que del’estime et de la considération pour le dévouementdu Saint-Père envers la cause de la paix dans la ré-gion et dans le monde. Un autre aspect positif estselon moi le flux de pèlerins chrétiens qui, malgrétout, n’a pas diminué durant cette année, et setrouve même en augmentation, spécialement enprovenance d’Asie, ce qui montre que les lieuxsaints représentent une destination convoitée et lepèlerinage une profonde expérience de foi, tantpour les communautés ecclésiales que pour lescroyants individuels.

S’agissant de la situation de l’Eglise catholiqueen Terre Sainte, pouvez-vous nous parler desgrands dossiers en cours de règlement et del’état d’avancement des négociations, en parti-culier au sujet de l’accord entre Israël et leSaint-Siège ?

Le Nonceapostolique enIsraël et Déléguéapostolique àJérusalem et enPalestine, MgrLeopoldo Girelli, enprière dans labasilique du Saint-Sépulcre.

L’ORD

RE À

L’U

NIS

SON

DE

L’EG

LISE

UN

IVER

SELL

E

La chrétienté maintient ses efforts pour conser-ver sa présence en Terre Sainte, menacée par undéclin causé par des raisons multiples, de caractèrepolitique, économique, mais également religieux.Dans ce contexte, l’Eglise catholique a mis en œu-vre différentes initiatives en faveur des chrétiens.Le Saint-Siège, en particulier, a négocié des accordsavec l’Etat d’Israël et l’Etat de Palestine qui contri-buent à garantir des conditions de stabilité pour lesinstitutions ecclésiales et religieuses lors des muta-tions historiques survenues en Terre Sainte cessoixante-dix dernières années. L’épisode bienconnu de la fermeture de la Basilique du Saint-Sé-pulcre, en février dernier, a été un signal supplé-mentaire du caractère opportun, pour l’Eglise ca-tholique, de parvenir rapidement à un accord surles matières économiques et fiscales entre le Saint-Siège et Israël. En novembre 2016, cette négocia-tion bilatérale a reprisson cours.

Une loi récemmentvotée en Israël, surl’Etat-nation dupeuple juif, a pro-voqué de vivesréactions de la parten particulier duPatriarcat latin deJérusalem, qu’enpensez-vous en tantque représentantdu Saint-Siège dansce pays ? Effectivement, la nouvelle loi sur l’Etat-nation a

suscité des réactions non négligeables, et elle conti-nue à le faire. En tant que représentant pontifical,je n’ai pas l’intention d’entrer dans les détails,puisqu’il s’agit là d’une loi votée par la Knesset, quiest l’organe de l’Etat élu démocratiquement, repré-sentatif du peuple et chargé de légiférer. C’est plu-tôt la voix de l’Eglise locale qui a le droit et le de-voir de se prononcer, comme elle l’a du reste faitpar le biais d’une déclaration du Patriarcat latin.

Dans celle-ci, la nouvelle loi est décrite comme« exclusive plutôt qu’inclusive, controversée queconsensuelle, politisée davantage qu’enracinée dansles lois fondamentales, communes et acceptablespar toutes les fractions de la population ». Il est af-

firmé en outre que « les citoyens chrétiens d’Israëlpartagent les mêmes inquiétudes, comme toutecommunauté non-juive en ce qui concerne cette loiet appellent tous les citoyens de l’Etat d’Israël quicroient encore au concept fondamental d’égalitéentre tous les citoyens de la même nation à expri-mer leur opposition à cette loi et à avertir des dan-gers qui en émanent ».

Vous rencontrez régulièrement les catholiquesde Terre Sainte, en Palestine et en Israël, quel-les sont les caractéristiques de ces diversescommunautés et où situez-vous les urgences desoutien envers elles ?Les catholiques de rite latin en Israël et en Pa-

lestine s’organisent selon deux communautés dis-tinctes en raison de leurs langues différentes, l’hé-breu et l’arabe, et de leur composition ethnique,mais elles font partie de la même réalité ecclésiale

qui est le Patriarcatlatin.

En Palestine, lesparoisses sont encorenombreuses. Depuisdes décennies, ellessubissent une dimi-nution des fidèles, enparticulier chez lesjeunes, qui émigrenten quête de meilleu-res conditions de vie,en raison de l’insécu-rité qui règne danscette région. En ren-dant visite aux pa-

roisses, pour leur apporter le soutien et la bénédic-tion du Saint-Père, j’y ai détecté un sentiment d’ap-partenance et un désir d’affirmer l’identité chré-tienne. Il existe des institutions caritatives et socia-les enracinées telles que la Conférence Saint-Vin-cent de Paul et les scouts, des institutions religieu-ses telles que la Légion de Marie, qui existe de lon-gue date. Les écoles paroissiales effectuent une mis-sion éducative importante et constituent unesource de dialogue et de paix au sein de la société.Toutefois, celles-ci se trouvent en difficulté écono-mique et ont du mal à maintenir l’identité catholi-que. Elles doivent accueillir des élèves musulmans,en raison du nombre décroissant d’élèves catholi-ques. Le clergé est dévoué pastoralement, respecté


des fidèles et partage ledestin du peuple palesti-nien.

L’Eglise catholique enPalestine reçoit de lapart de l’Eglise univer-selle un soutien écono-mique, sans lequel il se-rait difficile de perdureret de mener les activitésreligieuses, éducatives etsociales qui sont essen-tielles à la vie ecclésiale.Dans le même temps, ilconvient de promouvoirchez les fidèles le sens dela responsabilité et de laparticipation, pour unemeilleure conscience etun plus grand engagement dans leur contribution àla vie de la communauté ecclésiale.

En Israël, l’Eglise catholique de rite latin, enplus de plusieurs paroisses de langue arabe, est pré-sente avec une communauté de langue hébraïque,laquelle est plutôt composite et également variable,puisque de nombreux migrants de diverses originesen font partie. Elle apparaît vivante, tant pastorale-ment que socialement, et en expansion. L’on peutdire qu’elle incarne une réalité hautement symboli-que, en représentant l’Eglise du Christ au sein deson peuple.

Les communautés catholiques de rite melkite,maronite, grec-catholique, syro-catholique et armé-nien qui existent en Israël et en Palestine font éga-lement face au défi de la diminution du nombre deleurs fidèles et du clergé, ainsi qu’à la rareté desressources. Celles-ci expriment la richesse de la foi,de la liturgie, de l’identité de l’Orient chrétien quidoit être protégée. De plus, en faisant partie del’Eglise catholique en tant que telles, celles-ci sontfidèles au Saint-Père et attestent de l’universalité del’Eglise du Christ, pas seulement géographique-ment mais également en termes temporels, en se ré-férant aux origines de l’Eglise qui est présente enTerre Sainte de manière particulière avec différentsrites, égaux entre eux.

Que pouvez-vous dire de l’Ordre du Saint-Sé-pulcre, de l’actualité de sa mission, de son rôle

face aux défis que les habi-tants de la Terre Sainte doi-vent relever ?

Je connais depuis long-temps l’Ordre du Saint-Sé-pulcre et dans ma missionactuelle en Terre Sainte, jesuis le témoin direct de sonœuvre admirable dans lesoutien de la présence chré-tienne sur les territoires oùle Fils de Dieu fait homme a

vécu, est mort et est ressuscité. Durant l’année passée, j’ai rencontré en deux

occasions le Gouverneur Général de l’Ordre, l’Am-bassadeur Leonardo Visconti di Modrone, auquelj’ai voulu exprimer ma reconnaissance la plus sin-cère pour l’aide généreuse et le fervent témoignagede solidarité chrétienne des Chevaliers et Damesenvers l’Eglise en Terre Sainte.

La sauvegarde de la présence chrétienne, qui estla mission de l’Ordre, se réalise par la promotionde la coexistence des peuples, des cultures et desreligions, une coexistence qui a pour clé de voûtel’éducation. Le soutien aux écoles catholiques etaux activités éducatives constitue une priorité dansl’accompagnement des chrétiens de Terre Sainte,qui font chaque jour face aux défis de construire lapaix et de témoigner de leur foi chrétienne.

Propos recueillis par François Vayne


Mgr Girelliaccueillant àJérusalem, en février2019, le cardinalO’Brien, GrandMaître, leGouverneur GénéralVisconti di Modrone,le ChancelierBastianelli et MgrFrezza, leCérémoniaire del’Ordre.

L’ORD

RE À

L’U

NIS

SON

DE

L’EG

LISE

UN

IVER

SELL

E

Paul VI, canonisé le 14 octobre 2018,fut le premier pape depuis saint Pierre

à se rendre à Jérusalem et en TerreSainte. C’était il y a 55 ans. En

communion avec le nouveau saint,nous pouvons unir notre prière à celle

qu’il a exprimée au Saint-Sépulcre, le 4janvier 1964, synthétisée ici avec deprincipaux extraits rassemblés, qu’il

nous est proposé d’intérioriser :

« Frères et Fils, c’est maintenant qu’ilfaut que nos esprits se réveillent, quenos consciences s’éclairent et que sous

le regard illuminateur du Christ toutes les forces denos âmes se tendent. Prenons maintenantconscience, dans une douleur sincère, de tous nospéchés, prenons conscience de ceux de nos pères,de ceux de l’histoire passée, prenons conscience deceux de notre époque, de ceux du monde dans le-quel nous vivons. Et pour que notre douleur ne soitni lâche, ni téméraire, mais humble, pour qu’elle ne

soit pas désespérée, maisconfiante, pour qu’elle nesoit pas passive, mais priante,qu’elle s’unisse à celle de Jé-sus-Christ notre Seigneur,patient jusqu’à la mort etobéissant jusqu’à la Croix, eten évoquant son émouvantsouvenir, implorons sa misé-ricorde qui nous sauve.

Nous t’adorons, ô Christ,et nous te bénissons, parceque par ta sainte Croix tu asracheté le monde. Là où Toi,ô Seigneur Jésus, l’innocent,


Prière de saint Paul VI au Saint-Sépulcre

« Que tous nous soyons un »

Saint Paul VI durant sonpèlerinage historique enTerre Sainte, en janvier

1964.

Sur la page qui suit : Paul VI a été canonisé parFrançois le 14 octobre2018.

Tu as été accusé ; le juste, Tu asété jugé ; le saint, Tu as étécondamné ; Toi, Fils del’homme, Tu as été torturé, cru-cifié et mis à mort ; Toi, Fils deDieu, Tu as été blasphémé, mo-qué, renié ; Toi, la lumière, Tuas connu les ténèbres ; Toi, leRoi, Tu as été élevé sur uneCroix ; Toi, la Vie, Tu as subi lamort, et Toi mort Tu es ressus-cité à la vie. Nous nous souve-nons de Toi, ô Seigneur Jésus.Nous T’adorons, ô Seigneur Jé-sus. Nous T’invoquons, ô Sei-gneur Jésus.

Ici, ô Seigneur Jésus, Ta Pas-sion a été offrande (Is. 53, 7)prévue, acceptée, voulue, a étésacrifice : Tu fus la Victime, Tufus le Prêtre. Ici Ta mort futl’expression, fut la mesure dupéché humain, fut l’holocaustedu plus grand des héroïsmes,fut le prix offert à la justice di-vine, fut la preuve du suprêmeamour ; Ici se combattirent lavie et la mort, ici tu remportasla victoire, ô Christ, mort pournous et ressuscité pour nous.

Dieu saint, Dieu fort, Dieusaint et immortel, aie pitié de nous !

Nous voici, ô Seigneur Jésus, nous sommes ve-nus comme les coupables retournent sur le lieu deleur faute, nous sommes venus comme celui qui T’asuivi, mais qui T’a aussi trahi ; fidèles, infidèles,nous l’avons été tant de fois ; nous sommes venuspour confesser le mystérieux rapport entre nos pé-chés et Ta Passion, notre œuvre, Ton œuvre ; noussommes venus pour nous frapper la poitrine pourTe demander pardon, pour implorer Ta miséri-corde, nous sommes venus parce que nous savonsque Tu peux, que Tu veux nous pardonner ; Parceque Tu as expié pour nous, Tu es notre rédemp-tion, Tu es notre espérance.

Agneau de Dieu, qui ôtes les péchés du monde,pardonne-nous, ô Seigneur ; Agneau de Dieu, quiôtes les péchés du monde, écoute notre voix, ô Sei-gneur ; Agneau de Dieu, qui ôtes les péchés du

monde, aie pitié de nous, ô Seigneur.Seigneur Jésus, notre Rédempteur, ravive en

nous le désir et la confiance en ton pardon, affer-mis notre volonté de conversion et de fidélité, fais-nous goûter la certitude et aussi la douceur de tamiséricorde. Seigneur Jésus, notre Rédempteur etMaître, donne-nous la force de pardonner aux au-tres, pour que nous soyons vraiment nous aussipardonnés par Toi. Seigneur Jésus, notre Rédemp-teur et Pasteur, mets en nous la capacité d’aimer,comme Tu veux que, à Ton exemple et avec Tagrâce, nous T’aimions, ainsi que tous ceux qui sontnos frères en Toi.

Seigneur Jésus, notre Rédempteur et notre Paix,qui nous as fait connaître ton suprême désir : « quetous soient un », exauce ce désir que nous faisonsnôtre et qui est devenu, ici, notre prière : « Quetous nous soyons un ».


L’ORD

RE À

L’U

NIS

SON

DE

L’EG

LISE

UN

IVER

SELL

E

Avant ma propre investiture en 2017, j’ai toujourspensé que l’Ordre Equestre du Saint-Sépulcre

était purement un honneur que l’on recevait car l’onavait fait quelque chose de vraiment bien pour sonévêque ou diocèse. Eh bien, durant mes deux an-nées en tant que membre de l’Ordre, et en ma qua-lité de prêtre-secrétaire du Grand Maître, j’ai com-pris que j’avais vraiment tort ! Etre un prêtre mem-bre de l’Ordre n’est pas simplement un titre honori-fique mais requiert de ma part un rôle actif et un en-gagement total.

Mon parcours au sein de l’Ordre est antérieur àma nomination à Rome. Lorsque j’étais prêtre auxEtats-Unis, j’ai établi ungroupe dans ma paroissepour les jeunes hommes (en-tre 13 et 18 ans) afin de lesencourager à être de jeunescatholiques forts et fidèles.Le programme s’inscrivaitdans le cadre des Ordres dechevalerie et s’intitulait« Chevaliers du Temple

Saint ». Beaucoup des as-pects de la chevalerie an-cienne furent la colonnevertébrale du pro-gramme : force de carac-tère, fidélité à Dieu et àl’Eglise, prompte défensede la foi, défense des op-primés. Par la suite, en2015, nous avons tous été

horrifiés par la nouvelle de la décapitation par ISIS(DAESH) d’environ 30 chrétiens coptes sur uneplage de Lybie. Juste après, en suivant l’exempled’un ami prêtre, j’ai entamé une « Campagne du ru-ban orange » dans ma paroisse qui encourageait lesgens à porter un ruban orange pour attirer l’atten-tion sur la plaie des chrétiens persécutés dans lemonde. Nous avions bien entendu eu connaissancede précédentes persécutions de chrétiens, mais cetévénement fut un tournant pour moi, lequel m’aconduit à une prière de soutien plus active et spéci-fique pour nos frères et sœurs persécutés.

En venant à Rome et en entamant mon travailauprès de l’Ordre, j’ai rapidement pris consciencedu fait que les chrétiens de Terre Sainte souffraientaussi grandement, en raison de différents types depersécution et d’épreuve. Telle est la mission de no-

tre Ordre : les soutenir et les encourager par nosprières et nos sacrifices financiers.

Tout comme mon propre chemin a débutépar un éveil spirituel, c’est de la même façon quedémarre notre adhésion à l’Ordre. Notre missionpremière est notre propre sanctification et nosvies spirituelles, en réponse à l’appel universel àla sainteté. Notre adhésion à l’Ordre exige dechacun de nous une diligence dans nos vies defoi : la célébration des sacrements, la prière per-sonnelle, la participation à la vie de notre pa-roisse et diocèse, et la lecture spirituelle afin decroître dans notre connaissance et compréhen-sion de la richesse et de la beauté de la foi catho-lique. C’est ce qui devrait motiver et encouragertoutes nos activités et notre plus grande partici-pation à l’importante mission de notre Ordre.


Témoignage du Père John Bateman,secrétaire du cardinal Edwin O’Brien,

pour La Croix de Jérusalem

Le Père JohnBateman (à gauche)a trouvé aux côtésdes membres del’Ordre la possibilitéde soutenirconcrètement etspirituellement leschrétiens éprouvésqui habitent la TerreSainte.

«Mon parcours au sein de l’Ordre»LA PLACE DES PRÊTRES DANS L’ORDRE

En tant que prêtre membre de l’Ordre, maconsécration au service de l’Eglise a un intérêt subs-tantiel pour ma vie de chevalier. En plus de dévelop-per mon propre salut, comme l’a dit saint Paul,« avec crainte et profond respect », je suis aussi ap-pelé à aider mes frères et sœurs dans leur vie spiri-tuelle. Dans l’Ordre, cela signifie que je place volon-tairement et volontiers mon ministère de prêtre auservice de mes camarades Dames et Chevaliers : enleur offrant des opportunités de célébrer les Sacre-ments (tout particulièrement l’Eucharistie et laConfession), en offrant des retraites spirituelles oudes présentations sur des thèmes spirituels qui ontun intérêt particulier pour nous au sein de l’Ordre,en invitant et en fournissant des occasions pour lesDames et les Chevaliers de jouer des rôles actifsdans la paroisse et le diocèse, en invitant les autres àen apprendre davantage sur l’Ordre et à envisagerde devenir membres.

Comme cela se produit si souvent dans la vied’un prêtre, je découvre qu’à travers mon ministèreauprès des membres de l’Ordre, je m’enrichis et me

renforce moi-même dans ma foi et dans mon dé-vouement envers l’Eglise et notre Ordre. En travail-lant avec tant de Lieutenants et Délégués Magis-traux, de Grand Prieurs et de religieux, de Dames etde Chevaliers, j’ai découvert de nombreuses oppor-tunités d’aider mes frères et sœurs à se renforcerdans leur engagement envers leur foi et l’Ordre. Cefaisant, cela renforce mon propre dévouement dansl’enseignement et la proclamation de notre belle foicatholique, et mon zèle dans mon travail (dans mavie spirituelle et personnelle ainsi que dans mes sa-crifices financiers) en défense de nos frères et sœurspersécutés en Terre Sainte.

J’ai compris que, quels que soient la persécution,l’épreuve, l’obstacle, le scandale ou la controverse,notre foi et notre Ordre reposent sur une base so-lide – car nous sommes enracinés en Jésus, enracinésdans Sa Terre Sainte. Mon lien avec mes frères etsœurs dans l’Ordre – de même que mes frères etsœurs en Terre Sainte et tous les chrétiens persécu-tés dans le monde – a été une source d’encourage-ment et de croissance dans ma vie de chrétien.


Une communauté où expérimenterla fraternité

Bien qu’il n’ait été investi qu’en 2015, le PèreTom Enneking, osc, prieur provincial des Pèreset Frères Croisiers aux Etats-Unis (Ordre de la

Sainte Croix), a d’ores et déjà fourni unecontribution substantielle à la Lieutenance USA

Western. Ces trois dernières années, il a servien tant que prédicateur de retraite à la

Rencontre annuelle de la Lieutenance cesdernières années et participe à la plupart des

Rosaires du premier lundi de chaque mois dansla région de Phoenix, de même qu’aux

nombreuses célébrations de l’Ordre dans cettemême zone. Le Père Tom offre des réflexions

sur le site internet de la Lieutenance, et se renddisponible pour le Sacrement de la

Réconciliation lors des Rencontres annuelles.Voici le témoignage de son expérience en tant

que Chevalier Aumônier de l’Ordre.

J’ai assisté à la Rencontre annuelle chaque annéedepuis que je suis devenu membre de l’Ordre

en 2015. Ces rassemblements incluent les merveil-leuses célébrations liturgiques pour les Promotionset l’Investiture des nouveaux membres. Je suis ins-piré par le don de temps et de ressources afin debien préparer ces célébrations, dans l’esprit du re-nouveau liturgique de Vatican II. J’ai régulièrementassisté au Rosaire du Premier Lundi dans la zonede Phoenix, de même qu’aux jours du Renouveauautour de l’Exaltation de la Sainte-Croix et du Ca-rême, ainsi qu’aux Rencontres du milieu d’année.J’ai participé à des rassemblements conjoints desmembres de l’Ordre de Tucson et de Phoenix.

Je soutiens la Lieutenance spirituellement parma présence et en partageant la spiritualité dela Sainte-Croix de mon Ordre religieux.

Je prends également soin de bâtir une commu-

L’ORD

RE À

L’U

NIS

SON

DE

L’EG

LISE

UN

IVER

SELL

E


nauté pour les membres de l’Ordre en tant qu’ellefait partie de notre identité partagée. Les Croisiersaccueillent deux Rosaires du Premier Lundi durantl’année.

J’ai toujours hâte de me réunir avec les mem-bres le premier lundi de chaque mois (lorsque monemploi du temps le permet) car nous éprouvons dela joie à nous revoir, en nous saluant chaleureuse-ment les uns les autres, en partageant du tempsdans la prière alors que nous récitons le chapeletpour les besoins et les préoccupations de nos frèreset sœurs chrétiens en Terre Sainte. Le groupe apour habitude de sortir dîner à l’issue du Rosaire,ce qui offre du temps pour sociabiliser et renforcerles liens de communauté parmi nous. Ces rassem-blements sont marqués par un esprit de chaleur hu-maine et d’authentique estime les uns pour les au-tres, sans oublier la joie et l’espoir enracinés dansnotre foi chrétienne.

Je soutiens et encourage la mission de l’Ordredans son appui aux chrétiens de Terre Sainte en of-frant régulièrement la prière de l’Ordre, et j’ai servien tant que directeur spirituel pour un pèlerinage enTerre Sainte organisé par l’Ordre en juin 2018.

Ces pèlerinages fournissent une opportunitépour les membres de faire directement l’expériencedes réalités de la Terre Sainte et de son peuple ;cela renforce le sentiment de solidarité vis-à-vis desdifficultés auxquelles nos frères et sœurs chrétienssont confrontés sur place.

La relation avec les membres de l’Ordre a accruma conscience et ma préoccupation envers les chré-tiens en Terre Sainte. La spiritualité du Tombeauvide enrichit la spiritualité de la Croix des Croi-siers, car elle symbolise l’amour de Dieu en Jésusqui donne sa vie pour nous et la nouvelle vie queDieu peut apporter après la souffrance, la douleuret la mort.

PETER ALLMAIERcuré de la cathédrale

de Klagenfurt, Autriche

L’Ordre a pourmoi une

grande impor-tance car il s’agitd’une commu-nauté dans la-quelle je me senschez moi, d’unecommunauté de personnes que jepeux accompagner dans la foi et,plus encore, qui m’accompagnentmoi-même dans ma foi.

CLEMENS ABRAHAMOWICZcuré à Baden-Wr. Neustadt, archidiocèse de Vienne

J’étais en contact avec quelques amis de laparoisse qui étaient Chevaliers et Dames

de l’Ordre et qui avaient parfois besoin dequelque chose. Un jour, ils m’ont approchépour me demander si je souhaitais moi aussidevenir Chevalier de l’Ordre. J’ai pris du tempspour réfléchir à cette proposition : pourquoi nepas vivre avec cette communauté plutôt queseul face à elle ? Je me suis profondément interrogé et ai décou-vert de manière positive à quel point cette communauté était cen-trée sur le Christ, à quel point l’événement de la Passion de Jésus– le Triduum pascal – était l’objet de leur contemplation et setrouve au centre de chaque action.

Le pèlerinage enTerre Sainte est unmoment clé dansla vie des membresde l’Ordre car ilmanifeste lasolidarité del’Eglise universelleavec l’Eglise-mèrequi est àJérusalem.

En 2018, nous avons célébré les 130 ans del’entrée des femmes dans l’Ordre du Saint-Sépulcre. En effet, le 3 août 1888, l’Ordre a

reçu la bonne nouvelle de la lettre apostolique« Venerabilis Frater » du Pape Léon XIII, dans la-quelle le Saint-Père autorisait le Patriarcat de Jéru-salem à accorder la croix de l’Ordre aux Dames,réparties en trois classes.

Depuis 130 ans, les Dames représentent unepartie extrêmement active de la vie de notre Insti-tution pontificale qui est principalement composéede laïcs et aujourd’hui celles-ci constituent un tiersdes membres de l’Ordre. La présence des femmes,de même que l’expérience des couples mariés ausein de l’Ordre, a aidé à offrir une image plus am-ple et complète du peuple de Dieu désireuxde servir, en particulier l’Eglise qui est en TerreSainte.

Donata Maria Krethlow-Benziger, Lieutenantepour la Suisse, soulignait en marge des journées dela Consulta que les Dames avaient les mêmes droitset devoirs que les Chevaliers. En réfléchissant àl’aspect de la spiritualité, elle commentait : « Nouscontinuons à témoigner de notre foi et de notreamour, de même que de notre fidélité, à l’égard denotre Eglise. Et nous devrions le faire avec grandejoie. Notre foi nous impose de devenir un symbolevivant de la présence dans le monde du Christ Res-

suscité ». Face à l’importance de notre mission etde notre vocation commune, l’écho des paroles desaint Paul dans sa Lettre aux Galates semble reten-tir : « Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni es-clave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et lafemme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans leChrist Jésus ». (Gal 3, 28).

En 2016, Eva Maria Leiner, de la Lieutenancepour l’Autriche, écrivait : « Est-il différent d’êtreune femme au sein de l’Ordre Equestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, par rapport au fait d’être unhomme ? D’après mon expérience personnelle, unpassage du Livre de la Genèse (Gen 1, 27) est pal-pable dans notre Ordre : ‘Dieu créa l’homme à son

image, à l’image de Dieu ille créa, il les créa homme etfemme’. C’est le fait que lesfemmes soient pleinementacceptées qui distingue no-tre communauté, créant decette manière une atmos-phère familiale et une ‘patriereligieuse’, dans laquellel’on contribue au dévelop-pement des charismes detous et de chacun. Dames,Chevaliers, membres laïcs etreligieux : nous avons tous

130 ans de présence des Damesdans l’Ordre

Dans l’Ordre duSaint-Sépulcre lesfemmes ont depuislongtemps accès auxmêmesresponsabilités queles hommes,notamment à la têtedes Lieutenances (icides Investitures auxPhilippines en 2019,présidées par lecardinal Luis AntonioTagle, Grand Prieurde la Lieutenancepour les Philippines).

L’ORD

RE À

L’U

NIS

SON

DE

L’EG

LISE

UN

IVER

SELL

E

« Copier l’Edicule du Saint-Sépulcre,quand pratiques religieuses et archi-tecture se mêlent » : tel était le sujet

d’une conférence donnée à l’École biblique et ar-chéologique de Jérusalem par Charles-ÉdouardGuilbert-Roed, il y a quelques mois. Doctorant enhistoire de l’architecture, l’orateur a répertorié lescopies de « l’Edicule »,selon le terme qui désigne ceque les Grecs orthodoxes ont construit, au débutdu XIXème siècle, sur le tombeau du Christ, à l’in-térieur de la basilique du Saint-Sépulcre édifiée surordre de sainte Hélène, après l’édit de Milan libéra-lisant le culte chrétien dans tout l’empire romain.« C’est tout petit que j’ai découvert une copie de


Enquête sur les reproductions del’Edicule du Saint-Sépulcre en Occident

Les répliques de l’Edicule du Saint-Sépulcre diffèrent selon les époques

de construction, les lieux et lesinspirations des pèlerins. Ces

monuments de dévotion, destinéssouvent à la prière liturgique, ont

joué un rôle important pourrenforcer la foi, permettant aux

fidèles en pèlerinage de tourner leurregard intérieur vers Jérusalem.

les mêmes droits en tant que témoins de la Résur-rection ».

Yvonne Camp, Lieutenante pour les USA Mid-dle Atlantic, a partagé son expérience de Dame enposition de responsabilité au sein de l’Ordre. « J’aireçu une invitation à intégrer l’Ordre de la part duLieutenant de l’époque. J’ai été Secrétaire, ensuiteChancelière et je suis à présent Lieutenante : celam’offre une opportunité d’être dans le service, desoutenir les Chevaliers et les Dames dans leur viespirituelle et de les informer au sujet de la TerreSainte. Etre une Lieutenante femme a quelquechose de spécial. Mes prédécesseurs étaient tousdes hommes ».

Il y a 11 Lieutenantes femmes à l’heure actuelleet l’assemblée quinquennale de l’Ordre, laConsulta, qui a vu se réunir à Rome tous les Lieute-nants et Délégués magistraux des quatre coins dumonde, a été une occasion de mieux se connaître.« Le fait de passer du temps avec des femmes de foiqui ont traversé les mêmes défis que ceux que j’aiaffrontés dans ma vie et parfois au sein de la Lieu-tenance – a-t-elle commenté – a été une belle expé-rience ». Comme le rappelait la Lieutenante pourles USA Middle Atlantic, « nous sommes Lieute-nantes non pas parce que nous sommes des femmesmais parce que nous sommes considérées commeles plus qualifiées pour ce poste ».

Les femmes enresponsabilité à latête desLieutenances del’Ordre ont enrichi laConsulta de leursensibilitéparticulière,favorisantl’ambiance defamille dont tous lesparticipants se sontréjouis et qu’ilssouhaitent continuerà cultiver.

l’Edicule du Saint-Sépulcre auSanctuaire de Notre-Dame duChêne à Vion dans la Sarthe, carc’est dans cette région que j’aipassé une partie de mon en-fance. Mais ce n’est que des an-nées plus tard que j’ai découvertla richesse d’un tel lieu », ra-conte ce conférencier dans unentretien accordé au ServiceCommunication du Patriarcat la-tin de Jérusalem. Notre-Damedu Chêne, qui a tant marqué lejeune chercheur, est un sanc-

tuaire marial qui s’est développé aprèsdes apparitions de la Vierge, au XVème

siècle. L’évêque du Mans décida d’yédifier en 1896 la reproduction très fi-dèle de l’Edicule du Saint Sépulcre,grâce aux offrandes des fidèles.

Devenu étudiant à la Sorbonne enhistoire de l’art et de l’architecture,Charles-Edouard Guilbert-Roed a tou-jours été sensible au patrimoine, parti-culièrement religieux. « Engagé auprèsdes jeunes de l’Ordre du Saint-Sépul-cre, il m’a été confié d’organiser les re-traites spirituelles. Il m’est apparu tout


L’Edicule qui abrite le tombeauvide du Christ, édifié dans labasilique du Saint-Sépulcre à

Jérusalem (à droite), estreproduit en de nombreux lieuxdu monde, comme ici (en haut)

dans le monastère desServantes des Pauvres, à

Angers, en France (1932). Cettereproduction est l’œuvre de Mgr

Potard, un infatigable prélatangevin, qui conduisit en Terre

Sainte 72 pèlerinages…

L’ORD

RE À

L’U

NIS

SON

DE

L’EG

LISE

UN

IVER

SELL

E


naturel d’organiser ces évène-ments auprès de ce tombeau deNotre-Dame du Chêne que jeconnaissais bien. Puis, c’est aprèstrois mois de travail auprès del’École biblique et archéologiquefrançaise de Jérusalem en 2014,que j’ai décidé d’entamer une re-cherche sur ces copies après avoirpu mieux comprendre le tombeautel qu’il est à Jérusalem », expli-que-t-il. Actuellement en doctoratd’histoire de l’architecture, il adécidé en parallèle d’étudierl’existence d’autres copies dans lemonde, en identifiant plus d’unecentaine, ces édifices étant sou-vent fréquentés pour la Semaine-Sainte, du Vendredi-Saint à Pâ-ques, ravivant dans le cœur despèlerins l’exclamation « Domineivimus », « Seigneur nousirons ! », caractéristique de la fer-veur des chrétiens de tous lestemps désireux d’aller à Jérusa-lem.

L’Edicule reproduit àFlorence, en Italie(XVIème siècle).

L’Edicule tel qu’il étaità l’époque romane

est visible parexemple en

Allemagne, à Görlitz,ville frontalière avecla Pologne (1504).


Nous lançons un appel à nos lecteurs : n’hésitez pas à nous adresser des photos lé-gendées des répliques de l’Edicule du Saint-Sépulcre que vous connaissez, partoutdans le monde, en vue d’un prochain article complémentaire sur le sujet.

L’Edicule a connu quatreformes en 1700 ans, une pre-mière byzantine à partir de324, une seconde romane àpartir de 1012, puis la troi-sième à partir de 1555, etenfin l’Edicule de style baroque ottoman que nousconnaissons à partir de 1810. Aujourd’hui les troispremières formes ont disparu physiquement, maispar leurs copies il est possible de les retrouvergrandeur nature, par exemple en Italie pour l’édi-fice byzantin, dans la région autonome du Frioul-Vénétie julienne, à Aquilée, ou en Allemagne, àGörlitz, pour l’édifice roman. « Ainsi ces copiessont une véritable richesse afin de connaitre la ré-ception du tombeau du Christ mais aussi sa com-

préhension », note ce jeune hommepassionné. Les reproductions de lachambre sépulcrale de Jésus ont doncconnu des évolutions et leur style aaussi évolué en fonction du lieu deconstruction. Leur point commun estla série de colonnes qui entourent l’édi-fice, reproduites à chaque fois.

Les franciscains édifièrent des co-pies dans les Sacro-Monti du Piémontet de Lombardie, ces lieux religieuxdestinés à raviver la foi chrétienne, dis-persés dans des environnements natu-rels au tournant des XVe siècle etXVIe siècle, en alternative aux lieuxsaints de Jérusalem et de Palestine, deplus en plus difficiles d’accès pour lespèlerins. Un certain nombre de cou-vents franciscains possèdent même enleur sein un Edicule, comme par exem-ple dans le couvent de la Custodie deWashington qui conserve aussi une co-pie du tombeau de la Vierge, du dômede la Dormition ou de la grotte de laNativité. Outre des communautés reli-gieuses, capucins et jésuites notam-ment, les acteurs de la construction de

copies sont d’anciens pèlerins, des évêques et desparticuliers. « L’une de mes grandes découverteslors de la constitution du corpus, c’est que la majo-rité de ces copies de l’Edicule a été construite pen-dant la Contre-Réforme dans les anciens royaumesde Bohême, d’Autriche, et sur les possessions de lafamille Habsbourg. Aujourd’hui, ces copies se si-tuent en Tchéquie, Allemagne, Autriche, Pologne,Slovaquie, Slovénie. D’autres copies ont été réfé-rencées en France, Belgique, Italie, Russie,Ukraine, Canada, États-Unis d’Amérique, Géorgieet également à Jérusalem ! », constate le doctorant,qui observe aujourd’hui encore de nouvelles réali-sations, par exemple au sanctuaire Notre-Dame duCap, à Trois-Rivières, au Canada.

F. V.

Reproduction del’Edicule dans labasilique Saint-Stéphane, à Bologne(Vème siècle)

L’ORD

RE À

L’U

NIS

SON

DE

L’EG

LISE

UN

IVER

SELL

E

Le Poverello d’Assise est connu dans lemonde catholique pour de nombreuses rai-sons et c’est probablement l’un des saints les

plus chers au cœur de beaucoup de fidèles. Il sepourrait cependant que peu d’entre eux connais-sent l’événement dont nous célébrons le 800ème an-niversaire : sa rencontre avec le sultan al-Malik al-Kamil.

En 1219, François décida d’embarquer pourl’Egypte, où était menée la CinquièmeCroisade qui opposait les troupes chré-tiennes – accompagnées par le délé-gué pontifical, le cardinal Pelagio –à l’armée du sultan à Damiette.François obtint l’autorisation,avec le frère Illuminato, d’entrerdans le camp musulman et deparler avec le sultan al-Kamil.Les sources disponibles sonthagiographiques et nous nesavons pas exactement ceque ces deux figures impor-tantes se sont dit à cette oc-casion. Une chose demeurenéanmoins certaine : dans uncontexte de guerre, Françoiset Illuminato sont ressortisvivants du camp « ennemi ».

Si nous connaissons denombreux détails de la vie de saint François, nousne savons probablement pas grand-chose de la viede ce dirigeant musulman qui à plusieurs occasionsa tenté d’offrir des accords de paix aux forces croi-sées, allant jusqu’à leur accorder Jérusalem et d’au-tres lieux saints pour éviter un affrontement arméqui aurait sûrement causé de nombreuses victimesdes deux côtés, comme il advint en effet par lasuite. Le sultan al-Kamil – a affirmé le frère Mi-chael Calabria, membre de la Commission spécialepour le Dialogue avec l’islam de la Curie francis-caine et spécialiste de l’islam, durant une confé-

rence qui s’est tenue à Rome au Centro Pro Unione– était vraisemblablement proche des milieux spiri-tuels soufis de la tradition islamique, à savoir lecourant mystique qui insiste particulièrement surl’unicité de l’existence, l’immanence de Dieu, samiséricorde et la contemplation, ainsi que sur lafraternité et la pauvreté spirituelle. En considérantson socle religieux, l’on peut peut-être mieux com-prendre l’ouverture qu’il eut à l’égard de François,

lequel ne dut probablement pas lui semblertrop éloigné de certaines figures de

mystiques musulmans auxquelles ilétait habitué.

« Le but de François étaitcertainement celui d’évangéli-

ser : sa vie entière tournait au-tour de cela. C’était un pré-

dicateur itinérant et il au-rait annoncé l’Evangilepartout et à tout lemonde », a observé lefrère Michael. Avant sondépart, l’on s’attendait àce qu’il soit tué pour satentative. Mais cela n’ar-riva pas, ce qui nous faitcomprendre que le par-tage et l’annonce deFrançois ont été em-

preints de respect et que rien de ce qu’il a dit n’aété considéré comme une insulte envers la foi deceux qu’il avait en face de lui. « Ce que Françoisdécouvre est différent de ce à quoi il s’attendait. Larencontre avec un homme de foi, qui a sûrementpartagé à son tour sa spiritualité avec lui, a proba-blement conduit à une certaine fraternité entre lesdeux », a souligné le frère Michael.

A son retour d’Egypte, nous trouvons quelquesréférences indirectes à l’expérience qu’il a vécue là-bas, à l’importance d’opérer un discernement dansson témoignage et de ne point troubler la paix au


D’ennemis à frères : la célébrationdes 800 ans de la rencontre entresaint François et le Sultan

chapitre XVI de sa PremièreRègle rédigée en 1221, oùnous pouvons lire : « Les frè-res qui partent ont au pointde vue spirituel deux façonsde se conduire parmi les infi-dèles. La première est de nesoulever ni débats ni discussions, mais d’être sou-mis à toute créature humaine à cause de Dieu et dese proclamer chrétiens. La seconde est, lorsqu’ilscroiront qu’il plaît à Dieu, d’annoncer la parole deDieu, pour que les infidèles croient au Dieu tout-puissant, Père, Fils et Saint Esprit, Créateur de tou-tes choses, au Fils Rédempteur et Sauveur, et pourqu’ils soient baptisés et deviennent chrétiens, car

nul, s’il ne renaît de l’eau et del’Esprit-Saint, ne peut entrer dansle royaume de Dieu ».

Le frère Michael Calabria in-vite également à reconnaître unetrace de la rencontre entre Fran-çois et le Sultan dans un texte quenous connaissons tous bien. A LaVerna, vers la fin de sa vie, Fran-çois écrit les Laudes du Dieu Très-Haut, dans lesquelles il appelleDieu par différents noms et attri-buts. Il s’agit d’une prière assezinhabituelle et certains chercheursfranciscains ont voulu voir dans cetexte un écho de la prière islami-que des 99 noms les plus beauxd’Allah (al-asma’ al-husna), les at-tributs divins que les musulmanstrouvent dans le Coran et qu’ils ré-pètent avec dévotion. Nombre desattributs cités dans la prière desaint François sont les mêmes queceux qui appartiennent à la tradi-tion islamique. Qu’il s’agisse d’un‘hasard’, que cela démontre laproximité intrinsèque entre la spi-ritualité islamique et chrétienne ouque l’on formule l’hypothèse selonlaquelle François aurait été inspirépar la prière écoutée durant la pé-riode qu’il a passée en Egypte,nous sommes aujourd’hui en pré-sence d’un texte de laudes qui rap-

proche de manière particulière les communautéschrétienne et musulmane.

« Cette rencontre a été positive car les deux per-sonnes impliquées avaient toutes deux une expé-rience de Dieu non seulement dans les formalitésde leurs religions respectives mais au plus profondde leur cœur et cela les a conduits à voir dans l’au-tre non pas un ennemi mais un croyant et un frère.Nous avons besoin de bons théologiens pour expli-quer et justifier notre engagement dans le dialogueinterreligieux sur la base de la doctrine. Cepen-dant, sans spiritualité, le dialogue demeure un exer-cice intellectuel. C’est la spiritualité qui nous per-met de voir l’autre comme un frère ou une sœur »,a conclu le frère Michael.


Icône représentantla rencontrefraternelle entresaint François et lesultan, en 1219, àDamiette, enEgypte.

L’ORD

RE À

L’U

NIS

SON

DE

L’EG

LISE

UN

IVER

SELL

E

Ave

c l’a

utor

isat

ion

de F

rère

Sté

phan

e ©

Mon

astè

re d

u G

ai-r

ire (

ww

w.m

onas

tere

duga

irire

.org

)

Al-Malik al-Kamil restera toujours le protago-niste des négociations qui ont conduit en 1229 àl’accord avec Frédéric II sans effusion de sang. Enl’échange d’une trêve de 10 ans, al-Kamil céda àFrédéric Jérusalem, Bethléem, Nazareth et d’autresvillages sur la route vers Jérusalem, tandis que lesmusulmans maintenaient le contrôle sur leurs pro-pres lieux saint sur l’Haram al-Sharif tout en jouis-sant d’une certaine autonomie.

Parfois, les événements du passé demeurent cir-conscrits aux livres d’histoire. Cette rencontre bé-néficie encore aujourd’hui d’une grande réson-nance. Durant sa visite récente aux Emirats arabesunis (du 3 au 5 février 2019), le Pape François a si-gné avec le Grand Imam d’Al-Azhar Ahmed el-Tayeb le « Document sur la fraternité humainepour la paix mondiale et la coexistence com-mune ». Le simple titre de ce texte nous faire res-sentir l’héritage de la vision de saint François.

A son retour de voyage, le Pape François avoulu souligner à quel point l’exemple de cette ren-contre qui a eu lieu il y a 800 ans a guidé ses pas :« Un pape s’est rendu pour la première fois dans lapéninsule arabe. Et la Providence a voulu que cesoit un pape appelé François, 800 ans après la visitede saint François d’Assise au sultan al-Malik al-Ka-mil. J’ai souvent pensé à saint François pendant cevoyage : cela m’aidait à garder dans le cœur l’Evan-gile, l’amour de Jésus Christ, alors que je vivais lesdivers moments de la visite ; dans mon cœur, il yavait l’Evangile du Christ, la prière au Père pourtous ses enfants, en particulier les plus pauvres,pour les victimes des injustices, des guerres, de lamisère... ; la prière pour que le dialogue entre lechristianisme et l’islam soit un facteur décisif pourla paix dans le monde d’aujourd’hui ». (Audiencegénérale, 6 février 2019).

Elena Dini


Durant sa visiterécente aux Emiratsarabes unis (du 3au 5 février 2019),le Pape François asigné avec le GrandImam d’Al-AzharAhmed el-Tayeb le« Document sur lafraternité humainepour la paixmondiale et lacoexistencecommune ». Lesimple titre de cetexte nous faitressentir l’héritagede la vision de saintFrançois.

‘‘Cette rencontre a été positive car les deux personnesimpliquées avaient toutes deux une expérience de Dieu (…)au plus profond de leur cœur et cela les a conduits à voirdans l’autre non pas un ennemi mais un croyant et un frère.(…) Sans spiritualité, le dialogue demeure un exerciceintellectuel. C’est la spiritualité qui nous permet de voirl’autre comme un frère ou une sœur

’’

Les Lieutenants de l’Ordre venus des sixcontinents ont participé à la Consulta, l’as-semblée quinquennale, du 13 au 16 novem-

bre 2018, cherchant ensemble à mieux définir leurrôle et échangeant leurs expériences à ce sujet, enprésence du Grand Maître et des responsables duGrand Magistère.

Reçus par le Pape François, à la fin de leurs tra-vaux, ils ont eu la joie de l’entendre dire ces parolesimportantes, manifestant le lien exceptionnel quirelie l’Ordre au successeur de Pierre : “Ici au Vati-can, vous êtes en quelque sorte chez vous, en cesens que vous constituez une institution pontificaleancienne, placée sous la protection du Saint-Siège”.Le Saint-Père a encouragé les membres de laConsulta à promouvoir le dialogue interreligieux,le respect mutuel et la compréhension réciproqueen Terre Sainte, leur demandant de donner l’exem-ple aux Chevaliers et Dames dont ils ont la respon-

sabilité. “En tant que dirigeants, c’est surtout àvous qu’il appartient d’offrir l’exemple d’une viespirituelle intense et d’une adhésion concrète auSeigneur : vous pourrez ainsi rendre un serviced’autorité valable à ceux qui sont sous votre com-mandement”, a-t-il en effet souligné, les exhortantà invoquer constamment la Vierge qu’ils vénèrentsous le nom de « Notre-Dame de Palestine » (voirle discours complet du Pape publié dans les pagessuivantes).

Après les mots d’accueil du cardinal O’Brien, etles précisions sur le programme, données par leLieutenant Général Borromeo et le GouverneurGénéral Visconti di Modrone, la Consulta – qui sedéroulait dans les salons de l’hôtel Crowne Plaza,sur la via Aurelia Antica – débuta avec les interven-tions de Mgr Pierbattista Pizzaballa, Administra-teur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem,puis des représentants du Saint-Siège, Mgr Paolo

Les actesdu Grand Magistère

La mission des Lieutenants de l’Ordreau cœur des travaux de la Consulta 2018

Une soixantaine de Lieutenants, de près de 40 pays, ont participéen novembre à l’assemblée quinquennale de l’Ordre du Saint-Sépulcre à Rome, autour du cardinal O’Brien, Grand Maître.

Borgia pour la Secrétaireried’Etat dont il est Assesseur, etle Père Oscar Marzo, francis-cain, pour la Congrégationpour les Eglises Orientales.

Mgr Pizzaballa rappela avecdes mots forts que sans l’Ordredu Saint-Sépulcre, l’EgliseMère de Jérusalem ne pourraitplus exister. Il insista sur la né-cessité de continuer à souteniren particulier les familles chré-tiennes en Terre Sainte, malgréla crise politique qui perdure,constatant que la proximité desChevaliers et Dames avec lescommunautés locales permetune ouverture au monde quiravive l’espérance d’une popu-lation très éprouvée.

Mgr Borgia, dans le même sens, souligna l’im-portance des contacts entre les 30.000 membres del’Ordre et les habitants de Terre Sainte, pour favo-riser des relations de paix, notamment à l’occasiondes pèlerinages. Le Père Marzo, au nom du Préfetde la Congrégation pour les Eglises orientales, atenu aussi à souligner la place essentielle des Che-valiers et Dames pour l’Eglise qui est dans les terri-toires bibliques, insistant sur le fait que l’Ordre est“l’unique institution laïque du Saint-Siège qui s’oc-cupe de la présence chrétienne en Terre Sainte”,oeuvrant spécialement à un futur de respect et decollaboration entre les habitants des diverses reli-gions à travers les oeuvres d’éducation.

Les travaux sur “l’Instrumentum Laboris” dudocument centré sur la mission du Lieutenant –thème de la Consulta – étaient ensuite présentéspar le Lieutenant Général Agostino Borromeo, pré-cisant les deux finalités de l’Ordre : la sainteté desmembres et la solidarité concrète avec l’Eglise deTerre Sainte.

S’agissant de cette solidarité, une vidéo très ap-préciée, réalisée par le Service Communication del’Ordre en partenariat avec le Service Communica-tion du Patriarcat latin de Jérusalem, a permis auxresponsables des institutions de l’Eglise Mère deremercier directement les Lieutenants pour l’aiderégulière apportée notamment dans les domainesde l’éducation et de la pastorale, montrant la joie

des enfants et des jeunes ex-primée par des souriresinoubliables qui ont en-chanté les membres de laConsulta. “Nous sommesune Eglise qui change, enraison du contexte com-plexe au Moyen-Orient,mais pas une Eglise qui

meurt” commenta Mgr Pizzaballa, évoquant une“nouvelle façon d’être dans le futur…”, qui ne si-gnifiera pas la disparition mais manisfestera unetransformation ecclésiale devenue nécessaire aprèsle “tremblement de terre” politique et stratégiquequi bouleverse toute la région.

Durant les deux jours qui suivirent les Lieute-nants se sont réunis en trois groupes linguistiques,pour discuter à partir de la documentation mise àleur disposition. L’Instrumentum Laboris a doncété analysé de près, sur les thèmes de la figure duLieutenant, de sa nomination et de la transmissiondes consignes avec son prédécesseur, de la collabo-ration avec le Prieur de la Lieutenance, de ses rap-ports avec le Grand Magistère, avec les Sections etDélégations et avec les membres, du recrutementdes Chevaliers et Dames ainsi que de l’organisationdes activités et de la préparation de sa succession.

Chaque matin la célébration de la messe vécueen commun donnait toute sa dimension spirituelleà l’événement de la Consulta. Un spectacle musical


Le LieutenantGénéral, AgostinoBorromeo, a été legrand artisan de laConsulta 2018,l’une des charges deconfiance que leGrand Maître lui aspécialementconfiée.

https://www.youtube.com/watch?v=QrhWpi2NX70&t=7s

et méditatif, organisé spécialement le 13novembre au soir dans la basiliqueSainte-Croix-de-Jérusalem (construitepour abriter les reliques de la croix duChrist ramenées de Terre Sainte parsainte Hélène), aida aussi les Lieute-nants à approfondir le sens chrétien deleur mission, à la lumière du chemin deconversion du bienheureux BartoloLongo, seul membre laïc de l’Ordre àavoir été béatifié et modèle pour tousles membres. Le Grand Maître de l’Or-dre de Malte prit part fraternellement àcette soirée, aux côtés du Grand Maîtrede l’Ordre du Saint-Sépulcre et de plu-sieurs personnalités ecclésiastiques dontl’archevêque de Pompéi.

La veille de la rencontre de clôtureavec le Pape, les Lieutenants ont par-tagé les fruits de leurs réflexions lors d’une assem-blée générale, après que les rapporteurs des troisgroupes aient pris la parole, Enric Mas, de l’Eu-rope, Agnès Sheehan de l’Autralie, et Vicky Dow-ney, de l’Amérique. Il ressort essentiellement que laConsulta a favorisé les échanges d’expériences en-tre Lieutenants et a contribué à renforcer l’espritde famille dans l’Ordre et la vitalité de cette institu-tion pontificale. L’enracinement ecclésial de l’Or-dre dans les Eglises diocésaines a été fortement

souligné, au-delà des ques-tions d’organisation techni-que, faisant apparaître leLieutenant d’abord commeun homme ou une femmed’Eglise appelé(e) à collabo-rer avec les évêques et avecle clergé, comme “ambassa-deur” local de l’Eglise quiest en Terre Sainte. Selon ce

qu’a fait remarquer enforme de synthèse le Lieute-nant Général Borromeo, surla base de ces travaux de laConsulta, il restera à mieuxdéfinir à l’avenir le rôle etles responsabilités du Lieu-tenant, mais aussi sa forma-tion, afin de lui donner lesmoyens de mieux exercerson service volontaire et gra-

tuit avec humilité et fécondité. De nouveaux responsables (entrés en fonction à

partir de janvier 2019) ont été salués par l’assem-blée avant la conclusion, le Vice-Gouverneur pourl’Europe, Jean-Pierre de Glutz, et celui pourl’Amérique du Nord, Thomas Pogge ; leurs deuxprédécesseurs Giorgio Moroni Stampa et PatrickPowers ayant été auparavant largement ovationnés.

Lors de l’audience pontificale le Pape Françoisrésumait en quelques mots précis la mission desLieutenants de l’Ordre en leur déclarant : “N’ou-bliez pas que vous n’êtes pas une entité philanthro-pique engagée dans la promotion de l’améliorationmatérielle et sociale de vos destinataires. Vous êtesappelés à placer au centre l’amour évangélique en-vers votre prochain et d’en faire l’objectif final devos œuvres, pour témoigner partout de la bonté etdu soin avec lequel Dieu nous aime tous”.

François Vayne


Durant la semainede la Consulta, lecardinal PietroParolin, Secrétaired’Etat du PapeFrançois, a honoréde sa présence laréception organiséeen l’honneur deNotre-Dame dePalestine au Palazzodella Rovere.

Le nouveau Vice-Gouverneur Généralpour l’Europe, Jean-Pierre de Glutz (àgauche), et lenouveau Vice-Gouverneur pourl’Amérique, ThomasPogge, sont entrésen fonction depuisjanvier 2019.

Discours du Papeprononcé le 16

novembre 2018, dansla salle Clémentine

du Palaisapostolique, au

Vatican

Chers frères et sœurs ! Je vous accueille en conclu-

sion de la Consulta des mem-bres du Grand Magistère et desLieutenants de l’Ordre Equestredu Saint-Sépulcre de Jérusalem.Je salue et je remercie le cardinalEdwin O’Brien, Grand Maître,et le Pro-Grand Prieur, Mgr Pierbattista Pizza-balla ; je salue les membres du Grand Magistère, demême que les Lieutenants des pays et localités oùl’Ordre est présent. Et je salue à travers vous toutela famille des chevaliers et dames du monde entier.J’adresse à chacun mes pensées reconnaissantespour les multiples activités spirituelles et caritativesque vous effectuez au profit des populations deTerre Sainte.

Vous vous êtes réunis pour les travaux de laConsulta, l’assemblée générale que vous célébreztous les cinq ans auprès du siège de Pierre. Ici auVatican, vous êtes en quelque sorte chez vous, en cesens que vous constituez une institution pontificaleancienne, placée sous la protection du Saint-Siège.A partir de la dernière Consulta de 2013, l’Ordre avu s’accroître le nombre de ses membres, de mêmeque son expansion géographique par la création denouveaux développements périphériques, l’assis-tance matérielle qu’il a offerte à l’Eglise en TerreSainte, et le nombre de pèlerinages effectués parvos membres. Je vous remercie pour votre soutienenvers les programmes d’utilité pastorale et cultu-relle et je vous encourage à poursuivre votre enga-gement, aux côtés du Patriarcat latin, en faisant

face à la crise des réfugiésqui ces cinq dernières an-nées a conduit l’Eglise àfournir une réponse huma-nitaire significative danstoute la région.

Il est bon signe que vosinitiatives dans le domaine

de la formation et de l’assistance médicale soientouvertes à tous, indépendamment des communau-tés d’appartenance et de la confession religieuse.Vous contribuez de cette manière à préparer le ter-rain pour la connaissance des valeurs chrétiennes,la promotion du dialogue interreligieux, le respectmutuel et la compréhension réciproque. En d’au-tres mots, par votre engagement plein de mérite,vous offrez également votre apport à la construc-tion de la voie qui conduira, nous l’espérons tous, àl’obtention de la paix dans toute la région.

Je sais que cette semaine, vous avez centré votreattention sur le rôle des dirigeants locaux ou deslieutenants, présents dans plus de trente pays etdans des régions du monde où votre Ordre est ac-tif. Bien entendu, la croissance de l’Ordre dépendde votre engagement incessant et constamment re-


Le Pape aux membres de la Consulta :“Vous êtes chez vous au Vatican”

Les participants de laConsulta ont reçuavec attention lemessage du Papequ’ils sont chargésde transmettre auxChevaliers et Dames,sur tous lescontinents.

nouvelé. A cet égard, il est important de ne pas ou-blier que le but principal de votre Ordre résidedans la croissance spirituelle de ses membres. Parconséquent, aucun succès de vos initiatives ne peutse passer de programmes de formation religieuseadéquats et adressés à chaque chevalier et dame,afin qu’ils consolident leur relation indispensableavec le Seigneur Jésus, surtout dans la prière, laméditation des Ecritures Saintes et dans l’appro-fondissement de la doctrine de l’Eglise. En tant quedirigeants, c’est surtout à vous qu’il appartientd’offrir l’exemple d’une vie spirituelle intense etd’une adhésion concrète au Seigneur : vous pourrezainsi rendre un service d’autorité valable à ceux quisont sous votre commandement.

En ce qui concerne, ensuite, votre mission dansle monde, n’oubliez pas que vous n’êtes pas une en-tité philanthropique engagée dans la promotion del’amélioration matérielle et sociale de vos destina-taires. Vous êtes appelés à placer au centre l’amourévangélique envers votre prochain et d’en fairel’objectif final de vos œuvres, pour témoigner par-tout de la bonté et du soin aveclequel Dieu nous aime tous.L’admission dans votre Ordred’évêques, de prêtres et de dia-cres ne représente en aucun casune récompense. Il fait partiede leurs devoirs de service pas-toral d’assister ceux qui, parmivous, ont un rôle de responsabi-lité en fournissant des occasionsde prière communautaire et li-turgique à chaque niveau, des

opportunités spirituelles et de catéchèse continuespour la formation permanente et pour la croissancede toutes les composantes de l’Ordre.

Face au monde entier – qui trop souvent tournele regard de l’autre côté – se déroule la situationdramatique des chrétiens persécutés et tués ennombre toujours croissant. En plus du martyredans le sang, il existe également le « martyreblanc », comme par exemple celui que l’onconstate dans les pays démocratiques lorsque la li-berté religieuse est limitée. A votre œuvre de se-cours matériel envers les populations si rudementéprouvées, je vous exhorte à associer toujours laprière, à invoquer constamment la Vierge, que vousvénérez sous le nom de « Notre-Dame de Pales-tine ». Elle est la Mère bienveillante et l’Aide deschrétiens, pour lesquels elle obtient du Seigneurforce et réconfort dans la douleur.

Que l’icône de Notre-Dame-des-chrétiens-per-sécutés, que je bénirai sous peu et que vous rece-vrez tous pour l’emporter dans chacune de vosLieutenances, accompagne votre chemin. Invo-

quons ensemble la sollicitudede Marie pour l’Eglise enTerre Sainte et, plus en géné-ral, au Moyen-Orient, par sonintercession spéciale pourceux dont la vie et la libertésont en danger. J’accompagnevotre œuvre précieuse et in-lassable de ma bénédiction, etje vous demande s’il vousplaît de prier également pourmoi.

Un dossier completSur notre site www.oessh.va setrouve un dossier consacré à laConsulta 2018. Vous y trouverezen particulier des vidéos présen-tant les remerciements des insti-tutions du Patriarcat latin de Jé-rusalem adressés aux membresde l’Ordre.

LES

ACT

ES D

U G

RAN

D M

AG

ISTÈ

RE

http://www.oessh.va/content/ordineequestresantosepolcro/fr/speciale-consulta-2018.html

Très Saint-Père,Nous sommes honorés par

l’audience que votre Saintetéa bien voulu nous accorder etnous vous sommes reconnais-sants pour l’opportunité quinous est ainsi offerte d’écou-ter vos paroles et de recevoirvotre bénédiction.

Sont présents dans cettesalle les dirigeants de l’OrdreEquestre du Saint-Sépulcrede Jérusalem, en représenta-tion de soixante-quatre lieute-nances ayant leur siège dansquarante pays et régions dumonde. Notre institutionpontificale est ancienne et enpériode de fort développement, tant du point devue numérique et de l’expansion géographique quedu point de vue de la consistance de nos aides. Lefait d’assister, en ces temps, à la croissanceconstante d’une réalité associative catholique estpour nous tous une source de joie.

Comme le prévoient nos Statuts, nous nous réu-nissons tous les cinq ans en Consulta dans le but dediscuter des sujets de grande importance pourl’Ordre et relatifs à la croissance de la sainteté per-sonnelle de nos autres 30.000 membres. Nous nouschargeons également d’explorer de nouvelles pistesqui nous permettent de servir et de subvenir demanière toujours plus efficace aux besoins del’Eglise qui est en Terre Sainte dans l’exercice deson service de soutien aux besoins pastoraux, spiri-tuels et humanitaires de nos frères chrétiens decette région.

Notre soutien va en particulier au Patriarcat la-tin de Jérusalem, mais également à des institutionscatholiques qui ne dépendent pas de lui, ainsi qu’àd’autres Eglises sui iuris. Permettez-moi de préciserque les institutions de formation scolaire et univer-sitaire et les centres d’assistance médicale que nousaidons sont ouverts à tous, indépendamment des

communautés d’appartenance et de la confessionreligieuse.

En plus de leur soutien dans la prière et sur leplan matériel, nos membres s’engagent également àeffectuer des pèlerinages réguliers en Terre Saintepour manifester la solidarité de notre Ordre enversles fidèles et leurs vicissitudes et défis quotidiens.

Durant cette semaine, nous avons eu l’occasiond’évaluer avec profit le rôle crucial de nos Lieute-nants dans la promotion des objectifs de notre Or-dre. Nous avons en outre pris acte de la persécu-tion croissante des chrétiens en Terre Sainte et danstout le Moyen-Orient. Nous savons que votre Sain-teté s’est maintes fois exprimée à l’égard de cettetragédie persistance ; nous vous demandons donchumblement de bien vouloir bénir l’icône de No-tre-Dame-des-Chrétiens-Persécutés, une copie quenos membres pourrons rapporter dans leurs Lieu-tenances afin que, par le biais de la prière, ils puis-sent demander l’intercession en faveur des chré-tiens persécutés.

Encore une fois, Saint-Père, veuillez recevoirtoute notre reconnaissance, l’assurance de nos priè-res constantes pour votre ministère et notre fidélitéindéfectible envers le Successeur de saint Pierre.


Salutations du Grand Maître, adressées au Saint-Père

Quelques jours avant le début de la Consulta, lecardinal Edwin O’Brien, Grand Maître, ainsi que

le cardinal Leonardo Sandri, Préfet de laCongrégation pour les Eglises Orientales – avec

laquelle l’Ordre du Saint-Sépulcre collaboreprincipalement à travers la ROACO (Réunion des

œuvres d’aide aux Eglises d’Orient) – et leGouverneur Général de l’Ordre, Leonardo

Visconti di Modrone, ont présenté aux journalistesle programme de la Consulta 2018 en Salle dePresse du Saint-Siège. Le Lieutenant Général,Agostino Borromeo, et la Lieutenante pour la

Suisse, Donata Maria Krethlow-Benziger, étaientégalement présents pour répondre aux questions

des journalistes. Durant son intervention très relayée dans la

presse ensuite, le cardinal Leonardo Sandri, Préfetde la Congrégation pour les Eglises Orientales, a

tenu à dire que l’union des objectifs – dans lerespect des différentes compétences – entre la

Congrégation qu’il préside et l’Ordre se manifesteà plusieurs niveaux, des plus institutionnels auxplus opérationnels. « Je pense avant tout – a-t-il

insisté – à la présence du cardinal O’Brien parmiles membres du Dicastère, de même qu’au fait que

l’Ordre soit membre de la ROACO, avec laprésence du Gouverneur Général Visconti di

Modrone à l’assemblée plénière du mois de juin,de même que de son prédécesseur Agostino

Borromeo, et l’Ordre garantit annuellement lefinancement de différents projets de

développement, d’aide à la réalité pastorale et plusgénéralement à la vie des Eglises orientales ».

Dans ce numéro de La Croix de Jérusalem, nousavons choisi de publier de larges extraits du

discours du cardinal Sandri, pour la mémoire etpour l’histoire.

« Le grand nombre d’entre vous qui sepromène via della Conciliazione pourse rendre en Salle de presse a sans

doute l’occasion de s’arrêter regarder deux édifices,situés presque l’un en face de l’autre : le Palazzodella Rovere, dont les fenêtres sont constellées de ladevise « Soli Deo Gloria », avec au-dessus le dra-peau flottant de l’Ordre du Saint-Sépulcre, et lePalazzo Bramante, dont la façade a récemment étérestaurée grâce au travail de l’APSA (Administra-tion du Patrimoine du Siège Apostolique), siège dela Congrégation pour les Eglises Orientales (…)

La Congrégation pour les Eglises Orientalesd’un côté, et l’Ordre du Saint-Sépulcre de l’autre,n’ont pas été créés dans l’histoire pour protégerquelque chose d’archéologique ou d’ancien, maisbien la vie concrète de nos frères et sœurs chrétienssur les terres visitées par le Sauveur, terre depuislesquelles nous arrivent le précieux trésor del’Evangile et les étincelles du feu de Pentecôte. Lestristes événements de ces dernières années, spécia-lement en Syrie et en Irak, sans oublier l’Egypte quia récemment été théâtre de martyre, et la tensionpersistante quant à l’avenir entre Israël et la Pales-tine, ont fait prendre conscience au monde entierqu’il y avait encore sur ces terres des personnes quiy avaient vécu depuis toujours en appartenant auChrist, et différents efforts ont été fournis afin quecelles-ci puissent continuer à vivre en paix, enfindans la pleine condition de citoyens et pas seule-ment comme des dhimmis ou des “minorités”. (…)

Il y a donc la vie des gens concrets, chrétienscomme nous : il nous est demandé à nous, dans lebien-être de l’Occident, de vivre la foi en pléni-tude, par ce réveil de la joie de l’Evangile auquel lePape François n’a de cesse de nous appeler. Poureux, il y a l’exigence que la foi soit intériorisée et


La Congrégation pour les EglisesOrientales et l’Ordre du Saint-Sépulcre :une collaboration féconde

Intervention du cardinal Leonardo Sandri lorsde la conférence de presse de la Consulta

LES

ACT

ES D

U G

RAN

D M

AG

ISTÈ

RE

qu’elle ne soit pas seulementun élément de tradition fa-miliale ou bien une pratiquedu clan ou du village. LaGloire de Dieu est l’hommevivant, et la vie (authentique)de l’homme est la vision deDieu, précisément.

Je dis cela pour vous suggérer – comme souventnous le suggérons dans les pèlerinages ou en écri-vant la Lettre pour la Collecte du Vendredi Saint –d’aller en Terre Sainte non pas uniquement pourvoir les pierres des sanctuaires et les vestiges des té-moignages bibliques, mais de rencontrer les com-munautés chrétiennes, avec leur vie, leurs défis etsouffrances, leur charité quotidienne. Je peux direavec grande joie que l’union des objectifs – dans lerespect des différentes compétences – entre laCongrégation que je préside et l’Ordre se manifesteà plusieurs niveaux, des plus institutionnels auxplus opérationnels. Je pense avant tout à la pré-sence du cardinal O’Brien parmi les membres duDicastère, de même qu’au fait que l’Ordre soitmembre de la ROACO (Réunion des œuvres d’aideaux Eglises d’Orient), avec la présence du Gouver-neur Général Visconti di Modroneà la table de l’assemblée plénièredu mois de juin, de même que deson prédécesseur Agostino Borro-meo, et l’Ordre garantit annuelle-ment le financement de différentsprojets de développement, d’aide àla réalité pastorale et plus générale-ment à la vie des Eglises Orienta-

les. Je voudrais insister sur ce fait, car à premièrevue, seul le lien stable que l’Ordre maintient poursoutenir la vie du Patriarcat latin de Jérusalempourrait apparaître, surtout depuis sa reconstitu-tion en 1847 avec la Bulle Nulla celebrior du bien-heureux Pape Pie IX : une grande partie des préro-gatives auparavant réservées à la Custodie de TerreSainte vis-à-vis de l’Ordre passèrent à la nouvellecirconscription ecclésiastique. Sans oublier ce quefit le patriarche Barlassina (1920-1947), à qui l’ondoit précisément la revitalisation des activités desChevaliers afin que leur façon de soutenir la vie del’Eglise en Terre Sainte soit plus organique et ac-tuelle, comme en témoignent quelques articles etpublications du professeur Paolo Pieraccini.

Enfin, je me dois également d’exprimer ma re-connaissance envers l’Ordre du Saint-Sépulcrepour son effort extraordinaire – en collaborationavec les autres organismes du Saint-Siège, à com-mencer par la Secrétairerie d’Etat et l’institution dela Fondation vaticane Saint-Jean-Baptiste – pourcontribuer au travail de réorganisation plus qu’ad-ministrative du Patriarcat latin de Jérusalem, por-tant certains bureaux au niveau des standards in-ternationaux à travers le travail de quelques profes-sionnels spécialisés, en plus de son apport décisif àl’Université de Madaba en Jordanie, que nous espé-rons voir se poursuivre pour atteindre une pleinedurabilité.

J’adresse un autre remerciement à une réalité vi-vante de Terre Sainte, le centre Effatà pour enfantssourds-muets, (…) en faisant également mémoirede celui qui le désira fortement dès son voyage enTerre Sainte en 1964 : saint Paul VI.

Je conclurai par les paroles que le Saint Pontifea adressées le 30 mai de la même année aux mem-bres de l’Ordre réunis chez le Successeur dePierre : « J’ajoute à mes vœux la prière, qui ne ré-pond pas moins à vos Statuts qu’à nos sollicitudespour cette Terre bénie, où le Saint-Sépulcre a son

siège, et où nous-mêmes avonseu la chance d’effectuer, commevous le savez, un humble maisémouvant et festif pèlerinage :continuez à aimer ces LieuxSaints, d’une prédilection tou-jours plus intense et plus pieuse;continuez à rechercher et à ho-norer la terre sanctifiée par les


‘‘Continuez àhonorer la terresanctifiée par les pasdu Fils de Dieu faitFils de l’hommeSaint Paul VI, en 1964’’

(CO

PY

RIG

HT

GE

NN

AR

I)

Le cardinal Sandri(à droite) aux côtésdu cardinal O’Brienet du GouverneurGénéral Visconti diModrone, en Sallede Presse du Saint-Siège, le 7novembre 2018.

Une œuvre invitant à l’émerveillement,à la réflexion et à la conversion de ceux

qui désirent permettre à la lumière duChrist de transfigurer leur vie.

Dans le cadre de la Consulta, le cardinal Ed-win O’Brien, Grand Maître, a souhaité laréalisation d’une œuvre culturelle pour

évoquer le pèlerinage en Terre Sainte. Il a donc étédemandé à Marcello Bronzetti « IlFedeleamato »de composer un oratorio sacré, comme il l’avaitdéjà fait en diverses occasions, par exemple avecl’oratorio Mother pour les célébrations officiellesde la canonisation de Mère Teresa de Calcutta ouencore avec l’oratorioAquerò, pour l’anniversairedes 160 ans des apparitionsde Lourdes. C’est ainsiqu’est né ExulteT, oratorioinspiré du Saint-Sépulcre,mis en musique et en paro-les pour voix récitante, so-listes, chœur et orchestre.

Il a été représenté pourla première fois dans la soi-rée du 13 novembre 2018en la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem àRome où sont vénérées lessaintes reliques de la croixde Jésus, apportées deTerre Sainte par sainte Hé-lène – patronne de l’Ordredu Saint-Sépulcre – etconservées dans ce mêmelieu de culte avec un desclous de la crucifixion.

Cette date du 13 novembre marquait l’anniver-saire annuel de l’arrivée de l’image de la Vierge duRosaire dans la cité mariale de Pompéi, fondée parle bienheureux Bartolo Longo, seul laïc membre del’Ordre du Saint-Sépulcre à avoir été béatifié.

En présence de tous les Lieutenants de l’Ordre,en provenance des cinq continents, et de nombreu-ses personnalités parmi lesquelles le Grand Maîtrede l’Ordre de Malte et l’archevêque de Pompéi, lescinquante membres bénévoles du chœur « Fideleset Amati », dirigés par Tina Vasaturo, ont donnévoix au pèlerinage intérieur du Bienheureux Bar-tolo Longo, guidé par sainte Hélène, la mère del’empereur Constantin, à travers le récit évangéli-que de la Résurrection. Ce soir-là l’oratorio ExulteTa permis aux membres de l’Ordre et à leurs amis,unis dans la prière, de demander au Seigneur lagrâce de faire de leur vie une Terre Sainte, à la suitede Bartolo Longo.

Cette œuvre pourra être présentée en divers au-tres lieux, à la demande, afin de continuer à propa-ger le message spirituel de l’Ordre du Saint-Sépul-cre et à faire mieux connaître la vocation à la sain-teté quotidienne de ses membres.

Pour plus d’informations, contacter MarcelloBronzetti : [email protected]

L’Oratorio ExsulteT, inspiré du Saint-Sépulcre

pas du Fils de Dieu fait Fils de l’homme; continuezà promouvoir là-bas les œuvres de religion, d’ins-truction, de charité, qui y attestent la présence te-nace et aimante de l’Eglise catholique; intensifiez, sivous le pouvez, votre effort de bienfaisance spiri-tuelle et corporelle pour ces populations, que notrerencontre avec elles, si vivante et cordiale de leur

part, nous a rendues encore plus chères ; et faites-leur voir que votre Croisade veut être celle de lacharité, de la concorde, de la paix ; celle de l’Evan-gile du Christ, qui dans le service de l’Eglise catho-lique et de ses enfants les plus fidèles et assidus, nesouhaite rien d’autre si ce n’est le véritable salut detous ».

Très apprécié poursa qualitéprofessionnelle et saprofondeurspirituelle, l’oratorioExulteT, mettantnotamment enscène sainte Hélèneet Bartolo Longo, aréuni les GrandsMaître de l’Ordredu Saint-Sépulcre etde l’Ordre de Maltedans une mêmeferveur fraternelle.

LES

ACT

ES D

U G

RAN

D M

AG

ISTÈ

RE

L’Ordre du Saint-Sépulcre prend ses racinesdans le passé et, à travers le lien vivant avec

son histoire, les Chevaliers et Dames vivent quoti-diennement la beauté de la continuité et de la fidé-lité d’un appel qui continue à se transmettre de gé-nération en génération. Avec notre mission, nousrecevons également des symboles, des décorations,des uniformes qui rappellent, avant tout à nous-mêmes, notre appel. Ces signes extérieurs nouspermettent également d’être un témoignage visibledans certaines occasions, mais notre témoignage se-rait vide s’il n’était pas soutenu par quelque chosede bien plus profond : notre vie spirituelle nourriepar la conscience de l’amour de Dieu, notre enga-gement et notre fidélité envers l’Eglise.

MOT DU GRAND MAÎTRE“A sa nomination – de la part du Pape Pie XII –

en tant que premier Grand Maître de l’OrdreEquestre de Jérusalem, le cardinal Nicola Canalinous a rappelé le rôle que l’Ordre devrait jouerdans notre vie de membres :

« Aucune vanité ni orgueil découlant de décora-tions et d’uniforme – si honorables et méritoiressoient-ils – ne devraient illusionner ceux que le Sou-verain Pontife a honorés. L’unique acte de fierté quenous puissions manifester ne peut se faire qu’au nomdu Christ Ressuscité…devant le Sépulcre vide ».

Nous devrions être fiers des symboles de notreOrdre : cape, épée, éperons et insignes avec la croixde la victoire : autant de symboles riches decontenu qui jouissent d’une longue histoire. Cepen-dant, ceux-ci perdent de leur valeur et de leur si-

gnification si la fascination qu’ils exercent sur nouss’épuise ainsi. Au contraire, ces symboles nous en-gagent et nous relient aux racines spirituelles solen-nelles qui accroissent notre amour et notre dévo-tion envers le Christ Ressuscité et la Terre Sainte”.

Cardinal Edwin O’Brien

POUR ALLER PLUS LOINLes habits que nous portons – avec la Croix de

Jérusalem pour symboliser les cinq blessures de no-tre Seigneur et Sauveur Jésus Christ – n’ont pas étéréalisés pour nous distinguer en tant que personnesspéciales, car nous ne le sommes pas, mais pourrappeler à nous-mêmes et aux autres notre engage-ment à être identifiés à la Passion du Christ, demême qu’à assister les chrétiens qui vivent sur laterre rendue sainte par Lui.

Cardinal John Foleyancien Grand Maître de l’Ordre, durant la messe

inaugurale de la Consulta 2008

UNE RÉSOLUTION MENSUELLE Accordons-nous le temps de nous souvenir des

paroles que nous avons entendues de la bouche duCélébrant qui a présidé la Cérémonie d’Investiturele jour où nous sommes devenus membres de l’Or-dre.


Le livret peut être téléchargé sur le site duGrand Magistère (www.oessh.va) dans la sec-tion MEDIA.

Parmi les documents diffusés à l’occasion de la Consulta, cha-que Lieutenant et Délégué magistral a reçu le nouveau livretspirituel réalisé par le Grand Magistère: cette année, il s’agit

d’un support pour prier avec le Grand Maître, le cardinal EdwinO’Brien.

Chaque mois, en fonction du thème choisi, un texte introductifest offert à la réflexion, ainsi qu’un commentaire du Grand Maître etun texte de l’Ecriture Sainte ou d’un auteur spirituel, de manière àapprofondir le sujet pour prendre un engagement à mettre en prati-que durant le mois en cours.

Voici par exemple ce que le livret propose pour le mois de no-vembre 2019, afin d’aller au cœur de nos symboles :

Prier avec le Grand Maître

http://www.oessh.va/content/dam/ordineequestresantosepolcro/File%20pdf/Pregare%20con%20il%20Gran%20Maestro/Prier%20avec%20le%20Grand%20Ma%C3%AEtre.pdf

Dans ce numéro de La Croix de Jérusalem ,nous avons souhaité demander à Mgr Pier-battista Pizzaballa, Administrateur aposto-

lique du Patriarcat latin de Jérusalem, de nous par-ler plus en détails de la vie des jeunes en TerreSainte, notamment à la lumière du Synode sur lesJeunes, qui a eu lieu en octobre dernier.

En 2018, l’Eglise a vécu un important Synodesur les jeunes, la foi et le discernement voca-tionnel, auquel vous avez participé. Qu’est-cequi interpelle le plus les jeunes de Terre Saintedans ce qui a émergé du Synode ? Il n’y a rien qui touche particulièrement les jeu-

nes de Terre Sainte directement. Le Synode doitproduire des documents généraux et les jeunes deTerre Sainte ne sont pas différents de ceux du restedu monde. Ce qui a été intéressant pour moi est lapossibilité d’écouter l’expérience des évêques d’au-tres parties du monde carcela aide à prendre du reculpar rapport à nos probléma-tiques. Lorsque l’on se

confronte aux autres, l’on remarque en effet que lesdynamiques sont assez semblables.

La Terre Sainte a toutefois quelque chose departiculier à offrir aux jeunes du monde en-tier…Durant le Synode, l’on a parlé de discernement,

d’évangélisation et de transmission de la foi. Dansce domaine, la Terre Sainte est un lieu particulier,unique si j’ose dire, car notre foi en tant que foi in-carnée et historique prend ses racines ici. C’estdonc un formidable outil d’évangélisation et de ré-évangélisation. En ce sens, les pèlerinages en TerreSainte organisés également pour les jeunes – initia-tives toujours plus fréquentes – représentent uneoccasion extraordinaire et constituent presque tou-jours un point de non-retour.

Au cours des dernières années, le Patriarcat la-tin a investi une énergie particulière dans lesactivités du bureau catéchétique. Pouvez-vousnous en dire davantage ?Tous nos manuels de catéchisme étaient un peu


L’Ordreet la Terre Sainte

Comment vivent les jeunesen Terre Sainte ?

Entretien avec Mgr Pizzaballa, Administrateur apostoliquedu Patriarcat latin de Jérusalem

Jeunes de TerreSainte aux JMJ dePanama.

datés et il était nécessaire de les repenser en pre-nant en compte les changements générationnels quise sont opérés. C’est pourquoi un effort a été faitpour créer une nouvelle édition non seulement plusattractive du point de vue du format mais égale-ment réécrite en tenant compte de la façon de pen-ser de nos jeunes. Ces manuels n’ont pas été écritspar des sœurs ni des prêtres mais en impliquant lesjeunes eux-mêmes, avec leur sensibilité. Ce fut unetrès belle expérience et ça l’est encore : la participa-tion joyeuse des jeunes qui se sont sentis mis àcontribution a été émouvante. Si nous avions faitcela avec des prêtres uniquement, cela aurait étéune charge de plus, sans doute effectuée avec diffi-culté, or cela a mis en marche des dynamiques posi-tives et c’est une méthodologie qu’il faut égalementétendre à d’autres secteurs.

Les écoles sont une institution importante duPatriarcat latin et les membres de l’Ordre duSaint-Sépulcre les sou-tiennent avec force.Qu’est-ce qui en déter-mine la centralité dansle diocèse que vous êtesappelé à administrer ? Sans écoles, il n’y a pas

d’église. Plus encore que la

paroisse et les autres activités, l’école est le point deréférence autour duquel s’articule la communautéchrétienne. Les enfants sont le cœur des familles etla préoccupation première des parents est leur for-mation. A travers l’école, l’on atteint donc les fa-milles.

La question de l’identité chrétienne, de mêmeque l’agrégation de la communauté, passent égale-ment par l’école. L’école crée la communauté enpartant des enfants. Souvent, si l’on appelle les fa-milles pour un cours de formation, elles ne vien-dront pas, mais si au contraire nous les contactonspour parler de la question de l’école et des jeunes,elles viennent immédiatement car c’est quelquechose qui leur tient profondément à cœur.

Autre aspect important, c’est à travers l’écoleque nous entrons en contact avec le territoire. Dansnos écoles, la majorité des étudiants sont souventmusulmans. Il est dans notre vocation d’être en dia-logue avec tout le monde, pas seulement de ma-nière abstraite ou théologique mais en expérimen-tant le dialogue de la vie, et l’école est en ce sensfondamentale.

Comment les jeunes vivent-ils la situation poli-tique complexe sur les terres qu’ils habitent ? Il est difficile de donner un mot général dans ce

domaine. Le jeune, de par son âge, est plus pas-sionné et exprime sa passionde différentes façons : il y aceux qui la vivent en tant quecombattants et cela se vérifieplus souvent chez les jeunesmusulmans que chez les chré-tiens ; il y a ceux pour qui lapassion se mue en frustration,face à la énième spirale de vio-lence et aux perspectives qui seferment au lieu de s’ouvrir ; etil y a encore ceux qui se re-troussent les manches et déci-dent de s’impliquer. Nousavons besoin d’investir sur cedernier groupe qui ne fait bienentendu pas la une des jour-naux comme les autres, maisqui existe bel et bien.

Propos recueillis parElena Dini


Pour construire unavenir qu’ils ontparfois du mal àentrevoir en TerreSainte, la foichrétienne desjeunes est un moteurde leur espérance etde leur engagement.


Quelques projets menés en Terre SainteDe nombreuses petites initiatives au contact des gens

Les projets soutenus par l’Ordre donnentla priorité aux personnes qui sontl’unique vraie richesse descommunautés localesen Terre Sainte.

Depuis environ deux ans, le Grand Magistère, en accord avec le Patriarcatlatin de Jérusalem, a décidé d’investir davantage sur certains petits projets enTerre Sainte plutôt que sur de grandes œuvres de construction. En 2018, le

Grand Maître de l’Ordre a continué à soutenir les grands projets déjà lancés,comme la conclusion des travaux dans la nouvelle église à Jubeiha et la

rénovation d’une crèche à Hashimi (toutes deux en Jordanie), mais surtoutl’important projet qui prévoit la hausse des salaires des enseignants desécoles du Patriarcat. Cette initiative permet aux étudiants de continuer à

avoir une instruction de haut niveau dans le respect des compétences de leursprofesseurs, qui doivent recevoir un salaire adapté à leurs capacités. A cesprojets, et surtout à l’aide mensuelle envoyée en Terre Sainte pour soutenir

les dépenses institutionnelles du Patriarcat, et certaines œuvres comme celledu Séminaire et des écoles (notamment des contributions pour permettre aux

étudiants qui ne peuvent payer l’intégralité des frais de scolarité d’assisteraux cours), viennent s’ajouter certains petits projets dont nous voulons vous

parler dans les pages qui suivent. Plusieurs projets requièrent la réalisation de modestes travaux de

rénovation. Tant que nous n’entrons pas dans le quotidien des structures quiles demandent, ces travaux pourraient sembler appartenir à la catégorie desbesoins secondaires. Pourtant, nous pouvons tous bien imaginer combien

certains actes habituels peuvent devenir compliqués lorsque l’environnementqui nous entoure est inconfortable.

L’ORD

RE E

T LA

TER

RE S

AIN

TE

La maison de retraite Beit Afram de Taybeh,en Palestine, héberge 28 personnes âgéesprovenant de différentes villes palestiniennes

et de Jérusalem. La mission de ce centre est celled’offrir un lieu sain où règne un esprit familial, enfournissant une meilleure qualité de vie et des soinsmédicaux aux personnes qui en ont besoin. Dans lacuisine de la maison en été, les températures mon-tent jusqu’à 50 °C, rendant impossible le travail desfemmes qui s’occupent de préparer le déjeuner.L’un des petits projets réalisé en 2018 a été de dotercette structure d’un dispositif de climatisation.

A travers un autre projet qui requérait une aidepour la mise en place d’un système d’air condi-tionné, nous avons découvert l’histoire d’un petitvillage chrétien en Jordanie dans une zone semi-dé-sertique : Smakieh. Le terrain sur lequel est bâti levillage fut donné à la communauté chrétienne par lereprésentant de la famille musulmane Majali aunom des bonnes relations entre sa famille et la com-munauté chrétienne. Aujourd’hui 300 familles bé-douines y vivent, des familles appartenant à deuxtribus catholiques historiques, l’une de rite latin etl’autre de rite grec. En raison de la position géogra-phique du terrain, les étés sont extrêmementchauds et l’hiver peut être très froid. Le systèmed’air conditionné de l’église latine de Saint-Micheldevait être réparé pour permettre aux plus âgés etaux enfants en bas âge de pouvoir participer aux cé-lébrations à l’église.

Pour amortir les dépensesliées à l’électricité à Ein Arik(à côté de Ramallah, en Pa-lestine), l’on a décidé de réa-liser un système photovoltaï-que pour l’église et l’écolecatholiques de la ville. Ce

système a déjà été expérimenté dans les écoles duPatriarcat de cinq autres villes en faisant ses preu-ves. Dans le temps, les économies réalisées sur lescoûts liés à l’électricité seront réinvesties dans desprojets en faveur des étudiants et de la population.

Pour l’école de Kerak, il a fallu installer un sys-tème de surveillance vidéo. Hélas, en décembre2016, la ville a été la cible d’une attaque terroriste etla police a demandé au Patriarcat latin de procéderà l’installation de caméras de surveillance pour cetteécole qui accueille un millier d’étudiants, dont cer-tains habitent jusqu’à à 40 km de distance, mais dé-cident d’affronter quotidiennement ce voyage pourrecevoir ici leur instruction.

L’école latine de Beit Jala, qui compte plus de700 étudiants, a pour sa part eu besoin d’une aidepour pouvoir acheter du nouveau matériel pour lelaboratoire informatique, permettant ainsi à l’écoled’offrir plus de postes informatiques aux étudiants.Dans le monde d’aujourd’hui, il est clairement im-portant de pouvoir suivre l’évolution de la techno-logie dans son parcours de formation afin d’êtrepréparés à affronter le monde du travail.

L’école d’Aboud en Palestine se trouve confron-tée au problème de ses étudiants qui doivent démé-nager dans d’autres villages pour achever leur par-cours éducatif car la structure offre un parcours quine va que jusqu’à la neuvième année du cycled’école obligatoire. Le souhait est ainsi celui d’ajou-ter une salle pour permettre aux étudiants d’y sui-vre également leur dixième année, en profitant deslocaux consacrés au centre éducatif chrétien. C’estla raison pour laquelle le projet vise la constructiond’une nouvelle salle pour les activités pastorales.

Certains petits projets ont permis la rénovationdes maisons dans lesquelles vivent les Sœurs duRosaire à Rameh (en Israël), Hashimi et Amman(en Jordanie). Les Sœurs du Rosaire de Jérusalemsont l’unique congrégation religieuse féminine derite latin et d’origine arabe en Terre Sainte, et ellessont au service du diocèse de nombreuses façons etdans différentes structures, surtout dans les écoleset les paroisses. La fondatrice, Mère Marie Alfon-sine, a été proclamée sainte par le Pape François le17 mai 2015.

Un autre petit projet structurel concerne le siègemême du Patriarcat latin à Jérusalem. Avec la res-tauration du Patriarcat au XIXe siècle, un édificefut construit pour accueillir son siège et cela s’estproduit au-dessus de six réservoirs d’eau qui ont


Parmi les diversprojets, au servicede l’éducationnotamment : unnouveau matérielinformatique pourune école enPalestine.

depuis lors été utilisés comme unesource d’eau très précieuse pourles prêtres qui vivent dans le cou-vent et les employés, en plus deservir le système d’irrigation. Desétudes récentes ont néanmoins ré-vélé que la qualité de l’eau n’étaitplus bonne et qu’elle constituaitun risque pour la santé. C’est la raison pour laquelleun travail de rénovation et de nettoyage est devenunécessaire.

Un autre projet, toujours lié à l’eau, bénéficieraaux personnes porteuses de handicap accueillies àl’Our Lady of Peace Center à Amman. Inauguré en2004, ce centre offre une assistance diurne aux per-sonnes porteuses de handicap ainsi qu’à leurs famil-les. 2000 personnes sont accueillies ici chaque an-née et il s’agit du plus grand centre gratuit de réha-bilitation en Jordanie. Dans le service de physiothé-rapie, parmi les différentes machines disponibles setrouve également une piscine pour l’hydrothérapie.La possibilité de flotter et la chaleur réduisent ladouleur et les spasmes musculaires. La piscine a étéimpraticable durant plusieurs mois en attendant lapossibilité de réparer les filtres et d’accueillir à nou-veau les patients.

En 2011, l’Our Lady ofPeace Center a ouvert uneseconde structure en Jorda-nie, à Aqaba. L’un des petitsprojets menés en 2018 a sou-tenu une initiative destinée àcréer des postes de travailpour des jeunes handicapés

et pour quelques femmes sy-riennes réfugiées sans emploiqui vivent dans la région.Certains grands hôtels,comme l’Hilton, ont acceptéde donner pour ce projet lessavonnettes utilisées et lais-sées dans les chambres d’hô-tel. Dans le centre d’Aqaba,elles sont retravaillées pourêtre recyclées par des jeunesporteurs de handicap et lesfemmes s’occupent du mar-keting de ces produits. Le fi-nancement demandé a servi

à couvrir l’achat de machines et le coût des licences.Un autre projet concerne les Scouts de

Palestine. Aujourd’hui, 1500 jeunes font partie desscouts catholiques et vivent leur appartenance ec-clésiale avec joie et dynamisme. Parmi les activitésmultiples, les jeunes font des excursions, du cam-ping, du bénévolat et contribuent au bien-être de lasociété dans laquelle ils vivent. Pour poursuivretout cela, des structures adéquates sont nécessaireset, dans certains cas, des équipements adaptés lesont aussi. Ce projet, en effet, a permis l’achat de 10tentes pour permettre aux jeunes de vivre l’expé-rience du camping durant la période estivale et de2000 badges qui servent non seulement aux jeunespalestiniens mais également à des groupes interna-tionaux de scoutisme lorsqu’ils viennent en pèleri-nage en Terre Sainte.

D’autres jeunes sont bénéficiaires d’un projet :ceux de Gaza. Le curé de la seule église catholiqueà Gaza, l’église de la Sainte-Famille, avec les autresmembres de l’église et le Patriarcat, désire ouvrir uncentre culturel chrétien pour les jeunes, dans lequelceux-ci pourraient obtenir une formation plus spé-cifique qui les prépare au monde du travail, étantdonné le très haut taux de chômage à Gaza. L’ob-jectif est celui de fournir des cours, par exempled’anglais, d’informatique, de leadership et de ges-tion.

La possibilité de participer à des cours de for-mation a également été demandée pour les em-ployés du Patriarcat latin de Jérusalem, afin de leurpermettre d’accroître leurs compétences et leursconnaissances. Un autre projet touchant de près lesiège du Patriarcat concerne le travail nécessaire depréservation, de catalogage et de mise en valeur de


Des activitésproposées auCentre Notre Damede la Paix enJordanie recoiventle soutien del’Ordre.

L’accompagementpastoral desmigrants est uneréalité importantepour le Patriarcatlatin de Jérusalemqui bénéficie pourcela aussi de l’aidede l’Ordre.

L’ORD

RE E

T LA

TER

RE S

AIN

TE

son héritage culturel. Depuis 1847, en effet, plu-sieurs objets ont intégré son patrimoine : des objetsliturgiques, des parements d’autel, des œuvres d’artreligieux, des livres et des cadeaux reçus, en plusd’une collection de 3000 photos que l’on entendnumériser et mettre à disposition pour des exposi-tions. L’objectif principal est celui de mieux faireconnaître l’histoire du diocèse et la mission du Pa-triarcat.

En nous orientant vers la Jordanie, une requêtenous est parvenue pour soutenir l’œuvre pastoraleauprès des migrants. Hélas, les travailleurs étran-gers provenant du Sri Lanka (20.000 dont 8000chrétiens) et des Philippines (45.000 dont 85% sontcatholiques) demeurent une catégorie vulnérablepour les abus et les exploitations qu’ils peuvent su-bir. La Lieutenance de l’Ordre pour les Philippiness’est engagée en 2016 à envoyer un aumônier phi-lippin à la disposition de cette communauté pourleurs nécessités spirituelles et cet engagement sepoursuit à travers un soutien économique en faveurdes activités pastorales qui permettent à ces com-

munautés migrantes d’organiser des initiatives,d’avoir des espaces de partage et de réaliser des li-vrets et supports liturgiques dans leurs langues.

Enfin, le dernier projet soutenu en 2018concerne l’assistance aux détenus en Jordanie. De-puis 2008, le Patriarcat a commencé à visiter régu-lièrement des centres de détention, avec un groupede bénévoles accompagné du personnel de la Cari-tas. Il y a environ 200 chrétiens dans les 13 prisonsjordaniennes. Une sœur du Sri Lanka raconte :« Très souvent, les femmes sri-lankaises ne sont pascoupables de crimes importants, leur délit est celuid’avoir quitté leur employeur avant le terme ducontrat, elles étaient parfois victimes d’abus, certai-nes ont volé mais il s’agit rarement de délits ma-jeurs. La Caritas les aide à rentrer chez elles ; sanscette aide, ces femmes pourraient rester en prisonpour le reste de leur vie car les ambassades ne les ai-dent pas ». Le projet permet ainsi d’acheter des bil-lets d’avion pour qu’elles rentrent dans leur pays,mais également pour des médicaments, des vête-ments, des articles religieux voire de la nourriture.


Les projets menés en lien avec la Congrégationpour les Eglises Orientales

Durant l’année 2018, l’Ordre du Saint-Sépulcre a financé neuf projetsdans le cadre de la Réunion des Œuvres d’Aide pour les Eglises orien-

tales. Au premier semestre, il a donc été possible de doter l’Hospice SaintVincent de Paul à Jérusalem d’un nouveau générateur (comme le requiertla loi). « A présent – écrit sœur Simone Abi Dib –, grâce à vous, le nouveaugénérateur peut supporter tout l’immeuble ». De plus, la maison de la Com-munauté des Béatitudes Emmaüs-Nicopolis à côté de Latroun, en Israël,est parvenue à effectuer des travaux pour améliorer la fourniture d’électri-cité et de gaz dans les espaces destinés à l’accueil des pèlerins. Le frèreAnton Magrachov, de la Communauté des Béatitudes, a déclaré : « Nousremercions l’Ordre du Saint-Sépulcre pour le don généreux qui nous a ai-dés à mener à bien ce projet, grâce auquel nous offrirons un meilleur hé-bergement aux pèlerins ».

Grâce aux financements de l’Ordre, l’école “Peter Nettekoven” du Pa-triarcat grec-catholique de Beit Sahour est parvenue à acheter des ordina-teurs et du matériel informatique pour pouvoir mener au mieux sa fonctionéducative de la structure tandis que la communauté de l’église grecque-melkite de Maghar a pu faire sonentrée en 2018 dans la salle paroissiale rénovée.

Au second semestre, trois projets ont été destinés à la région de Bethléem : des travaux de sûreté anti-incendie à l’hôpital de la Sainte-Famille, la rénovation de la maison maronite de Saint-Charbel et de la cui-sine des sœurs franciscaines missionnaires dans un camp de réfugiés. L’Ordre a par ailleurs soutenu la ré-novation d’un hall à l’école des Sœurs de l’Apparition à Ramallah, de même le système d’aération desclasses de la crèche Sainte-Marie, à Béthanie (Jérusalem).

Une vue de l’Hospice Saint-Vincent de Paul à Jérusalem.


Soixante-quatre ans et quelque sont passés de-puis la fondation de l’Oeuvre Saint-Jacquesqui, au cours des années, s’est développée

pour devenir le Vicariat Saint Jacques pour les Ca-tholiques d’expression hébraïque en Israël. La pre-mière étape vers l’établissement du Vicariat fut lanomination de Mgr Jean-Baptiste Gourion, en1990, Vicaire Patriarcal chargé des catholiquesd’expression hébraïque (pour être ensuite ordonnéévêque en 2003). Suite au décès de Mgr Gourionen 2005, la charge de Vicaire Patriarcal pour les ca-tholiques hébréophones fut assumée par le P. Pier-battista Pizzaballa (à l’époque Custode de TerreSainte) de 2005 à 2009, suivi par le P. David Neu-haus de 2009 à 2017, et c’est en 2013, à l’époquedu P. David, que le Vicariat Saint-Jacques reçut duSaint Siège ses statuts officiels qui soulignent sonidentité et sa mission particulières. Depuis 2017,j’assume la charge de Vicaire.

Notre Vicariat, qui inclut les catholiques hé-

bréophones aussi bien querussophones, est partie inté-grante du Patriarcat Latin,et il est actif essentiellementau sein des grandes agglo-mérations. Des communau-tés paroissiales hébréopho-nes existent à Jérusalem,Jaffa, Beersheva, Haïfa et

Tibériade, sachant que les fidèles des villes et villa-ges avoisinants se déplacent pour rejoindre cescommunautés. Quant aux communautés russopho-nes, les deux principales se rassemblent régulière-ment, toutes les semaines, à Latroun et à Haïfapour la prière, et s’y ajoutent d’autres petites com-munautés qui se réunissent sporadiquement. Onzeprêtres servent nos communautés, dont deux sontactuellement à la retraite.

Les familles de notre Vicariat sont majoritaire-ment de classe moyenne. Un de leurs défis majeurs

Catholiques d’expression hébraïqueet personnes migrantes :l’action pastorale du Patriarcat latin

Les membres de laCommission pour laTerre Sainte duGrand Magistère en2018 avec leGouverneur Général(au centre) et lePère Rafic Nahara,Vicaire Patriarcal (àdroite).

Le Vicariat Saint-Jacques et le

Vicariat pour lesMigrants et

Demandeursd’Asile sont placés

sous laresponsabilité du

P. Rafic Nahra,Vicaire Patriarcal.

Il présente ici, pourLa Croix de

Jèrusalem,l’histoire et la

mission de chacunde ces deux

Vicariats.

L’ORD

RE E

T LA

TER

RE S

AIN

TE

Entretien avec le diacre BenedettoDi Bitonto, du Vicariat de Saint-

Jacques, dirigé par le père RaficNahra, Vicaire patriarcal des

catholiques d’expression hébraïque

Comment est organisé le Vicariat de Saint-Jacques chargé des catholiques de lan-

gue hébraïque, combien de fidèles accompa-gnez-vous et dans quelles villes sont-ils prin-cipalement représentés ?Notre Vicariat est composé de petites commu-

nautés dont seulement deux sont des paroisses,dans lesquelles tout se déroule en hébreu, de la cé-lébration liturgique à l’action pastorale. Notre grandhandicap est le manque de structures adéquates etde fonds pour mener à bien les nombreuses initiati-ves qui mûrissent d’année en année. Il existe grâceau ciel des organisations chrétiennes qui nous sou-tiennent par leurs contributions, sans quoi nous nepourrions rien concrétiser. L’Ordre du Saint-Sépulcrejoue un rôle fondamental dans ce travail de soutien,et nous lui en sommes profondément reconnais-sants.

Je ne connais pas le nombre exact de nos fidè-les, mais je sais qu’au cours de ces dix dernièresannées nous avons grandi en termes de participa-tion. De plus, depuis 2010 nous avons découvert legrand monde des migrants et des travailleurs étran-gers, qui représentent quelques dizaines de milliers

de personnes ici en Israël. Depuis lors, nous pre-nons soin de leurs enfants par des initiatives ci-blées : des crèches, des cours de catéchisme, descamps quatre fois par an, des formations… Depuisque je suis ici, je me suis retrouvé au milieu d’en-fants de toutes origines, et nous avons tous en com-mun deux choses : nous croyons en Jésus et nousparlons hébreu. C’est une expérience décidémentsingulière pour laquelle je remercie Dieu de toutcœur.

Diacre depuis juin 2018, bientôt prêtre, mem-bre du Vicariat de Saint-Jacques du Patriarcatlatin de Jérusalem : pouvez-vous nous direen quoi consiste votre mission, comment se


« Nous croyons en Jésuset nous parlons hébreu »

Le diacre BenedettoDi Bitonto consacreson temps auxcatholiquesd’expressionhébraïque en Israël,souvent destravailleursétrangers parlant lalangue du pays quiles accueille.

déroulent vos journées et quel est le cœur devotre action pastorale ?En 2011, en rentrant des JMJ de Madrid avec no-

tre groupe de jeunes ‘Perah ha-midbar’ (‘Fleur du dé-sert’), j’ai parlé avec le Vicaire patriarcal de l’époque,le Père David Neuhaus, avec lequel j’ai vécu encontact étroit pendant sept ans, et je lui ai exprimémon désir de devenir prêtre pour le Vicariat. Aprèsl’obtention de mon doctorat, je fus admis à des étu-des philosophiques, puis théologiques. Mon parcoursn’a pas été évident car durant ces six années d’étu-des, il n’y a eu aucun autre séminariste que moi dansnotre Vicariat. Cela a un peu influé sur ma perceptionde la formation, mais plus en bien qu’en mal en fin decompte, car cela m’a poussé à nouer des relationsfraternelles avec plusieurs jeunesen formation : franciscains, salé-siens et séminaristes arabes duSéminaire patriarcal de Beit Jala.Au final, je suis un peu le fils et lefrère de tous. Au cours de cesannées, j’ai été suivi et accompa-gné par le Père Rafic Nahra, quiest aujourd’hui notre Vicaire, etavec lequel j’habite, ainsi qu’avecle prêtre chargé de la commu-nauté de Jérusalem et d’autresqui viennent chez nous pour despériodes de durée variable. En-

semble, nous prions les Laudes le matin (en hébreu).Dans la journée, chacun est pris par ses propres tâ-ches. Il nous arrive de déjeuner en même temps,ainsi nous en profitons pour échanger quelques motssur les dernières nouvelles, mais nos journées sontplutôt frénétiques et chacun d’entre nous est occupédans un domaine particulier, ce qui fait que nous nenous croisons pas toujours ‘sur le terrain’, mais le soirnous nous retrouvons pour la messe et le dîner. Entant que Vicariat Saint-Jacques, notre devoir est d’as-surer une aide pastorale aux fidèles catholiques quivivent dans la société israélienne, qui parlent l’hébreuet constituent un événement unique dans l’histoiredepuis l’Eglise des premiers siècles : être une mino-rité chrétienne au sein d’une forte majorité juive. Cela


est la transmission de la foi : Nos enfants vont, pourla plupart, à l’école publique israélienne (car iln’existe pas d’écoles chrétiennes hébréophones) et,en tant que minorité vivant dans un monde très laï-cisé, ils risquent de perdre leur identité chrétienne.En raison de cela, notre Vicariat investit beaucoupdans la pastorale des jeunes.

Le Vicariat Saint Jacques, de par son milieude vie, est particulièrement sensible aux relationsavec le monde Juif qui sont d’abord des relationsde proximité. Quelques-uns de nos prêtres etfidèles sont engagés également dans le dialogueinterreligieux qui, à de nombreuses occasions, in-

clut Juifs et Musulmans.Le travail pastoral de notre Vicariat auprès des

Migrants commença en 2010 lorsque le P. DavidNeuhaus, avec quelques collaborateurs, commençaà enseigner le Catéchisme en Hébreu aux enfantsphilippins du sud de Tel Aviv qui fréquententl’école israélienne et dont la première langue estl’hébreu. Par ailleurs, en 2014, nous commençâmesà ouvrir des garderies pour enfants de Migrants etde Demandeurs d’asile, âgés de 3 mois à 3 ans, sa-chant que leurs parents sont obligés de travaillertoute la journée pour gagner leur existence et cellede leurs enfants. Nous développons également une

Un temps de prière durantune rencontre interreligieuse à

Jérusalem, avec laparticipation des responsables

du Vicariat Saint-Jacques.

L’ORD

RE E

T LA

TER

RE S

AIN

TE


pastorale des jeunes, pour les accompagner, leséduquer, et leur permettre de s’intégrer dansl’Eglise locale et dans la société israélienne. Le dé-veloppement des activités auprès des Migrants etde leurs enfants a conduit à la création, au sein duPatriarcat Latin, du Vicariat pour les Migrants etDemandeurs d’Asile à la Pentecôte 2018.

Qu’il me soit permis de remercier de tout cœurl’Ordre du Saint Sépulcre qui, depuis quelques an-nées, aide le Vicariat Saint Jacques à se développeret le soutient moralement et matériellement dans samission. Que les Chevaliers et Dames soient remer-ciés également de leur attention et de leur zèle

constant à soutenir l’action pastorale du Patriarcaten faveur des Migrants et de leurs enfants pour leurpermettre de mener une vie digne, alors que lesconditions de leur existence sont précaires et expo-sées sous divers angles.

Père Rafic NahraVicaire patriarcal

veut dire qu’il s’agit essentiellement de pastorale or-dinaire (paroisses, catéchisme, sacrements, serviceaux pauvres et aux malades…) et extraordinaire(camps pour les enfants, activités spéciales pour lesfamilles, soin et accompagnement des jeunes, pèle-rinages…).

Souvent, les catholiques sont peu conscientsde leurs racines juives : en quoi le Vicariat deSaint-Jacques aide-t-il l’Eglise à revenir à sonorigine spirituelle, surtout dans la formationliturgique ? Organisez-vous des rencontresentre catholiques et juifs, de même que desjournées d’échange et de partage ? Votre ex-périence a-t-elle un écho à échelle univer-selle ? Il n’y a pas de doute quant au fait que notre foi

est née au sein du peuple juif et qu’en tant quechrétiens, nous devons beaucoup au peuple de l’al-liance. Pour nous, ce qui compte est l’expression denotre foi chrétienne et de notre identité catholiquedans un langage et dans une forme qui soient sem-blables à la culture de la société dans laquelle nousvivons. Nous ne voulons pas que notre foi soit per-çue comme quelque chose d’exotique et d’étrangerau monde dans lequel elle est née et s’est consti-tuée. Cela veut dire par exemple que nos lieux deculte sont très simples, ils ne regorgent pas d’ima-ges (nous n’avons pas de statues, par exemple) etde pratiques qui appartiennent plutôt à un catholi-cisme occidental de type européen. Bien qu’étantprofondément catholiques, dans nos communautésil n’est par exemple pas aisé de trouver une reliqueà vénérer ou une neuvaine dédiée à un saint plutôtqu’un autre. L’accent est davantage mis sur la Parolede Dieu, sur l’expérience biblique comprise à la lu-

mière de la tradition de l’Eglise, sur une célébrationeucharistique simple mais digne, sur la convivialitéde communautés à échelle humaine, où l’on seconnaît tous et où l’on peut se soutenir les uns lesautres. Tout cela prépare sans nul doute le terrainpour une rencontre sereine et conviviale avec nosamis juifs, qui trouvent chez nous une réalité qui neles effraye pas mais les entraîne sur une voie d’ami-tié sincère, où les différences sont valorisées et ja-mais effacées. La Célébration eucharistique est pro-fondément enracinée dans le sillon de la traditionjuive, et il est bon d’approfondir un peu ses connais-sances d’une telle réalité, en prenant garde toutefoisà ne pas sombrer dans des attitudes sentimentalis-tes ou un peu simplistes de celui qui veut à tout priximiter certaines coutumes juives en les calquant à laliturgie chrétienne, surtout les rites qui se sont déve-loppés de manière postérieure au christianisme. Cen’est pas de cela que je parle, mais plutôt d’appro-fondir le judaïsme biblique, celui que Jésus, sa mèreMarie et tous les Apôtres connaissaient et prati-quaient certainement. Et surtout d’accepter le faitque la naissance de Jésus Christ est un tournantdans l’histoire de l’humanité que l’on ne peut ignorerni rendre neutre. La séparation de l’Eglise et de laSynagogue est quelque chose de caché dans lemystère de Dieu et qui ne nous sera révélé qu’à lafin des temps. D’ici là, nous pouvons cependant en-core apprendre à nous connaître vraiment, à nousrespecter, à nous estimer et à travailler ensemblepour un monde plus semblable au rêve de Dieu. Jevois également très bien là-dedans les croyants mu-sulmans, qui sont à plein titre membres de la familledes fils d’Abraham, qui comme nous ont la respon-sabilité de diffuser dans le monde la lumière etl’amour de Dieu, qui nous aime tous.

Pour avoir les nouvelles du Vicariat Saint Jac-ques et suivre nos activités, n’hésitez pas àconsulter notre site : www.catholic.co.il

http://www.catholic.co.il/index.php?option=com_content&view=featured&Itemid=485&lang=fr

Père Pérennès, comment résumer en quel-ques mots la grande histoire de l’EcoleBiblique et Archéologique Française de

Jérusalem (EBAF), depuis sa fondation par lePère Lagrange en 1890 ?L’Ecole biblique a été fondée par le père Marie-

Joseph Lagrange à une époque où les acquis dessciences modernes (histoire, archéologie, linguisti-que) paraissaient menacer la crédibilité de la Bible.Des savants éminents comme Ernest Renan et Al-fred Loisy quittèrent l’Eglise avec fracas, laissantpenser que l’Eglise catholique n’était pas de taille àrelever le défi d’une lecture critique de la Bible. Auterme d’une solide formation thomiste à Salaman-que et d’études orientalistes à Vienne, le père La-grange arriva à Jérusalem convaincu que la foichrétienne n’avait rien à redouter de cette confron-

tation de la foi et de la raison. Il sut réunir uneéquipe de jeunes religieux passionnés, qui se spé-cialisèrent dans les diverses disciplines qui aident àcomprendre le texte sacré : langues anciennes, his-toire du Proche-Orient ancien, géographie de laTerre sainte, archéologie, épigraphie, etc. Il élaboraune méthode de lecture, la méthode historique, quilui valut alors une grande suspicion dont il souffrit.Il se soumit, néanmoins, toujours à l’Eglise, accep-tant, par exemple, de ne pas publier un Commen-taire de la Genèse, prêt en 1905, et de se concen-trer sur le Nouveau testament qui pose moins deproblèmes. Aujourd’hui, les éléments de la mé-thode historique (présence de genres littéraires, decouches rédactionnelles, etc.) sont admis par tousles chercheurs et par l’Eglise catholique au plushaut niveau (cf. l’encyclique Divino afflante spiritu

de Pie XII en 1943). La ri-gueur intellectuelle, l’amourde la Terre sainte et la fidélitéà l’Eglise caractérisent l’œu-vre fondatrice du père La-grange, qui devrait un jourêtre béatifié.

Quel service concret rendl’EBAF dans le cadredes études bibliques àl’échelle universelle ?Dès sa fondation, l’Ecole

biblique a appliqué une mé-thode : l’étude de la Bible aupays de la Bible, « rappro-cher le document du monu-ment » (Lagrange). Ses pro-fesseurs ont sillonné les paysde la Bible, de la Syrie àl’Arabie du Nord, de la Mé-sopotamie à la Méditerranée.Ils ont amené leurs étudiants


Enseigner et transmettrele goût de la Bible

Le directeur de l’Ecolebiblique de Jérusalemmontrant lesimpressionnantsrayons de livres del’établissement etaussi la précieusecollection de vestigesarchéologiques.

Rencontre avec le Père Jean-Jacques Pérennès,directeur de l’Ecole Biblique de Jérusalem

L’ORD

RE E

T LA

TER

RE S

AIN

TE

dans ces études de terrain,régulièrement présentéesdans la Revue biblique quisort quatre fois par an de-puis 1892. Le sérieux desrecherches a valu à l’Ecoleen 1920 d’être reconnuepar l’Académie des Inscrip-tions et Belles-Lettrescomme Ecole archéologi-que française.

Outre ce sérieux de larecherche, l’Ecole bibliquea formé des générations despécialistes en sciences bi-bliques. Elle est d’ailleursune des rares institutions ca-tholiques habilitées à délivrerle doctorat en sciences bibli-ques.

Elle a, enfin, mis à la dis-position des fidèles le fruit de ses recherches, àtravers en particulier la Bible de Jérusalem, éditéepar les dominicains de Jérusalem depuis un demi-siècle. Aujourd’hui, un projet innovant prendle relais sur Internet : la Bible en ses traditions(https://bibletraditions.org/).

L’Ordre du Saint-Sépulcre est partenaire del’EBAF, en particulier à travers la bibliothèquequi compte 160 000 ouvrages. Pouvez-vousnous décrire le fonctionnement et le rayonne-ment de cette bibliothèque de renommée mon-diale ?Cette bibliothèque est unique en son genre, car

elle est le résultat de 130 années d’achats de livres

et de revues, sélectionnéspar des spécialistes en exé-gèse, histoire, archéologie.Son fonds est donc excep-tionnel. Son catalogue estinformatisé et permet unaccès par péricope biblique,ce qui est très rare. Ellecontient aussi beaucoupd’ouvrages concernantQumran et les manuscritsde la Mer morte, en raisondu rôle joué par le père Ro-land de Vaux, directeur del’EBAF de 1945 à 1965, etqui fut en charge de ces

fouilles archéologiques prestigieuses. Enfin, elle estaccessible 24 h/24 pour les étudiants et chercheursqui logent et travaillent à l’Ecole biblique. C’est unconfort exceptionnel.

L’EBAF est installée dans les locaux du cou-vent Saint-Etienne où vit et travaille la commu-nauté des frères dominicains à laquelle vousappartenez. Peut-on dire que cette commu-nauté constitue l’âme de l’Ecole Biblique etquels rôles occupent les dominicains dans le ca-dre des multiples activités proposées ?C’est une dimension essentielle de l’Ecole bibli-

que : la recherche est portée par des religieux quimènent sur place une vie de communauté et dontl’apostolat principal est l’étude, l’enseignement etla transmission du goût de la Bible. La plupart desfrères sont donc professeurs, éditeurs de revues.Les étudiants sont accueillis par cette communautéavec laquelle ils peuvent prier, vivre, visiter le pays.


« Etudier la Bible au pays de la Bible », voilàcomment se résume l’activité des cher-

cheurs et étudiants de l’école biblique de Jérusalem.Avec cette belle ambition, l’Ecole Biblique et Ar-chéologique Française de Jérusalem (EBAF) pour-suit le projet de son fondateur, le Père Marie-JosephLagrange : « confronter scientifiquement le docu-ment et le monument ». L’Ordre du Saint-Sépulcre

apporte son soutien régulier à cette entreprise uni-que et précieuse. Implantée depuis 1890 en TerreSainte, l’Ecole propose différents cursus universitai-res, de la licence au doctorat en Ecriture Sainte, enpassant par des conférences, des séminaires, desdéplacements sur le terrain… Le couvent SaintEtienne, habité par des dominicains accueille les lo-caux de l’école et notamment cette grande bibliothè-

Etudier la Bible au pays de la Bible

Saint Dominiqueveille sur l’Ecolebiblique animée parses fils spirituels.

L’attachement de nos an-ciens étudiants montre quecette dimension leur abeaucoup apporté.

D’où viennent les reve-nus de l’EBAF et voussentez-vous menacéspar le projet de taxationfiscale des communau-tés religieuses qu’envi-sagent les autorités is-raéliennes ? Le caséchéant, qui prend surplace votre défense à cesujet ?Nous vivons avec des

ressources précaires, faitesd’apports modestes de l’Or-dre dominicain, du Minis-tère français des Affairesétrangères, des organismescatholiques d’aide à la Terresainte comme l’Ordre duSaint-Sépulcre et l’Œuvred’Orient. Nous ne pouvons tourner que parce queles professeurs sont des religieux qui n’ont pas devrai salaire. Il est évident qu’une taxation fiscalemenacerait notre existence, comme celle de beau-coup d’œuvres éducatives et caritatives de Terresainte qui ne font pas de bénéfices mais doiventcompter sur la Providence. Le Consulat général deFrance nous défend mais le combat est inégal.

Plus largement, comment voyez-vous l’avenirde la présence de l’Eglise catholique dans la

Ville sainte, et au regardde votre expérience quelssont pour vous les motifsd’espérance s’agissant durèglement du conflit is-raélo-palestinien autourde Jérusalem ?

Les chrétiens sont dés-ormais une infime mino-rité en Palestine, moins de1% de la population selonle dernier recensement.Notre mission est bien sûr

de rendre accessi-bles les Lieux saintset d’aider les fidèlesà venir y prier. Maisle petit reste quenous sommes a aussiaujourd’hui une autremission : aider les ha-bitants de ce pays à nepas désespérer et àcroire que seule lanon-violence et le dia-

logue aideront à construire une paix durable.

En quoi le domaine des études bibliques favo-rise-t-il les échanges avec le monde judéo-israé-lien ?La Bible est beaucoup étudiée par les intellec-

tuels juifs, religieux ou non. Nous avons beaucoupà gagner à travailler avec eux, même si notre lecturedoit rester catholique, car, pour nous, la Bible estd’abord un texte inspiré.

Propos recueillis par François Vayne


que de renommée mondiale, comptant plus de160000 ouvrages. L’esprit fraternel régnant au seindu couvent s’étend à tout le corps universitaire,créant un climat de vie communautaire et de prièreportant chacun dans son désir insatiable de com-prendre, chercher, sonder les fondements de la foichrétienne. C’est dans cette ambiance propice àl’élévation intellectuelle et spirituelle que les traduc-tions et analyses archéologiques avancent, conju-guant théologie et histoire. « Recevoir et transmet-tre », telle est l’expérience vécue à l’Ecole biblique,

selon les mots du Père Jean-Jacques Pérennès,son directeur. C’est ainsi que tous approchent auplus près le mystère de la foi au Christ Ressuscité,une histoire qui devient vraiment très concrète à Jé-rusalem. Pauline Bourgogne

Contact :Couvent des Dominicains, Jérusalem – Nablusroad 83-85-POB 19053- IL 9119001 JérusalemTél. 972 2 626 44 68 ext 238www.ebaf.edu – [email protected]

La tombe du PèreLagrange,fondateur de l’Ecolebiblique, est situéedans la basiliqueSaint-Etienne,contiguë au couventSaint-Étienne quiabrite l’Ecole.

L’ORD

RE E

T LA

TER

RE S

AIN

TE

http://www.ebaf.edu/fr/

Professeur Bart McGettrick,Président de la Commission pour

la Terre Sainte depuis 2019

« Nous avons besoin d’une nouvellespiritualité.Une spiritualité qui intègre l’Espoirde l’Evangile à la douleur de chaquejour de notre vie ».

Durant de nombreuses années, l’Ordre Equestredu Saint-Sépulcre a été une source significative

de financement pour l’œuvre de l’Eglise catholique en

Terre Sainte. A cet égard, l’Ordre a tou-jours perçu l’éducation comme une partnécessaire de son travail. Il dépense ac-tuellement plus de 44% de son budgetannuel dans les écoles.

Il l’a fait car il a à cœur le bien com-mun de tous les peuples, spécialementdes communautés chrétiennes. Le rôlepremier de l’éducation est d’améliorer leschances de réussite de tous. Dans le

‘monde occidental’, cela suppose souvent de s’assu-rer que les jeunes sachent lire et compter ; qu’ils dé-veloppent des capacités et une compréhension qui


L’Ordre du Saint-Sépulcre et l’éducation

Dans le cadre de l’aide financière régulièreenvoyée en Terre Sainte par le Grand Ma-gistère de l’Ordre du Saint-Sépulcre, le

soutien aux écoles diocésaines du Patriarcat latinest très important, en particulier s’agissant des sa-laires des enseignants et professeurs ainsi que dufonds de retraite les concernant. Ces écoles permet-tent aux jeunes chrétiens d’acquérir des compéten-ces essentielles pour trouver du travail dans leurpays et y devenir des acteurs responsables ; de plusces établissements sont des laboratoires pour le dia-logue interreligieux de la vie car un certain nombred’élèves musulmans y sont accueillis, favorisant desliens fraternels porteurs de paix dans la société.Avec l’aide du Service Communication du Patriar-cat latin, La Croix de Jérusalem présente ici l’his-toire et l’actualité de ce réseau d’enseignement ca-tholique à la fois solidaire et performant.

Les écoles du Patriarcat ont vu le jour au mo-ment du rétablissement du Patriarcat latin de Jéru-salem par le Pape Pie IX, en 1847. Le premier Pa-triarche du diocèse restauré, Mgr Joseph Valerga,voyait dans ces établissements scolaires catholiquesliés aux paroisses renaissantes un excellent moyende rejoindre les familles chrétiennes réparties dansles villes ou villages, sur tout le territoire de la Terre

Le soutien aux écoles du Patriarcat latinde Jérusalem : une priorité pour l’Ordre

Sainte. Aujourd’hui encore, en participant à l’édu-cation et à l’enseignement scolaire des enfants,l’Eglise latine accompagne au quotidien les famillesqui sont la véritable richesse des communautéschrétiennes locales, minoritaires et souvent éprou-vées.

Une quarantaine d’écoles du Patriarcat latinsont actives en Jordanie, Palestine et Israël. Dansces établissements, tout est fait pour que les élèvesse développent dans un environnement sain et re-çoivent une éducation de qualité, de la maternelleau lycée. L’éducation est une priorité diocésaine carune bonne formation est un facteur d’espérancepour les jeunes générations et leur famille.

Ces écoles se veulent accessibles à tous, quelsque soient les revenus des familles. C’est pourquoi,les familles les plus pauvres sont exemptées de fraisde scolarité. Cette accession à l’éducation pourtous est possible grâce au soutien financier desChevaliers et des Dames de l’Ordre du Saint-Sépul-cre, qui, du monde entier, font parvenir leurs donsà travers le Grand Magistère qui coordonne cetteaide envoyée mensuellement à Jérusalem depuisRome.

Les écoles du Patriarcat emploient près de 1 600professeurs, administrateurs et éducateurs et of-


frent une éducation à près de 20 000 enfants etadolescents.

En Jordanie et Palestine, elles ne sont pas soute-nues par l’Etat. Les autorités de ces pays fournis-sent cependant des manuels scolaires et octroientdes subventions pour des programmes spécifiques.Afin de conserver ces aides et pour en obtenir denouvelles, le diocèse doit adhérer aux exigenceséducatives des ministères : proposer et conserverun haut niveau de formation des enseignants et desinfrastructures. Comme nous le raconte le PèreIyad Twal, directeur des écoles du Patriarcat en Pa-lestine et Israel, « un travail important a été entre-pris pour améliorer les conditions de travail dansnos écoles, tant pour nos élèves que pour nos em-ployés afin d’arriver à des conditions plus propicesà l’apprentissage ». En fait beaucoup de petits pro-jets financés par l’Ordre (voir pages 33 à 36) vontdans cette direction à travers les travaux de rénova-tion ou l’achat de matériel informatique.

Le maintien des écoles dans certaines villes dePalestine reste parfois problématique compte tenudes faibles revenus des familles qui sont nombreu-ses à souffrir du chômage.

En Israël, le rôle des écoles du Patriarcat latinest reconnu depuis 1989. Malgré leur baisse signifi-cative en 2017, les subventions versées couvrent enpartie les salaires des professeurs et permettent defaire face à de nombreux défis financiers, mais làaussi le soutien de l’Ordre demeure vital et s’est en-core accru ces dernières années.

Convaincue que l’environnement dans lequel vi-vent les enfants entre trois à cinq ans est détermi-nant dans le développement de leur capacité d’ap-prentissage et de leur caractère, la direction géné-rale des Ecoles du Patriarcat latin a ouvert des éta-blissements qui s’adressent aux plus petits, les Kin-dergarten. Des écoles primaires puis secondairesconduisent ensuite les élèves jusqu’à l’équivalentdu Baccalauréat, le Tawjihi. Ainsi les enfants sontaccompagnés dès leur plus jeune âge et jusqu’audébut de l’âge adulte.

Un enseignement dans la foiet en faveur de la paix

Pour répondre aux attentes actuelles des élèveset des ministères, la direction des Ecoles a lancé un

les rendent employables ; qu’ils servent les autres parleurs dons et talents ; et ainsi de suite.

Cela reste vrai en Terre Sainte ; pourtant le contexteest différent. Là-bas, l’on pourrait également voir l’édu-cation comme un moyen de protéger les jeunes… lesplus vulnérables et ceux qui sont le plus exposés dansce monde de conflit, d’indifférence…d’abus…etc. Dansla culture chrétienne de l’éducation, la protection ne dé-coule pas de la construction de boucliers externes maisprovient plutôt d’une sorte de « force et de lumière inté-rieures » qui protège chacun de nous. L’école chré-tienne fournit les fondements d’un monde attentionnéet compatissant à travers l’hospitalité sacrée qui dérivedes relations que cela créé et maintient.

L’Ordre souhaiterait promouvoir une éducation dehaut niveau pour tout le monde, et c’est pourquoi il fi-

nance les écoles du Patriarcat (les ‘écoles paroissia-les’). Cette haute qualité qu’il recherche n’implique passimplement une performance – aussi importante soit-elle. Il recherche une éducation basée sur l’espoir,l’amour et la justice. Telles sont les qualités incarnéesdans la personne et qui formeront une base pour lapaix et la compréhension mutuelle.

Dans de nombreux pays, l’éducation est régie parles résultats mesurés par des indicateurs de perfor-mance clés. En considérant les écoles chrétiennes, lacage de fer des nombres doit laisser place à un héri-tage d’humanité dans lequel priment les valeurs humai-nes qui naissent de la justice, de l’espoir et de l’amour.Ce sont les valeurs qui auront un pouvoir transforma-teur – en formant les peuples empreints d’espérance.C’est ce dont la Terre Sainte a besoin.

Le Gouverneur Général en visite dans un jardind’enfants du Patriarcat latin : la direction générale des

Ecoles du Patriarcat latin a ouvert des établissementsqui s’adressent aux plus petits, convaincue que

l’environnement dans lequel vivent les enfants entretrois à cinq ans est déterminant dans le développement

de leur capacité d’apprentissage et de leur caractère.

L’ORD

RE E

T LA

TER

RE S

AIN

TE


La question du financement par l’Ordre de l’éduca-tion des enfants musulmans se pose souvent. Il y a denombreux enfants musulmans dans les écoles du Pa-triarcat (59% d’étudiants dans les écoles du Patriarcatlatin sont chrétiens ; 41% sont musulmans). Le dialo-gue interreligieux est un réel défi missionnaire, et ilpourrait y avoir de plus grandes menaces aux valeurschrétiennes dans la sécularisation que dans d’autresintérêts religieux (sauf dans le cas de l’extrémisme).Nous devons entendre les voix des chrétiens en TerreSainte. Ce sont les voix de la raison et de la paix.

La citation qui introduit cette série de commentai-res, « Nous avons besoin d’une nouvelle spiritualité.Une spiritualité qui intègre l’Espoir de l’Evangile à ladouleur de chaque jour de notre vie », est tirée deconversations avec les directeurs des écoles du Pa-triarcat qui exprimaient la frustration des grandes

communautés dans un environnement de défi perma-nent et de sentiments d’isolement.

Ainsi, l’Ordre se perçoit comme un soutien descommunautés chrétiennes à travers l’enseignementen tant que ministère d’espoir dans le service des jeu-nes. Il est passionné dans la quête de moyens poursoutenir les efforts de paix au Moyen Orient. La globa-lisation de l’indifférence représente un obstacle detaille à cet égard, mais il existe une conscience répan-due selon laquelle une population éduquée est unprérequis essentiel pour la paix.

Une éducation inspirée par la conviction qu’il s’agitd’un élément vital pour l’humanité demeure une prio-rité pour l’Ordre. C’est grâce à la générosité de nom-breuses personnes que l’Eglise peut faire la diffé-rence en ce sens.

grand programme de réformes qui visent à remet-tre les élèves au centre du système, améliorer lesuivi professionnel des professeurs et augmenterl’autonomie des écoles. Ainsi, chaque école a pourmission aujourd’hui de proposer une politique deformation et d’accompagnement de carrière desprofesseurs permettant d’accroître leur motivationet de cette façon fournir une meilleure qualité d’en-seignement et d’apprentissage des élèves.

Comparé à d’autres écoles publiques ou privées,les infrastructures des écoles du Patriarcat sontparfois vieillissantes. Cependant, ces écoles ont àcœur d’appliquer les méthodes éducatives moder-nes conformes aux exigences des divers pays danslesquelles elles se développent, que ce soit pour lesactivités scolaires, sportives ou culturelles. Ainsi,chaque année de nouveaux projets voient le jourpour améliorer l’enseignement et l’éducation desélèves : espaces remis à neuf, modernisation du ma-tériel... Ces travaux sont soutenus partiellement ouen totalité par des donateurs, en tout premier lieupar les Chevaliers et Dames de l’Ordre.

Les écoles proposent aux élèves des program-mes complémentaires, éducatifs, récréatifs et so-ciaux, tels que « Génération globale », qui favorisel’échange avec d’autres élèves via Skype, ou encorel’accueil d’amis qui visitent la Palestine et la Jorda-nie en pèlerinage, et aussi la conduite d’atelierscentrés sur la coexistence et le dialogue interreli-gieux, également enfin des partenariats avec le Ré-seau Barnabé, organisation qui propose une aide à

l’enseignement de la langue française.Les écoles paroissiales offrent un environne-

ment dans lequel on peut voir surgir des vocationsreligieuses et sont aussi des lieux d’œcuménismepar excellence. Depuis leur création, ces écoles ac-cueillent des élèves de toutes les communautés, detoutes les dénominations et leur offrent une solideformation religieuse, morale et intellectuelle. LePère Iyad Twal commente à cet égard : « Nos écolesreprésentent la majorité des écoles chrétiennes dePalestine avec, pour but commun, de vivre les va-leurs de l’Eglise catholique, assurer une coopéra-tion entre chrétiens de différentes paroisses, et en-fin promouvoir la coexistence entre chrétiens etmusulmans. Notre action ne se caractérise pas uni-quement par une dimension religieuse mais parl’épanouissement de l’élève lui-même, peu importesa religion. Nous nous distinguons par notre ouver-ture d’esprit et notre volonté d’insister sur la per-sonnalité de chaque élève et son propre développe-ment au sein de la société ».

Les écoles latines travaillent ensemble au déve-loppement humain et social des populations quisont le plus en difficulté en Terre Sainte. En soute-nant ces établissements scolaires fondamentale-ment liés à la pastorale diocésaine, l’Ordre duSaint-Sépulcre permet de limiter l’émigration chré-tienne des villages vers les villes, voire même l’émi-gration internationale, favorisant la vie des catholi-ques locaux sur la terre de leurs ancêtres qui ne se-rait plus elle-même sans la présence chrétienne.


Le père Sergio Rotasperti est bibliste et accom-pagne depuis des années des groupes de pèle-

rins en Terre Sainte. Au fil des ans, il a expéri-menté quelques propositions ad hoc, des pèlerina-ges avec la Bible en main lors desquels l’on consa-cre plus de temps à la méditation de la Parole deDieu, aux trekkings bibliques, des chemins à piedsur la « Terre du Saint ».

Père Sergio, vous guidez depuis des années lespèlerinages en Terre Sainte « Avec la Bible enmain ». Que pouvez-vous nous raconter à cetégard ? Il y a de nombreuses façons de se rendre en

Terre Sainte, et l’une des manières les plus profon-des est de s’y rendre en essayant de comprendre lesEcritures, en commençant par Jérusalem. L’on seréapproprie les Ecritures au moment où on les faitrevivre par les yeux. Il s’agit d’un élément communà de nombreux pèlerins. Beaucoup de gens me di-sent : « maintenant que je rentre à la maison, je

comprends les Ecritures », car ils peuvent sansdoute localiser le lieu de l’événement. Lire les Ecri-tures sur place signifie donner corps, yeux, parfum,sentiments…tout ce qu’une lecture uniquementmentale ou éloignée de la terre ne peut offrir.

J’ai poursuivi mes études bibliques durant denombreuses années, mais lorsque je suis allé enTerre Sainte, mes yeux se sont ouverts : la TerreSainte ne suffit pas à lire les Ecritures mais si vousne les lisez pas en Terre Sainte, votre façon de lirela Bible demeure limitée ou limitante. En effet,nous l’appelons le Cinquième Evangile.

Il est clair que la relation entre Bible et TerreSainte ne s’épuise pas lorsque l’on se rend en TerreSainte. La Terre Sainte déplace certains nœuds deconnaissance biblique archéologique et si l’on saitbien présenter la Bible, celle-ci parvient à susciterdurant le pèlerinage l’amour pour les Ecritures quidoit continuer même après être rentré chez soi.Pour donner une dignité à cette terre, il faut repar-tir du langage biblique.

La Terre qui donne vie à la vie : entretienavec un guide de pèlerins en Terre Sainte

LE PÈLERINAGE, UN CHEMIN D’EGLISE


En vous écoutant parler, l’on perçoit à quelpoint la Terre Sainte n’est pas pour vous unlieu de travail mais recèle une expérience bienplus profonde et entière de votre existence…Pour moi, la Terre Sainte recèle symbolique-

ment tout mon être. Je crois que la géographie et lemonde biblique rappellent tout le monde intérieurd’une personne et, par conséquent, le mien aussi.

Lorsque je vais en Terre Sainte, je lis et relis avecles personnes les Ecritures, mais je me lis et reliségalement moi-même. En approfondissant cemonde, je me redécouvre mieux moi-même et ils’agit d’un exercice toujours nouveau. Les textesque nous lisons sont toujours les mêmes mais ilssont maïeutiques et ont le pouvoir de susciter enmoi une réponse en extrayant toujours des chosesnouvelles.

Vous avez également fait de nombreux trek-kings bibliques. En quoi la marche permet-elleun regard différent sur les lieux et les Ecritu-res ? L’expérience de la marche est unique et on ne

peut la comparer à aucun autre itinéraire. Lorsquel’on se déplace en bus, en général l’on découvre laTerre avec précipitation. La marche vous permet derécupérer la dimension du temps. De Nazareth àCapharnaüm, le bus met vingt minutes, une demiheure maximum. En parcourant à pied cette dis-tance, l’on peut mettre entre trois et cinq heures,mais le temps que l’on consacre à ce parcours et àen savourer les détails est incomparable.

Le long de la côte ouest irlandaise se trouveMáméan, un passage situé entre les monta-

gnes de Maamturk. L’on raconte que ce lieu étaitdéjà un sanctuaire aux temps des celtes et queles chrétiens l’ont transformé en sanctuaire chré-tien. Plus récemment, aux XVIII et XIX siècles, àl’époque des Lois Pénales1, étant donné qu’ilétait difficile d’y accéder, il devint un lieu idéalpour célébrer clandestinement la Messe. Le pèreFrancis Mitchell, Cérémoniaire ecclésiastique de

la Lieutenance pour l’Irlande de l’Ordre du Saint-Sépulcre et secrétaire diocésain de l’archevêquede Tuam, raconte l’expérience touchante qu’a re-présenté, Vendredi Saint dernier, le parcours dela Via Dolorosa, en méditant la passion du Christavec 150 jeunes dans ce lieu spécial. Il nous rap-pelle ainsi que l’expérience du pèlerinage enTerre Sainte, que chaque Dame et Chevalier del’Ordre est appelé à vivre, peut être souvent ré-pliquée à quelques pas de chez soi:

Quand l’expérience des pèlerinsen Terre Sainte peut se vivre chez soi

Le Père Sergio Rotasperti, bibliste, en pèlerinageen Terre Sainte (à gauche sur notre photo), iciconcélébrant avec Mgr Giovanni Tonucci,archevêque et prélat émérite de Lorette,membre de l’Ordre.


Il y a deux ans, j’ai fait le chemin de Jénine à Jé-richo. Il ne s’agit pas d’un trekking spécifiquementbiblique mais l’expérience que j’ai eue avec le peu-ple palestinien, en foulant la terre des patriarches, aété merveilleuse. Nous nous sommes sentis accueil-lis par un peuple et nous nous en sommes sentisdans le même temps entièrement dépendants, c’estquelque chose que l’on ne peut décrire.

Celui qui choisit de faire un trekking ressent engénéral le désir de quelque chose de plus profondet souvent sur le chemin, l’on vit une expériencesemblable à celle des disciples d’Emmaüs. Le longdu chemin, vous échangez avec l’inconnu et lesquestions de la vie émergent. Sur cette terre, les

personnes ouvrent tout de suite leur cœur, vous en-trez dans un climat dans lequel l’on s’accorde untemps à soi-même et à l’autre, nous lisons les Ecri-tures qui sont la clé de lecture de la journée et nousabaissons les barrières. Les murs qui peuvent exis-ter entre les personnes qui ne se connaissent pasdisparaissent comme par magie et l’on ne craint pasde se mettre à nu.

Je pense que c’est là l’un des dons de la marcheà pied sur cette terre car lorsque quelqu’un décided’aller en Terre Sainte et de le faire à pied, il partdéjà avec un désir, une question à laquelle il cher-che une réponse – qu’elle soit humaine ou spiri-tuelle –, une douleur, ou bien c’est quelqu’un qui

« Dans sa Lettre apostolique Sanctuariumin Ecclesia, le Pape François écrit : « Le Sanc-tuaire possède dans l’Eglise une “grande va-leur symbolique” et se faire pèlerins est uneauthentique profession de foi ». Bien entendu,se rendre en pèlerinage sur le sommet d’unemontagne n’a rien de nouveau. Les spécialis-tes des Ecritures nous disent que les monta-gnes sont mentionnées plus de 500 fois dansla Bible et, étant donné que les sommets desmontagnes sont plus proches de Dieu qui« habite au-dessus de la voûte qui couvre laterre » (Is 40, 22), celles-ci sont devenues deslieux de prière (Mt 14, 23) et souvent des locipour les révélations divines (Mt 17, 1-13).

Le pèlerinagepermet

d’approcherl’Evangile au plusprès, sur les lieux

que le Christ et sesapôtres eux-

mêmes ont connu.Le lac de Tibériadeest un des sites lesplus évocateurs à

cet égard. L’ORD

RE E

T LA

TER

RE S

AIN

TE


se trouve en situation conflictuelle ou qui doit faireun choix.

Durant ces années de pèlerinage, pouvez-vousnous parler d’une situation ou d’une personnequi est particulièrement restée gravée dans vo-tre cœur ?L’histoire que je m’apprête à raconter a évangé-

lisé ma vie ainsi que ma manière de penser la mort.Un couple cherchait depuis longtemps à se rendreen Terre Sainte mais, pour une raison ou pour uneautre, ils n’étaient jamais parvenus à partir. Lafemme s’est vu diagnostiquer un cancer des os aumoment de leur trentième anniversaire de mariage.Avant de mourir, elle a dit à son mari qu’elle voulaitfaire ce pèlerinage en Terre Sainte et ils décidèrentd’y aller avec leur fils. Bien entendu, aucune agencene voulait les y emmener. L’agence avec laquelle jecollabore m’a donc contacté pour me dire qu’ellen’avait pas le cœur de refuser leur requête et m’ademandé si je pouvais accompagner ce groupe.

Durant le pèlerinage, nous avons eu l’occasiond’aller à l’ermitage de Gethsémani et cet après-midi-là, j’ai donné du temps pour la prière person-nelle. La femme m’a demandé à recevoir l’Onctiondes malades et nous avons tout préparé dans la pe-tite chapelle. Avant le rite, une autre personne dugroupe s’est levée et a demandé à recevoir le sacre-ment car – a-t-elle dit au groupe à ce moment-là –elle était également atteinte d’un cancer. Puis uneautre personne a suivi… J’ai été tellement touchépar ce que les gens portent dans leur cœur.

Quelques mois plus tard, la première dame estmorte et après quelques temps, j’ai eu des nouvellesdu fils de ce couple. Les mois qui ont suivi le pèleri-nage – comme il me l’a raconté – ont été pleins desouffrance en raison de la maladie mais sa mamancontinuait à répéter qu’en repensant à la Terre Sainte,elle avait la force de continuer et n’avait pas peur.

Je pense que l’Esprit Saint agit de façon quenous ne comprenons pas. Cette expérience m’aévangélisé et m’a enseigné le courage de semer etdonner de la force. La Terre Sainte donne vie là oùelle manque en apparence. La lecture biblique etspirituelle donne vie à la vie.

Le pèlerinage ne consiste pas tant à visiter deslieux. La Terre Sainte évangélise les personnes, toutcomme elle a évangélisé cette femme. La mémoiredes lieux du Seigneur l’a fait aller au devant de lamort avec sérénité, malgré les grandes souffrances.Je peux témoigner du fait que pour beaucoup depersonnes, quoique de manière différente, l’expé-rience est profondément la même.

Et un lieu ? Le plus bel endroit qui soit pour moi est le dé-

sert. Je crois que le Néguev est le lieu qui me fas-cine et me parle le plus par son silence. Il vous per-met d’entrer en vous-même, en Dieu, dans la na-ture et l’histoire. Il me semble entendre à nouveauOsée, « C’est pourquoi je vais la séduire, je vaisl’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur àcœur » (Os 2, 16), et les nombreuses pages bibli-ques qui parlent du chemin de ce peuple.

Ayant été avant tout invité par la Grâce divine àescalader la montagne et en se donnant ensuite lapossibilité d’y rencontrer Dieu, qui est amour, lepèlerin ne peut pas ne pas changer comme ce futle cas de Moïse, des disciples sur le Mont de laTransfiguration et également de Jésus lui-même.Lorsque le pèlerin fait ce qu’il peut pour accompa-gner Jésus dans son pèlerinage du Vendredi Saint,il vivra un changement similaire à celui de Simonde Cyrène à la Cinquième Station et sera bénid’une manière spéciale et personnelle, comme Vé-ronique, pour son acte de tendresse à la SixièmeStation.

Máméan est bien loin du Golgotha. Il est peuconnu même en Irlande de l’Ouest, alors en TerreSainte, n’y pensons pas. Mais chaque année, leVendredi Saint, sa Via Crucis est sanctifiée par lespieds du peuple pèlerin de Dieu qui vient et s’unitau chœur universel : « Nous t’adorons, Christ, etnous te bénissons car par ta Sainte Croix, tu as ra-cheté le monde ».

1 Les lois pénales étaient un ensemble de lois s’appli-quant en Irlande imposées par le gouvernement britanni-que et qui retirait tout pouvoir à la majorité catholique dupays.


Par le Père Gianni ToniPrieur de la Délégation de l’Ordre à Latina

et Assistant régional d’Unitalsi pour le Latium

Les lignes qui suivent ont pour but de raconter àchaque Dame et Chevalier du Saint-Sépulcre le

rétablissement d’un pèlerinage ancien mais nou-veau dans la pratique. A notre époque où l’on parletant des immigrés et des gens qui fuient leurs ter-res, je désire parler d’une famille qui nous est chèreà tous, et qui dut fuir la malveillance des puissantspour se mettre en quête d’un lieu sûr : la Sainte Fa-mille et sa fuite en terre égyptienne.

Le pèlerinage dont je vous parle a eu lieu du 15au 21 juin dernier avec presque cinquante partici-pants, catholiques et coptes orthodoxes. Le groupeétait mené par l’évêque catholique de Viterbe etPrieur de l’Ordre du Saint-Sépulcre, Mgr Fuma-galli, l’évêque copte orthodoxe pour l’Italie Bar-

naba El Soryany et moi-même, Prieur de la Déléga-tion de Latina, avec la présidente d’Unitalsi pour leLatium, Madame Preziosa Terrinoni.

L’expérience que le groupe a vécue a été propé-deutique pour ceux qui voudront recommencer cepèlerinage en partant de n’importe quelle région dumonde, avec une destination certaine : un retouraux racines de notre foi, sur la Terre de Dieu, pourredécouvrir le sentiment élevé de se sentir fils dumême Père et frères entre nous. Et c’est ce conceptqu’a souligné Mgr Giacinto Marcuzzo du Patriar-

cat latin de Jérusalem :« C’est une initiative qui abesoin d’être revécue deplusieurs façons car il n’y aqu’ainsi que l’on pourra ar-river à l’unité tant désiréepar chaque cœur humain at-tentif à l’autre ».

Vers de nouvelles destinationssur les Terres de la Bible

Le Père Gianni Toni,Prieur de l’Ordre prèsde Rome, a rencontréThéodore II, le papecopte orthodoxedurant sonpèlerinage en Egypte,sur la terre de laSainte Famille.

Un pèlerinage œcuménique en Egypte

L’ORD

RE E

T LA

TER

RE S

AIN

TE


Dans la région de Maadi, avec son sanctuaire dela Vierge Marie – lieu que la population localecommémore comme l’endroit où la Sainte Familleembarqua pour la Haute-Egypte – il a été émou-vant de voir plus de 500 personnes, musulmanes etchrétiennes, avoir le désir de témoigner ensembleet de souhaiter la bienvenue à ceux qui venaient vi-siter ce souvenir d’une histoire pour eux plus vi-vante que jamais.

L’une des Messes denotre pèlerinage a été cé-lébrée à l’Hôpital italien :nous y avons prié, immer-gés dans la fraternité in-terconfessionnelle, pourceux qui ont versé leursang en raison de leur foiou à cause de la violence.L’on vit ici un type d’œcu-ménisme très particulier :celui du martyre, car lesang chrétien ne connaîtpas de distinctions théolo-giques.

Durant le pèlerinagesur la terre de la SainteFamille, la rencontre avecle pape copte orthodoxe,Théodore II, ne pouvaitmanquer. Celui-ci a bien

Les pèlerinages enEgypte sont aussiune forme de soutienmoral envers lescommunautéschrétiennes localesminoritaires.

manifesté sa joie par son accueil fraternel et richede sympathie à l’égard du Pape François, et en ter-minant par l’invitation à ne pas oublier de prier lesuns pour les autres.

Mais vivre cette expérience en terre égyptiennenous a surtout conduits à nous confronter à uneréalité présente dans de nombreuses régions dumonde : l’ascétisme ainsi que la vie érémitique etmonastique. C’est en Egypte qu’est né, lors destous premiers siècles du christianisme, le mona-chisme qui planta ses racines dans le désert grâce àAntoine l’ermite et à saint Pacôme.

Grâce à l’évêque copte orthodoxe Barnaba,nous avons eu l’opportunité d’en faire l’expériencedans le désert égyptien du monastère copte deWadi el Natrun (à environ soixante-dix kilomètresau sud du Caire), dont la présence monastique at-teint les 150 membres.

Nous avons eu l’occasion de connaître leur ac-cueil fraternel et de célébrer la Sainte Messe, à la-quelle ont participé également une quinzaine demoines avec l’évêque du monastère, et qui a étéprésidée par notre évêque, Mgr Fumagalli. A laquestion de savoir comment ils étaient arrivés à cegeste inattendu, la réponse de Mgr Barnaba a étépour le moins élémentaire mais très efficace :« Nous sommes tous chrétiens ».

En notre for intérieur, nous sommes convaincus,pour en avoir fait l’expérience, que parler d’unitéet d’œcuménisme signifie avant tout parler de« rencontres vers l’autre » et l’autre est toujours unfrère…image de Dieu créateur .

DEPUIS 1975

Ordre du Saint-SépulcreOrdres Equestres Pontificaux

Ordre de MalteOrdres Dynastiques de l’Italie et de la République

DÉCORATIONS DES ORDRES CHEVALERESQUES

Via dell’Orso, 17 - 00186 Roma - Italia � Tel/Fax: (+39) 06 68307839 � [email protected]

La rencontre des Lieutenants d’Amérique la-tine s’est déroulée en Argentine, à BuenosAires, après les investitures présidées dans

cette ville par le cardinal Edwin O’Brien, GrandMaître. Le Gouverneur Général Leonardo Viscontidi Modrone considère que cette réunion continen-tale a été très importante pour contribuer à sensibi-liser davantage encore les habitants de la région à lacause de la Terre Sainte. “L’Amérique latine est trèséloignée du Moyen-Orient et l’Ordre favorise unrapprochement réciproque, à travers la solidaritéenvers nos frères et soeurs chrétiens des territoiresbibliques”, souligne-t-il, ajoutant que les Lieute-nants sud-américains ont apprécié d’être informésle plus directement possible des décisions récentesprises par le Grand Magistère.

“Nous avons fait savoir aux Lieutenants la nou-velle orientation de notre aide, plus spécifiquementen direction de la formation et de l’enseignement,car l’éducation est le plus sûr moyen de préparerun futur meilleur, c’est l’édifice humain qui nousimporte”, rapporte le Gouverneur Général après cevoyage auquel il prit part aux côtés du Grand Maî-tre.

En Argentine, la visite des responsables de l’Or-

dre a donc ravivé l’intérêt pour la Terre Sainte,contribuant à faire sortir les Lieutenances localesde leur quotidien et les ouvrant aux nouveaux défisqui se présentent au Patriarcat latin de Jérusalem.Les Lieutenants des nations-mères du continentsud-américain, Espagne et Portugal, ont enrichicette réunion par leur présence, dans une dynami-que de dialogue entre les pays lusophones et hispa-nophones.

“Nous envisageons la nomination d’un Vice-Gouverneur Général pour l’Amérique latine, afinde mieux coordonner l’action des Lieutenances, del’Argentine, de la Colombie, du Venezuela et duBrésil”, précise le Gouverneur Général, confiant

que l’Ordre prévoit ausside s’implanter officielle-ment au Chili où vivent detrès nombreux descen-dants d’immigrants pales-tiniens chrétiens. LeMexique, qui fait partiede l’Amérique du Nord,serait placé sous la res-ponsabilité du nouveauVice-Gouverneur pour

La viedes Lieutenances

Echos des grands rendez-vousde l’Ordre en Amérique et en Australie

Le Grand Maître del’Ordre et leGouverneur Généralont fêté les 130 ansde la Lieutenancepour l’Argentine aucours d’une rencontrehistorique à BuenosAires, où se sontdéroulées aussi lesinvestitures denouveaux membres.

Premières rencontres continentales du Gouverneur Général Visconti diModrone avec les Lieutenants de l’Ordre au cours du printemps 2018


l’Ibéro-Amérique, notammentpour une raison de cohérencelinguistique.

Ce projet et toutes les ini-tiatives de l’Ordre ont été pré-sentés dans la prière, en parti-culier devant la statue duChrist Rédempteur, à Rio deJaneiro, où se sont rendus en-suite les responsables romainsde l’Ordre. Le GouverneurGénéral a également rencon-tré l’archevêque de Rio de Ja-neiro – Grand Prieur de laLieutenance – et le clergé en-gagé à accompagner spirituel-lement les membres des deuxactuelles Lieutenances del’Ordre au Brésil.

Quelques semaines après,aux côtés du Grand Maître, leGouverneur Général était àToronto, pour la réunion desLieutenants d’Amérique du Nord, à laquelle il pre-nait part pour la première fois. “J’ai pris le tempsd’écouter chacun personnellement et j’ai tenu à lesremercier pour l’effort considérable fourni au ser-vice de nos frères et soeurs de Terre Sainte”, remar-que-t-il, saluant en particulier l’action du Vice-Gouverneur d’alors, Patrick Powers.

L’intérêt pour la Terre Sainte est très fort auxEtats Unis et au Canada, manifesté par une généro-sité immense. Beaucoup de personnes qui ont éco-nomiquement réussi outre-Atlantique donnent auprofit des populations en difficulté, soutenues encela par un dispositif législatif favorable.

Le troisième grand rendez-vous important duprintemps dernier était la rencontre avec les Lieu-tenants européens que le Gouverneur Généralconnaissait déjà pour certains, ayant été présent àplusieurs investitures depuis sa prise de fonction en2017.

“Contrairement à ce qui se vit en Amérique duNord ou en Amérique du Sud, où il y a une cer-taine homogénéité culturelle, la question de la di-versité des langues et des cultures reste une diffi-culté en Europe, même si le lien historique à laTerre Sainte est très ancien et fédérateur”, note-t-il.

“Je cherche à favoriser l’unité dans l’Ordre et en

même temps la liberté d’ini-tiative au plan local ; ces ren-contres intercontinentalesavaient aussi pour but depréparer la Consulta qui seréunira en novembre à Romesur le thème de la mission duLieutenant”, conclut le Gou-verneur Général Visconti diModrone qui a déjà suggéré

plusieurs nominations décidées par le Grand Maî-tre, cherchant à mettre en valeur des personnalitésà la fois compétentes, enracinées dans leurs diocè-ses, dotées d’un esprit de service et capables defaire l’unité à tous les niveaux.

“L’Ordre ne sera jamais une ONG, nous som-mes une institution d’Eglise, où les valeurs chré-tiennes d’humilité, de charité, et d’obéissance, doi-vent être cultivées”, affirme-t-il avec force. L’actionde l’Ordre dans ce sens s’oriente toujours davan-tage vers le service de la personne humaine, essen-tiellement à travers les oeuvres d’éducation au dia-logue et au vivre-ensemble, qui sont autant de ga-ranties pour la paix à long terme en Terre Sainte etau Moyen-Orient.

F.V.

Le cardinal O’Brien,le GouverneurGénéral Visconti diModrone et leChancelierBastianelli devant lastatue du ChristRédempteur, à Rio,en compagnie desresponsables locauxde l’Ordre.


Le 30 août 2018, le cardinal Grand Maître Ed-win O’Brien, avec son secrétaire le Père JohnBateman, a quitté Rome pour le grand sud et

la Nouvelle-Zélande. Ils sont arrivés à Perth en Aus-tralie-Occidentale pour être reçus à la Lieutenanced’Australie-Occidentale.

Le séjour s’est poursuivi par la Lieutenance pourl’Australie du Sud à Adélaïde, la Lieutenance pourl’Australie-Victoria à Melbourne, la Lieutenancepour l’Australie-Nouvelle-Galles du Sud à Sydney,puis la Délégation magistrale de Nouvelle-Zélande àAuckland et enfin la Lieutenance pour l’AustralieQueensland à Brisbane. Cette visite fut chargée etexigeante et ils ont quitté l’Australie le 20 septem-bre pour Philadelphie et New York avant de rentrerà Rome le 2 octobre. Je les ai rejoints à Perth, enAustralie-Occidentale, dès le 1er septembre.

C’était la seconde fois que le Grand Maître ef-fectuait un long voyage en Australie et la troisièmefois qu’il se rendait à Adelaïde et à Melbourne. Lesmembres de l’Ordre dans toute l’Australie ont saluésa visite avec grand enthousiasme et leurs prépara-tifs pour leurs veillées et Investitures furent menésavec diligence grâce aux efforts du Père John Bate-man qui a fourni ses conseils plusieurs mois avant lavisite. Vingt-cinq Chevaliers et Dames ont été inves-tis par le cardinal O’Brien durant ces quelquesjours. Un nouveau Prieur pour la Lieutenance pourl’Australie-Victoria, Mgr Peter A. Comensoli, a prisses fonctions à la cathédrale Saint-Patrick à Mel-bourne. De même, Mgr Tim Harris, de Townsville

au nord du Queensland, où il y a une section de laLieutenance Queensland, a été investi en tant queChevalier de l’Ordre dans la cathédrale Saint-Etienne à Brisbane. Il agira en tant que Prieur coad-juteur auprès de la section du Queensland du Nord.

L’effort déployé par les différents conseils pourorganiser diverses activités sociales a produit desrassemblements mémorables sur le continent. Laplupart des Lieutenants (et Délégués magistraux) etdes membres de leurs conseils se sont rendus à lamesse du cardinal chaque matin dans les différentesvilles. Alors qu’il était en Australie, le Grand Maîtrea fait circuler parmi les membres du monde entiersa lettre sur le scandale des abus sexuels sur mi-neurs dans l’Eglise et il s’est exprimé avec force surle sujet lors du dîner formel pour chaque Lieute-nance et Délégation magistrale. L’on peut dire queles Chevaliers et Dames ont trouvé cela éclairant etqu’ils étaient très heureux d’entendre des motsaussi forts dans un tel espace public. Ils ont claire-ment marqué leur approbation envers son leader-ship. Durant son voyage, Son Eminence a à plu-sieurs reprises parlé de la situation critique deschrétiens palestiniens et du besoin d’accroître lesdons en raison du retrait des aides américaines.

Je peux sans aucun doute attester de l’intensitéet des grandes exigences du voyage en Australie eten Nouvelle-Zélande, que Son Eminence a entreprisdans la joie.

Paul C BartleyVice-Gouverneur Général pour l’Australie et le Pacifique

Le Grand Maître a visité les membresde l’Ordre en Océanie


« Ne pensons pas uniquement à ceux qui sontdéjà béatifiés ou canonisés. L’Esprit Saint répandla sainteté partout, dans le saint peuple fidèle deDieu […]J’aime voir la sainteté dans le patient peuple deDieu : chez ces parents qui éduquent avec tantd’amour leurs enfants, chez ces hommes et cesfemmes qui travaillent pour apporter le pain à lamaison, chez les malades, chez les religieusesâgées qui continuent de sourire ».(Gaudete et Exsultate 6-7)

Nous avons sans doute toujours su à un niveauconceptuel que nous étions tous appelés à la

sainteté et qu’il ne s’agit pas d’une destinée réser-vée aux ecclésiastiques et aux religieuses qui ontchoisi de consacrer spécialement leur vie à Dieu.Nous savions sans doute qu’en vertu de notre bap-tême, nous étions nous aussi appelés à être saints.Mais il se peut que nous n’ayons pas toujours crujusqu’au bout à cette possibilité.

En 2018, le Pape Fran-çois a voulu rappeler avecsimplicité cette vocationcommune, dans une Exhor-tation apostolique qui sevoulait non pas un traité surla sainteté ou sur les moyensde sanctification mais unefaçon de « faire résonnerune fois de plus l’appel àla sainteté, en essayant del’insérer dans le contexte ac-tuel, avec ses risques, sesdéfis et ses opportunités.En effet, le Seigneur a éluchacun d’entre nous pourque nous soyons ‘saints etimmaculés en sa présence,

dans l’amour’ (Ep 1, 4) ». (GE 2)Nous avons alors demandé à nos membres de

nous raconter en quelques mots en quoi le texte duSaint-Père les avait stimulés dans leur réflexion surleur chemin de foi au sein de l’Ordre du Saint-Sé-pulcre. Comment notre appel de Chevaliers et Da-mes nous aide-t-il à trouver notre voie vers Dieu etvers les autres dans la vie quotidienne ? Le PapeFrançois, reprenant à son compte l’intuition duConcile Vatican II, « chacun selon sa vocation », atout de suite voulu fuir toute tentation d’uniformi-sation : « Ce qui importe, c’est que chaque croyantdiscerne son propre chemin et mette en lumière lemeilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposéde vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) et qu’ilne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chosequi n’a pas été pensé pour lui ». (GE 11)

« Nous avons été appelés à être saints dans ceque nous sommes. Pour moi cela signifie que jedois être saint avant tout comme époux et pèremais aussi comme Chevalier du Saint-Sépulcre »,

L’Exhortation apostolique Gaudete et Exsultateinspire la vie des Chevaliers

et Dames de l’Ordre

APPELÉS À LA SAINTETÉ QUOTIDIENNE

LA V

IE D

ES L

IEU

TEN

AN

CES


confie Petar-Kresimir. « En lisant l’Exhortation, jeme suis senti encouragé à accepter les Béatitudescomme un guide sûr sur le chemin de la sainteté. Jeme suis rendu compte qu’elles devraient être lacarte d’identité que j’ai reçue le jour de mon Bap-tême, une carte qui n’expire pas car j’ai été créépour l’éternité ».

Il y a, au sein de l’Ordre, de nombreux couplesqui vivent leur appel à la sainteté à partir de leurdimension de vie conjugale. Maria et Adolfo racon-tent ainsi : « Cet amour extrême du Christ que l’onrevêt dans l’amour conjugal est ce qui doit configu-rer notre existence. Cependant cet amour ne seraitpoint fécond si nous comprenions ce mot unique-ment en relation avec les enfants qui naissentcomme fruit du couple, sans élargir notre cœur auservice envers autrui ». Cette dimension d’amourélargi est ce que l’Ordrepropose de vivre en s’ou-vrant toujours plus aux né-cessités de nos frères etsœurs en Terre Sainte.

« Les fidèles laïcs ontplus que jamais besoin desentir qu’ils font partie inté-grante de l’Eglise catholi-que et de savoir que la sain-teté est accessible à tous »,

commente Claude Grbesa, Délégué magistral pourla Croatie qui annonce que la lecture de Gaudete etExsultate fera désormais partie d’un processus deformation de futurs membres.

« La double mission spécifique du Chevalier etde la Dame du Saint-Sépulcre, qui sont constam-ment appelés à approfondir et à consolider leur foiet à soutenir la présence chrétienne en Terre Sainte– poursuit-il – créé une situation favorable pouravancer sur le chemin de la sainteté ». Ce chemin sevit en communauté et c’est précisément pour celaque la vie de Lieutenance et de Délégation magis-trale s’emploie à offrir à chaque membre uncontexte adapté d’accompagnement et de partage.

A cet égard, Roberto partage l’expérience qu’ila vécue à une période compliquée de son histoire,durant laquelle « l’Ordre Equestre du Saint-Sépul-cre [lui] a donné un Président de Section qui a étéun vrai père spirituel pour [lui], un savant conseil-ler en plus d’être un brillant exemple. Tout commel’a du reste été un autre confrère par la suite ». Etlui d’ajouter : « Et comme preuve que le Seigneurne nous laisse jamais seuls durant nos journées, il ya le fait qu’à côté de nous se trouvent des sentinel-les qui nous aident à veiller, à ne pas nous découra-ger face aux épreuves et à regarder toujours vers lesommet. Je peux dire avec franchise que j’ai pourma part trouvé ces sentinelles grâce à la fréquenta-tion de l’Ordre, redécouvrant avec plus de vigueuret d’enthousiasme le sens de la promesse que j’aifaite sur l’autel ».

Au mois d’août 2018, la Lieutenance pourl’Australie New South Wales a décidé de dédier sajournée annuelle de retraite précisément à la ré-flexion sur l’Exhortation apostolique Gaudete etExsultate, particulièrement pertinente pour un or-dre laïc comme le nôtre. La retraite a été prêchéepar sœur Isabell Naumann, professeur ordinaire àl’Institut catholique de Sydney. Sœur Naumann ainvité les participants à réfléchir en particulier auparagraphe 14 de l’Exhortation, en essayant decompléter le texte par sa propre réponse : Vousêtes un Chevalier ou une Dame ? Soyez saint…

Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évê-que, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois,nous sommes tentés de penser que la sainteté n’estréservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre

Beaucoup decouples mariés sontengagés dansl’Ordre, où ilscheminent ensembleavec d’autres vers lasainteté, cherchantà mettre l’Evangileen pratiquequotidiennement,dans leursoccupationsordinaires.


de la distance par rapport aux occupations ordinaires,afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Iln’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à êtredes saints en vivant avec amour et en offrant un té-moignage personnel dans nos occupations quotidien-nes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ouun consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton enga-gement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en pre-

s’agit de le renouveler chaque jour dans les lieux etévénements de notre histoire personnelle.

Mon histoire d’amour envers les Lieux Saints,envers les pierres vivantes de Jérusalem, débutedans les livres de théologie que je dévorais lorsquej’étais une jeune étudiante enthousiaste. A l’appro-che du terme de mes études qui ont duré de nom-breuses années (une Licence en théologie avec spé-cialisation en Catéchétique), je participe à un pèle-rinage en Terre Sainte : je désire une rencontre par-ticulière sur les lieux où l’Evangile se lit, s’écoute,se respire. Cette expérience me transforme et, bienque devant retourner à ma vie de toujours, je suisconsciente du fait que Jérusalem est devenue unepartie de moi, qu’elle a pris place dans mon cœur.

Les années passent, je rencontre la réalité del’Ordre dans ma paroisse et je commence à me po-ser des questions. Entre-temps, mon parcours de

Je marche dans les rues de ma ville d’adoption,Padoue, la ville du “Saint sans nom”, aimé même

au-delà de notre pays et de notre continent. J’ai surla tête un voile noir, et une cape de la même cou-leur m’enveloppe, m’étreint, comme j’aime à lepenser, comme pour préserver un ‘Oui’ prononcé ily a neuf ans sur l’autel, selon les Statuts de l’Ordredu Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Je suis en procession, comme chaque année le13 juin, et j’avance en songeant à l’Exhortation à lasainteté du Pape François. Le document tout entierest une invitation à rompre avec les habitudesconfortables pour se mettre à l’écoute de la voix duSeigneur qui nous appelle à être saints dans la sim-plicité du quotidien, dans l’épaisse trame des rela-tions humaines. L’invitation est forte et déstabili-sante dans le même temps, car il ne suffit pasd’avoir prononcé ce ‘Oui’ une fois pour toutes, il

Un parcours vers la saintetéau sein de l’Ordre

nant soin de ton époux ou de ton épouse, comme leChrist l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ?Sois saint en accomplissant honnêtement et aveccompétence ton travail au service de tes frères. Es-tupère, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint enenseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus.As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour lebien commun et en renonçant à tes intérêts person-nels. (GE 14)

Chacun d’entre nous pourrait peut-être au-jourd’hui placer sa propre histoire devant le Sei-gneur, dans la prière, et s’interroger sur la façondont, concrètement, sa vie est appelée à donner desfruits de sainteté.

Durant l’année 2019, nous partagerons intégra-lement dans nos publications certains témoignagesreçus au cours des derniers mois pour continuer ànourrir notre réflexion sur le thème de la sainteté.

Les pèlerinages dans les sanctuaires marialsentretiennent la foi des membres de l’Ordre quis’y rendent régulièrement, en plus de leurengagement à aller en Terre Sainte.

LA V

IE D

ES L

IEU

TEN

AN

CES


vie est marqué par certains ‘Oui’ fondamentauxpour mon existence : le mariage, le déménagementd’une ville du sud vers une ville du nord, l’accepta-tion de la volonté mystérieuse du Seigneur de nepas me faire don d’enfants pour rendre mon amourpour Luca, mon mari, complet et parfait. J’ai quoiqu’il en soit une vie pleine, qui se réalise dans monpetit noyau familial, dans mes rencontres avec leSeigneur dans l’Eglise, dans mes activités profes-sionnelles.

Mais je sens que cela ne suffit pas, j’ai besoind’autre chose, un sentiment d’inachevé persiste etje veux laisser la porte ouverte afin d’accueillir lavoix du Père.

Un jour, je prends mon courage à deux mains etenvoie un courriel à la Lieutenance pour l’Italie duNord : je désire parler avec un responsable. Noussommes le 31 décembre : je désire clore l’année enouvrant grand la porte à nouveau, à ce que le Sei-gneur me réserve encore. La réponse ne se faitguère attendre et en l’espace de quelques jours, jesuis mise en contact avec le Délégué de l’époquepour la ville de Padoue. Je me souviens bien de cetaprès-midi hivernal : je me trouvais dans le Cloîtredu Saint et j’étais émue, très émue. J’exprime mon

désir d’intégrer la GrandeFamille de l’Ordre, maiségalement les perplexitésqui me taraudent.

La réponse est simple :« Viens et vois par toi-

même, ensuite tu décideras si telle est vraiment tavoie ». J’explore cette réalité durant des mois etprend conscience du fait que, oui, c’est véritable-ment ce que Dieu veut pour moi. Mes perplexitésne se sont en réalité pas dissipées mais j’acquiersune nouvelle certitude : l’Ordre est constitué depersonnes qui, en tant que telles, exprimentl’amour, mais également de nombreuses faiblesseset des limites contrariantes. C’est à moi d’imiter lesmodèles de Sainteté, en laissant le reste de côté. Jepeux me souvenir de nombreux moments particu-lièrement heureux qui me lient à l’Ordre : le mo-ment où je suis pour la première fois enveloppéedans la cape et que je perçois Son étreinte bienveil-lance, lorsque je m’agenouille face au Saint-Sépul-cre en tant que membre de cette grande famille,lorsque je reçois le coquillage du pèlerin… Mais il ya également les fois où mon cœur se fait tout petitface aux diatribes prononcées pour ou contre nos

Gabriella Vecchio,Dame de l’Ordre (àgauche sur notrephoto), est membrede la Lieutenancepour l’Italie du Nord.


frères juifs ou palestiniens, aux chamailleries pourune place dans les processions, pour le titre deDame ou de Chevalier, qui parfois semble dépasserle privilège de la Charité au profit de sentimentsterrestres. La tentation est forte, la faiblesse infinie,l’unique espérance est le Père miséricordieux. Bienentendu, l’appartenance à l’Ordre ne se limite pasaux moments forts de rencontre où, tous ensemble,nous prenons de l’oxygène et nous chargeons deforce et d’espérance. Il y a en effet un autre typed’appartenance qui se concrétise dans la réalité duquotidien : dans la famille, avec les amis, au seindes associations, au travail. Le témoignage est dèslors fait non pas de mots mais de nombreux petitsgestes qui expriment le choix que l’on a fait, la ré-ponse à l’appel qui se renouvèle chaque jour.

Le mien se réalise dans ma petite famille com-posée de mon mari et moi, où même dans les mo-ments de fatigue, il faut essayer de sourire, de secomprendre et de s’aider réciproquement pouravancer dans la même direction. La force de notreamour l’emporte, toujours. Ma sainteté est égale-ment mise à l’épreuve au sein des groupes de classecar je suis enseignante à l’école primaire et je suisau service de nombreux enfants, beaucoup plusque ceux que j’aurais pu générer dans ma chair. Cesont des enfants qui ont tout sur un plan matérielmais qui ont parfois des difficultés dans les rela-tions, tout en ayant une grande soif d’amour. Au

fond, mes élèves ne sont pas très différents de leurscamarades du même âge qui fréquentent les écolessoutenues par l’Ordre et qui ont dans les yeux etdans le cœur une grande soif non seulement del’eau qui leur est refusée en raison de la fermeturedes puits, mais également de paix et de liberté.Nous, Dames et Chevaliers, sommes là pour cela,telle est notre mission, notre chemin vers la sain-teté. Mon appel à la sainteté se réalise encore dansla rencontre avec les nombreuses personnes quipassent par la « Scoletta del Santo » pour recevoirle pain de saint Antoine, pour se nourrir de labeauté des trésors artistiques ou parce qu’ils sont àla recherche d’un mot de réconfort, de sympathie,de proximité.

Je confesse que mon parcours est davantageconstitué d’obstacles que d’œuvres méritoires, maischaque fois que je suis sur le point de tomber,quelqu’un me soutient et je recommence.

Voilà ce que je suis. Ces quelques mots simplesrendent compte de ma vie. Je rends grâce au Sei-gneur pour ce qu’Il m’a offert et pour ce qu’Il meréserve encore, je Lui demande la force de toujoursme relever et à mes confrères, je demande le sou-tien dans la prière pour toujours entrevoir sur le vi-sage de ceux que je rencontre habituellement oupar hasard sur mon chemin, Son regard d’amour.

Gabriella VecchioLieutenance pour l’Italie du Nord, Section Vénétie

Igor Peter Pletikosa est un jeune Chevalierde l’Ordre du Saint-Sépulcre. Il a été investi

par le cardinal Edwin O’Brien, GrandMaître de l’Ordre, durant les Investitures

qu’il a présidées à Sydney en septembre2018. Enseignant âgé de 25 ans, Igor a

immigré de Yougoslavie vers la Terre Saintelorsqu’il avait 9 ans. Aujourd’hui, il vit en

Australie et est l’un des plus jeunesChevaliers de l’Ordre dans le monde. Voici

son témoignage pour La Croix de Jérusalem :

J’ai d’abord voyagé vers la Terre Sainte en tantqu’enfant et réfugié. Je suis né et ai passé les pre-

mières années de mon enfance en Yougoslavie. J’aiété baptisé « clandestinement » car j’appartenais auBloc de l’Est à l’époque. Lorsque j’avais 9 ans, mafamille s’est « enfuie » du Bloc communiste et nousavons émigré en Terre Sainte où nous avons trouvérefuge.

Le fait d’être en Terre Sainte offre un momentprofond dans lequel l’on est capable de pratiquerréellement sa foi. Cela est particulièrement vrai

Dans l’espoir de retourneren Terre Sainte en tant que Chevalier

LA V

IE D

ES L

IEU

TEN

AN

CES


dans mon cas. Depuis que j’aiété baptisé en secret, j’ai eutrès peu d’opportunités depratiquer la foi à laquelle mesparents m’ont initié à traversle Baptême. Ainsi, la vie enTerre Sainte fut vraiment mapremière opportunité d’expé-rimenter ma foi. A ce moment-là, à la fois en raison de monâge et de ma situation, je nesavais pas où j’en étais dansma foi – mais le fait d’être enTerre Sainte l’a faite vivre pour la toute premièrefois. Je me souviens en particulier avoir visité leSaint-Sépulcre, un lieu des plus merveilleux.

Ayant aujourd’hui immigré à Sydney, en Austra-lie, j’enseigne la religion dans un lycée catholique.Je reconnais la grande importance de cette missiond’aider les parents à former leurs enfants dans la

foi. Il est triste pour moi de rencontrerparfois des enseignants dans nos écolescatholiques qui ne partagent ni n’ensei-gnent notre foi catholique de manièreauthentique. J’ai fait le vœu de ne jamaisédulcorer, dénaturer ou pire encore, dé-former l’enseignement de l’Eglise. Nosjeunes ont besoin de la Vérité et ils laméritent ! Une telle confusion règnedans le monde ; je désire apporter la Lu-mière de la Vérité dans nos vies afin quemes élèves puissent découvrir la joie et laliberté que les enseignements de l’Eglisepeuvent offrir.

J’ai le désir, à travers mon expérienced’enfant en Terre Sainte et mon pèleri-nage futur sur cette même terre – au-jourd’hui en tant que Chevalier de l’Or-dre – d’utiliser cette opportunité de don-ner à mes étudiants une image concrètede ce que je leur enseigne en cours de re-ligion, en foulant la terre de Jésus et enpartageant ma propre expérience aveceux. Il s’agit de rendre la foi vivantepour eux, tout comme ce fut le cas pourmoi, et comme cela le sera encore lors-que je pourrai effectuer mon pèlerinageen Terre Sainte. Ce sera une opportunitéremarquable de me lier une fois de plusaux racines de ma foi, et un rappel demon évasion du communisme pour inté-grer la liberté que l’Eglise offre.

Dans le monde d’aujourd’hui, il n’estpas facile de trouver un groupe de per-sonnes avec lesquelles vous n’avez pas à

vous excuser de ce que vous êtes : un catholiquequi s’efforce de vivre une vie catholique. J’ai décou-vert que l’Ordre du Saint-Sépulcre était précisé-ment un groupe de cette espèce. Nous chérissons etnous nous réjouissons de notre foi catholique, etnul n’a à s’excuser de qui il est, de ce qu’il croit etreprésente.

Le jeune Chevalier Igor le jour de soninvestiture à Sydney, en compagnie duGrand Maître.

‘‘J’ai fait le vœude ne jamaisédulcorer, dénaturerou pire encore,déformerl’enseignement del’Eglise. Nos jeunesont besoin de laVérité et ils laméritent !

’’


La lieutenance de France a une riche expé-rience, ancienne, de la formation spirituelle,comprise comme activité de base. Mon pro-

pos ici vise les réunions régulières des groupes spi-rituels et commanderies (10 à 15 personnes), qui seréunissent approximativement neuf à dix fois paran. Dans ces réunions un rôle central est joué par letravail sur le thème national d’étude et d’approfon-dissement qui est choisi au niveau de la lieutenancechaque année (de septembre à juin).

Le thème de la lieutenance estchoisi par le Grand Prieur aprèsconsultation du Lieutenant et du res-ponsable national ; il donne lieu àl’élaboration de neuf fiches de quatreà six pages comptant normalementd’une part des extraits représentatifsde textes, et d’autre part des com-mentaires facilitant leur compréhen-sion et débat en réunion de comman-derie. Les textes en question sont soitdes extraits d’un document qui a étéretenu comme thème de l’année, soitdes textes des Ecritures, des Pères oudu Magistère pertinents pour le sujetretenu. En fin de commentaire, si lesujet s’y prête, il est tenté dans chaquefiche une approche spécifiquementtournée vers la vocation et la spiritua-

lité propre de l’Ordre. Ces fiches sont rédigées sous l’autorité du

Grand Prieur, éventuellement en collaborationavec lui, par le responsable national de la formationspirituelle. Le thème est choisi en mars et les fichessont rendues disponibles avant les vacances d’été,de manière à pouvoir être lues par tous pendantl’été, puis réparties entre les membres à la rentréede septembre, et travaillées par le groupe d’octobreà juin.

Cela débouche naturellement sur l’organisationde neuf séances de travail dans lesquelles un mem-bre de la commanderie prépare le débat en l’intro-duisant par une présentation de fond. Les fichessont construites pour pouvoir à elles seules servirde base à cette présentation et au débat qui la suit ;mais dans bien des cas les personnes en charge se

livrent en outre à une re-cherche propre, ajoutantd’autres données et pers-pectives à celles fourniesdans la fiche.

Il peut également se

La spiritualité au cœur de la vie desLieutenances : l’exemple de la France

Une des réunions deformation spirituelledes membres del’Ordre (ici à Paris,autour du Père HervéSoubias).

La formation religieuse et spirituelle desmembres de l’Ordre est à la source de leur

mission. L’expérience française en cedomaine est intéressante. Nous avons

demandé à celui qui en est l’âme pour laLieutenance de France, Pierre de Lauzun,

de nous en parler. Né en 1949,Polytechnicien, Commandeur de l’Ordre du

Saint-Sépulcre, membre de l’Académiecatholique de France, il mène une réflexion

personnelle notamment sur des sujetsphilosophiques et religieux traités pendant

les rencontres des membres de l’Ordre.

LA V

IE D

ES L

IEU

TEN

AN

CES


faire que les séances soient regroupées lorsque ladistance entre les membres ne permet pas de tenirneuf séances différentes dans l’année.

Dans certains cas enfin c’est le chapelain qui as-sure la présentation de chacune des fiches ; mêmesi c’est sans doute moins dans la logique de la mé-thode. En revanche bien sûr, dans le débat qui suitla présentation, le rôle du chapelain est normale-ment essentiel, notamment pour clarifier certainspoints ou assurer la qualité du débat et sa féconditéspirituelle.

Voyons maintenant quelques exemples récentsde thèmes approfondis,1 qui pourrons je l’espèreinspirer d’autres Lieutenances grâce à ce partaged’expérience dans La Croix de Jérusalem, notre re-vue internationale.

L’anthropologie biblique (2013-2014)L’idée était de « repartir d’une réflexion sur ce

qu’est l’homme, tel que nous l’enseigne la Bible, etsur ce que cela peut signifier concrètement pournous dans notre engagement de chevaliers du SaintSépulcre, dans la société d’aujourd’hui ».

L’encyclique Lumen Fidei (2014-2015)« La première encyclique du Pape François est

Lumen fidei, en conclusion de l’année de la foi.Cette … “encyclique à quatre mains”…nous per-mettra de prendre une conscience plus claire de cequ’est la foi chrétienne... La foi est tout entière pro-voquée par la reconnaissance d’un événement quivient changer le cours de notre vie : l’incarnation,l’enseignement, la mort et la résurrection de Jésus,le Christ…. La lecture de cette encyclique nous ai-dera à recentrer notre propre positionnement parrapport à la foi que nous avons reçue et que noussommes appelés à transmettre ».

Les Pères de l’Eglise et l’économie du salut (2015-2016)

« Il ne pouvait s’agir que d’une prise de contact,avec deux objectifs : une familiarisation avec ce quesont les Pères, et leur rôle dans le développementdu jeune christianisme ; et un angle particulierd’approfondissement : l’économie du salut… LesPères ont en effet eu comme tâche majeure de pen-ser le christianisme naissant et son développementdans l’Empire romain : en termes théologiques celasuppose une réflexion sur le dessein de Dieu qui y

est à l’œuvre, et les modalités de sa traduction,donc sur l’économie du salut... En outre, cela per-met de tirer les leçons des Pères sur un sujet qui estpour nous d’actualité : la place du christianisme etde l’offre de salut dont il est porteur dans une so-ciété caractérisée à l’époque comme dans la nôtrepar une diversité culturelle, philosophique et reli-gieuse considérable... Sous cet angle à nouveau laréflexion des Pères est pour nous irremplaçable ».

Les Églises catholiques de rite oriental (2016-2017)

L’évangélisation (2017-2018)Le thème est traité sur la base de deux exhorta-

tions apostoliques, de Paul VI en 1975 : EvangeliiNuntiandi, et de François en 2013 : Evangelii gau-dium. « Ces deux textes sont assez différents par leton et l’époque, mais se relient étroitement par leurobjet…. Le Pape François met explicitement sonexhortation dans la continuité de celle de son pré-décesseur, qu’il considère comme le texte pastoralle plus important de la période suivant le ConcileVatican II ».

La Doctrine sociale de l’Eglise (2018-2019)« Compte tenu de la richesse du sujet, ce ne

peut être qu’une initiation... Ces textes sont puisésessentiellement dans le Compendium de la Doctrinesociale de l’Eglise (2005)…. Deux encycliques ma-jeures ont été publiées depuis et utilisées » : Lau-dato Si (Pape François, 2015) ; et Caritas in veritate(Benoît XVI, 2009).

Comme on le voit les thèmes sont très variés,et parfois assez exigeants ; en même temps ilsne visent pas à la recherche intellectuelle pure,mais portent sur des sujets appelant à la conver-sion, dans l’optique et la spiritualité précises quidoivent être celles des membres de l’Ordre duSaint Sépulcre.

Les résonances de cette vocation qui est la nôtresont immenses et les possibilités d’étude et de ré-flexion en commun, mais aussi de conversion inté-rieure, extrêmement fécondes.

Pierre de Lauzun

1 Les citations entre guillemets sont extraites des pré-sentations faites à l’époque des sujets concernés.

(CO

PY

RIG

HT

VAY

NE

)

www.barbiconi.it

la croix 2018-2019 de jérusalem · Bonne Nouvelle de la grande portée des résultats de la grâce...

Documents

Transcript of la croix 2018-2019 de jérusalem · Bonne Nouvelle de la grande portée des résultats de la grâce...