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  • Je ddie ce livre auxsuperagents

    Pamela Harty et DeidreKnight,

    avec toute ma gratitude.Elles avaient pour missionde maccompagner tout au

    longde ce rcit, elles y sont

    parvenueshaut la main.

    Mme quand je repousse meslimites,

    elles sont l jusquau bout.Mille fois merci vous, Deidre

  • et Pamela.Je vous embrasse !

  • Prologue

    La femme laquelle Aidan Cross faisaitlamour tait au bord de lorgasme. Alertespar ses cris, les cratures qui assistaient leurs bats se rapprochrent.

    Depuis des sicles, ctait ainsi quAidanprotgeait les Rveuses. Alors que sapartenaire sapprtait jouir, il pressa lerythme, activant de plus belle ses hanchessveltes, plantant rsolument son sexe danslcrin velout. Dans ce domaine, il taitdune incroyable habilet. Le souffle coup,la jeune femme se cambra en lui griffant ledos.

    Oui, oui, ouiSes haltements le firent sourire. La

    ferveur de son orgasme imminent nimbait la

  • pice dune lueur quil tait le seul percevoir. lore du Crpuscule, tapis dansles tnbres o lardente Rveuse abritait sespeurs les plus intimes, les Cauchemarsguettaient, de plus en plus excits. MaisAidan les tenait distance.

    Dans peu de temps, il se chargerait deux.Empoignant les fesses de sa partenaire, il

    lui releva les hanches. prsent, chaque foisquil senfonait en elle, son pnis se frottaitau clitoris gonfl. Au moment de jouir, ellehurla et son vagin se contracta autour dusexe durci de son amant. Elle ondulaitmaintenant avec une audace et un abandonsauvages auxquels elle ne se laissait allerque dans son sommeil.

    Il la garda ainsi suspendue en pleineextase, le temps dabsorber son nergie pourla dcupler, puis la recentrer en elle. Elleplongea alors dans ltat de rve le plus

  • profond et le plus reposant qui ft, trs loindu Crpuscule o elle restait si vulnrable.

    Brad soupira-t-elle.Puis elle driva hors de porte de son

    amant.Cette union navait t quune illusion,

    Aidan le savait. La connexion de deuxesprits. Leurs peaux ne staient touchesque dans linconscient de la jeune femme.Elle, en revanche, avait cru vivre rellementces instants.

    Une fois certain que sa partenaire taithors de danger, il se retira, puis sedsincarna du fantasme quil avait cr :Brad Pitt. Plus grand, plus large dpaules,Aidan reprit son apparence vritable. Sescheveux retrouvrent leur coupe en brosse etleur couleur noire dorigine, et ses irissassombrirent jusquau bleu saphir.

    Quant aux Cauchemars, ils virevoltaient,brlant dimpatience. Aidan voyait leur

  • substance indistincte ondoyer autour de laRveuse jusquaux limites de sa conscience.Ce soir-l, il allait donc devoir en affronterplusieurs de front. Il dgaina son glaive avecun sourire. Des Cauchemars bien plusnombreux que lui ? Il adorait ce cas defigure. prouvant une rancune tenace leurgard, il les combattait depuis une ternit etsavourait chaque occasion de se dfouler sureux.

    Avec la grce du combattant expriment,il fit jouer les muscles de son bras arm. Il leplia plusieurs fois, et ralisa quelquesmouvements fluides, le poids de sa lametransformant sa vigueur, accapare jusque-lpar le sexe, en souplesse. Certains atoutspouvaient samliorer en rve, mais pouraffronter plusieurs adversaires la fois, ilfallait possder des qualits innes.

    Quand il se sentit prt, il leur lana undsinvolte On y va ?

  • Puis il bondit vers eux et leur assna unpremier coup destoc mortel.

    Vous avez pass une bonne nuit,capitaine Cross ?

    Comme dhabitude, rpliqua Aidan avecun haussement dpaules.

    Sans sarrter, il rendit dun geste sonsalut au Gardien. Ses robes noirestourbillonnant autour de ses chevilles chacune de ses longues foules, il se rendaitau Temple des Anciens. Aprs avoir franchilnorme portail traditionnel, le torii, il seretrouva dans la cour centrale et, pieds nus,foula sans bruit le sol de pierre glace. Unedouce brise lui bouriffa la chevelure, lesodeurs quelle charriait veillant tous sessens. Il dbordait dnergie. Il aurait purester sur le terrain, il aurait pu continuer combattre, mais cet t enfreindre lesrgles des Anciens.

  • Depuis une ternit, les Gardiens devaienttous se ressourcer au Temple intervallesrguliers. Les Anciens considraient cespriodes de repos comme indispensables.Mais elles avaient aussi une autre utilit. LesGardiens ne ressentaient nul besoin de sereposer longtemps, et la vraie raison de cesretours imposs tait inscrite sur larchederrire lui. Gigantesque, rouge vif, elleforait chacun lever la tte au passagepour y lire, grav en langue sculaire :

    PRENDS GARDE LA CL QUI OUVRE LASERRURE !

    Faute de preuves, il commenait sedemander si cette fameuse Cl existaitvraiment. Sa lgende ne servait peut-trequ inspirer la peur, pousser les Gardiens tenir le cap, rester vigilants, lesempcher de se dtourner de leur mission.

    Salut, capitaine, dit alors une voix suave.

  • Il se retourna et repra Morgane. Ctaitune Joueuse, une Gardienne dont la tcheconsistait inspirer des rves de surf, deplage, de mariage et autres activitsrjouissantes. Il sapprocha lentement de lafemme aux yeux sombres qui se dissimulaitderrire une colonne dalbtre cannele.

    Que fais-tu l ? lui demanda-t-il, unsourire indulgent aux lvres.

    Les Anciens nous demandent. Vraiment ? stonna-t-il, interloqu.Une convocation des Anciens, ctait

    rarement de bon augure. Cest donc pour a que tu te caches,

    petite maligne ! Viens tbattre prs de la source, lui

    chuchota-t-elle dune voix rauque. Je te diraitout ce que je sais.

    Aidan accepta sans la moindre hsitation.Quand une adorable Joueuse tait de bonnehumeur, on ne la repoussait pas.

  • Il lentrana discrtement, sautant avecelle dans lherbe depuis la plate-forme demarbre. Tout en aidant Morgane garderlquilibre sur le sentier abrupt menant auruisseau fumant, il prit le temps dapprcierlclatante beaut du jour naissant, lescollines verdoyantes, les cours deaubouillonnants et les cascades en furie.

    De lautre ct de la butte, sa maisonlattendait, avec ses portes shoji coulissanteset ses tatamis poss mme le sol. Unedemeure peine meuble aux couleursneutres. Quelques objets choisis avec soinapportaient paix et tranquillit desprit. Sonrefuge, petit et intime, mais quil nepartageait avec personne.

    Dun geste insouciant de la main, il fittaire le bruit de leau, et un silence absolu lesenveloppa. Il navait aucune envie de crierpour se faire entendre.

  • Ils se dbarrassrent des tenues signalantleurs statuts respectifs robes noires pourAidan, en accord avec son rang lev,multicolores pour la frivolit de Morgane etplongrent nus dans leau chaude. Adoss une petite saillie rocheuse, Aidan ferma lesyeux et attira sa compagne contre lui.

    Tout est bien trop calme aujourdhui,murmura-t-il.

    Morgane se lova dans ses bras, ses petitsseins exerant une pression dlicieuse sur lapeau de son compagnon.

    Cest Dillon, murmura-t-elle. Il affirmeavoir dcouvert la Cl.

    Cette nouvelle le laissa parfaitementindiffrent. Tous les quelques sicles, unGardien succombait lenvie de vivre lalgende. Rien dextraordinaire, donc. Ce quinempchait pas les Anciens dexaminer trssoigneusement chacune de ces dcouvertes.

  • Il sest tromp sur lun des signes, cesta ? Lequel ? Tu le sais ?

    Ce genre de choses ne lui serait jamaisarriv, lui. Certaines Rveuses prsentaientparfois une partie des signes, mais jamaistous en mme temps. Le jour o cela seproduirait avec lune des siennes, il la tueraitsans se poser de questions.

    Contrairement ce quil a cru, saRveuse na pas pu distinguer ses traits. Enfait, son fantasme ressemblait trangement Dillon.

    Tiens donc !Dillon avait commis lerreur la plus

    frquente, une erreur qui survenait de plusen plus souvent. Au cur du Crpuscule, lesRveuses taient prives du sens de la vue ;elles ne pouvaient donc discerner lavritable apparence des Gardiens quipassaient du temps avec elles. Daprs la

  • lgende, seule la Cl pouvait les voir telsquils taient vraiment.

    Mais quen est-il des autres signes ? Elle les prsentait tous. Elle contrlait son rve ? Oui. Et les Cauchemars, quel tait leur

    comportement ? Ils semblaient perdus,dsorients ?

    Oui, a aussiElle se mit lui suoter un tton, puis se

    retourna franchement, cartant les jambespour lui emprisonner les hanches dans ltaude ses cuisses.

    Il lattira contre lui, sans penser vraiment ce quil faisait. Guids par lhabitude, sesgestes ne devaient rien une quelconqueardeur amoureuse. Les Guerriers dlite nepouvaient se permettre le luxe dprouver delaffection pour leurs partenaires. Laffection

  • tait une faiblesse qui pouvait les rendrevulnrables.

    Mais quest-ce quon a voir avec a,nous deux ? chuchota-t-il.

    Morgane passa ses doigts mouills dansles cheveux dAidan.

    Cette nouvelle a secou les Anciens.Toutes ces mortelles prsentant la plupartdes signes attendus Ils pensent que lemoment est proche.

    Et ? Ils ont dcid denvoyer les Guerriers

    dlite dans les rves de celles qui nousrsistent. Ds que vous serez parvenus ypntrer, notre tche consistera les guriravec laide des Soigneurs.

    Avec un soupir accabl, Aidan appuya satte contre la pierre. Certaines Rveusesrefusaient aux Gardiens laccs de leurinconscient. Parce quelles avaient subi desabus et en refoulaient le moindre souvenir, ou

  • ressentaient une terrible culpabilit pour desactes quelles prfraient oublier. Protgerces femmes des Cauchemars qui lesmenaaient tait une mission ardue, la plusdifficile de toutes. Incapables de comprendrela nature de leurs souffrances intimes, lesGardiens concerns ne pouvaient rien fairepour elles.

    Il en avait vu des horreurs, dans cesesprits-l

    Certaines images guerre, maladie,tortures indicibles resurgirent en force.Malgr leau chaude dans laquelle ilbarbotait, un frisson lui hrissa le poil, carces images le hantaient depuis des sicles.

    Les combats, laction a, il pouvaitgrer. Le sexe, loubli momentan au momentde lorgasme, il les recherchait avec unenergie proche du dsespoir. Homme sensuelaux pulsions insatiables, il baisait etcombattait bien. Les Anciens recouraient sans

  • hsiter ses services quand leurs intrtstaient en jeu. Il connaissait ses forces et sesfaiblesses et se chargeait volontiers desRveuses quon lui confiait.

    Mais lui demander de soccuperexclusivement et sans relche de femmesblesses, ctait tout simplement une plongeen enfer. Pas seulement pour lui, mais pourtous les hommes sous ses ordres.

    Tu dois tre drlement excit, murmuraMorgane en se mprenant sur sa respirationrapide. Les Guerriers dlite adorent les grosdfis

    Il prit une grande inspiration. Le poids desa vocation lui semblait chaque jour pluscrasant, mais il devait garder a pour lui.Pendant un temps, son travail lui avaitinspir un enthousiasme dbordant. Mais la longue, le peu de rsultats pouvaitdcourager les guerriers les plus confiants.

  • Rien, dans les lgendes dautrefois, ne luiavait laiss entendre que son travail neconnatrait pas de fin. On ne pouvaitradiquer les Cauchemars, on ne pouvait queles contrler. tout instant, des milliers demortels subissaient lemprise impitoyable deces entits, auxquelles ils ne pouvaientchapper parce quils ne parvenaient pas se rveiller. Aidan se trouvait dans limpasseet nen pouvait plus. Lui qui voulait desrsultats, il en tait priv depuis des sicles.

    Le sentant proccup, Morgane refermases doigts habiles sur son pnis. Un sourirese forma sur le visage dAidan la promessede dsirs assouvis. Il lui donnerait ce quellevoulait et plus encore.

    En lui accordant pleinement son attention,il parviendrait enfin soublier. Pendantquelques instants, en tout cas.

    On commence comment, ma belle ? Vite et fond, ou je fais durer le plaisir ?

  • Avec un petit bruit de gorge trahissant sonimpatience, Morgane frotta ses mamelonsdurcis contre la poitrine du guerrier.

    Tu sais parfaitement ce que je veux,souffla-t-elle.

    Pour Aidan, le sexe tait presque uneforme damiti ; lacte apaisait sa faimphysique, sans parvenir combler le manquebien plus profond qui le rongeait. Malgrtoutes ces Rveuses dont il croisait la route,malgr les innombrables Gardiens aveclesquels il travaillait, il tait seul.

    Et le resterait pour lternit.

    Jtais sr de te trouver ici ! rugitderrire Aidan un homme la voix grave.

    Tout en continuant ses exercices dans laclairire derrire chez lui, le guerrier seretourna. Dans la lumire rose dunsemblant de crpuscule, son meilleur amimarchait vers lui. Les tempes dgoulinant de

  • sueur, des herbes folles jusquaux genoux,Aidan maniait son glaive sans rpit. Lesheures se succdaient, mais il ne sentaittoujours pas la fatigue.

    Bien vu, Connor. La nouvelle de notre prochaine mission

    se rpand toute vitesse dans nos rangs.Connor Bruce sarrta quelques pas,

    bras croiss, posture mettant en valeur sesbiceps imposants et ses avant-bras muscls.Le gant blond navait ni la rapidit nilagilit de son ami, mais sa force brute lescompensait.

    Je sais, rpliqua Aidan.Il se fendit vers un adversaire imaginaire,

    simulant avec son pe un coup mortel.Les deux hommes se connaissaient depuis

    des sicles. Ils staient lis damiti augymnase des Guerriers dlite. lpoque,ils suivaient des cours innombrables,bchant le jour et se partageant des femmes

  • la nuit. Un lien indestructible stait forgentre eux.

    Les lves de cette cole suivaient unenseignement extrmement rigoureux etslectif. Pendant les moments difficiles, Aidanet Connor staient soutenus mutuellement.Seuls trois des vingt lves de leur promotiontaient parvenus au terme de leurs tudes.

    Ceux qui abandonnaient en cheminchoisissaient dautres missions. Ilsdevenaient Gurisseurs, Joueurs, etc.Certains se tournaient vers lenseignement,tche tout aussi capitale. Matre Sheron, lementor dAidan, avait jou un rle importantdans sa vie. Malgr toutes ces annes, leguerrier prouvait encore son gard uneadmiration et une affection sans faille.

    La dcision des Anciens te contrarie, ceque je vois, lui fit schement remarquerConnor. Mais depuis quelque temps, turprouves toutes les mesures quils prennent.

  • Aidan se figea, laissant retomber son brasarm.

    Cest peut-tre parce que je ne lescomprends pas, justement.

    Tu devrais voir ta tte, marmonnaConnor.

    Quest-ce quelle a, ma tte ? Cest celle de monsieur Jai-cent-

    questions-en-tte.Cest ainsi que Matre Sheron, au

    pensionnat, avait surnomm son lve sirflchi. Ce sobriquet ne lavait plus quitt,comme bien dautres choses quil avaitacquises au cours de sa formation.

    Toutes ces heures tudier sous sahoulette dans la cour de lcole luimanquaient. Sous larbre, assis une tablede pierre, il posait sans fin des questions,auxquelles Sheron rpondait avec unepatience admirable. Ce dernier avait passlpreuve de lInstallation peu de temps

  • aprs la fin de leur formation : devenuAncien part entire, il avait disparu. EtAidan ne lavait plus jamais revu.

    Il tripota le pendentif de pierre que sonmatre lui avait offert la fin de ses tudes. Ilne sen sparait jamais, ctait un souvenirde ce pass rvolu et du jeune hommepassionn quil avait t.

    Tu ne te demandes jamais ce qui peutbien pousser certains vouloir devenir desAnciens ? demanda-t-il son ami.

    Sans doute voulaient-ils trouver desrponses. Mais lInstallation changeaitradicalement les Gardiens. Le jeu en valait-illa chandelle ? Jusqu son Installation,Matre Sheron avait conserv lapparence dela jeunesse, ses cheveux et ses yeux sombres,sa peau hle prsent, il devaitressembler aux autres Anciens : cheveuxblancs, teint blafard, regard dlav Pourune espce quasi immortelle, un changement

  • aussi drastique devait forcment signifierquelque chose. Et quelque chosedinquitant, Aidan en tait intimementconvaincu.

    Non, je ne me pose jamais cette question,rpliqua Connor dun air ttu, la mchoirecontracte. Moi, tout ce que je veux savoir,cest o se droulera notre prochain combat.

    Et ce pour quoi nous nous battons, a netintresse pas ?

    Mais putain, Cross ! Nous nous battonspour la mme chose depuis toujours ! Pourcontenir les Cauchemars jusqu ce que noustrouvions la Cl ! Tu sais comme moi quenous sommes le seul rempart entre leshumains et ces cratures. Nous avons merd,les Cauchemars sont arrivs par notrefaute Moralit, nous devons les maintenir distance jusqu ce que nous trouvions lemoyen de nous en dbarrasser pour de bon.

  • Aidan soupira. Contrairement certainsparasites trop malins pour tuer leur sourcede nourriture, les Cauchemars asschaientleur hte jusqu ce que mort sensuive. Siles Gardiens laissaient les Rveurs sansprotection, lespce humaine finirait parsteindre, anantie.

    Il voyait a dici. Les Rveurs endurant descauchemars sans fin. Terroriss lide desendormir, incapables de travailler ou demanger. Une espce entire dcime parlpouvante et la fatigue. Et la dmence quisensuivrait.

    Daccord, concda-t-il en reprenant lechemin de sa maison. Mais si la Cl nexistaitpas ? Cest une simple hypothse, bien sr.

    Si la Cl nexistait pas ? rpta Connor,qui lui avait embot le pas. Ce serait lamerde, si tu veux mon avis. Savoir quil y aune lumire au bout du tunnel, cest la seule

  • chose qui me pousse continuer, certainsjours.

    Le gant blond plissa les yeux, lui jeta unregard en coin et ajouta :

    Mais o veux-tu en venir ? Et si la lgende de la Cl ntait quun

    gros bobard ? Voil o je veux en venir. Peut-tre quon nous linculque uniquement pourla raison que tu viens dnoncer. Pourmaintenir la flamme de lespoir en nous, etnous motiver quand notre tche nous sembleinsurmontable.

    Aidan fit coulisser la porte shoji souvrantsur le salon, puis se dfit de son fourreau, leposant contre le mur.

    Et si cest le cas, la nouvelle missionquon veut nous confier va desservir lesRveurs. Au lieu de les protger desCauchemars, la moiti des Guerriers dliteva partir la recherche dune illusion. Enpure perte !

  • Je te suggrerais bien daller tirer uncoup, mais ce nest pas a qui te ronge, vuque tu tes dj dfoul ce matin avecMorgane, marmonna Connor en traversant lapice grandes enjambes.

    Il disparut dans la cuisine. Lide dabandonner les Rveurs sans

    protection me dplat fortement. Quant auxpetites cachotteries des Anciens, a me fouten rogne. Moi, je ne crois que ce que je vois.

    Et cest toi qui dis a ? Toi, le chasseurde Cauchemars ? lui lana Connor depuis lacuisine.

    Il en ressortit avec deux bires la main. Alors que notre boulot consiste

    prcisment supprimer des choses que nousne pouvons pas voir

    Ouais, merci, je suis au courant.Aidan accepta la bire que lui tendait son

    ami et partit la boire goulment dans unfauteuil.

  • Cest notre inbranlable rsolution quivient bout des Cauchemars, dit-il, pas nosglaives. Nous les terrorisons. Nous avons aen commun avec ces enfoirs, nous leurinspirons une terreur mortelle.

    Ses parents navaient jamais compris savocation, et la longue un foss staitcreus entre eux. Son pre Gurisseur, samre Soigneuse Exaspr par leursquestions incessantes, Aidan avait pris sesdistances. Il tait incapable de leur expliquerpourquoi il ressentait le besoin daffronterles Cauchemars, plutt que de nettoyer aprsleur passage. Et comme il navait pas dautrefamille, le seul lien affectif qui lui restait taitson amiti avec Connor, quil aimait etrespectait comme un frre.

    Mais si la Cl nexiste pas, que faisons-nous dans ce passage ? lui demanda celui-cien se laissant tomber dans un fauteuilsimilaire.

  • Daprs la lgende, les Cauchemarsavaient dcouvert dans leur ancien mondeune Cl qui leur avait permis de serpandre dans le reste de lunivers,exterminant tout sur leur passage.

    Les Anciens avaient cr in extremis, dansl espace abrg , la faille qui leur avaitpermis de se rfugier dans ce passage reliantla dimension des humains celle que lesGardiens avaient d fuir. Ces concepts dedimensions multiples et de continuum espace-temps, lun relevant de la mtaphysique,lautre de la physique, Aidan avait fini parles comprendre dans toute leur complexit.Mais lide quil existt quelque part un treunique la Cl capable douvrir des failles son gr, parpillant le contenu des mondesdune dimension lautre, cette ide-l, ilavait du mal lassimiler.

    Il lui fallait des faits, des preuvesconcrtes. Un exemple : en se rfugiant dans

  • ce passage, les Gardiens avaient subi deschangements psychologiques indniables.Jusque-l sans dfense, ils taient devenusdes tres presque immortels et quasidsincarns, lgal de leurs ennemis.

    Les Anciens nont pas eu besoin duneCl pour nous entraner dans cette fissure,insista-t-il. Je suis sr que les Cauchemarspeuvent sen passer, eux aussi.

    Donc tu prfres une simple hypothse une croyance communment admise, ricanaConnor en crasant sa canette. Le vin, lesfemmes et la baston Cest a la vie dunGuerrier dlite. Profites-en, Cross ! Quest-ce que tu veux de plus ?

    Des rponses. Jen ai marre de cesAnciens qui me parlent par nigmes. Je veuxla vrit, toute la vrit !

    Tu ne renonces jamais, hein ? Cetteobstination fait de toi un grand guerrier,mais aussi un emmerdeur de premire. Je

  • veux savoir , tu ne sais dire que a. Maiscombien de missions as-tu diriges dont tutais le seul connatre les tenants et lesaboutissants ?

    Rien voir, rtorqua Aidan. L, tu meparles dune rtention dinformationtemporaire. En revanche, les Anciens refusentde partager leurs secrets.

    O est pass le type le plus idaliste queje connaissais ? Quest-il arriv ltudiantqui stait jur de trouver la Cl et de latuer ?

    a, ctaient des vantardisesdadolescent. Ce gamin a grandi. Etmaintenant, il en a marre.

    Jai ador cette priode de ma vie. Jepouvais baiser toute la nuit et dchiqueterdes Cauchemars le lendemain. Maintenant,cest soit lun, soit lautre.

    Aidan comprit que Connor voulait donnerune tournure plus lgre cette conversation

  • explosive. Mais il narrivait plus contenirson inquitude, et son ami tait la seulepersonne qui il pouvait se confier.

    Un ami qui le connaissait assez pourpercevoir sa dtermination.

    coute, CrossLe gant, posant ses avant-bras sur ses

    cuisses, fixa Aidan avec attention : Tu dois oublier tes doutes et rallier les

    troupes. Cest un conseil dami, pas celui deton lieutenant.

    Nous allons gaspiller de prcieusesressources.

    Ben moi, je suis vachement content quea bouge ! Nous navons obtenu aucunrsultat pour linstant, alors nous tentonsautre chose. Cest un progrs. Et toi, pendantce temps-l, tu vgtes Reprends-toi, mets-toi au diapason.

    Aidan se leva et secoua la tte. Rflchis ce que je viens de te dire.

  • Je lai fait. Cest dbile, point final. Tiens, cest quoi, cette odeur ? Hein ? a pue. Lodeur des petits merdeux

    obnubils par leur nombril. Tu me cherches, rpliqua Connor, se

    levant son tour. Comment peux-tu rejeter quelque chose

    sans mme prendre le temps dy rflchir untant soit peu ?

    Ils se dvisagrent pendant un longmoment, tous deux bouillant duneexaspration qui navait pas la mme cause.

    Mais putain, quest-ce qui te prend ?grommela Connor. Quest-ce que a veut dire,tout a ?

    Je veux juste que quelquun toi, enloccurrence envisage la possibilit que lesAnciens nous cachent quelque chose.

    Trs bien. Mais moi, je veux que tuenvisages la possibilit quils ne nous

  • cachent rien du tout. Daccord. Je vais me laver, soupira

    Aidan en passant une main dans ses cheveuxencore humides de sueur.

    Connor croisa les bras. Et ensuite, quest-ce quon fait ? Jen sais rien. Tauras bien une ide. Chaque fois quon suit mes ides, on a

    des emmerdes. Cest pour a que cest toi lecapitaine.

    Faux. Je suis capitaine parce que je suisplus dou que toi.

    Connor pencha la tte en arrire et clatadun rire profond qui dissipa la tensioncomme une brise le brouillard.

    Tu ne les as pas toutes oublies, tesvantardises dado !

    Aidan partit prendre sa douche, esprantquil navait pas oubli tout le reste.

    Il allait devoir donner tout ce quil avaitdans le ventre pour accomplir la mission qui

  • lattendait. Une mission difficile etcompltement absurde, lui soufflait soninstinct.

  • chapitre 1

    Lyssa Bates jeta un coup dil sonhorloge en forme de chat. Bientt dix-sept heures ! Le week-end, enfin

    puise, elle se massa le crne, seslongs cheveux glissant entre ses doigts.Mme quand elle dormait tout son sol,elle narrivait jamais recharger sesbatteries. Elle passait ses jours de congdans une sorte de brouillard, tendue surses draps en dsordre. Elle avait beauboire des litres de caf, elle passait deplus en plus de temps au lit, et sa viesociale se rduisait comme peau dechagrin. Tous les traitements quelle

  • suivait semblaient inefficaces.Contrairement aux insomniaques, ellesendormait sans problme, mais neparvenait jamais trouver le repos.

    Elle se leva et tout son corps protestaquand elle dcida de stirer. Desbougies parfumes brlaient sur lesmeubles-classeurs, leur odeur sucrecouvrant les relents mdicamenteux deson cabinet. Leur parfum tait cens luiouvrir lapptit La jeune femmefaiblissait et maigrissait de jour en jour.Son mdecin voulait linscrire dans uncentre du sommeil pour des examensapprofondis. Elle navait jamais pu serappeler ses rves. Pour son docteur,ctait le symptme dune maladie

  • physiologique dont il ne comprenait pasencore la nature. La camisole de forcene simposait pas, ctait dj a.

    Votre dernier patient vient de sortir,lui signala Stacey, sa rceptionniste, surle seuil du bureau. Vous devriez rentrerchez vous.

    Lyssa parvint lui sourire. Vous avez une mine affreuse, Doc.

    mon avis, vous couvez quelque chose. Srement, marmonna Lyssa. a fait

    au moins un mois que je ne me sens pasdans mon assiette.

    En fait, elle tait patraque depuistoujours, une des raisons qui lavaientpousse choisir une professionmdicale. Elle passait le plus de temps

  • possible dans le dcor douillet de sonagrable clinique au sol dall de marbreblanc. Derrire Stacey, un troit couloirlambriss menait la salle dattente odes paires dinsparables gazouillaienttoute la journe dans quelques cagesanciennes. Lyssa adorait travailler dansce lieu confortable et chaleureux. Saufquand elle se sentait aussi puise.

    Beurk, je dteste tre malade !rpliqua sa rceptionniste, le nez fronc,en sappuyant au chambranle.

    Stacey tait une jeune femmeptillante vtue dune blouse aux motifstirs de dessins anims parfaitementassortis sa personnalit.

  • Jespre que vous allez vousremettre trs vite. Lundi prochain, votrepremier patient sera un labrador quivient pour ses vaccins. Je peux modifierla date du rendez-vous, si vous voulez.a vous laisserait une heure de pluspour dcider si vous avez envie devenir.

    Je tadore, lui dit Lyssa avec unsourire reconnaissant.

    Mais non ! Ce quil vous faudrait,cest quelquun qui soccupe un peu devous. Un petit ami, par exemple. Vu lafaon dont les clients vous regardent,vous nauriez que lembarras du choix

    Stacey mima un sifflement admiratif :

  • Certains namnent leur chien quepour pouvoir vous reluquer, si vousvoulez mon avis.

    Mais jai une mine horrible, cesttoi qui me las dit !

    Faon de parler. Mme larticlede la mort, vous seriez plus jolie que laplupart des femmes dans leur meilleurjour. Ces types nont pas besoin descourriers de rappel pour venir fairevacciner leurs bestioles, vous pouvezme croire.

    Lyssa leva les yeux au ciel : Je viens dj de taugmenter, quest-

    ce que tu veux de plus ? Que vous rentriez chez vous. Mike

    et moi, on soccupe de fermer la

  • clinique. Bon, daccord, jy vaisElle tait reinte, de toute faon. Les

    chiens aboyaient toujours, le matrieldentretien de Mike ronronnait, lesoiseaux ppiaient, mais cetterconfortante cacophonie sattnuaitlentement. La fin de la journeapprochait.

    Mais dabord, je dois mettre un peudordre dans ces papiers

    Pas question ! Si je vous laisse fairemon travail, vous naurez plus besoin demoi !

    Stacey vint ramasser les dossiersposs sur le bureau et lui lana ensortant :

  • lundi, Doc !Un sourire aux lvres, Lyssa attrapa

    son sac, dans lequel elle pcha ses cls.Elle quitta la clinique par la porte dederrire. Son cabriolet BMW noirlattendait sur le parking dsert. Commeil faisait encore chaud, elle dcida derentrer chez elle cheveux au vent etbaissa la capote du vhicule. Le trajetdurait vingt-cinq minutes, quelle mit profit pour siroter un reste de caf froid.Elle avait mont le volume de la radio fond pour ne pas sendormir. Elle netenait pas se tuer ou provoquer unaccident sur lautoroute.

    Sa voiture race se glissait facilementdans la circulation clairseme de la

  • petite ville de Californie du Sud o ellevivait. Elle lavait achete sur un coupde tte, le jour o elle avait enfinaccept de voir les choses en face : sasant dfaillante la condamnait unemort prcoce. Elle navait jamaisregrett son acquisition.

    Pendant les quatre annes qui venaientde scouler, dautres changements toutaussi drastiques staient produits danssa vie : elle stait installe dans lavalle de Temecula, abandonnant unposte de vtrinaire San Diegopourtant trs gratifiant. lpoque, ellecroyait encore que sa fatigue chroniquetait due ses horaires de travailstressants et au rythme de vie bien trop

  • usant de San Diego. Puis elle avaitdmnag et stait sentie mieux pendantdeux ans. Mais dernirement, sa santavait recommenc se dgrader,laffaiblissant comme jamaisauparavant.

    Elle avait donc subi toute une sriedexamens qui avaient limin le lupuset la sclrose des causes plausibles deses problmes de sommeil. On avaitalors souponn la fibromyalgie, puislapne du sommeil. Elle avait absorbdes mdicaments inutiles et port unmasque qui la gnait tant quillempchait carrment de sendormir. Ledernier diagnostic, narcolepsie, lavaitconsterne : il nexistait aucun vritable

  • remde cette maladie. Dsormaisincapable de travailler de longuesheures daffile, elle sentait lentementson esprit lui chapper.

    Le portail en fer forg de sonimmeuble souvrit devant sa voiture.Elle longea la piscine dont elle navaitpas encore profit, puis appuya sur latlcommande du garage, juste au coindu btiment.

    Une fois gare dans son box, elleactionna nouveau la tlcommande. Laporte du garage commenait peine redescendre que Lyssa entrait dans sacuisine aux plans de travail en granit.Elle jeta son sac sur le comptoir o elleprenait son petit djeuner, se dbarrassa

  • de sa chemise en soie ivoire et de sonpantalon bleu, puis se laissa tomber surle canap moelleux. Elle sendormitavant mme davoir pos la tte sur uncoussin.

    ** *

    Aidan frona les sourcils devant leportail mtallique qui lui bloquaitlaccs sa nouvelle mission. La femmeterre derrire cette muraille de tnbresdevait tre srieusement perturbe Ilnavait jamais vu de protection commecelle-ci, si haute quon nen distinguaitmme pas le sommet. Pas tonnant que

  • six autres Gardiens sy soient dj cassles dents.

    Il passa une main dans ses cheveuxqui grisonnaient lgrement au niveaudes tempes. Les Gardiens nevieillissaient pas. moins que lesCauchemars ne les vident de leurnergie vitale, ils taient immortels.Mais toutes les horreurs quAidan avaitvues au fil des ans avaient fini par lemarquer. Fatigu, dcourag, il resserrasa prise sur la garde de son pe etfrappa grands coups contre la porte.Une longue nuit lattendait.

    Qui est-ce ? demanda lhabitantedes lieux dune voix mlodieuse.

  • Il hsita. Elle avait russi susciterson intrt.

    Qui tes-vous ? insista la femmederrire le portail.

    Perturb par cet change imprvu, ilrpondit la premire chose qui lui passapar la tte :

    Je peux tre qui vous voulez. Allez-vous-en, espce de cingl,

    grommela-t-elle. Jen ai ras le bol devous autres.

    Aidan fixa le portail, sidr. Pardon ? Et aprs, on stonne que je ne

    dorme pas bien, avec tous ces types quicognent ma porte pour me tenir des

  • propos incohrents ! Si vous ne voulezpas me dire votre nom, allez-vous-en !

    Quel nom vous ferait plaisir ? Le tien, petit malin !Il eut soudain limpression que la

    femme qui lui parlait tait parfaitementsaine desprit, et que le type perturb,ctait lui.

    Enfin peu importe, monsieurlinconnu, sympa de tavoir rencontr.

    La voix fminine sloigna, et ilcomprit quil la perdait.

    Aidan ! cria-t-il. Ah.Il y eut un silence pesant, puis : Pas mal. Jaime bien. Tant mieux ! Enfin, je crois.

  • Il frona les sourcils sans trop savoircomment poursuivre.

    Je peux entrer ? demanda-t-il.La porte souvrit pniblement en

    grinant sur ses gonds rouills. Il lacontempla un instant, berlu davoirobtenu si vite une rponse positive. Onlavait pourtant prvenu que la tche quilattendait serait extrmement ardue.Lintrieur de lenceinte le surprit toutautant. Il y faisait aussi noir qulextrieur ! Ctait la premire foisquil observait un tel phnomne.

    Tout en pntrant prudemment dans le rve de la femme quil tait chargdaider, il lui demanda :

    Pourquoi restez-vous dans le noir ?

  • Je narrive pas allumer, rpliqua-t-elle schement. a fait pourtant desannes que jessaie.

    Ces mots drivrent jusqu lui dansla pnombre comme une chaude brise deprintemps. Il examina les souvenirs deLyssa Bates, mais ny trouva rien despcial. Ctait une femme ordinaire quimenait une vie banale. Rien dans sonpass ou son prsent ne pouvaitexpliquer ce vide en elle.

    Derrire Aidan, la porte tait toujoursouverte. Sil voulait renoncer, il lepouvait encore. Ou lui envoyer unSoigneur. Il avait accompli sa mission,la plus facile quon lui ait confiedepuis longtemps, mais pour la premire

  • fois depuis des sicles, il ressentait unevague curiosit. Il dcida de rester.

    Bon marmonna-t-il en secaressant le menton. Essayez de penser un endroit o vous aimeriez vous rendre,et emmenez-nous l-bas.

    Fermez la porte, sil vous plat,rpondit-elle en sloignant.

    tait-ce prudent de senfermer avecelle ?

    Et si nous la laissions ouverte ? Hors de question ! Si vous ne la

    refermez pas, elles vont entrer. De qui parlez-vous ? Des Ombres.Aidan garda le silence. Cette femme

    pouvait reconnatre les Cauchemars ;

  • elle les voyait comme des entitsdistinctes.

    Si vous le voulez, je les anantirai. Jexcre la violence, vous savez. Oui, je suis au courant. Cest en

    partie pour cela que vous tes devenuevtrinaire.

    a y est, grommela-t-elle. Je merappelle pourquoi je jette toujours lestypes dans votre genre, vous ne pouvezpas vous empcher de fourrer votre nezpartout.

    Tout en commenant refermer leportail, Aidan ironisa :

    Et pourtant, vous mavez laissentrer plutt facilement

  • Jaime bien votre voix. Votreaccent, il est irlandais, non ? Dovenez-vous ?

    Do aimeriez-vous que je vienne ? Je men fous.Ses pas sloignrent un peu plus. Allez-vous-en, ajouta-t-elle. Je nai

    plus envie de bavarder.Aidan gloussa tout bas. Cette Lyssa

    Bates avait beaucoup de courage. Elledevait se sentir misrable, toute seuledans le noir, mais ne se laissait pasintimider.

    Vous savez quel est votre problme,mademoiselle Bates ?

    Vous et vos amis qui narrtez pasde memmerder ?

  • Vous ne rvez pas correctement.Vous refusez les possibilits sans fin quevous offre votre esprit. Tous ces lieux ovous pourriez vous rendre, ces chosesque vous pourriez accomplir, cespersonnes qui pourraient vous tenircompagnie

    Vous croyez que jaime a, restertout le temps assise dans le noir ? Jeprfrerais tre sur une plage desCarabes, et me rouler dans le sableavec un beau mle

    Les battants du portail se rejoignirentenfin, dans un vacarme pouvantable. Leguerrier laissa chapper un soupir. Quefaire, prsent ? Soigner, gurir ilntait pas dou pour la compassion.

  • Cest quoi, pour vous, un beaumle ? demanda-t-il Lyssa Bates.

    Le sexe, en revanche, il connaissait.Et pour la premire fois depuis trslongtemps, il avait hte de sy mettre. Lafaon irrvrencieuse dont sexprimaitcette femme attisait sa curiosit.

    Je ne sais pas Un type grand ettnbreux Cest ce que nous voulonstoutes, non ?

    Pas forcment.Il savana vers elle. Dans les

    souvenirs de Lyssa Bates, il ne trouvaaucun exemple de ce quelle considraitcomme un beau mle .

    Vous vous y connaissez, on dirait,rpliqua-t-elle.

  • Il haussa les paules, puis se rappelaquelle ne pouvait rien voir dans le noir.

    Je le sais dexprience. Continuez parler, que je puisse vous localiser.

    Pourquoi tenez-vous tant merejoindre ? Restez donc o vous tes.

    Je veux mapprocher de vous parceque il dvia sa trajectoire vers lagauche je nai pas envie de devoircrier.

    Au fait, vous avez une voix trssensuelle.

    Vous trouvez ?Ctait la premire fois quon lui

    faisait ce genre de compliment. Leffetfut immdiat. Il sentit durcir son pnis,qui pourtant en avait vu dautres. Au

  • point quil ne ragissait plus que quandon le caressait. Et jamais sansstimulation visuelle.

    Si jen juge par la vtre, vous deveztre extrmement jolie.

    En explorant lesprit de Lyssa Bates,il dcouvrit une jeune femme en effettrs sduisante, aux beaux yeux sombrescerns de rouge. Sduisante, mais aussipuise, et bien trop frle.

    Si cest vraiment ce que vouspensez, je prfre rester dans le noir,chuchota-t-elle tristement.

    La tristesse. Chaque fois quil seretrouvait confront cette motion, ilfuyait. Les seuls sentiments quilsupportait, ctait le dsir et la colre. Il

  • ne voulait pas prouver dinquitudepour ses congnres, et mme sonpropre sort lui tait indiffrent.

    Il y a parmi nous des personnes quipeuvent vous aider, lui dit-il doucement.

    Ah bon ? Comme le type de la nuitdernire, qui a essay de se faire passerpour mon ex, alors que cet abruti matrompe ?

    Aidan cilla. Il a fait un mauvais choix, murmura-

    t-il. Mais vu lpaisseur du portail, il aquand mme du mrite davoir russi lire ce souvenir en vous.

    Elle clata de rire, un rire profondauquel il ne sattendait pas. Un rire francet vibrant, comme la femme quelle avait

  • d tre autrefois. Que stait-il pass ?Quest-ce qui lavait dtruite ?

    Lautre nuit, ils ont mme tentdimiter ma mre ! gloussa-t-elle.

    Il saccroupit ct delle. Ils ne cherchent qu vous

    rconforter. Ce ntait pas idiot Voustes trs proches toutes les deux, nest-ce pas ?

    Je nai pas besoin de rconfort,Aidan.

    Elle stira en billant. Un parfumcapiteux monta jusqu lui, luichatouillant les narines. Il sassit parterre, jambes croises.

    De quoi as-tu besoin, Lyssa ?

  • De sommeil murmura-t-elle avecune immense lassitude. Je veuxmendormir pour de bon. a fait silongtemps que je ne me suis pasrepose Ma mre parle trop, ellemempche de fermer lil. Et vous etvos copains, vous frappez sans arrt cette foutue porte. Si je vous ai laissentrer, ctait surtout pour vous fairetaire.

    Viens, murmura-t-il en la touchantdans le noir.

    Un corps tide la peau douce selova contre lui. Il imagina un mur qui sematrialisa aussitt derrire lui, syadossa, tendit ses longues jambes enserrant Lyssa dans ses bras.

  • Cest agrable chuchota-t-elle.Son souffle brlant frla le torse

    dAidan par louverture de sa tunique.Cette femme, pourtant si frle, taitdote dune poitrine gnreuse. Cettedcouverte lenchanta.

    Ta voix aussi marmonna-t-elle. Hmm ? Cest cause delle que je tai

    laiss entrerIl lui caressa le dos et lui chuchota de

    douces promesses vides de sens, maispleines de chaleur.

    Tes muscles sont tellement durs quecen est presque inconfortable,grommela-t-elle en lenlaant. Quest-ce

  • que tu peux bien faire pour gagner tavie ?

    Il enfouit son nez dans les longscheveux de la jeune femme et respirason odeur frache et agrable. Lodeurde linnocence. Elle passait sa vie soigner des petites btes, alors que luiconsacrait son immortalit au combat et la mort.

    Je repousse les mchants, chuchota-t-il.

    Pas facile, on dirait.Il resta silencieux. Sil prouvait un

    besoin presque irrsistible de seconsoler dans les bras de Lyssa,contrairement son habitude, il ne tenaitpas soublier en elle. Il voulait juste la

  • serrer contre lui, sabandonner aurconfort quelle pouvait lui apporter.Elle gagnait sa vie en gurissant lesanimaux, et pendant un court instant, ileut envie de gurir, lui aussi.

    Il carta cette envie sans piti. Je meurs de sommeil, Aidan Alors repose-toi, murmura-t-il. Je te

    promets que personne ne te drangera. Tu es un ange ?Il sourit et ltreignit encore plus fort. Non, ma belle. Je ne suis pas un

    ange.Un doux ronronnement lui rpondit.

    ** *

  • Lyssa se rveilla. On lui secouait lajambe avec une certaine vigueur. Elledcouvrit avec stupfaction quelle taitallonge sur son divan, et surtout quellese sentait merveilleusement bien. Lesoleil de laprs-midi inondait son salonpar la baie vitre et Chamallow, sonchat tigr, miaulait dun air mcontentparce quil se sentait dlaiss.

    Elle se redressa, se frotta les yeux etsourit en entendant gronder son estomac.Pour la premire fois depuis dessemaines, elle mourait de faim.

    Je ne sais pas pourquoi je nai paspens plus tt dormir sur le divan,murmura-t-elle son chat en le grattantderrire les oreilles.

  • La sonnerie du tlphone la fitsursauter. Elle se prcipita vers lecomptoir du petit djeuner et dcrochale combin.

    Docteur Bates, salua-t-elle, lesouffle coup.

    Salut, docteur ! sexclama sa mreen riant. Tu as encore dormi toute lamatine, cest a ?

    Oui, je crois, rpondit Lyssa enjetant un coup dil lhorloge.

    Presque treize heures. Mais cette fois-ci, jai limpression

    que a a march, ajouta-t-elle. a faitdes mois que je ne me suis pas sentieaussi bien.

  • Assez bien pour sortir djeuneravec moi ?

    cette pense, son estomac rugit deplaisir.

    Et comment ! Tu seras l danscombien de temps ?

    Je suis au coin de la rue. Parfait !Tout en discutant avec sa mre, elle

    saupoudra de nourriture pour poissonsleau sale de son aquarium. Unpoisson-clown affam remonta lasurface, lui arrachant un sourire.

    Entre et fais comme chez toi,maman. Je file me laver !

    Elle jeta le combin sur le divan, puisslana dans les escaliers. Aprs sa

  • douche, elle enfila en quatrime vitesseun jogging confortable en velourschocolat, peigna ses cheveux humides etles releva. Malgr lincroyable bien-trequi lavait envahie, son miroir lui appritque ses cernes navaient pas disparu.

    Sa mre, en revanche, tenait uneforme olympique. Elle portait unpantalon cigarette rouge et uneminuscule veste assortie qui lui allaient ravir. Cheveux blonds coups au carr,lvres fardes de rouge, Catherine Batesnavait pas laiss ses deux divorcesentamer son envie dtre belle et desduire.

    Elle parlait dj de tout et de rien.Lyssa lentrana jusquau garage et la

  • poussa dans son cabriolet. Allez, on y va ! Tu parleras dans la

    voiture. Je meurs de faim ! Tu dis toujours a, et ensuite tu

    picores comme un petit oiseauLyssa sortit en marche arrire, sans

    relever la remarque de sa mre. O est-ce quon va ? demanda-t-

    elle. a te dirait, le Soup Plantation ?

    suggra Cathy Bates, lil critique. Ohet puis non. Nous devons te remplumerun peu. Allons au Vincents

    Des ptes ? Miam !Lyssa en salivait dj. Elle tourna au

    coin de son immeuble, puis acclra.Aprs cette fabuleuse nuit de repos, elle

  • se sentait prte conqurir le monde.Quel plaisir davoir de lnergie, dtrede bonne humeur ! Elle avait presqueoubli ces sensations.

    Le restaurant italien tait aussi bondque dhabitude, mais elles trouvrentvite une table libre. Dans ce dcor denappes carreaux rouges et blancs, depetites bougies allumes et de chaises enbois, une ambiance provinciale pluttdcontracte rgnait. peine assise,Lyssa sattaqua avec enthousiasme unmorceau de pain au romarin tout justesorti du four.

    a alors ! Tu devrais te voir !sexclama sa mre dun ton approbateuren levant son verre pour rclamer du

  • vin. propos, je me demande si ta surmange assez, elle aussi. Daprs sonobsttricienne, ce sera encore un garon.Elle essaye de lui trouver un prnom.

    Oui, elle me la dit.Lyssa dgusta un nouveau bout de pain

    imbib dhuile dolive, puis consulta lemenu. Il y avait foule cette heure. Levacarme tait tel quon distinguait peine la musique italienne diffuse parles haut-parleurs. Exactement le genredambiance quil lui fallait pour avoir nouveau limpression dappartenir lacivilisation.

    Jai rpondu que je navais que desnoms danimaux domestiques lui

  • proposer, prcisa-t-elle. a na pas eulair de lui convenir.

    Et moi, je lui ai suggr deconsulter le livre sur les prnoms que jelui ai offert. En commenant par la lettreA, et en continuant jusqu Z. Adam,Alden

    Aidan ! scria Lyssa, la bouchepleine. Ne me demande pas pourquoi,mais jadore ce prnom

    Une douce chaleur se rpandit en elle.

    ** *

    Ctait une belle nuit de Crpuscule,avec un ciel semblable un daisdbne constell dtoiles. Au loin, le

  • rugissement des cascades couvraitpresque les rires et la musiqueassourdie. Les Gardiens samusaientpour oublier les tensions dune longuenuit de labeur, mais pour Aidan, letravail ne faisait que commencer.

    Il franchit larche immense du Templedes Anciens. Au chzuya, il saisit lalouche pose ct de la fontaine, laplongea dans leau pour se rincer labouche, puis se lava les mains avant decontinuer sa route.

    Il traversa la cour centrale enmaugrant et pntra dans le haiden olattendaient les Anciens. Ils taient tousassis sur des gradins en demi-cercle,face lentre encadre de colonnes.

  • Des gradins si nombreux que lesGardiens avaient renonc depuislongtemps en dnombrer les occupants.

    Capitaine Cross ! sexclama lundes sages.

    Aidan aurait t bien en peine dedsigner celui qui stait adress lui.Comme toujours, il eut une pense pourMatre Sheron, son professeur perdudans la multitude, individu noy au curdune sorte de conscience collective.Cette pense lattrista.

    Il sinclina avec respect. Je vous salue, Anciens. Dis-nous tout ce que tu sais sur

    Lyssa Bates, ta Rveuse.

  • Il mourait denvie de les envoyerbalader, mais parvint conserver uneexpression impassible. Il se redressa. Lesimple nonc de ce nom avait suffi lefaire frissonner de plaisir. Les rves deLyssa taient peupls de tnbres, etpourtant il avait ador les momentspasss avec elle. Bien labri derrirele gigantesque portail, il avait eu letemps de savourer la confiance quellelui portait. sa grande surprise, ellestait tourne vers lui, Aidan, leprfrant nimporte quel fantasme nde son imagination. Elle avait compati son sort, avait vu en lui davantage quunrobot qui ne rvait que de combatsnergiques et de possession charnelle.

  • Je vous ai dit tout ce que je sais. Il doit y avoir autre chose. Sept

    cycles de sommeil se sont coulsdepuis ton entre dans son rve. Elle arefus tous les autres Gardiens.

    Laissez-la tranquille. Aucun dangerne la menace, tout va bien. Elle nouslaissera venir quand elle se sentiraprte. Pour linstant, elle na pas besoinde nous.

    Certes, mais peut-tre avons-nousbesoin delle.

    Trs raide, Aidan balaya du regardlocan de visages tourns vers lui. Soncur se mit battre plus vite dans sapoitrine. Dinnombrables silhouettes ledvisageaient fixement. Elles se

  • ressemblaient toutes, leurs capuches grisfonc masquant la partie suprieure deleurs traits. Une seule entit

    Que voulez-vous dire ? Elle ta demand.Son cur semballa. Ainsi, elle se

    souvenait de lui ? Une grande chaleurlenvahit, mais il prfra leur cacher saraction.

    Et alors ? rpliqua-t-ilddaigneusement.

    Comment se fait-il quelleconnaisse ton nom vritable ?

    Elle me la demand. Et comment expliques-tu quelle

    parvienne djouer tous les simulacresque nous lui prsentons ?

  • Elle est mdecin, donc intelligente. Est-elle la Cl ?Aidan frona les sourcils. Non. Si vous la connaissiez, vous

    sauriez que cette hypothse est ridicule.Cette femme redoute les Cauchemarsautant que nous, elle ne leur ouvriraitjamais le passage. En outre, elle estabsolument incapable de contrler sesrves. Mme crer de la lumire est tropdur pour elle, alors elle reste assisedans le noir

    Nous devons lui envoyer dautresGardiens pour vrifier que tu dis vrai,mais elle refuse de nous laisser entrer.Si nous ny parvenons pas, nous devronsenvisager le pire et la dtruire.

  • Aidan se mit faire les cent pas, lesmains dans le dos, sefforant de trouverdes arguments pour contrer leurparanoa.

    Que puis-je faire pour vousconvaincre ?

    Retourne dans ses rves, et dis-luide nous laisser entrer.

    Il rvait de la revoir tout autant quille redoutait. Dj cette semaine, ilnavait pu sempcher de sinquiterpour elle. Allait-elle bien ?

    Dire quelle pensait luiUn doux frisson le parcourut. Il avait

    fouill de fond en comble lesprit deLyssa et aimait ce quil y avaitdcouvert. Il la connaissait aussi

  • intimement que possible et ne rvait quede passer plus de temps avec elle.

    Pourtant, il tait tiraill entre deuxdsirs contradictoires, la revoir oulviter tout prix. Comme un hommeaffam qui lon aurait demand dersister un tal de ptisseries.Frquenter Lyssa pourrait le combler unmoment, mais ensuite, le manque qui lerongeait deviendrait plus terribleencore. Les tourments qui lassaillaientdj en taient la preuve vidente.

    Si tu refuses, nous naurons pas lechoix, Cross.

    La menace de lAncien flotta entreeux pendant quelques secondes. Ilarrivait parfois quun Gardien retourne

  • voir sa Rveuse, mais ctait rarissime,et lon navait jamais rien exig de teldun Guerrier dlite. Il dcida pourtantdobir cet ordre. Il navait quconserver ses distances, comme illavait toujours fait.

    Trs bien, jirai. Elle restera ta charge jusqu ce

    quelle souvre aux autres Gardiens.Il ne put leur cacher sa surprise : Mais dautres missions

    mattendent ! Tes qualits de chef vont nous

    manquer, cest vrai, concda lAncien.Cependant, la capacit de cette femme barrer la route la fois aux Cauchemarset aux Gardiens est unique. Nous devons

  • savoir pourquoi elle agit ainsi etcomment elle sy prend, et peut-trepourrons-nous implanter ce don dautres Rveurs. Imagine lavantageque ce serait, sils devenaient capablesde se dfendre seuls.

    Le guerrier sarrta et leur fit face : Il y a autre chose. Si vous ne vous

    proccupiez que de son bien-tre, vousenverriez un Gurisseur ou un Soigneurpour lamadouer.

    Au lieu de quoi ils prfraient luienvoyer un homme impitoyable, un tueur.

    Il y eut un silence, puis : Sil se confirme quelle est la Cl,

    tu es le plus mme de la supprimer.

  • Son sang se figea dans ses veines. cause dune lgende idiote, la douce etpure Lyssa Bates risquait la mort. Il enavait la nause. Depuis quelque temps, ilhassait le mtier quil avait choisi.Assassiner des tres dtruits par la folie,ou mme ces Cauchemars incarnant lemal, ctait dj assez dur. Si on luidemandait maintenant de tuer desinnocents, il ne pourrait le supporter.

    Tu es rest avec elle, Cross. Tuaurais pu te retirer, laisser la place unautre, mais tu es rest. Il est donc normalque tu poursuives cette mission. Tu nedois ten prendre qu toi-mme.

    Aidan tendit les bras vers les gradins.

  • Mais quest-ce qui nous arrive, pourque nous, Gardiens, censs protger lesinnocents, nous mettions tuer,simplement parce que nous necomprenons pas ?

    Nous devons trouver la Cl et ladtruire, psalmodia le chur desAnciens.

    Oubliez cette maudite Cl ! rugit-il, son cri rsonnant comme un coup detonnerre sous le dme.

    Les Anciens tressaillirent de concert. Pourquoi, alors que vous tes si

    sages, tes-vous incapables de voir lavrit en face ? Il ny a pas de Cl ! Cenest quun rve, un mythe, une illusion !

    Il pointa vers eux un doigt accusateur.

  • Vous prfrez vous voiler la face,plutt que daffronter la ralit. Vousprfrez croire quil existe quelque partun tre miraculeux qui vousdbarrassera un jour de la culpabilitdavoir ouvert la porte aux Cauchemars ;mais nous navons rien dautre que notrevolont leur opposer, et nousgaspillons nos forces pour la qutedune chimre. La guerre naura jamaisde fin ! Jamais ! Tout ce que nouspouvons faire, cest continuer aiderceux que nous pouvons encore sauver.Mais que deviendrons-nous, si nousnous mettons tuer sans discernement lebon et le mauvais pour un mensonge ? moins il baissa le ton, menaant

  • moins que vous ne nous dissimuliezcertaines choses. Des preuves, parexemple.

    Un silence assourdissant rpondit son explosion de colre. Il ne regrettaitaucun de ses propos. Il navait faitqunoncer des vidences.

    Un autre Ancien prit la parole : Tu ne nous avais rien dit de ta foi

    vacillante, capitaine Cross, rpliqua-t-ildun ton bien trop calme. Toute chosevient en son temps, cependant, et ton tatdesprit nous confirme que nous avonsraison de te confier cette mission.

    Aidan se referma comme une hutre.De toute faon, ctait ce quil avait demieux faire.

  • Trs bien. Je retourne auprs delle.Et je continuerai lui rendre visitejusqu ce que je reoive un ordrecontraire de votre part.

    Il espra que les Anciens netarderaient pas reprendre leurs espritset raliser quel point leurs croyancestaient devenues fanatiques. Enattendant, il protgerait Lyssa la foisdelle-mme et de lordre qui avait jurde le faire.

    Il tourna rageusement les talons etquitta les lieux dans un tourbillon derobes noires.

    Il ne vit pas le sourire collectif desAnciens. Et personne ne vit quun desAnciens ne souriait pas.

  • ** *

    Que se passe-t-il ? Tu avais lairdaller si bien le week-end dernier

    Lyssa roula sur le ventre et enfouit sonvisage dans les coussins noirs du divan.

    Cette nuit de repos tait un coup dechance.

    Sa mre sassit par terre ct delle. Tu dors mal depuis ta naissance,

    chuchota-t-elle en lui caressant lescheveux. Dabord il y a eu les maladiesinfantiles, ensuite les cauchemars, lesfivres

    Emmitoufle dans son couvre-lit vert,Lyssa frissonna ce souvenir. Les bainsdeau glace, quelle horreur !

  • Perch sur laccoudoir du divancomme son habitude, Chamallowcracha soudain contre madame Bates.

    Cet animal est tar, marmonna-t-elle. Il dteste tout le monde !

    Je ne men sparerai jamais. Cestle seul mec qui maccepte telle que jesuis.

    Jaimerais tant pouvoir taider, machrie

    Et moi donc. Jen ai ras le boldtre malade et fatigue.

    Tu devrais passer dautres examens. Ah non, piti gmit Lyssa. La

    pelote dpingles humaine, cesttermin, maman. Plus jamais a !

  • Mais tu ne peux pas continuer vivre ainsi !

    Ah bon ? Parce que pour toi, je vis,l ? Si cest a, la vie, je crois que lamort est prfrable.

    Lyssa Ann Bates, ne redis plusjamais une chose pareille ! Sinon jeje

    Incapable de trouver une menace pireque la mort, sa mre se releva engrommelant.

    Je vais te prparer une bonne soupede nouilles au poulet. Tu as intrt laboire jusqu la dernire goutte, jeunefille. Cest bien compris ? Jusqu ladernire goutte. Je pars acheter lesingrdients.

  • Maman, va-ten Laisse-moidormir !

    Elle ferma les yeux de toutes sesforces.

    Je reviens, Lyssa. Je nabandonnejamais. Et toi non plus, dailleurs.

    Elle entendit vaguement sa mreramasser ses cls, puis sortir. Enfin, lapaix, songea-t-elle, soulage. Ellesombra aussitt dans le sommeil

    et se rveilla en sursaut. Quelquunfrappait au portail.

    Quest-ce que vous voulez ? Foutezle camp ! sexclama-t-elle, exaspre,en changeant de position dans le noir.

    Lyssa ?

  • Embelli par un accent de sduction,son prnom driva lentement jusquelle. Elle se figea, son cur manqua unbattement

    Aidan, cest toi ? Oui. Je peux entrer ?Elle sassit, plia les jambes et ramena

    ses genoux contre elle. O tais-tu pass ? Je travaillais.Il y eut un long silence, puis il ajouta

    dune voix douce : Je me faisais du souci pour toi. Mais quel charmeur ! ironisa-t-elle

    pour lui cacher le plaisir que luiinspirait sa remarque.

  • Dune simple pense, elle ouvrit leportail. Elle aurait tant aim voirlhomme qui possdait cette voix.Il entra dun pas confiant et rgulier quien disait trs long et lui donnait unsentiment de scurit.

    Tu peux refermer le portail, lui dit-il.

    Elle sexcuta aussitt et lentenditralentir : il essayait de la localiser.

    Il fait toujours aussi noir, ici,commenta-t-il.

    Oh, tu as remarqu ?Les pas se rapprochrent, prcds

    dun petit rire chaleureux qui parutprendre tout lespace.

    On va soccuper de a.

  • Eh bien jespre que tu nes paspress, rpliqua-t-elle, ironique, parceque a fait des annes que je moccupede a .

    Jai tout le temps quil faudra.Elle frissonna malgr elle. Ridicule !

    Elle craquait pour une voix. Pour uncorps muscl aussi. Et pour ces braspuissants. Pour cette patience, cettetendresse. Elle se sentait si seule Pasde vie sociale, pas de petit ami Toutesces choses lui manquaient terriblement.

    Tu pourrais continuer me parler,que je puisse te situer ?

    Une immense amertume la submergeabrutalement, et sa gorge se serra. Elledut dglutir avant de lui rpondre :

  • Je perds la tte, Aidan. Je deviensstupide. Je pleure pour des trucs idiots.

    Il sapprocha delle sans plus ralentirni marquer la moindre hsitation.

    Jadmire les gens qui assument leursmotions.

    Quest-ce que tu veux dire ?murmura-t-elle.

    Exactement ce que jai dit. Tu ne peux pas admirer une femme

    qui reste assise dans le noir parcequelle est trop bte pour allumer lalumire.

    Aidan saccroupit ct delle. Si, je peux. Et je le fais. Comment as-tu fait pour me trouver

    si vite ?

  • Elle frissonna. Il tait tout prs delleet lui parlait dune faon si intime. Ellene pouvait pas le voir, mais elle devinaitle regard sensuel et brlant quil posaitsur elle.

    Ton odeur, rpondit-il.Il enfouit son visage dans les longs

    cheveux de Lyssa et inspira pleinspoumons. Ptrifie, elle sentit un frissonparcourir sa peau, tandis quunepalpitation presque imperceptible luichatouillait les entrailles. Aidansadossa un mur et la serra contre lui.

    Tu peux ouvrir et refermer la portesans la toucher, Lyssa

    Wouah, cest vrai ! Et sans mme ypenser

  • Donc, tu es parfaitement capablede contrler ton environnement si tu lesouhaites, insista-t-il dun ton bizarre.

    Elle frona les sourcils, perplexe. Dans ce cas, o est la bire frache

    dont je rve ? O sont mes vacancesidales ?

    Avec un beau mle, cest a ? lataquina Aidan.

    Il parvint peine contenir son rire.Le beau mle, je lai dj. Lyssa se

    mordit les lvres. La voix sensuelle duguerrier semblait lui promettre tant dechoses Et puis ce corps muscl, ceslongues jambes puissantes Elle touchales cheveux courts dAidan et lesdcouvrit pais et soyeux. Dans ce noir

  • absolu qui la privait du sens de la vue,des images lascives lassaillirent, ellese vit en train de caresser la tte de cethomme niche entre ses cuisses

    Elle lentendit inspirer entre ses dentsserres. Il la tenait troitement enlace ;il avait donc d sentir durcir le bout deses seins contre son torse Elle sedgagea vivement et sloigna un peu.

    Dsole, marmonna-t-elle en faisantles cent pas dans cette obscurit quelleconnaissait si bien.

    Il garda longtemps le silence, puis seracla la gorge.

    Bon, si on essayait de dcouvrircomment tu ty prends pour contrler laporte ?

  • Elle ne stait jamais sentie aussiembarrasse de toute sa misrable vie.

    Tu sais ce que je pense, Lyssa ?murmura-t-il dans un souffle.

    Non, quoi ?Que je suis une cingle en manque

    de sexe ? Je crois que tu es trop dissipe pour

    rver. Trop excite, tu veux dire !Pieds nus sur le sol tide, elle

    sloigna pas de loup de lhommequelle dsirait. Pour la premire foisdepuis longtemps, elle regrettait de nepas tre seule. Elle se sentait nouveaumaussade et frustre.

  • Tu te dbrouilles trs bien quand tunas rien dautre lesprit ! lana-t-il,lui arrachant un ricanement.

    Allez, dis-le, grommela-t-elle toutbas. Jai besoin de menvoyer en lair.

    Deux bras puissants se nourentsoudain sur son ventre. Le dos plaqucontre un torse dur comme le roc, ellesentit un sexe en rection flatter lacourbe de ses fesses, prsence ardente etbien concrte dont la chaleur traversases vtements jusqu sa peau. Elleperdit tous ses moyens, incapabledintgrer le fait quAidan puisse avoirenvie delle comme elle avait envie delui.

  • Je ne vais pas me contenter de te ledire, ma belle.

    Il lobligea lui faire face,lembrassa sur la bouche avec un apptitvorace, lallongea sur le sable dor

  • chapitre 2

    Aveugl par le soleil, Aidan sabritales yeux pour contempler la femme quiltenait dans ses bras. la vue desboucles dor rpandues sur le sable, soncur sarrta de battre.

    a alors o sommes-nous ?souffla-t-elle, ses adorables yeux noirsagrandis par la surprise.

    Une douce brise tropicale leurcaressait la peau et une mlodie reggaeslevait au loin. Aidan ne pouvait laquitter du regard. Dboussole, elleenfonait ses ongles courts dans lesavant-bras du guerrier et ce dernier,

  • incapable de formuler le moindre motpour la rassurer, la dvorait des yeux.Lyssa Bates tait dune beautstupfiante : traits la fois classiques etsensuels, bouche pulpeuse qui semblaitfaite pour les baisers, yeux superbes enamande au regard innocent brillantdintelligence. Pourquoi se croyait-ellesi abme par la fatigue ?

    Parce que cest ainsi quelle se sent. Oh ! Seigneur tu es magnifique

    murmura-t-elle en lui frlant le visagedu bout des doigts.

    Tout dun coup, ils se retrouvrent nouveau plongs dans le noir. Lamusique se tut et la brise embaume sedissipa, les laissant tous les deux

  • troitement enlacs, leurs curspalpitant lun contre lautre.

    Que sest-il pass ? scria-t-elle,due.

    Toujours sous le choc de ce quilvenait de voir, Aidan stait fig.Jusqualors, il avait pu se contenter delodeur de Lyssa, du contact de soncorps, de son parler franc et direct. Sonapparence physique, il sen moquait. Ildsirait juste lui faire lamour jusqulinconscience. Pour lui, le sexe taitune simple distraction, et la jeune femmelui avait sembl sur la mme longueurdonde.

    Puis il lavait aperue. Et maintenant,il voulait bien plus.

  • Ton rve ta chapp parce que tu aseu peur, grogna-t-il, la voix rauque.

    Tandis quil rflchissait auximplications de ce quils venaient devivre, Lyssa lui caressa le visage nouveau, dessinant ses traits de sesdoigts comme un sculpteur laurait fait.Il navait aucune ide de ce quelle avaitvu quelques instants plus tt. Elle luiavait donn lapparence dun fantasme,de lhomme de ses rves, comme lesautres Rveuses, mais pour la premirefois il en ressentait de lamertume,regrettant que ce ne soit pas lui quelledsire ni son vrai visage quelle admire.

    Aidan ? chuchota-t-elle dune voixdouce et timide.

  • Cette femme se sentait terriblementseule.

    Comme lui.Les yeux ferms, il roula sur le dos en

    la serrant contre lui. Il avait unproblme. Sa gorge se serra cettepense, entravant sa respiration. Ilsduisait les femmes depuis des sicles,suffisamment pour savoir quune chosefragile tait ne durant le court instant oleurs regards staient croiss.

    Une chose quil devait rduire enmiettes quitte briser Lyssa avec.

    Quoi ? rpondit-il dun ton brusque.Il sentit la confusion se rpandre en

    elle comme une onde de choc. Ctait le

  • moment de la laisser partir, de larepousser.

    Il ne put sy rsoudre.Quand Lyssa se pencha sur lui, ses

    longs cheveux au doux parfum tombrenten cascade autour de sa tte comme pourles isoler du monde. Il oublia tout ce quilentourait, sauf cette jeune femme et lafivre quelle provoquait en lui. Leslvres de Lyssa frlrent les siennes,baiser lger, pression peineperceptible Il poussa un gmissementde plaisir. Enhardie par sa raction, ellelui humecta la bouche du bout de lalangue, puis se mit suoter sa lvreinfrieure. Son pnis ragit aussitt,presque douloureux. Et ce fut pire

  • encore lorsquelle plaqua ses seinscontre son torse.

    Pour la premire fois de sonimmortelle existence, Aidan Cross,Guerrier dlite et sducteurprofessionnel, succombait corps et me une femme. Lyssa Bates taitdcidment trs doue. Lui qui ntaitcens que la distraire et lui fairelamour, il pressentait maintenant ledanger et les complications quallaiententraner leurs bats. Il ne rflchissaitplus aux tapes suivre pour exciterLyssa afin de la prendre au plus vite, soncerveau ntant plus capable que depaniquer face ce dsir qui ne cessaitde crotre. Il voulait la serrer contre lui,

  • prendre son temps pour la caresser deses mains et de sa bouche jusqu ceque, au bord de la folie, elle le suppliedenfin la pntrer et de la faire jouir

    Pas pour soublier, mais pour seretrouver. Pour retrouver le jeunehomme plein despoir quil avait tautrefois, quand il navait pas encorepeur daimer.

    Il ouvrit la bouche pour parler maiselle lui vola ses mots en lembrassanttendrement. Une petite langue se glissaentre ses dents puis se lova contre lasienne, suscitant en lui des frissons devolupt. Cuisses colles ses hanches,chatte plaque contre son membre, Lyssacommena onduler sur lui, tout son

  • corps oscillant avec souplesse. Grispar cette caresse inattendue, Aidan semit suer, pris de vertige. Il tenta de larepousser, mais ses muscles refusrentde lui obir.

    Sable ! haleta-t-il en tournant la tte.Tandis que Lyssa en profitait pour lui

    mordiller la mchoire, un matelas desable se matrialisa sous lui.

    Soleil !Sil dtournait lattention de sa

    compagne, il parviendrait peut-tre calmer ses ardeurs. Et sauver sa peau.Il ne pouvait laisser se dvelopper lafascination naissante quelle luiinspirait. Une relation entre eux taitimpossible. Il devait consacrer chaque

  • parcelle de son nergie au combat et nepouvait se permettre de perdre laconcentration que ses missionsdemandaient.

    La luminosit saccrut lentementautour deux, comme si le soleil selevait. En traversant la chevelure deLyssa, cette lueur dore lui fit une sortedaurole. Elle ressemblait vraiment un ange, cette femme la fois directe etingnue, mais un ange sans doute moinsfragile quil ne lavait tout dabord cru.

    Je ten supplie, ne tarrte pas, luisouffla-t-elle loreille, dclenchant enlui une nouvelle vague de frissons.

    Tu ne comprends pas chuchota-t-il entre ses dents serres.

  • Elle sassit franchement sur lui. Sachaleur corporelle brlante embrasaaussitt la partie la plus sensible delanatomie du guerrier.

    Tu me veux, rtorqua-t-elle dun airttu.

    Oui, mais il y a des choses que Et je te veux.Elle recommena son va-et-vient, lui

    arrachant un grognement. Et merde, marmonna-t-il en roulant

    sur le sable pour la clouer sous sonpoids.

    Tu lis dans mes penses, gloussa-t-elle, le regard ptillant.

    Aidan fit taire la petite voix qui luiintimait dy rflchir deux fois et

  • laissa son corps diriger les oprations.Il savait comment sy prendre avec

    les femmes. Il leur faisait lamourdepuis des sicles, mais jamais il nenavait dsir une ce point. Lui quipouvait affronter sans trembler deslgions de Cauchemars, il avait peur dece qui lattendait avec Lyssa.

    Oublie tout le reste, lui dit-il sansmnagement. Et laisse-moi mener ladanse.

    Cest dj le casPour dompter le rve de Lyssa, Aidan

    dut se concentrer comme jamais. Leurenvironnement se modifia, crant autourdeux une sorte de yourte tapisse develours o flottait un parfum exotique.

  • la lueur des bougies poses un peupartout, de lencens se consumait,envoyant dans latmosphre de mincesspirales blanches dune fume capiteuse.Au centre de la yourte trnait un litimposant couvert de chles de soiemulticolores. Et au milieu de cettecouche ronde, sur ces douces toffes,reposaient Aidan et Lyssa, troitementenlacs. Le guerrier avait pris sadcision, il ferait tout pour que la nuitsoit inoubliable. Ils navaient quuntemps limit devant eux et il tait biendcid rassasier pleinement lapptitqui les dvorait.

    a alors chuchota-t-elle, les yeuxcarquills. Mais comment ?

  • ChutIl posa ses doigts sur la bouche de

    Lyssa : Plus un mot.Couch sur le ct, il lui prit une

    main, la posa sur sa poitrine etmurmura :

    Sens le rythme de ma respiration. Hum Je prfrerais sentir ta peau

    nue contre la mienne. Je mne la danse, tu te souviens ?Il se mit imiter le souffle rapide de

    Lyssa, puis ralentit la cadence. Fais comme moiLa jeune femme sexcuta jusqu ce

    quils inspirent et expirent lunisson.Cela demandait une telle concentration

  • que son attention se recentrabrusquement sur le moment prsent. Ellefut submerge de sensations : senteursexquises flottant dans latmosphre,poids du corps ferme et puissant de sonamant, contact soyeux des chles

    Elle laissa errer son regard,dcouvrant dans la lueur mauve deslanternes huile de lourds bouquetsdhibiscus dans des vases de verre, etdes cierges plants dans des chandelierssertis de pierres prcieuses. Quelquesrayons de lune tombant dun oculussaupoudraient la scne dargent. Toutcela confrait la chambre uneatmosphre rotique et magique.

  • Alors que le monde de Lyssa secontractait et se rduisait cette yourteet lhomme qui loccupait avec elle,elle sentit le lien magique qui la reliait lui se resserrer davantage.

    Continue respirer en gardant cerythme, chuchota-t-il.

    Sa voix tait si grave, si sensuelle,quelle branla la jeune femme despieds la tte. Puis il tendit la main, etune petite fiole contenant un liquide dorapparut.

    Tu mapprendras faire ce genre dechoses ? murmura-t-elle.

    Il sagenouilla prs delle avecsouplesse et se versa dans la paume unpeu dhuile parfume au jasmin.

  • Oui, mais pas ce soir. Ce soir, jevais te donner ce que nous voulons tousles deux.

    En le voyant baucher un sourire, ellesentit son cur bondir dans sa poitrine.Elle avait du mal y croire : elle allaitfaire lamour avec un homme quelleconnaissait peine !

    Mais elle tait dans un rve et dansles rves, les tabous nont pas lieudtre. Pas besoin de passer par lestapes habituelles du parcoursamoureux, sortie cinma, dner et tout lereste ; pas besoin de suivre lesrgles , et dattendre de se connatreassez pour aller jusquau bout .

  • Ces rgles taient absurdes de toutefaon. Elle savait dj tout ce quelledevait savoir. Doux, lcoute de sesmoindres dsirs, il avait cr pour elleun environnement luxueux. Sil navaitcherch qu la possder, il lauraitprise dans le sable Mais sa priorit,ctait de donner du plaisir sapartenaire.

    Tout en conservant une respirationrgulire et profonde, elle examina lecorps de son amant, dont la peau satine,tendue sur des pectoraux bien dessinset des abdominaux splendides, luisait la lueur des bougies. Elle sattarda surles biceps que les mouvementscirculaires des mains rchauffant lhuile

  • faisaient ondoyer. Puis son regarddescendit sur lobjet de son dsir etleau lui vint la bouche et entre lesjambes. Empoignant limposant pnis enrection, elle chuchota :

    Il est tellement impressionnant.Elle frissonna en imaginant Aidan

    usant de cet allchant membre pourlamener lorgasme.

    a alors Aprs toutes ces annes,elle avait enfin trouv lhomme idal !Cette pense la fit frtiller dexcitation.Dj sensibilise lextrme, sa peausenflamma.

    son grand contentement, Aidan, sonimposant phallus dress jusquaunombril, lenfourcha. Les paules

  • robustes du guerrier occupaientdsormais tout son champ de vision. Ilmesurait plus dun mtre quatre-vingts,mais sa large carrure ne leffrayait pas.Elle se sentait protge, au contraire, etlide de partager sa couche avec cemle superbe lmerveillait. Il avait unetaille incroyablement fine, des hanchessveltes, des cuisses puissantes. lvocation de ces cuisses entre lessiennes, elle dglutit. Ny tenant plus,elle posa les doigts sur la somptueuserection. Et lexplora sur toute salongueur, muette dadmiration.

    Comme le reste du corps dAidan,cette partie de son anatomie atteignaitdes proportions hors normes.

  • As-tu dj entendu parler de ladoctrine philosophique du tantra ?murmura-t-il en caressant les seinspresque douloureux de Lyssa.

    Vaguement rpondit-elle enlaissant courir ses doigts le long de laverge durcie pour en apprendre la formeet la texture. Il exhala un hoquet presqueimperceptible, puis sa respirationredevint rgulire.

    Ses mains puissantes ptrissaient avecart la poitrine offerte de la jeune femme.Elle sentit ses paupires salourdir, sonsang couler de plus en plusparesseusement dans ses veines

    Le tantra enseigne ses disciplesque lnergie du cosmos existe aussi en

  • nous, dans notre corps. Lorsque nousfaisons lamour en appliquant lamthode tantrique, ces nergiesfusionnent pour ne plus en former quuneseule.

    Du bout des doigts, il lui titilla lesmamelons, lui arrachant un petit criplaintif. Ses ttons durcis lui faisaientmal, mais quand Aidan fit glisser sesmains huileuses sur la peau fivreuse desa compagne, elle faillit perdre la tte,submerge par deux sensations opposesdexcitation et dapaisement.

    Je ten supplie Assez deprliminaires gmit-elle.

    Aidan la contempla avec ravissement.Il exsudait le sexe par tous les pores de

  • sa peau, il exsudait la malice, lasensualit, le plaisir.

    Parlons-en, des prliminaires. Je teprviens, nous nallons pas tirer un coupen vitesse. Tu vas devoir attendre avantde me sentir en toi

    Tu nes pas srieux, jespre ? Oh si, trs ! rpliqua-t-il en lui

    pinant la pointe des seins.Elle se cambra, faussement outre. Si

    seulement elle avait de lhuile dans lesmains, elle aussi Aussitt ses mainsdevinrent glissantes. Un petit sourire auxlvres, elle empoigna rsolument lahampe palpitante et la flatta jusqu saracine. Aidan haleta, surpris.

  • On est galit, maintenant,gloussa-t-elle

    OK, un point pour toi ma belle, onpasse ltape suivante.

    Aidan lui carta les jambes et se mit caresser lentement son clitoris, en petitscercles, tout en lui chatouillant unmamelon.

    Tu es trop avide, trop impatiente. Oh ! mon Dieu souffla-t-elle en

    treignant convulsivement la verge deson amant.

    Un orgasme intense, convulsif, lasubmergea brutalement. Deux longsdoigts sintroduisirent en elle, le poucehuileux continuant ses caresses expertesdu petit berlingot. Tendue comme la

  • corde dun arc, Lyssa sentit son sexe secontracter spasmodiquement.

    Au moment du deuxime orgasme, sachatte aspira avec voracit les deuxdoigts zls dAidan.

    Tellement bonne, grogna-t-il.Il se redressa un peu, lui laissant voir

    la trame serre de ses abdominaux. Puisil sattaqua sa bouche, frla ses lvres,les titilla du bout de la langue au rythmede ses caresses entre les cuisses de lajeune femme. Le pendentif quil portaitau cou se balanait en cadence, taquinantla peau de Lyssa, lui prodiguant dautressensations exquises.

    Elle carta rsolument les jambes.Les doigts dAidan ne lui suffisaient

  • plus, elle voulait le sentir bien plusprofondment en elle. Ses baisersdevinrent frntiques, passionns,comme si elle esprait le boire jusqula dernire goutte. Il plaqua sa bouchesur la sienne et lui offrit ce quellerecherchait, un baiser profond qui lalaissa pantelante. Perdant tout contrle,elle recommena le masturber encomprimant lnorme gland chaque foisquelle remontait jusqu lui.

    Arrte marmonna-t-il dune voixrauque. Si tu continues, je vais jouir tropvite !

    Sous la poigne serre de Lyssa coulaitdj un peu de sperme.

  • Tas dit quon passait ltapesuivante ! On prendra notre temps laprochaine fois !

    La prochaine fois Une possibilitquAidan navait jamais envisage avecles autres femmes. Pour lui, il ny avaittoujours eu quune seule fois. Une seuleet unique fois, quil sarrangeait pourfaire durer toute la nuit. Avec Lyssa, ilsavait quil ne tiendrait pas plus de cinqminutes une fois quil laurait pntre.Heureusement, elle tait plus que prte le recevoir, comme le lui confirmait lesexe chaud et humide qui semblaitfondre sous ses doigts. Et puis, elle avaitraison, rien ne les empchait de faire

  • lamour plus lentement au roundsuivant

    Cette perspective lenflamma un peuplus et son membre dress pulsadouloureusement. Il se vit la prendreencore et encore

    cartant cette ide, il revint Lyssa. Mets-toi quatre pattes ! lui lana-

    t-il dun ton imprieux.Les grands yeux noirs

    scarquillrent, et elle dglutit, soudaincraintive.

    Je sais pas si je peux dans cetteposition tu es trop gros

    Aidan empoigna sa verge deuxmains et lenduisit dun mlange dhuileet de scrtions.

  • Excution ! Je moccupe de lalogistique. Toi, contente-toi de jouir.

    Elle roula sur le ventre, puissagenouilla et lui prsenta une croupesplendide aux courbes dlicates. cettevue, il faillit perdre tous ses moyens.Entre les jambes de Lyssa, les brins dorsombre taient coups trs court,rvlant des plis roses mouills dedsir.

    Dvor par la concupiscence et tendu lextrme, il ferma les yeux. La posturerotique de sa partenaire le rendait fou,mais ce qui lbranlait le plus, ctaitson abandon, sa confiance Le cur duguerrier semballa et sa respirationcomme ses motions chapprent tout

  • contrle. Il avait limpression de setrouver au bord dun prcipice,conscient de la chute imminente etpourtant incapable de lviter. Avait-ildj t excit ce point ? Avait-il djdsir une femme comme il dsiraitcelle-ci ?

    Aidan esprait de tout son cur queces sentiments chaotiques taient dus auxdifficults de sa nouvelle mission. Ilnavait couch avec personne depuisquil avait rencontr Lyssa. Trop detravail, pas le temps. Et quand il avaitpu se librer une heure ou deux, ilnavait pas cess de penser elle. Peut-tre que son organisme supportait mallabstinence ? Oui, a devait tre a le

  • problme. Aprs tout, a faisait dessicles quil faisait lamour aux femmes.Quelle diffrence, cette fois-ci ?

    Vite souffla-t-elle.Il rouvrit les yeux et vit Lyssa lui

    lancer un regard par-dessus son paule.La courbe gracieuse de son dos, cettetaille, si fine Il sentit sa gorge seserrer. Elle tait tellement belle,tellement fascinante.

    Tout en lui agrippant une hanche, ildirigea son membre turgescent vers lesexe humide et frotta contre les lvresouvertes son gland hypersensible.

    Je jai peur gmit Lyssa,obnubile par le phallus qui allaitbientt senfoncer en elle.

  • Quand le gland commena saprogression entre les replis velouts,des gouttes de sueur perlrent sur lapeau de la jeune femme.

    Ne crains rien, je ne te ferai pasmal.

    Il la pntra lentement, trop lentement,avec prcaution, en se retirant un peuaprs chaque pousse. Ctait unsupplice tellement dlicieux quelle crutdevenir folle. Ses bras tremblantscessrent de la soutenir et elle enfouitson visage dans les chles de soie. lavue de ce cul remontant vers lui dequelques centimtres, Aidan logea saqueue magnifique encore plus loin en

  • elle. Un petit geignement sleva deschles froisss.

    Cest a, donne-moi ta chatte,souffla-t-il dune voix rauque etveloute.

    Alors donne-moi ta queue, rpliqua-t-elle, pantelante.

    Ses doigts se crisprent sur la soie.Le souffle court, elle tortilla deshanches, mais il limmobilisarsolument et conserva son rythmemesur.

    Oh bon sang Cest tellementbon

    Elle le dsirait comme jamais ellenavait dsir personne. Sinon, commentaurait-elle pu accueillir en elle un

  • membre de cette taille ? Son sexebrlant et moite ragissait au moindrestimulus.

    Oh, Lyssa ronronna-t-il en luicaressant lchine. Tu as la chatte la plustroite, la plus juteuse et la plus voraceque jai jamais baise.

    En entendant ces mots obscnes, ellese cambra comme un flin et mouilla deplus belle. Aidan profita de cettelubrification supplmentaire pourprogresser toujours plus en elle, et tousdeux haletrent. Mesurer sa respiration,le tantra, il nen tait plus question. Ilstaient tous deux bien trop concentrssur lendroit o leurs corps se soudaient.Lyssa navait jamais rien eu contre les

  • parties de jambes en lair un peucochonnes, au contraire, ctait lun deses fantasmes, mais pour souvrir cepoint, il fallait un partenaire deconfiance. Avait-elle enfin trouv laperle rare ?

    Aidan senfona en elle jusqu lagarde, ses lourds testicules frlant leclitoris de sa partenaire. Quand il seretira et senfona nouveau, sescouilles la fouettrent, et elle laissachapper un gmissement daise.

    Dune voix dforme par le plaisir,elle gmit :

    Tu me comblesChaque pli de son vagin stait

    distendu pour le recevoir, le moulant

  • comme un gant de velours. Leurs corpssembotaient la perfection.

    Il la tenait par une paule et unehanche. Contre le dos de Lyssa, lapoitrine virile se soulevait et retombaitcomme la houle. Ses cuissestremblaient Lui aussi allait bienttexploser.

    Lodeur du guerrier flottait tout autourdelle, mle celle de lencens. Ilstaient littralement colls lun lautre,leurs sueurs mlanges renforantencore le lien qui les unissait.

    On y va ? suggra-t-elle dun tonhsitant. Elle se sentait maintenantextrmement vulnrable.

    Daccord.

  • Tout en la pilonnant un rythmergulier, Aidan recommena luichatouiller le clitoris. Elle faillit hurlerde bonheur. Cette sensation dtirement,puis de contraction, de pntration puisde succion elle navait jamais rienconnu daussi bon. Il lui faisait lamourcomme un dieu, exploitant tout ce quilsavait sur le sujet pour la conduire lextase.

    Elle se sentait dpasse par lesvnements. Nayant que peudexprience dans ce domaine, elleignorait comment sy prendre avec unhomme comme lui. Il la chevauchaitavec une grande assurance ; il taitmanifestement dans son lment. Elle, en

  • revanche, devait se contenter derecevoir passivement ce quil lui offrait.Sa peau tait devenue tellement sensibleque le contact du pendentif lui frlant ledos dclencha son orgasme.

    Cest trop bon Je vais jouirgmit-il en entendant ses cris de volupt.

    Des jets de sperme pais et brlantinondrent les entrailles dune Lyssaperdue de plaisir. Le sang rugissait ses oreilles, elle nentendait plus rien. Illui fallut un moment pour sapercevoirque son amant lui parlait et quilsadressait elle dans une langueinconnue. Il chuchotait son oreille dunton respectueux, en ltreignant de toutesses forces.

  • Quand les genoux de la jeune femmecdrent sous elle, il chuta avec elle etresta tendu contre son dos.

    Il tait encore en elle.Et, les lvres poses sur la peau de la

    jeune femme, il continuait de luimurmurer des mots splendides etmystrieux.

  • chapitre 3

    Allong sur le dos, Aidan contemplaitle ciel toil par lil-de-buf. Enapparence calme et repu, il se sentaitprofondment branl. Ce lien troit quisemblait les relier, lui et la femme lovecontre son torse, le plongeait dans desabmes de perplexit.

    Pendant quil faisait lamour lasublime Lyssa, leur communion lui avaitparu aller bien plus loin quun simplerve partag. Il lavait prise quatrepattes pour ne pas voir son visage et seconcentrer sur le sexe, mais il avaitchou. La terrible anxit quil

  • ressentait son sujet ne stait pasdissipe quand il avait joui. Elle avaitmme empir, parce quil savait quilallait devoir la quitter et que, ds lors, ilne la reverrait plus jamais.

    La gorge serre, il ferma les yeux.Elle avait couch avec lui, pas avec unfantasme. Elle navait serr dans sesbras ni le capitaine de llite, ni leGardien aux prouesses sexuellesrputes, mais simplement lui, AidanCross.

    Pour la premire fois de sa vie, unefemme stait offerte lui corps et me.Cette prise de conscience le bouleversa.Tout comme Lyssa, il venait deredcouvrir la vritable signification de

  • lacte damour. Lui qui avait assouvi lesfantasmes de centaines de femmesdiffrentes venait de vivre avec celle-cides moments inous.

    Le souffle chaud de sa compagne luicaressa la poitrine.

    Bon, dis-moi Cest quoi, ceschoses que je ne peux pas comprendre ?

    LyssaIl contempla la tte blonde en

    poussant un soupir. Que pouvait-il luidire pour la tirer daffaire sansprovoquer la colre des Anciens ?

    Voyons, laisse-moi devinerchuchota-t-elle en se redressant. Tu nerecherches pas une relation srieuse, tunas pas besoin dune petite amie, tu ne

  • veux surtout pas tattacher, et il ny a quele sexe qui tintresse.

    Elle se trompait, mais il ne pouvaitpas le lui expliquer.

    Je suis un Gardien des Rves,rpondit-il vasivement.

    Elle le dvisagea avec tonnement. OK mais encore ? Cette plage, cette tente, ces

    vtements, et mme ces tnbres o jetai trouve Ce sont des inventions deton esprit.

    Daccord. Moi pas. Moi pas quoi ? Je ne suis pas le fruit de ton

    imagination. Tu peux modifier mon

  • apparence pour ladapter tes dsirs,mais cest le seul contrle que tupossdes sur moi. Tu ne peux pas mefaire faire ce que je nai pas envie defaire.

    a, javais remarqu.Un sourire hsitant succda son

    expression pensive. Donc, tu nes pas un grand et

    tnbreux dieu du sexe beau encrever ?

    Aidan ne put lui cacher sonamusement.

    Jai le poil de quelle couleur, tonavis ?

    Noir. Partout ?

  • Elle lui caressa la poitrine, puisdescendit jusquaux testicules et lespalpa gentiment.

    Oui, partout. Et quelle est la couleur de mes

    yeux ?Les yeux plisss, elle sapprocha de

    lui et lexamina avec attention. Je nen suis pas sre, marmonna-t-

    elle tout bas. Jai limpression quilssont foncs, mais la lumire nest pastrs bonne.

    Il lui prit la main et la lcha aussitt,comme sil venait de se brler. Ellevenait de manifester le premier signeque quelque chose ne tournait pas

  • rond En le voyant serrer les poings,elle sinquita.

    La lumire est tout fait suffisante,rpliqua-t-il.

    Donc, tu nes pas avec moi celuique tu es en ralit ?

    Cest a.Elle frissonna, un peu trouble. Elle

    venait de faire lamour avec un hommequelle ne pouvait pas voir. Quelle idetrange et dconcertante.

    Et ils font quoi, ces Gardiens desRves ?

    a dpend. Il en existe plusieurscatgories. Chaque Gardien a ses pointsforts. Ceux qui prouvent de lamour etde la compassion pour les autres

  • rconfortent les humains qui viennent desubir un deuil ou qui prouvent unimmense chagrin. Dautres, les Joueurs,parsment les rves de sportifs clbresou de vedettes de cinma.

    Toi, tu fais partie de la premirecatgorie, cest a ?

    Il stait montr si tendre avec elle, siattentionn Ce souvenir lui apportaune grande paix. Elle ne connaissait passa vritable apparence, mais elle savaitquel genre dhomme il tait, et riendautre ne comptait ses yeux.

    Il se raidit brusquement. Quy a-t-il ? lui demanda-t-elle,

    surprise.

  • Je suis le capitaine des Guerriersdlite, grommela-t-il, comme si celaexpliquait tout.

    Elle se rappela ce quil lui avait ditau cours de leur premire discussion : Je repousse les mchants. Il taitpourtant si gentil, si tendre

    Et cest quoi, un Guerrier dlite ? Notre mission est de protger les

    Rveurs victimes de Cauchemarsrcurrents.

    Vous tes des sortes de gardes ducorps ?

    Plutt des soldats en mission desauvetage.

    Ah, cest pour a que tu es simuscl

  • Il la fixa avec intensit. Je suis muscl, cest vrai, mais je ne

    sais pas ce que tu vois quand tu meregardes, Lyssa. Mon apparencephysique, cest ton rve qui la fabrique.Les Rveurs ne peuvent pas voir lesGardiens tels quils sont en ralit. Toninconscient remplit les blancs.

    Je comprends, murmura Lyssa en selaissant retomber dans la soie. Maispourquoi un Guerrier dlite viendrait-ildans mes rves ? Je ne fais pas decauchemars.

    Tu as construit pour tisoler unebarrire redoutable. Nous devionsabsolument savoir ce qui se cachaitderrire, et on ma charg de la forcer.

  • Elle laissa chapper un petit rire sanshumour.

    Cest pour a que tu es revenu cettenuit ? Parce que je nai pas voulu laisserentrer les les autres Gardiens ?

    Oui, cest pour a.Son estomac se noua. Elle qui croyait

    quil sinquitait pour elle. Pourquoi teniez-vous tant visiter

    mes rves ? Il ny a rien voir.Aidan se redressa et se cala contre

    une pile doreillers. Hormis sonpendentif, il tait compltement nu, etnen prouvait aucune gne. La beautanim