Jean Sibil Nouoeuf

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  Nouoeuf de Jean Sibil Une porte fermée dans son chambranle vers le milieu de la scène. Rien d’autre. Trois femmes discutent : l’une, la cinqu antaine imposante, vue de trois quarts, des res tes de  beauté avec du ventre, Andra; une seconde, de face, en short court, chemisier sans pudeur excessive, une cagette avec des fleurs contre l’estomac suspendue grâce à une courroie qui lui  passe derrière le cou, Charlène; de dos, Alexia. 1. Andra (railleuse) : Te voilà bien asservie aux fleurs, ma beauté. Tu portes leur courroie comme l’esclave ou la future pendue. Charlène : Il faut vendre, Andra, il faut vendre. Les gens ne viennent pas au magasin, le magasin va aux gens. Andra (railleuse) : Déshabillée comme ça, tu vas aux hommes… Charlène (riant plutôt que de se fâcher) : Les femmes aussi achètent plus quand la publicité est  plus attirante, faut pas croire. Andra : En somme tu te changes en attrape-sous par devoir commercial. Charlène (sèchement) : Par amour des fleurs et pragmatisme commercial. Alexia (de dos) : Faut des sous. Charlène : Oui. Andra : Charlène l’attrape-tous est Charlène l’attrape-sous ! Charlène (avec défi moqueur) : Tu m’achètes ? Andra : Moi, tu m’auras pas, j’ai une fille à qui on en offre. Y en a pour deux. Alexia (de dos, à Charlène) : S’ils ne vont pas chez toi, en tout cas je leur donne toujours ton adresse. Charlène : Je sais, ma ché rie, et je t’en remercie. Mon magasin e st si mal placé, j’ai beau en vahir le trottoir avec de grands pots de fleurs… Andra (railleuse) : Illégalement. Charlène (avec un mouvement d’humeur) : C’est pour ça que je suis ici. La police est venue, elle m’a forcée à rentrer ma publicité. Alexia (riant) : Alors tu t’es changée en publicité. Andra (railleuse) : Illégalement. Charlène (inquiète) : Encore ? Andra : A part passer, dans une rue, tout est illégal. Alexia : Elle ne fait que passer, je suis témoin. Charlène : Je dirai que je vais livrer des fleurs. Andra (jouant le gendarme) : Racolage floral sur la voie publique ! Viens dormir chez nous,  petite ! Charlène (grincheuse) : Ça t’amuse de me flanquer la frousse ? Andra (sincère, sadique et joyeuse) : Ben oui. Alexia (s’amusant) : C’est tout maman, ça. Elle p ense pas à mal, elle le fait sans y penser. Andra : J’aime bien les remords aussi; faut les gagner, ma beauté, les remo rds, pas si simple.

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  • Nouoeufde

    Jean SibilUne porte ferme dans son chambranle vers le milieu de la scne. Rien dautre.

    Trois femmes discutent : lune, la cinquantaine imposante, vue de trois quarts, des restes de beaut avec du ventre, Andra; une seconde, de face, en short court, chemisier sans pudeur excessive, une cagette avec des fleurs contre lestomac suspendue grce une courroie qui lui passe derrire le cou, Charlne; de dos, Alexia.1. Andra (railleuse) : Te voil bien asservie aux fleurs, ma beaut. Tu portes leur courroie comme lesclave ou la future pendue.Charlne : Il faut vendre, Andra, il faut vendre. Les gens ne viennent pas au magasin, le magasin va aux gens.Andra (railleuse) : Dshabille comme a, tu vas aux hommesCharlne (riant plutt que de se fcher) : Les femmes aussi achtent plus quand la publicit est plus attirante, faut pas croire.Andra : En somme tu te changes en attrape-sous par devoir commercial.Charlne (schement) : Par amour des fleurs et pragmatisme commercial.Alexia (de dos) : Faut des sous.Charlne : Oui.Andra : Charlne lattrape-tous est Charlne lattrape-sous !Charlne (avec dfi moqueur) : Tu machtes ?Andra : Moi, tu mauras pas, jai une fille qui on en offre. Y en a pour deux.Alexia (de dos, Charlne) : Sils ne vont pas chez toi, en tout cas je leur donne toujours ton adresse.Charlne : Je sais, ma chrie, et je ten remercie. Mon magasin est si mal plac, jai beau envahir le trottoir avec de grands pots de fleursAndra (railleuse) : Illgalement.Charlne (avec un mouvement dhumeur) : Cest pour a que je suis ici. La police est venue, elle ma force rentrer ma publicit.Alexia (riant) : Alors tu tes change en publicit.Andra (railleuse) : Illgalement.Charlne (inquite) : Encore ?Andra : A part passer, dans une rue, tout est illgal.Alexia : Elle ne fait que passer, je suis tmoin.Charlne : Je dirai que je vais livrer des fleurs.Andra (jouant le gendarme) : Racolage floral sur la voie publique ! Viens dormir chez nous, petite !Charlne (grincheuse) : a tamuse de me flanquer la frousse ?Andra (sincre, sadique et joyeuse) : Ben oui.Alexia (samusant) : Cest tout maman, a. Elle pense pas mal, elle le fait sans y penser.Andra : Jaime bien les remords aussi; faut les gagner, ma beaut, les remords, pas si simple.

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  • Charlne (rancunire) : Eh bien vous devez en avoir pas mal mon gard.Andra : Jai de laffection pour toi, mais avec toi cest trop facile.Alexia (toujours de dos, riant) : Maman prfre sa fille.(Andra rit.)2. Isa (quinze ans, mignonne, arrive en courant) : Me voil !Andra (ironique, comme une toute petite fille en jouant cache-cache) : On ta vue ! (Accentuer sur ta .)Isa (plaintive) : Grand-mre !Andra : Ne mappelle pas grand-mre, a mvieillit. Je te lai dit et rpt : surtout en public, appelle-moi Andra.Isa (faussement nave) : Mais tu es vieille. Je ne peux pas te vieillir.Andra (schement) : Si ta mre navait pas piqu des crises et pleurnich chaque fois que je voulais te flanquer des baffes, toi, tu serais mieux duque.Isa (appuyant sa tte contre Alexia encore de dos) : Ma maman elle me protgera toujours.Alexia : Bien sr, Isa. Mais aujourdhui cest ta fte. On va tacheter une jolie robe pour tes quinze ans.Andra : Pas une robe, une tenue sexy. (Gaillarde.) Comme gamine Charlne.Charlne (fche) : Eh !Isa : Jveux plus de tissu. Alexia : Pour son anniversaire, mon Isa aura une robe. Et je vais lui apprendre marcher.Isa : Je sais te copier depuis des annes, maman.Alexia (suivant son ide) : Et rgner sur les dfils de mode Comme a ! (Elle se retourne et marche sur le public en conqurante. Elle est dune beaut rare, la trentaine passe, en robe blanche de grande classe comme aucune nen porte dans les rues. Faisant demi-tour et marchant sur le groupe : ) Tu seras magnifique, Isa.Andra (ttant Isa) : La poulette est grassouillette, prte tre mange.Isa (se dgageant) : Arrte, grand-mre !Charlne : Pour un anniversaire on achte des fleurs.Andra : Non.Isa : Je prfre une robe choisie par ma maman.Alexia ( Andra) : Un illet quand mme ?Andra (sortant son porte-monnaie avec mauvaise humeur) : Bon. Un. (Charlne le donne Isa qui le respire - en vain. Andra paie.)3. Bouillon (en cuisinier moins la toque, sortant de son restaurant et sapprochant) : Bonjour bonjour. (A Isa.) A une heure pour le gteau danniversaire, hein !Isa : Bonjour papa. (Elle lembrasse.)Bouillon ( Alexia) : Et la maman, un bisou ?Alexia (schement) : On est spars, autant que a mprofite.Andra (rigolarde) : Alexia est une avare. Mais moi jveux bien. (Il lignore.)Bouillon (voyant lunique fleur dIsa, Charlne) : Un joli bouquet pour ma fille, tu passeras au restaurant te le faire payer.(Charlne composer le bouquet sous les yeux dIsa venue tout prs.)Andra : Si javais su jaurais conomis un illet.Alexia (ton plaintif) : Maman !Bouillon ( Alexia) : Alexia toujours aussi belle Pourquoi as-tu voulu me quitter, je tavais tout donn !Andra (railleuse) : Justement. a aurait servi quoi de rester ?

  • Alexia (protestant) : Maman ! (Un temps court. Comme fatigue et raliste: ) Pas faux.Bouillon (qui a fait son deuil, amer quand mme) : Enfin Te voir est dj un plaisir, et puis les souvenirs de notre bonheur resurgissent dun seul coupAndra (gaillarde et petite marrante) : Un bon coup, hein ?Bouillon : et ma journe est enchante.Alexia (perplexe) : Quels souvenirs de bonheur ?Bouillon (presque pudiquement) : Nos nuits.(Andra se met rire.)Alexia : Ah, a.Bouillon : Tu seras toujours mon amour.Alexia : Tu penses au chque du mois ? Cest pas parce quon na pas divorc que tu dois pas payer.Bouillon : Eh oui, le chque, les factures, les impts Tu es mon impt sur mon pass, le seul que je ne trouve pas injuste.Andra : Tu pourrais le payer deux fois par mois ?Bouillon : Parce que les autres impts cest du racket. Ils augmentent, ils augmentent ! LEverest chez nous ! Moi je me contenterais du Mont-Blanc.Alexia (pour dire quelque chose) : Pauvre chou.Bouillon (remont) : Ils veulent encore nous flanquer une taxe, les nes du ministre de lEconomie, ils ne pensent qu se remplir les poches, parce quau passage (Geste de la main pour indiquer quils prennent et dtournent.), dans la poche !Alexia (qui coute, trs srieuse; pragmatique) : Alors ce ne sont pas des nes.Charlne : Ils font bien leurs affaires en prtendant quil sagit des ntres !Bouillon : Mais ils nous pillent, ils nous mettent sur la paille !Andra (srieuse) : Quel exemple pour nous !Isa ( Andra) : Jtrouve pas.Bouillon (nerv) : Je vais devoir licencier.Alexia : Encore ?Bouillon : Je veux dire que si javais encore assez de personnel pour cla, je licencierais Tu mas bien licenci, toi, est-ce que tu as des remords ?Alexia (estomaque du rapprochement) : Ben non.Andra : Les remords cest moi qui men charge. Mais en ce qui te concerne, zro.4. Sandra (arrivant par la droite - dans les trente-cinq ans, coiffure pour attirer les regards, robe dernire mode, voyante, pas trop vulgaire nanmoins (largent sauve lapparence), fendue sur une jambe) : Hello ! Les costumes allaient ? Vous mfaites pas faux bond ce soir, hein ? Salut, Bouillon.Bouillon (grommelant) : Salut.Sandra (surprise) : Charlne? (Ladmirant.) Ouiiiii ! Tu te dcides te joindre nous ?Charlne : Non. Tu as besoin de fleurs ?Sandra : Si tu viens, je te promets de me fournir chez toi.Charlne : Je vais rester pauvre.Sandra : Dpoitraille de la sorte, tes plus quaguichante, tes aguicheuse, chrie. Dans ma discothque ta tenue prendrait ton son sens.Bouillon : Laisse-la, elle samuse son ide.Andra (joyeusement) : Une bcasse serait une trop bonne cible la chasse chez toi. Surtout La Nuit de la Flibuste !Sandra : Les costumes vont, hein ?

  • Alexia : Jmettrai une autre jupe, tu men as encore envoy une ultra-courte.Sandra : Elles mettent tes guibolles en valeur, chrie.Alexia : Jaime pas les jupes trop courtes; si toublies de mettre ta culotte, aprs tu es gne.Andra : En femme capitaine borgne je vais te conduire une bacchanale denfer, sois tranquille, mon quipage videra ta cave.Sandra : Du moment quil paieAndra : Tu as toujours su faire payer.Sandra : Le commerce consiste faire payer.Andra : Et nous payerSandra : Eh oui.Andra : plus.Sandra : Eh non.Bouillon (bas, Alexia) : Mais pourquoi vas-tu ces soires ?Alexia (haut) : Cest maman qui veut.Bouillon (bas) : Et alors ? Je te donne assez dargent.Alexis (haut) : Pour maman y en a jamais assez.Sandra : Elle na pas tort. Il faut penser lavenir.Andra : Si Alexia mourait jserais dans de beaux draps toute seule, pas un type y mettre. Et puis jaime mamuser !Charlne : Je vous laisse, je vais la recherche dautres clients. (Elle sloigne.)(Isa, son bouquet de fleurs la main, a regard et cout sans dire un mot et sans ciller. Son regard est srieux et fixe;)5. (Grosse voix venant de la droite avant que napparaisse le policier Goliath, en uniforme de capitaine. Un gars solide.)Goliath : Mais la voil, ma chrie !(Il entre en scne dun pas qui sacclre.)Isa (courant lui) : Papa !Goliath (lembrassant) : Ma petite fille !Isa : Comme tu es gentil dtre venu de si loin pour mon anniversaire !Goliath : Pas venu , mut ! Jai obtenu dtre mut ici pour veiller sur toi !Charlne (qui sest rapproche en le voyant) : Cest lui qui ma menace dune amende si je ne rentrais pas mes pots !Les autres : Oh !Isa : Papa, Charlne est une amie !Goliath : Ah bon ? Mais la loi (A Charlne.) Dites donc, vous ntiez pas si belleAndra (railleuse) : Autrement ?Goliath (avec un gros rire) : La loi des mles peut devenir la loi des femelles. Eh, eh, eh !(Alexia est prise dun fou-rire.Charlne semble crispe.)Sandra : a vous intresserait La Nuit de la Flibuste la discothque ?Goliath : Je viens avec les menottes ?Sandra : Si vous voulez.Alexia (avec sous-entendu) : Sr quil veut.Goliath (lenlaant) : Bonjour, toi. Toujours aussi belle.(Sur la gauche passe une femme, la trentaine, avec un cabas, Pnlope.Sur la droite, une femme dune cinquantaine dannes, Sophie, suivie dun adolescent pas content, Jo, se dirige vers le fond comme regardant des immeubles au passage.)

  • Alexia : Bas les pattes, mauvais sujet.(Gros rire de Goliath.)Andra : Et moi, pas de clin ?Goliath (lcrasant contre lui) : Si, clin.Andra : Oue.(Alexia est reprise de son fou-rire.)Bouillon ( Goliath) : Je suis heureux de faire la connaissance du pre dIsa. Bouillon, le mari dAlexia.Goliath : Ah, mon prdcesseur !Bouillon (perdu) : Non votre successeur.Andra (grimace) : Ae.Bouillon : Vous tes le pre biologique, quoi.Goliath : Mais non.(Brusque silence. Un temps.Pnlope sarrte et regarde le groupe avec curiosit. Sophie et Jo, vers le fond, se retournent vers le groupe et regardent.Goliath et Bouillon se tournent vers Alexia.Tous fixent Alexia.Etrange regard fixe dIsa.Visage de sphinx dAlexia.)Bouillon ( Alexia) : Enfin qui est-ce ? Parle !(Alexia reste le beau marbre.)Goliath : Ne fais pas encore ton sphinx; quest-ce que tu as cacher cette fois-ci ?Alexia : Maman !Andra : Ah je ny suis pour rien l, je tavais prvenue, dbrouille-toi.(Un temps.)Alexia (dans un souffle) : Jaime pas les divorces.(Sophie reconnaissant Alexia et Andra se rapproche. Jo reste au fond.)Bouillon : Cest mme pour a quon sest seulement spars. Mais lui ?Alexia (dans un souffle) : Jaime pas les divorces.(Un temps.)Goliath : Ah Pour un reprsentant de lordre, cest la tuile.(Petit rire satisfait de Sandra par ailleurs simple spectatrice.)Bouillon : Vous croyez que la bigamie de sa femme est plus agrable pour un restaurateur ?Alexia (dune voix forte) : Jaime les mariages, pas les divorces !Andra (dune voix conciliante) : Que voulez-vous, elle est une fille principes.Goliath : Ouais, mais pas les bons.Bouillon : Va falloir cacher a. Catastrophique pour mon affaire.Charlne (opportuniste, Goliath) : Vous voulez des fleurs ?Goliath : Quoi ?Charlne : Votre catastrophe a intrt me sauver de la mienne.Goliath (stupfait) : Du chantage ?Sandra : Vous venez tous La Nuit de la Flibuste !Bouillon : Allons bon du chantageAlexia (pragmatique) : Faut des sous.6. Sophie (intervenant brusquement) : Cest vrai. (A Andra.) Quittez votre vieil appartement, videz les lieux, je vous ddommage royalement.

  • Alexia (plaintive) : Jaime pas le changement !Andra : Je nai pas pu la dcider.Sophie : Un appartement neuf et des sous en plus pour me laisser dmolir votre immeuble, laid, mal foutu, qui se dgrade. Enfin, il est moche, soyez honntes !Alexia : Jaime bien le moche.Andra : Alexia, elle a des principes mais ses principes se limitent jaime , jaime pas .Sophie : Bien indemnise, elle pourrait en acqurir un superbeGoliath : On sloigne de sa bigamie, l.Sophie : Jtrouve pas.Charlne : Alors pour mes fleurs ?Goliath : Remets tes pots.Charlne (satisfaite) : Vive la justice !Bouillon : Ne lappelle pas, celle-l; un face face avec Alexia, je sens que a va mal se passer.Sophie (cherchant pour forcer Alexia accepter son offre) : Et puis bigame Tu as divorc davec ton premier ?Goliath : Mais cest moi leSophie : Le pre dIsa.Bouillon : Une erreur dadolescence.Isa (intervenant brusquement) : Jsuis pas une erreur !Andra : Bien sr que non, chrie.Bouillon ( Alexia) : Alors ?(Un temps.Tout le monde fixe Alexia.Visage de sphinx dAlexia.)Alexia (dune voix trs triste) : Il est mort.Bouillon et Goliath (lentourant pour la rconforter) : Oh. Sophie : Pourtant je lai vu la semaine dernire avec Isa. Jean-Louis semblait en peine forme.Andra ( part) : Oue et ae.(Bouillon et Goliath regardent Isa.)Isa : Quand mon papa ne travaille pas ltranger, on djeune ensemble tous les mercredis.Bouillon : Et le divorce ?(Les regards se tournent vers Alexia.Alexia fait son sphinx.)Goliath (fermement) : On passe aux aveux. Et vite !Alexia (dune toute petite voix) : Jaime les mariages, pas les divorces.Goliath et Bouillon (recevant le coup) : OuhIsa (se prcipitant dans les bras de sa mre pour la dfendre) : Et moi, jaime tous mes papas !Sophie (satisfaite) : Trigame.Sandra : Eh bienAndra (conciliante) : On a vu pire.Charlne (sottement) : O a ?Sophie : Mais tout peut sarranger.Bouillon (catastroph mais plein despoir) : Comment ?Sophie : Il suffit quelles dcanillent de leur immeuble.Charlne : Et quon machte plus de fleurs.Sophie : Il ny a plus quelles dedans, elles ne vont pas continuer de vivre en marginales. Bien sr je vais rduire un peu lindemnit.

  • Andra : Quoi ? Pas question.Sophie : Un tout petit peu.Goliath ( qui vient lide, Alexia) : Et il te fait aussi ton chque tous les mois ?Alexia : Evidemment. Je nai que de bons maris.Isa : Et moi de bons papas.Andra (acerbe) : a ne fait jamais que trois petits chques.7. Pnlope (intervenant brusquement, dune voix qui crie) : Cest honteux ! (Tous tournent la tte vers elle.) Une conduite pareille de cette fille, et vous ne pensez qu largent !Alexia : Elle a raison, vous tes mesquins. (Elle se met pleurer.)Isa (peine) : MamanAndra : Je sentais que a se gterait.Goliath (gn) : Moi je nai pas parl dargent.Charlne : Moi jai parl de fleurs.Sophie : Et moi darchitecture. Pour mettre un immeuble neuf la place dun vieux.Bouillon : Quoi quoi quoi ! Faut des sous ! Si jgagne pas ma vie, comment jlui fais son chque ?Alexia (arrtant de pleurer et rflchissant) : Pas faux.Charlne : Faut des sous.Andra : Oui.Sandra : Eh oui.Pnlope : Enfin. Trois maris ! Vous croyez que je vais laisser passer une telle Andra : Trois maris hors dactivit.Pnlope : Et alors ?Andra : Cest dj moins grave.Pnlope : Peut-tre mais Ils ntaient mme pas au courant quils taient trois !Alexia (se marrant) : Valait mieux pas.(Andra, Charlne, Sandra et Sophie se mettent rire aussi.)Pnlope (scandalise mais moins quelle devrait) : Oh.Alexia : Maintenant ils savent.Andra : Le plus gros est fait.Pnlope : Le plus gr ?Alexia (marchant sur elle comme dans un dfil de mode) : Tu es marie ?Pnlope (interloque) : Oui.Alexia : Tu as des enfants ?Pnlope (tristement) : Non On ny ny arrive pas.Alexia (face elle) : Tu vois, tu aurais besoin dun autre mari qui y arrive.Pnlope : Mais je laime !Alexia (gentiment) : Ne divorce pasGoliath : Oh, voil quelle se prend pour un modle !Bouillon : Quel toupet. Je nen reviens pas.Sandra : Sur le fond elle na pas tort, elle a lesprit pragmatique.Bouillon : Quoi ? Quest-ce que cest ?Sandra (vasive) : Une qualit fminine.Alexia (caressant la joue de Pnlope qui, stupfaite, ne ragit pas tout de suite) : Tu es jolie. Quel gchis.Pnlope (navement) : Comment a ?Alexia : Ton mari profite de ta beaut et toi tu nen profites pas.

  • Pnlope : MaisAlexia : Est-ce quil est beau ?(Pnlope a un petit rire.)Alexia (lui dtachant les cheveux) : Et mme pas un enfant. A quoi a te sert dtre jolie ? Tu ne mrites pas de ltre, tu ne sais pas en profiter.Sandra : Vous devriez tenir ma Nuit de la Flibuste .Pnlope : Quest-ce que cest ?Alexia (lui caressant la joue - Pnlope ragit avec encore plus de retard) : Tu seras parfaite en esclave.Sandra (riant) : Je te fais apporter un costume. Jai tes mensurations dans lil.Alexia ( Pnlope) : Comment tappelles-tu ?Pnlope : Pnlope Lacroix.Alexia (la caressant) : Tu avais des amis, Pnlope ? Pnlope : Pas vraiment.Alexia : Maintenant tu en as. (Elle se penche et embrasse doucement Pnlope sur les lvres.)(Tous applaudissent en riant, canailles.)Pnlope (perdue) : Mais est-ce convenable ?8. Sophie ( Alexia et Andra) : Alors, vous dcanillez de limmeuble ?Andra : Je ne demanderais pas mieux mais (Elle dsigne Alexia du menton.)Alexia : Jaime pas le changement.Sophie : Pourtant trois maris(Pnlope pouffe.Alexia la regarde et rit.)Bouillon : Cest sr que le silence est prfrable au scandale mais il narrange rien. Moi je vais vivre dans langoisse permanente.Goliath : Mais comment divorcer sans que les mariages se remarquent ?Sandra (rveuse) : Je me demande si je ne pourrais pas organiser La Nuit des Mariages . Je vais en parler par-ci par-l pour juger des ractions.Charlne : Jirai pas.Goliath ( Charlne) : Mais moi non plus, Madame.Bouillon (insinuant, Pnlope) : Et vous ?(Pnlope rit.)Alexia ( Sandra) : Tu ny entends rien, le mariage est dans la lumire, il ne supporte pas la nuit, il meurt quand la nuit vient. Lui et toi vous tes incompatibles.Sandra (sinclinant, ironique) : Cest toi la spcialiste.Alexia : Mon premier mariage ntait pas trs russi. Au moment mme o il se droulait jen voyais les dfauts. Javais de la peine pour lui. Jtais heureuse dun bonheur avec des dfauts, comme si ma robe blanche avait des taches, je ntais pas vraiment heureuse. (Elle marche la faon dun mannequin dans un dfil, regarde sa robe, sarrte.) Alors il ma obsde. Jen parlais souvent Jean-Louis, il dtournait la conversation, il tait agac, il se fchait. Nous navions pas le mme idal. Lui voulait tre riche et important, moi je voulais russir le plus beau jour de la vie. (A Pnlope.) Etre une pouse parfaite na de sens que si le mariage a t parfait. (Regardant Isa.) Cest lorsque jai t enceinte dIsa que jai ralis quil fallait que je recommence mon mariage. Ma fille tait comme ma robe de marie; elle ne pouvait pas natre avec des taches ! Je devais un mariage parfait ma fille. (Regardant Andra.) Maman ma beaucoup aide cette poque. Elle ma soutenue au maximum pour que je russisse me sparer de Jean-Louis, me dcrocher de Jean-Louis. Je laimais tellement, mais il ne me comprenait pas, pas du tout, quel

  • dommage Jai rencontr Goliath sans chercher, il sest retourn sur moi dans la rue, mais tous les hommes se retournent sur moi dans la rue. (Elle a un petit rire.) Seulement lui, je lai compris tout de suite, tait parfait pour les photos avec moi. (Se plaant ct de lui.) Hein ? Quelle allure on avait ! Bien sr il ne gagnait pas beaucoup, mais avec le chque mensuel de Jean-Louis et mon dbut de carrire comme mannequin, ce mariage ntait pas impossible. Faut des sous. Et on sest ruins pour ce mariage-l. (Elle rit.) Cest Bouillon qui a fini de le payer. (Mine de Bouillon.) Isa navait pas six mois que dans les bras de maman elle assistait mon second mariage. (A nouveau elle marche comme pour un dfil de mode, mais en reine.) Comme elle tait heureuse pour sa maman, enfin surtout aprs, je lui montre souvent les photos et le film. Mon second mariage a t presque parfait. Le plus beau jour de ma vie dsormais tait celui-l. (Elle embrasse Goliath sur les lvres.) Mais quelques dfauts me turlupinaient. Oh, vniels. Des riens. Ils me turlupinaient. Jy pensais, jy pensais. Jen parlais Isa, mais elle tait trop petite, elle ne comprenait pas. A maman, qui trouvait Goliath vraiment pas riche. A Goliath, qui ne me comprenait pas. Pas plus que Jean-Louis. Il y a un ocan entre les hommes et les femmes. On ne marche sur leau que le jour de son mariage. Je me disais que si javais pu recommencer les petits dfauts auraient t supprims. Un jour je suis venue djeuner dans le restaurant de Bouillon, je lui ai plu tout de suite, videmment; moi, je le regardais et je rflchissais. Il est moins bien que Goliath (Mine de Bouillon, Goliath lui jette un coup dil goguenard.) mais avec beaucoup de sous; pour la petite ctait mieux, et puis effacer, gommer, supprimer les derniers dfauts la tentation a grandi, grandi Maman naimait pas Goliath, il ntait pas riche, je lai laisse nous sparer. Et mon troisime mariage (Elle rit.) Il a t le plus beau jour de ma vie. Les princesses et les reines, les milliardaires, nont pas russi, avec un personnel norme, se chargeant de tout, nont pas russi ce point-l. (Elle reprend sa marche de marie-mannequin pour la troisime fois et on la sent pleinement sereine.) Tous les magazines en ont publi les photos, il est ingal. Il est le plus beau jour de ma vie, oui Il y a juste un minuscule dtail Oh un rien Parfois il me hante la nuit, pendant des heures, que je sois rveille ou dans mes rves Il grossit, grossit. Il me cache mon mariage. Quand jen avais parl Bouillon, il na pas compris. (Mine excde de Bouillon.) Son physique ntait pas parfait pour mon mariage. Oh ce nest pas sa faute. Il nest pas mal, physiquement. Mais (Elle est comme perdue.)Goliath (gentiment) : Rpouse-moi.Sandra (ironique) : Epouse Pnlope, elle est atrocement jolie.Bouillon (scandalis) : Oh !Charlne (agressive) : La Nuit des Mariages a des chances dtre spciale !Sophie (regardant Jo qui sest approch peu peu) : Nexagrons pas.Alexia (caressant la joue de Pnlope en souriant) : Y a-t-il de bonnes raisons de ne pas exagrer ?(Pnlope pouffe.)Andra (firement) : De toute faon, Alexia, elle a maintenant assez dargent pour toutes les exagrations, mme la poursuite de la perfection.9. Sophie : Assez, soit. Mais on nen a jamais tropAlexia (rflchissant) : Pas faux.Sophie : Alors ?Andra : On en discutera srieusement mais pour le moment on va acheter une robe Isa, cest son anniversaire.Sophie : Vraiment ? Bon anniversaire, Isa ! Jo ! Cest lanniversaire dIsa ! Eh bien ?Jo (gn) : Mman a fait cinq ans quon sest pas vusSophie : Et alors ? Tu peux quand mme dire Bon anniversaire !

  • Jo (gn) : Bon anniversaire.Isa (gne) : Merci.Sophie (maladroitement) : Pour notre transaction, je mtais dit quils seraient heureux de se revoir.Jo (levant les yeux au ciel) : Ah, cest pour aSophie : Il magace avec ses airs pincs Quoi ! Les bonnes relations font les bonnes affaires !Bouillon : Eh oui.Andra : Evidemment.Sophie : Tu vois, tout lmonde pense comme moi... Eh ben, rponds, Jo !Jo : Je mappelle Jol, maman.Sophie : Une ide de ton pre. Je prfre Jo, moi.Alexia : Il est devenu mignon, ce petit.Andra (riant grassement) : Depuis quil lest plus, petit. Viens embrasser la dame, chri !(Elle lui tend les bras.Jo ne bouge pas mais sa mre dune bonne bourrade lenvoie dans les bras dAndra.Andra lembrasse sur la bouche et clate de rire.Jo recule stupfait en passant son avant-bras sur sa bouche.Tout le monde rit, sauf Jo et Isa.)Alexia : Ils taient marrants quand ils jouaient tous les deux, hauts comme a. Tu te rappelles, Isa ?Isa : Je mappelle Isabelle, maman.Andra : Pas vendeur.Alexia (approuvant) : Xact (Elle prononce Gzaac.) Une ide de son pre.Isa : Tu mas toujours dit que tu tais daccord.Alexia (lgrement) : Ah oui. Cest vrai.Andra : Une ide de couple a ne vaut pas une ide de femme.Alexia : Ma mre, ici prsente, et mon papa, Alexandre, mavaient appele Alexandrine !(Tous rient.)Andra (confuse) : Jai corrig, jai corrig. En Alexia Plus vendeur.Alexia : Et elle, qui sait comment elle se prnomme rellement ?(Les autres se regardent. Mme Isa ne sait pas.)Alexia (jouissant de la rvlation) : Andromde !Isa (stupfaite) : Cest vrai, grand-mre ?Andra (confuse) : Mappelle pas grand-mre ! Mon pre tait archologue, un malade de lantiquit grecque. Jai corrig.Alexia (rigolarde) : Heureusement.Isa (rancunire) : Comme quoi on ne peut pas se fier aux parents.Andra : Surtout aux hommes. (Riant.) Pas vrai, Jo chri ?(Sophie rit aussi, par complaisance daffaires.)Charlne : Eh bien, moi, mes parents mont baptise Charlne et jen ai toujours t trs contente.Goliath : Moi aussi, jsuis content de mon prnom : Goliath ! Il sonne bien.(Les autres rient. Air vex de Goliath.)10. Andra (pour changer de sujet le plus vite possible) : Et leur langage eux, vous vous souvenez ?Alexia : Ah oui ! Ils utilisaient des mots avec un sens quils taient seuls connatre !Sophie : Ils parlaient gravement devant moi comme dans une langue trangre, srs que je ne comprenais pas.

  • Bouillon : Il tait temps de les sparer, Dieu sait comment ce autisme deux allait tourner.Alexia : Eh, cest toi qui les a spars Juste avant notre propre sparation.Bouillon : Tu las dailleurs utilis pour prendre tes distances.(Alexia rit.)Andra ( Isa) : Ah, ces adultes qui veulent votre bienIsa : Papa sest tromp, voil tout, je ne lui en veux pas.Bouillon (mu) : Tu te coupais des autres, ma chrie.Sandra : Ds tes dix-huit ans, mignonne comme tu es, viens chez moi, je te garantis que les autres jetteront des ponts.Pnlope (qui a pos son cabas, intervenant la surprise gnrale) : Un vrai couple est une le, il se suffit lui-mme.Alexia (gentiment) : Avec des petits singes dessus ?Pnlope : Oui.Andra : Moi, ils mont toujours nerve les ptits singes.Charlne : Moi, je naurais rien contre.Andra : Pas contre ?Charlne : Lle, les ptits singes, tout a quoi.Sophie : Eh bien, tu ten souhaites, des tracas. (A Jo, lui donnant une tape sur la tte.) Maintenant on est grand, hein ! Finis les enfantillages.Jo (reculant) : Au moins on tait tranquilles.Isa (lui jetant un coup dil, la fois gne et amuse) : Les parents naiment pas quon soit libre.Goliath (qui a fini de bouder) : Mais comment a, des mots eux ?Alexia : On na pas pu leur en faire avouer beaucoup.Sophie : La gare tait la snouf , javais russi le comprendre.Alexia : Et le train, un outil . Celui-l, force de lentendre, ma paru vident.Bouillon : Quand ils ont vu que tu le comprenais, ils lont chang.Alexia (riant) : Des malins.Andra : Jespre quils avaient choisi un mot gentil pour moi. (Isa et Jo changent un regard rapide.)Sophie : Il est rest un sacr rveur, tout de mme, mon Jo. Il na pas vraiment quitt son le. (Elle prend sa tte dans une de ses mains et la secoue.) Moi je lappelle Jean de la Lune.Sandra : Jean de la Lune ?Sophie : Oui.Jo (plaintif) : MamanSophie (chantant un couplet de la chanson de Pags) : Il tait gros comme un champignon,Frle, dlicat, petit, mignon,Et jaune et vert comme un perroquet,Avait bon caquet.Jean de la Lune (Bis).Tous (sauf Isa et Jo, riant, reprennent en chantant) : Jean de la Lune !11. Une grosse voix forte retentit : Laissez donc le gosse tranquille !(Entre Hercule : grand, fort, body-build.)Isa (courant lembrasser) : Tonton !Hercule (la soulevant) : Bon anniversaire, Isa. (Il lembrasse.)Alexia (sans enthousiasme excessif) : Salut, frrot.

  • Andra (se laissant embrasser) : Tu as un cadeau pour Isa, Hercule ?Isa (ton plaintif) : Grand-mre !Hercule : Il sera l au dner. (Regardant Isa.) Une vieille promesse sera tenue !(Isa rit; apparemment elle sait de quoi il sagit.)Bouillon (lui serrant la main) : Tas du boulot en ce moment, Hercule ?Hercule : On se dfend.(Goliath et Hercule prennent lattitude de lutteurs sur le point de saffronter avant de sembrasser.)Goliath : On ne ta pas vu au combat de Bouts et Start jeudi.Hercule : Un petit tournage de remplacement la dernire minute. Tant pis pour la boxe cette fois. Qui a gagn ?Goliath : Bouts bien sr.Hercule : On est les meilleurs.Isa : Un tournage de quoi, tonton ?Charlne (air pinc) : Oui, tonton, explique-lui.Jo : Vous boxez ?Hercule : H non, mon physique cest mon trsor.Charlne : Ah , ce nest pas le dedans de la tteHercule (sans se fcher) : Toujours seule, belle Charlne ? Quelle tenue, pourtant. On volue dans mon sens, dirait-on.Charlne (avec dfi) : Je vais pouvoir remettre mes pots.Hercule : ?Goliath : Absolument.Andra (expliquant) : Ses grands pots de fleurs extrieurs illgaux pour signaler sa boutique.Hercule (avec sous-entendu) : Pour attirer le client.Charlne (sur la dfensive) : Faut bien vivre.Hercule : Il faut surtout vivre bien. Et pour cela il faut beaucoup de sous. Ah si tu avais voulu, Charlne, quel pactole nous deux au cinma.Isa : Tu tournes quoi, tonton ?Sophie (intervenant pour dtourner la conversation) : Je suis prs darriver un accord avec votre mre et votre sur pour le rachat de leur appartement.Alexia (railleuse) : Elle a offert Jo en otage.Sophie (riant avec complaisance) : Votre mre sest mal conduite avec lui.Hercule : Mre se conduit toujours mal, cest son seul principe de conduite.(Andra rit.)Alexia : On a dqui tenir, pas vrai, Henri ?Hercule : Henri ?Alexia : On est en pleine crise de vrit sur les prnoms.Hercule : Ah.Isa : Tu tappelles vraiment Henri ?Hercule, Non, pas vraiment, juste pour ltat-civil.Sandra (qui brlait depuis un moment dintervenir) : Dites donc, jorganise La Nuit de la Flibuste dans ma discothque, venez donc.Hercule : Je ne bois pas.Sandra (riant) : Il sagirait seulement de faire boire les autres. Les femmes. Elles ne se dcident payer elles-mmes qu partir du troisime verre.Hercule ( Alexia) : Tu y vas, toi ?

  • Alexia : Elle nous paie. Et puis a amuse maman.Hercule : Quand mmeAlexia : Jaime tre paye, jaime pas payerAndra ( la cantonade) : Il va bien, en pre la morale, avec ses films pour adultes !Isa (estomaque) : Ses films pour ?Hercule (gn) : Que veux-tu, ma puce, en dautres temps, avec ma force et mon physique jaurais t chef de tribu ou chef dune cit, dune arme, enfin chef. Mais les temps sont durs pour hros dautrefois. Hercule se recycle dans un monde o tout est recycl. Le seul monstre abattre cest le dollar et, crois-moi, je fais le maximum.(Alexia rit.)12. Andra (morale) : Du moment quon fait tout cquon peutCharlne (railleuse) : Personne na se plaindre.Sandra : Lessentiel est de ne nuire personne.Goliath : La police est l pour les ncessits absolues .Sophie : Heureusement la vie peut bnficier de belles constructions; de beaux immeubles qui la rendent plus plus humaine.Hercule : La vie est inhumaine, cest sr.Pnlope (timidement) : Chacun de nous est un chteau de cartes.Alexia : Mon chteau de cartes tient debout grce aux sous, en fait il sagit plutt dun chteau de billets de banque.Sandra (ironique) : Alors, ton chteau ne serait-il pas une banque ?Andra (grincheuse) : Je prfre les louis dor et les napolons.Jo (qui sest rapproch dIsa, lui demande) : a va ?Isa (trs replie sur elle-mme) : Ils vivent comme ils veulent, a les regarde.Goliath : Laissons tomber nos problmes dadultes pour ne penser qu lanniversaire dIsa !Hercule ( Alexia) : Qua prvu la reine du chteau de cartes ?Alexia (dsignant Andra) : La dame de pique a t charge de lorganisation.Isa ( Jo, demi-voix) : Et toi ? Depuis cinq ans ?Jo (chuchotant) : Ferraille a empir, Marbre nest jamais l.Andra : Eh bien, aprs lachat de la robe13. (Soudain la porte souvre, un homme en slip et dbardeur est comme ject. La porte se referme brutalement derrire lui. Il a une trentaine dannes, un physique assez avantageux.)Alexia (stupfaite) : Boisguilbert !Pnlope : En voil une tenue sur la place publique !Goliath : Certains cherchent la provocation, ils ne reculent devant rien pour lobtenir.(Boisguilbert a lair gar.)Sandra : Il nest pas mal fait du tout.Sophie : Plutt bien proportionn.Andra (en joie) : On ne se rend pas compte, il faudrait quil enlve le reste !Boisguilbert (revenant lui) : Mais il nen est pas question !Alexia : Quest-ce que tu fais l, chri, dans cette tenue ?Andra : Chri ?Boisguilbert (gar) : Je ne sais pas.Andra (insistant) : Chri ?Alexia : Boisguilbert et moi on saime. Jai droit une vie prive, merde !Andra (dignement) : Est-ce pour un mariage ou pour la bagatelle ?Alexia : Jsais pas encore.

  • Boisguilbert (se regardant; gn) : Mais je suis enGoliath (svre) : Je dirais plutt sansAndra : Et quoi il sert dans le chteau ? Outre le sexe, je veux dire.Alexia (assez fire) : Mon Boisguilbert est avocat. Un avocat dans la famille peut toujours tre utileAndra : Ah bon ! (Ironique, Goliath.) Il te complte.(Alexia hausse les paules.)Boisguilbert ( Alexia) : Je suis dsol de me retrouver parmi les tiens dans cette tenus.Alexia (faisant les prsentations) : Maman, fifille, mon frre, Bouillon, Goliath et des amies. Monsieur de Boisguilbert.Andra (ironique) : Avocat.Goliath (lagrippant) : Que je vais emmener plaider sa cause.Alexia : Attends ! Quil sexplique dabord ici.Andra : Il est mignon. Il me plat beaucoup.Charlne : On suffit bien comme juges.Sophie : Pour ce que valent les jugements des jugesBouillon (rancunier) : Valables seulement pour leur caste.Sandra : On ne risque pas dtre plus mauvais.Andra (joyeusement) : Jugeons lamant de ma fille !Goliath et Bouillon : Amant !Alexia (vasive) : Mais non Ou peine.Goliath (furieux) : A peine ? Je la savais trigame, je ne me savais pas cocu !Bouillon : Ah, je savais moi. Mais avec Perrichon. Cest mme ce qui ma dcid la sparation.14. (Isa et Jo se trouvent un peu sur le ct du groupe. Isa a son regard fixe. Jo de temps en temps lui jette un coup dil, perplexe.)Goliath (regardant Boisguilbert) : Quand une porte souvre, on ne sait jamais ce qui va sortir.Pnlope : Quand les portes souvrent, je suis toujours inquite. Quest-ce qui va encore marriver !Andra (en joie) : Quand cest un joli garon comme Bois, y a pas dquoi avoir peur. Je ltrouve trs mon got. (A Alexia.) Mais enfin, pourquoi tu me las pas prsent !Alexia : Parce que jtais sre que tu le trouverais ton got.(Gros rire dAndra.)Boisguilbert : Je suis trs gn. En slip au milieu de gens habills.Charlne (sourcils froncs) : OuiAndra : Il prfrerait quon se dshabille tous ! (Elle rit.)Sandra : La Nuit de la Flibuste ma discothque, a vous intresserait ?Alexia : Le taquinez pas.Boisguilbert (gar) : La porte ma foutu laHercule (remplaant le mot) : A la porte.Boisguilbert : Jtais dans ma salle de bainsSophie : Aujourdhui tout ce qui est intime finit sur la place publique.Charlne : Oui, maisAndra : Bof, tan quils sont beauxPnlope : Si toutes les portes souvrent, la place publique deviendra un pouvantableHercule (complaisant) : Bordel.Pnlope : centre dexhibition.Bouillon : Exhibition, perdition, tradition

  • Goliath : Salutation, dstabilisation, rcuprationAlexia : Quest-ce quils ont ?(Un temps.)Boisguilbert (essayant douvrir la porte pour rentrer) : Elle sest referme, elle ne souvre plus !Andra : Elle avait une clef ? Reste lintrieur ?Alexia : Cest une porte sens unique, peut-tre ?Bouillon et Goliath (ensemble) : Pas pratique. Pas pratique.Boisguilbert (dsespr) : Tout nu, perdu, sur la place publiqueAndra (en joie) : Pas perdu pour tout lmonde jespre. Et malheureusement pas nu. Vas-y ! Montre-leur qutes un homme !Alexia (plaintive) : MamanAndra (surexcite) : Il me plat, il me plat, il me plat !Bouillon, Goliath et Hercule (ensemble) : Plaisir, plaidoyer, plaisant, plaidoirieSophie : Oui, il doit plaider.Sandra : Tout nu sa plaidoirie sera plus plusHercule (complaisant) : Sduisante ?Andra (en joie, Boisguilbert) : Je taide finir de te dshabiller ?Alexia (gmissante) : Le tapine pas, maman. (Ferme.) Ou bien je ne te le prterai pas !(Stupfaction des autres.Alexia se mord les lvres.Andra se met rire.)15. Bouillon : Quest-ce quelle a dit ?Goliath : Quoi la dit ?Pnlope : Quoi ? Quoi ? Quoi ?Charlne : Drle dhumour.Sandra : Oh la vilaine, la vilaine !Sophie : Oh pauvres hommes, pauvres hommes.Hercule ( Alexia) : Bravo; tu causes, tu nuis.Boisguilbert : Si je ntais pas dj si gn, je serais gn.Alexia (plaintivement) : On nva pas membter pour un mot de travers ? Boisguilbert, je laime. Je veux pas qumaman lembte.Andra (en joie) : Prte-moi ton Bois que jme chauffe. (Elle rit et elle est la seule rire.)Hercule : Quand les portes souvrent, cest jamais bon. Il pouvait pas rester dans sa salle de bains, celui-l !Andra (en confidence, tous) : Alexia, elle na pas vraiment besoin du noir pour pour eh eh, les gars !Bouillon (pudiquement) : Je vous en prie, mamy.Andra (joyeuse) : Alexia est une sensuelle, pas une sexuelle.Pnlope : Quoi ? Quoi ?Charlne : a ne nous regarde pas.Goliath : Mais siBoisguilbert : La tte me tourne, je crois que je vais masseoir. (Il sassoit par terre.)Sandra : Mais de quoi sagit-il ? Jaimerais comprendre !Bouillon : Alexia est trs pudiqueSandra (surprise) : TiensBouillon : Pour faire lamour elle a besoin du noir complet, total.Goliath : Alors elle se dchane !

  • Bouillon : Une folle du sexe sans aucune limite !Sophie : Et alors ?Boisguilbert : Jai rien remarqu de tout a.Alexia : Mais toi, je taime. Je veux te garder pour moi toute seule.Pnlope : Quoi ? Quoi ?Bouillon : Quest-ce quelle a dit l ?Goliath : Quoi dis l ?Charlne : Il aurait mieux valu que cette porte reste ferme.Sophie : Au contraire. Finissez de louvrir.Sandra : Jme rgale.Hercule : a sgte, a sgte.Andra (en joie, cynique) : Moi jai aim tous les maris et tous les amants de ma fille plus quelle. (Elle rit.)Bouillon (qui a des sueurs froides) : Plus quelle ?Andra : Surtout Perrichon. Un vicieux, celui-l !Alexia : Je lavais pris comme amant ta demande. (Expliquant aux autres.) Maman avait besoin dun spcialiste en bourse pour nos placements. Mais comment tre sres dun boursicoteur ?Bouillon : Perrichon ! Celui avec qui je tai pince ! A cause de qui on sest spars ! Alors il ny avait pas damour ?Goliath (obtus) : Mais pourquoi tu prends des amants toi qui naime que les mariages ?Alexia (pratique) : Un financier est trs utile, autant quun policier, un avocat ou un restaurateur et on ne peut pas pouser tout ltemps !Goliath : Tu tes constitu un groupement dhommes intrt personnel.Pnlope : Quoi ? (Comprenant.) Ah (Ragissant.) Cest bizarre mais pas bte.Charlne ( Alexia) : Voil une morale que je ne connaissais pas.Alexia : Oh Moi, le sexe, jaime pas trop. La Reine du chteau de cartes dlgue certaines activits la dame de pique. Et alors ? Elle, elle ne simule pas. (Rire gaillard dAndra.) , elle est active, elle les rend heureux. Y a pas dmal rendre heureux. On nva pas me crer des histoires ! La morale du bonheur sadapte aux circonstances. Pendant que maman me remplace, moi avec ma musique dans mon casque et mes revues de mode je suis trs bien.Goliath (effondr) : Oh nonBouillon (effondr) : La tte me tourne. (Il sassoit ct de Boisguilbert.)Andra : Cque jregrette cest le noir. (Gros rire.) Jaime les voir.Alexia : Mais Boisguilbert je laime. Je veux pas que maman y touche du moins pas tout de suite.Pnlope (lentourant de ses bras) : Pauvre Alexia.Bouillon : Enfin pas chaque fois que tu exigeais le noir total ?Goliath : Parce qualors ctaitBouillon : Quatre fois sur cinq.Goliath (firement) : Trois fois sur cinq.Alexia : Ben si.Goliath et Bouillon (effondrs) : OhAndra (joyeuse) : On sest bien amuss, les gars, hein ?Alexia (embrassant doucement Pnlope sur les lvres) : Laisse-moi tembrasser, chrie, pour me rconcilier avec mes maris. (Pnlope, surprise, se laisse embrasser.) a les excite et aprs je leur prterai maman.16. Hercule (en direction dIsa) : Moi je fais certes des films pour adultes mais au moins je nai

  • pas de secrets, je ne cache rien.Charlne (caustique) : a !Andra : Du moment quon tait heureux Le bonheur ne se dtruit pas rtrospectivement. On peut juste salir sa mmoire, ce qui est mesquin Compltement stupide.Hercule (rveur) : En dautres temps jaurais t chef, Alexia aurait t le moyen dune alliance avec une autre famille puissante et riche, maman aurait gr le royaume.Andra (joyeusement) : Faites travailler le peuple ! Salet de fainants. Je vais vous faire fouetter ! (Elle imite le geste de fouetter avec un air canaille.)Sophie (dans un souffle, Jo, gne) : Ne fais pas cette tte-l.(Goliath sassoit par terre ct de Bouillon et de Boisguilbert.)Hercule (regardant Isa et Jo) : Ils sont jeunes, impressionnables.Sandra : Il faut bien quils apprennent la vieCharlne : Peut-tre pas celle-l Moi je nen voudrais pas. Je nen veux pas.Andra : Ils ne vont pas nous refaire le coup de la fuite ! Vous vous souvenez de leur tentative . Hauts comme trois pommes. Etaient-ils trognons, tous les deux, la gare, se donnant la menotte.Alexia : Heureusement que le chef de gare ntait pas un imbcile.Andra ( Isa et Jo) : Rate lvasion, les gosses.(Soudain la porte souvre et se referme aussitt avec un claquement violent.Tous tournent la tte vers elle, sauf Isa et Jo.La porte recommence.)Hercule : Quest-ce quelle a ?(Troisime claquement, de mme intensit.)Sandra : Elle empche quelquun de sortir, peut-tre ?(Quatrime coup.)Sophie : Elle me fait peur.Hercule : Il ny a pas de raison.(Cinquime coup.)Charlne : Elle a pourtant laiss sortir assez de secrets pour la journe, inutile de nous menacer.(Sixime coup.)Bouillon : Au point o on en estGoliath : Justement. Je prfrerais ne pas continuer la descente.(Septime coup.)Boisguilbert (qui sest lev et a essay de la maintenir ouverte pour rentrer sest pinc les doigts) : Ae ! Garce de porte !(Huitime coup.)Andra : A mon avis elle veut attirer notre attentionAlexia (plaintive) : Maman Une porte ne veut rien. Une porte est une porte.(Neuvime coup.)Pnlope ( Alexia) : Il faut quun porte soit ouverte ou ferme, non ?Alexia : Elle est perturbe, cest sr.(Dixime coup.)Alexia, Andra, Sandra (comme pour les dernires secondes dun 31 dcembre) : Dix !(Onzime coup.)Alexia, Andra, Sandra, Sophie, Hercule : Onze !(Douzime coup.)Tous (ensemble) : Douze(Un temps.)

  • Andra : douze Elle sest arrte.Alexia : Douze coups.Pnlope (timidement) : Il nest pas un peu tt pour tre minuit ?Andra : Minuit ? Minuit ! Il est minuit, tout est permis ! (Elle clate de rire.)Alexia (pdagogue) : Quand minuit sinstalle, les conventions dtalent.Bouillon : Tout est permis ? Avec ce quelles se permettaient avant, je ne vois pas ce quil resteSophie : Il est minuit ?Sandra : Il fait minuit comme il fait beau ou il pleut, il fait noir ou il fait jour.Goliath : Le noir, plus question.Boisguilbert (qui semble redevenir lui-mme) : Ftons minuit avant quil ne se fche.Charlne (inquite, tente) : Est-ce que vraiment tout est permis ?Alexia ( tous, dans un souffle, insinuante, tentatrice) : Maintenant on est libres.17. (Un temps. Puis brusquement et trs vite : )Goliath : Jsuis le dogueteur. Ouah. Jveux mordre, jveux mordre. (De la position assise il passe quatre pattes et marche sur Sandra.) Appelez-moi ! Appelez-moi ! Je suis le dogueteur.Sandra (distante) : Regarde ma cuisse, malheureux ! Tu la crois suisse ?Bouillon : Jsuis le chierurchien, ouah, qui veut ? qui veut ? Bon chierurchien qui mord bien. (Il marche quatre pattes sur Sophie.)Sophie (coquine) : Tas la rage, au moins ?(Bouillon prend lair dun malade de la rage.)Hercule (penseur, posant une devinette) : Je suis un sorcier teuton chez les Dollars, qui suis-je ?(Personne ne cherche.)Goliath : Ouah. (Avanant sur Sandra qui recule par jeu.)Bouillon : La rage, cest bon. (Avanant sue Sophie qui recule par jeu.)Charlne (surexcite, tendant des fleurs et criant) : A la sminaire ? Partouze ? Branlette assiste ? Fellation ? Finition ? A la hussarde ? Journe promotionnelle !Sandra : Et la cuisse ? et la cuisse ?Sophie (courant aprs Bouillon qui la dlaissait pour Sandra) : Il a la rage ! Il a la rage ! (Se mettant pleureur.) Et pas moi. (Pleurant.) Cest injuste.Sandra : a oui. Tas vu ma cuisse ?Charlne : A la sminaire ? Partouze ?Boisguilbert : Je mgratte, je mgratte. (Il se met se gratter furieusement partout.) Je mgratte le cul, je mgratte le cou. Je mgratte le sexe. Je mgratte la tte. Je mgratte le dos !Goliath : Le ventre ! Le ventre ! (Se le grattant.) Cest si bon !Bouillon (se grattant aussi) : Sur la tte ! Sur la tte ! Que cest bon !Sandra ( Goliath, tentatrice) : Gratte-moi la cuisse et je te laisserai la mordre.Boisguilbert (qui se gratte partout frntiquement) : Gloire la puce ! Gloire la puce !Charlne : Partouze ? Bang ? Finition ? Journe promotionnelle. Puces offertes !Sophie : Cest vrai ? Donne-men ! Donne-men !Hercule : Mais cherchez un peu ! Un sorcier teuton chez les Dollars, cest pas difficile !Pnlope (qui est devenue de plus en plus agite, se jetant sur Charlne) : Jen veux aussi ! A moi ! A moi ! Que je mgratte ! que je mgratte !Sophie : Tas la rage au moins ?(Sophie avec Pnlope, puis Sandra, Bouillon, Goliath et Boisguilbert, se jettent sur Charlne.)Pnlope : Jen ai ! Jles ai ! (Elle cherche sloigner des fleurs la main. Sophie, Sandra, Bouillon, Goliath, Boisguilbert et Charlne lui courent aprs.)Charlne : Rends-les-moi !

  • Hercule (tristement) : Pourtant cest pas dur.Goliath : Donne au bon dogueteur. Ouah !Pnlope : Non. Jles garde !Bouillon : Donne au chierurchien, donne !Sandra et Sophie : Donne ! Donne !(Course poursuite.Ils attrapent Pnlope.Mle.)Andra (froidement) : Et l sans le noir !(Alexia se met rire dun rire hystrique.)18. Perrichon (arrivant avec prcipitation) : On a lair de rudement samuser ici ! (Regardant la mle : ) Jai vu cela de ma fentre et il a fallu que je vienne.Charlne (sapprochant - ses rares et lgers vtements malmens) : Cest quil est minuit, Perrichon.Perrichon (tonn) : Si tt ?Bouillon, Goliath, Hercule, Boisguilbert, Sandra, Sophie, Pnlope, Charlne (cessant la mle et sapprochant) : Quoi ? Quoi ? Quoi ?Perrichon (reculant vers Alexia) : Oh mais, je nai rien contre un coup de minuit nimporte quelle heure.Charlne (insinuante) : Un bon coup ou un mauvais coup ? (Plus insinuante encore : ) Un sale coup peut-tre ?Perrichon (riant) : Eh eh, tous les coups sont permis car dans la gne y a pas dplaisir, cest un financier qui vous le dit.Bouillon, Goliath, Hercule, Boisguilbert, Sandra, Sophie, Pnlope, Charlne (extasis devant cette sagesse) : Oh ! Oh ! Oh ! OhPerrichon (modeste) : Dautres le savent, je nai pas grand mrite.Hercule : Un sorcier teuton chez les Dollars, qui suis-je ?Perrichon ( Alexia) : Ton frre ma lair nettement plus intellectuel que dhabitude.(Alexia rit de son rire hystrique.)Charlne (indigne) : Il naime pas minuit !Bouillon, Goliath, Hercule, Boisguilbert, Sandra, Sophie, Pnlope (indigns) : Quoi ? Quoi ? Quoi ?Perrichon (se dfendant) : Mais si ! Mais si ! Ah, minuit avec Alexia !Alexia : Il rve.Perrichon : Pas du tout. (A Bouillon.) Tu le sais, toi, tu nous as surpris.Bouillon (tristement) : Ouah.Perrichon : Je lui ai mme demand de mpouser ! Elle a refus. Et vous savez pourquoi ?Goliath (dprim) : OuahPerrichon : Parce quelle et moi aurions d divorcer !Alexia : Jaime pas les divorces.Boisguilbert : Parce que sans a ?Alexia : Il connat bien la bourse.Perrichon : Et nos nuits ! Surtout dans le noir car l elle se dchane !(Rires dAndra et dAlexia.)Sandra (doucement, Perrichon) : Tas vu mas cuisse ?Pnlope (doucement, Perrichon) : Est-ce que tas des puces ?Perrichon (navement) : Non, non, je ne pense pas.

  • Hercule (svrement) : Cest un tort !Sophie (doucement, Perrichon) : Et la rage ? Est-ce que tas la rage ?Perrichon : Quelle drle de conversation.Charlne (doucement, Perrichon) : A la sminaire ? Partouze ? Branlette ?Perrichon (pudique) : On en reparlera ailleurs si vous voulez bien. L a mgne.Charlne : Il est minuit !Bouillon, Goliath, Hercule, Boisguilbert, Sandra, Sophie, Pnlope : Il est minuit !Perrichon : On va samuser ?Andra (solennellement) : On va juger !Tous, sauf Perrichon Isa et Jo (gourmands) : Oh oui, jugeons.Perrichon : Mais juger quoi ?Andra (solennellement) : Les juges !Perrichon : Ceux qui ont voulu menvoyer en prison pour prise illgale dintrts ? Oh alors, jen suis !Pnlope (gentiment, Perrichon) : Taimes les puces ? a gratte. a gratte.Perrichon : Ma foi, jolie comme vous tes, puisquAlexia ne veut plus mme avec puces19. Andra (dsignant Isa et Jo) : Les enfants vont nous aider. Regardez-les. On dirait quils jugent dj. Sont-ils drles, tous les deux !Isa (entre ses dents) : Espce de varlope.Alexia : Cest lanniversaire dIsa, Perrichon.Perrichon : Un anniversaire minuit ? Aprs tout, pourquoi pas ; le monde moderne est fou, restons en tte, soyons plus fous que lui.Sophie : Il se dglingue, le monde; y a plein dfric se faire. Profitons de lui un max tant quil est encore temps.Jo (entre ses dents) : Mistille pessrasse.Alexia : Il faut un avocat aux juges.Andra : Boisguilbert.Alexia : Dis oui, amour.Andra : Sois la hauteur, son amour.Boisguilbert : Avec eux je perdais toujours mes procs : ils sont foutus davance.Tous (sauf Jo et Isa) : Bravo !Perrichon (bas, Bouillon) : Ah bon, alors cest lui maintenantBouillon (dpit) : Ouah.Pnlope (doucement, Perrichon) : Est-ce que a tgratte ?Sandra : Mais selon quels critres allons-nous juger ?Andra : Les X commandements, bien sr. (Elle prononce comme la lettre.)Alexia : Les dix commandements, maman.Andra : Quoi, les dix ? Il ny en a que neuf. Le premier habituel ne veut rien dire.Alexia (avec tristesse) : Ma maman na pas la foi.Goliath (hurlant la mort) : OuhPerrichon (enlaant Pnlope) : Jsens que a smet me gratter.(Regard encourageant de Pnlope.)Andra : Commenons. Jai hte de sentir les os des juges craquer sous ma dent. Qui sont ces juges ? Tous ceux qui ont fait passer leurs ides avant les miennes. Des misrables pouvoir. Des encphalites spongiformes en robes noires. Des tumeurs face humaine ! Purgeons la plante des juges, des jugements, des jugeotes, des judas, des juristes, des jujus.Alexia (satisfaite) : Pour un programme cest mieux quaux lections.

  • Andra (modeste) : Et moi je ne demande pas dargent !Sophie (grippe-sous) : De toute faon je nen donnerais pas.Perrichon : Moi non plus. Jamasse sans faiblesses. (A Pnlope.) a mgratte ! (Petit rire de Pnlope.)Sandra (jalouse) : Tas vu ma cuisse ?Charlne : a va pas tre trop intellectuel ? Jai beaucoup de travail, jaurais pas ltemps.Andra (svrement) : Voyons, Charlne, pas de mauvais argument de ce genre devant les enfants ! (Elle dsigne Isa et Jo.)Alexia (joyeusement) : Un peu de dignit quand mme ! (Elle rit.)Bouillon et Goliath : Ouah.Isa (entre ses dents) : Que croque vous craque.Sophie : Mon Jo, heureusement, est bien lev. Il ne se laissera pas impressionner par des femmes qui nont pas la rage. (A Perrichon, en confidence.) Jai la rage, chri, et toi ?Jo (entre ses dents) : La pirette te suarde !20. Andra (criant solennellement) : Tu ne te prosterneras pas devant les idoles !(Un court silence.)Alexia : Y a qudes jaloux, alorsPerrichon (grattant doucement le dos de Pnlope ravie) : a veut dire lor, largent, les fringues, des trucs comme a.Pnlope : Gratte plus bas, chri, les reins, les reins !Alexia : Javais jamais compris cque a voulait dire.Sandra : Un truc pour fermer ma discothque ?Goliath : Jaime bien fermer, ouah, professionnellement parlant. Fermer la discothque, fermer la fleuriste, fermer le restaurantBouillon : Hein ? Ouah.Goliath : Fermer les volets, fermes les coles, fermer les magasins de vtements, fermer les magasins de sacs et de corde, fermer les bijouteries, les drogueries, les pharmaciesSophie : Mais pas les cabinets darchitecte ?Boisguilbert : Pas les cabinets davocat ?Hercule : Pas les studios de cinma ? Tous, je veux direAndra : Les juges veulent tuer les plaisirs.Alexia : Salet de justice.Andra : Cest une justice dhomme, ils veulent nous empcher, ces pervers, dtre heureuses !Charlne (triste) : Malheureusement je suis une vendeuse, pas une acheteuse.Hercule (gentiment) : On ne peut pas tout tre dans la vie.Tous (sauf Isa et Jo) : A lavocat ! A lavocat !Boisguilbert (gn, se raclant la gorge) : Hum Mesdames et messieurs les jurs, le cas est difficile, trs difficile Vous serez humains De toute faon Dieu reconnatra les siens, lui ne peut pas se tromper Lerreur est humaine, elle est aussi inhumaine, mais elle nest pas divine Croisez les doigts et vous condamnerez bien.Tous : Bravo ! (Ils applaudissent.)Alexia (mue) : Il est bon, ce con.Andra : Adjugs les vendus !Alexia : Offrez-vous un juge pour NolAndra : Y a un stock.Alexia : On dstocke.Andra : Nous serons librs ! (A Isa et Jo, statues.) Pas vrai, les gosses ? Cest pour vous quon

  • lfait !(Et tout coup : )Tous (sauf Isa et Jo - chantant et dfilant dun ct lautre de la scne faon dfil de mode, men par Alexia - chanson de Georgius et Juel) : On nest pas des imbciles, On a mme de linstruction, Au lyce Papill-Au lyce Papillon !Sophie (venant chanter sous le nez de Jo - air de la chanson de Pags) : Jean de la Lune ! Jean de la Luuuuuune.21. Andra (criant solennellement) : Tu nutiliseras pas Dieu ta guise pour tromper et te tromper !Alexia (doctement Perrichon ) : Exgse ?Perrichon : Les escrocs de Dieu ont du souci se faire. On ne plaisante pas avec Sa justice.Andra (solennelle) : Avec la Ntre non plus.Pnlope ( Perrichon) : Gratte-moi encore, mon puce.Charlne (dprime) : A la sminaire ?Sandra : Jai invit ses curs ma discothque, ils sont jamais vnus.Sophie ( Sandra, navre) : O est la galanterie ?Charlne (dprime) : Partouze ?Alexia : Pour quantit de gens, Dieu est un paravent.Hercule : Paratonnerre ?Bouillon : Parascolaire ? Ouah ?Goliath : Paramdical ? Ouah ?Sophie : Paraplgique ?Sandra : Parachutiste ?Charlne (dprime) : Les fleurs ne se vendent plus. Vivement le printemps prochain.Alexia : Je nai pas dit que Dieu est du vent, vous voyez. (Rieuse.) Paravent. Paravent.Andra : Le condamnerons-nous ?Alexia : Ben non, il fait de beaux mariages.Pnlope : Cest vrai. Le mariage en grande robe blanche, y a pas plus beau.Alexia : Mon dernier a t un chef duvre. Je pense de plus en plus srieusement recommencer.Bouillon et Goliath : Hein ?Pnlope : Avec moi ?Bouillon et Goliath : Hein ? Ouah ?Alexia (rieuse) : Pourquoi pas ?Perrichon : Je prfrerais avec moi.Andra (solennelle) : Et, accessoirement, tu ne travailleras pas le septime jour !(Un temps.)Bouillon ( mi-voix) : Cest le jour o je ralise mon meilleur chiffre daffaires.Pnlope : Et faire travailler les autres, cest permis ?Charlne : Dieu aime les fleurs sinon il ne serait pas Dieu.Alexia : Faut des sous.Andra : Il en faut beaucoup.Alexia : Xact. (Prononc sa faon habituelle.)Hercule : Moi je nsuis pas vraiment concern. Pour cque jtravaille

  • Pnlope : Moi je nai jamais travaill.Hercule : On pourrait travailler ensemble. Avec une belle fille on trouve plus dengagements.Pnlope : Mais vous faites quoi, au juste ? Jai pas bien compris.Goliath : Si les malfrats ne travaillaient pas le dimanche, la police se reposeraitTous : Lavocat ! Lavocat !Boisguilbert (se raclant la gorge) : Hum Mesdames et messieurs les jurs. La vie est dure. Bien baiser a aide. Mon client, Dieu, qui bnficie de mon assistance judiciaire gratuite, je le prcise -gratuite, quel scandale pour ma noble profession ! -, ah oui, mon client Oh Dieu est Dieu, alors il na srement pas pu se tromper Pas ce point-l, du moins Mais faut des sous.Tous : Xact. (Prononc comme Alexia.)Boisguilbert : Bref, jugez vite, vous jugerez bien. Andra (regardant Isa et Jo) : Je crois quils commencent de comprendre la vie, hein, les gosses ? Cest pour vous quon juge !(Et tout coup : )Tous (chantant et dfilant comme prcdemment) :On nest pas des imbciles,On a mme de linstruction,Au lyce Papill-Au lyce Papillon !Sophie et Sandra (autour de Jo, chanson de Pags) : Jean de la Lune. Jean de la Luuuuuuuuune.22. Isa (fort) : Le chpouzn hilare les branques !Jo (reprenant, fort) : Le chpouzn hilare les branques !Sophie (mcontente) : Jsais pas ce quils racontent mais il y a de la calotte dans lair.Isa et Jo (criant) : Le chpouzn hilare les branques !(Brusquement la porte souvre et se referme avec un claquement violent.Silence.)Boisguilbert : Une heure ? Il serait une heure ?Andra : Minuit en pleine matine, je veux bien. Un minuit est toujours bon prendre. Mais une heure ! Cette porte na aucun sens !Boisguilbert : Alors elle a tous les sens.Andra : Elle na pas le sens commun.Sophie : Mais cest nous le sens commun.Andra : Raison de plus. Avec son coup de tropCharlne : Un bon coup ou ?Andra : Un sale coup ! Dailleurs une porte na que deux sens. Vers nous, le sens commun, et lautre.Isa et Jo (fort) : Le chpouzn hilare les branques !Andra (fort, Isa) : Ta gueule ou je ten flanque une ! a claquera plus fort que cette idiote de porte !Alexia (intervenant pour sa fille) : MamanAndra (violemment) : Quoi !Bouillon, Goliath, Hercule (en cho ahuri) : Quoi ? Quoi ?Andra (explosant) : Si je tavais aussi mal leve qutu llves, on en serait o ? Une gourde comme toi avec ses revues de mode et sa hantise des mariages, a taurait servi quoi dtre belle ? A faire la pute ou vivre sous les ponts ! Ou les deux ! Cest moi, moi ! qui ai su ramasser largent, placer largent, faire fructifier largent ! Aujourdhui tas des sous parce que je suis l ! Parce que jai fait ce quil fallait ! Tu es indpendante ! Tu es tranquille pour jusqu la fin de ta

  • vie, et Isa le sera aussi. Grce moi ! A moi !Alexia (vaincue) : Faut des sous, oui.Andra (pas encore calme) : Le monde cest un dpotoir, la beaut est un don de Dieu pour sen sortir. La beaut est la porte de sortie du dpotoir. Il ne suffit pas de rver ! Il faut lutter ! Toi tu rvais, moi jai lutt pour nous trois. Si, belle comme tes, tu rapportes rien, a sert quoi dtre belle ? Dieu sest gour dans sa promotion beaut ? Non, de mme quun riche qui ne sait pas profiter de sa richesse ne mrite pas dtre riche, la belle qui reste clocharde au fond du dpotoir ne mrite que de perdre sa beaut. (Alexia passe une main sur son visage, on sent quelle a peur.) Tu nes mme pas bonne au lit. Si je navais pas invent le truc du noir, on chouait deux pas du but.Alexia (geignarde) : Moi jaurais juste voulu me marier toute la vie.Andra : Cest comme pour tout, ma petite; pour russir dans le mariage, faut coucher.(Grimace dAlexia qui jette un coup dil aux autres, muets.)Jai d assurer les trois quarts du service aprs-vente ! a mdplat pas, je le reconnais. Je nai pas tes dgots et tes principes. Lhomme exploite la femme, la femme exploite lhomme, cest la vie. Les hommes sont des cochons, mais tout est bon dans lcochon, faut juste savoir lengraisser. Ta vie est ma vie. Ma vie est la vie. Les scrupules je les laisse aux paroles, ils sont leur place dans les mots, quils y restent. Les scrupules des pauvres et des faibles ont pour fonction de protger les riches et les puissants. Nous, dsormais, nous sommes de ce ct, le bon, celui qui a les moyens de se payer des scrupules pour se distraire, comme les rois se payaient des bouffons. Tu te marieras mme cent ans si tu veux et avec les plus beaux garons de la terre, jeunes et fringants, ils adapteront leur morale de mles tes dsirs de femme riche. Faut des sous.Alexia (avec une grimace) : Pas faux.Andra : Alors que minuit continue ! Et pour lternit !(Tous, sauf Isa et Jo, applaudissent.)23. Charlne (joyeusement, tendant ses fleurs) : Bubons ? Pustules ? Abcs ? Ulcres ? (Etonne de ce quelle dit : ) Ah non, ctait pas a.Boisguilbert (en joie, se grattant) : Je mgrattte le cul, je mgratte le cou. Je mgratte Ah non, a mdmange. (Etonn : ) a mdmange !Sandra (fendant sa jupe de lautre ct tant bien que mal) : Regardez mes cuisses ! Une seconde vient de me pousser, jen ai deux !Sophie : Je me sens enrage. Lun deux a d me contaminer.Goliath : Srement pas moi. Je suis un bon chien.Bouillon (mchamment) : Il aboie faux.Hercule : Jai oubli qui est le mec chez les Dollars. (Secouant la tte avec tristesse.) Jai oubli.Pnlope : Comme ils sont beaux, tous Comme vous tes beaux !Perrichon (tonn) : Ah, tu trouves ? Tous ?Alexia (riant mchamment) : Maman a des minuits qui dchantent.Andra : Parfois. Parfois. Evitons de gnraliser.Boisguilbert (se grattant furieusement) : a me dvore !Hercule (compatissant) : La tunique de Nessus, on ma racont. Mais moi, cqui membte, cest que jai oubli la solution de mon nigme.Sophie (se jetant sur Goliath) : Il faut que je les morde ! Mordre ! (Hurlant.) Mordre ! (Goliath recule. Elle se tourne vers Bouillon qui recule. Elle sarrte, haletante.)Sandra : Mes jambes sont des flammes ! Elles montent jusqu moi. Je vais brler !Alexia (railleuse) : Jai dj vu a. Mais ne croyez pas que vous allez sortir de minuit. La porte ne souvrira pas pour vous.

  • Andra (comme un mdecin) : a va passer, a va passer. (Tous la regardent, angoisss.) Ce nest rien. Ou pas grand chose. Le prix qui se paie sur vous. (Riant.) Le prix se paie la bte.Hercule : On ne joue plus aux x commandements ? (Il prononce la lettre x, comme sa mre.)Andra (lgrement) : a occupe, les commandements; pourquoi pas ?Sandra : Une nuit thmatique ma discothque : les x commandements. (Elle prononce la lettre.) Mes jambes me brlent !Sophie : Tant mieux. Je veux que tout le monde souffre comme moi.Bouillon, Goliath, Perrichon : Moi a va ! Moi a va !Pnlope (merveille) : Comme vous tes beaux ! Tous ! Je veux vous aimer. Tous !Hercule (criant, pour faire diversion) : Tu honoreras ton pre et ta mre !Bouillon, Goliath, Perrichon (ensemble) : Moi a va ! Moi a va !Andra (agace) : Silence !Bouillon, Goliath, Perrichon, Hercule : Quoi ? Quoi ? Quoi ?Andra (agace) : La ferme, les cabots. Vous ntes mme plus assez humains pour souffrir.Boisguilbert : Ce nest pas mon cas, hlas. a me dvore.Alexia : Mon pauvre chri. Mais a va passer. Ce nest quune crise du mal de minuit.Boisguilbert : Ah, je voudrais bien quelle cesse.Andra (le caressant pour faire rager Alexia) : Vous ne croyez tout de mme pas que vous tes punis ? Quil y ait une punition mrite pour les mchants garnements que vous tes ? (Caressant Sandra.) Une justice laquelle vous souhaitiez ardemment ne pas chapper. (Caressant Charlne.) Une punition qui a le droit pour elle. (Caressant Sophie.) Des chtiments pour enfin pleurer juste titre. (Caressant Pnlope qui essaie de lui embrasser la bouche.) Des non, les femmes, Alexia seule sen occupe.Hercule (comme part) : Je me demande si jhonore ma mre.Alexia : Pas moi en tout cas.Andra (scandalise, Alexia) : Tu mhonores pas ?Alexia : Ben non, malgr mes mariages, vu le nombre de mes amants tu as fait de moi une pute.Andra : Et alors ? Une pute qui russit vaut mieux quune commifaut fauche qui baise pas !Pnlope (imitant Alexia sans le vouloir pour lattitude, le ton et les paroles) : Pas faux.Charlne : Faut des sous. Bubons ?Alexia (comme rflchissant) : Xact.24. Sophie (en rage) : Des femelles de rien du tout, elles nont mme pas tu. Moi, je sens le meurtre en moi. Il gagne tout mon corps, petit petit. Il menvahit. Il me dvore !Boisguilbert : Eh bien, moi, a va mieux. a se calme. Ouf.Andra (mchamment) : Dailleurs tu te trompes, Sophie. Alexia a tu quelquun.Alexia : Pas vrai.Andra : Homicide probablement involontaire. Je dis : probablement.Goliath : Ma femme est un assassin ?Bouillon : Notre femme.Perrichon : Ma matresse est une tueuse ?Boisguilbert (rancunier) : Il faut la juger.Alexia : Mais cest maman la vraie coupable !Boisguilbert (rancunier content) : Il faut les juger toutes les deux !Andra : Hein ?!Sandra : Et les condamner. Et je les brlerai ! Le feu me dvore, me dvore !Sophie : Vous me laisserez les tuer ?Perrichon : On verra; si la justice est juste

  • Pnlope : Mais je les aime : Vous tes tous si beaux, mais Alexia, elle, est une merveille.Alexia (comme rflchissant) : Pas faux.Hercule : Jy crois pas trop cette histoire de meurtre. Alexia est une gentille.Boisguilbert : Il faut une reconstitution.Perrichon : Ah oui.Sandra : Bonne ide.Boisguilbert : Puisque je vais mieux, je me propose pour jouer le mort.Sophie : Moi pour jouer la tueuse. Parce que je me sens habite par une violence !Sandra : Et je les attends aprs leur condamnation.Pnlope : Moi aussi je voudrais jouer Alexia.Sophie : Alors je serai Andra.Charlne : Pourquoi pasBouillon : Et nous, on va juger.Andra : Absurde. Ce nest pas des hommes de juger des femmes. Ils sont partisans.Alexia : Arthur me disait toujours : Tout jugement est la loi du plus fort.Bouillon : Arthur ? Qui cest celui-l ?Goliath : Le bibliothcaire ? Je ne savais pas que tu le connaissaisAndra (gros rire) : Tu parles si elle la connu. Et bien.Alexia (plaintive) : Maman !Boisguilbert : Je suis prt. Quest-ce que je fais ?Andra : Voil. Tu es dans la chambre.Boisguilbert : L. Voici la chambre.Andra : Dans le noir.Bouillon, Goliath : Oh.Perrichon (autre ton) : Oh.Pnlope (allant vers Boisguilbert) : Et moi je suis avec mon chri.Alexia (menaante) : Eh l, tu y touches pas !Andra (riant, Pnlope) : Mais non.Sophie (comprenant) : Ah oui. Moi jy vais. (Navement.) Quest-ce que je fais ?(Gros rire dAndra.)Pnlope (perdue) : Alors elle vous a surpris tous les deux et elle la tu ?(Gros rire dAndra.)Alexia : Tu tassieds l, dans la cuisine. Avec ton casque musique sur les oreilles et un paquet de bonnes revues pour femmes Eh bien, assieds-toi par terre !Pnlope (sexcutant) : Bon.Sandra (dvore) : Et alors ? Et alors ?Andra : Ce con a soif. Il va dans la cuisine.(Boisguilbert sexcute.)Il voit Alexia.(Boisguilbert prend lair stupfait.)Alexia lve les yeux sur lui.(Pnlope sexcute et prend lair mi-stupfait mi-gn.)Moi jarrive derrire lui pour tenter darranger les choses. Parce que javais dit cent fois Alexia de ne pas se mettre dans la cuisine mais dans le rduit sous lescalierAlexia : Jaime pas lrduit.Andra : On a vu le rsultat.Alexia : Je prfre attendre dans la cuisine.

  • Boisguilbert : Alors ? Quest-ce qui sest pass ?Andra : Il ma vue. Il est tomb dun coup. Paf.(Boisguilbert tombe par terre.)Alexia sest leve, sest approche et lui a donn des coups de pied.(Pnlope sexcute : se lve et donne des coups pied Boisguilbert.)Boisguilbert : Ae ! Attention !Pnlope : Mais pourquoi des coups de pied ?Alexia (comme une vidence) : Pour voir sil tait mort.Goliath : Quand mme. Des coups de pied un mortAlexia : Mais puisque je savais pas sil ltaitBouillon : Tu ne pouvais pas le toucher, mettre ta main sur son cou ou son pouls ?Alexia : Il tait tout nu.(Gros rire dAndra.)Perrichon : Et alors ?Alexia : Jaime pas trop les hommes tout nus Ils sont moches, je trouve Surtout le bas.Andra (riant) : Je vous lai dit, le service aprs-vente, pour les trois-quarts, cest moi.Perrichon : Attendez l Parce que moi dans le noir (A Alexia.) Pour moi, hein ?Alexia (gne) : De tout faon, toi maman avait dcid toute seule elle mavait mme pas demand mon avis. Elle avait besoin de conseils pour nos placements financiers.Perrichon (estomaqu) : Heureusement que moi je ne suis pas cardiaque.(Andra, moqueuse, lui envoie un petit baiser.)Goliath ( Perrichon) : a gche les souvenirs, tu ne trouves pas ?Bouillon ( Perrichon) : Mais au moins tu nes pas seul dans ton cas.Boisguilbert ( Alexia) : Tu nas pas essay un massage cardiaque ?!Alexia : Oh non ! Un homme tout nu, en sueur par-dessus le march Jaime pas du tout a mdgotait. Jlui prte ma mre et il clampse chez moi ! O est le savoir-vivre !Pnlope (sosie sans rflchir dAlexia) : Pas faux.Alexia : Je suis alle dans ma chambre, jai laiss maman sen occuper.Hercule (un peu estomaqu) : Comme aAlexia : Oh non Jai emport ma musique et mes revues.Hercules (aux juges ) : Enfin ce nest pas un vrai meurtre. (A sa mre.) Mais toi, le massage cardiaque ?Andra : Oh le massage sur les morts (Gros rire.) Par contre sur les vivantsPnlope : Je suis pour lacquittement dAlexia.Sophie : La mre est coupable de non-assistance personne en danger.Andra : Je lavais assez assist avant ! mais il ny a que des ingrats.Boisguilbert : Passons. Ne parlons plus de ce mort-l ! Il y en a dautres ?Alexia : Ben non.Charlne : Acquittes.Boisguilbert ( Alexia) : Tu as des remords ?Alexia : Ben non. Les remords cest maman qui sen charge.(Gros rire dAndra.)25. Sophie : Je me sens mieux Moins malSandra : Pareil Ouf a passe.Alexia ( Boisguilbert) : On fait la paix, chri ?Boisguilbert (grognon) : Aprs ce que tu as dit sur les hommes, je ne vois pas lutilit.Andra : Jai expliqu cent fois, mille fois, Alexia le fonctionnement masculin

  • Alexia : Il faut convenir que je suis plutt une idalistePerrichon : Une idaliste ! Une sale pute, oui !Alexia (indigne) : Oh, sale pute , linjure est facile, elle vient aprs, pourquoi tu las jamais dite avant de coucher ?!Perrichon (interloqu) : Pour coucherBouillon (narquois) : Et comme ctait pas avec elleGoliath : Linsulte est insultante.Alexia : Heureusement que jai des maris pour me dfendre Parce que les amants (Au bord des larmes.) Il y en a qui me font de la peineBouillon et Goliath (la rconfortant en lenlaant) : Allons, allonsPerrichon : Les Je ne suis pas le seul ?Alexia (interloque) : Ben non.Boisguilbert ( Hercule) : Et vous ne dites rien, vous ?Hercule : Oh, tant donn mon mtierBoisguilbert : Quel mtier ?Perrichon ( Alexia) : Tu sais que ladultre, dans vos x commandements (Il prononce comme la lettre.), nest pas une recommandation ?(Alexia rit.)Andra : Quoi ! Un mari policier pour se protger des voleurs, un mari restaurateur pour se protger de la faim, un mari dans laviation pour les voyages, un amant financier pour le bl, un amant bibliothcaire pour sa culture, un amant avocat pour le justiceSophie (chantonnant) : Mille e treAndra (continuant) : un amant mdecin pour veiller sur sa sant, un amant chirurgien parce quon nsait jamais, un amant footballeur car faut du sportSophie (chantonnant) : Mille e treAndra (continuant) : un amant quilibriste, a sert, a sert, un amant unijambiste, faut aider les handicaps, un amant clbre, pour le rconforter de sa clbrit, un amant illusionniste, un amant marxiste, un amant ministreBoisguilbert (la coupant) : Quelle liste ! Quelle liste !Alexia : a compte pas (Innocemment.) Ctait dans le noir.(Un silence.)Pnlope (sosie comportemental dAlexia) : Pas faux.Hercule : Faut bien vivre et vivre bien.Charlne : Faut des sous.Sandra : Des appuis.Sophie : Des hommes solides sur qui une femme peut compter, cest difficile trouver.Alexia (comme rflchissant) : Xact.(Gros rire dAndra.)26. Boisguilbert ( Alexia) : Tas pas djuge dans ta liste, par hasard ?Alexia : Cest pas le hasard, cest maman.Boisguilbert ( Andra) : Vous navez pas ?Andra (firement) : Jai !Alexia : Tu es mon chri, mon amant de cur, je te pistonnerai auprs de lui, va.Andra : Quil gagne des affaires, ce Bois mignon.Alexia : Maman ! Il est juste moi !Andra : Ah, les caprices des enfants. Bon Tu te souviens de ton faux tmoignage ?Alexia (ferme, trs sphinx) : Non.

  • Pnlope : Un faux tmoignage, cest grave, a.Boisguilbert : BofGoliath : Ah si, tout de mme !Sandra : Faut voir les circonstances.Sophie : Il sagissait peut-tre dune bonne cause ?Bouillon : Cet avocat en caleon sur la voie publique commence de mchauffer les oreilles. Il fait remonter la surface ce quon na pas besoin de savoir.Alexia (sphinx) : Pas faux Tas toujours t un bon mari.Charlne : Quest-ce qui sest pass ?Andra : Je nen dirai pas plus long.Tous (sauf Isa, Jo et Hercule. Indigns) : Oh !Hercule : Je connais lhistoire, moi.(Tous se tournent vers lui.)Laffaire concernait un hritage. Dun ct, lhritier lgitime, qui navait pas besoin de nous pour hriter, qui ne nous aurait rien donn; de lautre, un hritier potentiel illgitime certes mais gnreux, ce qui est une qualit.Charlne (attentive) : Faut des sous.Hercule : Pourquoi tu veux pas tourner des pornos avec moi ? Ten gagnerais plein !Charlne (ferme) : Jveux pas, cest tout. Moi jai ptre pas beaucoup de morale, mais jai des murs.Andra : Charlne, elle veut les sous sans commettre cqui faut pour les avoir. Moi jai su lever ma fille.(Alexia se met rire.)Hercule : Bref, Alexia connaissait le jugeAndra : Surtout moi.Boisguilbert : Ah, cest celui-lAlexia : Ctait dans le noir; a compte pas.Hercule : Et aprs son tmoignage au tribunal, le lgitime sest avr illgitime et lillgitime a pu tre gnreux.Sandra : Jaime les histoires qui finissent bien.Goliath : Oh un faux tmoignage, quand mmeAlexia : Il tait faux, en toc quoi; moi les marchands, mme pignons sur rue, mont refil plus dun bijou en toc, et la justice quest-ce quelle a fait ? Elle est toujours trop clmente avec les vrais voyous. Laxiste. Comme disait souvent Arthur : La morale cest lil du cyclone.Bouillon : Ce qui veut dire ?Alexia : Que le cyclone il nest pas l par ma faute. Je nai pas demand y tre. Je srai son il quand je srai vieille. Pour le moment, je veux vivre !Charlne : Faut des sous.Alexia : Xact.Pnlope (sosie) : Pas faux.Boisguilbert : Limportant est que la justice passe, peu importe si elle se trompe de route.Goliath ( Alexia) : Tas tout de mme vol par un faux tmoignage.Bouillon : Elle a vol un riche, cest moins grave. Tu sais ce quil est devenu ?Alexia : Il est dans lil du cyclone Il est pauvre.Sophie : Chacun son tour.Sandra : Chacun son sale tour.Hercule : Chacun son petit tour. Ce cyclone est un sacr cirque, et on ny a pas t bien dresss.

  • Perrichon ( Alexia) : En tout cas je nai pas commis pire. On tait fait pour sentendre. Tu aurais d mpouser.27. Charlne : Tu ne dois pas convoiter les biens de ceux qui ont quelque chose que tu nas pas, voil ce quon ma appris moi.Andra : Une ide de nanti.Sophie : Dieu a tout, il a cr des commandements pour dfendre sa proprit.Andra : Maintenant quon a des sous, je suis plutt de son avis.Alexia (froidement) : Y a qules cons pour se rsigner regarder ternellement chez les autres ce dont ils ont envie. Jai sans doute des dfauts (Moue dubitative.) mais en tout cas pas la rsignation.Andra (riant grassement) : Et les gosses, quest-ce quils en pensent ?(Tous regardent Isa et Jo qui se sont petit petit ptrifis depuis longtemps. On dirait des statues.)Alors, on rpond !Isa (laissant enfin tomber sur le sol son bouquet de fleurs; pniblement) : Nneuf staf.Andra : Allons bon, la revoil avec une crise de charabia.Alexia (arrangeante) : Laisse-la tranquille.Hercule : Limportant est quelle sexprime.Andra (narquoise) : En veillant ce quon ne la comprenne pas. Voyez la maligne innocente. (Avec un air mchant : ) Une vierge a vaut des sous, les hommes sont si cons. (Avec un gros rire, regardant Jo : ) Avec la virginit de lune je pourrais me payer le pucelage de lautre ! Et alors je te vends lappartement, Sophie, quest-ce que ten dis ?(Air gn de Sophie, qui jette un coup dil en coin Jo et ne rpond pas.)Andra (mchamment) : Il est temps de prendre un bain de ralisme, ma petite Isa. Tant pis si tu ty noies. Tu as t petite fille assez longtemps. Tu cotes et tu rapportes rien, a peut pas continuer ternellement.Alexia (faiblement) : MamanAndra : Eh, laisse-moi tranquille, toi ! Il est temps que je lui donne une bonne leon cette gamine. Jla fous la flotte, elle nage ou elle coule !(Un court silence.)Isa (marbre) : Nneuf teste.Alexia : Nneuf ? Attends, cela me rappelle leur noueuf.. de nous et neuf ou nouoeuf, de nous et uf le mot par lequel ils se dsignaient si drlement.Sophie : Oui, je croisJo (brusquement) : Ensemble, Isabelle, ensemble !(Isa semble ptrifie, puis elle fait un pas.)Alexia (fermement) : Isa !Isa (dune voix lointaine) : La tradiole(Elle va lentement vers la porte.)Jo (dans un souffle) : massachute lesse.(Il la suit.)Andra : Quoi ?Alexia (tristement) : Tant pis.(Isa et Jo sont devant la porte, elle droite, lui gauche. La porte souvre lentement.)Jo (tendant sa main droite Isa) : Bonsoir Mine.Isa (tendant sa main gauche Jo) : Bonsoir, Train.(Ils se donnent la main et se tournent vers la porte - dos au public.

  • Ils passent la porte.Elle se referme lentement derrire eux.Noir.)

    FIN