Kiblind#32

68
Kiblind magazine Gratuit Numéro 32 Septembre-Octobre 10 Culture Blender www.kiblind.com

description

Septembre-Octobre 2010

Transcript of Kiblind#32

Kib

lind

mag

azin

eG

ratu

itN

umér

o 32

Sept

embr

e-O

ctob

re 1

0C

ultu

re B

lend

erw

ww

.kib

lind.

com

ÉDITO

VU PAR... Jérôme Ruskin

REVUE DE PRESSERévolution

ARCHITECTUREBuildingBuilding

DOSSIERPanoramique

GLOBEPrix parodiques

PAGES BLANCHESRichard Mosse + Di Liu

Gabriel DumoulinBenoît Bodhuin

Émile SacréJean-Marc Forax

6

8Jérôme Ruskin

10Révolution

12BuildingBuilding

14Panoramique

20Prix parodiques

23Richard Mosse + Di Liu Gabriel DumoulinBenoît BodhuinÉmile SacréJean-Marc Forax

KIBLIND N°32SEPTEMBRE - OCTOBRE 10

COUVERTURE / TEREZA VLCKOVA

Jeune photographe tchèque, Tereza Vlckova est l'une des 80 artistes exposés au Musée de l'Élysée de Lausanne, à l'occasion de l'exposition reGeneration2, et figure parmi les sélectionnés du Lacoste Élysée Prize. Sa série Un jour parfait, Élise... présente des jeunes filles qui flirtent poétiquement avec la gravité.L'exposition se poursuit jusqu'au 26 septembre.www.elysee.ch

STAFF /Directeur de la publication > Jérémie MartinezRédacteurs en chef > Jérémie Martinez + Jean Tourette + Gabriel Viry Rédaction Kiblind > Gabriel Viry + Jean Tourette + Jérémie Martinez + Maxime Gueugneau + Olivier Trias + Matthieu Sandjivy + Marine Morin. Merci à Anaïs Bourgeois + Franz Bone + Jean-Louis Musy/Librairie Expérience + Guillaume Vonthron

Cahier Mode > Direction artistique : Baptiste Viry + Photographe : Mara Zampariolo + Styliste : Ilene Hacker + Make-up : Florence Depestele + Hair : Makiko Nara + Modèle s: Milou@Next & Maria@Just WM

35

36Truning PagesMon meilleur ami + Volume#1 + Double page + Hyper Trophy + Château de sable + Pied de biche

40Z comme Zéro + Born to be Glide + Undergroung + Arte sous amphèt'' + Alien Swarm + Demon Soul’s + KL2 + Mafia 2 + Scott Pilgrim + Seasons

45Arte poveraDark Chapter

60

66

LOUCHE ACTUALITÉS

PRINTTruning Pages

Mon meilleur ami + Volume#1 + Double page + Hyper Trophy + Château de sable + Pied de biche

ÉCRANZ comme Zéro + Born to be Glide + Undergroung + Arte

sous amphèt'' + Alien Swarm + Demon Soul’s + KL2 + Mafia 2 +

Scott Pilgrim + Seasons

CAHIER MODEArte povera

Dark Chapter

BAZART

ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES

Direction artistique > Klar (agence-klar.com)Avec la participation de : Arnaud Giroud (pitaya-design.com) + Kinga Sofalvi (kingasofalvi.com) + Simon Bournel-Bosson (simonbournel.blogspot.com) + Marie Bienaimé (blog.mariebienaime.fr) + Claire Panel

Relecture > Frédéric Gude

Directeur de la communication > Gabriel ViryDirecteur commercial > Jean Tourette

INFOS/Imprimerie JM. Barbou / ZAE Bondy Sud - 8 rue Marcel Dassault - 93147 Bondy Cedex / 01 48 02 14 14 / [email protected]

Le magazine Kiblind est édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Corp. / SARL au capital de 15 000 euros / 507 472 249 RCS Lyon / 4 rue des Pierres Plantées - 69001 Lyon / 04 78 27 69 82 / www.kiblind.com

Le magazine est diffusé à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Nantes, Lille, Strasbourg, Bruxelles et Genève.Ce numéro comprend un supplément spécial pour la région Rhône-Alpes.

ISSN : 1628-4046 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. It's time for fight.Contact : [email protected]

04

SOMMAIRE

T/ M. SandjivyI/ S. Bournel-Bosson

06

ÉDITO

T/ M. SandjivyI/ S. Bournel-Bosson

FRANCE,

LÈVE-T

OI ET

MARCHEEEE

FRANCE,

LÈVE-T

OI ET

MARCHE

FRANCE,

LÈVE-T

OI ET

MARCHEEEE

5 € de livre + 5 € de magazine + 5 € de BD

15 €

P R OS P

EC

TI V

E +

UT

OPIE + LABO

RAT

OIR

E •

FU

T U R •

n°2/12 automne 20 10

RACOnTEnT LE PRéSEnT • ExPLOREnT LE fuTuR

D é C

RYP

TA

GE

+ U

CH

RO

NIE + OBSERVATOIR

E •

PR

É

S E N T •

P R É S E N T

DOSSIER Usbek & Rica rouvrent le débat sur l’identité nationale

•Ségolène Royal, Tiger Woods, Gordon Brown…

la grande vague des excuses publiques•

Et si l’état palestinien était né en 1947 ?•

« Ne deviens pas journaliste », une nouvelle inédite de Colum McCann

F U T U R

DOSSIER Tout ce qu’un robot peut faire, il doit le faire•

Pour ou contre une langue universelle ?•

Bernard Werber : « Ce sont les mécontents qui font bouger les choses »

•Il faut fermer les prisons

B D

épisode no2 | Le grand témoinUsbek et Rica partent à la recherche de la personnalité la plus marquante de notre temps

pour l’emmener avec eux dans le futur. Qui acceptera de les accompagner dans ce passionnant voyage ? Barack Obama, Juliette Binoche ou éric Zemmour ?

Nu

ro

2

FR

AN

CE

Au

To

mN

E 2

010

RO

BO

TS

lE RoboT

uN ESClAvE QuI vOuS vEuT Du BIENISBN / 978-2-9536276-3-3

GÉOP OLITIQUE • TECHNOLOGIE • ENVIRONNEMENT • CULTURE • SOCIÉTÉ

Kiblind / Comment est né le projet ?

Jérôme Ruskin / Il date de 2006. J’étudiais la sociologie des médias à l’EHESS*, un énorme « kibboutz » intel-lectuel, foisonnant et très utile pour la société mais dont, finalement, personne ne profite. Ma problématique, à l’origine, c’était : comment démocratiser les publications existantes sur le terrain des idées (Esprit, La Revue des deux monde, etc.), en les rendant accessibles au grand public ? À partir de 2008 et pendant plus de deux ans, nous avons bossé, avec une petite équipe très soudée, sur ce projet. Cela a donné un nouvel objet, une revue hybride entre un magazine et un livre (« mook »), qui consacre 100 pages à raconter le présent et 100 pages à explorer le futur.

K / D’où vient ce « concept » éditorial ?

JR / Parler du futur présente plusieurs avantages, confor-mément à nos ambitions de départ. Tout d’abord, dans un contexte où la crise de la presse s’explique notamment par un problème de renouvellement de l’offre éditoriale (L’Obs fait du Nouvel Obs depuis des années !), le futur permet, intrinsèquement, d’être en avance par rapport à ce qui se fait. Ensuite, il y a une motivation plus « politique », liée sûrement à nos parcours universitaires, intellectuels voire militants, avec l’idée de faire une revue un peu plus engagée et engageante. Nous avons des choses à dire et à défendre. Or, réfléchir au monde de demain est, en soi, un acte militant. Dans le numéro deux, par exemple, nous publions un sujet, au futur, sur la fermeture des prisons.

K / Pourquoi avoir repris les personnages de Montesquieu, Usbek & Rica ?

BELLE, INTELLIGENTE ET « CONNECTÉE », LA REVUE USBEK & RICA EST UN NOUVEL OVNI DANS LE PAYSAGE MÉDIATIQUE FRANÇAIS. RASSUREZ-VOUS : DERRIÈRE TOUT ÇA, JÉRÔME RUSKIN N’EST PAS LE FRÈRE CACHÉ D’IGOR ET GRICHKA…

Itw / G. ViryVisuel : Couverture de la Revue Usbek & Rica n°2

JÉRÔME RUSKIN

VU PAR

09

JR / Depuis longtemps, je suis convaincu que la bande dessinée est un formidable outil de démocratisation. Elle n’est pas encore assez exploitée dans les médias, même si on la voit apparaître dans les cahiers d’été des grands quotidiens. Quand on a commencé à chercher des per-sonnages pouvant faire l’objet d’une BD, Usbek & Rica se sont imposés de façon très naturelle. C’était d’abord un moyen de retourner aux fondamentaux, avec Montes-quieu et l’esprit des Lumières : dans Les Lettres persanes, Usbek & Rica arrivent chez nous, de nulle part, et nous regardent avec un œil irrévérencieux. Dans le magazine, on a choisi de les faire venir du futur, mais les ressorts sont identiques : l’étonnement philosophique et l’air faussement naïf qui, en fait, est extrêmement critique. Par ailleurs, sur le plan graphique et sonore, « Usbek & Rica », ça a, pour nous, de l’impact : même si le nom peut paraître difficile d’accès au début, une fois intégré, il peut très bien « fonctionner ». Derrière ce choix, enfin, il y a la volonté de créer une marque. On aurait pu s’appeler Le Magazine du futur mais, dans mon idée, l’innovation de presse n’est qu’un point de départ. J’aimerais qu’on soit capables de la décliner sur d’autres supports, comme une série d’animation ou des documentaires sur le futur.

K / La revue est également très innovante sur les plans graphique et visuel…

JR / L’aspect visuel est crucial pour, encore une fois, rendre les choses accessibles et sexy. L’objectif, dès l’origine du projet, était de créer un support à la fois élégant et lu-dique. Cela passe par l’image, la photo, l’illustration, les « gimmicks » graphiques, etc. On travaille avec François Olislaeger, pour la bande dessinée et avec gr20, un col-lectif parisien de trois directeurs artistiques, dont c’est le premier projet commun. Ils vont faire les douze numéros avec un brief très clair : renouveler, en permanence, les illustrateurs, les intervenants graphiques pour créer, à chaque parution, de la surprise.

K / Vous programmez « seulement » 12 numéros. Pourquoi ?JR / En fait, on a conçu la publication comme une véritable série. À la télé, les meilleures séries sont écrites quand elles connaissent leur fin. C’est pareil pour nous : on travaille sur un scénario, une BD, et on a décidé de construire notre aventure sur douze numéros, dont le premier est sorti au mois de juin. C’est la même chose pour les textes ; cela permet de savoir d’emblée où on veut aller, de travailler sur l’essentiel et d’avoir une très forte exigence au niveau des sujets. Pour résumer, c’est un projet éphémère, sur

trois ans. Après, on se renouvellera sur d’autres supports, sur une nouvelle formule et sûrement d’autres projets…

K / À l’instar d’Usbek & Rica, l’avenir des revues passe-t-il par les librairies ?

JR / Comme je l’expliquais, le projet a été conçu sur le modèle de revues qui étaient déjà diffusées en librairie. Entre temps, en 2008, le magazine XXI est arrivé, avec le succès que l’on connaît. Dans un premier temps, je me suis dit : « quelqu’un l’a fait ». Mais, en réalité, ça nous a beaucoup servi, notamment pour constater que la diffusion en librairies est devenue un modèle économique très pertinent. C’est du gagnant-gagnant. Contrairement aux kiosquiers, les libraires ont un vrai pouvoir de pres-cription : un produit qu’ils soutiennent a de fortes chances de réussir et d’être vendu. Dans l’autre sens, les libraires sentent qu’il y a un nouveau marché de la revue grand public. XXI, par exemple, est un best-seller, dès qu’il sort. De notre côté, on n’a pas encore assez de recul sur les chiffres, mais on est en train de constituer notre audience et les retours sont très encourageants.

K / On vous compare souvent à XXI ?

JR / Oui et c’est très flatteur. Le magazine existe depuis trois ans et sa qualité est reconnue de tous. Après, on ne fait pas vraiment le même métier : nous ne sommes pas journalistes ! Plus largement, au-delà de la spécificité des supports, les mooks se multiplient. Aux États-Unis, par exemple, il y a de très bonnes revues, sur ce modèle. En France, il y a eu d’autres choses avant XXI, comme Le Mook des éditions Autrement et plein d’autres à venir. Je pense notamment à Propos Magazine qui va sortir, sur le même concept que XXI, début octobre. Bref, c’est véritablement un nouveau genre en train de se créer, en librairie. Et peut-être une partie de la réponse à la crise de la presse.

Usbek & Rica est disponible, en librairie, dans toute la France : 5 euros de livre, 5 euros de magazine, 5 euros de BD. Possibilité de « feuilleter » la revue sur Internet et de suivre la série animée. Au sommaire du numéro 2 (septembre 2010) :Présent : l’identité nationale + la grande vague des excuses publiques + Et si l’état palestinien était né en 1947 ? + une nouvelle inédite de Colum McCann : Ne deviens pas journaliste.Futur : Tout ce qu’un robot peut faire, il doit le faire + Pour ou contre une langue universelle ? + Bernard Werber + Il faut fermer les prisons.

www.usbek-et-rica.fr

Sources :

Bernard Jarillot,

« L’électronicien devenu

poète », Le Journal de

Saône-et-Loire, 13/6 ;

« Autriche: Google va

numériser 400.000 livres de la

bibliothèque nationale », Le

Bien Public, 15/6 ; « L'auteur

James Patterson a vendu

plus d'un million de livres

numériques », Le Courrier

Picard, 8/7 ; « La révolution

numérique en marche, après

des siècles de papier », Le

Berry Républicain, 12/7 ; « La

Révolution française, premier

roman publié sur Twitter, sort

sur papier », Le Parisien/AFP,

15/7 ; « Google va numériser

des livres de la bibliothèque

nationale des Pays-Bas »,

Le Journal du Centre, 15/7 ;

« Amazon vend plus de

livres électroniques que de

livres reliés », Le Parisien/

AFP, 19/7 ; « Les tablettes

ou l'informatique de tous

les instants », La Nouvelle

République, 20/7 ; Pauline

Machard, « La bibliothèque

Fesch donne vie aux ouvrages

anciens », Corse Matin, 22/7 ;

Raymond Couraud, « Le livre

sur son support papier vient

de perdre une bataille »,

L’Alsace, 26/7 ; « Stieg Larsson

est le premier auteur à

entrer dans le "Kindle Million

Club" d'Amazon », Le Berry

Républicain, 28/7 ; « Amazon

lance deux nouvelles tablettes

de lecture Kindle », La Voix du

Nord/AFP, 29/7 ; Élise Escoffier,

« Des centaines de livres en

un seul : la médiathèque mise

sur l'e-book », La République

du Centre, 4/8 ; Bernard

Delattre, « Plébiscite pour le

livre par rapport à l'ebook »,

Dernières Nouvelles d’Alsace,

9/8 ; Thierry de Lestang

Parade, « L'été studieux d'un

éditeur », L’Ardennais, 11/8 ;

« L'écrivain américain Ray

Bradbury appelle les Etats-

Unis à "la révolution », Midi

Libre/AFP, 16/8 ; « La maison

d'édition ajaccienne qui ose

le livre numérique », Corse

Matin, 17/8 ; Jérôme Perrot,

« Pourquoi la France peine à

‘tweeter’ », Ouest France, 23/8.

jours le livre qu’on tient bien en main et

dont on tourne les pages ? ». Réponse :

87,50 % des 440 votants préfèrent le

livre imprimé, ce qui en ferait un « plé-

biscite  par rapport à l’e-book  », aussi

représentatif que les résultats d’un prix

littéraire. Pendant ce temps, malgré

les arbres qui cachent encore la forêt,

une chose est certaine  : l’Amazonie

s’étend…

TABLETTA RASA

Selon Le Berry, «  la  révolution numé-

rique bouleverse l’édition, la création »

et la diffusion littéraire donnant, au

pays de Georges Sand, un petit air de

Silicon Valley  : «  internaute qui mise

sur le succès d’un manuscrit, fiction des-

tinée aux supports électroniques (…)

tablettes, e-books  ». Après nous avoir

prédit, pendant des semaines, que la

mention «  déjà disponible sur I-Pad  »

allait remplacer le bon vieux « Vu à la

télé  », les journaux n’arrêtent pas de

noter les tablettes, comme les deux nou-

velles Kindle (Amazon) ou les «  livres

électroniques  » de Sony et Barnes &

Noble (La Voix du Nord). Pour La

Nouvelle République, ces pionniers for-

ment simplement « l’avant-garde d’une

véritable armée  », dont les prochains

légionnaires s’appelleront « Blackberry,

Samsung, Asus, Dell, Toshiba » ou HP :

la véritable « bataille se déroulera à la

rentrée ». En attendant que la tablette

individuelle soit proclamée comme

droit universel, la révolution numé-

rique semble agir pour la communauté.

À Orléans, par exemple, «  la média-

thèque mise sur l’e-book  » (La Répu-

blique du Centre) en testant, depuis

l’été, « une liseuse électronique (…) en

libre-service ». Prochaine étape : le prêt

d’e-books ou la preuve, selon le direc-

ALORS QUE LE LIVRE NUMÉRIQUE AFFRONTE SA PREMIÈRE (VRAIE)

RENTRÉE LITTÉRAIRE, POUR LA PQR, LA RÉVOLUTION A BEL ET BIEN

COMMENCÉ…

À en croire certains journaux,

l’ombre de Gutenberg serait comme

une tenue de bain pour un arrivant au

Cap d’Agde  : prête à s’estomper. Pour

L’Alsace, l’image de vacanciers « mol-

lement étendus sur leur serviette », sa-

vourant « leur polar (…) un peu tâché

par l’huile solaire », va peut-être revenir

du côté d’Épinal. En effet, « une petite

révolution vient de se produire dans

le monde de l’édition  » : en juillet, le

géant américain Amazon annonce au

monde que les ventes de livres numéri-

sés (630 000 références) sont désormais

supérieures aux ouvrages imprimés.

Le Parisien met des chiffres dans les

lettres (180 ouvrages numériques pour

«  100 livres traditionnels  », en juin),

tandis que d’autres journaux préfèrent

l’eau dans le vin : en France, le catalo-

gue reste relativement limité (environ

40 000 ouvrages) et le commerce nu-

mérique du livre est encore une goutte

d’eau au fond de l’Atlantique. Pourtant,

Le Berry Républicain se parcourt, cet

été, comme un petit livre rouge : « après

des siècles de papier (…), la révolution

numérique (est) en marche ». Dans L’Al-

sace, une fois n’est pas coutume, c’est

la « guerre » (« le support papier vient

de perdre une bataille  ») et un ancien

militaire, une fois n’est pas légion, qui

résiste, dans L’Ardennais  : capitaine

retraité de l’armée de l’air, J. Lévèque,

écrivain et fondateur des éditions À

Contre sens, « ne croit pas du tout à la

concurrence du numérique pour les ro-

mans » car « l’écrit, c’est le passé, mais

aussi l’avenir ». On obéit. Preuve que la

révolution divise, les DNA en appellent

au peuple, en proposant un sondage,

presque parfait pour un illettré : «  se-

riez-vous prêt à dévorer un ouvrage en

le lisant sur écran ou préférez-vous tou-

REVUE DE PRESSE

11

Texte: G. Viry

teur, que « les bibliothèques ne finiront

pas toutes en musée ». En Corse, alors

que les éditions Acquansu proposent

l’ensemble de leur catalogue en ver-

sion numérique (« une révolution, sans

doute, une hérésie, sûrement pas »), la

bibliothèque d’Ajaccio redonne égale-

ment « vie aux ouvrages anciens ». De-

puis 2003, « près de 100 000 pages de

fonds  » ont été numérisées, facilitant

la vie, par exemple, d’« un scientifique

italien » effectuant « une recherche sur

le sanglier  » (Corse Matin). Pendant

que la métropole continue à «  résis-

ter » à Google (L’Alsace), la révolution

prendrait ainsi le maquis et gagnerait

l’étranger. Le Bien Public nous apprend

par exemple que le moteur de recherche

« va numériser 400 000 livres de la bi-

bliothèque nationale  » autrichienne

« l’une des cinq collections les plus im-

portantes au monde ». Pas mieux dans

Le Journal du Centre (160 000 livres

aux Pays-Bas) mais, cette fois, le compte

est bon : « Google a déjà numérisé (…)

12 millions de livres de plus de 40 bi-

bliothèques  ». Si Gutenberg avait un

fils, cap ou pas d’Agde, Philippe Colom-

bet, responsable de Google Livres, nous

mettrait tous à poil  : « Nous aspirons

tous au même but d’améliorer l’accès de

tous au savoir »…

ÉCRITS TACTILES

Alors que Stieg Larrson et James Petter-

son sont les deux premiers auteurs, se-

lon Le Courrier Picard, à « entrer dans

le Kindle Million Club d’Amazon » (un

million d’ouvrages numériques), la star

de la SF, Ray Bradbury, a une autre ma-

nière d’appeler à « la révolution » (Midi

Libre) : en refusant l’édition numérique

de ses ouvrages (« j’ai dit à Yahoo d’al-

ler se faire voir »), en critiquant Inter-

net, mais en gardant un œil rêveur sur

la Lune (« nous devrions y installer une

base (…) puis aller sur Mars et la coloni-

ser »). Pendant ce temps, Matt Stewart

sort l’édition imprimée de La Révolu-

tion française, «  le premier roman pu-

blié sur Twitter  », dont le personnage

principal n’est pas un sans-culotte mais

un «  obèse grande gueule  » au cœur

d’une « saga familiale à San Francisco »

(Le Parisien). En 2009, l’écrivain avait

twitté « les 95 000 mots » de l’histoire

(environ 5 000 messages), pour arriver

à cette fin : « le format (…) en 140 ca-

ractères n’est pas très adapté pour un

roman ». En France, on « peine à twee-

ter  » (seulement 125 000 utilisateurs,

d’après Ouest France) mais Alexandre

Jardin est un peu le Che du clavier : à

partir d’octobre, il prévoir de diffuser,

comme son homologue californien,

«  un récit créé pour ce format  » (Le

Berry Républicain).

Finalement, entre la littérature et l’élec-

tronique, la révolution ouvre autant de

belles pages que l’histoire d’« un électro-

nicien devenu poète » en Saône et Loire

(Le JSL). «  Ancien ingénieur électro-

nique », sorte de paria d’une « famille

de onze enfants » qui attendait une fille,

Jean Bellut s’est réfugié dans la poésie,

écrivant « entre 20 et 30 textes, chaque

année  ». Début 2010, convaincu que

« le monde va connaître une rupture »,

il lâche, en guise de vœux  : «  Bienve-

nue dans la décennie qui décoiffe  !  ».

Comme si, avant l’I-Pad, la révolution

consistait simplement à mettre sa plume

dans une prise électrique…

REVOLUTION

BuildingBuilding ne s’intéresse pas à l’ornement, à la parure ou à l’embellissement. Avec l’abstrac-tion en ligne de mire et la culture de l’essentiel, « construire », c’est d’abord « déconstruire ».Derrière l’appellation, la création et le credo  : Thomas Raynaud. Ses réalisations ne s’inscrivent pas dans une thématique cloisonnée ni un secteur particulier. Quels que soient la dimension (apparte-ment de 30m2 ou Centre d’Art), le type de programme (privé ou pu-blic), ou qu’il s’agisse de paysage ou de réhabilitation, chaque étude répond à une logique interne ba-sée sur des questions fondamen-tales : « une architecture sans rhé-torique apparente », qui propose des «  compositions spatiales élé-mentaires capables de faire émer-ger des usages fluctuants  ». En d’autres termes, une démarche qui fait table rase de l’accessoire et de l’utilitaire, pour ne se consacrer qu’à l’espace et à sa relation ex-périmentale. Les maîtres mots de cette architecture dépossédée de tout élément superflu sont « sim-plicité » et « radicalité », au profit d’une plus grande liberté d’usage.Ancien élève de l’École spéciale d’Architecture de Paris, puis de l’université de Hong Kong, Tho-mas Raynaud présente pour son

diplôme en 2003 un projet sur les territoires hongkongais de transit qui lui vaut le Premier Prix d’Ar-chiprix International (HK/WD2/WWhub). De retour en France, il œuvre d’abord chez Combarel & Marrec, avant de créer sa propre agence, en 2005. BuildingBuil-ding est à l’origine conçue comme une structure de travail destinée à concourir aux principales compé-titions internationales, affûtée par un goût du challenge que le jeune architecte partage avec une autre agence : Berger&Berger. Les deux équipes ont régulièrement associé leur savoir-faire et ont notam-ment été récompensées en 2008 au concours « 2G Venise Lagoon Park » avec le projet DRIP FEED, présenté ensuite sous forme d’ex-position itinérante à la 11e Bien-nale d’Architecture de Venise, à la 5e Biennale du Paysage à Bar-celone et à la 2e Biennale d’Ar-chitecture, d’Art et du Paysage des Îles Canaries. Cette année, il figure parmi les lauréats des Al-bums des Jeunes Architectes et Paysagistes 2009/2010.Pour préserver le potentiel usuel d’un lieu, Thomas Raynaud use de formes géométriques simples et de dispositifs architecturaux élémentaires. Exemple  : le carré et la grille. En 2009, en réponse

BUILDINGBUILDINGTHOMAS RAYNAUD : SIMPLE ET RADICAL.Texte / J. TouretteVisuel / Centre Pompidou Mobile©BuildingBuilding-Berger&Berger

ARCHITECTURE

13

à un concours lancé par le Centre Pompidou pour la construction d’un musée mobile, il propose avec Berger&Berger une structure composée de 36 espaces iden-tiques de 6x6m chacun, position-nés sur une grille de 6x6 carrés. Ces « antichambres » peuvent être de hauteurs différentes, abritées par une couverture opaque ou un toit transparent, voire en patio. L’ensemble donne une construc-tion entièrement variable, sans centre, ni hiérarchie, ni périphé-rie, modulable à l’envi selon les besoins du lieu et les contraintes de l’exposition. « Il s’agit de pro-duire un nouveau paysage muséal. Une structure a-figurative qui de-

vient le lieu de production d’une multiplicité de scénarios, générés par une infinité d’ambiances. Une architecture a-représentative qui ne cherche pas à produire au pré-alable du signe mais qui pourra de façon ultime en devenir un. »Si le projet n’a pas été retenu, l’intérêt spéculatif de ce Centre Pompidou Mobile est de poser la grille comme « source de variabi-lité  », indépendamment des pro-grammes et des fonctions. C’est en quelques sortes un manifeste de la posture de BuildingBuil-ding  : un espace abstrait, neutre, dégagé de toute connotation ico-nographique  ; une architecture «  indifférente  » et hors de toute expression subjective, où tout est possible.Autre conducteur de potentialité : le blanc. En octobre prochain doit commencer le chantier de Notus

Loci, un aménagement du Centre international d’art et paysage du château de Vassivière (Haute Vienne). L’espace d’isolement individuel ou collectif, destiné à la création artistique, est conçu comme un cordon lisse et blanc, dénué de fioriture, « qui parcourt l’enveloppe existante en s’affran-chissant de sa structure et sans analogie avec l’identité de l’édi-fice.  » L’atelier vide n’aura en effet aucune parenté avec le style néo-médiéval de la bâtisse, sans aucun ornement que les bords vierges et arrondis de la surface tubulaire. Tout est histoire de contraste : « l’espace blanc de la galerie est celui de la production

et la friche néo-médiévale celui de la vie quotidienne. »Dans la même gamme chro-matique, mais d’une tout autre forme  : Magic MRoom. Exploi-tant cette fois-ci la linéarité du cercle, Thomas Raynaud a ima-giné une maison individuelle en forme de champignon atomique. Dans un style qui rappellera l’uni-vers aseptisé de THX 1138, un conduit troué d’un escalier grim-pant permet d’accéder à l’unique pièce circulaire, sans porte ni fe-nêtre. Réalité, fiction ou réflexion sur la variation ultime ?

Entre état permanent et anticipa-tion, tout le processus architectu-ral de BuildingBuilding est orienté vers la recherche de l’essentiel. La forme minimum. Là où « l’espace n’est plus qu’une disponibilité d’usages ».

« CE N’EST PAS LA FONCTION QUI MARQUE LE BÂTIMENT, MAIS LA QUALITÉ SPATIALE. »

www.buildingbuilding.org

Centre Pompidou Mobile - Grille©BuildingBuilding-Berger&Berger

Notus Loci©BuildingBuilding-Berger&Berger

Notus Loci©BuildingBuilding-Berger&Berger

Magic MRoom©BuildingBuilding

PANORAMIQUELA PHOTOGRAPHIE A TOUJOURS AIMÉ LES CONTRASTES ; ET AUJOURD’HUI, MADAME EST SERVIE ! ENTRE L’INTÉRÊT MASSIF DU PUBLIC ET LA CRISE ABSOLUE D’UN MARCHÉ, SON CHAMP DE VISION SEMBLE PARFOIS SE FOCALISER SUR LE TERRAIN ARTISTIQUE. ENQUÊTE.

" Les Chemises rouges, venant pour la plupart de la campagne provinciale, ont installé leur camp dans le quartier d'affaires et commercial de Silom. Depuis que l'ancien général thai Seh Daeng a été gravement blessé, ses partisans ont redoublé de violence contre les militaires thais, dont ces derniers n'hésitent pas à tirer sur les manifestants. "

DOSSIER / PANORAMIQUE

15

PANORAMIQUE

Quand on arrive à Arles, cet été, pour les 41e Rencontres de la photographie, l’espace ressemble à un terrain miné. Première rencontre  : un visiteur égaré, le long d’une ligne de chemin de fer, se prenant manifestement pour un photo-reporter. Deuxième effet, au cœur de la cible  : une ville assiégée et des envahis-seurs surarmés, dans une sorte de guerre à l’appareil en bandoulière. Dès son premier bilan, heureusement, l’attachée de presse sortait le calumet : « 7 000 vi-siteurs en première semaine, + 8 %… ». Coopérons. Si les Rencontres 2010 sont un succès, il est sûrement autant lié à la qualité du festival qu’à une sorte de réa-lité augmentée : l’engouement du public pour la photographie. Quant à l’omni-présence, en Provence, de photographes en herbe, mon voisin de bureau a cette brillante idée : « un photoreportage… sur le public des festivals de photos ». « Les Français ont besoin de photogra-phier ». C’est la conclusion du baromètre publié, en mars dernier, par l’Observa-toire des Professions de l’image. Malgré la crise et la maturité du marché (87 % des ménages possèdent un appareil), les records de ventes sont battus en 2009, avec 5 millions d’unités et l’explosion du matériel « perfectionné ». En quatre ans, les ventes de reflex numériques ont triplé (500 000 unités en 2009) et les objectifs ont quadruplé en six ans. Selon Jacques Hémon, rédacteur de l’étude, l’image est très nette : «  la photo prend une place grandissante dans la vie du public  ». Il produit de plus en plus de clichés (2 000, en moyenne, chaque année) et s’inté-resse davantage, en tant que spectateur, à l’offre photographique, plus seulement chez Willy Ronis ou Robert Doisneau. Outre un goût prononcé pour les people, Richard Avedon, Annie Leibowitz et David Lachapelle  ont un point com-mun  : exposés récemment à Paris, ces

trois photographes américains ont fait exploser la fréquentation de leurs lieux respectifs  ; 133 000 entrées au Jeu de Paume ; 75 000 à la Maison Européenne de la Photographie ; et plus de 150 000 à la Monnaie, un musée plus habitué aux numismates qu’aux portraits psyché de Paris Hilton ou Courtney Love. L’inflation des événements photos s’ins-crit dans une même optique. Pour Fran-çois Hébel, directeur des Rencontres d’Arles, c’est une explication, autant qu’une implication, de l’engouement du public pour la discipline : «  il y a quelques années, près de quatre-vingts festivals avaient été recensés en France, sans compter ce qui se passe à l’étran-ger », ni les nouveaux-nés. Fin août, par exemple, l’ « édition zéro » du Cabourg Project offrait un «  rendez-vous  inter-national aux jeunes photographes », comme si l’été photo n’avait pas été assez chaud : Chroniques Nomades à Honfleur  ; Rencontres d’Arles  ; Été photographique de Lectoure ; Visa pour l’Image, à Perpignan. Et ça continue, en mode rafale, depuis la rentrée. À Lyon, malgré les difficultés, Septembre de la Photographie organise sa sixième édi-tion. Début octobre, Bayeux accueille le Prix des correspondants de guerre. Paris fait son Mois de la Photo, en novembre...Autre symbole de l’intérêt du public  : le succès des publications photogra-phiques. Créée par la famille Genestar, en même temps que la galerie éponyme, Polka est lancée, en 2008, avec 6 000 exemplaires… pour 75 000 aujourd’hui ! En juin 2009, en revanche, Mandadori suspend la parution du Photographe, l’un des plus vieux magazines français (1910), destiné… aux professionnels. C’est un paradoxe  : alors que le grand public déroule le tapis à la photographie, de nombreux photographes sont tapis à la fin du rouleau.

Texte / G. ViryVisuel /©Corentin Fohlen

Fedephoto - Bangkok, 16 mai 2010

CHAMBRE NOIRE«  On doit vendre plusieurs dizaines de millions de stylos-billes par jour dans le monde ; ce n’est pas pour autant que vous avez des Proust et des Shakespeare partout. C’est pareil pour l’appareil pho-

to.  » Jean-François Leroy, fondateur et directeur de Visa pour l’image, n’a rien contre la photo amateur, mais garde un œil très critique sur les usages photogra-phiques, notamment chez les pros. Sur fond de crise, l’ancien reporter déplore la qualité de la production actuelle, avec un nouveau cheval de bataille : la « fauxto-graphie » ou la tendance à « over-pho-

toshoper » les clichés, ce qui le conduira, dès la prochaine édition, à demander les fichiers originaux pour les comparer aux tirages. La problématique de la retouche n’a pas de lien immédiat avec la crise de la photo professionnelle, mais elle per-

met d’ouvrir l’angle sur son principal facteur : l’évolution de la demande. Car si un commanditaire pousse à coloriser un camp de réfugiés, il y a sûrement pire : qu’il ne demande plus rien du tout… Pendant longtemps, la photographie a été très liée à la presse. Ces vases com-municants ont été particulièrement bien fleuris avec l’apparition des news maga-zines. Quand Jean Prouvost fonde Paris Match, en 1949, ce n’est pas pour offrir un album permanent à la famille Grimal-di, mais pour montrer que le « poids des mots » a désormais un pendant naturel : « le choc des photos ». C’était au siècle dernier. Entre temps, la crise de la presse a ralenti inexorablement la demande et la numérisation a transformé violemment le marché. Sauf exception, les journaux n’envoient plus de photoreporters. Et les agences traditionnelles, qui servent d’in-termédiaires, souffrent désormais d’une concurrence à choix multiples  : photos libres de droit (ou presque) ; nouvelles agences en ligne (Scoop Live, Istock-photo) ; mastodontes « délocalisés » ca-pables de réagir en-deux-clics-trois-mou-vements. Pour François Hébel, la crise ne date pas d’hier (voir encadré) mais ses conséquences sont bien vivantes. Aux

Le succès culturel de la photographie

s’explique notamment par son accessibilité et sa proximité avec

le public. Organisées jusqu’au 7 novembre,

à Beauvais, les Photaumnales 2010 proposent ainsi des

« brèves de vie », dont l’œuvre de Josef

Heinrich Darchinger, jamais exposée en

France. www.photaumnales.fr

J.H. Darchinger, Bonn 1958 © Photaumnales 2010

« ON DOIT VENDRE PLUSIEURS DIZAINES DE MILLIONS DE STYLOS-BILLES PAR JOUR DANS LE MONDE ; CE N’EST PAS POUR AUTANT QUE VOUS AVEZ DES PROUST ET DES SHAKESPEARE PARTOUT. C’EST PAREIL POUR L’APPAREIL PHOTO. » JEAN-FRANÇOIS LEROY, FONDATEUR ET DIRECTEUR DE VISA POUR L’IMAGE, N’A RIEN CONTRE LA PHOTO AMATEUR, MAIS GARDE UN ŒIL TRÈS CRITIQUE SUR LES USAGES PHOTOGRAPHIQUES, NOTAMMENT CHEZ LES PROS.

DOSSIER / PANORAMIQUE

17

États-Unis, la célèbre agence Magnum vient de céder 180 000 tirages… à un apôtre de l’informatique, Michael Dell. En France, l’effectif salarié du secteur est passé, en quatre ans, de 17 000 à 9 300 personnes. Et à moins d’être portrai-triste, mariagiste ou yannarthusbertriste (3 millions d’exemplaires de La Terre Vue du Ciel et sept écoles à son nom !), les indépendants ont la vie aussi dure que la dent de Leroy.À Perpignan, pourtant, il y a parfois un peu de ciel bleu. Si « les nouveaux mo-dèles restent à inventer », certaines pistes commencent à se déblayer, comme le dé-veloppement des webdocumentaires ou la diffusion de photos… à la télé. Lors du tremblement de terre à Haïti, par exemple, «  CNN a envoyé 5 photo-graphes pour son site web, mais a rapide-ment utilisé des images fixes, plus fortes, pour ses reportages TV ». Résultat  : à 28 ans, Corentin Fohlen n’est pas si ana-chronique qu’on pourrait le penser. « Je suis arrivé à la photo, par hasard, car je voulais être illustrateur BD. Quand je me suis orienté vers l’actu, j’ai simplement entendu : pas d’avenir ! ». Et pourtant, après six ans d’activité, le photorepor-ter ne s’arrête jamais  : «  je pars sur le terrain (Afghanistan, Haiti, Thaïlande), puis je propose des reportages et ré-ponds aux commandes  ». Lauréat du Prix du Jeune Reporter 2010, Corentin Fohlen est bien conscient que le papier n’a pas l’espérance de vie d’un Japonais, mais il revendique une approche «  old school » du métier, entre aventurisme et évidence pragmatique : « j’ai envie d’en profiter avant que ça disparaisse ». Du coup, il évacue toute activité qui pour-rait le soustraire «  à l’action  » (expos, publications), ce qui constituerait déjà une forme d’exception…

CHANGEMENT D’ANGLEEt si Yann Arthus Bertrand, ancien re-porter spécialisé dans la photo anima-lière et le Dakar, devenait l’un des deux

" Haitiens endormis dans une rue, devant leur maison en ruine ".

Le terrain n’a pas dit son dernier mot face aux salles d’expos. La preuve : on peut être jeune, hyperactif et photoreporter. Corentin Fohlen diffuse ses photos directement à la presse, aux agences ou par l’intermédiaire d’une plateforme collective, Fédéphoto.

membres de l’Académie des Beaux Arts de la Photographie ? Incroyable, mais vrai ! Depuis 2006, YAB y incarne une certaine confusion entre la photographie réputée «  documentaire  » et la discipline artis-tique. Traditionnellement, en effet, on dis-tingue la photographie d’information et la photographie de création (art, communi-cation), permettant de saisir que, malgré le goût des éclats, Martin Parr n’est pas tout à fait Lachapelle. Cela étant, et quelle que soit la frontière en vigueur (photo do-cumentaire ou plasticienne, illustrative ou contemplative), la production actuelle tend à brouiller les pistes.Alors que certaines stars de l’art contem-porain ont débuté dans les journaux (Sophie Calle, chez Libé), de nombreux photographes «  de presse  » flirtent au-jourd’hui avec la création artistique. Pour Claire Guillot, journaliste au Monde, une nouvelle espèce, apparue à l’  étranger, serait même en voie d’éclo-sion  : les «  artistes du documentaire  », chargés d’illustrer, différemment, un su-jet d’actualité. Après avoir fait le tour de Photoshop pour détourer un méchant, une vraie «  fauxtocratie » s’installerait,

CORENTIN Fohlen © Fédéphoto

18

DOSSIER / PANORAMIQUE

dissimulant le photographe derrière un artiste, plutôt qu’un journaliste. Louis Bachelot et Marjolaine Caron, font clai-rement partie du régime. Depuis une di-zaine d’années, le couple compose des « tableaux photographiques », agrémen-tés de peinture, pour illustrer des faits divers dans la presse. Produites pour les journaux (Le Détective, Nous Deux, Le Monde, Libé, The New Yorker, Okapi), leurs photos sont régulièrement expo-sées, loin des rédactions… Une autre manière d’appréhender le cli-vage information-création consiste à dif-férencier, au-delà de la représentation du réel, la photo comme «  média  » (pour informer, communiquer, etc.) et l’ob-jet autonome, assimilable à une œuvre d’art. Mais là aussi, les genres tendent à se confondre. Il y a quelques années, la photo de mode ou la photo culinaire

n’existait pas en dehors d’un média (les magazines ou les livres de cuisine) et d’une vocation immédiate  : promou-voir des marinières ou des jardinières de légumes. Mais progressivement, ces disciplines sont devenues autonomes, sur le plan artistique, en s’appuyant no-tamment sur les événements « culturels » qui leur ont été consacrés. Ainsi, chaque année, Hyères ou Cannes organisent les festivals de la photographie de mode. Et à Paris, fin octobre, la deuxième édition du Festival de la Photo Culinaire re-çoit le « haut patronage » du Ministère de la Culture, pour exposer des photos de kiwis vus d’en haut ou d’assiettes en feuille de chou. Même la photo «  do-cumentaire  » sort aussi, parfois, de son cadre. Quand le magnifique reportage de Paolo Woods sur la société iranienne est présenté en France, c’est Arles et non Visa qui l’expose, entre l’œuvre très plastique de Léon Ferrari et les portraits de Mick Jagger. Pis : la série s’accroche tellement bien aux cimaises qu’on en oublierait presque que Le Monde 2 et Newsweek sont passés avant, preuve qu’après Paris Match, le « choc des photos » a un nou-veau répondant : le « poids des expos ».La photographie contemporaine lorgne-rait ainsi du côté artistique en créant et en passant, de plus en plus, dans le viseur culturel. Les pistes seraient ainsi autant brouillées que des ondes en temps de guerre, ou une arlésienne en plein été. En 1941, justement, Roger Clausse in-ventait le huitième art pour qualifier la radio, rejointe par la télévision et la pho-tographie dans les « arts médiatiques ». De plus en plus autonome, de moins en moins médiatique, l’art photographique aurait tellement changé qu’il reste à pa-rier que l’hélico de Yann Arthus Bertrand se vendra aussi bien, dans trente ans, que le toilette en porcelaine de John Lennon, il y a quelques semaines…

AGENCES TOUS RISQUESPendant longtemps, Paris a été la capitale mondiale de la photo de presse. Mais depuis quinze ans, alors que les lieux d’expos s’y multiplient, c’est la bérézina du marché, entre liquidations, reprises et dépôts de bilan de ses fleurons (Gamma, Sygma, Sipa, Rapho…). Ancien patron d’agences (Magnum, Corbis, etc.), François Hébel est bien placé pour en parler. Avec le numérique, les grosses agences de presse (AFP, Reuters, Associated Press), spécialisées initialement dans le texte, se sont imposées sur le marché en « délocalisant » la photo : « elles ont installé d’immenses réseaux de photographes aux quatre coins du monde, beaucoup moins coûteux et ultra-réactifs ». En plus, leurs photos sont souvent vendues à perte. « L’AFP peut se le permettre, grâce aux subventions de l’État. Pour la Reuters, dont 95 % du chiffre d’affaires vient de son activité dans le milieu de l’économie, c’est un investissement, car la presse est une sorte de vitrine prestigieuse pour vendre ses services ». Face à la concurrence, les agences traditionnelles n’ont pas réagi. « Elles sont en faillite, depuis des années mais, à chaque fois, un financier arrive, avec de l’argent frais et une vision très " romantique " de la photographie. Alors qu’on doit repenser les modèles, on se contente toujours de rhabiller la mariée ! ». Résultat : la noce est funèbre.

Sujet/ O. Trias & J. MartinezVisuel/ Claire Panel

PRIX PARODIQUESPETITE SÉLECTION DE CES « ANTI-PRIX » QUI VIENNENT SE COLLER SUR UN CV COMME UN CHEWING-GUM SOUS UNE CHAUSSURE.

GLOBE

21

GLOBE

PAGES BLANCHES

23

Ouverture /...

25

PAGES BLANCHES

PAGES BLANCHES

27

C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

N

KIBLIND.pdf 4/09/10 12:58:52

PAGES BLANCHES

29

C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

N

KIBLIND.pdf 4/09/10 12:58:52

PAGES BLANCHES

31

PAGES BLANCHES

33

LACOSTE ÉLYSÉE PRIZEÀ l’occasion de reGeneration2: photographes de demain, Lacoste lance en partenariat avec le Musée de l’Élysée, un prix dédié à la jeune création photographique. Parmi les 80 jeunes pho-tographes sélectionnés pour reGeneration2, un jury a nominé 12 artistes prometteurs, dont le Chinois Di Liu (Réglementation animale n°4) et l’Irlandais Richard Mosse (A380 Teesside), pour participer au concours. Ces 12 nominés auront pour mission de s’approprier ou détourner photographiquement le nom de code (L.12.12) du célèbre et mythique polo Lacoste.Expo reGeneration2 jusqu’au 26 septembre au Musée de l’Élysée, à Lausanne en Suisse.www.elysee.ch

GABRIEL DUMOULIN Né en 1975 à Roanne, Gabriel Dumoulin a étudié les lettres à Lyon et le droit à Clermont-Ferrand. À partir de 1998, il dessine et publie ses premières bandes dessinées au sein du collectif lyonnais Ambition Chocolatée et Déconfiture, qui lui éditera six numéros et un recueil de son fanzine L’Année de la chèvre. Gabriel Dumoulin vit et travaille actuellement à Lyon.Ces pages blanches, création spéciale pour Kiblind, sont un préambule à son premier livre, Mon meilleur ami, sorti le 1er septembre (voir chronique p. 38).www.ego-comme-x.com

BENOÎT BODHUINAprès des études à l’École Supérieure des Arts Saint-Luc de Tournai, dont il est l’auteur de l’idendité graphique, et différentes expériences de D. A. en agences, Benoît Bodhuin est au-jourd’hui responsable et designer du bureau de création BENBENWORLD, et alterne projets personnels et commandes mêlant fantaisie, originalité et psychédélisme.Son travail est mentionné dans le livre Turning Pages, design éditorial pour la presse écrite, sorti en septembre, chez Gestalten (Voir article pp. 36-37)www.benbenworld.com

ÉMILE SACRÉÉmile Sacré, 22 ans, vit et travaille à Toulouse. Son parcours : Arts appliqués - BTS Com visuelle - DSAA créateur concepteur - Master Pro création numérique (en cours). Il intervient essentiel-lement dans le milieu culturel pour des supports print, web et vidéo. L'illustration proposée pour Kiblind est une fusion de ses multiples intérêts, un amalgame de symboles graphiques, typographiques et illustratifs. Emile Sacré officie en tant qu'indépendant mais collabore souvent avec La petite sur divers projets.Portfolio : sacre.emile.free.frwww.lapetite.fr

JEAN-MARC FORAXLe travail de Jean-Marc Forax, entre vidéo et dessin, s’inspire de scènes de cinéma, et consiste à projeter sur le dessin au fusain d’un photogramme, la séquence d’où est extrait ce photo-gramme. Un dessin qui s’anime, ou des images en mouvement qui se figent, une perception subjective de la réalité en tout cas. Il travaille en collaboration avec Nicolas Charbonnier et Félix Davin, qui s’occupent de la partie sonore de ses installations.Expo Jeune Création 2010, du 3 au 7 novembre, au Centquatre, Paris 19e.http://jmforax.tumblr.com

Pages Blanches n°32Crédits

PAGES BLANCHES

C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

N

KIBLIND.pdf 4/09/10 12:58:52

LOUCHE ACTUALITÉS

35

PRINT

Le 15 septembre, Les Inrocks ont lancé une nouvelle version de l'hebdomadaire culturel démarré en 1986. « Les Inrocks changent pour rester les Inrocks », dixit Ber-nard Zekri, directeur de la rédaction. En 2009, c'était les quotidiens, Le Monde et Libération en chefs de file, qui décidaient de revoir en profondeur le design éditorial de leur support (ce qu'on appelle communément « la nouvelle formule »). L'enjeu : tenter de reconquérir un lectorat qui s'enfuit de plus en plus loin du support d'informations imprimé payant. Même s'il convient de distinguer la situation de la presse quotidienne, sauvée des eaux par des milliardaires nostalgiques et calculateurs, de la presse maga-zine où quelques titres servent de cache-misère (les magazines TV et people) ; même si quelques éclaircies laissent entrevoir des lendemains meilleurs pour une presse de qualité (Le Tigre, XXI, Usbek & Rica), et si le système de diffusion est annoncé en voie de rédemption, le constat est unanime dans le monde entier : c'est la galère. Certains décident de s'en remettre à la publicité (en janvier 2009, pour la première fois, on a vu une publicité en une du New York Times), beaucoup misent sur les offres couplées (print+web) pour attirer de nouveaux lecteurs, jeunes avec un peu de chance... Une chose est claire, c'est la fin d'une époque (l'âge d'or de la presse) et le début d'une nouvelle ère, agitée, où la communication visuelle, en général, et le design éditorial, en particulier, occupent, au côté des enjeux liés au numérique, une place primordiale.

THE TIME OF THE TURNING POINTTurning Pages est le témoin d'une époque. Comme l'explique Andrew Losowsky dans son introduction, les améliorations technologiques en matière d'impression et d'outils de mise en page, renforcent les tentations d'expérimentations graphiques et la place accordée à « l'objet » médiatique. Beaucoup d'espoirs sont placés dans les nouveaux directeurs artistiques qui, à eux seuls, se retrouvent dépositaires de l'engouement que

T / J. Martinez Visuels/ Gestalten

PUBLIÉ PAR GESTALTEN, TURNING PAGES PROPOSE UN VOYAGE GRAPHIQUE DANS L'UNIVERS DES MÉDIAS IMPRIMÉS CONTEMPORAINS. AU MOMENT MÊME OÙ LA PRESSE « CLASSIQUE » CHERCHE À SE RÉINVENTER POUR MIEUX SURVIVRE, OÙ LES AVANCÉES TECHNOLOGIQUES OUVRENT SANS CESSE DE NOUVELLES PERSPECTIVES D'IMPRESSION, C'EST L'OCCASION D'OBSERVER, GRAPHIQUEMENT, LES ÉVOLUTIONS DU DESIGN ÉDITORIAL.

TURNINGPAGES

peut susciter le support, auprès des lecteurs, évidemment, mais également des annonceurs pu-blicitaires.Les 272 pages de ce bel ouvrage tentent de décrypter les critères d'analyse visuelle des médias imprimés contemporains. Ce recueil distingue neuf aspects du design éditorial, argumentés et illustrés, qui permettent de passer au crible n'importe quel support médiatique. Prêts ? Partez : le concept éditorial (ou ligne éditoriale), l'objet en tant que tel (format, re-liure, papier, etc.), la structure (comment susciter en permanence l'intérêt du lecteur), la navigation (« l'ordre, la hiérarchie, la lisibilité et l'impact [des informations] »), les choix typographiques, la grille (disposition des éléments sur la page), la couverture, le langage visuel (comment les images et le graphisme sont utilisés). Le dernier point inti-tulé « next chapter » est un cri du cœur, une déclaration d'amour au support imprimé en tant que terrain de jeu suscitant une fascination éternelle, évidemment complémentaire aux formes dématérialisées. Chacun de ces neufs « prologues » est accompagné d'un texte introductif, agrémenté de citations émanant de figures emblématiques du monde de la communication visuelle, et d'une exquise galerie d'exemples de publications ap-propriées. Si vos pupilles en redemandent, le livre se termine sur 170 pages d'exemples de magazines qui en mettent plein les mirettes (Apartemento, Intelligence in Lifestyle, Design Reaktor Berlin, Elephant, Mark, Nur, Derzeit, Eureka, Back Cover, etc.)Un pur bonheur visuel, qui donnerait presque envie de faire un magazine.

LIVRE I BD I REVUE

« IN TODAY'S INFORMATION SATURED WORLD, SUCCINT VISUAL COMMUNICATION IS BECOMING MORE AND MORE IMPORTANT. SO THE ROLE OF THE ART DIRECTOR IS PERHAPS SUPERSEDING THAT OF THE EDITOR ARE THE PERSON WHO ACTUALLY MOLDS THE MAGAZINE.»(TONY CHAMBERS, ART DIRECTOR, WALLPAPER)

NOTICETurning PagesEditorial Design for Print MediaEnglishEdité par R. Klanten, S. Ehmann (Gestalten)Format: 24 × 30 cm272 pages49,90 eurosSorti : Septembre 2010www.gestalten.com

37

Le son, vecteur si puissant d’émotions, est une volute mystérieuse qu’on ne peut que difficilement appréhender. La revue Volume se propose pourtant d’apporter quelques réponses quant à sa définition et à son apport dans la création aujourd’hui. La publication témoigne de l’apport de plus en plus croissant du médium sonore dans l’art contemporain aujourd’hui : quand le fond sonore entre en action, c’est toute la perception de l’œuvre plastique qui s’en trouve changée. Anne-Lou Vincent et Raphaël Brunel, rédacteurs en chef de Volume entendent décortiquer ce phénomène en expansion qui permet de multiplier à l’envi les significations des œuvres d’art contemporaines. Sym-bolique de temps, d’espaces, ou figu-ration du sentiment, le bruit, ou son, vient de nos jours se nicher dans les plus petits interstices de notre vie quo-tidienne. Quoi de plus normal, alors, que ses différentes formes abreuvent l’art contemporain et vice-versa.Emblématique de son propos, la cou-verture toute en fusain du n°1 par Dominique Blais, Autechre « Bron-chus One » 6’04, vient donner le ton graphique à une revue qui n’oublie certes pas sa dimension esthétique. De noire et de blanc vêtue, Volume vient parachever, par un travail stylistique et graphique soigné, ses ambitions de juste observatoire du son.Dans le premier numéro, sorti en juin, une interview de Charlemagne Pales-tine, des focus sur Steve Reich, Ke-rwin Rolland, Georgina Starr, Samon Takashi, etc.

VOLUME#1

Volume #1Sorti Juin 2010, semestriel.Les presses du réel112 pages / 18 euroswww.revuevolume.frwww.lespressesdureel.com

T / M. Gueugneau

PRINT

Prolongement de l’exposition itiné-rante organisée par l’école régionale des Beaux-Arts de Rennes à laquelle il emprunte son titre, Double Page re-produit dans un très petit format les quatre-vingt-dix photographies com-mandées à cette occasion. Du berlinois Philipp Arnold à Michael Worthington (Counterspace, Los Angeles), en pas-sant par le studio parisien deValence, quarante-cinq graphistes de tous hori-zons ont été invités à choisir deux livres d’art contemporain pour leurs qualités graphiques, à en photographier une double page et à la commenter. Comme autant de récits morcelés et enchâssés dans un récit-cadre, ces « doubles » esseulées deviennent alors l’objet de mises en scène par le tru-chement de la photographie. Avec le cordon de l’appareil photo laissé dans le champ, sur un fond moquetté fleuri, ouvrage posé sur les genoux, avec ou sans les mains, ces photos de doubles pages – elles-mêmes mises en page sous forme de doubles pages – constituent un fantastique résumé des jeux formels que compte le design graphique de l’édition d’art contemporain. Recensés dans un index à la fin du livre, gra-phistes, références bibliographiques et commentaires font de Double Page une mine d’informations sur la perception qu’a cette génération du champ du design éditorial et sur la manière dont elle envisage son activité.

DOUBLE PAGE

Double PageConçu par Christophe Keller, Jérôme Saint-Loubert Bié et Catherine de SmetÉditions B42 / ERBA RennesSorti en juin 2010256 pages / 10 euros

T / M. Morin

Mon meilleur amiGabriel DumoulinÉditions Ego comme xSortie septembre 2010216 pages / 22 euros

MON MEILLEUR AMIGabriel était avec Estelle qu'il aimait bien, même si, en y réfléchissant, ce qu'il préférait chez elle, c'était peut-être ses parents, Bernard et Marie-Claude et sa grand-mère, qui le lui rendait bien (elle avait une photo de lui sur son buf-fet de cuisine). Christophe, était quant à lui avec Lucie, qu'il aimait bien aussi (même si parfois elle était chiante), mais elle, elle le trouvait trop cérébral et avait plutôt des envies de planches à voiles ou d'amant « black »... Ga-briel à Christophe : « Qu'on se sépare de nos copines en même temps, c'est chouette, non ? ». Mon meilleur ami raconte l'amitié entre Gabriel, person-nage central, et Christophe, le fidèle parmi les fidèles, à travers leurs péré-grinations sentimentales. Au rythme de mini épisodes au réalisme frappant et à l'humour grinçant, ce feuilleton nous immerge dans l'intimité de deux protagonistes trentenaires pour mieux se délecter de leur rapport, complexe, à l' « autre ». On croise tour à tour Xavier, le pote homo, Lætitia, l'ex-ex, Naïma, la collègue de boulot, un chanteur au disque de platine qui fait douter ce petit monde par ses chansons perfides, etc. L'auteur puise ici dans sa propre histoire pour retranscrire avec sensibilité, finesse et autodérision les errements relationnels de sa génération.

T / J. Martinez

La Femme-Ciseaux et autres nouvelles Michel Villar (illustré par Alex Adieu) Sortie septembre 2010110 pages / 20 euroswww.lepieddebiche.com

La fraîche et pimpante galerie de Tif-fany Khalil, Pied de Biche, cherche déjà de nouvelles activités. Non-contente d’empiler les fonctions d’exposant, de libraire, de vendeur de goodies, Pied de Biche vient apporter sa touche dans le monde merveilleux de l’édition. Der-nier segment d’une ligne éditoriale et artistique marquée, l’édition parachève l’œuvre de découverte qui caractérise la galerie. Le premier ouvrage sorti de presse est une preuve de plus de cet engagement de Pied de Biche. Michel Villar est un fils de l’art. Ins-trumentiste avec son groupe Les Frag-ments de la Nuit, le voilà qui prend la plume pour nous livrer quelques nouvelles tirant volontiers sur le fan-tastique. La Femme-Ciseaux et autres nouvelles, est un recueil déplacé et déplaçant où les histoires viennent, comme une brume malsaine, désorien-ter le lecteur. Mais ce livre n’est pas qu’écriture  : les illustrations d’Alex Adieu esthétisent merveilleusement le propos. À la fois troublants et chao-tiques, les modèles épurés du graphiste épousent à la perfection les contours rugueux du récit de Michel Villar. Pour une première copie, Pied de Biche se débrouille pas trop mal.

ÉDITIONS PIED DE BICHET / M. Gueugneau

Touriste inlassable, Eric Tabuchi photo-graphie depuis dix ans certains aspects du paysage vernaculaire français. Résul-tat de ce travail d’observation, HYPER TROPHY propose un inventaire décon-certant en deux volumes, soit douze séries de vingt-huit photographies. Scindées en autant de livrets, ces séries d’objets composent une grammaire des Z.A.C., routes nationales et autres départemen-tales. Des mobile homes – où se côtoient baraques à frites, caravanes échouées et remorques-chalets –,   aux restaurants asiatiques de bords de route, sans ou-blier les skateparks de campagne et  les stations services recyclées en commerces de proximité, toutes ces « icônes » or-dinaires se rejoignent dans la modestie qui les caractérise. Toutes témoignent d’identités marginales, singulières et fra-giles. Dans un rayon de 250 km autour de Paris – sa route 66 à lui – Eric Tabuchi se fait le sémiologue des bas-côtés du paysage contemporain et dresse ainsi un portrait hypertrophié du banal le rendant de fait remarquable. HYPER TROPHY est un livre d’artiste conçu sur le principe du répertoire de formes à l'in-térieur duquel  chaque partie renvoie au tout. Au-delà de l’aspect documentaire qui évoque les typologies des Becher et de la rigueur objective qui se dégage de la neutralité des cadrages, HYPER TRO-PHY porte bien davantage un regard mélancolique sur un territoire qu'il tente à sa manière de s’approprier.

HYPER TROPHY

HYPER TROPHYEric TabuchiFlorence Loewy, sept. 20102 vol. de 6 x 28 photos50 euros /vol.www.erictabuchi.com

T / M. Morin

39

Château de sableFrederik PeetersÉditions AtrabileSortie septembre 2010104 pages / 17 euros

Frederik Peeters, auteur complet avec des albums comme Pilules bleues, Pa-chyderme ou Lupus, nous revient avec Château de sable, bande dessinée co-signée par Pierre Oscar Lévy. Ce dernier travaille depuis un certain temps sur un projet d’adaptation cinématographique de Pilules bleues, et c’est par ce biais qu’il a rencontré Frederik Peeters. Ils étaient faits pour se croiser, tellement l’alchimie est réussie.Un dessin en noir et blanc précis, fait de gros plans et d’ambiances pesantes pour un récit où se mélange science-fiction à la Bradbury et caricature de notre société hypocrite. Les personnages vont être happés par un événement fantas-tique qui les fera traverser une phase bien humaine de déni et de conflit. Ce petit monde devra composer avec la nouvelle donne, car chaque seconde sera décomptée ! Même si la fin reste ouverte, les auteurs nous font vivre cette fable so-ciale dérangeante dans le huis clos d’une plage où tous les états d’âme des treize protagonistes seront les révélateurs d’un destin qui s’échappe. Et comment faut-il réagir lorsqu’un coucher de soleil peut être synonyme de fin ?Que les lecteurs se rassurent, ce n’est pas un Koh-Lanta ou autre Lost. Mais plutôt un album qui ne laissera per-sonne indifférent, agissant comme un miroir nous imposant une réflexion sur les choses simples, écrasées inexorable-ment par notre quotidien.

CHÂTEAU DE SABLE T / J.-L. Musy

LIVRE I BD I REVUE

Quand on dit que les Italiens font du ciné-ma, c’est qu’ils fonctionnent un peu comme leur football : il y a la série A, la série B, puis la série Z, formant une sorte de pot pourri aux ressorts multiples  (faible budget, mau-vaise interprétation, montage calamiteux), particulièrement flagrants quand les genres exploités demandent, normalement, des moyens conséquents (SF, horreur). Fondé, en 2001, par une bande de passionnés, Na-narland est l’un des spécialistes de la série Z. Le site propose plus de 600 chroniques de films «  tellement mauvais qu’ils en devien-nent bons », comme Le Retour des tomates tueuses ou une pépite du kung-fu : La Dia-lectique peut-elle casser des briques ?

B COMME BOOMERANGDépeint comme « le plus mauvais cinéaste de l’histoire du cinéma », Ed Wood est le point zéro de la série Z et une sorte de gourou au pays des Nanards. Né en 1924, ce réalisa-teur-acteur-scénariste-cascadeur (!) a produit une vingtaine de films, avec autant d’échecs que de plans foireux. Pour Plan 9 from Ou-ter Space, par exemple, il demande au chiro-practeur de sa femme de se faire passer pour Béla Lugosi, disparu juste avant le tournage, en cachant grossièrement son visage derrière une cape… La carrière d’Ed Wood est tel-lement tragique, à l’image de sa vie (il suc-combe à 53 ans des suites de son alcoolisme), qu’elle intéressera, bien plus tard, la série A. En 1994, Tim Burton lui consacre un biopic à succès, interprété par Johnny Depp, comme si la justice commençait à être faite…

Même s’il reste accroché au quinzième degré, la série Z trouve généralement son public dans un registre carrément opposé : la cinéphilie. De nombreux événements la placent même au premier rang, comme les « étranges » festi-vals organisés dans plusieurs villes de France, ou encore l’Absurde Séance, début octobre à Nantes. Entre passion pour le genre et facilité du pastiche, certains cinéastes se sont aussi emparés du sujet. En 2007, par exemple, Ta-rantino et Rodriguez sortent les films Grind-house, rappelant les « deux séances pour le prix d’une » des années soixante-dix. Après Boulevard de la mort, Planète Terreur fait carrément dans le genre Z, pseudo-terrifiant, agrémenté de bandes-annonces imaginaires, dont Machete, que Rodriguez vient justement de tourner en vrai. Interprété par Danny Trejo, l’un des morts-vivants du cinéma US, le film raconte l’histoire d’un tueur mexicain sangui-nolent et il vient d’ouvrir… la 64e Mostra de Venise ! Entre le registre « absurde » et la série Z, Rubber a également eu droit aux honneurs du cinéma d’auteur, projeté à Cannes en mai dernier dans le cadre de la Semaine de la Cri-tique. Réalisé par Quentin Dupieux, alias Mr Oizo, Rubber met en scène la déambulation meurtrière d’un pneu psychopathe, entre wes-tern spaghetti, road movie, épouvante et film de zombie. Jugement en salles dès novembre : Machete sort le 3, Rubber le 10. Comme une loi des séries…

www.nanarland.com : le « site des mauvais films sympathiques »L’Absurde Séance : du 6 au 9/10, à Nantes / www.absurdeseance.frTeasers : www.rubberfilm.com et www.vivamachete.com

T / G. Vonthron & G. Viry

Z COMME ZÉROLES FILMS DE « SÉRIE Z » SONT TELLEMENT FACILEMENT CONDAMNABLES QUE LE CINÉMA DÉCIDE, PARFOIS, DE LEUR RENDRE JUSTICE…

ÉCRAN CINÉMA

41

ÉCRAN CINÉMA

UNDERGROUNDDu 20 au 24 octobre, pour sa neuvième édition, le Lausanne Under-ground Film et music Festival continue de s’intéresser « aux artistes qui ne reculent devant rien ». Côté écrans, outre la compétition internationale, le LUFF plonge à nouveau dans les entrailles du cinéma (très très) expérimental, entre l’œuvre surréaliste du tchèque Jan Svankmajer, le « cinéma de l’amplitude » de Michael Snow ou les réalisations définitivement sulfureuses, tendance dégueulasses, de Jörg Buttgereit. Le festival propose, par ailleurs, un jeu de rôle dans les rues de Lausanne, pendant plus de vingt-quatre heures, sur le thème de la « série Z ». Son nom, Karmacopalypse, est notre seul indice…

www.luff.ch

BORN TO BE GLIDEInvisible sur grand écran depuis 1973, Electra Glide In Blue fait peau neuve et ressort enfin en salle, le 29 septembre. Parfait exemple de la contre-culture US des seventies, ce road movie fait parti des héritiers d’Easy Rider, aux mêmes titres que Macadam à deux voies ou Point limite zéro. Pourtant, Electra Glide In Blue se dis-tingue en proposant le contrepoint parfait du premier : cette fois on suit les désillusions d’un motard de police carriériste et convaincu par les valeurs morales conser-vatrices de la loi, qui se retrouve confronté aux hippies.

www.mission-distribution.com

ARTE SOUS AMPHÈT’Après la diffusion cet été des Tudors, la chaine franco-allemande conti-nue sa crise d’adolescence et diffusera, à partir du 9 octobre, les deux premières saisons de la série culte à l’humour grinçant : Breaking Bad. La série met en scène Walter, un quinquagénaire, professeur de chimie et un tantinet looser qui vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer. Face à la perspective de ne rien laisser à ses proches après sa mort, Walter décide de travailler plus pour gagner plus et se lance dans la production de stupéfiants…

www.arte.tv

JEUX ME PRÉSENTENTDOCTOR NOHi, I'm a PC. Ok I'm a MAC aussi... Mais bon, à part les trois ou quatre (bons) jeux qui vont sortir dans l'année sur les machines des gens-trop-stylés-qui-ont-des-sous, c'est pas ce qui risque de me demander le plus de taf. Et vu que j'aime bien aussi les p'tits jeux indies, vous allez en manger au moins un tous les deux mois... C'est comme ça, c'est cadeau. Ah ! Et aussi, achetez Canard PC... La seule presse indépendante vidéo-ludique digne de ce nom.

Rouille sur : Starcraft 2 / Jeu le plus attendu : Deus ex - Human Revolution / Plaisir coupable : UFO Afterschock

JOHNNY ONE HUNDREDBonjour (ou bon courage si vous lisez ça aux cabinets), je me présente : Johnny One Hundred, et j’ai à cœur de vous faire investir votre RSA dans des objets vidéo-ludiques exigeants. J’entends par là des jeux où de braves développeurs ont fait l’effort de sortir des sentiers battus pour faire avancer le média. Suite à une injonction du tribunal je n’ai pas le droit de me trouver à moins de 150m d’une Wii. (50G « Nice to meet you ! »)

Rouille sur : Limbo / Jeu le plus attendu : Dead Rising 2 / Plaisir coupable : Lips

MOUZMOUZMoi, c’est Mouzmouz et dans cette rubrique je vais m’occuper de ce qui sort sur PS3 et un peu sur PC (Dr_No’s territory). Des trois je serai le rédacteur le plus « mainstream » même si de temps en temps je joue aussi à des jeux obscurs que je dis adorer pour me la jouer gamer pédant.

En ce moment, vous me trouverez sur le réseaux PSN en train de rouiller sur Call of Duty pour terminer mes derniers défis (oui, j’ai tué un mec avec un colis). Le problème c’est que j’ai aussi un /played de 450 jours sur WoW et donc mon attente de l’année c’est Cataclysme. Enfin, mon plaisir coupable c’est une bonne partie de Yu-Gi-Ho sur ma Game Boy Advanced. J’assume.

ALIEN SWARMGueuler à quatre : « CRS! SS! » pendant 3 heures, c'est un peu comme jouer à Alien Swarm : c'est tout con, complète-ment gratuit, ça défoule sévère, et ça peut être répétitif à la longue. Sauf que là ça se passe dans le futur et qu'on est en vue 3D isométrique. Bref c'est simple et diablement efficace : on choisit sa classe : en gros, Sergent, Medic, Techos ou Artilleur. On s'équipe : arme primaire, arme secondaire et un objet spécial. On bourrine de l'alien entre potes, dans la bonne humeur et on fait de l'XP.

VALVE / Disponible sur PC et en téléchargement GRATUIT (j'insiste!) sur Steam

GÉNOCIDE ALIENREND INTELLIGENT

COOP FRIENDLY FIRE

GRATUIT FOUT LES PÉTOCHES

DEMON SOUL’SC'est un RPG, Med fan, plutôt obscur où vous combattez des démons. DS est assez joli mais... Montez les basses, jouez dans le noir et vous verrez de quoi je parle. Mais DS c’est surtout dur. Très dur. Par conséquent on ne court pas, on marche. Et surtout, on se connecte en ligne. C’est LA spécificité du jeu. Vous verrez des messages à terre, laissés par d’autres joueurs avant vous, pour vous aider, ainsi que des taches de sang indiquant la mort d’un joueur à cet endroit précis. En cliquant dessus vous verrez une reconstitution de sa mort. Vous pourrez également rejoindre les parties de vos amis pour les aider… ou les tuer. Et ça, j’adore.

BANDAI-NAMCO / Disponible sur PS3

NOOBFRUSTRATION

RPG JAPONAIS SOLO

SCARY MULTI

ÉCRAN JEUX VIDÉOS

43

SCOTT PILGRIM VS THE WORLD Je ne résumerai pas l’histoire de Scott Pilgrim car, par principe, je ne parle pas aux gens qui n’ont pas lu Scott Pilgrim. Si c’est votre cas, faites le maintenant… Sérieusement, je vous attends…Préparez-vous à verser de petites larmes pixélisées devant l'adaptation en Beat'em up du comic d’O'Malley. Un jeu old school jusque dans sa difficulté qui vous donnera une bonne excuse pour appeler jusqu'à 3 amis en renfort (!) Si on rajoute à tout ça l’excellente bande son Chiptune d'Anamanaguchi (merci, Ctrl+C, Ctrl+V), on a ici un achat indispensable en attendant l’adaptation d’Edgar Wright (en octobre... Maudit sois-tu, distributeur français !)

PSN-UBISOFT / Disponible sur 360 et PS3

EVIL EX16-BIT POWER

Epic Epicness Chiptune

DIFFICULTÉ 20E siècle <3

KL2 KL2 Dog Days est un trip viscéral, nihiliste et désespéré. Il suit le duo de mercenaires dans une descente aux enfers où strictement rien ne leur sera épargné. L’approche visuelle rappelant l’esthétique DV est ici le coup de génie de cet opus tant et si bien que KL2 aurait pu s’appeler La Passion selon Michael Mann. Ce traitement proprement étourdissant renforce le sentiment d’identification déjà instauré par des partis pris dramatiques forts. En effet, KL2 ne vous épargne d’un point de vue ni physique ni émotionnel. Il est rare dans un jeu qu’on sache vraiment pourquoi on court et pourquoi le type d’en face doit mourir. Ici on sait !

SQUARE ENIX/IO / Disponible sur 360, PS3 et PC

GENS TOUT NUSMULTI

CLAQUE VISUELLE LICORNE

HAPPY END CHINOIS

SEASONS Alors d'accord, c'est pas vraiment un jeu mais plus une expérience graphique interactive sous psychotropes. Mais bon, c'est beau, c'est simple et même presque poétique. En gros on balade un petit oeuf appelé Simon sur un mono-cycle (?!) dans une dizaine de tableaux. Simon se contrôle à la souris, et se contente de suivre tranquillement le pointeur, et l'environnement se modifie au fil des tableaux, au rythme des saisons. Seasons se joue sur l'Internet, via le site de Vec-torpark, studio à l'origine de cette petite perle. Essayez aussi leurs autres productions comme Windosill ou Feed the Head.

VECTORPARK / Jeux sur l'Internet / www.vectorpark.com

SCÉNARIOMULTI

INDIE BABY NENFANTS

NENFANTS DROGUÉS DROGUÉS

MAFIA 2 Vu le prix des jeux, autant savoir ce qu’on achète. Je vais la faire simple. Mafia II c’est 6h de jeu, quelques paramètres relous (IA plutôt débile) et ce n’est pas un GTA like du tout. Ceci étant dit, c’est un jeu plutôt joli et le scénario fait vraiment plaisir. Personnel-lement je préfère 5 ou 6h de jeu haletantes que 50h à essayer de me déplacer à cheval pour tuer des lapins ou des coyotes. Le gros plus vient également de la gestion de la moralité. Et oui, vous pouvez choisir de mener une carrière d’honnête homme en chargeant des caisses dans un camion pour 10 USD par jour. On le fait 5 minutes et puis on se casse. Vous avez fait votre choix, vous êtes le mal.

ROCKSTAR / Disponible sur 360, PS3 et PC

PLAISIRGTA LIKE

SCÉNARIO NOOB

LÉGALITÉ INNOVATION

45

CAHIER MODE

Je suis une jeune marque venue tout droit de l'est et plus précisement de Berlin, la ville dont tous mes amis arty parlent en ce moment dès que l'occasion d'une bonne bouffe se présente.

Je suis la parfaite représentation de la fraîcheur émanant de cette nouvelle capitale artistique. Mes codes, mes réflexions et ma vision de la mode transpirent ma ville d'origine. Une ville où la mode ne fait pas mine de tourner en rond, où les diktats n'ont pas l'impression de faire leur effet habituel mais là, je m'écarte un peu du sujet.

Mon collectif est composé de Thoas LInder, de Maria Thomson rencontrés en 2002 et de trois autres membres dont le jeune bébé de Maria et Thoas.

Pour Thoas l'histoire a commencé avec la customisation de ses vêtements et de l'intérêt grandissant que ces derniers suscitaient.

Pour Maria l'histoire a commencé lors de sa rencontre avec Thoas au sein du célèbre club Berlinois KURVENSTAR où ce dernier présentait ses premières créations. Une symbiose créative me donnait naissance.

Mes créateurs vivent et travaillent avec moi, ensemble sous le même toit ; une ancienne usine réaménagée à notre image et à la sueur de nos bras.

Nous pratiquons au quotidien un vieux précepte hippie ; " one shared cash box for all ". Partage de nos gains à équité pour les dépenses de notre grande " famille " .

Notre démarche n'est pas commerciale, nous la définirons de manière spontanée. Nous prônons l'élégance naturelle, la nonchalance et la modernité du vêtement pour un style déstructuré, graphique et réfléchi.

Nous avons récemment ouvert une boutique sur Berlin Est où nous distribuons aussi bien nos créations que ceux de créateurs internationaux, d’artistes et d’amis.

Mon nom, quant à lui, est inspiré d'un titre de LEE PERRY, parrain de la Dub Music, et du nom d'un insecte lépidoptère.

Je suis / Je suis / Je suis / Nous sommes (...)

BUTTERFLY SOULFIRE collectif Berlinois engagé.Toutes les infos sur www.bfsf.com

UN VENT D'EST

CAHIER MODE

47

49

CAHIER MODE

51

CAHIER MODE

53

CAHIER MODE

55

CAHIER MODE

57

CAHIER MODE

58

CAHIER MODE

BBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBFESTIVAL IMAGES Vevey (Suisse)La Suisse a tort de négliger les minarets. On imagine avec délice l’implantation d’un de ces phares du type de celui de Kairouan dans la vivifiante ville vaudoise de Vevey. A l’occasion du Festival Images, ces immenses tours de feu auraient volontiers prêté leurs gi-gantesques flans pour anoblir plus encore les photographies qui les recouvreraient alors. La dimension « en plein air » de la manifestation aurait gagné, par là, en majesté. Mais ne soyons pas bégueules, cette année le festival biennal fait encore dans le bon goût et l’esthétisme. Les passants pourront ainsi naviguer dans le beau, malicieusement conduits par le projet urbain mis en place par JR, héraut et héros de la photographie française contemporaine. Les absurdités de Li Wei, le fer à repasser de Shadi Gadirian ou les soleils de Michael Light se présenteront à eux, jouant un joli tour au trop monotone espace pu-blic urbain. Les plus vaillants trouveront également dans le musée éphémère de nouvelles raisons de se pâmer avec les photographies de David Lynch, Malick Sidibé ou encore Christian Lutz. Et le tout est entièrement gratuit : Mashallah !

Festival Images, Festival des Arts Visuels de Vevey du 4 au 26/09. www.images.ch

KÜTU FOLK RECORDS Clermont-FerrandC'est un fait, l'Auvergne est le Dakota français. Comme lui, il est une forêt que percent de nombreuses routes aboutissant toutes en un point : la Place du 1er Mai. De là s'élèvent les complaintes d'un peuple fier et robuste. C'est dans ce cadre qu'un collectif d'artistes s'est réuni pour faire briller les vaporeuses mélopées auvergnates. Fer de lance du label, The Delano Orchestra en est l'image : une musique poignante, œuvrant autant à la recherche mélodique qu'à une écriture soignée. Pour au-tant, les groupes du label (St Augustin, Leopold Skin, Pastry Chase entre autres) ne se rejoindront que philosophiquement si on veut, à tout prix, les comparer. Et s’il fallait le prouver, la réédition récente du Tinfoil On The Windows du sombre rappeur canadien Soso, certes anormalement rempli de la guitare de Maybe Smith, est là pour dire à tous que Kütu Folk n'est pas un style, mais une ambition. Celle de redorer la sincérité émotionnelle de la musique, dans toute sa vraisemblance.

Soso, Tinfoil On The Windows, sorti le 21/06 ; The Delano Orchestra, Now That You Are Free My Beloved Love, prévu pour le 4/10 ; Hospital Ships, Oh Ramona, le 6/09 ; Evening Hymns, Spirit Guides, le 6/09.

www.kutufolk.com

Exposée du 1er au 24/10, Infantization est le résultat de la collaboration entre Shanghai et le Musée d’Art Contemporain de Lyon pour promouvoir la jeune création chinoise.

BAZARTPANORAMA DE L'ACTUALITÉ CULTURELLETextes / M. Gueugneau

BBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaBaBBaBBaBBaBBaBBaBBaB 61BAZART

MARSATAC + OSOSPHERE Marseille + StrasbourgLes pince-mi et pince-moi de l’évènementiel électronique viennent cette année encore illuminer ce si morose mois de septembre. Loin des yeux, près du cœur, disent les ma-mies : comme souvent la vérité sort de leurs bouches édentées pour venir éclairer nos lanternes. Mais si les yeux sont effectivement loin, notre cœur, lui, balance : entre Mar-satac, à Marseille, et Ososphère, à Strasbourg. À droite nous avons donc Ososphère, organisme en pleine évolution mais qui tient à marquer le coup fin septembre. Et qui frappe plutôt bien avec Dave Clarke en ouverture suivi par les jeunes loups et « blogs star » Don Rimini, Blatta & Inesha, Toxic Avenger. Viendront le lendemain, A-Trak, Mikix The Cat, et Birdy Nam Nam pour un set de cinq heures, histoire de ne plus jamais dormir la nuit. Au tour de Marsatac de hausser le ton en invitant les vieilles gloires du renouveau rap indé des années 2000 (Sage Francis, Anti-Pop Consortium, Daedelus, …), et lui aussi sa clique de beaux gosses du XXIe siècle : Erol Alkan, Mowgli, Djedjotronic et Ghislain Poirier en tête. L’incroyable superposition de ces mignons festivals nous per-met de nous laisser aller à de doux rêves : donnons-nous la main et ensemble croyons, pour un instant, un instant seulement, que nous vivons dans un monde qui n’offre que fleurs, sangliers, amour, et musiques électroniques.

Ososphère du 22 au 25/09 avec aussi Chloé, Elisa Do Brasil, Alf Brozzer, I Am Un Chien !!, The Subs, … Marsatac du 23 au 25/09 avec aussi Nasser, Curry & Coco, Le Peuple de L’herbe, Danton Eeprom, Naïve New Beater, Talib Kweli, Féfé, M.A.N.D.Y, …

www.marsatac.com + www.ososphere.org

ANTOINE DEFOORT - ACTORAL MarseilleHubert Colas est, en octobre, le générateur de rêves. De cette douce ma-ladie qui enveloppe le public chaque année au cours du festival d’actOral. Montévidéo se trouve alors source du développement de l’hybride, de l’in-tervalle artistique, force motrice de la création. En ce sens, Antoine De-foort, présent cette année avec le spectacle Indigence=Elégance, en est le symbole le plus prégnant.Antoine Defoort avait déjà frappé fort avec son Cheval, présent à la 25e heure d’Avignon. Son retour est d’autant plus saignant. Prenant ci et là, les formes de disciplines multiples (théâtre, musique, danse), il les encourage, les applaudit, s’en moque, les bouscule pour finalement les finir à la hache. Dans une succession de petits sketchs légers, Antoine Defoort emmène le spectateur, séduit, hilare mais inconscient, dans les limbes de ses lubies po-lymorphes qui forment un tout salvateur. Entre fausse nonchalance, vrai gé-nie, et une concentration mitigée, Indigence=Elégance nous laisse percevoir ce que pourrait être une envie de joie, les marches du paradis, des chevaux amoureux sur un ciel rose, ou tout simplement une papinade.

Festival International des Arts et Ecritures Contemporaine actOral.10, du mercredi 25/09 au 13/10 à Marseille. Indigence=Elégance d’Antoine Defoort, le 9/10 à 21h30

Iwww.actoral.org ; www.entuenedufard.be

Le savoir est une arme et le TTcrew (ici John Bobaxx, KLN, Polka, Rekm et Jack Usine) le sait. Exposition TTcrew Universalis à partir

du 13/10 à la galerie All Over de Lyon.

ZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZZAZSONORITES MontpellierLa musique contemporaine est comme une bonne équipe du FC Sochaux-Montbéliard : une chose rare et délicieuse. Et à l’instar d’un Teddy Richert au top de sa forme, la musique contemporaine peut, elle aussi, parader brillam-ment. Le festival montpelliérain Sonorités s’enorgueillit d’ailleurs de proposer en 2010 son équipe de galactiques, mêlant encore une fois le son au texte. Quelques-uns dé-barquent avec une forme au beau fixe, acquise grâce à une préparation physique de qualité. eRikm magnifie ainsi ses platines en en tirant une poussière de son proprement inouïe, quand Tom Johnson compose et dessine la musique depuis de nombreuses années, de manière aussi complexe qu’admirable. D’autres artistes taquinent aussi le disposi-tif musical englobant réflexion sur le quotidien, prise en compte du spectateur, et torture du mouvement sonore pour mieux construire le jeu avec les littéraires François Bon, Jean-Michel Espitallier, Pierre Guyotat, Jacques Al-bert, etc. L’important, comme toujours, sera la victoire et les trois points.

Sonorités du 4 au 8/10 à Montpellier, avec aussi Charle-magne Palestine, Patrick et Michèle Bokanovsky, Aixònoés-pàni, Trophies, etc.

www.sonorites.org

ANPU MarseilleHalte à l’arnaque urbaniste, les vrais problèmes du bé-ton urbain sont dans la tête, dans sa tête. Tous les Michel Delebarre, Bernard Tapie et autre Christine Boutin du monde n’ont jamais rien pu résoudre faute de diagnos-tic. Mais Dieu, dans son infinie bonté, nous a envoyé la meilleure équipe d’experts en analyse urbaine crypto-au-trichienne. L’A.N.P.U. (comprendre Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine) entend remettre la matière grise au centre de ces, hélas, trop nombreuses inepties univer-sitaires. Loin de parler dans et de leur barbe, les amis psychanalystes de l’A.N.P.U. entreprennent de prendre le taureau par les cornes et d’avancer les mesures qui s’avè-reront nécessaires pour relever la ville de ses turpitudes. Fi de la rigueur, les ingrédients délivrés par l’A.N.P.U. sont principalement constitués d’esclaffes et de galéjades. Au-bagne, Port-Saint-Louis et Marseille, sont les prochaines thérapies sur la liste.

Le 1/10 à Port-Saint-Louis, les 6 et 8/10 à Aubagne, le 12/10 à Marseille, le tout dans le cadre du festival Small Is Beutiful.

www.anpu.fr ; www.lieuxpublics.fr

Lille acueille le festival international du court metrage du 9 au 16 octobre 2010 à L'Hybride, le Palais des beaux-arts, le tthéâtre Sébastopol et la Maison foile Moulins

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA 63

BAZART

CIRCA 2010 AuchFinis les « ouin-ouin », finis les grands pieds. La France, oui la France, a redonné au Cirque ses lettres de noblesse artistique. Auch, ville du cirque Zavatta, a été l’accélérateur de cette rénovation en favorisant la rencontre entre les différentes écoles du cirque en France, par la création de l’association CIRCA et de son festival attenant. Cette année, pour sa 23e édition, le CIRCA offre encore une fois une manifestation à la mesure de l’embellie circassienne dont notre pays se glorifie. Un petit amour en plus pour trois de ces com-pagnies : la compagnie de Cahin-Caha qui proposera une réorganisation de notre capharnaüm social au travers des multiples formes de son expression ; Anomalie qui nous livrera son rapport forestier physique et fantastique à la nature (humaine ?) ; enfin, grinçant comme les roues de son fauteuil, le récit de Bertrand porté par le collectif Prêt-à-Porter, va peu à peu dériver… Cirque, cirque, rage. Festival de cirque actuel CIRCA 2010, du 22 au 30/10, avec aussi Burencirque, Cie Jérôme Thomas, Cie Ako-

reakro, Cirk VOST, Théâtre d’un Jour, Ea Eo, etc www.circuits-circa.com

PRINTEMPS DE SEPTEMBRE TOULOUSEDe la création contemporaine dans l’arc sudiste Toulouse-Cahors. Depuis vingt ans, l’équipe du Printemps de Septembre s’échine à valoriser les différentes formes de l’action artistique nouvelle dans un mouvement collectif joignant les villes de Toulouse et Ca-hors et les différents lieux d’exposition de la création. Pour fêter la double-décennie, il fallait un feu d’artifice où l’explosion de belles rouges complète l’envolée des belles bleues. Placée sous le signe de la performance, l’édition de cette année aura pour objectif d’il-lustrer la phrase choc qui fera son identité  : «  une forme pour toute action ». Pour ce faire Boris Achour, Chrisptophe Duchate-let, la Compagnie du Zerep, Jean-Baptiste Farkas ou encore Vin-cent Epplay et près d’une cinquantaine d’exposants/performeurs viendront allumer quelques mèches pour faire exploser le mélange nitroglycérique de l’art contemporain.

Printemps de Septembre du 24/09 au 17/10 à Toulouse, avec des œuvres de Pierre Bismuth, Charles Aubin, Spartacus Chetwynd, Jé-rôme Game, Pilar Albarracin, etc.

www.printempsdeseptembre.com

A l’occasion de la sortie (limitée) du premier numéro du fanzine graphique Oblique chez Docile éditions, l’illustratrice Camille

Lavaud est à la librairie La Mauvaise Réputation à Bordeaux du 15/09 au 8/10 pour l’exposition Gimme Skelter.

RRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRUTOPIALES NantesQuel autre genre que la science-fiction a poussé aussi haut le concept du « toujours plus loin, plus fort, plus vite » ? D'aucuns diront que la série télévisée Extrême Limite a plusieurs fois prouvé cette injonction. Certes. Mais casser les frontières, en sortir, puis en rebâtir d'autres, voilà l'un des piliers de la pulsion créatrice science-fiction-nelle. Les Utopiales de Nantes ont, pour leur onzième édition, décidé de s'attaquer à ces barrières pour les questionner, les sublimer ou les pourrir. Autour de la création romanesque, cinématographique, scientifique, ludique ou plastique, les Utopiales se posent en maître du jeu de la métaphore sociétale de la Science-Fiction, revisitant l'ac-tualité annuelle du genre pour mieux en faire ressortir les réalités qu'il évoque sans cesse. La Science-Fiction représente en effet un phénomène culturel dont les attributs ont très vite su déborder les seules pages ou images auxquelles elle était censée se bor-ner, pour se répandre dans les œuvres de la pensée nouvelle.

Les Utopiales du 10 au 14/11 à Nantes www.utopiales.org

PLAY ! RennesLe commun des mortels aime à se rassembler en un corps plus ou moins soudé dans le but de s’amuser. D’autres agents se posent en médiateurs pour réaliser au mieux cette animation collective. Enfin, une troisième catégorie d’acteurs, dits «  artistes  », pré-sente son travail afin d’engendrer les plaisirs et la joie parmi les convives. Et la soirée Play !, dans le cadre du festival Culture Electroni[k] à l’Antipode de Rennes, procède de cette manière. Au cours du concert sus-cité, quelques-uns des nouveaux et talentueux regards sur la musique électronique européenne viendront confronter leurs œuvres, et partant, créer une émulation forte chez les individus qui les réceptionneront. La soirée du 16 octobre sera pour le coup constituée à 16,66% de groupe electro-pop sué-dois (Slagsmålsklubben), d’un demi Dat Politcs ( Mark Lion), de trois filles dans deux groupes (We Are Enfant Terrible ; Nate & Jojo) et d’un aristocrate signé chez Ego Twis-ter (Le Prince Edmond). Et quand les choses sont bien faites, c’est toujours un délice.

Soirée Play ! le 16/10 à l’Antipode de Rennes avec Slagsmålsklubben, We Are Enfant Ter-rible, Mark Lion, Le Prince Edmond, Nate & Jojo.

www.electroni-k.org ; www.antipode-mjc.com

Le label parisien de Gérard Terronès, Disques Futura et Marge, sort un album d’inédits du titanesque jazzman Joachim Kühn : Solos vol.2. Disponible chez Gégé ou sur internet : futuramarge.free.fr

Le rejeton de Raynald Pedros nous envoie une couche de gras rock'n'roll (Fordamage, Mnemotechnic), une de folk cotonneux (My Healthy Boy), et une troisième de douce folie (Gratuit) pour son chou Drago Pedros Festival les 24 et 25/09 aux ateliers de Bitche à Nantes.

RRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtRRtR 65

BAZART

PIERRE FEUILLE CISEAUX Arc-et-Senan (Doubs)La discussion est chose rare dans le monde de l’art où la tendance est plus, au choix, au gobage de petits fours ou à la contemplation de chaussures dans d’interminables files d’attente. Pierre, Feuille, Ciseaux veut couper court à toutes ces demi-sauteries dé-sormais surannées. Le doubiste festival de Bandes Dessinées entend mettre à l’honneur l’échange et la construction collective d’actes artistiques concrets. Emmené, pour cette deuxième édition, par les cousins de Raymond Queneau, le collectif OuBaPo présidé par Jean-Christophe Menu, le festival promet d’accompagner l’innovation et l’altérité dans le paysage de la Bande Dessinée. Du beau monde viendra partager cette inoffen-sive utopie : la maison d’édition l’Association, l’atelier All Over, Alex Baladi, Marcel Ruijters, Ibn Al Rabin et autres Andreas Kündig seront là pour permettre au neuvième art de sortir, encore une fois, de ses gonds.

Pierre, Feuille, Ciseaux les 2 et 3/10, avec aussi Lisa Mandel, l’atelier Arbitraire, Loïc Gaume, Jonathan Larabie, LL de Mars, Domitille Collardey, etc.

www.pierrefeuilleciseaux.com

DESIGN SEPTEMBER BruxellesAvant nos premiers pas dans le 21e siècle, et l’entrée dans le nouveau millénaire, les gens ne pouvaient pas s’asseoir. Ce ne fut qu’en 2002 que Philip Stark inventa la chaise pour regarder la coupe du monde nippone. Cette fracassante jurisprudence provoqua un raz-de-marée qui nous porta jusqu’en 2006 et la création du Design September de Bruxelles. Pour son 4e anniversaire, le festival belge collectivise une nouvelle fois le travail d’as-sociations, institutions et organismes indépendants pour mettre en place une rencontre internationale pour présenter la jeune et moins jeune garde de la création contemporaine. Sont invités pour cette édition 2010, Tom Dixon, Front Design, Mathieu Lehanneur, BarberOsgerby ou encore Karim Rashid pour les non outre-quiévrains, et plusieurs expositions seront réser-vées à l’apport belge en la matière (Fighting the box, Intersections, Alain Berteau, etc.). Il ne reste plus qu’à inventer les verres pour fêter ça.

Design September du 9 au 30/09 à Bruxelles www.designseptember.be

Lille 3000 fait de nouveau briller le Tri Postal avec la présentation du fond d’art contemporain de la prestigieuse

Saatchi Gallery de Londres du 20/10 au 16/01.

Lézard Actif organise la 3e édition de Fais-Le Toi Même, nouvelle Mecque de l’autoproduction. À Lille, au Cagibi

et à L’Hybride, éditeurs de Fanzine, de Graphzine, de Sérigraphie, de Photozine et même labels indépendants

se tiendront la main les 25 et 26/09.

ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES KIBLINDCULTURE ELECTRONI[K]Le Festival Cultures Electroni[k] de Rennes fête cette année ses 10 ans et, pour le coup, ouvrira grand l’éventail des recherches artistiques passées ou présentes, en son, vidéo et performance. Outre les récréatives soirées Play ! (avec Slagsmålsklubben et We Are Enfant Terrible) à l’Antipode et Clubbing à l’Ubu (avec Superpitcher et Bot’Ox), deux artistes à l’honneur : Steve Reich, maître ès-expérimentation musicale dont l’œuvre sera retravaillée par divers artistes en présence et Herman Klogen, touche à tout des arts médiatiques, en résidence et en représentation.

Festival Cultures Electroni[k] du 6 au 17/10 à Rennes www.electroni-k.org

LUFFLes organisateurs du Lausanne Underground Film & Music Festival fourbissent, pour la neuvième édition, une déclinaison annuelle pour le moins savoureuse. La musique et le cinéma, alliés de tous temps dans ce festival, vont encore une fois enfiler les bagues de caddagh, sceau de leur fidélité. Côté cinéma, entre autres, une rétrospective sur le cadavérique Jörg Buttgereit et une redécouverte du poilu cinéma pornographique français avec l’aide de l’érudit Christophe Bier. Côté musique, Fennesz, EVOL, Hijoikadan, Monster War et autres délicates amabilités.

Lausanne Underground Film Festival du 20 au 24/10. www.luff.ch

LA PETITE INVITEAimanter les plus exigeantes manifestations musicales de France et d’Europe, voilà le principe singulier de La Petite Invite. Toulouse invite cette année les Lyonnais de Nuits Sonores, pour un partage complémentaire et mobile de la ville : quatre soirées pour découvrir l’esthétique electro et indie qui a fait la richesse de ces Nuits avec un focus sur le label Kill The DJ, les Rhônalpins Danger et Spitzer, mais aussi Chloé, Feadz, ou encore Joy Orbison. La Petite Invite goûtera également aux joies du programme polymorphe Extra! dans différents lieux emblématiques de Toulouse.

La Petite Invite du 10 au 14/11 à Toulouse. www.lapetite.fr

SMALL IS BEAUTIFULL’art doit avoir un regard sur la société, sur nos modes de vie. En proposant

depuis quatre ans un festival entièrement tourné vers l’art en espace public, Small Is Beautiful se veut garant de la réflexion en la matière. Parmi la multitude

de spectacles troublant le plein air cette année, on retiendra, entre autres, la venue des Délices DADA, l’ANPU, l’O.P.U.S., Berlin, ZEVS, et le projet Sirène et Midi Net.

Organisé par Lieux Publics, Centre National de la Création, le Festival se déroulera en quatre épisodes et un épilogue dans les villes de Marseille, Martigues et Aubagne. Small Is Beautiful du 6 au 23/10 à Martigue, Marseille et Aubagne.

www.lieuxpublics.com

JEUNE CRÉATION 2010Le Centquatre, territoire d’expérimentation et de découverte artistique voit ses

locaux investis par Jeune Création, Exposition Internationale d’Art Contemporain dédiée à l’émergence de nouveaux talents. Confrontation de la création plastique

de tous horizons, la manifestation sera cette année focalisée sur notre belle jeunesse France. Soixante-cinq artistes auront la joie et l’honneur d’être scénarisés par les

très convoités ArtComposit. Et comme si ce n’était pas assez, deux prix viendront récompenser les plus talentueux : les Prix « Jeunes Création » et « Boesner ». du 3 au 7/11 au Centquatre, 5 rue Curial, 19e, Paris. Vernissage et ouverture au public le 2/11.

www.jeunecreation.org ; www.104.fr

66