JA 2665 DU 5 AU 11 FEVRIER 2012 PLUS COTE D'IVOIRE

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ÉDITION CÔTE D’IVOIRE ET BURKINA UNION AFRICAINE LA DÉCHIRURE SÉNÉGAL WADE ET LE CHAOS MALI LES VÉRITÉS D’IBK France 3,50 • Algérie 170 DA • Allemagne 4,50 • Autriche 4,50 • Belgique 3,50 • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 Espagne 4 • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 • Grèce 4,50 • Italie 4 • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 Portugal cont. 4 • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285 HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52 e année • N° 2665 • du 5 au 11 février 2012 jeuneafrique.com CÔTE D’IVOIRE LES 12 TRAVAUX D’ADO Reconstruction, réconciliation, relance économique, armée, justice, administration… Tous les chantiers sont ouverts, mais tout est encore fragile. Visite guidée en 28 pages

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ÉDITION CÔTE D’IVOIRE ET BURKINA

UNION AFRICAINE LA DÉCHIRURE

SÉNÉGALWADE ET LE CHAOS

MALILES VÉRITÉS D’IBK

France 3,50 € • Algérie 170 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 €Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 €Portugal cont. 4€ • RDCongo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • N° 2665 • du 5 au 11 février 2012 jeuneafrique.com

CÔTE D’IVOIRE

LES 12TRAVAUXD’ADOReconstruction, réconciliation,relance économique, armée, justice,administration… Tous les chantiers sontouverts, mais tout est encore fragile.Visite guidée en 28 pages

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SIA

KAMBOU/A

FP

Les douzetravaux d’ADO

CÔTE D’IVOIRE

Réconciliation des Ivoiriens, relance de l’économie, réorganisationde l’administration… Alassane Dramane Ouattara a cinq ans pour remettrele pays en ordre et en marche. Neuf mois après son investiture, où en est-il?

LE PLUSde Jeune Afrique

POLITIQUE Et maintenant?

TRIBUNE Flore Hazoumé, romancière

APRÈS LA CRISEVoyage à Duékoué, Gagnoa, Korhogo…

GRANDS CHANTIERS Les urgences au programme

JEUNE AFRIQUE No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012

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POLITIQUEEt maintenant? p. 62

INTERVIEWDaniel Kablan Duncan,ministre des Affairesétrangères p. 69

TRIBUNEFlore Hazoumé,romancière p. 71

APRÈS LA CRISEDuékoué, la paix àl’épreuve du terrain p. 74

Mama blues p. 76

La réunification, deOuangolo à Bouaké p. 79

DÉCRYPTAGEWayne W. Camard,représentant résident du FMI

p. 85

GRANDS CHANTIERSLes urgencesau programme p. 88

TRANSPORT MARITIMESan Pedro rejoint Anversdans le grand bain p. 92

AFFAIRESLes patrons libanaiset la relance p. 96

FINANCETrop de banques, pasassez de comptes p. 100

D’ABIDJANÀKORHOGO,enpas-sant par Gagnoa ou Duékoué,ce «Plus » de Jeune Afrique vousinviteàparcourir lanouvelleCôte

d’Ivoire.Pascelledesslogansgouvernemen-tauxauxalluresd’imagesd’Épinalourelevantde laméthodeCoué,mais la vraie, celle quipanse ses plaies, se reconstruit jour aprèsjour. Cette Côte d’Ivoire au milieu du gué,volontaireoudubitative,généreuseourecro-quevillée, selon les perceptions, les camps,lesclans.Cette terred’Éburniemeurtrieparprès de deux décennies de conflits, larvéspuisbienréels,nésde labataillepour lasuc-cessiond’Houphouëtentrequatrehommes– Bédié, Ouattara, Gueï et Gbagbo –, leurslieutenants, leurs troupes etleurs supplétifs.

Résultat, une nation plusdivisée que jamais et lesbraises de la haine qui nedemandent qu’à être ravi-vées.DetouslesdéfisquiattendentAlassaneDramane Ouattara (ADO) pour les quatreans à venir, et ils sont légion, le plus délicatsera la réconciliation.

Nul doute que ce chantre du libéralisme,réputé rigoureux, travailleuretbienentouré,saurasoignerlepatient ivoirienentermesdedéveloppement,d’investissementsétrangersouderelanceéconomique.C’est sonmétierdepuis toujours, il a déjà fait ses preuves,notamment sous Houphouët, alors que lepays, exsangue, était au bord de l’asphyxieetquepersonnene seprécipitaità sonche-vet pour le secourir. La réconciliation, enrevanche, est une autre affaire…

Coupée physiquement en deux aprèsla tentative de coup d’État de 2002, la Côted’Ivoire est, aujourd’hui encore, une sortede Janus d’Afrique de l’Ouest. Pro- et anti-Ouattara(ouGbagbo,c’est selon),Nordisteset Sudistes, pour schématiser, chrétiens etmusulmans,patriotesounationalistessourcil-leuxcontredéfenseursd’uneouverturepluslarge sur lemonde…Les lignesde fracturessont multiples mais se recoupent le plussouvent.Etonenrevient toujoursà laguerre

deschefs,celledenovembre2010etdecetteprésidentielle qui, au lieu de marquer lafin d’une trop longue tragédie, n’a fait queprécipiter le pays unpeuplusdans l’abîme.

L’abcèsn’estpascrevé,etilseraitillusoiredeconsidérerque les«perdants», ceuxquiontsoutenu leFrontpopulaire ivoirien (FPI)deLaurentGbagboousimplementvotépourlui,n’ontqu’àraser lesmursetsetaire.Sinon, lesmêmescausesproduisant lesmêmeseffets,ilsseretrouverontdanslemêmerôlequecesIvoiriensduNord longtempstraitéscommedes sous-citoyens, voire des « étrangers »,harcelés, empêchés de travailler, rejetés oudésignés à la vindicte populaire comme lesresponsables de tous lesmaux dupays.

Après la guerre, violente et aberrante,Ouattara n’avait pas d’autre choix que derécompenserceuxqui l’avaientaidéetd’éloi-gnerceluiquiauraitmis toutenœuvrepourobtenirsachute.Ildevaitinstallersonpouvoir,leconsoliderjouraprèsjour,créerunearméeen laquelle il aurait confiance, punir ceuxqui étaient allés trop loin. Point n’est ques-tion icidemoraleoud’humanisme,maisderealpolitik et de survie. Le chef doit d’abordmontrer sa force, rassembler ses troupes.Etpersonnen’imagineque, si le scénarioavaitété inverse,lecampGbagboauraitfaitpreuve,lui, de plus demansuétude…

Letempsestcependantvenuderassembleretdetendrelamain.À l’alliédécisifqu’aété lePartidémocratiquedeCôted’Ivoire (PDCI)de Bédié, en lui confiant, peut-être, la pri-mature.AuFPI, aussi, en tout casàceuxquiserontcapablesdedépasser leuramertume,de se projeter dans l’après-Gbagbo et quioseront ledire–cequisembleencoredélicataujourd’hui.ÀcesIvoiriensquiontvotépourle«camaradeLaurent»parconvictionetquinevontpasexpiercechoixtouteleurvie.Ceuxquiont tantétéostraciséshiernesont-ilspaslesmieux placés pour comprendre cela? ●

ADO face à la réconciliation

PréludeMarwane Ben Yahmed

Le Plus de Jeune Afrique

Le temps est venu de rassembleret de tendre la main à tous ceuxqui dépasseront leur amertume.

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Unministrearriveà7heuresdumatinà son ministère. Son bureau estfermé àdouble tour. Il se démènepourprévenir le gardien, qui resteintrouvable. Le fidèle serviteur del’État semet alors à suer à grosses

gouttes. L’oreille collée à la porte, il redoute unappel du chef de l’État habitué à vérifier que lesmembres du gouvernement ne traînent pas dansleur lit…Cettepetitehistoire, rapportéeparun fidèledu régime, est-elle tout droit sortie de l’imagina-tion fertile d’un « spin doctor »? En tout cas, elletémoigne de l’importance de la communicationdans le systèmeOuattara, oùelleestérigéeenvertu.

PASCAL AIRAULT, envoyé spécial

POLITIQUE

Neuf mois après son investiture, le chef del’État occupe tous les fronts et mène

l’équipe gouvernementale au pas de charge.Une omniprésence que les législatives

de décembre ont accentuée, et qui pourraitralentir le chantier de la réconciliation.

Et maintenant?Et maintenant?

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Le Plus deJeune Afrique

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Son programme d’urgence a permis de rétablirl’eau et l’électricité, de réactiver tout le dispositifmédical et social. Il a aussi remis l’administrationautravail – les fonctionnairesarriventdorénavantà7h30aubureauetnese tournentplus lespouces–,verrouillé lesrégies financièresetentreprisdenom-breuses visites en Afrique de l’Ouest, en Europeet aux États-Unis pour rassurer ses partenaireset chercher des soutiens financiers. Menant lavie dure à ses ministres, il leur a demandé de sepencher sur les programmes de développementà l’horizon 2020-2030. Ambition : que la Côted’Ivoire devienne un pays émergent et que sonproduit intérieur brut (PIB) passe de 23,6 mil-liards à 50 milliards de dollars (de 17,9 milliardsà 38 milliards d’euros) d’ici à 2020. Un pari qu’ilne pourra gagner qu’avec une forte implicationdes investisseurs privés et le financement de sonprogrammenationaldedéveloppement (PND)de11500 milliards de F CFA (plus de 17,5 milliardsd’euros, lire pp. 88-89).

L’oppositiondénonceunmodedegouvernanceantidémocratique, l’absencede tout débat parle-mentaire et l’émergenced’uneoligarchiepolitico-militaro-affairiste qui se partage le pouvoir et lesjuteux marchés de la reconstruction.

BOMBESOCIALE.Après lesélections législativesdu11décembre– lespremièresdepuis2000–, l’ouver-turede lasessionparlementaired’avrilétait censéemettre finàcette situation institutionnelle inédite.Mais avecunenouvelleAssembléenationale trèslargementacquiseàOuattara– leRassemblementdes républicains (RDR), sonparti, frôle lamajoritéabsolue avec 127 sièges sur 255, et le Parti démo-cratiquedeCôte d’Ivoire (PDCI)de l’ex-présidentHenri Konan Bédié, son allié, en remporte 77 –,le régime présidentiel devrait conserver toute savigueur. LorsdupremierConseil desministresdel’année, le 11 janvier, Alassane Ouattara a félicitéses troupes, tout en leurdemandantdemettre lesbouchées doubles. Sa priorité est actuellementla relance de l’emploi, surtout celui des jeunes.Fermées pour travaux, les universités n’accueil-leront pas les étudiants en 2012, qui viendronts’ajouter aux 6 millions de moins de 35 ans sansemploi. Une bombe sociale prête à exploser àtout instant. Et l’une des raisons pour lesquelles

le chef de l’État souhaite accélérerlesgrands travaux.Quelque620mil-liardsdeFCFAd’investissementsontété dégagés dans le budget natio-nal 2012. «Cela ne suffira pas pourdonner du travail à tout le monde,explique l’undesconseillersdupré-

sident. Il faut aussi que le secteurprivéprennedesrisques en embauchant la jeunesse ivoirienne. »En contrepartie, l’État s’est engagé à accélérer lepaiementdesarriérés aux fournisseurs,à relancerla formation et à améliorer l’environnement

À coupsde « storytelling » (méthodedemarke-tingconstruiteautourdurécit) etdesloganspubli-citaires («LanouvelleCôte d’Ivoire » ; «Opérationpays propre » ; « Nous, on avance »), conseillerset ministres assurent le service après-vente desactions gouvernementales pour réhabiliter desinfrastructures enpiteux état, redémarrer l’admi-nistration, relancer la machine économique…

Àcoupsde travauxetdedémolitionsdrastiques,Abidjan, Yamoussoukro et plusieurs villes del’intérieur ont retrouvé un certain lustre, mêmesi le retour de l’État de droit ne s’est pas fait sansheurts ni grincements de dents.

À coupsd’ordonnances, dedécrets et d’arrêtés,le président Alassane Dramane Ouattara (ADO)a remis le pays en ordre demarche enneufmois.

� LE 21 MAI 2011 ÀYAMOUSSOUKRO,ADO a officiellement pris les rênes du pays.

Le retour de l’Étatde droit ne s’est pasfait sans heurts nigrincements de dents.

LUCGNAGO/R

EUTE

RS

28 novembre 2010Second tour de laprésidentielle

2 décembre 2010La CEI déclareOuattara vainqueur.Résultat invalidé,le 3, par le Conseilconstitutionnel, enfaveur de Gbagbo

22 février 2011Début des combats

31 mars-4 mai 2011Bataille d’Abidjan

11 avril 2011Arrestation ducouple Gbagbo

21 mai 2011Investitured’Alassane Ouattara

11 décembre 2011Législatives

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JEUNE AFRIQUE No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012

63Les douze travaux d’ADO

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LIBERIA

Chefs-lieuxde régions

BURKINA FASO

MALI

GUINÉE

LIBERIA

Océan Atlantique

Odienné

MinignanFOLON

KABADOUGOU

BAGOUÉ

POROTCHOLOGO

BOUNKANI

HAMBOL

GONTOUGOBÉRÉ

WORODOUGOUBAFING

TONKPI

HAUT-SASSANDRA

LA MARAHOUÉ

BÉLIER

N’ZI

IFFOU

INDÉNIÉ-DJUABLIN

SUD-COMOÉ

ABIDJANGRANDSPONTS

AGNÉBY-TIASSA

LÔH-DJIBOUA

GBÔKLÉSAN PEDRO

NAWA

GÔH

CAVALLY

GBÊKÊ

GUEMON

BoundialiKorhogo

Ferkessédougou

Ouangolodougou

Bouna

Bondoukou

KatiolaMankonoSéguélaTouba

Man

DuékouéDaloa

Guiglo

Soubré

San Pedro

Sassandra

Gagnoa

Lakota

DabouAgboville

Abidjan

Aboisso

AdzopéToumodi

Dimbokro Abengourou

Daoukro

Bouaké

Bouaflé

YamoussoukroYAMOUSSOUKRO

Méagui

0 100 200 km

GHAGHANA

des affaires en créant des tribunaux de com-merce et en appuyant les PME. L’autre grand défiest de rétablir la sécurité, une attente majeuredes Ivoiriens. Fin 2011, des ex-rebelles devenusmembresdesForcesrépublicainesdeCôted’Ivoire(FRCI) s’en sont pris aux populations à Vavoua(dans l’Ouest) et Sikensi (dans le Sud).Mécontentducomportementdecertainsex-comzonesetde lapersistancedesexactions,ADOarepris lamainsurcedossier, confié jusqu’alors auPremierministreet ministre de la Défense, Guillaume Soro. Aprèsavoir convoqué tout l’état-major de l’armée, il anommé l’ancien chef de guerre Zakaria Koné àla tête de la nouvelle police militaire. Cette unitéspécialeestchargéedemettreaupas lesex-rebellesrécalcitrants.Devrait suivre la refonte de l’armée,promise depuis la signature de l’accord politiquede Ouagadougou, en 2007.

CATHARSIS NATIONALE. S’il parvient à rétablirl’ordreetàcréerdesemplois, lechefde l’Étatpourracertainement réduire la méfiance, l’animosité,voire la haine des partisans du président déchuà son égard. Mais la réconciliation véritable desIvoiriens sera bien plus longue à venir. L’exercicede catharsis nationale a débuté lentement parquelquesgestes symboliques.Certains soulignentlemanquedevisionetd’organisationduprésidentdelaCommissionDialogue,VéritéetRéconciliation

(CDVR), Charles Konan Banny.À sa décharge, lemaintienendétentionainsiquelegeldesavoirsdesbarons de l’ancien régime et, surtout, le transfertdeLaurentGbagboà laCourpénale internationale(CPI) dans l’attente d’un éventuel jugement ontradicalisé les positions et alimenté les rancœurs.Le dialogue avec les cadres du Front populaireivoirien (FPI) de l’ex-président n’a pu aboutir, etleparti aboycotté les législativesdu11décembre.Un scrutin qui a également exacerbé les tensionsethniques dans l’ouest du pays.

Pour réussir son pari, Ouattara devramontrerqu’il sait tendre lamain aux électeurs de Laurent

Gbagbo. Pour l’ins-tant, les nominationsà la tête de l’État et desentreprises publiquesontété faites sur labasedu remerciement par-

tisan. Dix-sept dignitaires de l’ancien régimesont toujours détenus, et leurs avoirs bloqués.Aucunedate pour leur procès n’a été avancée. Cequi hypothèque les chances d’une réconciliationsincère. «Nous sommesprêtsà la faire », expliqueFélix, un habitant de Koumassi (quartier du sudd’Abidjan) qui a voté Gbagbo à la présidentiellede 2010. «Mais on veut la vérité et un traitementéquitable des exactions commises par les deuxcamps. » ●

Le territoire se réorganise

Désormais, la Côte d’Ivoire comptetrente régions administratives, et nonplus seize comme sur l’ancienne carte(voir ci-dessous).

Le transfert de Laurent Gbagboà la CPI a radicalisé les positionset alimenté les rancœurs.

● ● ●

SAVANES

ZANZAN

BURKINA FASSO

MALI

GUINÉE

LIBERIA

VALLÉEDU BANDAMAWORODOUGOU

LES DIX-HUITMONTAGNESLES DIX-HUITMONTAGNES

HAUT-SASSANDRA

LA MARAHOUÉ

LES LACSN'ZI-COMOÉ

L'AGNEBY

MOYEN-COMOÉ

BAS-SASSANDRASUD-BANDAMA LAGUNES

SUD-COMOÉ

DENGUÉLÉ SAVANES

ZANZAN

VALLÉEDU BANDAMAWORODOUGOU

HAUT-SASSANDRA

LA MARAHOUÉ

LES LACSN'ZI-COMOÉ

L'AGNEBY

MOYEN-COMOÉ

BAS-SASSANDRASUD-BANDAMA LAGUNES

SUD-COMOÉ

DENGUÉLÉ

Odienné Korhogo

SéguélaBouaké

Bondoukou

Dimbokro

Divo

YAMOUSSOUKRO

Man

Daloa

San PedroOcéanAtlantique

Bouaflé

Abengourou

Agboville Aboisso

Abidjan

0 100 200 km

No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012 JEUNE AFRIQUE

64 Le Plus de J.A. Côte d’Ivoire

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La communauté libanaise installée en Côte d’Ivoire de-puis près d’un siècle est un acteur important de l’éco-nomie ivoirienne. Depuis 2010, elle s’est organisée ausein d’une Chambre de commerce et d’industrie char-gée de la fédérer et d’exploiter ce potentiel aumieux deses intérêts et de ceux de la Côte d’Ivoire.

La communauté d’affaires libanaise occupe une place impor-tante dans le développement économique et infrastructurelivoirien. Ses entrepreneurs allient pour cela compétences, dy-namisme, pragmatisme et grande capacité d’adaptation. Pours’organiser au mieux de leurs intérêts et de ceux de la Côted’Ivoire, ils ont créé le 30 mars 2010 une Chambre de com-merce et d’industrie libanaise (CCIL CI), une première danstout l’espace UEMOA. Celle-ci se veut l’interlocuteur privilégiédes administrations publiques et le partenaire stratégique desstructures du secteur privé, dans la dynamique de concertationdes acteurs principaux de l’économie nationale. Le lancementofficiel de ses activités a eu lieu le 12 octobre 2010, au coursd’une cérémonie parrainée par le Ministre ivoirien de l’Écono-mie et des Finances, Monsieur Charles Koffi Diby. Elle a tenu sapremière assemblée générale le 27 octobre 2011.

DES PARTENAIRES ÉTRANGERS MAJEURSDANS UNE ÉCONOMIE MONDIALISÉE

Les objectifs principaux de la CCIL CI : défendre les intérêtsde ses membres et favoriser les relations commerciales, in-dustrielles et financières entre les différentes communautésd’affaires. Elle entend accompagner ses adhérents en matièrede formation, d’information, de soutien et d’encadrement dans

l’exercice de leurs activités. Partenaire étranger majeur, la com-munauté économique libanaise veut contribuer à l’ouverturesur l’économie mondiale du secteur privé ivoirien, moteur dudéveloppement.

DE LA PME À LA MULTINATIONALE

Preuve de leur adhésion à notre projet, 150 entreprises liba-naises sont déjà membres de la CCIL CI. Ce sont des groupesinternationaux, des grandes entreprises mais aussi des PME etPMI ou des sociétés unipersonnelles. Elles opèrent dans tousles secteurs d’activités, de l’industrie (textile, agro-alimentaire,plasturgie, cosmétiques et produits pharmaceutiques) au com-merce (grande distribution) en passant par les services (hôtel-lerie et restauration, immobilier, assurance) et les professionslibérales. Certaines sont implantées en Côte d’Ivoire depuis plusde trois décennies, exportent leurs produits sur le continent etsont dirigées par des patrons aux qualités reconnues.

DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS

Des études en cours visent à évaluer avec précision le poids dela communauté d’affaires libanaise dans l’économie ivoirienneen termes de masse salariale, de recettes fiscales et douanièresou encore de répartition dans les différents secteurs d’activités.D’autres visent à cibler de nouvelles opportunités d’investis-sement sur le territoire ivoirien. La Côte d’Ivoire a de grandesambitions et les opérateurs économiques libanais, unis derrièreleur Chambre de commerce et d’industrie libanaise, sont déter-minés à assurer leur part dans cette quête du progrès et del’excellence !

Membre fondateur de la CCIL CI, le Dr Joseph Khoury a été élu Président duConseil d’administration en octobre dernier. Né le 12 Octobre 1949 à Rachaya elFakhar, un village du Sud Liban, il est arrivé en Côte d’Ivoire en 1969. Il a obtenuen 1978 son diplôme de Docteur d’État en médecine de la faculté d’Abidjan, où ila enseigné de 1980 à 1986. PDG du Groupe médical du Plateau jusqu’en 2001, ilest depuis président du conseil d’administration de la Polyclinique internationale del’Indénié. Attaché à son pays d’accueil, il a toujours gardé un intérêt pour sa terrenatale. Convaincu que seule l’action commune et structurée peut garantir un déve-loppement économique durable et solide, il s’investit dans la CCIL CI avec audace,éthique et rigueur, bien décidé à tout mettre en œuvre pour qu’elle joue pleinementson rôle dans le paysage économique ivoirien.

La Chambre de commerce et d’industrie LIBANAISE de Côte d’IvoireUne partenaire du développement économique national

Dr Joseph KhouryUn président naturel pour la CCIL

Chambre de Commerce et d’Industrie LIBANAISE de Côte d’Ivoire26 BP 838 Abidjan 26, Boulevard VGE, Centre Polygone - Orca Déco, 3e étage, Tél. : +225 21 26 22 12 - E-mail : [email protected], [email protected]

Retrouvez la CCIL CI sur www.ccilci.org

COMMUNIQUÉ

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P eudeprésidentsafricainsauronteudroitàun teldéploiementdefastes. Et de sécurité. «C’est unaccueil digne de ceux réservés

au présidentHouphouët-Boigny lors deses escales françaises », répétaient lesmembres de la délégation ivoirienne.Pour sa première visite d’État enFrance,du 25 au 27 janvier, Alassane DramaneOuattara (ADO) a en effet reçu tous leshonneurs. Escorte de la cavalerie et desbrigades motorisées de la garde répu-blicaine en grande tenue, réception àl’Assembléenationale et auSénat, déjeu-ner avec le Premier ministre français,FrançoisFillon,dîneraupalaisde l’Élysée,encompagniedesonépouseDominique,avecCarlaetNicolasSarkozy, etquelquesinvités triés sur le volet. Avant une dis-crète cérémonie croisée de remise dedécorations, dans les salons, entre lesdeuxcouplesprésidentiels.

Après une décennie debas plus que de hauts, laCôte d’Ivoire et la Franceont affiché des relations ànouveau privilégiées. Etpas question de laisser des trouble-fêtepro-Gbagbo gâcher les retrouvailles :leurs «démonstrations »ont été circons-crites très loin duparcours duprésidentivoirien.

BONSCOMPTES.Unevisited’État, certes,maisaussiunevisited’amitié. «Si j’ai cinqou six vrais amis dans lemonde, il en faitpartie », déclarait en janvier le présidentivoirienàproposdesonhomologue fran-çaisdans lescolonnesde l’hebdomadaireL’Express. Car entre Alassane Ouattaraet Nicolas Sarkozy, c’est une relation deplus de vingt ans, qui date de l’époqueoù ADO était Premier ministre de son

pays etNicolas Sarkozymaire deNeuillyet avocat d’affaires. Des liens tels que lavisite, initialement prévue pour le moisde novembre, a été repoussée en raisonde l’indisponibilitéde la première damefrançaise, Carla Bruni-Sarkozy. Et, aurisque d’apporter de l’eau au moulinde ses détracteurs, le président ivoirienn’a pas manqué, une fois de plus, deremercier son hôte pour l’interventiondes forces françaises, qui ont contribuéà l’installer à la tête de son pays.

Amitié et reconnaissance, donc. Quine les ont pas empêchés d’aborder dessujetsdélicats, commecelui de la justice.SiNicolasSarkozy s’est inquiétédenepasvoir de poursuites engagées contre desmembres des Forces républicaines deCôte d’Ivoire (FRCI), fidèles àOuattara,cederniera tenuà le rassurer:« Iln’yaurapasd’impunités ; traitement égal de tousles Ivoiriens. » Et de signer, à l’issue deleur entretien, un traitédedéfense enté-rinant lemaintiende300 soldats françaisenCôte d’Ivoire, non pour la protectiond’ADO, mais pour assister à « la refontedes forces de sécurité ivoiriennes » etformer leurs cadres.

Autre sujet : la dette.Nicolas Sarkozy apromis de faciliter la remise de la detteivoirienne à l’égard de la France (envi-ron 1 milliard d’euros), mais la Côted’Ivoire a encore besoin d’un sérieuxcoup de pouce pour atteindre le pointd’achèvement de l’Initiative en faveurdes pays pauvres très endettés (PPTE),feu vert du Fonds monétaire interna-tional (FMI) pour une annulation mas-sive de la dette extérieure. Le présidentfrançais s’est engagé à demander à ladirectrice générale du FMI, ChristineLagarde, d’accélérer les choses.À la clé,une annulation de quelque 6 milliardsde dollars (4,5milliards d’euros) auprèsdesbailleursmultilatéraux et bilatéraux.

Malgréun agenda officiel très chargé,mais scrupuleusement respecté, lesvisiteurs du soir – hommes d’affairesou opportunistes – se sont succédé auMeurice, le palace parisien où le chef del’État ivoirien avait pris ses quartiers. AusiègeduMedef, l’organisationpatronalefrançaise, il a lancéun vibrant appel auxchefs d’entreprise de l’Hexagone : « Jevous invite à revenir en Côte d’Ivoire,à y investir massivement. » Puis il s’estenvolé, le 27 janvier, tard dans la nuit,pour le sommet de l’Union africaine, àAddis-Abeba. Sansomettrede remercierencore une fois, au téléphone, son amiNicolas Sarkozy. ●BAUDELAIRE MIEU et MALIKA GROGA-BADA

OUATTARA-SARKOZY

Trois joursà ParisNouveau traité de défense,promesse d’une remise dedette… et embrassades.C’est surtout sous le sceau del’amitié qu’a eu lieu la premièrevisite d’État en Francedu président ivoirien,du 25 au 27 janvier.

REU

TERS

� Signature DE L’ACCORD DE DÉFENSE à l’Élysée, le 26 janvier.

Sarkozy s’est inquiété de ne pasvoir engager de poursuites contredes FRCI, fidèles à Ouattara.

JEUNE AFRIQUE No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012

67Les douze travaux d’ADO

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L’idée a été approuvée parAlassane Dramane Ouattara(ADO) lui-même, enmai 2011.En routepour le sommetduG8

àDeauville, il avait profité de son escaleparisienne pour rencontrer la commu-nauté ivoirienne de France, peut-être laplus importante d’Europe puisque offi-ciellementestiméeàenviron100000per-sonnes. Devant une foule de partisansdéchaînés, ADO avait invité ses compa-triotes à participer à la construction deleur pays et retenu, donc, l’idée de créerunHautConseil des Ivoiriens de l’étran-ger. Laquelle, commeonpeut l’imaginer,séduit une grande partie de la diaspora.« L’idée n’est pas nouvelle, mais c’est lapremière foisqu’unprésidentdonnesonavalà samiseenœuvre», s’enthousiasmeMartial Yao, un homme d’affaires vivanten région parisienne.

Dans la foulée de cette rencontre,une demi-douzaine d’associations et deplateformes sont nées, chacune se pré-sentant comme « la plus représentativede la communauté ivoirienne ». Parmielles, le Haut Conseil des Ivoiriens de la

diaspora (HCID), porté par le représen-tant de la jeunesse du Rassemblementdes houphouétistes pour la démocratieet la paix (RHDP, coalitionqui a soutenula candidature d’ADO), Daouda Fofana.

REPRÉSENTATIVITÉ.Depuis neufmois,l’associationmultiplie les opérations decommunication pour se faire connaître.« Nous sommes apolitiques et n’avonsqu’un seul objectif : offrir un cadre deréférence aux Ivoiriens, sans distinction

d’ethnie ou de parti politique », martèleEugène Kouakou Yobouët, responsablede la communication de l’association.«LaCôte d’Ivoire doit sortir de la crise etallerde l’avant, toutcommeles Ivoiriens»,ajoute-t-il. Cependant, les blessureslaissées par le conflit postélectoral sontvivaces et il faudra bien plus que desdiscours pour apaiser la douleur. « J’ai

appris l’existence de ce Haut Conseilpar la presse. Est-ce une façon de direque certains y sont indésirables? » inter-roge Régina Gohi, ex-représentante duCongrèspanafricaindes Jeunespatriotes(deCharlesBléGoudé) en Île-de-France.« La grande majorité des associationsd’IvoiriensenFranceestàcaractèrecom-munautaireoupolitique,expliqueOlivierDjéBiDjé, présidentduRassemblementpour la démocratie et le développementde laCôted’Ivoire, crééàParisen2009.Etquand on sait comment les gens se sontdéchiréspources raisonspendant lacrisepostélectorale, il faudrait peut-être com-mencerpardesactionsderéconciliation.»

Enattendant, leHCIDcontinued’occuper le terrainmédiatique…et social. Ilmultiplienotammentles dons de médicaments et dematérielmédicalenCôted’Ivoire.«Nous avons déjà des antennes

dansd’autres pays, comme leRoyaume-Uni, l’Inde, la Belgique et le Portugal »,précise Eugène Konan Yobouët, tout enassurant que le HCID, qui a rencontrél’ambassadeur de Côte d’Ivoire à Paris–AllyCoulibaly–,adéjà reçusavalidation.À l’ambassade, on affirme cependantn’avoir enregistré aucuneassociationdece nom. ● MALIKA GROGA-BADA

FRANCE

La diaspora dans tous ses étatsÉvoqué l’an dernier, le Haut Conseil des Ivoiriens de l’étrangern’a toujours pas pris corps. Mais plusieurs associations sont nées.

LUDOVIC-P

OOL/SIPA

� EN BANLIEUE PARISIENNE, le 25 janvier.

Dans l’Hexagone, la communautéivoirienne est estiméeà 100000 personnes.

68

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En neuf mois, DKD (68 ans) amultiplié les déplacements enAfrique de l’Ouest et dans lespays occidentaux. Ses objectifs :

améliorer la sécurité et la coopérationrégionales, rassurer lesbailleursde fondsetdévelopper ladiplomatieéconomique.

JEUNE AFRIQUE: Quelle est la nouvellephilosophie de la diplomatie ivoirienne?DANIEL KABLANDUNCAN:Aprèsplusdedixansdecrisepolitico-militaire, l’imagede laCôted’Ivoire estécornée. Il faut ras-surer lespartenaires traditionnels,quionteul’impressionquelepayss’était repliésurlui-même, et revenir à la philosophie dupèredelanation,FélixHouphouët-Boigny.Ildisait:«LaCôted’Ivoireest l’amiedetousetn’est l’ennemiedepersonne»etprônaitlapaixà l’intérieurdes frontières, avec lespays limitropheset le restedumonde.Onadoncredynamisé lesrelationsbilatéralesavecnos voisins et avec lesorganisations

régionales:UEMOA[Unionéconomiqueetmonétaireouest-africaine,NDLR],Cedeao[CommunautééconomiquedesÉtats del’Afriquede l’Ouest],Conseil de l’entente,Union du fleuveMano.

La sécurité régionale est un réel souci…C’est une priorité. C’est pourquoi

nous relançons le Conseil de l’entente etsommespourque laCedeaoait sapropreforced’intervention.Cela expliquenotrevolonté de coopérer dans les domainesde la défense et de la sécurité (trafics dedrogue,pierresetmétauxprécieux, terro-risme)aveclesgrandesarméesmodernes,comme celles de la France et des États-Unis.DesaccordstripartitesontégalementétésignésavecleLiberia, leGhana, leTogo,la Guinée et le Haut-Commissariat auxréfugiés [HCR]pour le retourdes réfugiésivoiriens.Cequipermettrade ramener lasécuritédans les zones lesplus sensibles,notammentà l’estetà l’ouestduterritoire.

Quels sont vos objectifs et priorités enmatière de diplomatie économique?

Autrefois, on faisait surtout de la poli-tique. La diplomatiemoderne est pluri-disciplinaire avecune forte composanteéconomique. C’est l’ambition d’unpaysqui veut faire partie des pays émergentsd’ici à 2025.On resserre les liens avec lesÉtats occidentaux, naturellement avecla France et toute l’Europe, mais aussiavec lesÉtats-Unis, tout en s’ouvrant auxnations émergentes comme la Chine,la Corée du Sud, le Brésil et l’Inde. Lespossibilitésdecoopérationsontmultiplesdans l’exploitationdesminerais, l’indus-trialisation, le transport, les logementssociaux…

Onétendnotreréseaudeconsulshono-raires et ondonnedenouveauxmoyensauxmissions économiques à Bruxelles,Paris et Washington. Un bureau devraitbientôtouvrirenAfriqueduSud.L’objectifest d’attirer les capitaux étrangers. Onpostule aussi à de nouveaux guichetscomme les fonds carbone ou les fondspour ledéveloppementdurable.D’autresinitiatives sont en cours : une politiquede retour des cerveaux, le recensementdes Ivoiriens de la diaspora, appelés àdevenir des relais de la politique étran-gère, ainsi que la création d’un Institutde la diplomatie.

Et concernant les chantiers d’intégrationrégionale?

Nous souhaitons redevenir une loco-motive régionale et doper les chantiersd’intégrationcommelesautoroutesreliantAbidjan à Accra et à Ouagadougou, lesprojets de production énergétique, ouencore le développement ferroviaire.

Nous avons relancé les commissionsbilatérales avec des pays comme leNigeria et le Burkina Faso, avec lequelnousorganisonsmêmedesConseils desministres conjoints. L’Afrique de l’Ouestest la vingtième puissance économiquemondiale. Si nous réussissons l’intégra-tion, les investisseurs se bousculerontdans nos pays. ●Propos recueillis à Abidjan par PASCAL AIRAULT

Daniel Kablan Duncan« Il faut revenir à laphilosophie d’Houphouët »Le ministre des Affaires étrangères veut une diplomatieivoirienne modernisée, pluridisciplinaire, avec une forte composanteéconomique.

KAMBOU

SIA/A

FP

Nous voulonsque la Cedeao aitsa propre forced’intervention.

� Il a été CHEF DU GOUVERNEMENT sous Henri Konan Bédié (1993-1999).

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Les douze travaux d’ADO 69

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Club SococéLE CENTRE COMMERCIAL SOCOCÉ ESPACE LATRILLEL’Espace Latrille est un hypermarché de 3 000 m2,30 boutiques, une cafétéria,une salon de thé, une salle polyvalente,une garderie et 1800 m2 qui accueillentles enseignes GIFI, CITY SPORT et WRANGLER.

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SOCOPRIX Commerce GénéralPremier magasin à proposer le concept de vente en ½ gros à Abidjan avec une gammede produits sans cesse renouvelée d’alimentation, vaisselle, parfumerie,bureautique et produits higth-tech.

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SOCOPAG SASOCIÉTÉ DE COMMERCIALISATION DE PRODUITS AGRICOLESSociété d’achat de Café, Cacao, spécialisée dans le ramassage, l’usinageet le conditionnement pour des produits prêts à l’export.

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L a Société Commerciale « SOCOCÉ « a vu le jour le 1er juillet 1969 sur le site de Gagnoa dans le centre ouestde la Côte d’Ivoire. Elle avait pour objet les activités commerciales traditionnelles de gros et demi-gros : lesachats, les ventes, les importations et les exportations de tous produits et marchandises, de toutes natures

et de toutes provenances. Après le transfert de son siège social à Abidjan en 1991, M. Yasser Ezzedine décide dediversifier ses activités et se lance dans le commerce de détail en août 1994 avec le « club Sococé » sur 1500 m2

de surface de vente. D’autres suivront à Gagnoa, Daloa, San Pedro, Soubré, Yamoussoukro, Divo et enfin Bouakéen 1996. Dans sa poursuite de l’innovation, en novembre 1996, le Groupe ouvre aux deux Plateaux à d’Abidjan,l’Espace Latrille, un magnifique centre commercial construit sur près de 20000 m2. L’Espace Latrille propose lepremier hypermarché de l’Afrique de l’Ouest et sa galerie marchande.

ACTIVITÉS DU GROUPE SOCOCÉ

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J’AI PASSÉ MON ENFANCE et mon ado-lescence en France, entre Bois-Colombes,Asnières, Poitiers etAngers. D’institutionsreligieuses en pensionnats pour jeunes

filles rangées, de colonies de vacances àNoirmoutier en voyage linguistique à Londresou en escapade estudiantine à NewYork, rien,vraiment rien, ne me prédestinait à poser unjour mes valises au bord de la lagune Ébrié, ily a plus de trente ans. Mais le destin est ainsi,il aime à nous jouer, parfois, de curieux tours.

Peut-être qu’inconsciemment j’ai imité leparcours improbable demon père, dahoméen,qui, suivant les méandres de son destin, quittala cour familiale des Hazoumé, à Porto-Novo,pour se retrouver au bord du fleuve Congo,épousa une fille du pays et devint l’un des plusproches collaborateurs du président FulbertYoulou. Brazzaville – où je suis née –, puisLéopoldville, le Katanga, l’exil à Paris et l’ultimerendez-vous, fatal, à Fort-Lamy. Le parcoursdemon père résume à lui seul les soubresautsde cette Afrique en devenir des années 1960.

Sangs et origines mêlés, j’ai eu pour la Côted’Ivoire, en particulier pour Abidjan, un véri-table coup de foudre. J’y trouvais tout ce quej’aimais, ce bouillonnement, cette effervescencesi particulière aux grandes métropoles cos-mopolites. L’un de mes moments préférés,c’était de m’arrêter devant le collège Mermoz,à Cocody, à l’heure de la sortie des classes,et de regarder, avec bonheur et tendresse, leflot continu des enfants se bousculant auportail.Tableau haut en couleur, dont la paletteallait du noir le plusfoncé aumarron le plusclair, pour finir par unblanc laiteux. Cheveuxcrépus et têtes blondespartageaient avec lamême innocence la cour de récréation, ache-taient, devant l’école, des brochettes de viandecuisinée dans des conditions d’hygiène desplus douteuses. Mais qu’importe ! Ivoiro-Français, Ivoiro-Libanais, Ivoiro-Africains, nosenfants parlent et comprennent le nouchi etont tous attrapé, à un moment donné, cetaccent si typiquement et délicieusement ivoi-rien. Et nous qui avons aimé cette Côte d’Ivoire-là, nous avons aussi notremadeleine de Proust:une balade dans le vieux quartier de Bassam

ou dans le jardin botanique de Bingerville, unspectacle de Kotéba, une pièce de BernardZadi Zaourou jouée au théâtre de la Cité rouge,à Cocody…

Carrefour de civilisations,melting-pot à l’afri-caine, eldorado de tous ceux qui, commemoi,considèrent que le pays où l’on se sent bienet où l’on a choisi de vivre devient son pays.C’est cette Côte d’Ivoire que j’ai aimée et queje continue d’aimer, car je suis convaincue quel’épisode tragique que nous avons vécu,ensemble, n’est qu’un accident de l’Histoire.

Toute nation, au cours de son existence, aconnu des heures sombres, où frères et sœursse sont entre-déchirés. Mais nous, Ivoiriens,et ceux qui ont décidé de le devenir, avons étéélevés par la même terre nourricière. Commedes enfants issus de la même matrice, maisengendrés par des pères différents, et unis parun lien unique et irremplaçable : l’amour de lamère. Cette diversité – ces différences, dirontles esprits chagrins – nous unit plus qu’elle nenous sépare, car nous partageons un pointcommun: notre amour pour la Côte d’Ivoire.Et c’est cela qui importe.

Pour les hommes et femmes de culture, cettediversité est une aubaine, car elle enrichit notreinspiration et donne à nosœuvres une textureà la fois personnelle et universelle.WerewereLiking,VéroniqueTadjo, Ahmadou Kourouma,Souleymane Koly – et j’en passe – ont, par leurmétissage, ajouté quelques lettres de noblesseà la culture de la Côte d’Ivoire.

Que ce soient les rythmes endiablés desdjembés du Kotéba de Souleymane Koly, lesmots de LatéritedeVéroniqueTadjo, ou l’universunique et mystérieux des spectacles deWerewere Liking, tous ont touché le cœur etl’âme des Ivoiriens, car le métissage ne peuten aucun cas être source de division. De parsa nature intrinsèque, il est le contraire del’enfermement et de l’exclusion. Dans lemétis-sage et la diversité culturelle personne ne seperd, tout le monde se retrouve. ●

FLOREHAZOUMÉ

Écrivaineivoirienne,directrice depublicationde ScribMagazine

TRIBUNE

Éloge du métissage

Nous, Ivoiriens, et ceux qui ontdécidé de le devenir, avons

été élevés par la même terre nourricière.

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JEUNE AFRIQUE No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012

Les douze travaux d’ADO

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DÈS AVRIL 2011, LE PORT AUTONOME D’ABIDJAN, SOUS LA DIRECTION DE SON NOUVEAU

DIRECTEUR GÉNÉRAL, HIEN SIE, S’EST LANCÉ DANS UNE RESTRUCTURATION INDISPENSABLE

POUR L’ÉCONOMIE IVOIRIENNE ET OUEST-AFRICAINE. LES MOTS-CLÉS DU PROCESSUS EN

COURS : REMISE À NIVEAU, DÉVELOPPEMENT, QUALITÉ ET ENVIRONNEMENT.

D epuis 60 ans, le PortA u t o n o m e d ’ A b i d j a n

(PAA) contribue comme nulle autreentreprise à la croissance de laCôte d’Ivoire. Pour le remettre surpied, après une décennie de crisepolitique dénouée en avril 2011,moderniser ses infrastructures etaméliorer ses performances, c’estun enfant du port que le présidentAlassane Ouattara a nommé à sa tête.Monsieur Hien Sie, dont les premierscontacts avec le PAA remontent à1991, alors qu’il était étudiant, y afait pratiquement toute sa carrière.Dès sa prise de fonction, en avril2011, il a affirmé son ambition defaire du PAA « un hub de référenceinternationale par la qualité de

REDEVENIR

MESSAGE

ses infrastructures, la performancede ses opérations, l’efficiencede la plateforme logistique et laresponsabilité environnementale ».Pour mener cette ambition à bien, ilarticule sa vision stratégique autourde quatre axes.

La remise à niveau etle renforcement des infrastructuresexistantes (2012-2013) etle développement de nouvellesinfrastructures adaptées aux

exigences du moment (2012-2015)

À court terme, i l s ’agit pourl’équipe de direction de restaurerles performances des infrastructures

du port autonome, obérées par lemanque d’entretien de la dernièredécennie. Au début de 2012 déjà,le record du plus gros tonnage defèves de cacao jamais sortis de Côted’Ivoire en direction des États-Unis aété battu. Le navire « Pacific Tramp »est arrivé à Philadelphie le 12 janvieravec à son bord plus de 19 000 tonnesde fèves réparties dans 294 000 sacs.60 % en avaient été chargés àAbidjan, après un premier passageà San Pedro.À échéance de 2015, la directions’est engagée à construire surle site actuel des infrastructuresmieux adaptées aux besoins desopérateurs maritimes et portuaires.Elles doivent notamment élargir

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Une ambition et une visionpour le Port Autonome d’AbidjanC’est à ce technicien chevronné que le président Alassane Dramane Ouattara, dès le lendemain

de sa victoire électorale, confie le 17 décembre 2010 les rênes du Port autonome d’Abidjan

(PAA). Il prendra officiellement ses fonctions le 20 avril, après l’épilogue de la crise post-

électorale. Né le 26 mai 1964 à Adiaké, dans le sud-est de la Côte d’Ivoire, Hien Sie est

étudiant à l’École Nationale Supérieure des Travaux Publics (ENSTP) de Yamoussoukro quand,

en 1991, il travaille sur des projets de développement portuaire pilotés par la Direction des

études techniques du PAA. Trois ans plus tard, le jeune ingénieur des Travaux Publics est

recruté au Département des études maritimes du port. Il ne cessera d’y graver les échelons. En

1997, il est promu chef du Service des études océanographiques et d’ouvrages portuaires. Il est

alors lauréat des deux premières éditions du Prix du meilleur cadre du PAA, en 1997 et 1999.

Nommé Chef du département d’études techniques en 1999, il devient Directeur des Travaux

et Aménagements en 2000 puis, en 2006, Conseiller technique du directeur général, chargé

de la prévention des risques, avant de remplacer ce dernier.

CONTAINERS ET ACTIVITÉ PORTIQUE.

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et approfondir le canal de Vridi,creusé dans le cordon littoral pourpermettre l’accès des navires dansla lagune. Autres objectifs prioritaires :approfondir le quai chimiquier (à 13,5 m),réhabiliter et moderniser le port de pêcheavec un tirant d’eau de 8 à 10 mètres etapprofondir lequaiminéralierà14mètres.À plus long terme, il s’agit pour lePAA de sortir de ses limites actuellespour développer des infrastructuresmodernes à même de lui permettred ’a f f ron te r du rab l ement laconcurrence interportuaire, intenseen Afrique de l’Ouest.

La reconquête et le renforcementde la position de premier port detransbordement et de transit surla côte ouest-africaine

Le PAA doit pour cela améliorerle rapport qualité/prix de sesopérations, tout en accroissant sarentabilité, dans l’une des régionsoù elles sont parmi les plus chèresau monde. Il doit aussi contribuer àla création de plateformes logistiquesen dehors du périmètre portuaire et àune meilleure exploitation du rail etde la route. Il doit aussi rationaliserses actions commerciales vers lesarmateurs, les traders, les opérateursportuaires nationaux ainsi que ceuxde des pays voisins de l’hinterland(Burkina, Mali et Niger).

Le renforcement du management

de la qualité

Le PAA ne mènera pas ses missions àbien s’il ne renforce pas le contrôleinterne de ses prestations. Il doitsurtout optimiser les ressourceshumaines d’une structure ensureffectif chronique par le biaisde l’amélioration des procéduresexistantes.

Le respect des exigences

sécuritaires et environnementales

Pour que plus jamais la Côte d’Ivoirene connaisse d’affaires Probo Koala,le PAA va s’engager à la certificationenvironnementale selon la normeISO 14001 et réaliser une station detraitement des résidus liquides desnavires et des industries.

PortAutonomed’Abidjan

B.P.V 85 - Abidjan, Côte d’IvoireTél.: +225 21 23 80 00Fax : +225 21 23 81 85E-mail : [email protected]

Hien SieDirecteur généraldu Port Autonomed’Abidjan

Le Port Autonomed’Abidjan

EN CHIFFRES

1er port de Côte d’Ivoire ;

91 % du volume des échangesextérieurs ivoiriens ;

70 % du Produit intérieurbrut national ;

85 % des recettes douanières ;

54 000 emplois directset indirects.

PoAAd

B.P.V 85 - Abidjan

CHARGEMENT DE TRAIN A BORD DES QUAIS.

Page 18: JA 2665 DU 5 AU 11 FEVRIER 2012 PLUS COTE D'IVOIRE

F in décembre. Dans le camp dedéplacés deNaïbly, non loin deDuékoué (région du Guémon,dans l’Ouest), Charles Konan

Banny, le président de la CommissionDialogue,VéritéetRéconciliation(CDVR),s’adresseàune foulenombreuse. Lacha-leurétouffantedujoursemêleà l’ambianceélectrique qui prévaut dans le camp.

Les déplacés sont en majorité desGuérés, ethnie autochtone qui a mas-sivement voté pour Laurent Gbagbo àla présidentielle de 2010. Ils rechignentà rejoindre leurs habitations, pour cer-taines saccagées.Danscecampconstruitpour accueillir les réfugiés de lamissioncatholique de Duékoué, qui a déguerpiquelques mois plus tôt sous la pressiondu clergé, la réconciliation prônée parles autoritéspassemal. Le tributhumainpayé a été lourd lorsque les Forces répu-blicainesdeCôted’Ivoire (FRCI) ontpris

la ville, fin mars 2011. Bilan : 505 mortsentre décembre 2010 et avril 2011, dontdesGuérés,mais aussi des « étrangers »,comme on appelle ici les Burkinabè etlesMaliens, sans oublier les allochtonesbaoulés et dioulas.

RESPONSABILITÉS. Dans cette partiedu pays, et dans l’Ouest en général, laCDVR a fort à faire. Les tensions inte-rethniques se sont exacerbées lors de lacrisepostélectorale etne sontpasencoreretombées, en dépit du calme relatif.Pendantlescinqmoisqu’adurécettecrise,lesdeux régionsguérées (Moyen-Cavallyet Dix-Huit Montagnes) de l’Ouest ontconnuun raredéferlementde violences,au cours desquelles plus de 1000 per-sonnes, toutes ethnies confondues, onttrouvé lamort. SousGbagbo, lesmilicespatriotiques tuaient des allochtones etdes étrangers soupçonnés de collaborer

avec les ex-rebelles. À l’avènement deOuattara, les milices Dozos (chasseurstraditionnels),prochesdesFRCI,ontciblédes autochtones favorables àGbagbo.

Dans le camp de Naïbly, plus de4000 personnes ont trouvé refuge, dontdes ex-miliciens et des leaders locauxdemouvementspatriotiques.Chacuna sontémoignage d’horreur sur l’assassinatd’un proche, très souvent attribué aux

FRCI ou à la miliceDozo du planteurburkinabè AmadéOuérémi,devenuchefde guerre. Chacun aaussi sa part de res-

ponsabilité, passiveouactive,aumomentoù la ville était tenue par les milicespatriotiques et que la violence s’abattaitsur les autres communautés favorablesàAlassaneOuattara.Lesunset lesautres selancentdansde longuesdiatribes contrelesDozos et les FRCI (« ces étrangers quisontvenusnousarrachernos terres,aprèsnous avoir chassés de nos villages ») enomettant de reconnaître leurs propreserreurs.

Tout en diplomatie, qualité que luiimpose sa fonction de réconciliateur,Banny lance dans la foulée : « Je suisvenu vous écouter. » Faut-il y voir unaveu d’impuissance face aux vagues derancœur et de haine de ces exilés dans

leur propre pays, qui ne digèrent ni ladéfaitemilitairede leur championni sontransfertà laCourpénale internationale?Certainement pas. Banny n’a pas choisiparhasard lepaysguérépoursapremièretournéed’envergureà l’intérieurdupays.Il voulait prendre le pouls de la réconci-liation. À Duékoué, il a compris que lechemin pour y parvenir serait difficile. ●

ANDRÉ SILVER KONAN, envoyé spécial

RÉCONCILIATION

La paix à l’épreuvedu terrain

XAVIERSC

HWEB

ELPOURJ.A.

ð Le principalcamp deLA MISSION

CATHOLIQUE

DE LA RÉGION.

Chacun a son témoignaged’horreur sur l’assassinatd’un proche.

La Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation doit permettre auxcommunautés de réapprendre à vivre ensemble. Son président,Charles Konan Banny, a mesuré l’étendue du chemin à parcourirauprès des réfugiés de Naïbly, près de Duékoué.

LA COMMISSION DIALOGUE,VÉRITÉ ET RÉCONCILIATION(CDVR), créée par ordonnance présidentielle le 13 juillet2011, a été installée le 28 septembre. Sa mission pour sesdeux ans de mandat est très claire: « Œuvrer en touteindépendance à la réconciliation et au renforcement de lacohésion sociale entre toutes les communautés vivant enCôte d’Ivoire. » Charles Konan Banny, ses trois vice-présidents et les sept commissaires centraux de la CDVR

sont chargés de rechercher la vérité et d’établir lesresponsabilités des différentes parties sur les événementssociopolitiques passés et récents. Ils vont entendre lesvictimes et doivent, en théorie, obtenir la reconnaissancedes faits par leurs auteurs présumés. Mais trois mois aprèsson installation, la CDVR n’avait toujours pas de bureau etn’avait pas encore déployé ses commissions locales àl’intérieur du pays. ● A.S.K.

UN MANDAT EXPRESS

No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012 JEUNE AFRIQUE

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L’environnement bancaire est très concur-rentiel en Côte d’Ivoire. Comment la BACI yfait-elle face ?Nos jeunes et dynamiques équipes ont lavolonté d’être les meilleures du marché, carelles adhèrent à notre vision et partagentnotre foi à faire de la BACI la référence denotre zone. Notre politique anticipative degestion des ressources humaines nous per-met de maîtriser le niveau de « turnover »dans l’effectif, tout en gardant des employéset cadres compétents au service de notreclientèle. La BACI appartient également à ungroupe bancaire à guichet unique (UEMOA etCameroun) dans notre marché. Nous offronsune large gamme de produits, à des prixcompétitifs, dans 63 agences reparties surl’ensemble du territoire ivoirien, ainsi qu’ànotre bureau de Paris. Pointus en termesd’innovation, nous visons aussi à renforcernotre positionnement dans la bancassu-rance.

Le taux de bancarisation est encore faible,en Côte d’Ivoire, malgré le nombre importantd’établissements bancaires…Nous trouvons plus pertinent d’utiliser la no-tion de taux de financiarisation, qui inclut lesproduits bancaires non liés à des comptesclassiques. La BACI propose par exempleles cartes « Atlantique Cash » et « AtlantiqueTraveler », qui sont des cartes prépayéesrechargeables pour des paiements et desachats respectivement en CFA et en de-vises (Euros, USD). Nos clients nous fontconfiance et nous ne les remercierons ja-mais assez ! Nous travaillons pour méritercette confiance, aujourd’hui et demain, avecpour credo l’innovation, la qualité de ser-vice et la compétitivité. Je ne saurai termi-ner sans souhaiter une bonne et heureuseannée 2012 à l’ensemble de nos clients etprospects.

Banque AtlantiqueCôte d’IvoireLA SYNERGIE D’UN RÉSEAUAvenue Noguès, Immeuble Atlantique04 BP - 1036 Abidjan 04Tél. : + 225 20 3159 50

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Au service de la reconstructionet du développement

C Ô T E D ’ I V O I R E B É N I N B U R K I N A F A S O C A M E R O U N M A L I N I G E R S É N É G A L T O G O PA R I S

> Souleymane Diarrassouba,Directeur Généralde la Banque AtlantiqueCôte d’Ivoire.

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Créée en 1978, la BanqueAtlantique Côte d’Ivoire (BACI)est présente dans tous les sec-teurs de l’économie ivoirienne.

Elle accompagne les entreprises et les par-ticuliers en leur offrant des solutions adap-tées à chacun de leurs besoins. Deuxièmedu marché bancaire ivoirien en termes dedépôts clients, elle est un allié stratégiqueau service du développement dans le pays.

La Banque Atlantique Côte d’Ivoire a-t-elleété affectée par la crise post-électorale ?L’impact de la crise sur la profession ban-caire est estimé à cent milliards de FrancsCFA à cause des pillages, dégradations deportefeuilles et autres pertes de revenus.Jusqu’à présent, des soldes de compensa-tion issus de la crise sont encore en sus-pens. Comme l’ensemble des banques, laBACI subit les effets négatifs de cette situa-tion, qui est de nature à fragiliser le secteuret à diminuer les capacités d’octroi de crédit.Ayant foi dans les potentialités de la Côted’ivoire, nous avons néanmoins effectuéd’importants travaux pour la réouverture denos six agences entièrement pillées.

Dans ces conditions, comment contribuez-vous aux énormes besoins de finance-ment en Côte d’Ivoire ?En tant qu’acteur incontournable du marchébancaire ivoirien, la BACI entend prendreune part active dans le financement desbesoins d’investissement de la période dereconstruction. Nous avons depuis plusieursmois continué d’offrir nos produits et accom-pagné tous ceux qui étaient en difficulté, enmettant en place des facilités de restructu-ration avec des échéances supportables.Nous avons également accompagné l’Étatà travers d’importants investissementsdans les produits financiers (emprunts etobligations du Trésor). De plus, différentesopérations d’envergure ont été réaliséesdans le secteur des mines et de l’énergie.La BACI joue son rôle de financement del’économie grâce à des produits innovantsà forte valeur ajoutée, adaptés à chaquesegment de clients, particuliers, PME/PMIet grandes entreprises.

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À Mama, berceau de l’ex-pré-sident Laurent Gbagbo, àune trentaine de kilomètresdeGagnoa, dans la nouvelle

région de Gôh (Centre-Ouest), BertinOuragaKouassi, le chef duvillage, a troisobsessions : le retour en Côte d’Ivoiredu « président Gbagbo », le départ desDozos–uneconfrériedechasseursd’ori-gine sénoufo – et la restitution de sesvéhicules, que desmilitaires des ForcesrépublicainesdeCôte d’Ivoire (FRCI) luiauraient pris lorsqu’ils ont « envahi » levillage, le 30 mars 2011.

Les dernières législatives ? Il n’a pasvoté, suivant ainsi les consignesduFrontpopulaire ivoirien (FPI). Volontairementdans son cas. Quant aux autres Bétés duvillage ou de la circonscription électo-rale, difficile de savoir s’ils se sont abs-tenus spontanément. « Lesmilitants duFPI étaient postés près des bureaux devote.Unemanièrededissuader ceuxquiauraient eu envie d’y entrer », confie unhabitant de la communedeOuaragahio,à laquelle sont rattachés Mama et dixautres villages. Reste que si nombre deBétés regrettent leur ex-président, ils nesoutiennent pas tous le FPI.

ALLOCHTONES. Ceux quisont allés voter sont doncprincipalementdes«alloch-tones », comme on les sur-nommeici,notammentdesNordistes (Malinkés et Sénoufos) et desBaoulés.Descommunautésqui, au fildesans, sontvenuess’installerdans la région,grande productrice de cacao et de café.Mais qui se sont rarementmélangées.

Ici, chaque village est constitué d’unvillage «mère », peuplégénéralementdeBétés, et dedivers campements, abritantchacun une communauté ivoirienneou étrangère (burkinabè ou malienne).Mêmeenville, lesquartiers sontmarqués

ethniquement. Bien qu’il se soit renduà l’investiture d’Alassane Ouattara entant que membre du conseil des chefsde village du département de Gagnoa,OuragaKouassi n’endémordpas: «C’estGbagboqui a gagné les élections. Il a étéélu et investi. Il reste donc le présidentpournous.Dieuaeu lamain sur lui, car ilaurait dûdisparaître si l’on tient comptede la force puissante, venue d’Afrique,desÉtats-Unis etd’Europe,qui a soutenu

militairementOuattara.»Avantd’évoquerl’arrivée des FRCI dans le village : «Tousles Bétés se sont réfugiés en brousse.Seuls les étrangers et les allochtones, quiavaientété informésdu jourde l’attaque,sont restés au village, prétend-il. Aucund’entre nous n’a été épargné ; les FRCIont pillé nos maisons, y compris celledu président Gbagbo. »

Dans la vaste résidence du présidentdéchu, qu’entoure un long mur peint

en rose, on peut en effet voir quelquesportes, dont celle de l’entrée principale,trouéespardes tirsdeballes,etapercevoirdesmeubles renversés.Mais unegrandepartie dumobilier est toujours en placeet la plupart des tableaux sont encoreaccrochés aux murs.

GRIEFS.Bienévidemment,pourKouassi,maisaussipourYabé,unneveudeGbagboquihabiteGnaliépa,unvillage voisin (oùvivait lamèrede l’ancienchefde l’État),oupourSébastienBlessoZébré, leprésidentdumouvement Tous avec Gbagbo pourla victoire (TGV, créé en 2004), et pourbien d’autres encore ici, l’arrestation deLaurent Gbagbo, le 11 avril 2011, et sontransfert à la Cour pénale internationale(CPI) àLaHaye, le 29 novembre, ont étéuncoupdur. Ils ne s’en sont toujours pasremis. Ils espèrent son retour et croient,dur comme fer, qu’il reprendra saplaceàla tête dupays s’il est blanchi des crimesdont il est accusé.

Aucun ne comprend ce que l’onreproche à l’ex-président qui, selon eux,n’a jamaisprônéni la forceni la violence.Et s’il n’a pas réalisé grand-chose chez

APRÈS LES ÉLECTIONS

Mama bluesDans le village natal deLaurent Gbagbo, l’ambianceest à la méfiance. Passé letransfert à La Haye del’ex-président et les législatives,les tensions s’apaisent.Mais restent bien présentes.

� Le chefBERTIN OURAGA

KOUASSI devantsa maison.

ðÌ LA RÉSIDENCE

DE L’EX-PRÉSIDENT

et sa salle deréunion (à dr.),mi-janvier.

Aux dernières élections, le Frontpopulaire ivoirien a fait passerla consigne de ne pas voter.

MURIELDEV

EYPOURJ.A.

MURIELDEV

EYPOURJ.A.

No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A. Côte d’Ivoire76

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lui – àMama il a fait bitumer la voie quiconduit de la route principale au villageet a fait construire quelques maisons –,c’est « parce qu’il privilégiait le déve-loppement du pays et non celui de sarégion.De toute façon,onne l’apas laissétravailler ». Partout la complainte est lamême.«Lesnordistesnousonttrahis.Dèsseptembre2002, ilsétaient enconnexionavec les rebelles. Ils se sont enrôlés dansles rangs de leur armée et ont participéà l’attaque de fin mars dernier. Nousavons été trop bons. Nous leur avonsdonné nos terres, nos richesses, et voilàcomment ils nous ont récompensés »,martèle Kouassi, amer.

CALME.Les nordistes, eux, ont une toutautre version des événements passés.«Avant 2000, les communautés vivaienten harmonie. Nous participions à la vielocale et même aux funérailles bétées.Mais dès que Gbagbo a pris le pouvoir,nous avons fait l’objet de représailles »,raconteOusmaneTraoré, représentantduRassemblement des républicains (RDR)à Ouaragahio et directeur de l’école deKpapékou.Barrages, contrôlesd’identité,

maisons brûlées, morts, expropriationdes allochtones de leurs plantations– pourtant achetées dans les règles –,ou obligation faite aux propriétaires departager leur production… la liste desméfaits endurés est longue.

Aujourd’hui, le calme est revenu etles tensions se sont apaisées, même silaméfiance persiste, enparticulier chezles Bétés. Mais ils sont moins agressifs,selon Diakaridia Berté, le responsableduRDRde la sous-préfecturedeBayota.

Dans la région, la plupart des habi-tants veulent tourner lapage et aller versla réconciliation. Des initiatives allanten ce sens ont été lancées, tant du côtédes sous-préfets, avec l’organisation decérémonies de pardon rassemblant leschefs de village et de cam-pement, que du côté desresponsablespolitiques.Unobjectif pas toujours facileà atteindre, selon ces der-niers, le FPI réclamant lalibérationdeGbagboavant de s’engagersur le terrain de la réconciliation et lesBétéscampantsur leurspositions.«Nousavonsorganiséune fêtede réconciliationle9 juin2011,mais ilsnesontpasvenus»,déplore Berté.

ÀGagnoa,leRassemblementdesjeunesrépublicains (RJR) et le Rassemblementdes jeunes pour la démocratie et la paix(RJDP) tentent de mobiliser autour dedébats et de matchs de football. « Avecles jeunes, le dialogue est plus facilequ’avec les politiques. La jeunesse veutconstruire l’avenir et considère que c’estlapolitiquequi estun facteurdedivision,expliqueMoussaDembélé, le présidentlocal des deux rassemblements. Noussommesoptimistes:quandilsverrontquele gouvernement travaille pour le pays,

les jeunes oublieront ce qui s’est passé. »Avantdeconclure,pourdésamorcer toutesuspicion de fanatisme : « Nous avonsélu Ouattara sur un programme. S’il nele réalise pas, on changera de président.Notre souhait est le développement dupays. »

RAPPROCHEMENT. Même volonté derapprochement entre communautésselon Blesso Zébré, qui accuse toute-fois les nordistes de vouloir exproprierles Bétés de leurs terres et d’entretenirun climat de tensions. Faux, rétorquentles nordistes.

Les Dozos constituent l’autre sujetqui fâche. «Nous avons une police, unegendarmerie et une armée. Pourquoi

le pouvoir laisse-t-il les Dozos se mêlerde sécurité? Ils doivent retourner dansle Nord », insiste Kouassi. Les Dozos sedéfendent de toute violence. Selon eux,si lesBétés lesdétestent, c’estparcequ’ilsconnaissent la brousse et qu’ils ont aidélesFRCIàdécouvrir leurscachesd’armes.Et qu’ils veillent à la sécurité des habi-tants.«Sansnous, lesBétés reprendraientles armes », affirme Adama Diabaté, lechef de la sécuritédesDozos de Bayota.Doivent-ils retourner dans leNord? «Laconfrérie ades adeptesdans tout lepays.Nous sommes ici chez nous. Dès que lasécurité sera revenue, nous retourne-rons à nos occupations en brousse. » Àl’évidence, la réconciliation ne sera pasun long fleuve tranquille. ●

MURIEL DEVEY, envoyée spéciale

AUX LÉGISLATIVES DE DÉCEMBRE, les listes du Rassemblementdes républicains (RDR) d’Alassane Ouattara ont fait un tabac dans ledépartement de Gagnoa. Leur slogan: « Unis dans la diversité ». Parmi lesheureux élus, Abel Djohoré, dans la circonscription de Ouaragahio-Bayota,ainsi que Louis-André Dacoury-Tabley et Sériba Coulibaly, avec 75,66 %des voix, dans celle de Gagnoa-Commune. Le taux de participation n’acependant guère dépassé 40 %. Les raisons? Les consignes d’abstentiondu Front populaire ivoirien (FPI) et la faible mobilisation de l’électoratRDR, « qui a cru que la victoire aux législatives ne ferait pas de douteaprès celle de Ouattara », explique Dacoury-Tabley. Évidemment, lescandidatures sous l’étiquette RDR des « frères » bétés Djohoré et Dacoury(lequel avait rompu avec Gbagbo pour se rallier à la rébellion aprèsseptembre 2002) ont fait grincer des dents. Nouvelle étape avec lesélections municipales, locales et régionales, prévues en mars-avril. ● M.D.

COMMENT OUATTARA A GAGNÉ GAGNOA

MURIELDEV

EYPOURJ.A.

Dans la région, la plupart deshabitants veulent tourner la pageet aller vers la réconciliation.

JEUNE AFRIQUE No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012

Les douze travaux d’ADO 77

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Société Ivoirienne de Banque :50 ans et des projets pour au moins 50 ans

Depuis 2009 le Groupe MarocainAttijariwafa Bank a fait sonentrée dans le capital de la SociétéIvoirienne de Banque à hauteurde 51 %. Ce nouveau partenariata insufflé une nouvelle dynamiquedans laconquêtedepartdemarché.La SIB se rapproche davantagedu grand public et continue deservir les grandes entreprises avecla même efficacité.

« Comptez sur nous,vous comptez pour nous »Fondée en 1962, la Société Ivoiriennede Banque (SIB) fête cette année ses50 ans. Un demi-siècle au cours duquella SIB a su développer l’image d’unebanque citoyenne, professionnelle etfiable en Côte d’Ivoire, notammentauprès des grandes entreprises et dansle trade finance. Depuis 2009, elle partagecette notoriété avec Attijariwafa Bank,deuxième institution financière africainehors Afrique du Sud.

Un plan de développementambitieuxAvec Attijariwafa Bank, une nouvelleimpulsion est donnée à la SIB, qui se doted’un ambitieux plan de développement.Celui ci se traduit par la volonté decontribuer à l’effort de bancarisation enCôte d’Ivoire et de s’impliquer de façonsoutenue dans le tissu économique national.L’expertise du groupe Attijariwafa Bankpermet de mieux accompagner les acteurséconomiques tels que les professionnels,les moyennes entreprises et les groupesnationaux émergents. Dans le même temps,la SIB continue de développer ses pointsd’excellence auprès des clients corporateet dans le trade finance, en s’appuyantsur le savoir faire et le réseau mondial dugroupe marocain.

Société Ivoiriennede Banque34 bd de la République, 1300 AbidjanCote d’Ivoire - Tél. (+221) 20 20 00 00

www.sib.ci

Ressource totale collectée

160,1

205,3

+28

%

DÉC. 2009 DÉC. 2010

Crédits totaux distribués

148,9

205,5

+38

%

DÉC. 2009 DÉC. 2010

Total bilan

235,0275,9

DÉC. 2009 DÉC. 2010

Produit net bancaire

20,224,2

DÉC. 2009 DÉC. 2010

Résultat brut d’Exploitation

6,7

9,3

DÉC. 2009 DÉC. 2010

Résultat net

5,06,1

DÉC. 2009 DÉC. 2010

+39

%

Une nouvelle agencetous les mois !Pour mener son plan de développementà bien, la SIB a développé son réseau aurythme d’une agence par mois au cours deces vingt derniers mois. Aujourd’hui, ellecompte 36 agences contre 16 en 2009. LaSIB est présente à Abidjan (26 agences) etdans les principales localités du pays telque : Yamoussoukro, Daloa, Bouaké, Manet San Pedro. Ainsi, elle propose une offreperformante de banque de proximité dotéed’un réseau moderne, dense et fonctionnantaux standards « World class ». La SIBobserve une exigence continue de qualité :améliorer en permanence ses prestations etsa réactivité aux besoins de sa clientèle. Cetteexigence de qualité se démontre à traversl’enrichissement permanent de son capitalhumain par des programmes de formationset de partage d’expérience avec le groupe etles autres filiales.

Une banque efficaceet accueillanteLe déploiement d’une identité visuelle et leréaménagement de l’ensemble de ses espacescommerciaux sont au cœur de la stratégiecommerciale de la SIB. L’objectif est d’offrirun cadre accueillant à ses clients pour desrelations bancaires souples et efficaces.C’est aussi dans ce cadre que la SIB proposeà ses clients des services de banque en ligne(internet) et sur mobile (sms). Avec cettestratégie de conquête et de pénétrationnotamment des secteurs jusqu’à là inexploitéspar les banques, la SIB est reconnue commeune banque innovante.

La SIB, c’est aussiUne institution de bancassurance quipropose à ses clients des contrats deprévoyance et des contrats d’assurance vie.C’est aussi une banque agréée auprès de laBourse des Valeurs mobilières d’Abidjan,via sa filiale, la Société de gestion etd’intermédiation Africaine de Bourse.

Le succès de la SIBen chiffres (DÉC. 2009 àDÉC. 2010) en milliards de FCFA

Façade Les Oscars.

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L e vent sec de l’harmattan soufflebruyamment sur le marché etemporte avec lui les cris de com-merçantes pressées de ranger

leurmarchandise. Devant le siège d’unétablissement demicrofinance nouvel-lement réhabilité, à l’endroit précis oùdeux panneaux indiquent l’unBamako,l’autre Ouagadougou, deux douaniersdevisent en riant – ils se demandents’ils auront de l’eau courante pourprendre un bain chaud. Nous sommesà Ouangolodougou, département dunord du pays, frontalier à la fois duMaliet du Burkina Faso.

Les deux douaniers sont en factionau poste-frontière de Laléraba, derniervillage ivoirienavant lepaysdesHommesintègres. Depuis le mois de décembre,

agentsdesEauxetForêts,douaniers, gen-darmesetpoliciers, venuspour laplupartdu Sud, sont de nouveau présents dansla commune.Unaffluxde fonctionnairesqui aaccentué lesdifficultésde l’antennede la Société de distribution d’eau de laCôte d’Ivoire (Sodeci) à fournir tout lemonde et la contraint à opérerdes délestages.

RECONSTRUCTION. Mêmele préfet, Sihindou Coulibaly,en est victime, il ne s’en plaintpas pour autant. Le plus souvent, il n’apas le temps de finir son petit déjeu-ner que, déjà, le devoir l’appelle. Car lesproblèmes sont aussi nombreux quedifficiles à résoudre : centres de santédélabrés, infrastructures publiques

dévastées,manquede logementsdécentspour les nouveaux fonctionnaires, pau-vreté, etc. Un lot d’urgences commun àtoutes les zones jadis contrôlées par lesForces nouvelles (FN). À l’initiative deSihindou Coulibaly, une mutuelle decrédit et d’épargnede commerçantes enproduitsvivriersaétécréée.«Lameilleurefaçon de lutter contre la pauvreté, c’estd’aider financièrement les femmes afinqu’elles créent des activités génératricesde revenus », explique le préfet.

LescommerçantesdeFerkessédougou(au sud de Ouangolodougou) ne l’ontpas attendupour s’organiser endiversescoopératives. Ferké, c’est la villenataledeGuillaume Soro. Ici, le Premierministred’AlassaneOuattaraestconsidérécomme

le « sauveur ». Les semaines ont passédepuis les législatives, mais les pos-ters à son effigie sont encore partoutdans la ville. Personne ne songe à lesdéchirer ou n’ose le faire. Le tronçonOuangolodougou-Ferké, en cours

CARNET DE ROUTE

Ouangolodougou-Bouaké,le tour de la réunification

� DANS LE FIEF de Guillaume Soro, les élections passent, les affiches restent.

De l’Extrême-Nord au centre du pays, l’État de droit reprendle dessus dans les zones qui étaient assiégées par les Forcesnouvelles. L’administration et ses fonctionnaires sont de retour.

ISSO

UFSA

NOGO/A

FP

À Ferkessédougou, le Premierministre est considérécomme le « sauveur ».

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JEUNE AFRIQUE No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012

Les douze travaux d’ADO 79

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de réhabilitation, est son œuvre,assure-t-on dans les rues de Ferké. Peuimporte que ce projet fasse partie desgrands travaux engagés sur l’ensembledu territoire et annoncéspar leprésidentOuattara (lire pp. 88-89).

À Korhogo (200000 habitants), pré-fecture de la région du Poro, les routessont aussi en pleine réhabilitation. Ici,c’est le fief de l’ex-commandant de zone(comzone)MartinKouakouFofié, connusouslenomdeguerreFansara110etplacésous sanction onusienne en 2006 pourgraves violations des droits de l’homme.En dix ans, une classe moyenne s’y estformée, tirant profit du commerce demarchandises non taxées. «Le jeunequiavait 100 000 F CFA[150 euros, NDLR]au début de la rébel-lion en a aujourd’hui1 million », expliqueIssouf Koné, pré-sident de la Jeunesse des Forcesnouvelles.

CASE PRISON. Au commissariat depolice, le portrait officiel d’AlassaneDramane Ouattara (ADO) accueille levisiteur avec le sourire. Une dizaine deprisonniers sont entassés dans l’uniquecellule. L’« un est là depuis sixmois, iro-nise unofficier ; c’est l’héritagequenousont laissénosprédécesseurs »desForcesarméesdesForcesnouvelles (FAFN).Ces

derniers sont de plus en plus discretsdepuis les affrontements, dans leCentre-Nord et dans le Sud, impliquant des ex-rebelles devenus membres des Forcesrépublicaines de Côte d’Ivoire (FRCI),affrontements qui ont irrité Ouattara.Pour voir ces ex-FAFN, il faut se rendreà la Compagnie territoriale de Korhogo(CTK), QG de Fofié. Ils surveillent legénéralBrunoDogboBléetPatriceBahi,respectivement ancien commandantde la garde républicaine et ex-chef de lasécurité civile de Laurent Gbagbo.

Au moins 5000 ex-rebelles du Nord,qui étaient descendus dans le Sud pourchasser l’ancien président du pouvoir,sont revenus au bercail. D’autres n’ont

pas eu cette chance.Ils ont été tués lors del’offensive surAbidjan,début avril 2011. SoroKanigui,déléguégéné-ral des FN et nouveau

député de Sirasso (département deKorhogo), suit de près le dossier de cesex-combattants. « Nous faisons de laveille pour éviter que des programmesde réinsertion du gouvernement oudes structures internationales ne leuréchappent », indique-t-il.

En poursuivant toujours plus au sud,on arrive à Katiola (60 000 habitants),l’agglomération laplus importante aprèsKorhogo et avant Bouaké, dont elle estdistantede55km.Saprisonhébergecinq

personnalitéspro-Gbagbo,dont Geneviève Bro-Grebé, la très remuanteprésidente des Femmespatriotes. L’immensebâtisse auxmurs très éle-vés, entourée de brous-sailles, se situe en pleineville. Les ex-rebelles qui lagardaientontcédé laplaceà l’équipe d’un régisseuret de son adjoint, nou-vellement affectés dansla localité. Lespro-Gbagboseportentbien, sontnour-ris par un service traiteuret reçoivent souvent desvisiteurs munis d’uneautorisation signée par leprocureur du Plateau, àAbidjan. Les geôliers de

Bro-Grebé et de ses compagnons évitentles sujets en rapport avec la politique.

Le11avril 2011, 105personnesavaientété arrêtées avec Laurent Gbagbo dansson bunker, dont son épouse Simone,son fils aîné,Michel, et l’unede ses filles,Marie-Laurence.Cettedernièreainsiquedes dizaines d’autres personnes, dontdes mineurs, ont été libérées dans lesjoursquiont suivi.D’autrespersonnalitéspro-Gbagbo ont par la suite été arrêtéeset envoyées dans des prisons du norddu pays. Depuis janvier, il ne reste plusquedix-sept civils pro-Gbagboendéten-tion, notamment Pascal Affi N’Guessan,président du Front populaire ivoirien(FPI, parti de Gbagbo), et Gilbert MarieAkéN’Gbo, dernier Premierministre deGbagbo. Ils sontpoursuivis, entre autres,pour crimes économiques et atteinte àla sûreté de l’État.

SYMBOLES.ÀBouaké, aucampmilitairedu3ebataillon, a eu lieupour lapremièrefoisdepuisdixansunecérémoniedeprised’armes, fin décembre. Tout en sobriété.Aux côtés deKoninAka, préfet de régionet dudépartement (lire portrait p. 81), lecolonel-major Assaud-Plékou Kouassi,nouveau commandant de la IIIe régionmilitaire.

Gendarmes, officiers et hommes detroupe (génie, infanterie, arméede terre),policiers, sapeurs-pompiers,etc. – tous lescorps habillés, y compris les ex-FAFN –,

En sénoufo,

« korhogo »signifie « héritage »

SIA

KAMBOU/A

FP

ð LA POLICE a repris duservice à Korhogo.

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No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012 JEUNE AFRIQUE

80 Le Plus de J.A. Côte d’Ivoire

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défilent sous la conduite du capitaineChristopheTapé Inika, ancienofficierdesForces de défense et de sécurité (FDS).Tout un symbole dans ce campmilitairequi a été le théâtre, en octobre 2002, del’assassinatpar les rebellesdegendarmesloyalistesetdemembresde leurs famillesdésarmés. Il était depuis lors envahi parles broussailles.

Depuis l’arrivée du commandant dela IIIe région militaire, l’autorité des ex-comzones de Bouaké se réduit commepeaude chagrin. Ils sont tous àAbidjan,

où ils ont été nommés à des postes àresponsabilités au sein des FRCI. ChérifOusmane,aliasPapaGuépard,désormaiscommandantadjointdupalaisprésiden-tiel, a fait évacuer le quartier général desacompagnie findécembre.Les locaux,àréhabiliter, sontmaintenantoccupésparles douaniers. Quant à IssiakaOuattara,alias Wattao, il se fait remarquer mêmeabsent, surtout dans la rue du quartierd’AirFranceoùse trouve sa résidence, oùsont garés unebonne vingtaine de véhi-cules lui appartenant, ce qui nemanquepasd’agacer les riverains, obligésde faireun grand détour pour rentrer chez eux.

Il n’empêche, « l’État de Côte d’Ivoireest revenuaprès près dedix ans de crise,se réjouit le préfet Konin Aka. Tous lessymboles sont en place : préfectures,sous-préfectures, justice, prisons, armée,services desministères, etc. »C’est indé-niable, la réunification du pays est uneréalité. Reste la réconciliation… ●

ANDRÉ SILVER KONAN, envoyé spécial

Les ex-comzones sontpartis, nommés à despostes à responsabilitésau sein des FRCI.

Allure fière, poignée de mainautoritaire. Konin Aka n’estplus le fonctionnaire que les

comzones de Bouaké saluaient d’unair hautain il y a deux ou trois ans.Désormais, depuis la fin officielle duconflit et avec le retour définitif del’administrationpubliquedans la ville,Konin est au cœur de toutes les déci-sions importantes portant sur la viede la région qu’il administre. En 2007,quand il a été affecté dans la localité,il dormait à l’hôtel et la terrasse del’établissement lui servait de bureau.Symbole de la rébellion du corps préfectoral après la présidentielle de 2010, ila été le porte-parole des préfets des ex-zones assiégées qui ont publiquementdésavoué le Conseil constitutionnel de Paul Yao N’Dré. Aujourd’hui, il ne leregrette pas. Loin de là. ● A.S.K.

SIA

KAMBOU/A

FP

Konin AkaPréfet de région du Gbêkê

et du département de Bouaké

Dans legrandNord, ilest l’uniquedéputéduPartidémocratiquedeCôted’Ivoire(PDCI, d’Henri Konan Bédié) lors des

législativesdu11décembre (unautreaétééludansleCentre-Nord:GastonOuassénanKoné).Augustin Silué Kagnon, 62 ans, député de lacirconscriptiondeNapié (voisinedeKorhogo)depuis dix-sept ans, tire son succès électoralde sa proximité avec la population. À Napié,cet ancien comptable ayant fondé une écolesupérieure n’est pas seulement député. Il estaussi, parfois, unagentdedéveloppementquiaide les femmes à s’organiser en coopératives

et ouvre des pistes pour désenclaver des villages reculés. Il est souvent un phi-lanthrope, offrantdesgroupesélectrogènes, des cantinesauxécoles, desprises encharge scolaires, etc.RésidantàAbidjan, Silué se rendpresque tous lesweek-ends« au village », où l’attendent des hôtes qui viennent de toute la région. ● A.S.K.

A.S.K.P

OURJ.A.

Silué KagnonDéputé (PDCI) de Napié

Le goût du monde pour Servair Abidjan,c’est d’être respectueux des normes

internationales et des spécificités locales.

Le goût des métiers de la restauration aérienneet aussi de ceux des services aéroportuaires.

Et bien sûr, le goût du service pour répondreaux attentes quotidiennes des passagers

de l’aéroport international d’Abidjan.

Le goût du monde

Les douze travaux d’ADO 81

Page 26: JA 2665 DU 5 AU 11 FEVRIER 2012 PLUS COTE D'IVOIRE

P oro Night-Club. C’est l’endroit« tendance » àKorhogo. Situéedans l’enceinte de l’hôtelMontKorhogo, la boîte est l’une des

plus anciennesde la région.Des filles entenue de soirée dansent sur la piste aurythmedesparoleshilarantesduMagnific.Le comédien s’est découvert des talentsde chanteur à la faveur de la crise post-électorale. Depuis, son succès ne faiblitpas.AprèsFRCI,quetout lemondeécouteenboucle sans se lasserdepuis l’été, c’estau tourde son titre sur l’équipenationalede football, les Éléphants – qui seraientbien inspirés de gagner la CAN 2012 –,de faire rire et danser le pays tout entieret Korhogo en particulier.

MEILLEURS CLIENTS.Dansun salondubar, unhommeengalante compagnie etsongroupealignentdesbouteillesdevinmousseux. Il est le frèred’unepersonna-litéde la commune, éluedéputé lors des

législativesdu11décembre.Enrevanche,pas un seul élément des Forces arméesdes Forces nouvelles (FAFN) en vue. Il yen a peut-être, mais en civil.

Les temps ont changé ; l’ostentationchange elle aussi de camp. « Avant,

c’étaient les rebelles lesmeilleurs clients,explique l’une des filles du bar, à la foisserveuseetdanseuse.Maintenant, soit ilsn’ont plus d’argent, soit ils économisentle peu qu’ils ont. »Depuis qu’ils ne sontplus autorisés àdresser des barrages surles routespour racketter les camionneurset les voyageurs, les ex-rebelles rentrenteneffet progressivementdans le rang, aupropre comme au figuré. Et les « petitesamies »qu’ils avaient commencent, elles,

à lorgnerducôtédes fonctionnairesnou-vellement affectés dans la ville.

Ces derniers préfèrent les restaurants,moins bruyants, commeLeVénus ouLaBonne Cuisine. Attiéké, poisson braisé,aloco, kédjénoudepoulet…Lesmets lesplus prisés de la gastronomie ivoirienney sont servis,àdesprixplusbasqueceuxpratiqués àAbidjan. Ici, le poulet venantduMali estdeux foismoinscherquedansla capitale économique.

THÉ NOCTURNE. Soba est, de loin, lequartier le plus fréquenté par les jeunesautochtones sénoufos. Ceux qui ont unpeu d’argent s’offrent une bière au bar,climatisé, du Dollar. Les autres se ras-semblent autour d’un thé et discutentgénéralement politique. Le « grin » ainsi

formé débat cette nuit-là des nominationsdans l’administration.Quelques-uns pensentqu’il y a un peu tropde Nordistes, au détri-ment des cadres desautres régions du pays.

La majorité estime que « le présidenttravaille avec ceuxqu’il connaît. Cen’estpas la faute des gens du Nord si ce sonteux qui ont largement épousé la caused’Alassane Ouattara ».

Les grins du Nord sont à l’image desanciennes agorasduSud; ils sont le plussouvent fréquentés par des jeunes sansemploi. Et, depuis quelque temps, d’an-cienscombattantsdémobilisésprennentle thé nocturne à Soba avec leurs cama-rades d’hier qui n’ont pas pris les armes.

À Korhogo, le conflit a aussi créé unepetite classe moyenne dont les jeunesaimentà se retrouver auBolambaNight-Club, à la Plage des stars ou au bar du

Biato,un investissementducom-mandant Martin Kouakou Fofié,l’ex-comzone devenu mythiquedans la région et aujourd’hui àla tête de la Compagnie territo-rialedeKorhogo (CTK).Dans ces

bars, de nombreux soldats des Forcesrépublicaines de Côte d’Ivoire (FRCI)fument, boivent et dansent en reprenantdes morceaux à succès de DJ en vogue(Arafat, Bonano, Alex Funk…), d’artistesde zouglou commeMagic System ou dereggaemen tel Tiken JahFakoly. Souvent,quand ils lèvent le verreà la santéde l’undes leurs, on distingue nettement le coltqu’ils portent à la hanche. ●

ANDRÉ SILVER KONAN

SORTIR

La petite musiquede Korhogo

DAKO

TAPOURJ.A.

ð LA PLAGE

DES STARS estfréquentéepar lesjeunes desclassesmoyennes.

D’anciens combattantsdémobilisés prennent le thénocturne à Soba.

Où y a-t-il de l’ambiance dans la cité du Poro?Revue non exhaustive de quelques-uns de ses nombreuxclubs, restaurants, bars et « grins » de quartier.

No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012 JEUNE AFRIQUE

82 Le Plus de J.A. Côte d’Ivoire

Page 27: JA 2665 DU 5 AU 11 FEVRIER 2012 PLUS COTE D'IVOIRE

Un marché régulépour des clients protégés

Nommé en décembre 2010, Arthur Kouassi Aloco a été installé en avril der-nier à la tête de l’Agence des télécommunications de Côte d’Ivoire (ATCI).Ancien cadre de Côte d’Ivoire Télécom, Orange et Côte d’Ivoire Multimédia,il a l’avantage de connaître les problématiques du secteur de l’intérieur. Ilne pourra que mieux y apporter des solutions, aujourd’hui à la direction durégulateur national des télécoms.

Dans quelles circonstances avez-vouspris vos fonctions, en avril dernier, suiteaux affrontements qui ont frappé laCôte d’Ivoire ?Le 19 avril 2011, nous avons trouvé unesociété complètement détruite. Le ma-tériel de travail avait été saccagé et lesordinateurs, les serveurs et le systèmede gestion et de contrôle informatiqueemportés, afin de nous empêcher deremplir notre mission de régulateur. Notrepremier réflexe a été de dresser un étatdes lieux par voie d’huissier, avant d’éva-luer les dégâts puis de commencer à re-mettre la société sur pied. Les salariés ontété regroupés dans des bureaux où nousavons essayé de mutualiser le matérielencore utilisable. Au fur et à mesure, nousavons repris le contrôle du spectre desfréquences radioélectriques, à minima, etnous espérons avoir achevé la remise àniveau cette année.

L’une de vos premières décisions a étéde formaliser, en septembre, le travailque l’ATCI réalisait depuis deux ansavec la police, dans le cadre de la luttecontre le cybercriminalité…Oui, nous avons procédé à la conclusiond’un partenariat avec la police nationale,en particulier sur l’axe cyberescroquerie.L’image de la Côte d’Ivoire pâti de cesactivités qui nous font notammentblacklister des transactions financièresinternationales et qui font de nombreusesvictimes. Un centre d’intelligence avec lapolice scientifique, le CI-CERT, nous permetde traquer les bandits. Ce partenariatformel nous a aussi permis de définir plusclairement les missions de chacun. Nous

sommes en train de demander au Gardedes sceaux la formation d’un spécialiste,au parquet, capable de mieux cerner lesproblématiques de la cybercriminalité.

Quelles sont désormais vos priorités ?Nous avons déjà assaini les relations entreopérateurs, notamment la question desdettes inter-opérateurs, sur le marché.En ce qui concerne la qualité de service,nous étions longtemps handicapés carnotre outil de contrôle était endommagé,mais nous avons réussi à reprendre lamain. Les opérateurs aussi ont subi desdégâts et nous n’avons donc pas ététrop durs avec eux en 2011, mais nousle serons davantage cette année. Noustravaillons par ailleurs au lancement de la3G, après que le gouvernement a lancé leprojet le 29 décembre. Quatre licences,au maximum, seront attribuées au plustard à la fin du premier trimestre de cetteannée. L’autre priorité de l’ATCI concernele nouvel environnement réglementaireet l’obligation de nous mettre à niveauvis-à-vis des textes communautaires dela Cedeao et de l’Uemoa. Nous allonségalement réaliser la convergence desréseaux. Cela signifie qu’un opérateur, surla base de la neutralité technologique,et j’insiste là-dessus, pourra désormaisvendre des services (contenu, VOIP…)à ses clients. C’est un bouleversementqui va permettre de mieux réguler lemarché, jusque-là régi par la maîtrisetechnologique. Nous souhaitons enfin agirsur le coût des infrastructures et faire de laCôte d’Ivoire un centre régional de « callcenter », une activité qui attire les deviseset offre de l’emploi aux jeunes.

18 BP 2201 Abidjan18Tél. :+225 20 34 43 74Fax : +225 20 34 43 75

Agence des télécommunications de Côte d’Ivoire

COMMUNIQUÉ - DIFCOM/FC - PHOTOS : DR

Dans le cadre de sa missionde régulation, l’ATCI estchargée de :

• faire appliquer lestextes en matière detélécommunications ;

• définir les principes et autoriserla tarification des services quisont fournis sous le régime dumonopole ;

• délivrer les autorisationsd’exploitation des services destélécommunications ;

• accorder les agréments deséquipements terminaux ;

• assurer la gestion et le contrôledu spectre des fréquencesradioélectriques ;

• contribuer à l’exercice desmissions de l’État en matièrede défense et de sécuritépublique ;

• contribuer à l’exercice de touteautre mission d’intérêt publicque pourrait lui confier leGouvernement pour le comptede l’État dans le secteur desTélécommunications.

Page 28: JA 2665 DU 5 AU 11 FEVRIER 2012 PLUS COTE D'IVOIRE

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Page 29: JA 2665 DU 5 AU 11 FEVRIER 2012 PLUS COTE D'IVOIRE

LA CÔTE D’IVOIRE a parcouru un cheminconsidérable depuis la crise postélectorale.Mais elle part de très loin. Son économie atourné au ralenti pendant une décennie de

troubles politiques, sociaux etmilitaires. La récon-ciliation sera bien plus facile si le pays réussit àpromouvoir une croissance solide et génératriced’emplois, qui permette d’améliorer le niveau devie de sa population. Ce n’est pas gagné, mêmesi la Côte d’Ivoire est dotée de solides atouts, àcommencer par de riches ressources naturelles.

Lepays assurenotamment 40%de laproductionmondiale de cacao. Outre cette culture phare, lecafé, le riz, le coton, l’hévéa, l’anacarde ou encorel’huile de palme représentent un énormepotentiel.Mais les rendements agricoles sont encore assezfaibles en raison dumanque de fertilisation et demauvaises pratiques culturales. Par ailleurs, il estimpératif de renforcer l’encadre-ment et d’améliorer les circuitsde distribution des intrants. Lepays recèle aussi d’importantesréserves d’or et de pétrole. Letissu industriel doit être rénové pour gagner encompétitivité. Enmettant leursproduits auxnormesinternationales, les exportateurs ivoiriens pour-raient regagner des parts demarché dans la régionet dans le reste du monde, notamment en béné-ficiant d’unaccèsprivilégié auxmarchés européenset américain. Enfin, le pays dispose d’une popu-lation jeune, dynamique, et d’une main-d’œuvrerelativement bon marché.

Le taux d’investissement reste cependant assezfaible. Il représentait 30 % du PIB au pic du boomcacaoyer des années 1970, mais a chuté à 10 %après 1999, contre une moyenne de 22 % au sudduSahara et de 25%enAsie. L’état de délabrementdes routes, des réseaux électriques et d’adductiond’eau en est un signe manifeste.

Le pays devrait bientôt atteindre le point d’achè-vement de l’Initiative en faveur des pays pauvrestrès endettés (PPTE) et bénéficier ainsi d’uneréduction substantielle de sa dette extérieure.Toutefois, les bailleurs de fonds ont déjà été trèsgénéreux en lui accordant des allègements impor-tants. Si bien qu’en renouant avec un servicenormal de la dette après le point d’achèvement,ses paiements vont paradoxalement augmenterau lieu de diminuer, et les nouveaux empruntsdevront donc être souscrits avec prudence.Augmenter les investissements de façon

importante alors qu’il n’en a pas les moyens estl’un des principaux défis économiques – pourlequel il y a pourtant des pistes – que devra releverl’État. Il doit d’abord élargir l’assiette fiscale etaméliorer le fonctionnement des régies financièrespourmobiliser de nouvelles ressources. Il a d’ail-leurs entrepris de restructurer les dépensespubliques en faveur de l’investissement pour 2012et les exercices suivants.Mais l’essentiel doit venirdes privés. Pour accompagner cette dynamique,le système bancaire doit jouer pleinement sonrôle d’accompagnement sur la durée.Des chantiersont été engagés pour améliorer l’environnementdu crédit avec, notamment, la récente création detribunaux spéciaux chargés de la résolution desdifférends commerciaux. Lesbanques, en revanche,très nombreuses, ne sont pas toujours compéti-tives. Leursmarges d’intermédiation et leurs frais

sont élevés. Nombre d’entre elles encombrent lemarché. Les autorités se sont néanmoins engagéesà corriger ce dysfonctionnement structurel. Pourrestaurer la confiance des investisseurs, elless’emploient également à améliorer la sécurité, àéliminer les tracasseries administratives, à réduireles formalités nécessaires à la création et à l’activitédes entreprises, à combattre la corruption géné-ralisée et à accroître la transparence.

Cela suffira-t-il? Il est trop tôt pour le dire, maisle potentiel est là. Chaque point de croissancegagné viendra ajouter près de 100 millions dedollars [76 millions d’euros, NDLR] à la capacitéd’endettement à long termedupays. L’accélérationdes chantiers d’intégration régionale permettrade doper la croissance de toute l’Afrique de l’Ouestet, en particulier, de la Côte d’Ivoire. Un marchérégional plus large (300millions d’habitants avecle Nigeria) attirera davantage d’investissements.Le Fonds monétaire international a été prompt àréagir, notamment via une assistance techniquepour appuyer la réforme bancaire et l’administra-tion fiscale, et par un concours financier de plusde 130 millions de dollars dès juillet 2011. Ennovembre 2011, il a approuvé une nouvelle facilitéde crédit de plus de 600 millions de dollars surtrois ans. La poursuite de bonnes politiques éco-nomiques nous donne des raisons d’espérer. ●

WAYNEW.CAMARDReprésentantrésident duFonds monétaireinternationalen Côte d’Ivoire

TRIBUNE

SOS investissements

Les nouveaux emprunts devrontêtre souscrits avec prudence.

Opinions &&

éditoorriiaauux&

DR

Les douze travaux d’ADO 85

JEUNE AFRIQUE No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012

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O nze mille cinq cents mil-liards de F CFA (plus de17,5 milliards d’euros), c’estle montant du programme

d’investissement 2011-2015 réévalué finjanvier. Pour cette année 2012, l’État aprévudeconsacrer620milliardsdeFCFAà ces chantiers, soit unbudget enhaussede plus de 108 % par rapport à celui de2010. Conscient que le paysnepeut à luiseul mobiliser les financements néces-sairesàune réalisation rapidedes infras-tructures – soit 2000milliards de F CFApar an –, le gouvernement s’est lancédans la recherche de partenaires. Avecun certain succès. Les bailleurs de fondsmultilatéraux semobilisent, à l’instar dela Banque islamiquededéveloppement(BID), qui s’est engagée àdébloqueruneenveloppede200milliardsdeFCFApourla réalisationdedix-septprojets aucoursdes trois prochaines années.

UN TOIT POUR TOUS. En attendantla mobilisation de tous les fonds, le9 janvier, le chef de l’État a présidé audébut des travaux de construction des2420 logements sociauxde la futureCitéADO, àYopougon, communepopulaired’Abidjan. Un marché confié à FrameBuilt, la nouvelle filiale locale du fran-çais Lafarge, qui marque « le début de

la concrétisation du projet garantissantle droit à un toit pour tous », a préciséAlassaneOuattara.Cetteopération s’ins-crit en effet dans le cadreduprogrammenational pour l’habitat, par lequel legouvernement s’est engagé à construire50000 logements par an pour les foyersà faibles revenus. « Pour atteindre nosobjectifs, explique Nialé Kaba, ministrede laPromotiondu logement,nousaxonsnotre stratégie sur une forte implica-tion de l’État, dans un partenariat avecle secteur privé. » Le programme, d’uncoût global de plus de 54 milliards deFCFA, devrait permettre de combler undéficit évalué à 400000 logements (dontlamoitié dans la capitale économique).Il a été confié àdeux opérateurs : le fran-çais Lafarge et le groupe italien ENI, lesgroupes ivoiriensn’étantpour lemomentpas en mesure de le réaliser dans lesnormes et les délais requis.

Soucieux de donner une meilleureimage à la capitale économique et unenvironnement sain à ses habitants,le chef de l’État a fait de l’opération deréhabilitation-dépollution de la baiede Cocody un axe important du projetde développement d’Abidjan et l’a ins-crit parmi les chantiers du programmed’investissement 2011-2015.Décliné enplusieursétapes, lepland’aménagement

de la lagune est à l’étude dans l’officineduBureaunational d’études techniqueset de développement (BNETD).

FER ET BITUME. Pour mettre à niveauAbidjan enmatière d’infrastructures detransport, les travaux du troisième pontRiviera-Marcory, baptisé pont HenriKonan-Bédié,ontété lancésenseptembrepar la Société concessionnaire du pontRiviera-Marcory (Socoprim, filiale dufrançais Bouygues). Objectif : mettre finaux bouchons qui paralysent la capi-tale économique ivoirienne etminent lequotidien de ses 5millions d’habitants.Le coût de l’ouvrage, estimé à 125 mil-liards de F CFA, est supporté par l’État,la Banque africaine de développement(BAD) et plusieurs institutions finan-cières. Il devrait être opérationnel avantla finde 2014.Également auprogrammepourAbidjan : l’étude de faisabilitéd’untramway, sur laquelle le français Alstoma déjà bien avancé. Cependant, ce luxe– estimé àprès de 700millions d’euros –ne fait pas partie des priorités.

Bienplusurgent, leprogrammeroutierqui vise à rendre toutes les régions dupays rapidement accessibles a été misen œuvre, pour un montant évalué à1000 milliards de F CFA sur cinq ans.Le pays envisage de construire 2500 kmde routes bitumées, d’en renforcer plusde 840 km et de réhabiliter près de13700 km de pistes villageoises. Parmiles plus grands chantiers (69 milliardsde F CFA), celui de l’autoroute du Nord

Abidjan-Ouagadougou (dont le tron-çon jusqu’àYamoussoukro est en phasede finition) devra faciliter les liaisonsentre Abidjan et les régions de l’Ouest,du Centre et du Nord, ainsi qu’avec lespays de l’hinterland (Burkina Faso,Maliet Niger). Une autoroute entre Abidjanet Accra, la capitale ghanéenne, est éga-lement en projet.

Enmatière ferroviaire, la voieAbidjan-Ouagadougou sera réhabilitée – unprojet vieux de plus de trente ans enfin

GRANDS CHANTIERS

Les urgences au programmeFace aux enjeux de la reconstruction et de la relance économique,l’État accélère la réalisation de son plan d’aménagement. Il donneune forte priorité à l’habitat, aux transports et à l’énergie.

OLIVIERPOURJ.A.

ð Le tronçon de L’AUTOROUTE ENTRE

ABIDJAN ETYAMOUSSOUKRO est en coursde finition.

Les projets ne pourrontêtre réalisés dansles temps sans aidesextérieures.

No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012 JEUNE AFRIQUE

88 Le Plus de J.A. Côte d’Ivoire

Page 33: JA 2665 DU 5 AU 11 FEVRIER 2012 PLUS COTE D'IVOIRE

relancé – et prolongée jusqu’à Niamey.Côté Ouest, une ligne de chemin de ferdoitêtreconstruitepourrelier ledeuxièmeport du pays, San Pedro (lire pp. 92-93),àTouba, chef-lieu de la région duBafing(Nord-Ouest),afindefaciliter l’évacuationdes minerais de nickel et de fer depuisl’hinterland, enparticulierdepuis le sud-est de la Guinée, toute proche.

CENTRALES.Enfin, s’il est un secteur oùlaCôted’Ivoire restedéficitaire, c’estbiencelui de l’énergie. « La consommationaugmentede50mégawattheureschaqueannéeet ledéfi esténormepour l’État s’ilveut combler le déficit et répondre auxbesoinsdesparticuliersetde l’industrie»,confie Jean-Louis Billon, le président delaChambre de commerce et d’industriedeCôte d’Ivoire. En lamatière, les chan-tiers sont donc prioritaires, et la plupartont été engagés. « Le gouvernement aprévu une augmentation moyenne de

la puissance d’environ 150 MW dansles prochaines années, expliqueAdamaToungara,ministredesMines, duPétroleet de l’Énergie. Ce plan comprend l’ac-quisition d’une centrale thermique de100 MW en 2012, la réalisation de latroisième phase d’Azito en 2013, l’aug-mentation de la puissance de la Ciprelde 22 MW en 2014 [pour 117 milliardsde F CFA, NDLR] et, surtout, la miseen production du complexe de Soubré,d’une capacité de 270 MW, à l’horizon2015-2016. »

En attendant la construction du bar-rage et de la centrale de Soubré (Sud-Ouest), prévue dans deux ans (dont lecoût s’élève à 255milliards de FCFA), latroisièmephasede la centrale thermiqued’Azito a été lancée en octobre. Elle per-mettra d’augmenter de 50 % la produc-tion pour atteindre 3000 GWh, contre2 000 GWh actuellement. Le passaged’Azito III en cycle combiné (225 mil-liards de F CFA, financés notammentpar la Société financière internationale),a été confié au sud-coréenHyundai et àl’américain General Electric, qui com-menceront les travaux dans le courantdu premier semestre. ●

BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan

Le gouvernementveut construire50000 logements par anpendant cinq ans.

LA LOCOMOTIVE RÉGIONALE REDÉMARRE

Yamoussoukro

Abidjan

Bouaké

GHANA

LIBERIA

GUINÉE

MALI BURKINAFASO

Océan Atlantique

CÔTE D ' I VO I R E

200 km

LA

GUINÉE

POPULATION VIVANT SOUSLE SEUIL DE PAUVRETÉ(soit avec moins de 1,25 $ par jour)48,9 %

INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS$ (**/ 446 millions de dollars$ (**, 381 millions de dollars$ (*)* 418 millions de dollars

POPULATION22,7 millions d’habitants

SUPERFICIE322 463 km2

INFLATION3 %

SénégalTogoBénin

Côte d’IvoireMali

Guinée-BissauBurkina Faso

Niger

Développement humain(rang sur 187 pays classés)

Quelle place dans l’UEMOA?

Côte d’IvoireNiger

Burkina FasoMali

SénégalBéninTogo

Guinée-Bissau

Population(en millions d'habitants)

Côte d’IvoireSénégal

MaliBurkina Faso

BéninNigerTogo

Guinée-Bissau

PIB(en milliards de $, en prix courants, 2011)

SOURCES: FMI, SEPT. 2011 ;BANQUE MONDIALE, OCT. 2011 ; PNUD, NOV. 2011 ; CNUCED, JUILLET 2011 ; ECONOMIST INTELLIGENCE UNIT (EIU)

MaliBurkina Faso

SénégalTogo

Côte d’IvoireNigerBénin

Guinée-Bissau

Climat des affaires(rang sur 183 pays classés)

PIB (en milliardsde dollars,en prix courants,éch. de gauche)

Croissance(variation du PIB,en %, en prix constants,éch. de droite)

PIB PAR SECTEUR$ #!9569!" 30,1 %$ ;"3%4269!" 32,7 %$ :"!:969!" 37,2 %

PRINCIPAUX CLIENTS.6&;-06; 13,9 %+!643" 10,7 %':6:;-749; 7,8 %188"56<4" 7,2 %

0 50 100 150 200

2008 2009 2010 2011* 2012*0

5

10

15

20

25

30

- 6- 4- 20246810

23,5 22,5 23 23,826,7

8,5

– 5,8

2,43,8

2,3

* Prévisions

0 5 10 15 20 25

0 50 100 150 200

22,715,115

13,813,4 7,5

9,97,1

1,7

23,814,7

1110,1

6,53,61

SénégalCôte d’Ivoire

MaliBénin

Burkina FasoGuinée-Bissau

TogoNiger

PIB par habitant(en dollars, en 2010)

0 200 400 600 800 1000 1200

10961049

796756

670586

511428

155e

162e

167e

170e

175e

176e

181e

186e

NigerSénégal

MaliTogo

Burkina FasoBénin

Côte d’IvoireGuinée-Bissau

Investissements(en % du PIB, 2011)

0 5 10 15 20 25 30 35 40

38,831,5

20,419,417,917,8

10,810,4

146e

150e

154e

162e

167e

173e

175e

176e

0 5 10 15 20 25

JEUNE AFRIQUE No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012

89Les douze travaux d’ADO

Page 34: JA 2665 DU 5 AU 11 FEVRIER 2012 PLUS COTE D'IVOIRE

Société Nationaled’Opérations Pétrolièresde la Côte d’Ivoire

Produire l’énergie d’une nation forte

Pour réaliser son objectif de « PRO-

DUIRE L’ÉNERGIE D’UNE NATION

FORTE » La Société Nationale d’Opé-

rations Pétrolières, Pétroci s’est dotée

d’une technologie de pointe, d’ins-

tallations ultra modernes, d’équipe-

ments de dernière génération et s’est

entourée d’ingénieurs spécialisés et

de techniciens hautement qualifiés.

Fer de lance de la politique éner-

gétique ivoirienne, Pétroci assure,

depuis octobre 1975, l’exploration et

l’exploitation des gisements de pétrole

et de gaz de Côte d’Ivoire, en partena-

riat avec de prestigieuses compagnies

internationales à l’instar de Tullow Oil,

CNR, Edison, AFREN etc.

LESACTIVITÉS DE PETROCI

✔ Exploration et Production

d’hydrocarbures

✔ Industrie du Gaz

✔ Pétrochimie et produits pétroliers

✔ Distribution de produits pétroliers

✔ Importante participation dans l’industrie

de raffinage (SIR) – Distribution

– Stockage

LES VALEURS DE PETROCI

Excellence ● Solidarité ● Respect

● Professionnalisme ● Responsabilité

● Intégrité, rythment le quotidien des

équipes Petroci.

L’ENGAGEMENT DE PÉTROCI

Pétroci, est assurément l’une des

1ères entreprises de Côte d’ivoire par son

chiffre d’affaires, sa présence dans tous

les maillons de l’économie ivoirienne, sa

contribution au développement écono-

mique de la Côte d’Ivoire.

Grâce aux efforts conjugués des agents

de l’entreprise, du Gouvernement et des

ivoiriens, Pétroci a gravi d’importantes

marches dans l’accomplissement de sa

mission.

À PETROCI nous cultivons la tradition de

l’EXCELLENCE depuis plus de 35 ans

avec le même souci de DYNAMISME,

d’INNOVATION et de RECHERCHE dans

le domaine duPÉTROLE et de ses dérivés.

Nous bât issons une économie pét ro l iè re

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www.petroci.ci

PORTAIT DE DANIEL GNANGNI

Nommé à la tête de la DirectionGénérale de Petroci le 17 décembre2010, M. Daniel Gnangni a été ins-tallé le 22 avril 2011 par le MinistreAdama Toungara (premier DirecteurGénéral de Petroci). M. Gnangni estingénieur diplômé en Génie géolo-gique, option géophysique de l’Ecolepolytechnique de Montréal (Canada).Il fût successivement Chef du Ser-vice Géologie, Chef de projet chargéde la promotion des Blocs pétroliers,Directeur de l’Exploitation, ConseillerTechnique chargé de l’Exploitation etde la promotion des Blocs pétrolierset Consultant à Petroci. Ce parcours

professionnel s’est également en-richi de plusieurs stages chez :Schlumberg France et Gabon(1978 -1980)Phillips Petroleum Company auxÉtats Unis (1982-1984)École Nationale d’Administration pu-blique du Québec au Canada (1988).Il a également occupé les fonc-tions de Directeur de Cabinet au-près du Ministre Yed Esaie Angora(1987 -1993)

Né en 1950 à Grand-Lahou, M. Da-niel Gnangni est marié et père de4 enfants. Outre ses nombreuses af-filiations dans plusieurs associationsscientifiques ivoiriennes et interna-

tionales, le nouveau Directeur Géné-ral de Petroci a été successivementélévé au grade de Commandeur del’Ordre du Mérite des Mines en 1989et grade du Commandeur de l’Ordredu Mérite des Postes et Télécommu-nications (1992).

De l’Exploration Production en passant

par les activités connexes telles que le

transport des hydrocarbures ; une véri-

table économie pétrolière intégrée se

met progressivement en place, concou-

rant ainsi au développement de la Côte

d’Ivoire.

Pétroci peut véritablement aujourd’hui

ambitionner de « produire de l’énergie

d’une nation forte ». Une nation forte

de ses performances et progrès écono-

miques.

Une telle position ne peut s’obtenir sans

une participation accrue dans diverses

activités sociales traduisant à la fois sa

vocation d’entreprise citoyenne contri-

buant demanière significative à l’amélio-

ration du quotidien de nos populations.

C’est à cet effet et avec pour objec-

tif d’amplifier le rôle sociétal de notre

entreprise, et ce dans le but de faire

profiter les retombées du pétrole à

chaque ivoirien que Petroci a créé

une Fondation qui se veut le creuset

où toutes les ressources possibles

seront mobilisées pour contribuer effi-

cacement au développement humain

de notre pays. ■

économie pét ro l iè re FORTE, INTÉGRÉE et DIVERSIF IÉE

Nous vous transmettonsle meilleur depuis toujours.

COMMUNIQUÉ-DIFCOMC.C.

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A près Vitória (Brésil) pourl’Amérique latine, Duqm(Oman) pour le Moyen-Orient etHazira (Inde) pour

l’Asie, le Port autonome de San Pedro(Pasp) devient le maillon Afrique duréseau international du port d’Anvers(Belgique). Lequel est le deuxièmeen Europe : 13 000 ha de superficie,65 000 emplois directs… et plus de187millions de tonnesdemarchandisestraitées en 2011, soit plus de 8,6 mil-lions d’équivalents vingt pieds (EVP,unité de mesure de volume de conte-neurs représentant environ 38,5 m3),pour 15240 navires accueillis. Un géant,comparé au Pasp, dont le trafic demar-chandises avoisine 1,5millionde tonnespar an en moyenne, avec un débit enconteneursd’environ80000EVP (contre648000 EVP pour celui d’Abidjan, deu-xièmeport de la sous-région après celuide Lagos, au Nigeria).

Ce réseau international de portspartenaires a été créé par les autoritésdu port d’Anvers, via sa filiale Port ofAntwerp International (PAI), afin derenforcer sa présence hors d’Europeet, en particulier, dans les régions endéveloppement.

L’objectif est de constituer une chaîned’infrastructures répondant aux stan-dards internationaux du port d’Anversvers lesquelles rediriger des opérateurséconomiques, en prenant des partici-pations et en investissant dans le déve-loppement de ports stratégiques.

L’accord de partenariat, signé le17 novembre, constitue « une unioninédite en Afrique », se réjouit HilaireMarcel Lamizana, directeur général duport de San Pedro. Il porte sur l’assis-tance technique, les investissements, laformation et le développement des rela-tions commerciales du Pasp. Un coupd’accélérateur aux projets d’extension

des autorités portuaires pétrussiennes,qui va aussi leur donner plus d’argu-ments pour « vendre » le port aux opé-rateurs économiques. En particulier àceux de l’hinterland, qui acheminentdes marchandises depuis l’ouest dupays et les États voisins (notammentle sud du Mali, l’est de la Guinée et lesud-est du Liberia) et l’avaient déserté,entre autres à cause du racket systéma-tique dont leurs transporteurs étaientnaguèrevictimes sur les routesdes zonescontrôlées par les rebelles.

L’objectif des autorités portuairespétrussiennes est de faire passer le traficdemarchandisesde1,2millionde tonnesen 2010 à 10 millions en 2015.

AMBITIONS RÉALISTES ? Si son tra-fic semble modeste comparé à ceuxd’Anvers et des grands ports de la sous-région, San Pedro n’est pourtant pas sipetit. Premierportmondial pour l’expor-tation de fèves de cacao, dont la Côted’Ivoire est le premier producteur (lirep. 94), San Pedro, qui fait transiter lamoitiéde la récolte ivoirienne, engrangeprès de 17 % des recettes douanièresdu pays.

L’intégrationau réseaudesports d’An-vers est aussi le résultat d’une bonnegestionmanagériale et d’un investisse-ment de 1,59milliard de F CFA (plus de

FRANCKAKPOUE

� LE PASP EST NUMÉRO UN MONDIAL pour l’exportation de cacao.

Le port pétrussien vient d’intégrer le réseau international dudeuxième plus important port d’Europe, dont il est désormaisle relais sur le continent. Un partenariat inédit en Afrique.

TRANSPORT MARITIME

San Pedro rejoint Anversdans le grand bain

No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A. Côte d’Ivoire92

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I l semble loin le temps où les pluscourageuxdesdockers,qui jouaientà cache-cache avec les groupes

arméspour se frayerunchemin jusqu’àTreichville (commune d’Abidjan quiabrite le port), scrutaient l’Atlantiquedans l’espoirdevoirpointerà l’horizonl’ombre d’un navire à décharger.

De décembre 2010 à avril 2011, lacrise postélectorale avait placé le Portautonome d’Abidjan (PAA) au centrede la guerre économique entre lesdeux belligérants, Alassane OuattaraetLaurentGbagbo.L’Unioneuropéenneavait interdit ladestinationà sesnavireset, quelques jours avant la batailled’Abidjan, le PAA avait purement etsimplement cessé de fonctionner.

Sonpremiernavire, unporte-conte-neurs, est arrivé le 20 avril, neuf joursaprès la chute de Laurent Gbagbo.Il a été applaudi par les dockers.Désormais, ils sont chaque jour unebonne cinquantaine à quai. Cargos,

pétroliers, minéraliers, vraquiers ouporte-conteneurs, en provenance deCotonou,Dakar,Douala,Agadir,Anvers,Colombo ou Saigon, ou en partancepour Lomé, Pointe-Noire, Las Palmas,Hambourg…Moins de un an après lacrise postélectorale, le PAA tourne àplein régime.

Très rapidement, les volumes àl’importation ont augmenté, ainsi queceuxà l’export, notamment l’importantstockde cacao, dont la commercialisa-tion avait été suspendue par AlassaneOuattara alors qu’il était reclus auGolf Hôtel. Le 5 décembre dernier, lenavirePacificTramp,de l’armateuralle-mandOlafDimter (Unicargo), a quittéAbidjan en direction de Philadelphie,aux États-Unis, où il a accosté débutjanvier, avec une cargaisonhistoriquede19328 tonnesdecacao (293755 sacsexactement), dont l’inscription est encours auprèsduGuinness des records.●

A.S.K.

Abidjan retrouve ses naviresEnjeu de la guerre économique pendant la crise postélectorale,il avait cessé de fonctionner. Aujourd’hui, le premier port du paysaffiche à nouveau un bon niveau d’activité.

2,4 millions d’euros) réalisé en 2008par le Pasp pour mettre à niveau seséquipementset infrastructures.Étendusur 2000 ha, le port de San Pedro pos-sède un accès maritime direct, avecun chenal de 13,5 m de profondeuret deux jetées, ouest et est, longuesrespectivement de 265 m et 145 m.

NOUVEAUX INVESTISSEURS.Environ80 % de la zone portuaire sont inex-ploités. Pour leur aménagement, lePaspdoit bénéficier d’investissementsdirects du PAI, qui irontà l’élaboration d’un plandirecteur, puis à la réali-sation des infrastructuresnécessaires, à l’instar decelles que finance ce der-nierdans lesportsmembresdu réseau,au Brésil et à Oman.

Le PAI a entrepris des études spé-cifiques pour le développement desinstallations et la gestion du domaineportuaire. Il doit notamment réali-ser celles de zones logistiques pourle stockage de riz, de noix de cajou,

d’engrais et de coton. Et 150 ha serontaménagés pour accueillir denouveauxinvestisseurs. « L’un des objectifs estde développer nos activités enAfriquede l’Ouest à partir de San Pedro etde drainer une partie du fret et desclients vers Anvers », explique NicoVertongen, le directeur Afrique duPAI. Par ailleurs, des stages pour lesprofessionnels vont être dispenséspar Apec, la filiale formation du portd’Anvers, qui accordera trois boursespar an au personnel du Pasp.

Ce dernier doit donc veiller àne pasdécevoir ses nouveaux partenaireset à relever un défi majeur : hissertous ses segments d’activité au niveaudes standards internationaux afin desatisfaire au plus tôt les exigencesinhérentes à l’entrée dans une chaîneaussi élitiste. ● ANDRÉ SILVER KONAN

Objectif : passer d’un traficde 1,2 million de tonnesen 2010 à 10 millions en 2015.

Les douze travaux d’ADO

JEUNE AFRIQUE No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012

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A houtoukro,prèsdeMéagui,à72 kmaunordde SanPedro.Yao Koffi ne s’arrête jamais.Même le soir de la Saint-

Sylvestre, ce planteur baoulé, marié àdeux femmes et père de douze enfants,étaitdanssonchampdecacao.Uneexploi-tationde17ha,dont2offertsàsonfilsaînépourses18ans.Sarécolten’apasatteint leniveaude celle de l’andernier. En cause:l’harmattanet lamauvaisepluviométrie.Il est cependant assez satisfait du prixd’achat de son cacao. « L’an passé, avecla crise, on a été obligé de brader notrerécolte. Cette année, on vendmieux: de700à750FCFAlekilo [1,07à1,15euro/kg,NDLR]. »Mieux, en effet, sachant que leprix indicatifest fixéà1000FCFA/kgetquesoncours sur lesmarchés internationauxs’est établi à 1190 F CFA/kg en janvier.

CEDEAOENMINIATURE.Lesud-ouestdupays – dont Méagui, considérée commela capitale du cacao –, produit à lui seulle tiers du cacao ivoirien, soit un volumede 500000 tonnes, équivalent à celui dutroisièmeproducteurmondial,l’Indonésie.Villagedevenuen l’espacedevingt ans laplus grande ville de la région après SanPedro, Méagui n’affiche pourtant aucun

signedeprospérité.Maisonsen terrebat-tue ou en parpaings, restaurants à cielouvert, rues poussiéreuses… Elle est àl’imagedumondepaysanpourvoyeurdesrichessesdupays, indigente.Sacaractéris-tiquemajeure:sapopulationcosmopolite.C’estunpeulaCommunautééconomiquedesÉtatsde l’Afriquede l’Ouest (Cedeao)en miniature. Après les Baoulés (origi-naires du centre du pays, réputés grandsplanteurs de cacao), les Burkinabè et lesMaliens y sont plus nombreux que lesautochtones bakwés (ethnie issue dugroupe krou et cousine des Bétés).

En novembre 2010, le ralliement del’AssociationUniondelapaixdesplanteursdeMéagui (AUPPM,présidéeparYaoMé,l’un des plus grands planteurs baoulésde la localité) a été déterminant pour lavictoire d’Alassane Ouattara au secondtour de la présidentielle dans la région,où il avait réaliséde faibles scoresaupre-mier tour. Les conflits politiques entreautochtonespartisansdeGbagbo,BaoulésprochesdeKonanBédiéetallochtonesetétrangersplutôt favorablesàOuattarasontrécurrents, quoique vite circonscrits par

les élus, notamment les députés duPartidémocratique de Côte d’Ivoire (PDCI,de Konan Bédié) Salé Poli et RenéNétroTagbo–unprochedeMarcel ZadiKessy,présidentduConseiléconomiqueetsocialet figure de proue du PDCI.

TERREPARTAGÉE.Quantauxconflits fon-ciers, leur règlementest l’affairedupréfetGeorgesGombadjiGueuetduchefcentralBarthélémy Nétro. Une commission deveille a été créée pour les détecter et lesdésamorcer avant qu’ils ne dégénèrenten affrontements, comme cela est sou-vent arrivé dans le centre-ouest du pays,égalementgrandproducteurdecacao.Enjuin, les responsables locaux des Forcesrépublicaines de Côte d’Ivoire (FRCI)ont organisé une tournée pour inviter àla réconciliation. Cela a payé. Plusieurscérémonies dites de la réconciliation sesont tenuesdansdesvillagesetàMéagui.« Jusqu’àprésent, jen’aipasconnaissanced’un problème foncier grave ici », confieAhmed Ouadba, 27 ans, planteur burki-nabè du village de Sofoci.

AhmedestarrivéenCôted’Ivoireà l’âgede 6 ans. Son oncle, un vieux planteurreparti auBurkinaen2002, luia fait aimerla fèvedorée, sonparfum, son jusdouxetenivrant. Ahmed est aujourd’hui mariéà une Ivoirienne, avec laquelle il a deuxenfants. « Le premier va à l’école cetteannée, s’enorgueillit-il. Je lui ai donnéun nom mossi et un nom baoulé, l’eth-nie de sa mère. » Il n’a pas l’intentionde demander la nationalité ivoirienne(« trop compliqué »), mais ses enfants,par leurmère, sont ivoiriens. Et il ne voitpas pourquoi ils iraient vivre au Burkinas’ils n’en ont pas envie. ●

ANDRÉ SILVER KONAN, envoyé spécial

AGROALIMENTAIRE

Capital cacaoLe sud-ouest du pays concentreun tiers de la récoltecacaoyère nationale.En particulier la commune deMéagui, où planteurs baoulés,bakwés, burkinabè et malienstravaillent d’arrache-pied.Quoi qu’il arrive.

LUCGNAGO/R

EUTE

RS

� LE COURS DE LA FÈVE DORÉE s’est établi à 1190 F CFA/kg en janvier.

ENGAGÉE DEPUIS 2008, la réforme de la filière café-cacao doit prendreeffet avant la fin mars. Les institutions de BrettonWoods en ont fait unecondition majeure pour que la Côte d’Ivoire atteigne le pointd’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés(PPTE). Avec un record de 1,5 million de tonnes récoltées en 2010-2011 (enhausse de 25 % par rapport à la précédente campagne), soit 40 % de laproduction mondiale, la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondialde cacao, qui représente 10 % de son produit intérieur brut (PIB) et près de45 % de ses recettes d’exportation. Cultivé sur 2 millions d’hectares par700000 producteurs, le cacao fait vivre directement ou indirectement4 millions de personnes. Pourtant, seul le quart de la production esttransformé sur place. ● A.S.K.

LE FIL DE LA FILIÈRE

No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012 JEUNE AFRIQUE

94 Le Plus de J.A. Côte d’Ivoire

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N ombreux sont les patronslibanais qui ont tenu le cappendant la grave crise post-électorale. Quand beaucoup

d’Occidentaux, notamment français,pliaient bagage. Par solidarité avec lesIvoiriens, leschefsd’entrepriseoriginairesdupaysduCèdreonteneffet continuédefaire tourner leur société, surtout dansl’importationdeproduits alimentaires, lagrande distribution et l’industrie.Mêmesi cetteattitude,danscecontextedifficile,les a exposés et queplusieursd’entre euxse sont retrouvés dans le collimateur despartisansde l’unoude l’autre camp. «Aufil des années, notre poids n’a cessé decroître dans l’économie du pays, confiel’und’entreeux.Celaauraitétéunecatas-trophesinousavionsferménosentreprisespendant cette période chaotique. »

Dans la grande distribution, où ildétient un solide monopole (80 % desparts de marché) avec douze enseignes– dont Hayat, Cash Center, Cash Ivoire,

Sococé, Trade Center, Bonprix, LeaderPrice… –, le groupe Prosuma, dirigé parla famille libanaise Fakry et par AbouKassam, d’origine pakistanaise, a gardésesmagasinsouverts.Sescentralesd’achatavaient des stocks pour plusieurs mois,qui ont permis d’assurer l’approvision-nement de ses quatre-vingts boutiques,supérettes et supermarchés à traversle pays. Le minimum vital a égalementété assuré dans le négoce du cacao avec

Ali Lakiss, le patron de Saf Cacao et deChoco Ivoire. Très présent dans l’agroa-limentaire à travers SDTM-CI (premierimportateur de riz du pays, avec prèsde 70 % des parts de marché), GlobalManutention,Copraci,SpaghettiMaman,Ciprem-CI et Farine Malika, le Libano-IvoirienIbrahimEzzedineamaintenusesactivités, de même que l’agro-industrielRolandDagher,ancienmembredudéfuntConseil économique et social, ce qui apermis d’éviter les pénuries de produitsde première nécessité. L’un et l’autre ontcependantétéépingléspour soutienactifet avéréaupouvoir illégitimedeGbagbo.D’où leur présence sur la liste noire del’Unioneuropéenne,assortiedel’interdic-tion de voyager et du gel de leurs avoirs.Aujourd’hui, les sanctionscontreRolandDagherontété levées.QuantàEzzedine,même si ses avoirs sont toujours gelés,il continue de faire tourner sa dizained’entreprises,defairetravaillersesquelque6000 employés, et il est redevenu « fré-quentable »pour les nouvelles autorités.

DYNAMIQUES. L’heure est à la nor-malisation et à la relance économique.Que les patrons libanais sont « prêts àaccompagner », souligne JosephKhoury,le président laChambredecommerceetd’industrielibanaiseenCôted’Ivoire,selonlaquelle les pertes directes et indirectessubies par ses entreprises membres en2011sontestiméesà80milliardsdeFCFA(près de 122millions d’euros).

Unekyrielledeprojetsd’investissementsont enchantier.Dans la construction, ledynamisme des entreprises dirigées pardesLibano-Ivoiriens s’est accru.Ainsi, laSociétémodernededéveloppementetdetravauxdeCôted’Ivoire(SMDTCI)dePixieSéklaouiest trèsprésentesur leschantiersde reconstructionpostcrise.De soncôté,

AFFAIRES

Des patrons qui ne sontpas étrangers à la relanceTrès présents dans l’agroalimentaire et la distribution, les chefsd’entreprise d’origine libanaise ont continué à faire tournerleurs sociétés au plus fort de la crise. Aujourd’hui, ils sont parmiles premiers à investir dans de nouveaux projets.

OLIVIERPOURJ.A.

ð PROSUMA a gardé ses magasinsouverts pendant le conflit.

Il a dû travailler des années dans l’antichambre du fondateur d’EurofindParticipation, son beau-père, l’homme d’affaires libano-ivoirien MustafaKhalil, avant que ce dernier se retire dans son Liban natal au cours desannées 2000. Depuis, Adham El Khalil a pris les rênes du groupe (actif

dans les matériaux de construction en acier, les produits laitiers, lecaoutchouc, l’agriculture…), dont il coordonne les nouveaux projetsdepuis ses bureaux de l’immeuble Sipim, dans le quartier d’affaires duPlateau, à Abidjan. ● B.M.

Adham El Khalil Digne successeurPDG du groupe Eurofind Participation

No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012 JEUNE AFRIQUE

96 Le Plus de J.A. Côte d’Ivoire

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EurofindParticipation,dirigéparAdhamElKhalil(lireportrait),poursuit l’extensiondesonaciériedans lazone industrielledeYopougon, àAbidjan.

Legroupes’apprêteparailleursà lancerLesBrasseries ivoiriennes,d’unecapacitéde250000hectolitres (bièresetsodas).Unprojet de 25 milliards de F CFA financépar la Banque ouest-africaine de déve-loppement (BOAD), Société générale debanques en Côte d’Ivoire (SGBCI) et laBanque internationalepour lecommerceet l’industrie de la Côte d’Ivoire (Bicici),filialedeBNPParibas.Pionnierde l’agroa-limentaire,auxcôtésd’AndréBlohornetdePierreBillon, et ancienroide laconfiserieen Afrique de l’Ouest, l’industriel RogerAbinader(représentantdufrançaisAlstomenCôted’Ivoire)adépoussiérésesprojetsde développement et envisage d’investirdans laconstructiond’unitésde transfor-mation (chocolat, confiserie, tomates…),en partenariat avec des groupes euro-péenset asiatiques.Enfin,dans lagrandedistribution, Prosuma a relancé les tra-vauxde constructionde sonvaste centre

commercial du quartier résidentiel deRivieraAllabra,àAbidjan.Quantaugéantsud-coréen Samsung Electronics, dontle représentant local est Nasser Séklaoui(frèredePixie), ilprojettedefaired’Abidjan

son hub commercial pour l’Afrique del’Ouest. Le groupe y ouvrira enmars sonplus grand show-room sur le continent(540m2).Coûtdel’investissement:environ1,9million d’euros. ● BAUDELAIRE MIEU

L’entrepreneur libano-ivoirien a commencé sa carrière en 1975 entant qu’importateur et distributeur de poisson congelé. Il estaujourd’hui l’un des plus grands industriels du continent dans laproduction et la commercialisation de conserves de thon, avec

trois usines – la Société de conserveries de Côte d’Ivoire (Scodi, rachetéeau français Saupiquet), Pêche et Froid Côte d’Ivoire (PFCI, rachetée àOptorg, filiale du marocain ONA) et Pêche et Froid Madagascar (PFM,acquis en 2007). Sans oublier un entrepôt à Dunkerque, en France, où ildétient 25 % des parts de marché du secteur. Mohamad Ali Khachab aréussi la restructuration de son groupe en faisant entrer dans son capital,en 2009, deux fonds d’investissement – l’américain Emerging CapitalPartners (ECP) et le panafricain Kingdom Zephyr Africa Management (lirep. 109), qui ont injecté plus de 36 millions d’euros dansThunnus Overseas.Ce qui lui permet de maintenir aujourd’hui son leadership, malgré lamontée en puissance de la concurrence chinoise et européenne. ● B.M.

Mohamad Khachab Capitaine d’industriePDG de Thunnus Overseas Group

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97Les douze travaux d’ADO

Page 42: JA 2665 DU 5 AU 11 FEVRIER 2012 PLUS COTE D'IVOIRE

Les ^lières coton et anacarde, vitales

aux régions centre et nord de la Côte

d’Ivoire, ont particulièrement pâti de la

décennie de crise qui a pris ^n l’année

dernière. L’ARECA, avec ses partenaires,

s’attache à relancer leur production dans

des conditions de compétitivité et de pro-

ductivité.

L’ARECA (Autorité de régulation du coton etde l’anacarde) est une société d’État chargéede réguler les Wlières coton et anacarde et deprotéger les intérêts des producteurs, fragili-sés par la libéralisation du secteur en 1998.Créée en 2002, trois jours avant l’éclatementde la crise du 19 septembre, elle n’a pu me-ner ces missions dans de bonnes conditions.La crise passée, il faut nous appuyer sur ces

deux cultures indispensables aux régionscentre et nord de la Côte d’Ivoire pour yrelancer l’activité. C’est ce à quoi M. Mama-dou Bamba, président du conseil d’adminis-tration de l’ARECA, et M. Malamine Sanogo,son directeur exécutif, s’attachent.

Des productions

en souffrance

Grâce à des compléments de prix et autressubventions d’intrants gouvernementaux, lesWlières coton et anacarde ont su résister etrendent aujourd’hui une relance possible.Déjà, la production du coton graine repartà la hausse, avec 240000 tonnes attendusen 2012 contre 125000 tonnes en 2009.L’anacarde, dont la Côte d’Ivoire est le deu-

xième producteur mondial après l’Inde, avec400000 tonnes en 2011, souffre surtout dufaible niveau de sa transformation local.

Les mesures à prendre

L’ARECA doit d’abord servir de modèlede gouvernance et se déployer dans lesrégions de production du coton et de l’ana-carde pour être plus proche des producteurs.Pour contrôler la commercialisation inté-rieure et tracer la vente (et la fuite de la pro-duction) de cajou, les acheteurs devront êtreagréés à compter de la campagne 2013. Àplus long terme, un groupe de travail mis enplace en août 2011 par le ministre de l’Agri-culture réVéchit aux réformes et perspectivesde développement de ces Wlières.

RELANCER LES FILIÈRES POUR RELANCER LA CÔTE D’IVOIRE

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Page 43: JA 2665 DU 5 AU 11 FEVRIER 2012 PLUS COTE D'IVOIRE

JEUNEAFRIQUE: Quelles sont vos ambi-tions en matière de TIC?

BRUNO NABAGNÉ KONÉ : L’Étatmettra 50 milliards de F CFA [76,2 mil-lions d’euros, NDLR] dans les TIC aucours des quatre prochaines années. Lesecteurprivé investitpoursapartquelque100milliardsdeFCFApar an.Ces inves-tissements doivent permettre de couvrirtout le territoire en infrastructures detélécommunications.

On ne compte actuellement que100000 téléphones fixes et 60000 utili-sateurs de l’ADSL pour une populationdeplusde20millionsd’habitants. Seul letéléphonemobileconnaîtunréelengoue-ment, avec 16 millions d’utilisateurs, cequi nous a amenés à mettre au premierrangdenospriorités le lancementpar lesopérateursmobilesde servicesbasés surla technologie3G.Cetteévolutionpermetau téléphone portable d’être plus qu’unsimplemoyendecommunication:unvéri-tableoutildedéveloppement, vianotam-mentlesconditionsd’utilisationd’internet,plus abordables et plus confortables. Enparallèle, nous voulonsdévelopper la connecti-vité internationale. OutreSAT-3, trois autres câblespourraient nousdesservirdès cette année: Wacs deMTN,Glo-1 deGlobacom, et ACE, lancépar Orange. Cela permettra d’améliorerl’accès à internet et de réduire les prix.

Etque ferez-vouspourétendre lemaillageà l’échelle nationale?

Lesopérateursprivésnousont soumisleurs programmes de développementterritorial en matière de fibre optique.L’État,à travers leFondsnationaldes télé-communications,quiestalimentéparunetaxeannuellede2%sur lechiffred’affaires

desopérateurs, financera l’installationduréseau làoùcen’estpas rentablepour lesopérateursprivés.Au-delàdes infrastruc-tures lourdes,nousallonspromouvoir lesapplications d’internet et des TIC.

Selon quelles priorités et à traversquelles actions?

Notre objectif est notamment de fairede l’État unutilisateurmodèle enaccélé-rant l’informatisationde l’administration.Nous allons aussi mettre l’accent surl’enseignementàdistance, l’e-éducation,internetnouspermettantde faire interve-nirdemanière interactivedesprofesseurs,

mêmeenrésidenceà l’étranger,auseindeplusieurs sallesdecoursdans tout lepays.Nous allons faire lamêmechose dans ledomaine de la santé, avec par exempledes consultations à distance, le recoursà des spécialistes en Côte d’Ivoire ou àl’étranger, ainsi quedans le secteur agri-cole, pour faciliter la commercialisationdes produits vivriers et l’interconnexiondes coopératives. L’Institut supérieurdes postes et télécommunications àAbidjan, qui ne fonctionne plus depuis

dix ans, sera rebaptisé École supérieureafricaine des TIC [Esatic] et rouvrira enseptembre 2012. Nous y formerons destechniciens supérieurs etdes ingénieurs.

Il faut aussi relancer le Vitib, zonefranche spécialisée dans les TIC et labiotechnologie, et y implanter uneunitéd’assemblage d’ordinateurs, plateformede distribution pour la sous-région. LeVitib a aussi vocation à accueillir des callcenters, des plateformes informatiquespour les services délocalisés commel’assistance, la facturationou le stockagede données.

Plusieurs opérateurs sont en diffi-culté. Faut-il remettre de l’ordre dansle secteur?

Il le faut impérativement. Notre codedes télécommunicationsdatede1995. Sarévisionprendraencompte lesévolutionstechnologiques et les nouveaux usages.Sept licences ont été délivrées et cinqopèrent actuellement. C’est trop. Nousne comptons pas remettre en questionles contrats passés,mais aucune licencene sera maintenue artificiellement envie. La concurrence sera libre entre lesopérateurs, qui seront en outre soumisà un cahier des charges favorisant ledéploiement et la qualité des servicesainsi que ledéveloppementdu secteur.●

Propos recueillis par PASCAL AIRAULT

Bruno N. Koné « Aucune licencene sera maintenue artificiellement en vie »Pour le ministre de la Posteet des Technologiesde l’information et dela communication (TIC),il est impératif de généraliserl’usage d’internet.Et, donc, de lancer la 3G.

VINCEN

TFO

URNIER/J.A

.

La concurrencesera libre entre les opérateurs.

JEUNE AFRIQUE No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012

99Les douze travaux d’ADO

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A girsanssepresser.DucôtédugouvernementOuattara, enmatière bancaire, l’époqueest encore à la réflexion

avant l’action. Premier objectif : statuersur le sort des cinq banques publiquesendifficulté, dont certaines, notammentla Banque nationale d’investissement,ont un poids non négligeable dansl’économie. « Toutes les options sonten train d’être analysées. Liquidation,regroupement,privatisation…», souligneun conseiller à la présidence. La seulequasi-certitudeest que le gouvernementa peu de chances de s’engager dans unerecapitalisation massive.

Deuxième impératif : « recréer unpôlebancaire public fort, capable de financerréellement et de manière satisfaisanteles petites et moyennes entreprises,l’immobilier, l’habitat social, l’agricul-ture, ajoute le même conseiller. C’estle véritable enjeu aujourd’hui ». Parmiles pistes à l’étude : travailler avec desbanques internationales spécialiséesayant développé une expertise dans undomaine important (groupe coopératif,banque agricole, banquede développe-ment local)…Plus généralement, l’enjeuest debâtir enfinunevéritablepuissancebancaire, à la hauteur de l’économieivoirienne.

Depuis plusieurs années, les banquesdu pays reculent régulièrement dans lepanorama financier africain, au profit,

notamment, de leurs consœurs nigé-rianes, ghanéennes ou kényanes. Letauxdebancarisation s’élève à 10%horsinstitutions demicrofinance, selon l’As-sociation professionnelle des banqueset établissements financiers (APBEF).ÀNairobi ou à Lagos, il atteint le double,aumoins. Tout comme au Togo, leaderdu domaine dans la zone franc CFA.

BESOIN DE CONCENTRATION. Pis,en Côte d’Ivoire, une grosse partie decette bancarisation est le fait d’une seulebanque, publique…En effet, « sur 2mil-lions de titulaires de comptes, la moi-tié est à la Caisse nationale des caissesd’épargne [CNCE] », souligne un ban-quier. Depuis l’arrivée des nigériansDiamond Bank et Guaranty Trust Bank

et du gabonais BGFI Bank, 24 établisse-ments prétendent donc se partager unseul million de comptes… « Il est vraiqu’il y a trop de banques et que la capi-talisation est insuffisante, estime GuySauvanet, directeur général deDiamondBank Côte d’Ivoire. Il y aura concentra-tion. »Mêmesi cette éventualitédépendaussi de la Commission bancaire de laBanque centrale des États de l’Afriquede l’Ouest, l’exécutif ivoirien devraitmiliter pour des rapprochements entreétablissements.

De son côté, le secteur privé a d’oreset déjà porté ses doléances à la prési-dence, sous la formed’unmémorandumpostcrise, via l’APBEF de Côte d’Ivoire.L’occasionde tirer le bilandes difficultés(lire encadré) et de suggérer quelquespistes de réformes. « L’un des points lesplus importants pour nous est l’appli-cation effective des règles de droit etl’assainissement de l’environnementjuridique », précise un banquier.

La profession milite également pourun assouplissement des contraintes deliquidité, ce qui lui permettrait de prê-ter davantage à moyen et long terme.Malgré lesheurts, ellea toutefois retrouvéconfiance. Guy Sauvanet en témoigne :« Je suis très positif sur l’économie ivoi-rienne, explique-t-il. Les projets impor-tants d’infrastructures dans l’électricitéet les ports, ou encore la réhabilitation,sont des facteurs encourageants. » ●

FRÉDÉRIC MAURY

FINANCE

Trop de banques, pas assez de comptes

18,3

13

10,6

10,210

9,8

8,8

8,2

4,83,3 3

SGBCI

Autres STANDARD 2,3BRIDGE BK GROUP 2,2BFA 1,6BHCI 1,5VERSUS BANK 1,3ACCESS BANK 1,3BSIC 1,1UBA 1BRS 0,4COFIPA-CI 0,4

PARTS DE MARCHÉ DESPRINCIPAUX OPÉRATEURS

(en octobre 2011, en %)

BACI

ECOBANK-CIBNI

BIAO-CI

BICICI

SIB

BOA-CI

CNCE CITIBANK

La première économie de la région est à la traîne en matière bancaire.Les cinq établissements publics sont affaiblis et les privés dispersés.

SOURCE : ASSOCIATION PROFESSIONNELLE DES BANQUES ET ÉTABLISSEMENTS FINANCIERS DE CÔTE D’IVOIRE

ESTIMATION DES PERTES: 94,7 milliards de F CFA, soit environ145 millions d’euros. C’est à ce niveau que la profession chiffre lesconséquences de la crise postélectorale qui a secoué le pays. L’essentieldes pertes étant lié à l’augmentation des créances en souffrance, lesdégâts strictement matériels ont, au final, été limités. Du côté des banqueshistoriques d’ailleurs, le bilan se révèle moins lourd que ce que l’oncraignait. « Plus de peur que de mal, résume Daouda Coulibaly, directeurgénéral adjoint de la Société ivoirienne de banque. Il y a eu davantagede difficultés au niveau des particuliers qu’au niveau des entreprises.Mais 2012 devrait être une bonne année. » Selon le Fonds monétaireinternational, la moitié des acteurs du marché ivoirien n’atteignent pasle minimum requis en matière de ratio de fonds propres. Un chiffretoutefois à peine plus élevé qu’avant. Preuve que, en Côte d’Ivoire,les petites banques restent le talon d’Achille du secteur. ● F.M.

« PLUS DE PEUR QUE DE MAL »

No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012 JEUNE AFRIQUE

100 Le Plus de J.A. Côte d’Ivoire

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RÉPARATIONS• Réparations navales ou refontes de thoniers senneurs, supply vessels,

offshore barges.• Réparations majeures sur des navires endommagés• Travaux de maintenance avec des clients prestigieux comme ACERGY,

CMB, INTERSHIP, MAERSK, LAMNALCO, TIDEWATER, SEACOR,BOURBON, PETUSA, NICRA 7, SDV/SAGA ...

CONSTRUCTIONS NEUVES• Pilotines pour les Port Autonomes de Lomé et Abidjan• Différentes barges jusqu’à 700 T• 1 barge automotrice pour l’Armée Française• Plus de 10 bacs amphidromes pour le Ministère des Routes• Différentes structures pour l’offshore

CHAUDRONNERIECet atelier, le principal, est équipé de machines à découper (OXYTOME),de presses hydrauliques, de rouleuses, de matériel de soudage et tout cequi est nécessaire à la bonne réalisation des travaux métallurgiques. Sonstock permanent de plus de 400 tonnes de tôles grenaillées pré peinteset agréées par le BV, l’ABS et le Lloyd sont un atout supplémentaire pourCARENA.

TUYAUTERIEAutour des outillages standards dans ce type de travaux, CARENApossède en stock de nombreux formats de tubes pour répondre à toutesles demandes de ses clients.CARENA possède un équipement spécifique pour la réfection desfiletages de tubes de forage, grâce à son tour DEMOOR, nous pouvonsrépondre à toutes demandes des pétroliers.

MÉCANIQUEAvec plus de 30 machines-outils, maintenue à un haut niveaude performance, sa fonderie pour la réfection de certains paliersrégulés et sa connaissance des moteurs marins, CARENA répondaux préoccupations des armateurs. CARENA est «second dealer»CATERPILLAR, représentant exclusif de SCHOTTEL, BAUDOUIN, NANNIDIESEL.

STATION DE SAUVETAGELa station CARENA est agréée pourl’inspection et les visites sur les typessuivants : RFD, (BEAUFORT, LIFEGUARD),ZODIAC ( BOMBARD), VIKING, DUARRY...

CARENAGE/PEINTURELavage Haute Pression, sablage, applicationaux pompes AIRLESS, pompe à vide pour lescapacités intérieures, CARENA possède leséquipements nécessaire à la réalisation rapidedes travaux d’entretien sur toutes surfaces.Représentant AKZO NOBEL (InternationalCelomer).Les représentants locaux de SIGMA etHEMPEL apportent leur soutien au chantier.

CARENA C’EST AUSSI DES ATELIERSD’ÉLECTRICITÉ ET DE CHARPENTAGE/MENUISERIE.

La Compagnie Abidjanaise de Réparations Navales(Carena) est née en 1952 en même temps que l’ouverturedu canal de Vridi qui a permis la naissance du PortAutonome d’Abidjan et le développement spectaculairede la ville. CARENA est le leader de réparations navales,petites constructions neuves et tous travaux industrielsdans le Golfe de Guinée. Notre activité industrielleengendre une production moyenne de plus d’un millioncinq cent mille d’heures par an. Son effectif peut atteindreen période de pointe près de 1 000 personnes et denombreux sous-traitants.Nos références, nos installations,notre expérience et une équipe soudée font de CARENAun acteur incontournable en Afrique de l’Ouest.

La société CARENA soucieuse de son personnel et deses clients a mis en place une mutuelle santé couvrant sessalariés mais aussi leurs familles, en 10 années d’existence,protégeant près de 1 200 personnes, elle reste en équilibrepour le bien et la satisfaction de tous.L’ouverture d’une cantine gratuite il y a 4 ans permet à sonpersonnel de se voir offrir des menus sains et équilibré. Lesuivi santé du personnel, la gratuité totale des traitementsanti-rétro-viraux et ces mesures ont permis de descendreen 2011 l’absence par maladie àmoins de 2 personnes parjour sur l’année. Ceci bien entendu au profit des armateursqui nous font confiance.Quelques mesures d’accompagnements permettent à unepartie de notre personnel d’accéder à la propriété et ainsimieux protéger leurs familles.Le succès d’une entreprise passe d’abord par son bien leplus précieux : ses hommes et femmes.

AL

ISA

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COMMUNIQUÉ

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La fiscalité au service de la reconstruction

COMMUNIQUÉ

BP V 103 Abidjan - Tour E Cité Administrative, 11ème étage - Tél. : +225 20 21 75 61 / 20 22 65 82 / 2022 95 55 - Email : [email protected] web : www.dgi.gouv.ci - Ligne verte : +225 80 08 88 88

UN OUTIL DE RELANCE ÉCONOMIQUE

Si la fiscalité permet en temps normal à l’État d’assurerle financement des charges publiques, elle devient enpériode de crise un formidable instrument d’interventionéconomique et sociale. Ainsi, plusieurs mesures géné-rales ont été adoptées pour accompagner la relance éco-nomique.Ces mesures portent notamment sur la réduction de 25 %du montant de l’impôt foncier et de la moitié de la patente.

Le Gouvernement a prorogé pour une période de troisans, l’exonération d’impôts et de taxes accordée en 2009,aux entreprises de presse écrite et audiovisuelle. Denouvelles exonérations en matière de TVA sur les pres-tations d’hospitalisation ou sur l’acquisition de véhiculesde transport neufs, sont également prévues. Enfin, desaménagements sont apportés. Il s’agit de l’accroissementdes ressources de la régie de remboursement des créditsde TVA, de la réduction des droits d’enregistrement enmatière de crédit-bail immobilier, de la suppression de lataxe sur les encours de crédits bancaires ou encore del’annulation de 25 % des arriérés d’impôt foncier exigiblesau 31 décembre 2011.

Par ailleurs, de nombreuses mesures visent particulière-ment les contribuables victimes de sinistres.

AU SECOURS DES ENTREPRISES SINISTRÉES

Les entreprises sinistrées sont encore plus soutenues.Elles sont classées en trois catégories, à savoir celles quiont perdu tous leurs actifs de production (catégorie 1),celles dont 20 % au moins du stock de marchandises oude l’actif immobilisé a disparu (cat. 2) et celles qui ontsubi une baisse d’au moins 25 % de leur chiffre d’affaires(cat. 3). L’annulation de tous les arriérés d’impôts est ac-

cordée à la catégorie 1. En outre, des mesures permettentaux entreprises des catégories 1 et 2 de se rééquiper oude se reconstruire à des conditions avantageuses. C’estle cas notamment de l’exonération de la TVA sur les ac-quisitions de biens d’équipement ou encore l’autorisationde passer directement en charge le coût d’acquisition desbiens destinés à la reconstruction des immobilisations.L’exonération ou la réduction d’impôt minimum forfaitaireet la réduction de moitié de la patente commerciale sontaccordées aux entreprises de la catégorie 3.

Abinan Kouakou Pascal

Une carrière au service de l’administration fiscale

Nommé à la tête de la Direction générale des

impôts le 14 décembre 2010, M. Abinan Kouakou

Pascal y a été installé le 26 avril 2011. Diplômé de

l’École nationale d’administration d’Abidjan (1978)

puis de l’École nationale des impôts de Clermont-

Ferrand, en France (1979), il a fait toute sa car-

rière au sein de l’administration fiscale, où il a

débuté comme vérificateur

polyvalent. Il a ensuite gravi

les échelons, passant de

la direction régionale

des impôts d’Abi-

djan Nord à celle

du recouvrement,

puis du cadastre,

jusqu’à devenir

conseiller tech-

nique du direc-

teur général.

DIRECTION GÉNÉRALE DES IMPÔTS

vérificateur

nsuite gravi

ssant de

nale

’Abi-

lle

t,

La crise endurée par la Côte d’Ivoire depuis septembre 2002 a désorganisé et fragilisé le tissu économique

national. Les entreprises ont souffert de cette situation, en particulier au cours de la crise postélectorale

(décembre 2010 – avril 2011). Dans ces conditions, il était dans le rôle de l’État d’intervenir pour soutenir

l’économie. Parmi les outils à sa disposition, la fiscalité dont la mise en œuvre et la gestion sont assurées par

la Direction générale des impôts (DGI) dirigée par M. Abinan Kouakou Pascal, occupe une place importante

dans cette politique.

Page 47: JA 2665 DU 5 AU 11 FEVRIER 2012 PLUS COTE D'IVOIRE

L’ opé ra t ion dechirurgie lourdearepris sur le com-plexe de l’Hôtel

Ivoire. Depuis le début del’année, les ouvriers sontà pied d’œuvre pour réno-ver le bâtiment principal(500 chambres). Objectif :refaire de ce cinq-étoilesun établissement de luxede la communedeCocody,non loin des résidences officielles et desinstitutions internationales.

Construit en trois tranches à partirde 1963, l’Hôtel Ivoire a longtemps étéle symbole de la folie des grandeursdu président Houphouët-Boigny. Uneépoque où l’argent coulait à flots grâceauprix élevéducacaoet où leTout-Parisvenait en vacances àAbidjan. Beaucoupplus tard, l’établissement est devenu letémoinmalheureuxde lacrise ivoirienne:de l’enlèvement d’un avocat, en pleinaudit de la filière café-cacao, aux tirs del’armée française contre des patriotesivoiriens.Des jeunesayantàpeinequittél’adolescence y habitaient et circulaientlibrement avec leur kalach-nikov, lorsque Charles BléGoudé, le « ministre de larue » de Laurent Gbagbo,était censéprotéger le régime.Vieillissantavant l’heure fauted’entretien, avecunpersonneldémotivé,un cinéma fermé, des piscines vidées,l’hôtel s’est vu déserté par ses clients,jusqu’à sa fermeture, en août 2009.

Confiés à l’entreprise PF Operator(PFO) de l’architecte ivoiro-libanaisPierre Fakhoury, les travaux de la pre-mière tranche de rénovation ont duréprès dedeux ans. Au termed’une coursecontre lamontre, le bâtisseur de la basi-lique de Yamoussoukro a réhabilité

complètement la grandetour de 250 chambres, lesrestaurants et le Palais descongrès. Tout a été refaitet meublé à neuf pouraccueillir les assemblées générales dela Banque africaine de développement(BAD), enmai 2010.Quelquesmois plustard, le chantier était suspendu… jusqu’àla fin du processus électoral.

VILLAGE IDÉAL. L’établissementa finalement rouvert ses portes le25novembre2011, sansaucunepublicité,tandis que le Palais des congrès tournaità plein régime en accueillant salons,

soirées de gala et spectacles. La gérancede l’ensembleest assuréeparHôtel IvoireGestionExploitation, une société adhoccréée par PFO à la demande de l’État,en attendant que Sofitel (groupeAccor)reprenne la concession de l’hôtel ausecond semestre de cette année.

Plusieurs cadres du groupe hôtelierfrançais y ont déjà posé leurs valises.Ils travaillent aux côtés des hommes dePFOpour la rénovationde l’ensembledu

complexe. Il s’agitde respec-ter le cahier des charges dugroupe et de tenir comptede l’évolution des normesde conformité pour les

immeubles de grandehauteur. Tout seraréhabilité :étanchéité, façades,chambres,installations techniques (électricité, cli-matisation,plomberie, ascenseurs, sécu-rité incendie). La galeriemarchande, ladiscothèque, le cinéma, les restaurants,les salons et la salle des banquets serontrefaits àneuf. Demêmeque l’espace defitness. Le « bâtiment principal », quiaccueillera une salle de réception de500 places, devrait être livréd’ici à la finde 2013. Le complexe sportif (tennis etbowling), adossé à l’hôtel, est toujoursopérationnel, mais la patinoire, jadisfierté d’Houphouët-Boigny, deviendraun ballroom – traduisez : une salle deréception et banquets. L’ensemble ducomplexe, baptiséVillage Ivoire, devraits’intégrer dans un grand parc paysagerdescendant jusqu’à la lagune.

Dans les prochainsmois, les autoritésdevront par ailleurs se prononcer surla relance du chantier de l’Ivoire TradeCenter,uncomplexedequatrebâtimentsdebureaux et de commerces, àdeuxpasde l’hôtel. Une cession à un opérateurprivé pourrait être envisagée. ●

PASCAL AIRAULT

TOURISME

Lifting de luxe pour l’Ivoire

GBEK

IDEBARNUS/PA

NAPRES

S

Symbole de la foliedes grandeursd’Houphouët-Boigny,le palace tente deretrouver son lustred’antan. En versionplus tendance.

Quand l’argent coulait à flots,le Tout-Paris venait passerses vacances à Abidjan.

� LE PALAIS DES

CONGRÈS D’ABIDJAN,devant le cinq-étoilesen cours derénovation.

JEUNE AFRIQUE No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012

Les douze travaux d’ADO 103

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À64ans, FrançoisAdouSapim,président-directeur généraldu restaurantAboussouan etde la célèbre cave L’Esprit du

vignoble,àAbidjan, est l’undesmeilleursambassadeurs des vins français. Unecompétence reconnue puisqu’il a reçul’ordre du Mérite agricole sur décisiondu ministre français de l’Agriculture,Bruno Le Maire, en 2011.

Tout commencedans les années 1970.Étudiant en comptabilité à Grenoble,François Adou Sapim se découvre unepassion pour la restauration lors d’unstage chez le célèbre Jacques Borel, quiofficiait alors au plus haut de la tourMontparnasse,àParis. En1977, il est l’undes premiers Ivoiriens à se lancer dansla restauration de luxe. Grâce à un prêtde Pierre Billon – le père de Jean-Louis,actuel président de laChambrede com-merce et d’industrie de Côte d’Ivoire –,il fonde l’Aboussouan (la « famille » enlangueagnie). Samère,KakouMouan, le

soutient en élaborant la carte, qui allie lagastronomie ivoirienne aux plus grandsvins français.

COUP DE GÉNIE. Pour se consacrer àson établissement, Adou Sapimdémis-sionneen1985de sonpostededirecteuradministratif et financier au sein de lasociété d’État ICMCI, spécialisée dansl’importation du fer àbéton. Le coupdemaître se transforme en coup de génie.Le restaurant devient une référence,au point que le président Houphouët-Boigny le recommande à ses hôtes envisite à Abidjan. Une bonne partie dela classe politique française, notam-ment Raymond Barre, Édith Cresson,Jacques Chirac et Alain Juppé, vient àsa table. « Mon meilleur souvenir estle passage du Premier ministre chinoisLi Peng en novembre 1993. Quatre ansaprès, Francis Lott [ex-ambassadeurde France à Abidjan, NDLR] a organiséchez nous une réception pour Alain

Juppé », explique-t-il avec un sourireplein d’humilité. Quelques mois plustard, l’actuelministre françaisdesAffairesétrangères etmaire deBordeaux l’invitedans sa cité. À cette occasion, AdouSapim fut accueilli par la famille Cruse,ducélèbreBordeauxTradition, pourunevisite de son domaine. Une expériencequi accélère son projet de créer unecave d’excellence.À son retour au pays,plus de 8000 bouteilles en provenancede Gironde lui sont livrées. « Avec cestock, j’ai ouvert L’Esprit du vignobleen 2000 », raconte le restaurateur. Lacaveest aujourd’hui l’unedesmeilleuresd’Afrique de l’Ouest. Depuis dix ans, ilimporte 35000bouteilles de vin françaispar an.

Après avoir conquis la Côte d’Ivoire,François Adou Sapim vise désormais lacapitale française, où il projette d’ouvrirun restaurant, dans le 15e arrondisse-ment. «Mon fils, qui poursuit des étudesde comptabilité auxÉtats-Unis, précise-t-il, sera le gérant d’Aboussouan Paris.J’attends qu’il ait terminépour l’envoyerse perfectionner àBordeaux dans le vin,et àNice dans la restauration. » ●

BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan

GASTRONOMIE

Des plaisirs de la tableà l’esprit du vinPatron du célèbre restaurant Aboussouan et de l’une des meilleurescaves d’Afrique de l’Ouest, François Adou Sapim est aujourd’huibien décidé à conquérir Paris.

OLIVIERPOURJ.A.

� Le maître de L’ESPRIT DU VIGNOBLE

en son domaine.

No 2665 • DU 5 AU 11 FÉVRIER 2012 JEUNE AFRIQUE

104 Le Plus de J.A. Côte d’Ivoire

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