La Crè chè, la Croix èt lè Tabèrnaclè

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La Crèchè, la Croix èt lè Tabèrnaclè Une méditation sur le thème du tableau de Saint Fons « Le sujet de mes réflexions continuelles est celui-ci : le prêtre est un autre Christ. Nous devons reproduire dans toute notre vie celle de Jésus Christ, notre modèle : être pauvre comme lui dans la crèche, être crucifié comme lui sur la croix pour le salut des pécheurs, et être mangé comme lui dans le sacrement de l'Eucharistie. Le prêtre est, comme Jésus Christ, un homme dépouillé, un homme crucifié, un homme mangé ; mais pour être mangé par les fidèles, il faut être un bon pain bien cuit par la mort à soi-même, bien cuit dans la pauvreté, dans la souffrance et dans la mort, comme le Sauveur notre modèle, et alors tout en nous sert de nourriture aux fidèles : nos paroles, nos exemples ; et nous nous consumons comme une mère se consume pour nourrir ses petits enfants » (A. Chevrier, Lettre à l'abbé Gourdon, janvier 1866). Séminaire du PRADO – Année 2014-2015

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La Crè chè, la Croix èt

lè Tabèrnaclè Une méditation sur le thème du tableau de Saint Fons

« Le sujet de mes réflexions continuelles est celui-ci : le prêtre est un autre Christ. Nous

devons reproduire dans toute notre vie celle de Jésus Christ, notre modèle : être pauvre

comme lui dans la crèche, être crucifié comme lui sur la croix pour le salut des pécheurs,

et être mangé comme lui dans le sacrement de l'Eucharistie. Le prêtre est, comme Jésus

Christ, un homme dépouillé, un homme crucifié, un homme mangé ; mais pour être

mangé par les fidèles, il faut être un bon pain bien cuit par la mort à soi-même, bien cuit

dans la pauvreté, dans la souffrance et dans la mort, comme le Sauveur notre modèle, et

alors tout en nous sert de nourriture aux fidèles : nos paroles, nos exemples ; et nous

nous consumons comme une mère se consume pour nourrir ses petits enfants » (A.

Chevrier, Lettre à l'abbé Gourdon, janvier 1866).

Séminaire du PRADO – Année 2014-2015

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LA CRECHE

« Plus on est pauvre, plus on s’abaisse, plus on glorifie Dieu, plus on est utile au prochain. Le prêtre est un homme dépouillé. » A. Chevrier, tableau de Saint Fons.

La pauvreté est née avec Jésus-Christ dans la crèche; elle a été clouée avec lui sur la croix et elle

l’a accompagné en chacune des démarches de sa vie terrestre. Suivre l'Évangile, c'est donc

s'engager dans la voie de la pauvreté; pour imiter le Christ, il faut, comme lui, mener une vie de

renoncement et de désappropriation. La richesse que contient le tableau de Saint-Fons, nous

montre comment dans notre vie chrétienne, nous sommes appelés à suivre le Christ pour devenir

de véritables disciples.

Philippiens 2, 1-11 : Jésus se dépouille lui-même pour embrasser sa mission.

01 S’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage avec amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la compassion, 02 alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. 03 Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. 04 Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres. 05 Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : Le Christ Jésus, 06 ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. 07 Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, 08 il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. 09 C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, 10 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, 11 et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

Si le dépouillement consiste à se dessaisir de quelque chose d’essentiel en vue de… Celui de Jésus-

Christ consiste à se déposséder de sa dignité d’égal de Dieu pour rejoindre l’humanité en raison de son

amour pour la création. Un dépouillement que Jésus-Christ vit dans la condition de serviteur au milieu

des humains. Jésus accomplit avec dévouement ce que fait tout homme attaché à un service (Mt20,

28).Un service accompli et rendu dans l’humilité, Jésus se dépossède de sa grande richesse pour

rejoindre l’homme dans sa pauvreté (2Co8,9). C’est une preuve d’obéissance et de sacrifice que de

renoncer à sa gloire de Dieu au nom de sa créature bien-aimée. Un amour infini vécu dans l’obéissance

qui le conduit jusqu’à la croix. La croix où Jésus-Christ renonce à sa vie pour donner vie aux autres.

Cette croix qui est la marque du témoignage suprême de l’amour de Dieu pour l’humanité (Is 52,13-

53).De cette humilité (He2, 9) et obéissance lui viennent l’exaltation et la gloire qui lui sont dues. Le

dépouillement sera pour nous une attitude intérieure qui nous invite à ajuster notre agir à celui de

Jésus-Christ donné comme modèle.

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Le Christ s’est abaissé pour nous montrer que le sacerdoce est un service pour le bonheur des autres,

c’est un choix du Christ : faire le bonheur des autres ! Comment puis-je faire le bonheur des autres ? A

partir d’un cœur nouveau « ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus.

« Plus on s’abaisse, plus on glorifie Dieu, plus on est utile au prochain. » Voilà le but du sacerdoce et

celle de la vie du chrétien!

Dans les v 5-6 : « Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : Le Christ Jésus, ayant la

condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu ». Il nous est présenté un Jésus

qui s’abaisse jusqu’à la croix mais que Dieu a glorifié. Jésus s’est abandonné à Dieu pour faire sa

volonté. Dans son abaissement, il a accepté de mourir. Et moi aujourd’hui, en quoi dois-je mourir ? Je

pense que comme nous l’indique le Père A. Chevrier, je dois mourir à ma volonté égoïste et à ma

réputation. Comme de la mort de Jésus a rejailli la vie, de la mort de mes défauts pourront jaillir les

fruits de l’humilité et de la charité qui vont me permettre de faire la volonté de Dieu.

Dieu l’a exalté non pas parce qu’Il est son Fils mais pour son humilité et pour son exemple qui l’a

conduit à la croix. C’est la preuve d’un amour parfait.

Seigneur aide-moi à avoir l’humilité et augmente en moi la foi afin que je continue à te chercher même

dans les moments les plus douloureux de ma vie.

Luc 9, 57-62 : Les conditions pour suivre Jésus

57 En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. » 58 Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » 59 Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » 60 Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. » 61 Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » 62 Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »

Pour suivre de Jésus, ni la bonne volonté, ni les bonnes intentions ne suffisent. Le suivre demande

beaucoup d’exigences, car Il n’a pas d’endroit ou reposer la tête. Il faut savoir également qu’Il peut

mettre fin à tous nos calculs voire même nos petits projets personnels de bien-être. Le véritable

disciple pour Jésus doit accepter de vivre comme un étranger dont sa seule place est la croix et cela

demande beaucoup de détachement et une liberté intérieure. Cela m’invite à regarder devant moi et

non en arrière ; on ne peut être disciple sans se couper de nos familles ou encore tourner le dos à tout

ce qui nous empêche d’avancer sur ce chemin.

Suivre le Christ... c'est reconnaître son appel : c'est Jésus qui a l'initiative de l'appel. La réponse que j'ai

à donner alors est de me laisser choisir par lui, de tout quitter pour me mettre en marche derrière lui.

Suivre le Christ... c'est avancer résolument : Une fois reconnu cet appel impérieux « Suis-moi » que le

Christ m'adresse, il s'agit pour moi, même si ce n'est pas facile tous les jours, d'avancer résolument et

de choisir chaque jour de rester dans ma condition de disciple, de redire « oui » chaque jour.

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Suivre Jésus : ce chemin nous emmène par 3 étapes de dépouillement. Celle du dépouillement de son

confort personnel, celle du dépouillement qui est en lien avec la famille, ou encore du dépouillement

qui est en lien avec mon monde, mes amis, mes proches, mon passé. Pour apprendre à vivre ce

dépouillement en étant libre spirituellement il faut apprendre à nous reposer sur le Christ, à faire route

à Lui, une route de purification.

Les réponses que Jésus donne à ses interlocuteurs dégagent les critères de mode de vie qu’ils doivent

adopter pour le suivre. A savoir : le dépouillement, le renoncement à ses proches et aux biens. A la

suite du Christ, je suis appelé à faire des renoncements : renoncer au confort, en fixant mon regard sur

la crèche. Ce passage m’invite à me poser les 3 petites questions d’une manière régulière:

1. Quelle est ma relation avec le confort ?

2. Est-ce que je crois vraiment en la providence ?

3. Sur qui ai-je le regard fixé ? Sur le Christ ou sur la réalisation de mes propres projets ?

Suivre Jésus Christ c’est d’une part accepter de prendre le risque de la rencontre de l’autre, le risque

de la remise en question ; c’est aussi mettre toute ma confiance en Lui. Et croire que réellement il

m’offre un avenir, une espérance.

Seigneur aide-moi à prendre conscience de la qualité de ton appel et de toutes les exigences que cela

implique. Que ta parole m’aide chaque jour à avoir confiance en toi et surtout à me laisser guider par

ton enseignement.

Matthieu 19, 16-26 : Comment la richesse peut être un obstacle…

16 Et voici que quelqu’un s’approcha de Jésus et lui dit : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » 17 Jésus lui dit : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul ! Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. » 18 Il lui dit : « Lesquels ? » Jésus reprit : « Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage. 19 Honore ton père et ta mère. Et aussi : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » 20 Le jeune homme lui dit : « Tout cela, je l’ai observé : que me manque-t-il encore ? » 21 Jésus lui répondit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » 22 À ces mots, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. 23 Et Jésus dit à ses disciples : « Amen, je vous le dis : un riche entrera difficilement dans le royaume des Cieux. 24 Je vous le répète : il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. » 25 Entendant ces paroles, les disciples furent profondément déconcertés, et ils disaient : « Qui donc peut être sauvé ? » 26 Jésus posa sur eux son regard et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. »

« Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » Le jeune homme est en quête, il veut AVOIR la vie éternelle, mais Jésus lui parle d’ENTRER DANS la vie éternelle. Il faut quitter l’ordre de l’avoir… Le 1er chemin que propose Jésus, un chemin tout ordinaire : vivre simplement les commandements, soigner sa relation avec le prochain. Le 2ème chemin, chemin de la perfection : il s’agit de « vendre » ses biens, donc de se dépouiller. Il s’agit de « donner » : notre dépouillement profite aux pauvres.

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Le 3ème chemin, suivre Jésus : on se dépouille, pour se rendre capable de suivre Jésus qui est « le chemin, la vérité et la vie ». Le chemin du dépouillement, c’est le chemin que Jésus a lui-même suivi, depuis la crèche, jusqu’au tombeau, en passant par la croix. Ce chemin conduit aussi à la résurrection. « Un riche entrera difficilement dans le Royaume des cieux… » Il s’agit de tout homme qui s’accroche à ce qu’il possède. Chacun de nous peut être ce riche-là. Ce chemin du dépouillement, l’idéal de la Crèche (Tableau de Saint Fons), est un don de Dieu, à demander. On peut toujours s’entraîner, mais c’est Dieu qui nous donne d’entrer dans ce chemin.

Luc 5, 27-32 : La vocation de Lévi.

27 Après cela, Jésus sortit et remarqua un publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts) du nom de Lévi assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » 28 Abandonnant tout, l’homme se leva ; et il le suivait. 29 Lévi donna pour Jésus une grande réception dans sa maison ; il y avait là une foule nombreuse de publicains et d’autres gens attablés avec eux. 30 Les pharisiens et les scribes de leur parti récriminaient en disant à ses disciples : « Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs ? » 31 Jésus leur répondit : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. 32 Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent. »

Après cela il sortit, il remarqua un publicain… Dans les évangiles Jésus est toujours en mouvement, en marche vers quelqu’un. Jésus ne trace pas sa route à grande vitesse, il prend le temps de regarder autour de lui : il remarque. Il prend du temps avec les gens qu’il rencontre ; il est observateur. S’il a remarqué Lévi il a dû le voir depuis une bonne distance (Ps33, 13 du haut des cieux le seigneur regarde il voit tous les fils d’Adam.) Nul n’est trop loin pour le seigneur… Et c’est toujours Jésus qui fait le premier pas. Même avec nos efforts, c’est lui qui organise toutes nos rencontres. C’est le Christ qui appelle. L’abandon et la conversion de Levi nous montre que rien n’est impossible à Celui qui nous appelle à sa suite. Car c’est bien Lui qui dispose notre cœur pour répondre librement. Suis-moi… La pensée de Dieu n’est pas la pensée humaine, quel que soit le regard des hommes envers Lévi, cela n’empêche pas Jésus d’appeler Lévi en lui disant « suis-moi ». C’est étonnant, car la table du péché devient la table de la vocation. Lévi abandonne tout, se dépouille de tout pour suivre Jésus Christ. Pour que Jésus puisse dire à Lévi « suis-moi » il a dû l’aimer et sonder son cœur. Ici, le « quittant tout » est plein de signification et de confiance : il quitte le travail qui lui permet de gagner sa vie humaine et s’abandonne à Jésus. Sa vie va prendre un autre sens : il va accueillir celui qui est la vie-même, il entre dans la vie. Lévi fit un grand festin… Une rencontre avec Jésus est une grande fête, car on passe du stade de pécheur à pécheur pardonné, à la dignité d’enfant de Dieu. Pécheur pardonné et aimé de Dieu. Être appelé par Jésus nous pousse à appeler les autres, comme ce qu’a fait Lévi, pour nous réjouir et rendre grâce. Jésus connaissait bien l’appartenance de Levi mais ceci ne l’a pas empêché de l’appeler. Non seulement Jésus fait le premier pas mais il l’a appelé tel qu’il est. La joie pousse Levi à convier le Maitre à sa table. Cette attitude rejoint celle de Jésus qui se réjouit toujours à chaque fois qu’un pécheur se repent.

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Ainsi il ne faut pas avoir la vie éternelle (Mt 19,16), il faut y entrer (Mt19,17) ! Mais, comment ? L’Evangile de Saint Luc 5,27-32 nous a éclairés sur ce sujet : Accueillir ce don de la vie éternelle comme un don gratuit de Dieu comme Lévi l’a fait, lui qui était assis à la table des pécheurs. Et prendre conscience que Dieu nous connaît chacun par notre nom, comme le bon berger ses brebis ; il nous faut aussi reconnaître notre état pour accueillir ce don « je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs, pour qu’ils se convertissent ». Comme Lévi, il faut être obéissant à Jésus pour recevoir la forme de Dieu !

Luc 12, 22-32 : Vivre de la grâce de Dieu

22 Puis il dit à ses disciples : « C’est pourquoi, je vous dis : À propos de votre vie, ne vous souciez pas de ce que vous mangerez, ni, à propos de votre corps, de quoi vous allez le vêtir. 23 En effet, la vie vaut plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. 24 Observez les corbeaux : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’ont ni réserves ni greniers, et Dieu les nourrit. Vous valez tellement plus que les oiseaux ! 25 D’ailleurs qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ? 26 Si donc vous n’êtes pas capables de la moindre chose, pourquoi vous faire du souci pour le reste ? 27 Observez les lis : comment poussent-ils ? Ils ne filent pas, ils ne tissent pas. Or je vous le dis : Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux. 28 Si Dieu revêt ainsi l’herbe qui aujourd’hui est dans le champ et demain sera jetée dans le feu, il fera tellement plus pour vous, hommes de peu de foi ! 29 Ne cherchez donc pas ce que vous allez manger et boire ; ne soyez pas anxieux. 30 Tout cela, les nations du monde le recherchent, mais votre Père sait que vous en avez besoin. 31 Cherchez plutôt son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît. 32 Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.

A l’intention des disciples et non plus des foules. Jésus creuse le thème de la sécurité que nous les humains nous recherchons dans les biens matériels. L’homme et la femme valent mieux que la nourriture et le vêtement, la vie vaut plus que le corps. Jésus appelle à ne pas avoir d’inquiétude, à avoir confiance en la providence. Être disciple et suivre Jésus, c’est vivre dans un abandon total à sa grâce. Jésus nous dis de ne pas nous inquiéter pour la nourriture car il est la vraie nourriture : « qui mange mon corps et boit mon sang aura la vie éternelle », telles sont ses paroles. Jésus est le pain de vie ; il s’est fait nourriture, vraie nourriture spirituelle pour notre vie de disciple. Luc 12, 22-32 nous invite à une attitude de foi, à mettre en priorité la vie du Royaume : « Cherchez plutôt son Royaume ». Cela demande un abandon total et donc un esprit d’humilité, un esprit qui sait observer avec les yeux de la foi et s’émerveillez des dons de Dieu dans sa vie pour pouvoir dire en toute humilité : « j’ai beaucoup de valeur aux yeux de Dieu. » C’est un don gratuit. « Ne vous inquiétez pas pour votre vie… » Faire confiance à la Providence divine, c’est une attitude de pauvre. « Combien plus valez-vous que les moineaux… » Croire que nous avons du prix aux yeux de Dieu, c’est vivre de la Providence divine. L’Assurance-vie du pauvre, c’est la Providence ! La pauvreté, c’est un chemin d’abandon, un chemin de foi, un chemin de sainteté. C’est un chemin qui nous fait quitter nos chemins de païens (« Tout cela, les païens de ce monde le recherchent ») pour nous mettre à la recherche de l’essentiel : le Royaume.

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LA CROIX

« Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu'il me

suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra; mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera. »

Luc 9,23-24

« Plus on est mort, plus on a la vie, plus on donne la vie. Le prêtre est un homme crucifié. » A. Chevrier, tableau de Saint Fons.

Dans toutes les péricopes méditées au cours de ces études d'évangile, une chose m'a énormément touché, la question de la liberté de Jésus. Tout au long de sa passion, il était pleinement libre tout en étant enchaîné ! De même, il a rendu un témoignage vivant à la vérité et ce, malgré les railleries et les mensonges dont il a été victime. Ensuite, même dans sa mort, il a réussi à créer l'unité entre ceux qui étaient disciples officiels et ceux qui l'étaient de manière moins officielles. Enfin, par sa mort, il rachète tout le monde et même le brigand Barabbas.

Jean 18,1-12 : L’arrestation de Jésus

01 Ayant ainsi parlé, Jésus sortit avec ses disciples et traversa le torrent du Cédron ; il y avait là un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples. 02 Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, lui aussi, car Jésus et ses disciples s’y étaient souvent réunis. 03 Judas, avec un détachement de soldats ainsi que des gardes envoyés par les grands prêtres et les pharisiens, arrive à cet endroit. Ils avaient des lanternes, des torches et des armes. 04 Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » 05 Ils lui répondirent : « Jésus le Nazaréen. » Il leur dit : « C’est moi, je le suis. » Judas, qui le livrait, se tenait avec eux. 06 Quand Jésus leur répondit : « C’est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à terre. 07 Il leur demanda de nouveau : « Qui cherchez-vous ? » Ils dirent : « Jésus le Nazaréen. » 08 Jésus répondit : « Je vous l’ai dit : c’est moi, je le suis. Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir. » 09 Ainsi s’accomplissait la parole qu’il avait dite : « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés ». 10 Or Simon-Pierre avait une épée ; il la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malcus. 11 Jésus dit à Pierre : « Remets ton épée au fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, vais-je refuser de la boire ? » 12 Alors la troupe, le commandant et les gardes juifs se saisirent de Jésus et le ligotèrent.

Dans son arrestation j’ai découvert la douceur de Jésus qui, face aux personnes qui veulent l’arrêter, ne cherche pas à se défendre : il se laisse prendre. Il ne fait pas de grand discours, il ne se dérobe pas : « c’est moi » ; il le dira aussi lors de la marche sur les eaux (C’est moi, n’ayez pas peur).

Devant Pilate et le grand prêtre Jésus témoignera toujours de la vérité. Je découvre combien on doit rendre témoignage de la vérité en tant que baptisé.

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Ce qui est frappant, c’est le moment où Jésus est arrêté par « Les gardes (qui) avaient des lanternes, des torches» (Jn 18, 3) : cela se fait de nuit et, la nuit exprime le lieu des ténèbres ; c’est pourtant dans la nuit que le Seigneur commence son œuvre de rédemption. Le début de la Passion se fait de nuit tout comme la Résurrection se fera de nuit. Dieu nous révèle ici que toute nuit dans nos vies a un sens, (même si en apparence les œuvres du mal semblent l’emporter).

Jésus se révèle comme Dieu, c’est-à-dire il révèle sa puissance. Les soldats tombent à terre, on peut comprendre qu’on est en face d’une révélation. Jésus leur révèle son nom Divin : « je suis ». Pierre réagit devant l’attaque des soldats parce qu’il avait déclaré au Seigneur qu’il le suivrait où qu’il aille et qu’il était prêt à aller avec lui jusqu’à la mort. Mais il s’appuyait sur ses propres forces : c’est sa chair qui se manifeste ici. Il a fait une réaction en tant qu’humain. Mais par contre Jésus se manifeste en tant que Dieu. C’est pourquoi Jésus avait dit à Pierre au jardin de Gethsémani : « L’esprit est prompt, mais la chair est faible » Mt26,41.

Dans la souffrance du Christ, je découvre la souffrance des autres : ceux qui sont bafoués, rejetés, opprimés par la société, ceux qui sont malades.

Jean 18, 13-27 : Jésus au Palais du Grand Prêtre

13 Ils l’emmenèrent d’abord chez Hanne, beau-père de Caïphe qui était grand prêtre cette année-là. 14 Caïphe était celui qui avait donné aux Juifs ce conseil : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple. » 15 Or Simon-Pierre, ainsi qu’un autre disciple, suivait Jésus. Comme ce disciple était connu du grand prêtre, il entra avec Jésus dans le palais du grand prêtre. 16 Pierre se tenait près de la porte, dehors. Alors l’autre disciple – celui qui était connu du grand prêtre – sortit, dit un mot à la servante qui gardait la porte, et fit entrer Pierre. 17 Cette jeune servante dit alors à Pierre : « N’es-tu pas, toi aussi, l’un des disciples de cet homme ? » Il répondit : « Non, je ne le suis pas ! » 18 Les serviteurs et les gardes se tenaient là ; comme il faisait froid, ils avaient fait un feu de braise pour se réchauffer. Pierre était avec eux, en train de se chauffer. 19 Le grand prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur son enseignement. 20 Jésus lui répondit : « Moi, j’ai parlé au monde ouvertement. J’ai toujours enseigné à la synagogue et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n’ai jamais parlé en cachette. 21 Pourquoi m’interroges-tu ? Ce que je leur ai dit, demande-le à ceux qui m’ont entendu. Eux savent ce que j’ai dit. » 22 À ces mots, un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant : « C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ! » 23 Jésus lui répliqua : « Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal ? Mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » 24 Hanne l’envoya, toujours ligoté, au grand prêtre Caïphe. 25 Simon-Pierre était donc en train de se chauffer. On lui dit : « N’es-tu pas, toi aussi, l’un de ses disciples ? » Pierre le nia et dit : « Non, je ne le suis pas ! » 26 Un des serviteurs du grand prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, insista : « Est-ce que moi, je ne t’ai pas vu dans le jardin avec lui ? » 27 Encore une fois, Pierre le nia. Et aussitôt un coq chanta.

Pierre et l’autre disciple suivaient Jésus et, du fait que ce disciple était connu, voici qu’il eut accès à la cour. Etant à l’intérieur, nous voyons qu’il fait tout pour faire entrer Pierre. Alors je peux me demander : Pourquoi veut-t-il que Pierre soit avec lui ? Est- ce par peur d’être seul ou pour que Pierre puisse aussi suivre ce qui va se passer pour leur maître ? Ou bien pour que ce que Jésus avait dit se réalise?

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L’attitude de ce disciple m’interpelle : Jésus dans ces enseignements aux disciples, leur a toujours fait comprendre que c’est en communion avec les autres qu’on arrive à faire la volonté du Père et je ne doute pas que ce disciple avait bien compris ce message et que c’est pour cela qu’il voulait que Pierre soit avec lui. Lors du passage de Jésus au palais du Grand–Prêtre, je vois en particulier l’épreuve de Pierre : lors de son interrogatoire, il y découvre une amertume. Dans la Bible, l’amertume exprime ce qui est dur, difficile, douloureux à supporter : une épreuve pénible, une situation difficile, un deuil, une persécution, etc. Une situation où l’on éprouve vraiment de l’angoisse, on éprouve quelque chose de très difficile à supporter et cela donne un goût amer à notre vie. Pierre va connaître l’amertume de l’épreuve. Et il a peur, le maître goûtera lui aussi à l’amertume, mais Il la transcende ! L’amertume de Pierre le guidera vers le reniement, celle de Jésus ira vers la résurrection, c’est-à-dire la lumière. Voilà qui nous emmène à un fait important qui se noue dans ce passage : « De nouveau Pierre nia, et aussitôt le coq chanta » (Jn 18, 27). Dans les prières quotidiennes et matinales juives, nous avons une petite perle, c’est une bénédiction et, je pense qu’elle peut m’éclairer : «Béni sois-tu Seigneur, notre Dieu, Roi de l’univers, qui donnes au coq le discernement pour distinguer le jour de la nuit.» Voilà ce qui nous est demandé, le discernement !

Jean 18,28-19,16 : Jésus devant Pilate

18,28 Alors on emmène Jésus de chez Caïphe au Prétoire. C’était le matin. Ceux qui l’avaient amené n’entrèrent pas dans le Prétoire, pour éviter une souillure et pouvoir manger l’agneau pascal. 29 Pilate sortit donc à leur rencontre et demanda : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? » 30 Ils lui répondirent : « S’il n’était pas un malfaiteur, nous ne t’aurions pas livré cet homme. » 31 Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes et jugez-le suivant votre loi. » Les Juifs lui dirent : « Nous n’avons pas le droit de mettre quelqu’un à mort. » 32 Ainsi s’accomplissait la parole que Jésus avait dite pour signifier de quel genre de mort il allait mourir. 33 Alors Pilate rentra dans le Prétoire ; il appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » 34 Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » 35 Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » 36 Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » 37 Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » 38 Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la vérité ? » Ayant dit cela, il sortit de nouveau à la rencontre des Juifs, et il leur déclara : « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. 39 Mais, chez vous, c’est la coutume que je vous relâche quelqu’un pour la Pâque : voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? » 40 Alors ils répliquèrent en criant : « Pas lui ! Mais Barabbas ! » Or ce Barabbas était un bandit.

19,1 Alors Pilate fit saisir Jésus pour qu’il soit flagellé. 02 Les soldats tressèrent avec des épines une couronne qu’ils lui posèrent sur la tête ; puis ils le revêtirent d’un manteau pourpre. 03 Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : « Salut à toi, roi des Juifs ! » Et ils le giflaient. 04 Pilate, de nouveau, sortit dehors et leur dit : « Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » 05 Jésus donc sortit dehors, portant la couronne d’épines et le manteau pourpre. Et Pilate leur déclara : « Voici l’homme. »

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06 Quand ils le virent, les grands prêtres et les gardes se mirent à crier : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » 07 Ils lui répondirent : « Nous avons une Loi, et suivant la Loi il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. » 08 Quand Pilate entendit ces paroles, il redoubla de crainte. 09 Il rentra dans le Prétoire, et dit à Jésus : « D’où es-tu ? » Jésus ne lui fit aucune réponse. 10 Pilate lui dit alors : « Tu refuses de me parler, à moi ? Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te relâcher, et pouvoir de te crucifier ? » 11 Jésus répondit : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi porte un péché plus grand. » 12 Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher ; mais des Juifs se mirent à crier : « Si tu le relâches, tu n’es pas un ami de l’empereur. Quiconque se fait roi s’oppose à l’empereur. » 13 En entendant ces paroles, Pilate amena Jésus au-dehors ; il le fit asseoir sur une estrade au lieu dit le Dallage – en hébreu : Gabbatha. 14 C’était le jour de la Préparation de la Pâque, vers la sixième heure, environ midi. Pilate dit aux Juifs : « Voici votre roi. » 15 Alors ils crièrent : « À mort ! À mort ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Vais-je crucifier votre roi ? » Les grands prêtres répondirent : « Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur. » 16 Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié. Ils se saisirent de Jésus.

Ce qui me frappe beaucoup sont les mouvements de dedans et du dehors

- 18 : 19 Pilate sortit donc à l’extérieur vers eux et dit… - 18 : 33 Pilate rentra donc dans la résidence. Il appela Jésus et lui dit - 18 : 38b Sur ce mot, il sortit de nouveau vers les Juifs et leur dit - 19 : 13 Dès qu’il entendit ces parles (…) Pilate amena Jésus dehors - 19 : 9 Il entra de nouveau dans la résidence et dit à Jésus - 19 : 4 Pilate sortit de nouveau à l’extérieur et leur dit (aux Juifs)

Dans son récit du Procès comme je l’ai signalé, nous sommes en face d’alternance de scènes qui se déroulent à l’intérieur et à l’extérieur. A l’extérieur il y a la foule des juifs hostiles en grande partie à Jésus, conduite par les Grands Prêtres. C’est la foule qui n’a pas voulu entendre Jésus pour marcher dans la lumière. Ils marchent dans les ténèbres et ils entrainent aussi Pilate à les suivre. A l’intérieur, il y a Jésus. A l’intérieur, il y a la lumière parce qu’il y a Jésus. Devant le silence de Jésus à la question « qu’est-ce que la vérité ? », Pilate n’a pas pu se positionner. Pilate est incapable d’adhérer à la Vérité qui est devant lui en la personne de Jésus. Devant Pilate et le grand prêtre, Jésus témoignera toujours de la vérité. Je découvre combien on doit rendre témoignage de la vérité en tant que baptisé. Dans la souffrance du christ je puise mes forces pour ne pas me révolter contre des incompréhensions dans le monde actuel. Dans la souffrance du Christ je découvre la souffrance des autres : ceux qui sont bafoués, rejetés, opprimés par la société, malades. Devant l’hostilité à Jésus et son message, quelle est mon positionnement ? Suis-je toujours prêt à me laisser éclairer par Jésus Lumière du monde, Chemin et Vérité ? Suis-je toujours disposé à rendre témoignage de la vérité qui est Jésus-Christ Vrai Dieu et Vrai homme ?

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Jean 19,17-37 : Crucifixion et mort de Jésus

17 Et lui-même, portant sa croix, sortit en direction du lieu dit Le Crâne (ou Calvaire), qui se dit en hébreu Golgotha. 18 C’est là qu’ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. 19 Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était écrit : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs. » 20 Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, parce que l’endroit où l’on avait crucifié Jésus était proche de la ville, et que c’était écrit en hébreu, en latin et en grec. 21 Alors les grands prêtres des Juifs dirent à Pilate : « N’écris pas : “Roi des Juifs” ; mais : “Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs”. » 22 Pilate répondit : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. » 23 Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. 24 Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. » Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats. 25 Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. 26 Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » 27 Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. 28 Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif. » 29 Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche. 30 Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. 31 Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. 32 Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus. 33 Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, 34 mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. 35 Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. 36 Cela, en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Écriture : Aucun de ses os ne sera brisé. 37 Un autre passage de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.

Les éléments de ce passage qui ont beaucoup plus attirés mon attention sont :

- Jésus qui porte sa croix et qui va au lieu de crâne - Jésus qui dit : « j’ai soif ». - Jésus avec sa mère

Pour accomplir la mission du Père, Jésus a porté sa croix jusqu’à mourir sur cette dernière. Comment moi aujourd’hui, je dois, à la suite du Christ, porter ma croix ? Qu’est ce qui constitue ma croix ? Il me semble qu’en grande partie, ma croix est moi-même. Qu’est-ce que je comprends dans ce « j’ai soif » ? Dans ce « j’ai soif », Jésus me rappelle qu’il se tient devant ma porte, qu’Il veut me rencontrer pour apaiser la soif qu’il a de moi car il m’aime. Même dans mes doutes, mes refus, mes éloignements, Il est toujours à la porte de mon cœur pour m’éclairer afin que je puisse le rencontre. Il attend de moi un pas seulement, le reste il le fera. Quand je le rencontre, Il me partage aussi son « j’ai soif », et moi à sa suite, j’ai soif de le rencontrer. Cette soif m’invite à sortir de moi-même pour aller puiser à la Source :

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« Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi… » Jn 7,37. A sa source intarissable, nous buvons l’eau de la vie. Nous sommes comblés de l’amour. « Ils prirent Jésus et il sortit, portant sa croix » Voilà la mise en scène, les derniers instants d’un crucifié nommé Jésus. Le procès de cet homme a été rapide, tellement on voulait en finir avec lui. Jésus porte lui-même sa croix. En Lc 9, 23 Jésus nous dit : « celui qui veut être mon disciple qu’il prenne sa croix et qu’il me suivre ». Il ne nous dit pas que des paroles, il nous donne l’exemple et l’accompli jusqu’au bout. Cette croix, il la porte, toujours tourné vers son père, en union avec son Père. « Jésus voyant sa mère… » Quelle rencontre au pied de la croix ! La présence de Marie me montre le véritable chemin du disciple qui est fidèle dans tous les moments de joies et de peines. Comme Marie nous devons rester fidèles même dans les moments difficiles. A la croix Jésus nous donne l’Esprit et sa Mère. Quel testament il nous laisse ! « Du sang et de l’eau… » Contrairement aux deux autres crucifiés on ne lui brise pas les jambes. On lui transperce le côté ; l’icône du côté ouvert est en même temps la blessure la moins douloureuse car Jésus est déjà mort : « ils verront celui qu’ils ont transpercé » (Za 12, 10). Le sang et l’eau n’est-ce pas déjà une liturgie du baptême et de l’eucharistie ?

Jean 19,38-42 : Jésus est mis au tombeau

38 Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Joseph vint donc enlever le corps de Jésus. 39 Nicodème – celui qui, au début, était venu trouver Jésus pendant la nuit – vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. 40 Ils prirent donc le corps de Jésus, qu’ils lièrent de linges, en employant les aromates selon la coutume juive d’ensevelir les morts. 41 À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. 42 À cause de la Préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus.

Saint Chrysostome disait « Ils choisirent ce tombeau qui était proche, afin que les disciples pussent y venir plus facilement et observer attentivement ce qui s’y passerait. Ce sépulcre fut encore choisi afin que les ennemis du Sauveur qui en étaient gardiens fussent eux-mêmes témoins qu’il avait été enseveli, et pour convaincre de mensonge le bruit qu’ils devaient faire courir que son corps avait été enlevé » Dans l’image de Joseph et Nicodème nous voyons l’accomplissement des bonnes œuvres, et c’est pour nous un avertissement, un appel à nous rendre dignes de recevoir le corps du Seigneur. Ce Jésus crucifié, nous le rencontrons dans la personne des pauvres qui souffrent la faim, les sans-abris, les mal-aimés, les marginalisés, les malades, les orphelins… Soyons les nouveaux Joseph et Nicodème, pour apporter la dignité à toutes ces personnes. Portons dans nos prières quotidiennes ces dernières afin que la grâce du Seigneur soit sur eux. Accordons-leur de notre temps, quand c’est possible, pour les écouter et les aimer. Ce ne sont pas les disciples qui sont habituellement avec Jésus qui vont effectuer ce beau geste de l’ensevelissement, mais des notables, qui vont passer de la peur à l’audace de demander à prendre le corps de Jésus pour en prendre soin. La délicatesse des gestes m’interpelle : est-ce que je prends soin

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du corps de Jésus dans l’eucharistie et dans les autres qui sont mes frères, les plus petits en particulier? Et est-ce que je prends soin de mon corps qui est temple de l’Esprit Saint. Ici je contemple le silence de Dieu. Il n’y a pas de dialogue on contemple. Les disciples de Jésus sont dans l’anonymat et je réalise combien je dois avoir cette relation d’intimité avec Jésus. Même dans sa mort, Jésus crée l'unité. Il solidarise les deux disciples secrets qui émergent (Joseph et Nicodème) avec les autres disciples publics qui ont disparus (entre autre les apôtres). L'unité se fait alors à partir du Christ. Conclusion La croix du Christ prend de plus en plus de place dans ma vie. La croix est devenue une boussole pour mon chemin avec le Christ. Elle me permet de donner sens à ma vie dans les moments de joie et de peine dans les études. Elle me permet de trouver la présence de Dieu, de me relever et de toujours repartir en m’appuyant sur le Christ. Dans la passion du Christ, j’ai découvert la bonté de Jésus qui va jusqu’au bout de son amour pour moi. Le visage de Dieu défiguré m’interpelle à changer, à le suivre, à le rencontrer dans l’autre et avec l’autre. Je suis invité à prendre ma part de souffrance pour l’annonce de l’évangile. Je comprends que je ne pas être disciple sans la croix. Dans la vie de celui qui s’efforce de suivre le maitre sur la voie douloureuse, la croix n’est jamais rendu vaine. Suis-je disposé à lire ma vie à la lumière de la croix en ce temps de formation. Est-ce que je reconnais la croix dans ma vie ? Comment je vis l’expérience de la croix ? Et comment j’aide mon frère qui est proche ou celui que je rencontre, à porter sa croix ? Prière Seigneur montre-moi ton visage. Apprends-moi à te reconnaitre et à t’aimer dans l’autre. Et aide-moi à porter ma croix. Seigneur, augmente en moi la foi, pour que je puisse trouver en toi la force de porter ma croix à ta suite. Accorde-moi la charité afin de transformer ma croix en joie pour mon prochain dans le besoin. Sainte Mère de Dieu, toi qui as reçu ton fils dans tes bras quand il fut descendu de la croix, intercède pour moi auprès de ton fils afin que je puisse le recevoir dans son eucharistie avec joie et que je puisse m’abandonner totalement à lui.

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LE TABERNACLE – DONNER SA VIE

« C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme

j’ai fait pour vous. » Jn 13,15

« Il faut devenir du bon pain. Le prêtre est un homme mangé. »

A. Chevrier, tableau de Saint Fons.

Comme il est difficile de penser qu’on doit être du bon pain, si on veut être vraiment disciple, prêtre du Christ. Derrière l’idée de bon pain, il y a le don de soi, une certaine humilité, une disponibilité à Dieu et aux hommes. Avec mes limites, je ne me vois pas donner ma vie totalement, alors que c’est l’invitation du Christ, c’est ce qu’A. Chevrier tente de nous faire goûter.

À travers sa parole et son geste, Jésus a donné l’exemple en donnant sa vie, avec amour et miséricorde. Le triduum pascal est un moment pour nous faire (re)vivre cela. C’est tout le mystère de Dieu aimant et miséricordieux qui y est médité, prié, adoré. Dieu aime, non seulement ceux qui invoquent son nom, mais tous les humains, pécheurs et faillibles.

J’ai à me comporter en une vraie brebis du Christ, capable d’évoluer et de dépasser mon péché. Que le Bon Pasteur m’éclaire le chemin, me mène sur la voie de son troupeau, afin de pouvoir le suivre humblement et de donner ma vie à mon tour.

J’ai été interpellé par ce commandement : « aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé ». C’est vrai : il n’y a pas de plus grand amour que d’aimer Dieu et son prochain. Car c’est Dieu qui nous a choisis et appelés par notre nom depuis notre baptême ; avec ma liberté la plus totale, j’essaie de répondre oui à cet appel par le don de moi-même.

Jean 15,12-17 : Le commandement du Seigneur : Aimez-vous les uns les autres…

12 Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. 13 Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. 14 Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. 15 Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. 16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. 17 Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres.

Pour prouver son amour et celui de son Père, Jésus s’est livré lui-même ; Il nous a rachetés au prix de son sang pour que nous devenions ses amis, ses frères par l’adoption. Pour être l’ami de Jésus, il y a une condition : l’amour du prochain. Cette dernière est facile à entendre mais difficile à vivre. En nous rachetant au prix de son sang, Jésus nous a fait entrer et participer à l’amour qui l’unit à son Père ; Il nous a arrachés à la servitude du péché pour nous rendre libres. Libres pour répondre à l’appel du Père et libres d’agir pour que son amour soit répandu.

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C’est dans la gratuité que Dieu, par Jésus nous a manifesté son amour. Le but principal de son amour est de nous faire découvrir le Père afin qu’à notre tour nous puissions le faire connaître aux autres. C’est dans son amour que nous participons en sa mission. Réflexion : Dieu nous donne l’amour du prochain comme la ligne directrice de notre vie de rachetés. Comment je conçois ce commandement dans ma vie de baptisé d’abord et de séminariste ensuite ? Suis-je animé par l’amour? Suis-je celui qui contribue à l’expansion de son amour ou celui qui le freine ? Prière : Seigneur, augmente en moi la charité afin que je puisse m’ouvrir aux autres. Accorde- moi la grâce pour que je puisse, dans ton amour, te faire connaître aux autres et qu’ensemble nous fassions venir à toi la multitude. Que ton Esprit tourne mon regard pour ne regarder que toi afin de savoir quoi Te demander et accueillir ce que Tu me donnes.

Jean 13, 1-17 : L’exemple du Seigneur : le lavement des pieds

01 Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. 02 Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, 03 Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, 04 se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; 05 puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. 06 Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » 07 Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » 08 Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » 09 Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » 10 Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » 11 Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. » 12 Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? 13 Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. 14 Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. 15 C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. 16 Amen, amen, je vous le dis : un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie. 17 Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites.

Suivre le Christ est le souhait de tout chrétien. Mais on ne peut pas suivre une personne sans qu’on sache qui il est. Dans sa vie terrestre, Jésus s’est toujours montré humble. C’est dans l’humilité que Jésus a accompli la volonté de son Père depuis son incarnation. Au cours du repas, Jésus quitta ses habits et la table pour laver les pieds de ses disciples y compris Juda qui allait le livrer. Dans ce lavement des pieds, Jésus n’a fait aucune distinction. Ce geste de Jésus devait me renvoyer à sa manière de vivre et d’agir afin que je puisse le suivre.

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En lavant les pieds de ses apôtres et en partageant avec eux le pain et le vin. Jésus les a invités à leur tour de faire la même chose en mémoire de lui. Ce message de Jésus qui trouve son origine dans son amour inépuisable s’adresse à nous aujourd’hui.

Réflexion : Jésus nous dit qu’il est le maître et Il nous exhorte à faire comme lui pour que nous soyons heureux comme Il le dit bien dans le verset 17 : « Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites ». Se définissant comme maître en agissant comme un esclave, la manière d’être et de faire de Jésus peuvent susciter les incompréhensions. Et si alors la grandeur de Jésus se trouve dans sa petitesse?

Prière : Seigneur, accorde-moi ton esprit pour que je puisse toujours me reconnaître serviteur afin de faire connaître aux autres que Celui qui nous a rachetés se donner chaque fois à nous et qu’il nous attend toujours pour nous laver et nous purifier de nos péchés afin d’approcher sa table avec un cœur pur.

Dans ce lavement des pieds, Jésus a choisi de vivre ces heures par amour pour moi, pour que je puisse vivre en Dieu. Ce qui me frappe ici, c’est le geste humiliant de l’esclave ou le geste déférent du disciple envers son Maître ; Jésus a choisi la dernière place. C’est en plongeant en cet abîme d’humilité que Jésus mène à son terme la mission de salut que Dieu le Père lui a confiée. En effet, le lavement des pieds est une action humble qui m’associe à l’œuvre salvifique du Christ. En s’abaissant à mes pieds, Jésus me transmet quelque chose de sa seigneurie ; et la disposition du vêtement montre que ce geste du lavement des pieds tire son efficacité du don de la vie. Jésus ne donne pas tout simplement un modèle de « diaconie », mais il donne aussi du pain, le pain vivant qui est son corps. Le lavement est un questionnement qui me dépasse toujours. Qui est ce Jésus qui vient à mes côtés et qui me lave les pieds encore tous les jours ? Encore une fois je vois combien pour être disciple il faut prendre l’exemple du Christ qui s’est fait serviteur de tous jusqu’à aller laver les pieds de son prochain et même de celui qui le livra. Le Christ m’invite à laver les pieds même de mes ennemis (aimez vos ennemis). Jésus est celui qui inverse les pensées du monde, il puise sa force dans son abaissement et non dans la recherche de pouvoir comme ceux de notre monde qui veulent être grand et maitre du pouvoir. Le maitre et Seigneur qui sert : il ne se prend pas pour le plus grand mais pour le plus petit de tous. Humilité de Dieu ! Les gestes que Jésus posent pour le lavement des pieds et un enseignement qui donne vie pour me préparer à l’eucharistie et à le suivre. Au lavement des pieds Jésus se dessaisit de tous ses titres pour se faire serviteur. Quel exemple, pour ma vie de baptisé, disciple de Jésus ! A travers le lavement des pieds, j’ai découvert que je ne dois pas juger l’apparence mais voir ce qu’il y a de meilleur dans chaque être, Dieu me parle dans l’autre, l’autre a quelque chose à me dire de Dieu. Au moment du lavement des pieds par exemple, nous voyons un geste d’esclave, humble, sans discrimination (puisque Judas était présent) mais, nous voyons surtout que ce geste a été posé par Jésus parce qu’il a aimé les siens jusqu’au bout (cf Jn 13, 1), qu’est-ce à dire aimé les siens jusqu’au bout ? Est-ce « Vous laver les pieds les uns aux autres ? », est-ce « vous aimez les uns les autres ?» Oui ! C’est tout cela à la fois, mais ce qui est en premier c’est « comme je vous ai lavés les pieds… » Ou encore « comme je vous ai aimés… », C’est Jésus qui nous aime en premier, que je n’oublie jamais cet ordre ! Ainsi, toute action, affection, toute compassion trouve sa source en Christ et donne un sens nouveau à l’attention aux autres, la disponibilité et la promptitude à faire le bien, c’est aussi une invitation à la béatitude car, « heureux êtes-vous si vous le faites ».

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Ainsi, donner sa vie est une invitation au bonheur ! Cela éclaire toute ma vie ! Béatitude ! Donner sa vie à l’exemple du Christ concerne tout chrétien…

1 Corinthiens 11,23-29 : Le repas du Seigneur : Faites cela en mémoire de moi.

23 J’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, 24 puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » 25 Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » 26 Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. 27 Et celui qui aura mangé le pain ou bu la coupe du Seigneur d’une manière indigne devra répondre du corps et du sang du Seigneur. 28 On doit donc s’examiner soi-même avant de manger de ce pain et de boire à cette coupe. 29 Celui qui mange et qui boit mange et boit son propre jugement s’il ne discerne pas le corps du Seigneur.

La communion avec le Christ et avec les frères nous permet d’entrer dans la dimension missionnaire de l’Eucharistie. Saint Paul relate le récit fondateur de l’Eucharistie et la recommandation de Jésus. Dans le verset 26 « Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne », Paul met l’accent d’une manière particulière sur la mort de Jésus. Et l’annonce de la mort du Seigneur nous renvoie à la proclamation d’un Christ crucifié. Cette annonce porte sur une vie livrée, donnée totalement sans retenue pour redonner une vie nouvelle à tous les hommes. Le Christ qui se donne, accorde aux hommes une vie réconciliée en Dieu et avec le prochain. Participer au repas du Seigneur, consiste à accueillir de Jésus lui-même cet amour. L’amour de celui qui s’est donné jusqu’à la mort. Participer au repas consiste aussi à recevoir de Jésus la grâce et la force pour pouvoir mourir à nos péchés, à l’homme ancien, afin de ressusciter avec lui en homme nouveau. Participer à ce repas, fait entrer l’homme dans la dynamique de la vie du Christ. Réflexion : Ce passage me rappelle d’une manière solennelle mes responsabilités en tant que participant au repas du Seigneur. Suis-je conscient que ce pain et ce vin sont corps et sang du Christ qui s’est donné ? Ce passage m’interpelle pour me dire aussi que celui qui participe à ce repas est un frère qui, comme moi, a reçu l’annonce de la mort et de la résurrection du Christ. Prière : Dans ton amour Seigneur Jésus, tu t’es livré pour nous garder dans l’amour qui t’unit à ton Père. Ton corps livré et ton sang versé pour nous, nous rapprochent de toi et de ton Père. Par l’Eucharistie, tu nous fortifies pour que nous vivions en ta confiance, dans l’espérance et que nous arrivions à te découvrir à travers nos frères et sœurs. Aide-moi à être toujours interpellé par ta mort et ta résurrection afin de me laisser éclairer par ce mystère qui fonde ma foi en Toi. Dans le livre de l’Exode 13,1-10, Dieu donne un signe à Moïse. Et en lui donnant ce signe, il Lui dit : « Ainsi tu te souviendras ». A son tour avec ses disciples, Jésus donne un signe en disant : « vous ferez cela en mémoire de moi ». Le signe que Dieu donne à Moïse et que Jésus donne à ses disciples, c’est le pain. Le pain partagé qui est la communion. Autrement dit, Jésus est le repas qui procure la

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communion. Ce pain n’est pas un objet qui dure ou que je peux afficher ou poser sur une tablette comme une photo du passé, mais c’est une nourriture, une nourriture qui porte la vie. Le pain est le signe que Dieu ouvre devant moi un chemin qu’il me faut parcourir. Ce pain de Dieu, le pain du ciel c’est la force qui me vivifie : l’Eucharistie qui est sommet de ma foi. Jésus me donne sa chair et son sang comme une promesse de vie, Il est le pain venant du ciel comme un don et qui me procure une plénitude de vie avec Dieu. En donnant sa chair comme vraie nourriture, son sang comme vraie boisson, Jésus ne donne pas simplement sa vie pour la donner : il donne la vie à ceux qui reçoivent l’eucharistie. Ce n’est pas une question de se régaler à la messe, par le fait de manger et de boire : c’est plus une approche pleinement divine à laquelle l’Église nous invite pour recevoir le Christ qui s’offre à nous. Encore une fois, le sens de don et d’offrande est très important pour que la vie surabonde, finalité de la réception de l’eucharistie.

Jésus a beaucoup donné pour moi, pour nous et encore aujourd’hui, à chaque messe. Et moi, qu’est-ce que j’ai fait de son don ? Moi aussi, ai-je déjà donné ? Le tableau de saint Fons, sur le Tabernacle, met plus en valeur le « donner, donner la vie » ; de là, pour moi, découlent les autres points dont le but est « il faut devenir du bon pain » dans la « charité ». Je n’ai qu’à méditer la Parole, à me laisser habiter par l’Esprit pour arriver à comprendre l’exemple du Christ dans la mission à laquelle il m’appelle et à celle que l’Église me confie.

Prière : Seigneur, aide-moi à aller plus loin quand je te reçois dans l’eucharistie. Que cela ne soit pas que l’extérieur pour moi mais au plus profond de moi. Jésus christ, modèle à imiter (Jn 13,15). Cette imitation passe par l’amour, un amour qui tire sa source

dans la communion du père et du fils. Un amour qui nous amène à nous configurer au Christ dans le

sacrifice, le don de sa vie pour donner la vie aux autres. Cet amour-don est l’expression de notre

fidélité à Jésus-Christ, un amour qui se concrétise en se mettant sur les traces du Christ pour devenir

ses amis. C’est-à-dire vivre d’une vie de profonde intimité avec le Christ. Cette intimité qui nous

introduit dans sa communion dans l’eucharistie est bien exprimée en 1 Cor11,23-29.

Le Jésus-Christ est l’homme d’action qui associe prière et exigence de la vie quotidienne. Jésus-Christ

est dans l’agir lorsqu’il prend le pain et le rompt pour le donner à ses disciples. Il est aussi celui qui

rend grâce pour les dons reçus du père, à qui il adresse la prière, un lieu de profonde intimité dans le

dialogue. Le pain et le vin partagés sont le lieu du surgissement de la vie nouvelle, acquise dans le

sacrifice du Christ ; il invite ses disciples à en faire mémoire.

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Jean 6, 32-35.51-58 : Le pain que Dieu nous donne : Je suis le pain vivant

32 Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. 33 Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » 34 Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. » 35 Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. 51 Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » 52 Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » 53 Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. 54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. 55 En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. 56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. 57 De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. 58 Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

Un peu comme cette foule amassée près de Jésus, il faudrait que j’arrive à lui dire : « Seigneur, donne-

nous de ce pain-là, toujours ! » (Jn 6, 34). Mais il faudrait le dire en vérité, de manière vitale,

essentielle, car j’en ai besoin même si je n’en suis pas digne ! Car ce grand mystère de l’Eucharistie

donne la vie au monde. Il m’est demandé un discernement sur ce qui me nourrit en profondeur et en

vérité et qui me donne la vie, il m’est aussi demander un autre discernement sur ce qui ne me nourrit

pas ! Qui me donne la vraie nourriture ? Quelle nourriture je donne aux gens ? Comment puis-je

discerner ? En regardant le portrait du Christ !

Le Christ est le pain vivant venant du ciel (Jn6, 32-35.51-58). Comment Jésus se présente comme un

pain vivant à ma vie aujourd’hui ? Qu’est-ce que me fait découvrir ce discours sur le pain vivant de

Jésus-Christ ? Jésus s’identifie au pain vivant .Ce pain est vivant parce qu’il est la chair et le sang du

Christ, il donne la vie. Il vivifie d’une vie éternelle. Ce pain vient du ciel, il est à recevoir, à accueillir

dans une dynamique de foi. Il établit un lien de communion avec Jésus-Christ avec une promesse de

résurrection et d’union intime avec Dieu. Un lien qui implique une connaissance de profonde intimité

entre le père et le fils.

Jésus est le pain de vie, Il est Dieu qui nourrit et donne la vie pour son peuple. Combien de fois dans

ma vie ai-je vraiment faim de Jésus ? C’est ma foi qui m’incite à avoir faim de Jésus. Or, c’est Lui le pain

de Dieu qui me donne une vie en communion avec Dieu et avec les autres. Les pères des Juifs

mangèrent la manne dans le désert, il n’a pas pu les préserver de la mort, car ils sont morts comme les

autres. Cependant, Christ est le pain qui descend du ciel afin qu’un homme puisse en manger et ne pas

mourir. Autrement dit, la Vie Eternelle est dans le Fils de Dieu : si quelqu’un mangeait de ce pain, il

vivrait éternellement. En effet, la chair du Christ est donnée pour la vie du monde.

Jésus est le pain de la vie. Dans notre vie quotidienne nous avons besoin de manger pour vivre physiologiquement, car notre corps éprouve les besoins d’éléments nutritifs. C’est naturel, mais notre vie n’est pas seulement naturelle. Notre vie surnaturelle a besoin aussi d’être nourrie. La nourriture

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pour cette vie surnaturelle nous vient du Christ, Lui qui vient à notre rencontre à travers les sacrements et l’Eucharistie est le sacrement par excellence où le Christ se donne à nous. Par lui, avec Lui et en Lui nous pouvons accéder au Père. Celui qui vient à moi. Christ ne fait pas de chantage pour se faire connaître. Il m’invite à venir vers lui ; il ne m’oblige ni ne me force. C’est dans sa tendresse qu’Il est toujours prêt à m’accueillir, il me demande de faire un pas et Lui fera le reste pour venir à ma rencontre. Il veut m’accueillir tel que je suis. Celui qui croit en moi. La foi au Christ est un don gratuit que chaque croyant reçoit de Dieu. Cette foi en Dieu se reçoit dans la liberté et Elle n’est pas une propriété privée. C’est sur la croix que Jésus nous a montré que la foi en Dieu donne la vie. C’est dans et par cette foi qu’est étanchée la soif, car en Christ on n’a plus soif. C’est en ayant soif de l’amour que nous accueillons l’invitation du Christ sur la croix. Prière : Affermis ma foi Seigneur et ouvre mon intelligence afin de vivre toujours le mystère de la croix dans l’humilité et abandon total. Aide-moi à disposer toujours mon cœur pour recevoir tes grâces pour ne plus jamais avoir ni faim ni soif.

Jean 10, 11-26 : Donner sa vie. Le Bon Berger se dessaisit de sa vie pour ses brebis

11 Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. 12 Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. 13 Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. 14 Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, 15 comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. 16 J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. 17 Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. 18 Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. » 19 De nouveau les Juifs se divisèrent à cause de ces paroles. 20 Beaucoup d’entre eux disaient : « Il a un démon, il délire. Pourquoi l’écoutez-vous ? » 21 D’autres disaient : « Ces paroles ne sont pas celles d’un possédé… Un démon pourrait-il ouvrir les yeux des aveugles ? » 22 Alors arriva la fête de la dédicace du Temple à Jérusalem. C’était l’hiver. 23 Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon. 24 Les Juifs firent cercle autour de lui ; ils lui disaient : « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? Si c’est toi le Christ, dis-le nous ouvertement ! » 25 Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. 26 Mais vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis.

Dans ce passage d’Evangile, Jésus me montre ce qu’est le bon pasteur : avoir le souci, marcher en avant, rassembler, nourrir ses brebis et même, laisser sa vie pour ses brebis. Dans la vie quotidienne, parfois l’homme qui reçoit un salaire ne se soucie pas des brebis, car elles ne lui appartiennent pas en propre. C’est l’esprit de Caïn qui disait : « Suis-je, moi le gardien de mon frère ? » (Gn 4,9). La foi qui caractérise les brebis de Jésus : elles écoutent sa voix et le suivent. Le Seigneur en prend soin, il leur donne la vie éternelle. Même s’ils affrontent de nombreux dangers, Il désire affermir leur foi en leur garantissant une protection absolue.

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Moi, en tant que baptisé et séminariste, Jésus m’appelle à continuer son œuvre salvifique pour ses brebis. Envers les brebis égarées Jésus me demande d’avoir bonté, amour, patience et persévérance. PRIERE : Seigneur Jésus, que ton corps et ton sang me donne une force pour réaliser une vie selon ton cœur, une vie de plein partage ! Que je sois entraîné dans le mystère du pain rompu et du sang versé afin que je puisse aimer les autres comme Dieu. Amen. Parce que le berger connaît son troupeau, il est prêt à faire don de sa vie, il veille à la brebis égarée pour les rassembler toutes autour de lui : un acte de pure gratuité, de pure bonté. Ce lien d’intimité entre le berger et son troupeau s’établit par une dynamique d’écoute de la voix du berger dans la foi, ce qui sera la clef de la reconnaissance de Jésus-Christ à la résurrection (Lc24, 13-27). Jésus me parle du Bon Pasteur… Il me parle de donner sa vie pour ses brebis… Encore plus exigeant ! Plus radical ! Donne sa vie pour ses brebis, c’est beaucoup plus large que de donner sa vie pour ses amis, car dans les brebis nous avons des têtes de mules (pas facile !) mais c’est le propre du berger que de s’occuper aussi d’elle ! Donner sa vie pour tous. J’y vois ici, le sacrifice eucharistique… Se dessaisir de sa vie, le plus grand amour c’est de donner la vie, donner sa vie pour donner la vie… Et cela demande une grande attention de la part du pasteur envers les brebis pour « voir venir le loup ». Etre attentionné ! Se soucier ! Mes brebis me connaissent. Les brebis reconnaissent ceux qui s’occupent d’elles. Reconnaître Jésus du mercenaire. Elles écouteront ma voix. Il faut que je les mène, dans quel but ? Un seul troupeau ? Jésus est le guide. Il marche devant, il marche avec, un berger ne laisse pas les brebis marcher devant, ce n’est pas un vacher. Des brebis qui font partie d’un autre enclos, cela demande que le berger ait de bonnes brebis pour qu’elles emmènent les nouvelles brebis vers le berger… Jésus demande donc notre participation ; Notre rôle est important ! Donner sa vie ? Jésus a besoin de nous…

CHEMIN DE DISCIPLE ET D’APÔTRE « C’est le mystère de l’Incarnation qui m’a converti » A. Chevrier.

TABLEAU DE SAINT FONS Pour tracer notre chemin de disciple, nous avons médité des textes dans trois directions, selon le schéma du tableau de Saint Fons : - La Crèche. A l’écoute des appels à vivre personnellement et communautairement la pauvreté

comme chemin de sanctification. - La Croix. A l’écoute des appels à intégrer, accepter la croix dans nos vies de disciples comme

chemin de fécondité de notre témoignage de disciple. - Le Tabernacle. A l’écoute des appels à donner, se donner, servir… Appels à être nourrissants pour

les autres. DISCIPLES D’EMMAÜS Pour tracer notre chemin de disciple, nous avons aussi, en guise de conclusion de notre année, médité le texte des disciples d’Emmaüs. Méditation, contemplation du Christ qui vient à la rencontre de tout disciple pour lui expliquer les écritures, pour lui confier sa mission. - Si l’initiative de provoquer, de suggérer et d’éveiller revient à Dieu, l’initiative d’accueillir revient au

disciple. - Contempler Jésus : comment il se laisse inviter, comment il prend l’initiative, comment il se révèle. - Contempler Jésus et le reconnaître dans ce geste eucharistique. - Se remettre en route, sans attendre, spontanément, résolument. Reconnaître les urgences

missionnaires dans nos vies de disciples.