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Formation agréée par le Haut Comité de la Formation Pharmaceutique Continue Placée sous le Haut patronage du Ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative 58 es Journées Pharmaceutiques Internationales de Paris Vendredi 9 Novembre 2007 Faculté de Pharmacie Université Paris- Descartes 4, avenue de l’Observatoire - 75006 Paris Le pharmacien auprès du patient atteint de cancer Actes des sessions de formation au service des pharmaciens

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Formation agréée par le Haut Comité de la Formation Pharmaceutique Continue

Placée sous le Haut patronage du Ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative

58esJournées Pharmaceutiques Internationales de Paris

Vendredi 9 Novembre 2007

Faculté de Pharmacie Université Paris- Descartes

4, avenue de l’Observatoire - 75006 Paris

Le pharmacien auprès du patient atteint de cancer

Actes des sessions de formation au service des pharmaciens

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Mesdames, Messieurs les Présidents, Messieurs les Doyens, chers Confrères, Mesdames, Messieurs,

Pour moi, c'est un grand plaisir d'accueillir devant vous les 58es JPIP, Journées pharmaceutiques internatio-nales de Paris. Au moment où les réunions, les forums, les congrès se multiplient, je rappellerais que les JPIPsont une association Loi 1901 constituée en 1950, dont les objectifs sont en particulier de développer lesconnaissances et les techniques se rapportant à la pharmacie, de contribuer à la formation professionnelle,d'organiser des manifestations réunissant les professionnels dont l'activité se rapporte à la pharmacie, afind'étudier en commun les sujets d'actualité liés à l'exercice professionnel. Nous gardons le cap sur ces objec-tifs.

Effectivement, ces rencontres annuelles, depuis 57 ans, offrent une occasion précieuse de formation, de miseà jour de la connaissance et surtout d'échanges avec les praticiens qui traitent des sujets faisant partie deleur domaine quotidien d'activité.

L'impérieuse obligation de la formation pharmaceutique continue fait place à une obligation légale avec laloi sur le droit des malades de mars 2002, confortée par la loi de santé publique d'août 2004. Nous pouvonsdéplorer que malgré la parution du décret d'application de ces textes en juin 2006, le dispositif ne soit tou-jours pas opérationnel. Nous pouvons déplorer également que par ailleurs, il n'implique pas l'évaluation despratiques professionnelles, l'EPP, pour les pharmaciens, contrairement à ce qui se passe pour les médecins.Or, le monopole de l'exercice pharmaceutique ne se justifie que par la compétence du pharmacien qui exigeune mise à jour de ses connaissances. Les JPIP entendent répondre à cette exigence.

Fidèle à sa tradition de proposer des thèmes majeurs de santé publique, l'Association des JPIP a choisi deconsacrer sa 58e édition au pharmacien auprès du patient atteint de cancer. Dans les pays industrialisés, lenombre de cancer augmente considérablement, certes du fait en particulier de l'accroissement de l'espé-rance de vie, qui s'accompagne d'une élévation de la fréquence des cancers avec l'âge. Mais par ailleurs, lamortalité du cancer diminue régulièrement. C'est ainsi que le cancer devient une maladie chronique. Et avecles maladies chroniques, le rôle du pharmacien prend de l'importance, du fait de sa proximité auprès dupatient et de sa compétence. De plus, le pharmacien peut s'impliquer dans l'éducation du patient, dans laprévention, sachant l'importance dans l'apparition du cancer de quelques facteurs liés aux comportementsindividuels et contre lesquels la prévention peut être très efficace.

Je voudrais rappeler la mobilisation qu'a provoquée dans notre pays la mise en place du plan cancer, à l'ins-tigation du Président Jacques Chirac, plan toujours soutenu par le président actuel. Le plan cancer a nonseulement permis à la France de faire un bond considérable dans le domaine de la cancérologie, mais il aégalement eu un impact extraordinaire dans l'ensemble de l'Europe. Le plan cancer, dans ses différentsvolets, implique le pharmacien. Voilà donc les raisons du choix du thème de cette année.

Avant de laisser le soin au docteur François Lemare, président du comité scientifique de la 58e édition desJPIP, de présenter le déroulement de la journée, je voudrais le remercier très vivement pour sa compétence,son dynamisme, sa passion pour le thème de cette session, qui se retrouvent dans l'organisation scientifiquede la journée.

Je remercie bien évidemment tous les intervenants pour leur contribution à la réussite de cette journée. Mesremerciements vont également au conseil d'administration des JPIP pour l'aide qu'il nous a apportée, enparticulier à Françoise Buhl et Olivier Bourdon ; au service intérieur de la Faculté, sous la direction deChantal Martin, qui de façon très efficace nous permet la réalisation de cette réunion dans ce magnifiquebâtiment.

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Actes des 58es Journées Pharmaceutiques Internationales de Paris

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Professeur Dominique Durand, Président des JPIP

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Je voudrais ne pas oublier notre opérateur Régimédia qui, sous la houlette d'Arnaud Lacaze-Masmonteil, apermis la réalisation technique des 58es JPIP.

Pour conclure, je voudrais vous donner deux informations. La première : la 59e édition des JPIP se déroulera nous l'espérons ici même, à la Faculté de pharmacie, surle thème : "le pharmacien et les maladies neurodégénératives" le vendredi 28 novembre 2008.

La seconde, je vous ai dit que les JPIP sont constituées en association et qu'en tant que telle, elles ne viventqu'au travers de la participation et de l'aide de ses membres. Afin de vous encourager à adhérer à l'associa-tion des JPIP, nous vous proposons d'offrir une inscription au DU de pharmacie clinique oncologique, qui estune inscription d'une valeur de 1 000 euros, à un nouvel adhérent qui sera désigné par tirage au sort à lafin du 1er trimestre 2008, quand les inscriptions aux JPIP seront déjà pratiquement parvenues. N'hésitez pas,vous pouvez le faire ici ou sur Internet : inscrivez-vous à l'association, c'est très précieux pour nous.

Je vais donner la parole à François Lemare.

Vendredi 9 novembre 2007 - 4 - Faculté de Pharmacie Université Paris - Descartes

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Mesdames Messieurs les Présidents, Mesdames Messieurs les Professeurs, chers Confrères, MesdamesMessieurs, bonjour. Bienvenue aux JPIP.

Je vais vous présenter le programme de la journée.

Ce matin nous aurons le plaisir d'accueillir Madame Laurence Cherié-Challine, de l'Institut national de veillesanitaire, qui va nous parler de l'épidémiologie des cancers et de son évolution. Comme vous l'a dit le doyenDominique Durand, l'évolution de ces pathologies fait que certains professionnels n'hésitent pas à parlerd'une épidémie de cancers, tels qu'on a pu le vivre pour d'autres maladies comme le sida. Mme Cherié-Challine nous présentera donc les moyens d’études épidémiologiques mis en place ainsi que l’évolution aucours des dernières décennies.

En deuxième partie de matinée, nous aurons une intervention de Madame Le Quellec-Nathan qui est direc-teur général adjoint de l'Institut national du cancer, qui représentera le professeur Maraninchi et qui nousprésentera des vraies et fausses idées sur la prévention des cancers. Le domaine de la prévention des can-cers est un domaine dans lequel les pharmaciens sont déjà largement impliqués notamment pour la préven-tion du tabagisme et la prévention du mélanome. Nous verrons avec elle les domaines dans lesquels nousallons pouvoir nous impliquer dans les prochaines années.

Nous aurons ensuite une table ronde sur l'administration des chimiothérapies à domicile, un domaine quifait partie du plan cancer de notre ancien président de la République Jacques Chirac. Nous allons échangeravec plusieurs professionnels impliqués dans la prise en charge de patients atteints de cancer à domicile.Parmi les professionnels présents, nous aurons le plaisir d'accueillir le docteur Christian Sierro qui est ledirecteur de SOS Pharmaciens à Genève et qui a l'expérience de l'administration des chimiothérapies àdomicile depuis 1992 dans le canton de Genève. Nous aurons Madame Françoise May-Levin qui est directeurmédical de la Ligue nationale contre le cancer, qui développera la place importante qu'elle imagine pour lepharmacien auprès du patient atteint de cancer ; Monsieur Jean-Pierre Escande, administrateur national dela Ligue nationale contre le cancer, qui nous apportera son point de vue sur la place du pharmacien dansl'accompagnement des patients atteints de cancer. Et Dominique Brasseur, président du Conseil de l'Ordrede Haute-Normandie, président du réseau Hopadom, présentera son implication dans la réalisation de soinsà domicile, dans le maintien à domicile et dans l'administration de chimiothérapie à domicile.

Entre 12 h 45 et 13 h 45, les laboratoires Sanofi-Pasteur vous inviteront à un symposium sur la vaccinationcontre le papillomavirus : intérêt, principe, preuves et mise en œuvre. Je vous rappelle que ce vaccin est indi-qué dans la prévention du cancer du col de l'utérus chez la jeune fille.

Cette après-midi, nous aborderons les différents aspects de la prise en charge de patients atteints de cancer.Tout d'abord, la prise en charge de la douleur, avec le docteur Thierry Delorme, qui est responsable del’unité de prise en charge de la douleur à l'Institut Curie à Paris. Nous aborderons ensuite l'assistance nutritionnelle au patient atteint de cancer avec le docteur SamiAntoun qui est médecin nutritionniste à l'Institut Gustave Roussy à Villejuif.Puis je vous entretiendrai des traitements anti-cancéreux par voie orale et l'accompagnement que l'on peutdonner à ces traitements. À partir de 16 h 30, nous aurons trois ateliers auxquels je vous invite à participernombreux. Un premier atelier sur le lien entre la ville et l'hôpital, et le décloisonnement nécessaire entre lessoins hospitaliers et la prise en charge ambulatoire des patients. Un second sur les conseils aux patientsatteints de cancer, avec les différentes réponses que l'on peut donner au patient et à ses interrogations. Etun troisième atelier sur l'éducation thérapeutique et les consultations d'observance que nous allons êtreamenés à développer, avec l’arrivée des chimiothérapies par voie orale.

Je vous souhaite un très bonne journée et je vais accueillir Madame Laurence Cherié-Challine.

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François Lemare, Président du Comité scientifique des JPIP 2007

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Je suis ravie de venir vous parler de l'épidémiologiedes cancers lors de ces 58es journées pharmaceuti-ques internationales de Paris. Le champ est large. Ila fallu que je fasse un choix par rapport à ce quej'allai vous présenter aujourd'hui.

Diapositive 2 : J'ai retenu deux objectifs dans maprésentation : vous expliquer globalement quelssont les outils de l'épidémiologie descriptive descancers et la façon dont nous suivons la situation enFrance. Vous allez voir en termes d'indicateurs, desources de données, la façon dont l'Institut de veillesanitaire travaille. Et également, je vous donneraides résultats, des localisations qui me paraissent lesplus pertinentes dans votre pratique quotidienne etqui concernent tous les cancers pour lesquels il estpossible de faire de la prévention, de type informa-tion ou dépistage.

Les objectifs de la surveillance des cancers. L'idée estde mesurer le problème cancer, de pouvoir mettrece problème en regard des autres problèmes desanté publique, d'en évaluer son poids, notammentpar rapport aux maladies cardiovasculaires, d'enévaluer sa gravité. Et quand on parle du cancer, onne dit bien entendu pas tout, car il n'existe pas uncancer mais des cancers, avec des spécificités propresà l'organe sur lequel survient la pathologie.

À quoi sert de surveiller les cancers ? C'est pouvoircomprendre ce qui se passe au niveau de l'évolutionde ces cancers dans le temps et dans l'espace. Si onsurveille les cancers, c'est bel et bien pour être utileau décideur. Notre objectif est donc de produire deschiffres qui permettent d'orienter les mesures de

santé publique, essentiellement en termes d'actionsde prévention et de prise en charge thérapeutiquedes cancers, mais également de pouvoir suivre l'im-pact de ces mesures.

Monsieur Lemare rappelait l'existence du plan can-cer gouvernemental que vous connaissez tous, etbien entendu un des objectifs de la surveillance estde pouvoir suivre ce plan.

Diapositive 3 : Quels sont les indicateurs dont nousdisposons pour pouvoir surveiller les cancers, enFrance mais également au niveau international. Lepremier indicateur, qui est particulièrement utile,c'est l'incidence, c'est-à-dire la fréquence des nou-veaux cas de cancer dans une population donnée.Cet indicateur, couplé à l'indicateur de mortalité,permet d'avoir une surveillance précise du risque etégalement de pouvoir faire de l'alerte qui est unedes missions de l'Institut de veille sanitaire. C'est-à-dire, lorsqu'on s'aperçoit, par exemple, que dansune zone géographique limitée, il existe un agrégatde cancer d'un type particulier, une alerte est émiseet l’on essaie d'en comprendre les raisons. Ces deuxindicateurs peuvent être présentés sous différentesformes : en termes de nombre de cas, mais égale-ment de taux. Je vous montrerai également l'impactde l'utilisation du type d'indicateur et ce qu'on peutfaire dire aux chiffres.

Le second type d’indicateur est la prévalence, quipermet de faire de la planification des soins, et lesindicateurs de survie qui sont extrêmement intéres-sants en termes de mesure de l'efficacité des soins.

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Épidémiologie des cancersLaurence Cherié-Challine

Institut National de Veille Sanitaire

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Diapositive 4 : Comment s'organise la surveillancedans le monde ? Nous sommes dans une zone danslaquelle, comme aux États-Unis et dans la plupartdes pays européens (Espagne, Italie), nous avons lacoexistence d'une mortalité qui est suivie de façonexhaustive sur l'ensemble du territoire et de regis-tres départementaux du cancer qui couvrent unepartie limitée du territoire. Vous verrez, dans leszones vert foncé, qu'il existe, notamment auCanada, dans les pays d'Europe du nord, mais éga-lement en Australie, des registres nationaux descancers, pour lesquels toute la population est cou-verte pour l'ensemble des cancers. Et à l'extrême, onobserve des pays dans lesquels aucune surveillancen’existe : c'est le cas notamment de certains paysafricains.

Diapositive 5 : En France, comment est organiséecette surveillance ? L'Institut de veille sanitaire a étécréé dans le cadre de la loi de renforcement de laveille sanitaire en France, au même titre que lesautres agences sanitaires. À ce titre, on lui a confié

une mission de mise en place de la surveillance épi-démiologique dans l'ensemble des domaines. Noussommes un institut qui travaille à la fois sur les pro-blèmes de maladies infectieuses, de la santé au tra-vail, santé-environnement, mais également desmaladies chroniques, et à ce titre, la mission quinous est confiée englobe l'animation, la coordina-tion de la surveillance épidémiologique des cancers.Pour cela, nous ne travaillons pas tout seuls. Nousanimons un réseau de surveillance épidémiologiquenationale des cancers. En premier lieu de nos parte-naires, nous avons les registres du cancer, qui sontregroupés dans l'association Francim et le CépiDcque vous devez tous connaître et qui est le centred'épidémiologie sur les causes médicales de décèstenu par l'Inserm. Parmi les autres partenaires, lesCaisses d'assurance maladie produisent des don-nées sur les affections de longue durée qui sont trèsutiles pour nous ; les hôpitaux, avec les données dePMSI là encore utiles pour l'épidémiologie dans desconditions qu'il faut connaître. Nous participonségalement de façon active au développement desrelations avec les structures d'anatomo-cyto-patho-logie, pour mettre en place un nouveau systèmedont je vous donnerai juste le nom, mais je ne ren-trerai pas dans les détails puisque ce n'est pas l'ob-jet de cette intervention : vous en entendrez parlersous le nom de système multisources-cancer. Jepasse les autres organismes : les organismes derecherche avec lesquels nous collaborons. Enfin, jen'ai pas fait apparaître l’INCa dans ce schéma maisnous avons une collaboration bien sûr très étroiteavec cet institut notamment la production de don-nées qui puissent être utilisées pour les finalités del'INCa. L’INVS est également dans une logique demise en place d'un partenariat qui vise à soutenirconjointement les registres du cancer d'un point devue financier.

Diapositive 6 : La situation des registres de canceren France. En bleu, vous avez les zones pour lesquel-les il existe un registre général des cancers. Dans leBas-Rhin, le Haut-Rhin, le Doubs, l'Isère, l'Hérault, leTarn, le Calvados, la Manche la Loire-Atlantique etla Vendée. Les premiers d’entre eux ont vu le jourdans les années 75 dans l'est de la France. J'insistesur le fait que ces registres sont des structures extrê-mement pertinentes pour faire de l'épidémiologie.L’information qu’ils contiennent repose sur le croi-sement de nombreuses sources et la validation decette information nécessite du personnel qualifié.Cette activité au long cours est coûteuse et il n'estpas du tout envisageable de couvrir l'ensemble duterritoire par des registres du cancer, dans la mesure

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où en termes de coût/efficacité, il n'y aurait pasbeaucoup d'intérêt à le faire.

En plus de ce dispositif des registres départemen-taux qui surveillent l'ensemble des cancers sur toutela population, tous âges, vous avez une spécificitéfrançaise qui est de disposer de registres spécialisésd'organes. Trois d’entre eux sont spécialisés sur lescancers digestifs, d’autres comme en Gironde oudans l’Orne sont spécialisés en hématologie, unpour le cancer de la thyroïde dans la Marne et lesArdennes et un particulièrement dédié au cancer dusein et aux cancers gynécologiques.

Diapositive 7 : En plus de ce dispositif de registres,nous avons deux registres nationaux qui couvrent latotalité des cancers chez l'enfant. Ce suivi des can-cers pédiatriques repose sur deux registres distinctsl’un recensant les hémopathies malignes depuis1990, et l’autre recensant l'ensemble des autrescancers depuis 2000. Par ailleurs, dans le cadre duprogramme national de surveillance du mésothé-liome, un registre à vocation nationale des méso-

théliomes pleuraux a été mis en place.Actuellement, 22 départements sont couverts par ceregistre. Enfin, dans le cadre du plan cancer, depuis2004, des études de faisabilité sont en cours afind’accroître la couverture urbaine de la populationsurveillée en France. C'est notamment le cas d'unprojet dans le Val-de-Marne, qui devrait se transfor-mer en une création de registre dès l'année pro-chaine. D’autres études sont en cours dans la proxi-mité de Lille et dans le Limousin. Au total environ 16 % de la population nationale est couverte par lesregistres généraux. En outre-mer, des registres cou-vrent la Martinique, la Réunion, la Polynésie fran-çaise, la Nouvelle-Calédonie et un projet de créationconcerne la Guyane.

Diapositive 8 : La transposition au niveau nationaldes rapports incidence/mortalité connus dans lesdépartements couverts par les registres permet laréalisation d’estimations épidémiologiques. Quatrerapports ont déjà été finalisés et largement utilisésen France. Le premier portait sur la période 1978-82.Celui dont je vais vous présenter les donnéesconcerne les données 1978-2000. Et je vous informeque nous sommes en train de finaliser avec notreréseau de partenaires un rapport qui couvrira lapériode 1980-2005, dont les données seront misesen ligne en janvier 2008.

Diapositive 9 : J'en viens aux résultats. D’après lacolonne de droite, en termes d'incidence, en France,nous avons évalué le nombre de nouveaux cas à 278 000 en 2000, dont une proportion plus impor-tante chez l'homme puisque 58 % sont survenuschez les hommes. En termes de mortalité, l’estima-tion est de 150 000 décès au cours de cette mêmeannée. Là encore, une proportion supérieure chezles hommes et encore supérieure par rapport à la

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proportion constatée sur l'incidence. Pour ces décès,près d'un décès sur trois est survenu avant 65 ans, cequi est une proportion extrêmement élevée.L'évolution entre 1980 et 2000, montre une aug-mentation d’incidence, tant chez l'homme que chezla femme, avec des taux d'incidence plus élevés chezles hommes que chez les femmes. En revanche, lamortalité diminue, avec des courbes tout à faitparallèles pour les hommes et les femmes. La survieà 5 ans est globalement de 52 %. Elle est plus élevéechez les femmes, de l'ordre de 63 %, moins bonnechez les hommes, 44 %. Cette différence s'expliqueassez bien dans la mesure où la proportion des can-cers de bon pronostic, cancers du sein, de la pros-tate, le mélanome, le lymphome malin non hodgki-nien, les cancers de la thyroïde est de l'ordre de 50% chez les femmes, alors que chez les hommes,cette proportion n’est que de l'ordre de 25 %. Lescancers de très mauvais pronostic sont les cancers del'estomac, du pancréas, du poumon plus importantschez les hommes que chez les femmes.

En fonction de l'âge, la survie est meilleure chez lesjeunes entre 15 et 45 ans, chez qui elle est de l'ordrede 70 % à 5 ans, alors qu'elle tombe à 39 % chez les75 ans et plus. Mais là encore, il y a des disparités enfonction de la localisation du cancer extrêmementimportantes. Ce critère de survie à 5 ans a légère-ment progressé passant de 51 % sur la période1989-1991 à 53% sur la période 1995-1997.

Diapositive 10 : Les données épidémiologiques peu-vent être présentées de différentes façons. La pré-sentation en termes d'effectifs, que vous avez dansce tableau montre une évolution globale des deuxsexes ensemble de 63 %. Le nombre de cas de can-cers est passé de 170 000 à 278 000 en vingt ans.Cependant, lorsque l’on analyse ces données en

tenant compte de l’évolution de la population etdu vieillissement, l’accroissement de l’incidencen’est plus de 66 % pour les hommes mais seulementde 37 % puisque 13 % des cas trouvent une explica-tion dans l’accroissement de la population étudiéeet 16 % sont liés au vieillissement. Chez les femmes,lorsqu'on fait la même décomposition, on en arriveà une évolution du risque de 35 % en vingt ans.

Diapositive 11 : Ce phénomène est encore plus mar-qué lorsque l’on observe la mortalité. La courbeque je vous ai montrée, l’incidence des décès, nom-bre de cas pour 100000 habitants, diminue entre1980 et 2000. Pour autant, le nombre annuel dedécès par cancer entre 1980 et 2000 a augmenté de20 % : ils sont passés de 125 000 à 150 000 en vingtans. Là encore l’analyse au regard de l’accroisse-ment et du vieillissement de la population indiqueque pour les hommes, le risque de mortalité parcancer a en fait diminué de 7 % au cours de lapériode et non pas augmenté de 22 %, comme

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l’analyse utilisant les effectifs bruts aurait pu le lais-ser penser. Chez les femmes, la diminution du risquea été de 9 %. C'est une mise en garde importantesoulignant l’importance de la façon dont sont pré-sentées et analysées les données.

Je vais passer en revue l'ensemble des localisationspour lesquelles il y a des actions de prévention pos-sibles.

Diapositive 12 : Commençons par le cancer du seinqui est le plus fréquent chez la femme. 42 000 nou-veaux cas ont été recensés en 2000 et il représente36 % des cancers de la femme. L'âge médian, c'est-à-dire l’âge pour lequel 50 % des patientes quidéveloppe cette pathologie ont eu ce cancer avantet 50 % après – est de 61 ans. Ce n'est pas unemoyenne, c'est une médiane. L’observation de l’inci-dence et de la mortalité en taux standardisés indi-que une augmentation forte de l'incidence et unemortalité qui commence à diminuer. Ceci indiqueclairement un effet du dépistage qui pour lemoment repose essentiellement sur une démarchespontanée puisque le dépistage systématique est encours d’organisation et sur cette période, seuls quel-ques départements le proposaient. La survie à 5 ansest relativement bonne puisqu’elle concerne 85 %de la totalité des patientes avec toutefois des dispa-rités en fonction de l’âge de diagnostic.Notamment, les patientes âgées de plus de 75 ans etcelles de 15 à 45 ans présentent une survie à 5 ansmoins élevées que les patientes de 45-55 ans. Ceciest probablement dû au fait qu'il y a des formesplus agressives, avec des cancers qui évoluent plusvite. Au cours de la période de l’étude, il est à noterune évolution de la survie passant de 82 % sur lapremière période d'analyse à 86 % sur la seconde :

un effet assez intéressant, probablement lié auxthérapeutiques utilisées. Depuis 2004, le dépistagecouvre l'ensemble du territoire, il consiste en unemammographie tous les deux ans chez les femmesde 50 à 74 ans. L’objectif est de faire évoluer cesindicateurs de façon encore plus significative.

Diapositive 13 : Pour Les cancers du col de l'utérus,la situation est très différente de celle des cancersdu sein. C'est un cancer peu fréquent : 3 400 nou-veaux cas en 2000, ce qui représente 3 % des cancersféminins. Il survient plus tôt puisque l’âge médianest de 51 ans. En termes de décès, il est responsablede 1 000 cas par an. L’incidence diminue de façontrès nette durant les deux décennies. L’évolution dela mortalité est également en diminution nette maisun peu moins favorable que celle de l’incidence. Laprincipale raison de la diminution des cancers du colde l’utérus tient à l’évolution des pratiques sexuel-les et de reproduction. Le cancer du col de l'utérusest une maladie sexuellement transmissible. Dans laquasi-totalité des cas, les stigmates d’une infectionpar papillomavirus sont retrouvés. Nous mettonsactuellement en place à l'Institut de veille sanitaireun système de surveillance des lésions précancéreu-ses du col.

La survie relative, qui est bonne chez les très jeunes :82 % chez les 15-45 ans, diminue fortement dans lestranches d'âge les plus élevées, puisqu'elle descendà 38 % chez les 75 ans et plus. Elle ne s'est pas amé-liorée sur les deux périodes d'examen.

Diapositive 14 : Chez l’homme, les cancers de laprostate représentent une situation très compara-ble à celle du cancer du sein chez la femme, cepen-dant l'augmentation d’incidence est encore plusforte que pour les cancers du sein. Le développe-

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ment de la prescription des dosages de PSA (anti-gène prostatique spécifique), marqueur des cancersprostatiques participe de façon importante à cetteévolution. Le cancer de la prostate est un cancer quiest extrêmement fréquent dans la population etdont la prévalence est fortement liée à l'âge. Lasituation est assez proche de celle des cancers de lathyroïde dans la mesure où une proportion impor-tante de diagnostics concerne des patients qui neprésentent aucun signe clinique et chez qui l’évolu-tion de la pathologie est très lente. Il n’y a pas lieude rechercher à outrance ce cancer dans la mesureoù certains n'évolueront pas. C'est la raison pourlaquelle, le dépistage systématique n’est pas préco-nisé en France. En termes d'incidence, c'est la pre-mière localisation des cancers : 40 000 nouveaux caspar an, assez proche du nombre de cas pour les can-cers du sein. C'est un cancer qui survient tard puis-que la médiane est à 74 ans, il est extrêmement rareavant 50 ans, et dont la mortalité est de l'ordre de10 000 décès en 2000. La survie relative est, commepour le cancer du sein, plutôt moins bonne chez lesjeunes car on a affaire à des formes agressives. Enrevanche, elle est meilleure dans les âges intermé-diaires et se dégrade dans les âges élevés. Il y a uneamélioration nette de la survie entre les deux pério-des d'étude.

Diapositive 15 : Le troisième cancer le plus fréquenten France est le cancer colorectal. 36 000 nouveauxcas sont diagnostiqués chaque année avec une pré-dominance chez les hommes de 53 %. L’âge médianest de 73 ans. Ce cancer est responsable de 16 000décès par an. Les régions dans lesquelles le dépis-tage est organisé présentent une situation particu-lière avec notamment une augmentation de l'inci-dence et une diminution de la mortalité. Le dépis-tage organisé est en cours de structuration et prend

un essor important en termes de départements cou-verts. Actuellement, plus de 25 % des départementssont couverts. La généralisation de ce dispositifdevrait avoir un effet extrêmement intéressant surces indicateurs épidémiologiques dans les prochai-nes années. En termes de survie, la situation est plusfavorable pour les femmes et pour les patients lesplus jeunes et l’on observe un nette amélioration aufil des années.

Diapositive 16 : Les cancers du poumon présententune particularité, en effet l’incidence de cette mala-die augmente pour les deux sexes mais de façonbeaucoup plus importante chez les femmes quechez les hommes. C'est une situation assez alar-mante, qui laisse craindre une aggravation dans lesannées à venir. Aux États-Unis, il faut avoir à l'espritque l'incidence des cancers du poumon a rattrapél'incidence du cancer du sein. La situation est vérita-blement préoccupante. En termes d'incidence, 28 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2000,dont 83 % chez des hommes. L'âge médian est à

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peu près de même ordre chez les hommes et chezles femmes : 67 ans chez les hommes et 68 ans chezles femmes. Ces chiffres d’incidence sont très pro-ches de ceux de mortalité puisque la même année27 000 décès ont été dénombrés. La survie relativeest extrêmement mauvaise : 14 % à 5 ans, meilleurechez les femmes que chez les hommes : 18 % chezles femmes, 13 % chez les hommes ; et meilleurechez les jeunes que chez les plus âgés : 20 % chez les15-45 ans, 8 % chez les 75 ans et plus. L’un des pro-blèmes de cette maladie tient au fait qu’il n’y a paseu d’amélioration au cours des périodes récentes.C'est un problème majeur. D’un point de vue étiolo-gique, 85 % des cancers du poumon sont liés autabac chez l'homme, et cette proportion est com-prise entre 45 et 75 % chez la femme. Les facteursde risque du poumon connus sont bien entendu letabac, en première ligne, mais également le radonet l'amiante.

Diapositive 17 : Les mélanomes partagent avec lescancers de la thyroïde la particularité de présenterune prédominance féminine. Si l’incidence est supé-rieure pour les femmes, la mortalité en revanche estsupérieure chez les hommes – ce n'est pas uneerreur sur le graphique –. Les hommes font moinsde mélanome mais en décèdent davantage. 7 200nouveaux cas en ont été diagnostiqués en 2000, 58 % chez les femmes, avec un âge médian de 58ans chez les hommes et 56 ans chez les femmes. Entermes de mortalité, les mélanomes ont été respon-sables de 1 400 décès en 2000. La survie est bonnelorsque le diagnostic est précoce ce qui justifie l'im-portance du dépistage. Toutefois, le fait que la sur-vie soit meilleure chez les femmes que chez leshommes : 89 % chez les femmes, 83 % chez les hom-mes, n'est pas seulement dû au fait d’un diagnosticplus précoce. En effet, à stade égal, le pronostic est

meilleur chez la femme que chez l'homme. Il y aégalement un effet âge important : le mélanomeest de meilleur pronostic chez les jeunes, 90 % desurvie à 5 ans chez les 15-45 ans, que chez les sujetsde plus de 75 ans, chez qui la survie à 5 ans n’estplus que de 71 %. Ceci est probablement lié au faitque les lésions diagnostiquées à cet âge sont mal-heureusement évoluées, peut-être aussi par négli-gence. Les efforts de prévention doivent être pour-suivis tout au cours de la vie des individus.

Diapositives 19 : Deux mots sur les facteurs de ris-que pour vous rappeler que le tabac est facteur derisque de cancer dans 30 % des cas. Ce qui est consi-dérable et justifie la prévention à avoir en termes deréduction du tabagisme, voire suppression du taba-gisme d’autant plus que le tabagisme est un facteurde risque qui n’est pas limité au cancer du poumon.L'alimentation est également facteur de risque dans25 % des cas. Je vous donne des chiffres mais j'au-rais dû vous donner des fourchettes, cela aurait étéplus exact. Madame Le Quellec-Nathan va vous don-ner des informations beaucoup plus précises sur cesfacteurs de risque.

Les autres facteurs de risques sont l’alcool qui estresponsable de 7 % des cancers, les risques profes-sionnels sont en cause dans 7 % des cas, notammentl'amiante qui joue un rôle important. Enfin, lesinfections qui sont un facteur de risque non négli-geable puisqu’elles participent à 9 % des cancers,dus notamment au papillomavirus pour le cancer ducol, mais aussi l'helicobacter pour les cancers de l'es-tomac.

Diapositive 20 : En conclusion, il faut retenir uneévolution tout à fait favorable pour les cancersdépistables tels les cancers colorectaux, de la pros-

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tate, du sein et du col de l'utérus. Cette évolutionfavorable tient à la fois du dépistage, de diagnosticsplus précoces, et des progrès thérapeutiques qui sevoient au travers de ces chiffres. Toutefois, l'aug-mentation de l'incidence, notamment pour les can-cers du sein, doit être mieux comprise car a priori, ily a une augmentation réelle de risque du cancer dusein, qui dépasse le problème d'augmentation lié audépistage.

Il y a une augmentation importante des mélanomesde la peau. Ce qui nécessite de renforcer les campa-gnes de prévention dès l'enfance et d’intensifier lediagnostic précoce.

Diapositive 21 : Je ne vous ai pas parlé des cancersdes voies aéro-digestives supérieures (VADS), lescancers des VADS et du poumon sont des cancersalcoolo-dépendants et liés au tabagisme chez les-quels une fois encore la prévention est détermi-nante. Chez les femmes, la situation est préoccu-pante, notamment pour les jeunes générations. Les

projections font craindre un doublement de la mor-talité par cancer du poumon d'ici 2014. Il est doncimportant d'en tenir compte. Je ne vous ai pas pré-senté l’ensemble des données, mais il y a des locali-sations pour lesquelles la recherche est particulière-ment nécessaire. Notamment, l’incidence de cer-tains types de cancers tels que les lymphomes nonhodgkiniens ou les tumeurs cérébrales augmentesans que les raisons ne soient complètement identi-fiées.

Je vous remercie de votre écoute.

François Lemare

Nous allons passer directement à la deuxième inter-vention et nous échangerons avec les intervenants àla fin de la deuxième intervention.

Madame Le Quellec-Nathan, directeur généraladjoint à l'INCa, va développer les vraies et faussesidées sur la prévention des cancers.

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Je veux vous remercier au nom de l'INCa de nousavoir invité à venir vous présenter quelques infor-mations sur la prévention. On parlera de la préven-tion primaire, essentiellement, puisque MadameCherié-Challine vous a parlé un peu de préventionsecondaire, et notamment des dépistages, nouspourrons y revenir dans le débat.

C'est effectivement un sujet d'actualité puisqu'uncertain nombre de publications sur des risques decancer ou des facteurs protecteurs de cancer parais-sent actuellement. Certaines sont scientifiques,d'autres moins, de ce fait la confusion du public etmême des professionnels vis-à-vis de ces informa-tions qui arrivent régulièrement est compréhensi-ble. Je vais essayer de vous dire ce que l'on sait deplus récent.

Diapositive 2 : Madame Cherié-Challine vous l'a dit,les cancers sont un problème majeur de santé publi-que.Pourquoi ? C'est maintenant la première cause demortalité. Elle vous a montré que c'était aussi unecause de surmortalité prématurée entre 35 et 65ans, avec 40 % chez les hommes et 48 % chez lesfemmes. Les progrès des diagnostics et thérapeuti-ques ont fait évoluer favorablement la mortalité,pour certains cancers, mais aujourd'hui, comptetenu du vieillissement de la population, de l'allon-gement de la durée de vie, la probabilité pour unFrançais d'avoir un cancer au cours de sa vie est éva-luée à près d'un homme sur deux et plus d'unefemme sur trois. Nous sommes inégaux face au can-cer, indépendamment des facteurs de risque,

notamment du fait de prédispositions génétiques,mais aussi du fait de facteurs sociaux et de condi-tions de vie. En matière de facteurs de risque, de nombreusesincertitudes persistent, sur les mécanismes des can-cers et sur les facteurs de risque.

Diapositive 3 : Comment sont évalués les facteursde risque des cancers ? Ceci est basé sur le croise-ment de données scientifiques, de données nationa-les et internationales. Ces données peuvent êtreexpérimentales et vont évaluer les risques cancéro-gènes, mutagènes, reprotoxiques de substances. Lesdonnées sont issues d'études épidémiologiques, leplus souvent d'études cas-témoins, d'études d'ob-servation de cohortes et aussi sur des essais de pré-vention avec tous les problèmes de biais possiblesou les problèmes éthiques qui peuvent se poser. Lapremière étape consiste à rechercher l’existenced’un lien statistiquement significatif, et ensuite, oncalcule ce qu'on appelle un risque relatif qui va per-mettre de déterminer le pourcentage de risque sup-plémentaire dans la population exposée par rapportà une population non exposée.

Ces éléments peuvent également être déterminés àpartir de méta-analyses : c'est notamment le typed’analyse utilisée lorsque les études épidémiologi-ques manquent de puissance statistique. En rassem-blant un certain nombre d'études dont la robustessea été testée et pour lesquelles les biais ont été leplus possible éliminés, ces méta-analyses permet-tent de calculer une moyenne des relations obser-vées dans plusieurs études.

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Vraies et fausses idées sur la prévention des cancersMartine Le Quellec-Nathan

Institut National du Cancer (INCa)

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En qu'culfactiqd'uparconsonrisecanmalégn'amemelégma

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Par ailleurs, certaines études d'observations écologi-ques permettent d'analyser la corrélation entre inci-dence de cancers dans une population et desconsommations, modes de vie ou expositions.

Le rassemblement de ces informations permetd'établir ce qu'on appelle des niveaux de preuvepour permettre de dire s'il y a un facteur de risquequi est avéré, possible, probable ou hypothétique.

Diapositive 4 : Quels sont les facteurs de risque pourlesquels nous pouvons dire qu'ils ont un rôle cer-tain vis-à-vis des cancers ? En premier lieu, le tabac.Il est responsable aujourd'hui de plus d'un décès surcinq par cancer. Vous avez vu l’incidence des cancerspulmonaires, leur mortalité extrêmement forte et lasurvie très faible. La fumée du tabac contient denombreuses substances génotoxiques ou irritantesqui sont responsables de cancers, dans les tissus aveclesquels ces substances sont en contact : la cavitébuccale, le pharynx, l'œsophage, l'estomac, les cavi-tés nasales et sinus, le larynx, les bronches, maisaussi les reins, la vessie du fait de l'élimination parles urines. Les études épidémiologiques ont aussimontré que le tabac a un rôle sur les cancers du colutérin et les leucémies myéloïdes.

En ce qui concerne le tabac, le risque augmente enfonction de la dose et de la durée d'exposition. Letabagisme passif augmente le risque de cancer dupoumon de 20 à 30 %. D'où l'importance de la pré-vention, de répéter cette prévention. Je sais que lespharmaciens ont un rôle extrêmement important etsont extrêmement actifs dans ce domaine, enconseillant leurs patients.

Diapositive 5 : L'alcool. La consommation de bois-sons alcoolisées augmente les risques de cancer. Ils'agit là encore de phénomène de contact avec lacavité buccale, le pharynx, le larynx, l’œsophage,mais la consommation alcoolique augmente égale-ment les risques de cancer du foie, du colon-rectumet du sein chez les femmes.

L’effet cancérogène semble lié à la quantité d’al-cool, quels que soient le type de boisson et lerythme d’ingestion. L’exposition est quantifiée enquantité d'éthanol absorbé. En ce qui concerne l'al-cool, et vous verrez que ça a un impact sur les mes-sages de prévention, sur la façon dont on gère lesmessages de prévention. Il est important de noterque contrairement à ce qui semble être montrépour les maladies cardiovasculaires où certaines étu-des indiqueraient qu'il pourrait y avoir un rôle pro-tecteur pour de faibles quantités absorbées, aucuneffet éventuellement protecteur n’a pu être montrévis-à-vis du risque de cancer.

Diapositive 6 : La nutrition sous ce terme génériquesont regroupées l'alimentation mais aussi l’activitéphysique. Elle aurait une responsabilité dans 35 %des décès par cancer. Des travaux viennent d’êtrepubliés, vous en avez probablement entendu parler,ils ont été médiatisés quand il y a eu le colloque àLondres la semaine dernière et aussi hier à Paris. LeWCRF a réalisé une méta-analyse portant surl'étude de 7 000 publications scientifiques, avec unerévision par un panel d'experts. Ces travaux ont pumettre en évidence un lien entre cancers et excès depoids ou obésité (laquelle est mesurée par l'indicede masse corporelle), et la sédentarité ou l’absenced'activité physique. Le lien est réellement établi etpar conséquent des conseils sur le maintien d'unpoids "normal" sont importants.

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En revanche, les études du WCRF n'ont pas montréqu'un aliment ou complément alimentaire en parti-culier pourrait avoir un lien avec les cancers, commefacteur de risque avéré, c'est-à-dire avec lien statis-tique significatif. Le corollaire, le rôle protecteurd'un aliment ou d’un complément alimentaire enparticulier n’a été identifié non plus. Dans lesconclusions, il est indiqué que des aliments ou bois-sons, notamment à forte densité calorique, qui favo-risent la prise de poids, contribuent au risque decancers. À l'inverse, les aliments qui favorisent lemaintien d’un poids normal, notamment les fruits etlégumes, contribuent à la protection, même si onn'a pas pu mettre en évidence un lien statistique-ment significatif favorable pour les fruits et les légu-mes et le cancer. Mais dans la mesure où fruits etlégumes contribuent au maintien d'un poids nor-mal, évidemment, ils ont un rôle protecteur indirect.

Diapositive 7 : Tout ce qui concerne la vie reproduc-tive : la puberté précoce, la ménopause tardive, lagrossesse tardive ou absente, l’absence d'allaite-

ment sont des facteurs de risque de cancer du sein.La durée totale de la période ovulatoire (pubertéprécoce et ménopause tardive) est également unfacteur de risque de cancer de l'endomètre. Enfin lerisque de cancer de l’ovaire est inversement lié aunombre d'enfants. L'obésité et le diabète aggraventégalement le risque de cancer de l'ovaire.

Diapositive 8 : Les expositions professionnelles. LesAcadémies des Sciences, de Médecine et le CIRS ontpublié en septembre-octobre 2007 un rapport sur cesujet. En ce qui concerne les expositions profession-nelles, de nombreux produits sont identifiés commecancérogènes : l'aluminium, l'amiante, des aminesaromatiques, l'arsenic, le benzène, le chrome, lechlorure de vinyle, des hydrocarbures polycycliques,le nickel, les poussières de bois ou de cuir…Toutefois, les expositions professionnelles à desagents carcinogènes concerneraient environ 10 %des salariés et seraient, selon les études, responsa-bles de 5 à 10 % des cancers.

Les travaux récents du CIRC et des Académies dessciences et de Médecine ont estimé que 4 012 cas decancers sont en 2000 attribuables à une origine pro-fessionnelle. Ils considéreraient que cela concerne-rait 2,5 % des cancers masculins et 0,3 % des cancersféminins. Ceci pour l'incidence. Pour la mortalité,ces proportions sont estimées, avec ces études, à 3,7 % chez les hommes et à 0,5 % chez les femmes.Ces estimations évoluent en fonction des méthodo-logies utilisées. Ce que disait l'Académie deMédecine, c'est que ces évaluations par ailleurs netiennent pas compte des interactions possibles entreles agents cancérogènes et les différentes exposi-tions, hors milieu professionnel, qui peuvent secumuler et interagir.

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Diapositive 9 : Dans le domaine de la pollution envi-ronnementale, peu de choses sont connues. Elleserait responsable d'environ 2 % des cancers. Lesdoses d'exposition dans les zones urbaines sontgénéralement faibles par rapport aux doses toxi-ques. Mais les données sont multiples. Il est extrê-mement difficile d'avoir une compréhension deséchelles de risques car il y a des interactions et lesrisques sont souvent inter-reliés et multiples, commeon l'a vu.

Diapositive 10 : Les rayonnements ionisants d'originenaturelle (rayons cosmiques) ou issus de l'activitéhumaine (rayons X médicaux, Tchernobyl) sont res-ponsables de plusieurs types de cancers : les leucé-mies, les cancers du poumon, de la thyroïde, del'œsophage, de l'estomac, du colon, du sein, del'ovaire, de la vessie. L'exposition aux rayonnementsultraviolets, d'origine naturelle (soleil) ou artificielle(cabines de bronzage) augmente le risque de cancerscutanés. Ces cancers sont en constante augmentationen France : 80 000 nouveaux cas en 2000 dont 7 200cas de mélanome. Ceci constitue un axe possible deprévention.

Diapositive 11 : Le rôle d’infections chroniques estreconnu pour certains cancers : c’est le cas du papil-lomavirus pour le cancer du col utérin, mais il fautaussi parler du virus de l'herpès de type 2 qui pourraitaussi être incriminé ; le virus d'Epstein-Barr dans lelymphome de Burkitt et le cancer du nasopharynx ;les virus de l'hépatite B et C dans le cancer primitifdu foie ; le VIH dans le sarcome de Kaposi et le lym-phome malin non hodgkinien. Là aussi, pour cer-tains de ces agents infectieux, nous avons une pré-vention possible : la vaccination. Cette stratégienouvelle pour ce qui est du papillomavirus doit êtrerecommandée. Vous savez qu'il y a eu un avis duComité technique de vaccination qui recommandecette vaccination chez les jeunes filles, avant les pre-miers rapports sexuels. L'âge de 14 ans a été retenudans notre pays. Et une vaccination de rappel pourles jeunes femmes, jusqu'aux premiers rapportssexuels.

Diapositive 12 : Les médicaments peuvent égale-ment dans certains cas être responsables de cancer.Un lien de causalité a notamment été établi entre ledéveloppement d’un cancer du vagin chez les jeu-

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nes femmes et le fait que leur mère a pris du dié-thyl-stilbestrol en début de grossesse. La prise decontraceptifs oraux est également associée à uneélévation du risque de cancers du sein, du col del'utérus et du foie, tout comme le traitement hor-monal substitutif de la ménopause pour les cancersdu sein et de l'endomètre. Pour ces traitements,comme pour les cytotoxiques utilisés dans le traite-ment du cancer, il y a bien entendu à faire une éva-luation bénéfice-risque. Les données épidémiologi-ques mettent en évidence des facteurs de risque,mais il y a toujours à évaluer le bénéfice et le risquepour la personne au moment de la prescription deces traitements.

Diapositive 13 : En ce qui concerne les prédisposi-tions individuelles, il est connu que 5 % des cancersdu sein et 5 % des cancers du colon seraient associésà des mutations génétiques. Le rétinoblastome setransmet comme une maladie héréditaire. Par ail-leurs, certaines maladies génétiques rares commel'ataxie-télangiectasie ou le xeroderma pigmento-sum prédisposent au développement de cancers.

Diapositive 14 : Au total, pour un certain nombre decancers, des facteurs de risque exogènes et compor-tementaux ont été identifiés avec certitude. Ces fac-teurs de risque permettent de définir des stratégiesde prévention tant à l’échelle individuelle qu’àl’échelle collective. Toutefois, les efforts de recher-che doivent être poursuivi pour permettre l’identifi-cation d'autres facteurs de risques encore inconnus.

Diapositive 15 : La prévention des cancers doit pren-dre en compte des données scientifiques évoluti-ves, voire controversées, des zones d’ombre, desévolutions de fond dans les pratiques sociales et lesmentalités. Les enjeux économiques doivent égale-ment être pris en compte. Il faut combiner lesapproches, les méthodes et notamment les straté-gies par risque et multirisques, ou les approches àl’échelle populationnelle, sociale ou individuelle.

Diapositive 16 : Tout ceci en tentant de préserver lacohérence des messages au regard de la préventiond'autres pathologies

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François Lemare : Merci pour cette intervention. Les deux présenta-tions sont désormais ouvertes pour discussion, lesdeux oratrices de ce matin vont répondre à vosquestions.

Je vais poser une première question. Vous avez parlédes données épidémiologiques actuelles. A-t-on uneidée de l'avenir, de ce qui nous attend dans les 10 ou15 ans à venir ? Certains professionnels parlentd'épidémie grandissante, avec le vieillissement dela population. À-t-on une projection de ce qui peutse passer dans l'avenir ?

Laurence Chérié-Challine : Les projections dans l'avenir sont toujours compli-quées. On s'aperçoit que lorsqu’un certain nombred'éléments sont fixés pour faire de la prospective, ilspeuvent évoluer au fil des années et parfois, les pro-jections se révèlent abusives. Ce qu'il est possible defaire, ce sont des estimations à court terme. C'est cedont je vous parlais, qui est effectivement l'objectifqui va être très bientôt renseigné puisque nous fina-lisons actuellement les données pour l'année 2005 etceci permettra de constater l’évolution entre 2000 et2005. À priori, il n'y a pas de tendance majeure quise profile. Toutefois, pour une pathologie qui évoluevraiment en fonction des pratiques de dépistageindividuel comme par exemple les cancers de la pros-tate, il est très difficile de projeter des choses, avecune marge d'erreur fiable. Pour les mêmes raisons,les effectifs attendus en 2005 ou 2010 sont présentéssous forme de fourchettes qui tiennent compted'une incertitude. Mais avec des facteurs qui ne sontpas tous maîtrisés, nous travaillons actuellement surces estimations d'incidence 2005, mais également surune projection à la demande de l'INCa, qui concer-nera la période 2008, qui servira davantage pour laplanification des soins.

Question : Les produits laitiers sont-ils un facteur de risquedans l'apparition des cancers du sein ?

Martine Le Quellec-Nathan : C'est une question concernant les facteurs de risquenutritionnels en particulier, surtout dans le cas ducancer du sein. Nous avions un colloque à l'INCa enjanvier dernier et il nous a été confirmé que les pro-duits laitiers avaient une incidence négative… Jen'ai pas le détail de l'étude dont je vous ai parlé, quiest cette étude du WCRF. Les conclusions sont qu’au-jourd'hui il n’est pas possible de dire que tel ou tel

aliment en particulier serait un facteur de risquepour tel ou tel cancer. C'est un travail qui a duréquelques années, basé sur l'étude de 7 000 publica-tions scientifiques. Ils n'ont pas retrouvé, avec leurméthodologie, cette notion de risque particulierpour les produits laitiers.

QuestionPouvez-vous parler un peu plus de contraceptifsoraux et leurs risques de cancer ? Est-ce que ce sontdes risques hypothétiques, relatifs ou démontrés ?

Martine Le Quellec-Nathan : Toute stimulation hormonale, tout ce qui va stimu-ler la croissance cellulaire, sur le plan du mécanisme,entraîne un risque de dysfonctionnement, et finale-ment un risque de cancer. Et comme je l'ai dit pourtout le risque iatrogène, il faut être extrêmementmesuré et bien calculer les bénéfices et les risques.Car si d'un côté, il peut y avoir une augmentationdu risque de cancers liée à la prise de contraceptifou de traitement hormonaux quels qu'ils soient, parailleurs, la prise de contraceptif entraîne une meil-leure surveillance des femmes et a donc fait baissercertains cancers, en particulier le cancer du col del'utérus. Par ailleurs, il y a d'autres bénéfices qu'ilfaut prendre en compte.

Question : Je reviens sur la question des facteurs alimentairesdans l'incidence du cancer. Quelle est la différencede l'incidence des cancers alimentaires entre laFrance et les États-Unis, quand on sait que plus de60 % de la population américaine est obèse ? Dansces cas de cancer, les facteurs psychologiques sont-ils pris en compte ? Est-ce que les facteurs psycho-logiques peuvent entraîner un effet sur les défen-ses immunitaires et favoriser l'incidence du cancer ?

Martine Le Quellec-Nathan : Je n'ai pas la réponse. Ce travail fait par cet orga-nisme totalement indépendant d'experts internatio-naux, qui a pris tous les travaux existants dans lemonde entier, est la somme de ce qui est constatédans différents pays au monde. Mais je n'ai pas l'in-formation sur la différence de l'incidence des can-cers liés à l'obésité aux États-Unis et en France. Ilfaut quand même savoir que dans notre pays, l'inci-dence de l'obésité augmente très nettement. Le faitqu'il y a un lien entre obésité et cancer est établi. Etle sujet est effectivement la prévention de l'obésitéet du surpoids.

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Pour la 2e question, j'ai repris les travaux regroupantce qui est admis aujourd'hui et les données scientifi-ques publiées. En ce qui concerne stress et cancer, jen'ai pas d'information. Et je ne suis pas sûre qu’il yait beaucoup de données publiées sur le sujet.

François Lemare : Pour rebondir sur la présentation de Laurence Cherié-Challine, quelle est la situation épidémiologique enFrance comparativement aux autres pays européensou aux États-Unis ?

Laurence Chérié-Challine : Globalement, la France se situe dans des chiffresmoyens. Pour les localisations pour lesquelles il y aun lien évident avec alcool-tabac chez les hommes,la situation est particulièrement défavorable. C'estce qui explique d'ailleurs la mortalité prématuréetrès élevée chez les hommes en France, mortalitépar cancer et notamment, l'évolution qui n'est pasparticulièrement favorable. En terme d’incidencedes cancers chez l’homme, la France continue d'êtreen tête du peloton au niveau européen et lorsquel’on regarde au niveau mondial, l’incidence des can-cers masculins mesurée en France est élevée. Pour cequi est des femmes, la France présente plutôt destaux intermédiaires entre les pays d'Europe du nordet d'Europe du sud. Mais plutôt assez bonne chez lesfemmes. Par contre, en termes de survie, les résultatsobservés en France sont de très bon niveau : cecis’explique notamment par la qualité de la prise encharge, et de la prévention.

Question : Une question sur l'impact de la pollution environ-nementale concernant le pyralène et les dioxines.N’est ce pas la responsabilité de l'État ?

Martine Le Quellec-Nathan : Je ne veux pas rentrer dans cette éventuelle polé-mique. Je ne suis pas forcément la personne à quiil faut poser la question. En ce qui concerne cettequestion de risques environnementaux, le rapportqui a été fait par le CIRC et l'Académie deMédecine a apporté un certain nombre d'éclaira-ges. Il n'a pas pu apporter d'évidence sur les frac-tions attribuables de cancers liés à la pollutionenvironnementale. Aujourd'hui, les travaux sont àpoursuivre. Il faut faire la différence entre unconstat que des substances sont cancérigènes,mutagènes ou reprotoxiques, qui sont des don-nées expérimentales, avec des seuils d'expositionqu'il ne faut pas dépasser et ce qui se passe dans

la vie quotidienne et dans notre environnementquotidien. Aujourd'hui, les travaux sont à poursui-vre et je ne pourrais pas vous en dire plus sur cesujet.

François Lemare : Peut-on dire que le cancer est une maladie multifac-torielle et que les effets de la pollution atmosphéri-que ou la pollution hydrologique s'ajoutent à d'au-tres risques environnementaux ? Concernantl'amiante le lien avec le mésothéliome a été simple àétablir dans la mesure où il s’agit d’une pathologiepresque spécifique de l'amiante. N’est-il pas pluscompliqué d’établir un lien pour des pathologies quipeuvent présenter plusieurs facteurs de risques ?

Martine Le Quellec-Nathan : Les facteurs de risque sont multiples. Les cancers ontdes causes multiples. Les facteurs de risque sont trèsintriqués, qu'ils soient liés aux comportementsaddictifs ou à des comportements peu adaptés pourla nutrition et l'activité physique. C'est là où est ladifficulté de faire la part des choses. Puisque dans lasituation générale, un cancer particulier n’est paslié à telle ou telle exposition, à part des cas commeil vient d'être cité, il est absolument impossible outrès difficile de faire la part des choses. Déjà, un bonnombre de facteurs de risque qui sont bien mis enévidence, sur lesquels il est possible d’agir. Porter lesmessages concernant le tabac, l'alcool, la nutritionet l'activité physique permettrait de réduire le ris-que d'un bon nombre de cancers.

Question : Dans le domaine des facteurs de risques de cancer,vous nous avez parlé d'environnement, d'habitu-des, de comportements alimentaires. Mais, il y aderrière des enjeux industriels et des choses nonidentifiées comme cancérigènes mais qui ont descourbes de consommation étonnamment corréléesavec les courbes de développement de certains can-cers. Je pense par exemple au cancer de la vessie etles édulcorants, type aspartam. Avez-vous des infor-mations concernant ce type de risques ?

Martine Le Quellec-Nathan : Les travaux dont j'ai parlé ont bien indiqué qu'ilsn'avaient trouvé nulle trace de lien particulier établisur tel ou tel type d'aliment ou complément et lescancers. D'autre part, leurs recommandations sontde préconiser une alimentation la plus naturellepossible.

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Question : Vous nous avez parlé des causes virales et en parti-culier du papillomavirus. Une grande partie descancers seraient dus à des virus dont la nature et lemécanisme pathogène ne sont pas connus. Est-cevrai ?

Martine Le Quellec-Nathan : Vous avez la réponse puisque vous dites vous-mêmes que le mécanisme et la cause ne sont pasconnus. Je ne peux pas vous dire si c'est vrai.Effectivement, il y a des hypothèses en ce sens, maislà encore, c'est la recherche et les travaux qui nouspermettront d'apporter des éléments par rapport àces facteurs de risque.

Je pense que vous parlez de l'étude du CIRC et del'Académie de Médecine. Pour un certain nombrede cancers, les facteurs de risque sont établis.Travaillons déjà sur ceux-là, et pour le reste, il fautpoursuivre les travaux de recherche.

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Pour les chimiothérapies, qu'est-ce qui se passe ? Ona un hôpital universitaire avec 2 200 lits, aigüs prin-cipalement, des polycliniques d'oncologie : lespatients vont généralement à l'hôpital faire leurchimiothérapie. On a 5 cliniques privées avec desunités d'oncologie, deux oncopédiatres qui sont ins-tallés et 13 oncologues installés. Une des particula-rités de ces oncologues, c'est qu'ils se sont équipésde flux laminaires verticaux et l'infirmière qui tra-vaille pour ces oncologues prépare la chimiothéra-pie, attend le « OK » par rapport à l'analyse san-guine et administre au patient la chimiothérapiedirectement dans le cabinet du médecin. Plusieurscabinets ont un ou deux lits à disposition directe-ment dans le cabinet. Là aussi, une particularité parrapport à la France : même si ce n'est pas prévu parla loi, mais elle est réellement faite, une dispensa-tion peut être faite, de cytostatique directement parle médecin. Donc il y a la facturation du médica-ment par le médecin.

En 1992, on préparait énormément de chimiothéra-pies. Et le chiffre n'a fait que baisser avec le temps,simplement parce que les médecins qui se sont ins-tallés se sont équipés de flux laminaires verticaux.Comme c'est une prestation rentable, ils le font deplus en plus. Donc, c'est seulement en cas de dépan-nage des oncologues installés. Et comme je l'ai dittout à l'heure, les 48 % de jours de traitement sontprincipalement pour tout ce qui est annexe.

Les statistiques : vous avez le nombre de prépara-tions qui chute. On était à plus de 1 000 en 1992. Lenombre de médecins prescripteurs diminue aussi. Etle nombre de patients diminue également. C'estprincipalement dû à la concurrence des oncologuesinstallés et à la présence d'une polyclinique.

Je vous montre un exemple représentatif de ce quenous avons comme demande. Ce sont chaque foisdes demandes particulières où, pour le cabinet d'on-cologues, c'est un peu trop compliqué d'organiserceci au cabinet. On a un exemple d'une patientepour laquelle il fallait administrer sur 4 jours de

l'adriamicine et du DTIC. La patiente ne voulaitabsolument pas être hospitalisée. L'oncologue nousa demandé comment faire. On a simplement recher-ché dans la littérature si ce traitement était réperto-rié, des problèmes d'enregistrement, des problèmesde stabilité – pour voir si on pouvait mettre les deuxchimiothérapies dans le même infuseur –, la voied'accès, etc. C'est une demande tout à fait particu-lière, et c'est généralement pour ce genre de casque nous intervenons et non pas pour la routine. Jevoulais vous montrer que nous n'intervenons quedans des cas particuliers.

Pour les conclusions, elles sont essentiellement liéesà l'intervention de SOS et du réseau d'HAD. Avectous ces intervenants, la question que le patient sepose, c'est que chaque intervenant pose les mêmesquestions au patient. Il n'a pas forcément les mêmesréponses. Le patient doit s'adresser à plusieurs gui-chets pour avoir des prestations différentes. Le pro-blème de la définition de l'HAD. Évidemment que lasanté est réellement corrélée plutôt au type d'orga-nisation. On peut se demander si l'HAD est un luxe,si elle dépend uniquement de structures privées, ouest-ce que ça doit être une nécessité ?

L'importance du nombre de réseaux qui existent. Jene vous ai pas décrit tous les réseaux qui existent surGenève mais il y a un réseau de soins palliatifs, unréseau sur à peu près tous les types de pathologies.Et souvent, ça se croise pour ce type de patient.C'est relativement difficile. La coordination entrepartenaires est certainement le point-clé pour laréussite de ce type de prise en charge. La définitiondes responsabilités est également importante parceque le médecin, qu'il soit hospitalier ou en cabinet,n'est généralement pas atteignable 24 h/24, donc ily a un vide médical lors de la prise en charge, que cesoit des chimiothérapies sur 24 h ou sur plusieursjours, ou que ce soit d'autres traitements. Il y a unvide qui n'est pour l'instant pas comblé parce qu'onn'a pas de médecins joignables 24 h/24, si ce n'estdes médecins d'urgence qui ne connaissent pas for-cément les cas.

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Table RondeADMINISTRATION DES CHIMIOTHÉRAPIES À DOMICILE

L'expérience suisse : SOS pharmaciensChristian Sierro - Pharmacien Genève

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François Lemare

Merci pour cette présentation. On mesure la différence d'organisation des soins entre la Suisse et la France.Je pense que cette différence d'organisation explique en partie l'avance que vous avez prise. On va confron-ter votre expérience avec l'expérience de Dominique Brasseur. Et on échangera ensuite avec Françoise May-Levin et Jean-Pierre Escande.

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Je suis le P comme province. Pharmacien de pro-vince. J'ai fait mes études à Paris, mais dans l'univer-sité concurrente, à Châtenay-Malabry.

Brillante présentation du docteur Sierro sur ce qui sepasse à Genève. On vous a dit que j'étais en Haute-Normandie. La Haute-Normandie, c'est 350 km delong et environ 150 km de large. Donc, des problé-matiques qui sont différentes. Si la notion de réseauprend un peu plus d'acuité en Haute-Normandie,c'est qu'effectivement, il y a une concentration descentres hospitaliers autour de Rouen. Il y a 3-4 pôleshospitaliers. Les patients sont donc amenés à sedéplacer beaucoup pour aller chercher la prestationqui leur convient. Notre organisation est là pouressayer d'encadrer un continuum entre l'ensembledes professionnels de santé, de façon à ce que lesprofessionnels libéraux soient sollicités pour la priseen charge des patients à domicile.

Soigner, c’est permettre lorsque c’est possible etsouhaité par le patient une prise en charge à domi-cile. On va le voir, et on le verra sans présager de ceque vous allez dire, que les patients réclament cetteprise en charge chez eux. Il est nécessaire d'amélio-rer la coordination des professionnels de santé, leshospitaliers et les libéraux. On ne parlera jamais suf-fisamment des cloisonnements qui existent entre lesuns et les autres. Petits cloisonnements, grands cloi-sonnements, concurrence, etc. Je ne rentrerai pasdans le détail, même si quelquefois, ils sont desfreins importants aux relations entre les uns et lesautres. Mais apporter de la coordination, de laconfiance, apporter du lien – et ce sera le thème del'atelier de cet après-midi, donc il faut rester jusqu'àce soir. Améliorer cette coordination des profession-nels de santé dans l'implication par les réseaux decancérologie.

Il y a plusieurs outils. Deux outils ont été mis enplace par l'INCa, notamment le réseau régional decancérologie. Il tapisse toute la France. Toute régionest dotée de ce réseau régional en oncologie. Vouspouvez aller les solliciter, ils vous attendent. Il estabsolument nécessaire que les pharmaciens, hospi-taliers et d'officine, puissent s'y intégrer.

Des outils très concrets comme le dossier communi-cant de cancérologie et diverses normes techniquesqui permettent de prendre en charge le patient àdomicile. Une charte des réseaux de cancérologieorganise la chimiothérapie à domicile.

On l'oublie, mais dans le plan cancer, il y a unerecommandation concernant la prise en charge àdomicile. On va voir au fur et à mesure de cette pré-sentation que malheureusement, elle est oubliée, auprofit d'autres solutions. Des règles régissant la pres-cription, la dispensation, l'administration, la surveil-lance, le transport, la préparation l'élimination desdéchets, etc. : tout est prévu selon ce schéma. Enhaut, vous avez un hôpital avec un médecin et unpharmacien qui, selon les RCP des médicaments,prescrivent sur des ordonnances. De son côté, lepharmacien hospitalier prépare la chimiothérapie.Ensuite, il y a une convention qui va acheminer cettepoche de cytotoxique ou de chimiothérapie jusqu'àl'officinal par divers biais, que ce soit le grossiste-répartiteur, un dépositaire pharmaceutique ou untransporteur. Le pharmacien d'officine est en mesureà ce moment-là de vérifier la préparation qui lui estacheminée et de la dispenser au patient ou à l'infir-mier qui va s'occuper de l'administration. Celui-ci,infirmier, en coordination avec le médecin généra-liste, va attendre le OK chimiothérapie et l’adminis-trer au domicile. Il est prévu dans le même processune convention qui va organiser la récupération desdéchets, qu'ils soient des résidus de la poche ou desdéchets souillés.

Cette prescription est la plupart du temps hospita-lière. En France, nous n'avons pas d'oncologue deville, ou très peu, je n'en connais pas en Haute-Normandie. Les prescriptions sont toutes hospitaliè-res. Les premières cures sont la plupart du tempsréalisées dans l'établissement. Le professionnel desanté coordinateur du réseau est sollicité après cettepremière cure pour prendre le relais à domicile.C'est lui qui contacte le médecin traitant, le pharma-cien traitant et l'infirmier libéral choisi par lemalade, chez qui il a l'habitude de se présenter. Lepharmacien hospitalier organise la sortie dupatient, il valide les prescriptions, réalise la prépara-tion dans un centre centralisé. Il choisit le transpor-teur et effectue dans certains cas le colisage. Lepharmacien hospitalier organise le partage de l'in-formation sur les médicaments, notamment ceuxclassés en réserve hospitalière, il permettra la sortiede ceux-ci.

Le pharmacien d'officine, qu'est-ce qu'il va faire ?Évidemment, c'est l'acteur essentiel du bon usage,vous ne m'en voudrez pas ! Au centre de ce disposi-tif, il va être en coordination avec les autres profes-

Le point de vue des pharmaciens officinauxDominique Brasseur

Conseil National de l’ordre des Pharmaciens

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sionnels de santé. Il va réceptionner et vérifier lespréparations. Il va dispenser les anticancéreux per osde la chimiothérapie, les médicaments de supportassociés – ça fait l'objet d'autres conférencesaujourd'hui et je ne vais pas m'étendre sur tous cessoins de supports, aussi essentiels à l'officine, quisont très importants pour nouer les contacts avec lespatients. Il va aussi dispenser tous les dispositifsmédicaux dans le respect de la charte organisant lachimiothérapie à domicile.

Le pharmacien d'officine a un rôle primordial deconseil, tant pour le patient que pour les familles. Àl'officine, on connaît l'importance et le poids desfamilles, ce qu'on appelle maintenant d'un nom unpeu générique, les aidants : ceux avec lesquels il estindispensable de créer cette prise en charge à domi-cile qui ne peut être faite sans eux. Le pharmacienva intervenir tant sur les aspects thérapeutiques, lesmodalités d'utilisation, de conservation ou autres,que sur les modalités plus pratiques, plus pragmati-ques que sont les prises en charge administratives,les difficultés de remboursement et tous les phéno-mènes de pharmacovigilance. Effectivement, lepharmacien est en première ligne pour dépister denouveaux effets indésirables inconnus. Il est en pre-mière ligne surtout dans ces thérapeutiques quisont nouvelles, novatrices, quelquefois totalementinnovantes, quelquefois même la première. Danscertains cas, les effets indésirables sont décalés. Etc'est une des problématiques de l'hôpital de jour :on administre le produit et on renvoie la personnechez elle. Et bien évidemment, tous les problèmesarrivent après, c'est-à-dire quand elle n'est plus àl'hôpital. L'hôpital, à mon sens, soit il gère tout lui-même, ou alors il organise clairement l'administra-tion à domicile, avec la prise en charge qui suit.Donc, il est là pour dépister les nouveaux effetsindésirables inconnus, mais aussi pour identifier unefréquence anormale d'effets connus, eux, mais pourl'instant à bas bruit. Les pharmaciens devront accen-tuer leur réflexe de déclaration auprès des centresde pharmacovigilance.

Le pharmacien d'officine a aussi un rôle fondamen-tal dans tout l'aspect social de la prise en charge desthérapies cancéreuses à domicile. La pharmacie estun lieu d'écoute. Peut-être cette après-midi pourra-t-on parler d'une véritable consultation pharmaceu-tique et non pas d'une consultation qui soit clini-que. Une consultation qui puisse faire un peu lebilan de l'état d'avancement de compréhension dupatient par rapport à sa maladie : où se place-t-il parrapport à son chemin vers la guérison. Cette percep-

tion du patient et la compréhension de celle-ci parle pharmacien sont essentiels. Parce que ça va per-mettre au pharmacien d'officine de ne pas dire debêtises, et je modère mes mots. Il faut absolumentque dans ce continuum, chacun des intervenantsprofessionnels de santé soit en phase. Le pharma-cien d'officine qui n'a pas toujours les informationssouhaitées – et il le déplore – doit pouvoir, grâce àsa consultation, ses sondages, ses questions, savoirexactement à qui il a affaire et comment il doit sepositionner, en tous les cas quelles questions il doitposer au référent oncologique pour avancer dansson plan de soin et son plan d'action.

La pharmacie d'officine est un lieu d'écoute, un lieude proximité, un lieu de disponibilité où le pharma-cien et son patient nouent des contacts particuliers,tant sur les difficultés liées à la thérapeutique queles difficultés de vie liées au traitement, non seule-ment de vie personnelle du malade, mais au reten-tissement autour, aux vies de la maison. Le pharma-cien d'officine est donc l'acteur essentiel qui repré-sente potentiellement un pivot visuel authentique,tout à fait repéré dans la rue quelqu'un que l'onpeut contacter à proximité et qui peut être lui aussiune alerte pour l'ensemble des membres du réseau.

Je vais vous présenter le réseau concrètement enNormandie. Je vous disais qu'il y avait plusieurspôles. On voit Rouen, Le Havre, Évreux, avec unegrosse concentration sur Rouen puisqu'il y a les sitesrouges qui sont les sites de référence. Cette granderégion doit permettre des contacts transversauxpour que tous les professionnels de santé puissenttravailler ensemble. Le réseau Onco-Normand estune association. Dans son organisation, il a prévudivers collèges où on retrouve les pharmaciens àplusieurs niveaux. Vous le voyez dans le collège desprofessionnels de santé non médecins – c'est tout àfait détestable, j'en profite pour les écorner là. Lecollège 4 des organisations professionnelles.L'Ordre des pharmaciens y est présent. Au niveaudes réseaux, 3 sièges existent dont 1 pour Hopadom,qui est conventionné avec le réseau Onco-Normandpour être l'effecteur de ville de celui-ci.

Parlons deux minutes d'Hopadom, que je connaisbien puisque c'est un réseau dont je suis le présidentdepuis bientôt dix ans. Hopadom n'est pas unréseau thématique. Il a l'originalité peut-être d'êtreun réseau polyvalent. On a tous remarqué en villequ'on n'avait que deux mains. Et on a beau essayéde se faire greffer plusieurs doigts, on n'y arrive pas.Lorsque vous commencez à compter le nombre de

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réseaux thématiques – le professeur Sierro en faisaitétat tout à l'heure – vous n'avez pas suffisammentde doigts : entre ceux de la pneumo, ceux de la gas-tro, ceci et cela, on peut devenir complètement fou.Le patient, dans certains cas, ne s'y retrouve mêmepas puisqu'il est pris par un réseau d'organes ici et unréseau de soin par là. Il ne s'y retrouve pas. Je trouveque fort pertinemment, le réseau Onco-Normand achoisi un réseau polyvalent, qui a un process simplede prise en charge du malade lui-même et non pasde sa pathologie et de sa problématique.

Vous voyez la méthodologie sur cette dispositive.Comment ça marche ? Qui approvisionne le réseauHopadom ? Ce sont les hôpitaux, les cliniques à 45 %, mais aussi les pharmaciens de ville, les méde-cins et les IDE, les familles, les assistants sociaux, etc.Il y a tout un pool de gens qui permettent l'entréedes patients dans le réseau. Et à l'intérieur de ceréseau, il y a un chemin très simple, de la réceptionde la demande aux rendez-vous avec les établisse-ments de santé, les contacts avec les professionnels,l'élaboration d'un dossier de soins personnalisé, lesrendez-vous avec la coordination. Et derrière, l'ins-tallation d'un certain nombre de suivis et decontacts avec d'autres professionnels. Hopadom nese limite pas à une dimension médicale. On retrouveen rouge tous les services liés à la prise en chargemédicale, mais il s'occupe aussi de la dimensionsociale, psychologique (présentée en vert). Et unedimension un peu plus ténue : celle du confort, del'hygiène (exprimée en bleu) avec les associationsd'aide à domicile, les conseils généraux, les téléalar-mes et divers services de portage de repas.

Le réseau polyvalent Hopadom a pour activité prin-cipale les cancers : 33 % de prise en charge depatients cancéreux. L'autre gros pôle d'activitéd'Hopadom, c'est 32 % avec les troubles neurologi-ques, en particulier les scléroses en plaques avec les-quelles nous avons une convention particulière avecle réseau Recept de Haute-Normandie.

Vous pouvez noter les sites internet de l'un et de

l'autre : onco-normand.org et hopadom.fr, que jevous incite à aller consulter.

Pour essayer de terminer sur les atouts et lecontexte qui est le nôtre aujourd'hui. Les atouts dupharmacien d'officine, je pense vous les avoir large-ment exposés. Ils sont multiples. Le pharmaciend'officine demande de la formation, il demande dessupports de soin pour les soins de support. Ildemande à être accompagné. Cet accompagnementpeut lui être fourni par les réseaux. Il est là pourexprimer réellement ses qualités en termes de pré-vention, de dépistage, de traitement – son cœur demétier reste le médicament. Et pour permettre ledéveloppement de la prise en charge à domicile.Vous avez divers réseaux dans toute la France. Jevous ai parlé des réseaux oncologie dans toutes lesrégions, certaines régions en ont même plusieurs. Ily a trois cents réseaux territoriaux comme celuid'Hopadom, répartis sur le territoire français. Cesréseaux territoriaux sont, soit comme Hopadom,polyvalents, soit thématiques, mais à vocation poly-valente. J'entends par réseaux de soins, tous lesréseaux de soins palliatifs qui sont directementbranchés avec les réseaux d'oncologie, où l'onretrouve à chaque fois des structures, des coordina-teurs qui sont à la disposition des pharmaciens etqui les attendent à bras ouverts. Toutes ces organi-sations sont là pour favoriser l'exercice au quoti-dien, favoriser la communication des acteurs, fairedisparaître ces segmentations ville-hôpital, partagerl'information, préserver le libre choix du patient etfaciliter l'exercice.

La formation est un des thèmes principaux desréseaux. Les réseaux ont la capacité "magique"quelque part d'organiser des réunions de formationpluridisciplinaires où l'on retrouve des médecins,des pharmaciens, des infirmiers, des kinés, des bio-logiques, des psychologues et d'autres, dans lesmêmes salles, et qui parlent, qui communiquent lesuns avec les autres sur les difficultés qu'ils rencon-trent au quotidien. Bon nombre d'instituts de for-mation viennent se greffer. La plupart du temps, ilsparticipent à la reconnaissance des uns et des autresparce que ce sont les hospitaliers du secteur quienseignent les pharmaciens d'officine, ou l'inverse,des pratiques des uns et des autres. Ils favorisent cesliens de confiance, ces liens indispensables pour per-mettre d'avancer.

Les atouts de l'officinal, c'est la proximité, c'est lelien de confiance, sa disponibilité et sa valeur ajou-tée de conseil sur la thérapie.

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En conclusion, tout est prêt. Bon nombre d'entrenous ici présents ont travaillé avec l'INCa pendantdes années pour mettre en place ce circuit de médi-caments, toutes ces conventions, ces chartes. Ils n'at-tendent plus qu'un coup de pouce pour passer à lasignature de Madame le ministre. Si vous pouvezm'aider à crier fort pour qu'elle signe le plus vitepossible, vous nous rendriez un fier service.

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François LemareNous avons vu la différence d'organisation entre laSuisse et la France. On a bien vu la place fondamen-tale que les pharmaciens espèrent pouvoir donner àla prise en charge à domicile de patients atteints decancer en France. On n'a pas encore parlé dupatient et de sa famille, le malade. J'ai cru com-prendre que le patient n'était pas toujours patient.Il est vrai qu'en France, l'hôpital perd son hospita-lité, et devient un centre de soins. Comment lespatients, les malades vivent-ils cet aspect ? FrançoiseMay-Levin et Jean-Pierre Escande.

Françoise May-Levin Le patient ne peut pas avoir de chimiothérapie sansson proche. C'est pourquoi Jean-Pierre et moi-même, qui représentons les malades et les proches àla Ligue contre le cancer, allons vous donner nosimpressions.

Le malade qui va avoir une chimiothérapie, puisquetel est le centre de cet entretien, est multiple. Vousallez voir des patients qui ont une chimiothérapie àdomicile, par définition pas trop lourde. Les chimio-thérapies très lourdes sont faites en milieu hospita-lier. Vous allez avoir des chimiothérapies pas troplourdes ou par voie orale, et nous allons y revenircar c'est souvent un piège. Vous allez avoir desmalades dits en chimiothérapie adjuvante, ce quiveut dire après un traitement à visée curatrice oudes gens qui a priori vont bien et ont espoir de gué-rir, des gens qui ont le sourire. Et à l'opposé, vousallez avoir des malades en phase longue, évolutive,de rechute, qui ont des chimiothérapies, avec l'an-goisse, la peur de l'échec, de la rechute, qui sontsouvent beaucoup plus lourdes, qui vont vous poserdes questions plus difficiles, et surtout les proches.

Jean-Pierre EscandeJe vais revenir sur la présentation du malade et desproches. Il ne faudrait pas peindre la maison en roseen disant que le malade souhaite revenir chez lui.Certes, il va revenir chez lui, il y a un premier point :lorsque vous êtes en milieu hospitalier, vous êteshyper protégé. Le malade est protégé et se sentbien. Quand il revient chez lui et qu'il va avoir unechimiothérapie, il commence à avoir un phénomèneanxiogène qui est assez clair. Si le moindre incidentse produit, s'il n'est pas aidé, il va se trouver mal. Ladeuxième remarque, c'est que le malade – on par-lera de ce malade qui est en relation avec le phar-macien – n'est pas toujours en bon état. Il est sou-vent très fatigué. Vous savez que le cancer est unemaladie longue et en général fatigante. C'est donc

surtout le proche qui sera en relation avec son phar-macien. D'où une vision un peu différente de ce quel'on aurait tendance à décrire.

Françoise May-Levin Donc, vous n'allez pas avoir l'un sans l'autre, c'estcomme la nuit et le jour, qui vont venir vous poserdes questions. Qu'est-ce que vous allez devoir affronter commequestions des personnes qui vont avoir un traite-ment lourd. D'abord, elles vont vous poser des ques-tions angoissées sur ces traitements : qu'est-ce qu'ilfaut ? Il faut être vraiment très fort sur les effetssecondaires. Ne pas refouler les effets secondaires.On sait qu'ils peuvent venir et que ce ne sont pas ensoi des complications. Mais toujours, écouter cequ'on va vous dire, aussi bien le malade que le pro-che, et aussitôt répercuter sur le médecin qui est encharge du malade. C'est à vous, si un réseau n'estpas déjà organisé, d'être en contact avec le généra-liste ou l'infirmier. Et également, avec éventuelle-ment le pharmacien hospitalier qui souvent peutavoir une expérience que vous n'avez pas encore ausujet d'un médicament nouveau. C'est votre butaussi de faire un lien hôpital-ville.

Le deuxième type de questions que vont vous poserles malades, ce sont les questions plus générales.Est-ce que je peux manger ceci, cela ? Est-ce quedois prendre des précautions alimentaires particu-lières ? Est-ce que je suis contagieux ? Est-ce que jepeux me faire vacciner contre la grippe ? Chez lesfemmes jeunes qui ne sont plus réglées : je n'ai plusmes règles depuis que j'ai ma chimiothérapie, est-cequ'il faut que je fasse quand même une contracep-tion ? C'est tout un domaine très vaste auquel vousallez être confronté et il faut être prêt.

Avec la chimiothérapie, vous allez avoir à délivrerdes médicaments dits périphériques. Par exempledes médicaments de confort, des anti-nauséeux parexemple, ou des tranquillisants. Ou des médica-ments pour redonner de l'appétit, il n'y en a pasbeaucoup, pour ne pas dire pas du tout. Des médi-caments contre la fatigue. C'est tout ça qu'on vavous demander, que les médecins traitants vontprescrire. Chez des malades très fatigués, en pertede poids, vous aurez à délivrer des supplémentsnutritifs. Il faut savoir conseiller, parce qu'il y a lesproduits et le goût. Vous en délivrez souvent.Certains savent, ont goûté ou font goûter des spéci-mens. C'est tellement important pour les malades etleurs proches. C'est tout un environnement médicalque vous allez avoir à gérer, y compris des appareils.

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Les malades qui sont sous chimiothérapie ont despompes. Et les pompes, parfois, ça ne marche pas,l'alarme sonne. Et quand l'alarme sonne, qui vont-ilsvoir ? Le pharmacien. Il faut savoir ce qui se passequand une alarme sonne. Savoir conseiller, savoirquoi dire. Là aussi, ça fait partie de la chimiothéra-pie.

Ou bien on a un cathéter et tout d'un coup, ildevient rouge, ça fait mal. On a beau appeler lemédecin, il est déjà appelé quelque part. Le phar-macien est là. Et c'est lui qu'on va interroger. La chi-miothérapie, c'est tout un domaine qui est formida-ble parce qu'il promet la guérison ou l'amélioration,mais qui est aussi très complexe, qui demande àsavoir beaucoup de choses.

Un petit mot sur la chimiothérapie orale. On n'en apas parlé. Je suis sûre que vous avez été amenésdéjà à délivrer des médicaments par la bouche, de lachimiothérapie par la bouche. Elle a une extensionformidable ces derniers temps. Il y a une vingtainede médicaments en chimiothérapie orale mainte-nant. C'est un grand confort pour les malades, maisattention, ce n'est pas si simple que ça. Et c'est vousqui devez les mettre en garde quand vous les déli-vrez. Ce n'est pas parce qu'on prend des pilules quec'est facile. Les comprimés demandent une granderégularité. Ça demande beaucoup de méthode, dene pas faire n'importe quoi, ne pas mélanger deuxmédicaments sans l'avis du médecin, ne pas prendretrois comprimés d'un coup parce qu'on a oublié lematin. Si on vomit, attention, demander conseil. Sion vient de vomir alors qu'on a pris son médica-ment, il faut peut-être le reprendre. Et les effetssecondaires des médicaments par voie orale ne sontpas les mêmes que les médicaments par perfusion.Par exemple, le Xeloda de Sanofi ne donne pas ladiarrhée, il va donner une impression de brûluredans les mains. C'est tout un savoir qu'il faut connaî-tre, des questionnements difficiles auxquels vousallez être confronté. Et en vous voyant tous tout àl'heure, j'ai eu une idée qui a germé : est-ce que l'onne pourrait pas recueillir toutes les questions quisont posées ?

François LemareOn va déjà faire une table ronde. Je vais passerparmi vous pour poser les questions.

Jean-Pierre EscandeOn est dans une enceinte où on a un débat relative-ment technique. Mais je voudrais ajouter que pour

moi, le pharmacien ajoute pour son malade et sesproches un certain supplément d'âme. C'est quandmême la personne qui est disponible en perma-nence, qui a du temps, par rapport au médecin, quece soit le généraliste ou l'hospitalier. J'entends desremous pour le temps. Je ferais part d'une expé-rience personnelle. J'ai eu à connaître des pharma-ciens de ville à Paris, en province, et à la campagne.À chaque fois, même s'il y avait du monde, quandon est dans une situation difficile, le pharmacientrouve toujours le temps de vous écouter et de vousprendre en charge. C'est un aspect qu'il ne faut pasnégliger en dehors de tous les aspects techniquesqui sont débattus ici. C'est vrai que les chimiothéra-pies, on peut paniquer parce que le goutte à goutteva trop vite ou pas assez, ou parce que ça s'est blo-qué, ou parce qu'il y a la sonnerie de la pompe. Ça,c'est vrai. Mais il faut connaître ce rapport humainqui me semble assez essentiel dans votre métier.

François LemareUne question à Monsieur Sierro. En Suisse, vousavez une expérience de 15 ans de réalisation de chi-miothérapies à domicile. On a parlé de la satisfac-tion des patients, de la volonté des patients. D'unpoint de vue sécuritaire, qui est la question quenous n'avons pas encore abordée, est-ce que leschoses se passent dans le meilleur des mondes, ouest-ce qu'il y a des situations qui sont parfois unpeu délicates ?

Christian SierroPour répondre à cette question, les enquêtes desatisfaction qui ont été faites tiennent compte ausside l'aspect sécurité, de la perception de l'aspectsécuritaire par le patient. Et c'est très bien sorti éga-lement. J'aimerais dire que par rapport à un phar-macien d'officine, nous allons à domicile, nousavons un contact avec le patient à domicile, nous leconnaissons, nous le suivons. S'il y a un problème depompe, si une alarme sonne, il nous téléphone et àn'importe quelle heure du jour ou de la nuit, onintervient. Chaque fois qu'il y a un problème, on estlà et on discute. C'est clair que le rapport qui s'ins-taure entre le pharmacien et le patient est assez dif-férent de ce qu'on peut avoir en officine dans lesens où on est chez la personne. Il y a une autreatmosphère. Dans ce sens, je pense que le patientpeut se sentir en sécurité parce qu'on est disponible24 h/24 et parce qu'on intervient directement àdomicile.

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Françoise May-Levin Ça me fait penser qu'il faut souligner la différencedes patients pris en charge en milieu urbain, bienstructuré, tel qu'une HAD, un réseau, ou le maladeisolé dans une petite commune rurale où le pharma-cien a encore plus qu'ailleurs un rôle important.

Mme Martin, médecin à l'hôpital Cochin, qui tra-vaille au réseau Athos, relation ville-hôpital.Une question pour Dominique Brasseur. Vous sem-blez insister sur le fait que l'hôpital de jour n'est pasd'une grande utilité. J'ai une question très bête :que fait-on quand on administre un cytotoxique enville et qu'il y a une extravasation ? Est-ce que dansvotre réseau, vous avez prévu cette éventualité quiest une urgence, fonctionnelle la plupart du temps ?C'est très intéressé parce que l'administration decytotoxique en ville, c'est quand même l'avenir,parce qu'on bouchonne à l'hôpital. Qu'est-ce qu'onfait en cas de problème qui nécessite une urgence ?Est-ce que ce sont des éventualités que vous avezdéjà envisagées ?

Dominique BrasseurOui, c'est une éventualité qu'on a envisagée. Pourl'instant, on ne l'a pas constaté sur place et tantmieux. On ne va pas provoquer des extravasationsuniquement par plaisir. Elles existent dans toute per-fusion, elles sont particulièrement difficiles à gérerlorsqu'il s'agit d'administration de cytotoxiques, enraison de la toxicité du produit. Un réseau comme lenôtre a une activité importante de perfusion à domi-cile, elle a rencontré un certain nombre de problé-matiques. On ne les a pas toutes rencontrées, maison se prépare à un certain nombre d'éventualités dece genre. Concernant l'hôpital de jour, c'était trèsgentil. C'était pour dire que l'hôpital de jour faitl'administration. Ce n'est peut-être pas le lieu pourparler de gros sous, mais évidemment, la chimiothé-rapie à domicile est une problématique d'argent,d'intérêt. Les intérêts des uns ne sont pas forcémentceux des autres. Ce que je voulais dire tout à l'heure,c'est que tout est prêt sur le papier, en théorie. Maisdans les têtes, tout n'est pas encore prêt. À savoirque tous les intérêts n'ont pas été bien partagés.Aujourd'hui, un certain nombre d'établissementspublics, privés, ont intérêt à continuer l'exploitationde l'hôpital de jour, à continuer l'exploitation de leurHAD, pour des raisons pures d'intérêt. Je m'arrête-rais là concernant les gros sous. Mais ils sous-tendentévidemment la réaction des uns et des autres et lesoppositions rencontrées ici et là.

Patrick ThomaréEst-ce qu'il y a une collaboration effective avecl'HAD et si oui, sous quelle forme ?

Dominique BrasseurTout à fait. Non sans difficulté d'ailleurs. Il a été dif-ficile pour un réseau comme le nôtre de faire saplace. Lorsque nous avons commencé, dans lesannées 2000, l'ensemble des praticiens a salué notrearrivée. Mais n'a absolument rien fait pour nousdonner un coup de main ! Chacun a continué sespratiques, avec des grands sourires – ils nous accueil-laient avec grand plaisir, ils nous offraient un cafémais c'était tout. Celui qui a été le plus difficile àconvaincre, ça a été l'HAD. Il a cru véritablementqu'on entrait en concurrence directe avec lui. Il nousa fallu presque sept ans pour le convaincre qu'aucontraire, on était là en recherche de complémenta-rité, que l'HAD a une fonction qui est totalementirremplaçable, de prise en charge de patients avecplusieurs problématiques, et donc de patients parti-culièrement lourds. Que les réseaux polyvalentscomme le nôtre ne sont pas sur ce type de problé-matique, du moins pas encore, et il n'est pas prévuqu'ils le soient, mais qu'ils peuvent permettre laprise en charge de patients à domicile qui le souhai-tent, permettre l'alternative. Donc ils peuvent per-mettre de diminuer le nombre d'hospitalisations. Ilspeuvent aussi permettre de raccourcir la durée deces hospitalisations. C'est dans ce cadre-là que nousagissons. Nous n'agissons pas du tout en concur-rence avec l'HAD. Je salue les HAD de Haute-Normandie qui depuis peu de temps sont réunisautour d'une plate-forme à laquelle nous partici-pons : c'est l'ARH qui a été le ciment de ces rencon-tres, et aujourd'hui, je pense que l’on va vers descieux plus cléments en termes de concurrence et decompréhension entre les termes mutuels, entrel'HAD et le MAD.

François LemareJe vous rappelle que cet après-midi, un atelier auralieu avec Patrick Thomaré, Dominique Brasseur etChristian Sierro sur le lien ville-hôpital et sur l'orga-nisation des réseaux HAD et prise en charge depatients à domicile. Je vous invite à venir nombreuxà cet atelier.

QuestionLe pharmacien est polyvalent, il est facilementaccessible de par sa proximité, il consacre du tempsde l'énergie et de l'argent à la formation et pour

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autant nous ne sommes pas habilités à réaliser desactes techniques.

Dominique BrasseurLe patient ne comprend pas que l'on ne puisse pastout faire. Le patient ne comprend pas que je neveuille pas le vacciner contre la grippe. Mais quandon vient à domicile délivrer des médicaments, lapersonne ne comprend pas que je ne veuille pasrebrancher sa perfusion, que je ne veuille pas faireautre chose que signaler son extravasation, que jene veuille pas lui administrer ses médicaments. Il y aun problème de disponibilité des différents corps demétier qui sont impliqués et un problème d'image.Le pharmacien répond à tout (il n'est propre à rienil répond à tout !) et il est toujours disponible. Il y adonc ce problème d'image, vis-à-vis des patients etvis-à-vis des accompagnants.

Françoise May-LevinLe pharmacien, c'est un professionnel. Vous avez uneblouse blanche. Vous avez la disponibilité, la fiabilitéet la confidentialité. Vous avez énormément de res-ponsabilités, qui dépassent largement la vente dumédicament puisque c'est celle de l'écoute, duconseil, qui sont quand même une partie importantede la relation soignant-soigné et qui fait tellementdéfaut au médecin maintenant. L'information estréduite trop souvent à son minimum. Le pharmacien,en plus de la délivrance de médicaments, complète,enrichit, explique. Quant à l'acte lui-même, vous enaurez de plus en plus en participant aux dossiers.C'est quand même important. En ayant droit deregard sur une partie du dossier médical. Et interve-nir et faire partie de cette relation. C'est ainsi que jevois personnellement les choses.

Jean-Pierre EscandeVous êtes très méchant en disant "bon à rienrépond à tout". Le pharmacien est bon à tout sur-tout. On n'a aucun retour négatif sur des gens quise plaignent que le pharmacien ne peut pas fairececi ou cela. Il ne va pas vous reprocher une chimio-thérapie, je ne pense pas, parce que c'est à domicile.On ne se déplace pas, sauf rare exception, avec sachimiothérapie. Je reviens à ce que je disais tout àl'heure? C'est vrai que pour vous, ça peut être diffi-cile, mais vous êtes le recours, l'écoute. Ce qui estimportant par rapport au médecin, on a moins deretenu. Je ne dirais pas qu'on est plus en confiance,ce n'est pas ça, mais on est moins coincé que par lablouse blanche du médecin. Il y a un rapport plusdirect. Je suis sur un plan tout à fait de relation

humaine, psychologique. Mais c'est quand mêmenotre ressenti et c'est ce qui remonte des comités. Jene pense pas qu'on doit être tout à fait loin de lavérité.

Dominique BrasseurC'est tellement mieux dit par les autres. Je crois quele pharmacien est quelqu'un qui est polyvalent. Lespatients ou les clients attendent de nous une visionglobale. Notre vision globale va très loin dans laprise en charge du cancer, des premiers symptômes,même avant le diagnostic. On a cette vision des pre-miers symptômes au diagnostic, en passant par lapremière cure, la première rémission, la rechute…On peut même envisager la phase préterminale, laphase terminale. Et même après puisqu'on va aussiintervenir sur le deuil de la famille. On a cette visionglobale. Il ne faut pas que le pharmacien se can-tonne sur cette vision globale, polyvalente et géné-raliste. Le pharmacien a le droit de se spécialiser.Non seulement il a le droit de se spécialiser, mais onattend de plus en plus de lui qu'il ait les moyens dese renseigner et d'apporter la bonne réponse aubon moment. Le pharmacien a la chance d'être uncommerçant. C'est une très grande chance qued'avoir une boutique ouverte sur la rue parcequ'elle fait partie du monde connu. C'est facile depasser la boutique du boulanger, c'est aussi simplede passer la boutique du pharmacien et d'y trouverle pharmacien, avec ou sans blouse, disponible oupas disponible, mais systématiquement présent etde plus en plus équipé de moyens de confidentia-lité. De plus en plus d'officines sont équipées d'en-droits spécifiques où l'on peut se poser, s'asseoir etentrer en communication réelle dans cette consulta-tion que j'évoquais tout à l'heure. Si le pharmacienvient à se spécialiser, c'est dans ce contact, ce rela-tionnel-là, dans cette capacité qu'il a d'être un lienentre le malade et sa maladie, et essayer de traduiredes mots, qui partent de mots tragiques comme ladouleur, la mort, etc., et les traduire en des mots quisont beaucoup plus compassionnels, beaucoup plusproches de la réalité, plus proches de ce que souhai-tent les patients.

Françoise May-LevinEst-ce que beaucoup d'entre vous ont des relationsavec les médecins de leurs malades ? Est-ce qu'undialogue s'établit ?

François LemareEst-ce que ceux qui ont des relations directes avecles médecins prescripteurs de leurs patients peuvent

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lever la main ? Ça représente une dizaine de pour-cent de l'auditoire, mais on a beaucoup d'étudiants,qui n'ont peut-être pas encore eu l'occasion de tis-ser ce lien.

Dominique DurandVous avez présenté une diapositive qui montraitqu'il y avait une diminution du nombre de malades.Vous avez dit qu'il n'y avait pas de définition légaledes soins à domicile en Suisse. Est-ce que finale-ment, c'est un avantage ?

Christian SierroPour la première question, il y a une diminution dunombre de chimiothérapies que nous préparonsmais en quantité de malades ou en quantité de pré-parations, il y a une augmentation. On n'est pas dutout en diminution, mais simplement les chimiothé-rapies sont pour l'instant prises par les oncologuesinstallés. Pour le reste, on n'est pas du tout en dimi-nution. En HAD, on a tous les types de soins nécessi-tés par le patient.

Pour la 2e question, oui, dans le sens où c'est laliberté d'instaurer quelque chose de nouveau sansfrein majeur. Notre expérience dit que c'était unbien lorsqu'on s'est établi. Maintenant, c'est clairqu'il faudrait peut-être réglementer, peut-être pasautant qu'en France, mais un peu plus pour qu'onpuisse se développer de façon harmonieuse.

Par rapport à la question d'avant, sur la disponibi-lité du pharmacien, sachez que notre expérienceen Suisse, dès 1997 pour SOS Pharmaciens, nousavons fait reconnaître nos prestations pharmaceu-tiques. C'est-à-dire une organisation du traite-ment, une installation du traitement à domicile etdes suivis thérapeutiques. Nous avons une rémuné-ration pour ces différents aspects. Ce qui est impor-tant, ce n'est pas tant la rémunération que le faitque c'est reconnu comme une prestation. On s'estdistancé de la marge des médicaments déjà en1997 pour tout ce qui était hospitalisation à domi-cile. Pour le reste, comme vous le savez peut-être,depuis 2001, nous avons une marge réduite sur lesmédicaments et les prestations pharmaceutiquessont reconnues. Pas pour augmenter la difficultéd'avoir un contact avec le pharmacien, mais sim-plement pour que ce type de prestation soit valo-risé et reconnu en termes de temps, puisqu'on estrémunéré au temps.

François LemareJe crois qu'en France, ce type de rémunération peutégalement se mettre en place dans le cadre desréseaux. On peut avoir une rémunération pour desactivités spécifiques et non commerciales dans lecadre des réseaux. C'est à mettre au plan de finan-cement des réseaux, et ce sont des choses totale-ment réalisables : la dispensation du traitement audomicile du patient peut être rémunérée. On a éga-lement les critères d'éligibilité de la réalisationd'une chimiothérapie à domicile. Dans ces critèresd'éligibilité, il y a des choses relativement simples,mais il faut s'assurer que le patient dispose biend'un réfrigérateur et de sanitaires dans son loge-ment pour que le traitement puisse se dérouler debonne façon. Cette visite à domicile peut égalementêtre l'objet d'une rémunération spécifique. Je croisque c'est l'objet à Nantes. On a également cettepossibilité en France.

Françoise May-LevinUne question technique. La préparation des pro-duits sous hotte, comment est-elle réalisée ? Ellessont centralisées ?

Christian SierroOui, c'est ça le but.

François LemareEn France, les préparations ne sont plus faites àdomicile, elles doivent être faites à l'hôpital, et ame-nées au pharmacien d'officine qui va compléter laprise en charge et pouvoir produire le traitementtotal pour le patient. Se pose la question de la sta-bilité des produits.

Françoise May-LevinIl faut que ce soit transporté extrêmement rapide-ment et dans les conditions souhaitables. Ça dépenddes produits.

Dominique BrasseurToute chimiothérapie ne peut pas se faire à domi-cile. On ne peut pas tout faire à domicile. Pour l'ins-tant, on ne demande à faire que ce qu'il est possiblede faire. Si on pouvait déjà faire ce qu'il est possiblede faire, on ferait déjà un grand pas et bon nombrede patients en serait ravi. Mais ne me prenez paspour un va-t-en-guerre, je ne suis pas là pour fairetout et n'importe quoi, et aller faire prendre unquelconque risque à qui que ce soit.

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François LemareJe rebondirais sur un aspect. Vous avez parlé du faitque le canton de Genève était particulièrementadapté par sa géographie à la réalisation de soins àdomicile. Cette géographie, c'est 20 km x 30 km, sije me souviens bien. C'est en gros une demi-heurede voiture dans chaque sens.

Christian SierroC'est ce que je voulais ajouter. Ce qu'il faut réaliser,ce n'est pas seulement pour la préparation des chi-miothérapies et son transport...... S'il y a un pro-blème à domicile, vous évoquiez tout à l'heure unproblème de pompe ou de cathéter obstrué, nousintervenons dans la demi-heure à domicile, que cesoit les infirmières…ou les autres acteurs.

Françoise May-LevinEt il n'y a pas que ça. Il y a aussi des contre-indica-tions dues à la toxicité de la drogue, à la nécessitéd'avoir une surveillance et à l'intolérance d'unpatient. Il faut quand même le savoir : tout traite-ment à domicile est toujours une charge.

Patrick ThomaréJuste un complément d'information. En France, il ya un arrêté qui date de décembre 2004 qui précisede façon très explicite les conditions de réalisation,de centralisation des chimiothérapies, y compris lesaspects de stabilité qui viennent d'être évoqués. Onne peut pas faire n'importe quoi. J'aurais qu’unequestion au docteur Sierro. Il a bien souligné lenombre d'encadrements extrêmement nombreuxautour du patient au domicile. Ça nous pose à nousaussi des problèmes. Je voulais savoir quel mode derecueil de prescription est mis en œuvre dans leurpropre expérience ? Quel type d'outils informati-ques pouvait les mettre en relation avec les autrespartenaires de santé impliqués ? Et quel type d’actespharmaceutiques ils opéraient au cours de leursprestations ?

Christian SierroLe mode de recueil est essentiellement par fax. Nousrecevons les ordres médicaux par fax et les fax tran-sitent entre les différents partenaires : les infirmièreset nous-mêmes. Pour le reste, on a chacun un dossierpatient. Les infirmières ont un dossier patient, nousavons un dossier patient et le médecin a un dossierpatient. Et pour l'instant, comme on n'a pas de défi-nition d'HAD, comme on n'a pas de réseau formel enplace, il n'y a pas de partage réel de données. On est"papier". Chacun a son propre volet informatique,qui ne communique pas forcément avec les autres.

Comme on n'a pas de structure formelle, ça deman-derait énormément d'effort pour la mettre en place.Nous ne sommes pas spécialisés dans les chimiothé-rapies, vous avons tous types de traitement. Nousn'avons pas seulement l'hôpital avec lequel nousavons des contacts réguliers. Ce n'est pas seulementl'hôpital qui sort les patients plus rapidement. C'estégalement les patients qui souhaitent faire des trai-tements à domicile. Je ne parle pas seulement de chi-miothérapie. On a comme partenaire 1 600 médecinsinstallés sur Genève. C'est inimaginable de mettresur pied quelque chose d'informatique centralisé, ceserait très difficile. Au niveau hospitalier il y a 2 200lits si on prend tous les secteurs, la pédiatrie, la géria-trie, la médecine et la chirurgie, c'est impensable.

Patrick ThomaréConcernant l'activité qui est prise en charge par lesoncologues de ville pour les chimiothérapies, est-ceque vous avez une petite idée, quantitativement, decette activité ?

Christian SierroIls sont directement en concurrence avec les polycli-niques de l'hôpital. Je n'ai aucune idée du nombre,mais il est peut-être cent fois plus important que ceque les chiffres que je vous ai montrés.

QuestionOn a été prévenu par l'hôpital Cochin qu'un maladeétait sous chimiothérapie. On nous a demandé defaire un suivi de ce patient, de lui envoyer son trai-tement. Je voudrais savoir s'il y a une obligationdes pharmaciens d'hôpitaux d'avertir le pharma-cien d'officine que tel patient est sous chimiothéra-pie, délivrée en hôpital, et qu'il y ait une coordina-tion entre le pharmacien d'officine et le pharmaciend'hôpital ? Ça ne nous est arrivé qu’une fois pour lemoment.

François LemareJuste derrière vous, vous avez le médecin de Cochinet une ancienne externe de l'hôpital Cochin.L'obligation d'information n'existe pas aujourd'hui.Mais il est évident qu'on va avoir besoin de faire dif-fuser l'information et c'est un peu ce que nousdisions tout à l'heure : il est important que le murentre l'hôpital et la ville tombe et que l'informationcircule beaucoup mieux entre les deux. Il n'y a pasd'obligation pour le moment, mais c'est quelquechose que nous sommes plusieurs à essayer de déve-lopper.

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QuestionOn nous pose souvent des questions liées à lacontraception, par exemple, comment pourrait-on yrépondre concrètement ?

François LemareFrançoise May-Levin va pouvoir donner les réponsesaux questions qu'elle a posées. Et de toute façon,Madame May-Levin est en train de préparer un arti-cle qui va être publié avec les questions, les répon-ses, les questions auxquelles les pharmaciens peu-vent répondre. Peut-être deux-trois réponsesconcernant la prise de contraception chez une jeunefemme qui est sous chimiothérapie ?

Françoise May-LevinSi vous ne savez pas, de deux choses l'une. Les ques-tions auxquelles vous pouvez répondre sont desquestions générales, en aucun cas une questionindividuelle car vous n'avez jamais le dossier médi-cal du patient. Vous n'avez qu'une partie de l'infor-mation. Donc, prudence, et donner des réponsesgénérales. Une question comme : est-ce que je doiscontinuer ma contraception alors que je suis souschimiothérapie et que je n'ai pas mes règles ?, vouspouvez de bon sens continuer à dire oui car vous nesavez pas si sa sécrétion hormonale est tout à faittarie ou pas. Ça dépend aussi de son âge. En dernierrecours, dire : il vaut mieux que vous vous adressiezà votre médecin généraliste parce que lui a toutesles données que je n'ai pas. Vous ne savez pas tou-jours quel est son cancer, son âge, de multiples don-nées. Vraiment, le grand principe, c'est de répondreaux questions générales mais de ne pas trop entrerdans le particulier.

QuestionQuant aux effets secondaires des médicaments,quand ce sont des médicaments donnés à l'hôpital,on ne sait pas les effets secondaires.

Françoise May-LevinVous ne savez pas tout ce qu'il a eu, ni sa patholo-gie. Vous ne pouvez pas faire de diagnostic.

Vous pouvez dire : vous prenez tel médicament, çapeut donner de la diarrhée, mais vous ne pouvezpas savoir si la diarrhée de la personne est due à cemédicament.

François LemareIl y a des formations continues, des outils, la Facultéde pharmacie, etc.

Dominique BrasseurJe ne résiste pas à évoquer dans ce cadre le dossierpharmaceutique qui est en train de se mettre enplace, notamment en Seine-Maritime. Il va permet-tre de sécuriser des données pharmacologiquesconcernant un patient et les communiquer entrepharmaciens. Je peux souhaiter que dans le cadredes cancers, il y ait une liaison rapide entre le dos-sier pharmaceutique hospitalier et celui à l'officine.Et on peut même envisager que le dossier communi-cant de cancérologie soit lui-même annexé au DP.Ce n'est pas l'objet de la journée, mais je crois quec'est un grand chantier lancé par l'Ordre et l'ensem-ble de la profession sur ce sujet, qui permettra derépondre à beaucoup de questions.

François LemareJe vais conclure. On voit bien le chantier importantqui nous attend pour la prise en charge des patientsà leur domicile et leur accompagnement. On a parlépresque exclusivement de la chimiothérapie, mais ily a tous les soins de support. Je vous invite à revenircette après-midi puisqu'on va parler d'une partie deces soins de support. Va débuter dans quelquesminutes dans l'amphithéâtre Henri Moissan le sym-posium proposé par le laboratoire Sanofi-Pasteur,sur la vaccination contre le papillomavirus. Pourtous ceux qui sont inscrits, l'entrée se fait juste enface. Mais vous pouvez encore vous inscrire.

Sinon, les sessions reprennent à 14h30 dans cetamphithéâtre.

Le symposium se fait autour d'un plateau repas quivous est remis dans l'amphithéâtre.

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Le Pharmacien auprès du patient atteint de cancer

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François LemareNous allons reprendre le fil de notre journée.

Après la matinée au cours de laquelle nous avonsparlé épidémiologie et prise en charge de patientspar nos officines, et notamment l’administration deschimiothérapies à domicile, nous allons voir, surdeux présentations, une autre facette du patientatteint de cancer : ce sont les soins de support. Etparmi les soins de support, on va commencer parune présentation du Dr Thierry Delorme, du dépar-tement Anesthésie, Réanimation, Douleur del’Institut Curie à Paris. Le Dr Thierry Delorme vaaborder le rôle du pharmacien auprès du patientatteint de cancer, dans la prise en charge de la dou-leur.

Nous aurons ensuite une seconde présentation, duDr Sami Antoun, de l’Institut Gustave Roussy, quinous parlera de l’apport nutritionnel, des complé-ments nutritionnels et de la prise en charge nutri-tionnelle des patients atteints de cancer, et de sonexpérience de médecin à l’Institut Gustave Roussy, àVillejuif.

Après ces deux présentations, nous aurons une dis-cussion avec les deux orateurs, puis je vous ferai uneprésentation sur les chimiothérapies par voie orale.

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Le Pharmacien auprès du patient atteint de cancer

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Système Clos

Carmel Pharma SARL | 15 rue Taitbout | 75009 Paris | FranceTél: +33 1 72 71 25 48 | Fax: +33 1 72 71 25 99

E-mail: [email protected] | www.carmelpharma.fr

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Merci aux organisateurs de m’avoir invité. Il est clairque cela va être une session peut-être un peu médi-cale, avec nos deux présentations. L’idée était devous faire passer des messages, bien sûr, et de vousexpliquer aussi tout le cheminement de ce que l’onfait dans la prise en charge de la douleur en cancé-rologie, de la prescription, parce que le pharmacien,le pauvre, arrive souvent en bout de chaîne, sansparfois bien comprendre tout ce qui s’est passéavant, avec des attitudes qui peuvent sembler unpeu bizarres. Et l’objectif est de vous montrer lepourquoi du comment de tout ce qu’il y a derrièreces attitudes.

Pour comprendre de quoi l’on parle, la douleur estquelque chose que l’on n’appréhende un petit peumieux que depuis les années 60. Pendant très long-temps et encore aujourd’hui pour certains soi-gnants, on est resté dans un modèle qui date engros du XVIIe siècle, qui nous disait que quand on amal, c’est sans doute parce qu’il avait une lésion ouun problème quelque part, que c’est un signald’alerte, qu’il fallait aller trouver la nature du pro-blème et, qu’en le traitant, on arriverait à régler leschoses.

Pendant très longtemps, on a respecté la douleur etil y avait très peu de thérapeutiques à visée antalgi-que pour la prendre en compte comme une maladieà part entière.

Les pionniers s’en sont mêlés depuis les années 60 etsont arrivés à une définition assez consensuelle à lafin des années 70, qui nous explique que la douleurest quelque chose de compliqué et qui n’est pasnécessairement un processus lésionnel.

Bien sûr, la douleur est utile. Et il est vrai qu’elle vasouvent mettre en évidence une problématique auniveau de l’organisme, que ce soit une agressionexterne ou une problématique interne (maladie,inflammation, etc.). C’est le point de départ deréflexes de protection plus ou moins élaborés queconnaissent notre espèce. Mais ce système estimparfait et en particulier en cancérologie – le can-cer est une maladie très grave –, si on attend la dou-leur pour détecter le cancer, il est malheureusementbien souvent trop tard. Système utile, oui, maisimparfait.

Et surtout, on a compris que ce système était parfoistout à fait inutile, puisque la douleur chroniquepeut devenir une véritable maladie alors même quela lésion initiale a disparu. C’est une maladie qui vas’inscrire sur des mois, des années, qui va finir pardétruire l’individu. C’est donc quelque chose de trèscomplexe.Ce que l’on a compris aussi, c’est qu’il n’y a pas dedichotomie, il n’y a pas la vraie douleur qui est ladouleur physique et la douleur psychique ou la dou-leur morale. Tout cela ne veut rien dire.

Vous le voyez dans la définition : la douleur est unesensation et une émotion ; c’est à la fois une percep-tion de quelque chose qui fait mal à un endroit, quia une intensité, une qualité, mais aussi c’est pénible,c’est désagréable. C’est ce qui définit la douleur.

Il faut bien comprendre également qu’entre dou-leur et souffrance, on ne parle de la même chose. Lasouffrance est un état psychologique, qui peut êtrelié à la douleur. Cela peut aussi être lié à un deuil,on peut souffrir de la faim.Quand je vais vous parler douleur ou quand on vavous citer des chiffres de patients douloureux, ce nesont pas forcément des patients avec des douleursintenses, des souffrances, des retentissementsimportants. Une douleur peut aussi être quelquechose avec laquelle on arrive à faire avec, on arriveà vivre, de manière spontanée.

Je vais prendre l’exemple de la migraine, qui vaconcerner 10 % d’une population. La plupart desmigraineux vont se gérer tout seuls, font une crisede temps en temps, ne vont jamais aller voir unmédecin pour cela. Et pourtant, ce sont des douleurschroniques. Il faut donc bien avoir cette idée à l’es-prit, quand on parle de douleur.

En cancérologie, ce qu’il y a de particulier, c’est quel’on est face à des douleurs chroniques liées à unelésion persistante, le plus souvent. Et il est vrai quela douleur chronique liée au cancer est un modèle «lésionnel » : la tumeur est là, qui provoque des trou-bles divers et variés qui sont à l’origine des douleurs,avec deux grands types de douleur qui vont condi-tionner les tiroirs pharmacologiques que l’on utilise,les douleurs par accès de nociception (c’est-à-diretout ce qui est douleur habituelle : inflammation,

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Le Pharmacien auprès du patient atteint de cancer

La prise en charge de la douleurThierry Delorme

Unité mobile d'accompagnement et de soins continus, Institut Curie

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douleur de tassement ou de fracture, qui vont met-tre en jeu notre système de décodage des agres-sions) et des choses un peu plus complexes que l’onappelle des douleurs neuropathiques qui sont desdouleurs un peu bizarres, liées à des dysfonctionne-ments de notre système nerveux. Ces douleurs neu-ropathiques peuvent être séquellées à un événe-ment passé ou en relation avec une structure ner-veuse qui souffre.

Si vous voyez l’image d’IRM (voir page 53) que jevous présente, vous voyez une vertèbre tassée. C’estune fracture du corps vertébral. Vous voyez qu’enarrière, cela recule un tout petit peu. Ces gens ontmal parce que l’os est cassé, parce qu’il y a de l’in-flammation liée à la tumeur, parce que souvent lesracines nerveuses qui sont à cet endroit sont compri-mées, ils ont comme des sciatiques, mais qui ne des-cendent pas forcément dans la jambe ; on appellecela radiculalgies. Et même si l’on consolide la frac-ture, même si l’on fait de la radiothérapie, ces per-sonnes-là peuvent garder une trace, sous forme deleur douleur neurologique, qui peut durer parfoisdes mois ou des années après « la guérison » de lafracture initiale.

Nous allons prendre en charge ces douleurs, bien sûren prenant en charge le cancer, puisque si on sou-lage et si on contrôle le cancer, a priori, on peutespérer que la douleur va diminuer, mais il n’y a pasde relation mathématique absolue, linéaire ; et celava reposer sur des traitements antalgiques et on a lachance d’avoir des stratégies bien codifiées dont jevais vous parler un peu tout à l’heure : la stratégiede l’OMS. On va souvent avoir recours aux opiacéesqui ont toute leur place.

Mais ce modèle, que l’on utilise en douleur aiguë,ne va pas forcément être le modèle de raisonne-ment que l’on va appliquer dans une lombalgiechronique. Derrière le terme « douleur », on vaavoir tout un puzzle qui va varier en fonction dessituations et des attitudes de prise en charge assezvariables.

En cancérologie, le problème est l’ampleur du défi.Il y a des chiffres qui datent de 2000 ; on a eu deschoses un peu plus nouvelles, mais : 278 000 nou-veaux cas de cancer et en 10 ans, cela a augmentéde 15 à 20 %, et on attend des augmentations del’ordre de 10 à 30 % dans les années à venir.

Quand nous regardons les patients, les personnesqui ont un cancer, quel que soit le cancer, nous

savons que tous les cancers et leurs traitements peu-vent être source de douleur. Et, que ce soit enFrance ou dans d’autres pays, globalement, entre lamoitié et les deux tiers des patients atteints de can-cer présentent une douleur.

Dans 80 % des cas environ, cette douleur est liée aucancer. Dans 30 % des cas environ, les douleurs sonten relation avec des séquelles du cancer, essentielle-ment chirurgicales ou maintenant, de plus en plus,des séquelles neurologiques chroniques liées à cer-taines polychimiothérapies. Dans 10 % des cas, il n’ya aucun lien, ni avec le cancer ni avec le traitement.On peut faire une céphalée aiguë qui n’a rien à voir.

Ces chiffres, vous le voyez, dépassent parfois les 100 %, pour la bonne et simple raison que plus lamaladie est avancée, plus le risque d’avoir différen-tes douleurs qui cohabitent augmente. Il est vraiqu’en situation de cancer avancé ou en fin de vie,les patients ont en moyenne 3 ou 4 localisationsdouloureuses différentes, parfois d’origines et denatures tout à fait différentes.

Si on considère les gens qui sont en rémission, si onconsidère les gens qui ont un cancer actif, on estimequ’il y a sans doute pas loin de 1 million de person-nes qui vivent, en France, avec une douleur séquel-laire ou en relation avec le cancer. Cela va donc êtreune problématique du quotidien pour tous les inter-venants.

Je vous le disais, nous avons la chance d’avoir desstratégies qui ont fait leurs preuves, qui s’appli-quent à la douleur cancéreuse.

Le traitement de la cause, c’est évident, puisqu’onest dans un modèle lésionnel.

Les antalgiques : on est là dans une logique d’esca-lade thérapeutique ; c’est la stratégie de l’OMS, lesfameux paliers 1, 2, 3. Et aussi l’utilisation de ce quel’on appelle les co-antalgiques : ce sont les corticoï-des pour l’inflammation, les biphosphonates pourles maladies métastatiques osseuses chroniques ettous les traitements des douleurs neuropathiques,et tout cela dans le cadre d’une prise en charge quel’on dit globale, mais il faut quand même dire que,même si on fait l’impasse sur cette prise en chargeglobale, la simple escalade pharmacologique destraitements écrête une grande partie des douleurs.On est là dans un modèle qui est très pharmacologi-que et technique.

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À l’inverse, dans la douleur séquellaire, la situationest différente.

Du point de vue de la gestion des antalgiques, il n’ya pas de stratégie codifiée. L’escalade thérapeutiquen’est pas systématique, même si parfois, face à unecomposante neuropathique, on va tester différentstraitements, on va essayer de monter les dosages.Mais l’escalade thérapeutique n’est pas la règle. Onreste vraiment dans l’approche globale, c’est ce quel’on appelle le modèle biopsychosocial, c’est-à-dire :on va être dans le traitement avec des médicaments,mais aussi de la rééducation, de la réhabilitation etde la réinsertion professionnelle, un accompagne-ment psychologique plus ou moins élaboré, voiredes techniques assez particulières adaptées auxdouleurs chroniques issues des champs des thérapiescognitives et comportementales.Derrière le terme « douleur », en cancérologie, onva avoir plusieurs attitudes en fonction de la naturede cette douleur.

En termes de résultat, la douleur du cancer, même sicela fait peur à la plupart des patients et des famil-les, à part en douleur aiguë post-opératoire, on nefait pas mieux. C’est-à-dire qu’en appliquant cettelogique d’escalade thérapeutique, on va soulager75 à 90 % des patients. La stratégie de l’OMS a étédécrite dans un petit livre qui faisait une trentainede pages, un petit format. C’est-à-dire que par rap-port au cursus d’un médecin ou d’un cancérologue,il suffit de pas grand-chose pour obtenir déjà desrésultats satisfaisants.

Pour tout ce qui est douleur séquellaire, bien sûr,pas de résultat, parce qu’on n’a pas de stratégie quel’on peut évaluer et vérifier. Les chiffres que je vousdonne pour la stratégie OMS sont issus d’études cli-niques qui ont vérifié l’impact de l’application de lastratégie OMS.

Pour les douleurs séquellaires, cela n’existe pas, maisl’impression globale est qu’il y a des problématiquespsychologiques, sociales, familiales, de réinsertion,de retour au travail et on a l’impression que plus tôton intervient, mieux c’est. Pour simplifier, des tas decercles vicieux viennent se greffer autour des pro-blématiques anatomiques et médicales, et quandces cercles vicieux sont installés, enkystés, c’est trèsdifficile de les faire revenir en arrière. Donc, plus tôton intervient, mieux c’est.

Mais le problème est que ces patients ne sont pastoujours repérés, parce qu’autant on s’intéresse

beaucoup à la douleur quand elle est liée au cancer,autant, quand les gens sont guéris, souvent eux-mêmes n’en parlent pas, parce qu’ils considèrentque c’est un prix à payer et il n’y a pas forcémentd’attitude de dépistage systématique de ces problé-matiques.

Pour les douleurs du cancer par excès de nocicep-tion, nous sommes là vraiment dans l’escalade thé-rapeutique des antalgiques, c’est là où la stratégiede l’OMS s’applique vraiment.

En gros, l’intensité des traitements antalgiques pro-posés est croissante tant que le résultat n’est passatisfaisant et tant qu’on n’a pas d’effets secondai-res qui nous limitent.

En 2002, quand on a fait les standards option/recommandations sur les traitements des douleurscancéreuses, nous avons essayé, pour aider nos col-lègues et médecins généralistes, de réfléchir à cequ’est un bon résultat.

Un bon résultat, ce n’est pas simplement un patientqui était très douloureux et qui est soulagé ; un bonrésultat, c’est un patient qui vit normalement, c’est-à-dire que c’est une personne dont la douleur habi-tuelle est faible, c’est une personne qui dort, c’estune personne qui peut mener ses activités, qui aparfois des accès douloureux, parce que même untraitement bien équilibré ne va pas empêcher, detemps en temps, qu’il y ait des pics douloureux dansla journée. Mais on en tolère au maximum 4 parjour, et quand il y a un pic douloureux, les patientsont un traitement et ce traitement fait rapidementdisparaître au moins 1/3 à 50 % de la douleur.

Quand on n’a pas d’effet secondaire, on peut direqu’on est dans un traitement qui est relativementoptimal et la stratégie est de proposer une escaladetant qu’on n’a pas ce résultat.

Un des avantages que l’on a – et c’est là où les opioï-des forts sont franchement très utiles et trèsemployés –, c’est qu’avec les agonistes purs du palierIII, on n’a pas de limite d’action ; plus on en rajoute,plus cela marche. S’il n’y avait pas d’effets secondai-res, ce serait très simple, il suffirait d’augmenter lesdoses. Et ce n’est donc jamais trop, ce sont des dosessur mesure, nous en reparlerons tout à l’heure. Maison ne peut pas dire, a priori, face à une personne,qu’elle prend trop ou ne prend pas assez. Il estimpossible de le déterminer au préalable.

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C’est tout le souci de la prise en charge de cespatients, parce que cela n’a pas forcément été ensei-gné en faculté de médecine aux anciens. Les forma-tions obligatoires en deuxième cycle datent d’il y aquelques années seulement. Les formations en EPU,ou à la fin de la faculté, n’ont pas changé radicale-ment les succès, les résultats en termes de prise encharge de la population.

Et comme nous ne savons pas déterminer paravance le dosage qui va marcher, la stratégie, quin’est peut-être pas la plus rapide pour obtenir lessoulagements, repose sur la titration. Cela permetd’arriver au résultat que je vous citais tout à l’heure,sans prendre de risque pour les patients.Tout le monde commence à peu près avec un mêmedosage. On va ensuite augmenter, tant que la dou-leur n’est pas contrôlée et on va augmenter dèsqu’on a le recul nécessaire pour juger l’efficacité.Par exemple, avec la morphine, on change les dosestoutes les 24 à 48 heures. On n’attend pas unesemaine pour savoir si cela marche ou pas.Dans ce processus, on va utiliser à la fois des molé-cules d’action longue – parce qu’en général lespatients ont mal 24 h/24, il faut donc couvrir les 24heures – et des médicaments d’action plus courtepour gérer les pics ou les accès douloureux. C’estpour cela que vous avez souvent des prescriptionsqui vont associer, parfois des molécules différentes,mais en tout cas des galéniques différentes.

Grandes probabilités de succès, mais parfois, mal-heureusement, il y a des échecs. Ces échecs, le plussouvent, sont déjà liés au fait que la douleur a étémal étiquetée initialement, a mal été évaluée ; enparticulier, on est passé à côté d’une douleur neuro-pathique qui n’est pas facile à diagnostiquer pourles médecins qui n’ont pas l’habitude ou qui n’utili-sent pas un petit questionnaire qui a été élaboré ily a quelques années et qui aide au dépistage. Et cesdouleurs neuropathiques, c’est 30 % des douleursen oncologie, quand elles sont liées au cancer.

Sur ces types de douleur-là, les opiacés ne sont pasforcément des traitements efficaces et c’est pourcela que l’on a recours au traitement des douleursneuropathiques, c’est-à-dire certains anticonvulsi-vants ou certains antidépresseurs, dont la plupartn’ont pas d’AMM dans les indications de douleur.

L’autre cause possible d’échec est que, avec la molé-cule opioïde choisie, on est arrêté dans notre esca-lade thérapeutique, donc l’escalade de dose, par uneffet secondaire que l’on est incapable de gérer et

qui devient épouvantable en termes de qualité devie. On est finalement face au constat que l’aug-mentation des posologies apporterait plus de pro-blèmes supplémentaires qu’elle ne résoudrait dechoses en soulageant les gens.

Là, rassurez-vous, nous avons des alternatives à pro-poser aux personnes. On traite déjà les douleursneuropathiques quand elles existent, et souventcela améliore. Ensuite, nous pouvons proposer unealternative thérapeutique. Ce qui est encore difficileavec les traitements opioïdes forts, c’est que s‘ilspartagent tous des effets indésirables possibles declasse, les effets indésirables sont en fait personne-dépendants et tout à fait imprévisibles. C’est-à-direque si on est par exemple limité par le vomissementavec une molécule, en changeant, on aura peut-êtrede la somnolence avec une autre ou pas du tout. Onva le découvrir au fur et à mesure avec le patient. Làencore, c’est du sur-mesure, on va tester, on va éva-luer et on va ajuster ou non en fonction du résultatet des inconvénients.

Autre option, changer la voie d’administration. Cesont des produits qui ont le plus souvent un méta-bolisme hépatique, parfois des métabolites actifs.En shuntant parfois la voie hépatique ou en appor-tant directement la molécule là où elle agit, c’est-à-dire au niveau de la moelle épinière ou du cerveau,nous pouvons parfois obtenir de bons résultats sanseffets indésirables, alors qu’auparavant on était blo-qué.

Quand tout cela ne marche pas, ou dans d’autressituations, on va être dans l’artisanat, c’est-à-direque l’on est loin de Evidence Based Medecine, pourla bonne et simple raison que c’est souvent la redé-couverte de propriétés d’anciennes molécules pourlesquelles les essais cliniques de grande envergurefont défaut. C’est le cas de la kétamine, de la per-fusion de lidocaïne en systémique pour la douleur,des choses que l’on fait relativement souvent,quand on est un expert, parce qu’il est normal quel’on gère des échecs, mais qui, proportionnellementà la masse de patients douloureux en oncologie,représente vraiment une petite minorité depatients.

Après avoir brossé le monde idéal de tout ce quel’on pouvait faire, qu’en est-il dans la réalité ?

Dans la réalité, ce qu’il y a d’intéressant avec le planCancer, c’est que la prise en charge de la douleurfait vraiment partie des objectifs de soins et annon-

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cée comme telle. Et la prise en charge de la douleurfait partie des soins de support en oncologie –l’acronyme SOS, très intéressant –, que sont tous lestraitements non spécifiques en parallèle des traite-ments de la maladie cancéreuse. Il y a la douleur, ily a les approches nutritionnelles, il y a le soutienpsychologique, il y a la gestion de la phase pallia-tive, il y a la gestion des problématiques sociales,etc.

Tout cela est aujourd’hui regroupé sous cettegrande dénomination des soins de support.

Vous l’avez vu tout à l’heure, normalement, si onveut espérer repérer et traiter ces patients – en toutcas ceux qui ont besoin d’être traités, parce qu’onpeut être douloureux sans nécessairement avoirbesoin d’un traitement –, il faut que tout le mondes’implique, parce que face à 1 million de personnesà traiter, ce ne sont pas les généralistes seuls quivont y arriver, d’autant plus que parfois, c’est unpeu compliqué pour eux ; ce n’est pas les cancérolo-gues seuls, qui voient de façon répétée, certes, maisponctuellement les patients, qui vont y arriver ;quant aux experts, ils sont assez peu nombreux et sion comptait uniquement sur nous, les listes d’at-tente seraient de 6 mois à 1 an.

Il y a donc besoin de mettre du lien entre tous lesintervenants et que tout le monde participe. Il esttrès important que les médecins de première ligneparticipent parce que, vous l’avez vu, on change lestraitements toutes les 24 heures. Il faut donc unecertaine réactivité.

Quand je vois, à Curie, un patient qui habite à 200km, si je n’ai pas un médecin traitant sur lequelm’appuyer, il est clair que ces processus de titrationoù on essaie d’aller vite en changeant tous les jours,cela ne va pas être fait aussi bien que quelqu’un quipeut être vu toutes les 24 à 48 heures.

Si on n’a pas ces relais, cela devient très difficile.

Aujourd’hui, il y a aussi beaucoup de volonté dedévelopper les centres d’étude et d’évaluation detraitement de la douleur, dans le cadre du planCancer, avec des financements qui ont aidé, mais ilest clair qu’aujourd’hui, sur les différents départe-ments, l’accès est assez inégal et surtout parfois avecdes délais plus ou moins importants.

Dans les petits centres – pas sur la cancérologie,parce que l’on va considérer comme une urgence,

non pas parce que c’est le cancer, mais parce quel’on peut avoir des résultats rapides – certains collè-gues ont des délais de prises en charge à plus de 3mois, par exemple, pour proposer un premier ren-dez-vous à des lombalgies chroniques. Ces collèguesessaient de faire plus en cancérologie. Mais on vatoujours essayer de raccourcir au maximum le délai,puisque l’on peut parfois avoir des succès en 24 ou48 heures.Logiquement, nous devrions nous, nous rendre trèsdisponibles pour les cas complexes et essayer de tra-vailler pour que les médecins de première ligne s’oc-cupent des personnes qui peuvent être gérées parl’application des standards de la médecine.

Pour le pharmacien, vous l’avez compris et vous lesavez, le problème est qu’il y a de nombreux pres-cripteurs, ce qui ne va pas rendre facile le suivi desordonnances sécurisées, parce que sur le plan admi-nistratif, ce n’est pas aussi simple que cela.

De nombreux prescripteurs qui changent tout letemps les ordonnances parce que, vous l’avez vu, onne peut pas deviner par avance la posologie et on vadonc changer tout le temps. Cela va finir par fairedes chevauchements dans tous les sens, avec aussi,vous l’avez vu, la nécessité parfois d’associer certainstraitements des douleurs neuropathiques ou autres.Et, si vous regardez bien, avec ces opiacés, ce sonttoutes des associations qui théoriquement sont dan-gereuses ou non validées.

Vous, en termes de responsabilité de délivrance,vous avez théoriquement des listes de médicamentsqui ne sont pas compatibles. Et c’est vrai qu’avecune ordonnance donnée, isolée du contexte, si vousne connaissez pas les personnes, vous n’êtes pas enmesure de savoir si cette ordonnance est adaptéeou pas. Si vous suivez les gens régulièrement, quevous voyez qu’il y a une évolution, une adaptationdes dosages, qu’il n’y a pas, d’un seul coup, 50 médi-caments nouveaux qui apparaissent, vous pouvezvous faire une petite idée, mais une ordonnanceprise isolément, présentée à n’importe quel expert,personne n’est capable de dire si cette ordonnanceest adaptée, parce que c’est du sur-mesure et queles doses fortes ne sont pas des doses fortes que l’ondétermine a priori, mais c’est le résultat d’un proces-sus avec une évaluation. Et on a trouvé, depuis long-temps, qu’en faisant cela, on ne mettait pas les gensen danger.

Un autre problème : celui des changements fré-quents de molécules, parce que l’on va parfois se

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trouver arrêté dans l’escalade. Il faudra changer etdonc gérer une ordonnance en cours et, 2 joursaprès, on se rend compte que l’augmentation nemarche pas. Il y avait pour 28 jours de traitement, ilfaut en catastrophe fournir un nouveau médica-ment qu’il n’y a pas forcément en stock. Certainesfois, cela devient même compliqué dans certainspetits hôpitaux où les pharmaciens n’ont pas la dis-ponibilité de toutes les molécules existantes.Tout cela vous pose des soucis, on le sait et on exigeaussi de vous une certaine réactivité. Et il est vraique, quand on voit des patients pour lesquels onfait des prescriptions, pour lesquels on attend uneévaluation dans les 24-48 heures, si parfois il fautattendre 3-4 jours pour avoir l’opiacé, on n’est passatisfait. Et même sur Paris – j’exagère –, j’ai encorevécu ces délais-là certaines fois cette année.

Donc, on bricole, grâce à nos collègues pharmacienshospitaliers, sur des délivrances. Je sais que si je voisun patient à 17 heures un vendredi, si je ne luidonne pas son traitement pour une partie du week-end, si c’est un traitement que j’initie, il va avoirbeaucoup de mal à se le procurer. Et ce sont souventdes gens fatigués, qui sont très douloureux, qui ontdu mal à se déplacer, ils ne vont donc pas aller cou-rir dans les pharmacies, le soir.

Pour certaines molécules que vous avez tous, dansles officines, cela ne pose pas de problème. Dèsqu’on est sur des molécules un peu « exotiques »,parce que peu prescrites, là, cela devient un vraisouci.

Il y a une réflexion à avoir, à la fois dans les petitshôpitaux où les collègues n’ont pas forcément tout,et aussi en ville.Quelle était la situation en France, il y a une dou-zaine d’année ?

Une enquête très bien faite, avec une méthodologietype INSEE, c’est-à-dire une population de patientsreprésentatifs. On retrouvait ces 57 % douloureux.Dans les 2/3 des cas, c’étaient des douleurs moyen-nes à très intenses, c’est-à-dire des gens qui sontvraiment gênés dans la vie au quotidien. Dans 70 %des cas simplement, ces patients avec des douleursmoyennes à très intenses étaient traités, et dans lamoitié des cas, ils étaient sous-traités, c’est-à-direlargement au-dessous des standards OMS.

C’est-à-dire qu’il y a 12 ans, on avait 1/3 de patientscorrectement traités aujourd’hui. On est loin des 80 % de patients que l’on peut soulager.

En 2005, la même équipe a refait l’enquête, avec àpeu près la même méthodologie. Elle n’est pasencore publiée. Les résultats ont été présentés lorsd’un séminaire.

Quelques progrès : il y a de plus en plus de prescrip-tions d’opioïdes forts.

Est-ce que raisonner en termes de quantité de mor-phine, d’équivalents de morphine prescrits dans unpays est le signe d’un progrès, pas forcément debonne qualité de pratique, mais en tout cas du faitqu’il y a moins de freins ? C’est évident.

Par contre, la grosse désillusion est qu’aujourd’huiencore 1/3 des patients avec des douleurs moyennesà intense n’ont aucun traitement antalgique, mêmepas de paracétamol, même pas d’AINS.

Nous comptons donc beaucoup sur le plan Cancer,qui a démarré en 2003.

Pourquoi ? Parce que les soins de support, et donc ladouleur, font partie des objectifs de ce plan. Ce sontdes objectifs de soin de qualité partout, c’est-à-direéquité dans l’accès aux soins, que l’on habite dansune petite ou dans une grande ville, avoir a prioriune prise en charge optimale.

Le plan Cancer insiste sur le travail en réseau et,vous l’avez vu, avec toutes les exigences que l’onpeut mettre pour que cela marche et pour gérer unflux de 1 million de personnes à traiter, il faut tra-vailler ensemble.

Des outils sont prévus dans ce plan Cancer, des réfé-rentiels pour aider les médecins, par exemple, quin’ont pas forcément l’habitude de voir régulière-ment des patients, pour savoir quoi prescrire, desaides à la prescription, des dossiers communicantspour permettre d’avoir les informations sur unpatient donné le plus rapidement possible, voire entemps réel.

De l’aide est prévue pour renforcer les structuresDouleurs existantes et il y a des réflexions sur ce quel’on appelle les pôles, c’est-à-dire identifier, dans laprise en charge du cancer, les centres experts et queces centres experts soient clairement identifiés auniveau de chaque territoire de santé d’une région,avec des précisions sur quel patient, quand, où,comment, avec quelles modalités, que tout cela soitassez transparent et que l’on ne soit pas simplementdans des réseaux de personnes qui se connaissent,

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mais que ce soient vraiment des réseaux de territoi-res de santé transparents.

Il y a également une obligation qui va être faite,pour les établissements qui feront de la cancérolo-gie. Ils seront maintenant soumis à accréditation et,théoriquement, la nécessité d’avoir prévu les soinsde support dans le projet d’établissement sera uneobligation. Les établissements de santé compren-nent également les HAD.

Petit à petit, il y aura un maillage où on aura sansdoute aussi plus facilement l’accès aux experts.

Ces besoins en soins oncologiques de support, c’est-à-dire la douleur, mais pas simplement, font partieaussi des objectifs d’évaluation, dès l’entrée dans lamaladie, ce que l’on appelle le dispositif d’annonce,bien sûr en parallèle de « que doit-on faire pour cecancer ? », faire le point des problématiques dedouleur, problématiques sociales, problématiquesnutritionnelles, repérer les besoins même s’il n’y apas de besoin, expliquer que les prises en chargesont possibles et avoir une lisibilité, c’est-à-dire don-ner au patient des coordonnées en disant qui faitquoi.

Bien sûr, le plan Cancer a initialement été fait sur lalégislature jusqu’en 2007. Personne n’imaginaitqu’en 4 ans, tout serait réalisé. On n’est donc pasforcément très pessimiste de ne pas avoir vu toutcela se réaliser au jour le jour.

Vous l’avez compris, il y a vraiment une grandenécessité pour réduire l’écart entre ce qui peut êtrefait, que l’on connaît depuis 20 ans, et ce qui est fait

aujourd’hui. Cela passe par la diffusion de connais-sances et surtout le travail en réseau ; et dans leréseau, il y aura les pharmaciens, c’est clair. Il est vraiqu’il est trop triste, certaines fois, quand on estappelé pour participer dans des réseaux où il n’y apas de pharmaciens impliqués, parce qu’à unmoment donné, il faut tout de même impliquer lespharmaciens, à la fois en termes de réactivité pourles patients, mais aussi pour vous, parce que cela faitaussi partie de votre suivi, avoir un minimum d’in-formations sur ce qui se fait, c’est très, très impor-tant.

Tout cela dans un objectif de réactivité parce que,vous l’avez compris, on peut faire très vite pour sou-lager une douleur cancéreuse. On n’a pas forcémentbesoin de 15 jours pour soulager un patient qui esttrès douloureux, avec la possibilité derrière, si onmet un peu d’huile dans tous ces rouages, de facili-ter l’accès aux experts, puisque les experts ferontvraiment leur travail d’expert et pas le travail pardéfaut qui n’est pas fait en première ligne.

On aura aussi besoin de recherche clinique, je vousl’avais dit, pour les prises en charge des échecs quel’on a dans l’artisanat, parce qu’on n’a pas de don-nées et on a du mal à monter les essais d’inventairede PHRC.

Et puis – nous militons beaucoup pour cela augroupe Douleur de l’INCA, il faut bien sûr traiter lesdouleurs liées au cancer, mais ne pas oublier nonplus toute la prise en charge des séquelles doulou-reuses qui nécessitent souvent une prise en chargecomplexe par des experts.

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Je remercie les organisateurs de me donner l’oppor-tunité de parler de la nutrition en cancérologie.Comme vous le verrez, c’est un sujet passionnant etencore nouveau et il y a beaucoup de choses à faire.

Je suis responsable du Comité de liaisonAlimentation Nutrition dans les hôpitaux. Ce typede comité a été mis en place en1997 pour essayer deprendre en charge les problèmes nutritionnels chezles patients hospitalisés.

Et nous, à l’IGR nous avons commencé en 2002 et nousavons été un peu interloqué. On a commencé à réflé-chir là-dessus. C’est un sujet vraiment passionnant.

Pourquoi ? Plantons le décor.

10 à 30 % des patients atteints de cancer sont dénu-tris. Dans certaines pathologies tumorales, cela vajusqu’à 60 %. Au départ, quand j’ai commencémédecine, il y a pas mal de temps, on disait : « Ladénutrition fait partie du cancer. » Et on sait main-tenant qu’à statut moral égal, à cancer égal, lepatient dénutri peut avoir une morbidité plus éle-vée, une qualité de vie médiocre, une mortalité plusélevée. Et depuis 2-3 ans, on sait que la toxicité dela chimiothérapie est plus élevée.

Ce n’est donc pas un simple constat : « Ma foi, il estdénutri et on ne peut rien faire. » Il faut faire quel-que chose, parce que le patient dénutri aggrave saqualité de vie.

Deuxièmement, là où nous, nutritionnistes, sommesun peu bloqués, c’est que les mécanismes de ladénutrition dans le cancer sont multiples.

Il y a bien sûr la diminution des ingestats. Le patientqui a un cancer a du mal à manger, pour différentesraisons. On pourra les développer plus tard.

Mais aussi ce paramètre inflammatoire. Certainestumeurs sécrètent des cytokines qui font que la

tumeur va autocannibaliser l’organisme. Et là, quelque soit le support nutritionnel, on n’arrivera pas àrégler la dénutrition.

Troisièmement, on connaît peu de choses en nutri-tion dans le cancer. Mais là où il ne faut vraimentpas louper le coche, c’est quand on a des situationspathologiques pour lesquelles il a été montré que lanutrition sert et que l’on a du mal à les mettre enplace. Et je montrerai quelques exemples.

Je vais essayer de vous développer quels sont lestypes d’assistance nutritionnelle en cancérologie etcomment on peut les utiliser, avec les 3 grands cha-pitres : conseils diététiques et complémentationorale (je crois qu’il faut les mettre ensemble, cela vade pair) ; la nutrition entérale et la nutrition paren-térale.

Conseils diététiques et complémentation orale :quelles sont les indications théoriques ?

Il y a 4 indications : les patients qui sont traités parradiothérapie, notamment la radiothérapie ORL. Jene sais pas si vous en avez vu, si vous en suivez, cesont des malades qui ont la sphère ORL brulée parles rayons. Ils ont des mucites, il leur est complète-ment impossible de s’alimenter. Et là, il y a un rôle,il y a une action que l’on peut faire.

Le deuxième sujet un peu délicat, c’est la complé-mentation orale au cours des tumeurs solides. Lepatient est traité par chimiothérapie pour cancerdu côlon, cancer du poumon. Il maigrit petit à petit.On lui prescrit des compléments nutritionnels. Et là,ma foi, je serai un peu gêné pour vous dire « Çamarche, ça marche pas ». On détaillera plus tard.

Le troisième point que je voulais aborder est l’im-munonutrition. On en parle beaucoup. Je vous diraice que c’est et quelles sont les indications.Et dernier point, les situations palliatives : est-cequ’il y a une place, chez ces patients en phase termi-

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Assistance nutritionnelle aux patients atteints de cancerSami Antoun

Service d'anesthésie réanimation de l'institut Gustave Roussy

François Lemare

Le Dr Sami Antoun est membre du Comité de liaison Alimentation Nutrition, le CLAN, de l’Institut GustaveRoussy. Il va nous parler de l’assistance nutritionnelle aux patients atteints de cancer, qui est une autrefacette des soins de support des patients atteints de cancer.

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nale, pour la prise en charge par compléments nutri-tionnels oraux et est-ce qu’il y a une place pour cer-tains acides gras, notamment oméga 3 ? On yreviendra.

Cancer ORL, radiothérapie : il y a une place majeure.Actuellement, je crois qu’il est inadmissible qu’unmalade traité par radiothérapie pour une tumeurORL n’ait pas un suivi carcinonutritionnel par unediététicienne. Il y a beaucoup d’études là-dessus, jen’en cite que quelques-unes, notamment celle-ci.

Ont été comparés 2 groupes : groupe Nutritionorale, versus groupe absence de nutrition orale. Etvous voyez la différence de perte de poids : ceux quirecoivent une nutrition orale perdent 0,4 kg versusceux qui ne sont pas traités qui perdent 4 kg.

Quand je fais des cours aux internes, je leur dis : maisà la limite, le poids est secondaire c’est la qualité devie qui compte ». Et dans cette étude, ce qui est inté-ressant, c’est qu’ils ont fait un suivi de qualité de vieet ceux qui sont pris en charge ont une qualité de viemeilleure. Et je crois que ça, c’est important, c’est-à-dire qu’on n’est pas simplement efficace pour faireprendre du poids au malade, cela se traduit égale-ment par une qualité de vie améliorée.

Actuellement, les compléments nutritionnels orauxau cours des radiothérapies, doivent à mon avis êtreune obligation. Il ne faut plus laisser sortir lespatients sans prise en charge, sans suivi diététique.

Là où je suis un peu gêné, ce sont les complémentsnutritionnels au cours de la chimiothérapie. C’est lagrande majorité de nos malades – c’est le cancer ducôlon, du poumon – qui, à chaque cure de chimio-thérapie, perdent un peu de poids. Nous leur pres-crivons des compléments nutritionnels et, j’allaisdire, on prescrit pour le placard. Ils ont tous leur pla-card plein.

La difficulté est que l’on a peu d’études qui nousmontrent l’interêt de cette prescription. Dans cetteétude, vous le voyez, les apports énergétiques sontaméliorés, mais par contre l’action sur le poids etl’action sur la qualité de vie sont difficiles à prouver.

Ce n’est pas étonnant, parce que prendre 2 complé-ments nutritionnels oraux par jour pendant 5 à 6mois, il faut vraiment le suivre. Comme m’a dit unjour un patient, « Moi, 2 tranches de foie gras parjour pendant 5 mois, je n’arrive pas à tenir, donc voscompléments nutritionnels… »

Et je crois qu’on a toujours péché, avec ces complé-ments nutritionnels, par le fait de la compliance despatients. Et nous, médecins, ne les avons pas bienprescrits. Je crois qu’il ne faut pas les prescrire aulong cours, il faut les prescrire ponctuellement, ilfaut vraiment mieux utiliser cette arme thérapeuti-que. Et nous manquons d’études à ce sujet-là.

Donc, compléments nutritionnels oraux et chimio-thérapie, il y a à faire. On les prescrit, on les donne,on n’est pas sûr que les patients les prennent. Il y alà un réel travail à faire.

L’immunonutrition, c’est quoi ? C’est un fourre-toutoù l’on a utilisé des nutriments, certes pour leurvaleur énergétique, mais aussi pour une affinitéautre. Je répondrai à vos questions, si vous le sou-haitez. Il y a eu, dans le commerce – vous les avezeus – pas mal de produits. Et le seul qui ait survécu,c’est l’Oral Impact. Le laboratoire a fourni beaucoupd’études et notamment une étude faite par uneéquipe italienne, qui était assez intéressante dans lepéri-opératoire de chirurgie digestive. L’étude estbasée sur le principe qu’il faut donner cette immu-nonutrition pour stimuler l’organisme avant l’inter-vention chirurgicale et après l’intervention chirurgi-cale. L’étude comporte 3 bras : un bras avant l’inter-vention chirurgicale seulement ; 1 bras avant etaprès ; 1 bras sans rien du tout. Et, comme vous levoyez, dans les deux premiers bras les taux de com-plication post-opératoire sont identiques et nette-ment moins élevés que chez les patients qui n’ontrien eu.

C’est vraiment cet article qui a été à la base et qui apermis au laboratoire d’obtenir l’AMM depuis octo-bre 2006.

Depuis octobre 2006, rien que sur cette étude, onpeut utiliser cette immunonutrition en chirurgiedigestive carcinologique programmée et on en attendune diminution des complications infectieuses.

Quelle est l’histoire de l’oméga 3 ? Les acides grasoméga 3, vous l’avez probablement lu dans la litté-rature, sont des acides qui vont aller se poser sur lamembrane cellulaire. Nos membranes cellulairessont faites de phospholipides et la nature des lipidesque l’on va ingérer va conditionner notre mem-brane phospholipidique. C’est vraiment l’interfaceentre l’extra- et l’intracellulaire. Les acides grasoméga 3 vont aller se poser, s’intégrer dans cettemembrane phospholipidique et transformer lessignaux en signaux anti-inflammatoires.

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Cela a été pas mal utilisé dans l’athérosclérose, dansles maladies rhumatismales. Et comme le cancer est unétat inflammatoire chronique, les gens se sont dit :« On va essayer sur des patients qui ont le cancer,pour voir si on arrive à bloquer cette inflammation. »

Il y a effectivement eu des études cellulaires etbeaucoup d’études animales. Et malheureusement,on pêche sur les études humaines. Deux ou troisétudes nous ont donné vraiment beaucoup d’espoir.En particulier, une d’étude d’il y a 5-6 ans qui com-parait un groupe de patients qui a pris des acidesgras oméga 3 versus un groupe qui n’a pas prisd’acides gras oméga 3. La prise d’acides gras oméga-3 a permis d’améliorer les capacités fonctionnellesdes patients. Deux ou trois études nous ont ensuiteun peu bloqués. On a eu du mal à mettre en évi-dence cette activité de l’acide gras oméga 3.

Néanmoins, je crois qu’il ne faut pas jeter le nourris-son avec l’eau du bain, il faut encore travailler cesujet. Le concept est intéressant, c’est-à-dire quel’on va essayer de moduler la réaction inflamma-toire pour laquelle on n’a pas d’action et par làpeut-être bloquer la cachexie cancéreuse.

J’ai essayé de balayer un peu les compléments nutri-tionnels oraux et leurs indications.

Quelles sont les indications potentielles de la nutri-tion en cancérologie ?En pré- et post-opératoire de chirurgie digestive : il ya des indications et je vous en montrerai des preuves.Pour les tumeurs des voies aérodigestives supérieu-res, les cancers ORL, il est évident que l’on ne peutplus ne pas les traiter avec une nutrition entérale etun apport nutritionnel satisfaisant.

La nouveauté, c’est la place de la nutrition entéraledans les hémopathies malignes, il s’agit d’une indica-tion qui à mon avis va s’imposer dans les 2-3 ans à venir.

En péri-opératoire : dans le cas de patients dénutris,actuellement, on n’a plus le droit de l’opérer sansprise en charge nutritionnelle préopératoire. Jepense que cela devient une erreur médicale que dene pas mettre une nutrition artificielle en préopéra-toire d’un malade dénutri.

Je citerai en exemple une revue récente, il y a un anà peu près, la Société européenne, a inscrit les indi-cations de la nutrition entérale péri-opératoire dansson référentiel. Dans les situations de dénutrition(perte de poids, indice de masse corporelle, taux d’al-

bumine), une nutrition entérale préopératoire doitêtre instaurée pour une durée d’une dizaine de jours.

Le but n’est pas tellement de faire regagner dupoids au malade et de retarder l’intervention, le butest simplement de renormaliser les milieux intra- etextracellulaires. Et le fait est que des études clini-ques ont apporté la preuve qu’une nutrition enté-rale ou parentérale de courte durée, d’une dizainede jours avant une intervention chirurgicale permetde diminuer les complications infectieuses par fac-teur compris entre 5 et 10.

Et je pense qu’actuellement opérer un patientdénutri sans prise en charge nutritionnelle, relèvede l’erreur médicale. Et je vous assure, ce n’est mal-heureusement pas pris en charge.

En postopératoire, il faut aussi prendre en charge lepatient. Le patient dénutri doit avoir un suivi nutri-tionnel, une nutrition artificielle si nécessaire.Plusieurs études le montrent et cette même revuesignale 35 études randomisées montrant des preu-ves, des trucs en béton armé qui montrent qu’unenutrition entérale – c’est-à-dire utiliser l’intestin –est meilleure que faire une nutrition parentérale.

Actuellement, lors de toute chirurgie digestivehaute, il faut mettre une jejunostomie d’alimenta-tion ou une sonde nasogastrique d’alimentation. Lefait est qu’il faut utiliser l’intestin quand c’est possi-ble et ce sont les bonnes pratiques. Ce n’est pas trèsappliqué, mais ce sont les bonnes pratiques.

Quand on est en face des tumeurs des voies aérodi-gestives supérieures, il est clair que le malade ORLqui est traité par chimiothérapie et/ou radiothérapiene peut pas s’alimenter. J’ai un collègue àMontpellier, qui est très passionné par la nutrition,comme nous le sommes tous et il dit : « Moi, je refusede traiter un malade qui a un cancer ORL par radio-chimiothérapie sans gastrostomie d’alimentation. »

À Montpellier, si vous voulez vous faire soigner pourun cancer ORL, c’est radio, chimio et nutrition. Cen’est pas discuté, sinon vous allez ailleurs. Et je croisqu’il faut être, à la limite, aussi rigide que cela, parceque c’est un manque de chance que l’on donne aumalade. Il est clair qu’un malade chez qui on a brûléla sphère ORL, qui reçoit une chimiothérapie quidonne des nausées et des vomissements, commentvoulez-vous qu’il s’alimente ? Or, on sait actuelle-ment que la dénutrition est un facteur de risque. Ilfaut donc mettre la gastrostomie avant de démarrer.

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Des études sont nombreuses. Je cite simplement unedes collègues de Caen, qui montre qu’une gastros-tomie précoce versus un groupe contrôle – histori-que, parce qu’à mon avis, on n’a plus le droit defaire cela –, la perte de poids est plus importantequand on ne traite pas. Et surtout, ce que je trouveintéressant, ce sont les hospitalisations pour déshy-dratation : c’est-à-dire que le malade ne revient plusà l’hôpital, il est géré chez lui, à domicile.

Le point un peu nouveau dans ce que je vous raconteest la nutrition entérale dans les hémopathies mali-gnes, les inductions de leucémie aiguë, les allogref-fes de moelle. Ce sont des patients qui restent 1 moisen chambre stérile, avec une toxicité digestivemajeure. Et le dogme était : surtout ne pas leur don-ner à manger, parce que l’intestin est fragile.

Or, c’est un concept complètement aberrant et ce sontles pédiatres qui, depuis 1998, nous l’ont appris : ilfaut utiliser l’intestin, surtout dans ces situationsextrêmes, parce que le patient dans cette situationprésente une leucopénie et donc une immunodé-pression. Qui plus est, quand l’intestin est fragile,tous les germes passent de l’intestin vers la circula-tion sanguine. Or, on sait actuellement que la nutri-tion entérale améliore la trophicité de l’intestin.

Mais changer les habitudes, c’est très difficile.L’équipe de Lille qui a fait cette étude a montré queles décès par infection sont moindres quand on uti-lise la nutrition entérale et que les toxicités digesti-ves sont moindres. L’auteur raconte que pour faireaccepter cela, il a fallu convaincre les hématologueset il se mettait la sonde lui-même pour leur dire : cen’est pas délétère. Il n’est pas allé jusqu’à faire lachimio, mais quand même…

Je crois que c’est l’avenir. Dans les 3-4 ans qui vien-nent, il faut faire cela. Ce sont donc les indicationsde la nutrition entérale.

Quelles sont les indications de la nutrition paren-térale et quelles sont les propositions en cancéro-logie ? Au cours du traitement à visée curative.J’insiste : en préopératoire, en péri-opératoire, unpatient dénutri doit être pris en charge, que ce soiten entéral ou en parentéral. Une nutrition parenté-rale de courte durée en préopératoire est satisfai-sante. Au cours des chimiothérapies pour tumeurssolides (le cancer du côlon, le cancer du poumondont nous avons parlé antérieurement) : je ne saispas, et j’essaierai de développer. Au cours des gref-fes de cellules souches hématopoïétiques, il faut

prendre en charge la nutrition.

Et le dernier débat qui est intéressant actuellementet qui préoccupe les nutritionnistes, c’est la place dela nutrition parentérale dans les phases terminalespalliatives, avec une carcinose péritonéale, c’est-à-dire cette compression de l’intestin, un obstaclemécanique.

En péri-opératoire, c’est vraiment quelque chose quiest connu. J’attire votre attention : on le sait depuis1991. Et je ne sais pas si vous connaissez les hôpitauxet les patients opérés, si c’est mis en place. C’est vrai-ment difficile à mettre en place.

Cette étude intéressante, on le sait depuis 15 ans. Ilsont coté la dénutrition en faible, modérée et sévère.Regardez simplement la dernière ligne : lorsque lespatients reçoivent une nutrition parentérale totale,le taux de complication est de 5 % ; lorsqu’ils n’ontpas de nutrition parentérale, le taux de complica-tion majeure passe à 50 %. Cela frise le scandale, dedire qu’il suffit de nourrir un patient 7 jours avantl’intervention pour abaisser de 10 fois le taux decomplication infectieuse et de constater que ce n’estpas toujours mis en pratique.

Quand on sait que les chimiothérapeutes se basentsur une durée de survie, où ils gagnent la survie de3 % et ils disent : « Oui, ma molécule a amélioré lasurvie de 3 %. », on leur dit : « Nourrissez-le, vousaméliorerez la survie de 10 fois. »

Dans les situations de chimiothérapie au cours destumeurs solides, c’est-à-dire ces patients chez quiont fait des traitements, qui maigrissent de 1 à 2 kgpar cure et que l’on trouve, au bout de 5 cures,dénutris : est-ce qu’il faut mettre une nutritionparentérale ? Ce n’est pas sûr.

Parce que ce n’est pas anodin. C’est-à-dire qu’utili-ser un cathéter sous nutrition parentérale, c’est ris-quer d’infecter le cathéter, de perdre la voie vei-neuse qui va handicaper la poursuite de la chimio-thérapie. Il y a 4-5 ans, on n’avait pas le droit. C’étaitinterdit. Des revues nous disaient : « Il ne faut pas. »Les anciens cancérologues, dès qu’ils voyaient unepoche de nutrition, l’arrêtaient, insultaient l’in-terne, et ainsi de suite.

Et de plus en plus, nos pratiques ont changé enmatière de nutrition parentérale. Parallèlement, leschimios ont changé. Il y a 2 ans, un travail a per-turbé le milieu des nutritionnistes.

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C’est une équipe allemande qui a mis, chez des patientssouffrant de cancers digestifs une nutrition parentéraleavec un apport de1 000 calories, donc partiel.

Le résultat était assez époustouflant, c’est-à-direque la courbe de survie est améliorée, la qualité devie également. On améliorait tout, sauf qu’on esttout de même un peu gêné, parce que quand vousregardez la dernière ligne, cet apport nutritionnelparentéral n’a pas modifié grandement l’apporténergétique.

Il est vrai, quand on discute avec l’auteur, il dit : « Cesont mes résultats. » et il est vrai qu’il améliore laqualité de vie, il améliore la survie, mais il n’arrivepas à expliquer pourquoi. Parce que tout comptefait, le groupe qui est sous nutrition parentérale a2 200 calories ; et le groupe qui n’est pas sous nutri-tion parentérale a 2 200 calories. Ce n’est donc paspar le biais de l’apport énergétique qu’il amélioreles choses.

Néanmoins, cela a perturbé et remis en question cedogme qui est : pas de nutrition pendant la chimio-thérapie. C’est vraiment à discuter.

À mon avis, dans les 2-3 ans, des études conclusivesseront publiées. Ce n’est pas sans conséquence,parce que vous, en ville, vous allez avoir des ques-tions. C’est-à-dire que si jamais on commence à pres-crire des nutritions parentérales, cela va se faire àdomicile, parce qu’on ne va pas garder hospitalisé 5-6 mois le malade pendant les 6, 7, 8 cures de chimio-thérapie. Le patient recevra sa poche à domicile, ilva falloir suivre, derrière.

Donc, est-ce que c’est intéressant, est-ce que c’estindiqué ? Je crois que c’est une autre voie d’avenir.

Les allogreffes : ce sont ces malades dont je vousparlais qui ont beaucoup de troubles digestifs. Ilfaut les prendre en charge, en entéral si possible,mais si ce n’est pas possible, en parentéral. Il ne fautvraiment pas les laisser sans nutrition artificielle.

On a fait une petite enquête à l’IGR. Les patients enallogreffe perdent, par jour, l’équivalent de 500 gde muscle. Quand ce sont des patients qui sont hos-pitalisés 2 à 3 semaines, le déficit musculaire esténorme.

Il n’est plus autorisé de les laisser sans nutrition arti-ficielle, parentérale pourquoi pas, mais surtoutentérale, de plus en plus.

Le palliatif est vraiment quelque chose de complexe,qui fait intervenir beaucoup de notions d’éthiques.Néanmoins, on sait maintenant, selon quelques étu-des que si le patient est au stade de l’obstacle méca-nique de la carcinose péritonéale, c’est-à-dire cestumeurs qui vont obstruer l’intestin et entraîner unobstacle mécanique, là, oui, la nutrition parentéralepeut améliorer la survie et la qualité de vie, commevous le savez.

À qui cela s’adresse-t-il ? Cela s’adresse à despatients souffrant de cancers de l’ovaire, de cancersdigestifs. Les chimiothérapeutes leur donnent unpeu de chimiothérapie, en leur apportant la nutri-tion on améliore vraiment. C’est vraiment une avan-cée majeure.

J’ai essayé de balayer toutes les indications de l’as-sistance nutritionnelle. C’est vraiment un schémasur lequel Philippe Poulain, notre spécialiste dessoins paliatifs m’a orienté.

Or maintenant, le concept est que le cancer n’estplus une maladie « on-off », c’est-à-dire : on guéritou on meurt. La phase palliative dure maintenantdes années. C’est une maladie chronique.

Comment s’inscrit le support nutritionnel et l’assis-tance nutritionnelle dans tout cela ?

Au tout début, dans la phase curative, je crois qu’ilfaut être vraiment intraitable, ce sont les conditionspéri-opératoires, ce sont les greffes de cellules sou-ches, les greffes de moelle, c’est la pathologie ORL.Là, c’est de l’erreur médicale.

Dans la phase palliative, quel est l’objectif recherché ?Améliorer la qualité de vie, améliorer les symptô-mes, diminuer la toxicité des traitements.

Comment s’inscrivent les différents supports donton a parlé au début ?

En fin de vie, oui, il y a peut-être une place sur lanutrition parentérale, sur ces carcinoses péritonéales,c’est-à-dire ces compressions du tube digestif. Il y aune place des oméga 3 : agir sur ce paramètre inflam-matoire, c’est peut-être aussi une voie d’avenir.

J’ai essayé de vous dire les différentes armes théra-peutiques que l’on a pour traiter cette dénutritiondans le cancer.

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François LemareVous avez vu la passion qui anime ces deux méde-cins chargés de prendre en charge les patientsatteints de cancer. Tous les deux, quotidiennement,travaillent aux côtés des cancérologues et vousvoyez que, par leur implication, ils arrivent à avoirdes résultats qui sont aussi intéressants que ceuxque l’on peut obtenir avec certaines chimiothéra-pies.

Les deux présentations sont ouvertes pour discus-sion. Est-ce que vous avez quelques questions àposer ?

Je vais lancer la discussion. Vous parliez des supplé-ments nutritionnels oraux et vous compariez cessuppléments nutritionnels avec des tranches de foiegras que les patients n’arriveraient pas à prendre àprendre quotidiennement. Effectivement, je croisque cela pourrait être difficile.

Avez-vous l’expérience de patients qui utilisent plu-sieurs goûts différents, plusieurs consistances diffé-rentes ? Et quelle est la tolérance dans cette situa-tion ?

Sami AntounC’est vraiment un sujet passionnant. On sait que lespatients traités pour le cancer ont des troubles dugoût et de l’odorat. On a les trois quarts despatients qui ont soit un trouble du goût, soit untrouble de l’odorat.

Et ces troubles du goût et de l’odorat, ce n’est pasviable, et dans le temps, et dans l’espace. C’est-à-dire que le matin, ils ont envie de cela, le soir, ilsn’ont pas envie de cela. Et c’est vraiment phénomé-nal et intéressant.

Or, on manque d’études pour savoir les mécanismes,comment cela se situe. Et un des moyens, effective-ment, est de varier les compléments. C’est notrerôle, c’est-à-dire qu’il ne faut pas donner le cartonde goût vanille pendant 30 jours.

Et c’est vraiment intéressant, parce qu’il faut dire aupatient que c’est normal, ce n’est pas lui qui fait latête, qui boude. Les variations du goût sont physio-logiques et il n’arrive pas à garder la même alimen-tation.

Néanmoins, malgré la variation des goûts – et leslaboratoires ont beaucoup travaillé là-dessus – et lavariation des textures, le salé et le sucré, on a main-

tenant une gamme phénoménale, malgré tout cela,6 mois à tenir sur les compléments oraux, c’est vrai-ment très rare.

Seuls ceux qui « tiennent » sont les malades ORL,parce qu’ils n’ont plus beaucoup de goût, plus beau-coup de problèmes.

Mais je crois qu’il faut que nous réfléchissions à lamanière de les prescrire, parce que la compliance dumalade est importante. C’est-à-dire que quand lemalade vient d’avoir sa chimiothérapie, les nauséeset les vomissements, la semaine qui suit, ce n’estpeut-être pas le moment de lui dire : « Mangez, etprenez ces compléments. » Il faut au contraire luidire, juste avant la prochaine cure, c’est là que l’or-ganisme est en train de se reconstituer, est en trainde refaire ses réserves : « Prenez-les, les 10 joursavant la chimio. »

Et peut-être que nos médecins raisonnent commeune intervention chirurgicale et penser qu’une priseen charge nutritionnelle courte préopératoire amé-liore les choses. Eh bien faisons une nutrition enté-rale et des compléments oraux courts avant la pro-chaine cure. Faites ça et on obtiendra une com-pliance des malades.

Mais en tout cas, à mon avis, la prescription du type : « Prenez ces 2 compléments nutritionnels. », sansexplication, sans rien derrière, est vouée à l’échec. Ilsvous les ramènent.

Luc Biousse pharmacien d’officine à Lyon. On a des prescriptions médicales qui arrivent à l’of-ficine, avec marqué simplement « complémentsnutritionnels », point barre.Que doit-on donner dans les gammes qui sont trèsétendues : HP, hypercalorique, hyperprotidique,sans lactose, avec lactose… enfin, il y a toute unegamme de produits. Quels sont les plus adaptés ?

Sami AntounSans rentrer dans les deux spécialités, c’est-à-dire lesoméga 3 et l’Oral Impact, à mon avis, la prescriptioncorrecte qui doit sortir de l’hôpital est : complémentnutritionnel hypercalorique ou hyperprotidique. « Complément nutritionnel » seul ne suffit pas. Maisrentrer dans le détail, ce n’est pas notre travail.

Pour répondre directement à votre question, aussi,une prescription correcte arrive, c’est-à-dire « com-plément nutritionnel hypercalorique, hyperprotidi-que », je crois qu’il faut donner un échantillon. Il

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faut donner pour la semaine, 2 boîtes de 14, et luidire : « Testez, ramenez-moi les boîtes, je vous endonnerai d’autres. » et lui expliquer que c’est nor-mal que les goûts varient. Le matin, s’il aime le goûtvanille, le soir ou le surlendemain, il ne va pas l’ai-mer, c’est vraiment normal. Et il faut qu’il essaie des’adapter.

Et ne pas donner des stocks pour 1 mois, parce quenous faisons nos prescriptions pour 1 mois. Il fautvraiment varier. Moi, si j’ai appris quelque chose,c’est que le goût se modifie du matin au soir.

Et par principe, si vous n’avez pas d’indication, don-nez de l’hyperprotidique, parce que les malades encancérologie – il y a 2-3 papiers là-dessus – perdentbeaucoup de protéines et ont du mal à refaire leurstock protéinique. Donc, si le médecin est restévague, donnez de l’hypercalorique ou du normoca-lorique, mais surtout de l’hyperprotéiné.

Souvent, les études ont montré que le malademange suffisamment en termes de calories, mais pasen termes de protéines. L’autre message, c’est :varier, varier. La rythmicité du goût, la variabilité dugoût est affolante.

François LemareUne question pour Thierry Delorme. On a parléprise en charge de la douleur, nutrition. Est-ce qu’ily a une interaction nutrition/prise en charge de ladouleur ? Je pense notamment en termes de consti-pation des patients sous compléments nutritionnelsoraux et traités par morphiniques par ailleurs. Est-ce que c’est toléré ?

Thierry DelormeIl est clair qu’avec les opioïdes, on a plus de 90 % despatients qui sont constipés, donc qui vont devoir, enplus des nombreux traitements qu’ils ont déjà, avoirdes traitements préventifs de la constipation.

Le souci est que, là encore, on ne peut pas faire derecommandations, parce qu’il n’y a jamais euaucune étude qui comparait un traitement préven-tif contre un autre. Là encore, on ne peut donc pasdire : le médecin a donné ce qu’il faut ou ce qu’il nefaut pas. C’est une première problématique.

Le plus souvent, on arrive à le régler et, même si cesmédicaments se ressemblent tous beaucoup, je vousl’ai dit, il y a des effets qui sont peu personnes-dépendants et parfois, quand on n’y arrive vraiment

pas, on se pose la question de changer de moléculepour essayer de gérer cela.

L’autre versant – qui est en train de se développer àl’heure actuelle, mais c’est embryonnaire et, pour lemoment, on est sur des données animales – est surdes thérapies nutritionnelles à visée antalgique,parce qu’il est possible que le fait d’appauvrir notrealimentation en certains éléments pourrait, en ter-mes d’impact sur la douleur, pour résumer, redonnerde la puissance aux morphiniques, c’est-à-dire allerbloquer les systèmes antimorphiniques qui se met-tent en place dès que l’on fait une première admi-nistration de morphine.

C’est le rationnel pour lequel j’utilise la kétamine etil y a un régime qui a été développé chez l’animal,qui est vendu, qui s’appelle Castase, que l’on com-mence à utiliser dans des études cliniques de recher-che chez l’homme.

Cela pose des problèmes de goût, parce qu’il y a uni-quement deux goûts ; parce qu’il faut sans doutefaire ces traitements au long cours ; parce que celas’associe à des aliments conseillés ou déconseillésqui, quand ils changent complètement les habitudesalimentaires des sujets, ne permettent pas de tenirla route. C’est donc très embryonnaire, mais peut-être que dans 5 à 10 ans, vous aurez systématique-ment des prescriptions de thérapie nutritionnelle encomplément des thérapies antalgiques, comme onaura peut-être, dans 10 ans, des thérapies nutrition-nelles en complément des traitements de chimio-thérapie au long cours, ponctuellement, sur despériodes de 5 à 10 jours. La thérapie nutritionnelleen oncologie est en train de bouger.

Sami AntounJe me permets d’apporter un commentaire. La rela-tion douleur/nutrition est vraiment passionnante. Ily a eu 2-3 études, notamment en pédiatrie, quimontrent qu’un des facteurs majeurs de dénutritionen cancéro est la douleur et qu’un malade chez quion traite la douleur mange mieux et ne perd pas depoids.

François LemareJustement, par rapport à la pédiatrie, en néonatalo-gie, on soigne la douleur par du saccharose ensublingual. A-t-on essayé d’utiliser le saccharosedans le traitement de la douleur cancérologique ?

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Thierry Delorme Je pense que c’est quand même quelque chose d’as-sez particulier à l’enfant, le réflexe de succion, latétée, etc. Je crois que ce n’est pas forcément trans-posable aux autres périodes de la vie. Cela pourraitpeut-être être fait, mais en tout cas, cela n’a pas étéfait.

Nicole TerrierQu’entendez-vous par immunonutrition ? Est-cequ’il s’agit de probiotiques, prébiotiques tels qu’onles utilise dans l’alimentation infantile ou est-ceque c’est tout à fait autre chose ?

Sami AntounC’est un fourre-tout que les nutritionnistes utilisent.C’est une gamme de produits majeure, une gammeimportante de produits. Cela va des acides aminés…on utilise dans l’immunonutrition, l’alicament, c’est-à-dire l’aliment qui est médicament, ce sont des pro-duits qui ont, en plus de leur valeur calorique, desvaleurs propres. Notamment, la glutamine, c’est unacide aminé ; on sait qu’en en mettant en plus danscertaines alimentations, dans certaines nutritions,on va améliorer les défenses immunitaires, la trophi-cité de la muqueuse digestive.

Les acides gras oméga 3, en plus de leurs proprescalories, ont cet effet anti-inflammatoire.

Depuis 1 an et demi, 2 ans, et même depuis pluslongtemps, on a le concept de probiotique, c’est-à-dire de ces aliments qui ont un effet sur les défensesimmunitaires en modifiant… j’avoue que je n’ai pastrès bien suivi l’affaire, mais le fait est qu’en nutri-tion humaine, actuellement, on n’a pas de preuvede leur fonctionnement et de leur importance.

On peut aussi inclure des antioxydants. Il y a tous cesaliments qui ont une valeur propre en plus de leurvaleur calorique. C’est la définition de l’immunonu-trition.

La seule qui a obtenu l’AMM est l’Oral Impact enpriorité.

QuestionC’est-à-dire que ces produits, dans un substratdéterminé, vont développer des propriétés particu-lières, en particulier anti-inflammatoires ou autres ?Si j’ai bien compris, c’est ça ?

Sami AntounTout à fait.

François LemareNous allons remercier nos deux orateurs pour leurpassion et la qualité de leurs interventions.

Dominique DurandAvant de donner la parole à François Lemare pour ladernière intervention avant les ateliers, je voudraisrappeler que c’est la 58e édition des JPIP, sous lepatronage de Mme Bachelot-Narquin, ministre de laSanté, de la Jeunesse et des Sports, qui ne pouvaitpas venir – et on la comprend – parce qu’il y a pasmal d’événements en France en ce moment. MaisMme Muriel Dahan, pharmacien, conseillère deMadame la Ministre, est passée nous rendre visite etje lui donne la parole pour quelques mots, si elle leveut bien.

Muriel DahanJe viens de façon tout à fait improvisée. Je suis trèsheureuse de me retrouver parmi vous, parmi mesconfrères et de vous dire à quel point la place dupharmacien est essentielle dans cette lutte contre lecancer, qui est un des relais des priorités gouverne-mentales. Le pharmacien, bien sûr, a un rôle extrê-mement important à jouer sur les 3 volets de ceschantiers gouvernementaux que sont le planCancer, le plan Alzheimer et les soins palliatifs. Vousavez parlé également des soins palliatifs de façontrès intéressante.

Avant d’être au cabinet de la ministre, j’étais àl’Institut national du cancer, j’ai donc pu voir quelétait le rôle des pharmaciens et vraiment la placequ’ils tiennent aujourd’hui dans la lutte contre lecancer. Ils font un travail extraordinaire, vous faitesun travail extraordinaire.

Et je pense qu’il y a eu beaucoup d’avancées enmatière de prise en charge thérapeutique, de per-sonnalisation de la prise en charge des patients, bonusage des médicaments. On a bien travaillé, avecFrançois, avec un groupe médicopharmaceutiquequi définit les modalités d’utilisation hors AMM :c’est quand même dans le cancer que cela a étépour la première fois utilisé de façon rationnelle.Vraiment, bravo. Et je pense qu’il y a énormémentde choses passionnantes à faire, et, pour le grandbénéfice des patients, le pharmacien est fondamen-tal. Merci à tous et bon courage.

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Après avoir parlé de l’abord nutritionnel, des soinsde support, de la prise en charge de la douleur, nousallons revenir sur la chimiothérapie, et notammentsur la chimiothérapie par voie orale.

Nous sommes tous convaincus que l’administrationdes médicaments par voie orale est la voie préféra-ble, est la voie préférée par les patients pour l’admi-nistration des traitements. Pour autant, s’il est undomaine thérapeutique dans lequel la prise encharge par voie orale a pris énormément de retardpar rapport à la voie IV, il s’agit bien du domaine ducancer. Nous allons essayer de voir ensemble pour-quoi cette prise en charge a été plus lente dans ledomaine du cancer.

Tout d’abord, les traitements anti-tumoraux sontdes traitements à marge thérapeutique étroite. Etlorsque je dis cela, il faut le mettre en regard du faitque ces traitements sont, pour la plupart, prescritsen mg par m2. C’est une unité thérapeutique qui estde maniement relativement complexe. Nousn’avons pas l’habitude de connaître notre surfaceau m2. Globalement, un patient d’1 m 73 et de 73kg fait 1,75 m2. Mais c’est quelque chose qui estrelativement complexe et difficile à maîtriser.

Et puis, pour ces médicaments à marge thérapeuti-que étroite, il est recherché la dose maximale tolé-rée et efficace. Et donc, recherchant la dose maxi-male tolérée efficace, les prescripteurs sont amenésà prescrire des posologies qui sont parfois très varia-bles d’un patient à l’autre et l’adaptation de cesposologies avec des formes comprimés par voieorale est quelque chose de complexe. C’est une desraisons pour lesquelles les chimiothérapies par voieintraveineuse se sont développées.

La deuxième chose est que la biodisponibilité d’untraitement administré par voie intraveineuse est de100 %. Lorsque l’on administre ce même traitementpar voie orale, la biodisponibilité est beaucoup plusdifficile à maîtriser. Nous aurons l’occasion d’enreparler un peu plus loin dans cette présentation.

Un troisième point important est que les traite-ments cytotoxiques peuvent présenter une toxicitédigestive. En effet, la plupart des traitements cyto-toxiques classiques ont pour objectif de lutter

contre la prolifération cellulaire. Et luttant contre laprolifération cellulaire, ils luttent contre la régéné-ration de la muqueuse intestinale. Et donc, en inter-agissant avec la régénération de la muqueuse intes-tinale, ils peuvent provoquer des nausées, desvomissements et des diarrhées. C’est égalementdonc une des raisons pour lesquelles ces traitementsont été peu développés par voie orale.

Si l’on reprend les avantages et inconvénients de lavoie orale par rapport à la voie injectable, le grosintérêt de la voie orale est qu’elle va permettre uneadministration en ambulatoire. Elle va donc permet-tre de garder une qualité de vie au patient, elle valui permettre de maintenir une activité sociale etprofessionnelle qui sera beaucoup plus facile que sile patient a besoin de revenir à l’hôpital toutes lessemaines pour une administration intraveineuse.

Le deuxième gros avantage est qu’il n’y a pas degeste invasif et, en absence de geste invasif, on seretrouve dans une situation où on a, a priori, moinsde risques infectieux par rapport à une administra-tion intraveineuse qui peut, dans certains cas, secompliquer d’un point de vue infectieux.

On n’a pas non plus de risque d’extravasation lors-que l’on administre les traitements par voie orale.

La qualité de vie des patients, je vous en ai parlé, estgrandement améliorée, ne serait-ce que par le faitde ne pas avoir besoin de retourner à l’hôpital régu-lièrement.

Les problèmes avec ces administrations par voieorale sont tout d’abord un risque de mauvaiseabsorption et donc de non-maîtrise du produitadministré au patient ; également le problème del’observance. Même s’il est vrai que les patientsatteints de cancer sont généralement des patientsqui sont conscients de la gravité de leur maladie etde l’importance de leur traitement, le fait de l’ob-servance est quelque chose de très important et surlequel nous allons devoir travailler énormément, lesuns et les autres, avec le développement des nouvel-les thérapeutiques par voie orale.

Un dernier point, qui est un peu compliqué, est quelorsque l’on administre les soins à l’hôpital, la coordi-

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Chimiothérapies par voie orale : Quel accompagnement ?François Lemare - Président du comité scientifique des 58es JPIP

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nation – c’est ce que nous disions ce matin – se passetout naturellement. Tous les professionnels sontautour du patient et la coordination se passe autourdu patient, sans que les questions ne se posent.

Lorsque le patient est à domicile, qu’il reçoit une chi-miothérapie par voie orale et que cette chimiothéra-pie doit être coordonnée avec des soins hospitaliers,les choses deviennent un peu plus compliquées.C’est un peu plus compliqué, parce qu’il va déjà fal-loir que le médecin hospitalier donne son OK chi-mio, son accord de traitement au vu des donnéesbiologiques, pour que le patient prenne son traite-ment par voie orale. Il va donc falloir matérialiser lafaçon dont cet accord de traitement va être donnéentre le médecin hospitalier et le patient, éventuel-lement, avec un troisième interlocuteur qui pourraitêtre le médecin de ville.

Il va falloir également coordonner l’administrationde ce traitement, éventuellement avec des traite-ments intraveineux à l’hôpital. Je pense notammentau cas de la capécitabine ou Xeloda que l’on vaadministrer dans certains protocoles en associationavec l’oxaliplatine. Il faudra donc coordonner lesadministrations de Xeloda et d'oxaliplatine.

Pourquoi la voie orale est-elle appelée à se dévelop-per ? Tout d’abord, une première constatation :vous l’avez entendu de nombreuses fois au cours decette journée, la pathologie cancéreuse était unemaladie aiguë, c’est devenu une maladie chronique.Et comme c’est une maladie chronique, il devienttrès difficile d’accueillir l’ensemble des patientsatteints de cancer dans les hôpitaux.

Nous sommes donc confrontés à une difficultémajeure qui est le fait que les unités de cancérolo-gie, d’oncologie dans les établissements ont desmurs et que ces murs ne sont pas extensibles ourepoussables à merci. On est donc confronté à unedifficulté de prise en charge des patients. Les soins àdomicile sont donc obligatoirement appelés à sedévelopper.

D’un autre côté, du point de vue des patients – oude certains patients, peut-être pas tous – l’adminis-tration à domicile ou par voie orale va permettre ungain en autonomie et en qualité de vie, et cela vaêtre compatible avec le maintien d’une activité pro-fessionnelle, compatible avec le maintien d’une acti-vité sociale et éventuellement avec le maintiend’une vie familiale. C’est donc également un deséléments importants.

Nous avons d’autres éléments plus récents qui sontapparus, notamment le développement de nouvel-les classes thérapeutiques. Je pense notamment auxthérapeutiques ciblées. Le Sutent, le Nexavar, quevous avez vu arriver très récemment dans l’indica-tion du cancer du rein, sont des traitements qui cor-respondent à une nouvelle classe pharmacologique,qui ne sont pas directement des traitements cyto-toxiques mais des traitements qui agissent sur la vas-cularisation des tumeurs. Et en agissant sur la vascu-larisation des tumeurs, ils vont agir sur l’oxygéna-tion des tumeurs et donc permettre la régressionéventuelle de ces tumeurs. Ce sont des inhibiteursde tyrosine kinases et ces traitements sont, pour laplupart d’entre eux, administrés par voie orale.

Un autre point est l’amélioration du travail de cer-tains de nos collègues, notamment l’améliorationdes formes galéniques. Je vais prendre un exempleavec l’étoposide. C’est un vieux médicament quiexiste sous forme intraveineuse. Ce médicament estéliminé à la fois par voie rénale et par voie hépati-que, ce qui explique que, lorsqu’on l’administre parvoie intraveineuse, il y a une variation de clairanceintra-individuelle de l’ordre de 10 % et interindivi-duelle de l’ordre de 30 %.

Une première formulation de l’étoposide par voieorale a été développée au début des années 90.Cette première formulation était associée de varia-tions intra-individuelles, c’est-à-dire que la mêmepersonne prenant le même comprimé avait desvariations de clairance, pour cet étoposide par voieorale, de 40 %. Et, d’un patient à l’autre, on pouvaitavoir 70 % de variations lorsque l’on administrait lemême traitement.

Vous comprenez la difficulté dans laquelle seretrouve le prescripteur lorsqu’il a à manipuler untraitement dont il ne sait pas, chez le même patient,s’il va être efficace à 40 % ou à 80 %.

Face à cette difficulté, les laboratoires et les galénis-tes ont travaillé et une nouvelle formulation d’éto-poside est apparue, qui s’appelle Celltop. Cette nou-velle formulation permet d’avoir une meilleure maî-trise de la biodisponibilité. Avec cette meilleuremaîtrise, nous retrouvons des variations intra-indivi-duelles et interindividuelles qui sont beaucoup plusproches de ce qui se passe par voie intraveineuse.

Pour reprendre la différence entre les chimiothéra-pies par voie orale et les chimiothérapies par voieintraveineuse, lorsque l’on administre une chimio-

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thérapie par voie intraveineuse, les choses sont rela-tivement simples : on dépose directement le produitque l’on souhaite dans le compartiment vasculaire.À partir de ce compartiment vasculaire, le produitva se retrouver éventuellement fixé aux protéinesplasmatiques, et la fraction non fixée aux protéinesplasmatiques va pouvoir atteindre la cible thérapeu-tique et être éliminée par le rein ou par le foie.Lorsque l’on passe par voie orale, on se retrouvedans une situation un peu différente, puisque l’onne dépose pas directement le médicament dans lecompartiment circulant et on va avoir d’autres éta-pes à maîtriser. Ces autres étapes sont tout d’abordl’observance, mais également l’absorption intesti-nale et le premier passage hépatique.

Si l’on s’intéresse plus particulièrement à l’obser-vance, j’ai décidé d’illustrer ce thème par le Glivec.C’est un inhibiteur de tyrosine kinase, le premierapparu sur le marché, celui pour lequel nous avonsle plus de recul, puisque les patients sont traitésdepuis l’an 2000 environ par le Glivec dans l’indica-tion des leucémies myéloïdes chroniques.

La grosse difficulté à laquelle sont confrontés lesmédecins qui prescrivent ce médicament est le faitque, au bout d’un certain temps, à partir de 24 moisen moyenne, il y a des échappements thérapeuti-ques. Sur ces échappements thérapeutiques, plu-sieurs hypothèses ont été émises, mais parmi l’unedes hypothèses les plus fréquemment émises est lefait qu’il survient des mutations sur la protéine BCR-ABL, qui est une protéine liée au processus de lamaladie, une protéine aberrante qui n’existe quedans les cellules malades.

Parmi les différents travaux en cours et aussi paranalogie avec ce qui s’est passé dans le cadre dutraitement du SIDA, plusieurs éléments poussent àpenser que ces mutations de la protéine BCR-ABLpeuvent se produire de façon plus rapide lorsque lesconcentrations plasmatiques d’imatinib, donc deGlivec, sont plus faibles.

Donc, chez les patients qui auraient des problèmesd’observance, il y a de plus nombreux risques demutation qui sont liés, bien évidemment, à un ris-que d’échappement thérapeutique.

L’observance est un problème, mais il existe unautre problème qui est l’organisation des cures dis-continues. Le Xeloda® , par exemple, est un traite-ment de 15 jours toutes les 3 semaines ; laNavelbine® est un traitement à prendre 1 fois par

semaine ; le Sutent® est un traitement à prendrependant 4 semaines, à interrompre pendant 2semaines et à reprendre.

La difficulté, pour un patient, lorsque l’on a à pren-dre un traitement pendant 4 semaines, interromprependant 15 jours et reprendre, va être de savoirquand on doit reprendre effectivement : est-cequ’on avait bien arrêté le samedi soir ou est-cequ’on a arrêté le dimanche soir ? Comment se sou-venir ?

Il va donc falloir développer des moyens mnémo-techniques, éduquer les patients à bien noter sur uncalendrier le jour d’arrêt, le jour de reprise.Manifestement, d’après les expériences que l’onpeut avoir, cela semble être beaucoup plus facileavec les femmes qui ont l’habitude de gérer la piluleet qui ont l’habitude de faire des interruptions detraitement ; c’est un petit peu plus compliqué avecles hommes. Il va donc falloir trouver des élémentspour aider à une meilleure observance.

Dans le cadre du cancer, nous sommes confrontés àun autre problème concernant l’observance, le pro-blème de la sur-observance. C’est quelque chose quia été bien décrit avec certains patients traités parXeloda. Les patients sont chez eux, ils ont une pres-cription qui court pour 15 jours, et ils doivent pren-dre leur traitement matin et soir. On les informe dufait qu’ils vont éventuellement avoir des effetssecondaires. Ils sont aussi conscients de la difficultéet de la gravité de leur maladie, et certains effetssecondaires sont parfois gérables. Les patients vontdonc éviter de déclarer, oublier de déclarer ou sur-tout ne pas appeler leur médecin pendant qu’ilsarrivent à vivre avec leurs effets secondaires.

On va donc se retrouver dans des situations où cer-tains patients vont être dans une difficulté puisque,sur les cures suivantes, le produit sera de plus enplus mal toléré. Il y a donc là aussi un problèmed’éducation thérapeutique et d’observance du trai-tement.

Concernant l’absorption intestinale de ces chimio-thérapies par voie orale, nous nous retrouvons dansles difficultés que l’on peut avoir avec tous les trai-tements administrés par voie orale.

La première question que l’on va se poser est l’effetde l’alimentation sur l’absorption. Certains médica-ments ne vont avoir aucune interaction avec l’ali-mentation. C’est le cas du Xeloda®, c’est le cas de la

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Navelbine orale®, c’est le cas du Sutent®, c’est-à-dire que, quel que soit le moment de la journéeauquel vous le prenez, il n’y aura pas de variation debiodisponibilité du produit par rapport au repas.

Cela ne veut pas dire que l’on puisse prendre le trai-tement à n’importe quel moment de la journée. LeXeloda, par exemple, se prendra à la fin d’un repas,dans les 30 minutes qui suivent un repas. LaNavelbine se prendra au moment d’une collation ouau milieu d’un repas.

Pourquoi est-ce que l’on prend ces traitements asso-ciés à une prise alimentaire ? Simplement pour amé-liorer la tolérance de ces traitements.

On a des traitements pour lesquels la biodisponibi-lité est diminuée lorsqu’elle est associée avec unrepas. C’est le cas du Nexavar®, par exemple, dontla biodisponibilité sera diminuée de 30 % ; cela vaêtre également le cas de l’imatinib ou Glivec®, dontla biodisponibilité sera diminuée de 10 à 15 %.

Cette diminution pour le Glivec® de 10 à 15 %n’empêche pas le fait que le traitement soit admi-nistré au cours d’un repas. Pourquoi le traitementest-il administré au cours d’un repas ? Là aussi, leGlivec® est associé à une très mauvaise tolérancedigestive, et le fait de le prendre au milieu du repaspermet d’améliorer considérablement la tolérancede ce traitement. En revanche, pour le Nexavar®, ilfaudra le prendre à distance des repas, c’est-à-diresoit 1 heure avant, soit 2 heures après le repas.Enfin, on a également quelques traitements pourlesquels la biodisponibilité est augmentée par laprise alimentaire, notamment par la prise d’ali-ments riches en graisse, c’est notamment le cas duTarceva® ou de la Fludara®.

On va également avoir, dans le cadre des interac-tions médicamenteuses au niveau de l’absorption, lecas des médicaments séquestrants. Cela va être lecas de la colestyramine qui va séquestrer les princi-pes actifs des chimiothérapies au niveau du tubedigestif et empêcher leur absorption. Cela pourraitaussi le cas avec l’orlistat, mais je l’ai mis un peupour mémoire, parce que, après la présentation quevous avez eue dans le cadre de la prise en chargenutritionnelle des patients, je ne pense pas qu’il yait beaucoup de patients traités par orlistat dans lecadre d’un cancer. Mais c’est tout de même à savoir.

Une autre sorte d’interaction, ce sont les produitsqui vont modifier le pH gastrique. Cela va être

notamment le cas avec les antiacides, le Maalox®,par exemple, qui va empêcher l’absorption en aug-mentant le pH gastrique, mais aussi en faisant ungel qui va empêcher l’absorption. On va égalementretrouver cela avec les antihistaminiques anti H2 oules inhibiteurs de la pompe à protons. Pour ces 3classes thérapeutiques, c’est une interaction médi-camenteuse qui a été décrite, que ce soit pour ledasatinib, Sprycel®, ou pour le Tarceva®. Ce sontdonc des associations thérapeutiques qui sont à sur-veiller.

Enfin, le métabolisme hépatique : je vous ai parlé dethérapeutiques ciblées. Ce sont les inhibiteurs deprotéine tyrosine kinase, qui interagissent très lar-gement avec les cytochromes P450. Je vous ai fait untableau, avec les différents cytochromes avec les-quels ils interagissent. Vous voyez qu’il s’agit, pources médicaments – et si on prend le cas de l’imatinib– de produits qui sont éventuellement potentielle-ment associés avec des interactions médicamenteu-ses avec tous les médicaments qui vont interagiravec les cytochromes P450, que ce soient le 3A4, le2D6 ou le 2C9.

C’est particulièrement important, puisque si l’onprend le cas du cytochrome 2D6 ou du cytochrome3A4, ce sont des cytochromes qui sont activés par lesglucocorticoïdes, et la prise en charge de la douleur,la prise des nausées, vomissements, vont faire appelà des glucocorticoïdes. On va donc avoir, par exem-ple, un risque d’interaction médicamenteuse pources traitements.

L’imatinib est un produit un peu particulier, parce quenon seulement il est substrat de tous les cytochromesP450 figurant sur cette diapositive (voir p 77), mais ilest en plus inhibiteur du 2D6 et du 3A4, et il va êtregénérateur, lui aussi, d’interactions médicamenteuses.

Pour illustrer ce propos, je vous ai mis une illustra-tion d’un essai thérapeutique qui a été fait par despatients traités par du millepertuis et de l’imatinib.Le millepertuis était indiqué dans la prise en chargede l’anxiété liée au cancer. Il faut savoir que c’estune des particularités des patients atteints de cancerd’avoir besoin d’un produit phytothérapique,homéopathique qui va améliorer leur relation avecleur maladie, qui va leur permettre de faire du bienpsychologiquement pour la prise en charge de leurmaladie.

Ce que l’on voit ici, avec le millepertuis, c’est qu’à lafois l’AUC et la concentration maximale, c’est-à-dire

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que la biodisponibilité et la concentration maximalede l’imatinib, donc du Glivec, sont diminuées de l’or-dre de 30 % lorsqu’il y a une association avec unetisane au millepertuis.

Après tous ces problèmes de biodisponibilité, uneautre problématique pour les thérapeutiques parvoie orale est de savoir si les nouvelles classes théra-peutiques sont associées à de nouvelles toxicités.

Effectivement, ces nouvelles thérapeutiques, quiagissent non plus sur les cellules en cours de divisionmais sur la vascularisation, confrontent les prescrip-teurs à de nouveaux effets indésirables. Je vais citerpar exemple les effets dermatologiques des anti-EGF. On voit ici la photo de l’orteil d’un patient (voirpage 77) traité par anti-EGF, et vous voyez ici lalésion induite par l’ongle, et donc la plaie qui seretrouve ici. Pour les traitements par anti-EGF, labonne procédure de prise en charge consiste toutd’abord, avant l’initiation du traitement, à unevisite chez un pédicure-podologue, pour une prépa-ration des ongles ; et une éviction des traumatismes,et notamment pour les patients qui vont faire dubricolage ou du jardinage, leur conseiller, par exem-ple, de porter des gants pour éviter d’avoir des trau-matismes.

Ici, vous voyez à côté la photo d’une acné induitetoujours par ces anti-EGF. Il faut savoir que les pre-miers essais semblent indiquer qu’il y a une relationentre l’apparition des crises d’acné et l’efficacité dutraitement. Pour un cancérologue, il est assez satis-faisant de voir un patient développer une crised’acné, puisque c’est qu’a priori le patient a une effi-cacité du traitement. C’est assez satisfaisant ; pourautant, le patient, lui, se retrouve confronté à quel-que chose qui est un peu difficile à vivre. Pour éviterque cela prenne trop d’ampleur, ce que l’on peutproposer à ce patient, c’est éventuellement unehydratation de la peau avec une crème émolliente.

Les thérapeutiques anti-angiogéniques, donc leSutent et le Nexavar dont je vous ai parlé, ont deseffets cardiovasculaires majeurs. Parmi ces effets, il ya notamment un risque de crise hypertensive impor-tante. Quelques conseils pour les patients : d’unepart, la dispensation de ces traitements devrait êtreassociée à la dispensation du matériel pour pouvoirfaire une autosurveillance tensionnelle, pour queles patients participent à la prise en charge de leurtraitement ; également quelques conseils lors du jar-dinage et du bricolage, toujours, puisque la toxicitécardiovasculaire des anti-angiogéniques est égale-

ment des difficultés de cicatrisation et éventuelle-ment des saignements, donc des précautions enmettant des gants pour le bricolage et le jardinage.Certains, le Sutent en particulier, peuvent déclen-cher des épistaxis, donc prévenir les patients du faitqu’il pourrait être intéressant qu’ils aient à disposi-tion un coton hémostatique.

La dernière toxicité, mais très répandue pour les chi-miothérapies par voie orale, ce sont les troubles gas-tro-intestinaux. Globalement, il faut savoir quen’importe quel traitement administré par voie oraleva avoir, comme principal effet secondaire ou dansles principaux effets secondaires, des troubles gas-tro-intestinaux à type de diarrhée, quel que soit letraitement, que ce soit une chimiothérapie cytotoxi-que conventionnelle ou une thérapeutique ciblée.

Ce qui est important, c’est déjà d’être capable de legrader ou d’avoir une indication de la gravité de ladiarrhée induite par ces traitements. Vous voyez ici(voir page 77) qu’un patient qui a jusqu’à 4 sellespar jour est confronté à une toxicité de grade 1,donc à des diarrhées de grade 1 ; et un patient quia plus de 10 selles par jour, avec des crampes abdo-minales et éventuellement des saignements, estconfronté à une toxicité de grade 4.

Bien évidemment, la prise en charge sera différenteselon que l’on sera confronté à un grade 1 ou à ungrade 4.

Face à un grade 1 ou un grade 2, les premiersconseils que l’on va pouvoir donner sont toutd’abord l’interruption des traitements laxatifs éven-tuels, s’ils sont présents. Vous savez que ces patientsont une prise en charge de la douleur et, dans lecadre de la prise en charge de la douleur, il y auraéventuellement des laxatifs. On va pouvoir égale-ment donner à ces patients quelques conseilshygiéno-diététiques, notamment le fait de fraction-ner leurs repas pour éviter d’avoir des prises alimen-taires trop importantes ; le fait de boire suffisam-ment pour éviter une déshydratation ; et le fait deconsommer des aliments tels que les pâtes ou le riz,qui vont être moins susceptibles de déclencher desdiarrhées que des aliments type légumes verts.Enfin, les patients pourront prendre de la lopéra-mide, à la posologie de 4 mg pour la première priseet 2 mg à chaque selle, jusqu’à 12 mg par jour, pourlimiter le nombre de selles. Mais bien évidemment,en cas de prise de lopéramide, il faudra consulter ouinformer le médecin oncologue pour éventuelle-ment adapter la posologie du traitement.

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On a parlé de l’absorption, on a parlé de la tolé-rance, mais qu’en est-il du choix des patients ? Uneétude a été réalisée dans le cadre de la prise encharge du cancer colorectal chez des patients quiont été traités alternativement par un traitementpar voie orale et par un traitement par voie injecta-ble. On a demandé, à la fin de cet essai, quelle étaitleur préférence.

84 % des patients ont annoncé qu’ils préféraient letraitement par voie orale versus 16 % pour le traite-ment par voie IV. Ils préféraient ces traitements parvoie orale, pour une première raison, c’est toutd’abord parce que le traitement est moins angois-sant lorsqu’il est administré par voie orale quelorsqu’il est administré par voie intraveineuse, maisaussi parce qu’ils ont le sentiment de participer à laprise en charge de leur maladie.

C’est un point important auquel, dans les officines,vous allez être confrontés de plus en plus : quellessont les clés de la réussite de la prise en charged’une chimiothérapie par voie orale en officine ?

Tout d’abord, un point qui me semble important : laprise en charge dans le cadre de réseaux et la com-munication avec le prescripteur, avec d’autres pro-fessionnels de santé qui participent à la prise encharge de ce patient.

Un autre élément de réussite de cette prise encharge est d’utiliser les carnets de liaison qui sontmis à disposition par les laboratoires qui commercia-lisent ces traitements, d’utiliser ces carnets de liaisonpour éduquer les patients et construire le conseillors de la dispensation.

À l’avenir, à quoi allons-nous être confrontés ? Il vatout d’abord y avoir des développements impor-tants de protocoles intégralement par voie orale, oncommence à le voir notamment dans les cancers dusein, avec des associations de Xeloda et deNavelbine par voie orale, ce qui remplace le proto-cole FUN, qui était de la vinorelbine et du fluoro-uracile par voie injectable. Les patientes atteintes decancer du sein, en adjuvant, peuvent avoir un traite-ment intégralement par voie orale.

On va aussi avoir l’apparition de nouvelles classesthérapeutiques qui vont encore grossir le nombrede chimiothérapies par voie orale. On va avoir, cequi va être de plus en plus difficile à gérer, des asso-ciations de thérapeutiques ciblées entre elles ou dethérapeutiques ciblées avec des traitements cyto-toxiques administrés à l’hôpital.

Mais je vous le rappelle – et vous avez dû le voir aucours de cette journée –, la prise en charge dupatient atteint de cancer ne se résume pas à la priseen charge de son cancer, il y a souvent d’autres trai-tements associés, il y a souvent d’autres comorbidi-tés.

Et, avec ces thérapeutiques administrées par voieorale, il faudra penser à toutes les interactionsmédicamenteuses potentielles avec le traitement dudiabète, le traitement de l’hypertension artérielle ettous les autres traitements potentiels de vospatients.

La journée n’est pas terminée puisqu’il y a les ate-liers. L’intérêt des ateliers est de susciter des échan-ges entre les intervenants et les groupes pharma-ciens praticiens.

Les prochaines JPIP auront lieu le vendredi 28novembre 2008, sur le thème : « Le Pharmacien etles maladies neurodégénératives ». Si vous voulezavoir des renseignements et ultérieurement vousinscrire, vous pouvez le faire sur le site des JPIP.

Je voudrais aussi en profiter pour remercier nosintervenants, je l’ai fait ce matin, mais remercierégalement nos sponsors qui nous permettent d’as-surer ces journées. Je vous rappelle que nous som-mes une association et que votre inscription à l’asso-ciation des JPIP, loi 1901, donc sans but lucratif, serala bienvenue.

En complément, pour les nouveaux inscrits aux JPIP,nous vous rappelons qu’une tombola est organisée.Tous les nouveaux inscrits, jusqu’à la fin du premiertrimestre 2008… il y aura un tirage au sort et l’undes heureux inscrits aura la possibilité de participergratuitement au diplôme d’université de pharmacieclinique oncologique de cette faculté ParisDescartes.

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Je vais vous parler de notre modeste expérienced’administration des chimiothérapies au domiciledes patients dans le cadre du réseau régional decancérologie Onco Pays de la Loire et je termineraipar quelques éléments de perspective et de risqueliés à cette activité.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je vais vous rap-porter quelques éléments organisationnels et struc-turels du réseau et vous présenter quelques aspectsméthodologiques qui ont prévalu à la mise en œuvredes expérimentations que je vais vous présenter.

Le réseau régional de cancérologie Onco Pays de laLoire est la fédération de 6 réseaux territoriaux quisont des associations loi 1901.

La représentativité des établissements et des profes-sionnels de santé y est assurée par collèges, commece qui vous a été présenté par mon collègue cematin, au niveau de la région Normandie, les usa-gers ont également un représentant et chaque pré-sident de réseau territorial est membre du bureaud’Onco PL. Globalement, le réseau régional estconforme à la récente circulaire qui a été publiée le25 septembre 2007.

Parmi les missions du réseau figure le développe-ment d’alternatives à l’hospitalisation, dans le cadrede la mesure 41 du plan Cancer de M. Chirac. À cetitre, 2 expérimentations ont été conduites successi-vement au niveau de CLE, dès 2004, sans prépara-tion centralisée des chimiothérapies, à partir d’unepharmacie à usage intérieur ; et plus récemment, en2007, au niveau du réseau territorial de Nantes, avecpréparation centralisée des chimiothérapies pourêtre conformes à la réglementation pharmaceuti-que qui nous est opposable.

Quels ont été les objectifs stratégiques pour leréseau dans le cadre de ce projet ? Ils ont été décli-nés grâce à la constitution de 6 groupes de travailmultidisciplinaires qui avaient pour objet : la valida-tion de la typologie des chimiothérapies réalisablesau domicile des malades ; l’organisation de pro-grammes de formation validante pour les profes-sionnels de santé, et plus particulièrement nosconfrères officinaux ; la définition de la typologie etles critères d’éligibilité des patients en complémen-tarité de l’offre de soins HAD. Nous n’avons eu

aucun souci à ce niveau-là par rapport à l’HAD, lacoopération a été d’emblée relativement simple.

L’objet a aussi été de garantir la coordination dessoins, grâce à l’organisation d’une cellule de coordi-nation territoriale – dont je vous présenterai som-mairement le fonctionnement – la valorisation desacteurs de terrain étant réalisée par des forfaitsd’actes grâce à des mesures dérogatoires financéespar les FAQSV (ex-dotation nationale des réseaux,en particulier).

Un des objectifs stratégiques était aussi d’assurer laformation des acteurs et la traçabilité en lien avec lastructuration du dossier de cancérologie communi-quant (DCC).

Un autre était la sécurisation le circuit du médica-ment, notamment du fait de la préparation centra-lisée des chimiothérapies et la gestion des déchets.

Quels ont été les principaux résultats opérationnelsde ces expérimentations pour le réseau ? Pour la pre-mière conduite sur OCLE, elle a permis de valider lesprotocoles candidats et les procédures de soins ; ellea permis de valider le modèle de coordination et l’im-plication des professionnels de santé de proximité.

Quelques éléments quantitatifs de l’activité duréseau sur les années 2004-2006 : 310 patients ontété ainsi pris en charge, pour 541 chimiothérapiesinjectables, 526 perfusions hors chimiothérapie et343 surveillances de pompes.

Pour ce qui concerne l’expérimentation qui a étéconduite sur le réseau territoriale de Nantes, elle apermis d’abord de conforter un certain nombre derésultats au plan de la qualité de vie des patients.

Elle a aussi permis d’assurer une formation vali-dante de plus de 50 % des pharmaciens officinauxdu département de Loire Atlantique (44), soit prèsde 500 confrères.

Elle a également permis de valider ce que l’onappelle le work-flow pharmaceutique pour la PUIcentralisatrice qui est au niveau de mon service etdont les activités de préparation sont certifiées ISO9001.

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Le Pharmacien auprès du patient atteint de cancer

Atelier Le lien ville-hôpitalPatrick Thomaré

Pharmacien des hôpitaux, CHU de Nantes

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Elle a permis de valider les procédures, notammentcelles de colisage et de transport des chimiothéra-pies.

À ce jour, nous avons pris en charge 52 maladespour 344 cures de chimiothérapie, sans incidentsnotoires à rapporter.

Enfin, nous avons adossé à cette seconde expéri-mentation une étude médico-économique dont jevais vous présenter quelques éléments.

Voici le rôle de la cellule de coordination.L’infirmière coordinatrice y a un rôle structurant endéfinissant et constituant l’équipe des profession-nels de santé de proximité qui vont être nécessairesà la bonne réalisation du soin. Le pharmacien hospi-talier, en particulier, pour la préparation et la valida-tion pharmaceutique de la chimiothérapie ; lemédecin traitant ; le pharmacien d’officine ; unprestataire dédié de transport ; l’infirmière libérale,bien sûr ; et d’éventuels prestataires de matériel,sachant que l’officinal a la possibilité de prendre encharge cette activité.

L’infirmière coordinatrice aura, à terme, le rôle del’initialisation du dossier de cancérologie communi-quant -AH pour alternative à l’hospitalisation,sachant qu’un groupe de travail s’occupe d’ores etdéjà d’utiliser ou de développer des outils informa-tiques qui permettront une interopérabilité entreles professionnels de santé impliqués.

Pour ce qui concerne plus spécifiquement notre acti-vité hospitalière, je vais résumer.

Nous avons comme responsabilité la planificationdes cures de chimiothérapie en lien avec l’infirmièrecoordinatrice, à partir de prescriptions validées parl’oncologue référent lors de l’initialisation de traite-ment ou à partir du médecin traitant en cas dereconduction de traitement. Nous avons ensuitel’émission d’une fiche de liaison, à J 0.

J’ai oublié de vous préciser qu’au plus tard à J-1 à 14heures, nous « acceptons » la prise en charge d’unechimiothérapie. C’est donc à partir de ce moment-làqu’est défini ce que l’on appelle le OK biologiquequi permet de lancer l’opération de fabrication.

Au jour de l’administration est émise une fiche deliaison, puis la copie de la prescription, un plan d’ad-ministration infirmier, un mode opératoire de ges-tion pour le pharmacien d’officine, et nous produi-

sons un colis scellé qui est envoyé en transport dédiéet en enlèvement à partir de notre PUI, directementadressé auprès de la pharmacie d’officine. Le phar-macien d’officine valide évidemment les documentsde traçabilité qui nous sont secondairement faxés.

Le colis est ouvert en présence de l’infirmière qui estparallèlement prévenue, et c’est l’infirmière qui a lerôle de définir la conformité de la chimiothérapie.Ce n’est pas l’officinal qui prend cette responsabilité.L’officinal ne prend que la responsabilité de laconformité, de l’intégrité du colis. Et l’infirmière, àpartir du moment où elle a vérifié la chimiothérapie,l’administre sans délai au patient, à son domicile.

Si on résume, les principales responsabilités pharma-ceutiques dans ce processus : au niveau hospitalier,nous avons la responsabilité de l’analyse pharma-ceutique de la prescription, la préparation, la mise àdisposition et le suivi de la chimiothérapie confor-mément à nos référentiels professionnels.

Pour ce qui concerne notre confrère officinal, il a lapossibilité de participer à la visite de mise en placeet de faisabilité de chimiothérapie en présence del’infirmière à domicile. Il va avoir la responsabilitéde la conformité du colis, dont j’ai déjà parlé. Il peutêtre aussi impliqué dans le portage des médica-ments autres à domicile du patient. Il est bien sûrl’élément déterminant pour la dispensation de l’en-semble des médicaments et des dispositifs médicauxassociés. Il peut et il doit être impliqué dans le suividu patient et dans son éducation thérapeutique, etaccessoirement dans la collecte de médicamentsinutilisés.

Quels sont les enjeux stratégiques de ce type de pro-jet, tout d’abord pour les patients ?

Première question qu’il est légitime de se poser :est-ce que la chimiothérapie à domicile est moinssûre ?

Il y a un certain nombre d’essais contrôlés randomi-sés publiés dans la littérature qui ont démontré,tant dans des populations adultes que dans despopulations pédiatriques, que la chimiothérapiepeut être administrée de façon sécuritaire au domi-cile des patients, pour des drogues telles que le 5FU,bien sûr qui ont peu d’avenir compte tenu de cequ’a dit avant moi François Lemare, mais il existed’autres drogues qui sont tout à fait candidates àl’ambulatoire par voie injectable.

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Peut-elle contribuer à une meilleure qualité de viedes patients ? À l’évidence, oui, de part le moindrenombre de déplacements des malades. Dans notreexpérimentation sur le réseau territorial de Nantes,plus de 55 % des patients résidaient à plus de 20 kmde l’hôpital, c’est-à-dire concrètement hors de por-tée, par exemple, du rayonnement de l’HAD deNantes. Elle génère aussi moins de risque d’infectionnosocomiale et elle est a priori réalisée dans unmilieu familial qui est plus rassurant, à conditionbien sûr qu’elle soit proposée au patient et qu’ellene soit pas imposée.

À contrario, elle génèrera moins de contact avecl’équipe référente, moins de partage du patientavec d’autres malades et moins d’échanges au planpsychologique. Et elle nécessite bien sûr une sécuri-sation des actes, continuité et permanence de soins,comme l’ont dit les confrères ce matin.

Sur les 35 premiers patients que l’on avait pris encharge au niveau du réseau territorial de Nantes, onavait envoyé un questionnaire de satisfaction etcette diapositive objective que, pour 2/3 d’entre euxainsi que leur entourage, il y avait été considéré quela prise en charge thérapeutique était tout à faitsatisfaisante et tout à fait sécuritaire.Quels sont les enjeux pour les établissements desanté et pour les payeurs ?

Tout d’abord pour les établissements de santé : apriori, ce qui est attendu et espéré est un désengor-gement de nos hôpitaux de jour qui sont, de façonchronique, surchargés. Mais cela nécessite, pournous, pharmaciens, une maîtrise des coûts par unitéd’œuvre, c’est-à-dire par chimiothérapie fabriquée,parce que s’il s’agit d’externaliser une partie de l’ac-tivité mais que cela multiplie les coûts par 10, jepense qu’il faudra peut-être revoir un peu la ques-tion.

Et surtout, cela nécessitera certainement une valori-sation de cette activité au regard de la tarification àl’activité (ou T2A) qui nous est maintenant opposa-ble à l’hôpital.

Pour les payeurs, l’enjeu est évidemment une dimi-nution globale des coûts de la prise en charge, maismalheureusement aujourd’hui en France, on n’estpas forcément précurseurs en la matière.

Que peut-on dire par rapport au financement de ceprojet ? Les mesures dérogatoires (les FICQS : Fonds

d’intervention pour la qualité et la coordination dessoins, ex-dotation nationale des réseaux) financentquoi ?

Elles financent d’abord des forfaits d’acte : forfaitsd’acte pour le médecin de ville pour la reconductionde l’ensemble des cures de chimiothérapie à hau-teur de 40 euros.

Le pharmacien d’officine est aussi valorisé dans lavisite de faisabilité de mise en place dont j’ai précé-demment parlé, à hauteur de 40 euros.

Enfin, l’infirmière, bien sûr, qui elle aussi participe àcette visite de faisabilité, à hauteur de 40 euros.

La dotation intervient évidemment aussi pour lefonctionnement structurel du réseau, c’est-à-dire lefinancement de l’infirmière et du mi-temps secréta-riat nécessaire pour le fonctionnement des cellulesde coordination.

Le dernier financement est assuré pour l’officinal àhauteur de 20 euros à chaque fois qu’il réceptionneune chimiothérapie et aussi pour financer d’éven-tuels dépassements en cas de mise à disposition demédicaments stériles à usage unique ou de certainsmédicaments non remboursés.

Pour ce qui est du deuxième grand type de finance-ment, ce sont les MIGAC (Missions d’intérêt générald’aide à la contractualisation) qui financent le coli-sage et le transport des chimiothérapies.

Enfin, l’assurance maladie finance les derniers élé-ments, notamment la partie fabrication et rétroces-sion de la chimiothérapie, puisque ceci est légal enFrance depuis un arrêté publié fin février 2007.

Concrètement, comment cela se traduit-il ? Si onagrège les différents coûts dont je viens de vousexposer les principales sources pour la prise encharge à domicile, qu’on les compare à une prise encharge institutionnelle dans un hôpital de jour d’unhôpital public français pour une monochimiothéra-pie – ce qui est le cas actuellement dans le cadre denotre projet –, si on tient compte bien sûr des coûtsde transport des patients (ce sont des coûts qui nesont pas estimés, ce sont les coûts réels liés au lieude résidence des patients qui sont entrés dans cetteévaluation), on se rend compte que le coût globald’une prise en charge à domicile est en moyenne de27,5 % inférieure à une prise en charge institution-

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nelle. Et cette minoration de coût peut aller jusqu’à40 % pour les patients qui résident le plus loin del’hôpital, c’est-à-dire, dans notre exemple, 65 km.

D’un point de vue macroéconomique si on se pro-jette dans l’avenir, quelles sont les sources de finan-cement de ce projet ? On a une certaine visibilité surle financement des mesures dérogatoires dans lamesure où, pour 2008, on a eu confirmation a priorid’une enveloppe de 300 millions d’euros qui seraitdébloquée au titre des FICQS.

Par contre, pour ce qui concerne l’enveloppe quinous est dédiée, nous, pharmaciens, notammentpour les prestations colisage/transport, on a bien euune enveloppe 2007, mais à ce jour, on n’a absolu-ment aucune visibilité sur ce qui se passera l’annéeprochaine. L’élément positif est que l’on a quandmême la possibilité réglementaire de facturer notreprestation. Ce que l’on souhaiterait, c’est probable-ment aller vers un système de forfaitisation, commeles autres professionnels impliqués.

En termes de perspectives et de risques : perspecti-ves au niveau du réseau régional, c’est évidemmentle déploiement thématique aux autres réseaux terri-toriaux, mais cette fois-ci à l’ensemble des soins àdomicile que sont par exemple les soins de support,les soins palliatifs, la nutrition entérale et parenté-rale, l’éducation thérapeutique, la prise en chargedes patients âgés atteints de cancer.

C’est aussi le développement d’un partenariatencore plus étroit avec l’HAD, mais aussi avec lesétablissements de soins de suite et de rééducation,qui sont des structures tout à fait complémentaireset synergiques du réseau.

Quels sont les risques identifiés au niveau du réseaupar rapport à un tel projet ? Le premier est le posi-tionnement des établissements prescripteurs,puisqu’il faut savoir qu’avec la tarification à l’acti-vité, à ce jour les établissements publics comme pri-vés n’ont pas forcément d’intérêt à complètementvider leurs hôpitaux de jour sachant que c’est unesource de financement relativement lucrative.

Le deuxième risque est la démobilisation des profes-sionnels de santé qui, jusqu’à aujourd’hui, ont ététrès fortement impliqués et dont il faut saluer ledévouement.

C’est pour nous, à l’hôpital, les financements MIGACqui nous semblent aléatoires et non pérennes pourla prestation colisage et transport.

Enfin, c’est la nécessité d’évolution du projet DossierCommunicant Cancérologie, en lien avec l’avancéedes travaux sur le DMP et sur le dossier pharmaceu-tique, puisqu’il va de soi que tout ceci, à terme,devra être parfaitement interopérant.

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Je vais continuer la présentation de ce matin. J’aipassé rapidement sur quelques diapos. Ce serabeaucoup plus bref et je vais essayer de montrer denouveau les différences par rapport à l’organisationfrançaise.

Je vous rappelle : la chimiothérapie, pour nous,reste mineure par rapport à notre activité, puisqueles principales interventions sont des antibiothéra-pies, des soins palliatifs – c’est-à-dire le traitementde la douleur par PCA, principalement –, nutritionentérale et nutrition parentérale.

On intervient donc fréquemment pour tout ce quiest traitement du cancer, mais particulièrementpour les soins de support, tels que vous les appelezen France.

Une particularité : SOS Pharmaciens n’est ni uneofficine ni une pharmacie hospitalière. Nous n’avonspas un accès public dans notre officine. Nous som-mes certes en ville, mais toutes nos communicationsse font par fax et téléphone. C’est la première par-ticularité.

L’organisation avec les partenaires se passe de lafaçon suivante : nous recevons un ordre médical dumédecin hospitalier ou du médecin de ville ; qu’ilsoit oncologue ou pas oncologue, cela revient exac-tement au même. Un fax nous est transmis, soit endouble aux infirmières et à SOS Pharmaciens, soitaux infirmières et ce sont les infirmières qui nous lefaxent. On a donc le même document.

Certes, il n’y a pas uniquement une ordonnance. Enplus de l’ordonnance figurent soit le diagnostic, soitdes éléments du dossier Patient. Il y a ensuite unecoordination qui se fait entre nous-mêmes et lesinfirmières, pour savoir qui fait quoi et comment, etenfin une coordination avec le patient.

Une autre particularité de SOS Pharmaciens : nousnous déplaçons au domicile lors de l’initialisation dutraitement. C’est-à-dire lors de la prise en charged’un nouveau patient, quel que soit le type de trai-tement, nous allons à domicile pour avoir uncontact avec le patient, pour lui expliquer ce quenous faisons et lui expliquer nos coordonnées,quand il peut nous appeler, à toute heure de la jour-

née et de la nuit, s’il y a un problème soit d’ordrethérapeutique (effets secondaires et autres), soitd’ordre technique avec une des pompes que nousavons.

Il peut également y avoir un enseignement fait audomicile du patient notamment par rapport à l’uti-lisation des différentes pompes. Je parle là principa-lement des pompes PCA, par exemple.

Les autres livraisons de médicaments, que ce soientdes médicaments préparés ou des chimiothérapies,se font par un livreur.

S’il y a quoi que ce soit comme problème à domicile,s’il y a un effet secondaire, s’il y a un souci dupatient, le pharmacien va de nouveau à domicilepour discuter avec le patient.

Avec ce système où on n’a pas un système intégré –je vous ai dit que c’était un réseau informel, cela sepasse de la façon suivante avec les infirmières : il y a2 grandes organisations sur Genève qui s’occupentdes hospitalisations à domicile, une organisation quiest institutionnelle, c’est la FSASD, ici notée sousHAD-RUMS. Ce sont une vingtaine d’infirmières spé-cialisées dans les actes techniques, qui ont donc l’ha-bitude de manipuler une chambre implantable, unevoie centrale, une voie périphérique, des chimiothé-rapies, etc. Elles ne font donc que cela. Ce sont qua-siment des infirmières hospitalières qui sontemployées à domicile.

Il y a ensuite des infirmières libérales (sous la déno-mination de CSI). Elles sont une cinquantaine, quisont spécialisées dans les actes techniques égale-ment. Nous intervenons avec l’une ou l’autre et celadépend de nouveau de la préférence du patient.

Il y a ensuite un feed-back fait au médecin prescrip-teur Comme je l’ai expliqué ce matin.

Les prestations : l’officinal, dans le cas d’un traite-ment en HAD, n’intervient pas. La pharmacie hospi-talière n’intervient pas non plus, puisque nous fai-sons l’analyse de l’ordonnance médicale, la prépara-tion du médicament, la dispensation, la dispensa-tion du matériel et des systèmes d’administrationpuisque l’on va à domicile. Nous avons par exemple

Atelier Le lien ville-hôpitalChristian Sierro

SOS Pharmaciens, Genève

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des listes standard de matériel utilisé par les infir-mières. Ce sont des listes qui ont été élaborées entrenous et les infirmières, pour standardiser le matérielnécessaire pour les différentes voies veineuses.

L’officinal est donc en dehors, ainsi que la pharma-cie hospitalière. Ce que l’on essaie, avec difficulté,c’est de communiquer avec les pharmaciens d’offi-cine pour évaluer les traitements per os puisque,comme je l’ai dit tout à l’heure, nous n’avons pasl’intégralité du traitement.

Les exemples d’intervention : ce sont principale-ment les soins palliatifs. L’intervenant de cet après-midi a insisté sur les changements qui se font trèsrégulièrement. Je vais également insister sur cepoint. Nous avons la chance, à Genève, d’avoir uneéquipe mobile de soins palliatifs, avec 4 médecinsqui sont joignables 24 heures sur 24 et qui s’occu-pent de ces cas. Il est clair qu’il nous arrive, parfois 2fois par jour, d’aller chez les patients, mais plus fré-quemment 1 fois par 24 heures, pour adapter laposologie du morphinique ou d’un autre opioïde.C’est extrêmement fréquent.

Si c’est un médecin qui n’a pas l’habitude, nous l’ai-dons dans l’adaptation posologique ou si on passed’un traitement per os à un traitement sous-cutanéou intraveineux d’opioïdes, nous l’accompagnons làaussi par rapport à l’adaptation posologique.

Les antibiothérapies : un de nos plus est d’avoir despompes programmables qui permettent d’avoir uneadministration 3 fois par jour d’un antibiotique sansl’intervention d’une infirmière. On prépare doncdes poches qui contiennent les 3 doses et on pro-gramme la pompe pour que les 3 doses se fassent àdes heures précises et de façon indépendante del’infirmière, ce qui veut dire que le patient, à cemoment-là, est beaucoup plus libre, il n’a pas besoind’avoir rendez-vous avec l’infirmière à domicile.

Un autre point sur lequel je ne suis pas intervenu cematin, c’est l’adaptation du mode d’administrationaux contraintes de l’appartement du patient. Nousdevons avoir des systèmes portables, légers et cen’est pas le médecin prescripteur qui va intervenirdans ce choix, mais nous qui avons la libertéd’adapter la forme d’administration aux contraintesde l’habitat du patient, par exemple.

Tout cela est bien joli, mais il y a aussi des problè-mes. Les problèmes d’organisation, dans ce réseauinformel, sont les suivants : les coordinations sont

très lourdes. Nous n’avons pas d’infirmière coordi-natrice. Certes, il y a peu d’intermédiaires, commevous l’avez vu : il y a une prescription, un fax et les2 intervenants sont au courant.

Mais cela signifie quand même 2 coordinations plus2 déplacements à domicile. La gestion du flux desinformations est compliquée, puisque si je prendsmédecins, infirmières et pharmaciens, ce sont 3 enti-tés séparées, qui peuvent être très diverses, puisquele médecin peut être hospitalier ou installé en cabi-net.

Deuxième problème : l’hospitalisation à domicile etles soins de base sont séparés, avec des intervenantsdifférents. L’avantage est que les infirmières quisont spécialisées en hospitalisation à domicileconnaissent très bien les gestes techniques et ontsuffisamment de masse critique pour rester for-mées. L’inconvénient, c’est qu’il y a 2 intervenants.

Un autre souci était le 24 h/24, comme je l’ai dit. Lacirculation de l’information est compliquée. Unpoint pour lequel on n’a pour l’instant pas deréponse est la disponibilité du médecin. Nousn’avons pas de médecin coordinateur. S’il y a un inci-dent pendant la nuit, pendant le week-end, il y a unvide.

Ce vide est comblé d’une part par le réseau de soinspalliatifs, mais ce ne sont pas forcément des spécia-listes d’autres thérapies. Il est comblé aussi par desréseaux de médecins d’urgence, mais ces médecinsd’urgence ne connaissent pas forcément le cas. Ladisponibilité du médecin est un réel problème.

La responsabilité, lorsqu’il y a plusieurs intervenants :qui est responsable de quoi ? On a un médecin pres-cripteur, si je pense à une chimiothérapie ; on a unmédecin généraliste ; on a un médecin de soins pal-liatifs ; on a des infirmières ; on a nous-mêmes ; etle patient qui peut intervenir également, par exem-ple, sur la pompe qui est à domicile.

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Le Pharmacien auprès du patient atteint de cancer

Faire le lien ville-hôpital est totalement crucial. Jecrois qu’il est difficile de passer après mes deux émi-nents confrères qui ont très bien expliqué l’intérêtde créer ces liens et surtout l’intérêt que le maladetire de ces liens, de la fluidité de ces liens et de leurqualité.

Les principales vertus que l’on pourrait identifierquant à l’intérêt de ces liens est d’abord de restau-rer la confiance entre les professionnels. Très claire-ment, notre système de santé, nos mentalités, lesuns et les autres, sont basées sur l’exercice personnelque nous avons, officinaux, hospitaliers. Et chacunest dans son petit coin, chacun est dans sa tourd’ivoire.

Et aujourd’hui, on n’a pas du tout les moyensd’exercer de la sorte. Je pense que tout le monde acompris que le malade suivait un chemin et que cecontinuum était composé d’individus qui devaientcommuniquer les uns avec les autres.

Maintenant, une fois que cela est dit, pour autant,tout est à faire, parce que c’est bien joli de le dire,mais il faut effectivement, au quotidien, créer tousces moyens, toutes ces rencontres qui vont faireque, petit à petit, les uns et les autres vont se ren-contrer, s’apprécier et tisser ces fameux liens deconfiance qui vont faire que, sans arrière-pensée, unprescripteur hospitalier va se dire : « Bien sûr, l’inter-locuteur, c’est le pharmacien d’officine. » Mais avantd’y arriver, il va falloir ramer, il va falloir se rencon-trer, il va falloir entrer en contact.

Aujourd’hui, tout le monde a compris que le rappro-chement entre la ville et l’hôpital était absolumentcrucial.

Donc, trouver des organisations, quelles qu’ellessoient, d’où qu’elles viennent, peu importe : il fautsavoir faire feu de tout bois en la matière. La tâcheest si importante et si grande qu’il ne faut découra-ger personne.

Une deuxième façon de créer ces liens est d’entrerdans le vif du sujet, dans le vif de la compétence. Ona confiance parce que l’on a reconnu en son interlo-cuteur, en son partenaire, une véritable compé-tence. Cette compétence ne tombe pas de la lune.

Dans mon cursus à moi, je n’ai pas les chances de mesnouveaux confrères – et j’en vois quelques-unes ici –d’avoir eu un véritable cursus sur le sujet. J’ai ter-miné en 1982. Dans ces années-là, la chimiothérapieet les cytotoxiques… je ne sais même pas si c’étaitprévu au programme. Certains me font « non ».Il est donc absolument indispensable d’ouvrir despans entiers de la thérapeutique dans l’esprit de nosconfrères. Cela n’existait pas et, aujourd’hui, il fautintroduire tous ces sujets. Quelquefois, c’est un tra-vail de conviction qui est difficile pour aller juste-ment motiver tous nos confrères à participer à cessoirées de formation.

C’est pour cela que le réseau qui, par définition, estun système, une organisation de proximité est làpour aller frapper à la porte, quasiment, et pouraller créer des réunions par arrondissement à Paris,mais aussi localement.

Le réseau HOPADOM que j’évoquais ce matin aorganisé, dans le trimestre, en ce moment, 17 réu-nions que l’on a appelées nos réunions de proxi-mité, c’est-à-dire que l’on est dans toutes les petitesvilles, dans tous les gros bourgs pour inviter lespharmaciens, les infirmiers, les médecins généralis-tes – ce sont les 3 cibles en ce moment à se rencon-trer sur ce thème.

Il y a une chimio per os qui vous tombe dessus, il y aune chimiothérapie ou la prise en charge d’une per-fusion qui vous tombe dessus – puisque c’est un peucomme cela que c’est vécu : cela nous tombe dessus–, comment réagit-on, comment intervient-on,quels réflexes a-t-on ?, Essayer de recréer le bonchemin pour obtenir la bonne information au bonmoment pour dispenser la bonne réponse au bonmoment, c’est-à-dire au moment où le malade en abesoin est notre mission.

Ces formations de proximité, ces rencontres deproximité, comme je le disais déjà ce matin, sonttrès riches, parce que pluridisciplinaires. Et il estassez étonnant de constater que les uns et les autresse reconnaissent, parce qu’ils se sont retrouvés quel-quefois sur les mêmes bancs et qu’ils ont divergé,pour diverses raisons, d’intérêt Mais tous disent : «Ah, mais t’es là, toi ? » – « Ben oui, je suis là. Et toi,qu’est-ce que tu deviens ? »

Atelier Le lien ville-hôpitalDominique Brasseur

Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens

Auturtreob

Domicomlesququon

Apnécircpaplumade cassiojoum’saynocla

La contri.pa

Ensle sitepaporezcel

C’epuOnproauxd’erecva sonmequloun’e

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Aussitôt après, la culture peut se renouer. La rup-ture géographique est atténuée. Dans ces rencon-tres, encore une fois qui sont courtes mais riches, onobtient des résultats assez exceptionnels.

Donc, de la formation qui est simple dans un pre-mier temps et qui, au fur et à mesure du temps, secomplexifie. De la formation initiale de base pourles pharmaciens au début : qu’est-ce qu’un cytotoxi-que ? qu’est-ce qu’une thérapie ciblée ? qu’est-cequ’un inhibiteur de tyrosine kinase ? etc. Pas à pas,on recrée donc les besoins.

Après l’organisation et la formation, il y a unenécessité impérieuse de trouver un moyen de fairecirculer l’information entre tous les acteurs. Lepapier tue le papier, l’information tue l’information,plus on en a et plus… Je suis toujours épaté, tous lesmatins : j’ouvre mon courrier et je mets presque plusde papier à la poubelle que je n’en reçois ; en toutcas, en volume, une fois ouvert, c’est très impres-sionnant. Et je trie très rapidement. Je reçois desjournaux dont je n’ai rien à faire, des publicités quim’indisposent et nous sommes tous en train d’es-sayer de chercher l’accroche sur l’enveloppe, qui vanous faire dire : « Ah, celle-ci, je la garde ; celle-ci,classement vertical, je n’ouvre même pas. »

La circulation de l’information, en amont, c’est avoirconfiance en une organisation qui va faire un pré-tri. La circulation de l’information vient donc de lapart des partenaires.

Ensuite, c’est ce que l’on a essayé de développer avecle réseau HOPADOM en Haute-Normandie, c’est unsite Internet. On a créé un site Internet, je vous en aiparlé ce matin : www.hopadom.fr. C’est facile, vouspouvez aller voir. Malheureusement, vous ne pour-rez pas entrer dans ce qui nous intéresse, c’est pourcela que je vais vous le raconter.

C’est un site d’information concernant le grandpublic, qui raconte ce que fait le réseau. Idem pourOnco-Normand, d’ailleurs. Et un site réservé auxprofessionnels, avec un login spécifique, qui permetaux professionnels qui ont un malade en charged’entrer dans un espace spécial où on va essayer derecréer une zone d’un dossier professionnel. On neva l’appeler ni pharmaceutique, ni médical, ni per-sonnalisé, c’est un dossier professionnel complète-ment verrouillé, à l’utilisation propre des praticiensqui prennent en charge une personne. C’est un peulourd dans le fonctionnement, c’est pour cela qu’iln’est pas facile de vous le faire voir, parce qu’à cha-

que fois que l’on intervient, il y a eu des démarchesauprès de la CNIL, etc., pour sécuriser ce système.

Vous comprenez donc bien que le but de la manœu-vre, c’est un patient, des intervenants, et il n’y a queces intervenants qui peuvent intervenir sur lepatient.

On en est à une phase d’expérimentation qui, pourl’instant, a l’air de fonctionner. Mais encore unefois, c’est un peu complexe, en tout cas à écrire.Notre cahier des charges était particulièrementpointu.

Nous avons à notre disposition aujourd’hui desmoyens de communication qui sont particulière-ment développés pour arriver à nos fins. Il faut faireencore une fois preuve de patience. Et malheureu-sement, il est toujours pénible de toujours avoirrecours à la patience : elles ne peuvent pas êtrefonctionnelles aussi vite. Il faut donc du temps, tou-jours du temps, de la patience pour arriver à nosfins.

Donc, de l’information papier, de l’information sousforme de site, mais dans tous les cas une informa-tion triée qui nous permet d’identifier celle que l’onsouhaite et d’aller au but tout de suite.

J’ai évoqué ce matin le dossier pharmaceutique. Ilest sûr que l’ordinal que je suis ne peut pas ne pasvous passer un petit couplet sur le sujet, même si cen’est pas mon dossier en particulier, mais c’est l’af-faire de tous. Le dossier pharmaceutique est l’af-faire de tous les pharmaciens. Je souhaite donc vrai-ment qu’il soit diffusé le plus largement possibledans la chaîne pharmaceutique. C’est son objectif.Il est aujourd’hui en expérimentation dans 6 dépar-tements : c’est près de 300 officines qui l’ont mis àl’épreuve. On a atteint les 100 000 dossiers pharma-ceutiques à ce jour. Ces dossiers sont faciles à mettreen œuvre, ils ne prennent pas de temps, le logicielest maintenant éprouvé. Il demande une mise enœuvre au départ entre 5 et 10 minutes. Le systèmeest ensuite automatisé et ne prend donc pas detemps. Il est totalement fluide et ne ralentit doncpas l’exercice au quotidien.

Son système est basé sur le fonctionnement d’unhébergeur externe qui va recevoir des informationset qui va vous en donner lorsque vous les réclamez.Le système est totalement sécurisé sur la base dusystème SESAM-Vitale, c’est-à-dire carte CPS d’uncôté, carte Vitale de l’autre, donc double adresse,

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double signature qui verrouillent le système. Vousne pouvez obtenir que les documents concernant lapersonne de la carte Vitale et il n’y a que vous, carteCPS, qui pouvez en faire la demande.

Ce système peut se faire en ligne. Il y a ensuite desdétails, mais l’objectif qu’il faut retenir est un va-et-vient avec un système externe, sécurisé, verrouillé àl’usage de la profession.

Le système est aujourd’hui expérimenté avec un his-torique de 4 mois. Il est souhaitable que ce systèmepuisse être développé, bien évidemment, et quel’on puisse éventuellement le spécialiser. On peutrêver, le DP n’en est qu’à son début. Je pense qu’ilfaut rendre hommage à l’ensemble de la profession,et à l’Ordre notamment, pour être impulseur sur cethème. Il est fondamental pour l’exercice pharma-ceutique et on ne le dira jamais suffisamment.

Au niveau de la cancérologie, ce DP devra être enconnexion avec le dossier communicant en cancéro-logie, le DCC, qui est l’expression des RCP (réunionsde concertation pluridisciplinaires) qui sont la syn-thèse du staff qui est elle-même communiquée àl’extérieur de l’hôpital. Nous souhaitons ardemmentque le DP soit le véhicule de ces informations et que,par ce biais-là, la profession puisse être destinatricede toutes ces informations.

Circulation d’information : vous avez bien comprisque c’était le nerf de la guerre, c’est ce qui permetaux uns et aux autres d’avoir la bonne informationau bon moment ; c’est ce qui permet au pharma-cien, dans sa consultation pharmaceutique que j’ex-pliquais rapidement ce matin, d’être professionnelde santé informé et compétent, et en capacité d’ac-tion. Parce qu’on n’est pas un professionnel desanté pour regarder les gens et pour être purementcompassionnel. Ça va bien 2 minutes, mais on est làpour être efficace, donc pour répondre aux ques-tions. Pour répondre à ces questions, il faut avoir eul’information souhaitable lorsqu’on en a eu besoin.

Faire du lien ville-hôpital, c’est exprimer, chacun, sacomplémentarité et c’est exprimer, chacun, la répar-tition des intérêts, de façon à ce que tous ces inté-rêts mis bout à bout convergent vers un intérêtcommun. On n’y est pas.

Patrick disait tout à l’heure que bientôt les hôpitauxallaient totalement être embolisés. C’est effective-ment le grand risque. C’est probablement ce qui vase passer, mais pour autant, tout le monde attend.

QuestionCombien de temps s’écoule entre le moment oùvous établissez une fiche de liaison et le momentoù l’infirmière est capable d’administrer à domicilela poche qui a été fabriquée ?

Patrick ThomaréLa chimiothérapie est enlevée dans mon service à 10heures le matin. Elle est acheminée au plus tard à 14heures chez l’officinal, dans l’une des 444 officinesdu département. Elle est injectée en priorité, puis-que cela a été plus ou moins contractualisé avec lesinfirmières et cela les arrange dans leur tournée…elles commencent en fait leur tournée par lepatient, parce qu’il faut dire qu’avoir plus d’unpatient cancéreux avec ce type de problématiqueexceptionnelle, y compris d’ailleurs pour les offici-naux… elles commencent donc leurs soins par cetteactivité-là. Tout est donc terminé à 16 h.

QuestionQuel lest le transporteur ?

Patrick Thomaré C’est une bonne question, puisque cela a été l’objetde beaucoup de discussions et de débats. On a audépart, à l’initiative d’un confrère officinal, essayéde trouver une solution via nos confrères grossistesrépartiteurs, puisque l’on voulait une chaîne dequalité pharmaceutique de bout en bout, et celanous paraissait nativement la bonne solution puis-que ce sont des clients quotidiens de l’ensemble desofficines.

On a donc mis toutes les grandes sociétés que vousconnaissez autour d’une table. On a essayé de défi-nir les grandes lignes d’un cahier des charges. Il s’estavéré, au moins pour débuter cette expérimenta-tion, impossible de les impliquer, tout simplementparce qu’ils ne pouvaient pas déroger à leur tour-née. On aurait donc été obligé de passer par desétapes de stockage transitoire du médicament surdes plateformes où on n’avait pas forcément unelisibilité sur l’environnement climatique de conser-vation du colis. Or, il faut savoir que, dans ce projet,moi, j’engage ma responsabilité depuis la fabrica-tion, depuis notre institution, jusqu’à mon collègueofficinal.

On a donc fait une procédure de marché allégé,avec un cahier des charges assez précis, totalementouvert. Et c’est finalement la société Pharmadom-Orkyn, qui est donc un prestataire, qui a été retenu

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pour ce marché. Mais cela va être réévalué, puisquele marché est caduc le 23 janvier 2008. On va doncréévaluer les choses, recontacter nos collègues gros-sistes répartiteurs.

Nous avons conscience du fait qu’il y a des margesde progression en termes de coût, puisque vousavez vu que le coût n’est pas donné. Des sociétéscomme Taxi Colis, par exemple, pourraient êtreimpliquées, pour l’acheminement de médicaments àflux très tendu. Mais il faudrait avoir une forfaitisa-tion puis ensuite un coût lié à l’indice kilométrique.

C’est à étudier, mais nous pensons que l’on peutprobablement diminuer le coût de 20 à 25 %.

QuestionJe crois savoir qu’une infirmière doit avoir unecapacité pour intervenir à domicile.

Patrick Thomaré Tout à fait. Elle doit être habilitée, avoir une forma-tion.

QuestionComment faites-vous pour gérer la pénurie quanti-tative d’infirmières qualifiées ?

Patrick Thomaré C’est peut-être une chance au niveau des Pays deLoire, on a des instituts de formation assez dynami-ques. On n’a pas de problème ; du moins, il ne m’estpas revenu de difficultés à trouver des infirmiers. Ilest vrai que l’on a associé très précocement lesreprésentantes des professions concernées et celan’a vraiment pas posé de problème.

Dominique Brasseur Je voudrais intervenir, parce qu’effectivement lesinfirmières, après 1994, de mémoire, sont touteshabilitées. Avant 1994, il leur faut effectivement unstage supplémentaire, une qualification supplémen-taire pour intervenir sur le site implantable.

Maintenant, c’est une question très importante :pour faire face à la pénurie d’infirmières, comments’y prend-on ? Nous avons un travail avec nos collè-gues infirmiers et infirmières assez important quiréside sur un fait simple : dans la charge de travaildes infirmiers et infirmières, il y a globalement 2secteurs d’activité, un secteur technique de pointeet un secteur que j’allais appeler subalterne, intéres-sant mais de toilette, de nursing, etc.

Très clairement, dans le cadre du réseau, on orienteles infirmiers et les infirmières sur les actes techni-ques, qui sont d’ailleurs de mieux en mieux rémuné-rés, notamment par le biais des dérogations et lesactes supplémentaires que nous obtenons par lebiais des réseaux. On essaie donc de créer une autrerelation, une autre collaboration avec des interve-nants que l’on a n’a pas nommés jusqu’alors, quis’appellent les SSIAD (services de soins infirmiers àdomicile). Tous les SSIAD de Haute-Normandie tra-vaillent avec HOPADOM, sans exception.

On a réussi à avoir une dérogation un peu particu-lière. Sans rentrer dans le technique, les SSIAD fonc-tionnement normalement un peu à l’image desHAD, cela veut dire avec un forfait. Sur ce forfait,est payée l’infirmière libérale qui intervient pourl’acte technique. Et on a réussi à avoir une déroga-tion de façon à ce que le SSIAD n’intervienne quepour les soins de nursing et qu’il n’ait pas à payerl’infirmière qui intervient dans le cadre du réseau.

Ce sont des choses qui sont importantes, parce quedes aides-soignants à domicile, cela n’existe pas. Iln’y a pas de statut. Il n’y a donc aujourd'hui que lesSSIAD qui peuvent pallier cette carence.

Voilà dans quel sens on essaie de travailler avec lesinfirmiers. Et je peux vous dire qu’en Normandie, les2 piliers du fonctionnement du réseau sont bel etbien les infirmiers et les pharmaciens.

QuestionJe voulais connaître la position des médecins onco-logues référents qui prescrivent ces soins à domi-cile. Je fais partie d’un réseau dans le Morbihan oùles oncologues ne sont pas du tout impliqués, il n’ya donc jamais de travaux faits à ce niveau. Leréseau existe, les prestations peuvent exister, maisil n’est jamais utilisé parce que je pense que l’onco-logue ne l’utilise jamais, il a ses habitudes.

Patrick Thomaré Je pense qu’il y a d’abord une méconnaissance del’offre, une méconnaissance de l’organisation pro-posée par le réseau. Je ne sais pas ce qu’il en est spé-cifiquement pour le vôtre, mais je crois qu’au départil y a aussi eu des problèmes de communication etd’information, de même que pour l’HAD, tout sim-plement.

J’ai rencontré, il y a peu de temps, les représentantsmédicaux et administratifs de l’HAD de Nantes. Ils

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nous ont clairement fait entendre qu’il y avait uneméconnaissance de l’offre et des conditions de priseen charge des patients à partir des institutions, enparticulier des institutions publiques, pour l’HAD.

Je pense que c’est déjà un premier point. Ensuite, àtitre individuel, je pense qu’il y a effectivement desoncologues – ou des hématologues, puisqu’àNantes, on a un très gros service d’hématologie,comme vous devez le savoir – qui ont des positionsun peu différentes. Il y a un certain nombre de lea-ders, de référents, en particulier en oncologie àNantes, qui pensent tout à fait possible et qui vou-draient même aller au-delà de ce qui est proposépar le réseau, c’est-à-dire de proposer des protoco-les candidats peut-être plus lourds que ceux qui sontfaits aujourd’hui.

Je n’ai pas cité les produits, mais que fait-on, à cejour, en ambulatoire ? On fait herceptine en adju-vant, pas les premières cures, mais après 2 ou 4cycles, la suite du traitement est faite à domicile :bléomycine, méthotrexate, les 5FU encore, la gemci-tabine, la navelbine, des produits comme ceux-là.

Peut-être un jour d’autres thérapeutiques ciblées,quand elles seront humanisées, parce qu’au-jourd’hui le facteur limitant du développement desthérapeutiques ciblées injectables au domicile est àmon sens le risque anaphylactoïde. Quand on aurades anticorps totalement humanisés, je pense qu’onaura peut-être moins de problèmes à ce niveau-là.

Maintenant, il y a la pression de l’institution, commeje le citais, c’est-à-dire qu’à ce jour, telle que la règlede financement des hôpitaux est faite, en particulierpour les centres anticancéreux et pour les CHU dedévelopper de façon massive ce type d’approche seferait au détriment des finances de l’hôpital. Aucentre anticancéreux René Gauducheau de Nantes,on a 23 lits d’hôpitaux de jour, vous imaginez, unpeu l’essentiel des recettes est fait sur ce type de litoù on peut remplir 3 fois le lit dans la journée, parexemple.

Il y a donc un problème de valorisation et donc, àmon sens, un problème politique évident pourdébloquer la situation.

Et puis il y a toujours et il existera toujours desmédecins plus réservés par rapport à cela, parcequ’ils ont, dans leur vécu personnel, une histoire dechasse ou quelque chose qui a pu avoir des consé-quences graves vis-à-vis du patient, et qui sont un

peu frileux, qui attendent que les choses se mettenten place et qui ne vont pas être pionniers en lamatière.

QuestionCela paraît toute une évolution. On parlait de laformation des infirmières, de la formation des phar-maciens, elle est quand même liée à la volonté desoncologues ?.

Patrick Thomaré Totalement.

QuestionQue peut-on peut faire pour justement les fairebasculer dans le fait que cela peut servir auxpatients ?

Dominique BrasseurJe pense que la première chose que l’on peut faireest effectivement aller à leur rencontre, les solliciter.J’ai un exemple, je ne citerai pas son nom : à Evreux,il y a un oncologue bien connu qui exerce dans uneclinique privée. Cette clinique privée a quelquesfauteuils d’HAD. Et très clairement, il me dit : «Attends, c’est super, ce que tu fais, mais moi, tantque j’ai mes financements d’HAD, pas touche ! »Il est très clair avec moi. Par contre, très régulière-ment, on va organiser à Evreux avec lui des rencon-tres, des formations. Il se prête à cela et, petit àpetit, des liens de connaissance se tissent. C’est parce biais-là, c’est en s’identifiant progressivementque l’on y arrive.

Je pense aussi qu’il y a une deuxième chose, c’estqu’il y a un problème de génération. Je fais partiedes quinquas, mais très clairement aujourd’hui, onvoit bien que le monde hospitalier bouge beau-coup, le monde de la santé bouge globalementbeaucoup, et que les mentalités des nouveaux arri-vants sont différentes, qu’ils ont moins cette sensa-tion de rétention. Et ils sont beaucoup plus enclins àun travail collectif, un travail de groupe, ce quin’était pas le cas de nos organisations à nous oùl’hôpital était bien segmenté en étages, avec desservices par étage, et donc avec des pare-feux entrechaque service et entre chaque étage.

Patrick ThomaréJe pense aussi, pour prolonger le propos de mon col-lègue, qu’indépendamment des efforts individuelsque l’on peut tous faire dans nos secteurs et dans

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nos régions respectives, ce qui est de nature àdébloquer la situation est d’offrir une visibilité plusgrande aux décideurs, aux politiques par rapportaux orientations stratégiques du réseau.

Je pense – on en parlait tout à l’heure en off avecmon collègue suisse – que, si les réseaux montrentrésolument qu’ils sont prêts à mutualiser leursmoyens par rapport à des thématiques qui sont tou-tes proches par rapport aux patients cancéreux, cel-les que j’ai citées tout à l’heure, ils voient que l’onne va pas vers un empilage de structures qui peu-vent être concurrentielles. Il y aura probablementune meilleure lisibilité sur le coût global que cela ris-que de générer.

Vous avez certainement lu, ou au moins parcouru,les circulaires de mars et celles, plus récentes, quiprévalent pour l’organisation des réseaux. Cela vatrès loin dans le détail. Une attention toute particu-lière est justement portée sur la notion de mutuali-sation de moyens.

Une cellule de coordination, telle qu’elle est propo-sée dans l’organisation d’Onco PL, a à l’évidencevocation de prendre en charge beaucoup plus quela chimiothérapie injectable.

QuestionComment prendre contact avec le réseau de sarégion et savoir l’avancement du développement,par exemple, de Paris Ouest ?

Dominique BrasseurIl y a le site de l’INCa sur lequel il y a toutes les adres-ses de tous les réseaux, avec tous les moyens de lesjoindre, le nom des coordinateurs de réseau, leurscoordonnées téléphoniques, mail, etc.

Ce n’est pas difficile de trouver le site de l’INCa,réseau oncorégional. Il y a une carte. C’est très sim-ple. On clique sur sa région et on tombe sur tous lesréseaux de sa région et on choisit le plus proche.

QuestionVous pensiez à quelles prestations autres que la chi-miothérapie injectable ?

Patrick Thomaré Les soins de support, les soins palliatifs, la nutritionentérale et parentérale, l’éducation thérapeutique.Elle est revendiquée par les officinaux, c’est tout à

fait légitime. Et je pense que le réseau, tous les pro-fessionnels de santé, plus on va « rabâcher », auprèsdes patients, la nécessité d’être prudent par rapportà ces thérapeutiques et de vraiment respecter lesschémas protocolaires, plus on apportera de garan-ties, à la fois à l’efficacité du traitement et à la sécu-rité de la prise en charge du patient.Cela peut être la douleur, bien sûr, je l’ai citée. Dansle domaine de la cancérologie, il y a un champ d’ap-plication large.

La perfusion simple : je prends l’exemple des myélo-mes, parce qu’à Nantes, nous avons un recrutementextrêmement important dans le domaine hématolo-gique. Via le réseau, sont faites toutes les perfusionsde biphosphonates en ambulatoire, alors qu’il y aencore un an, tout cela était fait à l’hôpital de jour.Il est vrai que la sortie T2A a facilité les choses.

QuestionComme Christian Sierro qui assure toutes ces presta-tions, vous pensez qu’une même structure peutassurer toutes ces prestations au lieu que ce soientdifférents prestataires ?

Patrick Thomaré Nous n’avons pas les moyens, nous, hospitaliers, ilfaudrait créer des structures. Il est évident que lapréparation de tous les médicaments, dans le cadredes réseaux, c’est évidemment souhaitable.

L’HAD pédiatrique à Nantes est une UF de l’hôpital,donc c’est facile. Puisque c’est une unité fonction-nelle, au plan légal cela ne pose donc aucun pro-blème. On fabrique déjà, à partir de l’hôpital, descaissettes de morphine ou de médicaments qui peu-vent être utilisés dans un contexte palliatif.

Ce sont des choses qui pourraient être développées,à partir d’unités de préparation centralisées, quelqu’en soit d’ailleurs le statut.

Maintenant, faire de l’antibiothérapie, des chosescomme cela, il faut savoir aussi où s’arrêter. Moi,mes priorités professionnelles, je l’avoue humble-ment, c’est d’abord de répondre aux attentes desmalades hospitalisés. Il faut quand même que cha-cun trouve son champ. Et je mettrai d’abord lesmoyens qui me seront alloués à disposition desenfants hospitalisés, pour lesquels il n’y a pas forcé-ment des formes adaptées au schéma thérapeuti-que ou posologique nécessaire. Mais si on a la pos-sibilité, pourquoi pas, pour les réseaux.

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QuestionVotre équipe est composée de combien de pharma-ciens et de combien de préparateurs ?

Patrick Thomaré Pour les aspects techniques ? Notre unité utilisel’isotechnie. On a donc 4 préparateurs équivalentstemps plein. J’ai 2 internes en pharmacie, 1 pharma-cienne assistante, 2 externes. On a une continuité deservice 24h24 qui est assurée avec une astreintepharmaceutique, mais l’astreinte pharmaceutiquen’est pas réservée à ce type d’activité, dans lamesure où vous vous doutez bien que la mise enroute d’un traitement à domicile est normalementréalisée à froid, il n’y a jamais d’urgence à initier. Ets’il y a un problème technique, on arrête et onréévalue les choses le lendemain.

On utilise beaucoup les systèmes actifs, comme noscollègues, je vois cela, alors qu’il y a eu un débatpharmaceutique assez animé sur infuseur, pompe.Personnellement, je suis un farouche défenseur des

pompes, parce que même si c’est un système quinécessite un peu de formation, c’est quand mêmeextrêmement sécuritaire. S’il y a un problème, onpeut arrêter, on peut redémarrer. Avec un infuseur,il y a un problème, on arrête et on est ensuite obligéde refaire.

Ce que l’on peut dire, c’est que la centralisationn’est à mon sens intéressante, tant au plan économi-que qu’au plan rationnel, qu’à partir du moment oùon a une masse critique d’activité suffisante. Uneunité qui a 2 000 préparations de cytotoxiques oumême 5 000 préparations de cytotoxiques par an, jene vois pas trop le rationnel, de développer celaparce qu’une des motivations économiques pour lacentralisation des préparations est de récupérer lesreliquats des traitements. Or, pour pouvoir se per-mettre de récupérer les reliquats de traitement, ilfaut avoir une masse critique d’activité suffisante.Nous, on fait 20 000 chimiothérapies injectables paran.

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[email protected]él. : 01-53-73-97-98 ou 01 53 73 99 10 ou 01 53 73 15 19Fax : 01-43-29-57-16

Diplôme d’université de Gérontologie et pharmacie clinique.Directeurs des enseignements : Vanessa BLOCH et Marie Claude GUELFILes buts recherchés sont :- Développer la validation de l’ordonnance et du conseil gériatrique à l’officine (prescriptions multi-ples, risques iatrogènes, bon usage du médicament, etc…).- Permettre aux diplômés de remettre leurs connaissances cliniques et thérapeutiques à niveau.- Fournir aux industriels et hospitaliers (médecins, pharmaciens) des informations leur permettant derépondre de la façon la plus pertinente aux problèmes liés au vieillissement normal et pathologique.

Diplôme inter-universitaire de gestion entrepreunariale de l’officineDirecteurs des enseignements : Pr Eric FOUASSIER (Paris XI), Olivier BOURDON MCU (Paris 5)Objectifs :1. Acquérir ou approfondir ses connaissances dans le domaine de la gestion d’une entreprise officinale.2. Comprendre les autres professionnels (experts comptables, notaires, banquiers, avocats)3. Construire une stratégie pour son entreprise.

Diplôme d’Université d’orthèses et prothèsesDirecteur des enseignements : Pr Françoise BRIONObjectif :Acquisition des connaissances nécessaires à la délivrance des appareils-orthopédiques.

Diplôme d’université de pharmacie cliniqueDirecteurs des enseignements : Pr Françoise BRION, Nicole TERRIER et Olivier BOURDONObjectifs :- Connaître les stratégies thérapeutiques actuelles des différentes pathologies, les moyens d’optimisation des traitements, le suivi des patients et les conseils à donner lors de la dispensationdes médicaments.- Définir l’intérêt des médicaments récemment mis sur le marché.- Analyse, commentaire et validation d’une ordonnance : assurance qualité de l’acte pharmaceutique

Diplôme d’université de pharmacie clinique oncologiqueDirecteurs des enseignements : Pr Françoise BRION, François LEMAREObjectifs :Connaître les médicaments antitumoraux, les stratégies thérapeutique

Formations proposées par le département de formation continue de la faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques

de l’université Paris-Descartes

4, avenue de l’Observatoire75006 Paris

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NICOPA

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APrA4 GÉNÉRALE.indd 1APrA4 GÉNÉRAL 17/03/08 14:02:17

D.U. (Diplôme d’Université)

DU orthèses et Prothèses Externes Docteur Annick BERKOVIC 01 46 83 58 54

DU Conseil cosmétologique appliqué à l’officine Professeur Jean-Paul MARTY 01 46 83 53 51

DU Homéophathie Docteur Pierre CHAMPY 01 46 83 56 39

DU Lithiase Urinaire Professeur Bernard LACOUR 01 46 83 55 32

DU Mycologie des macromycètes Docteur Annick SIMON 01 46 83 55 10

DU Maintien à domicile et pratique pharmaceutique clinique Docteur Catherine DAVRINCHE 01 46 83 57 01

DU Préparation à l’exercice officinal Professeur Gilbert FOURNIER 0146 83 55 97

DU Visiteur Médical Professeur Pierre BAC 01 46 83 55 51

D.I.U. (Diplôme Inter Universitaire)

DIU Gestion entrepreneuriale de l’Officine Professeur Eric FOUASSIER 01 46 83 56 15

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Université PARIS-SUD 11 - Faculté de Pharmacie5, rue Jean-Baptiste Clément

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