Jean Foucaud – Le Musulman Suédois, Cheykh ‘Abdu-l-Hedi al-Maghribi ‘Uqayli –...

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Jean Foucaud Le Musulman Sudois,Cheykh Abdu-l-Hedi al-Maghribi Uqayli Prsentation et Annexes.Post par Badr le 20 mai, 2015 dans Non class | 0 commentaire

Le Musulman Sudois, Cheykh Abdu-l-Hedi

al-Maghribi Uqayli

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Jean Foucaud,

Vers la Tradition n72

(Juin-Juillet-Aot 1998)

PRSENTATION

Curieux silence que le silence total et depuis plus de 40 ans ! (1) sur le cas de John-GustavAgelii (2) Ferait-il de lombre certains tnors actuels de lsotrisme islamique en France eten Italie, pourtant si prodigues par ailleurs dcrits et traductions incessants ? croire que tout lemonde veut banaliser, minimiser voire discrditer limportance de la fonction de Cheykh Abdu-l-Hedi al-Maghribi Uqayli. Et que lon nexcipe point du manque dindications ou dinformations son sujet : Michel Vlsan lui-mme en a parl en terme logieux et non quivoques (3). Il sestmme fait traduire (traduction hlas partielle et dfectueuse) des extraits de louvrage monumentalet irremplaable dAxel Gauffin (4). Les quelques allusions Cheykh Abdu-l-Hedi, en France entout cas, sont insuffisantes ou inexactes, quand elles ne sont pas totalement de mauvaise foi (5).

La prsente introduction a pour but de prsenter et de rhabiliter un homme providentiel, sanslequel on peut se demander sil y aurait actuellement en Europe un Tasawwuf digne de ce nom.Certains ont t choqus par un manque apparent de vertu et de discernement . Facile dire! Des tres comme Abdu-l-Hedi, et minemment Ren Gunon, ont permis dviter tous lescueils. Ils ont dblay et balis la Voie jusqu ce quadvienne le Magistre suprme en lapersonne de Cheykh Mustaf Abdel-Aziz. Ceux qui les critiquent devraient dabord reconnatrece quils leur doivent ou nen point parler. Voil pourquoi nous pensons combler un vide et,pourquoi pas, rparer une injustice en publiant ce 1er chapitre sur celui qui fut en son temps lePrcurseur des tudes Akbariennes en Occident.

(1) Si lon excepte lintroduction aux crits posthume dAguli, dune impression si dfectueusequelle frle lirrespect et la dsinvolture dlibrs. Ce nest quun tissu derreurs sciemmentdistilles.

(2) N en Sude en 1869, mort Barcelone en 1917 ; peintre, linguiste, crivain et traducteurmusulman de texte soufis. N.B. Le nom dtat civil est bien Aguelii

(3) Cf. ouvrage posthume, LIslam et la Fonction de Ren Gunon, Paris, 1984, (multiplesrfrences).

(4) Ivan Aguli, Mnniskan, Mystikern, Malaren, 2 tomes, Stockholm, 1940-41.

(5) Presque tout les renseignements donns par Chacornac dans un livre sur Ren Gunon par


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ailleurs utile sont errons ou tendancieux ; quant aux autres auteurs, nous prfrons ne pas lesciter par charit intellectuelle et pour viter toute polmique strile !

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On ne sait exactement quand John-Gustav Aguelii (de son nom dartiste Ivan Aguli) est entr enIslam : Chacornac, la suite dAxel Gauffin, penche pour le 2me semestre de 1897 (6). Sabiographe la plus rcente, Mme Viveca Wessel (7), repousse cette date au dbut de 1898. Nouspensons que ces dates pourraient sans invraisemblance tre avances de plusieurs annes : toutdpend si lon sen tient uniquement aux donnes historiques ou dautres rfrences dunordre plus intrieur . Nous voulons dire simplement ici (et les exemples ne sont pas rares) : onpeut trs bien tre musulman de cur bien longtemps avant de prononcer la shahda, parce quele milieu (notamment europen) empche ou retarde la pratique effective de lIslam, ce qui,surtout notre poque et vu le milieu o il vivait, tait minemment le cas dAguli, sans parler ducas trs particulier de Ren Gunon, toutes proportions gardes. On peut galement prononcerla Shahda sans rien en laisser paratre extrieurement. La vritable question est plutt : qui a faitentrer Aguli en Islam ?

Et si lon rclame des preuves ou des documents, il nest que de se rfrer dabord lintrtexceptionnellement prcoce dAguli pour lIslam, le monde arabe et le Qoran (8), et surtout unecertaine lettre de 1907 pour le comprendre. En effet, ds 1893 Ivan Aguli a eu une vision duCheykh al-Akbar qui ne laisse place aucun doute, et sur laquelle nous reviendrons pluslonguement. la mme poque (1893), il a la rvlation de la Science des Lettres sous une forme linguistique qui est un aspect de ce quon appelle symboliquement le Don des Langues (9)et, part Ren Gunon, on ne connat aucun Europen au XX sicle qui ait bnfici dun donaussi indiscutable et aussi prodigieux (10). ce propos, un dveloppement sous forme dannexe(11) simposerait, car sur le Don des Langues (sauf un court chapitre de Ren Gunondans Aperus sur linitiation) rien na jamais t dit de prcis : Aguli lui-mme, aprs avoirannonc une tude dans La Gnose, sest finalement abstenu (12) : ce silence mrite rflexion etprudence (13). Donc, bien avant sa pratique officielle de lIslam aux Indes puis en Egypte, toutse passe comme si Aguli se prparait in petto cette nouvelle tape de sa vie spirituelle (14) ainsiqu la fonction quil devait assumer pendant une quinzaine dannes comme intermdiaire entrelOrient arabe et lEurope. Si lon compte le temps de prparation, on peut dire quAguli aconsacr 20 ans de sa courte vie (15) ce quil faudra bien appeler sa mission traditionnelle la fois comme Initi et comme Prcurseur , ce dernier point exigeant des arguments qui parnature chappent lhistoire profane (voir infra).

(6) Gauffin crit : Malgr toutes mes recherches, je nai jamais russi tablir quand et dansquelles circonstances cela sest produit. (Ivan Aguli, Mnniskan, Mystikern, Malaren, II, p.40).

(7) Viveca Wessel, Ivan Aguli portrtt av en rymd, Stockholm, juin 1988, p. 20.

(8) De novembre 1891 juillet 1892, il frquente assidment la Bibliothque Royale de


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Stockholm, section Orient et Islam (Gauffin, op.cit. I, p.72-73)

(9) cf. lettre Arthur Bianchini (Gauffin, op.cit. I, p. 91-94).

(10) Cest--dire la connaissance des principales doctrines traditionnelles et la comprhension deleur Unit transcendante, directement dans le texte original. Quant laspect performance linguistique, Aguli tait capable de lire plus de 20 langues, dont la moiti de langues orientales.Nous mettons bien sr part le cas des Cheykh Murshid qui nentre pas ici dans notre propos.

(11) Prvue la fin de la prsente tude.

(12) La Gnose de dcembre 1910, o Aguli crira son tout premier article.

(13) Cf. la mise en garde dIbn Arabi (Fut. I, chap. 26, p. 191).

(14) ds mai 1894, dans sa prison, il essaie de sabstenir dalcool.

(15) De 1893 1913. Rappelons quil est mort lge de 48 ans.

Ainsi, ds 1899, malgr lhostilit du milieu (entre autres les obstacles suscits par Marie Huot), ilprend contact avec la plus minente et la plus mystrieuse organisation soufie des Indes, dontavant lui aucun Occidental navait jamais entendu parler, la tariqa Akbariya (16). Ceci, il ne le faitpas titre individuel : Ivan Aguli ntait pas un homme faire du tourisme par plaisir auxIndes ; il accomplit sa mission au pril de sa vie (17) et de sa sant, puisquil en reviendra avec dessquelles de malaria et une surdit aggrave.

La question qui se pose est videmment la suivante : avec quel mandat et sur lordre de qui a-t-ileffectu cette mission et pris ces contacts ? cette poque il ne semble pas quil ait dj fait laconnaissance de Cheykh Elish el-Kebir. Quoi quil en soit, en trs peu de temps, il rencontre despersonnalits minentes du monde sotrique indien sur lesquelles il est extrmement discret (18).Quand on sait limportance dans sa vie initiatique de la personne et de luvre du Cheykhal-Akbar, on peut tout de mme se faire une petite ide des forces invisibles qui lont guid dans sadmarche et pourquoi, malgr tous les alas dune telle expdition cette poque, et pratiquementsans fortune, il a russi, bnficiant dune tonnante immunit (comme plus tard pendant ses 7 ansen Egypte). Pour comprendre limportance de la chose, il faut se rapporter aux quelques allusionsdiscrtes faites par Michel Vlsan, sans lequel personne naurait saisi laspect providentiel de lafonction et de luvre de Chekh Abdu-l-Hedi (19). La conversion dAguli lIslam est tout lecontraire dun engouement passager, orientaliste et exotique . On sait par des tmoinsdirects quil lui arrivait de dire la prire canonique en son temps et dans la rue, comme le fontcouramment les Arabes, et ce, mme devant de sceptiques Europens, comme le rapporte M.Georges Rmond, contrleur des Beaux-Arts au Caire (20). La vie islamique tant devenue pourlui une seconde nature , il crivait dj, dans une lettre de Colombo : La vie dans un paysnon-musulman est un ENFER . (Juin 1899).

Ds son arrive au Caire, surtout partir de 1902, il est parfaitement acclimat au mode de vie


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traditionnel, pensant et crivant en arabe, vtu comme un Arabe, vivant comme eux et apprciantcette faon de vivre. Si cette adquation a t si aise et si naturelle, cest que, comme certainstres prdestins, Aguli est n tranger sa propre famille, sa terre et la mentalit europennepseudo ou anti-traditionnelle (21). Ce qui explique ses soi-disant excentricits , sa rvoltecontre sa famille et son milieu, ses ractions apparemment anarchistes (22), son inadaptationau systme scolaire et le rejet de la religiosit ambiante (le Protestantisme) pour lesquels il ntaitpas fait et o il touffait (23). Les bizarreries apparentes de son comportement chappent audcryptage facile de certaine tendance moderne qui ne sait que rduire le Spirituel au psychique oune voir que de la psychologie l o il sagit de Mtaphysique et de Tradition.

(16) Dans une lettre du 22 mars 1899, il crit en parlant des Malais de Colombo : Presque tousici sont Soufis. Parmi eux, il y en a qui sont dune intelligence remarquable.

(17) Dans une lettre Marie Huot, il crit : Mon petit revolver ma sauv la vie mais ilfaudrait que tu men procure un plus gros ! (Gauffin, op.cit. II, p.70).

(18) Pour protger le secret de son voyage, il avait mme fait croire des amis quil comptait allerjusqu Lhassa (Gauffin, op.cit. II, p.41), et pour calmer Marie Huot jalouse de cette absence, ilfaisait semblant de porter un grand intrt aux Bouddhistes dont il dira sur place le plus grand mal! (ibid, pp.56, 62etc).

(19) tudes Traditionnelles, 1953. repris dans LIslam et la Fonction de Ren Gunon. d. deluvre, Paris, 184, p.37-38.

(20) M. Rmond et ses amis navaient pu rprimer une subite envie de rire : Abdu-l-Hedi staitmis prier longuement devant eux, en plein air, en sexcusant, car ctait lheure de la prire (Gauffin, op.cit. II, p.139).

(21) Dans une de ses nombreuses et passionnantes lettres de prison son ami Verner von Hausen,il montre quil a dj choisi entre le monde aryen et le monde smitique . Par exemple : Ce sont les Musulmans et le monothisme qui gurissent de toutes les impurets du sang et de larace : il purifie tout par la Foi et ainsi constitue un rcepteur de lnergie spirituelle la plus leve. (Gauffin, op.cit I, p.166).

(22) Malgr ses frquentations dans ce milieu, il ne sera jamais anarchiste militant. Cf. son droitde rponse au journal La Libre Parole qui le traitait d anarchiste et d agitateur .(Gauffin, op.cit. II, p.115-116).

(23) Cf. ses Notes sur lIslam dans LInitiation daot 1902 : [LIslam] met la patrie dans lecur de lhomme et le dispose tre chez soi partout. Il scriera mme un jour : Ma patrie,cest lUnivers ! (Gauffin , op.cit. II, p.96).*

*Dans une lettre de mai 1894, il expliquait son got de lOrient et de loriginel par la haine de[sa] patrie, de [sa] langue naturelle, de [son] ducation (Gauffin, op.cit. II, p.96).

Quant son statut personnel dans le cadre de lIslam, ou plus prcisment dutasawwuf, onremarquera dj son titre officiel en tant qucrivain traditionnel uvrant sous la direction dunCheykh de lenvergure de Abder-Rahman Elish el-Kebir, Cheykh Abdu-l-Hedi, khdimal-Awliya (24). ce nom d Abdu-l-Hedi il adjoint celui d al-Maghribi qui est celui de


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son matre Elish el-Kebir, et encore celui de Uqayli , nom dune famille de lettrs gyptiensbien connue dans le pays. Ce titre figure dailleurs sur son sceau personnel. (25)

(24) Cest son nom dauteur, de traducteur et de correcteur, tel quil figure sur la rdition arabedes Usl al-Malmatiya en page de couverture (Le Caire, 1907). Cf.Viveca Wessal, op.cit.,p.81.* [Note-complmentaire]

* Quant au titre de Khdim, rappelons ladage islamique : Khdim el-Qawm, sayyidu-hum . Surles Khdim , voir Les Haleines de la familiarit , tudes Traditionnelles, 1955, p.176.

(25) Reproduction p. 93, et en couleur sur la page de couverture de Viveca Wessel,Ivan Aguli,portrtt av en rymd.

Il nest dj pas courant fin XIX sicle de voir un Europen, Sudois de surcrot, sintgrer defaon si authentique une socit traditionnelle arabe et ces cercles trs ferms que constituentles confrries shadhilites ; mais il y a plus, dans la lettre du 29 juillet 1907 que nous avons djmentionne o il fait allusion sa vision 14 ans plus tt du Cheykh al-Akbar, Aguli rvle que leCheykh Elish-el-Kebir, avant mme quil ait su qui il tait, ne cessait de lappeler Muhyi-d-Din, ce qui est le titre mme dIbn Arabi ( Revivificateur de la Religion ), (26) et son nom. Or onsait que les tres dexception qui ont un matre dcd ou invisible font partie de la catgorieprivilgie des Uwaysy . (27)

Ctait le cas dAguli, ou plutt de Cheykh Abdu-l-Hedi al-Maghribi, Uqayli, Khdimal-Awliya . Avec Abdu-l-Hedi, cest en effet toute une filiation akbarienne qui prend naissance enEurope et se prolonge avec Cheykh Abd-el-Wahed Yahya (Ren Gunon) et Cheykh MustafAbdel-Aziz (Michel Vlsan), sans exclure dautres successeurs possibles dans le mondeoccidental. La fonction et luvre de ces personnalits successives ne sexpliquent pas sans larfrence obligatoire Seyyiduna Ibn Arabi, Cheykh al-Akbar et sa Baraka (Rhniya) toujoursagissante. Mais on devra reconnatre que, dans le monde europen tout au moins, le point dedpart en est Ivan Aguli, [Cheykh Abdu-l-Hedi], lui-mme maillon dune chane de revivification dont lminent et lointain prcurseur, pour le monde arabe, nest autre que lEmirAbd-l-Qdir al-Jaziri (28). On peut se demander si Abdu-l-Hedi eut conscience de sa fonction etde sa mission . La rponse attendue se trouve textuellement dans une lettre sa mre, ds lt1904 : Si tout continue aller bien, je peux mattendre un avenir glorieux et annoncer une voiecomme personne nen a trac avant moi. (29)

Cest galement linitiative dAbdu-l-Hedi que se constitue Paris une Socit dtudes appele Al-Akbariya , le 26 Jumda II de lanne hgirienne 1329, soit dans la nuit du jeudi au vendredi23 juin 1911, dont est membre videmment Ren Gunon. (30) Cette socit qui nest pas une Tariqa nest tout de mme pas sans rapport analogique avec la Tariqa Akbariya avec laquelleil avait pris contact aux Indes (octobre-novembre 1899). (31)


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(26) Ce titre figure galement dans le nom complet de lmir Abd el-Qader.

(27) Une remarque linguistique simpose ici : le titre dUways que lon rapporte un Soufi dumme nom, en est en fait le diminutif grammatical du mot aws qui signifie lynx lequel,comme le loup , symbolise dans la plupart des langues europennes le voyant ou le rishi des Hindous. Dautre part, le aws arabe nest pas sans rapport prophtique voire tymologiqueavec la racine grecque (la vue, la vision). Pour en revenir au cas dAguli, on se rappellerala prminence quil accordait la Vision sur laudition ; et ceci pas seulement titre de peintre.Pour lui, il ne pouvait pas y avoir contradiction entre la Vision intuitive et son applicationesthtique.[Note-complmentaire]

(28) Cf. Charles-Andr Gilis, Introduction lEnseignement et au mystre de Ren Gunon, p.29.

(29) Gauffin, op.cit. II, pp.133 et 160-161.

Ceci a une rsonance shadhilite antrieure dans la parole de Sidi Belhassen avant sa mort : Par Allah, jai apport cette voie ce que personne ne lui avait apport auparavant.

(30) Cf. lettre dAbdu-l-Hedi un destinataire inconnu, crite en arabe, en septembre 1911.

(Gauffin, op.cit.II, p.189)

(31) Malgr les affirmations rptes dAguli, de Ren Gunon et de Michel Vlsan, certains ontcru pouvoir nier lexistence dune Tariqa Akbariya en tant que telle. Peut-tre nest-ce quunequerelle de mots ? Un dbut dexplication pourrait peut-tre se trouver dans ce quAguli dit dunecertaine Tariqa malmatiya dans une traduction du texte de Abu Abder-Rahman al-Sulmi (LaGnose, 1911) ; voir galement lextrait indit dune lettre de Ren Gunon, cite par lditeurdArche Milano dans le recueil posthume : crits sur La Gnose, 1988, p.XXIII.[Note-complmentaire]

Pour en revenir au Cheykh al-Akbar, la vision queut de lui Abdu-l-Hedi (ou plutt cette poqueIvan Aguli) fut dterminante et jette quelques lueurs sur le court passage nigmatique que cedernier consacre aux Deux Chanes Initiatiques , intercal sans transition et apparemmentsans raison dans son article de La Gnose: Sahaf Ataridiya . (32) Il crivait en effet : Il y atoujours un matre, mais il peut tre absent, inconnu, mme dcd il y a plusieurs sicles (33).Limportance de ce texte nchappa pas Ren Gunon qui y fit allusion dans son chapitre : propos du rattachement initiatique avec une note supplmentaire (34). Quoi quil en soit,Abdu-l-Hedi bnficia plus tard dun rattachement rgulier auprs dun Cheikh gyptien qui ratifiaet consacra en quelque sorte lillumination akbarienne de son exceptionnel disciple (35).

On sait par ailleurs que le Cheykh Elish tait trs logieux pour les travaux de son disciple (36), et,par Chacornac, on apprend que Abdu-l-Hedi devint moqqadem de son Cheykh, avec autorisationde transmettre linitiation, ce qui, dfaut de nous renseigner sur son statut spirituel, montre ladignit de sa fonction, puisquil tait en quelque sorte charg dimplanter le Soufisme en Europeet, qui plus est, sous sa modalit akbarienne.

Dans linitiation, trois lments entrent en jeu : le transmetteur, la Baraka et le bnficiaire du


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rattachement ; or, ici, il ne sagit pas de nimporte quel rattachement puisque le bnficiaire en estRen Gunon lui-mme ; de plus, la Baraka est spcifiquement akbarienne, vhicule toutparticulirement par la Tariqa shadhilite (37) ; et, si le transmetteur en est le Cheykh Abdu-l-Hedi,ceci devrait temprer quelque peu le zle hypocrite des contempteurs dAguli qui ont beau jeu demettre en avant ses excentricits, sa carrire de peintre ou ses activits politiques et ses manuvresdagent secret.

Or, comme la indiqu Ren Gunon dans une mention prive, il nest pas indiffrent dtrerattach par tel ou tel (38). Si Abdu-l-Hedi avait t indigne de cette fonction, il ne laurait pasreue de Cheykh Elish el-Kebir. Dautre part, le cas de Ren Gunon tant exceptionnel, il estassez logique quil ait eu un transmetteur exceptionnel en la personne de Cheykh Abdu-l-Hedi.Quand on sait la place minente de Cheykh Abdel-Wahed Yahya dans la hirarchie sotriqueislamique par la suite, et sa qualit certaine de Rose-Croix effectif, on mesure par l limportancede lapport soufi transmis par Abdu-l-Hedi et immdiatement ralis par son bnficiaire. On saitaussi par Abdu-l-Hedi que [les Afrad] arrivent linitiation (et opre par elle) dune faonparticulire (cest--dire que chacun deux a une formule spciale dInitiation) (39). Pour clorece court aperu des relations entre Ivan Aguli et Ren Gunon, nous pouvons confirmer la date derattachement de ce dernier, donne une fois par Michel Vlsan, savoir 1911, et non 1912 commecroient pouvoir laffirmer de nombreux auteurs la suite de Chacornac (40).

(32) En arabe littraire : Sahif utridiya .

(33) Allusion patente au cas des Uwaysy.

(34) Respectivement pp.55 et 271 de louvrage posthume : Initiation et Ralisation Spirituelle,Paris, 1971.

(35) Rappelons quen 1893, anne de sa vision , il nest pas encore officiellement musulman,quil nira en Egypte pour la premire fois quen septembre 1894 et quon ne sait rien sur sonIslam avant 1897-98. Le matre inconnu, absent et dcd dont parle Aguli ne peut tre autre quele Cheykh al-Akbar.

(36) Voir galement la note manuscrite indite de Michel Vlsan sur le Trait de lUnicit, citeopportunment par Viveca Wessel : La traduction dAbdu-l-Hedi est fine, intelligente et riche,mais bien ingale. Sa langue est souvent ingnieuse, mais techniquement pas toujours adquate ;elle se ressent mme un peu de latmosphre occultiste du milieu auquel La Gnose sadressait,mais Abdu-l-Hedi a rendu avec ce travail un inestimable service ceux qui se sont intress deplus prs la mtaphysique et lsotrisme islamique; (op.cit, p.184).

(37) Cf. Michel Chodkiewicz, Introduction aux crits Spirituels de lmir Abdel-Qadir, p.36.

(38) Dans une lettre, il dissuadait certains correspondants de se faire rattacher par Probst-Biraben.

(39) Les Catgorie de lInitiation , La Gnose, dcembre 1911. Cf. allusion dansInitiation etRalisation Spirituelle, p.164.

(40) Aguli a sjourn en France doctobre 1910 juin 1911, ensuite il sera absent de France


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jusquen mai 1912. Cest pendant la premire priode, et forcment avant la fondation de laSocit Akbariya que se situe la date de rattachement de Ren Gunon ; en serrant de prs lesrares donnes chronologiques que nous avons pu runir sur Aguli, il y a de fortes prsomptionspour que ce rattachement ait eu lieu au dbut de 1911, qui correspond lanne islamique 1329,mois de Muharram (1er mois de lanne) *

* Sans doute anne de rattachement de Ren Gunon au Taosme (fvrier 1911).

A noter galement lge dhomme accompli dAguli, quand il rattache Ren Gunon, soit 42 ans.

Pour en revenir au statut spirituel de Cheykh Abdu-l-Hedi, certains se sont demand sil tait malmati en sappuyant sur les aspects extrieurs droutants (pour dire le moins) de sa viepublique. Sans vouloir cerner dfinitivement le cas dAguli dont on commence seulement dcouvrir la complexit, nous dirons quil y a l une mprise, voir un contresens : le vritablementMalamati nest pas celui qui se livre des actes blmables du point de vue de lorthodoxie mais aucontraire celui qui est blm, critiqu, perscut pour sa rectitude inbranlable dans lexercice desa fonction, dont lauthenticit est ressentie comme un dfi par le milieu exotrique born etdcadent.

Quoi quil en soit, Cheykh Abdu-l-Hedi a fait preuve dun mpris admirable du danger et duncourage indomptable travers toutes les vicissitudes et malgr tous les obstacles suscit par sesennemis, parmi lesquels il compte parfois Marie Huot (41). Oblig de quitter lEgypte en 1909, ilcrit : Je nai plus besoin de ma libert. Je suis libre partout, dans quelque situation que ce soit,sous quelque contrainte que ce soit (42)

Malheureusement, les dernires annes de sa vie font craindre la perte de cet tat de srnit : enrelisant attentivement les lettres et documents des annes 1913 1917 jusqu sa fin tragique, onest pris peu peu dun malaise grandissant. Tout se passe comme si, une fois sa mission termineen Egypte (et en Europe vraisemblablement, soit vers 1912), il avait commis une erreur fatal enretournant peindre en Egypte, o il semble ne plus bnficier de lextraordinaire immunit quiavait t la sienne pendant les annes 1902-1909. Les malheurs saccumulent sur sa tte : il estpratiquement mourant de faim, insolvable financirement, abandonn de tous ; il se fait expulserpar les Anglais (il stait jet dans la gueule du loup !) pour finir cras par un train Barcelone(43).

(41) Cette charmante personne lui avouera un jour quelle avait eu lintention dempoisonner sonami avec la mascarine des champignons qui ne laisse pas de traces, et quelle laurait fait sansscrupules ni remords ; (Gauffin, op.cit. II., p.13-14).

(42) Gauffin, op.cit. II, p.165 ; et lettre de septembre 1911, p.188 et sq (crite en arabe). En lisantce passage de la lettre dAguli, reviennent en mmoire quelques lignes quil a traduites des Malmatis : Leur vie extrieure est toute dcouvert, tandis que les subtilits de leur vieintrieure sont rigoureusement caches ; dans Le trait de lUnit, d. de lchelle (= d.


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Orientales), 1977, p.72.

(43) Peut-on aller jusqu parler de perte de la Baraka ? En tout cas, le contraste est saisissantentre ces annes o tout semble lui russir, au Caire, Paris, et celles, o, sa mission islamique accomplie, il ne se consacre plus qu la peinture. (Peut-tre pourrait-on parler dans ce cas de Takhfif al-dhunb ) (a)

(a) allgement sacrificiel des fautes commises.

***

On voit que le cas Aguli est complexe, et une question sujette controverse est celle des Matresquil a eus. Si lon met part le Matre Invisible, cest--dire le Cheykh al-Akbar lui-mme, onsait de faon certaine quil a eu au moins deux ou trois Matres : Cheykh Hosafi (44) et surtoutCheykh Elish el-Kebir fils. Quant Cheykh Sensi, ses relations avec lui taient surtout dordrepolitique et exotrique . On ne sait pas exactement quand ni comment il est entr en rapportavec eux. Abdul-Hedi tant muet sur ce sujet, mais cest vraisemblablement peu de temps aprsson arriv en Egypte (1902), au plus tard au moment de la cration de larevue Al-Nadi (= Il-Convito), soit 1904.

Le point sujet controverse est que Abdu-l-Hedi a eu plusieurs Matres et quil a affirm cettepossibilit gnralement dconseille aux Europens. Dans la revue LInitiation de 1902, il criten effet : [Le Cheykh] est plutt un pre spirituel, que lon choisit et que lon peut quitter quandon veut. Le fait davoir quitt lun, mme pour [en] suivre un autre, ne doit pas tre considrcomme une insulte faite au premier. Loin de l. (45) Cet article parut en aot 1902, avantquAguli retourne en Egypte. Avait-il dj bnfici de la guidance dun Matre lors de sonpremier sjour (septembre 1894-septembre 1895), alors quil ntait pas encore officiellementmusulman, ou bien en a-t-il eu Paris ? Ce point de sa biographie personnelle nest pas importanten soi, mais il risque de faire croire laspirant actuel lIslam que lon peut changer de Matresans autre formalit et faire oublier que le cas dAguli est exceptionnel, et donc pas du toutexemplaire.

En tout cas, on constate quAguli a eu des Matres de qualit et que son ducation islamique narien eu de fantaisiste, reue dans le pays, dans la langue originale et pendant prs de 7 ans, ce quireprsente des conditions optimales dont pratiquement aucun Europen na bnfici. Il nest pas la porte de tout le monde, mme de nos jours, de sassimiler une langue et une religion orientales,a fortiori dcrire des tudes sur la Doctrine soufie directement en arabe, en franais et en italiencomme la fait Aguli. Il la fait avec maestria avec la grce de Dieu et cest un cas rarissimeau XXme sicle : seul Ren Gunon et Michel Vlsan ont accompli ce prodige.

Aussi, quand on voit la suspicion gratuite jete par larabisant sudois Nyberg qui na jamais eu


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aucune comptence doctrinale (46) sur lorthodoxie de Abdu-l-Hedi en le souponnant dtredevenu beha (sic!) sur la fin de sa vie, on ne peut sempcher de penser la formule clbre : Calomniez, calomniez ! Il en restera toujours quelque chose ! En effet, la suite de Nyberg,ceux qui ignorent tout dAguli, ne layant jamais lu dans le texte original, sempressent decolporter cette imputation calomnieuse, qui dailleurs ne sappuie sur rien puisque Nyberg ajoute(ce quon oublie dessein de mentionner) : Ce nest quune supposition alatoire de ma part. Alors pourquoi chercher ternir la mmoire dAguli ? Il et mieux valu sabstenir.

(44) Abdu-l-Hedi le cite une premire fois (Gauffin, op.cit. II, p.190), et une deuxime et dernirefois (ibid., p. 271) dans une lettre du 14 aot 1916 : Je possde quelques petits travaux en Islamexotrique et sotrique de mon vnr Cheykh Sidi Hosafi, du Caire ;

(45) Cette latitude fait penser un privilge akbarien.

(46) Voir son Addendum au tome II, p.299-304 ; (A. Fauffin, op.cit).

En conclusion, et au risque de nous rpter, nous dirons que le mrite de Cheykh Abdu-l-Hedi at daccomplir sa tche et de remplir sa fonction sans sarrter aux obstacles, souffrances etperscutions dont il a largement eu sa part. On peut dire de lui ce que Ren Gunon a crit enparlant, pour une fois, de lui mme, savoir que [son] seul mrite a t dessayer dexprimer de[son] mieux quelques ides traditionnelles (47) L individu Aguli sest effac compltement pendant des annes devant sa mission. Ce nest quaprs quest rapparue une autre facette desa riche personnalit : la peinture, dont nous parlerons plus tard, et qui peut poser problme auregard de lorthodoxie islamique.

Wa inna Llh alam

(47) Cf. Notes sur lislam dans LInitiation, aot 1902 : Je nai rien de nouveau annoncer.

Jean FOUCAUD

(extrait dun ouvrage paratre sur Aguli)

( suivre)

***

NOTES COMPLMENTAIRES


11 di 19 22/05/15 18:37

Sur le 1er chapitre consacr John Gustave Agelii

(cf. VLT N72)

Jean Foucaud

Vers la Tradition, n73

(Septembre Novembre 1998)

Il est vident que nous navons pu ni voulu tout dire sur Aglii dans notre premier article. Notreprsentation est forcment un condens de nos recherches : nous navons essay de donner en 10petites pages le maximum dindications sres et dhypothses fondes, ce domaine tant notreconnaissance encore peu prs inexplor, voire inconnu (mme en Sude!)

Les lecteurs auront dautre part remarqu que nous associons la personne dAglii celles de RenGunon et de Michel Vlsan. Sil sy trouve des allusions apparemment de circonstance, nous nypouvons rien (et dailleurs tant mieux) ; ce premier chapitre indit a t crit en fait il y a prs de 9ans. Nous nous proposons dailleurs bientt, si les circonstances nous y contraignent, de montrerpourquoi on ne peut parler de lun sans parler des deux autres, car ils sont lis par un lien invisibleque nous appellerons la Ruhniya Akbariya, ce qui est un cas de survivance providentiel pourles Occidentaux en ce Xxme sicle finissant.

Les mmes lecteurs auront relev une premire nigme, savoir une Voie comme personne nena trac avant moi , formule mot pour mot identique celle de Sidi Abul Hassan El Shdhili 650ans plus tt. Pour ce dernier on comprend que cette Voie portera lempreinte du Matre, cest--dire sera Shdhilite. Mais ceci est trop peu dire et il faudrait un livre pour dvelopper laspcificit intellectuelle, lexcellence et la rigueur de cette mthode spirituelle. (1) Alors que veutdire Aglii quand il crit : Je peux annoncer une voie comme personne nen a trac avant moi ?Quelle est la part de sa personne qui sajouterait la fonction que lui a dvolue le Cheikh Elishel-Kebir (notamment en gypte et ultrieurement en Europe) ? Plus tard (en janvier 1910) ilreviendra l dessus dans une formulation encore plus nigmatique, crivant : Je dois russir pardevoir cosmique [?!] (2)

Complments aux notes

n.24 Pour les lecteurs non arabisants, nous traduirons volontiers cette formule [Khdim el-QawmSayyiduhum] par : le Serviteur des Initis est [parfois] leur Matre . Quant au Sirr [secretintime] dAglii, Seul Allah le sait.


12 di 19 22/05/15 18:37

NB. : Rappelons que Khdim al-Awliy signifie : Serviteur des Saints .[retour]

n.27 Si lon nous faisait lobjection (courante, mais dpasse) que larabe est une langue smitiqueet que les langues occidentales sont indo-europennes, donc apparemment sans rapport nousrpondrons simplement quil y a une parent originaire fort ancienne entre ces langues (latin, grec,allemand, sanscrit) et lesdites langues smitiques (akkadien, syriaque, thiopien, arabe, hbreu),sans oublier les langues chamito-smitiques (pulaar, gyptien, libyco-berbre, etc), dont nousavons retrouv bien des racines communes qui relvent dune Tradition unique et dune langueunique, remontant au dbut du prsent manvantara, et que lon appelle racines universelles .(vestiges de la langue solaire , dite syriaque [sriyniya]).[retour]

n.31 Sans rien retirer de notre assertion, nous voulons dire par affirmations rptes :affirmation successives, car il est vident que Ren Gunon na pas pass son temps rpter quily avait une Tariqa akbariya aux Indes. Nous esprons tre un jour plus laise pour apporter aumoins un lment de preuve au sujet de lexistence de cette Tariqa dominante akbarienne.[retour]

Rfrences pistolaires

1 (pp. 45, 46, 47 de notre article).

Voici la traduction indite dun extrait de cette lettre de 1907 (3) :

Il y a environ 14 ans, jai vu en songe limage dun homme inconnu Et voil quen lisantmaintenant la biographie dIbn Arabi crite par lun de nos collaborateurs arabes, je lereconnais : ctait bien lui. Je nai jamais parl de mon rve, pour la simple raison que ctait unenigme dont la cl me faisait dfaut. Jusqu un dtail dans lil, la couleur des vtements quilportait habituellement, la nuance exacte de ses cheveux et de son teint, tout y tait (4)

2 (p.47 de notre article).

A propos de la fondation de lAkbariya Paris, voici la traduction de la lettre de septembre 1911crite en Sude en arabe, traduite par Nyberg en sudois et que nous retranscrivons en franais :

Pour ce qui concerne la France, je veux dire Paris, beaucoup de nos amis ont embrass lIslam,tel Abdel Wahidet Abdel Halim. (5) La grande majorit appartient aux milieux cultivs,littraires et libraux, mais aucun aux milieux politiques Jai eu assez faire de telles gens sansparler de lexprience que jai faite avec le Docteur Insabato. Ils sont entrs en Islam par amourpour le plus grand Cheikh, Muhyi-d-Din Ibn Arabi quAllah soit satisfait de lui et parinclination pour lordre des Malmatis. Pour eux la cl de lIslam est la doctrine delUnit [Enhetslra] conformment au systme philosophique de lIshrq [illumination ducur], autrement dit : lUnit dans la multiplicit et la multiplicit dans lUnit ()

Enfin nous avons avec laide du TRS HAUT fond la socit AL AKBARIYA Paris dans lanuit du vendredi 26. Nous navons point fait de publicit. On ne peut entrer dans ladite Socit quepar cooptation et nous naccordons notre investiture quaprs un svre contrle.


13 di 19 22/05/15 18:37

Jean FOUCEAUD

NOTES

1. cf. ce qu crit Sheikh Abdu-l-Hedi :

Ogni qualvolta retroverete in Oriente un uomo superiore per carattere e sapere potete esserquasi sicuri di trovarvi alla presenza di un Scidilita. cest--dire :

Chaque fois que vous rencontrez en Orient un homme suprieur par le caractre et le savoir vouspouvez tre presque sr de vous trouver en prsence dun Shdhilite. (Il Convito 1907, AnnoIV, srie 1, p. 108).

2. Axel Gauffin, op.cit. t.II, p. 161.

3. Comme pour toutes les citations extraites dAxel Gauffin dans notre article de VLT n72,cest nous qui traduisons.

4. Gauffin, op.cit. t.II, p. 143.

5. Ce dernier reste non identifi ce jour. Quant Abdel Wahid, tout le monde aura reconnuRen Gunon.

*

* *

ANNEXE 1

Mise au point :

Malgr mes tudes parues VLT, en 1998-99, concernant la date probable dinitiation de RenGunon (par lintermdiaire dAguli), ceux qui paradent dans le microcosme de lsotrismeparisien, continuent parler de 1912 (ce qui est faux !) non sans mauvaise intention, car cela leurpermet de faire gratuitement le rapprochement entre son mariage en juillet 1912 et sa datedinitiation; ainsi on essaie damalgamer :

son mariage catholique

son initiation soufie

lappartenance maonnique (le tout tant incompatible selon le milieu catholique de lpoque),en soulignant videmment la suppose duplicit de Ren Gunon et sa dissimulation vis--vis deson pouse et de sa belle-famille.

On retrouve bien sr au premier rang de cette malveillance un certain Jean-Pierre Laurant, suivi detous ses thurifraires parmi lesquels on compte hls un certain Abdelwadoud Gouraud dans sa


14 di 19 22/05/15 18:37

dernire traduction malgr notre mise en garde aprs sa confrence la Grande Mosque de Parisil y a quelques annes.

Rappelons donc que la premire mention dune appartenance au taawwuf est faite par Aguli enseptembre 1911, que Cheykh Mustafa parle aussi de 1911 et que Ren Gunon lui-mme crit unelettre un correspondant en nouvelle-Zlande en 1911 galement en signant Abdelwahid (cf.numro spcial de Science Sacre 2003).

Mais entre-temps, on a dcouvert une lettre de Ren Gunon son mdecin Tony Grangier parlantde rattachement en 1910 (lettre du 28 Juin 1938) : mon rattachement aux organisationsinitiatiques islamiques remonte 1910 [soulign par Gunon]

Do notre mise au point actuelle. Nous navons jamais dit que Ren Gunon ntait pas djrattach avant (il parle dorganisations initiatiques au pluriel); dans une lettre de 1948 il parle derattachement depuis bien prs de 40 ans , soit 1909 ou 1910.

Pour notre part nous avons seulement essay de montrer que leffet de ce rattachement avaitculmin avec la baraka chadhiliya venant du Cheykh Elish El Kbir considr comme le ple deson poque et par lintermdiaire du Cheykh Abdulhdi al Maghribi Uqayli (ide que nous avaitsuggre M. Patrice Brecq ds 1990, notant lexcellence du premier article de Gunon dans larevue La Gnose de 1911- La Prire et lInvocation , ce qui nous porte croire que ctaitjuste aprs son rattachement.

Aprs, Monsieur Gilis peut parler de rattachement en 1910 (en effet Gunon ne cite pas Agulidans sa lettre de 1938), ce nest pas impossible mais quen sait-il part ce que nous en avons critnous-mmes ?!

Rappelons quAguli est revenu en France ds Avril 1910, mais il na pu rencontrer Gunon (sansdoute avec P. Genty, chez Dujols) au plus tt que pendant lt 1910 voire fin 1910.

Avant, il aurait pu tre rattach par Champrenaud, mais celui-ci ne nous semble pas tremutaawwif avant le retour dAguli en France aprs une absence de huit ans (1902 ~ 1910).

Faut-il rappeler que nous ne rduisons pas la richesse spirituelle de Ren Gunon la somme deses rattachements ? Car il a bnfici dautres grces divines (qua bien vues M. Gilis dans soncurieux ouvrage LHritage Doctrinal de Michel Vlsan ) auxquelles il fait une discrte allusion[ishra] dans la suite de sa lettre de 1938 au Dr Grangier : cela nempche absolument riendun autre ct .

Il y aurait aussi de curieuses considrations faire sur l Islam cach (par ex. celui des rijlal-ghayb) qui heureusement (et contrairement aux turq) chappe totalement lemprise du mondemoderne et ses perscutions. Mais ceci ne relve pas du domaine public. (cf. Ren Gunon : Mes sources ne comportent point de rfrences ).

Jean Foucaud, mars 2013

ANNEXE 2 :


15 di 19 22/05/15 18:37

LES RATTACHEMENTS DE RENE GUENON

Ils sont de plusieurs sortes :

il y a les rattachements des organisations pseudo-initiatiques comme lOrdre Martiniste (1907)ou lEglise Gnostique (1909) sur lesquelles Gunon ne se fait pas dillusions mais quil voulaitvrifier,

il y a le rattachement des organisations authentiques comme la Franc-Maonnerie en 1907 (caron ne peut y entrer avant sa majorit) suivi de lentre dans la Maonnerie oprative une dateimpossible dterminer. On peut supposer que cette appartenance a fait de Gunon le dernierMaon opratif de France, hls ! Sajoute ventuellement son initiation au Compagnonnage entant que Compagnon Imprimeur (le seul indice quon possde est que Gunon a sign une fois uncompte-rendu sous le nom de Le Liseur )

On peut situer vers 1910 son rattachement la HB of L (Hermetic Brotherhood of Luxor)peut-tre par lintermdiaire de F.-Ch. Barlet (On remarquera que les trois premires lettres de cedouble prnom correspondent Frre de la Communaut Hermtique ).

A la mme poque il y a les divers rattachements aux organisations initiatiques islamiques (voir Annexe 1 ) et, ventuellement, en 1911 aussi le rattachement un matre taoste.

Malgr les connaissances initiatiques de Gunon dans la Kabbale, lHindouisme et lEsotrismechrtien, on ne peut pas en infrer un rattachement respectif.

il y a son investiture mystrieuse au sein de lOTR (Ordre du Temple Rnov) ds 1908 etlinstruction particulire reue auprs de Sayyidun Al Khidhr (wallhu alam).

PROBLEMES POSES PAR LA MULTIPLICITE ET LHETEROGENEITE DESRATTACHEMENTS

On a vu que Gunon a reu plusieurs rattachements diffrents la fois, ou quil les cumulait entrs peu dannes. Apparemment, il ne mlangeait pas les formes traditionnelles mais ne pratiquaitpas non plus lexotrisme correspondant ces rattachements. Sans doute tait-il dj R+C et, entant que tel, au-dessus des formes particulires. Ou bien, comme Jean Reyor le fera remarquer plustard, cumulait-il des rattachements sans y voir dinterdit ni dincompatibilit et quil vaut mieux avoir plusieurs cordes son arc , quitte plus tard comme Reyor revenir en arrire ou privilgier une forme traditionnelle sa convenance (cf. lettre de Ren Gunon Galvao du12/11/1950 : pour le rattachement plusieurs organisations, , deux srets valent mieuxquune. )

Maintenant, vu le statut exceptionnel de Gunon, ne bnficiait-il pas dune dispenseextraordinaire ? En effet, seuls les tres dlivrs de leur vivant sont dispenss (temporairement) delastreinte lgale (rites et prires) ; voir l-dessus la note bien oublie- de Michel Valsn dansEtudes Traditionnelles 1953 n 307, p.131, note 3 dans sa traduction du chapitre 45 des Futht.

On peut penser aussi que les Afrd, de par leur statut de naissance (cf. Michel Valsn : Lesmatrices de la providence avaient form son entit de faon prcise. ET 1951) parviennent


16 di 19 22/05/15 18:37

directement Dieu sans passer par les organismes officiels (Eglise, Zaouias, etc). Cest un statutdexception qui explique que Gunon ne pratique pas immdiatement une religion particulire. (Ma Vrit est dorigine divine, obtenue par rvlation, impersonnelle, dtache et sans passion ).

Wallhu alam

Jean Foucaud, mars 2013.

Note du site :

Cette tude est mise en ligne ici avec laimable autorisation de son auteur M. Jean Foucaud, etconcerne larticle : Le Musulman, Cheykh Abdu-l-Hedi al-Maghribi Uqayli, Vers laTradition n72 Juin-Juillet-Aot 1998.

Nous avons rajout les : Notes complmentaires sur le 1er chapitre consacr John GustaveAgelii (cf. VLT N72), Vers la Tradition, n73, Septembre Novembre 1998, ainsi que desannexes 1 et 2 indites.

Et tenu compte des : Errata & corrigenda (VLT N72), Vers la Tradition, n73, Septembre Novembre 1998.

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