Jonas 4

En colère contre Dieu

C'est l'histoire d'un petit garçon très pauvre, qui habitait dans un quartier insalubre. Il était vêtu d'habits sales, et ses parents avaient énormément de peine à joindre les deux bouts. Comme souvent, il se mettait à la fenêtre et regardait dehors. Un jour, il aperçoit un marchand de glace. Des glaces à la menthe, au chocolat, à la fraise, à la vanille, au caramel... tout ce qu'il faut pour faire rêver un petit garçon. « Mais de toute manière, mes parents n'ont pas assez d'argent pour m'acheter une glace » pense-t-il. Le jour suivant, il se met à la fenêtre, et regarde le marchand de glaces en soupirant. Au bout de plusieurs jours, le marchand aperçoit ce petit garçon tout triste, et vient vers lui, en l'appelant. « Moi ? S'étonne le garçon » « Oui, toi, vient ! » « Mais je n'ai pas d'argent ! » « C'est pas grave, allez je t'en offre une, quel parfum veux-tu ? »Le petit garçon est tout excité ! Il savoure avec un immense plaisir sa grosse glace, tout émerveillé de l'avoir reçue à cause de la générosité du marchand de glaces. Il rejoint ses copains dans le quartier pauvre, qui n'en reviennent pas. « Waouh, où tu as eu ça ?! » Mais lui, se presse de manger sa glace « Vous ne le saurez pas... tralala. »Quelques jours après, il revoit par la fenêtre le même marchand, et le regarde, tout pensif. Et le marchand de glaces lui fait signe de venir. Alors il va vers le marchand de glaces, et celui-ci lui offre de nouveau une autre glace. Il est aux anges, et revient voir ses amis, qui n'en reviennent pas. « Où tu as eu ça ? On veux aussi une glace ! » Mais lui se tait, et garde son secret pour lui seul, tout en finissant sa délicieuse glace.Les jours suivants, les copains décident de regarder attentivement où le petit garçon se rend pour avoir sa glace. Ils l'espionnent et découvrent où se trouve le marchand. Ils accourent tous, et le marchand, voyant tous ces pauvres enfants leur dit « Je vous offre à tous une glace ! » On peut imaginer les cris joyeux des enfants !Mais le petit garçon arrive et s'aperçoit que d'autres enfants ont eu aussi ce même privilège, il ont reçu eux aussi une glace. « Arrêtez ! » crie-t-il « Arrêtez ! Celui-là se moque tout le temps de moi, et celui-là se drogue ! Lui ne m'a pas remboursé l'euro qu'il me devait, et celui-là fait trop pitié. Arrêtez ! » crie-t-il au marchand de glace.

Jonas vit la même attitude que cet enfant irrité de la grâce du marchand de glaces. Tout ce que méritent les ninivites, c'est qu'ils soient détruits, jugés, rasés ! La grâce de Dieu, quand elle est pour les autres, l'irrite et le met dans une folle colère, au point qu'il préfère mourir !

Jonas ne comprend pas la portée de l'immensité de la grâce de Dieu. Et cela le rend fou de colère au point qu'il soupire après la mort.

1. En colère contre la grâce de Dieu

Jonas 4.1-5 : « Jonas le prit très mal et se mit en colère. Il adressa cette prière à l'Éternel :– Ah, Éternel ! Je l'avais bien dit quand j'étais encore dans mon pays. Et c'est pour prévenir cela que je me suis enfui à Tarsis. Car je savais que tu es un Dieu plein de grâce

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et de compassion, lent à te mettre en colère et riche en amour, et que tu renonces volontiers aux menaces que tu profères. Maintenant, Éternel, prends-moi donc la vie, car la mort vaut mieux pour moi que la vie.L'Éternel lui répondit :– Fais-tu bien de te mettre en colère ?Jonas sortit de la ville et s'installa à l'est de la ville. Il se construisit là une cabane et s'assit dessous, à l'ombre, en attendant de voir ce qui se passerait dans la ville. »

Jonas soupirait longuement après un jugement sévère pour les assyriens, et voilà que Dieu leur fait grâce ! Mais comment Dieu peut-il être à ce point naïf et miséricordieux ? Comment peut-il laisser des racailles comme ces ninivites vivre tranquillement ?

Jonas est tellement irrité qu'il veut demande la mort.« Maintenant, Eternel prends-moi la vie, car la mort vaut mieux pour moi que la vie. » 4.3

Ce n'est pas la première fois qu'il projette d'en finir avec la vie. En 1.12, il avait demandé aux marins de le jeter dans la mer en furie, pour fuir Dieu et sa « stupide » volonté.

Qu'est-ce que Jonas reproche à Dieu ? Tout ce que Jonas souhaite, c'est de voir Ninive écrasée, mais tout ce que Dieu fait, c'est de pardonner et sauver tous les habitants de cette ville, exactement à l'opposé du souhait de Jonas !

Jonas savait que c'est Dieu qui lui avait donné la vie, que c'est Dieu qui l'a envoyé pour exécuter sa mission, et qu'il avait encore d'autres projets pour lui. Mais en demandant directement à Dieu de reprendre sa vie, Jonas veut faire du mal à Dieu, il veut lui faire sentir que tout son malheur, il le subit à cause de Dieu. Jonas veut blesser Dieu car il a été lui-même blessé en voyant tant de grâce accessible à de telles vermines.

Dans sa fuite au premier chapitre, Jonas avait exprimé son désaccord au niveau stratégique, en fuyant Dieu et en se taisant.Jonas joue maintenant avec Dieu au niveau de l'affectif. Il s'exprime directement à Dieu pour que Dieu se sente coupable de faire ce qu'il fait, parce que « c'est inadmissible ».

C'est fou comme nous pouvons essayer de manipuler Dieu et essayer de rejeter sur lui nos mécontentements !

« Nous savons en outre que Dieu fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l'aiment, de ceux qui ont été appelés conformément au plan divin. » Romains 8.28Nous le savons, mais il y a pourtant des choses que nous subissons dont nous aimerions nous passer. Des choses qui nous déplaisent au point d'entretenir une révolte enfouie, un désaccord, ou de la colère contre Dieu.

Notre combat, selon la Bible, n'est pas de refuser telle épreuve ou telle maladie, ou telle horrible chose qui se passe dans notre vie ou dans celle de nos proches. Notre seul combat, d'après Ephésiens 6.10-17, n'est pas dirigé contre l'homme, ni contre les hommes, mais contre les puissances de ce monde des ténèbres.

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Et ici, Jonas se trompe de combat, en refusant d'accepter l'action extraordinaire de Dieu, alors que 120 000 assyriens l'ont pleinement acceptée...

Et ce refus l'a mené bien bas, jusqu'à désirer la mort.

Comment Dieu répond-il à la colère de Jonas ?

« Fais-tu bien de te mettre en colère ? » 4.4Sous-entendu : « Regarde-toi et réfléchis à ton comportement. Est-ce que tu penses vraiment que ta réaction est correcte ? »

Pas de grand discours de la part de Dieu, pas de prêche, juste 3 mots en hébreux « t'es OK, là ? »

Alors que Jonas accuse violemment Dieu, et cherche à le rendre coupable, Dieu l'amène à regarder à lui, Jonas. Est-ce que sa réaction est meilleure que celle de Dieu ? Jonas n'est-il pas plutôt le coupable ? Le problème n'est-il pas plutôt du coté de Jonas que de Dieu ?

Mais Jonas, complètement insensible à la question, va s'asseoir à coté de la ville, pour attendre le moment où elle sera carbonisée... Il ne lâche pas le morceau notre prophète !

Mais Dieu non plus, et il va poursuivre son enfant pour lui faire comprendre la beauté de son plan d'amour.

2. En colère contre sa condition

v6-11 : « L'Éternel Dieu fit pousser un ricin qui s'éleva plus haut que Jonas et lui donna de l'ombre sur la tête, afin de le détourner de sa mauvaise humeur. Et Jonas éprouva une grande joie à cause de ce ricin. Mais le lendemain, au lever du jour, Dieu fit venir un ver qui rongea le ricin, de sorte que le ricin se dessécha. Et lorsque le soleil se mit à briller, Dieu fit venir de l'est un vent brûlant, et le soleil tapa sur la tête de Jonas. Sur le point de tomber en défaillance, Jonas demanda la mort en disant :– La mort vaut mieux pour moi que la vie.Dieu demanda à Jonas :– Fais-tu bien de te mettre en colère à cause de ce ricin ?Il répondit :– Oui, je fais bien de me mettre en colère au point de désirer la mort.Alors l'Éternel lui dit :

– Tu t'apitoies sur ce ricin qui ne t'a coûté aucune peine, que tu n'as pas fait pousser, et qui est sorti de terre en l'espace d'une nuit et a péri la nuit suivante. Et tu voudrais que moi, je n'aie pas pitié de Ninive, de cette grande ville où vivent plus de cent vingt mille personnes qui ne savent pas distinguer le bien du mal, sans compter des animaux en grand nombre ! »

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Une grande joie !

On a eu bien chaud durant quelques jours cet été. Peut être 31-32 degrés maximum. Mais dans la région de Ninive, les températures atteignent fréquemment les 44 degrés !

De plus, dans ces contrées, les arbres sont bien rares, et le paysage est plutôt désertique. On comprend la joie qu'éprouve Jonas en voyant ce ricin lui apporter une bonne ombre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ricin_commun

Le ricin est une plante que l'on retrouve dans les régions chaudes, et qui peut grandir de 30 cm par jour. Il devient rapidement un petit arbuste offrant une ombre suffisante pour être tranquille sous les grosses chaleurs.

Jonas est tout joyeux. Dieu a fait un miracle ne sa faveur, puisque en moins de 24 heures, un ricin a poussé jusqu'au-dessus de sa tête ! Peut-être se dit-il que si Dieu a fait pousser cette belle plante, c'est qu'il va quand même assister à l'éradication de la ville de Ninive ? Et sa joie est décuplée...

Une grande déprime...

Lorsque, le lendemain, Jonas se réveille, Dieu fait venir un ver qui pique le ricin et qui se dessèche. Ajoutons à cela un vent brûlant, et un soleil de plomb, et on comprend que petit à petit, le moral de Jonas dégringole. D'abord physiquement, puis moralement, Jonas voit rouge, au point de dire à Dieu : « La mort vaut mieux pour moi que la vie » 4.8.

Remarquons que Jonas ne s'adresse plus directement à Dieu. Il est tellement désillusionné, qu'il a coupé toute relation avec Dieu. Sa déclaration est adressée de manière très indirecte à Dieu. Il insiste pour que Dieu se sente vraiment coupable d'avoir mis son enfant dans cet état-là.

Même question de Dieu « Fais-tu bien de te mettre en colère à cause de ce ricin ? », et même réponse de Jonas « Oui, je fais bien de me mettre en colère au point de désirer la mort. » 4.9

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La leçon

La leçon qu'enseigne l'épisode du ricin est sous la forme d'une comparaison entre deux situations. D'un coté, Jonas et le ricin, de l'autre coté Dieu et les ninivites. Jonas autant que Dieu sont peinés par la perte du ricin ou des ninivites. La différence majeure entre le ricin et les ninivites est que le ricin a poussé en 24 heures et n'a rien coûté à Jonas, il n'y était absolument pour rien ! Tandis que les ninivites sont plus de 120 000 créatures voulues et désirées par Dieu, qui ont du prix à ses yeux. La comparaison est très claire et Jonas peut sans difficulté comprendre que si lui a été attaché quelques heures à une pauvre plante dont il ne s'est jamais occupé, alors Dieu peut être bien davantage attaché à ses créatures qu'il aime et qu'il veut sauver !

Conclusion

On ne sait pas comment Jonas a répondu à Dieu, s'il a vraiment compris, s'il s'est repenti de sa mauvaise attitude, s'il a intégré l'immensité de la grâce de Dieu accessible même à un peuple des plus dépravé.Une question implicite reste en suspens : « As-tu compris la portée de l'immensité de la grâce de Dieu ? »

Cette question nous est adressée. C'est à nous d'y réfléchir sérieusement et d'y répondre. Dieu nous demande si nous avons compris à quel point Dieu veut sauver les personnes autour de nous. Qu'importe les apparences, que ce soit des personnes complètement immorales, grossières, violentes, ou au contraire des personnes très correctes et attentionnées. Dieu se soucie de ceux qui ne le connaissent pas encore. Il est même très attaché à ces personnes parce qu'elles sont ses créatures, des êtres qu'il a créé pour Sa gloire, des personnes qu'il désire sauver pour leur manifester son amour.

Mais nous sommes très préoccupés par nos ricins : une entreprise qui marche bien, une famille agréable, un boulot qui donne satisfaction... et du jour au lendemain, tout peut basculer : l'entreprise être en déficit, les doux bébés devenir de terribles ados, le travail se transformer en corvée.Et Dieu nous interpelle par ce récit en nous posant cette question : « As-tu compris la portée de l'immensité de ma grâce ? »

Nous nous mettons rapidement en colère et nous voulons faire sentir à Dieu notre mécontentement dès que quelque chose ne marche plus dans notre vie, travail, famille, relations. Mais nous sommes tellement tellement peu sensibles au souci que Dieu porte aux autres, qui ne le connaissent pas.

Dieu est plus bien attaché au salut des hommes qu'à notre confort.

Prions que notre priorité soit celle de Dieu : le salut des autres. Non pas en étant de grands prédicateurs, ou des évangélistes courageux, mais en étant simplement et naturellement les enfants de Dieu qui, par leur attachement persévérant à Jésus le Sauveur, se mettent de plus en plus à lui ressembler.

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Il s'agit seulement d'une question de priorité.

Si l'on regarde la vie de notre église, on s'aperçoit très rapidement que nous sommes une église pour Dieu, pour les croyants, mais assez peu tournée vers les non-croyants.

Le livre de Jonas nous remet en question. Une question pour nous tous, particulièrement pour le conseil d'église et pour moi-même. Parce que notre confort et la routine de nos vies peuvent être un refus masqué d'accepter la volonté de Dieu qui est de faire de toutes les nations des disciples. Et j'ose lancer une question qui dérange : notre refus d'agir plus directement pour l'annonce de l'Evangile n'est-il pas une fuite déguisée de la volonté de Dieu ?

Mais regardons à l'avenir, à ce que Dieu est en train de préparer : un jour où la « connaissance de la gloire de Dieu couvrira la terre comme les eaux le fond des mers » Habakuk 2.14. C'est vers là que nous allons ! C'est à cela que nous voulons travailler tous ensemble, et laisser cette priorité bousculer et réorienter nos vies.

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