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N° 36 juin - juillet 2012 Journal Interne du centre hospitalier George Sand Sommaire DOSSIER : L’Éthique TÊTE À TÊTE : Éric FIAT ÉVALUTION DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES : Pertinence des admissions au CASA UCPA : Cuisine commune MÉDIATIONS ANIMALES À LA MAS DE DUN CERTIFICATION 2012 BRÈVES HOSPITALIÈRES www.ch.george.sand.fr éDITORIAL : UTILE, INUTILE, L’éTHIQUE ? Vladimir Jankélévitch, ce philosophe majeur du 20 ème siècle, né à Bourges en 1903, aimait à dire que la philosophie n’était pas un ustensile, qu’elle ne servait à rien, et que même le mot servir n’était pas philoso- phique puisque, par son étymologie, il renvoyait à la servitude, à l’esclavage, alors même que c’étaient la liberté, la contestation, la remise en cause de toutes les habitudes, opinions, pensées, le doute systématique et généralisé, par conséquent la contestation, qui étaient l’objet même de la philosophie. C’est pourquoi il est vain d’espérer que la philosophie, dont l’éthique n’est qu’une composante, puisse fournir des solutions aux situations parfois problématiques que nous rencontrons, et des réponses définitives aux questions que nous nous posons dans nos exercices professionnels. C’est dire que l’éthique ne saurait d’une quelconque manière être instrumentalisée. Et de ce point de vue on ne peut qu’être sceptique quand les manuels de certification de l’HAS transforment cette réflexion en critères évaluables et quantifiables. Pour autant, comme le dit encore Vladimir Jankélévitch, on peut vivre sans philosophie, certes, mais moins bien ; de même qu’on peut vivre sans éthique ; et même contre toute éthique, même minimale. En effet nous avons vu, dans l’histoire, bien des périodes où l’on se préoccupait peu d’éthique, et au cours desquelles on vivait sans que quiconque, sinon quelques voix isolées -, s’en inquiétât, fut-ce a minima ! Qu’on se souvienne du « grand renfermement » dans les hôpitaux généraux : hospice de Bicêtre ou de la Salpétrière, ou à Bourges hôpital général Taillegrain, auquel succéda le dépôt de mendicité Fulton, dans lequel, sur une surface d’à peine un hectare, étaient entassés, pêle-mêle, condamnés, mendiants, prostituées, insensés, femmes enceintes ! Qu’on se souvienne de l’Aktion T4 de l’Allemagne nazie, programme d’élimination des malades mentaux et handicapés ! Qu’on se souvienne des 40 à 50 000, pour le moins, malades mentaux, morts de faim dans les hôpitaux psychiatriques français durant la deuxième guerre mondiale ! Aussi nous ne pouvons qu’accueillir favorablement tout ce qui replace au centre de nos préoccupations de soignant une démarche et une réflexion éthiques. Cette réflexion éthique est d’autant plus nécessaire que le champ psychiatrique est toujours le lieu de projections, de prénotions, de représentations négatives, qui peuvent porter atteinte à l’essence fondamentale de l’homme : Liberté, Dignité, Responsabilité, Intégrité physique et psychique, ce qui impose aux soignants une vigilance permanente pour être les alliés de l’Humanité des malades suivis par les services de psychiatrie, pour être en quelque sorte la voix de ces sans voix, pour être un peu leurs témoins. Mais elle l’est aussi parce que la maladie psychiatrique, par elle-même , pose des questions fondamentales pour la réflexion éthique : capacité à agir de manière lucide, intégrité ou non du discernement, valeur du consentement, limitation aux restrictions de certaines libertés, etc, ce qu’évoque dans son propos le Docteur Guggiari, qui, faisant référence à l’obligation d’une éthique de conviction, nous place dans cette alternative définie par Max Weber de l’éthique de responsabilité et de l’éthique de conviction. Et n’oublions pas que les difficultés sont majorées lorsque l’on intervient auprès de patients mineurs (enfants et adolescents), plus ou moins vulnérables, avec la présence d’une multiplicité de tiers (parents, écoles, services éducatifs, ASE, services sociaux, éventuellement tiers judiciaire) et que se pose également le problème de l’acquisition d’une capacité progressive des adolescents pourtant incapables au sens juridique du terme. Cette réflexion éthique est d’autant plus indispensable qu’il faut souvent arbitrer entre des choix contraires. Plus on est confronté au précaire, au mouvant, à l’incertain, et plus dans doute la démarche éthique est nécessaire, même si, comme le rappelle le Docteur Guggiari, Président de la CME, elle ne doit pas déboucher sur la fausse sécurité que confère le prêt à penser, qu’elle n’a, de toute façon, pas vocation à fournir. La mise en place prochaine d’un espace éthique au sein de l’établissement, qui sera soutenu par le pôle formation du Centre hospitalier Sainte Anne ainsi que par l’équipe du Professeur Eric Fiat, de l’université Paris-Est/Marne la Vallée (qui nous fait le plaisir de participer à ce numéro d’Intercom), aura donc pour tâche de réfléchir, collectivement, à toute interrogation d’ordre éthique formulée par un agent de l’établissement, quelle que soit sa fonction, par un patient, une famille, une autre institution, réflexion à laquelle pourra participer tout agent volontaire ou intéressé, quelle que soit sa fonction, chaque parole ayant le même poids, la même valeur, la même importance, quel qu’en soit l’auteur, puisque chacun dispose d’une sagesse pratique, par nature irremplaçable et inaliénable. Un tel espace, pour être opérant, devra, par conséquent, se placer sous le signe de la liberté (de pensée et de parole) et celui de l’égalité, chacun comme Socrate, sachant d’abord qu’il ne sait rien, s’y retrouvant, par conséquent, plus comme citoyen, praticien (porteur d’une sagesse pratique), que comme expert. Alain VERNET Psychologue au PMPEA

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n° 36juin - juillet

2012Journal interne du centre hospitalier George Sand

Sommaire

DOSSIER :L’Éthique

TÊTE À TÊTE : Éric FIAT

ÉVALUTIONDES PRATIQUES PROFESSIONNELLES :Pertinence des admissions au CASA

UCPA : Cuisine commune

MÉDIATIONS ANIMALES À LA MASDE DUN

CERTIFICATION 2012

BRÈVES HOSPITALIÈRES

www.ch.george.sand.fr

éditorial : Utile, inUtile, l’éthiqUe ?

Vladimir Jankélévitch, ce philosophe majeur du 20ème siècle, né à Bourges en 1903, aimait à dire quela philosophie n’était pas un ustensile, qu’elle ne servait à rien, et que même le mot servir n’était pas philoso-phique puisque, par son étymologie, il renvoyait à la servitude, à l’esclavage, alors même que c’étaient la liberté,la contestation, la remise en cause de toutes les habitudes, opinions, pensées, le doute systématique et généralisé,par conséquent la contestation, qui étaient l’objet même de la philosophie. C’est pourquoi il est vain d’espérerque la philosophie, dont l’éthique n’est qu’une composante, puisse fournir des solutions aux situations parfoisproblématiques que nous rencontrons, et des réponses définitives aux questions que nous nous posons dansnos exercices professionnels. C’est dire que l’éthique ne saurait d’une quelconque manière être instrumentalisée.Et de ce point de vue on ne peut qu’être sceptique quand les manuels de certification de l’HAS transformentcette réflexion en critères évaluables et quantifiables.

Pour autant, comme le dit encore Vladimir Jankélévitch, on peut vivre sans philosophie, certes, mais moinsbien ; de même qu’on peut vivre sans éthique ; et même contre toute éthique, même minimale. En effet nousavons vu, dans l’histoire, bien des périodes où l’on se préoccupait peu d’éthique, et au cours desquelles on vivait sans que quiconque, sinon quelques voix isolées -, s’en inquiétât, fut-ce a minima ! Qu’on se souviennedu « grand renfermement » dans les hôpitaux généraux : hospice de Bicêtre ou de la Salpétrière, ou à Bourgeshôpital général Taillegrain, auquel succéda le dépôt de mendicité Fulton, dans lequel, sur une surface d’à peineun hectare, étaient entassés, pêle-mêle, condamnés, mendiants, prostituées, insensés, femmes enceintes ! Qu’onse souvienne de l’Aktion T4 de l’Allemagne nazie, programme d’élimination des malades mentaux et handicapés !Qu’on se souvienne des 40 à 50 000, pour le moins, malades mentaux, morts de faim dans les hôpitaux psychiatriques français durant la deuxième guerre mondiale ! Aussi nous ne pouvons qu’accueillir favorablementtout ce qui replace au centre de nos préoccupations de soignant une démarche et une réflexion éthiques.

Cette réflexion éthique est d’autant plus nécessaire que le champ psychiatrique est toujours le lieu deprojections, de prénotions, de représentations négatives, qui peuvent porter atteinte à l’essence fondamentalede l’homme : Liberté, Dignité, Responsabilité, Intégrité physique et psychique, ce qui impose aux soignantsune vigilance permanente pour être les alliés de l’Humanité des malades suivis par les services de psychiatrie,pour être en quelque sorte la voix de ces sans voix, pour être un peu leurs témoins. Mais elle l’est aussi parceque la maladie psychiatrique, par elle-même , pose des questions fondamentales pour la réflexion éthique : capacité à agir de manière lucide, intégrité ou non du discernement, valeur du consentement, limitation auxrestrictions de certaines libertés, etc, ce qu’évoque dans son propos le Docteur Guggiari, qui, faisant référenceà l’obligation d’une éthique de conviction, nous place dans cette alternative définie par Max Weber de l’éthiquede responsabilité et de l’éthique de conviction. Et n’oublions pas que les difficultés sont majorées lorsque l’onintervient auprès de patients mineurs (enfants et adolescents), plus ou moins vulnérables, avec la présenced’une multiplicité de tiers (parents, écoles, services éducatifs, ASE, services sociaux, éventuellement tiers judiciaire) et que se pose également le problème de l’acquisition d’une capacité progressive des adolescentspourtant incapables au sens juridique du terme. Cette réflexion éthique est d’autant plus indispensable qu’ilfaut souvent arbitrer entre des choix contraires. Plus on est confronté au précaire, au mouvant, à l’incertain,et plus dans doute la démarche éthique est nécessaire, même si, comme le rappelle le Docteur Guggiari, Président de la CME, elle ne doit pas déboucher sur la fausse sécurité que confère le prêt à penser, qu’elle n’a,de toute façon, pas vocation à fournir.

La mise en place prochaine d’un espace éthique au sein de l’établissement, qui sera soutenu par le pôleformation du Centre hospitalier Sainte Anne ainsi que par l’équipe du Professeur Eric Fiat, de l’universitéParis-Est/Marne la Vallée (qui nous fait le plaisir de participer à ce numéro d’Intercom), aura donc pour tâchede réfléchir, collectivement, à toute interrogation d’ordre éthique formulée par un agent de l’établissement,quelle que soit sa fonction, par un patient, une famille, une autre institution, réflexion à laquelle pourra participer tout agent volontaire ou intéressé, quelle que soit sa fonction, chaque parole ayant le même poids,la même valeur, la même importance, quel qu’en soit l’auteur, puisque chacun dispose d’une sagesse pratique,par nature irremplaçable et inaliénable. Un tel espace, pour être opérant, devra, par conséquent, se placer sousle signe de la liberté (de pensée et de parole) et celui de l’égalité, chacun comme Socrate, sachant d’abord qu’ilne sait rien, s’y retrouvant, par conséquent, plus comme citoyen, praticien (porteur d’une sagesse pratique),que comme expert.

Alain VERNETPsychologue au PMPEA

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2 INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

Doss ier

l’éthique est un mot d’origine

grecque que le romain CiCéron

a traduit par morale : « comme elletouche aux mœurs (mores), que l’onnomme en grec ethos, nous appelons habituellement cette partie de la philosophie des « mœurs » (ethike) mais ilconvient d’accroître notre langue en lanommant morale (moralem) ».

SSi bien que l’on a pour habitude deréduire l’éthique à la morale, c’est-à-dire le plus souvent à un ensemble derègles, de normes, de prescriptions, d’injonctions et donc, dans le domaine médical et hospitalier, deprescriptions ou de conduites à tenir.

CCette habitude contribue à faire dela morale une sorte de catalogue d’attitudes bonnes ou mauvaises, dedevoirs à accomplir, d’obligations àsuivre. Il en résulte qu’un préjugé souvent défavorable s’attache au conceptde morale, alors même qu’un préjugéplutôt favorable s’attache au conceptpresque superposable d’éthique.

Mais il est vrai que le même mot grecethos a deux sens différents selon l’accentuation du « e » :

ainsi, éthos, débutant par un epsilon,signifie habitude, usage, coutume de lacité (donc règles normatives et juridiques), sens que retient exclusive-ment CICéRoN, tandis que êthos, débutant par unéta, signifie séjour, lieu habituel, et parextension caractère, vertus personnelles .

D’un côté Un déterminiSme, Une

Contrainte, de l’autre Une liberté

et d’abord Une liberté de penSer.

d’une part, une approche a priori

qui vise, par rapport à une questionposée ou un problème soulevé, à fournirdes recommandations de bonnes pratiques, en quelque sorte opposables,donc qui s’imposent, donc faire uneréduction du Multiple à l’Un (de l’hétéronome à l’orthodoxe) en dégageant de la diversité et de la complexité des faits, une sorte d’épure,d’abstraction, de simplification, transposable et généralisable à toute situation similaire, approchante, ressemblante.

d’autre part, une approche a

posteriori qui, à partir d’une situationproblématique, nouvelle parfois, imprévue, dérangeante, faisant débat,controverse, apporte des éclairagesmultiples, diversifiés, d’origine théorique et pratique différentes, permettant d’éclairer une décision etnon pas la décision, qui doit demeurerun acte de liberté et de responsabilité,pris en conscience et raison.

la première approche considèrel’instance de réflexion éthique commeUn lieU d’expertiSe aboutissant àune décision technocratique et intangible,alors que la seconde approche la considèrecomme Un lieU de débat auquelcontribuent des experts aboutissant àune décision politique, qui s’assumeéventuellement dans sa précarité, sonimperfection, son évolutivité, maisaussi sa liberté.

La première approche eSt plUS

JUridiqUe, la deuxième eSt plUS

philoSophiqUe.

MÉDECINE, PSYCHI

CCes distinctions étymologiquessont moins anodines qu’elles ne paraissent car elles sous-tendentdeux manières différentes d’envi-sager la démarche éthique et les comités, plateformes, groupeséthiques rendus obligatoires dansles établissements hospitaliers et quifigurent dans des items visés par lesprocédures de certification :

en effet, l’éthique médicale et hospitalière oscille donc entre :droit et phi losophie.

En ce domaine,

la philosophie permet d’évaluer lespossibles ou hypothèses,

le droit impose les limites, tandis que

la morale dit les impératifs, définis-sant, somme toute, une DéoNToLoGIE

PRoFESSIoNNELLE.

Contenu du doss ier

CoNCEPT éTHIQUE

Monsieur Alain Vernet

PoUR UNE éTHIQUE DE CoNVICTIoN

Docteur GuGGiAri

TêTE à TêTE avec éric fiAt

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3INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

Doss ier ATRIE ET ÉTHIQUEC’C’est pourquoi, on pourrait direde l’éthiqUe, qu’elle porte SUR LE BoN

oU LE MAUVAIS, répond à la question : CoMMENT VIVRE ? et recommande !

de la morale, qu’elle porte SUR LE BIEN

oU LE MAL, répond à la question : QUE

DoIS JE FAIRE ? et commande !

EElle commande du droit, qu’il porteSUR LE LéGAL oU L’ILLéGAL, répond à laquestion : SUIS-JE EN INFRACTIoN oU

ACCoRD AVEC LA LoI, ET ? Contraint

oU protèGé !

AAussi, à l’inverse du droit, et mêmede la morale, l’éthique ne saurait sesubstituer aux acteurs, ni les enfermerdans des protocoles. C’est mêmelorsque la situation est singulière,qu’aucun protocole ne s’applique strictement et que parfois, s’ajoute uneincertitude, voire un conflit de valeursque la réflexion éthique est la plus pertinente.

C’C’est ce qu’exprime explicitement lephilosophe JACQUES DERRIDA « c’estau moment où je ne sais pas quelle est labonne règle que la question éthique sepose (…) , ce moment où je ne sais pasquoi faire, où je n’ai pas de normes disponibles, où je ne dois pas avoir denormes disponibles, mais où il faut agir,assumer mes responsabilités, prendre parti ».

CCe qu’un autre philosophe JüRGEN

HABERMAS précise ainsi « quand je nesais pas ce qu’il faut faire, il surgit unsentiment moral qui se caractérisecomme une intuition qui nous informesur la question de savoir comment nousdevons nous comporter au mieux, afinde contrecarrer l’extrême vulnérabilitédes personnes, en la protégeant et enl’épargnant ».

oon constate que, le plus souvent,cette réflexion éthique se réfèrera à desattitudes et options philosophiques caractéristiques. C’est ainsi qu’on peutidentifier une poSition UtilitariSte,dans l’esprit de BENTHAM, STUART

MILL, où seul compte le résultat, l’intention des agents n’important pasplus que les moyens utilisés, la fin justifiant les moyens. Cette éthiqueconséquentialiste pourrait se définircomme une éthique de responsabilitépar opposition à une éthique deconviction (voir article ci-après rédigépar le Docteur GuGGiAri). onconviendra qu’elle privilégie le système,l’organisation, une forme de sécuritépar rapport à la liberté individuelle.on peut également mettre en évidenceune position déontologique, plus kantienne, dans laquelle l’action estdéterminée par l’intention quil’anime, par un a priori moral, la référence à des valeurs, des principes,tels par exemple que ceux qui fondentles droits de l’homme, et qui se déclinent dans la démarche éthique en principes de bienfaisance, non malfaisance, autonomie, justice. C’estce qu’on pourrait définir comme uneéthique de conviction.

CCe qu’EMMANUEL KANT résume parla maxime « fais ce que tu dois, advienne que pourra ».

UUne telle position éthique risque cependant de faire abstraction des réalités concrètes, et donc de n’avoiraucun impact pratique. Entre une position purement réaliste et une position purement théorique, il estdonc important de concevoir une poSition intermédiaire, qui soit efficiente, à tout le moins facilitatrice.

C’C’est la position de l’éthique aris-totélicienne qui se fonde sur laprudence (la phronesis) et le momentopportun (le kairos), c’est-à-dire surune forme de sagesse pratique et devertu individuelle qui associe compétence, conscience, empathie,permettant finalement de rendre letragique un peu moins … tragique.

C’C’est ce qu’on désigne sous l’appella-tion d’éthiqUe praxéoloGiqUe ; quin’est peut être que le simple bon sens,la simple humanité, la simple bienveil-lance envers l’autre, ce qu’en d’autrestemps on aurait nommé respect, consi-dération, éventuellement fraternité, etqu’une civilisation technicienne, quiprivilégie l’objet et le jetable, le mesurable, le quantifiable, l’évalua-ble, a tellement déconsidéré, qu’ilfaut maintenant des comitésd’éthique pour les remettre en valeur ; ainsi de cette recommandationdu CoMITé CoNSULTATIF NATIoNAL

D’ETHIQUE, faisant cette recommandation« Le juste abord éthique des dilemmestragiques et douloureux n’est pas d’asséner des certitudes dogmatiques etpéremptoires mais de faire preuve d’humilité, de tâtonnements, interrogationsprofondes et de respect lors de la recherchede la solution humainement tolérable ».

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Alain VERNETPsychologue,

Dr Komi AGBOLI;Dr Catherine ALEXANDRE;

Dr Michel HENIN

Virginie DESSERPRIX,Cadre supérieur de santé

Pôle médico-psychologiquede l’enfant et de l’adolescent

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4 INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

Doss ierÀ LA MéDecine, pArtAnt À LA psychiAtrie, est souVent Associée trADitionneLLeMent une DiMension

Artistique. Ainsi, Dit-on courAMMent À propos De L’exercice MéDicAL, prAtiquer son Art AVec ….ou encore

Des MéDecins, pArLe-t-on De « hoMMes De L’Art ».AVec Les proGrès techniques et une certAine VoLonté De « (toute puissAnce) Des MéDecins », cette DiMension

Artistique s’est Vue DAns LA MéDecine conteMporAine occiDentALe De pLus en pLus réDuite À LA portion

conGrue. LA tenDAnce éVoLutiVe serAit DAVAntAGe À ce que heiDeGGer AppeLAit DéjÀ « Le MonDe De LA technique » AVec une

MuLtipLicAtion D’AnALyses, D’exAMens, De biLAns, De Gestes thérApeutiques et DiAGnostiques Dont LA finALité

finit souVent pAr perDre De Vue ce qui DeVrAit rester LA spécificité De LA MéDecine À sAVoir Le MAintien ou

LA restAurAtion D’une « bonne sAnté ».

UNE RéFLExIoN SUR L’éTHIQUESUPPoSE D’ABoRD UNE PRéCISIoN QUANT AU TERME.

L’éthique peut être considérée commela démarche intellectuelle visant à lamise en place de repères et de valeurs àl’intérieur desquels doit s’exercer lechamp de la spécificité techniqueconsidérée. Dans cette perspective, lapsychiatrie se doit d’abord d’être sous-tendue par une dimension humaniste ausens le plus général du terme, celui quiinspirait les pères de la psychiatrie moderne, c’est-à-dire les instigateurs dela politique de secteur, de la désaliénationet de la psychothérapie institutionnelle.

Il est peut-être utile aujourd’hui de rappeler cette dimension à l’heure dutout biologique ou de l’expansionnismegénétique . La psychiatrie a notammentceci de particulier qu’elle s’exerce sur un

individu dont les capacités de raison-nement sont fréquemment altérées outout au moins en partie déconnectées dela réalité quotidienne. Ce qui ported’emblée les germes d’un a priori de disqualification possible du malade. Parailleurs, la question du consentementéclairé et de l’information est égalementsouvent parasitée en raison du troublepsychiatrique lui-même, ce qui est là encore à l’origine de possibles dérivesdans la relation médecin-malade. Le paternalisme traditionnel ou la positiond’autorité peut ainsi se voir mis en placede façon plus ou moins intuitive si l’onn’y prend garde. Se posera égalementbien sûr le problème de l’adhésion dupatient aux soins et plus spécialementencore de son adhésion, dans certainscas, à une mesure de privation de libertéde mouvements.

AUTANT D’éLéMENTS à PRENDRE EN

CoMPTE DANS LA RéFLExIoN éTHIQUE.

Ce pourrait donc être un premier point, dans un souci éthique, que de restaurer à lapratique médicale dans son ensemble et y compris à la pratique psychiatrique, cet objectif constant de voir d’abord dans le malade non pas un objet mais un sujet, quiplus est, un être humain dans son intégralité tant somato-psychique que socio-familiale.

Par ailleurs, il est clair que la psychiatrie comme médecine de l’âme possède des particularités qui confèrent à la dimension éthique la concernant une importance notoire et également une vigilance plus spécifique sur certains points.

“ L’éthique

ça n’est pas que

des devoirs.

C’est aussi

CherCher à être

heureux”

aristote

POUR UNE ÉTHIQUE

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5INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

on rappellera par ailleurs, par rapport àcelle-ci, quelques uns des axes principauxqui peuvent la sous-tendre.

Ainsi, notamment LA RECHERCHE A PRIoRI

DU BéNéFICE DU MALADE oU ENCoRE LE

RESPECT DE SA DIGNITé HUMAINE, LE

RESPECT éGALEMENT DE SoN AUToNoMIE

ET DE SA LIBERTé INDIVIDUELLE qu’il s’agissede la liberté de pensée ou de la liberté demouvement . Ces deux aspects pouvant êtrecontrariés dans le souci le plus thérapeutiquequi soit. on rappellera encore la nécessitéde l’information du patient sur ses troubleset non seulement leur diagnostic mais aussile pronostic dans le souci d’obtenir ce que nousappelions plus haut « le consentement éclairé ».

Comme on peut le constater ces diversthèmes peuvent comporter une certainecontradiction entre eux. Ainsi par exemple,la liberté de mouvement peut-elle être entravée par le souci du bénéfice du maladedans certaines situations pathologiques ouencore le respect de son autonomie danscertaines situations aboutissant à une dépendance, au moins temporaire, compte-tenu de l’état pathologique. La questionmême de sa dignité peut parfois être miseen difficulté lorsque l’acuité des troubles,par exemple dans des situations très régressives,peut confiner à une mise en péril de cette dignité.C’EST DIRE S’IL EST IMPoRTANT QUE LES

SoIGNANTS QUELQUE SoIT LEUR FoNCTIoN

DANS LA PRISE EN CHARGE THéRAPEUTIQUE

DES PATIENTS GARDENT à L’ESPRIT CET A

PRIoRI DE CERTAINES VALEURS ET DE

CERTAINES BoRNES DANS LEURS PoSTURES,LEURS PRoPoS ET LEURS GESTES ENVERS

LES PATIENTS.

Par ailleurs encore, l’accroissement depuisquelques décennies, du désir collectif dans lasociété d’une plus grande place de l’individudans les divers champs de la vie sociale, està l’origine de positionnements plus oumoins revendicatifs de certains malades, deleurs associations concernant leur part dechoix dans les soins qu’ils peuvent être amenés à subir.

Il convient de respecter a priori une telleorientation. Il faut tout de même savoir nepas en être à la merci au nom de positionsplus ou moins démagogiques ou d’intérêtssocio-économiques.

D’autre part encore, la propension de plusen plus nette à des procédures médico-légales envers les praticiens peut induirechez ces derniers un réflexe de défense ou deprotection visant à introduire dans les soinsle souci prioritaire de ne pas se placer dansdes positions « à risque » qui pourraient prêter le flan à une procédure contre eux etcela au détriment de soins rendus nécessairespar l’état des patients. Ce risque peut se rencontrer avec une acuité toute particulièrepar exemple lors de la décision d’hospitaliserquelqu’un notamment contre son gré. Làencore, la démarche éthique consiste à trouverle juste milieu entre souci légitime de ne passe placer dans des situations pouvant nuireau praticien et celui de rester d’abord soignant.LES SITUATIoNS NE SoNT PAS RARES DANS LA

PRATIQUE QUoTIDIENNE où LE CHoIx

ENTRE DIVERSES ATTITUDES EST DIFFICILE,DéLICAT, IMPLIQUANT. Il est donc souhaitablede pouvoir bénéficier d’une démarche réflexive et collective afin d’éviter les piègesde l’isolement ou de l’unicité du point devue. C’est dire l’intérêt notamment en psychiatrie du travail en équipe, de la réflexion sur certaines situations pouvant revêtir valeur de révélateur. Il pourrait êtretout à fait intéressant de bénéficier de l’apport d’autres disciplines pour enrichir laréflexion et élargir le point de vue du praticien. A cet égard, l’apport d’un éclairagephilosophique, de données sociologiques ouanthropologiques ou encore juridiques nepeuvent être qu’un concours fructueux.

Doss ier

ces quelques pistes soumises à votre réflexion seraient sans doute très utilement complétées par la participationau prochain colloque sur l’éthique.

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Docteur GUGGIARIPrésident de CME

DE CONVICTION

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6 INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

LES CoNVICTIoNS ET PRINCIPES

A nos yeux l’éthique n’est ni une science, ni une technique, ni un système de règles institutionnelles car ni les lois, ni les normes déontologiques ne peuvent à elles seules répondre à la questionéthique : « Que devons-nous faire ? »

Cependant, la démarche éthique peut faire l’objet d’un travail rationnel basé sur les valeurs. En ce sens, la déontologie et la législationconstituent le cadre dans lequel la réflexion éthique peut se structureret se développer.

1 ère

session / 2 jours

Apports didactiques et

réflexions théoriques

démarche éthique

Lecture d’articles et réflexion

pendant l’inter-session (5 semaines)

2ème

session / 2 jours Retour d’expériences

Analyse de situations

cliniques présentées par les

stagiaires

La formation proprement dite est prévue sur 4 jours, elle se déroule en 2 sessions. Il est souhaitable que l’intersession soit d’environ 4/5 semaines(durée de maturation des acquis et de mise en perspective avec la réalité professionnelle des participants).

Doss ier

1. les objectifs de la formation

2. proposition de formation

1.1. oBJECTIFS GéNéRAUx

En tenant compte des grandes questions d’actualité (loi de bioéthique, avis du CCNE, droits des malades, loi de juillet 2011 relative aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet desoins psychiatriques..), cette formation se propose de sensibiliser des soignants qui souhaitent s’investir dans le comité localet/ou développer la réflexion et la démarche éthique au sein de l’institution. Dans ce cadre, il s’agit de : Appréhender les fondements de la pensée et de la décision

éthique ; Face aux interrogations nées de la pratique, favoriser le position-

nement de chacun dans le cadre notamment d’un comitéd’éthique ;

Participer en équipe à une prise de décision respectueuse de la personne soignée et soignante où chacun s’enrichit de la logique de l’autre ;

1.2. oBJECTIFS oPéRATIoNNELS

Savoir discerner ce qui relève de la morale, de la déontologie, de l’éthique et du droit (souligner les liens et les différences entre ces niveaux de réflexions) ;

Reconnaître les différentes dimensions et étapes de la démarche éthique (principe de bienfaisance, de non malfaisance,d’autonomie et de justice) ;

Favoriser la capacité à la réflexion éthique et à la délibération dans le cadre d’un comité d’éthique local en s’appuyant sur les étapesde la démarche éthique ;

Connaître l’organisation institutionnelle de l’éthique dans le système de soin français et les grands textes juridiques et déontologiques de références ;

Acquérir des méthodes s’appuyant sur une analyse des donnéespermettant une démarche éthique respectueuse de la singularité etde la dignité de la personne soignée et de ses proches.

Cette formation vise à permettre aux soignants de participer pleinement au sein de leur unité aux procédures de délibération collégiale.

Le 12 septembre prochain, afin d’installer le groupe de réflexion éthique de l’établissement, aura lieu de 14h30 à 17h30, une conférence, animée parphilippe sVAnDrA et David sMADjA. Leurs interventions seront suivies d’un débat.Philippe SVANDRA traitera des différentes approches éthiques, David SMADJA du thème éthique et politique.

Ce groupe de réflexion éthique bénéficiera, par convention, de l’appui de la plateforme éthique du Centre hospitalier Sainte Anne,et de l’Institut Hannah Arendt de l’Université Paris-Est/Marne la Vallée, c’est à dire de l’équipe du Professeur Eric Fiat (3). La participationau groupe de réflexion éthique de l’établissement se fera sur le modedu volontariat, et une formation à l’éthique, se déroulant au sein del’établissement, assurée par le pôle Sainte Anne Formation, sera proposée aux volontaires. Elle reprendra pour partie l’enseignementdonné dans le cadre du DU d’éthique clinique et hospitalière du Centre hospitalier Sainte Anne, et des masters et doctorat de

philosophie pratique du l’Université de Paris-Est/Marne la Vallée(formations suivies par certains agents de l’établissement), et pourraêtre une initiation pouvant se poursuivre par ces parcours universitaires.C’est pourquoi nous vous proposons ici une information sur la formation à l’éthique qui se déroulera au sein de l’établissement ; ainsi qu’une information sur la plateforme éthiquedu Centre hospitalier Sainte Anne. Nous remercions tout particuliè-rement Philippe Svandra pour toutes ces précisions qu’il a bien voulunous fournir. Par ailleurs le Professeur Eric Fiat nous fait l’honneur denous accorder une interview pour Intercom.

1 Philippe SVANDRA : Cadre supérieur de santé, pôle Sainte Anne Formation, Docteur en phi-losophie, responsable du D.U. Ethique clinique et hospitalière du centre hospitalier Sainte Anne,en partenariat avec l’Université de Paris-Est/Marne la Vallée,2 David SMADJA : Maître de conférences en philosophie et sciences politiques à l’Universitéde Paris-Est/Marne la Vallée et à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. 3 éric FIAT : Philosophe, professeur de philosophie à l’Université de Paris Est - Marne la Vallée,professeur d’éthique médicale au centre de formation des personnels de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris

3. programme

Mise en place d’un groupe Ethique à George Sand

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7INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

Le Centre Hospitalier Sainte Anne a choisi le terme de PLATEFoRME, plutôt qu’ESPACE, CoMITé ou GRoUPE, car lesmots, derrière leur sens immédiat, sont toujours chargés d’unevisée de valeur et d’un projet théorique et philosophique implicite.

Un GRoUPE est un lieu informel, qui ne se donne pas de projet normatif particulier, qui est essentiellement un lieud’échanges et de discussions, n’ayant pas vocation à faire despropositions précises, techniques, opposables. Mais un grouperéfléchit d’abord aux situations de son environnement immédiat,à partir des situations pratiques rencontrées.

En revanche, un ESPACE, qui fonctionne selon des modalitésidentiques, a plus vocation à débattre de problématiques générales, à produire une réflexion théorique susceptible defaire référence, à éclairer d’une manière transversale (à partirde plusieurs points de vue) des questions globales, se déclinanten multiples situations particulières. Un CoMITé (à l’image duComité Consultatif National d’éthique) a plus pour objectifde produire des normes, des références, des recommandationssusceptibles de devenir des protocoles, et fonctionnera plutôtsur le modèle des conférences de consensus.

Une PLATEFoRME cherche à être un peu tout à la fois, à la foisespace de réflexion, de discussion, d’échanges, à la fois lieu deproduction d’une forme de savoir théorique (et dans ce but organise régulièrement des cycle de conférences articulés autour d’un thème : par exemple « concepts philosophiques pour penser le soin » ou « l’éthique du care *». C’est une sorte deboîte à outils théorico-pratique, à disposition des services leur offrant des pistes d’analyse des situations, sans pour autantfournir des prescriptions normatives, définir des conduites àtenir intangibles, sans contraindre la liberté d’appréciation etde décision des soignants.

Les questions posées à la plate forme éthique sontd’origines diverses : soignants, patients, familles, institutions,direction, encadrement. Elles sont remises de manière anonymeà un secrétariat qui les porte à l’ordre du jour d’une réuniontrimestrielle, ordre du jour dont il est fait une publicité préalable.

Ces réunions sont ouvertes à tous les soignants qui se sentent concernés par les questions abordées. Au sein de cesréunions la parole circule librement, sans effet de hiérarchie,toute prise de parole étant d’égale importance, qu’elle émaned’un médecin, cadre, directeur, infirmier, psychologue, ash,aide-soignant, assistant social, personnel technique, etc.

Ces réunions font l’objet d’un compte rendu qui est diffusé,mais il n’y a pas recherche absolue du consensus. Le compterendu liste les différentes positions s’étant exprimées sur unsujet, faisant apparaître les positions majoritaires et les positionsminoritaires.

A noter cependant que les chefs de pôles sont membres dedroit de ces réunions. à ces réunions s’agrègent des personnalitésqualifiées extérieures : praticiens d’autres établissements, philosophes, sociologues, etc. Des représentants des famillesspirituelles : religieux ou libres-penseur peuvent être invitéspour fournir leur point de vue sur un sujet particulier. Ils nefont pas partie des personnalités qualifiées.

Cette plateforme éthique est placée sous la responsabilitéd’un comité de pilotage constitué du directeur général, deschefs de pôles, du directeur des soins, du directeur du pôleformation, et de représentants élus par catégories profession-nelles. Ce comité de pilotage élit en son sein un bureau, quia la charge de l’animation de la plateforme.

Les réunions ont lieu sur le temps de travail.

* expression d’origine américaine

L’expérience du Centre Hospitalier Sainte Anne

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Docteur Michel HENINAlain VERNET

Pôle Médico-Psychologique del’Enfant et de l’Adolescent

Doss ier

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8 INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

Intercom : Eric FIAT, pourriez-vous nousdire en quelques mots qui vous êtes ?

on dit que je suis philosophe. J’aime mieuxdire professeur de philosophie. Car seuls les autres peuvent vous désigner philosophe, c’est-à-dire « ami de la sagesse », pas véritablementsage, de ce fait, toujours un peu inquiet, insa-tisfait, toujours dans le précaire et l’inachevé.Celui qui se définirait sage ne serait qu’un sophos, un sophiste, un être suffisant, sûr de lui,

alors que le philosophie ne nous apprend qu’à douter. Professeur de philosophie, c’est mon métier, et, même si ce n’est pas ma vocation initiale, puisque j’aurais aimé être musicien – mais je ne frotte les cordesd’un violoncelle qu’en amateur – c’est celui que j’essaie de faire en m’y appliquant de mon mieux. Peut-être aurais-je aimé aussi être comédien,et interpréter les grands rôles du répertoire classique : les tragédies de Sophocle, Corneille, Racine ; ou alors le vaudeville, Labiche, Feydeau, etplus encore De Flers et Caillavet ; car les vaudevillistes français, et j’en suisabsolument certain en ce qui concerne De Flers et Caillavet était en général Dreyfusards et Républicains ; c’est dire qu’ils pensaient quelquechose, qu’ils avaient des convictions, et qu’ils les affichaient et les affir-maient avec force ; ils n’étaient pas de simples amuseurs ; compte-tenude l’objet de vos questions, je dirais qu’ils avaient des principes, uneéthique, et une éthique de conviction. Je suis un ancien élève de l’EcoleNormale Supérieure de la rue d’Ulm, et Agrégé de philosophie. Aprèsquelques années comme professeur de philosophie dans un lycée parisien, j’enseigne la philosophie à l’Université de Paris-est/Marne laVallée. Je viens d’y prendre la succession du Professeur Dominique FoLSCHEID comme responsable de la section de philosophie. J’y aidéveloppé l’enseignement de l’éthique.

I: Je me suis également laissé dire que vous aviez un don particulierpour les imitations : Chirac, Mitterrand, Michel Serrault, SergeGainsbourg, etc…

Qui vous a dit cela ? Je ne crois pas être le seul, et il me souvient vousavoir entendu me donner la réplique !

I: Vous avez parlé de votre enseignement de l’éthique, pourriez-vousnous dire sa spécificité ?

C’est un enseignement qui s’adresse aux professionnels de la santé, toutesprofessions confondues, qui ont envie de croiser leurs expériences, exceptionnellement riches de pâte humaine, avec les grandes pensées philosophiques, et qui, ce faisant, peuvent prendre du recul par rapportà leurs tâches quotidiennes, et, en quelque sorte, se « ressourcer ». Cet enseignement se décompose en DU, Master, Doctorat. Il n’est pas nécessaire d’avoir une formation philosophique préalable, mais une expérience, un désir de la comprendre, de l’analyser, voire de la remettreen question.. Cet enseignement, qui se donne au Centre hospitalierSainte Anne, pour ce qui est du DU, et à la Pitié-Salpétrière pour lesMasters et doctorats, n’est pas à sens unique. Il nous apporte aussi énor-mément à nous, enseignants, au contact d’une réalité palpitante, vibrante,parfois terrifiante, douloureuse souvent, qui révèle également des trésorsd’enthousiasme et d’abnégation. Cet enseignement gratifie beaucoup lesenseignants, car les travaux sont toujours rendus en temps, en heure, enqualité, malgré toutes les obligations qu’ont par ailleurs ces étudiants particuliers. La diversité des participants, dans leur formation initiale,parcours professionnels et personnels, lieux d’exercice, mais qui se retrouvent dans une même vision de ce que doit être la démarche éthique,nous a amené à nous reconnaître entre nous, depuis cette année, commemembres de « l’Ecole éthique de la Salpétrière ».

I: Pourriez-vous nous donner une définition de l’éthique ?

Moins qu’une définition, qu’on pourra trouver dans tous les diction-naires, j’aimerais évoquer la posture éthique, qui doit d’abord être faitede modestie, et qui n’a pas à prendre la pose. La posture éthique, c’est nejamais prendre les situations pour ce qu’elles nous apparaissent, c’est nejamais s’en tenir aux évidences, aux a priori, aux prénotions, c’est toujourstout remettre en cause, même le mieux établi, même ce qui va de soi, etsurtout ce qui paraît aller de soi, c’est refuser les conformismes, et essayerd’approcher au plus près l’essence des situations. La posture éthique c’estsavoir que rien n’est jamais simple, que tout n’est pas linéaire, qu’il existetoujours des surplus, des résidus irrationnels qui agissent quoiqu’onveuille et quoiqu’on pense, que rien ne va de soi. C’est une posture incommode, mais qui peut agir à la manière d’un révélateur. Cette postureest celle qu’on applique quand on traite une notion philosophique : quen’est-elle pas, quels sont ses contraires, de quoi est-elle proche, quels sontses synonymes, et ainsi, de proche en proche, d’approximation en approximation, on aboutit à une épure, on pratique une réduction auconcept.La posture éthique ce peut être aussi se faire la voix des sans voix, et rappeler que, malgré tout, leurs manques, défauts, petitesses, imperfec-tions, par conséquent leurs handicaps, troubles, symptômes, misères,malgré ce que peut être la misère de leurs conditions, et même la misèrede leurs conduites (je pense ici à ceux qui font le mal intentionnelle-ment), ils appartiennent à la cosmopolis, c’est à dire la cité des hommes,qu’ils sont de notre monde, et non d’ailleurs et non totalement étrangersmalgré ce qu’ils peuvent nous renvoyer d’étrangeté, et qu’il y a du plurielen eux, : eux, leur condition, état, conduite, et un autre, la loi moralequi, comme Kant l’a dit, est en tout homme, et qui fait qu’il ne faut jamais totalement désespérer de lui.

I: Quels sont vos thèmes de travail ?

J’essaie de poursuivre ma réflexion sur la dignité, en me focalisant sur lesnotions de pudeur, de respect. Je m’intéresse également au mensonge ; etplus récemment à la fatigue, à partir de ce que j’ai perçu chez de nombreux soignants ; quelque chose qui n’est pas réductible à un étatpsychologique individuel, qui ne s’explique pas seulement par un stressprofessionnel en rapport avec la charge de travail, mais un phénomènequi n’est pas sans lien avec la dignité et le respect, une forme de recon-naissance de l’autre, qui n’est pas qu’un simple exécutant, et qu’on nedoit pas empêcher de penser, dont on ne peut contraindre l’esprit dansdes pratiques professionnelles dont on dirait qu’elles veulent souvent réinventer le taylorisme.

I: Quels sont les philosophes dont vous vous inspirez le plus ?

Plus je vieillis, plus je deviens kantien ; vous aussi, me semble-t-il ; maisla position kantienne est inaccessible, et je crois que le vieil Aristote, quitempère ses vertus d’une bonne dose de réalisme, de pragmatisme (je nedis pas de cynisme) est un assez bon guide. Et puis Paul Ricoeur, et sonidée de la sollicitude, ce qui, à l’évidence, fait écho à ce que peuvent vivreles soignants. N’ayez crainte que j’oublie Vladimir Jankélévitch, dontj’aime, comme vous, à rappeler sa conclusion du premier tome du « Leje ne sais quoi et le presque rien » : « ne manquez pas votre matinée deprintemps ». N’y-a-t-il pas plus bel hymne à la vie, à l’espoir, à l’avenir.Vous me permettrez à cette occasion de remercier votre établissementpour l’organisation de ce beau colloque que vous aviez monté l’annéedernière à Bourges, sur le thème « de l’amour à la mort », que vous aviezplacé sous le patronage de Vladimir Jankélévitch, et dans lequel vousm’aviez demandé d’intervenir.

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Propos recueillis parAlain Vernet

Tête à tête avec Eric FIATDoss ier

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Dans la perspective de la dernière visite de certification de l’établissement, le PMPEA a présenté l’EPP qu’il avait étudiée relativeà la pertinence des admissions à CASA, donc à la pertinence des admissions en hospitalisation temps plein des adolescents.Cette évaluationétait apparue utile, nécessaire et indispensable, car depuis quelques années le constat était d’un taux d’occupation moyen de l’hospitalisationsur CASA de 71% et dépassant 80 % sur des périodes critiques d’octobre à mi-décembre et de janvier à juin, ce ne permettant que difficilementdes hospitalisations programmées notamment celles résultant de la convention avec le secteur de psychiatrie infanto-juvénile dépendant duCH de Châteauroux dans l’Indre et entraînant en outre une difficulté dans l’hospitalisation de mineurs venant des urgences du CH George Sand (CAoD) et du CH Jacques Cœur. Certaines hospitalisations sont alors orientées dans les lits du CAoD ou en servicesde psychiatrie adulte, ainsi qu’on peut le visualiser sur le tableau suivant :

L’objectif de l’étude était de rappeler que le Centre d’Accueil et de Soins aux Adolescents est une unité à vocation purement psychiatriquequi ne saurait être une réponse durable adaptée aux jeunes relevant des établissements médico-sociaux ou à caractère social ni constituerun lieu de vie en substitution aux familles.

Une revue de la littérature concernant le thème retenu a permis de dégager des critères de sévérité et des critères de délivrance des soins,permettant de valider la pertinence de telles admissions. Les principales causes de non pertinence ont été regroupées en quatre rubriques,non exclusives les unes des autres : problème lié à l’organisation des soins, problèmes liés aux structures médicales, problèmes liés à la décision médicale, problèmes liés au patient et à sa famille.

L’étude a montré que les admissions non pertinentes représentaient 30% du total, soit :

Problèmes liés à la décision médicale : 7 fois- 6 fois liés avec le médecin du CAoD.- 1 fois lié avec un médecin extérieur (CMPP).Problèmes liés à l’entourage (patient et famille) : 5 fois- 2 fois : rejet par l’entourage.- 1 fois : dramatisation par l’entourage.- 1 fois : défaillance parentale.- 1 fois : nomadisme hospitalier.Problèmes liés à l’organisation : 4 fois- 3 fois liés au CAoD (ne joue pas son rôle de sas, pas de contact avec le psychiatre traitant et pas de réponse sociale).- 1 fois pour défaut d’accès au psychiatre sur l’antenne de consultation excentrée.Problèmes liés aux structures de relais : 4 fois- 3 fois liés à l’absence de structures relais.- 1 fois lié au défaut de communication entre une structure de soins et le service.

Communication des résultats, concertation, mais aussi travail en amont, notamment par la mise en place d’une équipe mobile en direc-tion des adolescents, sont des axes d’amélioration retenus en vue de réduire ce nombre d’amissions non pertinentes.

9INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

evaluation des pratiques professionnelles : pertinence des admissions à CaSa

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Dr HENIN, Dr AGBOLI, Dr ALEXANDRE,V. DESSERPRIX, F. DAMPIERRE-GODFROY,

A. VERNETPôle Médico-Psychologique de l’Enfant et de l’Adolescent

Sculpture de PLENSA JAUME

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10 INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

Depuis le 4 juin 2012, l’ensemble des repas destinés aux patients, résidents et personnels du site de Bourges est réalisépar l’Unité Centrale de Production Alimentaire, constituéepar le Syndicat Inter-Hospitalier (SIH) regroupant le Centre hospitalier George Sand et les Résidences de Bellevue.

immerSion aU CœUr de Ce noUveaU ServiCe…

des nouveaux locaux…

La première pierre a été posée en octobre 2010, et l’achève-ment des travaux a eu lieu en octobre 2011.L’ensemble des travaux a été suivi par l’EHPAD de Bellevue.

Le bâtiment accueillant l’UCPA s’étend sur une surface de1500 m².A l’entrée, une petite partie est réservée aux bureaux des 4 personnes administratives.Le reste du bâtiment est consacré aux différents secteurs deproduction des repas.

L’UCPA s’inscrit dans une démarche HQE (haute qualitéenvironnementale).Le bâtiment est raccordé au réseau de chauffage urbain. L’eauchaude est produite grâce à des panneaux solaires.

Aujourd’hui c’est le centre hospitalier George Sand qui gèrele déploiement de l’outil informatique, ainsi que l’entretiendes espaces verts. L’entretien des locaux fait l’objet de conventions avec les entreprises ayant œuvré à la construction.

Une équipe administrative de choc…

L’UCPA est placée sous la responsabilité de Jean Luc RoY,ingénieur en restauration.Il est épaulé dans ses fonctions par Clémence DUMoNT,Qualiticienne.Dominique LEBLANC, chargée des commandes alimen-taires et Françoise MoNDoN, chargée de l’accueil et du secrétariat, complètent l’équipe.

Une réorganisation complète…

L’ensemble des personnels des cuisines de Bellevue et du sitede Bourges a été « repris » à l’UCPA.Cela représente aujourd’hui 31 ETP (équivalent tempsplein), personnels des cuisines et personnes affectées au transport des repas.Ils sont répartis sur les différents secteurs, chacun d’entre euxayant un responsable, excepté les secteurs production qui disposent d’un binôme.

Il semble important de noter que pour fonctionner, l’UCPAfait appel à de nombreux acteurs locaux, fournitures alimentaires, produits lessiviers, ou encore analyses de laboratoires (autocontrôle).

Mise en service de l’Unité Centrale de Production

Secteurs fonctionnanten 5 jours sur 7

(12 postes concernés)

Secteurs fonctionnant en 7 jours sur 7

(8 postes concernés)

Pâtisserie Production froide

Production chaude Laverie Vaisselle

Magasin Transport

Plonge Batterie Allotissement

Restaurant du personnel

Ci-contre de gauche à droite : Jean Luc RoY, Françoise MoNDoN, Clémence DUMONT et Dominique LEBLANC.

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11INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

Un défi à relever…

L’enjeu de départ était organisationnel : Réunir deux équipesayant un passé propre et des habitudes différentes n’a pas étésimple. Il est évident qu’il y avait une certaine appréhensionde part et d’autre…

Et au delà des équipes, tout était à construire, notammentdes menus communs, qui puissent satisfaire des résidentsplus âgés et sédentaires de Bellevue par exemple et les patients de George Sand.

et la mise en route…

L’UCPA a peu de semaines de fonctionnement à l’heure oùnous écrivons cet article.Le personnel prend petit à petit possession de ses nouveauxlocaux et en semble satisfait.Tous s’adaptent à la nouvelle organisation du travail.Il lui tient à cœur de réajuster le plus rapidement possibleles éventuels dysfonctionnements.Tous espèrent un peu de tolérance à leur égard durant lespremières semaines.Dans l’ensemble, les retours sont courtois et constructifs. Il semble que la qualité des repas soit un point fort, notammentsur la réalisation « maison » des pâtisseries.

Plus concrètement, la première semaine a été difficile pourtout le monde, du fait de l’immédiateté de l’adaptation. Il afallut apprendre à se connaître.La deuxième semaine, le personnel a essayé de répondre auxdemandes remontant des services.Enfin, depuis la troisième semaine, il essaie de stabiliser lesdemandes.Il peut s’agir d’erreurs de commandes, de mauvaise lecture,ou encore de quantités à réajuster.Il est difficile de satisfaire tout le monde, surtout en raison dela diversité des publics.Aujourd’hui, les services de soins adressent leurs demandes

au SIH, à J-5, par messagerie électronique, avec une réactualisation écrite possible le jour J avant 9 heures.Mais cette gestion est fastidieuse. Il est prévu, pour 2013, defaire l’acquisition d’un logiciel de commandes des repas.

le mot de la fin…L’accueil dont j’ai bénéficié lors de la rédaction de cet articletémoigne parfaitement de l’ambiance qui règne au sein del’UCPA : Sourire et bonne humeur !

Et c’est donc avec un grand sourire que Monsieur RoY, Ingénieur Responsable aura le mot de la fin :

« je suis très heureux d’être là, et je prends beaucoup de plaisir à travailler ici.je tiens à remercier tout particulièrement l’ensemble de l’équipede direction du centre hospitalier George sand pour son implication dans le projet. Les équipes de la cuisine y sont sensibles. »

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Propos recueillis parCarole JORY

Alimentaire (UCPA)

l’UCpa en ChiffreS : - Personnel (administration + cuisine) : 35 ETP- Nombre de repas produits par jour : 2300- Nombre de repas produits pour le restaurant

du personnel, par jour : entre 80 et 100

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12 INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

Ici est ai l leursIci est ai l leurs MÉDIATIONS

l’animal agit comme un véritable catalyseur de relations sociales.Sa présence peut :

être facteur d’améliorations psychiques et sociales ;

être un dérivatif à l’anxiété par l’intérêt porté à l’animal qui dé-tourne la personne de ses difficultés personnelles ;

diminuer les troubles du comportement ;

stimuler les sens : ouïe, odorat, toucher, vue ;

favoriser l’activité physique ; améliorer le sentiment d’exister ; amener au désir de communiquer

entraînant indirectement à une meilleure santé générale de la personne ;

favoriser le contact affectif qui développe ou améliore le potentielsocial, psychologique et émotif.

le proJetle proJet (mis en place par deuxsoignantes en lien avec une éducatricespécialisée) a vu le jour suite auxexpériences d'autres institutions et àl’arrivée inattendue d’un petit chien,un Cavalier King Charles de 2 ans 1/2.

« Dakatine » accompagne sa maîtresse au travail, Mme VIALAS-FoNTAINE, cadre de santé.Le petit chien arrive lematin avec sa maîtresse qui le confie àl’éducatrice et repart le soir avec Mme VIALAS. Il reste à la maison le mercredi, vendredi après-midi et le week-end.

Dans un premier temps, sa présencenous a amené à imaginer quelles pouvaient être les réactions des résidents au contact de celui-ci. Nousavons pensé que ce petit chien pouvait, dans la continuité de la médiation animale apporter desbénéfices auprès des résidents.

différents objectifs pouvaient êtremenés comme :

L’action de sortir de l’isolementpour des personnes en manque de relation y compris la communication verbale et non verbale.

L’apparition (ou) la réapparitiondes capacités à prendre soin de l’autre, de s’ouvrir vers l’autre, peut sefaire par la présence de l’animal(contact affectif ).

L’action sur l’autonomie, la valorisation avec un travail sur le tonusmusculaire, la mobilité, la gestion del’équilibre et la coordination.

Le travail sur la vigilance, laconcentration, il faut être attentif àl’environnement et aux mouvementsdu chien.Ainsi, au début de sa réalisation, Christine, l’éducatrice, proposait destemps individuels ou en petit groupeentre les résidents et le petit chien.

Cette nouvelle activité présente plusieurs intérêts :

Apporter aux résidents un momentrécréatif pour sortir de leur isolement.

Approcher l’animal, lecaresser, le brosser ou simplement le regarder, demande tout un travail auxrésidents.

Pour les personnes qui peuvent sedéplacer (même en fauteuil) cela peutêtre un travail sur la motricité globalecomme l’équilibre, la vigilance, lacoordination pour promener le chien.Il faut de la concentration pour marcher tout en tenant une laisse etaller où va le chien.

bil anbil an ::

Depuis le lancement du projet (novembre 2010), le petit chien « Dakatine » remplit bien sa mission « d’auxiliaire de relation ».

Des résidents en grosse difficulté relationnelle ont investi la présence régulière de « Dakatine », certains avec des manifestations de protection du petit chien, d’autres,une grande fierté d’avoir le regard et l’attention de celui-ci, qui devenait« leur chien » pour quelques minutesou plus.

LA MAS “ARC-EN-CIEL”, MAISoN D’ACCUEIL SPéCIALISéE PRoPoSE ACTUELLEMENT PLUSIEURS MéDIATIoNS ANIMALES.

DAKATINE, un chien

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V. résidente atteinte d’une sclérose en plaquestrès avancée pleurait dans l’unité de viependant des heures.La rencontre avec Dakatine a été très rapidetant de sa part que de la part du petit chien. Illui a montré dès la première fois une confiancetotale.

Sur le plan relationnel

V. a très vite oublié de pleurer, de geindre en présence de Dakatine, s’adressant à lui, à l’édu-catrice, aux autres pour faire partager sa joied’avoir à chaque fois pour un moment ce petitcompagnon à la chaleur vivante sur ses genoux. Dakatine lui redonne le sentiment d’êtreimportante pour quelqu’un « il me liche ! »disait-elle, puis « il est content de me voir ! ». Sourire, regard pétillant, beaucoup d’émotionsse lisaient sur son visage.V. est devenue attentive au moindre mouve-ment, expression de Dakatine et traduit enmots ce qu’elle en pense : « il est fatigué, il asoif, il veut jouer, il veut un gâteau… » .Chaque matin, V. fait partie des résidents qui demandent si dakatine est arrivé.

Sur le plan psychomoteur

La présence du petit chien permet à V. de bougerses mains qu’elle n’utilise presque plus. Elle lefait très spontanément lorsqu’elle veut le caresser,le brosser ou lui donner une récompense. Elleessaie maintenant sans appréhension de lancerun jouet à Dakatine.

V. a constamment une petite peluche de chiensur elle (comme accrochée à elle dont elle ne sesépare jamais). Elle accepte aujourd’hui de lalaisser dans sa chambre ou en dehors de sonfauteuil lorsqu’elle se trouve en activité seuleou en groupe avec le chien.

13INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

P. s’est trouvé un repère positif dans larencontre avec Dakatine.Petit à petit, sa méfiance pour tout ce qui estdu registre relationnel (donc émotionnel) acédé devant la présence tranquille du petitchien, toujours repérable dans les mêmes lieuxavec la même personne.

P. s’est très vite intéressé, de loin d’abord, aupetit chien en l’appelant « Katine ». Il fautnoter tout le travail effectué par P. pour gérerses émotions dans le volume de sa voix (voixtrès forte, criante souvent dans sa relation àl’autre).

Ses appels de Da-katine avec unevoix « douce » sesont enrichis de « il est là Daka-tine ? »… puis P. s’est enhardi àouvrir la porte du bureau des éducateurs pours’approcher deplus en plus prèsdu chien. Celui-ci a participé à larencontre, grâce à

sa gentillesse, ne reculant jamais devant l’arrivéede P. allant même au devant de lui parfois.

P. exprime maintenant l’envie d’aller à l’exté-rieur de l’institution (« va promener le chien !!» dit-il). Tous les matins, il s’inquiète de la présence du chien « il est là Dakatine ?? ».

Il a petit à petit accepté de le tenir en laisse(avec ma main sur une autre partie de la laisse). L’extérieur est potentiellement vécu comme dangereux pour P., il doit y affronter ses angoisses et la présence du petit chien qu’il ne

perd pas de vue lui est d’un grand secours. P. aavec Dakatine des « dialogues » (il se penchevers lui et lui parle !). Des approches senso-rielles progressent (caresse très doucement latête et le dos du chien).

Cette approche de P. avec le chien était à priori improbable compte tenu des difficultés que rencontre ce résident sur le plan relationnel. Ily a indéniablement un début positif deconfiance et de reconnaissance « soi / autre».

Sur le plan relationnel

J. résident polyhandicapé ne peut utiliser queson bras droit dans lequel il a rassemblé toutesa force. La rencontre avec Dakatine a permisà J. d’aborder des questions douloureusescomme « pourquoi je fais peur aux enfants etaussi à Dakatine ? ».Lors des premières rencontres, le chien avait tendance à reculer à l’arrivée de J.

Sur le plan psychomoteur

J. a fait alors un gros travail pour réguler et le volume de sa voix et l’amplitude de ses gestesafin d’apprivoiser le petit chien.A travers le toilettage (brossage, nettoyage desyeux), le lancer du jouet, la récompense …J. a retrouvé confiance en lui, et a découvert un ami à quatre pattes qu’il partageavec les autres résidents.

Ici est ai l leursIci est ai l leursANIMALES

auxil iaire de relat ion

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14 INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

DEPUIS FIN 2011, UNE NOUVELLE ACTIVITÉ

S’INSCRIT EN DEHORS DES LOCAUX DE LA MAS :

L’ASINO-MÉDIATION

L’animal en question est l’âne. Pourquoi ce dernier ? Cet équidé estcalme et patient, sa taille est accessible à tous. Tous ces élémentssont rassurants et c’est à partir de cesderniers que nous basons notre rencontre.Cette activité a débuté en novembre2011, deux groupes de résidents yparticipent à raison de deux fois parsemaine. Nous sommes accueillis àl’Asinerie du Tremble située sur lacommune de aumiers. Cette association est gérée par MichelCLEMENT, ânier de profession.

L’ACTIVITÉSE DÉROULE EN

QUATRE TEMPS :

Connaître les manières de brosserl’âne, avec différentes brosses, toutle long de son corps.

L’ACCUEIL

TEMPS SPéCIFIQUE

D’ASINo-MéDIATIoN

TEMPS DE REToUR

Les résidents sont invités à donnerune friandise à l’âne, sorte de récompense pour le travail effectué.Puis un temps d’au revoir estconsacré en fin de séance.

L’asino-médiation est toute nouvelledans le champ du handicap. Grâce auprojet d’activité, avec l’accord du centre hospitalier George Sand, nosrésidents ont la chance d’en bénéficier.

Pour l’instant cela apporte un bien-être, favorise le calme, la relation avecl’animal. Cette activité fait partie dorénavant d’un mode de prise encharge spécifique à la MAS, et quipourrait convenir à toute autre population.

LES SoINS

Ce temps peut être différent selonles séances. on peut promenerl’âne en forêt, où le résident guidel’animal au moyen d’une corde, enfaisant attention aux diverses aspérités du terrain. Une promenadeen calèche peut aussi être envisagéeen fonction de la météo.

à l’asinerie, un parcours psycho-moteur est mis en avant, il s’agit icide guider l’âne à travers différentsobstacles prédéfinis.

Une autre manière d’être en relationavec l’âne est le portage, en effet lesrésidents qui se sentent à l’aise peuventse laisser porter et du coup se laisseraller en toute confiance sur le dosde l’animal. Cet instant peut fairejaillir des émotions pour le résident.

Approche de l’âne là où il se situe,rencontre entre le résident et l’âne,par le biais de caresses, mots, regards…

Ici est ai l leursIci est ai l leurs

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MmeBECHIR,éducatricespécialisée,MmePALLOIS,éducatricespécialisée

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15INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012

Dans le cadre de la démarche Qualité et plus particulièrement la troisième procédure de certification, une visite s’est déroulée du 19 au 23mars dernier.Le rapport préliminaire des Experts Visiteurs fait état des observations et résultats synthétisés dans le tableau ci-dessous :

L’ensemble de ces informations est disponible sur le répertoire informatique partagé, diapositive « HAS ».Nous remercions de nouveau l’ensemble des professionnels pour leur implication et disponibilité tout au long de cette démarche.

Visite de cert i f icat ion

theme pointS fortS axeS d’amelioration

manaGementStrateGiqUe

- Pilotage de l’établissement et indicateurs : Stratégie et missions de l’établissement

- Politique et droits des patients- Implication des usagers- Démarche Ethique- Politique d’amélioration de la Qualité et Sécurité des soins - Culture Qualité et Sécurité

- Encadrement et secteurs d’activité- Dialogue social et implication des personnels - Fonctionnement des instances

- Engagement dans le développement durable- politique et organisation des evaluations despratiques professionnelles (epp)

manaGement deS reSSoUrCeS

- Intégration des nouveaux arrivants- Santé, sécurité et qualité de vie au travail- Management des emplois et compétences- Gestion budgétaire et efficience- Système d’information et sa sécurité- Gestion documentaire- Sécurité des biens et des personnes- Infrastructures et équipements- Restauration et gestion du linge- Fonction transport des patients- Achats éco responsables et approvisionnement- Gestion de l’eau, air, énergie, déchets, locaux

manaGement dela qUalite et dela SeCUrite deS

SoinS

- obligations légales et réglementaires, Vigilance et veille sanitaire- Gestion de crise- Système de gestion des plaintes et réclamations- Evaluation de la satisfaction des usagers

- programme d’amélioration de la qualité et Sécuritédes soins

- fonction de coordination de la gestion des risques- Gestion des evènements indésirables- Maîtrise du risque infectieux- Gestion des équipements biomédicaux

droitS et plaCedeS patientS

- Respect de la confidentialité, intimité, dignité et libertés individuelles- Prévention de la maltraitance- Accueil et accompagnement de l’entourage- Information du patient sur son état de santé- Consentement et participation du patient- Prise en charge des patients en fin de vie (SM)

- prise en charge de la douleur (Santé mentale Sm et Soins longue durée Sld)

- Prise en charge des droits des patients en fin de vie(SLD)

- information du patient en cas de dommages liés auxsoins (Sm et Sld)

GeStion deS donneeS

dU patient- Gestion et accès au Dossier patient - Identification du patient

parCoUrS dU patient

- Prise en charge somatique- Continuité et coordination des soins- Sortie du patient (SLD)- Dispositif d’accueil du patient- Evaluation de l’état de santé du patient- Prise en charge des urgences vitales - Prise en charge des patients appartenant à une population spécifique (maladies chroniques et handicap)

- Trouble de l’état nutritionnel (SLD)- Risque suicidaire - Hospitalisation sans consentement- Prescription et demande d’examens - Education thérapeutique- Sortie du patient (SM)

- Trouble de l’état nutritionnel (SM)- management de la prise en charge médicamenteusedu patient (Sm et Sld)

- prise en charge médicamenteuse du patient (Sm etSld)

- prescription médicamenteuse chez le sujet âgé (Sm)

priSe en CharGeSpeCifiqUe

- Activité de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR)

evalUation deSpratiqUeS

profeSSionnelleS- Mise en oeuvre des EPP : Pertinence des soins - démarches epp liées aux indicateurs cliniques

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Brèves hospitalièresDÉPARTS

CES DERNIèRES SEMAINES, PLUSIEURS PERSoNNES oNT QUITTé L’éTABLISSEMENT :

mme marie-Solange Goin, AAH à la DSET, a fait valoir ses droits à la retraite.Elle a fait ses adieux au cours d’une cérémonie le mercredi 13 juin 2012 et a remercié tous les participants.Nous lui souhaitons une retraite bien remplie par desactivités choisies et positives.

Elle est remplacée depuis le vendredi 1er juin 2012par mme Colombine de Gérin-riCard.Nous lui souhaitons la bienvenue.

m. michel bretaGne, Directeur Adjoint à la DSET, a fait valoir sesdroits à la retraite.

Il a fait ses adieux au cours d’une cérémonie le vendredi 27 avril 2012.

Nous lui souhaitons une longue etheureuse retraite.

mme le docteur marie-florence perard-bah

rejoint le centre hospitalier Louis Daniel BEAUPERTHUY de Pointe Noire à la RéUNIoN.

“je remercie infiniment les nombreuses personnes quise sont associées à mon départ, le 15 juin 2012 moment d’une intensité particulière qui m’a beaucoupmarquée.Merci encore, et à chacun bonne route et plein debonnes choses.”

marie-florence perard-bah

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m. le docteur Jean-philippe veaU quitte son cabinet de généraliste à LIGNIèRES etremplacera mme le docteur perard-bah à partir du 1er juillet 2012.

Nous lui souhaitons la bienvenue.

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