J DfOP DAKAR FACULTE DES DEPARTEMENT PHILOSOPHIE

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J UNlYERSlTE CHEIKH ANTA DfOP DE DAKAR FACULTE DES LETTRES ET SClENCES HUP;hlNES DEPARTEMENT DE PHILOSOPHIE / RESEAUX MIGRATOIRES DES SEREER 'SI IN-Sf IN A DAKAR APPROCHE SOClOLOOlQUE .. DI PLOME D'ETUDES APPROFONDI ES D.E.A. D'ANTHROPOLOGIE Abdou Salam FALL saus la direction de

Transcript of J DfOP DAKAR FACULTE DES DEPARTEMENT PHILOSOPHIE

J U N l Y E R S l T E CHEIKH ANTA DfOP DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET SClENCES HUP;hlNES DEPARTEMENT DE PHILOSOPHIE

/

RESEAUX MIGRATOIRES DES SEREER 'SI IN-Sf IN A DAKAR

APPROCHE SOClOLOOlQUE

. . DI PLOME D'ETUDES APPROFONDI ES

D.E.A. D'ANTHROPOLOGIE

Abdou Salam FALL

saus la direct ion de

. . I

, ,

I

I

i Nombreuses sont les personnes qui ont facilité la

réalisation de ce rapport de recherches comptant pour le Dipl6me

d'Etudes Approfondies (DEA) d'Anthropologie. Qu'elles veulent I

, bien trouver ici l'expression de notre reconnaissance. 3- - - - - - -

. ..

Nous voudrions cependant remercier particulièrement le

professeur Abdoulaye Bara DIOP qui a accepté de diriger ce

travail avec la compétence et la disponibilitg envers ses

étudiants qu'on lui connait. -- _- ,..-

Messieurs le Doyen Alassane NDAW et le professeur

Boubacar

de leurs enseignements.

LY sont B associer & ces remerciements pour la qualité

Toute notre gratitude est exprimée h Monsieur Philippe

ANTOINE (Démographe et. responsable de l'unité de recherche

"Peuplement des villes et circulation des richesses") et la

directior. de 1'0RSTOX pour leur soutien matériel et financier

ayant permis la réalisztion de ce travail.

Nous sommes aussi redevables aux migrants sereer siin-

siir, qui ont bien voulu se iivrer B nous. Qu'ils trouvent ici ïìos

sentiments d'amitiés et de reconnaissance.

Nos remerciements vont également h Madame Marie Thérèse

NDIAYE qui a assuré avec brio la dactylographie de ce rapport.

Enfin nos sincères remerciements à Monsieur Philippe

BOCQUIER (Démographe et statiticien à 1'ORSTOM) pour sa lecture

critique de notre manuscrit.

I

I

i

Parallèlement aux séminaires animes par les professeurs

responsables du troisième cycle d'Anthropologie, nous avons pris

une part active à deux séminaires dans le cadre de notre

formation :

I

. + Les séminaires du groupe pluridisciplinaire .'. de r6fle-

xion sur l'urbain dont le professeur Abdoulaye Bara DIOP assure

provisoirement la direction. - - - - - - - ..

+ Le séminaire sur "1'Evolution des systèmes agraires

' Sereer" organisé les 1, 2, 3 et 4 Mars 1988 h ñaaxar par l'&pipe

ORSTOX : "Terrains anciens, approche recouvelée" et nous avons

assisté au congrès africain de population tenu à Dakar du 7 au 12

Novembre 1988 et organisé conjointement par l'Union Interna-

tionale pour l'étude scientifique de la population (U.I.E.S.P.),

l'Union pour 1'Etude de la Population Africaine (U.A.P.S) et la

rirection de 'la Statistique du Sénégal.

J

G L O S S A I R E J

Les lettres suivantes de l'alphabet latin transcrites en

languzs nationales ont la valeur phon6tique suivante : - . - ~ _ _ - _ _ _

- C = comme tiens er. français

- J = comme dans dieux er. fra.içais

- P: = comme dans pagne er. francais

- X = comme le f espagnol ; rojo = rouge

- U = comme dans trou en français. . - le3 doubles voyelles transcrivent des voyelles longues ;

Suu5 er. wolof = sol en .français

- ìes doubles consonnes transcrivect les consonnes fortes ; bakkar. en wolof = nez en français

.

- CRDI = Centre de Recherches pour le Développement International (Canada) .\

- ORSTOM = Institut Français de recherche Scientifique pour le Développement en Coopération.

I Nbus d6diona ce DEi .

aux Eclaireuses e t Eclaireurs au Sénégal

avec qui nous partageons f r a t e x e l l e m e n t

l'écolc de la vit

1

. - . . . , .

. .. .

. _ -

RESEAUX MIGRATOIRES DES SEREkR SIIN SIIN A DAKAR

APPROCHE SOCIOLOGIQUE

--- " . PLAN D'ETUDES -

...

1 - INTRODUCTION : MIGRATION ET URBANISATION p . 2 8 9

1-1 : Pertinence du thème 1-2 : Revue- de travaux -sur la-problèmatique d.. 1.' insertion

1-5

METHODOLOGIE DE RECHERCHE SOCIOLOGIQUE SUR

des migrants en villes Probl6matique et hypothèses de recherch\I

LES RESEAUX DE XIGRANTS p. 10 à 19

2-2 L'enquête par questionnaire <

... 2-f L'analyse documentaire

2-1 La methode des récits de vie 2-4 B l l a n méthodologique de la première é r . de notre

étude

- XPOR'ZANCE'DE SA CONNAlSSANCE DF LA REGION DI EMIGRATION p. 20 a 24 3-: Systbmes :agraire:, sereer Siin-Slin 3-L Ö Caractéristiques da la famille sereer

.-

PLXCt DES RESEAUX DANS LE MODL D'ORGANISATION 3E U. MIGRATXOY SEREER A DAKAP. p , 25 8 79

4 - 1 - Notior. de réseaL 4-:, Elements biographique5 d-3 Comment se sont constitues les réseaux ou structures

4-4 : RGles des réseaux et leurs modes de déploiement

-

des réseaux

4-4-1. : Les modeF d'insertioE socfale le qraupe de

4-4-2 : Les tratégies d'insertion professionnelles migrants O

5 - CONCLUSION : DYNAMIQUE DES RESEAUX DE MIGRANTS p. 8 0 h 85

5 -1 : Bilan provisoire des réseaux de migrants sereer siin-

5-2 . Perspectives d'études des réseaux de migrants s i i n

6 - ANNEXES : GUIDES D'ENTRETIEN p. 86 h 87

7 - BIBEIOGRAPHIE P. 88 8 99

1

1 - INTRODUCTION : MIGRATION ET URBANISATION 1-1 : Pertinence & thème

Avec 1,5 millions d'habitants pour' 550 km2,

l'agglomeration dakaroise a une croissance démographique de. 6 %

par an (l)*. Cet important taux démographique est largement

cons'écutif aux flux migratoires, Dakar- sentiellement une

ville d'immigration. 11 en résulte une explosion urbaine tout h

fait préoccupante du fait de son rythme. dt la forme - souvent ,.. -- - ..criarde - qc'clle . B p u s e mais auss:, .des mu%.ations sociales ...

qu'elle induit.

L'étude de la migration se pose dey lors avec acuité. La

problèmecique ae l'inbertion des nouveau. arrivants dans les.

ville9 comme d'ailleurs des migrafits de longue durés, est un

aspec; des recherches urbaines particulièrement important. Or,

ains:, que 1'Ccrit A.S Oberai (1982:2, "La principale source

dek donnée:. s u r les migrations est 2 présect, dans les pays en

voie de développement, le recensement national de la population.

Si lek recensements sont à même de fournir une mesure des flux

migratoires au cours de la vie ou entre des périodes censitaires,

ils ne donnent pas les informations nécessaires pour comprendre

l a dy.naïnique de la redistribution de la population".

................................ (1) Le SOLEIL no 5204 du vendredi 18 septembre 1987. * Des données statistiques plus récentes sont attendues du recensement national de la population et de l'habitat réalisé en 1988 et dont les résultats ne sont pas encore rendus publics.

Ce constat semble bien camper le cas du Sénégal. En

effet, l'analyse efficiente de la migration est un palier d6cisif

pour une saisie convenable de la dynamique des rQseaux urbains

dakarois. recensements

nationaux permettraient de r6vdler l'intelligence du phdnombne

urbain Il's'agit en revanche - reprenant la formule de Françoise DUREAL' (1987:33) de considérer lii migration comme fil directeur

pour l'analyse de l'urbanisation Pour ce faire, l'approche

sociologique de la migration présente dee avantages ce-tains en

11 faut donc se garder de penser que les

-

ce sens qu'elle nous permet une meilleure compr6hension de

1 ' organisation des flux migratoires notamment 1 etude des

réseaux qul resultent de celle-c,

Les importants ,mouvements . c populations qui se

produisen'. dans les villes africaine- o. .. particulièrement

intéressi les chercheurs ces dernières anaé&:', justifiant ainsi

les études, réalisées ou en COUPS, traitant. des jofictions et

interd6pendances entre 1 'urbanisation 'e.. 1~ migratiop rurale-

urbaine. Ur. des aspects essectiels de ce- 'recherches concerne la

problèmatique dr. l'insertion de5 migrânts er ville. L'actualitg du thème est illustrée par les importantes assises

internationales organisées récemment ph:: les africanistes. li

nous suffira d'en citer deux exemples : le premier est le

colloque organisé en février 1987 au Togo sur le thème

"l'insertion des migrants en milieu urbain africain"

l'initiative du CRDI et de 1'ORSTOM. Le second, ce sont les

3

J

journees d6mographiques de 1'ORSTOM consacrées au theme :

"Migration, Changements Sociaux'et D6ve1oppementH, organisees en

septembre 1988 h Paris.

i

D'autres travaux remarquables sont realises sur des

thbmes voisins, mettant en vedette les mots cles : l'insertion,

le migrant, la ville. Nous pouvons relever les publications du

Bureai International du Travail à Genbve (Standing 1982, Oberai

1982, Peek 1983, Bilsborrow 1984).

. -

Dans le même temps et sur d'autres continents, des

modèles theoriques voient le jour. Par exemple, Portes et Manning

17% *-* -- -7.- --;4S 1 5 i--cm t- PO s 6 1-' hypo t h B S ~ S C ,--".e-n&c=vas et hgiqae SL c o ~ ! ! e - & ~ f l ~ ~ , -

d'integration à propos de l'insertior ex. Amérique des japonaie et

ae: juifs. Les socio:ogues américains Blau et Duncar. ont déve-

lopPG 18 "thborie de l'acquisition dG statut" Selon Granovetter

(1965) c e t t e thgorie met l'accent sur l'ingéniosit6 de l'acteur

socia; le migrant en particulier, comme moyen d'integration

sociale, intbgration qui passe par la réussite 6conomique.

En Afrique, des analyses assez fines permettent

d'insister sur le caractère problèmatique de l'insertion des

migrants er, ville Dès, les ann6es 60-70, un int6rêt certain pour

l'étude des migrations vers les villes, se manifestait dans .les

ouvrages de A . Diop (1964), S. Amin (1972), J.L. Amselle (1976)

et b. Lacombe (1977). Plus récemment, des mémoires à l'universite

Cheikh Anta Diop de Dakar ont montré un intér&t renouvelé pour

les migrations (S. Diallo (19811, A. S a l 1 (1986), A . S . Fall

(1987).

4

Seulement, aucune étude systématique n'a ét4 consacrée

au problème spécifique du rôle des réseaux migratoires dans la

migration de travail vers les villes. Les recherches soulignent

simplement la nécessité de prendre en charge ce volet, notamment

les filières migratoires et les rdseaux de s.olidarit6 qui rendent

possibles l'insertion des migrants en ville. F. Dureau (1987)'

dans une importante étude {Migration et urbanisation le cas de la

Côte d'Ivoire) insiste particulièrement sur la dialectique

migration-urbanisation dont les réseaux de solidarité constituent

- - . - ~ - - - - -.

la toile de fond. Elle écrit en effet : "les mouvements de pop-

lation peuvent être considérés, en Afrique Noire, comme la

manifestation la plus visible et la plus facilement saisissable

des liens entre les éléments constitutifs de ces rbseaux"

(Dureau, 1987:34). I1 convient de comprendre les reseaux comme

relevant de stratégie individuelle et/ou collective. Dans ce

sens, h la suite de nombreuses études, A.S. Oberai. (1982:2)

remarque que :"le migrant n'est pas un individu tir6 au hasard

dans une population. Le migrant est un individu qui se choisit :

ce n'est pas par hasard que certains individus decident d'bmigrer

et d'autres de ne .pas émigrer". D'autres chercheurs, constatant

l'existence de réseaux de relationo.-~cc.ll.plexes, mettmt l'accent

sur les relations à distance occasionnées par la migration

rurale-urbaine. Autrement dit, la famille revêt un caractère

multipolaire, plaçant le migrant dans un faisceau de relations

dynamiques. C'est ce que Thérèse Locoh (1987:4) confirme quand

elle écrit : "situation familiale et statut professionnel vont

donc se combiner dans l'adoption de stratégies d'insertion, qui

5

i

d'ailleurs sont déterminées en grande partie par le groupe

familial du migrant, et non pas seulement par le candidat au

départ". 11 apparalt donc que l'insertion des migrants en ville

emprunte des circuits plus constants qu'on ne le presente le plus

souvent. Un des aspects de la complexit6 des reseaux de

relations, resultant des flux migratoires, est analyse par

Véronique Dupont (1986) dans le cadre de son etude portant sur le

Togo et intitul4e -"DyRaRtiqm des -vi-lles secondaires et processus

migratoires en Afrique de l'Ouest". En effet, les strategies

migratoires mises en oeuvre n'ont pas un seul point d'ancrage. Au

. --. . .contrcire,- elles s'appc-i.ect--a 1s .fais sur un ,espace-vie et.. .un

espace-travail, voire s u r d'autres pôles de l'espace. Mais il est

important de remarquer que chaque fois qu'on se penche sur les

niveaux d'élaboration des strategies migratoires, on rencontre

sur son chemin l'existence de réseaux de relations. L'inter&

pour l'étude de ces réseaux est croissant. 11 ne fait plus de

doute qu'elle est une composante essentielle de la problgmatique

de l'insertion des migrants en ville. Notre approche ( A . S . Fall,

1987) s'inscrit en droite ligne de ce qui précède. Nous

présentons la migration rurale-urbaine comme strategie-réponse a la crise de l'agriculture et à la stagnation voire le recul, de

l'économie rurale sénégalaise.

Notre approche prend en compte les modèles culturels,

saisis 2 travers la variable ethnie. En effet, il est établi que

le séjour des adolescents en ville est de plus en plus assimilé 2

un rite de passage. Aussi, l'histoire ethnique rend plus favo-

rable l'étude des réseaux. Les travaux de Guy Pontié (1986) s u r

6

les Moba-Gurma du nord Togo illustrent cet aspect des recherches

sur les migrati'ons. i

La variable sexe est aussi importante. De fait, l'btude

des spécificités féminines est considérée par plusieurs auteurs

comme un moyen privilégie pour l'étude des reseaux et des

processus migratoires. C'est en tout cas l'avis de Sally E.

Findley (1987:15) qui estime que "comprendre les villes dans

1 'avenir" passera par la compréhension- dessLrat6gies diinsertion

socio-professionnelle des migrantes face aux "contraintes

urbaines 'I . Notre --.ex;=osB des-. recherches receztes sur les

processus, stratégies et réseaux migratoires ne serait pas

complet si l'on ne signalait les écueils méthodologiques qui ont

amené les auteurs à définir les termes de "ville", "insertion" et

"migrant(e)". S'agissant de la ville, elle n'est pas dgfinie par

sa taille, encore moins par l'état ou l'importance de son équi-

pement urbain. L'essentiel, ici, repose sur le fait que pour un

espace donné, il y ait une concentration importante de

population. La ville correspond donc à un lieu d'accumulation

d'hommes, sans pour autant qu'il soit utile d'insister sur la

taille de l'agglomération en question. Ce sont les acteurs

sociaux en tant qu'agents économiques actifs qui font d'un espace

donné une ville. Coccernant le migrant ou la migrante, c'est

simplement tous ceux ou celles qui ne sont pas natifs d'une ville

donnée.

Enfin la nocion d'insertion a été préférée, lors du

colloque au Togo, h celle d'intégration, d'adaptation et d'assi-

milation parce que plus opérationríelle, moins chargée affecti-

7

vement que les autres notions. Par insertion on cherche h d6crirel

des processus actifs et complexes mettant en relief l'importance

des réseaux de relations sociales qui entretiennent et Supportent

les flux migratoires.

-

.1.3. - Problématique et hypothhes -

Le cadre de notre recherche est circonscrit a la

migration rurale-urbaine des sereer du siin vers Dakar. Par

migration rurale-urbaine, nous désignons le fait de quitter une

résidence rurale vers une agglomération urbaine, déplacement qui

s'accompagne de changement qualitatif dans les activités

productives de l'intéressé ( A . S . Fall:1987). Le migrant est donc

d'emblée préoccupé par l'emploi qui, le place dans une

autre où il doit acqugrir les

ressources nécessaires à sa survie. 11 concentre en lui un projet

perSOnne1 et familial. En tout état de cause il est perçu cO"e

une antenne familiale, un relais : des réseaux denses se

constituent en ville sous les traits d'une solidarité ethnique

et/ou parentale.

- _. --

de fait,

sphère de rapports de production,

Nous fonderons notre approche sur notre expérience chez

les sereer siin-siin dont l'implication dans l'exode rurale Vers

Dakar est relativement récente et d'une importance de plus en

pius évidente. Nous espérons,' par la présente étude, contribuer 5

répondre aux questions suivantes :

- comment se sont constitués les réseaux migratoires ?

- quels sont leurs rôles et les traits caracteristiques de

leur structure ?

8

- qui est-ce qui les anime ?

- quels sont le's aspects dominants des logiques d'insertion

socio-professionnelle des migrants sereer à Dakar ?

- quelles articulations ou interdépendances y a-t-il entre

les réseaux de relations qui se créent et les stratégies socio-

professionnelles des migrants a Dakar ? . .

- quelles relations existent-il entre les réseaux qui se

forment et le monde rural ?

En bref, nous tenterons d'élucider les réseaux

migratoires à partir d'une étude en profondeur des stratégies

migratoires.

9

. .

- - .

2 - METHODOLOGIE DE RECHERCHE SOCIOLOGIQUE SUR LES PESEAUX DE MIGRANTS

Notre étude portera sur les sereer ressortissants de

l'arrondissement de "naxar. Cette zone bgnéficie d'une obser-

vation démographique continue depuis 1962 qui fournit ainsi une

information remarquable sur le mouvement naturel de la population

et l'importance des flux migratoires. Cette enquête menGe par

1'ORSTOM et portant sur 25000 personnes est répétée d'année en

année.

Nous nous fonderons s u r ces données pour construire un ~ p y * ~ - . . :----i;k.rr~x~=xi:on i .-d 9.L - - L t 7 repr&.cztat-i-2- .de . ~.c...populatFon-cib!,e.,, Nous mettrons

6galement h contribution l'enquête que nous avons menee (A.S.

FALL, 1987) qui porte sur 443 migrants actifs issus de la m i h e

population-cible que l'enquête de 1'ORSTOM en question. L'Btude

sociologique des réseaux en tant que faisceaux relationnels

appelle des procédés méthodologiques variés. En effet, nous Com-

binerons dif fQrents recueils d' informations : l'analyse doCu-

mentaire, l'enquête par questionnaire et les biographies et . . récits de vie des groupes d'immigrants.

10

2.1. - L'analyse documentaire I Notre objectif est de dresser une bibliographie

exhaustive dont le dépouillement permettra une bonne construction

de l'objet de notre recherche. Cette analyse bibliographique

portera sur les ouvrages, articles, communications, archives

ayant trait aux migrations, à l'insertion des migrants en ville,

B l'urbanisation, à la crise de l'agriculture. L'analyse

documentaire- - - devra également permettre de définir le cadre

théorique de notre recherche.

2.2. - L'enquête par questionnaire

c - -

Elle sera nécessaire pour interroger les ressortissants

des villages qui n'étaient pas compris dans notre enquete de

1987. Nous procéderons donc à un sondage à partir d'un

échantillon aléatoire choisi en tenant compte des variables :

sexe, génération, niveau d'instruction, qualification

professionnelle, origine sociale du migrant (groupes statuaires).

Le questionnaire comportera les rubriques suivantes :

- élaboration de la prise de décision de migration - les ressources du migrant au départ - identification du migrant : qui migre ?

- le dispositif d'accueil du migrant à Dakar

- le mode d'acquisition d'emploi et/ou les filières

d'accès aux ressources

- le mode de vie à Dakar

- la vie associative et s o n impact sur le fonctionnement

des réseaux de migrants

- les relations à distance qui lient le migrant B son

11

L

milieu d'origine I

- les conséquences des migrations sur l'organisation

sociale.

L'enquête par questionnaire présente de nombreux avantages.

en retiendrons deux au moins :

Nous

- Elle permet au chercheur d'avoir une vision globale

sur sa population-cible ainsi que les mesures statistiques

nécessaires à la comparaison et à la généralisation des

r6sultats.

-- - - _ _ - -

- Elle précède la collecte de données qualitatives car

c'est à l'issue de l'enquête par questionnaire que le besoin

d'approfondissement de l'enquête auprès de certains migrants se

fait le plus sentir. Elle prépare donc le terrain a un recueil

précis de biographies qui sont essentielles pour la recherche s u r

les réseaux migratoires.

2.3. - La méthode des récits de vie - -- - Elle consistera a dresser des récits de vie de groupes

d'immigrants repérés lors du sondage. Pour ce faire, nous

utiliserons deux guides d'entretien semi-directif : l'urr pour.les

biographies et l'autre pour les récits de vie de groupes de

migrants ( v o i r annexes 1 et 2). Tout en prenant en charge les

mêmes variables que l'enquête quantitative, nous partirons d'un

choix raisonné pour dresser des récits de vie et nous permettre

ainsi de mener une étude en profondeur des réseaux que nombre de

chercheurs constatent sans les expliquer. Comme le note Johl

Grégory (1987:4) : "la reconstruction des trajectoires par

12

cohortes fournit un excellent outil pour l'étude rQcente des

migrations". Les récits de vie sont Qgalement des instruments

adéquats pour une approche longitudinale des reseaux migratoires.

Leur analyse est donc essentielle dans le cadre des recherches

sociologiques. I1 s'agira alors d'éviter de considerer les rdCitS

de vie comme des données qui "parlent d'elles-mêmes", et de les

analyser au contraire de manière systématique. - - - - - -

Dans le cas d'approche qualitative intensive, le

problème du nombre des cas observés ne se pose pas en termes

-----'''--& =---tatistiguea-.---ì?ous prandrons le ccnseil- dc- S.- Bertaux ( 1980) pour.,, - qu'il convient "de dépasser largement le point de saturation pour

être assur4 de la validité des conclusions". I1 est probable que

l'observation sur le terrain des réseaux nous orientera vers

d'autres immigrants, voire des migrants de retour.

2 . 4 . - Bilan méthodoloqique première étape de notre étude

La présente étude s'inspire largement des procédés

méthodologiques exposés plus haut. Durant cette premiare 6tapef

notre objectif &tait d'approfondir les résultats de notre enquête

de 1987. C'est ainsi que nous avons travaillé à une meilleure

idedfication des groupes d'immigrants pour comprendre. davantage

leur mode de fonctionnement. Nous avons également transcrit les

récits de vie des migrants qui présentaient un intérêt

particulier. Les guides d'entretiens semi-directifs nous ont

permis de susciter des discussions prolongées avec les migrants.

6

13

Ces entretiens ont duré deux à trois séances pour chaque

migrant: Ils se sont déroulés en langues nationales : wolof ou

sereer, et en français. Après les entretiens, nous avons procédé

un classement des axes de discussions selon le plan du guide

d'entretien. Nous avons aussi élagut5 des textes Les redondances

propres à l'expression orale. La transcription fiable des

entretiens a été rendue possible grâce à leur enregistrement Sur

bandes magnétiques. Les biographies et récits de vie ai.nsi_

dressés n'autorisent pas des conclusions définitives à propos des

réseaux migratoires sereer de naaxar. Cette premiere étape est

une des occasion - -porn-- nous de faire le pofct .-*-de -- prQsenter

résultats provisoires. Au plan méthodologique , quelques

enseignements se dégagent de notre pratique de terrain.

2.4.1. - - La notion & temps comme composante importante dans l'approche l o n q i t u d i x pour l'étude des réseaux miqratoires

Pour établir des biographies, nous avons 6té amenés,

comme indiqué plus haut, à faire plusieurs entretiens avec le

migrant concerné. Ceci présente l'intérêt pour le chercheur de :

- repérer les silences dans le discours du migrant - permettre à l'enquêté d'avoir du recul vis-à-vis. de

son propre discours, de garder, en voie de conséquence, le fil

directeur de sa pensée. pour ce faire, le chercheur peut

rappeler, en le résumant, le dernier entretien.

- corréler les faits racontés par l'enquêté en vue de

nouvelles questions.

La notion de temps devient également nodale quand il

s'agit du déroulement des faits et événements qui structurent les

14

1

récits de vie. Les références chronologiques du chercheur ne sont

pas souvent celles de la personne interrogée. Le migrant se

réfère, le plus souvent, h des faits qui relèvent du registre

micro-social. C'est l'exemple de faits ou d'6vhements propres h

un groupe, classe d'âge, famille au sens restreint du terme. En

somme des faits qui n'alimentent pas les préoccupations chronolo-

giques du chercheur. L'approche longitudinale ne réside pas dans

l'historicité du discours du migrant, conçue comme juxtaposition

des dates importantes ou r6férences chronologiques classiques,

mais plutôt dans la prise en compte du registre micro-

sociologique. En interrogeant le migrant, le chercheur essaie äe

camper le contexte dans lequel s'est effectu6e 1'Bmigration.

Seulement la perception de l'enquêté ne se résume pas à l'inter-

prétation qu'il fait de son vécu.' La logique de sa pensbe, la

charge des mots et le style qu'il emploie, dans l'entretien sont

tout aussi heuristiques. La force des récits de vie réside da-ns

la libre expression de l'acteur social. Si les dates ont leur

place dans les récits de vie, elles ne sont pas indispensables 2

la compréhension de l'histoire sociale.

2.4.2. - L'individu et qroupe dans l'établissement de récits de -"pie -- Notre pratique nous a amené à relever que l'approche

longitudinale est un procédé qui permet de situer le migrant dans

son milieu de vie, son cadre? naturel. par exemple, avoir la

version d'autres personnes citées par l'enquêté sur une étape ou

événement de sa vie aide à mieux comprendre le tissu relationnel

du migrant en question. 11 ne s'agit pas là d'une grille

15

d'évaluation de l'objectivit6 du migrant interviewe en soi, mais

plut8t d'un procéd6 actif d'implication du groupe dans le recueil

de l'information biographique.

2 . 4 . 3 - L'utilisation des instruments de collecte r6CitS & - vie - L'utilisation de guides d'entretien est ressentie par le

chercheur comme un véritable test par lui-même de ses capacites

d'adaptation parce que la fonction essentielle de ces instruments

de collecte est surtout de provoquer le débat sur la strategie

migratoire de 1 ' intéressé. L'administration des guides

d'entretien suppose une grande souplesse du chercheur. Par

exemple, il nous est apparu que l'agencement ou l'ordre des axes

du guide d'entretien importe peu. essentiel est la logique du

raisonnement de l'enquêté. Ces axes sont moins des .questions

auxquelles l'enquêté doit répondre qu'un aide mémoire pour le

chercheur.

. ... ̂

La préparation de la personne enquêtée est tout h fait

importante. En effet, il n'est pas évident que l'idée d'élaborer

une biographie corresponde à quelque chose de familier chez le

migrant. Le fait de dresser un récit de vie n'est pas acquis

l'avance. Dès que l'objet de la recherche est défini et compris

de la personne concernée, en somme, aussitbt que la relation de

confiance est bien amorcke, le chercheur doit créer l'envie de

parler de soi chez le migrant. Réaliser la biographie du migran-:

ne procede pas d'un cheminement connu h l'avance et dont il faut

faire la démonstration l o r s de l'entretien. I1 s'agit plut&

d'une enquête continue. Les guides d'entretien facilitent donc

16

1 'élaboration de biographies et n''ont aucun caractbre

contraignant en sciences sociales. Cependant le chercheur doit

s'armer d'une volonté permanente d'affiner les guides d'entretien

afin d'en faire des instruments toujours plus opgrationnels.

2 . 4 . 4 . - Analyse et interprétation 7 des éléments bioqraphiques

- - Lo-cs-de- la -phase d'exploitation des données recueillies,

il convient de répertorier les idées essentielles contenues dans

les récits de vie et de les classer suivant les axes des guides

d'entretien. Cette opération permet ,de .- mettre .-. ~ les idées en

rapport les unes avec les autres et de procéder 3 une

interprétation thématique ; l'objectif du chercheur est h la fois

de décrire le fonctionnement des réseaux et d'en deduire les

enseignements essentiels pour la comprehension du fait migratoire,

.*_ *-..,

."

En définitive, l'étude des reseaux migratoires par

l'entremise des récits de vie présente l'avantage d'amener le

chercheur à avoir une connaissance profonde de la société, en le

formant à une pratique axée essentiellement sur le registre

micro-sociologique. En effet, ceci n'est pas sans modifier

- pwitivement le comportement et même le discours du migrant qui a alors devant lui un interlocuteur avisé, à qui on ne raconte pas

n'importe quoi sur le milieu d'émigration encore moins sur le

fonctionnement des reseaux migratoires. Aux yeux du migrant, le

chercheur apparait comme un homme humble mais quelqu'un qu'on

respecte du fait, entre autres, qu'on le voit entrer de porte en

porte pour s'entretenir avec les gens d'année en année. I1 est

courant d'entendre les migrants dire après le passage du

17

chercheur que celui-ci finira par connastre le pays sereer mieux

qu'eux-mêmes. Ils sont dès lors fiers de voir leur société ainsi

valoris6e. En somme, le travail systématique de terrain d6veloppb

par le chercheur sur une longue période, dans le milieu d'origine

comme dans celui d'accueil des migrants, est une garantie de

1 'objectivité et de la pertinence des informations recueillies

sur la migration. -- - . - I

18

ENQUETE DANS LE SINE

L'approche urbaine des problèmes de rQseaux migratoires

ne nous dispense pas de chercher a comprendre ce qui se passe

dans les zones de départ des migrants pour trois raisons au

moins :

D'abord, le déplacement de la force de travail et donc

la redistribution des ressources humaines qui découle _des_-

migrations, sont largement consécutifs à la crise des systbmes

agraires.

-.=- -Ens-uitc ,>.:-&e - villqo-et l n vL,l-lp, (capitale ou villes _ _ -- .. r ..

secondaires) sont des espaces d'expression des reseaux OU

filiGres migratoires, ce qui nous a amené à former l'hypoth&se de

stratégies migratoires multipolaires.

Enfin, l'individu et la famille participent, chacun

a selon ses prérogatives dans les zones de départ et

l'élaboration de stratégies migratoires.

d'arrivée,

C'est pourquoi l'examen du mode d'organisation sociale,

de même que l'étude de l'évolution des systèmes agraires doivent

prendre part à l'effort d'analyse des réseaux migratoires.

3.1.- Systèmes aqraires sereer siin-siin _ .

Les dynamiques de peuplement reflètent

systèmes agraires. Le siin est caracterisé par

' . .wyr .-.-

l'évolution des

la forte densité

de son peuplement et la stagnation, voire la rcgression de son

économie rurale. Les systèmes de cultures intègrent les céréales

(mils et sorgho) et aussi l'arachide qui procure aux paysans

sereer l'essentiel de leurs revenus. La couverture vegetale est

20

Y

en baisse, les t e r ro i r s sont saturés, l'élevage perd de son

dynamisme, l'agriculture est en crise. La pluviométrie est faible

et mal répartie. La sècheresse gagne du terrain. L'eau des puits

n'est pas fkorable au maralchage. L'artisanat est une activité

d'appoint au siin dans l'ensemble. Cependant les sereer sont

demeurés très actifs, ce qui a rendu possible l'expansionnisme et

une très forte émigration vers Les terres neuves du saalum

(voir graphique ci-dessous ; Michel Garenne, 1988). Ces terres

prennent désormais une part importante dans l'espace agraire des

sereer du siin. -. - Ce survol de la réalité agraire au siin nous permet 'de

relever trois lieux importants : le siin, les terres neuves et

Dakar comme espaces focaux ou créneaux possibles des réseaux

migratoires et des stratégies de.survie des sereer.

SOLDE MIGRATO RE SELON IA DESTINATION 7 963-1 987

Saloun

T.Neuv(5OX)J -

21

J

3 . 2 . - Caractéristiques -- de la famille sereer

Notre preoccupation ici n'est pas de decrire la famille

sereer comme un concentré du mode d'organisation sociale des

sereer. D'autres etudes sont en cours s u r ce,sujet (1). Nous

procédons a une présentation sommaire des differents niveaux de

la structure sociale des sereer. - .

3.2.1. - @ MBind :

C'est la concession sereer. I1 est dirigé par

un chef d'habitation appelé yal-mbind. 11 a l'autorité

sur la concession, formée de plusieurs unités internes, ou Ngak.

Selon Jean Marc Gastellu (1981:62), l'habitation n'a aucune

fonction économique. En revanche, le yal-mbind possGde des

fonctions sociales importantes : il représente l'ensemble de co-

résidents aux assembl6es du village et doit

parler en leurs noms. I1 participe également

aux "rites agraires collectifs". Notons aussi avec Gastellu que

dans le siin "1,es charges de chef d'habitation sont héritées

tantôt en ligne agnatique, tantôt en ligne utérine".

--------------------------------- (1) La thèse en voie d'achèvement de Brigitte Guigou, sociologue, EHESS Paris et portant sur "usages sociaux de la parent&, stratégies fanillales-. et matrimoniales chez les sereer du siin"

22

I 3.2.2. - Le NGak : -- Littéralement, il signifie cuisine. 11 est l'unit4 de

production-consommation la plus opérationnelle. Pour ce qui nous

occupe, il est important de relever que c'est par cette unit&, le

ngak, que se gQre la force de travail. C'est donc une unité

suffisamment sensible aux décisions migratoires du fait

identifier l'unité d'accumulation. Selon Gastellu (1981:90), elic

n'est pas "concrétisée par un espace clos ; elle n'existe que par

les personnes qui la composent ; or, ces personnes sont elles-

mêmes dispersGes, relevant d'exploitations et d'habitations

différentes...". Ce que rgvèle la complexité de l'unité

d'accumulation, c'est l'interdépendance entre mbind et ngak. 11 y

a un intérêt certain à considérer l'unité d'accumulation comme un

des fondements de la solidarité des sereer. Dans le cadre des

stratégies de survie, l'unité d'accumulation est un repère

important pour comprendre les logiques sociales en oeuvre dans un

espacs-coccidéré. Con-,ren¿ïe la gestion du betail et le fonktion-

nement des marchés hebdomadaires d'une part, les cér6monies de

mariage et de funérailles d'autre part, permet une meilleure

connaissance du fonctionnement de l'unité d'accumulation.

23

J

3 . 2 . 4 . - Système de parenté I Nous empruntons h Abdoulaye Bara D,op (1985:247 l'une

des conclusions essentielles h son livre "la famille wolof" : le ,

système de parenté est un aspect incontournable dans l'btude des

réseaux migratoires. En effet, écrit le professeur Diop : "la

Parenté constitue un système juridico-idéologique qui organise

les rapports sociaux en vue de la survie du groupe". Dans le

Contexte de . la-€zke-&conomique et sociale dont est également

victime le siin, on comprend bien la place de la parenté dans

l'organisation de la migration. La structure de la parent6 sereer I.y .-.. ;- JA.:Ste --aisément .- -Ce qui czsact6rise cette dernibre, c'est

qu'elle est bilinéaire c'est-à-dire que le système matrilinéaire

et le système patrilinéaire cohabitent, chacun gardant ses

fonctions et qualités propres.

Par cons6quent, comprendre l'organisation sociale des

Sereer est essentiel pour etablir des directions de recherche I dans le cadre de l'étude du fait migratoire.

2 4

4 - PLACE DES RESEAUX DANS LE MODE D'ORGANISATION DE LA MIGRATION SEREER A DAKAR I

4 . 1 . - Notion réseau

4.1.1. - Usaqes courants du terme réseau _.

La signification du terme réseau est plurielle. En

OU effet, par réseau on désigne parfois un alignement de points

d'éléments portant un code référentiel particulier. Par exemple

des fils et câbles électriques, un circuit téléphonique, des - - . - - - - ..

canaux d'irrigation, d'évacuation d'eau ayant des points comuns

de connexion etc... Dans ces cas, un réseau est un sous-ensemble

ou segment d'un plan d'équipement. 11 indique alors des trâits

distinctifs d'un enchevêtrement d'éléments communs. Par exten-

sion, le terme réseau se réfère à un sous-ensemble de points de

jonction permettant de rompre ou de marquer la discontinuité que

pourrait présenter une installation technique ou plus géngra-

lement un espace géographique ou social donné. Le terme réseau

désigne également une filière ouverte ou clandestine d'insertion

sociale, un circuit marchand particulier, bref, un ensemble de

relations formelles ou informelles mettant en rapport, de façon

singulière, plusieurs personnes, institutions, associations ou

regroupements. C'est ce que notent aussi Jacques Xatnszewski et

Ruwen Ogien (1981:142) quand ils écrivent : "de façon plus méta-

phorique, le "réseauuu qualifie un ensemble de connexions entre

des personnes qui ne se côtoient pas au même moment dans le même

lieu : réseaux de consommateurs, réseaux d'accueil, réseaux

d'agents secrets, etc.. . I ' . En général, toute dynamique

d'expression de filières singulières de communication ou de

25

'i

4.1.2. - Réseau social ...

Le rdseau social designe un tissu complexe de rapports

sociaux qui apparaissent sous forme d'un circuit d'accueil

d'insertion socio-professionnelle, d'un regroupement de soli-

darité humaine, de relations privilegiées. Jacques Katuszewski et

-I - _.

circuits propres de relations s'apparente i3 la mise en a

l'élaboration de réseau. Compte tenu donc de cet usage complexe

du terme reseau, il convient de préciser la notion de reseau

social.

forme, I

Rugen Ogien (1981:146) ont tente de définir le terme de réseau

social en mettant l'accent sur ce qui assure la jonction sociale

entre un sous-ensemble ou une unit6 et sa structure mare.

"Pourtant chaque famille a des relations extérieures, un environ-

nement social composé en partie des personnes qui assurent des

services h la famille. Cet environnement social est désignd par

le terme de réseau social : c'est une micro-structure intermg-

diaire entre les institutions de la société globale et la famille

restreinte".

Deux remarques nous semblent essentielles au travers de

cette définition de réseau social. D'abord la tentation est

grande d e considérer comme réseau social ce qui est informel,

c'est à dire ce qui éChappe à l'institutionalisation courante des

faits sociaux, alors qu'il faudrait a u contraire insister Sur

l'élaboration originale de liens entre les acteurs sociaux au

sein d'un réseau. Ensuite, l'idée d'une communauté constituée OU

en voie ,de l'être est très liée à celle de réseau social. Le

réseau fait penser à une relation sociale spécifique entre les

26

membres d'une communaxté ou d'une communauté h une autre. En tout

état de cause, on peut relever une volonté commune, un intérêt

commun mais aussi un élan réel d'échapper à un arbitraire, de

resister collectivement, de survivre. Une strategie gagnante h

l'bchelle du groupe social se mettra en place B laquelle pourront

se greffer des stratégies individuelles. C'est pourquoi le reseau

social peut être identifié à un relais social, mais relais qui

serait construit. Un reseau social est donc un faisceau construit

de relations sociales. I1 est le fait d'une dynamique propre 5

une communauté de personnes. Comme l'écrivent Jacques Katuszewski

et Ruwen Ggien (-1-981-:143), - d a m 1e czs de la migration, les

réseaux désignent "l'ensemble des processus de distribution des

départs et de regroupement dans le pays d'accueil".

#

C'est sur la base de ce qui précède que nous tenterons de

décrire les reseaux de migrants sereer.

27

4 . 2 -Elements bioqraphiques

4.2.1 -Récit de y& de qroupe c'immiqrants I

. "La chambre qui nous unit est devenue une chambre de

dans

une On y trouve deux lits en bois

blanc sur lesquels on a mis deux matelas en paillasse. En 1987,

il y avait 6 personnes : M1.J' AB.J, MB.NJ, J.NJ et J.J ainsi que

K.NJ qui jouait le rôle de principal responsable du groupe. En

1988, le groupe n'est plus que de 5 personnes. AM.J, AB.J, MB.NJ

et J.NJ sont restés alors que %.NJ a déménagé. S . J , pour sa part

a rejoint le groupe. C'est désormais J.NJ qui est devenu le

principal responsable du groupe.

famille".

Le groupe est établi au quartier Montagne h Dakar,

chambre en baraque de 3,s m2.

A l'origine Le groupe était structuré autour de la

personne de R.NJ. C'est en effet lui qui avait pris l'initiative

de louer une chambre h Montagne. Au fil du temps, des parents,

amis et voisins du village (Ngayoxem) l'ont rejoint. "AU début,

pour habiter ici, on demandait l'avis de K.NJ mais depuis

quelques années, h partir précisemment de 1981, date h laquelle

nous avons senti un réel raffermissement de nos liens, du fait de

. la cohabitation, la chambre qui nous unit tous est devenue une.

chambre de famille. Pour y accéder, y vivra je veux dire, on n'a

plus besoin de demander la permission. Ceux qui peuvent y habiter

le savent. Ca va de soi maintenant". Le responsable du groupe est

le seul locataire aiprès C u propriétaire. 11 s'occupe donc de

rassembler la participation de chacun aux frais qu'entraînent le

logement et les problèmes y afférant. 11 gère également. les

rapports sociaux découlant de la cohabitation c'est h dire dyna-

28

mique du groupe, liens de voisinage, relations avec le village

d'origines, visiteurs etc... "Pour le loyer, nous payons cinq

mille francs (5000 F CFA) par mois. AU début, c'&ait six mille

francs ( 6 0 0 0 F CFA). Le propriétaire a consenti une rdduction de

mille francs (1000 F) du fait que je ne travaille pas" explique

le responsable de la chambre J.NJ. . .

- AM.J et J.NJ. "nous n'avons pas de liens de parenté. Nous

habitons le même village, donc nous sommes des "parent"~. Nous

nous sommes connus au village, nous avons passé notre enfance

ensemble".

- - - - _

- AB.J et S.J. : ce'.sont des fr&res partageant le meme @ri:

mais de mères différentes. 11s ne partagent pas le même mbind

(concession) au village.

- S.J et MB.NJ : ce sont des cousins (cGtQ paternel)

- K.NJ et MB.NJ : ce sont des frères (c&é paternel)

- K.NJ et AM.J sont des cousins (côté paternel), ,seulement, AM.J n'a pas de lien de parenté avec les autres membres du

groupe. A l'exception de J.NJ, tous les autres membres du groupe

habitent dans le même quartier h Ngayoxem. Aprbs le travail,

l'une des préoccupations favorites du groupe est le jeu de cartes

(belotte)._.,!"ous passons tout notre temps a jouer B la belotte.

Tant& le jeu se passe devant notre chambre, tant6t nous nous

déplaçons pour rejoindre d'autres parents sereer pour jouer aux

cartes". Les formes explicites d'entraide sont peu perceptibles

au sein du groupe. J.NJ explique qu'il n'y a pas beaucoup

d'offre. "Si je prends mon cas, alors que je ne travaille pas,

il n'y a que AM.J. qui me donne de l'argent de temps en temps.

Seulement, ils sont tous gentils avec moi. Certains membres du

2 9

4

groupe m'associent a leurs préoccupations. Mis B part AM.J qui a

fr6quenté l'école française jusqu'au CM2, je suis le seul a avoir

fait des études secondaires. Les autres n'ont pas Bt6 B l'bcole.

C'est ce qui explique d'ailleurs le fait que je sois responsable

du groupe. Même lorsque AM.J &ait là, c'est moi même qui-.Btait

le plus sollicité par le groupe. Le fait d'avoir fréquenté

l'école esta mon--&w&tiage.- Je-.les aide h faire les calculs,

écrire les lettres, etc.. . (l. "S'agissant du manger, à midi, nous avons un abonnement

-2upySs ;d :%p ie . '-.C*elxne -.. . . qui:?..tieil-k: ui?Tcstsurant 21 MontaS.?A.,~~~n~,.~..r~~~~

lité, c'est AM.J qui paie l'abonnement d'un montant de cinq mille

cinq cent francs (5500 F) par mois". Deux autres personnes

prennent 1e.repas avec lui. 11 s'agit de J.NJ et de MB.K. Ce

dernier ne loge pas dans la même chambre, ni dans la même con-

cession que le groupe. MB.K est sereer, originaire d'un village,

Ndoq, non loin de Tukaar. C'est un copain que AM.J a tenu h

soutenir. I1 arrive aussi que les visiteurs de passage prennent

le repas avec nous. Pour le dSner, il n'y a pas de repas

régulier. Quelquefois, l'un d'entre nous prend l'initiative

d'acheter quelques plats et invite les autres à les partager avec.

lui. Mais le plus souvent, nous restons sans manger le soir. I1 y

a aussi certains d'entre nous qui s'organisent à manger en ville

si l'occasion se présente. Pour le ravitaillement en eau du

canari, c'est le responsable de la chambre qui s'en occupe : "la

bassine d'eau est à 25 francs à la borne fontaine. Si j'ai de

l'argent, je le donne h une fille de notre entourage pour nous

porter de l'eau. 11 arrive que le canari reste sans eau pendant

30

deux h trois jours . Les autres, ce n'est pas leur problbme"

affirme J.NJ responsable du groupe. A propos des liens de

parenté, les migrants de ce groupe se définissent les uns par

rapport aux autres.

- MB.NJ et J.NJ : J.NJ est le demi frbre du pbre de MB-NJ

- K.NJ et J.NJ : J.NJ est le frère du père de K.NJ - .

- AB.J et J.NJ : J,NJ et AB.J sont des frères maternels

- S.J et J.NJ : J.NJ est l'oncle maternel-& S.J - - - - -

- J.J et J.NJ : "Entre moi et J.NJ, je ne peux pas expliquer

C'est au niveau du lüg, on l'appelle aussi xeet - c'est à partir xìu.-%in(--qne remontent nos lie.ns de parentb" - .-*.. .C

Comme visiteurs habituels, trois cas sont h relever :

- NG.S 27 ans, enquêteur à temps partiel pour le compte d'un

organisme de recherche. 11 exerce en milieu rural dans la zone de

naxaar. 11 est reçu à HLM Montagne par J.NJ, responsable du

groupe. Ce dernier dit a propos de NG.S : "nous avons fait

l'école primaire ensemble. On se connaissait au village. Nous

avons des liens de parenté. En fait, sa soeur est la femme de mon

frère. Nous avons passe

notre enfance ensemble et nous étions des amis'. S'il vient a Dakar, c'est ici qu'il loge. C'est la troisième fois qu'il vient

ici. Les deux dernières fois, il n'avait pas fait plus d'une

semaine B Dakar. Cette fois-ci, il restera un peu plus de temps".

- NJ.J : 4 2 ans vient souvent à Dakar pour voir AH.J dont il

est le petit père. "Je suis l'envoyé de la famille. En cas de

besoin, je viens à Dakar en discuter avec AB.J. En rentrant, il

me donne ce qu'il a pu épargner pour la famille". Ses séjours

sont brefs, pas plus d'une semaine.

I1 s'agit donc de parenté par alliance.

31

- L,. : 26 ans est venu déposer des demandes d'emploi. 11 est

ex-blGve gendarme. C'est un cousin de MB,J.

"A part ceux-ci, nous n'avons pas souvent d'autres

visiteurs habituels. I1 arrive que des parents du village

viennent ici subitement pour r6gler un problbme et repartent.

C'est exceptionnel". Les biographies de certains h"grants :

A B . J , J . N J , K.NJ permettent de mieux comprendre le fonctionnement

de ce groupe.

- .

- - - - .

4 .2 .2 -Récit bioqraphique : A.J.

1 - Identification : "Ku xat, demal bopam" - - "Qui se sent h l'étrait, peut migrer"

A . J . , 29 ans, est le fils a h é d'une petite famille

sereer domiciliée h NGayoxem. I1 est musulman (confrérie

mouride). 11 n'a pas fréquenté l'école française. I1 a grandi

avec ses propres parents. Très jeune, il s'est occupé d'agri-

culture et d'élevage. Marié à une sereer de Saasaar non loin de

Ngayoxem,

depuis le dQcès de son père.

A . J . assume des responsabilités familiales importantes

I1 s'agit d'une petite famille de 9

personnes : "mon frère M . J . et sa femme, ma femme et mes 2 .

enfants, ma mère, mon frère benjamin et ìe frère de mon père

NJ.J. q u i v i t avec nous" .

32

2 - Processus de décision & miqrer' -

C'est 26 ans que A.J. arrive-pour la première fois

Sa migration, il l'explique par le fait que le village ne-. . - *

*a"

senkaib. ..-- @-lus de perspectives intéressanges-'; : - les pluies ' -.

ient rares, -le sol pauvre', %

, * - - - . tous les jeunes . - ~~:&~a.~aient.'~l * t . . , . - - *

-.

. est migrant saisonnier. I1 passe l'hivernage..' au village . -

l'exception de cette année et la saison sèche est c*onsacrée au .-.

I . _

travail de manoeuvre à Dakar. Passer l'hivernage h Dakar revêt

donc un caractère exceptionnel. Voici comment A . J . l'explique :

"Mon petit frère (nous avons le même pbre et la même mère), M.J.,

26 ans, passait d'habitude l'hivernage h Kumpentum dans les

Terres Neuves auprès d'un ressortissant de notre v'illage. 11

était donc surga, il travaillait les terres de celui-ci et lui

versait une redevance au moment de la récolte. Cette.ann6e ci,

M.J. s'est marié à une fille originaire de notre village et

migrante saisonni-&re Dakar. Donc, il reste au village

(Ngayoxem) pour y passer l'hivernage car j'en avais discuté avec

lui au moment où il s'apprêtait h se marier. Pour ma part, je

cherchais du travail, matelot dans un bateau de peche, c'est

pourquoi, je suis venu à Dakar. D'ailleurs, je garde l'espoir

ce poste de.mateiot car j'ai un copain (sereer de

Tatagin) qui travaille dans le même bateau de pêche. On m'a

promis le poste de matelot. Entre temps, j'ai eu un travail de

manoeuvre au port. Si mon frère n'était pas d'accord, je n'aurais

pas passé l'hivernage h Dakar".

NJ.J., petit ,père de A.J. (actuel mari de'la mère de

. . 3 3

A.J.) et partageant le même Ngak (cuisine) que la famille rest6e

au village, explique en ces termes, le processus de prise de

décision des frères J. 8 propos de leur migration : "pour le

petit fiere de A.J., notamment M.J., s'il est rest6 cet hivernage

au village, c'est parce qu'il vient de se marier. 11 se doit,

selon la tradition sereer, de rester avec sa femme au village"

"ci këri juddu", dans la concession familiale d'origine". Ainsi,

les nouveaux mariés auront le temps de se découvrir au village

même, sous le regard vigilent des parents. "Dem all warul ci nu

sey bess" c'est h dire qu'il n'est pas recommandé pour des

nouveaux mariés de s'aventurer loin du village. M.J. et A.J. se

Sont concertés avant d'adopter leur position actuelle pour

l'hivernage de cette année. Leur maman a participg aux

concertations qui ont permis les dgcisions d'aller a Dakar ou a

Kumpentum ou alors de rester au village. Ceci n'a impliqué que le

ndok yaay (case de la mère) c'est a dire : A.J., M . J . et.leur

maman - c'est un problème qu'ils ont traité dans le den yaay

(matrilignage).

...

- - -- - _ _ _

A.J. m'avait dit qu'il partira h Dakar pendant l'hivernage

pour assurer la nourriture de la famille. C'est d'ailleurs ce

qu'il a fait car scin apport financier=.-.;.nou.s a beaucoup soulagé

durant cette période de soudure. Quant à moi, je n'ai pas été

associé à la prise de décision. A . J . m'a simplement tenu informé

de son projet d'aller à Dakar. Pour son jeune frère, M . J . , qui

est resté au village, il a fallu que j'interpelle A.J. pour qu'il

me au dise que celui ci n'ira pas à Kumpentum et restera plutôt

village pendant l'hivernage. I

34

la

I1

3 - Cheminement miqratoire I

"Mon premier s6jour à Dakar date de 1985. Cette annee

les récoltes n'&aient pas bonnes. Le village se d8peuplait.

fallait venir h Dakar chercher du travail. ,?'avais parle h

K-NJ. de mon projet de loger avec lui à Dakar. I1 &tait favorable - .

mon idée. Je n'avais pas encore migré dans une autre ville.

L'expérience des Terres Neuves, je ne la connaissais

qu ' indirectement I' . - -- - - - - .

4 - Modalités d'établissement 2 UaKar

Dès son arrivée & Dakar, A.J. s'installe dans la

A Montagne ce dernier héberge également dans la même chambre a Montagne six autres migrants. Quant au choix du quartier, A . J .

je

la

affirme :

loge 3 Montagne". "Je participe aux frais de location de

chambre & raison de 1000 F à 1200 F CFA par mois". -Durant

saison morte de 1987, la femme de A.J. était à Dakar. E

travaillait comme domestique (bonne). Elle ne partageait pas

"c'est moins le quartier que les personnes avec qui

le

la

même chambre que son mari. Le couple vivait sépa.rément quoique

..-dans le même quartier. Ce procédé, rare, était rendu nécessaire

par le besoin de limiter les charges à Dakar "habiter la même

chambre nous coûterait très cher d'autant que notre séjour à

Dakar ne devrait pas se prolonger outre mesure. Dès le mois de

juin, nous devrions retourner au village pour préparer nos

champs I' .

35

5 - Insertion professionnelle 3

"Je savais d'avance que ce que je pouvais gagner en

cultivant, je ne pourraì l'obtenir a Dakar. Seulement, l'agri-

culture ne marche pas actuellement. "Tu sais, quand je viens a Dakar "damay fortaatu" simplement c'est h dire je m'occupe,

l'essentiel étant de ne pas ch6mer. Car je n'ai aucune qualifi-

cation professionnelle. Ce qui est le plus a ma portee, c'est le travail de docker. D'ailleurs de 1985 à 1988, je viens ?i Dakar et

je n'ai jamais fait un autre travail" Ilj'ai su qu'il y avait des

possibilités de travail au port par l'entremise des amis et

parents". A.J. est manoeuvre au Port de Dakar. I1 transporte des

sacs de 50, 90, 120 kgs dans des camions. I1 est payé journa-

lièrement selon le nombre de chargements accomplis dans la

journée. Aucun contrat ne le lie au service de la Manutention du

Port. je viens voir s'il y a du travail OU non - je suis journalier. Je ne suis sollicité que si le personnel

permanent du Port est insuffisant pour faire le travail de

chargement". "Je connais la personne qui recrute les journaliers

en cas de besoin. C'est un sereer. Nous ne sommes pas du mgme

village. Il est toujours prêt à nous aider à trouver du travail

quana il en a les moyens. Cepndant, les gens qui viennent

chercher du travail de docker s o n t nombreux.

- .- - - - --

I

"Chaque matin,

6 - Vie sociale et associative -

dur

"Je suis simple s a i s o n n i e r . Et puis, après l e travail

du port, je n'ai pas le temps de m'occuper du quartier.

J'aAme bien la vie du quartier, je me sens bien ici, j'ai des

36

parents ici". "Je mange la plupart du temps dans des

restaurants". "J'ai un seul ami pulaar que j'ai connu au port. Je

fréquente des parents install& à Montagne et 5 Ben tali. Je Vais

souvent à Grand yoff pour participer des séances de lutte.

J'aime aussi jouer à la belotte (jeux de cartes) soit B domicile,

I

soit chez des amis". 1- .

7 - --- Liens avec la famille restee au villaqe

"Tous les espoirs de survie de la famille sont fondes

sur moi et mon jeune frère. Je vais fréquemment au village. En

moy3íhe une fois par-mois;- Chape fcis--qce.-j'anasse une som5 --. . - - r

quelque peu consistante, je l'envoie h la famille qui, soit

l'utilise pour la nourriture, soit achète des petits ruminants

pour les élever". Cette année, A.J. a pass6 l'hivernage a Dakar.

,. .-

Interrogé à cet effet, il répond : "ma présence Dakar a ce

moment de pleines activités agricoles s'explique aussi par le

besoin rest& au

village, doit se nour,rir en attendant les premières r6coltes.

45.000 F CFA représentent le total de la somme que j'ai mise h la

disposition de la famille au village entre juillet, aoQt et

septembre. Je me suis rendu deux fois au village durant cette .

période. L'argent que j'envoie ou emporte au village, quoique

destiné à la famille, est remis à mon jeune frère". La famille

restée au village maintient des activités agricoles. C'est NJ.J.,

le petit père de A . J . qui supervise le travail. C'est ainsi qu'il

explique : "je suis resté dans la concession et comme je

m'entends bien avec A.J.' qui est le fils a h é , nous avons mis en

de trouver de l'argent avec lequel la famille,

commun nos parcelles. Nous cultivons du mil (suuna) et de

37

l'arachide. Alors que la culture de mil est destinée h ia consom-

mation familiale, la production arachidière, en revanche, est

personnalisée, le travail aux champs est fait collectivement mais

chaque membre actif de la famille a une parcelle qui lui est

propre. Aprbs la récolte, l'arachide est vendue et les ressources

qui en résultent sont utilisees en fonction des voeux de chacun.

Cette saison, dans notre Ngak (cuisine), nous avons eu trois

parcelles de culture arachidière réparties ainsi : une h M.J.

(petit frère de A . J . ) , la seconde appartient à la maman de A.J.

-* .. -=&h=k, troisième -est r.c-w:zzxc--3f -1a-femte de A. J. -Moi , -.,e,,nl:ab,.gas ;--~.

cultivé de l'arachide faute de semences.

L'argent que A.J. envoie aussi B partir de Dakar est destine

a la famille (ceux qui vivent actuellement dans la concession.

Ils forment un seul ngak). Cependant, c'est son j e m e frbre M-J.

qui resoit l'argent. Celui-ci informe sa maman qui, B son tour,

m'en parle. A mon avis, il y a la vice de forme car il aurait 6t6

plus sage de faire en sorte que ce soit moi qui reçoive l'argent

envoyé, parce qu'au delà du fait que je suis le frère de leur

papa, donc je s u i s leur père, je s u i s aussi l'actuel mari de leur

mère. Je considère que c'est là une simple erreur de la part

A.J. En tout état de cause, s'il y avait des difficultes de

nourriture dans la famille, je serais le premier responsable,

donc tout désigné pour aller la trouver. C'est donc normal que je

reçoive ce qui est destiné à la famille. S'agissant maintenant de

moi, comme des frères J. en question, nous nous impliquons tous.

Même moi, je vais au saalum durant la saison sèche pour faire des

petits travaux rémunérés : transport de foin, fabriquer des

de.

3 8

clôtures en paille tressée etc... La famille sereer est organisge

de manière a permettre une grande mobilité h l'individu : ku xat,

demal bopam".

4 . 2 . 3 -Récit bioqraphique de J.N.J. "Je me suis senti vraiment - seul" .. .

1 - Identification

11 a 30 ans, célibataire sans enfant. I1 est musulman

(confrérie mouride). I1 n'est pas grand pratiquant. Etudes

primaires.. .au-,v.5-ll;ag2 ngayoxsm, &udrr..secondaires jusqu.r-en.,.cla-S.S~.-..,,.;: ... . _..

de 35 2 MBour. Echec au DFEM (examen de fin de premier cycle

études secondaires).

2 - Processus & décision de miqrer

1978, après son échec au. DFEM, J.NJ. retourne à

ngayoxem et aide les parents dans les travaux agricoles, ceci

pendant près de 2 ans. Mais il apparast plutôt comme un ch6meur - quelqu'un qui est en situation d'attente - car son niveau

d'études scolaires le prédispose B un autre genre d'activit6

professionnelle. Un jour, A . J . un parent par alliance, exerçant - des activités politiques et cadre d'une grande institution

nationale, lui demande de venir à Dakar et de tenter sa chance.

"c'est un gâchis avait-il ajouté qu'après toutes ces études, tu

te retrouves au village à t'ennuyer". J.N.J. précise, "il m'avait

demandé explicitement de venir à Dakar. A.J. est une grande

autorité au village. I1 m'a parlé devant mes parents. Si je

39

J

n'avais pas réagi comme il le souhaitait, je serais fortement

critique par ma famille. On m'aurait accusé de ne pas en vouloir"

(de n'6tre pas ambitieux). Ainsi dit, ainsi fait. 1980, il arrive

B Dakar a la recherche d'un travail salarié.

I

3 - Cheminement miqratoire ..

"Lorsque, je suis arrivé h Dakar, c'était le 30 avril

Ifs sommes 1980. Comme j'avais effectué le voyage avec S.N-3./ it0

directement allés chez lui. En effet, S.NJ. est mon frhe

paternel car nos deux pères ont le même père". L'accompagnant

est un enseignant établi h Dakar avec'sa petite famille. 11 ne se

rend pas souvent au village. I1 n'entretient pas des relations

suivies avec les ressortissants de ngayoxem à Dakar. "J'ai pas66

la nuit chez S.NJ. ce jour, dans la chambre de son fils. I1 y

avait un grand lit que j'ai partagé avec l'enfant. Le lendemain

de notre arrivée a Dakar, aussitbt le petit d6jeiher pris, J.NJ.

me conduit chez A.J. qui avait pris l'initiative de me demander

de venir 3 Dakar". de

A.J., S.NJ me demande de descendre de sa voiture. I1 me serra la

main en me disant de passer chez lui assez souvent. Je compris

par.-.soE-.gest,e et ses paroles que, non seulement il n'dtait pas en

mesure de m'héberger chez lui, mais qu'il ne voulait aucunement

s'impliquer davantage dans mon expérience migratpire". "Je tenais

mon sac B valise. I1 faisait 8 heures - c'était un jeudi ler mai

1980. Je me sentais seul, je pris le courage d'entrer dans le

domicile de A.J. En arrivant à Dakar, je n'avais pas un seul sou.

Du moins, j'avais dix francs en poche. A.J. s'apprêtait h sortir

car c'était le ler mai, fête internationale du travail. Je lui ai

"Après m'avoir indiqué du doigt la maison

40

dit aussitôt que j'étais venu du fait de ce qu'on s'était dit. IL

me demanda de revenir le voir. I1 prit soin de preciser qu'il n'y

avait pas de la place pour moi chez lui car ajouta t-il, "j'ai

des neveux et parents h ma charge ici".

I1 me remit 1000 francs (mille). Notre rendez-vous etait

très imprécis. 11 ne m'a pas demandé comment j'avais fait pour

venir chez lui, ni oh est-ce que j'allais-de-ce pas. Aussitôt

sorti du domicile, j'étais très inquiet et découragé. Je me suis

. .

- -

senti vraiment seul tandis que dans les rues de la zone A,

l'ambiance de fête était perceptible.

4 - Modalités d'établissement & Dakar

"Je pris donc la décision d'aller B grand yoff,

quartier que.je connus vaguement entre 1970 et 1977, lors des

vacances h Dakar chez mon oncle h Ben tali. Ce dernier est mort

en 1975. Je continuais h venir en vacances chez sa femme jusqu'a

ce qu'elle rentre définitivement au village. Bref, je me Suis

débrouillé aller h Grand yoff chez D,MB. C'est la seule

personne chez qui j ' espdrais trouver refuge. Je n'oublierai

jamais cette journée. Plus tard d'ailleurs, je pris le soin

d'écrire mes péripéties, tellement-j'étaîs atteint. Mes amis qui

lirent ces écrits, en riaient souvent.

A Grand Yoff, je pus retrouver l'habitation de D.MB

non sans beaucoup de peine. Je suis arrivé '3n son absence. Dès

qu'il arriva, il me demanda quand étais-je arrivé ?, ce que

j'étais venu faire ? etc... I1 m'invita à rester chez lui tout en

me disant qu'il était gêné de ne pouvoir me mettre dans deabonnes

41

conditions (mu jooy tu ma dunde gu meti gi ci Dakar ci gan). En

I fait, D.MB est ressortissant de notre village, 11 est migrant, il

est d'origine Gewël griot). Tu sais, le sereer ne veut pas loger

chez un griot. C'est impensable. Tu n'ignores pas que dans le

passé, les griots ne devaient en aucun moment acceder a nos

concessions au village. Même s'ils avaient besoin de nous, ils ne

devaient pas franchir le seuil de nos concessions.

Mais, tu comprends, j'ai beaucoup refléchi avant d'aller

chez D.MB qui est 2 Arafaat (Grand yoff) depuis quelques années.

I1 est batteur de tam-tam. I1 profite des sabar (fete du tam-

kam), - baptèmt-s et autres cérémonies pour gagner--sa--vie à Dakar.

DIMB. logeait avec son petit frère et ses cousins, tous ressor-

tissants de Ngayoxem. Ils étaient trois - je ne connaissais pas ses cousins avant de cohabiter avec eux dans cette chambre en

bois (baraak). Toujours est-il que ce sont des griots de ma

propre famille (sama gewalu juddu lunu noon nep). Je suis resté

quinze jours sans retourner voir A.J. auprès de qui j'espérais

une recommandation pour trouver du travail.

Un jour, un ami et condisciple A . S . arriva chez D.MB et m'y

trouva hasardeusement. I1 exprima son Btonnement de me trouver

chez D.MB. Il comprit que je vivais dans des conditions

difficiles. I1 n'hésita pas à m'inviter à aller vivre avec lui h

Pikin (Médina gunaas). Ce que je fis. A . S . était alors élève a

Dakar. I1 vivait avec s o n oncle. Nos deux mères étaient de

grandes amies. Nos concessions au village sont mitoyennes. Je

connaissais bien s o n oncle chez qui il logeait. Je suis resté

deux jours B Pikin avant de me décider d'aller voir à nouveau

A.J. Dès que je suis arrivé, il me proposa un poste à l'h6pital.

42

. .. . , . .

. , . ~ ~

. . . 1

.. , L I .

- 1 . , - . ' :.' 3 . .. .

. ~. " . . . . - . e

?. - Je ne savais pas au début que *le pos-te &ait benévold; A.J. me .

t avec un infirmier K.ND.J. origi

i. J'ai dit B ce dernier que je lo

er la tache, i e mit en raGmt-'a'

1 et équipemeri e l'hôpital. Cces

. / . -

. .I . - . - t . .C

- - I .

passais la nuit chez ND, domicilié 21 l'hapital. 3e retournais

Pikin le week-end.

tement en plus d'une jeune femme, leur domestique. ~ .

ND et sa femme logeaient seuls dans un appar- _ -

Je compris que ce couple avait besoin d'un garçon de course

(wetëli). C'était à mon avantage car j'étais toujours B

l'h6pital. Je vivais dans de bonnes conditions. C'est', le 17 ao6t

1980 que je commençais à travailler comme aide soignant

l'hôpital. Le 18 août 1980, je commençais à passer la nuit chez

ND. Ceci a duré jusqu'en décembre 1980 date à laquelle mon logeur

changea de service. Faisant face, a nouveau, à un problbme de

logement, Pikin étant loin de 1 ' h6pita1, j 'entrepris des

démarches auprès du chef de service de danimation oÙ je passais

un stage. J'.obtiens ainsi l'autorisation de passer mes nuits h

l'h6pital dans un box pendant deux mois.

Entre temps, j'appris qu'il y avait des ressortissants de

Ngayoxem établis 2 HLM Montagne. 11 y avait parmi eux un cousin

(doomu ndey) : K.NJ. lui aussi était informé de ma présence h

Dakar mais il ne savait pas oh me joindre. Un jour, j'arrivais B

Ben tali chez les sereer et demandais h voir K.NJ.. On m'indiqua

HLM Montagne oh j e le retrouvais. I1 m'invita à rester avec lui

dans sa chambre.

43

'I

C'était en 1981. K.NJ. partageait la chambre avec 'quatre

autres jeunes migrants. 11 y avait S.ND. (maçon) et originaire de

Ngayoxem ; AB.F (maçon) ; AD.F. (maçon) et originaire de Bambey ;

MB.NJ (fabriquant de briques). En réalité, ils étaient tous des

apprentis maçon. MB.NJ. était confirmé dans la fabrication de

briques parpaing tandis que K.NJ. et S.ND étaient tant8t

jarciers, ta -At&t- apprentis maçons. Je ne participais pas au

paiement de la location. Ce n'est pas par manque d'argent mais

parce que je passais toute la semaine à l'hôpital. Je ne revenais

que le week-end i3 Montagne. A l'h6pital il arrivait que je

reçoive un pourboire. Ainsi, à l a fin'dë la semahe, j e donnais

une modeste somme (500 F) à K.NJ. I1 n'était pas dans le besoin

de recevoir quelque chose de moi, mais je me sentais dans le

devoir de lui donner une contribution car la tradition sereer

veut que le plus grand assiste les plus jeunes.

.- .

4 . 2 . 4 -Récit de de K.NJ. A Dakar, "je suis prêt à tout faire".

En 1979, K.NJ. qui avait alors 18 ans dt5ci.de de tenter

sa chance a Dakar, car, dit-il : "au village, le rendement des

cultures est faible, il vaut mieux changer.. . ' l . Pendant qu'il .

était au village, après la pgriode de cultures hivernales, K.NJ.

fabriquait des palissades en paille tressée.

A Dakar, il est reçu par une parente. 11 logea chez elle 5.

naari tali (quartier populaire) de 1979 à 1981. En 1981, il prend

l'initiative de louer une chambre h HLM Montagne. Des ressortis-

sants de Ngayoxem se rapprochèrent de lui et il partagea avec eux

la chambre (cf/récit de vie du groupe d'immigrants de Montagne).

En 1982 et 1983, il passa l'hivernage à Kumpentum dans la région

4 4

J

des terres neuves. "Comme je voyais les gens y aller pour

'cultiver, j'ai aussi essayé. J'en ai discuté avec mes parents qui

m'ont recommandé auprès des originaires de Ngayoxem.

C'est ainsi que j'ai été soutenu par ceux que j'ai trouvé à

Kumpentum. Ma tâche était facilitée par le fait que les cultiva-

teurs installés sur les terres neuves -avaient vraiment besoin de

main d'oeuvre d'appoint. Pour ma part, j'ai gagné quarante mille

francs (40000 F) à la - f - i n . d P a b o n hivernale. Je dois ajouter

que c'est parce que je n'avais pas

un travail rémunéré a Dakar. TU sais, avant de partir n'importe

où , nous -- &--.I e-. G-A-uons le -pour et le contre#". Au plan professionneA.,,

K.NJ a exercé dans plusieurs domaines : "mon objectif est d'avoir

de l'argent. Je s u i s prêt à tout faire". 11 a été successivement

jardinier, apprenti maçon (fabrication de parpaing), manoeuvre et

gardien. I1 a travailli en qualité de manoeuvre dans une usine de

sel sur l'avenue Bourguiba en 1985.

si je suis allé B Kumpentum,

h. -.<

Actuellement, K.NJ. est manoeuvre dans un magasin h Tileen.

Pour se rapprocher de son lieu de travail, K.NJ a quitt6 le

groupe qui s'était constitué autour de lui h Montagne pour vivre

5 Tileen. I1 passe la nuit dans le magasin oh il travaille. 11

joue K.NJ est cbliba-

taire. I1 prend ses repas dans un restaurant non loin de son lieu

de travail. Son temps libre est consacré à la visite des parents

et amis 5 Montagne, Ben tali etc... avec qui il aime bien jouer

aux cartes (belotte). A la fin de chaque mois, il se rend au

village pour voir sa famille : "si je suis à Dakar, c'est pour

aider mes parents et aussi me préparer à la vie".

en même temps le rôle de gardien de nuit.

45

J

4.2.5 -Récit de v& qroupe d'immiqrantes : "Tant qu'il y aura de la place dans la chapbre, nous accepterons de cohabiter avec d'autres".

Le Tableau I est établi a partir de données recueillies,

lors d'un entretien collectif-en mars 1987. I1 s'agit d'un groupe

de "bonnes" domiciliées h Ben Tali. Elles sont toutes céliba-

taires.

C'est E.J. qui est responsable du groupe. Parmi ces sept

filles, six sont chrétiennes et une seu& est-"&aane-. Elles

sont toutes ressortissantes de Ngayoxem à l'exception de B.NJ.

dont les parents sont originaires de Ngayoxem et vivent B Funjun. e,..%.&%.---- ;cr - Les dx-res sor&iis s antes .de.. Ngayoxem cinq habi tenz,l,s-auartier

Njayeen et une seule a Lewna au village.

Le groupe est établi à Ben Tali dans une chambre construite

en ciment et éclairée à l'électricité. La location est de 8500 F

par mois. Chacune participe aux frais en fonction de ses revenus.

Trois d'entre elles E.J., D.S. et M.NJ. versent 1500 F par mois,

tandis que M.J. et NJ.S. contribuent à raison de 1000 F par mois.

Les deux plus jeunes L.NJ. et B.NJ. cotisent chacune h raison de

500 F par mois.

l'employeur.

et B.NJ.

Le petit déjeQner et le d6jeQner sont pris chez

Le diner est fait de repas apportes par M.J.? L.NJ.

Une partie du groupe (E.J., NJ.S., D.S.) vivait avec trois

autres "bonnes" du même village d'origine (Ngayoxem) h HLM

Montagne pendant près de deux ans. Elles déclarent avoir change

de quartier du fait des toilettes défectueuses de la concession.

Avant de venir s'installer, elles avaient loué h Naari tali. Le

. groupe s'était constitué autour de la personne de X.ND. qui,

depuis est rentrée au village où elle s'est mariée.

46

m

La responsabilité du groupe est revenue B E.J. qui est la

plus âgée. Les parents des filles "bonnes" du groupe en sont

informés et en cas de necessité , ils s'adressent B E.J. Les

filles rentrent au village durant la saison des pluies pour

s'occuper des travaux champêtres.

E.J. explique : "je suis toujours allée au village y passer

l'hivernage parce qu'il y a beaucoup de travaux domestiques,

notamment piler le mil, preparer les repas et les amener aux

champs, puiser de l'eau etc... un ensemble de tâches que maman ne

peut pas faire seule. Je vais moi-même aux champs pour cultiver,

* P. -nals:-.-les.-. .travaux - domestiqM-scconstituent 1 '-essen+,j.e;l,,. de. mes

c_

Type et lieu de travail

"Bonne" Zt Point E

I' h liberté 5

I' h Waagunaay

" h Zone A

" h Grd-Dakar

" a JEppB1 '* h Zonne A

occupations au village".

I Revenu mensuel

12500 F

13000 F

12500 F

7 5 0 0 F

9500 F

5 0 0 0 F

5000 F

TABLEAU I tmars 1

Migran- tes

E.J.

D.S.

M.NJ.

M . J .

NJ. S

L.NJ.

B.NJ.

-

21 ans

21 ans

17 ans

18 ans

18 ans

15 ans

10 ans

87 1

Situation mat r imo - niale

Célibat. Il

Experien- ce urbai- n 6 ans

7 ans

7 ans

3 ans

5 ans

4 ans

2 ans

En mai 1988 nous avons visité, le même groupe installé 3 Ben

Tali dans la perspective d'y observer les changements intervenus

dans le mode d'organisation. D'abord, la composition du groupe a

connu des modifications. C'est ainsi que trois filles sont

rentrées définitivement au village parce qu'elles se sont

4 7

\

I i

i ". , .u' __.

mariées. 1;l s'agit de M.NJ., NJ.S. et L.NJ. Ainsi, de sept, le

groupe est passé h onze filles. La même chambre a Bt6 conservée.

Les revenus ont sensiblement augmenté. La plupart des filles ont

change de lieu de travail.

ABLEAU II tmai :

Migran- tes

D.S.

MG&. .

S.NJ.

N.F.

Y.S.

ND.S.

A.J.

M.J.F.

B.NJ.

A.F.

F. J .

Age

22 ans

-19 22&

19 ans

15 ans

13 ans

16 ans

11 ans

22 ans

11 ans

16 ans

16 ans

88 \

Situa- tion ma. trimo- niale

Cglibat

Il e.-- .

II

II

II

II

II

Il

II

11

I*

lieu de travail

"Bonne" h libertg 5

h Zone. -.A

Waagu Naai

Grd-Dakar

h Jeppël

Point E

Ben Tali

h Mermoz

a Zone A h HLM 5

Grd-Dakar

Revenu mensuel

15.000 I;

~m,.o.oo F 12.000 F

6.000 F

5.000 F

10.000 F

3.500 F

16.500 F

7.500 F

12.000 F

7.000 F

Anc. ou nvelle ds le groupe

Ancienne

Ancienne

Nouve 11 e I l

Il

Il

II

II

Ancienfie

Nouvel le II

Expgrien ce urbai ne

~

8 ans

4 ans

- lè ex ur

II

II

II

II

3 ans

- -

Seules trois---.5.i~&&es sont restées dans la même chambre

tandis que huit autres ont rejoint le groupe dont D.S. est

désormais la responsable. E.J. est rentrée au village du fait du

décès de son père. Les autres filles ont changé de domicile a

Dakar pour se rapprocher soit de leur lieu de travail, soit

d'autres amies. Le groupe a accueilli des jeunes filles

travaillant comme "bonnes" mais dont les revenus sont faibles.

4 8

Pour le loyer et les frais annexes, les filles se cotisent

chacune selon ses revenus. Les mieux payées versent 1250 F par

mois, les autres lOOOF et les plus jeunes sont support6es par le

groupe. Elles participent pour 5 0 0 F par mois. Concernant la

scolarisation, quatre sur les onze ont fr6quent6 1'6cole

française. Une seule est arriv6e au CM2. Les trois autres se sont

arrêtées au CP2. B.NJ. et M.J.F. passent la nuit chez leurs

employeurs. Les plus petites amènent le diner. La responsable du

groupe : "tant qu'il y aura de la place dans la chambre, nous

acepterons de cohabiter avec d'autres filles, parents ou amies de

. P-me d'entre..-nous':.. .L-Les.,wli.ensAde parenté se pr6sentent comme

suit :

D.S. est la tante de Y.S.

M.J. et A.J. ont même pare et même mère

S.NJ. est la fille de D.S.

M.J. et F.J. sont des cousines, leurs pères ont le même père , l'oncle de S.NJ. est le père de M.J.F.

A.F. n'a pas de parent6 proche dans le groupe.

. Interrogées sur la décision de migrer, elles ont mis

l'accent sur.. . .leur volont6 .personnelle de venir à Dakar pour

travailler, volonté assortie d'une autorisation des parents.

D.S. affirme : "cette année, c'est ma maman q u i m'a proposge

de revenir h Dakar parce que je n'avais ;>lus ríen a faire au

village. S'agissant des filles, ce sont leurs parente qui m'ont

contacté au village pour que je veille sur elles dès que nou9

serons h Dakar. Ils savaient: que E.J. ne sera pas h Dakar et que

4 9

j'allais prendre la responsabilité de la chambre h Ben tali".

A.F. est la seule à n'être pas confiée h D . S . h partir du

village car elle logeait avec A.S. (28 ans). C'est plut6t cette

dernière qui a estimé que A.F. serait a l'aise avec les filles du

même age, le groupe de Ben tali en l'occurence.

D . S . : "Quand je rentrerai, ce sera h M.J.F. de veiller Sur

Elle sera la responsable auprès du propriétaire de la le groupe.

- - -chambre. -A mon retour au village, j'en informe les parents des

filles. Concernant l'argent que nous gagnons, ce n'est pas

prudent de le garder. Nous allons directement au marche pour

. .. . :-.. -..- .-..- ..achet.e~--des ..tissts.-.et autres..effets de.,*~oilette.,..,Nous envoyon-9 a .. . la le

jugeons possible. I1 faut savoir que si nous restons au village,

nous n'avons pas notre propre champ. C'est seulement après le

mariage que nous avons droit à un champ personnel. Ce que nous

gagnons h Dakar est pour nous. Ce que nous envoyons au village

dépend de notre propre gré".

famille de l'argent soit sur leur demande soit quand nous

4 . 2 . 6 -Récit bioqraphique de : A.NJ. "Eviter d'être à la charge de la famille" .

1 - Identification Elle a 20 ans. Mariée et mère d'un enfant. Elle a pass6

son enfance au village auprès de ses propres parents. Elle n'a

pas fréquenté l'école française comme du reste les filles de son

âge habitant le quartier Lewnaà NGayoxem. Son père est décédé

pendant qu'elle était plus jeune. Sa famille (Mbind) au village

est composée de sa maman, la femme de celui-ci

et ses deux enfants. Son mari est un immigrant sereer à Dakar et

ressortissant de Paataar Siin non loin de NGayoxem. A.NJ. est en

son grand frère,

50

instance de divorce avec son mari qui tient un dQpbt de boisson

dans la proche banlieue dakaroise.

2 - Processus Deux

prise de décision de miqrer situations différentes consécutives B sa position

matrimoniale sont à relever :

1) "j'avais 10 ans je venais de perdre mon papa, j'avais

des besoins que-ma nere n '&ait-pas en mesure de satisfaire. Elle

même avait besoin d'un soutien pour faire face aux nombreuses

charges au village. Je voyais les jeunes filles de mon hge partir

1 - -. .dans les grar,dss.-~~~l~es.,.,Je me suis4i.t. ..pourqwi pas moi sachant - I que ma mère ne s ' y opposerait pas.

pour la première fois dans une ville".

C'est ainsi que je suis allée

2) "j'ai eu des difficultés à vivre auprès de ma belle

mère. Mon mari m'avait presque abandonnée pendant près de deux

ans chez lui h Paataar Siin. 11 s'en est suivi des problgmes qui

m'amènent actuellement à opter pour le divorce. Après en avoir

discuté avec ma mère, j'ai décide de reprendre le chemin de la

migration"

3 - Cheminement miqratoire . &..*,&:-.'.:?. "Ma première expdrience migratoire s'est faite a l'bge

de 10 ans. Je m'en souviens comme si c'était hier. Je ne

connaissais pas la ville. C'était à Kaolack, je travaillais comme

"bonne". Je logeais auprès d'un couple I.NJ. et sa femme. Ils

sont ressortissants de notre village. C'est dans la même

concession que j'ai eu du travail auprès d'un autre couple. Je

leur gardais leur enfant. Je faisais aussi la lessive pour le

51

bébé et toutes les petites commissions. La femme de I.NJ avait

avec elle sa petite soeur qui Btait légèrement plus Bg4e que moi.

Mais nous faisions bande. J'ai fait seulement une saison h

Kaolack pas

revenue auprès de sa soeurh la fin de la saison hivernale.

J'avais" insisté donc auprBs de ma mère pour changer de ville et

venir h Dakar".

car celle qui me tenait compagnie a Kaolack n'&ait

- - _____-_ - - - - -

4 - Modalités d'établissement 2 Dakar "J'ai d'abord habité B Usine Ben Tali. Je logeais avec

J.J. ressortissant du même village que moi. Elle est la fille de

ma cousine. Elle était plus dgée que moi. Elle travaillait conune

"bonne" h Dakar. C'est ma maman qui m'avait mise en contact avec

elle. J.J. en effet avait gagné la confiance de ma m&e du fait

de sa forte personnalité. C'est ainsi que j'ai fait toute la

saison sèche h Usine.

A l'époque, j'étais très jeune, 12 à 13 ans. Pendant l'hive-

rnage de cette année-là, j'étais rentrée au village. J.J. &ait

également retournée 8 NGayoxem. Elle y était restée plus

longtemps que moi, de sorte que ma grande soeur (S.NJ.) a

demandé, en retournant à Dakar, que je sois avec elle a Wakaam. ELLe -.s'était adressée h mon frere (1.NJ.) car mon pbre n'était

plus vivant. Si ma soeur a agi ainsi, c'est parce qu'elle n'était

pas sûre que j'accepterais d'aller à Wakaam et non a Usine que je

connaissais déjà. Ma mère n'est pas intervenue dans cette

affaire. Ma soeur est mariée et elle vit à Wakaam a Dakar. J'ai

donc vécu trois années à wakaam, j e ne retournais plus passer

l'hivernage au village. Ma mQre m'avait dit de rester a Dakar

52

J

I

I

. ..

pour travailler. Ce n'était donc pas pour aider ma soeur dans son

ménage. J

"Au bout de ces trois années de pr6sence a wakaam, je me

suis mariée et je suis retournée au village pour ensuite aller

m'installer a Pataar, village d'origine de mon Qpoux. Cette annee

1988, je suis revenue à Dakar pour trouver du travail de.domes-

tique car je suis en instance de divorce. Je loge actuellement h

HLM Montagne avec K.K. et d'autres filles sereer ressortissantes

de NGayoxem. Je n'ai pas de problème avec ma soeur qui loge 2

wakaam. Je préfère loger a Montagne du fait de l'ambiance de

--,raupe . qui- règne- dans cequaz+,ier. Les filles ,avec..,qui je loge

sont plus jeunes que moi h l'exception de K . K . , responsable de la

chambre et par consQquent du groupe d'immigrantes. Pour ma part,

je l'ai connue au village. Nous habitons le mgme quartier au

village. Nous avons de bons liens. Je ne sais pas si nous avons

des liens de parenté. En tout cas nous ne sommes pas des parents

proches 'I .

- - -

5 - Insertion professionnelle "A Dakar, j'ai toujours travaille comme bonne. Je fais

la cuisine. Je travaille actuellement h Kastoor, j'ai eu a travailler au quartier Mermoz ; c'est au moment oÙ j'habitais..a

Wakaam.

"Pour trouver du travail, j'ai fait du porte à porte pour

demander si les gens avaient besoin d'une domestique. J'ai éga-

lement travaillé à Waagu naay. Là aussi, je faisais la cuisine.

Seulement, à Kastoor, les gens pour qui je travaille me font

confiance, c''est pourquoi, dès que je reviens à Dakar et me

53

T-

présente a eux, ils n'hésitent pas a me reprendre. Je gagne h

présent treize mille francs CFA".

6 - - Vie sociale et associative 5 Dakar A.NJ. partage la chambre avec huit ( 8 ) autres filles,

toutes originaires de NGayoxem. I1 s'agit d'un groupe place sous

la responsabilité de K . K . 33 ans, veuve et travaillant comme

"bonne" h Dakar. C'est une petite chambre en baraque qui leur

sert d'habitation. Chacune participe selon ses ressources finan-

cières la prise en charge des besoins notamment location,

Blectricit6, . revitaillement eE eau .... Celle qui perd son poste de-

travail, n'a plus obligation de verser sa part aux frais de

logement. Dès que quelqu'une est acceptée dans le groupe, ses

préoccupations sont celles de chacune.

"En plus dit A.NJ,, je me retrouve bien dans ce

quartier, c'est plus dynamique que wakaam. Je ne suis membre

d'aucun'e association. Mon temps libre je le consacre aux amies

que j'ai ici. Nous prenons beaucoup de plaisir a nous raconter

les conflits vécus dans les menages oh nous servons. A wakaam, je

vivais avec ma soeur. L'ambiance était toute autre. Je faisais

plus d'économie car je ne participais à l a prise en charge

d'aucun frais d'hébergement, de nourriture etc... C'est B wakaam

que j'ai fait la connaissance de mon mari".

7 - --- Liens avec la famille rurale d'oriqíne

"Pendant que j'étais à usine, je me souviens avoir

envoyé a ma mère vingt mille francs (20.000 F CFA). A wakaam,

comme je logeais avec ma soeur, notre maman venait souvent nous

5 4

rendre visite. j e remet- taik de l'argent a ma maman. c'&tait pas une

épargne pour moi". "Actuellement, je loge à Montagne mais je vais

trbs souvent voir ma soeur". "Je s u i s certes revenue h Dakar pour

avoir les moyens financiers m'évitant d'être a la charge de la

famille, mais je me sens solidaire de cet'fe famille. Avec ce que

je gagne, en

même temps, je tends la main à mes proches".

Chaque fois que j'en avais les moyens,

Je le lui donnais,

je règle quelques problèmes qui me sont propres et

55

4 .2 .7 -Entretien avec W.NG désiqner mon domicile, les qens -- disent l'ambassade de 3 D,akar".

W.NG, 5 4 ans, fait partie des immigrants de Dakar origi-

naires de ñaxaar .les p l u s iigés. 11 totalise une experience

urbaine de 30 ans. I1 joue depuis longtemps un rôle important de

soutien aux nouveaux immigrants et immigrantes ressortissant de

son village d'origine. I1 est titulaire du certificat d'études

primaires - - et élémentaires (CEPE). I1 a occupé les fonctions

d'agent de paie dans une entreprise et celle de chef de personnel

dans une usine également a Dakar. Depuis juillet 1988 il est au

chbmage-.technique du fait de l'arrêt de travail observQ dans

l'usine, consécutif à l'application de la nouvelle politique

industrielle sénégalaise.

- ._ -

W.NG a 6 enfants - sa femme est aussi sereer. Elle est

originaire de la petite c6te. Comme W.NG l'explique, c'est au

tour de sa feme de monter au crkneau : 'I j avais donné à ma femme

de l'argent pour qu'elle fasse du commerce. Depuis trois B quatre

ans, elle paie des marchandises en Gambie, au Maroc et au Mali.

Elle les revend à Dakar. Ca marche bien.

Elle a aussi un atelier de couture à domicile depuis cinq

ans. Elle a embauché un à deux tailleurs pour faire le travail et

elle s'occupe de recevoir les commandes et autres activités.

Avant elle tissait des pagnes qu'elle vendait h ,crédit.

Maintenant e l l e fait de la couture pour les femmes". W.NG a aussi

son jeune frère ql-i est chauffeur de camion dans une entreprise 5

-------------------______ *Cet entretien a été réalisé en français. 11 s'est déroulé chez W.NG en 3 séances à des périodes différentes selon sa disponibilité. Le dernier entretien s'est fait alors qu'il était en chômage technique.

5 6

J

Dakar.

village.

I1 prend ses repas chez W.NG.

Ce dernier à 4 6 ans. I1 a trois femmes qui s o n t toutes au

seul. I1 a,,Úne chambre h gaari tali ( Dakar) oh il vit

. . - Q: -. : 1 ......4 pouzez-vous .pi-* nous parler de 1'histoj.re de 1'émi.gration des

..

R :

Q : R :

Q : R :

Q :

R :

sereer de naxaar vers Dakar ? . . On peut dire que ça a commencé quand on était jeune ; dafis

les années 50. 11 y avait quelques filles qui durant la

saison sèche allaient chercher du travail de domestique.

Avant on ne pouvait pas imaginer que des filles

quitteraient le village pour aller à Dakar. Peut être Sur

la Petite CGte, il y avait des sereer qui le faisaient mais

pour notre village, c'btait inimaginable. On 'entendait par-

ler de Dakar mais on ne connaissait pas. Ceux qui

quittaient le village étaient considérés comme "perdus" car

le sereer est en principe conservateur. A partir des années

50, il yd-eut des gens comme S.S. et peut être A.F. qui Ont

habité Grand Dakar. Ce sont les premiers que j'ai connu. 11

n'y en avait pas beaucoup.

Qu'est ce qu'ils faisaient ici à Dakar ?

I l s travaillaient dans' des bureaux comme on disait h

l'époque.

Par exemple A . F . est retourné au village.

Effectivement. Mais il est revenu ; il travaillait dans une

société de prévoyance qui est devenue 1'ONCAD.

Et S.S. est resté h Dakar ?

I1 est effectivement resté jusqu'à sa retraite. I1 est

actuellement décédé.

1 .

- - - -

57

J

Q : Après les premiers pionniers, ce sont les femmes qui ont

tenté l'expérience dakaroise ?

R : En effet. Elles formaient de petits groupes. Et

progressivement celles qui sont restées au village durant

la saison sbche ont constaté que les migrantes avaient plus

d'habits qu'elles. Et-le cercle infernal s'est Btabli. On

peut dire qu'il s'agit d'un cercle infernal car si on voit

ce qui se passe maintenant, c'est-désekmk. _ _ - -

Q : Désolant ?

R : Oui car en pays sereer une fille qui met au monde un enfant .-.i: -..$.%-" , :r---R:.Sâqcl:. . être .mar&é, -CI é.tai;.t-.une honte. La f ami~~~r~ouvait.,~ême . .

cacher la fille-mère au- Saalum pour éviter la honte. Mais

avec ce qui se passe maintenant, les filles-mères, c'est la

migration qui a provoque ces choses-là.

Q : Comment expliquez-vous la migration ?

R : Vous voyez, par exemple, quand les filles quittent Un

village, il n'y a plus de jeux, pas de tam-tam, etc, parce

que toutes les filles sont à Dakar. Les garçons sont

obligés de suivre. La vie est monotone au village. 11 n'y a

plus les filles. Au début c'était h cause de ça. Les

garçons prenaient le chemin .-de- --Dakar du fait de la

monotonie créee par le départ des filles. Maintenant c'est

un mal n6cessaire parce que si tu viens h Dakar le peu que

tu trouves ici, tu le partages car tu trouves des jeunes

comme toi qui font pareil. TU partages tes revenus avec

ta famille même si c'est insuffisant, car au village, c'est

58

-%. "

I

la sècheresse. Les parents qui n'ont pas d'enfant à Dakar,

sont les plus fatigués au village. I

Q : Pour les migrants qui sont à Dakar, est-ce que vous pensez

que l'école a joué un rôle dans leur processus de décision

d'émigrer parce que l'école de naaxar existe depuis 1934.

Et plus

significative de migrants venir à Dakar ?

selon vous on attendra 1950 pour voir la vague la

R : On peut dire qu'au début il n'y avait pas beaucoup

_.._." . - ..r- . _ ....

Q :

.R :

.Q :

R :

Q :

d'enfants à l'école. Je me souviens lorsque j'étais jeune,

les maltres étaient obligés d'attendre le moment des ins-

s ep t emb r e

octobre - en ce temps là l'école ouvrait ses portes le 3 OU

4 novembre. Le malitre était à caté du chef de canton pour

repérer les enfants qui avaient l'bge d'aller l'école.

- .* cr ip ti o ns -.-. pou r 1 e s imp6 t s qt;k--.s e 4 a i s a i = n t ve r s

Et c'est comme ça qu'il recrutait les élèves parce que

les parents n'aimaient pas envoyer leurs enfants à l'école.

Et ceux qui ont fréquenté l'éCole et qui ont obtenu le CEPE

ne voulaient plus retourner à la terre. Est-ce exact ?

I1 y a des gens comme moi qui après le CEPE ont voulu ten-

ter leur chance ailleurs. Mais il y eut un temps entre la

fin de mon cycle psimaire et les tentatives en ville. J'ai

eu le CEPE en 1951 et de 51 h 57 je cultivais la terre.

Pourquoi ces 6 ans ?

Parce que comme je n'avais pas continué les études, j'étais

resté au village. Comme je vous l'ai dit au début, il était

difficile de venir en ville.

Et comment vous avez fait pour venir ?

59

I

R

. -. ,. ~ ..

Q :

R :

Q :

R :

Q :

R :

: Avec l'évolution du terips., les gens qui revenaient de la

Ville nous laissaient une tentation. De toute façon, je ne

pouvais pas par un coup de tête quitter la famille comme ça

sans son consentement, sinon on était consid6r6 comme un

type "perdu". Et avec les conseils du père, ils m'ont

-envoyé chez l'oncle - il m'a hébergé, il m'a bien aidg - il n'était pas bien placé mais il a accepté de m'aider et

de m'héberger malgré l'exiguité des locaux. Mais il s'est

sacrifié car vous voyez dans la famille sereer, la

solidarité est quelque chose d'important parce que VOUS

pouvez. dire,. ':je suis là à Dakar, je -.ne vous aide pas,

retournez au village". Mais vous aurez honte de revoir la

famille. Pourtant on est obligé parfois. Je dis parfois Car

il y en a qui disent carrément "je ne vous aide pas, je ne

peux pas".

Donc en 1957, lorsque vous êtes arrivé h Dakar, vous avez

trouvé beaucoup de siin-siin ici ?

I1 n ' y en avait pas beaucoup. En 1957, il n'y en avait

beaucoup.

Et vous n'aviez pas en ce temps des regroupements ou

pas

associations de ressortissants ?

Non. Ca n'existait pas, A Dakar, il n'y avait pas beaucoup

de gens originaires du village.

Donc vous avez travaillé dans une entreprise comme payeur.

Et ensuite vous avez q u i t t é . , 16 ans après.

16 ans après du fait de la cessation d'activité de

60

l'entreprise., Je suis resté deux ans au chômage car je

n'avais plus le goat du travail, je faisais du commerce.

J'avais ouvert une cantine au marché Ng6law (Grand Dakar)

pour faire du commerce avec un capital de 150.000 F CFA.

Et com.-nent ça se passait votre commerce a Ng6law ?

Vous savez le sereer, le commerce n'est pas son fort. On ne

pouvaiz pas dire que ça ne marchait pas, mais c'était

plutôt de la débrouillardise que du commerce. Ca m'a obligé

h aller chercher du travail ailleurs. Et par les temps qui

courect, pour avoir du travail, il fallait aller voir le

député, le parlementaire, le politicien. Moi, j'ai horreur

. . Q :

R :

-

de la politique. J'étais quand même oblig6 d'aller chercher

du travail. Sans recommandation, il est difficile d'avoir

du travail. J'ai fait 2 ans de chômage, je n'ai jamais

déposé une demande d'emploi. Quand l'entreprise oÙ je Suis

actuellement en service a ouvert,ses portes, un maçon que

j'ai connu et qui a eu à travailler dans l'entreprise OÙ

j'étais et où il était chef maçon, m'a suggéré de déposer

une demande. Je lui ai dit que déposer une demande sans

recommandation, c'est inutile. I1 a insisté et j'ai fait la

demande. Lemaçon l'a portée au responsable de l'entreprise

en lui signifiant que le candidat - moi-même- était son

chef àe paie. Et un jour, alors que je ne m'y attendais

pas, Je fus pris au service de

paie en essai. Un européen me fit des tests et il est allé

voir le directeur pour lui dire que la période d'essai

n'était pas utile et que je suis capable de faire le

]'ai reçu une convocation.

61

I .

J

travail souhaitd. Le directeur me fit signer un contrat

d'un mois d'essai renouvelable. Apr6s ce' mois, je fus

embauché definitivement. C'était en 1976. Depuis lors, B

chaque fin de mois, je ne cesse de dire que j e vais

demissionner.

Q : Pourquoi vous avez cette réaction ?

R : C'est fatigant, je n'arrive p l u s à supporter le rythme du

travail. On peut dire que c'est de l'esclavage moderne. Je

regrette d'être venu à Dakar comme migrant. Si c'était

recommencer je ne le ferais plus jamais. Je regrette même

- d'zvoiz ét6 à l'éCole.

Q : Ah bon !

R : Vous pouvez dire que je plaisante.

d'avoir été à l'école.

Q : C'est B dire que vous avez d'autres

R : Non ! mon ambition est d'être au v

Je réaffirme mon regret

ambitions ?

llage, être tranquille,

être ma4tre de soi, de moi-même je veux dire, sans

contrainte aucune. Mais ici à Dakar c'est impossible. Par

exemple, mon papa est.décédé le 2 juin, on m'a annoncQ le

décès le 3 à 21 heures, je ne pouvais pas partir parce que

je n'avais pas .prévanu mon patron. Le lendemain, il a fallu

aller au service, régler les problèmes de chef du

personnel, c'est à dire les avances, ceux qui se plaignent

de n'avoir r i e n à donner à manger à l e u r famille, d'autres

qui n'ont pas payé le loyer, toutes sortes de choses.

J'étais donc obligé d'attendre le lendemain, pour aller au

service d'abord, avant d'aller à naaxar. Vous voyez, on

6 2

. .

J

vous dit que votre père est décCdC, vous ne pouvez pas

aller aussitbt, VOUS Qtes obliges d'aller demander la

permission. On vous accorde un B deux jours et vous pouvez

prendre d'autres jours en plus mais c'est ddductible de

votre salaire. Je dis que c'est de l'esclavage dBguis6.

C'est pourquoi je vous dis que je regrette d'avoir 6t6 a 1 'école.

- .. Q . : Mais - - au village, - _. il est quand même difficile de pratiquer

1 'agriculture.

R : Actuellement, oui, du fait de la .sScheresse. Ensuite la

.. .- gT. --y. --, population est.-,Flae..-importarrte que la terre cultivable. I1

ne pleut plus assez.

Et vous gardez des liens avec le village ? Q :

R : Ah oui !

Q

R : Je n'entretiens pas directement une famille.

: Avez vous une fanille que vous entretenez au village ?

Q

R : Oui, j'ai trois frères.

: Vous avez de la famille au village actuellement ?

Q : Au niveau de votre service, vous êtes le chef du personnel.

Donc VOUS &tes à l'aise maintenant ?

R : A l'aise ?

Q : C'est S dire que vous avez un salaire de cadre, vous avez la

possibilité de participer aux prises de décisions, de faire

embaucher des parents et amis, c'est aussi une chance ça 1

R : Oui, une chance certes, mais vous savez, un chef du

personnel, c'est presque le gendarme de l'entreprise.

63

Q : Vous avez aidé des ressortissants de naxaar a trouver du

travail dans l'entreprise'dans laquelle vous travaillez.

R : Beaucoup comme permanents, une demi douzaine, comme

temporaires, je ne peux pas les compter. 11s sont nombreux

a venir. Et chaque fois qu'il y a une possibilite, j'ai

tenu h les aider a travailler. Je ne reclame rien a Ces

gens. Mon devoir est de les aider sans contrepartie. Tout

le monde le sait.

Q Vous le faites pour d'autres personnes d'une autre ethnie 3

R : Evidemment, pas de discrimination. Qu'ils soient

. . L - . .wclof, joola etc .... - Cela ne change rien a mon

comportement. Seulement les sereer sont plus prompts à me

demander de mes services pour trouver du travail là oÙ je

suis en poste.

- -- _ - -___-I -

:

Q :

R :

Quels sont les quartiers que vous avez habit& ?

De 1957 a 1958 S.S. h Usin Ben Tali. J'Btais héberg6 par S.

S. qui est mon oncle. J'ai trouv6 du travail en 1958.~0"e

agent de paie. De 1958 à 1963 = location d'une chambre h

Ben Tali.

de 1963 1988 : location vente de villa à Jeppel.

Etes vous impliqué dans l'organisation du quartier que vp,u6

habitez ?

Q :.

R : Oui, je participe à l'association des locataires de la Si-

cap et à l'association des parents d'élèves. Tu vois mes

enfants sont nés ici. Les gens me connaissent. Je ne prends

pas part au tour de thé hebdomadaire que les gens du

64

Q :

R :

. -.. -. ..

quartier organisent. En revanche, je soutiens les jeunes du

quartier concernant leurs activitgs sportives.

Pouvez vous nous parler des immigrants que vous

h Dakar ? Combien sont-ils en moyenne par an, pourquoi .

viennent-ils en aussi grand nombre chez vous ? Quels

rapports vous entretenez avec eux ?

accueillez

Les immigrants et immigrantes que je reçois chez moi sont

moins nombreux qu'il y a 10 ans car actuellement beaucoup - - .. -

de filles logent chez leur patron c'est h dire qu'elles

passent la nuit là où elles travaillent. Lors des premibres

années,.- il - y-- avait pmr une année une vingtaine de

ressortissants (garçons et filles) dont j'étais le tuteur h

Dakar. Aujourd'hui, si je devais faire le bilan, force

serait de reconnartre que j'ai reçu des centaines e t des

centaines de migrants et migrantes ; je ne peux pas dire

exactement combien de gens j'ai reçu ici. I1 y a des filles

qui étaient ici, elles sont retournées au village pour se

marier. Elles ont eu des enfants et des petites filles qui

h leur tour sont maintenant h Dakar et travaillent comme

"bonnes". Ces petites filles ont suivi la même pracedure

que leurs parents. 11 y en a qui sont chez 'moi.

Actuellement, les filles que j'héberge passent la nuit chez

leur employeur. Je ne reste pas une semaine sans avoir des

visiteurs venant du village. Parfois, mes enfants sont

obligés de se coucher à même le sol pour céder de la place

aux visiteurs. Aujourd'hui, il y a trois visiteurs qui sont

dans la maison venant du village. Les visiteurs sont

davantage des parents. Mais il y en a qui ne sont pas des

65

parents à Oroprement parler. NOUS sommes simplement du meme I

village. Ils viennent voir leurs filles. En g6n6ral c'est

pour des besoins. Ils viennent solliciter le soutien

I

financier de leur fille ou garçon travaillant Dakar. Ma

femme aussi reçoit les gens de son village d'origine

(njaron sur la petite côte). Seulement les originaires de

naxaar sont plus nombreux chez nous. Les filles qui passent

la nuit chez leur employeur reviennent le dimanche h la

maison. Certaines prennent le d4ner ici, d'autre, rentrent

plus tôt. Les garçons venaient souvent me voir dans

l'espoir de trouver du travail à l'usine oh je en

tant que chef du personnel. Maintenant que j'ai cess6 de

travailler, je reçois de moins en moins de migrants.

S'agissant des filles, ce sont leurs parents qui leur

demandent de venir chez moi. Ces derniers me font

- -.

servais

confiance. C'est pourquoi je ne peux que les accepter. I1 y

a des filles que j'héberge et qui ne sont pas des parents.

Elles sont simplement originaires du même village que moi.

Pour plaisanter, les gens du village disent : "je vais a l'Ambassade" pour désigner ma maison B Dakar. Je n'ai

jamais eu de problème..avec les filles ou garçons que

j'assiste à Dakar. Leur argent que je garde est toujours

disponible. Tous les gens de ma génération présents à Dakar

et ressortissants de naxaar ne s'occupent pas des nouveaux

arrivants. Moi j'en fais un devoir. Si on est issu d'une

grande famille, on est obligé d'être hospitalier. Je n'ai

pas connu mon grand père, maison raconte que chez lui, il gardait toujours un repas pour les Btrangers de passage au

66

village. C'était connu de tous. J'ai ét6 eduque ainsi. Pour

moi, j'accepte tous ceux qui frappent 8 ma'porte B Dakar.

I1 n'y a pas de selection. Pour les filles, si elles ne

travaillent pas normalement ou si leur comportement n'est

pas correct, je commence par les avertir et les rappeler à

l'ordre. Si les résistances persistent, je les renvoie au

village auprès de leurs parents. Je ne leur permets pas de

changer de tuteur à Dakar sans qu'elles ne retournent su

village pour avoir l'avis de leurs parents. J'héberge plus

de filles que de garçons. Ces derniers sont plus libres

tandis-que les filles ont..beso.in de plus de protection. Je

n'ai jamais pris en charge ici des femmes marides. Je

considère que les femmes mariées doivent rester au village.

Concernant les filles qui passent l'hivernage Dakar,

c'est toujours avec 1'accord.de leurs parents. En tous cas

celles qui sont sous ma responsabilité négocient avec leurs

parents avant de rester à Dakar. D'ailleurs, dès les mois

d'avril ou de mai, je contacte les parents qui m'ont confié

leurs filles pour savoir s'ils désirent que leurs filles

rentrent au village ou non pour les travaux champgtres. Et

en fonction de leur réponse, je prends toutes .les

précautions avec les filles concernées.

67

4 . 3 . - Comment se sont constitués les reseaux structures des - -- réseaux - dB miqrants

,

I

A l'analyse des rgcits de vie, il est significatif de

constater que plusieurs. voies m&nent a la constitution des

reseaux. En effet, les biographies montrent qu'on est en pr6SenCe

d'une migration de travail qui se d6veloppe B partir de trois

espaces : le Siin, les Terres Neuves et Dakar. Vraisemblablement, . .

il y a un va-et-vient périodique des migrants le long de ces

trois axes spatiaux.

K . N J . , A.J. et son frère M.J., se rendent aux Terres

Neuves oÙ les, conditions d'accueil ..et de. .travail de la terre sont

assurées. Les séjours des migrants saisonniers aux Terres Neuves

correspondent B un besoin de recherche de numéraire pour la

survie de la famille au village ou, comme c'est le cas de K.NJ.,

pour l'établissement à Dakar en vue de meilleures conditions de

travail dans la capitale sénégalaise.

I1 y ' a donc un éclatement géographique de la famille

Sereer entre le Siin, les Terres Neuves et Dakar. Les combi-

naisons qu'effectuent les frères ( A . J et M.J) laissent penser que

la stratégie migratoire peut prendre une envergure familiale. Les

circuits familiaux sont effectivement mis à contribution par le

candidat au départ de la migration.

La famille joue en fait un rôle de contrôle de ses

membres. Comme on le voit dans le cas de M . J . , il y a un temps

pour migrer et un autre pour rester au village. Seulement,

l'individu s'implique dans le groupe familial avec son projet. Le

mode d'organisation sociale, quoique fondé s u r le groupe

familial, laisse néanmoins une bonne place à l'initiative de

68

Y

l'individu qui,

projets B la dimension de ses relations propres :

l'étroit dans le mbind peut migrer" a-t-on dit.

à son tour, prend bien garde de ne morir que des I

"Qui se sent

11 y a pour ainsi dire un va-et-vient constant de

l'individu au groupe et du groupe à l'individu qui illustre le

fait que la migration procède d'une décision Blaborée appelant

une personne à migrer ou non.

- .- -- - Il- convient donc de nous interroger aux sphères de

prise de décision de la migration pour mieux comprendre le

processus de constitutions des réseaux migratoires.

. - - Dans le cas de.A.J., et son frère M.J., la décision est

prise au sein du ndok yaay (case de la mère). En fait les deux

frères se sont concertés en pr6sence de leur mère en vue d'harmo-

niser leurs projets personnels sans qu'il soit utile d'associer

les autres membres du ngak.

Dans d'autres cas notamment chez les migrantes, On

remarque que la volonté personnelle de venir h Dakar est assortie

d'une autorisation des parents :

"Cette année, c'est ma mère qui m'a proposé de revenir a Dakar parce que je n'avais rien h faire au village".

"Eviter d'être

"J'ai vu les filles de mon age faire le voyage et je me Suis

la charge de la famille".

dit pourquoi pas moi sachant que ma mère ne s ' y opposerait pas".

Comme le fait remarquer W.NG. la migration se négocie

avec les parents. "Les filles q u i passent l'hivernage à Dakar,

c'est toujours avec l'accord de l e u r s parents".

I1 y a également un phénomène de cooptation c'est-à-

69

! dire que les migrants Btablis en ville font appel a d'autres

candidats à la migration en cas d'opportunite. C'est le cas de

J.NJ.

Dans l'ensemble on retient que la prise de decision de

la migration s'effectue B un niveau familial restreint. Le projet

du migrant au départ est fonction des r6les que celui-ci est

appelé h jouer eu égard à sa position personnelle et h son statut --

conjoncturel Ou ion, dans sa ramiiie.

Une fois la décision de migrer prise, un faisceau

relationnel plus large s'offre h l'individu. Un reseau se cons-

titue de fait lorsque le migrant met en oeuvre toutes ses

relations effectives et/ou possibles. I1 est certain que les

réseaux migratoires ne s't5tablissent pas seulement h 1'6chelle de

la parenté proche. Une grande chaine de solidarit6 prend corps

rendant possible la migration. Plusieurs registres sont solli-

cités : la famille, le voisinage au village, les amities, la

parenté large, l'ethnie, les classes d'bge, les relations de

travail, la camaraderie de classe (condisciples), les groupes

statuaires... Les réseaux peuvent se structurer a partir de tous

ces élements.

de famille ceux qui peuvent y.habiter lersa.v.ent.

(J.NJ)

"La chambre q u i nous unit est devenue une chambre

Cela va de soi"

"J'accepte tous ceux qui frappent à ma porte à Dakar sans

exclusive" (W.NG)". "Tant qu'il y aura de la place dans la

chambre, nous acceptons de cohabiter avec d'autres filles connues

par l'une d'entre nous : liens de parenté, connaissances

personnelles 'I . Le mode implicite de fonctionnement des réseaux, c'est

70

qu'ils sont ouverts : ceux qui y adhèrent ou les constituent au I

1 départ peuvent être d'horizons divers. Seulement les

regroupements se font par affinité. C'est par suite de ha

cohabitation en particulier ou de la collaboration en général que

se raffermissent les liens entre les migrants pour devenir de

véritables réseaux migratoires.

1

. .

"Je reçois toutes celles dont les parents me font confiance.

on - - -- J'en fais un devoir.

est éduqué 8 être hospitalier" (W.NG).

Quand on est issu d'une grande -famiilet

"Pour désigner mon domicile, les gens disent l'ambassade de

naaxar a Dakar" (W.NG).

"Tous les espoirs de survie de la famille sont fondés sur

moi-même et mon frère" (A.J.).

La solidarité est perçue chez les sereer comme un

devoir. Cependant, d'autres migrants sont plus modérés. Ce qui a

amené S'impli-

quer dans son expérience migratoire. I1 s'agit de S.NJ et A.J par

exemple qui tiennent à garder l'initiative dans leurs relations

avec les migrants. Aider les migrants disent-ils mais ne pas les

subir en acceptant de vivre chez soi dans la promiscuité. Les

jeunes générations -de migrants sollicitent fortement leurs ainés

établis à Dakar. Certains migrants temporaires ou définitivement

installés à Dakar ont joué un rôle remarquable en facilitant

l'établissement des migrants saisonniers dans la capitale.

J.NJ 3 dire que S.NJ (son cousin) ne voulait pas

Bien de réseaux migratoires se sont constitués autour de

personnes considérées comme chefs de file de la migration siin-

siin vers Dakar. Ces personnes W.NG en est un exemple édifiant.

71

I

I

I

Y

se distinguent par ieur générosité, leur disponibilité pour la

cause des migrants, leur esprit de service a leur communaut6

d'origine. Ces réseaux se structurent cependant h partir des

mêmes registres évoqu6s plus .haut mais ils mettent en vedette le

charisme de figures marquantes selon qu'il s'agit de

ressortissants de tel oc tel autre village.

11 ressort de ce qui précède que les faisceaux

relationnels qui s'élaborent pour rendre possibles les stratégies

migratoires s'appuient fondamentalement sur une chaine de

- ._ __

solidarité des migrancs. De même, c'est au nom de la solidarité

que s'effectue la migration qui est une stratggie de survie da

migrant et du groupe familial. L'appartenance à un réseau dépend

de la position historique du migrant ou de son groupe social qui

alors agira sur tel ou tel levier pour s'assurer les bénéfices de

ses relations sociales en vue de réaliser son projet migratoire.

4.4. - Rôles des réseaux et l e u r s modes de déploiement - --

L'étude de la structure des réseaux a permis également

de relever la complexité du tissu relationnel mis h contribution

dans la mise en oeuvre des stratégies migratoires. Les rôles et

modes . de fonctionnement des réseaux dépendent grandement de leur

structure et espaces de déploiement. I1 est néanmoins possible, B

. l'état actuel de nos investigations, de noter deux fonctions

.

essentielles des réseaux migratoires :

D'abord, l'inserzion en ville qui confère aux réseaux une

fonction d'accueil ;

Ensuite, l'insertion professionnelle fondée sur des Stra-

7 2

J

tégies d'accbs à l'emploi.

L'aspect le plus explicite du fonctionnement des

en réseaux migratoires est l'existence de groupes de migrant(e)s

ville.

- Les modes d'insertion sociale i le qroupe - - 4.4.1. d'immiqrant(e)s

La migration sereer 5 Dakar s'appuie sur les groupes

d'immigrant(e)s. Ces groupes sont nombreux et s'organisent autour

de liens familiaux et des affinités établies entre les

migraììt(c-)-s q u i -L$s composent. -LZS .---regroupements .,$.e -%on&

également sur la base des groupes d'bge. Seulement la parente est

le lien le plus frequent qui soude les groupes d'immigrant(e)s. 9

Mais les groupes sont instables : la composition du groupe change

d'année en année. Ce fait est probablement inherent a la

fréquence des mouvements de population du siin vers Dakar et plus

particulièrement à l'importance numérique des migrants

saisonniers sereer à Dakar. I

"Aujourd'hui, si je devais faire le bilan, force serait de

reconnartre que j'ai reçu des centaines et des centaines de

migrants et migrantes. Je ne reste pas une semaine sans avoir des .

visiteurs venant du village. Parfois mes enfants sont obligés de

se coucher même le sol pour céder la place aux visiteurs qui

sont davantage des parents. Mais il y en a qui ne le sont pas à

proprement parler. Nous sommes sinplement du même village"

(W.NG). Malgré les fréquents mouvements le mode d'organisation

des groupes reste souvent le même. En -effet, les groupes

expriment la volonté d'entraide et d'assistance mutuelle qui

73

caractérise les migrant(e)s. 11s ont un rale communautaire. C'est

ce qui leur confgre plusieurs fonctions :

+ Fonction économique parce que le groupe permet de

minimiser les frais de vie : nourriture, logement (habiter en

groupe et dans un quartier populaire mais bien situé par -'rapport

aux lieux de travail) etc...

+ Fonction de sécurité et de contrale social qui Se

traduit par une volonté de regroupement, d'où la densite de

peuplement sereer dans certains quartiers de Dakar : Montagne,

Ben tali, Kolobaan, Médina.

Le contr8le est assuré par l'entremise du responsable

du groupe. Ceci est plus systématique chez les immigrantes.

"S'agissant des filles, ce sont leurs parents qui m'ont

contacté au village pour que je veille sur elles dbs que nous

serons h Dakar". (D.S. groupes d'immigrantes).

La relation de ocnfiance entre la responsable du groupe

et les parents des plus jeunes joue un grand r61e d'immigrantes

dans le regroupement des filles.

" L e s filles ont besoin de plus de protection" (W-NG.).

. L1-lI-I.l y a en effet plus de filles hébergées dans des grandes

familles comme chez W.NG que de jeunes hommes. Seulement le

contrôle social qui s'exerce sur les filles sereer est assez

souple, en tout cas moins sévère que dans d'autres ethnies.

+ Fonction de refuge dans des cas exceptionnels : par

exemple, le séjour actuel de A.NJ. & Dakar s'explique par le fait

qu'elle est en instance de divorce. Ayant opté pour la séparation

7 4

conjugale, A.NJ. décide de migrer pour éviter d'être h la charge

de sa famille. Ce faisant elle choisit de vivre dans le quartier

Montagne auprès d'un groupe d'immigrantes et non chez sa soeur a Wakaam oh elle n'aurait pourtant pas de charge financibre (frais

de logement, nourriture etc...). En habitant avec le groupe

d'immigrantes, A.NJ plonge dans l'anonymat alors que chez sa

soeur elle vivrait encore sous ía pression familiale. Le groupe

- ---- d'immigrante-s - est une sorte de refuge.

+ Plus généralement les groupes de migrant(es) assurent

une fonction d'accueil à proximité du lieu de travail. En effet,

les réseaux d'accueil fonctionnent simultanément aux filieres

professionnelles. Par exemple, pour se rapprocher de son lieu de

travail, K.NJ. a quitte le groupe qui s'&ait constitu6 autour de

lui a Montagne pour venir vivre B Tileen. Aussi, il apparart que

l'habitation pour les migrants est une sorte de pied-a-terre, un

dortoir tout simplement. Par exemple, les repas se prennent le

plus souvent dans des restaurants. "11 arrive que le canari dans

la chambre du groupe d'immigrants reste sans eau pendant deux a trois jours" (J.NJ. ) .

'Au travers du groupe d'immigrant(e)s, nous avons voulu

designer un point d'ancrage des réseaux migratoires. ~ vwx'yR

75

J

4 . 4 . 2 . - - Les stratéqies d'insertion professionnelles I

Les filigres d'insertion professionnelle utilisees ici

par les migrants ne s'appuient pas sur des groupes de pression ou

des rouages politiques. Elles ne mettent pas souvent suffisamment

a profit des membres (ressortissants de leurs villages)

responsables dans l'administration de 1'Etat (appartenant a la

classe politique privil6giée). Ce sont donc des r6seaux

essentiellement sociaux (migrants sereer des premi5res

générations présentes h Dakar, des amis et connaissances des

. .

- c

couches sociales pauvres) qui servent de moyens d'accbs a l'emploi B Dakar pour les siin-siin.

L'insertion professionnelle se fait par dtapes succes-

sives. La crise de l'agriculture mène souvent les sereer 3 Dakar.

Comme dans le cas de K.NJ./ le migrant tente tous les travaux

rémunérateurs à sa portée.

A Dakar "mon objectif étant d'avoir de l'argent, je

suis prêt tout faire" (K.NJ.).

Sa stratégie d'insertion professionnelle consiste à

essayer jusqu'à trouver une bonne planque. Tenter tout ce qui I

s'offre 3 lui : aide maçon, fabriquant de parpaing, jardinier,

mafioeuvre successivement dans une..usine de sel, au Port et dans

une maison de commerce où il est en même temps gardien. Et quand

il trouve mieux h faire aux Terres Neuves, il fait le voyage pour

ensuite revenir h Dakar à la fin de l'opération qu'il avait comme

cible. "Si je suis a l l é h Kumpentum y passer l'hivernage, c'est

parce que je n'avais plus un travail remunéré h Dakar" (K.NJ). I

76

Dakar. "Je savais d'avance que ce que je pouvais gagner en

cultivant, je ne pourrai l'obtenir a Dakar. Seulement, l'agri-

culture ne marche pas actuellement. Tu sais, quand je viens a Dakar, "damay fortaatu" c'est-h-dire que je m'occupe, l'essentiel

Qtant de ne pas chamer car je n'ai aucune qualification profes-

sionnelle. Ce qui est le plus à ma portee, c'est le travail de

docker" (A.J.). La migration est ici comme une conséquence de la

crise actuelle de l'agriculture. A.J. estime qu'il est mieux

préparé B cultiver la terre qu'a travailler B Dakar. C'est donc

le contexte historique qui l'amène à migrer. Le fait qu'il se

contente de s'occuper (fortaatu) a Dakar ne signir'ie pas un

manque d'ambition en soi car on le voit chercher un travail de

matelot 2 Dakar en prenant soin de renoncer aux cultures

hivernales de 1988. (Passer l'hivernage h Dakar revêt un

caractère exceptionnel dans son cas).

- - - . - .

"D'ailleurs, je garde l'espoir d'obtenir ce poste de matelot

car j'ai un copain (sereer de Tatagin) qui travaille dans le même

bateau" (A.J.). Durant son séjour h Dakar, A.J se fait le devoir

de procurer à la famille restée au village les moyens financiers

de survie sous la forme d'envoi consistant d'argent.

~ .-. D'.autres migrants, plus stables, adoptent des stra-

tégies 5 moyens ou longs termes. C'est l'exemple de W.NG qui,

bénéficient d'une importante expérience urbaine (30 ans), prépare

sa femme 5 s'impliquer dans des activités commerciales moins

précaires que l'emploi salarié.

"J'avais donné à ma femme de l'argent pour qu'elle fasse du

commerce. Depuis trois h quatre anes, elle paie des marchandises

77

I

I

l

en Gambie,

atelier de couture B domicile" (W.NG).

Et maintenant que W.NG est au ch6mage technique,

au Maroc et au Mali. Elle les revend. Elle a aussi un

c'est

à sa femme de monter .au créneau parce qu'elle assure 21 la famille

établie à Dakar les moyens financiers B son existence. D'autre

part, du fait de son poste de chef du personnel qu'il occupait

dans une entreprise, il avait fait embaucher plusieurs migrants . .

sereer. "Les garçons sereer venaient souvent me voir dans

l'espoir de trouver du travail dans l'usine où je serais" (W-NG).

Ce procédé, qui consiste à recommander son parent migrant Ou

- .

!.irr. '3C.h. -.----ll.u&- signaler--un-.-pos.$s bi~ponible-ou une. 5i-liZire porteuse, es$ ..=

assez souvent utilisé dans la mise en oeuvre de strategies

d'insertion professionnelle des sereer siin-siin.

S'agissant des filles sereer de notre zone d'enquête,

elles sont presque toutes des "bonnes". Nous nous garderons

néanmoins de parler de spécialisation ethnique. Le fait qu'elles

soient toutes employées dans ce secteur dit informel ne suffit

pas à fonder une telle conclusion. On sait, comme le confirme

l'exemple de A.NJ., que l'accès au travail proc5de davantage

d'efforts individuels même si plusieurs gén6rations se sont

impliquées dans cette filière.

deja

"Pour trouver du travail la première fois, j'ai fait du

porte-à-porte pour demander si les gens avaient besoin d'une

"bonne".

"Seulement B Kastoor, les gens pour qui je travaille "3 font

confiance, c'est pourquoi, dès que je reviens à Dakar et me

présente à eux, ils n'hésitent pas à me reprendre".

78

i

Dans certains cas donc, il faut gagner la confiance de

ses employeurs pour garantir la permanence de son poste de

travail malgr6 les retours periodiques au village pour les

travaux champetres. L'examen de la situation de travail des

migrantes montre que les "bonnes" changent tras souvent de lieu

de travail : chaque fois qu'elles trouvent un meilleur revenu et

aussi du fait des difficultés d'insertion sociale dans les

ménages où elles exercent. Les stratégies que les migrantes

adoptent dépendent aussi de leurs objectifs au depart du

processus migratoire. Le scénario souvent se r&p&te : elles

._^L -.- .-\ . travaillent pouz-el-l-2s-mêmes d'abord, ecsuite, elles soutiennent

la famille au village.

"I1 faut savoir que si nous restons au village, nous n'avons

pas notre propre champ. C'est seulement apres le mariage que nous

avons droit à un champ personnel. Ce que nous gagnons h Dakar est

à nous. Ce que nous envoyons au village dépend de notre propre

gré.". (groupe d'immigrantes). Les stratégies d'insertion profes-

sionnelle sont multiformes.

Dans le cadre de l'accès au travail, il est difficile

de délier ce qui relève des initiatives individuelles de la

stratégie collective. En tout cas, des ri5seaux se constituent

pour les rendre fonctionnelles.

79

5 - CONCLUSION : DYNAMIQUE DES RESEAUX DE MIGRANTS

5.1. - Bilan provisoire réseaux de miqrants sereer siin-siin -

La migration sereer siin-siin a Dakar est caracterisee

par une hiérarchisation des migrants fondée sur l'experience

urbaine, les possibilités d'accumulation des biens, la stabilité

de l'emploi et le niveau d'insertion sociale à Dakar.

. .

- _.

5.1.1 - miqrants faisant partie des premières qénérations de siin-siin établis & Dakar

La plupart bénéficie d'une expérience urbaine de vingt à

trente ans. Ces migrants ont leur propre logement 5 Dakar par le

système des locations ventes d'appartement (ou de villa) auprès

des sociétés d'habitat social ou des coopératives de tra-

vailleurs. Au plan professionnel, ils occupent des fonctions

administratives dans les secteurs privé et public qui font ainsi

d'eux des urbains. Ils gardent cependant avec leur village

d'origine des liens forts qui se manifestent le plus souvent par

des échanges symboliques. I l s ont leur famille proche à Dakar.

Leurs enfants sont des natifs de la capitale sénégalaise. Ces.

migrants jouent un rôle décisionnel dans l'élaboration des

réseaux migratoires, ne serait-ce qu'en orientant les migrants

sereer vers des filières professionnelles porteuses. En fait, aux

yeux des nouveaux migrants, ces aPnés symbolisent l'insertion

urbaine réussie. Ils développent des stratégies d'insertion

urbaine h long terme. Tout en sauvegardant leur emploi salarié,

ils investissent dans des filières professionnelles qui néces-

sitent des moyens importants : commerce, atelier de couture,

80

i

I

restaurant, ferme avicole, etc... Pour ce faire, ils s'int&grent

dans des réseaux relationnels au delà de leur appartenance

familiale et ethnique.

5.1.2 - Les miqrants ayant des emplois occupations professionnelles relativement stables et une durée conséquente de présence 3 Dakar

- __ --Fë-Sti Üne -génération intermédiaire qui est moins h

l'abri des vissicitudes de l'insertion en ville. Ces migrants

n'ont pas par exemple leur propre logement. Ils 'accèdent

difficilement à d'autres activités remunératrices comme celles du

précédent groupe. Ils sont moins bien protégés vis-à-vis de

l'instabilité de l'emploi salarié. S'ils entretiennent un ménage

h Dakar, il n'en demeure pas moins qu'une partie de leur famille

est au village : les polygames vivent avec une seule de leurs

épouses h Dakar, les autres restant au village. Ils jouent un

rôle important dans le fonctionnement des réseaux migratoires. En

effet, ils assistent les nouveaux arrivants tant au plan social :

hébergement (correspondant ou tuteur), qu'au plan professionnel :

recherche de travail. Ils évoluent sur le même espace socio-

professionnel que les nouveaux migrants tout en bénéficiant à'une '

plus longue expérience urbaine. IlS.mettent en oeuvre des stra-

tégies d'insertion à Dakar fondées sur la stabilité de leur

emploi, ou, en cas d'opportunité, d'accès à un emploi ou occu-

pation professionnelle plus rémunérateur. Tout en soutenant les

nouveaux migrants gràce à leur expérience urbaine conséquente,

ils n'arrivent pas encore à se hisser à un niveau confortable

d'insertion à Dakar.

81

5.1.3 - Les miqrant(e)s saisonnier(e)s 1

11s sont numériquement les plus importants. Ce sont les

jeunes hommes servant comme gardien, docker, manoeuvre, aide-

infirmier, apprenti-maçon, vendeur, matelot ..., mais aussi les jeunes filles, dgées de huit à trente ans, exerçant comme

"bonnes" et quelquefois comme lingères. En somme, ce sont ceux ou

celles qui font des va-ct-vient périodi-ques-.le long de l'axe

siin-Dakar. La plupart cultive la terre au village durant la

période la des pluies et vit h Dakar en saison post-hivernale & :Ir- -_.. .~ ..yech'e~&he~~-'-?~~u .. .7

A uméraire . TaRt'¿&!?GG%*rn$g.?"kS sont hébg,&s 2;wg--;..w,

leurs parents sereer, tantôt ils se constituent en groupes

d'immigrants, d'où l'émergence de ménages de célibataires ou de

filles seules dans les quartiers populaires de Dakar. Ils

s'appuient essentiellement sur des réseafix relationnels fondés

sur la tutelle familiale, l'appartenance ethnique et l'origine

géographique, pour élaborer et mettre en oeuvre des stratégies

migratoires et d'insertion à court terme à Dakar.

La description qui précède montre qu'on est en présence

de r&eaux.migratoires denses. La position du migrant dans les

réseaux, de même qu&+&?ss stratégies d'insertion-, sont fonction

des situations migratoires qui caractérisent les différents

groupes de migrants sereer siin-siin.

82

!

5 .2 . - Perspectives d'études des réseaux miqrants

Au terme de ce rapport de recherches, premihre etape de

notre étude, nous nous trouvons devant au moins trois directions

possibles d'enquêtes dans la perspective d'un travail sur les

réseaux et l'insertion des migrants h Dakar. Le choix du lieu

d'observation et celui de la population-cible, ont un certain

nombre d'implications. - - -- - - . -

5.2.1. - Prendre & siin, en tant que réqion socio-économique et historique, comme zone d'émiqration

-.. ..l'lF

Ce choix supposerait un élargissement de n G t f 6

échantillon d'enquête aux ressortissants présents à Dakar et

provenant de villages situés aussi bien à Naaxar que dans

d'autres arrondissements.

11 présenterait l'avantage d'une meilleure maltrise du

contexte socio-économique et historique dans lequel s'est déve-

loppée la migration. Aussi les données d'enquêtes et les re-

cherches pluridisciplinaires disponibles sur cette région,

conjuguées h notre familiarité avec les originaires du Siin

seraient 'des atouts importants pour une étude en profondeur 'des

réseaux.

Seulement un tel projet privilégierait l'axe Siin-Dakar

alors que notre ambition est de développer une approche urbaine

des réseaux et l'insertion des migrants à Dakar.

8 3

i

5.2.2. - Mener une étude comparative des réseaux de migrants présents à Dakar et 3 partir de deux réqions d'ami- gration dizférentes

1 - -

Nous prendrions en compte les sereer siin-siin et les

joola par exemple. Nous proc6derions donc B un choix raisonne des

lieux d'émigration en fonction de leur importance quantitative et

qualitative dans les mouvements de populations vers Dakar. I1

serait alors possible non seulement d'analyser les réseaux migra- - ..

toires en tenant compte de facteurs d'émigration différents, mais

également de comparer les réactions de ces deux ethnies face h la

' ' crise, -. rMt&&Wiit~ ..leurs s t r a t ~ g ~ . e ~ - ~ . ~ i g r a ~ o ~ ~ ~ ~ ~ - .. .... et d.' i,n.$!ertio.n- . -.. -y: ..&.--, .. . .- .

Dakar.

Ainsi la connaissance que nous avons des siin-siin

pourrait davantage être mise à profit dans la perspective de ce

travail. Cependant, cmme dans le premier choix, l'étude des

réseaux porterait fortement l'empreinte de l'exode rural,

notamment la crise agraire et ses conséquences sur les migrations

vers Dakar. Elle ne permettrait pas d'analyser suffisamment les

rapports urbanisation-migration, en particulier la problématique

de l'insertion des migrants à Dakar.

' -3i-*2-;3. - - - Faire une étude comparative des réseaux d'immiqrants

le

choix de zones d'émigration. I1 s'agirait plutôt d'étudier les

h"mgrants résidant à Dakar, après avoir effectué une prospection

des quartiers d'accueil et/ou des milieux de travail des migrants

afin d'élaborer un échantillon suffisamment représentatif de la

population à étudier.

appartenant - - à des ethnies différentes.

Ce procédé ne nous obligerait pas à faire au départ

84

Dans ce cadre, l'étude des zones de départ serait moins

approfondie. Cependant n o u s y voyons deux avantages majeurs :

+ Au plan méthodologique, l'étude des reseaux serait

directement focalisde sur la problematique de linsertion des

migrants a Dakar.

+ Au plan théorique, nous serons à même de géneraliser

les résultats de notre recherche 1'échelle de la ville de

Dakar, notre cadre d'étude.

La poursuite de nos recherches se ferait plut& dans

cette troisième direction. Seulement, nous resterons prêt à

saisir les opportunités qui s'offriront à nous implicant un choix

différent.

Nous mesurons bien que du chemin reste à faire quelle

que soit la méthodologie retenue.

85

ANNEXE A

GUIDE D'ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF POUR DRESSER DES RECITS DE VIE DE GROUPES OU COHORTES D'IMMIGRANTS

1 : Composition et localisation du groupe 1-1 : Nombre de gens vivant ensemble et/ou ce que le groupe a

1-2 : Evolution du nombre de gens et du groupe dans le temps en commun

2 : Comment est organisé le groupe 2-1 : 2-2 : 2-3 :

Structure du groupe Statuts et rôles de chacun Modalités de prise en charge du : - loyer - manger - ravitaillement en eau (ou autres), nettoyage et autres

-

3 : Liens 3-1 :

3-2 : 3-3 : 3-4 :

entre différents membres du groupe Nature des liens ( à préciser entre tous les membres du

Evolution des liens Occupations après le travail ou loisirs Formes d'entraide au sein du groupe

groupe pris en binome)

4 : Visiteurs habituels 4-1 : Nombre, importance et fréquence 4-2 : Nature des liens avec les personnes visitées 4 - 3 : Typologie de l'objet des visites

5 : Fonctions du groupe

6 : Autres

86

ANNEXE 2

c -- 1 : Idëntification du migrant

2 :

3 :

4 :

5 -

6 -

7 -

8 -

t

GUIDE D'ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF POUR DRESSER DES RECITS BIOGRAPHIQUES

D ' IMMIGRANTS

Processus de prise de décision de migrer

Cheminement migratoire

Modalités d'établissement h Dakar

Insertion professionnelle

Vie sociale et associative en ville

Liens avec la famille rurale d'origine

Autres

87

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