La caricature sous l’Ancien régime - Science en toute...

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La caricature sous l’Ancien régime Le mot caricatura (du latin populaire caricare, charger, exagérer, lui-même issu du gaulois carrus, char) a été employé pour la première fois dans la préface d’un album d’Annibal Carrache en 1646. Il donnera les mots français charge et caricature, ce dernier mot apparaissant pour la première fois dans les Mémoires de d'Argenson en 1740.

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La caricature sous l’Ancien régime

Le mot caricatura (du latin populaire caricare, charger, exagérer, lui-même issu du gaulois carrus, char) a été

employé pour la première fois dans la préface d’un album d’Annibal Carrache en 1646. Il donnera les mots français charge et caricature, ce dernier mot

apparaissant pour la première fois dans les Mémoires de d'Argenson en 1740.

A cette époque, le pouvoir du roi est absolu : on parle de monarchie absolue Celui-ci prétend ne tenir sa couronne que de Dieu d’où monarchie de droit divin. Il est le lieutenant de Dieu sur Terre. Il n'est contrôlé par personne, il possède les 3 pouvoirs Pour sa cour, il dépense énormément d'argent en cadeaux, pensions (une sorte de "salaire" donné aux nobles qui ne travaillent pas !) et fêtes grandioses. La société française est divisée en trois ordres. La noblesse et le clergé (520 000 personnes) sont des ordres privilégiés qui ne paient pas d'impôts. Autour du roi, ils vivent luxueusement et occupent les plus hautes fonctions. En province, les nobles sont moins riches et vivent de leurs droits féodaux. Le haut-clergé (archevêques, évêques, cardinaux, abbés) vit souvent à la cour: ceux-là sont riches. Le bas-clergé (curés, vicaires, moines) est pauvre. Le troisième ordre, le Tiers Etat (plus de 25 millions de personnes) paie les impôts et ne participe pas au gouvernement. Les bourgeois, aisés et parfois très riches voudraient jouer un rôle politique. Les artisans aimeraient plus de liberté dans leur travail. Les paysans (80% des Français) vivent souvent dans des conditions misérables et croulent sous les impôts de toutes sortes !

Ceux qui prient : le clergé

Ceux se battent : la noblesse

Ceux qui travaillent : le tiers-état

Dès le Moyen Âge, les érudits du clergé organisent les cadres d'un système social qui devrait garantir l'harmonie et la paix du royaume ; au début du XIe siècle, des évêques comme Adalbéron de Laon posent les bases de la théorie des ordres : « ceux qui prient » (oratores), « ceux qui combattent » (bellatores) et « ceux qui travaillent » (laboratores) composent la société française dominée par le roi. Chacun des trois ordres doit être complémentaire des deux autres : le clergé prie pour le salut des laïcs ; les chevaliers mettent leurs armes au service de l'Église et protègent les faibles ; enfin, les paysans cultivent la terre pour nourrir les deux premiers ordres. Le catholicisme est la religion de l'État et du souverain. « Un roi, une loi, une foi ».

Cette caricature dénonce l’inégalité de la société d’ordre. Le Tiers-état, ici représenté sous l’apparence d’un viel homme usé, de sa poche dépasse des papiers où l’on peut lire les taxes qu’il est le seul à payer : taille, corvées… Sur son dos, les deux ordres privilégiés du clergé et de la noblesse. De la poche du clerc sort ses titres de noblesse et ses fonctions (abbé…). Derrière lui le noble, vêtu à la mode avec sa fraise comme les « mignons d’Henri III, sur son épée est écrit « rougie de sang », rappelant son rôle de guerrier (que ses vêtements remettent en cause).

Les trois personnages, avec leurs habits, représentent les trois ordres qui composent la société française avant la Révolution : le clergé, la noblesse, le tiers état. La pierre, sur laquelle se tiennent le clergé et la noblesse représente les impôts payés par le tiers état. En représentant la personne du tiers état écrasée par la pierre, on veut expliquer que le tiers état paie trop d'impôts et qu'il souffre de cette situation. En plaçant sur cette pierre et en hauteur le clerc et le noble qui piétinent la personne du tiers état, on veut montrer que ces deux ordres dominent le troisième. Ils sont également responsables du nombre trop important d'impôts et de leur montant élevé. De plus, ils font payer des impôts au tiers état et en paient pas,

Caricature des trois ordres de la société de l'Ancien Régime Cette caricature de 1789 évoque les trois ordres (clergé, noblesse et tiers état) de la société de l'Ancien Régime. Photothèque Hachette / De Selva

Cette estampe présente les 3 ordres : Les deux ordres privilégiés sont sur un promontoire, au sommet la noblesse vêtue richement gilet et veste brodés d’or, chemise à jabot, bicorne avec plumes, culotte assortie , bas ,,,Il tient à la main son épée, symbole de son ordre les bellatores ou combattants, Le clergé , un escalier plus bas que la noblesse, est vêtue d’une soutane avec capeline (sorte de châle) et d’une chasuble brodée, Il tient peut être en main une bible, A leurs pieds, un paysan, vêtue simplement, s’appuyant sur sa bêche (outil de son labeur quotidien), croulant sous le poids d’une hotte pleine de verdure et d’outils, Il est pourchassé par les animaux (chiens et singe) des ordres privilégiés, Pourtant, il tient une lanterne (lumière = espoir en un avenir meilleur) et au bas de ce document, nous pouvons lire « ça ne durera pas toujours », prédiction…

Tiers-Etat

Clergé et Noblesse

QUELQUES IMPOTS PAYES POUR

L’ESSENTIEL PAR LE

TIERS-ETAT

A la chute de l'Ancien régime, de violentes caricatures et autres pamphlets discréditent la famille royale, en particulier Marie-Antoinette, surnommée avec mépris "l'Autrichienne" ou "Madame Déficit". La reine déchue, accusée d'être responsable des maux du pays, devient la cible privilégiée des attaques populaires. Anonyme, Enjambée de la Sainte Famille des Thuilleries à Montmidy, eau-forte coloriée sur papier bleu, gravure, Bibliothèque nationale de France, Département des Estampes et de la Photographie. © Bibliothèque nationale de France

Autres formes d’iconographie

pendant la révolution