LA CLOZAPINE : DE LA THEORIE A LA PRATIQUEdoxa.u-pec.fr/theses/th0616256.pdf · soit assuré de ma...

167
UNIVERSITE PARIS 12 VAL-DE-MARNE FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ****************** THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Psychiatrie Présentée et soutenue publiquement le 19 mars 2012 A Créteil Par Marion MONVILLE Née le 19 avril 1982 à Pithiviers LA CLOZAPINE : DE LA THEORIE A LA PRATIQUE PRESIDENT DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA MME le Professeur HENRY BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE DIRECTEUR DE THESE : M. le Docteur HOUENOU Signature du Président Cachet de la bibliothèque de thèse universitaire

Transcript of LA CLOZAPINE : DE LA THEORIE A LA PRATIQUEdoxa.u-pec.fr/theses/th0616256.pdf · soit assuré de ma...

UNIVERSITE PARIS 12 VAL-DE-MARNE

FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

******************

THESE

POUR LE DIPLOME D'ETAT

DE

DOCTEUR EN MEDECINE

Discipline : Psychiatrie

Présentée et soutenue publiquement le 19 mars 2012

A Créteil

Par Marion MONVILLE

Née le 19 avril 1982 à Pithiviers

LA CLOZAPINE : DE LA THEORIE A LA PRATIQUE

PRESIDENT DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA

MME le Professeur HENRY BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE

DIRECTEUR DE THESE :

M. le Docteur HOUENOU

Signature du Président Cachet de la bibliothèque de

thèse universitaire

3

REMERCIEMENTS

Madame le Professeur HENRY, pour avoir accepté de présider cette thèse, qu’elle trouve en

cette occasion l’expression de mon profond respect.

Messieurs les Professeurs SCHUROFF et FOSSATI pour avoir accepté de faire partie du jury de

cette thèse et pour l’honneur qu’ils me font de juger mon travail, qu’ils trouvent en cette

occasion l’assurance de mon estime et de ma reconnaissance.

Monsieur le Docteur HOUENOU, pour avoir dirigé ce travail avec dynamisme, enthousiasme et

indulgence, pour son soutien et ses conseils avisés, qu’il trouve ici mes sincères remerciements.

Monsieur le Docteur BANTMAN, qui me fait l’honneur de m’accueillir dans son service, qu’il

soit assuré de ma motivation.

Madame le Professeur LEBOYER pour avoir contribué à mon intérêt pour la psychiatrie.

4

Je voudrais exprimer mes sincères remerciements à tous les médecins qui m’ont formée au cours

de mon internat : Pr Leboyer, Pr Lépine, Dr Lachaux, Dr Cantero, Pr Mouren-Siméoni, Dr Le

Heuzey, Dr Dupuy, Dr Mekaoui.

Aux médecins que j’ai rencontrées au cours de mes études et qui ont contribué à mon intérêt

pour la psychiatrie : Dr Granier et Dr Lafont-Rapnouil.

Aux médecins m’ayant enrichie tant sur le plan professionnel que personnel : Anne-Sophie

Léger et Stéphanie Liquet.

Aux équipes soignantes et aux patients auprès desquels j’ai beaucoup appris.

A ma mère, pour son amour, sa confiance, son soutien constant, sans qui je ne serais pas ce que

je suis devenue aujourd’hui.

A Nicolas que j’aime et qui m’a supporté durant toutes ces années.

A Paul, mon fils adoré.

A Milena, ma sœur que je chéris, à qui je dois énormément.

A Xavier et à Nadia que j’aime énormément, ainsi que Lidy et Gil.

A ma grand-mère pour son soutien et sa présence.

A ma cousine Emeline pour sa générosité et son efficacité.

A ma famille, oncles, tantes, cousins, cousines, neveux, nièces, Céline, Laurence, Danièle et

Patrick.

A mes amis toujours présents, Perrine, Pierrick, Marie.

Aux amis des bancs de la fac et ceux rencontrés pendant l’internat.

Et enfin à mon père qui m’a quitté trop tôt, qui quoique je fasse n’a jamais douté de moi, pour

son amour inconditionnel.

5

PARTIE 1 : INTRODUCTION……………………………………………………………...

PARTIE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE……………………………………………..

1. HISTORIQUE DE LA CLOZAPINE……………………………………………………...

1.1.L’avènement des neuroleptiques………………………………………………………….

1.2.Histoire de la clozapine ……………………………………………………......…………

1.2.1. La découverte du produit : de la synthèse chimique en 1959 à 1988……….....

1.2.2. De 1988 à nos jours : la redécouverte de la clozapine………………………….

2. ASPESCTS PHARMACOLOGIQUES……………………………………………………

2.1.Structure chimique………………………………………………………………………..

2.2.Pharmacocinétique………………………………………………………………………..

2.2.1. Résorption et absorption…………………………………………………….....

2.2.2. Distribution…………………………………………………………………….

2.2.3. Métabolisme et élimination…………………………………………………….

2.2.4. Facteurs influençant la concentration plasmatique…………………………….

2.3.Psychopharmacologie…………………………………………………………………….

2.3.1. Impact de la clozapine sur le système dopaminergique………………………..

2.3.2. Impact de la clozapine sur le système sérotoninergique………………………..

2.3.3. Clozapine et système noradrénergique…………………………………………

2.3.4. Clozapine et autres systèmes…………………………………………………...

3. CADRE LEGAL DE PRESCRIPTION ET RECOMMANDATIONS……………………

3.1.Autorisation de mise sur le marché de la clozapine en France…………………………..

3.2.Recommandations internationales………………………………………………………..

3.3.Cadre légal de prescription………………………………………………………………..

3.3.1. Clozapine et schizophrénie……………………………………………………..

3.3.2. Clozapine et maladie de Parkinson……………………………………………..

3.3.3. Cas particuliers…………………………………………………………………

3.4.Cadre légal de surveillance……………………………………………………………….

3.5.Posologie et durée adéquates d’une séquence de traitement par clozapine………………

3.5.1. Posologie adéquate d’une séquence de traitement par clozapine………………

3.5.2. Durée adéquate d’une séquence de traitement par clozapine…………………..

4. EFFICACITE DE LA CLOZAPINE DANS LA SCHIZOPRHENIE RESISTANTE……

4.1.Clozapine et schizophrénie résistante…………………………………………………….

4.1.1. Définition............................................................................................................

4.1.2. Efficacité de la clozapine dans la schizophrénie résistante.................................

4.2.Clozapine et symptômes positifs et négatifs……………………………………………..

4.2.1. Définition............................................................................................................

4.2.2. Efficacité de la clozapine sur les symptômes négatifs.........................................

4.3.Efficacité de la clozapine versus autres neuroleptiques…………………………………..

4.4. Facteurs de réponse et efficacité à long terme…………………………………………...

5. EFFICACITE DE LA CLOZAPINE EN DEHORS DE LA SCHIZOPHRENIE

RESISTANTE……………………………………………………………………………..

5.1.Efficacité de la clozapine dans le trouble schizoaffectif…………………………………

5.1.1. Aspects nosographiques………………………………………………………..

5.1.2. Intérêt de la clozapine dans le trouble schizoaffectif………………………….

5.2.Intérêt de la clozapine dans le suicide…………………………………………………….

5.2.1. Données épidémiologiques…………………………………………………….

5.2.2. Efficacité de la clozapine dans le suicide………………………………………

5.3.Clozapine et conduites agressives………………………………………………………...

5.3.1. Aspects nosographiques………………………………………………………..

5.3.2. Intérêt de la clozapine dans les conduites agressives des patients…………….

7

9

8

8

12

12

13

15

15

16

16

16

16

17

18

18

19

21

22

23

24

27

31

31

33

33

34

35

35

36

39

39

39

40

46

46

50

53

56

59

59

59

62

68

68

70

75

75

78

6

5.3.3. Mécanismes d’action de la clozapine dans les comportements agressifs…........

6. EFFETS DE LA CLOZAPINE EN DEHORS DE LA SCHIZOPHRENIE……………….

6.1.Clozapine et troubles thymiques………………………………………………………….

6.1.1. Clozapine et trouble bipolaire…………………………………………………..

6.1.2. Clozapine et trouble dépressif………………………………………………….

6.2.Clozapine et trouble de personnalité borderline…….................................……………….

6.3.Clozapine et maladie de Parkinson.....................................………………………………

6.4.Clozapine et autres troubles psychiatriques........................................................................

6.4.1. Intérêt de la clozapine chez l’enfant et l’adolescent............................................

6.4.2. Intérêt de la clozapine dans les autres troubles psychiatriques…………....…...

7. EFFETS SECONDAIRES DE LA CLOZAPINE…………………………………………

7.1.Agranulocytose et troubles hématologiques………………………………………………

7.2.Convulsions et clozapine………………………………………………………………….

7.3.Troubles cardiovasculaires et mort subite………………………………………………..

7.4.Troubles métaboliques et endocriniens…………………………………………………..

7.4.1. Prise de poids…………………………………………………………………..

7.4.2. Troubles métaboliques et endocriniens…………………………………………

7.5.Clozapine et grossesse…………………………………………………………………….

7.6.Autres effets secondaires………………………………………………………………….

PARTIE 3 : ETUDE CLINIQUE…………………………………………………………….

1. OBJECTIFS………………………………………………………………………………..

2. POPULATION ET METHODE……………………………………………………………

2.1. Population………………………………………………………………………………..

2.2. Outils d’évaluation……………………………………………………………………….

2.3.Analyses statistiques………………………………………………………………………

3. RESULTATS……………………………………………………………………………….

3.1. Pratique de prescription de la clozapine………………………………………………….

3.1.1. Caractéristiques des répondeurs……………………………………………….

3.1.2. Prescription personnelle de clozapine………………………………………….

3.2. Connaissances des psychiatres sur la clozapine………………………………………….

3.3. La prescription de clozapine dans la pratique quotidienne des psychiatres……………..

4. DISCUSSION……………………………………………………………………………..

4.1.Données générales………………………………………………………………………...

4.2. Indications………………………………………………………………………………..

4.3.Posologie et mode de prescription………………………………………………………...

4.4.Tolérance et effets secondaires……………………………………………………………

4.5.Limites de l’étude…………………………………………………………………………

PARTIE 4 : CONCLUSION.....................................................................................................

PARTIE 5 BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………….

ANNEXE 1 : Questionnaire adressé aux psychiatres…………………………….................

78

86

86

86

88

90

92

94

94

94

96

96

101

103

105

105

105

107

108

111

111

112

112

112

113

114

114

114

116

124

129

136

136

137

139

141

143

145

147

161

7

INTRODUCTION

L’usage des chimiothérapies dans notre pratique de la psychiatrie est maintenant

quotidien. S’il est adapté à chaque situation clinique, selon les diagnostics et les particularités

cliniques de chaque patient, il n’en demeure pas moins que le bagage théorique du psychiatre

reste indispensable.

Dans ce travail, nous allons nous intéresser à une molécule particulière, antipsychotique

surtout connu pour le traitement de la schizophrénie résistante. Nous verrons les particularités de

cette molécule, la clozapine, qui souffre encore aujourd’hui d’une réputation datant des années

70, suite aux cas d’agranulocytoses ayant entraîné le retrait de sa commercialisation. En effet, les

cas mortels d’agranulocytoses sont restés présents dans les esprits, et la clozapine est surtout

envisagée par les psychiatres en dernier recours, là où les thérapeutiques habituelles ont échoué.

La formulation restrictive et les conditions particulières d’utilisation n’ont pas facilité sa

prescription. Les données de la littérature en témoignent, mentionnant que ce traitement ne serait

prescrit que chez seulement un tiers des patients susceptibles d’en bénéficier (Buckley et al.

2001, [27]). Or, alors qu’on pourrait s’attendre à un oubli de cette molécule au profit d’autres

thérapeutiques, on assiste depuis plusieurs années à un regain d’intérêt pour la clozapine. Son

indication a également été récemment élargie dans les conférences de consensus et

recommandations d’experts (Texas Medical Algorithm Project 2007, [165]). Initialement

réservée aux cas d’absence totale de réponse, la clozapine est maintenant indiquée dans les

situations où la réponse n’est pas assez satisfaisante, différant ainsi de son indication princeps.

Il nous a donc semblé intéressant de réactualiser les connaissances sur ce produit, tant sur

les effets cliniques que sur la tolérance du produit, en vue d’optimiser la prescription de

clozapine chez nos patients. Nous avons également souhaité faire un état des lieux des

représentations et des pratiques en cours chez des psychiatres en formation (internes) ou déjà

formés. L’intérêt de connaître des pratiques et connaissances des internes revêt plusieurs aspects.

Le premier réside dans les croyances sur les risques historiques d’agranulocytose, qui peut être

un biais dans la prescription des psychiatres les plus expérimentés. Secondairement, si les

recommandations de prescriptions ont changé, il paraissait également intéressant d’évaluer si ces

nouvelles perspectives étaient bien transmises à la nouvelle génération de psychiatre que

représentent les internes.

8

Nous commencerons ce travail par les aspects historiques du développement des

neuroleptiques et l’histoire singulière de la clozapine. Nous y évoquerons également les

particularités pharmacologiques de la clozapine.

Nous aborderons ensuite les recommandations, les conditions de prescription de la

clozapine, puis les effets de la clozapine dans la schizophrénie dans une troisième partie.

Nous continuerons avec une partie consacrée aux effets cliniques de la clozapine en

dehors de la schizophrénie résistante, indications dont l'intérêt est actuellement en plein essor.

Nous exposerons alors les données les plus récentes de la littérature sur les principaux

symptômes cibles de la molécule.

Pour finir nous étudierons la tolérance de la clozapine, en particulier le risque

d’agranulocytose, et plus généralement les autres effets secondaires indésirables les plus

rencontrés.

Pour illustrer notre propos, une enquête réalisée auprès des psychiatres français a été

réalisée, dans le but d’évaluer les connaissances, représentations et pratiques actuelles

concernant l’usage de la clozapine.

9

PARTIE 2 : REVUE DE LA LITTERATURE

1. HISTORIQUE DE LA CLOZAPINE

1.1.L’avènement des neuroleptiques [48, 80,92].

Plusieurs étapes ont marqué la découverte des neuroleptiques, débutant à l’antiquité avec

l’usage de plantes à vertus médicinales. Puis les principes actifs seront isolés au 19ème

siècle,

avant la découverte de leur effet propre, et la classification des molécules.

Le psychotrope le plus ancien et aussi le plus répandu est vraisemblablement l’alcool. Les

médecins et philosophes de l’antiquité ont bien décrit les propriétés de l’alcool lors de

l’intoxication aigüe à ce dernier, et l’ont prescrit comme revigorant et comme fortifiant pour le

lait des nourrices. L’alcool a été considéré comme un médicament dès sa découverte par

distillation à la fin du Moyen-âge et a pris le nom d’ « eau de vie », appelé ainsi par Raymond

Lulle pour ses propriétés revigorantes.

Par ailleurs, l’usage des graines de pavot blanc, qui fournit l’opium, est très ancien,

remontant à la préhistoire en Europe. Les sédatifs végétaux étaient bien connus des médecins de

l’antiquité, utilisés en particulier pour le traitement symptomatique des troubles psychiques,

l’opium a même été mentionné par Hippocrate. La belladone a été utilisée par les Egyptiens

comme somnifère et par les Syriens contre les idées noires. La médecine sacrée de l’Inde avait

recours aux racines de Rauwolfia pour provoquer le sommeil chez l’enfant et traiter la folie.

D’autres substances ont été répertoriées comme stimulants, comme les baies rouges du caféier, la

noix vomique ou le tabac, d’autres remarquées comme sédatifs, à savoir la belladone, la

jusquiame, la valériane, la passiflore, la ballote ou encore l’aconit.

Le 19ème

siècle est marqué par l’isolement des principes actifs. L’isolement des principes

actifs débute en 1818 par la strychnine isolée de la noix vomique par Pelletier et Caventou, ainsi

que les alcaloïdes de l’opium la même année. Il s’en suit la caféine en 1820 découverte par

Runge, l’atropine en 1825 découverte par Brandes à partir de la belladone, la cocaïne de 1855 à

1859 découverte par Goedecke et Niemann, l’éphédrine en 1885 extraite de l’Ephedra Vulgaris

par Nagaï, la mescaline en 1894 isolée du peyotl par Hefter avant d’être synthétisée par Späth en

1910, et pour finir le cannabis en 1965 issu du tétra-hydro-cannabinol.

10

En près d’un siècle plusieurs médicaments psychotropes ont été découverts.

Le premier est le bromure de potassium par Locock en 1826 utilisé pour le traitement de

l’épilepsie, suivi de la découverte de barbituriques (Gardénal® en 1912), les amphétamines

(1938 en Allemagne).

En 1937, Daniel Bovet et Melle Staub, au laboratoire de l’Institut Pasteur, ont découvert

les antihistaminiques de synthèse dérivés de la pyridine.

Ces recherches sur les antihistaminiques ont abouti à la découverte de la chlorpromazine, par un

pharmacologue italien, Daniel Bovet en 1937, au laboratoire de Fourneau à l’institut Pasteur. Les

antihistaminiques dérivent de la pyridine. Halpern a étendu ses recherches aux phénothiazines

comme la prométhazine (Phénergan®). En 1950, ce produit fut proposé pour lutter contre

l’agitation des malades mentaux et d’autres antihistaminiques furent essayés avec des fortunes

inégales.

La chlorpromazine (largactil®) connue comme une phénothiazine ou 4560RP, a été

synthétisée par Charpentier en 1950.

Elle restera inexploitée pendant deux ans. Cherchant une molécule aux effets centraux supérieurs

à ceux de la prométhazine (Phénergan®), le laboratoire Rhône Poulenc fournit à H.Laborit,

physiologiste et chirurgien au Val de Grâce, le 4560RP : la chlorpromazine. Considérée par

Laborit, Huguenard et Alluaume en février 1952 comme un nouveau stabilisateur neuro-

végétatif, puis comme un ganglioplégique ou un neuroleptique, elle fut surtout utilisée comme

potentialisateur dans les cures de sommeil.

Alors qu’aucune publication chez l’homme ou l’animal n’est disponible concernant les

propriétés pharmacologiques de la molécule, Laborit introduit quand même la chlorpromazine

dans la thérapeutique humaine. Les résultats ne se font pas attendre et dès février 1952, le

chirurgien publie la première communication concernant la chlorpromazine : « un nouveau

stabilisateur végétatif, le RP4560 » (Delay et al. 1952, [49]). Il y décrit l’usage du produit en

anesthésiologie, mais laisse aussi entendre d’éventuelles implications en psychiatrie, signalant

l’effet de « désintéressement du patient pour tout ce qui est autour de lui ».

En mars 1952, les neuropsychiatres du Val de Grâce, Dr J. Hamon, J.Paraire et J.Velluz

publièrent un cas d’agitation maniaque traité par une association de chlorpromazine soit au

11

phénobarbital soit à la péthidine : une sédation temporaire de l’agitation fut obtenue, mais

insuffisante, ce qui conduisit à recourir à l’électrochoc (lempérière et al. 2001 [92]).

Les travaux psychiatriques les plus probants sur la chlorpromazine vont être ceux de

Jean Delay et Pierre Deniker. De mai à juillet 1952, ils publièrent six communications portant

sur une quarantaine de malades traités par chlorpromazine en monothérapie, de façon « continue

et prolongée », dans des états d’agitations et de psychose. Ils écrivent alors pour la première

fois : « une simple chimiothérapie administrée de façon continue et prolongée, utilisant un seul

médicament qui détermine un syndrome psychomoteur particulier, est capable de réduire les

psychoses de type divers » ; c’est une véritable révolution.

En France, la chlorpromazine reçut le nom de largactil®, « large action ».

Dans le contexte de nombreuses publications de résultats concernant l’efficacité de la

chlorpromazine dans les psychoses aiguës ainsi que chroniques, les posologies recommandées

chez l’adulte ont été augmentées de 75 à 150mg/j, voire davantage.

A côté de la chlorpromazine, l’introduction en 1954 de la réserpine dans la pharmacopée

psychiatrique internationale marque une étape importante dans l’histoire des neuroleptiques.

L’identification par les chercheurs des laboratoires Ciba de l’alcaloïde le plus psychoactif de

Rauwolfia, la réserpine, va faciliter la mise au point des posologies psychiatriques et les

expérimentations cliniques qui mettront en évidence de frappantes similitudes avec la

chlorpromazine : activité sédative particulière, efficacité dans les psychoses aiguës et chroniques,

modifications neurovégétatives. En décembre 1954, H.Steck attire l’attention sur des propriétés

communes aux deux produits, celles d’engendrer des effets extrapyramidaux et diencéphaliques

(Lempérière et al. 2001, [92]). Elle fut largement utilisée, mais ses effets secondaires

indésirables lui ont fait préférer rapidement les nouveaux neuroleptiques, phénothiazines et

butyrophénones, qui vont apparaître en nombre dans la décennie suivante.

12

Les effets neurologiques de la réserpine seront intégrés dans la définition pharmaco-

clinique des neuroleptiques de Delay et Deniker.

Delay et Deniker dégagèrent de leurs publications trois notions importantes [49,50]:

l’efficacité de la chlorpromazine en monothérapie. Celle-ci était administrée de façon

continue et prolongée comme une simple chimiothérapie psychiatrique.

l’existence d’un syndrome psychomoteur caractéristique. Ce ralentissement

psychomoteur, associé à une neutralité émotionnelle et à une indifférence affective,

inaugurait ce que les auteurs devaient plus tard appeler « syndrome neuroleptique ».

l’action thérapeutique dans les psychoses. D’excellents résultats étaient obtenus dans les

psychoses maniaques, les états d’excitation et même dans les états confusionnels, malgré

l’action sur la fonction vigile et la somnolence initiale.

Dans le laboratoire de Paul Janssen, la recherche de nouveaux analgésiques à partir des

dérivés de la péthidine conduisit à la synthèse de butyrophénones. L’halopéridol a été synthétisé

en février 1958. L’expérimentation animale ayant montré qu’il possédait des caractéristiques

analogues à celles de la chlorpromazine, tout en agissant à des doses plus faibles. Un an et demi

après sa synthèse, une quinzaine de publications consacrent l’halopéridol comme un

neuroleptique majeur. Beaucoup d’autres butyrophénones neuroleptiques ont été utilisées soit

comme antipsychotiques, soit surtout comme médicaments de l’urgence psychiatrique où leur

efficacité s’est avérée remarquable.

Alors que la pharmacopée s’était enrichie de nombreux neuroleptiques répondant à la

définition donnée en 1957 par Delay et Deniker, on voit apparaître à la fin de la décennie 1960-

1970 des produits indéniablement antipsychotiques mais qui sont peu ou pas catalepsigènes chez

l’animal et, qui chez l’homme, entraînent peu d’effets extrapyramidaux. L’introduction de ces

produits, qualifiés au départ de neuroleptiques atypiques, et représentés par le sulpiride et la

clozapine, marque une autre étape dans le développement des antipsychotiques. Les premières

expérimentations de la clozapine quant à elles datent du début des années 1970 (Lempérière et

al. 2001, [92]).

13

1.2.Histoire de la clozapine (Hippius 1999, [69]).

1.2.1. La découverte du produit : de la synthèse chimique en 1959 à 1988.

La découverte des neuroleptiques au début des années 50, a été suivie de nombreuses

recherches sur les mécanismes d’action de ces produits. Mais l’hypothèse d’un lien indissociable

entre effets psychiques et effets secondaires extrapyramidaux restait encore prédominante. La

découverte des molécules tricycliques et de leurs propriétés antidépressives amenait aussi les

chercheurs à évoquer l’existence d’un lien entre classe chimique et effet psychique.

En 1958, les laboratoires Wander, suite à la découverte de l’imipramine par Khühn en

1957, initient un programme de recherche sur les propriétés antidépressives de certains dérivés

tricycliques. Münzicker synthétise alors la clozapine en 1959 et commence les premières

expérimentations. Alors qu’ils s’attendaient à des effets plutôt de nature antidépressive (dérivé

tricyclique), ils eurent la surprise de constater non seulement un effet antipsychotique indéniable,

mais également l’absence d’effets secondaires de type extrapyramidal. Le laboratoire a

longtemps hésité à développer le produit, non pas pour une absence d’efficacité, mais en raison

de son absence d’effet secondaires (Hippius 1999 [69]). Ces éléments expliquent le relatif

manque d’intérêt pour cette molécule pendant quelques années.

Dans les années 1970, la clozapine est de nouveau expérimentée dans plusieurs centres.

Ils démontrent alors son activité antipsychotique très puissante et son absence d’effet secondaire

extrapyramidal. Toujours en vertu du dogme de l’époque concernant le mode d’action des

neuroleptiques, on lui confère un profil d’action atypique puisque non pourvoyeur de syndrome

extrapyramidal. Le concept d’atypicité venait de naître.

Le produit suscitera alors beaucoup d’intérêt, surtout dans les pays germanophones et

scandinaves, où des études contrôlées montreront sa supériorité d’action par rapport à la

chlorpromazine et l’halopéridol. Les premiers grands essais menés par Kline et Shopsine aux

Etats-Unis, viendront bientôt confirmer ces résultats, donnant à ce produit un engouement

international (Lempérière et al. 2001 [92]).

14

Malheureusement, la survenue en Finlande de seize cas d’agranulocytose dont huit

mortels, entraîne l’arrêt de l’utilisation de la molécule comme traitement usuel en 1975. Le

produit restera toutefois disponible dans quelques pays comme la Suisse ou la Suède, sous des

conditions de surveillance très strictes et pour des patients résistants aux traitements ou

intolérants aux neuroleptiques. Mais d’autres malades, ne présentant pas ces critères et chez qui

la clozapine avait été arrêtée, demandaient à leur psychiatre à ce qu’elle soit aussi réintroduite.

C’est ainsi que quelques patients non résistants aux traitements reçurent encore ce produit.

En Europe, l’engouement initial pour la clozapine s’effondre alors qu’aux Etats-Unis,

l’intérêt pour cette molécule reste important. Motivés par l’absence de progrès décisif dans le

traitement de la schizophrénie, les recherches se poursuivent et aboutiront bientôt à une véritable

redécouverte du produit. La publication ayant entraîné le regain de l’intérêt international pour la

clozapine fut celle de Kane en 1988.

1.2.2. De 1988 à nos jours : la redécouverte de la clozapine.

Cette période de redécouverte de la clozapine a été inaugurée par l’étude collaborative

menée par Kane (Kane et al. 1988 [75]) pour évaluer l’efficacité de la clozapine dans les

« schizophrénies résistantes ». Cet essai clinique de grande ampleur et méthodiquement

rigoureux a établi la supériorité de la clozapine (600mg/j en moyenne) sur la chlorpromazine

(1200mg/j en moyenne) dans une population bien définie de malades résistants aux

neuroleptiques classiques (malades chroniques ; échec d’au moins trois neuroleptiques différents,

confirmé par l’échec de l’halopéridol à doses élevées avant le début de l’essai contrôlé). Après

six semaines de traitement, 30% des patients sous clozapine étaient améliorés contre 4% avec de

la chlorpromazine. La clozapine a obtenu aux Etats-Unis grâce à cette étude, l’autorisation de la

FDA en 1990 et en France l’AMM en 1991, pour des patients strictement définis et sous

surveillance hématologique étroite.

15

Cette étude va alors modifier l’état d’esprit, notamment celui des anglo-saxons avec la

notion d’équivalence des neuroleptiques, et l’idée française de l’effet extrapyramidal comme

critère intangible de la définition des neuroleptiques, puisque la clozapine exerçait une puissante

action antipsychotique sans induire un parkinsonisme. Ce changement de paradigme a permis le

développement de nouvelles molécules, la rispéridone en 1996, l’olanzapine en 1999, la

quétiapine, la sertindole et la ziprasidone (non commercialisés en France), molécules dites

« atypiques » en raison d’un profil pharmacologique et clinique qui se rapprocherait de celui de

la clozapine.

Dans le même temps, la clozapine, traitement de référence dans la schizophrénie

résistante, indication qu’elle est la seule à posséder et qui jusqu’à maintenant était le seul

psychotrope délivré exclusivement à l’hôpital, a vu son statut se modifier avec la levée de la

réserve hospitalière et ses indications à s’harmoniser sur le plan européen et s’élargir aux

psychoses parkinsoniennes.

16

2. APECTS PHARMACOLOGIQUES [28] [108] [134].

2.1. Structure chimique

La clozapine est un neuroleptique atypique du fait de sa structure biochimique,

appartenant à la famille des dibenzo-azépines, ainsi que par son profil d’action dopaminergique

et sérotoninergique.

Les dibenzo-azépines sont une famille de neuroleptiques ayant un squelette tricyclique commun

de type 6-7-6.

L’hétérocycle central à 7 atomes contient deux hétéroatomes dont un étant l’azote. Le deuxième

peut différer d’une molécule à l’autre, donnant un dérivé de la clozapine si cet atome l’azote, la

loxapine si c’est un atome d’oxygène ou encore la clotiapine si cet atome est le souffre.

Ces trois séries possèdent toutes en commun un groupement greffé sur le carbone 11, à savoir un

groupement N-méthyl-pipérazinyl. Elles ont également toutes un atome de chlore.

Ainsi la dénomination selon la nomenclature internationale de la clozapine est la

suivante :

8-chloro-11-(4-méthyl-1-pipérazinyl) 5-hydroxy-dibenzo(1,4)-diazépine

Sa formule brute est : C18H19N4CL et sa structure chimique est la suivante :

17

2.2.Pharmacocinétique [28, 108,134].

2.2.1. Résorption et absorption

Environ 90 à 95% de la dose de clozapine administrée par voie orale est absorbée par le

tractus gastro-intestinal.

L’alimentation n’a pas d’influence sur la résorption. Du fait de sa grande stabilité, les comprimés

peuvent être écrasés afin d’obtenir une suspension buvable, sans conséquence sur les propriétés

de la clozapine. Il n’existe pas de forme retard du fait du risque d’agranulocytose.

2.2.2. Distribution

Après administration orale, le produit est rapidement absorbé. L’effet de premier passage

hépatique est assez important et la biodisponibilité varie en moyenne entre 50 et 60%. Le volume

de distribution est assez élevé, avec une moyenne allant de 2 à 5 L/Kg. Le taux de liaison aux

protéines plasmatiques est de 92 à 95% mais le tropisme tissulaire de la clozapine permet un

volume de distribution élevé malgré une fixation importante aux protéines plasmatiques.

Le produit traverse la barrière hémato-encéphalique et passe dans le lait maternel.

2.2.3. Métabolisme et élimination

Sur le plan pharmacocinétique, la clozapine est rapidement absorbée au niveau intestinal,

avec un pic plasmatique entre 1.5 et 3.6 heures (en moyenne 2 heures). La demi-vie de la

clozapine est d’environ 12 heures (Labaune, 2001 [87]). La concentration plasmatique

s’équilibre en moyenne en 7 à 10 jours, mais le début de l’effet antipsychotique peut prendre

plusieurs semaines, l’effet maximal se situant en général après le 3ème

mois.

La clozapine s’élimine sous forme de deux principaux métabolites après passage

hépatique, le premier étant la N-desméthyl-clozapine (norclozapine), qui présente une activité

thérapeutique comparable à celle de la clozapine mais qui a une durée d’action plus courte. Le

second métabolite est la N-oxyde-clozapine. L’élimination des métabolites se fait dans les urines

et dans la bile dans des proportions égales.

18

Le métabolisme de la clozapine dépend du cytochrome P450 avec une implication

particulièrement importante de l’iso-enzyme CYP1A2.

2.2.4. Facteurs influençant la concentration plasmatique.

Les concentrations plasmatiques de la clozapine augmentent proportionnellement aux

doses administrées, cependant certains facteurs physiologiques peuvent modifier les

concentrations plasmatiques de la clozapine, et ce à posologies équivalentes, et doivent être pris

en compte lors de sa prescription. Il existe une variabilité interindividuelle non négligeable avec

un ratio « concentrations plasmatiques/posologies administrées » qui peut varier de 45%, ainsi

qu’une variabilité intra-individuelle de 20% (Schulte 2003 [151]).

Parmi ces facteurs on retrouve l’âge, le sexe (diminution de la clairance totale chez la

femme devant faire diminuer les posologies), le tabac, l’origine ethnique ainsi que le poids. Les

concentrations plasmatiques sont plus élevées chez des patients d’origine asiatique versus

caucasiens, chez les non-fumeurs versus les fumeurs, patients de petit poids versus patients de

plus grande corpulence (Markowitz et al. 1999 [108]). Des adaptations thérapeutiques sont donc

nécessaires dans ces cas là.

D’autres facteurs non physiologiques influencent également le taux plasmatique de la

clozapine tels que les réactions inflammatoires, la prise de caféine, la cimétidine,

l’érythromycine, les contraceptifs oraux et certains psychotropes.

Cela s’explique par la compétition des autres molécules qui influencent le système

enzymatique hépatique du cytochrome P450, ce dernier jouant un rôle important dans le

métabolisme de nombreux médicaments psychotropes dont ceux cités ci-dessous.

C’est ainsi qu’un certain nombre d’antidépresseurs peuvent aussi augmenter le taux

plasmatique de clozapine, notamment la fluvoxamine (floxyfral®) et la fluoxétine (prozac®)

(Meltzer et al. 2001 [119]). Il est d’ailleurs parfois recommandé d’associer la clozapine et la

fluvoxamine pour atteindre des concentrations plasmatiques thérapeutiques chez des patients

dont la dose thérapeutique n’est pas atteinte et ce malgré des posologies élevées. Ces

associations sont maintenant bien documentées (Schulte 2003 [151]).

19

En revanche si certains potentialisent la concentration de la clozapine, d’autres font

diminuer les concentrations plasmatiques, toujours par le même biais hépatique du cytochrome

P450. Il s’agit de la phénytoïne ou de la carbamazépine. Là encore les posologies doivent être

adaptées, mais l’association de la clozapine à la carbamazépine est fortement déconseillée du fait

du risque accru d’agranulocytose.

On estime le seuil de toxicité de la clozapine entre 750 et 1050 µg/L.

2.3. Psychopharmacologie

2.3.1. Clozapine et système dopaminergique [80] [159] [45] [182].

La clozapine possède ceci de particulier qu’elle a une affinité moins importante que les

autres neuroleptiques pour les récepteurs D2, avec un taux d’occupation de 40%. C’est

également le cas pour le récepteur D3, pour lequel elle a une affinité relativement plus faible. Le

blocage D3 est donc comparativement plus faible pour la clozapine que pour les autres

molécules.

En revanche, son affinité pour les récepteurs D1 et D4 est beaucoup plus importante que

les autres neuroleptiques. Son affinité pour les récepteurs D4 est 10 fois supérieure à celle de D2

et 25 fois plus élevée que celle de D3.

Son affinité pour le récepteur D5 est en revanche comparable aux autres neuroleptiques.

Si l’on considère que la clozapine est le traitement de référence dans la schizophrénie

résistante, et le seul dont l’efficacité a été prouvée, il est tentant d’attribuer au récepteur D4 un

rôle majeur dans la résistance aux neuroleptiques et à l’installer au premier rang des récepteurs

de la schizophrénie (Costentin et al. 1997 [45]).

Or il est connu que les récepteurs D4 sont localisés préférentiellement au niveau limbique et

cortical, structures impliquées dans la symptomatologie positive, et peu au niveau de

l’hypothalamus et du striatum. Ceci serait donc en faveur d’une action sur les symptômes

positifs.

Le deuxième récepteur dopaminergique important auquel se fixe la clozapine est le

récepteur D1, présent au niveau du système cortical et limbique. Ainsi, l’impact du blocage D1

semble renvoyer aux mêmes conclusions que le blocage D4, c’est-à-dire l’action sur les

20

symptômes positifs sans amélioration des symptômes négatifs et moins d’effets neurologiques

(action dopaminergique essentiellement corticolimbique). Les récepteurs du collectif D1 ont une

affinité pour la dopamine beaucoup plus importante que ceux du collectif D2. Au niveau

mésolimbique, l’effet du blocage des récepteurs D1 pourrait expliquer la meilleure efficacité du

produit sur les symptômes positifs.

Enfin, signalons qu’au niveau mésocortical, il a été mis en évidence un antagonisme

fonctionnel entre les récepteurs D1 et D2, où le blocage de l’un entraîne une affinité pour la

dopamine de l’autre. Comme la clozapine bloque massivement les récepteurs D1

mésosocorticaux, il s’en suit une augmentation de l’affinité pour les récepteurs D2, cela pourrait

être une explication dans la compréhension des effets du produit sur les symptômes négatifs et

cognitifs du patient schizophrène.

Le faible antagonisme D2 de la clozapine expliquerait l’absence d’effet secondaire

neurologique du produit, les récepteurs D2 étant essentiellement situés au niveau du striatum.

Au total, le profil d’action dopaminergique de la clozapine expliquerait en partie la faible

incidence des effets secondaires neurologiques ainsi que son incidence sur les symptômes

positifs.

Par contre, ce profil dopaminergique ne permet pas d’expliquer les effets sur la

dimension déficitaire.

2.3.2. Clozapine et système sérotoninergique [159] [45] [161].

Plus récemment, il a été démontré que c’est l’action conjointe sur les récepteurs de type

D4 et les récepteurs 5-HT2A qui pourrait expliquer ses propriétés cliniques. En effet, la

clozapine est caractérisée par son affinité importante pour les récepteurs 5-HT 2, avec un taux

d’occupation oscillant entre 84 et 94%. Cette affinité se traduit par un blocage important de

l’activité sérotoninergique cérébrale. Elle possède également une affinité pour les récepteurs 5-

HT 1(a et d), 5-HT 3, 5-HT 6 et 5-HT 7.

De multiples hypothèses ont été formulées autour de ces différentes affinités pour

expliquer l’atypicité du produit. Pour autant, ce sont les interactions entre les systèmes

dopaminergique et sérotoninergique, associées au profil d’action de la molécule sur ces deux

systèmes, qui semblent le mieux expliquer ses effets atypiques. Au niveau des voies

21

dopaminergiques, la sérotonine inhibe la libération de dopamine, sans avoir pour autant le même

degré de contrôle d’une voie à l’autre.

Le ratio 5-HT2/D2 étant le plus élevé, ceci pourrait expliquer les effets singuliers du

produit.

Clozapine et interaction sérotonine-dopamine au niveau nigro-strié et tubero-infendibulaire.

Dans cette voie, la sérotonine inhibe la libération de dopamine.

Du fait de la répartition des récepteurs 5-HT2 et D2 dans la voie nigro-striée et de

l’action de la clozapine antagonisant fortement les récepteurs 5-HT2 mais pas le blocage D2, la

libération de dopamine est suffisante pour permettre un fonctionnement normal de cette voie. On

suppose donc que c’est par ce mécanisme que la clozapine ne provoque pas d’effets

extrapyramidaux importants, ni de dyskinésies tardives.

Il en est de même au niveau tubero-infendibulaire où il existe aussi un antagonisme

fonctionnel entre la dopamine et la sérotonine concernant la sécrétion de prolactine par les

cellules hypophysaires. Ces interactions favorisent une sécrétion normale de prolactine et

expliquent la faible incidence des effets secondaires de cette voie.

Clozapine et interaction sérotonine-dopamine au niveau mésocortical

Dans la voie mésocorticale le nombre de récepteurs 5-HT 2 y est très important, tandis

que celui des récepteurs D2 est plus modéré.

On sait que cette zone est déficitaire en dopamine chez le schizophrène et que d’autre

part, l’impact dopaminergique du produit aboutit à ce niveau à une hypersensibilisation à la

dopamine des récepteurs D2, eux-mêmes étant faiblement bloqués (cf. interaction D1/D2). Ceci

permettrait de mieux comprendre l’impact de la clozapine sur les aspects déficitaires de la

maladie.

22

Clozapine et interaction sérotonine-dopamine au niveau mésolimbique

L’antagonisme 5-HT 2 n’inverse pas l’antagonisme D2 à ce niveau. Manifestement,

l’antagonisme de la sérotonine n’est pas suffisant pour renverser les effets de la clozapine sur les

récepteurs D2 et permet donc de ne pas atténuer l’action de la molécule sur les symptômes

positifs.

Les récepteurs 5-HT3 sont essentiellement localisés au niveau de la voie mésolimbique et

stimulent la transmission dopaminergique.

Leur blocage permet ainsi de diminuer de façon assez spécifique la transmission

dopaminergique dans la voie mésolimbique et donc l’intensité des symptômes positifs [182]

[115] [112].

Rappelons enfin que la clozapine a la particularité d’avoir des propriétés agonistes sur les

récepteurs 5-HT1a. Cela serait impliqué dans les effets sur les symptômes dépressifs et certains

symptômes négatifs.

2.3.3. Clozapine et système noradrénergique [182, 115,112].

La clozapine possède des propriétés de blocage à la fois sur les récepteurs de type alpha

1, alpha 2 et béta-adrénergique, avec une puissance d’inhibition in vivo des récepteurs alpha 1,

supérieure à celle des récepteurs D2. Cet antagonisme alpha 1 est classiquement incriminé dans

les effets secondaires cardiovasculaires de la clozapine, à savoir : hypotension, hypotension

orthostatique, somnolence, vertiges et certaines tachycardies réflexes.

Cependant selon certaines théories (Novartis 1997 [138]), le blocage des récepteurs alpha 1

pourrait aussi participer à l’action antipsychotique du produit. Ces hypothèses s’appuient

essentiellement sur les interactions du système noradrénergique avec le système sérotoninergique

et dopaminergique.

23

D’une manière générale, les neurones noradrénergiques exercent une action activatrice

sur le système sérotoninergique par le biais des récepteurs alpha 1 et 5-HT 2 (Tassin 2001 [161]).

Le blocage des récepteurs alpha 1 aurait alors pour effet de diminuer l’activité sérotoninergique

et donc de venir renforcer l’antagonisme 5-HT2. La conséquence serait alors une libération de

dopamine dans les zones où les récepteurs 5-HT2 sont les plus abondants, c’est-à-dire le cortex

frontal et préfrontal. La traduction clinique serait alors une amélioration de la symptomatologie

négative.

2.3.4. Clozapine et autres systèmes (Tassin 2001 [161]).

Sur le plan cholinergique muscarinique, la clozapine exerce une activité antagoniste sur

les récepteurs M1, M1, M3 et M5, impliquée dans la faible incidence des effets secondaires

extrapyramidaux. De part son action agoniste sur les récepteurs muscariniques M4, elle favorise

l’hypersalivation.

Le GABA est un modulateur de l’activité dopaminergique agissant au niveau limbique et

striatal. Il serait impliqué dans l’apparition des dyskinésies tardives, les neuroleptiques induisant

un blocage dopaminergique et ce même après arrêt du traitement. La faible variation de

sensibilité GABAergique qu’induit la clozapine avec retour rapide à la normale après arrêt du

traitement, pourrait alors expliquer la faible incidence des dyskinésies de ce traitement.

Loin d’un mécanisme simple, l’action de la clozapine résulte de la combinaison d’action

sur les différents systèmes monoaminergiques et de leur interaction entre eux. Son action reste

essentiellement corticolimbique permettant de mieux comprendre ses effets antipsychotiques et

ses moindres effets secondaires neurologiques.

Pour conclure, si au vu de l’implication de la clozapine dans les différents systèmes

neurotransmetteurs, certaines explications sur les mécanismes d’action et l’atypicité d’action de

cette molécule sont maintenant établies, elles restent cependant incomplètes.

Après ce retour dans l’histoire pharmaceutique et les propriétés pharmacologiques de la

clozapine, nous allons nous intéresser à ses recommandations ainsi que ses modalités de

prescription.

24

3. CADRE LEGAL DE PRESCRIPTION ET RECOMMANDATIONS

En raison du risque potentiel d’agranulocytose, des nécessités de surveillance et du coût

qui en découlent, la clozapine n’est que très rarement prescrite en première intention. Un

élargissement progressif du champ de ses indications au-delà des mentions officielles dans

chaque pays est cependant constaté.

Ainsi, afin de mieux percevoir l’évolution des prescriptions de la clozapine une revue

historique des recommandations officielles s’impose. Nous commencerons avec la première

indication de traitement par clozapine datant de 1989 suite à l’étude pivot de Kane jusqu’aux

dernières recommandations actuelles.

Avant de voir des recommandations officielles s’établir il faudra attendre la fin des

années 80. En effet, si la clozapine a été synthétisée en 1959, il n’y avait à l’époque pas de

recommandations claires. La clozapine après sa découverte, a été mise à la disposition du corps

médical en 1972 sans qu’aucune mise en garde sur les effets secondaires n’ait été établie. De ce

fait, la clozapine a été retirée du marché en 1975 suite aux cas d’agranulocytoses mortelles

recensées dans plusieurs pays (cf. partie 1).

Il faudra ainsi attendre la fin des années 80 pour que l’intérêt de la clozapine soit remis à l’ordre

du jour par les Nord-Américains.

Comme dit précédemment, la clozapine s’est vu octroyer l’indication dans la

« schizophrénie résistante aux neuroleptiques » à la suite d’une étude pivot, mise en œuvre sous

l’impulsion d’un groupe de chercheurs américains et de la FDA, à savoir l’étude de J.Kane et al.

en 1988 [75]. Il s’agit d’un essai clinique de grande ampleur avec des critères méthodologiques

rigoureux comparant l’efficacité de la clozapine à celle de la chlorpromazine chez des patients

schizophrènes résistants aux traitements.

Cette étude a confirmé l’efficacité de la clozapine dans le traitement des schizophrénies

résistantes puisque 30% des patients résistants ont été améliorés par le traitement contre 4% des

patients sous chlorpromazine, le critère d’amélioration retenu étant une diminution de 20% au

score total de la BPRS.

25

La publication de ces résultats aboutira à une autorisation de la FDA (Food and Drug

Administration) en 1990 et à une AMM en France en 1991, pour des patients strictement définis

et sous surveillance rigoureuse. Cette étude sera détaillée dans un autre chapitre (cf. partie 4.1.1.)

3.1. Autorisation de mise sur le marché de la clozapine en France [176, 177].

En France la circulaire ministérielle n°03/11/91.20 du 12 novembre 1991 stipule que les

indications thérapeutiques de la clozapine concernent les schizophrénies chroniques sévères,

évoluant depuis au moins deux années, en cas de résistance ou d’intolérance majeure aux

neuroleptiques classiques. Il ne s’agit donc pas d’un traitement de première intention.

Du fait de sa toxicité hématologique, la clozapine est alors réservée à des indications

restreintes :

Patient schizophrène résistant au traitement.

Patient schizophrène présentant avec les autres antipsychotiques des effets neurologiques

indésirables sévères.

L’Autorisation de Mise sur le Marché précise les notions de résistance d’une part, et

d’intolérance d’autre part :

La résistance aux neuroleptiques est définie comme l’absence d’amélioration clinique ou

sociale malgré la prescription à posologies élevées d’au moins deux neuroleptiques

successifs pendant au moins six semaines, les malades devant rester étroitement

dépendants du milieu hospitalier.

L’intolérance majeure aux neuroleptiques concerne les patients pour lesquels les

traitements classiques produisent des effets neurologiques sévères et invalidants,

impossibles à corriger par un meilleur ajustement posologique ou à l’aide des

médications correctrices habituelles.

La durée minimum du traitement neuroleptique antérieur avant la mise sous clozapine est donc

de douze semaines.

26

En 2001 une nouvelle indication dans l’AMM supplémente la précédente [177]. Il s’agit

de la maladie de parkinson. Il ne s’agit pas non plus d’un traitement de première intention. La

clozapine s’est vue octroyer cette indication dans les troubles psychotiques survenant au cours de

l’évolution de la maladie de parkinson, en cas d’échec de la stratégie thérapeutique habituelle,

c’est-à-dire la présence de troubles d’ordre psychotique survenant malgré l’arrêt des

anticholinergiques, de la sélégiline ou de l’amantadine.

La place des antipsychotiques atypiques est précisée en 2010. Selon le rectificatif de

l’AMM française 26/01/2010, « la clozapine est indiquée chez les patients schizophrènes

résistants au traitement et chez les patients schizophrènes qui présentent avec les autres agents

antipsychotiques, y compris les antipsychotiques atypiques, des effets indésirables neurologiques

sévères, impossibles à corriger [14].

La résistance au traitement est définie comme l’absence d’amélioration clinique satisfaisante

malgré l’utilisation d’au moins deux antipsychotiques différents, y compris un agent

antipsychotique atypique, prescrits à posologie adéquate pendant une durée suffisante. »

En 2006, L’afssaps précise des recommandations concernant l’utilisation de la clozapine :

« La clozapine peut provoquer une agranulocytose. Son utilisation doit être limitée aux

patients [13]:

atteints de schizophrénie, qui ne répondent pas ou qui sont intolérants au traitement par

des médicaments antipsychotiques et, aux patients parkinsoniens présentant des troubles

psychotiques lorsque d’autres stratégies thérapeutiques ont échouées

qui, initialement, présentent une numération-formule leucocytaire normale (nombre de

globules blancs ≥3500/mm3 ([3,5×10 puissance 9/litre]) et polynucléaires neutrophiles

PNN≥2000/mm3 ([2×10 puissance 9/ litre]) et

chez lesquels le nombre de globules blancs (GB) et le nombre absolu de polynucléaires

neutrophiles (PNN) pourront être déterminés régulièrement aux intervalles suivants : une

fois par semaine pendant les 18 premières semaines du traitement et, ensuite, au moins

toutes les 4 semaines durant toute la durée du traitement. Cette surveillance doit être

27

poursuivie tout au long du traitement et pendant les semaines qui suivent l’arrêt complet

de la clozapine.

Les médecins prescripteurs doivent respecter strictement les mesures de sécurité requises.

A chaque consultation, il convient de rappeler aux patients traités par la clozapine qu’ils doivent

contacter immédiatement leur médecin traitant si une infection quelle qu’elle soit commence à se

développer. Une attention particulière doit être accordée aux symptômes pseudo-grippaux,

comme une fièvre ou une angine, et aux autres signes d’infection, qui peuvent être révélateurs

d’une neutropénie. »

Il s’agit d’un traitement soumis à des conditions de prescription et de délivrance

particulières. En effet, la clozapine est un médicament soumis à une prescription médicale

restreinte. La prescription initiale est hospitalière, réservée aux spécialités en psychiatrie, en

neurologie et en gériatrie. Le renouvellement est possible par les spécialistes en psychiatrie,

neurologie et gériatrie. Il y a une surveillance particulière nécessaire pendant le traitement (cf.

partie 3.4.). Le résultat de la numération formule sanguine doit être reporté sur l’ordonnance

ainsi que la date de réalisation, et le médecin prescripteur tient à jour un carnet de suivi fourni au

pharmacien d’hôpital par le titulaire de l’AMM.

Il n’est pas précisé la durée considérée comme suffisante pour évaluer l’inefficacité d’un

traitement antipsychotique. On doit pour le savoir, se référer aux données de la littérature faisant

mention d’un délai de 2 à 6 mois (Schulte 2003 [151]).

En 2004, le Vidal a sorti une nouvelle formulation de l’indication de la clozapine, la

dernière datant des années 90. Cette indication se réfère plus à la clinique qu’à un schéma

théorique de prescription. Ainsi, c’est la clinique des patients qui fait envisager la prescription de

clozapine, plus que la notion de résistance en elle-même. Elle permet l’utilisation de la clozapine

en cas « d’absence d’amélioration clinique satisfaisante, malgré l’utilisation d’au moins deux

antipsychotiques différents, y compris un agent antipsychotique atypique, prescrits à une

posologie adéquate pendant une durée suffisante » [177].

28

3.2. Recommandations internationales.

En 1997, l’Association Américaine de Psychiatrie (APA) indiquait que le niveau

d’intention de traitement par clozapine se situait en 3ème

position, après essai thérapeutique par

au moins deux antipsychotiques de familles différentes. Le traitement par clozapine peut donc à

cette époque s’envisager après deux échecs thérapeutiques et ce uniquement dans la

schizophrénie et troubles apparentés [5].

La durée minimum de traitement était de 8 à 12 semaines pour chaque antipsychotique.

Il existait alors des indications alternatives possibles et tolérées, à savoir des effets

extrapyramidaux sévères ou des dyskinésies tardives après l’utilisation d’au moins un

antipsychotique typique et un atypique, l’existence de comportements violents persistants malgré

au moins une séquence de traitement par neuroleptique bien conduite, et pour finir une

polydipsie psychogène.

L’APA en 2004 réduit la durée minimum de traitement par antipsychotique à 2 à 4

semaines. La clozapine doit être un traitement à prendre en considération chez les patients qui

n’ont qu’une réponse partielle ou une absence de réponse aux autres traitements. La clozapine

doit également être envisagée pour des patients ayant des antécédents d’idéations ou de

comportements suicidaires chroniques et persistants. Enfin, l’APA envisage la clozapine pour les

patients schizophrènes ayant une hostilité et un comportement agressif persistant, considérant

que la supériorité de la clozapine a été démontrée dans cette population de patients [5].

Au Canada, l’Association Canadienne de psychiatrie (CPA) propose en 1998 un niveau

d’intention de traitement par clozapine au 3ème rang après un antipsychotique conventionnel et

au moins un antipsychotique de seconde génération. La durée minimum de traitement est

légèrement plus longue que celle recommandée par l’APA, allant jusqu’à 16 semaines de

traitement. Elle se distingue également concernant les indications possibles en indiquant la

meilleure tolérance de la clozapine en cas de dyskinésies tardives persistantes après un traitement

antipsychotique conventionnel bien conduit et après avoir tenté une diminution de posologie,

alors que pour l’APA l’indication est possible après l’utilisation de deux antipsychotiques de

deux classes différentes ; elle envisage aussi la prescription de clozapine en cas

d’hyperprolactinémie avec répercussions endocriniennes et/ou sexuelles persistantes après un

29

antipsychotique de première génération ou la rispéridone, malgré une diminution de posologie

[31].

En 2003 de nouvelles recommandations apparaissent : « la clozapine apparaît comme

étant le traitement de choix en cas de réponse partielle ou de non-réponse au traitement. La

clozapine doit être considérée dès que l’absence de réponse au traitement a été démontrée, et ce

même lors de la 1ère

ou 2nde

année d’évolution du trouble. La durée adéquate d’un essai de

traitement par clozapine est de 4 à 6 mois ».La non-réponse au traitement après essai de deux

classes différentes est pour la CPA une indication à l’essai de la clozapine. En cas d’agressivité

persistante chez un patient schizophrène, on peut envisager un traitement par clozapine. Cet avis

est basé sur des séries de cas qui confirment le bénéfice d’un traitement par clozapine dans le cas

d’une agressivité persistante. La persistance d’idées ou de comportements suicidaires est

également pour la CPA une indication à la réflexion autour d’un traitement par clozapine [31].

La PORT (the Schizophrenia Patient Outcome Research Team), composée de chercheurs

américains de santé mentale établit en 1998 des recommandations comparables à l’APA :

l’indication principale est en 3ème

intention, en précisant que les posologies des traitements

donnés avant la clozapine doivent être comparables à 1000mg d’équivalent chlorpromazine. Les

indications tolérées concernent les comportements violents persistants malgré deux traitements

antipsychotiques différents (typiques et atypiques). Parmi les effets secondaires motivant un

changement de traitement, l’hyperthermie maligne malgré deux traitements antipsychotiques de

familles différentes doit faire envisager un changement de traitement pour la clozapine (Lehman

et al. 1998, [91]).

La dernière mise à jour en 2009 apporte de nouvelles données concernant l’indication de la

clozapine. Il est précisé que la clozapine doit être envisagée lors de la persistance de

manifestations d’hostilité et/ou de comportements agressifs, et également des comportements

suicidaires. En revanche il n’est pas précisé si elle peut s’envisager en première intention ou non.

30

Au Royaume Uni en 2002, la NICE (National Institue for Health and Clinical Excellence,

Royaume Uni) recommande la clozapine dans le traitement de la schizophrénie après l’essai de

plusieurs antipsychotiques, dont au moins un de 2nde

génération. La durée minimale de chaque

traitement antérieur à la clozapine est de 6 à 8 semaines. En cas de non-réponse ou de réponse

insuffisante à la clozapine, il est licite d’associer un autre antipsychotique (de 2nde

génération ou

non) [135].

En 2002, l’EMEA (European Agency for the Evaluation of Medicinal Products) a publié

des recommandations sur l’utilisation de la clozapine. Ces recommandations s’appliquant aux

états membres de l’union européenne sont comparables à celles de l’AMM en France [164].

Le Texas Medical Algorithm Project (TMAP) marque le premier changement notable

dans les recommandations sur la prescription de la clozapine en 2006 [165]. En effet c’est en juin

2006 que des experts se sont réunis afin de répondre à plusieurs questions concernant

l’algorithme de traitement dans la schizophrénie, notamment savoir combien de traitements

doivent précéder l’initiation d’un traitement par clozapine, mais également connaître les

stratégies d’augmentation de traitement par clozapine. Dans les anciennes recommandations du

TMAP datant de 2004, 2 à 3 antipsychotiques devaient être essayés avant d’envisager un

traitement par clozapine. Dorénavant, la recommandation du TMAP stipule qu’il doit y avoir

essai d’au moins deux antipsychotiques avant la prescription de la clozapine. Le TMAP stipule

également que les longs délais avant la prescription de clozapine doivent être évités, étant

mentionné que la persistance de symptômes positifs après 2 ans de traitement doit faire envisager

la clozapine. De plus, la persistance de symptômes suicidaires, violents, ou une comorbidité

d’abus de substance doivent faire envisager l’instauration précoce de la clozapine [165].

En résumé, les différentes recommandations s’accordent sur le fait que la clozapine n’est

pas un traitement de la schizophrénie en première intention, et qu’elle reste réservée à la

schizophrénie résistante ou aux patients intolérants aux autres traitements. Elles diffèrent sur les

durées minimum de traitements antérieurs ou restent assez vagues ; de plus quelques

recommandations soulignent l’intérêt de la clozapine chez les patients schizophrènes violents ou

suicidaires. Il semble alors important de souligner qu’il ne faut dans ces cas-là pas trop attendre

31

avant l’introduction de la clozapine. L’inquiétude vis-à-vis des effets secondaires de la clozapine

semble rester présente dans l’esprit pour de nombreuses recommandations qui ne la préconisent

qu’en 3ème

intention.

Nous aborderons dans le chapitre suivant les questions pratiques de prescription et de

surveillance, qui nous allons le voir sont bien établies selon un cadre strict.

32

3.3. Cadre légal de prescription.

Comme cela a été mentionné dans un chapitre précédent, la clozapine est soumise à des

conditions particulières de prescription et de délivrance.

Il s’agit en effet d’un médicament ayant une prescription médicale restreinte, médicament

sur liste I [177]. La prescription initiale doit être hospitalière, réservée aux spécialistes en

psychiatrie, en neurologie et en gériatrie. Le renouvellement est possible par les spécialistes en

psychiatrie, neurologie et gériatrie. Elle nécessite une surveillance particulière pendant le

traitement. Le médecin doit noter sur l’ordonnance que la numération formule leucocytaire a été

réalisée (date) et que les valeurs observées sont dans la limite des valeurs usuelles et tient à jour

un carnet de suivi fourni au pharmacien d’hôpital par le titulaire de l’AMM.

Nous allons détailler les modalités de prescription de la clozapine selon les

recommandations actuelles dans le trouble psychotique.

3.3.1. Clozapine et schizophrénie [164].

L’EMEA (The European Agency for the Evaluation of Medicinal Products) a récemment

établi les règles de prescription de la clozapine [164].

Concernant les patients schizophrènes résistants au traitement, l’instauration du

traitement se fait à une posologie de 12,5 mg (un demi-comprimé de 25 mg) une ou deux fois le

premier jour, puis 25 mg une ou deux fois le deuxième jour. Si la tolérance est bonne, la dose

journalière peut ensuite être augmentée lentement, par paliers de 25 à 50 mg, de façon à atteindre

au maximum 300 mg/jour en l’espace de 2 à 3 semaines. Par la suite, si nécessaire, la posologie

journalière peut être encore augmentée, par paliers de 50 à 100 mg, à raison de deux fois ou, de

préférence, une fois par semaine.

Chez la plupart des patients, la dose antipsychotique efficace se situe entre 200 et 450

mg/jour en prises fractionnées. La posologie journalière totale peut être répartie de manière

inégale, la dose la plus importante devant être administrée au coucher.

33

Dans quelques cas où certains patients peuvent nécessiter de plus fortes doses pour

obtenir un plein effet thérapeutique, des augmentations judicieuses (c’est-à-dire n’excédant pas

100 mg) sont autorisées jusqu’à un maximum de 900 mg/jour. Il faut prendre en considération la

possibilité d’une augmentation des effets indésirables (en particulier de crises comitiales) qui

surviennent à des doses dépassant 450 mg/jour.

Après avoir obtenu le bénéfice thérapeutique maximum, de nombreux patients peuvent

être maintenus efficacement avec des doses plus faibles. Il est donc recommandé de réduire

prudemment la posologie. Le traitement doit être poursuivi pendant au moins 6 mois. Si la dose

journalière n’excède pas 200 mg, une seule prise quotidienne le soir peut convenir.

Si l’on envisage d’arrêter le traitement par clozapine, une réduction progressive de la

dose sur une période de 1 à 2 semaines est recommandée. Si un arrêt brutal du traitement

s’impose, le patient devra être étroitement surveillé quant à l’apparition de réactions de sevrage.

Chez les patients dont l’intervalle de temps depuis la dernière prise de clozapine est

supérieur à 2 jours, le traitement doit être réinstauré à la posologie de 12,5mg une à deux fois le

premier jour. Si cette dose est bien tolérée, la posologie pourra être augmentée jusqu’au niveau

thérapeutique à un rythme plus rapide que celui recommandé dans le traitement initial.

En général, il est recommandé de ne pas administrer la clozapine en association avec

d’autres antipsychotiques. Si le traitement par ce médicament doit être instauré chez un sujet

recevant déjà un traitement antipsychotique par voie orale, il est recommandé d’interrompre

d’abord celui-ci en réduisant progressivement sa posologie.

34

3.3.2. Clozapine et maladie de Parkinson [164, 177].

Pour les troubles survenant au cours de l’évolution de la maladie de Parkinson, en cas

d’échec de la stratégie thérapeutique habituelle, la posologie initiale ne doit pas dépasser 12,5mg

par jour, administrée le soir. Par la suite, la posologie journalière doit être augmentée par paliers

de 12,5 mg, avec un maximum de 2 augmentations par semaine, pour atteindre un maximum de

50 mg par jour, dose à laquelle il ne faut pas parvenir avant la fin de la deuxième semaine. La

dose journalière totale doit être administrée de préférence en une seule prise vespérale.

La dose moyenne se situe habituellement entre 25 et 37,5 mg par jour. Si le traitement

pendant au moins une semaine à la dose de 50 mg par jour ne procure pas une réponse

thérapeutique satisfaisante, la posologie peut être augmentée prudemment par paliers de 12,5mg

par semaine. La posologie de 50 mg/jour ne doit être dépassée que dans des cas exceptionnels et

la dose maximale de 100 mg/jour ne doit jamais être dépassée.

Les augmentations posologiques doivent être limitées ou différées en cas de survenue

d’hypotension orthostatique, de sédation excessive ou de confusion. La pression artérielle doit

être surveillée pendant les premières semaines de traitement.

Après l’obtention d’une rémission complète des symptômes psychotiques pendant au

moins 2 semaines, une augmentation de la posologie du traitement antiparkinsonien peut être

tentée si l’état moteur du sujet le nécessite. Si cette tentative provoque la réapparition des

symptômes psychotiques, la posologie de la clozapine peut être augmentée par paliers de 12,5

mg par semaine, jusqu’à atteindre un maximum de 100 mg/jour, administrés en 1 ou 2 prises.

Lorsque la clozapine est arrêtée, une réduction progressive de la posologie par paliers de

12,5 mg, sur une période d’au moins une semaine est recommandée.

3.3.3. Cas particuliers.

La clozapine ne doit pas être utilisée chez l’enfant ou l’adolescent de moins de 16 ans

compte tenu de l’absence de données concernant la sécurité et l’efficacité. Ce médicament ne

doit pas être prescrit à ce groupe de patients avant l’obtention de données supplémentaires.

35

3.4. Cadre légal de surveillance (Fiche de transparence de l’Afssaps [13]).

En raison des effets secondaires de la clozapine, la prescription de clozapine est soumise

à une surveillance biologique.

Avant d’introduire un traitement par clozapine il convient de réaliser une numération

formule sanguine, un examen clinique et un recueil des antécédents du patient. Avant

l’instauration du traitement, les médecins doivent s’assurer que le patient n’a pas présenté sous

clozapine d’effet indésirable hématologique ayant imposé l’arrêt du traitement.

Les patients ayant des antécédents de maladie cardiaque ou d’anomalies cardiaques

découvertes lors de l’examen clinique, doivent être adressés à un spécialiste pour d’autres

examens qui peuvent inclure un ECG. Le patient ne doit être traité que si les bénéfices escomptés

l’emportent clairement sur les risques.

L’arrêt immédiat de la clozapine est impératif si le nombre de GB baisse à moins de

3000/mm3 (3×10^9/litre) ou le nombre de PNN à moins de 1500/ mm3 (1,5×10^9/litre) à

quelque moment que ce soit durant un traitement par ce médicament. Les patients chez lesquels

la clozapine a été arrêté suite à une baisse soit en GB soit en PNN ne devront jamais être

réexposés à la clozapine.

Si le nombre de GB baisse jusqu’à une valeur comprise entre 3500/mm3 et 3000/mm3,

ou le nombre absolu de PNN entre 2000/mm3 et 1500/mm3, les analyses de sang doivent être

effectuées au moins deux fois par semaine jusqu’à ce que le nombre de GB se stabilise à 3000-

3500/mm3 et le nombre absolu de PNN à 1500-2000/mm3 ou plus.

Les autres effets secondaires connus de la clozapine doivent être recherchés

systématiquement (cf. partie 7 effets secondaires).

Si la clozapine doit être arrêtée pour intolérance, une surveillance clinique rapprochée

s’impose en raison du risque de recrudescence symptomatique.

36

3.5. Posologies et durée adéquates d’une séquence de traitement par clozapine.

3.5.1. Posologies adéquates d’une séquence d’essai par clozapine.

De nombreuses études ont été réalisées à ce sujet, dont Schulte et coll., ont fait la revue

en 2003. Il ressortait de ce travail que ce n’est pas tant la posologie, mais le dosage plasmatique

qui semble important à prendre en compte [151]. En effet, les auteurs rappelaient les multiples

facteurs influençant la concentration plasmatique du produit.

L’étude de Schulte et coll. [151] regroupait 8 études concernant les relations entre

concentration plasmatique et réponse clinique chez des patients schizophrènes résistants aux

traitements ; les relations posologie/réponse clinique étant variables.

Six d’entre-elles retrouvaient un seuil d’efficacité compris entre 350 et 400µg/L. Trois

études montraient un passage du statut de non-répondeur au statut de répondeur lorsque les

patients étudiés franchissaient ce seuil thérapeutique. L’ensemble des données mettait en

évidence un taux de réponse allant de 28% sous ce seuil, à 69% une fois ce seuil franchi. Les

auteurs concluaient donc à un gain d’efficacité de 40% lors du franchissement de ce seuil

thérapeutique. Aucune étude n’a démontré un réel intérêt à dépasser largement ces

concentrations.

Rappelons que le seuil de toxicité est situé près de 750µg/L (Base de données des

médicaments, recommandations ANAES [14], Novartis 1997[138]).

Au total, il semble que la réponse thérapeutique soit maximale après un seuil de

concentration plasmatique compris entre 350 et 400µg/L, ce qui correspond en général à des

posologies comprises entre 400 et 500mg/j. En cas de non-réponse malgré des posologies

élevées (>500-600mg/j), un dosage plasmatique peut alors s’avérer précieux, d’une part, pour ne

pas statuer sur une absence d’efficacité du traitement chez un patient qui n’aurait pas franchi le

seuil thérapeutique (métaboliseurs rapides, inobservance thérapeutique), et d’autre part, pour ne

pas augmenter les posologies à l’aveugle chez un patient non répondeur ayant déjà des

concentrations plasmatiques proches des doses toxiques. Ce dosage doit alors être réalisé 12

heures après la dernière prise du produit. Sur le plan pratique la prise de sang doit être effectuée

12 heures post-dose. Il y aura des variations de 20 à 25% dans la clozapinémie si la dose est

entièrement au coucher ou divisée en plusieurs prises par jour.

37

Rappelons enfin d’un point de vue pratique, la possibilité d’association clozapine-

fluvoxamine, chez les patients ayant déjà des posologies importantes (limite ou hors AMM) et

n’ayant pas atteint ce seuil de concentration ; l’inobservance ayant été écartée. Dans ces

situations, la fluvoxamine en passant par l’inhibition du CYP1A2 permet une augmentation des

concentrations plasmatiques [164].

3.5.2. Délai de réponse au traitement.

De nombreux travaux se sont intéressés au délai de réponse des patients sous clozapine

ainsi que des posologies adéquates, et nous disposons maintenant de données précises à ce sujet.

Conley et coll. ont proposé en 1997 [41] d’étudier le délai de réponse optimal des patients

traités par clozapine. En préambule, les auteurs ont fait une revue de la littérature sur cette

question et retrouvaient des données quelque peu controversées, bien que le délai de 12 semaines

revienne à plusieurs reprises. Leur étude comprenait 50 patients schizophrènes résistants aux

traitements, dont le diagnostic de schizophrénie avait été posé selon les critères DSM III R et

celui de résistance selon les critères dérivés de ceux de Kane. La clozapine a été mise en place de

façon progressive, pour atteindre la dose moyenne de 540mg/j (max=900). La durée de l’étude

était en moyenne de 65 semaines, toujours supérieure à un an.

L’état clinique des patients fut évalué à l’aide de la BPRS et de la CGI avant l’étude, puis

8 semaines après l’initiation du traitement, ainsi que toutes les 4 semaines ensuite jusqu’à la fin

de la première année. Après ce délai, les patients étaient évalués toutes les 8 semaines. La

réponse était définie selon les mêmes critères que ceux utilisés dans l’étude princeps de Kane.

Au terme de l’étude, 68% des patients avaient atteint ces critères de réponse. Ce chiffre élevé

s’explique certainement par les critères d’inclusion utilisés dans ce travail, moins sélectifs que

dans le travail de Kane.

Parmi les répondeurs, 27% atteignaient les critères de réponse à la 4ème

semaine, 66% à la

8ème

semaine et 33% après la 8ème

semaine. Il n’y eut pas de répondeur après la 54ème

semaine.

Ces résultats étaient donc sensiblement comparables à ceux obtenus par Lieberman en

1994 [96], mais paraissaient plus précis au niveau des délais proposés. Après l’étude de

Lieberman, nous savions que la réponse avait généralement lieu dans les 12 premières semaines.

38

Il semble avec ces nouvelles données que l’on puisse la situer plus précisément dans les 8

premières semaines. Par contre, cette étude ne renseignait pas sur l’évolution des scores BPRS

des patients ayant répondu après la 8ème

semaine. Cependant, on peut supposer d’après le travail

de Lieberman, que ces patients aient montré une nette évolution de leur symptomatologie durant

cette période.

De plus, ce travail mettait en corrélation les posologies nécessaires à l’obtention des

critères de réponse (468mg/j en moyenne, avec 50% de réponse à des posologies inférieures à

450mg/j et 88% de réponse à des posologies allant jusqu’à 600mg/j) et le délai nécessaire après

obtention de cette posologie, pour atteindre la réponse clinique. Il était alors intéressant de

constater que les sujets répondaient généralement rapidement après obtention de cette posologie,

en moyenne 17 jours et dans tous les cas en moins de 8 semaines. Par exemple, les deux derniers

répondeurs ont certes répondu très tard (à la 51ème

et 54ème

semaine de traitement), mais

seulement respectivement 3 et 1 semaine après obtention de la posologie à laquelle ils ont

répondu.

Enfin les auteurs ont proposé de séparer les patients répondeurs en 2 groupes, en fonction

de la posologie à laquelle ils ont répondu, en prenant comme limite la posologie moyenne des

répondeurs : 450 mg/j. Ils obtenaient alors deux groupes, l’un de 16 patients ayant nécessité

moins de 450 mg/j et l’autre de 17 patients ayant nécessité plus de 450mg/j pour répondre. Il fut

logiquement retrouvé que le second groupe a nécessité plus de temps que le premier pour obtenir

la posologie de réponse et donc la réponse. Par contre, il ne fut pas retrouvé de différence

significative entre les deux groupes en termes de délai de réponse une fois la posologie de

réponse obtenue.

Cette étude apporte des éléments précieux sur le plan pratique. Il semble d’une part, que

la réponse soit assez rapide une fois la posologie optimale trouvée chez chaque patient. D’autre

part, la plupart des patients semble atteindre rapidement leur posologie de réponse et répondent

alors dans les 8 premières semaines de traitement. Enfin, 100% des patients répondeurs

répondent dans les 8 semaines suivant l’obtention de la posologie à laquelle ils ont répondu.

Selon Llorca (Llorca et al. 2004 [104]) la durée de traitement requise avant de conclure à

une absence de réponse à la clozapine n’est pas univoque. Deux auteurs (Carpenter et al. [34]

Conley et al. 1997[41]), se fondant aussi bien sur une revue de la littérature que sur leur

39

expérience personnelle, rejoignent l’avis initial de Kane et al. [75] et préconisent 2 à 4 mois de

délai. Pour Meltzer [116] la réponse au traitement peut être retardée jusqu’à 6-9 mois. Cependant

dans les deux études au long terme citées par Llorca [103], les taux de répondeurs augmentent

avec le temps et la méta-analyse de Wahlbeck et al. (1998 [179]) montre des taux de réponse

supérieurs dans les études de plus de 6 mois.

Dixon et al. (2009, [51]) après avoir effectué une revue des dernières données de la

littérature, permettant la mise à jour des données de l’APA (American Psychiatric Association),

statut à ce sujet. Il conclut que même si la plupart des patients répondants à la clozapine, ont une

réponse maximale entre 6 et 12 semaines de traitement, les bénéfices cliniques semblent se

poursuivre après 6 à 12 mois. On peut en déduire qu’avant ce délai, on ne peut pas parler

d’absence de réponse à la clozapine.

Nous venons donc de voir que les règles de prescription de la clozapine sont soumises à

un cadre de surveillance strict, les indications de la clozapine ont évolué au cours de la dernière

décennie, dépassant largement le cadre de la résistance pour laquelle elle est bien connue. Les

posologies recommandées sont bien documentées, de même que le délai de réponse au

traitement.

On peut néanmoins penser qu’étant donné la prescription de clozapine encore considérée

comme un traitement de n-ième intention (avant les ECT), le délai avant de parler d’échec

thérapeutique est allongé par rapport aux autres prescriptions.

Après avoir cité les recommandations de prescription de la clozapine, nous allons maintenant

nous intéresser aux effets de la molécule dans la schizophrénie.

40

4. EFFETS DE LA CLOZAPINE DANS LA SCHIZOPHRENIE RESISTANTE

4.1. Clozapine et schizophrénie résistante.

4.1.1. Définition.

L’étude pivot de Kane, comparant en double aveugle la clozapine et la chlorpromazine

dans une population de 286 patients schizophrènes résistants, a permis l’obtention de l’indication

de la clozapine dans les « schizophrénies résistantes aux neuroleptiques » comme nous l’avons

précédemment évoqué (Kane et al. 1988 [75]).

Les critères initiaux de la résistance du Vidal sont repris de ceux de Kane. Le Vidal [176]

définit la résistance comme : « l’absence d’amélioration clinique ou sociale malgré la

prescription d’au moins deux neuroleptiques successifs prescrits à des posologies élevées

pendant au moins six semaines, chez des patients schizophrènes chroniques sévères, dont la

maladie évolue depuis au moins deux ans ; ces patients restant étroitement dépendant du milieu

hospitalier ».

En 1992 Meltzer [114] dans un article sur l’indication de la clozapine, souligne le

problème posé par la définition de la réponse au traitement lorsqu’il est seulement envisagé selon

un aspect de chimioréponse ou de chimiorésistance, rejoignant ainsi le modèle binaire

répondeur/non répondeur. Il propose alors une vision plus globale de la réponse, impliquant la

symptomatologie (symptômes positifs, négatifs, conduites suicidaires, agressives, abus de

substance etc.), les fonctions cognitives, la tolérance au traitement, notamment neurologique, le

fonctionnement social (vie sociale, familiale et professionnelle), l’observance médicamenteuse,

le travail institutionnel mis en œuvre, et le retentissement de la maladie sur la qualité de vie, dans

le domaine social ou familial.

Dans la nouvelle formulation du Vidal (cf. partie 3), la prescription de clozapine est

indiquée de façon plus large ce qui permet d’envisager le recours à la clozapine bien plus

précocement dans la maladie.

Un certain nombre de facteurs ont été associés à la résistance (Hellewel 1999 [67]). Ces

facteurs sont à utiliser avec précaution cependant car ils sont souvent associés aux facteurs de

mauvais pronostic de la maladie. Les plus évidents sont le défaut de compliance et la mise en

place tardive du traitement (Vanelle et al. 1994 [137]).

41

On peut citer également le sexe masculin, certains groupes ethniques (Afrique, Amérique du

sud), une personnalité pré morbide schizoïde, l’absence d’entrée franche dans la maladie avec au

contraire un début insidieux ayant pour conséquence une prise en charge retardée, et les

antécédents familiaux de schizophrénie [137,72,97]. Dans le même registre, l’absence d’élément

déclenchant avant le début des troubles constituerait un facteur de résistance (Allander 2004,

[2]).

D’autres facteurs, plus liés à la symptomatologie de la maladie en elle-même sont décrits,

comme la survenue de dyskinésies tardives, la symptomatologie déficitaire ainsi que

l’indifférence affective (Vanelle et al. [174], Kane et al. 1988 [75]).

Les comorbidités sont des facteurs influençant la résistance, comme l’abus de substance

et les troubles affectifs (Peuskens 1999 [143]).

Les facteurs faisant diminuer le taux plasmatique des neuroleptiques (cf. pharmacologie),

les problèmes de tolérance pharmacologique, ainsi que les facteurs organiques influencent

également la résistance. On peut citer sur le plan neuroanatomique, l’asymétrie ventriculaire

droite/gauche, l’élargissement ventriculaire, l’atrophie corticale et l’élargissement de la fissure

sylvienne, bien que ces derniers soient peu impliqués dans la pratique clinique, car non

recherchés systématiquement (Vanelle et al.1994 [137]).

4.1.2. Efficacité de la clozapine dans la schizophrénie résistante.

Bien que réintroduite sur le marché en 1990, la clozapine n’a toujours pas trouvé

d’équivalent dans le traitement de la schizophrénie résistante. Après l’interdiction de la

clozapine, des recherches ont été effectuées concernant d’autres neuroleptiques mais elles n’ont

pas abouti à démontrer un bénéfice probant pour les patients résistants aux traitements.

Le premier travail ayant montré un intérêt pour cette molécule a été réalisé par Kane et al.

en 1988 [75]. Ils ont réalisé une étude comparant l’efficacité de la clozapine à celle de la

chlorpromazine, chez des patients résistants aux traitements rigoureusement sélectionnés. Seize

centres ont participé à l’étude regroupant un total de 319 patients hospitalisés, schizophrènes

42

selon les critères de DSM-III. Ces patients possédaient les critères de résistance au traitement, à

savoir :

Au moins 3 périodes de traitement au cours des 5 ans par des antipsychotiques (de deux

classes différentes) à un dose équivalente ou supérieure à 1000 mg/j de chlorpromazine

pendant une période de 6 semaines chacun

Absence de période de bon « fonctionnement » dans les 5 ans précédents l’étude.

Les patients possédaient également les scores de sévérité clinques suivants : un score BPRS

supérieur ou égal à 45 (version 18 items) , un score CGI supérieur ou égal à 4 et l’absence de

réponse (définie par une amélioration de ces scores inférieurs à 20%).

Une fois les patients correspondant à ces critères d’inclusion, ils entraient dans une phase

prospective de traitement, et étaient traités soit par halopéridol (≥60mg/j) et benztropine (6mg/j),

pour une période de 6 semaines, afin de confirmer l’absence de réponse thérapeutique. En

l’absence de réponse au traitement (selon des scores BPRS et CGI différents de ceux définis par

la suite), les patients pouvaient rentrer dans la 2ème

phase en doubles-aveugle.

Une fois ces critères validés, les patients (265) étaient randomisés en deux groupes pour

un essai clinique de 6 semaines en double aveugle de clozapine (126 patients, posologie

moyenne 600 mg/j ; max. = 900 mg/j) versus chlorpromazine (142 patients, posologie moyenne

1200 mg/j ; max.= 1800 mg/j). La benztropine était associée à la dose de 6mg/j pour permettre

une évaluation en double aveugle, la clozapine étant mieux tolérée sur le plan neurologique que

la chlorpromazine. Les patients étaient évalués cliniquement toutes les semaines à l’aide de la

BPRS et de la CGI. L’équipe soignante réalisait régulièrement chez chaque patient une

évaluation à l’aide de la NOSIE (Nurses Observation Scale for Inpatient Evaluation). Les effets

secondaires neurologiques étaient répertoriés quant à eux, à l’aide de la Simpson Angus Scale for

Extrapyramidal Side Effects et l’AIMS (Abnormal Involontary Mouvement Scale). Une

surveillance clinique et paraclinique rigoureuse (NFS, ECG) était réalisée chaque semaine.

43

Les résultats ont montré une amélioration clinique aux échelles BPRS et CGI trois fois

plus importante dans le groupe sous clozapine que dans celui sous chlorpromazine. Une

différence significative était notée dès la 1ère

semaine (groupes comparables initialement). Les 4

items concernant les signes positifs de la BPRS suivaient cette même évolution (19 initialement,

14 à la fin dans le groupe clozapine versus 17 dans le groupe chlorpromazine, p<.001). La

clozapine se montrait aussi plus efficace dans le traitement des symptômes négatifs, évalués à

l’aide des 4 items suivants de la BPRS : appauvrissement émotionnel, ralentissement

psychomoteur, désorientation, retrait affectif. L’évaluation par l’équipe soignante montrait des

résultats sensiblement identiques, en faveur d’une efficacité plus importante de la clozapine.

Ainsi, le score initial BPRS était de 61 dans les deux groupes, puis à 45 dans le groupe clozapine

contre un score à 56 dans le groupe chlorpromazine (p<.001).

Figure 1: Evolution du score total BPRS en fonction du temps dans l’étude de Kane et al. 1988

[75].

Ligne continue : patients traités par clozapine. Ligne pointillée : patients sou chlorpromazine et benztropine. P<.001

pour chaque semaine de l’étude.

44

D’autre part, 30% des patients sous clozapine contre 4% des patients sous

chlorpromazine ont atteint les critères définissant la réponse.

Concernant les effets secondaires, alors qu’ils étaient comparables dans les deux groupes

au début de l’étude, la symptomatologie extrapyramidale s’est améliorée dès l’introduction de la

clozapine, alors qu’ils sont restés à peu près stables dans le groupe sous chlorpromazine, et ce

dès la 4ème

semaine (score initial à l’échelle de Simpson-Angus à 3,2, puis à 1,8 et 2,9 pour la

clozapine et ma chlorpromazine respectivement). Tachycardies et hypersalivation constituaient

les effets secondaires les plus fréquents du groupes sous clozapine (respectivement 17 et 13%),

tandis qu’hypotension et sécheresse buccale étaient les plus fréquents dans le groupe

chlorpromazine (respectivement 38 et 20%). Aucun cas d’agranulocytose n’a été constaté durant

cette étude. Les effets secondaires étaient plus fréquents dans le groupe chlorpromazine par

rapport au groupe de sujets traités par clozapine.

Figure 2: Comparaison des effets secondaires, Kane et al. 1988 [75].

Ligne pointillée : patients traités par chlorpromazine et benztropine ; ligne continue : patients traités par

clozapine.

45

L’efficacité à court terme de la clozapine, tant sur les symptômes positifs que négatifs des

patients résistants aux traitements a donc été démontrée grâce à ce travail, et fut ainsi à l’origine

de la réintroduction du produit de la FDA (Food and Drug Administration).

D’autres travaux publiés ont par la suite confirmé l’intérêt du produit chez les patients

résistants aux traitements, avec des chiffres de réponse allant de 30 à 60% (Lieberman et al.

1994 [96]).

En 1994 Lieberman a proposé d’évaluer l’efficacité du produit à plus long terme, chez les

patients résistants ou intolérants aux traitements [96]. 84 patients furent inclus dans l’étude (66

patients résistants selon les critères de Kane, et 18 patients intolérants aux traitements). Avant

l’introduction du traitement, l’état clinique des patients était évalué à l’aide de la BPRS, de la

CGI et de la SANS (Scale for Assessement of Negative Symptoms), ainsi que de la Simpson

Angus Rating Scale et la Simpson Angus Dystonia Scale pour les symptômes extrapyramidaux

et les dyskinésies tardives, respectivement.

Les patients recevaient en moyenne de 458 mg/j de clozapine (max.900 mg/j). Les

évaluations furent faites aux 3-6-12-26-39 et 52èmes semaines la première année, puis toutes les

13 semaines par la suite. Les scores à chaque évaluation étaient comparés aux scores initiaux.

Une amélioration significative était notée dès la 3ème

semaine et se maintenait jusqu’à la 104ème

semaine.

Reprenant les critères de réponse utilisés dans l’étude princeps de Kane, les auteurs ont

calculé le taux de réponse des patients résistants et intolérants lors de chaque évaluation. Le taux

de réponse total au terme de l’étude (1 an) était de 57% pour l’ensemble des patients, avec 50%

pour les patients résistants et 76% pour les patients intolérants aux traitements. Les taux de

réponse aux semaines 3-6-12-26-39 et 52 étaient respectivement de 8-17-31-36-48 et 50% pour

les patients résistants et 6-37-69-76-76 et 76% chez les patients intolérants aux traitements (cf.

figure3). Au niveau des effets sur les symptômes négatifs, les auteurs ont retrouvé une

amélioration significative des scores à la SANS sensiblement identique à celle de la BPRS.

46

Figure 3: Efficacité à long terme (taux de réponse) de la clozapine. Adapté de Lieberman et al.

1994 [96]

En termes d’effets secondaires, aucun patient n’a présenté de syndrome extrapyramidal

pendant l’étude. De surcroît, il fut noté une réduction progressive des scores de la Simpson

Angus Rating Scale. Un effet curatif, avec réduction significative sur les dyskinésies tardives,

était relevé chez les patients présentant ce type de symptômes au début de l’étude. En revanche 7

cas d’agranulocytose ont imposé l’arrêt du traitement.

Cette étude montrait donc des résultats comparables aux données de la littérature en

termes de taux de réponse à court terme (globalement 30% de répondeurs dans les 12 semaines

pour les patients résistants aux traitements) et précisait de surcroît le profil évolutif de cette

réponse, avec un taux de réponse pouvant s’élever à 50% à un an.

Depuis, beaucoup de publications concernant l’évaluation de l’efficacité de la clozpaine

chez les patients résistants ont été réalisées. Une revue de la littérature y figure les plus

importantes (Brambilla et al. 2002 [18]).

Il s’agit d’une revue de 50 études de méthodologies diverses. Le taux de réponse variait

entre 35.5% et 54.1% selon les critères de réponse, la durée et la méthodologie de l’étude en

question. Le taux moyen de réponse tous patients confondus était de 46.4%.

47

Les patients de l’ensemble des études pouvaient être séparés en deux groupes : un

premier (68% des patients) ayant un taux de réponse compris entre 47.6 et 54.7% et un autre

(32% des patients) ayant un taux de réponse compris entre 34.7 et 36.3%. On pouvait constater

dans le groupe ayant le moins bon taux de réponse, une durée d’étude généralement courte (83%

d’entre-elles inférieures à 12 semaines), alors que le temps d’évaluation était généralement plus

long dans le groupes ayant les taux de réponse les plus élevés (81% au dessus de 12 semaines).

Au total, l’ensemble de ces travaux indique un taux de réponse à long terme chez les

patients résistants aux neuroleptiques mis sous clozapine, aux alentours de 50% et proche de

75% chez les sujets intolérants aux traitements.

4.2. Efficacité de la clozapine sur les symptômes positifs et négatifs.

4.2.1. Définition et aspects historiques.

Plusieurs études ont étudié l’efficacité de la clozapine dans la schizophrénie en particulier

sur les symptômes positifs et négatifs spécifiquement. Avant de détailler ces études et ce qu’il en

ressort, il paraît licite de définir ce qu’on entend par symptômes positifs et négatifs.

La notion de manifestations cliniques positives et négatives a été introduite en médecine

par les neurologues Reynolds et Jackson à la fin du 19ème

siècle (Lancon 2001 [88 et 89]). Pour

Reynolds, les symptômes négatifs et positifs sont indépendants, émanant de processus

pathologiques distincts.

Si Kraepelin et Bleuler n’ont jamais utilisé les termes de symptômes positifs et négatifs

dans leurs descriptions cliniques des schizophrénies, certaines des catégories diagnostiques

décrites par ces auteurs semblent renvoyer à la vision descriptive de la dichotomie

positive/négative [89].

Kraepelin pensait que les symptômes déficitaires constituaient des perturbations

fondamentales des schizophrénies. Il fait ainsi la séparation en 1918 entre deux groupes

principaux de troubles dans le sein même de la schizophrénie ; l’un d’entre eux étant caractérisé

par une perte des activités volitionnelles.

48

Bleuler, dans sa dénomination de symptômes fondamentaux (troubles des associations,

troubles de l’affectivité, autisme, ambivalence dans le registre des sentiments, de la volonté et de

l’intelligence) et de symptômes accessoires, énonce des dimensions que l’on peut à l’heure

actuelle rapprocher de la dimension négative pour les symptômes fondamentaux, les symptômes

accessoires correspondant plus volontiers aux symptômes positifs.

On retrouve les dimensions négatives et positives dans les travaux de De Clérambault

(1942) et Ey (1955) (Llorca et al. 2001[102]).

De Clérambault (1942) distinguait dans la schizophrénie des phénomènes positifs

d’intrusion, comme des hallucinations, les phénomènes cénesthésiques, les échos de la pensée et

des phénomènes négatifs d’inhibition comme le vol de la pensée ou l’aprosexie (trouble de

l’attention). Il n’y a ainsi pas de hiérarchisation des troubles, chacun des phénomènes positifs et

négatifs appartiennent à l’automatisme mental, le délire venant s’y greffer.

Enfin pour H.Ey, la distinction se fait dans les schizophrénies entre une forme clinique

ayant une structure négative et une forme clinique ayant une structure positive.

Schneider quant à lui décrit des symptômes considérés comme pathognomoniques ou

« de premier rang », se voulant ainsi plus descriptif, cette symptomatologie faisant référence

actuellement aux symptômes positifs, toute cause somatique ou organique ayant été écartée. Les

critères diagnostiques recouvrant 11 symptômes se répartissent en 4 grands groupes :

le délire à proprement parler : expériences anormales dans le domaine des

perceptions et des sensations (énonciation de la pensée, hallucinations auditives,

sensations corporelles imposées) ;

trouble du cours de la pensée (vol de pensée, imposition de la pensée, divulgation

de la pensée) ;

Perturbation des sentiments, pulsions et de la volonté ;

trouble des perceptions (Llorca et al. 2001 [102]).

49

Le parallèle entre symptômes de premier rang décrits par Schneider et symptômes

accessoires de Bleuler peut ainsi être fait, alors que les symptômes fondamentaux de ce dernier

seraient rangés parmi les symptômes secondaires.

Ce sont les symptômes de premier rang qui furent privilégiés dans le DSM IIIR.

Schneider affirmait leur spécificité pour porter le diagnostic de schizophrénie et, sous son

influence, l’intérêt susceptible d’être porté aux symptômes négatifs diminua fortement dans les

années 50. Mais après quelques années d’utilisation des neuroleptiques, force fut de constater

que si la symptomatologie positive répondait à ces nouvelles thérapeutiques, tel n’était pas le cas

pour les symptômes négatifs, qui restaient peu modifiés.

La diversification des thérapeutiques dans la schizophrénie et la mise en évidence d’une

réponse thérapeutique individuelle ont suscité un regain d’intérêt pour la réflexion autour des

dimensions positives et négatives de la maladie, avec la notion de déficit.

Schématiquement, les symptômes positifs correspondent à la présence de comportements

habituellement absents chez l’individu normal, alors que les symptômes négatifs correspondent à

l’absence de comportements normalement présents chez un individu (Lancon 2001 [89]).

En 1985, Crow propose un modèle qui repose sur l’existence de deux sous-types

étiologiques indépendants de schizophrénie appelée forme I et II de la maladie ; le type II de la

maladie étant l’évolution du type I. Le type I est défini par le délire, les hallucinations, et le

trouble de la pensée, tandis que le type II est caractérisé par la présence de manifestations

cliniques telles que l’émoussement affectif et la pauvreté du discours [89]. Crow dans son

modèle révisé, propose l’idée que les formes négatives de la maladie répondent peu ou mal aux

neuroleptiques (Llorca et al. 2004 [104]).

En 1987, Liddle introduit une troisième dimension, à côté de la dichotomie

positive/négative, appelée « désorganisation » ou « cognitive ». Il isole ainsi trois dimensions,

d’où son nom de modèle tridimensionnel : pauvreté psychomotrice, distorsion de la réalité et

désorganisation (Llorca et al. [104]).

50

Pour Carpenter et coll. en 1988 [32], les patients schizophrènes souffrent de différentes

pathologies pouvant survenir simultanément chez un même patient. L’hypothèse développée par

Carpenter repose sur la distinction, d’une part entre symptômes négatifs primaires et secondaires

et, d’autre part, entre symptômes négatifs transitoires et stables. Il rejoint ainsi la définition

émise par Kraepelin dans sa description de la forme déficitaire de la schizophrénie. Ce

« syndrome déficitaire » se caractérise par la persistance de symptômes négatifs « vrais ».

Carpenter retient comme symptômes déficitaires vrais les symptômes suivants : appauvrissement

des affects, gamme émotionnelle réduite, pauvreté du discours, restriction des intérêts,

intentionnalité réduite et diminution de l’élan social (Hardy-Bayle et al. 1996 [64]).

Ces symptômes négatifs déficitaires étaient différenciés des symptômes négatifs

secondaires au traitement, à un trouble dépressif, à une diminution ou absence de stimulation du

patient, à l’anxiété, à un retard mental ou aux symptômes positifs. Pour Carpenter les symptômes

négatifs primaires correspondraient à la manifestation directe d’une perturbation

physiopathologique spécifique impliquant plus particulièrement le cortex préfrontal et

l’amygdale (Lancon 2001[89]).

En 1991 également, Andreasen amène une approche catégorielle de la maladie, pensant

qu’il existe un continuum entre les symptômes positifs et négatifs dans la schizophrénie. De

façon descriptive et pragmatique, Andreasen propose des critères cliniques permettant de décrire

trois sous-types de schizophrénies, à savoir une forme positive, une négative et une forme mixte,

de loin la plus fréquente (Hardy-Bayle et al. 1996 [64]).

Les formes positives sont caractérisées par la présence d’au moins un des symptômes

suivants : hallucinations, délire, troubles positifs de la pensée formelle (incohérence,

déraillement, illogisme), comportements bizarres ou désorganisés, sans signe négatif. Les formes

négatives sont marquées par la présence d’au moins deux des éléments suivants : alogie,

émoussement affectif, anhédonie, avolition, apathie, aprosexie, sans signe positif. Les formes

mixtes représentent alors le reste des situations cliniques. Ses travaux aboutiront à la réalisation

de deux échelles d’évaluation : la SANS et la SAPS [64].

51

La notion de symptômes négatifs n’est donc pas un concept unitaire. La majorité des

auteurs s’accorde pour distinguer des symptômes négatifs primaires (manifestations d’un état

déficitaire persistant) de symptômes négatifs secondaires liés en outre à l’existence de

symptômes positifs, d’une dépression, d’une akinésie liée aux neuroleptiques, d’une

hypostimulation liée à l’institutionnalisation (Llorca et al. 2004 [104]). La distinction entre

symptômes négatifs primaires et secondaires est donc difficile et ce particulièrement lors des

phases aigües.

4.2.2. Efficacité de la clozapine sur les symptômes négatifs.

La majorité des études contrôlées réalisées sur la clozapine ces dernières années met en

évidence une supériorité de cette molécule par rapport aux neuroleptiques classiques, qu’il

s’agisse de mesurer son effet sur les effets négatifs ou positifs.

Depuis sa mise en évidence dans l’étude princeps de Kane, l’action de la clozapine sur la

dimension négative de la schizophrénie a été étudiée dans de nombreux travaux (Breier et al.

1994, Meltzer et al. 1989, Tandon et al. 1993, Brar et al. 1997, Kane et al. 1994 et 2001,

Rosenheck et al. 1999, [19-22,112, 76, 78,149]).

Concernant son efficacité sur les symptômes négatifs primaires et secondaires, la

clozapine a une place thérapeutique importante. En effet sa capacité à réduire les manifestations

positives, dysphoriques ou dépressives de la maladie permet de penser que la clozapine possède

une action sur les symptômes négatifs secondaires.

Plusieurs études contrôlées ont mis en évidence une supériorité de la clozapine par

rapport aux autres neuroleptiques, sur les échelles d’évaluation des symptômes négatifs.

Toutefois, comme ce sont les critères de résistance définis selon Kane qui ont été utilisés pour

ces études, la symptomatologie positive prévalait dans la clinique des malades sélectionnées

(Llorca et al. 2004 [104]).

Deux types principaux d’études visant à étudier l’efficacité de la clozapine sur les

symptômes négatifs peuvent être distingués : celles visant à différencier les effets de la clozapine

sur les symptômes négatifs primaires et secondaires, et celles étudiant plus spécifiquement son

efficacité chez les patients déficitaires.

52

Les premiers à avoir réalisé une telle étude sont Kane et al. en 1994 [76], mettant en

perspective l’impact du produit sur les symptômes négatifs et les effets secondaires

neurologiques des neuroleptiques antérieurement prescrits. Il s’agit d’une étude ouverte portant

sur 56 patients résistants aux neuroleptiques réalisée sur 52 semaines. La clozapine fut mise en

place après deux semaines de fenêtre thérapeutique en moyenne, pour atteindre une posologie

moyenne de 600 mg/j environ. Les patients furent évalués cliniquement avant et pendant le

traitement par clozapine (aux semaines 3-6-12-26-39 et 52). L’évaluation clinique était faite à

l’aide de la BPRS, de la SANS, et la CGI et l’évaluation des signes neurologiques à l’aide de la

Simpson Angus Scale for extrapyramidal Side Effects et de la Dyskinesia Scale. Les auteurs

montraient alors que l’amélioration des symptômes négatifs n’était que partiellement corrélée à

l’amélioration des symptômes neurologiques ; l’akinésie semblant alors être un élément

déterminant de cette corrélation. Akinésie exclue, il n’y avait plus de corrélation antre

l’amélioration des symptômes négatifs et celle de signes neurologiques.

L’efficacité de la clozapine sur la symptomatologie négative primaire est donc plus

contestée. Les données de la pharmacologie expérimentale suggèrent que la clozapine pourrait

avoir une action sur les symptômes négatifs primaires et dans les formes déficitaires de

schizophrénie telles que les définissent Carpenter et al. (1988, [32]).

Chez l’animal, la clozapine augmente de manière préférentielle, lors d’un traitement au

long cours, les concentrations de dopamine au niveau du cortex préfrontal (Llorca et al. 2004

[104]), dont on pense qu’il est impliqué dans la genèse des symptômes négatifs primaires,

l’activité dopaminergique préfrontale étant considérée anormalement basse dans la

schizophrénie.

Ainsi certains auteurs ont des résultats plutôt évocateurs d’une action de la clozapine sur

les symptômes négatifs primaires, indépendamment de l’évolution des symptômes neurologiques

et de la dépression (Meltzer 1995 [116]).

D’autres en revanche ont retrouvé que l’efficacité de la clozapine sur les symptômes

négatifs l’était principalement chez des sujets présentant une symptomatologie positive ou

extrapyramidale initiale très marquée. Ceci est en faveur d’une action sur les symptômes négatifs

secondaires (Breier et al. 1998 [23]).

53

Enfin, de façon plus nuancée, certains auteurs avancent l’hypothèse selon laquelle le

mécanisme d’action suggéré serait double, l’un étant un effet indirect sur les symptômes négatifs

secondaires et l’autre direct sur les symptômes négatifs primaires (Lieberman et al. 1994 [96],

Miller et al. 1994 [128]), au vu de leurs résultats, suggéraient qu’au moins une part de l’action de

la clozapine sur les symptômes négatifs soit médiée par un effet direct sur la pathogénie de la

dimension négative de la schizophrénie.

Breier et coll. (1994, [21]) ont développé une étude comparative (clozapine versus

halopéridol) visant à objectiver les effets de la clozapine chez des patients préalablement

répertoriés déficitaires ou non déficitaires. Les patients déficitaires étaient ainsi susceptibles de

souffrir de symptômes négatifs primaires, les non déficitaires, de symptômes négatifs plus

volontiers secondaires. L’étude regroupait 39 patients résistants aux traitements ayant une bonne

tolérance neurologique (afin de ne pas biaiser les résultats concernant les symptômes négatifs par

la meilleure tolérance neurologique du produit). Chaque patient fut répertorié comme déficitaire

ou non déficitaire selon les critères de la « Schedule for the deficit syndrome », mais devait dans

tous les cas avoir un score minimum à la SANS supérieur ou égal à 20. Les patients furent alors

randomisés en deux groupes comparables : un recevant la clozapine (n=19, posologie moyenne=

410.5 mg/j), l’autre halopéridol (n=20 ; posologie moyenne=24.8mg/j). Au terme des 10

semaines de l’étude, la clozpaine se montrait significativement supérieure à l’halopéridol dans le

traitement des symptômes positifs comme des symptômes négatifs. Cependant, l’étude ne

montrait pas de différence significative en termes d’impact sur les symptômes négatifs entre la

clozapine et l’halopéridol chez les patients déficitaires, alors qu’elle en révélait une chez les

patients non déficitaires. Les mêmes auteurs retrouvaient des résultats comparables dans une

étude de méthodologue identique, mais sur une durée plus longue (un an). Dans les deux cas les

résultats concernaient des évaluations globales de la dimension négative et ne précisait pas

l’évolution de chacun des aspects de cette dimension.

D’autres études, en double aveugle et sur des échantillons plus larges, donnent cependant

des résultats contraires, en faveur d’effets uniquement sur les symptômes négatifs secondaires

(Rosenheck et al. 1999, Kane et al. 2001, Breier et al. 1999, [149, 78, 23]). Bien que de

méthodologies plus fiables, ces études ne précisaient pas l’évolution de chaque item négatif et

s’appuyaient sur des évaluations globales de la symptomatologie négative.

54

En conclusion, à partir des essais conduits, on peut seulement dire que la clozapine, dans

une population de schizophrènes résistants, améliore de façon significative par rapport aux

produits de comparaison les symptômes négatifs tels qu’ils sont évalués par des échelles

validées. Il faut également noter que l’utilisation de faibles doses de clozapine a été peu testée

dans cette population. L’hétérogénéité des résultats concernant l’action sur les symptômes

négatifs primaires et secondaires reflète en partie la difficulté de définition de la

symptomatologie négative primaire et secondaire. Enfin, si efficacité il y a sur les symptômes

négatifs secondaires, elle n’atteint certainement pas l’ampleur de l’effet sur les symptômes

positifs.

4.3. Efficacité de la clozapine versus autres neuroleptiques.

Depuis la publication de l’étude de Kane, pas moins de 40 études randomisées comparant

la clozapine à un autre neuroleptique ont été réalisées. Nous ne détaillerons pas toutes les études

car elles ont fait l’objet d’une méta-analyse récente. Les neuroleptiques les plus utilisés comme

comparateur ont été l’halopéridol, la chlorpromazine et la rispéridone.

S.Leucht et ses collègues (Leucht et al. 2009 [94]) ont réalisé une méta-analyse

comparant les antipsychotiques atypiques entre eux chez les sujets schizophrènes. Les études

prises en compte comportaient des critères de qualité A ou B selon le registre de Cochrane. Cette

revue a inclus 28 études randomisées contrôlées en aveugle, avec un total de 3099 patients.

Douze essais randomisés ont comparé la clozapine à l’olanzapine, 5 avec la quétiapine, 9 avec la

rispéridone, une avec ziprasidone et deux avec la zotépine. Nous ne détaillerons donc pas toutes

les études faites à ce sujet.

Les résultats sont donnés sous forme de moyennes pondérées (WMD=Weight mean

difference) positive si le score était en faveur de la molécule étudiée. Les premiers résultats

mesurés étaient ceux des résultats au score total de la PANSS. Il n’a pas été mis en évidence de

différence significative entre la clozapine, l’olanzapine, la quétiapine, la rispéridone ou la

ziprasidone. En revanche, la clozapine avait une efficacité supérieure à la zotépine de façon

significative. Les seconds résultats concernaient les symptômes positifs et négatifs. Ces résultats

sont les mêmes au niveau des sous-scores pour les symptômes négatifs comme pour les

symptômes positifs.

55

Il a ensuite été évalué la différence entre les patients sortis d’études pour une inefficacité

de leur traitement. Les résultats ont montré une supériorité significative de la clozapine

comparée à la rispéridone uniquement.

Les cinq études concernant les patients au premier épisode psychotique n’ont pas montré

de différence entre les différents antipsychotiques atypiques.

A des posologies de 400 mg/j, la clozapine s’est révélée être supérieure la rispéridone

uniquement. Ce résultat est peu représentatif néanmoins car une posologie de 400 mg/j ou plus

est retrouvée dans peu d’études comparées à celles où la clozapine est utilisée à des doses autour

de 200 mg/j.

Une analyse statistique permettant de comparer les études différant sur leur durée, le

dosage des traitements, ainsi que par leur qualité méthodologique, n’a pas mis en avant de

supériorité d’une molécule par rapport à une autre.

Figure 4 : Comparaison des résultats pour le score Total de la PANSS dans une méta-analyse des

antipsychotiques de seconde génération (Leucht et al. 2009)

56

Figure 5: Comparaison des résultats pour le score positif de la PANSS (Leucht et al. 2009).

Figure 6 : Comparaison des résultats pour le score négatif de la PANSS (Leucht et al. 2009).

Figure 7 : Comparaison du nombre de sujets ayant quitté l’étude pour inefficacité (Leucht et al.

2009).

57

4.4. Facteurs de réponse et efficacité à long terme.

Etant donné le risque hématologique de la clozapine, la découverte de facteurs fiables de

réponse au traitement pourrait constituer une aide précieuse pour le clinicien dans sa pratique

quotidienne. Si l’on s’en tient aux facteurs cliniques, force est de reconnaître qu’on n’a guère

progressé ces dernières années (Lieberman et al. 1994 [96]) ont identifié 5 facteurs

cliniques associés à une bonne réponse clinique :

la forme paranoïde,

le début tardif de la maladie,

la durée d’évolution plus brève,

le sexe masculin,

un haut niveau de symptômes extrapyramidaux sous neuroleptique classique.

Cependant les trois premiers critères cités ne sont pas spécifiques de la clozapine. De

même, la sévérité des symptômes lors de la mise sous traitement est moins un facteur de réponse

qu’un critère de mise sous traitement.

Les différents travaux réalisés sur la durée du traitement montrent que l’amélioration

symptomatologique des patients répondeurs semble se poursuivre de manière plus ou moins

importante tout au long de la première année. Meltzer, en 1990 [113], fut ainsi un des

précurseurs à suggérer cet effet à long terme. Alors que les études réalisées sur la clozapine ne

dépassaient pas les 12 semaines, ce dernier a réalisé une étude prospective sur 12 mois sur 38

patients schizophrènes hospitalisés. Ainsi, sur les 38 patients hospitalisés, 37 ont pu quitter

l’hôpital dans les 12 mois suivant l’instauration du traitement (en moyenne 46 jours après le

début du traitement). Comparant le taux d’hospitalisation 12 mois avant et 12 mois suivant

l’instauration du traitement, les auteurs montraient une réduction de 83% du nombre

d’hospitalisations après traitement [113].

58

Les effets à long terme ont été étudiés plus spécifiquement par Lindström et al. en 1997

[101]. Ces auteurs proposaient de rendre compte des résultats à long terme (5 ans) de 122

patients traités par clozapine, étude non contrôlée. Lors du recueil des données, 74 patients

(61%) recevaient encore le traitement. La durée moyenne de traitement tous patients confondus

était de 5,2 ans. 26 patients étaient sous clozapine depuis plus de 10 ans, 52 depuis plus de 5 ans.

Sur les 48 patients restants, 11 ont arrêté le traitement suite aux effets secondaires, dont 5 pour

des troubles hématologiques (leucopénies, neutropénies, et un cas d’agranulocytose), aucun cas

mortel signalé. 8 (6%) étaient non-compliants (contre 60% de non compliance avec les

neuroleptiques conventionnels). Les autres étaient des patients perdus de vue, essentiellement

pour changement de lieu de soin. Sur la durée totale de l’étude, 87% des patients ont montré une

amélioration de leur symptomatologie, dont 36% avaient une réponse modérée, 40% une réponse

significative et 11% montraient une rémission totale sans symptôme résiduel.

Le taux de réponse significative était illustré par l’analyse du statut professionnel des

patients. Alors qu’aucun ne travaillait avant l’introduction du traitement, 40% était employé à

temps plein ou temps partiel au moment du recueil des données.

Parmi les 21 patients ayant reçu le traitement plus de 10 ans, 12 (57%) n’ont montré

aucun changement entre la 5ème

et la 10ème

année, 2 (9%) se sont détériorés et 7 (34%) ont encore

montré une amélioration de leur symptomatologie. Les auteurs attribuaient cette amélioration

tardive aux conséquences indirectes du traitement, notamment la possibilité de travail dans les

champs psychothérapeutiques, sociaux et institutionnels, plus qu’à un effet pharmacologique

direct.

Par ailleurs, plusieurs auteurs soulignent que l’action directe de la clozapine sur les

altérations cognitives liées à la maladie, augmentent de façon synergique l’efficacité des

stratégies de prise en charge psychosociales. Ainsi, on observe une supériorité par rapport aux

neuroleptiques classiques, sur la capacité d’interactions sociales, les interactions familiales et le

rôle dans la communauté (Llorca et al. 2004 [104]).

Toutes ces données amènent à penser que la clozapine apporte un bénéfice pour les

patients, non seulement d’un point de vue clinique directement, mais aussi indirectement sur leur

qualité de vie.

59

Une étude récente finlandaise (Tiihonen et al. 2009 [168]) a été réalisée dans le but

d’évaluer la contribution au long terme des antipsychotiques sur la mortalité des patients

schizophrènes. Le nombre de décès a été calculé pour chaque traitement utilisé, avec un calcul de

mortalité globale (pour toute raison de décès) et détaillée pour la mortalité par suicide ou causée

par une ischémie cardiaque. Ils en ont conclu que la clozapine est associée au taux de décès

global (toutes raisons confondues) le plus bas, avec une mortalité de 5.69 pour 1000 sujets par

an. Elle est également associée au taux de risque suicidaire le plus faible, avec une mortalité de

0.84 pour 1000 sujet par an. La clozapine réduit ainsi la mortalité de 26%, tandis que la

quétiapine, l’halopéridol et la rispéridone augmentent la mortalité de 41%, 37% et 34%

respectivement par rapport à la perphénazine.

Au vue de ces résultats, il est important de souligner le bénéfice de la clozapine en terme

de mortalité, puisqu’elle émerge comme étant celle améliorant le mieux ce paramètre. Cette

donnée est importante et doit être prise en compte lors de changements de molécules, autant que

les effets secondaires connus de la clozapine qui restent encore plus à l’esprit des prescripteurs.

L’objectif du chapitre suivant sera d’évaluer l’efficacité de la clozapine dans le trouble

schizoaffectif. Il comportera d’abord un rappel nosographiques de ce trouble, puis nous

évoquerons les études ayant mesuré l’efficacité de la clozapine dans ces situations cliniques.

60

5. EFFICACITE DE LA CLOZAPINE EN DEHORS DE LA SCHIZOPHRENIE

RESISTANTE

5.1.Efficacité de la clozapine dans le trouble schizoaffectif.

L’intérêt de réaliser un chapitre consacré à la clozapine dans les troubles schizoaffectifs

réside en plusieurs aspects. D’une part afin de mieux percevoir l’intérêt de la clozapine dans ce

trouble spécifiquement et non par l’extrapolation de résultats montrés dans les troubles de

l’humeur et dans la schizophrénie. En effet une question importante est de savoir si la clozapine

a une efficacité comparable dans les troubles schizoaffectifs qu’ils soient comparés à la

schizophrénie ou à la psychose maniaco-dépressive.

D’autre part ce travail pourrait permettre une meilleure compréhension du mécanisme

d’action de la clozapine et de l’effet de la clozapine dans la prévention du risque suicidaire.

Pour finir, cela permettrait, comme nous allons le voir, d’établir plus clairement un arbre

décisionnel quant au choix de traitement dans les troubles schizoaffectifs, trouble bipolaire ou la

schizophrénie.

Avant toute chose, une revue des différents aspects nosographiques avec une évolution

chronologique est licite afin de mieux percevoir l’enjeu thérapeutique.

5.1.1. Aspects nosographiques.

L’association de symptômes thymiques et schizophréniques a été décrite par Kraepelin et

Bleuler dès le début du siècle dernier. Il s’agit d’une situation clinique fréquente qui est

actuellement répertoriée sous la dénomination des troubles schizoaffectifs.

Ce concept se situe au centre d’un débat théorique encore ouvert, sur la pertinence

d’intégrer ou non, les symptômes thymiques au processus schizophrénique.

Pour résumer, l’abord de ce problème oppose deux démarches. L’une, catégorielle,

consiste à appréhender la schizophrénie et la maladie bipolaire comme deux unités

symptomatiques distinctes. Il s’agit alors du classique modèle dichotomique de Kraepelin.

L’autre dimensionnelle, envisage la schizophrénie et la psychose maniaco-dépressive comme

deux extrémités d’un même continuum syndromique et étiologique.

61

A l’heure actuelle, et au sein de cette problématique, on peut donc envisager la place du

groupe des troubles schizoaffectifs par rapport aux deux unités syndromiques, thymiques et

schizophréniques, selon les trois approches suivantes (Samuel-Lajeunesse et al. 1994 [150]).

Selon les partisans du modèle dichotomique de Kraepelin, la maladie maniaco-dépressive

et la schizophrénie étant étiologiquement distinctes, les troubles schizoaffectifs peuvent alors

correspondre à une troisième entité séparée des deux autres et ayant sa propre typologie.

Ou alors, toujours selon le modèle Kraepelinien, les troubles schizoaffectifs peuvent aussi

correspondre à l’expression concomitante chez un même malade des deux pathologies ; ce

malade étant atteint des deux troubles.

Enfin, à l’opposé du modèle Kraepelinien, les troubles schizoaffectifs se situeraient au

milieu de deux extrêmes, le trouble affectif représentant un extrême, et le trouble

schizophrénique l’autre extrême. Cet ensemble représenterait un continuum.

Jusqu’à la fin des années 1970, les principaux systèmes diagnostiques étaient fortement

imprégnés de la dichotomie Kraepelinienne.

Mais l’expérience clinique et de nombreuses études (Taylor en 1992) soulignaient de plus

en plus la difficulté à déterminer d’une façon précise la frontière entre troubles thymiques et

schizophrénie, pour certains malades. Ce mouvement, associé à la fréquence des situations

cliniques où les symptômes des deux groupes étaient représentés chez un même malade, fut à

l’origine de l’introduction d’une définition opérationnelle du concept de troubles schizoaffectifs

dans les systèmes diagnostiques tels que, CIM 9, DSM III-R, RDC.

L’évolution des critères RDC a permis la distinction de deux sous-groupes, le groupe

schizoaffectif-sous type affectif, et le groupe schizoaffectif-sous type schizophrénique. Ce qui

paraissait ambigu, car renvoyait finalement à une certaine dichotomie au sein du concept.

Le DSM III-R a repris cette distinction, mais l’a accentuée. Le sous-groupe

schizoaffectif/affectif devenait « troubles thymiques avec caractéristiques psychotiques non

congruentes à l’humeur », tandis que le sous-groupe schizoaffectif/schizophrénique

correspondrait à ce qui sera le concept actuel.

62

Cette distinction est maintenue dans le DSM IV et la définition actuelle des troubles

schizoaffectifs est finalement la suivante :

« Existence d’une période ininterrompue de la maladie au cours de laquelle il existe, à un

moment donné, un épisode affectif en même temps que des symptômes remplissant les critères

« A » de la schizophrénie. Les hallucinations ou les idées délirantes doivent être présentes deux

semaines avant l’apparition des symptômes thymiques. Les symptômes répondant aux critères

des épisodes thymiques sont présents pendant une partie conséquente de la durée totale des

périodes actives et résiduelles de la maladie. Les perturbations ne doivent pas être dues aux

effets secondaires d’une substance ou d’une affection médicale. »

Au sein du concept actuel deux sous-types sont proposés :

Sous-type dépressif, si la perturbation thymique correspond à des épisodes

dépressifs uniquement. A ce sujet, le caractère ininterrompu de la maladie et la

notion de simultanéité entre épisode thymique et trouble psychotique excluent

d’emblée les « dépressions post-psychotiques ».

Sous-type bipolaire si la perturbation thymique correspond à un épisode maniaque

ou mixte, ou l’un ou l’autre, associé à des épisodes dépressifs.

Le concept actuel de trouble schizoaffectif renvoie implicitement au diagnostic de

schizophrénie (notion de maladie chronique, présence des critères « A » de la schizophrénie et

donc d’éléments de discordance-noyau de toute schizophrénie-, concept actuel correspondant à

l’ancien sous-type schizoaffectif/ schizophrénique, concept actuel ne comprenant pas les troubles

thymiques avec symptômes psychotiques et épuré du caractère aigu des troubles…). Il ne paraît

pas être à ce titre, totalement en décalage avec les conceptions de Kraepelin, qui ne niait pas les

tableaux de dementia praecox avec symptômes affectifs dans la 8ème

édition du traité (1910).

Au total, il semble bien que ce qui correspond au concept actuel de trouble schizoaffectif

est finalement plus en lien avec la schizophrénie qu’avec les troubles de l’humeur et on se

demande alors si l’ancien terme de « schizophrénie dysthymique » n’est pas plus adapté pour

décrire de tels tableaux cliniques. C’est ce que souligne Samuel Lajeunesse [150] en rappelant

que ces troubles sont encore souvent dénommés schizophrénies dysthymiques. De plus,

63

l’individualisation de ce concept ne change rien au débat théorique précité, vu les trois façons

d’aborder le problème, évoquées plus haut.

Ces aspects nosographiques sont importants dans ce qu’ils impliquent sur le plan

thérapeutique. Nous allons maintenant étudier l’intérêt d’un traitement de la clozapine dans le

trouble schizoaffectif.

5.1.2. Intérêts de la clozapine dans les troubles schizoaffectifs.

Dans la revue de la littérature consacrée à l’intérêt de la clozapine dans la prévention du

risque suicidaire du patient schizophrène (cf. partie 5.1), nous précisons que pour la plupart, les

études citées étaient menées sur des populations qui regroupaient des patients schizophrènes et

schizoaffectifs. Ceci laissait suggérer que la clozapine puisse aussi avoir ce rôle chez les patients

schizoaffectifs.

L’étude de référence (Kane et al. 1998, [75]) qui a été menée sur 980 patients,

comprenait 371 schizoaffectifs, soit à peu près 40%. Les résultats dans le groupe des

schizoaffectifs étant comparable à ceux des schizophrènes, permettaient aux auteurs de conclure

que la clozapine avait aussi un intérêt dans la prévention du risque suicidaire des patients

schizoaffectifs.

Ainsi, l’utilisation de la clozapine doit aussi être évoquée dans cette indication.

Nous avons déjà détaillé les effets de la clozapine sur la symptomatologie psychotique de

la schizophrénie. Ainsi, vu ses effets dans la schizophrénie et ceux décrits pour les troubles de

l’humeur (cf. partie 5.2), on pourrait penser, par extrapolation, que la clozapine soit active dans

les situations cliniques où troubles thymiques et schizophréniques sont associés, soit les troubles

schizoaffectifs.

Cependant, si nous revenons aux manières énoncées précédemment d’envisager les

troubles schizoaffectifs, nous voyons que cette extrapolation n’est pas toujours envisageable. De

fait, lorsqu’on aborde le concept selon le modèle d’un continuum ou alors, comme la résultante

de l’expression chez un même malade, d’un trouble de l’humeur et d’une pathologie

schizophrénique, l’extrapolation semble possible (Allander 2004 [2]).

64

Par contre, si on se réfère à l’hypothèse selon laquelle, ce trouble représente une

troisième entité étiologiquement indépendante des deux autres, l’équation ne peut être réalisée.

C’est pourquoi, il va nous falloir détailler les différents effets décrits dans cette population

précise, au risque de paraître redondant.

Pour ce qui est de l’action de la clozapine sur les épisodes dépressifs et maniaques

contemporains des troubles schizoaffectifs, nous citerons d’abord le travail de Zarate et coll.

(1995 [184]).

Ces auteurs ont recensé dans leur revue de la littérature, 30 études de méthodologies

variables (études ouvertes, contrôlées, études de cas) qui testaient l’efficacité de la clozapine sur

des populations de patients présentant des troubles schizoaffectifs, bipolaires ou une pathologie

schizophrénique.

Dans leur revue de la littérature, les auteurs ont analysé les résultats de 10 études

comprenant des patients schizoaffectifs parmi 30 qui testaient l’efficacité de la clozapine. Au

total 315 patients étaient inclus dans ces 10 études, dont 221 troubles schizoaffectifs. Les autres

avaient un trouble bipolaire. Tous ces patients étaient en phase processuelle de leur pathologie et

au moins un tiers n’avait pas répondu à un traitement antérieur (neuroleptiques conventionnels

ou thymorégulateurs).

L’efficacité la plus constamment mise en évidence portait là aussi sur les éléments de la

lignée maniaque et seulement trois études suggéraient une action sur la symptomatologie

dépressive.

Ils retrouvaient au terme de leur analyse que 71.2% des patients bipolaires et 69.9% des

patients schizoaffectifs étaient significativement améliorés par la clozapine (réponse globale).

L’amélioration s’était maintenue sur 49 jours à 4 ans selon les études, suggérant ainsi un effet

stabilisateur.

Dans un second temps, ces mêmes auteurs ont comparé ces résultats avec ceux obtenus

dans un groupe de 692 patients schizophrènes qui appartenaient à 7 des 10 études précitées. Ils

retrouvaient une amélioration significative chez 61.3% d’entre eux. Ces résultats suggéraient

donc un meilleur taux de réponse chez les patients bipolaires et schizoaffectifs que chez les

schizophrènes. Cette étude était donc en faveur d’une efficacité de la clozapine dans les troubles

65

schizoaffectifs et peut être d’un plus grand intérêt de la molécule dans ces troubles que dans la

schizophrénie.

Banov et coll. (1994 [10]), ont réalisé une étude rétrospective, déjà cotée au chapitre

précédent, portant sur 193 patients évalués à l’aide d’entretiens semi-structurés, 18.7 mois en

moyenne après instauration d’un traitement par clozapine. Dans le groupe des patients

schizoaffectifs, sous-type dépressif, les auteurs observaient une amélioration globale dans 50%

des cas, contre 73% chez les schizoaffectifs, sous type bipolaire. Ce qui paraît sensiblement

identique au constat fait concernant l’action de la clozapine sur la dimension dépressive dans la

schizophrénie et les troubles de l’humeur (action non spécifique sur la symptomatologie

dépressive ; action antidépressive limitée). Rappelons que dans cette étude, c’étaient les patients

présentant des éléments maniaques qui répondaient le mieux, surtout s’ils entraient dans le cadre

d’un trouble de l’humeur bipolaire. De même, les patients déprimés étaient les plus mauvais

répondeurs, surtout si le trouble s’inscrivait dans le cadre d’un trouble de l’humeur.

Ainsi, il semble que la clozapine ait des effets thymiques dans les troubles schizoaffectifs

identiques à ceux décrits dans les troubles de l’humeur, tant sur la dimension de stabilisation

thymique, qu’anti-maniaque et antidépressive.

Pour confirmer cette hypothèse, nous citerons le travail de Ciapparelli et coll. [38]. Ces

auteurs ont réalisé en 2000 une étude comprenant 91 patients dont 31 schizophrènes, 26

schizoaffectifs et 34 bipolaires mis sous clozapine. Ces patients ont été suivis pendant une

période de 2 ans après introduction de la clozapine. Tous présentaient une résistance aux

traitements antérieurs. La réponse au traitement était définie par une réduction de 50% du score

de la BPRS. Au terme de l’étude, les résultats montraient une amélioration significativement plus

importante chez les patients bipolaires et schizoaffectifs, que chez les schizophrènes, avec

respectivement 88% et 75% de répondeurs pour les bipolaires et les troubles schizoaffectifs,

contre 57% chez les schizophrènes. Pour interpréter ces résultats, il faut prendre en compte le

problème de la latence d’action du traitement. Celle-ci étant plus courte pour les symptômes

thymiques que pour les symptômes psychotiques, un délai de deux ans paraissait peut être un peu

court pour éliminer ce biais.

66

Cependant, ces mêmes auteurs ont publié en 2003 [39] une extension de leur première

étude, dont les résultats confirment et précisent ceux de leur travail initial. Outre les taux de

réponses, les auteurs ont cherché à évaluer le délai de réponse, ainsi que sa qualité (impact global

sur le fonctionnement social). L’étude comprenait maintenant 101 patients dont 34

schizophrènes, 30 troubles schizoaffectifs et 37 bipolaires. Chacun a été suivi sur une période de

4 ans après la mise sous clozapine. Là aussi, tous présentaient une résistance aux traitements

antérieurs. La réponse aux traitements était toujours définie par une réduction de 50% du score

de la BPRS. Les auteurs retrouvaient d’abord un taux de réponse significativement supérieur

dans le groupe des patients schizoaffectifs et bipolaires que dans celui des schizophrènes, avec

respectivement 90% et 83.3% de répondeurs chez les schizoaffectifs et bipolaires contre 64.7%

chez les schizophrènes. Ceci suggérant qu’à long terme, ce sont les patients schizoaffectifs qui

répondent le mieux parmi les trois groupes.

En ce qui concerne l’impact de la molécule sur le fonctionnement psychosocial dans

chaque population, la réponse était définie par un score à la GAF (Global Assessement of

Functioning) supérieur à 50. Avant l’étude, les scores initiaux de chaque population étaient

comparables, avec respectivement : 34.2 pour les bipolaires, 32 pour les schizoaffectifs et 29.8

pour les schizophrènes. Le pourcentage de patients ayant atteint ce score supérieur à 50 à la GAF

était respectivement de 92.2% pour les bipolaires, 68.4% pour les schizoaffectifs et 42.9% pour

les patients schizophrènes. Ce qui évoquait une qualité de réponse plus constante pour les

patients schizoaffectifs que pour les patients schizophrènes. Cependant, même si les scores

initiaux étaient comparables, les résultats obtenus paraissent logiques, vu le biais que peut

représenter la schizophrénie en terme de retentissement psychosocial, par rapport aux deux

autres groupes.

Enfin, au sujet des délais de réponse dans chacun des trois groupes, la réduction de 50%

du score à la BPRS était obtenue parmi les patients répondeurs, au bout de 3 mois en moyenne

chez les patients bipolaires, 6 mois en moyenne chez les schizoaffectifs contre 2 ans pour les

schizophrènes.

Tout ceci met en exergue l’intérêt de la clozapine dans le traitement des troubles

schizoaffectifs. De surcroît, ces travaux suggèrent que cette molécule soit peut être plus

intéressante en terme de taux de réponse dans ce type de troubles, que dans la schizophrénie.

Enfin, au regard de cette dernière étude, il semblerait que les délais de réponse soient plus courts

67

dans les troubles schizoaffectifs que dans la schizophrénie. De même, il y aurait un impact plus

constant sur le fonctionnement psychosocial des patients schizoaffectifs que sur celui des

schizophrènes.

Ceci nous permet de donner un certain crédit aux résultats mis en avant, notamment parce

qu’ils correspondent à des effets retrouvés dans ce cadre nosographique précis, et non pas à des

extrapolations autour des résultats montrés dans la schizophrénie et dans les troubles de

l’humeur.

Donc, au regard de tout ce qui vient d’être mis en avant, il semble que le clozapine soit

d’autant plus intéressante dans la schizophrénie, qu’on est en présence d’un tableau de

schizophrénie dysthymique.

Lorsque nous parlons d’intérêt, nous l’évoquons en termes de taux, de qualité et de délai

de réponse, mais aussi en termes de risque. En effet, si cette molécule agit sur les symptômes

thymiques associés à la schizophrénie et qu’elle est par ailleurs efficace sur la composante

psychotique, elle permettra alors de diminuer les polymédications et ses conséquences

(interactions médicamenteuses notamment) chez ce type de patient.

Nous avons alors montré que la clozapine avait des effets globaux et surtout thymiques

dans les troubles schizoaffectifs. Ce qui permet de valider, vu les liens qui semblent exister entre

schizophrénie et trouble schizoaffectif, l’hypothèse d’une action thymique pour expliquer l’effet

de la clozpaine sur le risque suicidaire des patients schizophrènes.

Tout ceci forme un outil non négligeable dans la stratégie décisionnelle quant à

l’instauration de la clozapine chez un patient schizophrène.

En effet, nous savons que la clozapine est indiquée chez le schizophrène dans les

situations de résistance ou d’intolérance aux traitements et que ceci constituait le seul paramètre

positif dans la balance « bénéfices / risques ». Mais au regard de tout ce qui vient d’être évoqué,

nous proposons d’en ajouter un second, qui serait la présence de symptômes thymiques. Ceci

nous permettrait de pouvoir aller au-delà du raisonnement dichotomique sur la présence ou non

d’une résistance aux traitements, des questions de définitions qu’il soulève et du retard à la

prescription qu’il peut engendrer.

68

Nous proposons donc d’envisager l’indication de la clozapine dans la schizophrénie selon

un axe double, avec d’un côté celui de la résistance aux traitements et de l’autre, celui des

troubles thymiques, où, à situation clinique égale, la présence de symptômes thymiques serait un

argument supplémentaire en faveur de l’introduction de la clozapine (Allander 2004 [2]).

Enfin, pour revenir au débat théorique sous-jacent à cette question, un certain nombre

d’auteurs en guise de conclusion et d’ouverture à leurs travaux, proposent l’idée suivante : le fait

que cette molécule soit active dans les trois entités nosographiques représenterait un argument de

plus en faveur de l’hypothèse du continuum étiologique. Nous resterons très prudents quant à

cette hypothèse, pour la simple raison que les effets observés dans tel ou tel domaine ne relèvent

que du symptomatique. Tous ces effets symptomatiques nous paraissent plus la conséquence du

large spectre d’action de la clozapine que la résultante d’un éventuel lien étiopathogénique entre

tous ces champs symptomatiques (Allander 2004 [2]).

Au-delà du concept de schizophrénie résistante, de schizophrénie dysthymique, après

avoir énuméré ces résultats, il semble intéressant d’évaluer l’intérêt de la clozapine dans le

suicide, mais également dans les autres troubles non schizophréniques. C’est ce que nous allons

aborder dans le chapitre suivant.

69

5.2. Intérêt de la clozapine dans le suicide.

5.2.1. Données générales concernant le suicide et la schizophrénie.

Le suicide est l’une des causes les plus importantes de décès prématuré chez les patients

schizophrènes. Les patients souffrant de schizophrénie ont approximativement un risque compris

entre 25 et 50% de commettre une tentative de suicide au cours de leur vie et un risque de 9 à

13% de commettre un suicide (réussi) (Meltzer 2003, Meltzer et al. 2003 [121 et 122]. Au moins

25% des patients schizophrènes présentent un tableau dépressif significatif qui contribue en

partie au taux de suicide élevé (10 à 13%) dans cette population (Meltzer et al.2005 [123]).

Le taux de suicide parmi les patients schizophrènes est spécialement élevé chez les sujets

jeunes durant le premier épisode ou à son décours. Le suicide dans la schizophrénie est le plus

fréquent durant la première décennie de la maladie, faisant du suicide la première cause de décès

précoce dans la schizophrénie (Nordentoft et al. 2000 [137]). Si le suicide est élevé dans d’autres

troubles psychiatriques, les sujets schizophrènes tentant de mettre fin à leur vie ont plus de

chance d’y parvenir et d’employer des moyens plus violents (Mamo et al. 2007 [107]).

Plusieurs facteurs de risque ont été mentionnés dans la schizophrénie. Le facteur de

risque le plus important est l’antécédent de tentative de suicide (Meltzer et al. 1995 [117]).

Néanmoins l’épisode dépressif majeur et l’alcoolodépendance sont les déterminants les

plus importants pour le passage à l’acte (facteur précipitant des idées suicidaires au passage à

l’acte) (Duggan et al. 2003 [52], Lancon 2001 [88], Meltzer et al. 1995 [118], Meltzer 2003

[121]).

70

Plusieurs facteurs de risque de suicide ont donc été répertoriés pour la schizophrénie [52,

88, 118, 121, 65,154]:

Début tardif de la maladie,

Symptômes dépressifs ou antécédents d’épisode dépressif majeur,

antécédents de tentative de suicide, ou d’hospitalisations en prévention du suicide (idées

ou velléités suicidaires),

« revolving door syndrome » (nombreuses hospitalisation au cours des six derniers

mois),

abus de substance,

agitation motrice,

sévérité du syndrome parkinsonien,

faible adhésion ou résistance au traitement,

crainte d’une « désintégration mentale »,

la perte récente d’un proche.

D’autres données de la littérature incluent la sévérité des hallucinations et les injonctions

hallucinatoires (Mamo et al. 2007 [107]), les 2 premières années de la maladie (bien que le

risque dure tout au long de la maladie), la classe socio-économique pré morbide élevée, le QI

élevé (Siris 2001 [156]).

Pour Meltzer (2001 [120]) la suicidalité dans la schizophrénie apparaît comme étant un

domaine symptomatique à part entière bien distinct des autres symptômes psychotiques. Des

traitements efficaces sur les symptômes positifs n’éliminent pas le risque suicidaire. La

découverte ainsi que le développement des neuroleptiques conventionnels ont apporté un

bénéfice considérable dans la prise en charge des patients schizophrènes, mais il semblerait selon

Meltzer qu’ils n’aient pas permis de modifier le taux de suicide des patients schizophrènes.

Plusieurs études ont cherché à évaluer l’effet des neuroleptiques conventionnels sur la suicidalité

dans la schizophrénie (suicide et idées suicidaires), mais n’ont pas mis en évidence de réduction

du risque suicidaire avec ce type de traitement (Kane et al. 2001, Cadwell et al. 1990, [78,29]).

En revanche, d’autres études ont même retrouvé un risque suicidaire augmenté lors de la

prescription de neuroleptiques conventionnels (Meltzer et al. 1995, Cadwell et al. 1990

71

[117,29]). Leurs effets secondaires neurologiques et l’impact limité sur la symptomatologie

négative expliquent peut être en partie ce constat. Il semblerait par ailleurs que les

antipsychotiques atypiques, selon les données récentes de la littérature, aient une efficacité

légèrement supérieure comparée aux antipsychotiques conventionnels (Lancon 2001 [88],

Tollefson et al. 1998 [171], Tran et al. 1997 [172], Meltzer 2001 et 2003 [120,122]).

Lindenmayer et al. ont proposé en 2003 que le comportement suicidaire soit une entité

symptomatique indépendante de la dépression ou de l’anxiété (Lindenmayer et al. 2003 [100]) et

que la clozapine aurait un mécanisme d’action unique dans ce domaine. C’est ce que nous allons

détailler dans le chapitre suivant.

5.2.2. Efficacité de la clozapine dans le suicide.

La clozapine a émergé comme ayant, aussi bien dans les études épidémiologiques

que cliniques, un effet spécifique dans les comportements suicidaires.

La première étude mettant en évidence une réduction du risque suicidaire grâce à la

clozapine a été publiée par Meltzer et Okayli, étudiant une population de 88 patients

schizophrènes traités par clozapine (Meltzer et Okayli 1995 [118]). Parmi ces 88 patients, 22

avaient fait une tentative de suicide dans les deux ans précédant le traitement par clozapine, mais

seulement trois ont fait une tentative de suicide pendant les deux ans de traitement par clozapine,

soit une diminution de 85% des taux de suicide. Le pourcentage de patients ne présentant plus

d’intention suicidaire ni de passage à l’acte suicidaire était passé de 53% avant traitement, à 88%

après l’introduction de la clozapine.

Des données épidémiologiques ont confirmé les résultats de cette étude. Walker et al.

(1997, [180]) ont croisé les données provenant du registre national de la clozapine (« Clozaril

National Registry ») et celles provenant de l’index de décès du registre national de

l’administration de la sécurité sociale (National Death Index and Social Security Administration)

aux Etats-Unis pour identifier les causes de décès des 67072 patients actuels ou anciens usagers

de la clozapine. Cette étude retrouvait une mortalité par suicide de 88% inférieure chez les

72

patients traités par clozapine par rapport à ceux qui ne l’étaient plus au moment de l’étude. Un

aspect critiquable de cette étude est l’absence de groupe contrôle, les anciens utilisateurs de

clozapine étant pris comme groupe comparatif. On peut alors penser que chez ces patients les

résultats cliniques étaient plus faibles et que la clozapine était justement inefficace chez ces

derniers.

D’autres études ont depuis mis en évidence le même bénéfice de la clozapine dans la

réduction du taux de suicide, ceci ne pouvant pas néanmoins être séparé du bénéfice qu’apporte

le suivi clinique plus régulier, ainsi que les prises de sang régulières, pratiqués chez ces patients

traités par clozapine.

Divers biais sont présents dans ces études sur les suicides chez les patients schizophrènes.

En effet il s’agit soit d’études rétrospectives, ou n’ayant pas de contrôle sur les différences

possibles entre les groupes en terme de risque suicidaire. D’autres études pouvaient présenter des

différences dans les dosages entre la clozapine et les autres antipsychotiques comparés, ainsi que

des différences dans les co-prescriptions qui n’étaient pas équivalentes. Un aspect non

négligeable dans le bénéfice de la clozapine dans la prévention suicidaire demeure dans

l’intensité de la surveillance (entrevues médicales et surveillance biologique régulières)

conséquente à l’usage de la clozapine. Les études d’efficacité médicamenteuse dans le suicide

avaient toutes ce biais, ne permettant pas de conclure à un effet protecteur de la molécule

indépendamment de l’alliance thérapeutique qu’elle nécessite.

Une étude a tenté de minimiser ces biais. Il s’agit de l’étude InterSePT (« International

suicide prevention trial »), très large étude internationale, prospective, ouverte et randomisée,

réalisée sur 2 ans (de 1999 à 2001), impliquant 11 pays et 67 centres de recherche (Meltzer et al.

2003 [122]). Cette étude a recruté des patients souffrant de schizophrénie ou de trouble

schizoaffectif, considérés comme à haut risque suicidaire. Ces patients ont reçu soit un traitement

par clozapine de 300 à 900 mg (n= 479), ou olanzapine de 10 à 20 mg (n= 477), randomisés

selon le centre et le département de soins dont ils provenaient. 38,7% des patients (n=379) ont

quitté l’étude au cours de 2 ans, toute raison confondue (effets secondaires, insatisfaction, etc.).

Les posologies n’étaient pas arbitraires, les praticiens étaient libres d’augmenter les posologies,

d’ajouter d’autres molécules si besoin, ou encore d’intervenir quelque soit le mode

73

(hospitalisation, changement de traitement, etc.) d’intervention préconisée en prévention du

risque suicidaire. L’olanzapine a été choisie car il a été suggéré qu’elle diminuait le suicide et les

idées suicidaires en comparaison avec l’halopéridol. Parmi les 980 patients inclus, 26.8% d’entre

eux étaient considérés comme résistants aux traitements.

Les patients étaient considérés comme à haut risque suicidaire s’ils présentaient un des

critères suivants :

avoir des antécédents de tentative de suicide ou d’hospitalisation pour risque suicidaire

dans les trois ans précédant l’étude,

idées suicidaires d’intensité modérée à sévère avec des symptômes dépressifs,

injonctions hallucinatoires de gestes auto agressifs durant la première semaine de

participation à l’étude.

Deux types d’évènements étaient mesurés à savoir soit des évènements de type 1,

comportements suicidaires y compris tentatives ou suicides réussis, ainsi que les hospitalisations

en prévention du risque suicidaire. Les évènements de type 2 comportaient une aggravation de

la sévérité suicidaire mesurée par la sous échelle de la CGI. Les patients avaient le même nombre

d’entrevues médicales quelque soit le traitement prescrit, et ce dans le but de ne pas entraîner de

confusion en faveur de la clozapine.

Les résultats ont mis en évidence d’une part que le risque suicidaire évalué était

significativement plus bas chez les patients traités par clozapine versus olanzapine. D’autre part,

en comparaison aux patients traités par olanzapine, les patients sous clozapine ont :

réalisé moins de tentatives de suicide (n=34 versus n=55, p=0.03)

nécessité moins d’hospitalisations en prévention du risque suicidaire (n=82 versus n=107,

p=0.05)

nécessité moins d’interventions en prévention du risque suicidaire (n=118 vs n=155,

p=0.01)

bénéficié de moins d’adjonctions de psychotropes, qu’il s’agisse d’antidépresseurs

(n=235 vs 263, p=0.01) ou d’anxiolytiques et sédatifs (n=301 vs 331 ; p=0.03).

Le nombre de décès par suicide est faible, s’agissant pourtant de patients à haut risque

suicidaire (n=5 vs n=3 ; p=0.73), soit 10 fois moins que dans la population de

schizophrènes sans facteurs de risques particuliers.

74

Enfin, pour les patients ayant arrêté (ou ayant dû arrêter) la clozapine, Il a été noté une

augmentation du risque suicidaire après son arrêt.

De même une autre étude (Modestin et al. 2005 [130]) a montré que pour les patients

ayant arrêté la clozapine pour différentes raisons (intolérance, inefficacité ou refus des patients),

une augmentation des conduites suicidaires a été mise en évidence.

Cette donnée suggère donc que la clozapine n’est efficace sur les comportements

suicidaires que pendant la durée de son traitement chez les sujets dont l’indication initiale de la

clozapine était les comportements suicidaires.

La seule molécule qui a montré un réel effet parmi les antipsychotiques autres que la

clozapine est l’olanzapine, les autres n’ayant pas montré d’effet sur le suicide (Khan et al. 2001

[82], Siris 2001 [156], Cadwell et al.1990 [29]).

L’ensemble de ces résultats ont permis à l’U.S Food And Drug Administration (FDA)

d’approuver l’indication de la clozapine pour diminuer le risque suicidaire chez les patients

schizophrènes à haut risque suicidaire. L’Association Américaine de Psychiatrie (APA)

recommande l’usage de la clozapine dans cette indication.

Le mécanisme d’action protecteur de la clozapine contre les comportements suicidaires

demeure incertain. Il pourrait être en partie dû à son effet sur les symptômes dépressifs qui est

suggéré par la moindre utilisation d’antidépresseurs, ainsi que les scores plus faibles aux échelles

mesurant la symptomatologie thymique chez les patients schizophrènes traités par clozapine

(Meltzer et al. 2003 [122]).

Au regard de toutes ces données, la clozapine a donc une efficacité démontrée sur le

risque suicidaire dans la population schizophrène. Cet effet ne s’explique pas uniquement par le

suivi rapproché qu’elle nécessite, comme l’a démontré l’étude Intersept, puisque dans cette étude

tous les patients recevaient le même suivi. De plus, si les notions d’impulsivité, d’agressivité ou

75

de suicidalité doivent être différenciées, il n’est pas impossible que la composante anti-impulsive

de la clozapine puisse avoir un impact sur la survenue de certains gestes suicidaires ou agressifs.

Cela suggère donc que la présence de facteurs de risque suicidaire chez un patient

schizophrène est un fort argument supplémentaire pour la prescription de clozapine, et ce

d’autant plus au vu des chiffres de mortalité par suicide dans la schizophrénie.

76

5.3.Clozapine et conduites agressives.

5.3.1. Conduites agressives et pathologie mentale.

Les conduites agressives sont communément définies comme « toute forme de

comportement dirigé dans le but d’infliger un dommage à un autre être vivant, motivé pour

éviter un tel traitement » (Maier 1992 [106]). Il s’agit d’un concept transnosographique vaste,

mal défini et complexe à aborder sur le plan méthodologique.

L’éventail de conduites agressives est effectivement large. Ces dernières peuvent revêtir

de multiples caractères et pourront être successivement (Mercuel et al. 1997 [124]):

Auto ou hétéro agressives,

Verbales ou physiques,

Actives ou passives,

Préméditées ou impulsives,

Directes ou indirectes

Motivées ou non par un contexte,

Sources de bénéfices primaires ou secondaires, etc.

Leur définition paraît réductrice face à l’hétérogénéité du concept. Elle exclut par

exemple un certain nombre de situations cliniques, pourtant fréquentes, comme les crises

clastiques sur des objets ou les automutilations. De même, ces comportements semblent définis

par un caractère intentionnel, qui ne pourra pas forcément s’appliquer à toutes les conduites

agressives.

Dans le DSM-IV, le trouble explosif intermittent est la seule entité clinique qui permette

de caractériser les sujets présentant des conduites agressives : les critères sont vagues et

globalement peu opérationnels.

77

Plusieurs formes d’agressivité sont pourtant décrites : prédatrice, instrumentale et

impulsive (Barrat et al. 1999 [12]). Seule cette dernière serait sensible aux thérapeutiques

biologiques. Par ailleurs, il faut distinguer l’agressivité aigüe, se manifestant lors des périodes

processuelles des troubles, de l’agressivité chronique.

Au sein de cette hétérogénéité, beaucoup d’outils d’évaluation des conduites agressives

ont été proposés, ce qui renforce la difficulté de définition univoque du concept et les limites

d’application de chacun de ces outils (Mercuel et al. 1997 [124]).

Pour cette revue de la littérature sur l’efficacité de la clozapine dans les conduites

agressives, il est donc important de tenir compte de cette hétérogénéité psychométrique, des

difficultés à établir une définition univoque et donc de la difficulté d’abord méthodologique du

sujet.

D’autre part, il peut exister dans la pratique clinique, une confusion entre la notion

d’agressivité et celle d’impulsivité, et cette dernière doit également être prise en compte.

L’impulsivité peut être considérée comme une tendance à l’action avant la réflexion,

s’accompagnant d’un manque d’anticipation ou d’une mauvaise estimation des conséquences. En

pratique clinique quotidienne, il existe parfois une confusion avec des dimensions comme

l’agressivité ou l’hostilité (Baylé et al. 2001 [15]).

La plupart des conclusions concernant l’action des antipsychotiques sur l’impulsivité

relèvent de l’interprétation des résultats d’études portant sur des comportements souvent

qualifiés d’impulsifs, comme le suicide ou l’agressivité. Les études portent sur des populations

de sujets souffrant de troubles de la personnalité de type borderline, schizotypique ou

sociopathique et n’abordent qu’exceptionnellement le problème de l’impulsivité dans la

schizophrénie et quasiment jamais l’action des neuroleptiques sur cette dimension [15].

Une revue attentive de la littérature ne retrouve que trois études sur l’action anti-

impulsive des populations de schizophrènes (Spivak et al. 1997 et 1998 [157, 158]). Ces études

seront détaillées dans la partie suivante, concernant l’efficacité de la clozapine sur l’agressivité et

impulsivité.

78

L’agressivité et la violence peuvent être induites par une grande variété de troubles

psychiatriques, y compris les patients atteintes cérébrales organiques. Elles contribuent

largement à la stigmatisation de la pathologie mentale et augmentent le coût général de la prise

en charge des soins psychiatriques (Bayle et al. 2001 [15]).

Les données de la littérature s’accordent sur la surreprésentation des sujets schizophrènes

chez les patients présentant des conduites agressives (Binder 1994 [17], Fottrell 1980 [54], Shah

et al. 1991 [153], The Special hospital’s teatment resistant schizophrenia 1996 [167]). Il semble

toutefois difficile d’avancer des chiffres d’incidence dans la schizophrénie qui soient

représentatifs. Des chiffres les plus consensuels, 3 à 10% des schizophrènes présenteraient des

comportements violents (Hector 1998 [66]).

Buckley (Buckley et al. 1995 et 1999 [26 et 26]) rappelle en effet que, malgré la

surreprésentation des schizophrènes pour ce type de troubles, les conduites agressives ne

concernent qu’une faible partie d’entre-eux et quasiment toujours dans un contexte de

recrudescence symptomatique. Le constat d’un lien de corrélation entre la fréquence des

comportements agressifs chez le patient schizophrène et la sévérité de la maladie, semble être

une donnée récurrente de la littérature.

Comme dans la prévention du risque suicidaire, un certain nombre de facteurs prédictifs

de situations de violence ont été proposés. Les principaux sont (Mercuel et al. 1997 [124],

Buckley 1999 [26]) :

Les antécédents de comportements agressifs et violents,

Syndrome hallucinatoire angoissant, une thématique persécutive ou une dissociation

sévère

Agitation, phase processuelle de la maladie, hermétisme

L’inefficacité ou la non compliance aux traitements médicamenteux,

La consommation de substances

La durée prolongée d’une hospitalisation (ou autres facteurs contextuels indépendants des

patients).

79

Ainsi, le sujet schizophrène résistant au traitement cumule les risques de présenter des

comportements agressifs ou violents. Buckley (Buckley et al. 1995 [25]) constate d’ailleurs que

la plupart des schizophrènes ayant des comportements violents récurrents sont des patients

résistants aux traitements.

D’un point de vue thérapeutique, la prise en charge de ces situations de violence relève de

multiples champs d’interventions. Rappelons l’importance des aspects de prévention. Cependant,

dans l’aigu, le recours à un traitement médicamenteux est souvent nécessaire. Neuroleptiques

conventionnels, anticonvulsivants, bêtabloquants ou lithium peuvent alors être prescrits selon les

circonstances. Les principales études relatives à ces diverses indications rapportent là aussi, des

chiffres de non-réponse allant de 15 à 30% (Spivak et al. 1997 [157]). De plus, d’autres travaux

ont montré que dans ces situations de non-réponse, l’augmentation de la dose du ou des

neuroleptiques utilisés n’entraînerait aucune amélioration symptomatique et s’accompagnerait le

plus souvent d’une exacerbation de l’agressivité du patient (Buckley et al. 1995 [25]).

Ces remarques (chiffres de non-réponse, cumul des facteurs de risque chez le

schizophrène résistant aux traitements, etc.) laissent penser que la clozapine puisse être

particulièrement intéressante dans la prise en charge des conduites agressives du patient

schizophrène résistant aux traitements.

5.3.2. Intérêt de la clozapine dans les conduites agressives du patient schizophrène.

Buckley, (Buckley 1999 [26]) rappelle que c’est la diminution du taux de contraintes aux

soins et d’internements, constatée après l’introduction de la clozapine aux Etats-Unis, ainsi que

la stabilisation et la sortie de l’hôpital de nombreux patients schizophrènes violents, jusque-là

hospitalisés de longue date, qui furent à l’origine des premières hypothèses concernant l’impact

éventuel de ce traitement sur la dimension agressive associée à la schizophrénie.

Les premières publications ayant apporté des arguments concrets en faveur d’une

efficacité de la clozapine dans les conduites agressives étaient essentiellement des études de cas.

Elles faisaient en général état d’une réduction substantielle des comportements agressifs après

introduction de la clozapine, chez des patients schizophrènes aux lourds antécédents de

80

violence. Ont alors suivi de nombreuses études cliniques ayant pour but de démontrer cet effet

dans la schizophrénie et dans le trouble schizoaffectif notamment (Buckley 1995 et 1999 [25 et

26]).

Les premières constatations datent des années 90, avec l’observation faite par Maier

(1992, [106]) de l’intérêt de la clozapine chez des patients hospitalisés à la suite d’actes médico-

légaux, puis par Wilson, qui montraient que chez des patients schizophrènes hospitalisés au long

cours, une diminution significative des épisodes de violence et des nécessités de contention avait

été constatée avec la clozapine. Plusieurs auteurs par la suite ont trouvé des résultats similaires

concernant la nécessité de contention et d’isolement suivant l’introduction de la clozapine (Bayle

et al. 2001 [15]).

Plusieurs études ont depuis étudié l’efficacité de la clozapine dans cette dimension

thérapeutique uniquement dans la schizophrénie Chow (Chow et al. 1996 [37], Levoyer et al.

2002 [95]). Cette propriété a également fait l’objet de plusieurs études et l’effet anti-agressif est

retrouvé quel que soit le diagnostic DSM IV [95]. Cette propriété antiagressive s’est confirmée

chez les patients particulièrement violents, comme le montre une étude anglaise réalisée sur des

patients hospitalisés en UMD (Hector 1998 [66]).

Les posologies employées pour juguler cette symptomatologie (de l’ordre de 200 à 300

mg/j) sont la plupart du temps inférieures à celles classiquement utilisées dans les tableaux de

schizophrénies résistantes. Il n’est pas sans importance de préciser que ces mises sous clozapine

ont été effectuées après échec des thérapeutiques reconnues comme agressivolytique, après

plusieurs changements et de multiples tentatives d’associations entre elles.

Volavka et coll. furent les premiers en 1993 [178], à évoquer l’hypothèse d’une action

spécifique de la clozapine sur la dimension agressive du patient schizophrène. Dans leur étude,

les auteurs ont collecté les données de 223 patients schizophrènes résistants aux traitements,

hospitalisés et ayant répondu favorablement à l’introduction de la clozapine. L’étude s’est faite

sur un an, l’évaluation clinique à l’aide de la BPRS. Les scores furent relevés avant

l’introduction du produit, puis à 6 semaines, 12 semaines et 1 an. En faisant la moyenne des 4

scores relatifs aux symptômes psychotiques (comportement hallucinatoire, méfiance, pensées

inhabituelles, désorganisation conceptuelle), les auteurs obtenaient un « score de psychose ».

81

L’autre paramètre retenu était le score d’hostilité. Cette étude montrait une amélioration

significative de ce score dès la 6ème

semaine, qui s’est maintenue à la 12ème

semaine et au bout

d’un an.

Le premier objectif de ce travail était de comparer l’évolution des scores d’hostilité et de

psychose à chaque relevé (6semaines, 12 semaines, 1 an). Les analyses de covariance et de

régression des données de chaque relevé ont alors montré que l’amélioration du score d’hostilité

si parallèlement les scores de psychose n’avaient subi aucune modification. Une évolution, allant

dans le sens d’une réduction du score d’hostilité, fut montrée à chaque analyse. Ces résultats

évoquaient donc une action anti agressive spécifique, tout du moins indépendante de l’activité

antipsychotique. Les résultats ont confirmé les effets de la molécule sur la dimension

agressive des patients les plus hostiles. En effet, alors qu’ils représentaient 31% des patients

avant introduction du traitement, ils n’étaient plus que 6% à 6 semaines, 3% à 12 semaines et

1% à 1 an.

On peut proposer certaines limites à cette étude : posologies non mises en relation avec le

niveau de réponse, absence de groupe contrôle, hostilité et agressivité évaluées par un seul item

peu spécifique, etc. Cependant, d’autres indications vont compléter les données de cette première

étude.

En 1995, Buckley et coll. [25] ont apporté un argument supplémentaire en faveur de

l’hypothèse d’une activité anti agressive spécifique. Ils ont comparé la réponse aux traitements

d’un groupe de schizophrènes considérés à risque de comportements violents, à un autre, jugé

« non violent ». Tous ces patients étaient résistants aux traitements et mis sous clozapine pour

cette raison. L’échantillon comprenait 30 patients : 11 considérés à risque de comportement

violent car ayant nécessité en moyenne, 100 heures de contention ou d’isolement dans un

contexte d’agressivité sur les 6 mois précédents l’introduction de la clozapine et 19 non violents

car n’en ayant nécessité qu’une heure en moyenne. Les scores à la BPRS furent répertoriés dans

les deux groupes, avant l’introduction du traitement, puis 6 mois après. Ces deux groupes étaient

comparables en termes d’âge, de sexe et de durée d’évolution de la maladie.

Sur les 6 mois de l’étude, ils notèrent une réduction significative du nombre d’épisodes

ayant nécessité une contention ou un isolement (6.4 après introduction de la clozapine versus 12

avant) et du nombre d’heures cumulées (12 heures versus 100).

82

Les scores à la BPRS des deux groupes avant et après traitement furent ensuite comparés.

On pouvait en conclure que la réduction symptomatique avait la même amplitude (amplitudes

statistiquement comparables) dans les deux groupes. Notons que le groupe « à risque » recevait

des dosages plus importants que l’autre, du fait d’une symptomatologie initiale plus sévère (636

mg/j versus 526mg/j).

Après comparaison de l’amplitude de réduction de l’agressivité à l’amplitude de

réduction symptomatique, les auteurs retrouvaient une réduction de la potentialité agressive

significativement plus importante que la réduction symptomatique.

Cette étude montrait donc l’intérêt de la molécule dans la prise en charge du risque

agressif du patient schizophrène et apportait un argument de plus en faveur d’une action anti

agressive sélective ; l’action sur la dimension agressive du groupe de patients violents étudiés

étant supérieure à l’action antipsychotique de ce groupe de comparaison « non violent ».

Rabinowitz et coll. en 1995 [145] ont eux aussi apporté des résultats en faveur d’une

action sélective de la clozapine. Il s’agissait d’une étude regroupant 75 patients schizophrènes

hospitalisés résistants aux traitements selon les critères de Kane. La dose moyenne de clozapine

était de 350 mg/j, et aucun autre neuroleptique n’a été prescrit une fois la clozapine introduite.

Les trois mois précédant l’introduction de la clozapine, toute situation de violence verbale ou

physique nécessitant l’intervention de l’équipe infirmière était répertoriée quotidiennement par

celle-ci, étant précisé si cette intervention nécessitait une contention. Parallèlement, un

psychiatre extérieur au service se chargeait de relever les scores BPRS de chaque patient, toutes

les trois semaines, afin d’apprécier l’évolution de la symptomatologie psychotique et de

l’hostilité chez chacun d’entre eux. Un score de psychose était calculé selon la même méthode

que celle utilisée dans l’étude de Volavka et coll. [178]. Au terme de cette première évaluation,

28 patients furent exclus de l’étude car n’ayant pas présenté de comportement violent.

Après introduction de la clozapine, le même recueil de données fut réalisé pendant 6

mois. Les résultats montraient une diminution des agressions physiques et verbales. Aucune

variation significative ne fut notée entre la période des trois premiers mois après l’introduction

du traitement et celle des trois mois suivants.

83

Les situations nécessitant une contention furent, elles aussi, significativement moins

importantes après introduction de la clozapine, avec 6 situations impliquant 3 patients les 6 mois

suivants l’introduction, contre 40 impliquant les trois mois précédents.

Les scores d’hostilité et ceux concernant les symptômes psychotiques furent eux aussi

significativement améliorés. Là aussi, les amplitudes d’amélioration étaient différentes et en

faveur d’une efficacité supérieure du produit sur la dimension agressive. Ces effets significatifs

sur l’agressivité et l’absence de corrélation entre les scores d’hostilité et de psychose

permettaient là encore aux auteurs, d’étayer l’hypothèse d’une action spécifique sur la dimension

agressive.

Spivak et coll. apportèrent d’autres arguments confortant cette hypothèse. La première,

réalisée en 1997 [157], comprenait 14 patients schizophrènes résistants aux traitements selon les

critères de Kane. Après deux semaines de fenêtre thérapeutique, un traitement par clozapine était

instauré. La posologie était progressivement augmentée en fonction de la réponse clinique mais

restait basse en moyenne (220 mg/j). La symptomatologie psychotique fut évaluée à l’aide de la

PANSS, l’agressivité par l’Overt Agressivity Scale (OAS) et l’impulsivité par l’Impulsivity

Scale (IS). Les évaluations furent faites à chaque semaine pendant les 18 semaines de l’étude.

Les résultats montraient une diminution de 32% en moyenne des scores d’impulsivité

(IS) au terme de l’étude. La diminution du score d’impulsivité était significative à la 7ème

semaine, maximale à la 13ème

semaine et en plateau par la suite. Une diminution significative (de

98% en moyenne) des scores de l’OAS était notée. Les scores à la PANSS ont suivi exactement

le même profil de variation, mais dans une plus faible mesure (34% de réduction en moyenne),

plus proche de celle de l’impulsivité (32% de réduction en moyenne) que celle de l’agressivité,

faisant suggérer aux auteurs un lien de corrélation entre impulsivité et état psychiatrique global

dans la schizophrénie, et surtout une action anti agressive spécifique.

On peut opposer à cette argumentation la faible posologie utilisée (220 mg/j en

moyenne). De fait, à cette dose-là, il est tout à fait envisageable que l’effet anti agressif soit non

spécifique et secondaire à une sédation et/ou une anxiolyse, où la posologie à peine suffisante

pour être dans la fourchette d’activité antipsychotique, pourrait à elle seule expliquer l’absence

de corrélation évoquée. Cependant d’autres études retrouvent le même constat à des posologies

plus élevées.

84

D’ailleurs, à la lumière de ces travaux, deux recommandations ont été proposées. La

première, datant de 1999 émise par Buckley [26], préconise l’utilisation de la clozapine pour

toutes les situations où les comportements agressifs et violents persistent malgré une prise en

charge adaptée chez les patients schizophrènes. Les auteurs élargissent donc implicitement

l’indication de la clozapine, puisqu’ils ne se cantonnent plus au diagnostic de schizophrénie

résistante dans l’indication de ce traitement. La seconde a été proposée par Llorca en 2003 [103],

et précise que les effets montrés de la clozapine sur les comportements agressifs du patient

schizophrène, doivent faire discuter l’introduction de ce traitement dans les schizophrénies

débutantes, si les comportements agressifs sont déjà importants.

En étant peut-être prudents, nous pensons que la présence de comportements agressifs

chez un patient schizophrène pour lequel les traitements ne semblent pas suffisamment efficaces,

pourrait faire indiquer la clozapine pour deux raisons. D’une part, parce que nous savons que les

comportements agressifs du patient schizophrène sont souvent liés à la recrudescence ou la

persistance des symptômes psychotiques et que la clozapine est bénéfique chez à peu près 50%

des patients résistants aux traitements. D’autre part parce qu’elle semble avoir une action

sélective sur cette dimension symptomatique dans la schizophrénie.

Ces résultats demandent cependant à être confirmés par des travaux de méthodologie plus

fiables. Pour finir, plusieurs auteurs se sont interrogés sur les mécanismes d’action de la

clozapine dans les comportements agressifs et font l’objet du paragraphe suivant.

85

5.3.3. Mécanismes d’action de la clozapine dans les comportements agressifs.

Glazer et al. (1998 [59]) suggèrent que les propriétés agressivolytiques de la clozapine

seraient attribuables à plusieurs facteurs :

la diminution de la symptomatologie négative

l’absence de troubles moteurs associés, en particulier l’akathisie

la diminution d’abus de substances

la diminution de la potentialité suicidaire.

Au niveau neurobiologique, plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer

cette action sur la dimension agressive. Tout d’abord, par un effet indirect, non spécifique : la

clozapine, comme tout neuroleptique, diminue la transmission dopaminergique au niveau de la

voie mésolimbique par antagonisme avec les récepteurs dopaminergiques. Ses effets sur

l’agressivité peuvent alors résulter de cet antagonisme par l’action non spécifique, anti

productive, sédative et anxiolytique qui en résulte.

Nous savons aussi que la dopamine est incriminée dans la genèse des comportements

violents (Mercuel et al.1997 [124]). La dopamine peut ainsi être incriminée en dehors de toute

dimension productive. Le profil d’action spécifique de la molécule sur les récepteurs

dopaminergiques peut alors expliquer ses effets sélectifs sur les comportements agressifs. Sa

haute affinité pour les récepteurs D1 et D4 a notamment été évoquée (Kane 1996 [77]).

Une autre hypothèse concerne les propriétés sérotoninergiques du produit. Le système

sérotoninergique semble impliqué, des effets spécifiques suivant les sous-types de récepteurs à la

sérotonine ayant pu être mis en évidence sur des modèles animaux expérimentaux d’agressivité

(Bayle et al. 2001 [15]). L’agressivité semble être le comportement le plus corrélé à une

perturbation du système sérotoninergique central (5-HT). Une diminution de l’activité

sérotoninergique serait en cause (Mercuel et al. 1997 [124]). L’implication de la sérotonine

concernerait avant tout l’agressivité planifiée et l’auto agressivité (Siever et al. 1993 [155]). Ce

sont les propriétés antagonistes de la molécule au niveau du système sérotoninergique et

notamment des récepteurs 5-HT2, qui sont mises en avant pour expliquer cette spécificité

86

d’action. Cette hypothèse s’appuie sur certains travaux qui ont mis en évidence une

augmentation du nombre des récepteurs 5-HT2 chez les patients agressifs (Coccaro 1989 [40]).

Certaines publications font état d’une normalisation de l’activité sérotoninergique après

traitement par clozapine (Meltzer 1989 [111], Meltzer et al. 1995 [117]). Les propriétés

jugulatives de l’agressivité seraient attribuées à l’antagonisme intrinsèque des récepteurs 5-

HT1B et 5-HT2 plus qu’à l’effet antipsychotique proprement dit, et ont été mises en corrélation

avec un taux plasmatique élevé de norépinephrine (Spivak et al. 1998 [158]).

La dernière hypothèse neurobiologique s’appuie sur l’action de la molécule sur le

système noradrénergique. L’activation de ce système aurait un rôle dans la genèse des

comportements violents, notamment impulsifs (Siever et al. 1993 [155]). L’effet de la clozapine

sur la dimension agressive pourrait alors s’expliquer par son antagonisme spécifique au niveau

des récepteurs alpha-1 adrénergiques centraux.

Cette action est probablement la résultante de l’ensemble de ces effets. D’autres

hypothèses sont actuellement en cours d’étude, notamment les effets de la molécule sur les taux

plasmatiques de norépinephrine et d’acide 5 hydroxyindolacétique (5HIAA), marqueurs

respectifs des voies adrénergiques et sérotoninergiques, mais les données sont pour l’instant

contradictoires.

87

6. EFFETS DE LA CLOZAPINE EN DEHORS DE LA SCHIZOPHRENIE

6.1. Clozapine et troubles thymiques.

6.1.1. Clozapine et trouble bipolaire.

Durant ces dix dernières années, beaucoup de progrès ont été faits en matière de

thérapeutique du trouble bipolaire. Actuellement, à côté des thymorégulateurs usuels, les

antipsychotiques atypiques occupent une place importante dans le traitement de ce trouble.

Certains sont recommandés par la Food and Drug Administration aux USA comme la

rispéridone, l’olanzapine, l’aripiprazole, la quétiapine et la ziprasidone. En France seuls les

quatre premiers ont obtenu l’AMM dans cette indication (Robert et al. 2003 [148]).

La clozapine ne fait donc pas partie des antipsychotiques autorisés, même si les

recommandations internationales préconisent la clozapine dans le traitement de la manie en cas

d’échec de deux neuroleptiques typiques (American Psychiatric Association 2004 [5]).

Il semble intéressant d’établir à travers la littérature les effets de la clozapine dans le

trouble bipolaire. L’efficacité de la clozapine dans les troubles de l’humeur associés à un trouble

schizophrénique ou schizoaffectif est relativement étayée, moins bien dans les troubles

bipolaires.

Pourtant les effets de cette molécule sur la symptomatologie thymique ont été soulignés

dès sa mise sur le marché dans les années 1970 (Verdoux et al. 2001[175]). Certains travaux

suggèrent que la clozapine a des effets thymorégulateurs et préventifs aussi bien sur la survenue

d’épisodes dépressifs que maniaques, chez les patients présentant un trouble de l’humeur. Les

posologies employées dans le traitement des troubles de l’humeur sont plus faibles que dans

celui de schizophrénies résistantes, à savoir autour de 300 mg/j [15]. Le succès de la clozapine

dans le traitement de la schizophrénie résistante a poussé à la tester chez les patients bipolaires

résistants aux traitements par similarité, malgré la contrainte d’une surveillance hématologique

hebdomadaire en raison du risque d’agranulocytose.

Depuis sa réintroduction, de nombreuses études de cas et plusieurs études ouvertes ont

montré que la clozapine avait des effets thymorégulateurs chez des patients bipolaires ayant

résisté aux traitements habituels (Young et al. 1997 [182], Zarate et al. 1995 [187]).

88

Elle serait particulièrement intéressante dans les formes cliniques telles que les cycles

rapides et les états mixtes, classiquement résistantes aux thymorégulateurs (Zarate et al. 1995

[187]). De plus, elle aurait également des effets curatifs dans les formes résistantes de manie

(McElroy et al.1996 [110], Keck et al. 1998 [81], Calabrese et al. 1996 [30], Green et al. 2000

[60]).

A ce sujet, Suppes et coll. ont réalisé en 1999 [160] une étude ouverte, prospective et

randomisée sur une période de 1 an, dans une population de 38 patients, schizoaffectifs (32%) ou

bipolaire de type I (68%) présentant tous un antécédent d’accès maniaque et une résistance ou

une intolérance aux traitements antérieurement prescrits (thymorégulateurs plus ou moins

neuroleptiques). L’objectif était d’évaluer l’efficacité du produit chez ce type de patient.

L’échantillon était scindé en deux groupes. L’un recevait le traitement habituel

(thymorégulateurs +/- neuroleptiques +/- antidépresseur ou anxiolytique), l’autre recevait en plus

la clozapine (sauf association carbamazépine-clozapine). Des séries d’ECT pouvaient être

réalisées dans les deux groupes si l’état clinique le justifiait. De même, les patients du premier

groupe pouvaient être mis sous clozapine si besoin. Une évaluation mensuelle, en aveugle, était

réalisée chez chaque patient avec les échelles suivantes : BPRS, Bech-Rafaelsen Mania Scale,

CGI, Scale for the Assesment of Positive Symptoms (SAPS), Scale for the Assesment of

Negative Symptoms (SANS), Hamilton Depression Rating Scale. La réponse clinique était

définie par une amélioration de 30% du score initial à la BPRS. Ces auteurs trouvaient un

meilleur taux de réponse chez les patients sous clozapine (82% contre 57% dans l’autre groupe,

différence significative), avec une amélioration dans la plupart des domaines, notamment

psychotiques et maniaques. D’autre part, cette étude confirmait l’hypothèse d’une activité

thymorégulatrice, puisque les 82% des patients qui avaient atteint ce résultat de -30% à la BPRS

à 6 mois, l’ont maintenu les 6 mois suivants.

D’autres études ont confirmé l’efficacité de la clozapine dans la manie (Robert et al. 2003

[148]).

La clozapine est donc recommandée par les experts dans le traitement de la manie comme

traitement après échec de deux neuroleptiques conventionnels, et de deuxième intention en cas

de cycles rapides, en association avec un régulateur de l’humeur. Peu de données sont

disponibles sur son efficacité dans le traitement au long cours du trouble bipolaire. Si la

clozapine présente une activité préventive de la récurrence des troubles de l’humeur, celle-ci

89

concerne surtout les épisodes maniaques d’un trouble bipolaire et ceux entrant dans le cadre d’un

trouble schizoaffectif (Verdoux et al. 2001 [175]).

6.1.2. Clozapine et troubles dépressif.

Suite à l’étude Intersept sur la prévention du suicide chez les patients schizophrènes avec

la clozapine (cf. partie 5.1.) les auteurs ont évoqué une éventuelle activité antidépressive

intrinsèque. Il serait donc intéressant de rechercher également un effet chez des patients

présentant un syndrome dépressif isolé, mais les travaux réalisés à ce sujet ne concernent que des

situations où la symptomatologie dépressive et délirante sont associées. Les résultats sont donc

peu interprétables.

Des études de cas (chez des patients présentant des épisodes dépressifs majeurs avec

symptômes psychotiques associés mais non diagnostiqués schizophrènes) ont montré une

amélioration significative de la symptomatologie dépressive sous clozapine (Khan et al.2001

[82], Tran et al. 1997 [172]).

Une diminution des rechutes dépressives a été constatée, (se maintenant plusieurs mois

après l’introduction du traitement), suggérant ainsi un effet curatif et préventif de la clozapine

dans ces situations cliniques.

Il semble que l’effet de la clozapine dans le traitement de la dépression soit d’un intérêt

moindre. L’étude de Suppes et coll. citée dans le paragraphe précédent va dans ce sens [160].

Cette étude portait sur des patients schizoaffectifs ou bipolaires de type I. La symptomatologie

dépressive était systématiquement évaluée à l’aide de l’échelle d’Hamilton.

Alors que les évaluations à chacune des échelles citées dans l’étude mettaient en évidence

une réponse aux traitements significativement plus importante dans le groupe sous clozapine

(dès le 3ème

mois et sur le reste de l’étude), aucune différence ne fut retrouvée à l’échelle

d’Hamilton, tous patients confondus. Même si le nombre de patients déprimés n’était pas donné,

(la seule indication fournie dans l’étude à ce sujet est que 31% des patients étaient des bipolaires

en phase dépressive (critères DSM IV)), aucune précision quant aux troubles schizoaffectifs).on

peut en déduire que les effets de la clozpaine sur la symptomatologie dépressive ne paraissent

pas rattachés à une activité antidépressive intrinsèque.

90

Banov et al. [10] ont évalué différents paramètres cliniques chez des patients

schizophrènes, schizoaffectifs, bipolaires et dépressifs unipolaires, résistants aux thérapeutiques

habituelles, et chez lesquels un traitement par clozapine a été insaturé. Les posologies moyennes

de la clozapine et la durée moyenne de prescription étaient respectivement : 178 mg/j et 13.8

mois chez les patients dépressifs unipolaires, 325 mg/j et 26.9 mois chez les dépressifs

bipolaires. Une efficacité globale sur les troubles de l’humeur a été notée, mais les patients

présentant un trouble dépressif, qu’il soit unipolaire ou bipolaire, sont significativement moins

bons répondeurs pour la majorité des critères d’évaluation (amélioration clinique globale, auto-

évaluation par les patients de leur traitement, taux de ré hospitalisation, arrêt spontané de

traitement). Ainsi dans cette étude, le facteur dépression semblait être corrélé avec une réponse

limitée, allant en défaveur de l’hypothèse d’une activité antidépressive intrinsèque.

L’état actuel des connaissances sur l’usage de la clozapine dans les troubles dépressifs

majeurs récurrents ne permet donc de conclure qu’à une indication marginale, en cas d’échec ou

d’intolérance des thérapeutiques habituelles chez des patients présentant des caractéristiques

psychotiques associées à l’épisode dépressif.

Au total, la clozapine aurait donc des effets thymiques suivants dans les troubles de

l’humeur :

Effets thymorégulateurs préventifs sur les symptômes de la lignée maniaque et

dépressive.

Effets curatifs des manies résistantes aux traitements.

Intérêt dans les formes cliniques de troubles de l’humeur classiquement résistantes aux

traitements, telles que les cycles rapides et les états mixtes.

Effets sur les épisodes dépressifs plus en lien avec la stabilisation thymique qu’induit la

clozapine, que la résultante d’une action antidépressive intrinsèque.

91

6.2.Clozapine et trouble de la personnalité de type borderline.

Peu d’études ont été réalisées sur l’utilisation de la clozpaine dans le trouble de

personnalité limite. Les études réalisées dans le trouble de personnalité borderline se sont

intéressés surtout aux symptômes psychotiques, aux automutilations et aux troubles du

comportement.

Benedetti et al. (1998 [16]) ont évalué l’efficacité de la clozapine chez 12 sujets

présentant un trouble de la personnalité limite avec des symptômes de type psychotique. Les

posologies de clozapine étaient comprises entre 25 et 100 mg/j. Une amélioration des symptômes

psychotiques s’est manifestée dès la 3ème

semaine de traitement, avec diminution du score total

obtenu à la BPRS. Cette amélioration portait sur la symptomatologie d’allure psychotique

(pensée magique et/ou référentielle, illusions visuelles et auditives) mais aussi sur la

symptomatologie affective et émotionnelle à court terme, à savoir une diminution de

l’impulsivité, de la labilité émotionnelle et des automutilations. Il a également été rapporté une

efficacité à long terme avec une absence de dépressivité secondaire de l’humeur, diminution très

significative du nombre et de la durée des ré hospitalisations sur une période de 8 mois

Chengappa et al. en 1999 [36] ont également mis en évidence une efficacité de la

clozapine dans ce trouble de personnalité, en particulier sur les comportements

d’automutilations. L’étude portait sur 7 femmes diagnostiquées borderline selon les critères du

DSM-III-R ou DSM-IV (ayant des symptômes psychotiques persistants) hospitalisés pour des

comportements d’automutilations et/ou de violences, et ont reçu pour ces raisons bénéficié d’un

traitement par clozapine. Plusieurs facteurs ont été mesurés comme les comportements

d’automutilations, isolements, agressivité verbale et physique, ainsi que le score à l’échelle

globale de fonctionnement (GAF). Après l’introduction de la clozpaine, il a été constaté une

diminution significative des comportements d’automutilations, de mises en isolement et de co-

prescriptions (pour les angoisses notamment). Le score final à la GAF avait quasiment doublé à

la fin de l’étude. Un aspect critiquable de cette étude est la présence de symptômes psychotiques

persistants, ne correspondant pas à proprement parler à la définition du trouble de personnalité

borderline.

92

Une autre étude rapporte le suivi de 15 sujets présentant un trouble de la personnalité

borderline ou psychotique atypique (Frakenburg et al.1993 [55]): après 4 mois de traitement par

clozapine, une amélioration significative est notée sur deux items de la BPRS dont l’hostilité.

Les résultats des études sont en faveur de l’efficacité de la clozapine sur l’impulsivité et

les troubles du comportement. La supériorité thérapeutique de la clozapine dans cette indication

doit cependant être confirmée par des études plus rigoureuses, car, à notre connaissance, aucune

étude ne compare la clozapine à un autre antipsychotique dans cette indication. Il semble

nécessaire de poursuivre l’investigation du bénéfice-risque de la clozapine pour ces patients.

93

6.3.Clozapine et maladie de Parkinson

La survenue de symptômes psychotiques chez un patient parkinsonien est une

complication fréquente des traitements antiparkinsoniens. Sa prévalence serait entre 7 à 50% des

patients traités et serait d’autant plus fréquente qu’il y aurait une atteinte cognitive associée (Petit

2001 [142], Young et al. 1997 [182]).

Avant l’apparition des antipsychotiques atypiques, la conduite à tenir devant la survenue

de tels symptômes était l’arrêt du dernier traitement mis en place. L’électro-convulso-thérapie

(ECT) a montré de bons résultats, avec une suspension des troubles psychotiques, mais n’étant

que transitoire (Petit 2001 [142]).

L’intérêt initial pour la clozapine dans la maladie de Parkinson vient de la moindre

prévalence de symptômes extrapyramidaux chez les patients traités par cette molécule (cf. partie

7). Les troubles psychotiques de la maladie de Parkinson sont donc une indication figurant dans

l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM). L’AMM fixe la posologie dans les troubles

parkinsoniens à 50mg/j au maximum, avec une augmentation possible exceptionnellement

jusqu’à 100mg (Base de données des médicaments [14]).

Un certain nombre d’études se sont penchées sur l’efficacité de la clozpaine dans la

psychose parkinsonienne. Ces études ont souligné la possibilité de traiter les psychoses induites

par les thérapeutiques antiparkinsoniennes, sans aggraver la motricité des patients (Petit 2001

[142]).

Une analyse rétrospective concernant l’expérience clinique de quatre centres américains

totalisant 176 patients a été réalisée par Trosch et al. (1998, [173]). La durée moyenne de

traitement était de 16.7 mois chez des patients dont la maladie de parkinson évoluait en moyenne

depuis 9,4 années. Il s’agissait donc de patients dont la maladie était plutôt avancée. La dose

moyenne de clozapine était de 30,5mg/j. Dans 90% des cas, une amélioration des hallucinations

visuelles et auditives, ainsi que des idées délirantes a été retrouvée, l’anxiété s’améliorait quant à

elle dans 83,4% des cas et la dépression dans 60,4% des cas. Concernant les effets secondaires,

30% des sujets ont arrêté le traitement en raison d’effets secondaires, essentiellement pour la

sédation, mentionnée dans 45,9% des cas.

94

Une étude randomisée en double aveugle comparant la clozapine versus placebo a été

réalisée par le groupe « Parkinson study group » (The Parkinson study group 1999 [166]).

Soixante patients ont reçu un traitement antiparkinsonien à une dose fixe, et des doses de

clozapine croissantes selon la réponse clinique, comprises entre 6,5g et 50 mg/j. Les patients

inclus dans cette étude souffraient de psychose parkinsonienne d’intensité moyenne évoluant

depuis au moins quatre semaines. La dose moyenne de clozapine utilisée a été de 24,7mg. Les

paramètres cliniques mesurés par les échelles de CGI (Clinical Global Impression Scale), BPRS

(Brief Pschychiatric Rating Scale), et SAPS (Scale for the Assessment of Positive Symptoms) ont

tous été améliorés, sans qu’une aggravation motrice n’ait été constatée. Trois patients sont sortis

de l’étude pour une neutropénie, infarctus du myocarde et sédation. Ces résultats sont donc en

faveur d’une efficacité et d’une bonne tolérance de la clozapine dans cette indication.

Le groupe français d’étude de la clozapine dans la maladie de Parkinson a mis en

évidence que les troubles d’ordre psychotique induits par les divers traitements au cours de cette

maladie peuvent régresser après la prescription de clozapine. L’essai mené sur 60 patients

parkinsoniens sans démence ou avec une démence modérée (MMS supérieur ou égal à 20),

associant une psychose (malgré l’arrêt des anticholinergiques, sélégiline, amantadine), de 72 ans

en moyenne, a permis d’identifier, avec une posologie moyenne de 36 mg/j, des modifications

significatives dès la première semaine, sur les échelles de CGI et le sous-score positif de la

PANSS, le MMS n’étant par ailleurs pas modifié de façon significative (Pollack et al. 1999

[144]).

Néanmoins, des précautions doivent être prises pour l’usage de la clozapine dans cette

indication, la survenue d’aggravation des symptômes mnésiques avec des cas de confusion ayant

été constatés sous clozapine (Petit 2001 [142]).

95

6.4. Clozapine dans les autres troubles psychiatriques.

6.4.1. Clozapine chez l’enfant et l’adolescent.

Si plusieurs études ont été réalisées concernant l’usage de la clozapine chez l’enfant et

l’adolescent, il s’agit essentiellement d’études ouvertes ou des rapports de cas. Les résultats

montrent globalement une efficacité de la clozapine chez les enfants et adolescents

schizophrènes.

Par exemple, dans son étude, Kumra (Kumra et al.1996 [85]) a comparé l’efficacité de la

clozapine à l’olanzapine dans une étude randomisée en double aveugle réalisée auprès de sujets

âgés de 10 à 18 ans dont le diagnostic était celui de schizophrénie ou trouble schizoaffectif

résistante aux neuroleptiques classiques. 21 sujets ont été traités par olanzapine et 18 par

clozapine pendant 12 semaines. La définition de la résistance était l’absence de réponse à au

moins deux traitements antipsychotiques et un score total BPRS d’au moins 35, et un score

« modéré » à au minimum un item des symptômes psychotiques mesurés par la BPRS

(désorganisation, réticence, hallucinations, troubles du cours de la pensée). Les posologies

moyennes employées étaient de 26,2 mg/j pour l’olanzapine et autour de 450 mg/j pour la

clozapine.

A la fin de l’étude, une proportion beaucoup plus importante d’adolescents traités par clozapine

(66%, n=12) présentait des critères de réponse par rapport à ceux sous olanzapine (33%, n=7).

Les scores mesurés au terme de l’étude n’étaient pas statistiquement significatifs entre les deux

groupe, sauf pour le score total de symptômes négatifs de la SANS, en faveur de la clozapine.

6.4.2. Clozapine dans les autres troubles psychiatriques.

Les antipsychotiques, surtout les atypiques, ont été étudiés dans la prise en charge des

abus de substance. Il en ressort, à partir d’études ouvertes ou de séries de cas, que la clozapine

serait capable de diminuer l’abus de substance chez des patients schizophrènes. La propriété

« anticraving » présumée de la clozapine pourrait contribuer à l’arrêt ou à la réduction de la prise

de drogues (Bayle et al. 2001 [15]).

Les études concernant le trouble obsessionnel compulsif sévère et le syndrome de Gilles

de la Tourette sont essentiellement des études de cas. Il s’agit de troubles isolées ou comorbides

avec une pathologie schizophrénique (Levoyer et al. 2002 [95]).

96

Enfin, la clozapine n’entrainant pas de modifications plasmatiques des taux de prolactine

au long terme, pourrait de ce fait être indiquée pour traiter certaines psychoses puerpérales. Il n’y

a pour autant pas beaucoup d’études réalisées à ce sujet (Levoyer et al. 2002 [95]). L’absence

d’effet tératogène ainsi que les autres effets secondaires de la clozapine vont faire l’objet de la

partie suivante de ce travail.

97

7. EFFETS SECONDAIRES DE LA CLOZAPINE.

La clozapine, en conséquence du risque hématologique et de la surveillance qu’il impose,

est sans doute le neuroleptique dont le profil de tolérance a été le mieux étudié. Cela a suscité un

intérêt croissant pour la pharmacovigilance des neuroleptiques, traduit par des exigences

renforcées des autorités de santé quant aux données de tolérance et de sécurité exigées pour le

développement d’un nouveau médicament. L’accent a été particulièrement mis, outre les risques

hématologique et comitial, sur la survenue éventuelle de troubles cardio-vasculaires ou

métaboliques graves.

Les données sont parfois difficiles à interpréter dans la mesure où la mortalité et la

morbidité, notamment cardio-vasculaires sont nettement plus élevées chez le schizophrène, en

particulier résistants, que dans la population générale. L’impossibilité éthique de faire des études

comparatives versus placebo au-delà de quelques semaines impose souvent de recourir à des

comparaisons à des séries historiques (Josiassen et al. 1996 [74], Haramburu et al. 2004 [63]).

7.1. Risque hématologique.

Comme cela a déjà été mentionné, le principal inconvénient de la clozapine est le risque

d’agranulocytose. Après le constat de 16 cas d’agranulocytose, dont 8 mortels en Finlande en

1975, la clozapine a été retirée du marché (Atkin et al. 1996 [7]).

L’agranulocytose est un risque existant pour toute prescription de neuroleptique, et

surviendrait chez un patient traité par neuroleptique sur 20000 (Costentin et al. 1987 [44]).

La clozapine a l’inconvénient majeur de causer des effets secondaires comme

l’agranulocytose qui peut être létale et qui survient dans environ 0.8% des patients recevant un

traitement par clozapine. L’agranulocytose est définie par une valeur absolue de PNN<500/mm3

(Josiassen et al. 1996 [74], Gareri et al. 2008 [57]).

Sa fréquence est par contre plus importante avec la clozapine qu’avec les autres

neuroleptiques. Les travaux qui ont suivi sa remise sur le marché ont montré une incidence

d’agranulocytose sous clozapine compris entre 1 et 2%. La mortalité était quant à elle estimée à

50% (Lieberman et al. 1998 [97]).

98

La surveillance hématologique imposée depuis la réintroduction du produit dans les

années 90, a fait chuter ce chiffre à 0.38% (Lieberman et al. 1998 [97]). Ceci évite le

développement de l’agranulocytose et les risques qu’elle comprend. D’autre part, la mortalité des

agranulocytoses sous clozapine a considérablement diminué, passant de 50% dans les années 70

à 3% actuellement (Miller 2000 [129]).

Ainsi le taux de mortalité par agranulocytose sous clozapine est maintenant d’environ 1

pour 10000 patients traités, contre 0.5 à 1% initialement, soit 100 à 200 fois moins. La survenue

d’agranulocytose sous clozapine se produit dans 95% des cas dans les 6 premiers mois de

traitement (Meltzer et al. 2003 [122]).

Enfin si le risque hématologique existe chez les patients traités par clozapine, il convient

cependant de préciser que dans 70% des cas de neutropénie, une association médicamenteuse

était retrouvée avec la clozapine (Lancon et al. 2001 [90]).

Après l’AMM, les Autorités de Santé ont réalisé une étude de cohorte concernant tous les

patients traités durant les deux premières années d’utilisation afin de préciser l’incidence du

risque de neutropénie et d’agranulocytose en France. Pour les 2834 patients traités et suivis au

minimum 8 mois, 59 cas de neutropénie (2.08%) sont survenus, dont 13 cas d’agranulocytose

(0.46%). Ces chiffres sont comparables à ceux d’une étude américaine avec une incidence

d’agranulocytose de 0.39%, et un taux de mortalité extrêmement faible, de 0.012 à 0.016% des

patients exposés (Haramburu et al. 2004 [63]).

La survenue d’une neutropénie n’interdit pas la poursuite du traitement, car une

neutropénie ne conduit pas toujours à une agranulocytose. Une neutropénie dite « bénigne »

serait associée à la clozapine dans 22% des cas, prévalence identique à celle des autres

neuroleptiques (Haramburu et al. 2004 [63]). Le traitement peut être poursuivi si les globules

blancs sont compris entre 3000 et 3500/mm3 et les PNN entre 1500 et 2000/mm3. Ces chiffres

rendent en revanche nécessaire un contrôle plus fréquent de la numération formule sanguine à

raison de deux fois par semaine, jusqu’à normalisation ou stabilisation de ces chiffres.

Un chiffre de globules blancs inférieur à 3000/mm3 ou de PNN inférieurs à 1500/mm3

doivent faire arrêter immédiatement le traitement avec contrôle journalier de la numération

jusqu’à normalisation hématologique (EMEA 2002 [164]).

99

Tableau 1 : Conduite à tenir devant une neutropénie, Gareri et al. 2008 [57]

Globules blancs/mm3 (L) PNN/mm3 (L) Conduite à tenir

≥3500 ≥2000 Poursuite du traitement par clozapine

3000-3500 1500-2000

Poursuite du traitement par clozapine avec

surveillance NFS 2 fois/semaine (jusqu'à

stabilisation ou normalisation)

<3000 <1500

Arrêt immédiat de la clozapine, NFS tous les jours

jusqu'à normalisation. Ne pas ré exposer le patient.

Le risque de développer une agranulocytose est plus important dans les 3 premiers mois

de traitement, avec un pic dans le 3ème

mois, puis ce risque diminue par la suite, jusqu’à moins de

0.01% après un an (Alvir et al. 2004 [4]).

Ce risque augmenterait avec l’âge, bien qu’il soit plus élevé parmi les patients traités âgés

de moins de 21 ans, par rapport à la population des 21-40 ans. Le risque est aussi plus élevé chez

la femme que chez l’homme ; chez les sujets noirs que chez les blancs (Gareri et al. 2008 [57]).

Devant ce risque d’agranulocytose, la co-prescription de traitements pouvant

potentiellement induire une agranulocytose est fortement déconseillée. Il s’agit essentiellement

de la carbamazépine, du captopril (IEC), du propylthiouracil (antithyroïdien de synthèse), des

sulfamides (antidiabétiques oraux) (Gareri et al. 2008 [57]).

Des troubles de l’élimination de la clozapine augmentent le risque d’agranulocytose. Un

risque accru d’agranulocytose a été rapporté chez des patients qui ont reçu à nouveau de la

clozapine après normalisation du chiffre de leucocytes suite à une leucopénie modérée. Ces

100

patients doivent avoir une surveillance hebdomadaire pendant 12 moins si le traitement est

repris. En cas d’arrêt de la clozapine, la surveillance biologique doit se poursuivre pendant

quatre semaines après l’arrêt du traitement (EMEA 2002 [164]).

Le mécanisme physiopathologique de l’agranulocytose sous clozapine reste encore

inconnu. Deux phénomènes semblent néanmoins intervenir, une réaction immunologique et une

cytotoxicité directe des métabolites de la clozapine sur les cellules hématopoïétiques. Ce

mécanisme est par contre réversible à l’arrêt du traitement (Lancon et al. 2001 [90]).

Il existerait un déterminisme génétique. Il a été démontré une prédisposition chez les juifs

Ashkénazes ayant le phénotype HLA-B38 et chez les noirs afro-américains. Ces derniers

auraient un risque d’agranulocytose mortelle multiplié par 2 (Lieberman 1998 [98]).

En 2007, un test pharmacogénétique a été proposé pour mesurer la probabilité de

développer une agranulocytose. Il existe deux niveaux pour indiquer le risque d’agranulocytose,

le plus élevé étant de 2.5 et le plus faible risque de 0.5 fois le niveau général. Ce test est basé sur

un couple de polymorphismes nucléotidiques (SNPs) du gène HLA-DQB1 (Gareri et al. 2008

[57]).

101

Tableau 2 : Risque d’agranulocytose, EMEA 2002 [164].

Période de

traitement

Incidence de l'agranulocytose

pour 100000 personnes-semaines d'observation

0-18 semaines 32

19-52

semaines 2,3

53 semaines

et plus 1,8

.

102

7.2.Risque comitial.

Le risque comitial sous neuroleptiques est bien connu depuis l’introduction des

phénothiazines. Ce risque est le plus élevé sous clozapine parmi les neuroleptiques. Il est évalué

à 3% en moyenne et on peut noter des altérations EEG chez 60% des patients sous clozapine.

Ce risque est dose-dépendant et ne devient notable (de 4.4 à 8.8% des patients) que pour

des posologies élevées, de 600mg ou plus, ou lors d’une progression posologique trop rapide, de

plus de 100mg/j (Gareri et al. 2008 [57] et Llorca et al. 2004 [104]). A des posologies inférieures

à 300mg/j, les patients sous clozapine ont le même risque de crise d’épilepsie que s’ils recevaient

un neuroleptique conventionnel, soit 1 à 2% (Haramburu et al. 2004 [63]). Le seuil de 450 mg/j

est mentionné par le Vidal, le risque comitial étant considéré plus fréquent au delà de cette

posologie (dictionnaire le Vidal, 2004, [177]).

Comme nous l’avons évoqué, il existe des variations interindividuelles et chez un même

patient entre les posologies administrées et les concentrations de clozapine. Ceci a amené les

auteurs à évaluer ce risque non pas en fonction de la posologie, mais en fonction des

concentrations plasmatiques. Les autres facteurs sont essentiellement l’augmentation trop rapide

en début de traitement, l’association d’autres agents épileptogènes à la clozapine et la présence

d’antécédents neurologiques chez le patient (Haramburu et al. 2004 [63]).

Ainsi, un certain nombre de recommandations ont été proposées afin de prévenir ce

risque (Miller 2000 [129], Gareri et al. 2008 [57]) :

d’une façon générale, informer les patients afin d’éviter certaines activités (natation,

conduite), notamment en début de traitement.

Prescrire la clozapine de façon prudente, avec un contrôle EEG si besoin, en cas

d’antécédents d’épilepsie ou de traumatisme crânien, voire introduction d’un traitement

anticonvulsivant.

Augmenter les posologies de façon progressive en début de traitement.

Eviter les associations avec d’autres agents épileptogènes, qui ne sont pas contre-indiqués

pour autant.

Réaliser un EEG avant de poursuivre la progression posologique au-delà de 600mg/j.

Pour certains, contrôler le dosage plasmatique de la clozapine.

103

En cas de crise, réduire la posologie par deux, associer un traitement anticonvulsivant

notamment le valproate de sodium qui est la molécule de choix dans cette situation et

prévoir une consultation neurologique pour une recherche étiologique. Si les crises

persistent après cette réduction, la posologie peut encore être diminuée par deux ou le

traitement arrêté. Si les symptômes psychotiques s’aggravent après une diminution

posologique, la dose peut être augmentée très progressivement sous contrôle EEG.

Si un chevauchement doit être envisagé au moment du switch chez un patient

particulièrement difficile (ex : risque d’agitation importante), il conviendra alors, pour minimiser

le risque épileptogène, d’arrêter l’association une fois que la posologie de la clozapine atteint

300mg/jour.

104

7.3.Risque cardio-vasculaire et mort subite (Haramburu et al. 2004 [63]).

L’augmentation de la mortalité cardio-vasculaire chez le schizophrène est connue. La

responsabilité au moins partielle des neuroleptiques chez des patients présentant par ailleurs des

facteurs de risque, tabagisme et sédentarité est probable (Glassman et al. 2001 [58], Gury et al.

2000 [62]).

Le mécanisme le plus souvent invoqué est un trouble du rythme ventriculaire par

allongement de l’espace QT. Si tous les antipsychotiques traditionnels, et même les nouveaux

antipsychotiques, sont susceptibles d’induire un allongement de l’espace QT, la clozapine est

considérée comme l’un de ceux pour lequel ce risque est le plus faible (Glassman et al. 2001

[58], Gury et al. 2000 [62]).

Une mortalité cardio-vasculaire plus élevée sous clozapine que sous les autres

neuroleptiques a cependant été évoquée. Le risque cardiaque fait partie des mentions légales

d’AMM du dictionnaire Vidal.

Ainsi une étude épidémiologique (Walker et al. 1997 [180]) portant sur 67000 patients a

suggéré que si la mortalité globale des patients ayant été traités par la clozapine semblait

moindre pendant la période où ils étaient sous traitement par rapport à la période où ils ne

l’étaient pas, essentiellement en raison d’une diminution des suicides, la mortalité cardio-

vasculaire était plus élevée en période traitée. L’existence de complications thromboemboliques

sous clozapine est l’hypothèse la plus souvent avancée. Cependant plusieurs études, si elles

montrent bien une incidence plus grande de complications thromboemboliques sous

neuroleptiques, ne trouvent pas de différence significative au détriment de la clozapine.

Une incidence plus élevée de myocardites et de cardiomyopathies durant les premières

semaines de traitement, est suggérée par une analyse des cas de mort subite et de

cardiomyopathies rapportées au département de pharmacovigilance des autorités australiennes

(Killian et al. 1999 [83]). Ces données demandent confirmation car elles sont en contradiction

avec celles de l’étude épidémiologique demandée par la FDA aux Etats-Unis et de l’étude de

Sernyak et al. (2002, [152]) portant sur plus de 4000 patients qui mettent en évidence une

mortalité globale moindre dans le groupe clozapine que dans le groupe contrôle. Elles ont

cependant conduit à souligner, dans les précautions d’emploi de la clozapine, la nécessité devant

une tachycardie persistante et de signes d’insuffisance cardiaque de rechercher une

cardiomyopathie (Llorca et al. 2004 [104]).

105

Selon les données de L’EMEA [164], la clozapine est associée à un risque accru de

myocardite, qui dans de rares cas, s’est avérée fatale. Ce risque accru est le plus marqué lors des

deux premiers mois de traitements. Ainsi une myocardite ou une cardiomyopathie doivent être

suspectée chez des patients ayant une tachycardie persistante au repos, surtout lors des deux

premiers mois de traitement, et/ou la présence de palpitations, arythmie, douleur thoracique ou

d’autres signes évocateurs de crise cardiaque (fatigue inexpliquée, dyspnée, tachypnée). En cas

de suspicion de myocardite ou cardiomyopathie, la clozapine doit être arrêtée temporairement, et

un avis cardiologique doit être demandé. La cardiomyopathie, péricardite ou épanchement

péricardique sont d’autres causes de mort subite potentielles (Gareri et al. 2008 [57]).

Un électrocardiogramme régulièrement réalisé, tous les 6 mois, est aussi recommandé

pour rechercher une myocardite, en particulier chez les sujets jeunes, ayant une pathologie

cardio-vasculaire associée, comme les troubles ischémiques ou valvulaires cardiaques ou

l’hypertension qui sont souvent présents.

En ce qui concerne l’hypotension orthostatique, elle survient généralement plus dans le

début du traitement, surtout dans le cas de co-prescription de benzodiazépines, antihistaminiques

ou narcotiques. La surveillance de la pression artérielle dans les premières semaines de

traitement est indispensable, qui plus est lorsqu’il s’agit de patients souffrant de la maladie de

Parkinson.

106

7.4.Troubles métaboliques et endocriniens.

7.4.1. Prise de poids.

Comme un certain nombre d’antipsychotiques, la clozapine est associée à une prise de

poids. En effet une étude a montré que l’olanzapine et la clozapine avaient l’incidence la plus

élevée après 10 semaines de traitement (Allison et al. 1999 [3]).

Il y a peu de données provenant d’études contrôlées. Azorin et al. (2001, [9]) dans une

étude contrôlée, estiment la prise de poids de 2,4 kgs sous clozapine alors qu’elle est estimée à

0,2 sous rispéridone après 3 mois de traitement. L’étude Intersept a montré que sur 1000 patients

suivis sur 2 ans, 32% des patients sous clozapine et 56% de ceux sous olanzapine ont présenté

une prise de poids (Meltzer et al. 2003 [122]).

Cette prise de poids est probablement multifactorielle, incluant les facteurs diététiques,

les modifications des habitudes tabagiques, la sédentarité et l’effet pharmacologique propre des

neuroleptiques.

7.4.2. Troubles endocriniens et métaboliques.

La prise pondérale, facteur de risque de développent d’une hyperglycémie et d’un diabète

de type II, est une conséquence bien connue de l’utilisation des psychotropes (Allison et al. 1999

[3], Llorca et al. 2004 [104]). Des études ont par ailleurs démontré que le diabète est plus

fréquemment retrouvé dans la population schizophrène par rapport à la population générale

(Gareri et al. 2008 [57], Leslie et al. 2004 [93]).

Concernant le diabète, les données sont plus contradictoires, mais les résultats tendent à

se prononcer en faveur d’un risque plus élevé pour l’olanzapine et la clozapine (Llorca et al.

2004 [104]).

En ce qui concerne le diabète et la dyslipidémie, une étude n’a pas montré de différence

significative entre la clozapine et les autres neuroleptiques usuels, concernant le risque de

diabète ou de dyslipidémie sauf pour le groupe de patients jeunes (20-34 ans). Cette étude était

réalisée sur un échantillon de 2461 patients, comparés à 552 traités par clozapine (Lund et al.

2001 [105]).

107

Une étude épidémiologique de type cas-témoin comparant 7227 patients présentant un

diabète récemment traité et 6780 cas contrôles, n’a trouvé aucune corrélation entre l’utilisation

de la clozapine, quelles que soient la posologie et la durée du traitement, et la survenue d’un

diabète, alors que cette relation a pu être retrouvée pour les phénothiazines (Wang et al. 2004

[181]).

Dans l’étude Intersept, 2,3% des patients ont présenté un diabète, quel que soit leur

groupe de traitement, ce qui ne représente pas une incidence plus élevée que celle rapportée pour

les neuroleptiques traditionnels (Meltzer et al. 2003 [122]).

Plusieurs études ont rapporté que la clozapine provoquerait une augmentation des

concentrations plasmatiques de glucose chez patient avec ou sans histoire de diabète (Gareri et

al. 2008 [57], Leslie et al. 2004 [93]).

La clozapine est donc pourvoyeuse d’effets secondaires métaboliques, avec un risque

toutefois moins élevé que l’olanzapine. En termes de mortalité due au syndrome métabolique, il

semble nécessaire de la comparer à la mortalité globale sous clozapine.

Au final, le risque de survenue d’effets indésirables métaboliques sous clozapine doit

faire l’objet d’une surveillance, voire d’un traitement adapté avec règles hygiéno-diététiques et

contrôle biologique en cas de prise de poids constatée (Llorca et al. 2004, [124]). Compte tenu

du risque de prise de poids de la clozapine, il convient d’informer les patients et de mettre en

place une surveillance régulière du poids chez les patients à qui ce type de traitement est

proposé. La pratique d’exercice physique régulier avec des règles diététiques doivent ainsi être

systématiquement proposées aux patients. De même, face à une prise de poids, un contrôle

glycémique doit être réalisé afin d’éliminer un éventuel diabète.

Enfin la clozapine n’a pas d’effet sur la prolactine, et a en conséquence une meilleure

tolérance à ce niveau comparé aux autres antipsychotiques (Gareri et al. 2008 [57], Llorca et al.

2004 [124]). Il ne fait pas partie des effets secondaires mentionnés dans le Vidal.

108

7.5.Clozapine et grossesse.

La clozapine n’est pas considérée comme tératogène, au vue des travaux réalisés à ce

sujet (Canadian Psychiatric Association 2005 [31] et Levoyer et al. 2002 [95]).

Il existe peu de données concernant l’usage de la clozapine au cours de la grossesse. Le

Centre de Référence sur les Agents Tératogènes (CRAT) ne contre- indique pas de façon absolue

l’usage de la clozapine au cours d’une grossesse, si cette dernière est indispensable. Le

traitement peut alors être instauré à posologie efficace quel que soit le terme de la grossesse.

La surveillance clinique et biologique reste la même qu’en dehors de la grossesse pour

toute prescription de clozapine. La découverte d’une grossesse au cours d’un traitement par

clozapine ne doit pas faire arrêter le traitement (CRAT [35]).

Concernant le risque malformatif, le peu d’études publiées chez les femmes exposées

n’ont pas mis en exergue d’élément inquiétant, et la clozapine ne s’est pas montrée tératogène

chez l’animal (CRAT [35]).

Le passage placentaire de clozapine est important, la concentration fœtale atteignant le

double de la concentration plasmatique maternelle. L’administration de la clozapine jusqu’à

l’accouchement est susceptible d’entraîner, chez le nouveau-né, une leucopénie, un

ralentissement du transit et une sédation transitoires. La possibilité de survenue de ces effets

néonatals est à contrebalancer avec le bénéfice de la poursuite d’un traitement par clozapine pour

la mère, qu’il s’agisse d’une diminution ou un arrêt de traitement (CRAT [35]).

109

7.6.Autres effets indésirables.

Des études récentes ont comparé les effets secondaires neurologiques et endocriniens, et

il apparait que la bouche sèche, l’insomnie sont plus fréquentes sous rispéridone ou olanzapine

que sous clozapine. En revanche, les effets secondaires comme la sédation, sialorrhée,

constipation, étourdissements, convulsions, troubles de l’accommodation et nausées sont plus

fréquemment rapportés sous clozapine (Azorin et al. 2001 [9], Gareri et al. 2008 [57]).

L’hypersalivation surviendrait chez 12 à 40% des patients (Gareri et al. 2008 [57]).

Le risque de constipation sous clozapine ne doit pas être négligé et doit faire l’objet d’une

surveillance clinique afin d’éviter le syndrome occlusif.

La présence d’effets anticholinergiques, notamment la constipation, a été rapportée dès le

début de l’utilisation de la clozapine. Des cas d’iléus paralytique ont été signalés, justifiant une

surveillance régulière du transit et un traitement symptomatique à chaque fois que cela s’avère

nécessaire (Lancon et al. 2001 [90]).

La clozapine est actuellement l’antipsychotique atypique ayant l’action sédative la plus

importante. Elle n’est cependant pas supérieure à celui de la chlorpromazine ou de l’halopéridol.

La sédation induite par la clozapine est cependant le plus souvent transitoire et secondaire à une

augmentation trop rapide des posologies (Lancon et al. 2001 [90]).

110

Tableau 3 : Effets secondaires de la clozapine, EMEA, 2002 [164].

Hématologiques

commun leucopénie/neutropénie/éosinophilie/leucocytose

non commun agranulocytose

très rare thrombocytopénie

Métabolique

commun prise de poids

rare intolérance au glucose, diabète

très rare

acidocétose, coma hyperosmolaire, hyperglycémie

sévère, hypertriglyceridémie

Psychiatriques

rare agitation

SNC

très commun sédation

commun

trouble visuel, céphalées, rigidité, tremblements,

akathisie, symptômes extrapyramidaux, convulsions

rare confusion, délire

très rare dyskinésie tardive

Cardiaques

très commun tachycardie

commun changements à l'ECG

rare arythmies, myocardite, péricardite, collapsus

très rare cardiomyopathie, arrêt cardiaque

Vasculaires

commun HTA, hypotension orthostatique, syncope

rare thromboembolie

respiratoire

rare inhalation

très rare détresse respiratoire, arrêt respiratoire

digestif

très commun constipation, hypersalivation

commun nausées, vomissements, anorexie, bouche sèche

rare dysphagie

très rare

hypertrophie parotidienne, occlusion intestinale, iléus

paralytique, fécalome

Hépatobiliaire

commun élévation des enzymes hépatiques

rare hépatite nécrosante fulminante

très rare

cutanés

très rare réactions cutanées

urinaire

commun incontinence urinaire, rétention urinaire

111

très rare néphropathie interstitielle

sexuel

très rare priapisme

Général

commun

fatigue, fièvre, hyperthermie bénigne, trouble de la

régulation thermique

non commun syndrome malin des neuroleptiques

très rare mort brutal inexpliquée

Très commun : ≥1/10 ; commun : ≥1/100, <1/10 ; non commun : ≤1/1000, <1/100 ; rare :

≥1/10000, <1/1000 ; très rare :<1/10000.

Nous venons de voir à travers la revue de la littérature que la clozapine a fait l’objet de

nombreuses publications, pour son efficacité dans la schizophrénie résistante.

Nous avons également vu que la clozapine est également bien documentée dans le

suicide, les comportements agressifs chez les patients schizophrènes, faisant ainsi évoluer les

algorithmes thérapeutiques. Les effets indésirables induits par la clozapine, sont eux aussi bien

répertoriés, peut-être même plus que les autres antipsychotiques, en raison de la vigilance induite

par les cas de mortels d’agranulocytose.

Le recul depuis sa ré-autorisation a d’ailleurs montré qu’une fois bien connu, ce risque

hématologique a fait l’objet d’un cadre légal de surveillance, diminuant ainsi la survenue d’effets

secondaires irréversibles.

Nous allons donc maintenant décrire l’étude que nous avons réalisée, afin d’évaluer si les

perceptions ont évolué autant que les données récentes de la littérature à propos de la clozapine

au cours de ces dernières années.

112

PARTIE 3-ETUDE CLINIQUE

1. OBJECTIFS.

Après avoir réalisé une revue complète de la littérature retraçant les perspectives

cliniques de la clozapine, nous allons nous intéresser à un aspect plus pratique, à savoir la

clozapine telle qu’elle est perçue et prescrite au quotidien par les psychiatres.

La clozapine reste selon les recommandations le traitement de choix de la schizophrénie

résistante, mais bien souvent on constate que l’introduction de ce traitement est retardée selon les

algorithmes de traitement (The Texas Medical Algorithm Project 2007 [165]).

Dans la pratique quotidienne, il s’avère que la clozapine n’est pas autant prescrite qu’elle

le devrait [165]. Une étude réalisée en France a retrouvé de nouvelles pratiques concernant

l’usage de la clozapine, par exemple en association avec d’autres psychotropes notamment

d’autres antipsychotiques, et cela au risque de multiplier les effets secondaires indésirables

hématologiques, cardiaques et neurologiques, et alors même que les experts sont réservés quant à

la pertinence de telles pratiques (Mercier et al. 2009 [125]). La clozapine n’est d’ailleurs pas un

traitement de première intention en raison du risque d’agranulocytose qu’elle comporte

(American Psychiatric Association 2004 [5]).

La prescription de clozapine est réservée aux psychiatres et aux neurologues ou gériatres,

et fait l’objet d’un cadre légal de prescription et de surveillance (notifiés dans un carnet réservé à

cet usage) (Cf. partie 2). Les effets secondaires et les risques que comporte la clozapine

demandent aux psychiatres une connaissance spécifique sur cette molécule.

Notre étude a porté sur des psychiatres, qu’ils soient internes ou seniors déjà thésés. Ce

choix nous a semblé intéressant afin d’évaluer si les connaissances sur la clozapine avaient

changé, et étaient différentes entre psychiatres en formation ou psychiatres seniors mais

également pour la crainte des effets secondaires qu’elle comporte, notamment l’agranulocytose.

Après avoir recherché sur PubMed, il apparaît qu’aucune étude évaluant la perception des

psychiatres sur la clozapine n’a été réalisée en France. Le but de cette étude était donc d’évaluer

les opinions des psychiatres sur la clozapine dans la théorie, ainsi que leurs habitudes de

prescription, permettant peut être d’émettre des hypothèses quant à la sous prescription de la

clozapine en France.

113

2. POPULATION ET METHODE

2.1. Population.

Il a été proposé aux psychiatres de deux services de psychiatrie hospitalière d’Ile de

France de remplir un questionnaire concernant leur pratique de prescription de la clozapine chez

leur patient ayant été ou étant traité par clozapine ainsi que leur perception de la clozapine. Le

questionnaire a été envoyé par mail ou par courrier postal. Les psychiatres ayant répondu au

questionnaire étaient répartis de la manière suivante :

Chefs de clinique assistants, Praticiens hospitaliers, attachés ou PUPH du GH Henri

Mondor- Albert Chenevier de Créteil.

Assistants, Praticiens hospitaliers et attachés du service 94G16 de l’hôpital psychiatrique

d’Esquirol à Saint Maurice.

Internes de France.

L’enquête a duré de novembre 2010 à septembre 2011.

Les données ont été relevées soit par courrier postal soit par courrier électronique, et ont

été saisies sur un tableur Excel.

2.2. Outil d’évaluation.

L’outil d’évaluation était un auto-questionnaire (Annexe 1). Il a été réalisé en trois parties. La

première partie concernait la prescription personnelle de clozapine des psychiatres et comportait

douze questions.

Cinq questions concernaient la prescription de la clozapine en théorie, notamment les

recommandations internationales sur son indication ainsi que les effets secondaires de cette

dernière, constituant la deuxième partie du questionnaire.

Enfin la dernière partie, comportant huit questions, traitait de la prescription particulière à

chaque psychiatre telle qu’ils la réalisent au quotidien, auprès de leurs patients.

114

2.3. Analyses statistiques.

Selon les questions, les résultats sont donnés en pourcentage de réponses. Concernant les

réponses pouvant amener des réponses multiples les chiffres sont donnés en pourcentage par

rapport au nombre total de réponses données et non pas sur le nombre total de personnes ayant

répondu au questionnaire.

Par ailleurs, lorsqu’il s’agissait de résultats de mesures chiffrées (échelles de satisfaction

ou encore posologies), un calcul de moyenne a été réalisé.

Dans la description des résultats, nous mentionnons les résultats des internes, des seniors,

et psychiatres (sans préciser le statut) lorsqu’il s’agissait des deux populations réunies.

115

3. RESULTATS.

3.1. Pratique de prescription de la clozapine.

L’étude a porté sur 39 psychiatres seniors (soit 21,3% des répondants) et 144 internes en

psychiatrie. Parmi les psychiatres séniors, 31 sont praticiens hospitaliers, 2 PuPH, 6 assistants, 1

attaché et 9 chefs de cliniques assistants, dont 5 provenant du GH H.Mondor-A.Chenevier. La

grande majorité des psychiatres interrogés ont une pratique plutôt intra-hospitalière de secteur.

3.1.1. Caractéristiques des répondeurs.

Il a été demandé aux sujets de renseigner le nombre de sujets suivis sous clozapine, la

date de leur dernière prescription de clozapine, leur expérience en psychiatrie, ainsi que leur

orientation psychiatrique théorique préférentielle.

Nombre de patients suivis traités par clozapine au cours des trois derniers mois :

Parmi les internes, 41% (n=59) n’ont suivi aucun patient traité par clozapine au cours des

trois derniers mois, contre 20.5% des seniors (n=8).

La majorité des internes et des seniors ont suivi entre 1 et 10 patients au cours des trois

derniers mois (53.4% pour les internes, n=77 et 66.6% des seniors n=26).

4 internes (2.8%) ont suivi entre 11 et 20 patients au cours des trois derniers mois contre

10.2% des seniors (n=4), ainsi que 4 internes ont suivi plus de vingt patients au cours des trois

derniers mois. Aucun senior n’a suivi plus de 20 patients au cours des trois derniers mois (Cf.

figure 8).

116

Figure 8 : Nombre de patients traités par clozapine au cours des trois derniers mois

Date de la dernière prescription de clozapine :

La dernière prescription de clozapine remonte au dernier mois pour 37,5% des internes (n=54) et

66,7% des seniors (n=26).

Nombre d’années d’expérience en psychiatrie et orientation psychiatrique:

Les sujets ayant répondu au questionnaire ont en moyenne 3 ans d’expérience en psychiatrie

pour les internes, et 9 ans pour les seniors.

L’orientation psychiatrique préférentielle des psychiatres est neurobiologique (55,7%, n=102) et

29,5% (n=64) sont d’orientation psychanalytique.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

aucun patient entre 1 et 10

patients

entre 11 et 20

patients

plus de 20

patients

internes

seniors

total

117

3.1.2. Prescription personnelle de clozapine.

Efficacité de la clozapine (« Sur une échelle de 0 à 10, où situez-vous l’efficacité de la

clozapine ? (0=inefficacité ; 10= efficacité totale)»).

La moyenne des réponses des psychiatres est comparable selon leur statut, avec une

moyenne de 7.6 sur 10 pour les internes et 7.7 sur 10 pour les seniors (Cf. figure 9).

Aucun psychiatre n’a estimé l’efficacité de la clozapine entre 0 et 2 sur 10. Un seul

psychiatre a évalué son efficacité à 3 sur 10, et un à 4 sur 10.

88,2% des internes chiffrent l’efficacité de la clozapine entre 7 et 10 sur 10 (n=127). Ils

sont 10,4% (n=15) à évaluer l’efficacité de la clozapine entre 0 et 6 sur 10, contre 3 seniors sur

39 à estimer l’efficacité entre 0 et 6 sur 10, soit 7.7% d’entre eux.

Figure 9: Efficacité de la clozapine d’après les psychiatres

118

Sûreté de la clozapine (« Sur une échelle de 0 à 10, où situez-vous la sûreté de la clozapine ?

(0= pas sûre du tout ; 10= totalement sûre) »).

La moyenne des réponses est à 5,6 sur 10 pour les internes, 6,1 sur 10 pour les seniors. Les

réponses des internes sont comprises entre 2 et 9 sur 10.

72,2% des internes ont donc répondu que la sûreté de la clozapine se situait entre 5 et 7 sur 10

(n=104).78.1% des psychiatres ont des réponses comprises entre 3 et 7 sur 10 (n= 143).Enfin

30,8 % des seniors (n=12) estiment la sûreté de la clozapine à 8 sur 10 ou plus, contre 13.9% des

internes (n=20). Plus de la moitié des seniors ont estimé la sûreté de la clozapine à 7 et 8 sur 10

(51,3%, n=20) (Cf. figure 10).

Figure 10: Sûreté de la clozapine selon les psychiatres

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

%

sûreté de la clozapine

internes

seniors

total

119

Principaux diagnostics ayant amené les psychiatres à prescrire la clozapine

Il a été demandé aux psychiatres de préciser les diagnostics principaux les ayant amenés à

prescrire la clozapine (Cf. tableau 4).

La schizophrénie est l’indication de loin la plus retrouvée avec 97.8% des réponses des

psychiatres (n=149). Concernant la dépression ils sont seulement 1,6% des psychiatres à l’avoir

indiquée (n=3 internes). Le trouble bipolaire est une indication dans 11,8% des réponses des

internes (n=17) et 28.2% des seniors (n=11).Sur l’ensemble des psychiatres 16 ont indiqué

d’autres indications pour lesquelles ils prescrivaient la clozapine. La maladie de Parkinson est

citée par 4 sujets, le délire non schizophrénique par 2 sujets, une personne a cité le retard mental,

deux autres le syndrome d’Asperger. Deux personnes mentionnent les troubles du

comportement, les angoisses (dans les états limites ou les troubles anxieux sévères) sont cités 3

fois. Enfin les comportements d’automutilations sont cités deux fois.

Tableau 4 : Diagnostics ayant conduit à la prescription de clozapine

Indications Nombre de psychiatres

Schizophrénie 149

Dépression 3

Trouble

bipolaire 28

Autre, dont : 16

Parkinson 4

Retard Mental 1

Asperger 2

Troubles du

comportement 2

Automutilations 2

Délire non

schizophrénique 2

Angoisses 3

120

Posologie moyenne utilisée par les psychiatres (mg/j) (« Quelle est la posologie moyenne de

clozapine que vous utilisez par jour chez vos patients ? »)

La posologie de clozapine la plus fréquemment prescrite en traitement d’entretien est de

400 mg/j aussi bien pour les seniors que pour les internes. La posologie moyenne se situe à

environ 364mg/j pour les internes, et est un peu plus élevée pour les seniors (429mg/j).

41,7% des internes prescrivent la clozapine entre 0 et 300 mg/j (n=60), comme 23% des

seniors (n=9). Seuls 20,8% des psychiatres (n=38) prescrivent la clozapine en moyenne à 500

mg/j et au-delà (Cf. figure 11).

L’autre limite nette de prescription de la clozapine est de 600 mg/j, puisqu’ils ne sont

plus que 1.1% des psychiatres à prescrire au-delà.

Figure 11: Posologie moyenne prescrite par les psychiatres

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

<100 100 200 300 400 500 600 700 800 > 900 non

rens

%

posologie moyenne de clozapine (mg/j)

internes

seniors

total

121

Motif principal pour lequel les psychiatres ont arrêté la clozapine chez leurs

patients (« Quel est le principal motif pour lequel vous avez arrêté la clozapine chez vos

patients? »)

A cette question plusieurs choix étaient proposés, « inefficacité, intolérance, inobservance

ou autre ». Si la réponse cochée était « autre », le psychiatre avait la possibilité de préciser.

47.9% des internes (n=15) ont arrêté la clozapine chez leurs patients principalement pour

intolérance (n=69), 20.8% pour inobservance (n=30), 10.4% inefficacité, et 12.5% pour d’autres

raisons (n=18). Il y a 2 internes (soit 1.4 %) qui n’ont jamais arrêté la clozapine chez leurs

patients (Cf. tableau 5).

Tableau 5 : Motifs d’arrêt de la clozapine

Motif d'arrêt internes (%) seniors (%) tous (%)

Inefficacité 10,4 5,1 8,2

Intolérance 47,9 59 49,7

Inobservance 20,8 28,2 21,8

Autre 2,6 2,6 10,4

Préférence de prescription de clozapine (« Prescrivez vous de préférence la clozapine seule

ou en association médicamenteuse ?(en dehors de la phase aigüe) »)

Les internes ont répondu qu’ils prescrivaient la clozapine majoritairement seule à 81.9%

(n=118) et 14.6% d’entre eux ont associé des traitements à la clozapine (n=21), contre 7,7% des

seniors qui préfèrent associer des traitements à la clozapine (n=3).

122

Satisfaction globale des patients concernant la clozapine (« Sur une échelle de 0 à 10 où

situez-vous globalement la satisfaction des patients concernant leur traitement par clozapine ?

(0=insatisfaction totale ; 10=satisfaction totale) »)

Il était demandé aux personnes interrogées d’estimer la satisfaction des patients sur la

clozapine, sur une échelle allant de 0 à 10 (Cf. figure 11).

Les internes l’ont mesurée en moyenne à 6.32 sur 10, contre 6.71 sur 10 pour les seniors.

Plus de la moitié des psychiatres (internes et seniors) estiment entre 6 et 7 sur 10 la

satisfaction globale des patients (55,2% des réponses, n=101), et 88,5% (n=162) l’évaluent entre

5 et 10.

6,3% des internes (n=9) évaluent la satisfaction de leurs patients de 2 à 4 sur 10 et 7,7%

des seniors (n=3).

Figure 11: Evaluation de la satisfaction des patients traités par clozapine

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 non

rens

%

Satisfaction des patients sous clozapine

internes

seniors

total

123

Trois problèmes les plus fréquemment rencontrés lors de la prescription de clozapine

Les psychiatres devaient mentionner les trois problèmes les plus fréquemment rencontrés

lors de leur prescription de clozapine. Il est à noter que tous les psychiatres n’ont pas énuméré

trois problèmes à chaque fois, certains n’en mentionnant qu’un ou deux.

Les trois problèmes majeurs cités sont ceux de l’intolérance, mentionnée pour 48,3% des

réponses, la contrainte de la numération formule sanguine pour 45,4% des réponses des

psychiatres et l’observance pour environ 29%. Parmi les effets secondaires les plus cités, 34%

(n=63) des réponses citées sont un problème d’ordre métabolique au cours de la prescription de

clozapine. Pour 29.5% des réponses des psychiatres (n=54) l’intolérance hématologique

(leucopénie ou agranulocytose) est problématique. Les problèmes mentionnés sont une sédation

importante (24.6% ; n=45), une hypersalivation (18.6% ; n=34), intolérance cardiaque

(tachycardie, cardiomyopathie, etc., 7.6% ; n=14), et enfin des troubles digestifs (constipation

jusqu’au syndrome occlusif, 5.5% ; n=10) (cf. tableau 6).

Les autres problèmes cités sont l’absence de forme retard, retrouvée chez 8.3% des

internes (n=12); la prise journalière (3,3%, n=6), l’adaptation des doses de clozapine (8,7%,

n=15), la crainte du traitement (4,4%, n=8), le carnet de surveillance (1,6%, n=3).

124

Tableau 6 : Principaux problèmes rencontrés lors de la prescription de clozapine

Problèmes lors du

traitement Internes (%) Seniors (%) Total (%)

Surveillance NFS 45,8 43,6 45,4

Hématologique 29,2 30,8 29,5

Métabolique 34 35,9 34,4

Observance 29,9 28,2 29,5

Sédation 23,6 28,2 24,6

Hypersalivation 18 20,5 18,6

Tolérance 16,7 10,3 15,3

Adaptation des doses 9 5,1 8,7

Contrainte (sans

précision) 10,4 0 8,2

Cardiaque 4,2 20,5 7,6

Efficacité 6,2 12,8 7,6

Absence de forme retard 8,3 0 6,6

Digestif 5,5 5,1 5,5

Crainte du traitement 5,6 0 4,4

Prises pluri journalières 2,8 5,1 3,3

Convulsion 2,1 5,2 2,7

Hypotension artérielle 2,8 0 2,2

Neurologique/sd malin 2,1 5,1 2,2

Carnet de surveillance 2,1 0 1,6

Urinaire 1,4 0 1,1

Sexuel 0,7 2,6 1,1

Non renseigné 39,6 41 39,9

125

3.2. Connaissances des psychiatres sur la clozapine.

Nombre de traitements avant la prescription de clozapine (« Selon les recommandations

après combien de traitements neuroleptiques la clozapine doit-elle être envisagée ? »)

Les psychiatres ont répondu majoritairement qu’il fallait essayer deux traitements avant

d’envisager l’introduction de la clozapine, à savoir 77% des internes (n=111) contre 74.3% des

seniors (n=29). 13,1% des psychiatres établissent le nombre de traitements antérieurs à 3 (n=24).

Aucun senior et seulement 5 internes pensent qu’il faut prescrire 4 neuroleptiques ou plus avant

d’envisager un traitement par clozapine. Trois psychiatres pensent qu’une seule séquence de

traitement par un antipsychotique est recommandée avant l’usage de la clozapine (Cf. figure 12).

Figure 12: Nombre de traitement précédant l’usage de clozapine

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

1 2 3 4 >4

%

interne

senior

total

126

Posologie maximale recommandée en théorie (« Quelle est la posologie maximale

recommandée ?(En mg/jour) »)

La moyenne de prescription maximale recommandée est de 686,3 mg/j. 27.8% des

psychiatres ont répondu entre 0 et 300 mg/jour (18,2% des internes, n=29 et 7.7% des seniors,

n=3), 37,2% (n=68) pensent qu’elle est comprise entre 300 et 600 mg/j, et 36% (n=66) pour des

posologies quotidiennes allant de 700 à 900 mg/j. 15,3% des internes (n=22) estiment la

posologie maximale recommandée supérieure à 1000 mg/j, contre seulement 2,6% des seniors

(n=1) (Cf. figure 13).

Figure 13: Posologie maximale de clozapine recommandée

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

%

Posologie en mg/j

internes

seniors

total

127

Estimation du risque d’agranulocytose sous clozapine (« Quel est le risque d’agranulocytose

sous clozapine ? (par an et par patient) »)

Cette question était à réponse unique.

Personne n’a répondu qu’il n’existait aucun risque d’agranulocytose sous clozapine. 40%

des psychiatres (n=73) estiment ce risque entre 0 et 1% par an et par patient, 40,9% l’estiment

entre 1 et 2% par an et par patient (n=75). Le pourcentage des psychiatres décroit ensuite avec

des chiffres de 12% (n=22), 3.3% (n=6) et 0,5% (n=1) pour les réponses 5 à 10% de risque,

risque de 10 à 30% et risque supérieur à 30% (Cf. figure 14).

Figure 14: Prévalence du risque d’agranulocytose sous clozapine

0

10

20

30

40

50

aucun 0à1% 1à2% 5à10% 10à30% plus de

30%

non

rens

%

Risque d'agranulocytose (%/an/patient)

interne

senior

total

128

Période à risque d’agranulocytose sous clozapine (« A quelle période ce risque est-il le plus

élevé ? »)

Une seule réponse était attendue (Cf. figure 15).

53% des psychiatres (n=97) pensent que la période critique pour l’agranulocytose sous

clozapine est durant le premier mois de traitement, et 24% (n=44) pensent que ce risque est

permanent au cours d’un traitement par clozapine.

Il y a pour la réponse à cette question une divergence entre les seniors et les internes

puisque les internes sont 20% (n=29) à l’estimer permanent, contre 38.5% des seniors (n=15).

59% des internes (n=85) contre 30,8% des seniors (n=12) situent le risque le plus

important au cours du premier mois. Très peu de psychiatres, qu’ils soient seniors ou internes

estiment qu’entre le 3ème

et le 6ème

mois ce risque est le plus important.

16% des internes (n=23) et 10,2% des seniors (n=4) évaluent la période des 2ème

et 3ème

mois comme étant la plus importante concernant le risque d’agranulocytose sous clozapine.

Figure 15: Période à risque d’agranulocytose sous clozapine

129

Les trois antipsychotiques les plus pourvoyeurs de prise de poids (« Citez parmi les

antipsychotiques, les 3 plus pourvoyeurs de prise de poids, en les classant par ordre

croissant ? »)

Les psychiatres ont répondu en premier lieu qu’il s’agissait de l’olanzapine. En effet,

l’olanzapine correspond à plus de 30% des réponses. En second viennent la rispéridone et la

clozapine quasiment au même niveau (21,4% pour la clozapine contre 21,6% pour la

rispéridone). Il n’y a pas de différence entre les réponses des seniors ou des internes. Les autres

neuroleptiques considérés comme les plus pourvoyeurs de poids sont ensuite dans l’ordre

l’amisulpride avec 9,8% des réponses des internes et 18,1% des réponses des seniors, puis

l’halopéridol avec 6% des réponses contre 3,6% des réponses, pour les internes et seniors

respectivement.

Les psychiatres s’accordent pour mettre l’aripiprazole en dernier, puisque seulement

1,1% des psychiatres ont choisi de répondre ce médicament comme étant un des trois les plus

pourvoyeurs de prise de poids.

130

3.3. La prescription de clozapine dans la pratique quotidienne des psychiatres.

Quand envisager un traitement par clozapine (« A partir de quand dans votre pratique

quotidienne, envisagez-vous un traitement par clozapine ? »)

A cette question, la plupart des psychiatres estiment que la clozapine doit être envisagée

en 3ème

intention ou plus (après essai de deux antipsychotiques, représentant plus de 90% des

réponses (n=166). 6% des psychiatres (n=11) envisagent un traitement par clozapine en 2ème

intention (après essai d’un antipsychotique), et aucun ne l’envisage en 1ère

intention. 3 internes

ont répondu qu’ils n’envisageaient jamais un traitement sous clozapine.

Prescription d’une antipsychotique typique avant l’introduction de la clozapine (« L’usage

d’un antipsychotique typique précède-t-il systématiquement votre prescription de clozapine? »)

Pour 52.3% des psychiatres (n=96) l’usage d’un antipsychotique typique précède

systématiquement l’usage de la clozapine, contre 47% qui n’ont pas cette pratique (n=86).

Association médicamenteuse avant l’introduction de la clozapine (« Utilisez-vous

systématiquement une association médicamenteuse de deux neuroleptiques avant l’usage de

clozapine ? »)

73.2% des psychiatres (n=134) n’essaient pas une association médicamenteuse avant la

mise sous clozapine chez leurs patients (Cf. figure 16).

Figure 16: Association médicamenteuse précédant l’usage de la clozapine

131

Posologie maximale prescrite par les psychiatres dans leur pratique quotidienne (« Quelle

posologie maximale de clozapine prescrivez-vous ?(en mg/j) »)

12% des réponses concernent des posologies allant de 0 à 300 mg/j (n=22). Deux groupes

se dégagent autour de prescriptions maximales à 600 et 900 mg/j (Cf. figure 17).

La posologie maximale ayant été prescrite est en moyenne de 641 mg/j pour les internes

et 667 mg/j pour les seniors. La réponse la plus fréquente pour cette question est de 600 mg/j,

avec 30% des réponses des psychiatres sondés (n=55).

Figure 17: Posologie maximale prescrite (mg/j)

0

10

20

30

40

50

60

%

Posologie maximale (mg/j)

intern

esenio

r

132

Quand réaliser un dosage de la clozapine (« Quand réalisez-vous un dosage de clozapine ? »)

Plusieurs réponses étaient proposées, systématiquement, en cas d’intolérance, en cas

d’inefficacité, ou autre. Il s’agissait d’une question ouverte, rendant les réponses multiples

possibles. Pour la réponse « autre motif », les sujets avaient la possibilité de préciser lequel.

45% des internes (n=69) et 39% des seniors (n=18), c’est-à-dire 43.7% des psychiatres

interrogés ont répondu qu’ils réalisaient une clozapinémie systématiquement. En revanche,

37.2% des psychiatres (n=74) prescrivent une clozapinémie en cas de non réponse au traitement,

et dans un même registre, 6% des psychiatres (n=12) le font en cas de doute sur l’observance.

3% des psychiatres ne réalisent jamais de dosage plasmatique de la clozapine.

Les autres motifs énoncés par les psychiatres motivant une clozapinémie sont les cas

d’intoxication ou d’effets secondaires, ou afin d’adapter les posologies (Cf. figure 18).

Figure 18: Indications pour réaliser une clozapinémie

133

Patients non traités par clozapine malgré une bonne indication (« Parmi vos patients, y en a-

t-il qui présentent des indications à la clozapine et qui ne seraient pas traités par clozapine ? Si

oui, pourquoi ? »)

Beaucoup de psychiatres n’ont pas mentionné les raisons pour lesquelles un patient

n’était pas traité par clozapine malgré une bonne indication. Les psychiatres avaient la possibilité

de préciser les motifs les ayant conduits à ne pas prescrire la clozapine, plusieurs réponses

différentes ont parfois été données par un même sujet (Cf. tableau 7).

48% des psychiatres (n=88) affirment qu’ils ont des patients dont la clinique serait une

bonne indication à la clozapine mais chez qui ils ne l’ont pas prescrit. Les motifs évoqués sont le

problème de l’observance (33,1%), la surveillance biologique (15,3%), le refus de la part des

patients ainsi que la persécution engendrée par la surveillance rapprochée consécutive à la

clozapine (16,1%). La réticence face au risque de neutropénie (5,7%), l’obésité (3,3%) sont

également des facteurs empêchant la prescription de clozapine. Les effets secondaires et

antécédents d’intolérance rencontrés sous ce traitement ont également été cités (11,3%). Enfin, le

problème de la mise en route du traitement, cité par 4% des psychiatres, et un antécédent de

neutropénie (4,8%) représentent un frein à la prescription de clozapine.

Tableau 7 : Motifs de non prescription de la clozapine

Raisons de non prescription de la

clozapine

Pourcentage de

réponses des

psychiatres (%)

Problèmes d’observance 33,1

Refus ou persécution (NFS) 16,1

Surveillance de la NFS 15,3

Effets secondaires et ATCD

d’intolérance 11,3

Réticence face à la neutropénie 5,7

Politique du service 4,8

Antécédent de neutropénie 4,8

Mise en route du traitement 4

Obésité 3,3

Pédopsychiatrie 0,8

Autre 0,8

134

Conduite à tenir en cas d’échec de traitement par clozapine

Délai de changement de traitement (« Une fois la posologie maximale de clozapine atteinte,

quel délai vous fixez-vous avant d’envisager une modification thérapeutique ? »)

4.2% des psychiatres interrogés attendent plus de 6 mois avant d’envisager un

changement de traitement. Si la majorité des psychiatres attendent entre 2 et 4 mois (48.6%,

n=89), 24.6% des psychiatres attendent entre 0 et 2 mois (n=45) et 16.4% attendent entre 4 et 6

mois (n=30) (Cf. figure 18).

Figure 18: Délai avant d’envisager un changement de traitement en cas d’échec de la clozapine

0

10

20

30

40

50

60

0 à 2 mois 2 à 4 mois 4 à 6 mois plus de 6

mois

%

Délai avant le changement de traitement

internes

seniors

total

135

Conduite à tenir en cas de non réponse à la clozapine (« A propos de votre stratégie de

traitement en cas de non réponse à la clozapine (après avoir écarté l’hypothèse d’une

mauvaise observance quel traitement associez-vous ?

Devant la persistance de symptômes positifs

Plusieurs propositions étaient données pour cette question, à savoir associer un

antipsychotique atypique, un antipsychotique typique, un antidépresseur, des ECTs, le

remplacement de la clozapine par un autre neuroleptique ou une autre stratégie avec la possibilité

de préciser laquelle. Plusieurs réponses étaient donc possible pour cette question (Cf. tableau 8).

75,2% des réponses des internes étaient d’associer un autre neuroleptique en cas de

persistance de symptômes positifs, dont 44,1% un antipsychotique atypique et 26,4% un

antipsychotique typique. 63,4% des réponses des seniors étaient d’associer un antipsychotique,

dont 36,7% un antipsychotique atypique. Très peu de psychiatres prescrivent un antidépresseur

en cas de persistance de symptômes positifs (cf. tableau8) ; plus de 20% des réponses des

psychiatres (20,2% d’internes et 25% de seniors) sont les ECTs. L’usage d’un thymorégulateur

est en marge avec moins de 5% ces réponses.

Devant la persistance de symptômes négatifs

De la même manière qu’à la question précédente, cette question était ouverte, chaque

sujet pouvant répondre plusieurs items proposés (Cf. tableau 8).

Les psychiatres associent fréquemment un antipsychotique atypique quel que soit leur

statut (interne ou senior), bien plus qu’un antipsychotique typique (cf. tableau 8). Les ECTs

(12,1% des réponses des internes et 15,4% des réponses des seniors) et les antidépresseurs

(18,4% des réponses des internes et 11,5% des réponses des seniors) sont utilisés en cas d’échec

de la clozapine devant la prédominance de symptômes négatifs. Les autres traitements restent en

marge dans la pratique des psychiatres.

136

Tableau 8 : Stratégie thérapeutiques en cas d’échec de la clozapine

Devant la persistance de signes positifs Internes Seniors

Antipsychotique atypique 44,1 36,7

Antipsychotique typique 26,4 13,4

Antidépresseur 1 3,3

ECTs 20,2 25

Remplacement par un autre neuroleptique 4,7 13,3

thymorégulateur 1,5 6,6

TCC 0 1,7

traitement non médicamenteux autre que TCC 0,5 0

Diminution de posologie 0 0

Autre 1,6 0

Devant la persistance de signes négatifs Internes Seniors

Antipsychotique atypique 47,1 48,1

Antipsychotique typique 7,5 5,8

Antidépresseur 18,4 11,5

ECTs 12,1 15,4

Remplacement par un autre neuroleptique 4,6 7,7

Thymorégulateur 1,1 1,9

TCC 1,2 3,8

traitement non médicamenteux autre que TCC 1,1 1,9

Diminution de posologie 0,6 0

Autre 6,3 3,9

137

4. DISCUSSION

4.1. Données générales.

La clozapine est considérée comme la molécule de référence dans le traitement de la

schizophrénie résistante. Si les études portant sur l’efficacité de la clozapine sont nombreuses, en

revanche les enquêtes observationnelles sur la prescription de clozapine sont plus limitées. Une

des premières études à ce sujet date de 1993 et a été réalisée par Péré et al. [141], puis

successivement l’étude médico-économique de Bret et al. en 1998 [24], l’étude rétrospective

d’utilisation de la clozapine en Île de France menée par Hiltgen et al. en 2006 [68], et enfin

l’enquête observationnelle au centre hospitalier Charles Perrens, menée par Mercier et al. en

2009 [125]. Il n’y a pas à notre connaissance eu d’études faites concernant les représentations

théoriques des psychiatres sur la clozapine en France. Une étude danoise a été réalisée dans le

but d’évaluer les connaissances des psychiatres sur la clozapine Nielsen et al. en 2010 [136].

Notre étude a porté sur les réponses de 183 questionnaires, 144 réponses étant des

internes de tout la France, et 39 étaient des seniors. Le nombre de réponses des seniors trop

faible n’a pas permis de mettre en évidence de différence significative selon le type de pratique

en psychiatrie (hospitalière spécialisé ou universitaire).

Dans notre étude, il apparaît que plus d’un tiers des psychiatres n’avaient pas de patients

sous clozapine au cours des trois mois précédents l’étude. Plus de la moitié des psychiatres

avaient entre 1 et 10 patients traités par clozapine au cours des trois derniers mois. Enfin, très

peu de psychiatres avaient plus de 20 patients traités par clozapine.

Les psychiatres n’ayant pas de patients sous clozapine au moment de l’étude sont

majoritairement des internes (41% des internes n’avaient aucun patient sous clozapine). Au

regard de la date de la dernière prescription de clozapine, beaucoup (37,5% des internes et 66,7%

des seniors) de psychiatres ont prescrit la clozapine au cours du mois ayant précédé l’étude.

138

4.5. Indications.

D’après nos résultats, la principale indication de prescription de la clozapine suit les

recommandations puisque plus de 90% des psychiatres ayant répondu à l’étude la prescrivent

dans la schizophrénie. Ce chiffre est inférieur à celui retrouvé par l’étude danoise qui rapporte

99% des prescriptions pour la schizophrénie résistante (Nielsen et al. 2010 [136]). Il apparaît que

les psychiatres ne prescrivent que peu la clozapine dans d’autres indications que la

schizophrénie. En effet, ils sont beaucoup moins nombreux à la prescrire dans d’autres

indications, exception faite du trouble bipolaire qui a été assez souvent cité. Si le recours à la

clozapine dans le traitement des troubles de l’humeur est hors AMM, elle reste néanmoins

étudiée et intéressante dans certains cas. Rappelons que les antipsychotiques autres que la

rispéridone, la quétiapine, l’olanzapine et l’aripiprazole n’ont pas l’AMM dans le traitement des

troubles de l’humeur (Green et al. 2000 [60], Frye et al. 1998 [56]).

Les comportements auto ou hétéro agressifs sont des motifs cités par quatre psychiatres.

La maladie de Parkinson est une indication marginale dans notre étude, citée seulement par

quatre psychiatres, alors que l’AMM mentionne explicitement cette dernière indication [177].

Quant à la suicidalité, il ne s’agit pas d’une indication citée dans notre étude alors qu’elle

apparaît comme en étant une pour 3% des psychiatres dans l’étude danoise. Peut-être que les

psychiatres prescrivent la clozapine chez des patients schizophrènes suicidants mais la

formulation de la question ne permettait pas d’obtenir cette réponse.

Si le trouble bipolaire est cité beaucoup plus fréquemment que la maladie de Parkinson,

on peut émettre l’hypothèse que c’est parce que les psychiatres sont vraisemblablement plus

exposés aux patients bipolaires dans leur pratique comparés aux troubles psychotiques dans la

maladie de Parkinson.

Nos résultats rapportent que les psychiatres positionnent la clozapine en traitement de

3ème

intention, et ils la prescrivent d’ailleurs après l’essai de deux antipsychotiques. Même si

quelques exceptions existent, très peu de psychiatres prescrivent la clozapine en 1ère

ou 2ème

intention. Ces résultats sont concordants avec les données de la littérature, même si actuellement

on préconise parfois la clozapine plus précocement, en cas de suicide ou de comportements

agressifs notamment (cf. parties 3 et 5.1. de la thèse).

139

Pour plus de la moitié des psychiatres ayant répondu, l’usage d’un antipsychotique

typique précède l’usage de la clozapine. Cela n’est pas consensuel (Base de données des

médicaments [13], American Psychiatric Association [5]).

73,2% des psychiatres associent des traitements avant l’usage de la clozapine,

correspondant à une pratique tout à fait empirique puisqu’aucune recommandation actuelle ne le

préconise. Il n’a pas été mis en évidence de bénéfice à prescrire un antipsychotique typique ou

deux antipsychotiques avant l’usage de la clozapine (Conley et al. 2005 [43], Patrick et al. 2005

[140]).

Comme décrit dans la littérature, la clozapine est un traitement qui, lorsqu’il est prescrit,

se montre efficace. Nous avons retrouvé une estimation moyenne de son efficacité à 7,7 sur 10,

et une estimation de la satisfaction des patients à 6,32 sur 10. Il a d’ailleurs été mis en évidence

que le taux de patients perdus de vue dans les études, ou encore le taux d’arrêt de traitement était

moindre chez les patients traités par clozapine (cf. partie 4.1. thèse, Meltzer et al. 2003 [122]).

140

4.6. Posologie et mode de prescription.

Concernant la posologie utilisée par les psychiatres, elle semble proche de celle utilisée

dans les autres études françaises (Mercier et al. 2009 [125], Péré et al. 1993 [141], Hiltgen et al.

2006 [68], Bret et al. 1998 [24]). La posologie maximale recommandée, citée par les psychiatres

de notre étude, est en moyenne de 686,3mg/j. Pourtant le laboratoire produisant la clozapine

ainsi que l’Affsaps ont fait mention de posologies pouvant atteindre 900 mg/j (Base de données

des médicaments [13], Novartis 1997 [138]). Cette posologie peut même, dans certains cas, aller

au-delà, dans des cas rares des patients ayant un métabolisme rapide de l’enzyme CYP1A2

(Schulte 2003 [151]).

Les psychiatres ont répondu qu’ils prescrivaient la clozapine à 400 mg/j en moyenne. Ce

chiffre correspond bien aux données actuelles faisant état d’une efficacité à partir d’une

posologie comprise entre 400 et 500 mg/j et du seuil de tolérance (notamment convulsif) situé à

450 mg/j (Schulte 2003 [151], cf. partie 3.5. thèse). Une grande proportion de psychiatres utilise

les dosages plasmatiques de clozapine lorsqu’ils la prescrivent, soit systématiquement (43,7%

des réponses), soit en cas de non réponse au traitement (37,2%), ce qui paraît logique lorsqu’on

connaît les variations interindividuelles dans la pharmacocinétique ainsi que les interactions

médicamenteuses notamment (cf. parties 2.2. et 3.5. thèse).

13,1% des psychiatres prescrivent la clozapine en association avec d’autres psychotropes,

chiffre moindre comparé aux résultats des autres études.

Le risque d’effets secondaires notamment cardiaques est augmenté en cas d’associations

à un autre antipsychotique avec des troubles du rythme cardiaque, en raison des actions

anticholinergiques et adrénolytiques. Il en est de même pour le risque d’agranulocytose en cas

d’association de la clozapine avec un autre médicament à fort potentiel de dépression de la

moelle osseuse (Cf. partie 7 thèse).

141

Les psychiatres ont répondu en majorité que le délai avant d’envisager un changement de

traitement est de 2 à 4 mois, avec 48,6% des réponses (n=89). Une étude de 2003 définit le délai

avant un changement de traitement de 2 à 6 mois (Schulte 2003 [151]). Selon Llorca (Llorca et

al. 2004 [124]) la durée de traitement requise avant de conclure à une absence de réponse à la

clozapine n’est pas univoque, allant de 2 à 4 mois pour Carpenter et al. (Carpenter et al. 2005

[34]) ou jusque 6-9 mois pour Meltzer (Meltzer 1995 [116]).

Les psychiatres ont également recours à d’autres associations à la clozapine pour

potentialiser son effet en cas de résistance à la clozapine seule, selon la persistance de

symptômes positifs ou négatifs. Il n’y a pas de recommandations consensuelles, s’agissant de cas

de résistance majeure aux thérapeutiques. L’association de la clozapine à un autre psychotrope

est cependant décrite par certains experts, en cas de non réponse ou de réponse partielle à la

clozapine, afin de renforcer l’action antipsychotique sur la symptomatologie anxieuse, thymique

ou dépressive du patient (Mercier et al. 2009 [125]). Parmi les possibilités thérapeutiques en cas

de persistance de symptômes positifs ou négatifs, l’ajout d’un antipsychotique atypique est

majoritairement citée dans cette étude. La combinaison avec les ECTs a également été citée.

Concernant l’association à un antipsychotique typique, cette pratique a été plus fréquemment

mentionnée en cas de persistance de symptômes positifs, et un antidépresseur en cas de

prédominance d’une symptomatologie négative (Taylor et al. 2012 [163]).

Rappelons enfin que le switch de la clozapine pour un autre antipsychotique de seconde

génération n’assure pas de meilleure réponse clinique. Malgré le faible nombre de

recommandations univoques, l’association de la clozapine à d’autres psychotropes et notamment

à des antipsychotiques semble une pratique courante comme le montre un grand nombre de cas

cliniques publiés (Mercier et al. 2009 [125]).

L’aripiprazole peut être prescrite par certains psychiatres mais une telle association a été

peu étudiée (Tiihonen et al. 2010 [168], Zocali et al. 2007 [185]), elle reste potentiellement un

choix intéressant au regard de la bonne tolérance de cette molécule et de l’absence d’effet

sédatif.

La lamotrigine est un traitement de choix parmi les anticonvulsivants, restant cependant

en marge des autres thérapeutiques déjà citées (Tiihonen et al. 2010 [168], Zocali et al. 2007

[185]).

142

4.7. Tolérance et effets secondaires.

Dans notre étude, l’inefficacité est citée dans 8,2% des cas justifiant l’arrêt de la

clozapine, largement après l’inobservance citée par 21,9% des psychiatres et l’intolérance citée

par 49,7% des psychiatres. Les deux autres enquêtes observationnelles avaient des pourcentages

d’inefficacité de 8,8% et 6,2% respectivement (Péré et al. 1993 [141], Hiltgen et al. 2006 [68]).

Les réponses concernant les traitements pourvoyeurs de poids sont concordantes avec les

données de la littérature, ne mentionnant pas la clozapine comme étant le plus incriminé.

Le syndrome métabolique est apparu comme étant un des trois problèmes majeurs dans

notre étude, représentant 34% des réponses des personnes sondées. Toujours en comparaison

avec l’étude réalisée au Danemark, cet effet indésirable est cité en premier comme problème

survenant au cours de la prescription de clozapine.

Lors de l’analyse des résultats de cette étude, le mot « contrainte » a été récurrent, qu’il

soit cité dans les problèmes rencontrés lors de la prescription de clozapine, pour justifier son

absence de prescription ou son arrêt. La surveillance de la formule sanguine a posé problème

pour les psychiatres. Dans l’étude danoise, le problème du monitorage de la clozapine est le 2ème

problème cité par les psychiatres, après celui de la prise de poids, alors qu’il n’en est pas un dans

les autres études réalisées (Angermeyer et al. 2001 [6], Taylor et al. 2003 [162]). Si cette

surveillance comporte une contrainte incontestable, elle n’en demeure pas moins un atout dans la

prise en charge du patient au long cours, et peut participer à l’alliance thérapeutique. Cette

surveillance a d’ailleurs été souvent attribuée aux meilleurs résultats des groupes de patients sous

clozapine dans les études comparatives réalisées (Meltzer et al. 2003 [122]).

Les jeunes psychiatres semblent connaître les risques d’agranulocytose d’après nos

résultats, on peut donc dire qu’ils ne surestiment pas l’incidence. Les seniors sont même ceux

qui ont le plus estimé ce risque comme permanent.

Si l’estimation du risque d’agranulocytose a été proche des données actuelles dans la

littérature, le risque hématologique est encore très présent dans l’esprit des psychiatres sondés,

retrouvé à travers la question des problèmes rencontrés au cours de ce traitement et les raisons de

non prescription de la clozapine (concernant 48% des psychiatres sondés).

143

Dans leur pratique quotidienne les psychiatres ne prescrivent pas la clozapine jusqu’aux

posologies maximales recommandées, la moyenne de prescription se situant à 400 mg/j. Une

hypothèse pouvant expliquer ce résultat serait également d’envisager qu’elle n’a pas été prescrite

au-delà de 400 mg/j en raison d’une mauvaise tolérance. Ce résultat s’explique peut être par la

fréquence nettement plus élevée des effets secondaires à partir de 450 mg/j, notamment le risque

convulsif. De plus, les psychiatres ont établi la posologie maximale recommandée en moyenne

autour de 600 mg/j, loin des préconisations de l’Afssaps (base de données des médicaments

[13]).

Dans les essais réalisés la clozapine est apparue comme étant supérieure aux

antipsychotiques de première génération et non inférieure aux antipsychotiques de seconde

génération sur la qualité de vie globale des patients. Notons également qu’il s’agit de patients

schizophrènes résistants aux traitements, dont la qualité de vie est en conséquence

vraisemblablement altérée. L’observance a également été souvent associée aux problèmes

rencontrés sous clozapine. On ne peut pas pour autant en conclure que l’observance

médicamenteuse soit plus médiocre avec la clozapine, s’agissant plus vraisemblablement de la

problématique commune au trouble schizophrénique (et autres maladies chroniques). De plus,

dans une étude, il est question de 39% seulement d’arrêts de traitement par clozapine dans les

études à long terme versus 70% pour les neuroleptiques conventionnels (Wahlbeck et al. 1998

[179]).

Ces derniers éléments doivent donc être considérés lors de la réflexion thérapeutique pour

chaque malade, au-delà du risque hématologique que comporte la clozapine.

Nos résultats ont mis en évidence plusieurs différences dans la prescription des internes et

des seniors. Les internes ont prescrit la clozapine à des posologies en moyenne moins élevées

que les seniors. En revanche il y avait plus d’internes pensant que la posologie maximale

recommandée est au-delà de 500mg/j par rapport aux seniors. Les seniors dans leurs indications

de prescription considèrent plus souvent la clozapine dans le trouble bipolaire que les internes,

l’inverse étant observé pour la prescription de clozapine chez leurs patients déprimés, bien que

cette dernière indication porte sur des nombres très faibles.

144

4.8. Limites de l’étude.

Les psychiatres ayant une pratique extrahospitalière ne sont pas représentés dans cette

étude, et leur pratique serait intéressante à connaître également. Le nombre de psychiatres n’est

pas suffisant pour établir un lien entre le lieu d’exercice (CHU versus CHS), la pratique et

connaissance de la clozapine. Les résultats ne peuvent pas être généralisés en particulier car les

psychiatres ayant une pratique extrahospitalière ne sont quasiment pas représentés dans notre

étude.

Il n’était pas possible à travers nos données d’établir un lien formel entre les réponses

données et le statut ou l’expérience des psychiatres, le nombre de seniors étant trop faible

comparativement à celui des internes.

On peut également souligner que l’expérience de prescription des internes est à

relativiser, chacune de leur prescription étant réalisée selon toute vraisemblance, sous couvert de

l’accord d’un senior psychiatre.

L’intitulé de certaines questions aurait peut-être mérité d’être plus clair, induisant moins

de confusion possible. La question des diagnostics nécessitant la clozapine était biaisée de part la

fréquence des pathologies rencontrées, étant attendu que beaucoup de psychiatres soignent plus

de patients hospitalisés schizophrènes et bipolaires que de patients ayant la maladie de

Parkinson. Il aurait également été intéressant de demander aux psychiatres si la prévalence de

certains symptômes chez les patients schizophrènes (le risque suicidaire et les comportements

agressifs par exemple), orientait leur choix thérapeutique vers la clozapine. On peut penser qu’un

psychiatre ayant à l’esprit un patient schizophrène suicidaire traité par clozapine, a probablement

choisi la réponse « schizophrénie » et non pas « autre » dans laquelle il aurait pu spécifier qu’il

s’agissait du risque suicidaire ayant orienté la prescription de clozapine chez son patient.

L’étude réalisée sous forme d’auto-questionnaire a peut-être induit un biais dans la

mesure où il permettait aux psychiatres de se renseigner sur les questions théoriques, alors que ce

n’était pas l’intérêt de ce travail. Un certain nombre de psychiatres n’ont pas répondu au

questionnaire car ils ne prescrivaient pas la clozapine, y compris les jeunes internes n’ayant pas

encore acquis suffisamment d’expérience dans le domaine.

145

L’usage de la clozapine reste toujours associée au risque hématologique qu’elle

comporte, au risque semble t-il de moins la prescrire, au profit d’association thérapeutiques dont

l’efficacité n’a pas été démontrée. Une réactualisation des connaissances théoriques des

psychiatres pourrait être envisagé afin d’optimiser sa prescription et d’améliorer la prise en

charge des patients.

146

CONCLUSION

La clozapine fut découverte en 1959. Trente plus tard, Kane démontre son efficacité dans

la schizophrénie résistante et sa supériorité par rapport aux autres neuroleptiques. La clozapine

n’a à l’heure actuelle pas trouvé d’équivalent dans cette indication, malgré la découverte des

antipsychotiques atypiques.

Bien qu’elle soit encore modérément prescrite, un certain nombre de données concernant

son utilisation et ses intérêts dans la prise en charge du patient schizophrène ont été publiées

depuis son AMM. L’indication de la clozapine se veut moins restrictive et nous nous sommes

proposé de faire la synthèse des données actuelles.

Nous avons vu que les modalités de traitement sont bien décrites, et que des facteurs

prédictifs de réponse sont connus, mais aussi qu’actuellement la clozapine a plusieurs champs

d’action, avec notamment l’obtention de l’AMM pour la maladie de Parkinson.

L’intérêt de la clozapine va au-delà de la résistance dans la schizophrénie, et les données

actuelles suggèrent un réel bénéfice à prescrire cette molécule dans la prévention du suicide chez

les patients schizophrènes. Encore une fois, il s’agit de la seule molécule ayant démontré une

efficacité dans ce domaine. Elle est recommandée aux Etats Unis dans cette indication.

Un autre champ d’action de la clozapine est son action thymique. Nous avons montré

dans ce travail les effets de la clozapine tant sur les symptômes psychotiques que thymiques dans

les troubles schizoaffectifs (ou schizophrénie dysthymique).

Un troisième champ d’action concerne celui des conduites agressives chez les patients

schizophrènes, où encore une fois la clozapine se distingue des autres molécules. Deux effets

seraient à prendre en compte. D’une part l’efficacité de la clozapine sur les symptômes, alors que

nous savons que leur intensité et leur persistance sont fortement corrélés à la survenue de

comportements violents. D’autre part la clozapine agirait directement sur les conduites

agressives, de par son activité antiagressive intrinsèque, la dimension anti-impulsive renforçant

également son action dans ce domaine.

147

De plus, même si les études concernant les autres pathologies mentales doivent se

poursuivre, nous avons constaté un intérêt à évoquer la clozapine dans la résistance aux autres

thérapeutiques, comme le trouble bipolaire ou les troubles de personnalité, au-delà donc du

diagnostic de schizophrénie.

Enfin, un dernier mais non négligeable argument en faveur de la prescription de

clozapine est sa tolérance. Il a été mis en évidence une meilleure tolérance neurologique, avec la

moindre survenue de manifestations extrapyramidales comparée à celle survenant avec les autres

antipsychotiques. Cet aspect est à prendre en compte quand on sait que dans cette pathologie

chronique et invalidante, l’observance médicamenteuse est primordiale. Le risque

d’agranulocytose est quant à lui bien moins alarmant que celui évoqué auparavant, ce risque

étant létal globalement 5 fois plus faible que le risque létal du syndrome malin aux

neuroleptiques, ce dernier étant de surcroît plus faible avec la clozapine.

Nous voyons bien que nous sommes désormais loin de l’indication unique de la

résistance dans la schizophrénie. Le type de patients susceptibles de bénéficier de ce traitement

n’est plus exactement le même que lors de sa redécouverte dans les années 90, même si l’AMM

française a pour le moment peu évolué.

Les résultats de notre enquête sont globalement comparables avec les données de la

littérature, notamment les règles de prescription de la clozapine. Le trouble bipolaire ressort des

autres indications, avant ses indications dans la maladie de Parkinson, mais bien après celle de la

schizophrénie résistante qui fait la quasi unanimité.

Il émerge de nos résultats la notion de contrainte de prescription de la clozapine, en

raison de la surveillance biologique qu’elle impose, mais également pour les effets indésirables

(en dehors du risque hématologique), métabolique notamment. Ces deux aspects semblent être

les deux arguments majeurs freinant la prescription de clozapine.

Nous pouvons conclure de ce travail qu’une information auprès des psychiatres serait

bénéfique sue les indications en cours de validation de la clozapine, bien plus que sur les

modalités de traitement à proprement parler, qui sont déjà bien connues.

148

PARTIE 4 : REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. ADAMS C. Drugs treatments for schizophrenia. Effective Health Care. York: NHS Centre

for Reviews and Dissemination. University of York 1999.

2. ALLANDER D. Actualité de la clozpaine dans la prise en charge du patient schizophrène.

Nantes ; 2004.

3. ALLISON D.B., MENTORE J.L., HEO M. et al. Antipsychotic-induced weight gain: a

comprehensive research synthesis. Am J Psychiatry 1999; 156 (11): 1686-96.

4. ALVIR J.M., LIEBERMAN J.A., SAFFERMAN A.Z. et al. Clozapine-induced

agranulocytosis. J Clin Psychopharmacol 2004; 24: 613-617.

5. American Psychiatric Association. Practice Guideline for the treatment of patients with

schizophrenia. 2nd

ed. Washington DC, USA: American Psychiatric Association; 2004.

6. ANGERMEYER M.C., LOFFLER W., MULLER P., SCHULZE B., PRIEBE S. Patients’

and relatives’ assessment of clozapine treatment. Psychol Med 2001; 31: 509-517.

7. ATKIN K., KENDALF F., GOULD D., LIEBERMAN H., O’SULLIVAN D. Neutropenia

and agranulocytosis in patient receiving clozapine in the UK and Ireland. Br J Psychiatry 1996;

149: 483-488.

8. AUZOU P., ÖZSANCAK C., HANNEQUIN D., et al. Clozapine for the treatment of

psychosis in Parkinson’s disease: a review. Acta neurol Scand 1996; 94: 329-336.

9. AZORIN J.M., SPIEGEL R., REMINGTON G, VANELLE J.M., PERE J.J., GIGUERE M.

et al. A double-blind comparative study of clozapine and risperidone in the management of

severe chronic schizophrenia. Am J Psychiatry 2001; 158(8): 1305-13.

10. BANOV M.D., ZARATE C.A., TOHEN M. Clozapine therapy in refractory affective

disorders: polarity predicts response in long-term follow-up. J Clin Psychiatry 1994; 55: 295-

300.

11. BARBINI B., SCHERILLO P., BENEDETTI F. et al. Response to clozapine in acute mania

is more rapid than that chlorpromazine. Int Clin Psychopharmacol 1997; 12:109-112.

12. BARRAT E.S., STANFORD M.S., DOWDY L., et al .Impulsive and premeditated

aggression: a factor analysis. Psychiatr Res 1999; 86: 163-173.

13. BASE DE DONNEES DES MEDICAMENTS, fiche clozapine « Fiche transparence

AFSSAPS », date de mise à jour : 30/08/2010, visible sur le site

« http://www.codage.ext.cnamts.fr/ ».

149

14. BASE DE DONNEES DES MEDICAMENTS, fiche clozapine, rubrique Recommandations

ANAES, date de mise à jour le 30/08/2010, visible sur le site

« http://www.codage.ext.cnamts.fr/ ».

15. BAYLE F.J., LLORCA P.M. Action symptomatique des antipsychotiques atypiques:

anxiété, impulsivité, agitation, agressivité, obsession-compulsion. In : Médicaments

antipsychotiques, évolution ou révolution ? Olié J.P., Daléry J., Azorin J.M., Paris. Acanthe;

2001: 489-510.

16. BENEDETTI F. SFORZINI L., COLOMBO C., et al. Low-dose clozapine in acute and

continuation treatment of severe borderline personality disorder. J Clin Psychiatry 1998; 59(3):

103-107.

17. BINDER R.L., Mc NIEL D.E. The relationship between acute psychiatric symptoms,

diagnosis, and short-term risk of violence. Hosp community psychiatry 1994; 45(2): 133-137.

18. BRAMBILLA P., BARALE F., CAVERZASI E., TOGNONI G., BARBUI C. Clozapine-

treated subjects with treatment-resistant schizophrenia: A review of experimental and

observational studies. Int Clin Psychopharmacol 2002; 17: 189-195.

19. BRAR J., ROY CHENGAPPA K.N., PAREPALLY H., SANDMAN A. The effects of

clozapine on negative symptoms in patients with schizophrenia with minimal positive

symptoms. Ann Clin Psychiatry 1997; 9: 227-233.

20. BREIER A.F., BUCHANAN R., IRISH D., CARPENTER W. Clozapine treatment of

outpatients with schizophrenia: Outcome and long-term response patterns. Hosp Community

Psychiatry 1993; 44: 1145-1149.

21. BREIER A.F., BUCHANAN R., KIRKPATRICK B., DAVID O. Effects of clozapine on

positive and negative symptoms in outpatients with schizophrenia. Am J Psychiatry 1994; 151:

20-26.

22. BREIER A.F., BUCHANAN R., KIRKPATRICK B., BALL P. Positive and negative

symptom to clozapine in schizophrenic patients with and without the deficit syndrome. Am J

Psychiatry 1998; 155: 751-760.

23. BREIER A.F., MALHOTRA A.K., SU T.P., PINALS D.A., ELMAN I., ADLER C.M., et

al. Clozapine and risperidone in chronic schizophrenia: effects on symptoms, parkinsonian side

effects, and neuroendocrine response. Am J Psychiatry 1999; 156(2):294–298.

24. BRET P., JOLIVEL C., BRET M.C. et al. Etude médico-économique du leponex®

(clozapine) au centre hospitalier Charles Perrens de Bordeaux. Encéphale, 1998; 24:365-77.

150

25. BUCKLEY P.F., BARTELL J., DONENWIRTH K., LEE S., TORIGOE F., SCHULTZ C.

Violence and schizophrenia: Clozapine as a specific antiagressive agent. Bull Am Acad

Psychiatry Law 1995; 23(4): 607-611.

26. BUCKLEY P.F. The role of typical and atypical antipsychotic medications in the

management of agitation and aggression. J Clin Psychiatry 1999; 60 (suppl. 10); 52-60.

27. BUCKLEY P.F., MILLER A., OLSEN J., GARVER D., MILLER D.D., CSERNANSKY J.

When symptoms persist: Clozapine augmentation strategies. Schizophr bull 2001; 27(4): 615-

628.

28. BYERLY P.E., DEVANE C.L. Pharmacokinetics of clozapine and rispéridone: A review of

recent literature. J Clin Psychopharmacol 1996; 16: 177-187.

29. CADWELL C.B., GOTESMAN L. Schizophrenics kill themselves too: A review of risk

factors for suicide. Schizophr Bull 1990; 16: 571-589.

30. CALABRESE J.R., KIMMEL S.E., WOYSHVILLE M.J., RAPPORT D.J., FAUST C.J.,

THOMPSON P.A., MELTZER H.Y. Clozapine for treatment refractory mania. Am J

Psychiatry 1996; 153: 759-764.

31. Canadian Psychiatric Association. Clinical practice guidelines, treatment of schizophrenia.

Can J Psychiatry, 2005; 50:13.

32. CARPENTER W.T. Jr, HEINRICHS D.W., WAGMAN A.M. Deficit and nondeficit forms

of schizophrenia: the concept. Am J Psychiatry 1988: 145(5): 578-583.

33. CARPENTER W.T. Jr, HEINRICHS D.W., WAGMAN A.M. Deficit and non deficit forms

of schizophrenia: the concept. Am J Psychiatry 1995: 152(6): 827-832.

34. CARPENTER W.T. Jr, CONLEY R.R., BUCHANAN R.W. Patient response and ressource

management: another view of clozapine treatment of schizophrenia. Am J Psychiatry 2005;

152(6): 827-32.

35. CENTRE DE REFERENCE SUR LES AGENTS TERATOGENES (CRAT), rubrique

médicaments, clozapine, visible sur le site http://www.lecrat.org/.

36. CHENGAPPA K., EBELING T., KANG J. et al. Clozapine reduces severe self-mutilation

and agression in psychotic patients with borderline personnality disorder. J Clin Psychiatry,

1999; 60(7): 477-484.

37. CHOW E., BURY A., ROY S. et al. The effect of clozapine on aggression. APA, 1996

p.170.

38. CIAPPARELLI A., DELL’OSSO L., PINI S. Clozapine for treatment-resistant patients with

schizophrenia, schizoaffective disorder, and psychotic bipolar disorder: A naturalistic 24-month

follow-up study. J Clin Psychiatry 2000; 61: 329-334.

151

39. CIAPPARELLI A., DELL’OSSO L., BANDETTINI DI POGGIO A., CARMASSI C.,

CECCONI D., FENZI M. Clozapine in treatment-resistant patients with schizophrenia,

schizoaffective disorder, or psychotic bipolar disorder : A naturalistic 48-month follow-up

study. J Clin Psychiatry 2003; 64(4): 451-458.

40. COCCARO E.F. Central serotonin and impulsive aggression. Br J Psychiatry 1989; 155: 52-

62.

41. CONLEY R.R., CARPENTER W.T.Jr, TAMMINGA C.A. Time to clozapine response in a

standardized trial. Am J Psychiatry 1997; 154(9): 1243-1247.

42. CONLEY R.R., KELLY D.L., RICHARDSON C.M., TAMMINGA C.A., CARPENTER Jr

W.T. The efficacy of high-dose olanzapine versus clozapine in treatment-resistant

schizophrenia: a double-blind, crossover study. J Clin Psychopharmacology 2003; 23(6): 668–

71.

43. CONLEY R.R., KELLY D.L., LAMBERT T.J., LOVE R.C. Comparison of clozapine use in

Maryland and in Victoria, Australia. Psychiatr Serv, 2005; 56:320-323.

44. COSTENTIN J., PETIT M., DOLLFUS S. Incidents et accidents des neuroleptiques. In : Les

neuroleptiques. Costentin J., Petit M., Dollfus S., Paris. Ellipse 1987: 269-276.

45. COSTENTIN J. Aspects neurochimiques et pharmacologiques des schizophrénies.

L’hypothèse dopaminergique. In : Les schizophrénies : aspects actuels. Scotto J.C., Bougerol

T., Paris. Flammarion ; 1997 : 141-163.

46. DASSA D., KALADJAN A., AZORIN J.M. Clozapine in the treatment of psychotic

refractory depression. Br J Psychiatry 1993; 163: 822-824. In: medicaments antipsychotiques,

evolution ou revolution? Olié J.P., Daléry J., Azorin J.M., Paris. Acanthe; 2001:p431-446.

47. DE BEAUREPAIRE R. Les hypothèses de la psychiatrie biologique et mécanismes

biologiques d’action. In : médicaments antipsychotiques, évolution ou révolution ? Olié J.P.,

Daléry J., Azorin J.M., Paris. Acanthe; 2001: 23-47.

48. DEBRAY Q., GRANGER B., PRAX F. Histoire des thérapeutiques. In : thérapeutique

Psychiatrique. Sénon J.L., Sechter D., Richard D., Paris. Hermann ; 1995 : 1-20.

49. DELAY J., DENIKER P., HARL J.-M. Utilisation en thérapeutique psychiatrique d’une

phénothiazine d’action central sélective (4560RP). Ann Med Psychol 1952 ; 116(2) : 112-117.

50. DELAY J., DENIKER P. Caractéristiques psycho-physiologiques des médicaments

neuroleptiques. Rapport au Symp. Int. Sur les médicaments psychotropes. Milan 1957. In :

Psychotropics drugs, Elsevier, 485-501.

152

51. DIXON L., PERKINS M.D., CALMES C. Guideline watch (September 2009): Practice

guideline for the treatment of patients with schizophrenia. Visible sur le site:

http://psychiatryonline.org/.

52. DUGGAN A., WARNER J., KNAPP M., KERWIN R. Modeling the impact of clozapine on

suicide in patients with treatment-resistant schizophrenia in the UK. Br J Psychiatry 2003; 182:

505-508.

53. EXPERT CONSENSUS GUIDELINES SERIES, treatment of bipolar disorder. J Clin

Psychiatry 1996; 57(suppl.12A). Trouble bipolaire. In: medicaments antipsychotiques,

evolution ou revolution? Olié J.P., Daléry J., Azorin J.M., Paris. Acanthe; 2001:p431-446.

54. FOTTRELL E. A study of violence behavior among patients in psychiatric hospitals. Br J

Psychiatry 1980; 136: 216-221.

55. FRAKENBURG F.R.FRAKENBURG M.C., ZANARINI C. Clozapine treatment of

borderline patients: a preliminary study. Compr Psychiatry, 1993; 34(6): p. 402-5. 27.

56. FRYE M.A., KETTER T.A., BRITAN J.A. Clozapine in bipolar disorder: Treatment

implication for other atypical antipsychotics. J Affect Disord 1998; 48: 91-104.

57. GARERI P., DE FAZIO P., RUSSO E., MARIGLIANO N., DE FAZIO S., DE SARRO G.

The safety of clozapine in the elderly. Expert Opin Drug Saf 2008; 7(5): 525-538.

58. GLASSMAN A.H., BIGGER J.T. Jr. Antipsychotic drugs: prolonged QTc interval, torsade

de pointes, and sudden death. Am J Psychiatry 2001; 158(11): 1774-82. 43.

59. GLAZER W., DICKSON R. Clozapine reduces violence and persistent aggression in

schizophrenia. J Clin Psychiatry 1998; 59(suppl.3): 8-14.

60. GREEN A.I., TOHEN M., PATEL J.K., BANOV M., DURAND C., BERMAN I., et al.

Clozapine in the treatment of refractory psychotic mania. Am J Psychiatry 2000; 157: 982-986.

61. GROOTENS K.P., VERKES R.J. Emerging evidence for the use of atypical antipsychotics

in borderline personality disorder. Pharmacopsy 2005; 38(1):20-23.

62. GURY C., CANCEIL O., IARIA P. Antipsychotiques et sécurité cardio-vasculaire: données

actuelles sur les allongements de l’intervalle QT et le risqué d’arythmies ventriculaires.

Encéphale 2000 ; 26(6) : 62-72.

63. HARAMBURU F., BEGAUD B., BIANCHI D. Clozapine et agranulocytose: l’expérience

française à partir d’une étude de cohorte. 17e Journées de Pharmacovigilance, Paris, 1995.

64. HARDY-BAYLE M.C., OLIVIER V., SARFATI Y., CHEVALIER J.F. Approches

contemporaines de la Clinique des troubles schizophréniques. Encycl Méd Chir (Elsevier,

Paris), Psychiatrie, 37-282-A-20, 1996, 36p.

153

65. HAWTON K., SUTTON L., HAW C. et al. Schizophrenia and suicide: systematic review

and risk factors. Br J Psychiatry 2005; 187: 9-20.

66. HECTOR R.I. The use of clozapine in the treatment of aggressive schizophrenia. Can J

Psychiatry 1998; 43: 466-472.

67. HELLEWELL J.S.E. Treatment-resistant schizophrenia: Reviewing the option and

identifying the way forward. J Clin Psychiatry 1999; 60 (suppl. 23); 14-19.

68. HILTGEN S., MANTELET S., PINABEL F. et al. Etude rétrospective sur l’utilisation de la

clozapine en Île-de-France. Encéphale, 2006; 113:688-96.

69. HIPPIUS H. A historical perspective of clozapine. J Clin Psychiatry 1999; 60(suppl.12); 22-

23.

70. HONIGFELD G. The clozapine National Registry System: forty years of risk management.

J Clin Psychiatry 1996; 14: 29-32.

71. HONIGFELD G., ARELLANO F., SETHI J. et al. Reducing clozapine-related morbidity

and mortality: 5 years of experience with the Clozaril National Registry. J Clin Psychiatry

1998; 59 (suppl. 3): 3-7.

72. JALENQUES I., COUDERT A.J. Schizophrénies résistantes : Des problèmes de définition

aux applications thérapeutiques. Psychol Méd 1993 ; 25(1) :79-82.

73. JONES P.B., BARNES T.R., DAVIES L., DUNN G., LLOYD H., HAYHURST K.P., et al.

Randomized controlled trial of effect on quality of life of second-vs. first-generation

antipsychotic drugs in schizophrenia. Cost Utility of the Latest Antipsychotic Drugs in

Schizophrenia Study (CUtLASS 1). Arch Gen Psychiatry 2006; 63: 1079-1087.

74. JOSIASSEN R.C., SCHINDLER B. Medical comorbidity and schizophrenia: editor’s

introduction. Schizophr Bull 1996; 22 (3): 411-412.

75. KANE J., HONIGFELD G., SINGER J. MELTZER H. et al. Clozapine for the treatment-

resistant schizophrenic. A double-blind comparison with chlorpromazine. Arch Gen Psychiatry

1988; 45(9): 789-796.

76. KANE J.M., SAFFERMAN A., POLLACK S., JOHNS C. Clozapine, negative symptoms,

and extrapyramidal side effects. J Clin Psychiatry 1994; 55 (9, suppl. B):74-77.

77. KANE J.M. Schizophrenia. N Engl J Med 1996; 334: 34-41.

78. KANE J.M., MARDER S.R., SCHOOLER N.R., WIRSCHING W.C. Clozapine and

haloperidol in moderately refractory schizophrenia: A six month randomized and double-blind

comparison. Arch Gen Psychiatry 2001; 58(10): 965-972.

79. KANE J., LEUCHT S., CARPENTER D. et al. The Expert Consensus Guidelines Series:

Optimizing pharmacologic treatment of psychotic disorders. J Clin Psychiatry 2003; 64: 1-100.

154

80. KAPSEMBELIS V., GINESTET D. Les neuroleptiques. Encycl Med Chir, Psychiatrie, 37-

860-B-10, 1997, 22p.

81. KECK P.E., Mc ELROY S.L., STRAKOWSKI S.M. Anticonvulsivants and antipsychotics

in the treatment of bipolar disorder. J Clin Psychiatry 1998; 59 (suppl.6): 74-81.

82. KHAN A., KHAN S.R., LEVENTHAL R.M. et al. Symptom reduction and suicide risk

among patient treated with placebo in antipsychotic drug trials: An analysis of the Food and

Drug Administration database. Am J Psychiatry 2001; 158: 1449-1454.

83. KILLIAN J.G., KERR K., LAWRENCE C. et al. Myocarditis and cardiomyopathy

associated with clozapine. Lancet 1999; 354 (9193): 1841-5.

84. KRAKOWSKI M.I. Atypical antipsychotic agents in the treatment of violent patients with

schizophrenia and schizoaffective disorder. Arch Gen Psychiatry 2006; 63(6): 622-629.

85. KUMRA S., FRAZIER J.A., JACOBSEN L.K. et al. Childhood-onset schizophrenia. A

double-blind clozapine-haloperidol comparison [see comments]. Arch Gen Psychiatry, 1996;

53: 1090-1097.

86. KUMRA S., KRANZLER H., GERBINO-ROSEN G., KESTER H.M., DETHOMAS C.,

KAFANTRIS V., CORREL C.U., KANE J.M. Clozapine and “high-dose” olanzapine in

refractory early-onset schizophrenia: a 12 weeks randomized and double-blind comparison.

Biol Psychiatry 2008; 63(5):524–29.

87. LABAUNE J.-P. Pharmacocinétique. In : médicaments antipsychotiques, évolution ou

révolution ? Olié J.P., Daléry J., Azorin J.M., Paris. Acanthe; 2001: 171-188.

88. LANCON C. Dépression et schizophrénie. In : Les psychoses. Llorca P.M., Paris. John

Libbey Eurotext; 2001: 27-38.

89. LANCON C. Aspects historiques. In : Les psychoses. Llorca P.M., Paris. John Libbey

Eurotext; 2001: 1-26.

90. LANCON C., ROCH B., LLORCA P.M. Effets indésirables des neuroleptiques atypiques.

Un: médicaments antipsychotiques, évolution ou révolution? Olié J.P., Daléry J., Azorin J.M.,

Paris. Acanthe; 2001: 171-188.

91. LEHMAN A.F., STEINWACHS D.M. et al. Translating research into practice: the

Schizophrenia Patient Outcome Research Team (PORT). Treatment recommendations.

Schizophr Bull 1998; 24(1): 1-10.

92. LEMPERIERE Th., GINESTET D. Début et étapes de la découverte des neuroleptiques. In :

médicaments antipsychotiques, évolution ou révolution ? Olié J.P., Daléry J., Azorin J.M.,

Paris. Acanthe; 2001: 3-22.

155

93. LESLIE D.L., ROSENHECK R.A. Incidence of newly diagnosed diabetes attributable to

atypical antipsychotic medications. Am J Psychiatry 2004; 161: 1709-1711.

94. LEUCHT S., KOMOSSA KATJA M.D., RUMMEL-KLUGE C., CORVES C.M.D.,

HUNGER H., SCHMID F., et al. A meta-analysis of Head-to-Head Comparisons of second-

Generation Antipsychotics in the Treatment of Schizophrenia. Am J Psychiatry 2009; 166: 152-

163.

95. D.LEVOYER, J.P. MARTINET, A. BADICHE. Indications hors AMM de la clozapine,

revue des pratiques à partir d’une cohorte de 28 patients. Info Psy 2002 ; 7 : 704-714.

96. LIEBERMAN J.A., SAFFERMAN A.Z., POLLACK S., SZYMANSKI S. Clinical effects

of clozapine in chronic schizophrenia: Response to treatment and predictor of outcome. Am J

Psychiatry 1994; 151:1744-1752

97. LIEBERMAN J.A., SHEITMAN B., CHAKOS M., ROBINSON D., SCHOOLER N.,

KEITH S. The development of treatment resistance in patients with schizophrenia: A clinical

and pathophysiologic perspective. J Clin Psychopharmacol 1998; 18 (suppl.1): 20s-24s.

98. LIEBERMAN J.A. Maximizing clozpaine therapy: Managing side effects. J Clin Psychiatry

1998; 59: 38-43.

99. LINDENMAYER J.P., NATHAN A.M., SMITH R.C. Hyperglycemia associated with the

use of atypical antipsychotics. J Clin Psychiatry 2001; 62 (Suppl. 23): 30-8.

100. LINDENMAYER J.P., CZOBOR P., ALPHS L., NATHAN A.M., ANAND R., ISLAM Z.

et al. The InterSePT scale for suicidal thinking reliability and validity. Schizophr research

2003, 63: 161-170.

101. LINDSTROM L.H., LUNDBERG T. Long-term effect on outcome of clozapine in chronic

therapy-resistant schizophrenic patients. Eur Psychiatry 1997; 12(suppl.15): 353s-355s.

102. LLORCA P.M., BROUSSE G. Approches cognitive de la schizophrénie. In : Les psychoses.

Llorca P.M., Paris. John Libbey Eurotext ; 2001 : 49-57.

103. LLORCA P.M. Quel sont les agents pharmacologiques les mieux adaptés au traitement des

schizophrénies débutantes ? In : Conférence de consensus, Schizophrénies débutantes :

diagnostic et modalités thérapeutiques. Paris. Fédération Française de Psychiatrie ; 2003 : 231-

257.

104. LLORCA P.M., PERE J.J. Leponex®, 10 ans après-Une revue Clinique. Encéphale 2004 ;

XXX : 474-491.

156

105. LUND B.C., PERRY P.J., BROOKS J.M. et al. Clozapine use in patients with

schizophrenia and the risk of diabetes, hyperlipidemia, and hypertension: a claims-based

approach. Arch Gen Psychiatry 2001; 58 (12): 1172-6.

106. MAIER G.J. The impact of clozapine on 25 forensic patients. Bull Am Acad Psychiatry Law

1992; 20: 247-251.

107. MAMO D.C., M.D, M.Sc, FRCPC. Managing Suicidality in Schizophrenia. Can J

Psychiatry 2007; 52(suppl1): 59s-70s.

108. MARKOWITZ J.S., BROWN C.S., MOORE T.R. Atypical antipsychotics. Part I:

Pharmacology, pharmacokinetics, and efficacy. Ann Pharmacother 1999; 33: 73-85.

109. Mc ELROY S.L., DESAIN E.EC., POPE H. Clozapine in the treatment of psychotic mood

disorders, schizoaffective disorder and schizophrenia. J Clin Psychiatry 1991; 52: 411-414.

110. McELROY S.L., KECK P.E., STRAKOWSKI S.M. Mania, psychosis and antipsychotics. J

Clin Psychiatry 1996; 57(suppl.3): 14-26.

111. MELTZER H.Y. Clinical studies on the mechanism of action of clozapine: The dopamine-

serotonin hypothesis of schizophrenia. Psychopharmacol 1989; 99: s18-s27.

112. MELTZER H.Y., BASTANI B., KWON K., RAMIREZ L. A prospective study of clozapine

in treatment-resistant schizophrenic patients. Psychopharmacol 1989; 99: s68-s72.

113. MELTZER H.Y., BURNETT S., RAMIREZ L. Effects of six months of clozapine treatment

on the quality of life of chronic schizophrenic patients. Hosp Community Psychiatry 1990; 41:

892-897.

114. MELTZER H.Y. Dimension and outcome with clozapine. Br J Psychiatry 1992, 160 (suppl.

17): 46-53.

115. MELTZER H.Y. An overview of the mechanism of action of clozapine. J Clin Psychiatry

1994; 55(9 suppl.B): 47-52.

116. MELTZER H.Y. Clozapine: is another view valid? Am J Psychiatry 1995; 152(6): 821-825.

117. MELTZER H.Y., FATEMI H. Suicide in schizophrenia: The effect of clozapine. Clin

Neuropharmacol 1995; 18: s18-s24.

118. MELTZER H.Y., OKAILY G. Reduction of suicidality during clozapine treatment of

neuroleptic-resistant schizophrenia: Impact on risk-benefit assessment. Am J Psychiatry 1995;

152: 183-190.

119. MELTZER H.Y., SUMIYOSHI T. Les nouveaux antipsychotiques. Perspective clinique.

In : médicaments antipsychotiques, évolution ou révolution ? Olié J.P., Daléry J., Azorin J.M.,

Paris. Acanthe; 2001: 63-90.

157

120. MELTZER H.Y. Treatment of suicidality in schizophrenia. Ann NY Acad Sci 2001; 932: 44-

60.

121. MELTZER H.Y. Reducing the risk for suicide in schizophrenia and affective disorders. J

Clin Psychiatry 2003; 64(9): 1122-1129.

122. MELTZER H.Y., ALPHS L., et al. International suicide prevention trial study group.

Clozapine treatment for suicidality in schizophrenia: International suicide prevention trial. Arch

Gen Psychiatry 2003; 60(1): 82-91.

123. MELTZER H.Y., M.D. Suicide in Schizophrenia, Clozapine and Adoption of Evidence-

Based Medicine. J Clin Psychiatry 2005; 66(4): 530-533.

124. MERCUEL A., RAMPA S., DARDENNES R., GUELFI J.D., CAROLI F. Sémiologie des

conduites agressives. In : Encycl Med Chir (Elsevier, Paris), psychiatrie, 37-114-A-50,

1997,9p.

125. C.MERCIER, P.BRET, M.-C.BRET, QUEUILLE E. Enquête observationnelle de

prescription de la clozapine au centre Charles-Perrens à Bordeaux, plus de 15 ans après l’AMM

en France. L’encéphale, 2009 ; 35 : 321-329.

126. METTERLING T. Bodyweight gain with atypical antipsychotics. A comparative review.

Drug Saf 2001; 24 (1): 59-73.

127. McEVOY J.P., LIEBERMAN J.A., STROUPS T.S., DAVIS S.M., MELTZER H.Y.,

ROSENHECK R.A., et al. for the CATIE investigators. Effectiveness of clozapine versus

olanzapine, quetiapine, and risperidone in patients with chronic schizophrenia who did not

respond to prior atypical antipsychotic treatment. Am J Psychiatry 2006; 163(4):600–10.

128. MILLER D., PERRY P., CADORET R., ANDREASEN N. Clozapine’s effect on negative

symptoms in treatment-refractory schizophrenics. Compr Psychiatry 1994; 35: 8-15.

129. MILLER D.D.: Review and management of clozapine side effects. J Clin Psychiatry 2006;

61 (suppl. 8): 14-17.

130. MODESTIN J., DAL PPIAN D., AGARWALLA P. Clozapine diminishes suicidal

behavior: a retrospective evaluation of clinical records. J Clin Psychiatry 2005; 66: 534-538.

131. MOGHADDAM B. Preferential activation of cortical dopamine neurotransmission by

clozapine: functional significance. J Clin Psychiatry 1994; 55 (Suppl. B): 27-9.

132. MUNRO J., O’SULLIVAN D., ANDREWS C. et al. Active monitoring of 12,760 clozpaine

recipients in the UK and Ireland. Beyond pharmacovigilance. Br J Psychiatry 1999; 175: 576-

580.

158

133. MURPHY B.P., CHUNG Y.C., PARK T.W., McGORRY P.D. Pharmacological treatment

of primary negative symptoms in schizophrenia: a systematic review. Schiz research, 2006; 88:

5-25.

134. NAHEED M., GREEN B. Focus on clozapine. Curr Med Res Opin 2001; 171(3): 223-229.

135. National Institute for health and Clinical Excellence. Core interventions in the treatment and

management of schizophrenia in primary and secondary care (clinical guideline 1). London,

England: National Institute for health and Clinical Excellence; 2002.

136. NIELSEN J., DAHM M., LUBLIN H., TAYLOR D. Psychiatrist’s attitude towards and

knowledge of clozapine treatment. J Psychopharm, 2010; 7:965-971.

137. NORDENTOFT M., JEPPESEN P., ABEL M., et al. OPUS study: suicidal behavior,

suicidal ideation and hopelessness among patients with first episode psychosis : one-year

follow-up of a randomized controlled trial. Br J Psychiatry 2000 (suppl.); 43: s98-s106.

138. NOVARTIS. Leponex (clozapine) en pratique. Novartis Pharma S.A. 1997.

139. PARKER G.F. Clozapine and borderline personality disorder. Psychiatr Serv 2002; 53(3):

348-349.25.

140. PATRICK V., LEVIN E., SCHLEIFER S. Antipsychotic polypharmacy: is there evidence

for its use. J Psychiatr Pract, 2005; 11:248-257.

141. PERE J.J., CHAUMET-RIFFAUD P., BOURDEIX J. et al. La clozapine en France. Inf

Psychiatr 1993 ; 4 :389-97.

142. PETIT H. Les nouveaux antipsychotiques et affections neurologiques. In : Médicaments

antipsychotiques, évolution ou révolution ? Olié J.P., Daléry J., Azorin J.M., Paris. Acanthe;

2001: 559-572.

143. PEUSKENS J. The evolving definition of treatment resistance. J Clin Psychiatry 1999; 60

(suppl.12): 4-8.

144. POLLACK P., DESTEE A., TISON F. et al. Clozapine in drug-induced psychosis in

Parkinson’s disease. The lancet 1999; 353: 2041-2042.

145. RABINOWITZ J., AVNON M., ROSENBERG V. Effect of clozapine on physical and

verbal agression. Schizophr Res 1996; 22: 249-255.

146. RANJAN R., MELTZER H.Y. Acute and long-term effectiveness of clozapine in treatment-

resistant psychotic depression. Biol Psychiatry 2006;40: 253-258.

147. REID W.H., MASON M., HOGAN T. Suicide prevention effects associated with clozpaine

therapy in schizophrenia and schizoaffective disorder. Psychiatr Serv 1998; 40:1029-1033.

148. ROBERT M.A., HIRSCHFELD M.D. The efficacy of Atypical Antipsychotics in Bipolar

Disorders J Clin Psychiatry 2003; 64 (suppl. 8).

159

149. ROSENHECK R., DUNN L., PESZKE M., CRAMER J. Impact of clozapine on negative

symptoms and on the deficit syndrome in refractory schizophrenia. Am J Psychiatry 1999; 156:

88-93.

150. SAMUEL-LAJEUNESSE B., HEIM A. Psychoses délirantes aiguës. Encycl Med Chir,

Psychiatry, 37-230-A-10, 1994, 9p.

151. SCHULTE P. What is an adequate trial with clozapine? Clin Pharmacokinet 2003; 42(7):

607-618.

152. SERNYAK M.J., DESAI R., STOLAR M. et al. Impact of clozapine on completed suicide.

Am J Psychiatry 2001; 158 (6): 931-7.

153. SHAH F., FINEBERG N.A., JAMES D.V. Violence among psychiatric inpatients. Acta

Psychiatr Scand 1991; 84: 305-309.

154. C.I.SHRIQUI. Médicaments antipsychotiques, troubles de personnalité, conduites

d’agitation, conduites suicidaires et addictions. In : Médicaments antipsychotiques, évolution ou

révolution ? Olié J.P., Daléry J., Azorin J.M. Paris. Acanthe ; 2001 : 467-488.

155. SIEVER L., TRESTMAN R.L. The serotonin system and aggressive personality disorder.

Int Clin psychopharmacol 1993; 8(2): 33-39.

156. SIRIS SG. Suicide and schizophrenia. J Psychopharmacol 2001; 15: 127-135.

157. SPIVAK B., MESTER R., WITTENBERG., MAMAN Z., WEIZMAN A. Reduction of

aggressiveness and impulsiveness during clozapine treatment in chronic neuroleptic-resistant

schizophrenic patients. Clin Neuropharmacol 1997; 20(5); 442-446.

158. SPIVAK B., ROITMAN S., VERED Y., MESTER R., GRAFF E., TALMON Y.

Diminished suicidal and aggressive behavior, high plasma norephedrine levels, and serum

triglyceride levels in chronic neuroleptic-resistant schizophrenic patients maintained on

clozapine. Clin Neuropharmacol 1998; 24(4): 245-250.

159. STAHL S.M. Neuroleptiques et antipsychotiques. In : Psychopharmacologie essentielle.

Stahl S.M., Paris. Flammarion ; 2002 : 401-458.

160. SUPPES T., WEBB A., PAUL B., CARMODY., KRAEMER H., RUSH A.J. Clinical

outcome in a randomized 1-year trail of clozapine versus treatment as usual for patients with

treatment-resistant illness and a history of mania. Am J Psychiatry 1999; 156: 1164-1169.

161. TASSIN J.P. Réceptologie animale in vitro et in vivo : la cascade monoaminergique. In :

médicaments antipsychotiques, évolution ou révolution ? Olié J.P., Daléry J., Azorin J.M.,

Paris. Acanthe; 2001:93-108.

162. TAYLOR D.M., YOUNG C., PATON C. Prior antipsychotic prescribing in patients

currently receiving clozapine: a case note review. J Clin Psychiatry 2003; 64: 30-34.

160

163. TAYLOR D.M., SMITH L., GEE S.H.,NIELSEN J. Augmentation of clozapine with a

second antipsychotic- a meta-analysis. Acta Psychiatr Scand 2012; 125: 15-24.

164. The European Agency for the Evaluation of Medicinal Products (EMEA). Leponex and

associated names. London, November 2002.

165. Texas Medical Algorithm Project (TMAP): MOORE T.A. et al. The Texas Medication

Algorithm Project Antipsychotic Algorithm for Schizophrenia: 2006 update. J Clin Psychiatry

2007; 68: 1751-1762.

166. THE PARKINSON STUDY GROUP. Low-dose for the treatment of drug-induced

psychosis in Parkinson’s disease. N Engl J Med 1999; 340: 757-763.

167. THE SPECIAL HOSPITAL’S TREATMENT RESISTANT SCHIZOPHRENIA

RESEARCH GROUPE. Schizophrenia, violence, clozapine, and rispéridone: A review. Br J

Psychiatry 1996; 169 (suppl. 31): 21-30.

168. TIIHONEN J., HALLIKAINEN T., RYYNANEN O.P., REPO-TIIHONEN, KOTILAINEN

I., ERONEN M.,et al. Lamotrigine in treatment-resistant schizophrenia : a randomized placebo-

controlled crossover trial. Biol Psychiatry, 2003; 54:1241-1248.

169. TIIHONEN J., LÖNNQVIST J., WAHLBECK K., et al. 11-year follow-up of mortality in

patients with schizophrenia: a population-based cohort study (FIN11 study). Lancet 2009; 374:

620-627.

170. TOLLEFSON G.D., BIRKETT M.A., KIESLER G.M. et al. Double-blind comparison of

olanzapine versus clozapine in schizophrenic patients clinically eligible for treatment with

clozapine. Biol Psychiatry 2001; 49 (1): 52-63.

171. TOLLEFSON G.S., SANGER T.M., LU Y. depressive signs and symptoms in

schizophrenia: A prospective blinded trial of olanzapine and haloperidol. Arch Gen Psychiatry

1998; 55: 250-258.

172. TRAN P.V., HAMILTON S.H., KUNTZ A.J. et al. Double-blind comparison of olanzapine

versus risperidone in treatment of schizophrenia and other psychotic disorders. J Clin

Psychopharmacol 1997; 17: 407-418.

173. TROSCH R.M., FRIEDMAN J.H., LANNON M.C., et al. Clozapine use in Parkinson’s

disease: a retrospective analysis of a large multicentered clinical experience. Mov Disord 1998;

13: 377-382.

174. VANELLE J.M., AMALRIC I. Schizophrénies résistantes. Encycl Med Chir, Psychiatrie,

37-295-E-30, 1994, 4p.

175. VERDOUX H., GONZALES B. Trouble bipolaire. In: medicaments antipsychotiques,

evolution ou revolution? Olié J.P., Daléry J., Azorin J.M., Paris. Acanthe; 2001: p431-446.

161

176. Dictionnaire Vidal 1992.

177. Dictionnaire Vidal 2004.

178. VOLAVKA J., MAGNO ZITO J., VITRAI J., CZOBOR P. Clozapine effects on hostility

and agression in schizophrenia. J Clin Psychopharmacol 1993; 13(4): 187-189.

179. WAHLBECK K., CHEINE M., ESSALI A. et al. Evidence of clozapine’s effectiveness in

schizophrenia: a systematic review and meta-analysis of randomized trials. Am J Psychiatry

1998; 156(7): 990-999.

180. WALKER A.M., LANZA L.L., ARELLANO F. et al. Mortality in current and former users

of clozapine. Epidemiology 1997; 8(6): 671-7.

181. WANG P.S., GLYNN R.J., GANZ D.A. et al. Clozapine use and risk of diabetes mellitus. J

Clin Psychopharmacol 2002; 22 (3): 236-43.

182. YOUNG C.R., LONGHUSRT J.G., BOWERS M.D., MAZURE C.M. The extending

indications for clozapine. Experimental and clinical Psychopharmacology 1997; 5(3): 216-234.

183. YOUNG C.R., BOWERS M.B., MAZURE C.M. Management of the adverse effects of

clozapine. Schizophrenia Bull 1998; 24: 381-390.

184. ZARATE C.A., TOGEN M., BALDESSARINI RJ. Clozapine in severe mood disorders. J

Clin Psychiatry 1995; 56: 411-417.

185. ZOCCALI R., MUSCATELLO M.R., BRUNO A., CAMBRIA R., MICO U., SPINA E. et

al. The effect of lamotrigine augmentation of clozapine in a sample of treatment-resistant

schizophrenic patients: a double-blind, placebo-controlled study. Schizophr Res, 2007; 93:109-

116.

162

ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE ENVOYE AUX PSYCHIATRES

QUESTIONNAIRE SUR LA CLOZAPINE

Prescription personnelle de la clozapine

-Donnez le nombre de patients que vous avez suivis traités par clozapine au cours

des 3 derniers mois (en ambulatoire ou en hospitalisation)

0 de 1 à 10 de 11 à 20 plus de 20

-A quand remonte votre dernière prescription de clozapine ?

Dernier mois 3 derniers mois 6 derniers mois

dernière année Plus d’un an jamais prescrit

-Quelle est votre expérience en nombre d’années en psychiatrie générale ?

-Orientation psychiatrique préférentielle

Psychothérapie analytique neurobiologique

- Sur une échelle de 0 à 10, où situez-vous l’efficacité de la clozapine ?

(0=inefficacité ; 10=efficacité totale)

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

-Sur une échelle de 0 à 10, où situez-vous la sûreté de la clozapine ? (0=pas sûre

du tout ; 10=totalement sûre)

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

163

-Quels sont les diagnostics principaux selon les critères du DSM-IV vous ayant

amené à la prescription de clozapine ? (plusieurs réponses possibles)

Schizophrénie dépression trouble bipolaire Autre, préciser

- Quelle est la posologie moyenne de clozapine que vous utilisez par jour chez vos

patients ? (réponse en mg/j)

-Quel est le principal motif pour lequel vous avez arrêté la clozapine chez vos

patients?

Inefficacité intolérance inobservance autre

- Prescrivez vous de préférence la clozapine seule ou en association

médicamenteuse ?(en dehors de la phase aigüe)

Seule en association

- Sur une échelle de 0 à 10 où situez-vous globalement la satisfaction des patients

concernant leur traitement par clozapine ? (0=insatisfaction totale ;

10=satisfaction totale)

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

-Par ordre croissant citez les trois problèmes les plus importants rencontrés lors

de votre prescription de clozapine ?

1)

2)

3)

164

La clozapine en théorie

-Selon les recommandations après combien de traitements neuroleptiques la

clozapine doit-elle être envisagée ?

-Quelle est la posologie maximale recommandée ?(En mg/jour)

-Quel est le risque d’agranulocytose sous clozapine ? (par an et par patient)

Aucun 0 à 1% 1 à 2% 5 à 10% 10 à 30% plus de 30%

- A quelle période ce risque est-il le plus élevé ?

Durant le 1er mois du 2ème au 3ème mois du 3ème au 6ème

Tout le temps

-Citez parmi les antipsychotiques, les 3 plus pourvoyeurs de prise de poids, en les

classant par ordre croissant ?

1)

2)

3)

Votre prescription de clozapine

-A partir de quand dans votre pratique quotidienne, envisagez-vous un traitement

par clozapine ?

Jamais en 1ère intention

en 2ème intention (après un 1er traitement neuroleptique

en 3ème intention ou plus (après 2 neuroleptiques ou plus)

-L’usage d’un antipsychotique typique précède-t-il systématiquement votre

prescription de clozapine ?

Oui non

165

-Utilisez-vous systématiquement une association médicamenteuse de deux

neuroleptiques avant l’usage de clozapine ?

Oui non

- Quelle posologie maximale de clozapine prescrivez-vous ?(en mg/j)

-Quand réalisez-vous un dosage de clozapine ?

Systématiquement En cas de non réponse au traitement

Autre (préciser) :

-Parmi vos patients, y en a-t-il qui présentent des indications à la clozapine et qui

ne seraient pas traités par clozapine ? Oui Non

-Si oui, pourquoi ?

Conduite en cas d’échec d’un traitement par clozapine à doses maximales

-Une fois la posologie maximale de clozapine atteinte, quel délai vous fixez-vous

avant d’envisager une modification thérapeutique ?

0 à 2 mois 2 à 4 mois 4 à 6 mois plus de 6 mois

-A propos de votre stratégie de traitement en cas de non réponse à la clozapine

(après avoir écarté l’hypothèse d’une mauvaise observance)

1) en cas de persistance de symptômes positifs, quel traitement associez-vous ?

Un antipsychotique atypique Un antipsychotique typique

Un antidépresseur ECT

Remplacement de la clozapine par un autre neuroleptique

Autre, préciser :

166

2) En cas de persistance de symptômes négatifs ?

Un antipsychotique atypique Un antipsychotique typique

Un antidépresseur ECT

Remplacement par un autre neuroleptique

Autre, préciser :

167

168