Juillet 2004 - Tamouz 5764 Trimestriel 19 Nouvelles ...

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Juin 2004 : le basculement vers l’abjection est-il encore réversible ? Nouvelles Nieuwsblad CONSISTORIALES Juillet 2004 - Tamouz 5764 Trimestriel Driemaandelijks Edité par le Consistoire Central Israélite de Belgique Centraal Israëlitisch Consistorie van België Hoofdredacteur en verantwoordelijke uitgever: Michel Laub, secretaris-generaal C.I.C.B. Rue J. Dupont, 2 - 1000 Bruxelles Tel. 02/512.21.90 Fax: 02/512.35.78 E-mail: [email protected] www.jewishcom.be Editorial 1 Belgique - België PP-PB 1000 Bruxelles 1 1/1300 Membre de l’Union des Editeurs de la Presse Périodique Lid van de Unie van de Uitgevers van de Periodieke Pers Editorial . . . . . . . . . . . 1-2 Dossier antisémitisme . . . . 2-6 - Allocution de Madame F . Ries . 3 - Allocution du prof. J. Klener . . 4 - Allocution de M. P. Kornfeld . 4-5 - Toespraak door Meester Claude Marinower . . . . . . 5-6 - Message de soutien de M. Mohamed Boulif . . . . . . . 6 - Message de soutien de M. Hendrik Hoet . . . . . . . . . 6 Grande réunion des anciens détenus de la Caserne Dossin . .7 Avis du BESC . . . . . . . . . . . . . .7 Toespraak van Prof. Julien Klener . . . . . . . . . . .8 Jean-Marie Schoefs, In Memoriam . . . . . . . . . . . . .9 Parutions récentes . . . . . . . . .9 MEMORIAL DAY - Bastogne .10 Hommage à d’illustres habitants de Forest . . . .10-11 Journée Européenne de la Culture Juive 2004 Europese Dag van de Joodse Cultuur 2004 . . . . . .12 Sommaire Inhoud 19 CONSISTORIAAL Q uand on évoque le « devoir de mémoire », qui est l’une des préoccupations essentielles de toutes les communautés juives de notre époque, on pense presque automatique- ment à la Shoah. Il est incontestable que celle-ci constitue l’un des événements les plus tra- giquement significatifs de notre histoire. Zakhor (« souviens-toi ») n’est cependant pas une injonction récente et n’a pas un lien exclusif avec la catastrophe de 1939-45. Déjà dans les textes relatifs à la plus haute antiquité hébraïque, les Hébreux reçoivent l’ordre de se souvenir de ce que leur ont fait les hordes d’Amalec (Deutéronome 25, 17 – 19). D’une manière plus générale, le cinquième livre de Moïse nous livre, dans le testament spirituel de celui-ci, le superbe texte de Haazinou (« Ecoutez ») : Zekhor yemoth olam, binou chenoth dor va dor, cheal avikha ve yagédekha, zekénèkha ve yomerou lakh , « Souviens-toi des jours antiques, médite les annales de chaque siècle, interroge ton père et il te l’appren- dra, tes anciens et ils te le diront » (Deutéronome 32, 7) . Un de nos textes fondateurs nous enseigne donc, dès le départ, qu’une communauté humaine qui n’a pas de mémoire, n’a pas d’avenir. A l’ère informatique que nous vivons actuellement, il s’agit, de plus, d’une évidence « grand public », puisque même le fonctionnement de toute cette planète électronique, qui constitue notre quotidien technologique le plus banal, est essentiellement conditionné par la notion de « mémoire ». Malheureusement, trop de gens semblent en faire l’impasse. Du moins à en juger par les deux événements qui ont marqué de manière hautement inquiétante la société démo- cratique de notre pays en ce mois de juin : d’une part, les résultats des élections du 13 juin 2004 et, d’autre part, la démonstration du caractère criminel de certains jeunes de la communauté musulmane, d’origine maghrébine, nourris d’intégrisme, quoique vivant en Belgique. En ce qui concerne les élections, sur les 4 421 bureaux ayant voté pour le Conseil Flamand, 24,2 % des suffrages ont été favorables au Vlaams Blok. Sans parler des 1 621 bureaux ayant voté pour le Conseil Régional Wallon, où 8,1 % des suffrages ont été favorables au Front National, ni des 691 bureaux du Conseil de la Région de Bruxelles – Capitale, où le même FN remportait encore 4,7 % des suffrages. A l’instar du précieux testament de Moïse, méditons un peu les annales du siècle dernier : aux élections législa- tives de mai 1936, le Vlaams Nationaal Verbond (VNV, dirigé par Staf De Clercq), réalisait le score de 7,12 % et Rex, le parti de l’extrême droite wallonne de Léon Degrelle : 11,49 %. En 1937 se tiennent de nouvelles élections législatives (partielles) et l’on assiste à une campagne, appuyée d’ailleurs activement par le cardinal Van Roey, appelant tous les démocrates (catholiques, socialistes, libéraux et communistes) à s’unir derrière le candidat catholique Van Zeeland pour contrer principalement Rex. Aux législatives d’avril 1939, cette coalition contre l’extrémisme porte des fruits, puisque si 8,27 % des voix vont encore aux nationalistes flamands, Rex n’en récolte plus que 4,43 %. En mettant en parallèle ces résultats électoraux belges de l’époque de toutes les dérives fascistes avec ceux d’au- jourd’hui, en pensant à ces partis de l’extrême des années ’30 – ’40 du siècle dernier, qui ne souhaitaient qu’une Suite page 2

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Juin 2004 : le basculement vers l’abjectionest-il encore réversible ?

NouvellesNieuwsblad

CONSISTORIALES

Juillet 2004 - Tamouz 5764Trimestriel

Driemaandelijks

Edité par le Consistoire Central Israél i te de Belgique • Centraal Israël i t isch Consistor ie van België Hoofdredacteur en verantwoordel i jke uitgever: Michel Laub, secretar is-generaal C.I.C.B.

Rue J. Dupont, 2 - 1000 Bruxelles • Tel. 02/512.21.90 • Fax: 02/512.35.78 • E-mail: [email protected] • www.jewishcom.be

Editorial

1

Belgique - België

PP-PB1000 Bruxelles 1

1/1300

Membre de l’Union des Editeurs de la Presse Périodique

Lid van de Unie van de Uitgevers van de Periodieke Pers

Editorial . . . . . . . . . . . 1-2

Dossier antisémitisme . . . . 2-6

- Allocution de Madame F . Ries . 3

- Allocution du prof. J. Klener . . 4

- Allocution de M. P. Kornfeld . 4-5

- Toespraak door Meester Claude Marinower . . . . . . 5-6

- Message de soutien de M. Mohamed Boulif . . . . . . . 6

- Message de soutien de M. Hendrik Hoet . . . . . . . . . 6

Grande réunion des anciens détenus de la Caserne Dossin . .7

Avis du BESC . . . . . . . . . . . . . .7

Toespraak van Prof. Julien Klener . . . . . . . . . . .8

Jean-Marie Schoefs, In Memoriam . . . . . . . . . . . . .9

Parutions récentes . . . . . . . . .9

MEMORIAL DAY - Bastogne .10

Hommage à d’illustres habitants de Forest . . . .10-11

Journée Européenne de la Culture Juive 2004 Europese Dag van de Joodse Cultuur 2004 . . . . . .12

SommaireInhoud

19

CONSISTORIAAL

Quand on évoque le « devoir de mémoire », qui est l’une des préoccupations essentiellesde toutes les communautés juives de notre époque, on pense presque automatique-

ment à la Shoah. Il est incontestable que celle-ci constitue l’un des événements les plus tra-giquement significatifs de notre histoire. Zakhor (« souviens-toi ») n’est cependant pas

une injonction récente et n’a pas un lien exclusif avec la catastrophe de 1939-45.Déjà dans les textes relatifs à la plus haute antiquité hébraïque, les Hébreux reçoivent l’ordre de se souvenir dece que leur ont fait les hordes d’Amalec (Deutéronome 25, 17 – 19).D’une manière plus générale, le cinquième livre de Moïse nous livre, dans le testament spirituel de celui-ci, lesuperbe texte de Haazinou (« Ecoutez ») : Zekhor yemoth olam, binou chenoth dor va dor, cheal avikha ve yagédekha, zekénèkha ve yomeroulakh , « Souviens-toi des jours antiques, médite les annales de chaque siècle, interroge ton père et il te l’appren-dra, tes anciens et ils te le diront » (Deutéronome 32, 7) .Un de nos textes fondateurs nous enseigne donc, dès le départ, qu’une communauté humaine qui n’a pas demémoire, n’a pas d’avenir.A l’ère informatique que nous vivons actuellement, il s’agit, de plus, d’une évidence « grand public », puisquemême le fonctionnement de toute cette planète électronique, qui constitue notre quotidien technologique le plusbanal, est essentiellement conditionné par la notion de « mémoire ».Malheureusement, trop de gens semblent en faire l’impasse.Du moins à en juger par les deux événements qui ont marqué de manière hautement inquiétante la société démo-cratique de notre pays en ce mois de juin : d’une part, les résultats des élections du 13 juin 2004 et, d’autre part,la démonstration du caractère criminel de certains jeunes de la communauté musulmane, d’origine maghrébine,nourris d’intégrisme, quoique vivant en Belgique.En ce qui concerne les élections, sur les 4 421 bureaux ayant voté pour le Conseil Flamand, 24,2 % des suffragesont été favorables au Vlaams Blok. Sans parler des 1 621 bureaux ayant voté pour le Conseil Régional Wallon,où 8,1 % des suffrages ont été favorables au Front National, ni des 691 bureaux du Conseil de la Région deBruxelles – Capitale, où le même FN remportait encore 4,7 % des suffrages.A l’instar du précieux testament de Moïse, méditons un peu les annales du siècle dernier : aux élections législa-tives de mai 1936, le Vlaams Nationaal Verbond (VNV, dirigé par Staf De Clercq), réalisait le score de 7,12 %et Rex, le parti de l’extrême droite wallonne de Léon Degrelle : 11,49 %.En 1937 se tiennent de nouvelles élections législatives (partielles) et l’on assiste à une campagne, appuyéed’ailleurs activement par le cardinal Van Roey, appelant tous les démocrates (catholiques, socialistes, libéraux etcommunistes) à s’unir derrière le candidat catholique Van Zeeland pour contrer principalement Rex. Aux législatives d’avril 1939, cette coalition contre l’extrémisme porte des fruits, puisque si 8,27 % des voix vontencore aux nationalistes flamands, Rex n’en récolte plus que 4,43 %.En mettant en parallèle ces résultats électoraux belges de l’époque de toutes les dérives fascistes avec ceux d’au-jourd’hui, en pensant à ces partis de l’extrême des années ’30 – ’40 du siècle dernier, qui ne souhaitaient qu’une

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chose : récolter les fruits de leurs idéologies nauséabondes dès quele pays serait envahi par le « grand frère germain prônant la doc-trine de référence, le national-socialisme », en prenant consciencede ce que le score du VB d’aujourd’hui atteint , en Flandre, à peuprès trois fois celui du VNV de 1939, de ce que le score du FNd’aujourd’hui atteint, en Wallonie, à peu près deux fois celui deRex de 1939, tout démocrate de ce pays a le devoir de se poser desquestions, mais également le droit d’interpeller le monde politiquepour lui exprimer ses inquiétudes. Les questionnements fondamentaux ne manquent d’ailleurs pas :les partis démocratiques vont-ils sérieusement analyser les erreurs dupassé et rectifier le tir ? Vont-ils essayer de comprendre les raisons quiencouragent l’amnésie des électeurs actuels de la droite extrême ?Doit-on continuer à ignorer les quelques bonnes raisons qui favo-risent certains mauvais slogans ? Certains esprits « bien-pensants » de nos échiquiers politiques etmédiatiques se plaisent, quant à eux, à opposer systématiquementl’idéologie de l’extrême droite, dont on a incontestablement pumesurer les effets d’inhumanité, à celle qui consiste à angéliser lapopulation immigrée dans sa totalité parce qu’elle-même vilipendéepar le racisme de l’aberration fasciste. N’est-ce pas se donner bonne

conscience à bas prix que de se rabattre sur une telle dichotomie ?A force de dénoncer, avec raison d’ailleurs, le mal venant d’un côté,mais ne prêtant plus qu’une attention peu engagée au mal, tout aussimeurtrier, surgissant de l’autre, on risque de ne se prémunir quecontre la peste, mais en aucune manière contre le choléra.Alors que faire ? Peut-être commencer par dénoncer TOUT ce qui doit l’être,prendre toutes les mesures pour assurer la sécurité de tous, ne paslier le droit à celle-ci au poids électoral qu’on peut avoir, combattrele laxisme vis-à-vis du manque de respect qu’ont de trop nombreuxjeunes issus de l’immigration par rapport aux valeurs, en particu-lier celles du pays d’accueil, par rapport aux enseignants, et, d’unemanière plus générale, par rapport à l’Autre.Enfin, au lieu de considérer que l’étude approfondie de la Shoahdans TOUS les milieux scolaires est dépassée ou ne répond plus àce qui est « politiquement correct » aujourd’hui et au lieu de se plierau refus d’un certain nombre d’élèves de se pencher sur cette pagenoire de notre histoire, ne doit-on pas, au contraire, justementdévelopper cette étude parce qu’exemplative de ce qui risque de sereproduire si on n’y prend pas très sérieusement garde ?

Michel Laub, secrétaire général.

CONSISTOIRE

CONSISTORIE

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Jeudi, le 24 juin 2004, vers 22h30, une bande de jeunes,issus de l’immigration maghrébine, armés de barres de

métal et de poignards, commettaient une agression sur unpetit groupe de quatre étudiants paisibles de la Yeshiva deWilrijk près d’Anvers.En essayant d’échapper à leurs agresseurs, l’un des étudiantsfut rattrapé, jeté à terre, tabassé et poignardé dans le dos. Apeu de choses près, il se serait agi d’un crime mortel.En réaction à cet acte odieux, la communauté juive appelaità manifester en public sa condamnation et son dégoût.Une première manifestation s’est tenue dimanche, le 27 juin,au Mémorial aux Martyrs Juifs à Anderlecht et une secon-de, le lendemain, à Anvers, à l’endroit précis où eut lieu l’at-tentat de la Hovenierstraat au début des années ’80.De nombreuses personnalités du monde politique et reli-gieux ont tenu à participer à ces manifestations aux côtésde leurs concitoyens juifs.A Anderlecht, Madame Laurette Onkelinx, ministre de laJustice, soulignait que les auteurs de tels actes seraient pour-suivis de la manière la plus stricte. Prirent également la parole Madame Frédérique Ries,Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes et aux Affaires

étrangères et adjointe aux ministre des Affaires Etrangères,Mesdames Marie Arena, ministre de l’Intégration sociale,et Isabelle Durant, Maître Claude Marinower, député,ainsi que le prof. Julien Klener, président du Consistoire,M. Pinkhas Kornfeld, au nom de la Yeshiva de Wilrijk,Mad. Judith Kronfeld et Maître Philippe Markiewicz,pour le CCOJB. A Anvers, on put entendre le M. Patrick Janssens, Bourg-mestre de la Ville d’Anvers, Maître C. Marinower, Mad.Kieboom, de la Congrégation St Egidius, ainsi que Mad.Diane Keyser et M. Eli Ringer, pour le Forum, et M. PinkhasKornfeld. Après les discours, les manifestants se rendirenten cortège au Monument de la Shoah qui commémore lesvictimes de la judaïcité anversoise.

Ci-dessous, nous publions les allocutions de Madame F.Ries, du prof. J. Klener, et de MM. Kornfeld et Marinower.Nous publions ensuite un extrait de quelques manifestationsde sympathie, dont celle de M. Mohamed Boulif, présidentde l’Exécutif des Musulmans de Belgique et celle du prof. R.Hoet, président de la Commission Catholique Belge pour lesRelations avec le Monde Juif.

Antisémitisme criminel , la goutte qui fait déborder le vase

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Madame la Vice-première Ministre,Madame la Ministre ,Monsieur le Président ,Mesdames et Messieurs les députés,Mesdames et Messieurs, Je voudrais remercier Madame Kron-feld de me donner la parole en tantque membre du gouvernement, mais sije réagis aujourd’hui, c’est aussi etavant tout, en tant que femme, quemère, que belge et que membre toutsimplement de notre communautédémocratique.Noah, à qui je voudrais dire que nouspensons très fort ce matin, a 16 ans.Noah est un miraculé. Depuis hier savie n’est plus en danger, mais elle l’a été. A 5 cm près, le couteau de son agres-seur le tuait.A 5 cm près, et 60 après la Shoah, 60ans après Dachau et Auschwitz, l’anti-sémitisme faisait une victime, un mortdans notre pays, chez nous, en Bel-gique. Un coup de poignard contre unenfant, un coup de poignard dans noscertitudes et dans nos convictions tropconfortables.Car Noah est juif. Il a été poignardé unsoir d’été en sortant de l’école pour cetteseule et unique raison, Noah est juif.« Mal nommer les choses, c’est ajouterau malheur du monde » écrivaitCamus. Alors, dans ce drame quitouche une famille, une communauté,dans ce qui aurait pu être un tragédie,je trouve un soulagement moi à noterque l’ensemble des réactions depuis 2jours diagnostique correctement le malcette fois. L'antisémitisme, ou lajudéophobie, sémantique chère au phi-losophe Pierre- André Taguieff, c’est lahaine du seul juif. Certains ont cru devoir nier la maladiedepuis plus de 3 ans que la deuxième Inti-fada a mis le feu aux poudres et allumé laviolence anti-juive chez nous, en Franceet en Belgique mais pas seulement.Il n’y aurait pas d’antisémitisme, seu-lement quelques excès, quelques déra-pages, certes regrettables, mais com-préhensibles dans le fond, dans lecontexte de frustration sociale, de dés-information et de manipulation oùévoluent certains jeunes.

Et dans la foulée, on en viendrait àexcuser cet antisémitisme-là, faire unedifférence entre ce qui se passe aujour-d’hui et une haine du juif plus commo-de. Celle d’une extrême droite connueet identifiée. Celle qui rassemblaitcontre elle une union sacrée et jetaitdans la rue il y a moins de 15 ans descentaines de milliers de Français, Prési-dent Mitterrand en tête, au momentdes événements de Carpentras.Une différence au nom de quoi et pourquelle raison ? Je me refuse quant à moi à m’aventu-rer sur ce terrain glissant des explica-tions qui résonneraient comme desexcuses. Car oui, l’impasse et la vio-lence du conflit israélo-palestinien estun facteur explicatif, en aucun cas unejustification du drame d’aujourd’hui.L’exclusion sociale et la désinforma-tion d’une certaine jeunesse, d'unepartie infime de cette jeunesse, neconfère à aucun moment le droit dehaïr, d’agresser ou de tuer. Et je nesupporte plus l’angélisme sociologiquequi, à force d’indulgence, au nom dudésespoir, excuserait l’inexcusable.Alors que faire ? Dire le mal, le dénoncer encore et tou-jours, ici, aujourd’hui et demain. L’an-tisémitisme, et toute forme de racisme,est une atteinte à ce que nous avons deplus cher, à l’esprit même de notredémocratie. Dénoncer donc, et sanctionner vite etfort tout acte, toute manifestation deracisme.

Refuser aussi la tentation du commu-nautarisme. Le communautarismec’est la frilosité, le repli sur soi, et par-tant le rejet de l’autre. Là encore c’estl’inverse de ce que nous croyons leplus fondamentalement. Ce modèleuniversaliste qui fait de chacun d’entrenous le dépositaire de ce qu’il y a demeilleur. C’est cette souveraineté quiappartient à chacun que nous devonsdéfendre et promouvoir. Et puis parce qu’il faut aller au-delà duconstat et de la répression, mobiliserl’ensemble des acteurs de notre sociétécontre l’intolérance. L’éducation à la citoyenneté, l’éduca-tion à la tolérance, le début et le cœurde notre combat. Bien plus qu’un slo-gan, c’est aujourd’hui un impérieuxdevoir. Lancer des actions pédago-giques, sensibiliser les jeunes, ensei-gner dans nos écoles les pages les plustragiques de l’histoire pour faire bar-rage à l’intolérance. La connaissancecomme rempart contre la bête immon-de, la connaissance pour reconnaîtrel’autre dans son altérité et sa richesse.C’est notre mission à nous pouvoirspublics, parents et citoyens, hommeset femmes de média aussi, car les motsne sont pas que des plumes. C’est ce que me disait le directeur deYad Vashem lors des cérémonies duJubilé auquel je représentais le Parle-ment européen il y a quelques mois .Connaître le passé, pour forger l’ave-nir. Connaître le passé pour forcer unavenir de paix . " Car il y a un temps pour tout sous leciel , (et je cite l'Ecclésiaste), …Un temps pour tuer, un temps pourguérir.Un temps pour se taire, un temps pourparler.Un temps pour haïr, un temps pouraimer. Un temps pour la guerre, un tempspour la paix." Un temps aussi, Mesdames et Mes-sieurs, pour faire ce pari d’un mondepossible pour l’homme, où l’amouraurait le dernier mot. Je vous remercie.

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Allocution de Madame F . Ries

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Il y a peu de temps encore, on pou-vait lire dans la presse belge des

articles optimistes affirmant que lesactes antisémites étaient en baisse dansle royaume; le coup de couteau anver-sois, en franchissant le seuil du verbalvers celui de l’acte, aura réveillé, espé-rons-le, ceux qui s’étaient à nouveauassoupis et aura dissipé des illusions,car voici revenu, pour la tantième fois,le temps de l’émoi, de la douleur et del’angoisse, mais aussi celui de la lucidi-té et, j’ose aussi espérer, de la détermi-nation. C’est pourquoi, en tant queprésident du CCIB, j’exhorte nos auto-rités à une fermeté, qui elle aussi fran-chira le seuil du verbal. Il est impératif de comprendre notrevolonté de ne pas se laisser isoler carseule une action solidaire est suscep-tible de ruiner le calcul de ceux quiespèrent casser la société belge par uneescalade de violence, aujourd’hui lesJuifs, demain d’autres ! Jusqu’à ce quela peur pénètre et dissolve l’essence-même de notre démocratie.Niet alleen de jeugdige delinquentendienen te worden aangepakt, maar

ook zij die de jonge warhoofden vol-stouwen met ondemocratisch, funda-mentalistisch gedachtegoed en zij diecomplexe wereldpolitiek zoeken teverengen tot een paar kreupele ana-lyses, met als ondertoon, letterlijke enfiguurlijke, dooddoeners, waarin hetwoord” jood” al te gretig voorkomt. Il est donc impératif avec l’aideconcrète des pouvoirs publics, de ren-forcer les mesures de prévention et desécurité, afin que les brutocrates, juvé-niles ou autres, ne puissent poursuivreleur œuvre de destruction de la dignité

humaine et de la société démocratique.Par son sang froid et son sacrifice,voyez ces noms autour de vous, lejudaïsme belge a toujours contribué àl’extirpation du mal antidémocratiquenon seulement en Belgique, mais par-tout où ce mal a ses racines. Malheureusement, trop souvent, nousnous sentons seuls.Samen met alle waarachtige democra-ten van welke herkomst ook, bijvenwij, joden, bovenal geloven in dedemocratische maakbaarheid van demaatschappij, maar wij voelen ons inde laatste tijd soms erg vereenzaamd,opnieuw geconfronteerd als we zijnmet wandaden, zoals de ontolereerba-re steekpartij in Antwerpen, die eensmet werpen niet alleen op ons land,maar ook op zijn ziel.Mesdames, Messieurs, les signesannonçant l’éclosion de l’œuf du ser-pent se multipliaient ces derniers temps,dès lors trêve d’exposés stériles, trêve deforums académiques, trêve de cajolerieset trêve de lamentations, il faut agir, etvite, car ici et maintenant, il est minuitune et la bête immonde a resurgi.

ANTISEMITISM

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Allocution du prof. J. Klener

Geachte hoogwaardigheidsbekleders,Beste vrienden,

De voorzitter en de Raad van Bestuurvan de Talmud-Hogeschool van Wil-rijk, de Yeshiva, hebben mij gevraagdom deel te nemen aan deze solidari-teits-manifestatie hier in Brussel.Le président et le conseil d’administra-tion de l’école talmudique supérieurede Wilrijk, mieux connue sous le nomde la « Yeshiva », m’ont demandé deprendre part, en leur nom, à cettemanifestation de solidarité et c’est encette qualité que je vous adresseaujourd’hui la parole.Tout d’abord je dois vous dire que çanous réchauffe le cœur lorsqu’on voitque la communauté bruxelloise s’estdéplacée en nombre pour exprimer sasolidarité et même son anxiété et sacolère à la suite de ce lâche attentat dejeudi soir à Wilrijk.

Demain, une manifestation et unemarche de solidarité sont prévues à laHovenierstraat à Anvers à 12h30.Il est clair qui s’agit d’un attentat anti-sémite et raciste. Hugo Danneels écritdans l’éditorial du Nieuwsblad : « Ditis een aanslag op de Jood, omdat hijjood is » « C’est un attentat contre le

Juif, parce qu’il est juif ». Ce n’est pasun attentat contre la Yeshiva, c’est unattentat contre le judaïsme tout entier.Votre présence ici prouve que tout lejudaïsme belge est uni dans lesmoments de danger.La Thora nous raconte l’histoire de Noéqui a rassemblé tous les animaux dansson Arche pour les sauver du déluge.Se pose la question : comment se fait-ilque tous les animaux ne se soient pasentretués pendant leur séjour dansl’Arche, qu’ils n’aient pas attaqué Noé ?Nos sages nous répondent : tous ceuxqui étaient dans l’Arche réalisaientqu’ils étaient menacés par un dangercommun. Le danger, c’était le déluge.Lorsqu’il y a un danger commun, ilfaut reserrer les rangs et rester unis.Nous avons entendu ces derniersjours à la télévision et à la radio et ludans la presse, les déclarations de

Allocution de M. P. Kornfeld

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certains dirigeants politiques dupays, qui parlent de tensions entreles communautés juive et musulma-ne, ici, en Belgique.Je veux dire et souligner qu’il n’y a pasde tension entre les communautés.Ce n’est que la communauté juive quiest attaquée. Des cocktails molotovs ontété jetés contre la synagogue d’Ander-lecht et des synagogues à Anvers, desballes ont été tirées sur la synagogue deCharleroi. Le Grand Rabbin deBruxelles a été agressé en pleine ville, lesenfants de l’école Maïmonide ne peu-vent plus prendre le métro, des attaquesrégulières, verbales et physiques, sontperpétrées contre les fidèles de la syna-gogue de Belz à Anvers, etc…

Aucun problème de la part de la com-munauté juive. Nous n’avons jamaisattaqué personne. Aucun cocktailmolotov contre des mosquées, aucunemenace de notre part, notre commu-nauté est pacifique et paisible.Aujourd’hui, on a franchi un seuil. Ungarçon de la Yeshiva a été poignardé,il ne manquait que quelques centi-mètres pour une issue fatale.On s’étonne dans le pays. Moi, je nem’étonne pas du tout. Si on voit toutecette haine qui est propagée dans lesjournaux et la radio-télévision. Tous cesjournalistes et même des dirigeants poli-tiques qui profitent du conflit au Moyen-Orient pour stigmatiser et diaboliser lesJuifs en Belgique.

Lorsqu’on voit queceux-là mêmes qui ontpropagé cette haine pendantdes années, sont nommés à des postesresponsables, que ceux qui coupent lesoranges en deux, sont chargés de super-viser et d’appliquer les lois contre l’anti-sémitisme et le racisme, il n’y a riend’étonnant à ce que certains jeunesallochtones se sentent immunisés.Je veux bien souligner qu’il ne s’agitpas de la communauté musulmane entant que telle, il ne faut certainementpas généraliser.Nous attendons des autorités des actesfermes et non seulement des paroles.Restons unis, Im yirtzeh hashem, weshall overcome. Am Yisrael chaï.

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AN

TISEMITISM

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Dames en Heren, Op enkele centime-ters na waren wij vandaag bijeenge-

komen om de nagedachtenis van een dode-lijk slachtoffer van antisemitisme te eren.Veel meer was er niet nodig geweest omde jonge talmoed tora student NoachSchmahl tot een dodelijk slachtoffer temaken. Jonge allochtonen gewapend metijzeren staven, met tennisrackets en eenmes achtervolgden hem - hij was detraagste om te ontkomen - sloegen hemneer, gingen hem te lijf, schopten, sloegenhem en brachten hem uiteindelijk levens-bedreigende messteken toe.Omdat hij jood is, en dat zijn jood zijn her-kenbaar was en is, om geen andere reden. De verschrikkelijke verwezenlijking vande schandelijke teksten die sinds jaren inde voetbalstadions gezongen worden : " WIJ GAAN OP JODENJACHT ", ofde schandelijke spreuken van enkelemaanden geleden in Hasselt met korendie leuze scandeerden als HAMAS, HAMAS, JODEN AAN DEGASIn Antwerpen kan er op een aantal scho-len tijdens de lessen geschiedenis nietmeer onderwezen worden over de perio-de 1940-1945 omdat groepjes allochtoneleerlingen weigeren dit mogelijk temaken. Er kan, mag en zal niet gespro-ken worden over het leed dat miljoenenjoden getroffen heeft, in heel Europa

maar ook en vooral in Antwerpen. Dit isontoelaatbaar nu dit integraal deel uit-maakt van de geschiedenis van deze stad. _ QUAND ON EXPLIQUE L'INEXPLI-CABLE, ON SE PREPARE A

JUSTIFIER L'INJUSTIFIABLE _ zei voormalig Frans Minister van Bin-nenlandse Zaken, Nicolas Sarkozy, bij debespreking van een wetsvoorstel in deFranse Assemblée Nationale ertoe strek-kende het racistisch of antisemitischopzet van een misdrijf als verzwarendeomstandigheid te beschouwen.Het is onduldbaar dat in 2004, iemandzijn geloof in angst moet belijden, of hetnu een jong kind is op weg naar, of vanschool, of een oude man die op straatwandelt, hun geloofsovertuiging herken-baar aan de kippa of de baard, de pij-penkrullen of de lange zwarte jas. Het is onaanvaardbaar dat joodse bur-

gers van dit land angst zouden hebbenzich naar een synagoge te begeven, scho-lieren bang de metro aan de overkant vanhun school te nemen zoals in het AthénéeMaïmonide in Brussel.In mei 2001, nu drie jaar geleden, waar-schuwde ik er in de Gemeenteraad vanAntwerpen reeds voor, niet verder tedoen alsof er niets aan de hand was ter-wijl de bedreigingen en de agressie toena-men en antisemitische intenties op gener-lei wijze ingetoomd werden. Er moet een nultolerantie heersen in onsland in de strijd tegen deze plaag vanantisemitische agressies. Niet ENKELMET VERKLARINGEN MAAR OOKMET DADEN. De joodse gemeenschap kan dit niet ver-der dulden. Zij kan niet lijdzaam blijventoezien hoe joodse burgers dag na dagworden aangevallen in hun primaireuiting, de openbaring van hun jood zijn. Het zijn geen spanningen tussen tweegemeenschappen zoals ik her en der sindsvrijdagmorgen hoor. Het betreft geens-zins een uit de hand gelopen ruzie zoalsik andere politici hoorde verklaren. Zoals Rabbijn Schmahl, de vader van dedonderdagavond neergestoken Noach,het met een bewonderenswaardige waar-digheid en sereniteit, gelet op de omstan-digheden, zei: " De joodse gemeenschapwenst in vrede te leven in deze stad, in

Toespraak door Meester Claude Marinower( Antwerpen, 28 juni 2004)

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onze regio, in onsland." Zoals zij het

steeds gedaan heeften zal blijven doen.

Zij wenst dat de vreedza-me samenleving tussen de verschillendegemeenschappen verder wordt gezet.Dames en Heren,de antisemitische bedreigingen en dadenzijn geen hoogtepunt van pesterijen enbeledigingen tussen twee gemeenschap-pen. Het zijn daden waarbij steeds ééngemeenschap, en steeds dezelfde, hetslachtoffer is. Zoals een aantal krantencommentatorenhet schreven, dienen de dingen ook hier, enmisschien vooral hier, bij hun naamgenoemd te worden, en de verantwoorde-lijken hun verantwoordelijkheid opnemen.Blijkbaar zijn de verschillende initiatievendie tot op heden werden genomen ruim-schoots onvoldoende. De daden nemenniet af, integendeel. Het laatste jaarver-slag van het Centrum voor Gelijkheid vanKansen wijst op een ontoelaatbare toe-name van antisemitisme in ons land entoch spuien verschillende websites metzetels in ons land dag in dag uit verdereantisemitische haat over onze bevolking. Dit moet gedaan zijn, hieraan moet onmid-dellijk een halte worden toegeroepen.Dames en Heren, Wanneer men joden aanvalt omwille van

hun jood zijn raakt men aan de grondsla-gen van onze samenleving, aan de funda-menten van dit land. Wanneer synagoges worden aangevallen,wanneer uitgerekend joodse burgersworden geviseerd is het ons land datwordt beklad. Het is ons land dat be-schimpt wordt door de haat die zich overons grondgebied stort.Want over al hun meningsverschillenomtrent de meest diverse onderwerpenwaaronder en niet in het minst hetmiddenoosten conflict zijn de joodseburgers van dit land het er roerend overeens wanneer het gaat om antisemitismeen racisme. Zij verwachten de meest ondubbelzinni-ge veroordelingen van antisemitisme,fysiek maar ook niet langer te tolererenverbaal geweld. De joodse burgers vandit land dienen evenmin het slachtofferte worden van regelmatig terugkerendepogingen tot " sharonisering " van dejoodse gemeenschap. “Veroordeel onvoorwaardelijk Israël ofstel U bloot aan aanslagen allerhande”,kon en mocht de voorman van een moslimdemocratische partij enkele weken geledenonomwonden en ongestraft zeggen.Ieder debat over welk onderwerp ookdient mogelijk te zijn en blijven, maar geenenkele gewelddaad met antisemitische ofracistische inslag kan geduld worden.

Uiterste waakzaamheid blijft geboden.Wij dienen attent te blijven voor iedereracistische, antisemitische oprisping. Omdat er nooit definitieve vrede zalkunnen heersen, men nooit tot rust zalkunnen komen, zolang een jood omwillevan zijn jood zijn, dus omwille van zijnmens zijn, enige vrees zal dienen te koes-teren, of enige angst zal dienen te doors-taan in ons land...Een deel van het kwaad is reeds ges-chied. Indien wij er echter overwaken, indien alle democratischekrachten gebundeld worden, moetenwij de strijd aangaan en het hoofd bie-den aan dit gevaar. Allen, gezagdra-gers, politieke partijen, gemeen-schaps-actoren, intellectuelen, leraars,eenvoudige burgers, van welkeafkomst ook moeten wij reageren meteenzelfde doel voor ogen: het bestrij-den van racisme en antisemitisme,over al onze meningsverschillen heen.De antisemitische dreiging mag de kansniet krijgen als een kankergezwel verderte woekeren binnen onze samenleving. Niets kan de antisemitische aanvallen,die ons verontrusten, ons angst aanja-gen, wettigen. Er geldt geen enkele ver-zachtende omstandigheid voor dergelij-ke feiten. Dergelijke daden onteren ons land. Zijzijn onze democratie onwaardig.

ANTISEMITISM

E

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Message de soutien de M. Mohamed Boulif, président de l’Exécutif des Musul-mans de Belgique, adressé au président du Consistoire et au Grand Rabbin« Laissez-moi vous dire combien a été mon indignation en apprenant l’agression verbale et au couteau dont a été victimeun adolescent juif le 24 juin dernier aux environs d’Anvers. L’Exécutif des musulmans de Belgique et moi-même condam-nons de la manière la plus ferme ces actes qui ne peuvent trouver de justification dans notre tradition religieuse.Notre société actuelle connaît un profond malaise qui, loin de se résorber, ne cesse de s’accroître. Cependant, réduireces actes condamnables à des tensions intercommunautaires est une démarche intellectuelle dangereuse tant elle ramè-nerait les solutions aux seules actions orientées culturellement et, de fait, stigmatisantes.Le combat doit être mené mutuellement à plusieurs niveaux sans quoi nous risquons de fermer les yeux sur l’essentiel àsavoir, la promotion de l’épanouissement de tout un chacun, dans une société multiculturelle où des dérives et des dis-criminations de toute sorte ne cessent de gagner du terrain. C’est ensemble aussi qu’il faut les dénoncer et ce, chaquefois qu’elles menacent de quelque manière que ce soit tout citoyen de notre pays.Nous sommes également convaincus que la grande majorité des citoyens musulmans de notre pays aspire à vivre en par-faite entente avec ses autres concitoyens ; entente que ces actes inadmissibles ne peuvent ébranler. »

Message de soutien de M. Hendrik Hoet, président de la Commission CatholiqueBelge pour les Relations avec le Monde Juif, adressé au président du Consistoire« Langs deze weg wil ik in mijn persoonlijke naam en in naam van de Belgische katholieke Commissie voor de relatiesmet het Jodendom mijn meeleven uitdrukken met de joodse gemeenschap van ons land bij het brutale geweld dat don-derdagavond gepleegd is op een jongen van 16 jaar in Wilrijk. »

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JMDV

Grande réunion des anciens détenus de la Caserne Dossin : soixantième anniversaire

Le dimanche, 5 septembre 2004, le Musée Juif de la Déportation et de la Résistance commémorera la libération de laCaserne Dossin en rassemblant ce jour-là le plus grand nombre possible d’anciens détenus, ainsi que leurs proches.

Merci à tous ceux qui ont été détenus à Dossin, ne fût-ce qu’un jour, de bien vouloir prendre contact avec le secré-tariat du Musée et s’adresser à Madame Remy ou Madame Verplancke :

tél. : 015/29 06 60 - fax : 015/29 08 76 - mail : [email protected]

Au programme :12h : accueil à l’Hôtel de Ville13h : lunch offert aux anciens, ainsi qu’à leur conjoint ou compagnon 16h : meeting rassemblant les anciens et les membres de leurs familles :

• Accueil par le président du Musée, M. N. Ramet• Présentation du « travail de mémoire » réalisé au Musée• Allocutions de représentants des autorités• Allocution de M. J. Graubart, président des Amis Belges de Yad Vashem• Conclusion par le prof. J. Klener, président du Consistoire• Intermède musical par l’ensemble Desafinado

20h : dîner offert aux anciens, ainsi qu’à leur conjoint ou compagnon

Tout au long de la journée, des visites guidées du Musée, situé dans l’ancienne caserne, seront organisées en néerlandais, français, anglais et allemand.

Les anciens détenus de la Caserne Dossin résidant à l’étranger ou en dehors des provinces d’Anvers et du Brabant,sont priés de mettre au point leurs transports et leur séjour éventuel à l’hôtel avec le secrétariat du Musée.

Avis du Bureau Exécutif de Surveillance Communautaire (BESC)

Si vous êtes témoin ou victime de faits antisémites Vous pouvez former le numéro de notre HOTLINE : 02/534 31 84

Un répondeur automatique est à votre disposition.Laissez vos coordonnées complètes : nom, prénom, numéros de téléphone

Notre FAX : 02/ 534 31 80 est aussi à votre disposition 24h/ 24hUne gestion discrète de vos appels sera assurée.

Si vous êtes témoin ou victime de faits graves En cas d’agression physique ou verbale :- Prévenir les autorités policières au 101- Prévenir le BESC au 02/534 31 84- Se faire auditionner par un officier de police- Réclamer la copie du procès verbal d’audition

- Nous faxer, au 02/534 31 80, ce procès verbal d’audition ou : les noms et coordonnées de l’officier de police qui vous a auditionné

Ces différentes procédures nous concernent tous et sont destinées à assurer correctement lasécurité de notre communauté, en parfaite collaboration avec les autorités compétentes.

Nous vous remercions de votre attention.Pour soutenir le BESC : BESC c/o CCIB : 676-0929201-04

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Er is in de loop der eeuwen een rijk erf-goed aan joodse levenswijsheid van

geslacht op geslacht overgedragen inverhalen, uitleggingen en zegswijzen, die dementale schilden werden, waarmee hetjoodszijn zich tegen een soms heel barrebuitenwereld teweerstelde.Ter afronding van ons jaarlijks gedenkenvan een nooit te bevatten, onwezenlijkeperiode, waarin treinen reden met als eind-punt een doodlopend spoor ergens inPolen. Ter afsluiting van dit, ons allermemoreermoment, een paar denkzinnengegrepen uit naoorlogs joods geestesgoed.Toen Farao de opperschenker in diensambt herstelde, zoals Jozef had voorzegd,schrijft Gen. 40: 23.“De opperschenker dacht niet aan Jozef envergat hem.” Waarom toch deze tweewerkwoordelijke constructies “niet denkenaan” en “vergeten”, die schijnbaar hetzelf-de betekenen ? Door deze taal te gebruikenleert de tekst ons een belangrijke gegevenzegt Israël Spira, de rabbi van Bluzhov totzijn chassidische volgelingen “Er zijngebeurtenissen van een dusdanig overwel-digende dimensie dat wij er niet steeds aanbehoeven te denken, maar wij kunnen enmoeten ze nooit vergeten. Een dergelijkegebeurtenis is de Sjoa”. (einde citaat).Nooit vergeten, en dit is geen geëtaleerdvictimisme, hoe het lijden van de slachtof-fers niet echt kan en zal worden gevat. Datslechts de schaduwen van het onbeschrijf-lijke kunnen doordringen tot ons bewust-zijn en zelfs die schaduwen nauwelijks teverdragen zijn.Nooit vergeten, dat wij hier de tijd vanonze gedeelde emoties, de stille leegteinvullen nagelaten door hen die meedo-genloos werden weggeslagen uit onsleven, en zo stem geven aan woorden diezij en hun ongeboren kinderen nooit zul-len spreken. Nooit ontveinzen, hoe de Sjoa een prece-dentloze gebeurtenis was, waarbij, zoalsHannah Arendt schrijft “Radical evil”(absoluut kwaad) is opgetreden met alswaanidee, dat de wereld in zijn totaliteitgediend zou zijn door eerst de zielen en dande lichamen van het joodse deel van demensheid te vermalen in de grenzelozeaswolken van de dood.

Niet verwonderlijk dan, dat ons historischherinneringsbeeld op het gedenkschermvan onze introspectie chassidische verhalenprojecteert als deze van de vrome man diezijn enig kind verloor. Hij ging naar zijnRebbe en vroeg hem : “Rebbe, ik smeek u !Ik bid u : doe iets. Doe iets voor mij, datmijn lijden zou ophouden. Ik kan niet stop-pen met huilen. Ik schreeuw het uit vanellende. Ik slaap niet meer, ik kan niet meereten. Rebbe, ik smeek u : doe iets. Ik houdhet niet meer vol.”De Rebbe concentreerde zich lang. Hijdacht heel diep na en gaf de man toen ditantwoord : “Ik kan wel iets voor je doen,maar je zult de nagedachtenis aan je kindhelemaal uit je geheugen moeten wissen. Jezult vergeten dat het kind ooit bestaanheeft.” De chassied huilde heel lang maarweigerde zich aan deze wrede oplossing teonderwerpen. Onze gemeenschap, Damesen Heren, heeft aldus een lang en diepgeheugen en wenst niet te vergeten.De omstandigheden die ertoe leidden datmiljoenvoudige moord de consequentiewas, zijn wellicht de onze niet en bovendiende geschiedenis herhaalt zich nooit, maar zeplagieert wel. Waar ligt juist de broze grenstussen gruwelgisteren, het relatief veiligevandaag en het onzekere morgen ? Hoe vaak in het recente zijn, werd diegrens niet overschreden ook met betrek-king tot het plaatselijke jodendom, waarbijopviel hoe het gevaar van die grensover-schrijding door veelvuldig meanderen ineufemismen te dikwijls werd vergoeilijkt.Wij, joden, hebben antennes, zei Elie Wie-sel onlangs te Brussel, en wat wij opvan-gen, is onheilspellend.

Zonder het slachtoffer te worden vanvervolgingswaanzin of in de misnoegd-heid te vervallen van “de hele wereld istegen ons” zijn de verontrustende toe-komstvragen legio, bij het zien van deopruiende straatgeweldenaars, die hungratuite brutocratie botvieren op herken-bare voorbijgangers en bij het horen vanhun massavernietingswoorden. Zijn ditgeweld en deze, ook recente leuzen nietde intrieste en vege tekens aan de wandvan onze tijd ? Natuurlijk is het onzetaak, zelfs in een era die opnieuw walmt,messiaans optimistisch te blijven, wantwij houden van het leven, en blijventrouw aan de droomverwachtingen vande weerbare moedigen uit het Warschau-se getto, aan hun lichtende droomver-wachtingen over het ooit te bereiken landvan vrede, verdraagzaamheid en recht-vaardigheid. Doch dit is moeitevol,gezien de Sjoa onthulde dat beschavingnooit meer geweest was dan een gepolijstbarbarendom, vooral wanneer domheid,gedachteloosheid en gebrek aan oor-deelskunst toeslaan.Betuttelen en wapperende vingertjes zijnonze leuzen niet, maar dubbelhartigheid enwolligheid mogen nooit een antwoord zijnop deze gewelddadige ontsporingen opge-jut door politieke warhoofden of extremis-ten allerhande. De te volgen gedragslijnmoge duidelijk zijn: geen enkele agressiemag gebagatelliseerd worden. Het anti-judaïsme heeft namelijk een heel eigenkarakter. Het begint met onschuldigesymptomen en omdat het als een gewoneverkoudheid wordt beschouwd, doen wei-nigen er iets tegen, tot het uitbarst, als eendodelijke ziekte.De Weimar-republiek verloor destijds, inhet interbellum, haar aanzien en legitimi-teit omdat verbaal- en straatgeweld, alskwajongensstreken werden afgedaan. Dieonverschilligheid van toen kan niet meerworden teruggedraaid. Toen heeft mengezwegen, omzwacheld en geknuffeld. Wijzouden beter moeten weten dan struisvo-gelpolitiek, vooral nu in Europa, de hard-bevochten democratie onder vuur ligt ende smaak van ons vasteland daardooropnieuw neigt naar de nare bitterheid vanons verleden.

GETTO-

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Toespraak van Prof. Julien Klener, voorzitter van het C.I.C.B. op de Gettoherdenking van19 april 2004 in Antwerpen.

HERDENKING

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Dans le n° précédent de notre revue(Nouvelles consistoriales n°18),

nous annoncions le décès de l’Abbé Jean-Marie Schoefs, l’un des fers de lance dudialogue et du rapprochement judéo-chrétien dans notre pays.Le 14 janvier 2004, une séance d’hom-mage lui a été consacrée au Consistoire,en présence de hautes personnalités del’Organe de Consultation entre Chrétienset Juifs en Belgique (O.C.J.B.)Qui était donc Jean-Marie Schoefs ?Né à Bruges le 17 mars 1921, il garderatoujours de sa ville natale un souvenir nos-talgique. Après des études secondairesbrillantes au collège St Pierre à Uccle, on leretrouve, pendant l’occupation, au sémi-naire pour prêtres à Malines et son ordina-tion a lieu en mai 1945. A cette époque,Jean-Marie Schoefs montre déjà sa person-nalité courageuse et attachante. Soupçonnéd’avoir aidé une famille juive d’Uccle àrejoindre un réseau pour gagner la clan-destinité, il est arrêté et interrogé par la ges-tapo. Il se défend en disant : « vous pensezque j’aurais pris des risques pareils ? Je nesuis pas fou ! ». Heureusement, il est relâ-ché, faute de preuves. Il dira plus tard : « sije n’ai pas parlé, ce n’est pas par héroïsme,mais par peur pour cette famille ». Aprèsson ordination, il s’inscrit en Sciences éco-nomiques à l’U.C.L. et y termine ses étudesavec succès. Il n’en retirera cependantjamais l’esprit commerçant. Depuis lesannées ’50, il est aumônier chez les scoutsà la J.O.C. . Il fonde un groupe d’étudesbibliques pour jeunes, s’occupe d’alphabé-tisation d’émigrés, organise des plaines dejeux pour enfants et des camps d’été pouradolescents.

En ce qui concerne la Bible, Jean-MarieSchoefs est un peu révolutionnaire dupoint de vue chrétien, car il répète à tousceux qui veulent bien l’entendre qu’il nefaut pas opposer le « Nouveau Testa-ment » à l’« Ancien Testament » maisparler plutôt de « Premier Testament » etde « Second Testament ». La nuance eston ne peut plus claire… Avec les jeunes, il fait de la mise en scèneet développe le ciné-club. Personnelle-ment, il s’entiche de la moto, chante dansune chorale et écrit des pièces dethéâtre… de gauche ! Se pencher sur le texte pour mieux lecomprendre, exprimer toujours sonamour du prochain et rester humble entoutes circonstances, constituent pourJean-Marie Schoefs les valeurs qu’il pra-tiquera toute sa vie. Par rapport auxjeunes, il met cet amour en pratique enessayant de les décourager de fumer.Tous les expédients sont bons, en parti-culier les longues promenades, de jourcomme de nuit. En 1963, le Père Georges Passelecq al’idée de l’intégrer dans la Commissiondes Relations Interconfessionnelles. En1968, il est nommé curé à Woluwé-St-Pierre, puis, 6 à 7 ans plus tard, chapelainau Shopping Center de Woluwé. Il s’oc-cupera d’un centre pour enfants déshéri-tés, le « Bon Pasteur », où il développeses activités culturelles devenues habi-tuelles pour lui : ciné-club, art drama-tique et chorale.En 1978, il entre dans la CommissionCatholique Nationale pour les Relationsavec le Monde Juif . Il y accomplira un tra-vail remarquable, se traduisant par des

cours, des causeries et des conférences.Durant toute sa vie, il garde cette fragili-té qui est un peu sa faiblesse, mais enmême temps sa force intérieure, sa forcespirituelle.Dans les dernières années de son par-cours si émouvant, il est l’un des plusfidèles à l’office du vendredi soir à lasynagogue de la Régence.Malheureusement, sa santé commence àvaciller, ce qui le contraint de faire diffé-rents séjours à la clinique. De son litd’hôpital, il écrit à Esther, qu’il considèrecomme sa fille adoptive et qui le lui rendbien, qu’il ne faut pas s’inquiéter pourlui, car ce serait la seule chose qui le feraitjustement souffrir…Finalement, la maladie va l’emporter et ils’éteint chez lui le 12 novembre 2003,entouré de l’affection des siens. Souhai-tons que l’exemple de ce juste puisse inspi-rer des émules, prêts à prendre la relève !

Propos recueillis par M.L. chezEsther Kervyn

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IN

MEMORIAM

Un « juste », Jean-Marie Schoefs,nous a quittés

Parutions récentesParmi les livres qui viennent de paraître, nous voulons mettre en évi-dence deux nouveaux ouvrages passionnants de Moïse Rahmani :• “Sépharades 2004 - Un Etat des Lieux” aux Editions N. L. A.• et “Sous le joug du Croissant - Juifs en terre d’Islam”

aux Editions de l’Institut Sépharade Européen

Ainsi qu’un ouvrage collectif, sous la direction de A. Willy Szafranet Adolphe Nysenholc : “Freud à l’aube du 21ème siècle” auxEditions L’Esprit du Temps.

Quelques questions fondamentales y sont traitées par d’émi-nents spécialistes, comme par exemple :Qu’aurait-dit Freud de la Shoah? Les concepts freudiens sont-ils toujours opérationnels?

Le professeur W. Safran, président du Conseil Académiquedu Consistoire, y traite, quant à lui, de “la personnalité nar-cissique et ses doubles” A découvrir absolument.

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Allocution du Profes-seur Georges Schnek,président honorairedu Consistoire Cen-tral Israélite de Belgique

Monsieur le Président,Monsieur le Bourgmestre, Messieurs lesreprésentants des autorités en vos gradeset qualités,Mesdames, Messieurs,

Le psaume de David lu par les deuxjeunes gens, traduit notre reconnaissanceau Tout-Puissant qui nous a soutenusdans le terrible combat mené par l’en-semble des forces alliées et belges. Il apermis le sauvetage de notre civilisationet de la démocratie en éliminant définiti-vement les nazis.60 ans après, nous nous souvenons et laprésence des jeunes générations parminous est fondamentale car elle garantit lamémoire et nous protège de l’oubli.La Bataille des Ardennes avec Bastognecomme épicentre aura été une des étapesdécisives vers la victoire finale tellementattendue et indispensable à notre survie.Le Consistoire Central israélite de Bel-gique et l’ensemble des citoyens belgesappartenant à la collectivité juive s’asso-cient aujourd’hui avec les autres cultes

pour célébrer et rappeler cet événementqui a mis fin au conflit le plus sanglant detoute l’histoire avec plus de vingt millionsde victimes dont six millions de Juifseuropéens, assassinés uniquement parceque nés juifs.Toutefois, j’estime devoir souligner etrappeler avec force qu’un nombre impor-tant de nos coreligionnaires ne se sontpas laissés embarquer passivement versles camps d’extermination pour y êtregazés avant les fours crématoires. Nom-breux sont ceux qui ont œuvré dans lesmouvements de la Résistance et se sontengagés dans les armées alliées.Feu le Baron Jean Bloch, lieutenant-colo-nel de réserve, mon prédécesseur à la pré-sidence du Consistoire, a été un des libé-rateurs de Bruxelles, à la tête d’un déta-chement de la Brigade Piron. Il a publiépeu avant sa mort un ouvrage intitulé «Epreuves et combats » où il relate lacontribution impressionnante d’hommeset de femmes issus précisément de cettecollectivité juive de notre pays, qui, mal-gré la discrimination raciale dont ilsétaient victimes, ont participé héroïque-ment à la délivrance de la Belgique face àl’oppresseur nazi.Il faut le savoir, dans de nombreux paysd’Europe soumis à la domination hitlé-rienne, les Juifs ont activement œuvré ausein de divers groupes et mouvements de

résistance. Un grand nombre d’entre euxse sont illustrés dans le combat desarmées alliées réunissant les forces fran-çaises, britanniques et américaines.On nous parle beaucoup et souvent de laShoah et de l’extermination des Juifs parles nazis, mais il faut aussi considérerl’importance de leur participation auxcombats pour la libération de l’Europe.Nous sommes réunis ce jour pourexprimer aux côtés des autres cultes,notre reconnaissance aux arméesalliées européennes et américaines quinous ont libérés. Avec eux, nous pro-clamons notre volonté de nous impli-quer plus que jamais dans toutes lesinitiatives visant la sauvegarde et lerespect des droits de l’homme partoutdans le monde.Nous devons contribuer à l’éradicationde toutes les manifestations de caractèreracial et discriminatoire et des nombreuxconflits qui malheureusement continuentà ensanglanter encore notre planète.Il nous faut servir toutes les causesconduisant à la paix et au bonheur detous dans une société tolérante et ouverte. Je vous signale que les rabbins liront,samedi prochain, lors de l’office de Shab-bat, des prières d’hommage aux combat-tants et défenseurs héroïques de cetteBataille des Ardennes.Je vous remercie.

SECO

NDE GUERRE

MONDIALE

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MEMORIAL DAY – Cérémonie (œcuménique)du 1er juin 2004 au Mémorial du Mardasson à Bastogne –

Le 11 mai 2004, Madame Corinne DePermentier a tenu à remettre à six per-

sonnalités de sa commune le titre honori-fique de citoyen d’honneur. Parmi celles-ci,nous retrouvons deux membres de notrecommunauté juive : David Blum et HenriKichka. Je suis heureux que les mérites deces deux amis personnels aient été enfinreconnus et récompensés, même si, mal-heureusement pour David Blum, ce fut àtitre posthume.David Blum et moi fréquentions tousdeux l’Athénée de Schaerbeeck. Réfugiésen France, nous avons milité dans lesmêmes organisations clandestines juives,le MJS qui était chapeauté par l'Organi-sation Juive de Combat (OJC) et tous les

deux, nous avions juré fidélité à l'ArméeJuive. Nous avons côtoyé les mêmeschefs à Nice, à Grenoble, à Toulouse.Après la guerre, David contribuera à lacréation de l'Union des Déportés Juifs deBelgique, au Mémorial d'Anderlecht etaux activités des Amis Belges du YadVashem. Jusqu'à ces dernières années, ils'était impliqué notamment pour larecherche des dossiers des Juifs sauvéspar différents milieux de Belgique pen-dant l'occupation allemande. Il a doncpu obtenir de nombreuses reconnais-sances de "Juste parmi les nations" grâceà son efficace collaboration au sein desAmis Belges du Yad Vashem.Il s’est aussi impliqué pour la création du

Musée Juif de la Déportation et de laRésistance à Malines.Je puis aussi souligner qu'avec son épouse,Mitzi, elle-même rescapée des campscomme lui, il a formé un couple très atta-chant et très uni. Tous les deux aimaientpassionnément les arts, la peinture, lasculpture et la musique. Nous pouvionsles rencontrer à tous les grands événe-ments artistiques de notre pays.J'ai découvert une partie de la vie secrète etde la face cachée de David au cours detrois déplacements et voyages différentsqu'il m'avait demandé de faire avec lui.C'était d'abord en juillet 1992 à Toulouseoù les anciens de la Résistance juive deFrance avec la Ville de Toulouse avaient

Hommage à d’illustres habitants de la Commune de Forest

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organisé une commémoration, 48 ansaprès la fusillade de la rue de la Pomme oùse trouvait un des lieux de réunion de l'Or-ganisation Juive de Combat. ThomasBauer et Régine Knut avaient été abattuspar la milice française le 22 juillet 1944,tandis que Raoul Léonce, capitaine del'OJC réussissait à s'enfuir quoique blessé etque David Blum se faisait arrêter par cettemilice qui l'avait amené à la Gestapo poury être torturé. S'en est suivie sa déportationà Büchenwald, son aventure concentration-naire qui s'est terminée avec la fin de ladeuxième guerre mondiale en mai 45. Aucours des diverses cérémonies de juillet1992, ont été évoqués le rôle de l'OJC, dumaquis de la Montagne Noire et les anciensrésistants juifs ont rappelé le courage et ledévouement de notre cher David Blum.L'année suivante, au cours d'un autredéplacement à Nice cette fois, en sep-tembre 1993, j’ai eu la grande surprise dedécouvrir à Saint Martin de Vésubie, peti-te bourgade située au fond d'une valléemontagneuse, une ville qui s'apprêtait àrappeler l'événement au cours duquel prèsd'un millier de juifs réfugiés dans cettevieille cité des Alpes Maritimes avaient puéchapper à la Gestapo lancée à leur pour-suite. J'ai assisté ainsi à l'hommage solen-nel rendu par toute une ville à DavidBlum, considéré comme un des sauveursdes réfugiés juifs qui résidaient dans larégion sous la protection de l'armée ita-lienne en 1942. Du fait de sa modestie, David Blum nem'avait jamais parlé de ce que je considè-re comme un haut fait de la Résistance etc'est à Saint Martin de Vésubie-même quej'ai appris de la bouche de quelquestémoins et de quelques survivants etnotables l'héroïsme de David Blum et deson adjoint Ernest Appenzeller. Tous lesdeux avaient été mandatés par le MJS etl'OJC, à se rendre à Saint Martin deVésubie et pour essayer de sauver cesquelques centaines de Juifs qui allaient êtrepris comme dans une souricière par laGestapo et les SS. Rappelons que la rivegauche du Rhône de 1942 à 1943 étaitoccupée par les troupes italiennes, alliéesdes nazis qui s’opposaient à la déportationdes Juifs. Lorsque l'armistice a été déclaréen Italie à la suite du débarquement desAlliés en Sicile, les Allemands ont occupél’entièreté de la France et ont chassé etarrêté les troupes italiennes après les avoirdésarmées. De ce fait, cette zone privilé-giée, occupée par les Italiens pendant prèsd'une année, repassait sous le contrôleallemand. Tous les Juifs qui y vivaient se

trouvaient ainsi menacés de déportation etd'extermination. En une journée et unenuit, David Blum et Ernest Appenzelleront réussi à rassembler tous les Juifs du vil-lage, à organiser une marche forcée, lanuit, à travers la montagne pour les fairearriver en Italie et les mettre à l'abri desnazis. L'événement méritait d'être rappor-té puisque sur le quelque millier de Juifsqui s'y trouvaient à l'exception de deuxcents d'entre eux, tous ont été sauvés,répartis dans les différents villages et villesitaliens. C'est ainsi qu'en une nuit, Ernestet David en organisant cette marche silen-cieuse à travers la montagne, ont sauvéfemmes, enfants, vieillards et nourrissons.Rappelons que les habitants de la ville deSaint Martin de Vésubie avaient eu uncomportement exemplaire durant l'occu-pation allemande. Aujourd'hui, un mémo-rial à Saint Martin de Vésubie rappellel'événement. David Blum aurait pu seréfugier avec les autres en Italie, mais il estrevenu à Nice pour poursuivre sa missionde sauvetage et rejoindre ensuite le maquisde la Montagne Noire. Nous connaissonsla suite : au cours d'une mission particu-lièrement périlleuse, il s'est fait arrêter àToulouse en juillet 1944 et déporter.En 1995, j’ai accompagné David à Agdeoù, caché avec ses parents durant l’occu-pation, il a obtenu l’aide et le soutien denombreux habitants. Il est revenu pour lesfaire honorer comme Justes par le YadVashem. Mais les résistants locaux ontrappelé son rôle dans la Résistance et laVille lui a rendu un vibrant hommage.Enfin,en 2002, après son décès, je me suisrendu à nouveau à Agde, ville située à côtédu cap du même nom où les autoritésmunicipales ont inauguré un nouveauquartier où la plupart des rues porte lenom de « Justes parmi les Nations ». C’estréellement un exemple unique en France.Le maire de cette localité a voulu ainsi per-pétuer le souvenir des courageux résistantsfrançais qui, au péril de leur vie, n’ont pashésité à sauver des familles juives. Mais,parmi ces rues, il y en a une dont le nom aété donné à David Blum. La raison de cethommage à David Blum est tout à fait par-ticulière. En effet, ce dernier, membre d’ungroupe de résistance juif de France a parti-cipé aux activités d’un maquis voisin, dansle département du Tarn. De plus la muni-cipalité a voulu également rappeler sonaction héroïque à Saint Martin de Vésubie.David Blum s’est installé après la guerredans la commune de Forest et y a vécupendant plus de cinquante ans. C’est pourrécompenser cet homme courageux au

parcours exemplaireque la Commune deForest a tenu à le dis-tinguer, malheureuse-ment à titre posthume, le11 mai.Mais une autre personnalité bien connuedans notre communauté a également étéhonorée ce jour-là. Il s’agit d’Henri Kichka,artiste peintre et dessinateur de talent etsurtout témoin infatigable auprès desjeunes générations de ce que fut l’horreurde la Shoa. Henri Kichka est né en Pologneen 1926 et fut contraint de s’exiler, à l’âgede 14 ans, avec ses parents et ses deuxsœurs dans le Midi de la France. Ils pen-saient avoir ainsi échappé à la barbarienazie, mais c’était sans compter sur le zèledes milices de Pétain qui les arrêtent et lesfont interner successivement dans deuxcamps. La famille Kichka parviendra às’échapper en janvier 1941 et s’établira enBelgique. Mais une fois de plus, les Kichkatombent dans les griffes des SS dans la nuitdu 3 au 4 septembre 1942. Extirpés de leurdomicile de Saint Gilles, ils sont victimes dela première grande rafle des Juifs en Bel-gique et déportés à Auschwitz. La mèred’Henri et ses deux sœurs ne reviendrontpas de cet enfer. En 38 mois de déportationet un séjour atroce dans différents camps,Henri Kichka et son père y connaîtront lafamine, les humiliations, les privations, letravail forcé, la torture et à une semaine dela Libération, son père décèdera.Seul rescapé de sa famille, Henri Kichkan’aura plus qu’une idée en tête : témoigneravec force afin que le souvenir de ces sixmillions de victimes ne s’efface jamais de lamémoire collective. Ses interventions dansles écoles, ses participations dans les diffé-rentes manifestations rappelant les tristesévénements de la guerre 40-45, ne secomptent plus, tant elles sont nombreuses.En outre, il participe à des conférences, desexpositions, rencontre des jeunes pour lesprévenir contre l’antisémitisme et le racis-me, lui qui sait tellement bien jusqu’où l’in-tolérance peut mener. De plus, avec coura-ge, il consacre son talent, que ce soit enpeinture ou en dessins, à faire revivre la viejuive d’avant-guerre en Pologne et à resti-tuer ainsi l’atmosphère yiddish si savou-reuse de certains Shtetls ou ghettos.Il nous reste à souhaiter qu’Henri Kich-ka continue ainsi de longues annéesdurant encore à faire bénéficier lesjeunes générations de son message, qu’ils’agisse d’un témoignage parlé ou de sonœuvre picturale.

Prof. G. Schnek

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SHOAH

RÉSISTANCE

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ANTWERPENSynagoge van de Israëlitische Gemeente Shomre HadassAdres : Bouwmeesterstraat, 7 – 2018 AntwerpenVan 10u tot 18u Rondleiding: Nl.- Fr.- Eng. – gratisConcert door Cantor Benjamin Muller en het mannenkoor vande synagoge, om 14u en om 15 u.

ARLONSynagogueAdresse : rue de la synagogueHoraire : de 14h à 18h : visite guidée gratuiteCimetièreAdresse : 243, Rue de DiekirchHoraire : 10h à 16h30Visite libre et gratuite

BRUXELLESSynagogue de la Communauté Israélite de BruxellesAdresse : Rue de la Régence, 32 - 1000 BruxellesHoraire : 16h à 19hVisites guidées débutant aux heures précises: Fr – Nl – Eng. –gratuitSynagogue sepharade de BruxellesAdresse : rue du Pavillon, 47 – 1030 BruxellesHoraire : 10h à 17hVisites guidées débutant aux heures précises: Fr – Eng. – It. -gratuitExposition : « variations sur le Yod »Centre Communautaire Laïc JuifAdresse : Rue Hôtel des Monnaies, 52 - 1060 BruxellesHoraire : de 12h à 15hGrand Brunch traditionnel en musique A 14h : visite de l’Exposition « 45 photos pour 45 ans de CCLJ» Cercle Ben Gourion – Radio JudaïcaAdresse : Chaussée de Vleurgat, 89 – 1050 BruxellesHoraire : de 10h à 17h Visite des studios de Radio J toutes les demi-heures – gratuitExposition organisée par le B’Nai B’Rith de Bruxelles : « 160ans de B’Nai B’Rith » Exposition organisée par l’Institut Sepharade Européen : « LeMonde Sepharade »Cimetière du DiewegAdresse : n°95, Dieweg - Bruxelles 1180 Tramways : n° 18 et n° 92 Horaire : de 10h à 16h Visite guidée: Fr.- Eng. - gratuit

Mémorial National aux Martyrs Juifs de Belgique Adresse : Coin rue Emile Carpentier –Rue des Goujons -1070 BruxellesHoraire de : 10 h à 16 h Témoignages, explications et visite guidée: Fr – Nl – Eng. - gratuitMusée d’art juif marocainAdresse : Place Vander Elst 19 – 1180 BruxellesHoraire : de 10h à 18h.Visite guidée : Fr. –Eng. - gratuitMusée Juif de BelgiqueAdresse : Rue des Minimes, 21 - 1000 BruxellesHoraire : de 10 h à 17 hExposition « Déballage» Fr – Nl – Eng.- gratuitA partir 14h30 : Recherches généalogiques – gratuit« Sur les traces des Juifs à Bruxelles » : visite guidée (en Fr) parM. Louis BerkowiczDépart à 10h30 et 14h30 du Musée Juif de BelgiquePrix par personne : 4 EurosMaximum 30 personnes par groupe

CHARLEROISynagogue et Musée des Justes parmi les NationsAdresse : rue Pige au Croly, 56 – 6000 CharleroiHoraire : de 14h à 18h : visites guidées débutant aux heuresprécises: Fr. – Eng. - gratuit

LIEGESynagogue et Musée JuifAdresse : Rue Léon Fredericq 19 – 4000 LiègeHoraire de : 10 h à 17 h : visites guidées débutant aux heuresprécises: Fr. – Eng. - D. - gratuit

MECHELENJoods Museum van Deportatie en VerzetAdres : Goswin de Stassartstraat 153 - 2800 MechelenBus : 5 en 7, halte: Predikherenkerk – 50 en 50b, halte: Nokers-traatVan 10u tot 18u – gratisRondleiding : Fr. – Nl. - Eng. – H.

OOSTENDE Kerkhof – Stuiverstraat - 8400 OostendeVrije toegang van 10u tot 16u

PUTTE (NED.)Frechie – Kerkhof – Putsestraatweg 32Van 10u tot 17u Rondleiding : Nl. – F. – Eng. – H.

CULTURE

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Journée Européenne de la Culture Juive 2004 Europese Dag van de Joodse Cultuur 2004

Cette année, la Journée Européenne de la Culture Juive, qui est une manifestation annuelle organisée simultanémentdans plus de vingt pays européens sur le mode « Journée du Patrimoine », aura lieu dimanche, le 5 septembre 2004.

A cette occasion, les sites suivants de notre pays seront accessibles au grand public aux heures indiquées. Certains d’entre eux proposent également des activités spécifiques.

Dit jaar zal de Europese Dag van de Joodse Cultuur, op zondag 5 september 2004 plaatsvinden. Deze jaarlijkse Patrimo-niumdag, vindt simultaan plaats in meer dan twintig Europese landen. Wat België betreft, zal men de volgende plaatsenkunnen bezoeken, op de aangegeven uren. Sommige specifieke activiteiten worden er ook georganiseerd.