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    ES TUDES rcentes sur les systmes de parent des basses terres dAmriquedu Sud (Viveiros de Castro 1998 ; Henley 1996) ont montr que le schma clas-sique dvelopp par Louis Dumont (1953) quant la terminologie dravidienne,et bien que largement prsent au sein de cette aire gographique, ne sappliquaitpas toujours dans un systme dalliance possdant une rgle positive de mariageavec un parent crois de la mme gnration. Certains auteurs, comme AnthonyGood dans On the Non-existence of Dravidian Kinship [1997], vont mme

    jusqu remettre en cause lexistence dun modle gnral dalliance de type dra-vidien, ne lui laissant quune port heuristique fonde sur lopposition termino-logique du caractre crois ou parallle des parents. Les conclusions auxquellesparviennent ces auteurs sont que beaucoup des systmes amazoniens possde-raient une forme dalliance semi-complexe1 et que lexpression de cette inclina-tion se trouverait dans des terminologies dinspiration dravidienne ou en entant hypothtiquement issues (cf. Hornborg 1998) dans lesquelles le caractrecrois de la nomenclature de parent, quelque niveau gnalogique o il sesitue, impliquerait une relation dchange matrimonial (voir en particulierViveiros de Castro 1998). En ce sens, la corrlation tablie par Louis Dumontentre systme terminologique (dravidien) et transmission de la relation daffinitqui permet le renouvellement de lalliance aux futures gnrations serait rempla-ce dans de nombreuses socits amazoniennes par une terminologie drive dela premire menant des formes semi-complexes dalliance. Le seul caractre dra-vidien qui perdurerait dans ces systmes serait linflexion croise des protago-nistes de lalliance ou des individus faisant lien entre ceux-ci aux gnrationsantrieures.

    Le cas ethnographique que jexpose dcrit le systme dalliance semi-complexedune socit amazonienne associ une terminologie eskimo-hawaenne dans

    LOG

    IQUESTERMINOLOGIQUES

    LHOMME 154-155 / 2000, pp. 599 612

    Parent et alliance miraa

    Dimitri Karadimas

    L

    1. Henley (1996 : 61) parle mme dun original semi-complex Amazonian type .

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    laquelle toute trace de dravidianit semble avoir disparu. Les Miraa delAmazonie colombienne vivent le long du fleuve Caquet et ne regroupent plusque 1 500 individus aprs avoir t, dans les sicles passs, la population la plusnombreuse de cette rgion, estime au dbut de ce sicle plus de 20 000 per-sonnes. La filiation est patrilinaire et la rsidence post-matrimoniale est patrilo-

    cale, aprs une anne de service auprs des beaux-parents. Les Miraa viventtraditionnellement dans de grandes maisons communautaires (malocas) censesabriter les membres masculins issus dun mme clan, ainsi que leurs pouses res-pectives provenant dautres maisons. Parmi les quatre lignages qui forment unclan, le lignage principal, constitu par les descendants des ans, donne son nomau clan et reprsente une classe de nobles. Lan de ce lignage principal est aussile matre de la maisonne.

    Si la filiation est patrilinaire, la reconnaissance de la parent est, en revanche,indiffrencie : la consanguinit est cognatique ou bilatrale. Les consanguins sontles ascendants, comme les collatraux des deux parents et des quatre grands-parents, ainsi que leurs descendance. Il nexiste cependant pas de parentle commedans les socits filiation cognatique, puisque Ego se dfinit en premier lieuselon son lignage. Une pense de cet ordre, cest--dire qui prend Ego commecentre dune parentle, est toutefois luvre lorsquil sagit de trouver unconjoint. Cest lors de ltablissement de la sphre dextension de la prohibitiondu renouvellement dalliance entre deux clans quintervient la prise en compte desliens de parent entre les deux protagonistes de la future union. En dautrestermes, autant la filiation est un principe qui relve de la dfinition de lapparte-nance un groupe donn, autant la recherche dun conjoint impose de dlimiter

    une parentle egocentre et ne tient compte du clan que de faon accessoire maisncessaire pour complter le tableau des interdits dalliance.

    Il ny a pas de rgle positive dans le choix du conjoint : il nexiste que des inter-dits de mariage et aucune catgorie nest prescrite. Cependant, les conjoints nesont pas recherchs en dehors de toute logique, et le hasard seul ne dtermine paspour autant les circonstances prsidant leur choix. La meilleure voie pour rendrecompte de lalliance miraa semble tre celle labore pour les systmes semi-com-plexes dalliance. En plus de certaines rgles matrimoniales nonces par lesMiraa, une tude de la terminologie de parent permettra de dcrire ce systme.

    Une terminologie eskimo-hawaenneLes tableaux suivants prsentent la nomenclature de parent utilise par les

    Miraa2. Les termes dadresse et termes de rfrence (ceux-ci composs en gras)sont indiqus conjointement car certains des termes de rfrence sont aussi destermes dadresse. Ainsi, le terme qui dsigne en rfrence le pre (F) est aussi uti-lis pour sadresser au frre an (eB) lorsque celui-ci remplace le pre dans sacharge de matre de maloca.

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    2. La nomenclature de parent miraa tant dans ses grandes lignes identique entre Ego masculin et Egofminin, nous navons pas tabli deux listes terminologiques bien que certains termes, comme beau-frreet belle-sur, dsignent des personnes distinctes suivant le sexe du locuteur.

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    En G + 1, le terme kn pre est aussi utilis pour dsigner, en adresse, le mari dela sur ane (eZH), au mme titre que le frre an (eB) peut tre appel pre lors-quil prend la direction dune maloca.

    Le terme dj papa est utilis par le pre pour appeler son fils, car, selon les Miraa,ce dernier porte le mme nom que son propre pre. Grand-pre et petit-fils portant en

    thorie le mme nom, le fils dun pre est comme son pre : il est son dj papa . Dansle mme registre que pour ce dernier terme, la mre appelle sa fille gw maman ;mais le pre peut aussi utiliser ce mme terme pour appeler sa fille. Les termes dj et

    gw, respectivement papa et maman , sont aussi des termes dadresse pour lesgendres (DH) et pour les brus (SW) qui sont alors assimils des enfants mais galement des conjoints de pre et mre .

    Le terme de rfrence gw ddj (litt. celle comme maman , martre) estconstruit partir de celui degw maman . Il dsigne la seconde pouse du pre dansles cas de polygynie ou dun remariage aprs un divorce ou le dcs de la premire pouse.Les cas de polygynie sororale sont rares mais ne constituent pas des anomalies puisquils

    sont autoriss. Les ans de ligne ont cependant tendance chercher des pouses dansdeux maisons diffrentes pour accrotre ainsi le nombre de leurs allis. LO

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    Parent et alliance miraa

    G + 2

    FF, MF, FFB, MFB t d mon grand pre

    FM, MM, FMZ, MMZ t dj ma grand-mre

    G + 1

    F, eB, eZH t kn mon pre

    M, eZ t tsh ma mre

    F, S dj papa

    M, D gw maman

    FW gw ddj comme une mre , martre

    MH dj db comme un pre, partre

    FB, MB, FZH, MZH,WF, HF, MH t nn mon oncle

    FZ, MZ, MBW, FBW,WM, HM, FW t m ma tante

    WF, HF,WM, HM,WFB, HFB,WMZ, HMZ bb parents dallis

    Les termes de G + 2 (t d et t dj) sont appliqus en rfrence aux quatre grands-parents, leurs germains, ainsi qu toutes les personnes de cette gnration. Ils sontaussi utiliss pour tablir une distinction hirarchique : lorsquun pre est un chef demaisonne et un an de ligne et quil a transmis sa charge crmonielle son fils an,il peut, par les puns ainsi que les gens du commun, se faire appeler t d grand-pre , et ce, mme par ses propres fils, hormis lan, et par ses frres puns pour qui ilreste un kn pre.

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    Le terme de rfrence pour dsigner le second poux dune mre est construit partirdu terme pour papa : dj d b( celui comme papa , partre). Il nexiste pas de casde polyandrie. Celle-ci est confondue avec ladultre. Le lvirat, par contre, est une pra-tique commune et souhaite dans le cas du dcs du frre. La motivation premire non-ce par les Miraa est que, grce au remariage de lpouse du frre dfunt le plussouvent avec un frre cadet , les enfants peuvent rester au sein de la maloca. Pour les

    Miraa, une des consquences de cette pratique est que le terme dadresse pour le secondpoux dune mre est nn oncle .

    Le terme nn oncle est utilis en premier lieu comme terme de rfrence pour lesfrres de pre (FB) et les frres de mre (MB). Le mme terme de rfrence lest aussi pourles frres classificatoires du pre et de la mre, cest--dire pour tous les enfants mles issusdes germains des quatre grands-parents (FFBS, FFZS, FMBS, FMZS, MMBS, MMZS,MFBS, MFZS), ainsi que pour les conjoints des m tante . Ce mme terme est uti-lis en adresse pour le beau-pre dun individu masculin ou fminin (WF et HF).

    Le terme m tante est utilis en rfrence pour dsigner les surs de mre et depre (FZ, MZ), les surs classificatoires du pre et de la mre, ainsi que les conjointes

    des nn ; en tant que terme dadresse, il dsigne une belle-mre (WM et HM). Lestermes nn et mpeuvent aussi tre employs comme termes dadresse pour toute per-sonne de G + 1. En rsum, nn et mcouvrent la totalit des relations avec les per-sonnes de G + 1, soit en adresse, soit en rfrence (parents dEgo excepts). Il convientenfin de faire remarquer que les beaux-parents, ou parents dallis (WF, HF, WM, HM),sont confondus sous le mme terme de rfrence bb, sans distinction de sexe et ne sontdistingus que par le terme dadresse.

    Dans le tableau ci-contre, outre les frres et surs dEgo, les termes :bet :djenglobent la totalit des cousins croiss et parallles. En fait, ils sont appliqus tous les

    enfants des nn et mlorsquils sont utiliss en rfrence, cest--dire lorsquils ne sontpas les termes dadresse pour les beaux-parents.Les termes t mb (-dj) mon an(e) , qui voquent lordre des naissances, ne

    sont utiliss que pour les frres et surs vritables. Ainsi, un pun aura recours au termede rfrence t mb (-dj) pour dsigner son frre (sa sur) an(e). En adresse, on pr-frera b (eZ) et bd (eB) aussi utiliss pour les germains classificatoires plus vieuxquEgo, sinon on emploiera le terme neutre :m. Lorsquelle sapplique aux germainsclassificatoires, la distinction hirarchique ne vaut quentre personnes de mme sexe.

    Les termes dadresse pour yB et yZ, t bnb (-dj) voquent celui qui remplacelan (dans la matrice) de la mre et viennent de bn vacuit . lidentique, le

    terme pour ex-beau-frre , t b, est construit sur le mme radical : il fait rfrence la vacuit laisse par la sur dun individu masculin (ou le frre, pour une femme)si, pour des raisons de sparation du couple (divorce ou trpas), la personne qui fait lelien entre les deux allis ne remplit plus cette fonction.

    Les termes tsnb (-dj) beau-frre et belle-sur sont utiliss essentiellementlorsquune union a dj t contracte et ne constituent pas une catgorie prescriptive.Lemploi de ces termes est la consquence dune alliance et ne peut en aucun cas la pr-dterminer.

    Les individus qui peuvent tre dsigns comme t ddjb (-dj) sont ceux qui, unegnration quivalente et parmi les consanguins, ne peuvent plus recevoir le terme frre

    ou sur classificatoires et en dehors des quatre clans patrilinaires des grands-parentsdEgo. T ddjbsignifie mon demandeur , celui qui me demande , ce qui quivaut

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    G 0

    B, FBS, FZS, MBS, MZS (en rfrence et adresse) t :b mon frre

    Z, FBD, FZD, MBD, MZD (en rfrence et adresse) t :dj ma sur

    B, Z, FBCh, FZCh, MBCh, MZCh :m germains

    eB, eZ t mb (-dj) mon an(e)

    yB, yZ t nhkp (-dj) mon (ma) pun(e)

    eB bd an (aussi hors germains)

    eZ b ane (aussi hors germains)

    yB, yZ t bnb (-dj ) mon (ma) remplaant(e)

    ZH,WB, BWB, ZH, ZHB,WZH, HB, HZH tsnb beau-frre

    BW,WZ, ZHZ, BWZ,WBW, HZ,HBW, ZH tsndj belle-sur

    ZH,WB, BWB, ZH, ZHB,WZH, HB, HZH, BW,

    WZ,ZHZ, BWZ,WBW, HZ, HBW, ZHW ts alli (e)

    ex ZH (en adresse et en rfrence) t b mon ancien beau-frre

    * t ddjb mon prtendant

    * t ddjdj ma prtendante

    W, WZ mgw femme (avant dtre mre)

    (t) tyb mon pouse (dj mre)

    H, HB t ()h , h poux

    W, Z (avant mariage), (Ego masc.) t gwdj ma compagne

    H, B (avant mariage), (Ego fm.) t gwhp mon compagnon

    W m:dj la douce

    H m:b le doux

    HW t ddj ma semblable , co-pouse

    WH t db mon semblable

    SWF, DHF t :b co-beau-pre, entre beaux-parents

    SWM, DHM t :dj co-belle-mre , entre beaux-parents

    SWF, DHF, SWM, DHM t n co-beaux-parents

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    mon prtendant . Lalliance est possible avec les personnes que lon peut dsignerainsi. Il ne sagit cependant pas dune catgorie de parent puisque ce terme nest pasemploy pour dsigner un ensemble de personnes mais bien ceux et celles qui se situentcomme des prtendants. Ainsi, en dehors des consanguins, ce sont souvent les allis dal-lis qui sont concerns.

    En plus dtre utiliss entre les conjoints,gwhp (-dj) compagnon , compagne

    le sont entre germains rels et non entre germains classificatoires pour celui des germainsdu sexe oppos qui est du mme rang de naissance. Ainsi, une sur ane sadressera celui de ses frres qui est un an comme son compagnon (gwhp), comme elle le ferapar la suite avec son mari ; elle nutilisera alors plus ce terme vis--vis de son frre, maisceux faisant rfrence lordre des naissances.

    Nous avons plac les termes t :b (-dj) co-beaux-parents (SWF, DHF, SWM,DHM) dans G 0, car ils sont des drivs de ceux qui dsignent les frres et surs classi-ficatoires t :b (-dj). Ils sont utiliss entre beaux-parents qui, la plupart du temps, ontarrang le mariage de leur descendance alors que celle-ci nest pas encore en ge de semarier, voire avant quelle nait vu le jour. Ces termes sont alors utiliss prfrentiellement

    ceux de frres et surs classificatoires pour marquer les engagements contractsvis--vis de la descendance. Lappellation t :b (-dj) est maintenue entre ces co-beaux-parents une fois lalliance passe dans les faits.

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    G 1

    S (t) t s gw mon fils

    D (t) tsgw ma fille

    S dj papa

    D gw maman

    BCh, ZCh, FBChCh, FZChCh,

    MBChCh, MZChCh t hb (-dj) mon neveu , ma nice

    DH s gendre

    SW t s bru

    DH dj ( fils ), papa

    SW gw (fille ), maman

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    La catgorie hb (-dj) neveux et nices recouvre tous les enfants des frres etsurs vritables et classificatoires. Daprs la tradition orale miraa, cest dans cettemme catgorie de personnes qutaient pris les jeunes changer contre les marchan-dises des Blancs durant la priode esclavagiste (XVIIe sicle jusquau milieu du XIXe). Ilsemble que la relation neveu/oncle classificatoire comprend une prise en compte parloncle du destin du neveu : que ce destin soit matrimonial ou commercial , il restedans la sphre de lchange entendu au sens large. Nous montrerons comment cette cat-

    gorie est implique dans ltablissement des relations matrimoniales.

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    Les termes dadresse bk et t:k sont aussi des marqueurs hirarchiques puisquilspeuvent tre utiliss entre personnes de mme gnration qui sont en processus dap-prentissage ou en situation dinfriorit.

    En miraa, le terme dadresse pour petite-fille signifie la pourrie . Selon les int-resss, cette appellation disgracieuse viendrait du fait quune petite-fille, ou la fille decelle-ci assimile sous le mme terme , risque de se remarier avec quelquun de son

    propre sang (selon la perception dune personne de G + 2).

    La nomenclature de parent miraa possde des traits relevant la fois du typeeskimo et dautres du type hawaen (classification de Murdock). Ainsi, G 0 lescousins parallles et croiss sont assimils des germains, ce qui donne uneinflexion hawaenne la terminologie, mais, au lieu qu G + 1 on ait lquiva-lence F = FB = MB comme ce serait le cas dans une terminologie hawaenne,nous avons F = FB = MB, ce qui est propre aux terminologies eskimo. La dis-tinction entre ans et puns G 0 porte exclusivement sur les germains vri-tables, alors que les germains classificatoires ne sont distingus selon lordre desnaissances quen adresse et entre personnes de mme sexe. Les caractristiques lesplus notables du vocabulaire de parent dravidien qui correspondent tant denomenclatures dethnies amazoniennes ne sont plus reprsentes ici, si ce nestdans leurs traits les plus gnraux et les plus priphriques : stricte distinctiongnalogique et assimilation en G + 2 et G 2 des consanguins et des allis.Dautres lments de la terminologie miraa les contredisent mme, comme lef-facement de lopposition entre consanguins et allis G + 1 ou la disparition dela pertinence du caractre crois ou parallle dans lensemble de la terminologie,ainsi que limpossibilit de transmettre dune gnration une autre les liens daf-

    finit, puisquil ny a pas renouvellement des unions aux gnrations G 1 etG 2. Mais nous sommes dj, avec ce trait particulier, dans la description dusystme dalliance.

    Un systme dalliance semi-complexe ?

    Les systmes matrimoniaux de la rgion Putumayo et Caquet ont t peudcrits, hormis un article de Mireille Guyot (1976) sur les Bora et Miraa et ladescription de Jurg Gasch (1976) de lorganisation sociale uitoto. Cest daprs

    des informations tires de ces publications que ces deux socits ont t classes,peut-tre htivement, comme des socits complexes (Dreyfus 1993 : 123). crit LO

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    Parent et alliance miraa

    G 2

    SS,DS, FBSSS, FBDSS... t ts mon petit-fils

    SD, DD, FBSSD, FBDSD... t kgw ma petite-fille

    SS, DS, FBSSS, FBDSS... bk petit-fils

    SD, DD, FBSSD, FBDSD... t:k(n) la pourrie = petite-fille

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    en 1976, larticle de J. Gasch navait pu profiter de lavance due au travail deFranoise Hritier (1981) sur le fonctionnement des systmes semi-complexesdalliance. Or, il apparat quaussi bien les donnes uitoto que celles des Miraasaccordent avec un tel systme. Ainsi le titre de larticle de J. Gasch, Les fon-dements de lorganisation sociale des Indiens Witoto et lillusion exogamique ,

    est-il suffisamment vocateur par le renouvellement dalliance endogame aprsplusieurs gnrations dune structure dalliance semi-complexe.

    Pour les Miraa, la principale rgle que doit respecter Ego (masculin ou fmi-nin), lorsquil cherche un conjoint, est de ne pas effectuer ce choix dans les cat-gories de frres et surs classificatoires et plus forte raison parmi ses germainsvritables. Toute personne quEgo peut dsigner comme t:b (-dj) frre / sur ou :m germains , lui est interdite comme conjoint.Formul de la sorte, ce premier interdit de mariage pse sur une catgorie termi-nologique et non sur un groupe dunifiliation, cest--dire un lignage ou un clan

    dans son ensemble. En outre, les membres des quatre clans patrilinaires dontsont issus les grands-parents dEgo FM (FMB), FF (FFB), MF (MFB), MM(MMB) sont galement interdits comme conjoints, et ce quel que soit lenombre de gnrations qui les spare. La descendance des collatraux de grands-parents qui nappartiennent pas aux quatre clans des grands-parents provient deFMZ, FFZ, MFZ, MMZ qui, par la rgle de filiation patrilinaire, ne relventpas des clans grands-parentaux. Cependant, et gnration quivalente, la des-cendance des collatraux des grands-parents se trouve exclue du renouvellementdalliance puisquils sont tous, pour Ego, des germains classificatoires. Cest--

    dire que, pour Ego, mme la descendance des lignes collatrales des grands-parents qui ne font pas partie de leurs clans est interdite de mariage puisque cesont des germains classificatoires.

    En ce sens, les interdits dalliance sappuient sur la juxtaposition de la recon-naissance dune parentle egocentre et dune rgle de filiation patrilinaire.Cette dernire opre comme un filtre pour classer, lintrieur de la parentle,ceux qui font partie des quatre clans des grands-parents et qui sont aussi, aumme titre que les autres membres de la parentle, des conjoints prohibs.

    Si lon prend en compte lensemble du groupe miraa comme champ des

    alliances possibles auquel il faut ajouter les ethnies voisines , le nombre deconjoints potentiels est ainsi extrmement lev. En effet, toute personne nonprohibe est un conjoint potentiel et le renouvellement de lalliance parat, enpremire approximation, dcouler du hasard ou dun choix qui fait intervenirdautres critres que les liens de parent. Cest aussi ce qunoncent les Miraalorsquils affirment quils choisissent celle (ou celui) quils dsirent (tantentendu quelle ou il doit se trouver lextrieur de la catgorie des germains clas-sificatoires). Si lanalyse est limite ce premier niveau, le systme dalliancemiraa semblerait relever dune structure complexe.

    Pour illustrer notre propos, voici lextrait dun texte de 1959 dun missionnairedes Bora du Prou relatant la conversation entre les familles des futurs conjoints.

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    Parent et alliance miraa

    Lorsquun jeune arrive lge de 18 ans, il doit faire un contrat pour se marier. Ildoit chercher une jeune fille laquelle il ne peut dire sur. Comme toutes les cou-sines sont ses surs, sa future pouse ne peut tre une cousine. Le jeune homme nepeut pas parler directement avec la jeune fille. Ce sont les parents qui doivent le faireet, souvent, il semble quils y portent plus dintrt que le fils. La jeune fille peut avoir13 ou 14 ans, parfois moins. Daprs un informateur, la conversation entre les parentset leurs enfants se droule de la faon suivante : Fils. Que veux-tu papa ? Tu neveux pas te marier, fils ? Je ne sais pas. Tu sais cela. Bon ! ta mre veut que tu temaries pour avoir de laide dans son travail. Daccord ! alors parle avec la mre dela fille. Puis parle avec son pre et demande lui quelle soit ma femme. Les parentsvont parler avec les parents de la jeune fille. Aprs les salutations dusage, ils deman-dent : Ta fille ne voudrait-elle pas se marier avec notre fils ? Je ne sais pas, demande sa mre, dit le pre. Que dis-tu sur; ne voudrais-tu pas que ta fille se marie avecnotre fils ? (Thiesen 1959 : 1 ; ma traduction et mes italiques.)

    Les procdures dcrites ici sont identiques celles qui prvalent actuellement

    chez les Miraa du Caquet. Ce sont le plus souvent les parents qui recherchentun conjoint pour leur descendance. Cette qute de gendres et de brus ne se faitpas au hasard. Cest dans la catgorie des germains classificatoires que les parentssemploient trouver les futurs beaux-parents de leur descendance : ce quillustrele texte prcdent lorsque le pre du prtendant sadresse la mre de sa futurebru par le terme sur , cest--dire une :dj. Autrement dit, les parentsdEgo doivent se tourner vers leurs germains classificatoires (:m, cest--diresoit un :bou une :dj) qui nappartiennent pas lun des quatre clans res-pectifs des grands-parents pour trouver leurs :b et :dj catgorie que jai

    traduite par co-beaux-parents avec lesquels ils peuvent entamer les discus-sions propos dune future alliance entre une partie de leur descendance.

    Ainsi, le calcul des liens gnalogiques dune parentle ne doit pas partirdEgo, mais du pre ou de la mre dEgo. La formule canonique de lalliancemiraa serait la femme du fils (bru) est la fille dun frre ou dune sur classi-ficatoire (SW = B / Z D) ou le mari dune fille (gendre) est le fils dunfrre ou dune sur classificatoire (DH = B / Z S), tant quils nappartien-nent pas aux clans des grands-parents dEgo.

    Pour prendre un exemple prcis : FFZSD est une sur classificatoire dEgo (t

    :dj) qui nappartient pas son clan mais dont la grand-mre paternelle est lasur du grand-pre paternel dEgo. De par la rgle de filiation unilinaire, le filsde cette grand-mre nappartient pas au mme clan que le grand-pre dEgo et lafille de ce fils appartiendra ce nouveau clan. Pour Ego, sa FFZSD est unesur (:dj) qui nappartient pas au clan dun de ses grands-parents. La fille(ou le fils) de cette sur classificatoire est une nice (un neveu ), un(e)t hdj (-b), mais, comme pour le fils dEgo, cette nice ( neveu ) dupre nest plus nomm(e) par la terminologie, elle (il) devient un(e) conjoint(e)potentiel(le) pour le fils (la fille) dEgo.

    Poursuivons partir de cet exemple mais en prenant cette fois le point de vuedes deux futurs conjoints. La femme dEgo est sa FFFZSDD (cest--dire que les

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    conjoints peuvent tre cherchs parmi les cousins et cousines du troisime degrcanon). Celle-ci est la fille dune tante (m), puisque la mre de lpouse estune sur classificatoire du pre dEgo (FFZSD), raison pour laquelle, disent lesMiraa, les beaux-parents sont dsigns, en adresse, comme oncle et tante (nn et m). Selon la rpartition terminologique de la parent, ces enfants

    d oncle ou de tante auraient d tre, pour Ego, des germains classifica-toires, mais ils chappent de fait un classement quelconque dans une des cat-gories de la nomenclature de parent bien quils soient souvent, mais nonsystmatiquement, dsigns comme mes saluts (t ddjm), cest--dire des prtendants . Cependant, comme ce dernier terme ne forme pas une classe ter-minologique proprement parler puisquil ne concerne que ceux qui sonteffectivement en situation de prtendants , il existe l une aire des relations deparent qui nest pas marque par la nomenclature et qui, par ce vide terminolo-gique, cre des tensions dans les relations entre les personnes concernes. Cest

    une des raisons invoques par les Miraa pour affirmer que cest toujours avec lesparents de la jeune fille quil faut ngocier le mariage et non directement avec lafille. En effet, ceux-ci peuvent tre dsigns par la terminologie alors que la fillene peut pas encore ltre, tout comme les frres de celle-ci ne sont pas encore desbeaux-frres. Le soin du choix des beaux-parents peut aussi tre laiss au proprepre dEgo qui ngociera (nhn) directement une de ses nices (ou neveux ) avec un de ses germains classificatoires3. Il existe ainsi, vis--vis desbeaux-frres potentiels, une relation dvitement qui peut se rsoudre par unealliance effective, auquel cas ces derniers ont tendance tre consanguiniss en ce que lon mettra laccent sur le lien de parent partag (qui remonte troisgnrations) ; mais lalliance peut aussi ne pas avoir lieu, et cest le principe delopposition des clans qui prvaut, dbouchant sur des antagonismes qui peuventconduire jusqu la guerre comme ctait encore le cas au sicle pass.

    Toujours suivant cet exemple thorique, du point de vue des groupes dunifilia-tion le clan dEgo a cd une femme G + 3 (FFFZ) au clan qui est aussi celui doprovient la mre de la future pouse. Si le pre dEgo mne la ngociation, il peutfaire valoir auprs de la mre de la jeune fille (une sur FFZD) que le clanauquel elle appartient a reu sa propre grand-mre. Il est ainsi en droit de revendi-quer sa nice pour quelle soit lpouse de son fils comme un retour dune femme

    donne la gnration de son grand-pre. Pour le pre dEgo, il est plus difficiledinvoquer ce type dargument vis--vis du clan qui a reu, par exemple, MMZ,puisquil nappartient pas lui-mme au clan de MM. Cependant, comme ces clanssont interdits au renouvellement dalliance et, de par la reconnaissance de laconsanguinit cognatique, ils sont considrs par le pre dEgo comme faisant par-tie de sa parentle (= sur de grand-mre ). Celui-ci peut donc jouer de cet argu-ment dans les ngociations avec ses frres et surs classificatoires issus de MMZ.

    3. En lieu et place du terme de nhn ngocier , certains Miraa prfrent utiliser ts qui dcritlaction de se rappeler , se souvenir , pour marquer la relation de dbiteur dans laquelle se trouvelun des futurs co-beaux-parents.

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    La formule de mariage nest pas toujours exprime par les Miraa en termesdchange ; ils font parfois valoir le respect que se doivent mutuellement lespoux. Ainsi, certains Miraa avancent largument suivant : Moi, je veux quema fille se marie avec le fils dun de mes germains (:m). Pourquoi ? Non, je ne veux pas que dautres la prennent, car si elle vit avec dautres, ils vont

    la frapper. En revanche, si elle vit avec un de mes neveux (hn), il ne peut pasla frapper et elle ne le traitera pas mal [le tromper]. Cest parce quils sont desparents lun pour lautre ; ils se doivent respect par la famille et parce quils sontmari et femme. De mme, certains jeunes scolariss sachant reconnatre lesdegrs de parent disent explicitement quavec les cousins du troisime degr onpeut se marier et cest mme trs bien (en excluant, bien sr, ceux des patriclansdes quatre grands-parents). Cest donc consciemment que les Miraa concluentleurs alliances lintrieur de la parentle. Lorsquun jeune homme ne dsire pasque son pre soit celui qui ngocie avec sa future belle-famille, il lui suffit de setourner vers les filles issues des germains classificatoires de ses propres pre etmre qui nappartiennent pas lun des clans des grands-parents.

    La catgorie de neveux (hn) est donc celle qui est lobjet de ngocia-tions ou de tractations entre germains classificatoires pour crer des gendres etdes brus. Les enfants qui taient changs contre de la marchandise lors de lapriode esclavagiste taient assimils des neveux ; objets de tractations et dengoces, tout comme les individus appartenant cette catgorie deviennent,selon une glose miraa, ceux dont on peut profiter . En dautres termes, dansce systme dalliance tout joue dans le sens dun certain droit de regard de la partde loncle sur ses neveux et nices classificatoires. Ceux-ci lui reviennent dedroit, et il peut de la sorte les revendiquer soit pour en faire des gendres (et, loccasion, les garder auprs de lui dans sa maloca, contredisant ainsi la rgle depatrilocalit), soit pour en faire des brus pour ses fils dont il supervise les alliancesen fonction de ses propres intrts politiques.

    Il sagit donc dun systme semi-complexe, dans lequel il ny a pas de renou-vellement dalliance dans les gnrations immdiatement contigus celle ayantcontract la premire union. On note galement une volont de rcuprer la des-cendance par des pratiques de nomination contredisant la rgle dunifiliation :une partie de la descendance peut porter des noms appartenant au clan donneur

    dpouse. Ces cas reprsentent un palliatif une certaine absence de rciprocitdans lchange entre clans la deuxime gnration qui suit la premire alliance.Mme si lchange de surs sur une gnration existe dans de nombreux cas etest souhait, cest--dire que deux clans changent, une mme gnration, desfemmes issues de leurs rangs, cela nimplique aucunement que ce type dchangese reproduise dans les gnrations venir puisque, bien au contraire, la rptitionde ce type dalliance est interdite dans les faits. La reconnaissance du ct dela mre , qui accrdite dans le discours miraa les pratiques de cessions nomi-nales, permet dinscrire dans sa propre descendance la dette contracte vis--vis

    du lignage donneur dpouse. Ce don de femme, qui peut aussi, parfois, tre unrapt, engage plus le prtendant celui qui a contract la dette , rembourser LO

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    symboliquement une partie des fruits la descendance que cette femmecde lui a permis dobtenir, en ddiant nominalement une partie de sa descen-dance au patrilignage maternel. Ainsi ce dernier ne doit pas attendre quatre gn-rations pour pouvoir rcuprer le don de femme fait antrieurement.

    Lensemble des donnes prsentes nous amne conclure que le systme dal-

    liance miraa est de type semi-complexe tel que dfini par Franoise Hritier(1981 : 102). On y retrouve, en effet, linterdit de renouveler lalliance dans lesquatre clans des grands-parents sans limitation de gnration, ainsi que lassimila-tion des descendants des collatraux issus des surs, relles ou classificatoires, deces quatre grands-parents des germains, combine un interdit dalliance quipse sur cette catgorie de germains. Bien que les systmes semi-complexes soientle plus communment associs une terminologie crow-omaha, FranoiseHritier reconnat (ibid. : 75 et 129) quils fonctionnent aussi dans les systmesterminologiques inflexion hawaenne ce qui est partiellement le cas dans la ter-

    minologie miraa. Nous pouvons, cet gard, rapprocher les Miraa des Uitotoqui possdent galement une tranche hawaenne en G 0, et qui, daprs lesinformations de Jurg Gasch, manifeste les mmes caractristiques que le systmemiraa : Il faut [] trois gnrations au-dessus dEgo pour produire des parentsloigns dans les branches collatrales masculines des lignages des gniteurs. Maistrois gnrations impliquent quatre lignages ceux des quatre grands-parents proches dEgo si bien que cest sur les branches masculines (= issues du PP,du FMP, du PM, du FMM) de ces quatre lignages que les degrs de parentproche et loigne se rpartissent de faon symtrique [...]. On peut voir une desconsquences pratiques de limplication de ces quatre lignages dans la rpartitionsymtrique des degrs de parent, dans le fait quEgo vitera de se marier dans cesquatre lignages (Gasch 1976 : 153-154). Enfin, il est intressant de remarquerque lexemple fourni par Franoise Hritier dun systme semi-complexe dal-liance associ une terminologie hawaenne (les Tanebar-Evar dIndonsie)concerne une socit maisons o lon trouve une distinction entre lignenoble et gens du commun ainsi quune forte distinction entre ans et cadets.

    Nous conclurons en soulignant une remarque de Stephen Hugh-Jones eth-nographe des Barasana, voisins loigns des Miraa vivant aussi dans des malo-cas propos du statut des socits maisons dans la thorie gnrale de laparent : Les caractristiques de socits maisons que Lvi-Strauss tablitcomme transitoires entre des structures lmentaires et complexes voquent sadiscussion antrieure des systmes crow-omaha ou systmes dalliance semi-complexe (Hritier 1981), bien quil ne fasse pas dassociation explicite entreeux (Carsten & Hugh-Jones 1995 : 13 ; ma traduction ; voir aussi, sur le mmethme, Hugh-Jones 1993). Le cas miraa prsenterait effectivement cette com-

    binaison puisque nous pouvons le caractriser comme une socit maisons dotdun systme semi-complexe dalliance associ une terminologie de forme

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    eskimo-hawaenne et une organisation clanique patrilinaire et patrilocale.Lexemple miraa remplirait ainsi deux des trois conditions majeures du modleamazonien dvelopp par Paul Henley. Ce modle idal est similaire au canondravidien tant que seule la distribution gnrale des catgories terminologiquesentre les trois gnrations centrales est concerne ; mais il lui est trs diffrent

    dans trois autres aspects cruciaux et lis : labsence dune rgle positive demariage, labsence dune catgorie de parents croiss dans la propre gnrationdEgo et la prsence dun jeu de termes exclusifs pour les affins (Henley 1996 :62 ; ma traduction). Dans cette perspective, la forme canonique de la terminolo-gie dravidienne nest plus prsente dans le cas miraa. La distinction crois/paral-lle superposable, selon Louis Dumont, aux catgories de consanguinit etdaffinit qualit minimum ncessaire pour pouvoir qualifier une terminologiede dravidienne est absente dans la terminologie de rfrence miraa. Enrevanche, certains traits des termes dadresse gardent une touche dravidiennepuisquune personne sadresse ses beaux-parents par un terme identique celuides germains de ses propres parents (bien que la distinction crois/parallle nesoit plus pertinente, dupliquant ainsi en G + 1 l hawaanisation de G 0).Enfin, cette forme spcifique de lalliance nest possible quavec un systme filia-tion unilinaire permettant dinstituer de la mmoire et de recrer une distinc-tion quivalente celle opre par lopposition crois/parallle dans les systmes filiation cognatique (Taylor 1998 : 212).

    MOTS CLS/KEYWORDS : Amazonie colombienne/Colombian Amazonia Miraa systme dal-liance semi-complexe/semi-complex marriage system terminologie de parent/kinship terminology.

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    Parent et alliance miraa

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    Dimitri Karadimas, Parent et alliance miraa.Les Miraa dAmazonie colombienne nepossdent que des interdits dalliance portantsur la catgorie des germains classificatoires.nonce de la sorte, cette rgle purementngative incite penser que le systme matri-monial est de type complexe. Pourtant, lexa-men de la terminologie de parent (eskimo-hawaenne) ainsi que des discours et pra-tiques matrimoniales montre que le systmedalliance miraa sapparente plus un typesemi-complexe. En effet, outre linterdit cat-goriel, le futur conjoint ne doit pas apparte-nir lun des quatre patriclans des grands-parents.

    Dimitri Karadimas,Miraa Kinship and Affinity. The only marriage prohibitions of theMiraa in the Amazonian region ofColombia concern the category of classifi-catory siblings. Stated as such, this purelynegative rule leads us to think that thematrimonial system is of a complex type.However, a closer look at kinship termino-logy (Eskimo-Hawaiian) and at discoursesand practices related to marriage shows thatthe Miraa system of affinity is closer to asemi-complex type. In effect, besides theaforementioned prohibition, the futurespouse must not belong to one of the fourpatriclans of the grandparents.

    RSUM/ABSTRACT