Jean Zay dans la presse

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Revue de presse sur Jean Zay dans La Montagne, L'Echo Républicain et La République du Centre.

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  • L'CHO RPUBLICAIN LUNDI 27 AVRIL 2015 3

    Le fait du jourCulture populaireJean Zay tait un chaud partisan de la culture etde linstruction pour tous. Ce choix a motiv bonnombre de dcisions de celui qui fut ministre delducation nationale et des Beaux-Arts, en 1936.

    ENAChantre de la promotion sociale par le savoir, JeanZay a inspir les fondements de la future colenationale dadministration pour les hautsfonctionnaires, qui a t cre en 1946.

    SOUVENIRS. Jean Zay est ici avec ses deux filles, Catherine et Hlne, dansla cour de la prison de Riom. COLLECTION PERSONNELLE DHLNE MOUCHARD-ZAY

    Lexposition chartraine rvle des facettes mconnues dun humanisteUne lettre de Louis Jouvet JeanZay. Cest lun des documents ra-res dcouvrir lexposition surle ministre rsistant, partirdaujourdhui, au Muse de lco-le, Chartres.

    Tous les documents prsentsont t runis par lassociationdes Amis de Jean Zay, prsidepar Antoine Prost : Elle rsume la vie de Jean Zay traversdes textes, des documents etdes photos, notamment lorsquil est enfant .

    Le visiteur regardera, notamment, avec intrt les lettresque lui envoyaient les artistescomme Louis Jouvet, mais aussiDarius Milot ou Jean Cocteau.

    Une vingtaine de panneaux richement illustrs prsente litinraire dun homme politiquetrs moderne pour son poque.Dabord, il tait jeune, mais ilavait aussi une lgance intellectuelle. Cest le premier homme politique se faire photographier en maillot de bain,avec lune de ses filles dans lesbras. lpoque, la classe politique ntait reprsente en photoquen complet veston ! .

    Aucun compromisAudel de laspect people,

    lexpo revient sur les combatspolitiques dun humaniste qui atoujours refus le moindre compromis avec Hitler. Ce qui

    ntait pas le cas de certains deses collgues du gouvernementde Daladier qui taient prts des concessions, comme rviserle trait de Versailles ou lui cder des colonies .

    Pour MarieFranoise Soulier,prsidente du Muse de lcole,une telle exposition a pour objectif de rendre hommage lammoire dun homme et lamodernit de son uvre .

    Pratique. Muse de lcole, 12, placedrouaise. Exposition Jean Zay, du 27 avril au11 mai. Confrence de Pascal Ory, le 30 mai,sur son entre au Panthon. Ouvert du lundiau vendredi, de 14 17 heures. Tar if :3,50 ; 2,50 (enfants) et 1 pour les ad-hrents.

    MMOIRE. Lexposition rsume les divers pisodes de la vie dun homme politiquequi avait une lgance intellectuelle . PHOTO DARCHIVES LA RPUBLIQUE DU CENTRE

    Un chiffre1 mmorial, Molles, lieu de sonexcution par les miliciens, salue sonengagement pour la patrie. On peut y lire quil est mort en criant Vive la France .

    6 aot 1904Naissance de Jean Zay, Or-lans (Loiret)

    1932lu dput radical-socialiste.

    Juin 1936Ministre de lducation et desBeaux-Arts. Instaure la scolaritobligatoire jusqu 14 ans, lapratique du sport et le dvelop-pement de la culture lcole.

    2 dcembre 1939Dmissionne pour rejoindre lar-me. Sous-lieutenant, rattach ltat-major de la IVe arme.

    21 juin 1940Embarque bord du Massiliapour le Maroc, avec plusieursparlementaires, dans la perspec-tive dun transfert du gouverne-ment en Afrique du nord.

    4 octobre 1940Aprs son arrestation Marra-kech, rapatri en France, puiscondamn pour dsertion enprsence de lennemi .

    20 juin 1944Assassin dans un bois Molles(Allier) par des miliciens qui sefont passer pour des rsistants.

    BIO EXPRESS

    RSISTANCE Une exposition chartraine rend hommage JeanZay, dont les cendres seront transfres au Panthon

    Son combat est toujours dactualit

    INTERVIEWOlivier Bohin

    [email protected]

    C ertains observateurs disentque Jean Zay est un oublide lHistoire. Partagez-vousce point de vue ? Ce nestplus le cas maintenant. Maiscest vrai que pendant une assezlongue priode, sa place dans lammoire collective ntait pasau niveau quelle aurait davoir. Son uvre de ministre delducation nationale est resteplus prsente que son uvre deministre de la Culture. lpoque on disait les BeauxArts.

    Beaucoup ignorent, en effet,que Jean Zay est lorigine de lacration du premier Festival deCannes Il avait tout prparpour ce festival qui devaitsouvrir le 1er septembre 1939 etdurer trois semaines. Affiches,programmation, invitations :tout tait prt. Mon pre a crle Festival en rponse celui dela Mostra de Venise qui, en1938, avait t dict par Hitler etMussolini. La palme avait tdonne aux Dieux du stade quitaient un film de propagandenazie. Cest l que papa a pris ladcision de crer un festival.Cest un geste artistique fort etun geste politique de rsistanceau rgime fasciste. Ds larrivede Hitler au pouvoir, en 1933,mon pre na eu de cesse dopposer la rsistance la plus fermeau rgime nazi. Par exemple,cest en 1936 quil se dclarepartisan dune aide aux rpublicains espagnols qui sont victimes dun coup dtat.

    Pourquoi a-t-on attendu plus de70 ans pour le faire entrer au Pan-

    thon ? Ce nest pas moi de rpondre cette question. La dcision provient du prsident dela Rpublique. Nous navons faitaucune dmarche. Ce sont deshistoriens, avec lassociation enhommage mon pre, qui onteffectu les dmarches.

    Vous tes fire ? Cest unegrande fiert et une reconnaissance de ce quil a fait en tantque ministre et de son combatde rsistance au rgime totalitaire de lpoque. Quand il taitministre de lducation, Papa aintroduit le sport obligatoire lcole, contrairement ce quise faisait en Allemagne. Lbas,

    le sport tait dabord un instrument dembrigadement des jeunes. Lentre au Panthon salueson combat pour le respect desvaleurs de la Rpublique.

    En voulez-vous ces miliciensqui lont assassin ? Cest peu dele dire, mais ils ntaient quedes excutants. Lordre est venudu chef de la milice, JosephDarnan, avec la complicit durgime de Ptain. Sa responsabilit est crasante.

    Vous tiez petite lorsque votrepre est mort assassin. Avez-vousmalgr tout des souvenirs de saprsence ? Je navais que 2 ans et

    demi. Malgr tout, jai pass delongues heures dans sa cellulelorsque ma mre allait le voir la prison de Riom (PuydeDme). Mon pre, qui gardait descontacts avec la Rsistance, acrit un livre (Souvenirs de solitudes) et divers documents. Despapiers ont circul clandestinement, de sa cellule au maquisde rsistance. Papa les cachaitau fond de mon landau. Jtaisle bb rsistant.

    Votre pre a-t-il eu loccasion detravailler avec Jean Moulin, le pr-fet rsistant dEure-et-Loir ? Ilsont, sans doute, eu des contacts. Les deux taient des radi

    caux de gauche et ils ont, tousles deux, travaill au Gouvernement de Lon Blum. Les deuxont uvr pour apporter uneaide auprs des Rpublicainsespagnols.

    Mettre en avant lesvaleurs rpublicainespour lesquellesil a donn sa vie

    Plus de 70 ans aprs la fin de laSeconde Guerre mondiale, la mon-te des extrmistes de toutes ten-dances et du communautarismevous inquite-t-elle ? Cest li un contexte politique, commedans les annes 30. Lhistoire nese rpte pas, mais la montede lantismitisme, du racismeet de la xnophobie, dans unepartie de la population, est inquitante. Je voudrais que papane soit pas mort pour rien. Lesens de son entre au Panthonest de mettre en avant les valeurs rpublicaines pour lesquelles il a donn sa vie. Que sammoire aide continuer cecombat qui est toujours dactualit. Un combat jamais termin.

    Luvre de votre pre a-t-elleinfluenc le cours de votre vie ?Certainement, mme si meschoix nont pas t exclusivement guids par la mmoire paternelle. Toute ma vie, je mesuis engage contre toutes lesformes dinjustices. Jai t enseignante. Jai fait partie delquipe municipale de lexmaire socialiste dOrlans JeanPierre Sueur. Jai milit dans lemonde associatif. Rtrospectivement, je vois combien la mmoire de mon pre ma influence.

    Pratique. Crmonie officielle detransfert des cendres de Jean Zay, auPanthon, mercredi 27 mai.

    loccasion du transfertdes cendres de Jean Zay,le 27 mai, au Panthon,sa fille, Hlne voudraitque papa ne soit pas mortpour rien .

  • LA MONTAGNE MARDI 25 JUIN 2013 3

    Le fait du jour Auvergne

    Pdd

    Qui au Panthon ?Molire, Diderot, Colette, George Sand, Olympede Gouges, Louise Michel, Pierre Brossolette,Lucie Aubrac, Maurice Genevoix, Simone deBeauvoir et Jean Zay sont souvent cits.

    Hommage national1994 A Orlans, FranoisMitterrand a renduun hommage national Jean Zay lorsdu cinquantime anniversaire de sa mort.

    Promotion de lENALes lves de lENA 2012-2013 ont choisi JeanZay pour baptiser leur promotion, pour rendrehommage un rsistant de la premire heure,homme de courage et de convictions .

    HISTOIRE Le ministre du Front populaire, victime de la Milice en 1944, a toutes ses chances pour le Panthon

    Jean Zay, la patrie reconnaissante ?

    Philippe [email protected]

    A prs Jacques Chirac, puisNicolas Sarkozy, cest autour de Franois Hollande. Chacun des trois derniers prsidents de la Ve Rpublique a vu arr iver sur sonbureau lide de transfrer auPanthon les cendres de JeanZay, lancien ministre de laIIIe Rpublique, assassin par laMilice en 1944. Ctait unhomme exemplaire de lidalrpublicain , dfend MichelMarien, Vichyssois trs attach la mmoire du ministre delducation et des BeauxArtsdu Front populaire.

    Dput radicalsocialiste 27 ans, ministre de Blum 32,prisonnier politique 36, martyr rpublicain 40, membre duParti radical, le pre du Festivalde Cannes fait partie des favorispour entrer dans le temple rpublicain des grands hommesde la Nation (*).

    La parfaiteillustration delide rpublicaine

    un an du soixantediximeanniversaire de son assassinat,dans lAllier, par trois miliciens,ses partisans sont dtermins. Orlans notamment, sa ville natale. Mais aussi au sein de lafrancmaonnerie et du Parti radical de gauche.

    Dans lAllier, la mmoire deJean Zay est moins marque. Aubord de la dpartementale 508,qui grimpe force de viragesvers la Montagne bourbonnaiseentre Cusset et Molles, quelques minutes de lancienne capitale de Ptain, un monumentmarque le souvenir du destintragique de Jean Zay. Assassinpar les complices de lennemi ,y estil pudiquement grav

    Tout en haut de la colline, lafosse du Puits du Diable , oles miliciens ont cach soncorps, nest plus l. La carrirevoisine a grignot le paysage.Cest au dbut du chemin qui aconduit Jean Zay vers son destinquune crmonie est organisetous les ans, autour du 20 juin.

    Cela fait partie de la mmoire de la commune, mme sicest un vnement tragique,confie Christophe Dumont,

    maire de Molles o se trouve lemonument. Pour moi, il a tout fait sa place au Panthon.

    Cest la municipalit de Cussetqui organise la crmonie : Les maires de Cusset ont toujours t attachs cette crmonie, commente Pascale Semet, actuel maire de la ville. Etnous continuerons. Ce quima toujours marqu, cest samodernit , tmoigne JosephBlthon, maire de 1995 2001,aujourdhui prsident du Comit en lhonneur des 80 parlementaires du 10 juillet 1940, quiont refus le vote des pleinspouvoirs Ptain.

    Lan prochain, une journe entire marquera les soixantedixans de sa mort. En 1994, le cinquantime anniversaire avait vula cration dune pice de thtre, crite et mise en scne parDaniel Rondepierre, militant

    cologiste vichyssois, partir dulivre de Zay crit en prison,Souvenirs et solitude. Lune deses filles est monte sur scnepour embrasser le comdien quijouait Jean Zay, se souvientilavec motion. Le thtre permet davoir prise sur la vie.Cest pour moi plus efficacequune crmonie commmorative. Quand on lui parle duPanthon, il cite Brassens : Pauvres grands disparus gisantau Panthon... Avant de complter : Sil faut en choisir un,Jean Zay le mrite. Il faut surtout retenir sa droiture.

    Michel Marien, militant duParti radical de gauche et ancien responsable du GrandOrient de France, est sur lamme ligne : Jean Zay est laparfaite illustration de lide rpublicaine, plaidetil. Dans unepoque o la socit est ballot

    te, cest bien davoir commerfrence quelquun qui a sugarder le cap dans une poquetrs tourmente. En trs peu detemps, il a fait beaucoup. Ctaitun prcurseur et il avait le soucide la Rpublique.

    Comme Orlans, o est nelassociation Jean Zay au Panthon , les Bourbonnais quiont appris connatre le destinde cet oubli de la Rpublique ont le regard tourn versllyse. En esprant que Franois Hollande fera de 2014 lanne Jean Zay.

    (*) Alexandre Dumas est le dernierdont les cendres ont t transfres, en2002. Franois Hollande vient de confierune mission Philippe Belaval, prsident du Centre des monuments nationaux, afin de redfinir le rle du Panthon dans le crmonial rpublicain,avec une liste de dfunts illustres quilpourrait accueillir, en tenant compte dela parit et la diversit .

    Lventuel transfert descendres de Jean Zay auPanthon FranoisHollande doit dcider en2014 aurait un cho toutparticulier Cusset olancien ministre a tassassin par la Milice.

    CRMONIE. Tous les ans, autour du 20 juin (le 26 juin cette anne), une crmonie marque le souvenir de Jean Zay, la frontire entre Molles et Cusset (Al-lier) en prsence de ses deux filles, Catherine et Hlne, qui font exister la mmoire de leur pre. Sur notre photo, elles sont accompagnes par le maire deMolles, Christophe Dumont, et par Ren Bardet, maire de Cusset de 2001 son dcs, en mars 2013. PHOTO DARCHIVES RAPHALE GIGOT.

    Alexandre Varenne avocat infatigableet ami incomparable , crit Jean ZayJean Zay a t condamn le4 octobre 1940 par la 13e sectiondu tribunal militaire permanentde Clermont-Ferrand, la d-portation simple et la dgrada-tion militaire , pour dsertion.

    L u n d e s e s a v o c a t s t a i tAlexandre Varenne, dput socialiste du PuydeDme (1870 1947) et fondateur du journalLa Montagne, en 1919. DansSouvenirs et Solitude, vritabletestament politique et personnel crit par Jean Zay durant sadtention la prison de Riom,Varenne est cit plusieurs fois.

    Avocat infatigable, ami incomparable , crit le ministre

    du Front populaire. Varenne,g de 70 ans en 1940 (Zay enavait 36 !), a dnonc un procspolitique et est intervenu pourviter lexcution de la peine dedportation, vers les les du Salut, en Guyane. Aprs un passage par Marseille, Jean Zay a fin a l e m e n t p o u r s u i v i s adtention Riom, o il a bnfici dun rgime spcial ngoci par Varenne avec le ministrede la Justice Joseph Barthlemy.Le 25 janvier 1941, AlexandreVarenne est au parloir. traversla double grille, il dit JeanZay : Cest un souvenir que jenoublierai pas.

    Un parcours fulgurant stopp en 1940Jean Zay est n le 6 aot 1904 Orlans. Son parcours politiquefulgurant et ses ides lui ont valula haine de lextrme-droite.

    27 ans, il devient dput radical socialiste du Loiret. Secrtaire dtat 31 ans, il est nomm, dans la foule par LonBlum, ministre de lducationnationale. Quand la guerre clate, il est toujours ministre.

    Juif par son pre, protestantpar sa mre, il ne cachait passon appartenance la francmaonnerie. Antimunichois, ilmilitait, avantguerre, pour plusde fermet contre Hitler. Le2 septembre 1939, il dmissionne de son poste de ministre

    pour sengager dans larme. Enjuin 1940, il quitte son rgimentpour rejoindre Bordeaux o doit

    se runir le Parlement. AvecMends France et dautres parlementaires, il est arrt au Maroc, aprs avoir embarqu sur leMassilia. En octobre, il est condamn dans un simulacre deprocs pour avoir dsert enprsence de lennemi .

    Le 20 juin 44, trois miliciensviennent le chercher la prisonde Riom et lassassinent, danslAllier. Son corps sera retrouvpar hasard en 1946 et identifien 1948. Charles Develle, lhomme qui a tir la rafale de mitraillette, est arrt en 1948.Cest lui qui a racont les derniers instants de Jean Zay. En1953, Develle a t condamnau bagne vie.

    MINISTRE. Jean Zay.

  • LA MONTAGNE VENDREDI 21 FEVRIER 2014 3

    Le fait du jour Auvergne

    Pdd

    Germaine Tillion La lchet cest ce quil y a de pire. Il ne fautjamais tre lche, sinon cela veut dire quonlaisse la porte ouverte aux grandsmalfaiteurs . LHumanit, 28 avril 2004

    Un chiffre71 Grands Hommes dont, jusquprsent, deux femmes, quatreItaliens, un Suisse et un Nerlandaisreposent au Panthon.

    Jean Zay Si la passion politique joue son rle dans desdomaines o elle na que faire, les piresgarements en rsultent . crit au sein de laprison de Riom le 1er septembre 1941.

    HONNEUR Lethnologue tait ne en HauteLoire et lancien ministre a vcu ses dernires annes en Auvergne

    GermaineTillionet JeanZayauPanthon

    Sophie [email protected]

    A vec Germaine Tillion, lepremier Auvergnat a entrer physiquement auP a n t h o n s e r a u n eAuvergnate. Et avec Marie Curieet Genevive de GaulleAnthonioz, laltiligrienne ne Allgre le 30 mai 1907, compteraparmi les trois femmes (*) recevoir pour leurs mrites, leshonneurs du temple rserv aux Grands Hommes . Futile maissymbolique clin dil de lhistoire qui naurait pas dplu une femme dont la libert dtreet de dire restera exemplaire.

    Patriote de la justiceJeune fille issue dun milieu

    catholique, fille dun magistratde la SaneetLoire et dunedame de la bonne socit cantalienne, Germaine Tillion a tlve au lyce JeannedArc deClermontFerrand avant de rejoindre Paris pour ses tudes delettres. Devenue ethnologue,elle est partie, en 1934, seule, cheval, enquter sur les populations berbres dans les AursElle y est reste six ans et la titulaire de la chaire du Maghrebde lcole pratique des Hautestudes, passera de longues priodes de sa vie en Afrique duNord. O viscralement rvolte

    contre linjustice, elle dnoncera, la fin des annes cinquante, la clochardisation des populations rurales puis latorture . Cest galement dansces mmes annes qualors missionne par le ministre delducation nationale, elle meten place un systme denseignement dans les prisons. Lunedes choses les plus utiles quejai faite dans ma vie , avaitelleracont au maire dAllgre en1996. Un an aprs avoir milit

    pour les Maliens sans papiersrfugis la Cartoucherie deVincennes. Elle avait alors89 ans

    Mais pour le grand public, detous ces engagements intellectuel, rpublicain, humain, cestsans doute son parcours dans laRsistance qui restera attachau nom de Germaine Tillion.Membre du rseau du Muse delHomme, Paris, elle est arrt e s u r d n o n c i a t i o n , e naot 1942 puis dporte, quel

    ques mois plus tard, avec samre milie, Ravensbrck ofurent internes de nombreusesAuvergnates. milie sera gazeen 1945. Germaine reviendra.De son exprience des campselle dira : Si jai survcu, je ledois dabord et coup sr auhasard, ensuite la colre, lavolont de dvoiler les crimes etenfin, une coalition de lamiti .

    Pendant sa longue existence elle a disparu centenaire en

    2008 Germaine Tillion tmoignera de ce quelle a vu, compris, analys de la nature hum a i n e , q u e c e s o i t d a n slunivers concentrationnaire oulors de ses missions en Afriquedu Nord et au MoyenOrient. Enethnologue applique, elle consignera le tout dans diffrentsouvrages. En amoureuse de lavie, elle soffrira le luxe de lcriture dune oprette lironiegrinante mais drle, Le Verfgbar aux enfers . Celle qui sedfinissait comme patriotefranaise mais plus encore comme patriote de la justice et de lavrit affirmait que, sa captivit en Allemagne mise part,elle avait toujours t libre, toujours fait ce quelle avait voulu .

    (*) Elles seront en fait quatre avec Sophie Berthelot panthonise par lamourde son mari, le chimiste Marcellin Berthelot puis par les bons soins de la Rpublique.

    Le courage etlengagement rpublicain,les vertus cardinales de larsistance entrent auPanthon avec GermaineTillion et Jean Zay.

    EN 2008. Germaine Tillion, 101 ans, lors de linauguration dune cole qui porte son nom Saint-Mand, dans le Val-de-Marne. Cest dans cette commune que la Rsistante auvergnate a vcu ses dernires annes. ARCHIVES

    Jean Zay, ministre visionnaire et victime emblmatique de VichyJuif, par ses origines paternelles,protestant du ct de sa mre,franc-maon et incontestablementbrillant, Jean Zay tait pour les op-posants de la Rpublique et du pro-grs social, le type mme de lhom-me abattre

    Ce qui fut fait. Avec la plus grande lchet et la cruaut qui va depair. Ctait le 20 juin 1944. JeanZay venait de passer quatre ansen prison pour, selon le tribunalmilitaire de ClermontFerrand dsertion en prsence de lennemi . Le jeune ministre delducation nationale (et desBeauxarts !) du Front Populaire,le dput du Loiret, o il tait nen 1904, a dmissionn de sesfonctions lors de la dclaration deguerre pour rejoindre larmefranaise. Le 21 juin 1940, lheure o il est question du transfertdu gouvernement franais enAfrique du Nord, il embarquepour le Maroc, bord du Massilia,avec notamment une vingtaine

    dautres parlementaires, dont

    Pierre MendsFrance, le vicepr

    sident du Conseil Cest l quil

    est arrt et renvoy en mtropole

    o il est jug le 4 octobre 1940.

    ClermontFerrand, il a pour d

    fenseur Alexandre Varenne, fondateur et alors directeur deLa Montagne, avec lequel il partage outre les professions (avocat etjournaliste) les aspirations humanistes, les convictions dhommede gauche.

    La tutelle du gouvernement ptainiste et la pression de lextrmedroite contribuent la condamnation la dportation perptuit du juif Jean Zay . Lapeine est nanmoins commuequelques mois plus tard et aprsavoir t intern Clermont, puis Marseille, Jean Zay est dtenu Riom, ds janvier 1941. Son rgime est plutt souple, il peut voirson pouse et ses deux filles, Catherine et la petite Hlne quil asi peu connue (elle est ne en1940). Cest l quil crit ces mmoires si claires et qui paratront en 1945. Dans Souvenirs etsolitude, il apparat avec le recul,comme un homme visionnaire,novateur, ptri dambition pour

    son frre humain et sa patrie. LaFrance contemporaine lui doit,entre autres, les bases de la cration du Cnrs, des Crous, de lENAet du festival de Cannes.

    Qui sait toutes les rformes,aprs celles peaufines dans lesgeles auvergnates, quil aurait puencore entreprendre. Certainement pas les trois miliciens qui, sefaisant passer pour des rsistants,lont extrait de sa cellule riomoisepuis abattu dans un bois de Molles (Allier). Avant de martyriserson corps pour le rendre nonidentifiable. Dcouverte deux ansplus tard, sa dpouille, finalementauthentifie, repose depuis 1948au cimetire dOrlans. La veillede son supplice, celui qui, longtemps plus tard sera reconnucomme la victime emblmatiquede Vichy, apaisait ainsi son monde. Je nai jamais t aussi sr demon destin et de ma route. Jai lecur et la conscience tranquilles

    EN 2007. Catherine Martin-Zay, lane des filles du ministre lors de linau-guration de lcole Jean-Zay, Beaumont. ARCHIVES LA MONTAGNE

    Franois Hollande devrait faireaujourdhui lannonce officielle delentre au Panthon des quatrersistants lors de la crmonie duMont-Valrien. Dans son rapportrendu au prsident, le Centre desmonuments nationaux avait plaidpour la panthonisation depersonnalits de la Rsistance oude la dportation qui ont poursuivileur parcours dans des actions detransformation de la socit . Sonprsident Philippe Blaval avaitinsist sur la prsence de femmes du XXe sicle connuespour leur engagementrpublicain .

    Des engagements

  • LA MONTAGNE SAMEDI 22 FEVRIER 2014 5

    Auvergne Actualit

    PDD

    SOUTIEN Plus de 2.000 socits soutenues par Bpifrance Auvergne

    Simplifier la vie des chefs dentrepriseOffrir aux chefs dentrepri-ses une offre de finance-ment plus simple et plusefficace : telle est la mis-sion, depuis sa cration, enjuillet dernier, de BpifranceAuvergne.

    Si loutil est nouveau ,comme la rappel RenSouchon, prsident duConseil rgional et parailleurs prsident du comit rgional dorientation de Bpifrance Auvergne, il nempche que cepartenariat entre la Rgion et Bpifrance fai tdores et dj ses preuvessur le terrain.

    263 millionsdeurosde risquesprispar Bpifrance

    En 2013, 2.142 entreprises, soutenues par Bpifrance Auvergne hauteurde 263 millions deuros,ont obtenu 637 millionsdeuros de financementspublics et privs , a ainsiannonc Caroline Geor

    ges, la nouvelle directricergionale de BpifranceAuvergne au moment dedresser un premier bilan.

    Un soutien qui se caractrise travers ses activits de garantie auprs desbanques hauteur de94 millions deuros de financement en partenariatavec les tablissementsbancaires, ou encore enmatire dinnovation.

    JeanDenys Canal, direct e u r g n r a l d l g u

    dApojee, socit auvergnate spcialise danslingnierie lectronique,fait partie de ces chefsdentreprise soutenus parBpifrance.

    Notre entreprise a besoin de prendre des risques pour innover et il estimportant de savoir quelon peut tre paul .

    Un exemple parmi tantdautres qui illustre le souhait de Caroline Georgeset de Ren Souchon de

    simplifier la vie des chefsdentreprise .

    SITE INTERNET

    Portail daides. Pour ac-compagner les entrepriseset les chefs dentreprisesauvergnates dans leur pro-jet et pour connatre lesaides dont ils peuvent b-nficier, la Rgion a ditun site dinformation :www.regionauvergne.biz

    PARTENARIAT. Ren Souchon, prsident du comit rgional dorientation de Bpifrance Auvergneet Caroline Georges, nouvelle directrice de Bpifrance Auvergne. PHOTO FRANCIS CAMPAGNONI

    HISTOIRE Lavocat, fondateur de La Montagne, ne parvint pas soustraire son client la vindicte vichyste

    Quand Varenne dfendait Jean Zay

    Sophie Leclanchavec le concours de Luc Boelspour la Fondation [email protected]

    L antismitisme odieusement ordinaire ;laigreur de la dfaite ;la dtestation envieuse dufrancmaon ; la haine decette Rpublique qui prnelgalit en droit Les assassins de Jean Zay sontbien plus nombreux que lestrois miliciens qui ont martyris lancien ministre surle site bien nomm du Puitsdu Diable, Molles (Allier).

    Antismiteset royalistesLassassinat sest produit le

    20 juin 1944. Prs de quatre ans aprs le jugement etla condamnation la dportation vie et la dgradation militaire de lune desfigures alors prminentesdu parlement franais.

    Face aux juges, tout acquis la cause ptainiste, de la13e section du tribunal militaire de ClermontFerrand,Alexandre Varenne, fondateur et directeur de publica

    tion de La Montagne, assurela dfense de Jean Zay (*).Le 4 octobre 1940, sur lesquatre parlementaires arrts au Maroc, Zay, qui a dmissionn de ses fonctionsde ministre de lducationpour rejoindre larme, estle seul comparatre non

    pas pour abandon deposte comme annoncmais pour dsertion enprsence de lennemi . Etalors mme que les faits incrimins sont survenuspendant les pourparlers delarmistice... Comme illcrira quelques semainesplus tard Ptain, Varenne

    est sr que la condamnation maximale a t recherche [] pour atteindrelhomme politique dont onvoulait la perte .

    Pour le dfenseur, le tribunal, compos dofficiersantismites et royalistesqui jugent par passion sinon par ordre est prsid

    par une brute implacable,le colonel Perr (ou Perri)qui distribue tort et travers les condamnations lesplus lourdes Varennena que peu destime pourcette forme de tribunaldexception et cet odieuxTartufe de commissaire dugouvernement, le colonel

    Degache [] une bte froce qui depuis un an a envoy en prison des centaines de malheureux, dont laplupart navaient commisque des dlits de paroles .Pour lavocat, les jeux sontfaits davance car il importe de discrditer JeanZay, le juif dserteur .

    Dlits de parolesEstce linfluence de Va

    renne ou celle du garde desSceaux, Barthlmy, unhomme faible qui acceptede se faire le complice despires attentats contre ledroit et la justice mais quinest pas un mauvais bougre ? Toujours estil quelancien ministre ne partpas pour Cayenne et queses conditions de dtention la maison centrale deRiom sont plutt souples.Jusqu sa disparition, Varenne na de cesse de luirendre visite. De contempler non sans plaisir, le tableau domestique des fillettes dans la petite courtransforme en jardinet parlancien ministre qui a faitpousser des lgumes et desfleurs .

    (*) crits de prison, recueil inditde lettres et de carnets (19401944)de Jean Zay parat en avril 2014 auxditions Belin sous la directiondHlne Mouchard Zay, fille cadette de lancien ministre.

    Exceptionnel et absurde,par ses relents daffaireDreyfus, ainsi que la ra-cont son avocat, AlexandreVarenne, le procs de JeanZay fut aussi emblmatique.

    DFENSEUR. Pour Alexandre Varenne, la condamnation du juif dserteur Jean Zay tait invitable parce quaussi politique quin-fonde. PHOTO FOND VARENNE

    CHOS RGION

    PRVENTION ACTIVE Appel candidatureConformment ses statuts et rglement, lAssociationinterprofessionnelle de sant au travail (AIST) lance unappel candidatures aux employeurs qui souhaiteraientsiger au conseil dadministration de lAIST. La prvention active. Les candidatures doivent parvenir, au plustard le 31 mars, par courrier recommand avec accusde rception, adress au prsident du conseil dadministration de lAIST, La prvention active, 1 rue des FrresLumire, ZI du Brzet, 63028 ClermontFerrand Ced e x 2 . R e n s e i g n e m e n t s s u r l e s i t e I n t e r n e twww.aistlapreventionactive.fr. Pour tout renseignement,contacter Sylvie Seguin. Tel. 04.73.91.26.41 Mail [email protected] ou le site www.aistlapreventionactive.fr

    FORMATION Accompagnateurde randonne pdestreLes dlgations rgionales de la Fdration franaise dumilieu montagnard (FFMM) proposent plusieurs stagespermettant de devenir accompagnateur de randonnepdestre. Organiss dans les diffrents massifs, ces stages ont pour objectif de se former pour savoir prpareret conduire des randonnes en moyenne montagne entoutes saisons, hors des sentiers battus, tout en respectant lenvironnement et les rgles lmentaires de scurit.Entrant dans le cadre de lanimation bnvole, cette formation dbouche sur le titre daccompagnateur fdralde randonne pdestre. Elle sadresse aux animateursdes associations et toute personne qui souhaite approfondir ses connaissances personnelles. ge minimum 18 ans, pas de limite suprieure.Elle porte sur la cartographie, lorientation, la prparation et la conduite de randonnes, la scurit dans lemilieu, la mto, lalimentation du randonneur, la rglementation, les responsabilits, etc. Elle ne comporte pasdescalade.Pour le Massif central et les monts dArdche, la formation 2014 se droulera du 23 au 29 mars.Renseignements. Consulter le site www.ffmm.net ou contacter le sige national FFMM, 18, rue SaintPolycarpe,69001 Lyon, tl. 04.78.39.49.08.

    ADFI AUVERGNE PermanencesLAssociation de dfense de la famille et de lindividuvictime de sectes (Adfi) tient une permanence le jeudi,de 14 heures 17 heures, la Maison des associations,2, boulevard Trudaine ClermontFerrand.Renseignements sur Internet, [email protected], oupar tlphone au 04.73.90.03.69.

  • LA MONTAGNE MERCREDI 25 FEVRIER 2015 3

    Le fait du jour Auvergne

    Pdd

    Objectif : la jeunesseCette jeunesse, qui devait tre pour Jean Zay la proccupation de tous les ministres ,tait, hier soir, le thme des travaux de latenue commune des loges dAuvergne.

    27 mai 2015Q uatre figures de la Rsistance :Germaine Tillion, GeneviveAnthonioz-de Gaulle, Pierre Brossoletteet Jean Zay entreront au Panthon.

    A la bonne placeOlivier Bianchi a rtabli, hier, une vrit historique. lhtel de ville de Clermont, le tribunal militairequi a jug Jean Zay en 1940 sigeait un tageau-dessus de la salle dsigne

    MMOIRE Les loges dAuvergne du Grand Orient de France ont honor la mmoire de Jean Zay, leur frre

    La justice rendue lintelligence

    Sophie [email protected]

    J uif, francmaon, membrede la Ligue des droits delhomme, dreyfusard, antimunichois et ministre duFront populaire, qui plus est delducation nationale et desBeauxarts : Jean Zay tait lantithse de la haine et de la btise.Et, pour ltat franais, lhommesymbole, abattre en priorit. Ce qui fut fait par la Milice.Tratreusement et lchement, le20 juin 1944, entre Cusset etMolles (Allier).

    lissue dun procs joudavance, le tribunal militairesigeant ClermontFerrand enoctobre 1940, faisant fi de laplaidoirie dAlexandre Varenne, acondamn le plus jeune ministrede la IIIe Rpublique la dportation vie pour dsertion enprsence de lennemi. Le crime ?En juin 1940, lheure de la dfaite, Zay, refusant la honte,comme dautres dont Mends France, avait embarqu pourlAfrique du Nord pour continuer le combat. Suivirent plus de1.400 jours de dtention, laprison de Riom (PuydeDme).Le souslieutenant Jean Zay a trhabilit en 1945 par la courdappel de Riom.

    Cette figure de la Rsistance intellectuelle et morale, cet emblmatique frre maon, les logesdAuvergne du Grand Orient deFrance lui ont rendu hommage,hier, tout au long de la journe,

    au gr des lieux de mmoire eten prsence (*) des deux filles delinventeur militant de lENA etdu Festival de Cannes. A savoir,Catherine, lane, ne en 1936,et Hlne, ne en 1940.

    Le soucide fabriquerdes citoyens

    Entre lignominie des attentatsde janvier dernier et la fdratrice entre au Panthon de quatrersistants dont Jean Zay, le parcours de mmoire tombait, hier, point nomm pour saluer le

    patriote, lhomme politique visionnaire [] attach aux valeurs de la Rpublique et ladmocratie , comme la rappelJeanSbastien Laloy, maire deCusset. Lequel a soulign lattachement du Grand Orient ceux qui ont combattu pour lalibert . Parmi lesquels lesmembres de lassociation JeanZay au Panthon, qui inlassablement sont monts aux crneauxdes prsidences et ministrespour demander que justice soitfaite

    Dlgu gnral de cette association, le frre Avelino Vall senrjouit et nen dmord pas : cestle temps de la reconnaissance . Celle dun homme qui avait

    cur dendiguer la dferlantereligieuse fanatique , notamment dans le cadre scolaire o ilne voulait voir ni signe religieux,ni signe politique. Une actualit troublante qua pointe Oliv i e r B i a n c h i , l e m a i r e d eClermontFerrand insistant sur le devoir dducation et desensibilisation qui incombeaux lus de la Rpublique.

    Le devoir, lengagement, lapriorit la jeunesse et la culture, le souci de fabriquer descitoyens . Cest tout le sens dela courte vie de Jean Zay, rappelpar sa fille Hlne. Mon affairenest pas finie parce que justicenest pas rendue crivait JeanZay, le ministre de lIntelligence,selon Blum, dans son ultime let

    tre son pouse. Je pars pleinde bonne humeur et de force[] la conscience tranquille . Maintenant, a dit, hier, sonane, Hlne, nous allons fairerevivre une figure qui va rayonner, en France et audel. Cestla justice qui va tre rendue notre pre . En conscience ettranquillement.

    (*) Et, aux cts des reprsentantsdassociations danciens combattants etRsistants, des vnrables matres desloges dAuvergne du Grand Orient, denombreux lus et personnalits parmilesquels les parlementaires JacquesBernard Magner, Christine PirsBeaune,Odile Saugues, Michel Marien (supplant) les anciens maires de Riom,Claude Liebermann et JeanClaude Zicola, MarieDanile Campion, recteur delacadmie

    A quelques semaines deson entre au Panthon,Jean Zay figurait, hier, unhumanisme exemplaire aucentre dun parcours demmoire.

    A CUSSET. La carrire des Malavaux, lieu de lassassinat de Jean Zay, tait, hier, le point de dpart du parcours mmoriel. PHOTO THIERRY NICOLAS

    www.

    Retrouvez notre vido

    Mobiliss pour reprendre le flambeau de la RpubliqueEtre franc-maon et rpublicain,cela a longtemps signif i lamme chose.

    En marge des crmonies enhommage Jean Zay, la confrence quil a donne, hier, dansles locaux clermontois de lcolede management, Daniel Keller,grand matre du Grand Orient deFrance sest doublement rjouide pouvoir citer lessentiel dansune enceinte universitaire. Parceque dcliner le thme de Lafrancmaonnerie face aux dfisdu XXIe sicle, lui a donn loccasion de rappeler lattachementindfectible des francsmaonsaux valeurs rpublicaines. Ledfi de la francmaonnerie et de

    tous les citoyens, cest avant toutlavenir de la Rpublique et de lalacit, et, audel, lheure o laguerre frappe aux portes de lEurope, lavenir de lUnion europenne .

    Pour Daniel Keller, il est impratif de renouer avec le dialogue pour protger notre civilisationensanglante par les attentats dePa r i s e t d e Co p e n h a g u e .Aujourdhui prcisetil, le dbat public nexiste plus, il est exsangue [] nous devons le ressusciter, dvelopper notrecapacit mettre en dbat nosides .

    Il faut aller la rencontre deshommes et des femmes inquiets,

    leur faire savoir , a expliqu legrand matre que la francmaonnerie nest pas une secte, uneinstitution malfique et que leGrand Orient est mobilis pourreprendre le flambeau de la Rpublique . Le dire au mondeuniversitaire, cest aussi, selonDaniel Keller, faire acte de pdagogie auprs de la jeune gnration et inviter les chercheurs sintresser aux travaux des frres.

    Il faut montrer notre capacit mettre en dbat les ides quisont les ntres a martel DanielKeller dont lobdience caressetoujours ce rve de fraternituniverselle, dune socit plusjuste et plus humaine .

    DANIEL KELLER. A Clermont, le grand matre du Grand Orient a dclin lesdfis qui sont ceux de la franc-maonnerie au XXIe sicle. PHOTO THIERRY NICOLAS

  • LA MONTAGNE MARDI 3 MARS 2015 7

    Auvergne Actualit

    Pdd

    CONOMIE 1.175 emplois maintenus ou crs par Initiative Auvergne

    Plateformes de lancement de projetsAvec 1.175 emplois crs oumaintenus pour 440 entre-prises concernes, InitiativeAuvergne a fait en 2014presque aussi bien quel a n n e p r c d e n t e(1.208 emplois sauvegardssur 444 entreprises) en rai-son dun environnementconomique fragile et dunchmage en hausse, selonPascal Challet, dInitiativeAuvergne.

    Coordonnant les actionsde douze plateformes (*)rparties sur le territoireauvergnat, lassociationInitiative Auvergne, membre dInitiative France, reprsente le premier rseaude financement des crateurs dentreprises et a susimposer au rang desoutils incontournablespour les reprises dentreprises en Auvergne. Loffre daccompagnement etde financement dInitiative Auvergne saff ir mecomme une rponse probante la difficult desporteurs de projets deconsolider leurs fondspropres , explique sonprsident Bernard Villata.

    Les prts dhonneur,sans intrt ni garanties,ni frais de dossier, accords aux porteurs de projets, constituent le princi

    p a l l e v i e r p e r m e t t a n tdobtenir des prts banc a i r e s ; A i n s i l e s4,573 millions deuros deprts dhonneurs ont permis de dbloquer 37 millions de prts bancaires.

    Cependant, on note unevolution due au contexteconomique dfavorable,les porteurs de projetssongeant dabord crerleur propre emploi pluttqu crer leur entreprise.

    Initiative Auvergne ne secontente pas dapporterdes fonds mais dispenseaussi conseils et accompa

    gnements afin de prenniser les entreprises.

    Deux autres aides viennent complter cette action. Le fonds Auvergnetransmission soutient lesreprises dentreprises. En2014, 667.700 de prtsdhonneur ont t accords dixsept entreprisespermettant la sauvegardede 205 emplois. On peutnotamment citer la serrurerie aluminium Mtaludu Livradois, la SARL Danys, spcialise dans lenettoyage industriel, ouencore les tablissements

    de machines agricoles Dachard, Vichy.

    Le fonds AT2I + sadresse, lui, aux crations dentreprises innovantes.

    Innovationtechnologieet innovationdusage

    297.500 de prts dhonneur ont dbouch sur lacration de six entrepriseset de seize emplois. Unenouveaut en 2014, cefonds qui lorigine ciblait linnovation technologique sintresse dsorm a i s a u x p r o j e t sdinnovation dusage ;Exemple : la socit Serimee qui a dvelopp unsystme antifugue pour lesmaisons de retraite.

    Pour 2015, l object i fdInitiative Auvergne estde faire aussi bien, voiremieux quen 2014.

    (*) Ces plateformes sappuientsur les CCI, les communauts decommunes ou les comits conomiques et sociaux.

    C o n t a c t . C o u r r i e l :init [email protected] . fr Site :www.initiative-auvergne.com.

    ENTREPRISE INNOVANTE. Mickael Simond et Jean-ClaudeNeyt, de la socit Calnesis, spcialise dans la thermodyniqueet la calorimtrie, ont bnfici du soutien dInitiative Auver-gne. PHOTO DARCHIVES FRDRIC MARQUET

    Jug en comparution imm-diate, un Portugais de51 ans a cop de quatremois de prison ferme, hier.Il avait tent de convoyer,entre le Portugal et la Suis-se, prs de cinq kilos de r-sine de cannabis.

    Cest lhistoire dun sanslesou prt tout. Cheveux ras, paules carres,barbe de trois jours : Antonio, employ de mairiedans une petite ville duPortugal, affiche dans lebox la mine dsabuse deceux qui savent avoir perdu gros.

    Vendredi, vers 8 h 30, lesgendarmes de la cellule police judiciaire et renseignement de lEscadron de scurit routirecontrlent un autocarEurolines hauteur dupage des MartresdArtire, sur lA89 (lire La Montagne du 1er mars).

    Le chien spcialis desmilitaires flaire une petitevalise. lintrieur, dansun double fond, cinq sacsde rsine de cannabis pesant 4,75 kg. Valeur de ladrogue conditionne enovules : environ 30.000 .

    Je d e v a i s r e c e v o i r1.000 en revenant deZurich , explique, via lin

    terprte, Antonio, dont lepass de toxicomane ressurgit la lecture de lenqute de personnalit. Mais je ne consommeplus. Mes filles mont demand darrter. Et defondre en larmes, sollicitant lindulgence des juges, jurant stre adonnpour la premire fois cetype de convoi entre lePortugal et la Suisse.

    Pigeon voyageur Jen doute un peu, au

    vu de lexploitation de sontlphone qui montre descontacts antrieurs avec lemonsieur qui lui a propos ce voyage vers la Suisse , grince le procureurde la Rpublique, ThierryGriffet. Le magistrat requiert quatre mois de prison ferme, une peine ass o r t i e d u m a n d a t d edpt. Cest le type mme dedossier o lon exploite lamisre humaine, plaideMe Christine Paret en dfense. Mon client est unpigeon voyageur de plus.Sauf que pour lui, le voyage a tourn court . Le jugement tombe : quatremois ferme et mandat dedpt.

    Nicolas Faucon

    PUY-DE-DME

    Arrt avec prs de cinq kilosde cannabis: quatremois ferme

    DUCATION Le rectorat et la Fondation Varenne organisent un grand concours avant sa panthonisation

    Plaidoiries lycennes pour Jean Zay

    Arnaud [email protected]

    J ean Zay ntai t pasauvergnat, mais cestici, entre ClermontFerrand, Riom et le villagede Molles dans lAllier, quesest acheve sa vie. Riendtonnant donc si une dizaine dtablissementsscolaires auvergnats portent le nom de cet hommepolitique visionnaire, prede pans entiers de lcolemoderne.

    Trois personnalitsde renomRien dtonnant non

    plus si, quelques semainesavant le transfert de sescendres au Panthon, lerectorat et la FondationVarenne se sont associspour organiser, fin mai, unconcours de plaidoiriesouvert tous les lycensde la rgion.

    Un concours officiellement n hier soir dans lessalons du rectorat par la

    signature dune convention entre le recteur, MarieDanielle Campion, etle prsident de la Fondation Varenne, Daniel Pouzadoux, qui ont rappel lesens de leur engagementcommun derrire la figurede ce grand rpublicaintragiquement disparu. Jean Zay a pens notreducation nationale, de1945 aujourdhui. Il tait

    donc naturel que le rectorat saisisse cette opportunit de travailler dans unesprit de libert et dducation aux mdias avec laFondation Varenne pouramener nos jeunes sepencher sur ce qua fait cepersonnage essentiel de laRpublique.

    Daniel Pouzadoux expliquait ensuite la nature delexercice, en loccurrence

    un concours auquel pourront participer tous les lycens de lacadmie invit s r d i g e r u n eplaidoirie de 3.500 signesvisant assurer la dfensede la place et du rle deJean Zay dans lhistoire deFrance. Les trois meilleurscandidats pourront partic i p e r l a f i n a l e ClermontFerrand dansune plaidoirie orale cette

    fois laquelle participeront trois personnalits derenom endossant les costumes de procureur (ricde Montgolfier), prsident,et grand tmoin.

    Un jury dcidera de lattribution des trois prix de1.000, 700 et 500 , tandisque le public dcernera luiaussi son prix.

    Des jeunes avocats quine seront pas livrs euxmmes puisque le barreaude ClermontFerrand participera lopration etaidera les candidats construire les plaidoiries.

    Les enseignants des lyces, et notamment lesprofesseurs dhistoire, seront de leur ct sensibiliss ce concours et pourr o n t d i s p o s e r d eressources sur Jean Zay,leur per mettant ainsidapporter leur concours la prparation de leurslves.

    Contact. Les crits peuvent treenvoys ds prsent et avant le13 avril la Fondation AlexandreVarenne, concours Jean-Zay, 40, rueMorel-Ladeuil, 63000 Clermont-Ferrand ou par courriel [email protected] prcisant son nom, adresse, mail,tlphone et ltablissement scolairefrquent.

    Le rectorat de Clermont-Ferrand et la Fondation Va-renne se sont associs, hier,dans lorganisation dunconcours de plaidoiries quise droulera quelques joursavant la panthonisation deJean Zay le 27 mai.

    CONVENTION. Karine Natal, directrice de cabinet du recteur ; Rmi Bouquet des Chaux, secrtairegnral de la rdaction de La Montagne ; Marie-Daniel Campion, recteur ; Claire Mazeron,inspecteur dhistoire-gographie ; Marielle Brun, dlgue acadmique laction culturelle ;Philippe Page, directeur de la Fondation Varenne ; Daniel Pouzadoux, prsident de la FondationVarenne, et Annabelle Ravni, chef de cabinet du recteur. PHOTO PASCAL CHAREYRON

    1904-1944Jean Zay, n Orlans, mem-bre du Parti radical, est ludput du Loiret 27 ans,puis devient ministre delducation nationale et desBeaux-Arts en 1936, 32 ans.Arrt le 15 aot 1940 et en-voy avec Pierre MendsFrance la prison militaire deClermont-Ferrand, il est con-damn la dportation. Sapeine mue en internementpar le rgime de Vichy, il estempr isonn Riom. Le20 juin 1944, il est assassin Molles (Allier) lors duntransfert. Il est rhabilit le5 juillet 1945 par la courdappel de Riom.Le 21 fvrier 2014, FranoisHollande annonce le transfertde ses cendres, ainsi que cel-les de Pierre Brossolette, Ge-nevive de Gaulle-Anthoniozet Germaine Tillion au Pan-thon en tant que grandesfigures qui voquent lespritde rsistance . La crmonieest prvue le 27 mai. On doit Jean Zay lorganisation sco-laire actuelle, lEna, le Crous,le CNRS, le Festival de Can-nes

    VISIONNAIRE

  • 6 JEUDI 26 JUIN 2014 LA MONTAGNE

    Auvergne Actualit

    Allier

    Les assembles gnralesdes associations Thermau-vergne et la Route des vil-les deaux du Massif cen-t r a l , e n c h a r g erespectivement de la valori-sation thermale et touristi-que des villes deaux de largion, ont procd, mi-juin, au renouvellement deleurs instances dirigeantes.

    Aprs seize ans de prsident de Thermauvergne,dont treize conscutivesdepuis 2001, ChristianCorne, ancien adjoint deVichy et prsident de laFdration thermale et climatique franaise (FTCF),a cd sa place DanielleFaureImbert, premireadjointe au maire de ChtelGuyon.

    Au niveau de la Routedes villes deaux, JeanFranois Dubourg, mairedu MontDore, a t rlu lunanimit par les reprsentants des associations.

    Issue dune vieille famillede ChtelGuyon, DanielleFaureImbert a consacrune grande partie de savie dfendre les intrtsdu thermalisme et de sastation.

    Depuis 2008, en tant quemaireadjointe en chargenotamment du thermalisme, et prsidente de laSEM ChtelDveloppement qui exploite les thermes, elle sest imposec o m m e u n e c h e v i l l eouvrire du renouveauchtelguyonnais qui a vula station se redresser demanire spectaculaire enquelques annes.

    galement administratrice du Conseil national desexploi tants ther maux(CNETh), elle succdedonc Christian Corne, qui elle a souhait voir attr ibuer une prsidencedhonneur.

    PRSIDENTE. DanielleFaure-Imbert est premireadjointe Chtel-Guyon.

    THERMAUVERGNE

    Danielle Faure-Imbertsuccde Christian Corne

    SANT Le CHU de Clermont vient de squiper dun cytomtre en flux

    Unautomatehigh-techpour trier les cellulesLe service dhmatologiebiologique du CHU Estaing, Clermont-Ferrand, vientdacqurir un automateanalyseur/trieur de derni-re gnration.

    Avec cet quipement hightech, lAuvergne dispose dsormais dun outilddi 100 % la recherche, dont seulement deuxautres rgions franaisessont dotes.

    Dans le corps humain, ilexiste plusieurs populations de cellules qui assurent chacune une fonctionparticulire. Comprendrecomment ces cellules assurent leur fonction, comment elles interagissent, etquels sont les mcanismesde leur rgulation est indispensable pour comprendre les maladies.Lautomate va ainsi trierces cellules vivantes pourles mettre dispositiondes chercheurs.

    Identifier une souspopulation de cellules restedlicat, la cytomtrie enflux permet de trier lescellules en fonction desmolcules exprimes leur surface, qui reprsentent une espce de cartedidentit : nous pouvonsainsi isoler jusqu 99 %

    de cellules dune grandepuret , explique le professeur Marc Berger, chefdu service hmatologie.

    Les cellules vont dfilerune par une devant des lasers, grce un flux liquidien. Do le nom de cytomtre en flux. Et ce tri decellules trs pures est fondamental pour lanalysedes chercheurs, dans lebut de comprendre comment une population decellules fonctionne, quelles sont ses perturbations

    lors dune pathologie etaudel, comment les traiter.

    Nous avons dbut unprojet en cancrologie,notamment pour comprendre les cellules souches, dautres vont suivreconcernant les cellulesnerveuses , poursuitil.Audel de lutilisation aucur du CHU Estaing, cetappareil trs sophistiqusera mis disposition desquipes de recherche de largion. Une expertise rendue accessible qui sera in

    d n i a b l e m e n t s o u rc edmulation pour la rec h e r c h e e n s a n t e nAuvergne.

    Inauguration. Cet quipementdun cot de 557.000 a pu treacquis grce un soutien financierrunissant le CHU de Clermont-Ferrand, la Rgion Auvergne, laFondation ARC et le FEDER. Ainsi, lesreprsentants de ces instances, linstar dAlain Meunier, directeurgnral du CHU, et Andr Salagnac,son directeur adjoint, Chr ist ianTournadre, chef du service Europe laprfecture, et Jean-Marc Miguet pourle Conseil rgional ont inaugur, lundi,l e n o u v e l q u i p eme n t d e l aplateforme de cytomtrie en flux.

    PLATEFORME. Le professeur Berger (deuxime partir de la gauche) aux cts des reprsentantsdu CHU, de ltat et du Conseil rgional, encadrs par la biologiste et lingnieur, membres delquipe mme dutiliser le cytomtre en flux ( droite). PHOTO FRANCIS CAMPAGNONI

    HOMMAGE Commmoration des soixantedix ans de la mort du rsistant, tu par la milice franaise

    La mmoire de Jean Zay bien vivante

    Philippe [email protected]

    P our prendre la temprature de lhommage Jean Zay, hier Cusset, il suffisait de poser la question ses filles,Catherine MartinZay etHlne MouchardZay,toutes deux prsentes surles lieux de la mort de leurpre, le 20 juin 1944, assassin par des miliciensfranais, aux Malavaux ,entre Cusset et Molles.

    Extraordinairementrconfortant Ce quil y a de plus im

    portant, cest ce relais quiest pris avec les enfantsqui taient l, a ragi Hlne Zay. Les derniers tmoins disparaissent, unemmoire va disparatremme sil y a des livres. Ilfaut que lhistoire prennele relais. Cest extraordinairement rconfortant devoir une si belle crmonie, avec des enfants.

    Les coliers ont chantLe Chant des Partisans.Lun deux a interprt LaMarsei l laise , seul la

    trompette. Deux lves ducollge de Cusset ont prisla parole pour saluer ungrand rpublicain et ungrand rsistant .

    Plusieurs discours ontretrac le parcours du rpublicain et sa fin tragi

    que. Ici, ce sont les derniers moments que notrepre a vcus, a tmoignCatherine Zay. Je ne peuxmempcher de limaginer,lhaut sur cette colline, lendroit o a sest pass.Cest trs mouvant.

    Prsident du Comit enlhonneur des 80 parlementaires du 10 juillet1940 et des passagers duMassilia, Joseph Blthon arappel que les nazis allemands ne sont jamais

    intervenus dans cet assassinat . Tous ceux quiont men Jean Zay jusqusa mort, de 1940 1944,taient franais.

    Dans de nombreux esprits, hier, il y avait la conviction que lhritage du

    martyr est plus que jamais dactualit. Le reprsentant du Grand Orientde France, Pierre Danel, avoqu un exemple quidoit nous permettre denous projeter dans lavenir .

    Un homme qui vit Son histoire sera porte

    au Panthon lanne prochaine, son sacrifice prendl tout son sens, remarqueCatherine Zay. Ce nestpas un homme mort, cestun homme qui vit. Sonuvre peut servir de rflexion pour les gens quisont au pouvoir aujourdhui. Il faisait de la politique pour ser vir et nonpour avoir un poste.

    Son accs au Panthonva aider lopinion savoirce quil a fait rellement,complte Hlne Zay. Onsent ce mouvement verslui : par rapport lcole,aux valeurs rpublicaines, ce que lon doit fairepour la jeunesse, son nomest vraiment emblmatique de ce que peut faire laRpublique.

    WEB

    Retrouvez une vidoet toutes les images surlamontagne.fr

    Accompagn par le chantdes oiseaux, lhommage Jean Zay, hier Cusset, adpass les esprances desorganisateurs.

    HIER CUSSET. Hlne et Catherine Zay portent depuis des annes la mmoire de leur pre Jean Zay. Elles ont t heureuses, hier,de partager cette commmoration avec des coliers. PHOTO DOMINIQUE PARAT

  • 2 SAMEDI 22 FEVRIER 2014 LA RPUBLIQUE DU CENTRE

    Hommage national

    Franois Hollande : Jean

    Philippe [email protected]

    H ommage de la patrie deux hommes etdeux femmes. lOrlanais Jean Zay, assassinp a r d e s m i l i c i e n s e njuin 1944, et Pierre Brossolette, journaliste et rsistant. Mais aussi Germaine Tillion, rsistante,et Genevive Anthoniozde Gaulle, nice du gnral, qui fut dporte Ravensbrck. Quatre figuresillustres de la SecondeGuerre mondiale, dont lescendres seront transfresau Panthon le 27 mai2015, journe nationale dela Rsistance. FranoisHollande la annonc,hier, lors dune crmonieau MontValrien (HautsdeSeine).

    motion face un passdouloureux

    Des voix cr ista l l inesdcoliers pour le Chantdes Partisans. Les bannires tricolores des associations patriotiques sous lesoleil dhiver. Minute desilence. Puis les accents de La Marseillaise alors

    que le chef de ltat dpose une gerbe dans la clairire, lendroit mme omille rsistants ont t fusills par loccupant nazi.Recueillement. Solennit.

    Hier, en fin de matine,plusieurs dizaines dinvits parmi lesquels LionelJospin, Robert Hue, RobertBadinter, Charles Aznavour, mais aussi les ministres en exercice ManuelValls, Aurlie Filippetti,N a j a t Va l a u d B e l k a cem, etc., sont ainsi runisau mmorial parisien.

    Puis, Franois Hollandedonne sa vision du Panthon qui ne doit pastre un mausole limmobilit glace , avantdexpl iquer son choixquant au carr retenu.Hommage particulier lancien Orlanais : JeanZay, cest la Rpublique.Lcole de la Rpublique,La lacit de la Rpubliquepour laquelle il luttait, nonpour opposer mais pourpacifier et rconcilier. Laculture de la Rpublique.Non pour en faire une

    propagande mais une libert, pour mettre linfiniment beau la porte duplus grand nombre .

    Le Vive la France de Jean ZayLe chef de ltat rappelle

    que Jean Zay, sorti de saprison pour tre excutpar la milice, fut conduitau lieudit du PuitsduDiable, dans lAllier. Aumoment dexpirer, il neutq u e l e t e m p s d e c r i e rVive la France. Cest cecr i prononc par tant

    dautres, ici mme, quenous devons entendre. LaFrance, pour eux, taitbien plus que leur pays.Ctait une ide. Des valeurs. Des principes aunom desquels ils taientfiers de mourir. Et pourlesquels nous devons treconscients de vivre .

    Son intervention acheve, Franois Hollandequitte la tribune et salueplusieurs personnalitsdes premiers rangs. Parmielles, Catherine et Hlne,filles de Jean Zay. Instant

    dmotion. Quelques motschangs. Et partags aussi avec les autres Orlanais, JeanPierre Sueur,dput du Loiret, et Avelino Vall, francmaon quia milit inlassablementpour que lexministre rejoigne le Panthon.

    Pas seulementlentre dun nom Alors que le prsident de

    la Rpublique est happpar les mdias, CatherineMartinZay se confie, ditvivre un moment inoubliable, dune extrme importance, qui remet JeanZay la place qui lui estdue. Avec toutes les composantes de sa vie .

    Pour sa sur Hlne, led i s c o u r s p r s i d e n t i e l marqu par la charges y m b o l i q u e d u l i e u prend un relief particulier.Sensible au fait que, danslvocation du pass deson pre, le prsident ait affirm son uvre deministre, assez mconnue.Jespre que cette entreau Panthon ne sera passeulement lentre dunnom. Mais que lendroitdevienne vraiment lieu depdagogie o les visiteurs,en particulier les jeunes,sauront qui sont les personnalits prsentes. Vu partag par FranoisHollande qui, dans la conclusion de son intervention, dcrit le Panthoncomme un lieu de mmoire o ceux qui y reposent harclent chaqueinstant la conscience desvivants .

    motion, hier au Mont-Val-rien, quand le chef de ltatvoque le pass des quatrefigures de la 2e guerre mon-diale dont les cendres re-joindront le Panthon.

    ORLANAIS. Au terme de son discours, Franois Hollande a chang quelques mots avec Hlne et Catherine, les filles de Jean Zay,en prsence dAvelino Vall, franc maon ( g.) et de Jean-Pierre Sueur, snateur du Loiret ( d.) PHOTO THIERRY BOUGOT

    Raction unanime des autorits invitesDiverses personnalits, pr-sentes au Mont-Valrien,ont apprci lhommageprsidentiel.

    JeanPierre Sueur, snateur du Loiret.

    Cest un grand jourpour Orlans et le Loiret.Jean Zay a beaucoup travaill pour le Loiret. Jair e t r o u v q u e l q u e5.000 dossiers de personnes du dpartement venues le rencontrer, quilavait aides. Un ministrede lintelligence, trs attach une cole de lexigence, la pdagogie. Etun grand novateur, quilon doit notamment leCNRS, le Festival de Cannes, lOnisep. Le fait quilsoit au Panthon montreque ses valeurs, sa gnrosit, son humanisme gagnent par rapport ce crime sordide. Sa lumire,son intelligence restent vivantes. Bien sr, il ne reposera plus au cimetiredOrlans mais il demeurera toujours dans le curdes Orlanais .

    JeanMichel Quillardet,prsident de lassociation

    Jean Zay au Panthon . Depuis 2006, le GrandOrient uvrait en ce sens.Grce au prsident Hollande, la mmoire de celuiqui fut un oubli de la Rpublique est reconnuecomme une grande figurede la rsistance morale .

    Avelino Vall, lu orlanais et francmaon auGrand Orient de France. Tout a commenc laloge tienneDolet dOrlans. Puis, nous avonssollicit trois prsidents dela Rpublique, MM. Chi

    rac, Sarkozy et Hollande.Sans oublier tous les parlementaires, de gauchecomme de droite. Ils nousont accompagns dans cebeau projet qui connats o n a b o u t i s s e m e n taujourdhui .

    Ivan Leva, journaliste, Je suis merveill parcette journe. On avaitoubli Jean Zay, de manire injuste. Jean Zay : lundes meilleurs ministres delducation nationale. Lui,le socialiste, le juif, le

    francmaon, qui a imagin lENA, qui lon doit leFestival de Cannes. On atout fait, avec Catherine etHlne, ses filles, pourquune plaque soit appose Cannes. Jtais aussimembre du comit desoutien Pierre Brossolette. Mais, il nest pas interdit de militer pour plus i e u r s p e r s o n n e s d esemblable envergure !

    RogerGrard Schwartzenberg, chef de file desdputs radicaux de gauche. Jean Zay, ce grandrformateur, tait aussi unhomme de grand courage,qui sest dress avec uneextrme dterminationcontre le rgime de Ptain .

    Philippe Belaval, prsident du Centre des monuments nationaux. Lesquatre personnalits ont,toute leur vie durant etparfois jusquau sacrificefinal, incarn un attachem e n t s a n s f a i l l e a u xidaux et aux valeurs de laRpublique. Aucun doutene saurait exister sur la lgitimit de leur place auPanthon .

    Dput 27 ans, ministre 31 ans, prisonnier 36 ans, assassin 39 ans Un parcours politiquebrillant brutalement interrompu le 20 juin 1944. Les hommes qui ne rvent point la nuit perdent untiers de leur existence , avait-il crit, du fond de sacellule. On a retir Jean Zay le droit de rverencorePire. Lhumaniste visionnaire devient loubli de laRpublique , comme lanalyse trs justement dansson ouvrage Olivier Loubes. Quoique rhabilit titre posthume, par la cour dappel de Riom, qui aannul, en aot 1945, le jugement militaireprononc son encontre, Jean Zay sest retrouvvictime dune nouvelle injustice. Mmorielle, celle-l.Bon nombre dtablissements scolaires ont beauporter son nom, les jeunes gnrations savent-ellesseulement quelle a t la porte de son action ? Passr, y compris dans sa bonne ville dOrlansEn officialisant hier lentre au Panthon de JeanZay, le prsident de la Rpublique a rpar, au nomde la France, cet oubli et remis la lumire du jourluvre exceptionnelle de ce Jules Ferry du Frontpopulaire , dont laction a t guide par le seulamour du bien public.Aprs un long et difficile devoir de mmoire, il nestpas encore trop tard pour rcrire lHistoire.

    Christine [email protected]

    LEBILLET

    Lhumaniste visionnaire

    PRSENT. Le chanteur Charles Aznavour figurait parmi les invi-ts que le chef de ltat a salu. PHOTO THIERRY BOUGOT

  • LA RPUBLIQUE DU CENTRE SAMEDI 22 FEVRIER 2014 3

    Hommage national

    Zay, cest la Rpublique

    POSTHUME Le corps de Jean Zay, assassin le20 juin 1944, est dcouvert par des chasseurs sousun tas de pierres en 1946, au Puits du diable ,dans lAllier. Il est ensuite enterr dans une fossecommune du cimetire de Cusset (Allier) mais nestidentifi quen 1948, aprs larrestation de lun deses assassins. Jean Zay sera inhum, en cette mmeanne 1948, dans le grand cimetire dOrlans.

    Au cimetire dOrlans

    Il avait des lunettes rondes et une calvitie Pour les jeunes Orlanais,Jean Zay, cest dabord unlyce. Quant savoir quiest lhomme qui lui a donnson nom, cest une autrehistoire.

    Premier test hier, au lyce JeanZay, Orlans, la pause de laprsmidi. Jean Zay, cest un homme , lance Mohamed,sans trop se mouiller. Ilavait des lunettes rondeset une calvitie. Cest uncrivain. Son amie Andrea intervient : Il a sauv l a F r a n c e ! M a r got rtorque : Cest celui

    qui a cr les lyces B o n , a u n i v e a u d e c egroupe de seconde, laconnaissance est plutt limite. Mais ils connaissent son visage, quilscroisent tous les joursdans le hall dentre.

    Mais pourquoi vousn o u s p a r l e z d e J e a nZay ? , demandentils, curieux. Et dexpliquer sonentre au Panthon. Lequoi ? , demande Margot. Ah, mais il est mort ? ,sinquite Andrea.

    Plus loin, Nomie, Paul,Rachel et Garance, en pre

    mire littraire, attendentla fin de la journe, et ledbut des vacances.

    Jean Zay, il est pas Polonais ? , demande Paul. Il me semblait quil taitjuif En chur, Nomieet Rachel le coupent : Non, il a cr le Festivalde Cannes ! Paul ajoute : Je sais quil tait ministrede lducation .

    Limage du lyceLors de leurs premiers

    jours, en seconde, le lyceleur a expos une rapidebiographie de Jean Zay.

    Quils ont retenue par bribes.

    Avec ce qui se passe ence moment, Jean Zay auPanthon... , commentePaul. Le Panthon, cestle truc o sont enterrstous les rois ? , senquiertNomie. Paul lui rpond : Cest Paris, dans le Ve.

    En tout cas, les filles ontun avis sur la question : a va amliorer limagedu lyce, cest cool. Etcest surtout bien quil aitcr le Festival de Cannes !

    Valentine Autruffe

    LYCENS. Ils connaissent le visage de Jean Zay, affich dans le hall du lyce. Cest plus approximatif pour sa biographie.

    Jean ZayRsistant, rpublicain et humanist e, m i n i s t re d elducat ion duFront populaire,Jean Zay est unevictime emblmatique de Vichy.Dor igine juivepar son pre, cequi lui vaut la vindicte de lextrmedroite antismite,ce lac se lance enpolitique aux cts de la gauche

    radicale, aprs avoir t journaliste et avocat.Jean Zay est n Orlans le 6 aot 1904 dune mreprotestante, institutrice, et dun pre dorigine alsacienne, rdacteur en chef du Progrs du Loiret o ildbutera luimme comme journaliste. Il est le plusjeune dput de France 27 ans, puis ministre deLon Blum 32 ans.Dmissionnaire, ds le 1er septembre 1939, de sesfonctions de dput et de ministre de lducationpour rejoindre son poste aux armes, il entendpoursuivre la guerre en Afrique du Nord. AprslAppel de Charles De Gaulle, 26 autres parlementaires, comme les anciens ministres Pierre MendsFrance et Georges Mandel, se sont embarqus aveclui pour Casablanca bord du Massilia .

    Le cur et la conscience tranquilles Arrt Rabat, le 16 aot 1940, et renvoy en mtropole, cet homme de convictions est dans lildu cyclone de Vichy. Le tribunal militaire le condamne pour dsertion la dportation perptuelle et la dgradation militaire, aprs une parodie de procs.Il croupit prs de quatre ans en prison Marseillepuis Riom (PuydeDme), continuant travaillersur les rformes qui lui tiennent cur, confiantdans la rsurrection de la France. Je nai jamaist si sr de mon destin et de ma route. Jai le curet la conscience tranquilles. Je nai aucune peur ,critil dans sa dernire lettre, le 19 juin 1944. Le20 juin au soir, deux semaines aprs le dbarquement alli, Jean Zay est tir de sa cellule et abattupar des miliciens dans une carrire abandonne delAllier, le Puits du diable , six semaines avantson 40e anniversaire.

    PORTRAIT

    Uneuvre colossale, un hritageJean Zay, ancien ministrede lducation, a laiss uneuvre considrable entre1936 et 1939.

    Le Rpublicain exemplaire. Jean Zay tait unpolitique dune grandeprobit, et cest aussi pourcela quil a t autant dtest , estime PierreLouisEmery, prsident du Cercle JeanZay. Rsistant Hitler, il a t lincarnationde la Rpublique par savie et son ducation. Il estmort en raison de la dtestation du Front populaire mle dantismitism e p o l i t i q u e e t d econservatisme , ajouteAntoine Prost, prsidentdes Amis de Jean Zay. Enprison, il rflchissait une Rpublique restaureet plus forte. Ctait unpur lac. Il a empch parcirculaire la propagandereligieuse lintrieur destablissements scolaires.

    La volont dune plusgrande dmocratie, le respect des individus sonttoujours valables , assureAntoine Prost.

    Le rformateur. Jai eutort davoir raison troptt , crivait le ministre.Ses ides se sont concrtises : le Festival de Cannes, lcole nationale deladministration (il staitinterrog sur la passivitdes hauts fonctionnaires

    en juin 40), le Centre national de la recherchescientif ique, le musedArt moderne, celui desArts et Traditions populaires, la runion des thtres nationaux, la protect i o n d e l a p r o p r i t intellectuelle, les bibliobus... Il avait le soucidune large culture humaniste pour tous , prciseAntoine Prost.

    Lducateur. Jean Zay admocratis lcole, mede la Rpublique, en prolongeant 14 ans lobligation scolaire, en crant laclasse de fin dtudes primaires, en rapprochantlenseignement primairesuprieur (celui des bonslves du peuple) de lenseignement secondaire(rserv une minorittrs favorise). Il a mis enrseau les centres dorientation, cr les classespromenade, dvelopp lesport scolaire et universitaire. Comme il attendaitle rsultat des exprienceslances avant de promulguer de nouveaux rglements, il a mis en mouvem e n t l d u c a t i o nnationale. La mthodeexprimentale, lappel auxinitiatives locales sonttoujours dactualit, maisle ministre de lducationnationale ntait pascomme aujourdhui unenorme machine ...

    Anne-Marie Coursimault

    ANTOINE PROST. Jean Zayvoulait combattre llitisme .

    PIERRE-LOUIS EMERY. JeanZay, politique irrprochable .