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1 Hola amig@s, familia, membres de notre groupe de soutien «Junt@s», Nous espérons vous trouver en pleine forme en cette fin d’année, prêt-e-s à poursuivre ou entamer des aventures passionnantes sous les auspices de 2016. De notre côté nous allons bien et sommes très heureux de notre nouvelle vie de parents, qui a commencé le 16 octobre. Notre petit Nolan a débarqué de manière un peu anticipée, puisqu’il était attendu pour début novembre. Mais comme Noémie a attrapé le chikunguya (une maladie tropicale qui donne de la fièvre, des irruptions cutanées et des douleurs musculaires), elle a dû subir une césarienne en urgence car Nolan faisait de la tachycardie à cause de la fièvre. Les débuts ont donc été un peu stressants, mais maintenant, nous sommes bien remis et profitons de beaux moments pour faire connaissance mutuellement. Au niveau de nos projets, ils sont pour l’instant mis entre parenthèse puisque Noémie est en congé maternité jusqu’en février et Christophe en vacances (au Nicaragua, l’année scolaire se termine début décembre et reprend début février). Nous allons ensuite reprendre nos dernières activités avant notre retour en Suisse, le 28 mars prochain. Eh oui, après bientôt 3 ans, notre aventure nicaraguayenne touche gentiment à sa fin. La perspective de rentrer en Suisse provoque en nous des sentiments ambivalents. D’une part, il va être difficile de quitter le Nicaragua (deuxième patrie de notre fils qui a la chance d’être né avec la nationalité nicaraguayenne), ainsi que les personnes auxquelles nous nous sommes attachées ici. D’autre part, nous nous réjouissons bien sûr aussi de retrouver notre terre natale et de vous revoir toutes et tous. Et nous sommes aussi particulièrement impatients que Nolan puisse vous rencontrer. Comme nous terminons tout bientôt nos projets, il s’agit de la dernière lettre que nous vous écrivons. Nous souhaitons en profiter pour vous remercier très chaleureusement pour votre intérêt et votre soutien durant nos 3 années de coopéraction. Nous adressons également des remerciements particuliers aux deux co-responsables émérites de notre groupe de soutien, Patricia, la maman de Noémie, ainsi que Nelly, pour leurs implication dans l’organisation des différents événements festifs et de sensibilisation en Suisse, la relecture, impression et mise sous pli de nos lettres, sans oublier les lettres de notre groupe de soutien. Nous remercions également les différentes personnes qui les ont secondées. Sur ce, nous vous souhaitons de belles fêtes de fin d’année, dans une ambiance sereine et chaleureuse ainsi qu’une année 2016 qui vous permette de réaliser quelques rêves et d’en faire naître de nouveaux! Noémie et Christophe Junt@s Lettre de nouvelles n°8 décembre 2015

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Hola amig@s, familia, membres de notre groupe de soutien «Junt@s»,

Nous espérons vous trouver en pleine forme en cette fin d’année, prêt-e-s à poursuivre ou entamerdes aventures passionnantes sous les auspices de 2016.

De notre côté nous allons bien et sommes très heureux de notre nouvelle vie de parents, qui acommencé le 16 octobre. Notre petit Nolan a débarqué de manière un peu anticipée, puisqu’il étaitattendu pour début novembre. Mais comme Noémie a attrapé le chikunguya (une maladie tropicalequi donne de la fièvre, des irruptions cutanées et des douleurs musculaires), elle a dû subir unecésarienne en urgence car Nolan faisait de la tachycardie à cause de la fièvre. Les débuts ont doncété un peu stressants, mais maintenant, nous sommes bien remis et profitons de beaux momentspour faire connaissance mutuellement.

Au niveau de nos projets, ils sont pour l’instant mis entre parenthèse puisque Noémie est en congématernité jusqu’en février et Christophe en vacances (au Nicaragua, l’année scolaire se terminedébut décembre et reprend début février). Nous allons ensuite reprendre nos dernières activitésavant notre retour en Suisse, le 28 mars prochain. Eh oui, après bientôt 3 ans, notre aventurenicaraguayenne touche gentiment à sa fin. La perspective de rentrer en Suisse provoque en nous dessentiments ambivalents. D’une part, il va être difficile de quitter le Nicaragua (deuxième patrie denotre fils qui a la chance d’être né avec la nationalité nicaraguayenne), ainsi que les personnesauxquelles nous nous sommes attachées ici. D’autre part, nous nous réjouissons bien sûr aussi deretrouver notre terre natale et de vous revoir toutes et tous. Et nous sommes aussi particulièrementimpatients que Nolan puisse vous rencontrer.

Comme nous terminons tout bientôt nos projets, il s’agit de la dernière lettre que nous vousécrivons. Nous souhaitons en profiter pour vous remercier très chaleureusement pour votre intérêtet votre soutien durant nos 3 années de coopéraction. Nous adressons également des remerciementsparticuliers aux deux co-responsables émérites de notre groupe de soutien, Patricia, la maman deNoémie, ainsi que Nelly, pour leurs implication dans l’organisation des différents événementsfestifs et de sensibilisation en Suisse, la relecture, impression et mise sous pli de nos lettres, sansoublier les lettres de notre groupe de soutien. Nous remercions également les différentes personnesqui les ont secondées.

Sur ce, nous vous souhaitons de belles fêtes de fin d’année, dans une ambiance sereine etchaleureuse ainsi qu’une année 2016 qui vous permette de réaliser quelques rêves et d’en faire naîtrede nouveaux!

Noémie et Christophe

Junt@sLettre de nouvelles n°8

décembre 2015

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Christophe

En ce vendredi 16 octobre 2015, je travaille à la maison, confectionnant du matériel scolaire. En débutd’après-midi, Noémie (enceinte depuis plus de 8 mois) est partie à son rendez-vous chez la gynécologue.Ayant la maison pour moi tout seul, je décide de bricoler trois boîtes en cartons qui serviront à ranger desactivités. Je prépare donc mon matériel de peinture, mélange des couleurs et me mets à peindretranquillement. Une bonne heure plus tard, lorsque je suis sur le point de terminer de peindre mon troisièmecarton, je reçois un appel de ma compagne :« Ecoute, je suis chez la gynéco, et en fait, elle me dit que j’ai de la fièvre. Elle a écouté le cœur du bébé quibat irrégulièrement, il fait de la tachycardie. Les taches rouges que j’ai sur mon ventre peuvent être dues auchikungunya. La gynéco est inquiète, il faudra peut-être faire une césarienne. Elle termine un rendez-vous etm’emmène à l’hôpital pour mettre le bébé sous monitoring. Peux-tu préparer la valise ? »Après l’appel de Noémie, je prépare toutes les affaires nécessaires selon la liste que nous avons faiteensemble. Et 45 minutes plus tard, me voilà prêt. Il est un peu plus de 15h mais il se met à pleuvoir: une vraiepluie tropicale. Sans véhicule, je connais bien les difficultés que je vais rencontrer pour me rendre à l’hôpital.Je téléphone à Noémie pour lui dire que la valise est prête, mais qu’il pleut et que je vais attendre un peu queça se calme. Une heure plus tard, lorsque la pluie faiblit un peu, je me dis que c’est ma chance. Je mets monimperméable et je pars avec la valise à roulettes de Noémie.Je marche dix minutes sur un chemin de terre rempli de grandes gouilles que je contourne du mieux que jepeux. Arrivé au chemin principal, le niveau de difficulté aquatique augmente d’un cran : le chemin est inondé,un ruisseau au courant lent mais continu s’y est formé. Peu importe! Je marche en équilibre sur les talusadjacents avec ma valise à roulettes, me concentrant pour garder l’équilibre et ne pas tomber à l’eau. Il n’y abien sûr personne, hormis quelques gardiens de zones résidentielles, à l’abri, qui me regardent d’un airintrigué et amusé. Après un quart d’heure de combat acharné pour garder un centre de gravité stable mepermettant d’avancer, me voilà face au dernier niveau de difficulté : es deux chemins principaux du quartierse rejoignent et leurs eaux conjointes forment un vrai torrent. Il y a un regroupement de véhicules maisaucun ne traverse le carrefour, de peur de rester enlisé. Je prends des nouvelles rassurantes de Noémie : elleest installée dans une chambre de l’hôpital. Après vingt minutes passé à l’abri d’une moto-taxi et ayantobservé deux locaux traverser le chemin, je me décide : j’enlève à mon tour mes chaussures et chaussettesdéjà complètement mouillées, relève mes pantalons jusqu’aux genoux et traverse le torrent avec la fameusevalise à roulettes. Je maudis tous les Dieux et me dis que Noémie aurait pu préparer sa valise avant , que si lavalise ou moi-même tombe dans l’eau, je vais être la risée du quartier pendant des années! Peut-être mêmequ’on écrira un article sur le « chele », le blanc, qui a voulu jouer à Indiana Jones! Et bien non. Arrivé del’autre côté, tout fier de ne pas être tombé, je me rhabille et me rends à l’hôpital, les pires difficultés ayantété passées et en espérant ne pas tomber malade.

Un jour pas comme les autres

Junt@s – lettre n° 8 – décembre 2015

Changement de décor: je me retrouve, quatre heures plus tard, touthabillé de bleu et blanc (équipement médical) dans la salled’opération avec Noémie. Nolan naît à l’hôpital Metropolitano deManagua, d’une césarienne, à 20h48. Je dois dire que c’est émouvantet porté de bonheur de voire naître son enfant, peu importe lesconditions. La pédiatre prend bébé et il pleure rapidement. L’idée dele manipuler, de le faire tomber me fait peur. Mais après voir vu lapédiatre le tenir par les pieds, la tête en bas pour le mesurer, je medis que ce n’est pas si fragile et mes craintes se dissipent. Nouspassons cinq minutes avec la maman puis remontons à l’étagematernité où la pédiatre demande de préparer un incubateur. Nolanest né avec de la fièvre et trois semaines avant terme. Heureusement,vingt minutes plus tard, la fièvre est tombée et les appareils demesure indiquent qu’il a une capacité respiratoire au-dessus de lamoyenne des nouveau-nés. L’idée de l’incubateur est doncabandonnée. A trois heures du matin, Noémie nous rejoint et nousvoilà tous réunis pour former une nouvelle famille.

Merci Mme Miranda , gynécologue, pour votre travail et votre chaleureux accompagnement.

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En enfantine

En deuxième primaire

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Les 38 activités de la méthodologie Montessori introduites en enfantine ont beaucoup plu aux enfants. Lesélèves ont aimé manipuler le matériel pour développer la coordination de leurs mouvements, pourapprendre les voyelles, les numéros et compter jusqu’à 10. Les enfants ont bien collaboré et voir leur joietout en apprenant et en effectuant les exercices a été pour moi un plaisir.De son côté, l’enseignante a souvent regardé comment j’animais les activités, mais n’a jamais vraimentessayé de se les approprier. Dommage. Peut-être essaiera-t-elle de le faire quand je ne serai plus là, sans lapression d’un regard extérieur, avec le manuel d’activités que je lui ai fait.

En première primaire

Le bilan en deuxième primaire est conforme aux attentes. L’appui que je donne aux cinq élèves conjugué àl’enseignement de la collègue a permis à trois d’entre eux de passer en troisième primaire et aux deuxautres d’améliorer leur niveau de lecture.

Je dessine les mots écrits sur lesétiquettes que je reçois. J’échange moncahier avec un camarade et j’essaie dedeviner ce que lui a dessiné pour écrirele mot correspondant.

Si l’enseignant dit : dedans, je saute àl’intérieur du cercle. Si l’enseignant ditdehors, je saute à l’extérieur du cercle.

D’un point de vue humain, l’expérience avec les enfants a été difficile la première année et riche la seconde.J’ai en effet développé avec ces jeunes étudiants, petit à petit durant la seconde année, une complicité et leurdire adieu tout bientôt ne sera pas évident. Leurs sourires, leur écoute, leur collaboration enthousiasmante,les moments partagés à la récré, leur affection, leur maturité,… m’ont beaucoup touchés. J’en garderai unebelle image.Les collègues sont sympathiques, mais le véritable besoin qu’ils ont et que j’ai ressenti, c’est d’un maîtred’appui qui travaille avec les élèves en difficultés. Ce que je comprends, mais ce n’était pas l’objectif duprojet: quand je ne serai plus là, il n’y aura plus d’aide directe pour les enfants et donc pas d’effets à longterme. J’espère tout de même avoir laissé assez de nouvelles activités intéressantes et qu’ils en reprendrontquelques-unes.

Nous voilà à la fin du mois de novembre, fin de l’année scolaire au Nicaragua, et aussi, donc, fin de monengagement au sein du centre scolaire de Fe y Alegría, Juan XXIII. Voici l’heure du bilan.

Sur les deux ans, 38 nouvelles activités et 5 stratégiesd’enseignement ont été introduites en première primaire. Toutcomme en enfantine, les enfants ont beaucoup aimé les activitésintroduites, y participant avec beaucoup d’enthousiasme. Lesaspects ludiques, actifs et manipulation de matériel ont été unsuccès (vous pouvez retrouver toutes les activités introduites sur leblog terrezer.wordpress.com).Le côté ludique et actif des activités auraient pu être utilisé pourcasser un rythme de classe où la copie au tableau est la base dusystème d’enseignement; il aurait permit de motiver les élèves etdécharger un peu leurs accus trop plein d’énergie. Mais le principal

souci de l’enseignante a été la discipline (pas évident avec 44 élèves).Elle ne s’est jamais engagée sur cette voie sûrement par peur de perdrele contrôle de la classe.Les réunions organisées avec cette même collègue pour réfléchir ettrouver ensemble des solutions ont été peu concluantes. Des solutionsont été proposées par l’enseignante elle-même mais elle ne les ajamais testées ou mises en place.Le bilan scolaire, lui, est très bon puisque 40 élèves sur 44 ont unniveau de lecture suffisant pour passer en deuxième primaire etl’enseignante a eu l’air intéressée au dossier expliquant toutes lesactivités introduites que je laisse dans sa classe.

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Une étude sur les inégalités entre hommes et femmes dans les coopératives

L’année passée, dans le cadre de mon master professionnel en développement, j’ai réalisé une recherchesur les inégalités de genre dans les coopératives agricoles affiliées à l’organisation où je travaille(l’Asociación de Trabajadores del Campo, association de travailleurs agricoles). Pour des questions de tempset de moyens, je dû me focaliser sur un très petit échantillon, réalisant mon enquête approfondissantl’analyse sur une seule coopérative. Toutefois, cette expérience m’a permis d’améliorer la méthodologiepour ensuite réaliser la même étude auprès d’un plus grand nombre de coopératives, avec lacollaboration de plusieurs collègues. Nous avons tout d’abord fait passer un questionnaire (anonyme)auprès des personnes affiliées ainsi qu’à leurs conjoint-e-s. Puis nous avons présenté les résultats auxparticipant-e-s dans le but d’approfondir et de débattre sur des situations d’inégalité identifiées ainsique sur les mesures qui peuvent être prises pour y remédier. Parmi les inégalités identifiées: les femmessont peu nombreuses parmi les affilié-e-s aux coopératives ainsi que dans les conseils d’administration.Et ce alors qu’elles participent souvent à la vie associative et font tout un travail qui n’est souvent pasreconnu (par exemple la femme d’un membre qui prépare le repas lors d’une activité). Les principauxobstacles à la participation des femmes sont la charge de travail domestique, auquel s’ajoute encore

Bilan de mon projet

Arrivée presque au terme de mes 3 années de travail ici, il est temps d’en tirer un bilan. Au niveau desactivités, en plus du diagnostic mentionné ci-dessus, avec mon collègue Eduardo, nous avons puanimer une vingtaine d’ateliers de promotion de l’égalité, auprès d’hommes et de femmes membres desyndicats et coopératives ainsi que dirigeant-e-s d’organisations paysannes au niveau national etd’Amérique centrale. Depuis quelques mois nous formons une équipe dont les membres sont actifsdans les différents départements: l’idée est que ces personnes puissent animer elles-mêmes les ateliersde promotion de l’égalité et également donner suite au diagnostic réalisé, en organisant des activitésqui répondent aux besoins identifiés.

Personnellement, j’ai beaucoup appris, notamment en termes d’animation de groupes avec desméthodes participatives. J’ai aussi pu apporter à mes collègues de nouvelles manières de voir et detravailler, notamment le fait d’accorder de l’importance à la planification des activités, la préparationdes méthodologies d’intervention, la réalisation de diagnostic participatif comme celui décrit ci-dessus.

Il y a bien sûr aussi eu des difficultés et des limites à notre action. Dans le domaine de la promotion del’égalité entre hommes et femmes, il est difficile de voir des avancées concrètes. Idéalement, j’auraissouhaité pouvoir faire l’étude décrite ci-dessus en début de mission, pour ensuite mettre en place desactions qui aillent au-delà de nos ateliers. Toutefois, cela a été tout un processus tant pour moi quepour mes collègues afin d’être prêt-e-s à réaliser ce diagnostic. J’espère qu’il pourra servir à mettre enplace des actions concrètes pour plus d’égalité. En guise de conclusion, je dirais toutefois quel’expérience de coopéraction, c’est aussi des échanges, des débats, qui ne se résument pas aux outilsméthodologiques, activités réalisées et rapports rédigés. Et ces échanges nous laissent transformés pourtoujours.

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Des membres d’une coopérative ayant participé à l’étude

parfois du travail agricole. De plus, l’idée que la femme estfaite pour s’occuper des tâches domestiques et l’hommepour les travaux à l’extérieur du foyer est très répandue. Uncertain nombre de femmes parviennent tout de même àatteindre un niveau important de leadership dans lescoopératives, mais elles font souvent part d’une surchargede travail. Autre inégalité délicate à aborder: les femmespeuvent rarement participer aux décisions concernant larépartition et l’utilisation des ressources économiques, quece soit dans les coopératives ou dans les familles.

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Le projet de canal en mauvaise posture

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Noémie

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Le gouvernement veut gérer seul les fonds de la coopération

En septembre, le Gouvernement a annoncé qu’il allait gérerdirectement les programmes de coopération au développement,sans intermédiaire. Le PNUD (programme des Nations Uniespour le développement) qui fonctionne comme intermédiaireentre des donateurs et les pays receveurs, a ainsi dû fermer sesprojets et sa représentante a quitté le Nicaragua. La décision duGouvernement peut se comprendre par une volonté d’éviterl’ingérence d’organismes extérieurs dans sa politique.

Nous vous avons plusieurs fois parlé du projet decanal interocéanique dans notre page d’actualité(voir nos lettres n° 1 et 4). Le début des travaux aété inauguré en décembre de l’année passée, maisdepuis, rien n’a pratiquement avancé. Il faut direque, si une partie de la population espère que ceprojet va amener emploi et richesse, d’autres ysont fermement opposés. 53 manifestations ontdéjà eu lieu pour demander la dérogation de laloi qui accorde la concession du canal àl’entrepreneur chinois Wang Jing pour une duréede cent ans. Les oppositions au projet sontprincipalement liées à ses conséquencesenvironnementales. De plus, lesagriculteurs/trices se trouvant sur la routeprévue, ne souhaitent pas vendre leurs terres.Wang Jing a récemment annoncé que les travauxn’allaient pas commencer avant fin 2016, et ce,sans en expliquer la raison. Est-ce lié au fait qu’ilait perdu près de 90% de sa richesse suite à lachute de la bourse chinoise et qu’aucun autreinvestisseur n’ait été officiellement annoncé pourle moment? Ou à une volonté du gouvernementd’attendre l’après-élection de novembre 2016?

Une initiative pour la dépénalisation de l’avortement thérapeutique

Abandon du projet minier de Rancho Grande

Cette volonté va d’ailleurs dans le sens des principes d’appropriation de l’aide et d’alignement sur lapolitique des gouvernements, se trouvant dans la Déclaration de Paris, signée en 2005 par lesprincipaux acteurs (donateurs et bénéficiaires) de la coopération au développement. Toutefois, certainsy voient une peur du Gouvernement face au financement de projets visant à renforcer la société civile,qui risqueraient de le déstabiliser, et ce, dans un contexte préélectoral tendu et polarisé (les prochainesélections présidentielles auront lieu en novembre 2016).

Silvia Rucks, représentante du PNUD

Dans notre dernière lettre, Christophe vous avaitparlé de plusieurs projets miniers. Notammentde celui de Rancho Grande, où il était prévu une

J’ai plusieurs fois allusion au fait qu’auNicaragua, depuis 2007, toute formed’avortement est interdite. Une initiative, ayantrécolté un peu plus de 6000 signatures, a étédéposée en octobre à l’Assemblée Nationalepour demander que l’avortement soit possibleen cas de viol ou de mise en danger de la santéde la mère et/ou de l’enfant.

exploitation à ciel ouvert d’une mine d’or, parl’entreprise canadienne B2Gold, à qui laconcession a été octroyée. Ce projet a toujoursrencontré une résistance active de la populationlocale, à cause des risques sociaux etenvironnementaux liés à une telle exploitation.La dernière manifestation en date a eu lieu le 3octobre dernier, réunissant 15 milles paysans deRancho Grande, accompagnés par l’évêque dela région ainsi que par différentes organisationslocales. Moins de 10 jours plus tard, le 12octobre, le Gouvernement a annoncé l’abandondu projet, argumentant qu’il n’était pas viable.La raison est-elle véritablement l’impactécologique, invoquée lors de cette annonceofficielle, ou serait-ce plutôt la mobilisationcitoyenne qui a eu raison de la stratégie dedéveloppement du Gouvernement?

Et pour finir… le point sur plusieurs thèmes d’actualité que nous avions traités dans nos lettres:

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La Doctora Maria Elena Miranda

La Doctora Miranda m’a assistée durant toute ma grossesse ainsi que pour mon accouchement. Ellel’a fait avec beaucoup de professionnalisme et avec la spontanéité et la tendresse caractéristiques desNicaraguayennes: des embrassades pour me saluer, toujours un mot gentil, de l’humour et desconfidences sur sa propre expérience de la maternité. Le jour de mon accouchement, j’étais venue enconsultation pour des taches rouges que j’avais sur le ventre. Elle m’a dit d’aller tout de suite àl’hôpital pour faire quelques analyses et rester en observation avant une césarienne qu’elle allaitsûrement devoir pratiquer en raison de la tachycardie dont souffrait Nolan. En fin de consultation,elle me demande comment je vais me rendre à l’hôpital. A quoi je lui réponds que je compte y aller entaxi. Elle me dit: «Non, mais ça va pas!», elle annule les patientes qu’elle devait encore voir etm’accompagne à l’hôpital. Et quelques heures plus tard, Nolan pointait le bout de son nez, sous l’oeilattentif et bienveillant de la Doctora. Dans les circonstances assez mouvementées de cette naissance,son soutien a été précieux.Ici, elle nous raconte son expérience de travail dans les années 1980, dans les montagnesnicaraguayennes.

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Avec Nolan

Réponse à notre concours - «Mais, qu’est-ce que c’est qu’ça … ?»

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Dans notre septième lettre, nous avions lancé un concours qui consistaità deviner le métier de l’homme se trouvant sur la photo ci-contre. Ils’agit en fait d’un «cobrador», la personne (presque toujours un homme),qui se trouve à l’entrée des bus et fait payer les billets. Le «cobrador»passe souvent sa tête par la fenêtre, comme sur la photo, quand il nelaisse pas carrément la porte ouverte pour rabattre les voyageurs…Les gagnantes de notre concours sont Coralie et Mireille Bourgeois.Bravo à elles ainsi qu’aux autres personnes qui ont aussi trouvé la bonneréponse (mais n’ont pas gagné au tirage au sort)!

Junt@s – lettre n° 8 – décembre 2015

Erratum: une erreur s’était glissée sur la page «on vous emmène» de notre dernière lettre, où nous avionsindiqué que la Isla del Maiz se trouve sur la côté pacifique, alors qu’elle se trouve sur la côté atlantique.Avec toutes nos excuses.

J’aime les visites.

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Groupe de soutien – «Junt@s»

Pour vous inscrire, désinscrire, faire part de vos changements d’adresse, ainsi que pourtoute question concernant notre groupe de soutien, vous pouvez contacter la responsablede notre groupe de soutien :

Patricia Pulzer, [email protected]; tél: (0041) 21 801 91 64 ou (0041) 79 430 65 83

Si vous souhaitez faire un don pour soutenir nos projets, vous pouvez utiliser le bulletinde versement ci-joint, ou faire un versement sur le compte ci-dessous, en n’oubliant pas lamention «Junt@s», partenariat de Christophe Terrettaz et Noémie Pulzer, Nicaragua :

CCP 17-7786-4, E-CHANGER, 1700 FRIBOURG

IBAN CH5109000000170077864 / international: BIC POFICHBEXXX

Nous (re)précisons qu’il n’y a aucune obligation de participation financière pour fairepartie du groupe de soutien et recevoir cette lettre.

Cette lettre est imprimée et envoyée avec l’aide de la Haute Ecolede travail social Fribourg que nous remercions chaleureusementpour son généreux soutien.

Un tout grand Merci aussi aux personnes qui ont contribué à cette lettre: Nelly Plaschy-Gaypour l’impression, Patricia Pulzer, June et Arnold Graf pour la mise sous pli!

Nous contacter

Pour toute question, commentaire ou suggestion… ou pour nous donner de vos nouvelles !

Par mail: [email protected]; [email protected]

Par skype: christophe.terrettaz; noemie.pulzer (attention, nous avons 7h de retard sur vous!)

Du côté de notre blog…

A côté des lettres de nouvelles, nous écrivons également des articles sur notre blog. Vous y trouverez plus d’informations sur nos projets, la vie au Nicaragua, l’actualité, etc.Voici quelques articles que vous pouvez retrouver sur www.terrezer.wordpress.com:

« Activités introduites en première primaire (partie 1)» (paru le 14 septembre 2015)

«Activités introduites en première primaire (partie 2)» (paru le 11 octobre 2015)

« Nolan a un mois » (paru le 18 novembre 2015)

Le 1er janvier 2013, E-CHANGER s’est joint à l’alliance déjà existanteentre Mission Bethléem Immensee et Inter-Agire. En instituant cettecoopération, les trois ONG combinent leurs forces sur les diverses régionslinguistiques. Les trois partenaires envoient dans le Sud des coopér-acteurs/actrices (coopérant-e-s, volontaires) qui s’engagent sur le terraindans des projets d’organisations partenaires locales.

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Le but de ces engagements, généralement d’une durée de trois ans, est de renforcer les communautés, mouvements et organisations partenaires afin qu’ils puissent lutter pour la défense de leurs droits et la protection de l’environnement et, dans les zones de conflits, contribuer aux processus de paix.