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Iiip Iiip Iiip Iiip Iiip Une petite

montre sonnait sur la table de chevet. Loc, nayant

pas ferm lil de la nuit, se redressa avec peine dans

le lit. Il pensait en effet quil allait dormir comme un

loir la suite de cette journe de fou mais non Eveline, elle, resta fidle elle-mme, toujours

partante pour dormir comme un bb. Notre hros se

leva donc et sassit sur le bord du lit. Il coupa le petit

objet, toujours en train de faire savoir quil tait

lheure de se rveiller. 8h30.

Le manque dlectricit se fit vraiment ressentir.

Lair conditionn ne fonctionnait plus et il rgnait unechaleur atroce dans la pice. Comme si cela ne

suffisait pas, en plus de cette tuve, une forte odeur de

renferm y flottait.

Pas un bruit rien. Seules les respirations de nos

deux hros et, bien sr, plusieurs oiseaux au dehors.

La veille, quelques animaux occuprent lespace

sonore. Mais l plus rien.8h33.

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- Bon allez ! Y faut se lever Je mhabille et je

prpare le petit djeuner.

- Ok !

Eveline se leva tant bien que mal et se dirigea sontour vers la salle de bain. Loc, lui, shabilla

rapidement, jean, chemise noire et descendit au rez-de-

chausse. En passant dans le salon, il remarqua Funky,

toujours dans son panier.

- Hey ! lana-t-il lanimal.

Celui-ci ne bougea pas.

-

Ben alors ! Y faut se remuer !Ce fut tout juste sil tourna la tte.

Bien sr, Loc savait trs bien ce que cachait son

comportement depuis quelques jours. Cela ne

lempcha pas den tre trs inquiet. Ils passrent tant

de bons moments ensemble. Dans ces cas-l, difficile

de se rsigner au fait quil pourrait bientt partir.

Loc embrassa son chien ador et se leva pour

continuer son chemin jusqu la cuisine.

Alors quest-ce quon va faire de bon ? se

demanda-t-il.

Donc, plus de tartines grilles, dommage Les

fruits ils sont bons Voyons voir.

Il ouvrit le rfrigrateur, sans lumire, sans

bourdonnement, sans fracheur. Le lait Ouais, mais non Le lait tide cest

dgueulasse

Dans ce cas, pareil pour les jus de fruit.

Du coup, pour boire, y a que leau du robinet. En

plus y faut en profiter, tant quil y a de la pression

dans la tuyauterie.

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Il sortit donc deux bols, un paquet de crales et

posa la corbeille de fruits au milieu de la table. Il sortit

ensuite plusieurs vieilles bouteilles en plastique et les

remplis deau du robinet. Arriv la septime etdernire bouteille, Eveline entra dans la pice.

- Bon allez ! dit Loc. On mange en vitesse et on

part, ok ?

- Oui oui ! rpondit sa femme.

Ils prirent alors place et mangrent en silence.

Plus tard, pendant que Loc prparait la voiture,

Eveline revit les affaires quelle avait laisses sur latable du salon la veille. En particulier son lecteur de

cassettes audio et sa collection de cassettes. Eprit dun

lan nostalgique, elle voulut en couter quelques-unes.

Problme, le lecteur ne contenait plus de piles. Elle

chercha alors dans un placard les piles ncessaires et

une fois trouves, elle mit une de ses cassettes,

autrefois favorite, et rechercha le morceau quelle

adorait :Running Up That Hill de Kate Bush. Elle mit

son gros casque sur ses oreilles et, quelques secondes

dcoute aprs, redcouvrit alors une partie delle-

mme quelle avait oublie. Celle de la petite fille

malheureuse Celle de la petite fille se sentant

abandonne Elle se souvint alors de tout. De tout ce

quelle avait vcu, de tout ce quelle avait subi. Et de

tout ce quelle avait fait subir ses parents. Une larmeaux yeux elle couta le titre sans le sauter. Celui-ci,

une fois termin, passa Babooshka. Ce fut pleine

craquer de souvenir, quelle stoppa la cassette. Elle

dcida de tout descendre la cave. Dans lide que si,

un jour, ils reviendraient ici, elle puisse rcouter ces

morceaux. Avec pour espoir quen les plaant sous

terre, ils puissent rester intacte.

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10h15. Il tait temps de partir. Tout tait prs Ils

avaient prpar leurs affaires la veille et Loc pensa ce

matin sapprovisionner en eau. Tout tait prs. Ah

oui ! Il ne fallait pas oublier Funky ! Celui-ci se faisaitde plus en plus discret. Loc, assis dans la voiture,

restait silencieux. Il connaissait par cur la route

prendre Cest vident. Ainsi, 3h30 de route furent

prvues. Lambiance gnrale se dtriorait de plus en

plus au fil de tous ces voyages. Et celui-l nalla pas

arranger laffaire. Loc navait pas lhabitude et

napprciait pas rouler autant. Ce qui gnait Evelinefurent les autoroutes. Encore et toujours des autoroutes

Striles Sans vie Du moins, pour le moment.

Ils quittrent enfin leur domicile, srement jamais.

Ils sen doutrent et en ressentirent, tous deux, un

pincement au cur.

Bizarrement, malgr la fatigue, ils trouvrent de

quoi discuter :

- Tu sais, dit Loc. Y faudrait voir pas perdre le fil

du temps

- Comment-a ?

- Si on se laisse aller, dans une semaine on saura

plus quel jour on est.

- Quelle importance ? demanda-t-elle. a ne sert

plus rien maintenant.- Ben a te parat pas important ?!

- Jsais pas, dit-elle. Si ty tiens tant pourquoi tu

marques pas simplement la date dans ton journal ?

- Ouais pas con, approuva-t-il.

Il y eut alors cinq secondes de silence qui parurent

une ternit.

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- A ce propos, reprit Loc. Jai eu une ide cette

nuit. Pourquoi on ncrirait pas pour le bb ?

- Hein ? pronona sa femme sans comprendre.

- Le journal on pourrait le donner au bb ! Etcomme a, a te donnera peut-tre lenvie dcrire

quelques trucs dedans ! Tu vois pour quil

sache comment tout sest pass.

- Ouais ok ! pas mal comme ide

Ils roulrent sur lautoroute et roulrent et

roulrent et roulrent. Lair stait rafrachit et leciel, dun bleu clatant au dpart, se couvrit petit

petit. Cloudbursting jouait sur lautoradio la

demande dEveline. Ils continurent leur discussion,

parler de tout et de rien :

- Oh ! Mais attend ! sexclama Loc.

- Quoi dont ?

- Je me rends compte, dit-il Hier stait le 14

juillet !

- Mouais Et alors ? demanda Eveline.

- Ben stait la fte nationale on na mme pas

fait gaffe

- Ouais tu sais a na plus tellement

dimportance maintenant

- Je sais je sais, dit-il Nempche, quand on y

repense Y a plein de trucs bien quon auraplus. Plus de tl, plus de nouvelles musiques, ni

de nouveaux films Faut en profiter parce que

dans pas longtemps, les gteaux et les fruits

pourriront.

- Mouais

- Tu vois, continua-t-il, le jour o on aura plus de

farine, on pourra mme plus se faire du pain

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- Parce quon fait du pain dhabitude ? demanda sa

femme.

- Non Mais si on en reveut, ben faudra se le

faire nous-mme !Et ils parlrent, ils parlrent De vraies

pipelettes :

- Bon ! dit-moi, lana Eveline. Tu veux quoi pour

ton anniversaire ?

- Ah oui ! pure, javais compltement oubli !

- Alors ? insista-t-elle avec un sourire. Tu veux

quoi ?- Oula ! cest quoi cette question ?

- Comment-a ?

- Ben on peut tout avoir, sexpliqua-t-il. Ne moffre

rien ! Toi-mme tu dis que lanniversaire cest

une fte commerciale

- Oh, mais cest lintention qui compte ! Et puis se

sera justement loccasion de faire un cadeau

immatriel

- Ben coute Franchement, je sais pas

Arriva un moment o, sous ce ciel menaant, il se

mit bruiner puis pleuvoter et enfin pleuvoir.

Lair stait nettement refroidit et Loc dut mme

mettre un peu de chauffage.

- Cest quoi a ? demanda Eveline en pointant du

doigt un voyant rouge.

- De quoi ? a ? Je sais pas, a fait depuis trois

kilomtres que cest allum.

- Mais cest un panneau danger , constata-t-elle

- Ouais bizarre

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Le voyant se mit alors clignoter. BIP ! BIP !

BIP ! Fit la voiture.

- Oul ! fit son tour Loc paniqu. Putain quest-

ce quy spasse ?!- Je crois quy a un binz regarde ! tout se met

clignoter !

- a sent pas bon !

- Tu ferais mieux de tarrter, proposa Eveline.

- Putain ! Saloperie dbagnole ! protesta son mari.

Il stoppa le vhicule et coupa le contacte. La

musique compose par lautomobile se tue. Lesilluminations seffacrent. Ils attendirent ainsi

quelques secondes afin de retrouver leurs esprits. Les

essuie-glaces staient figs et le bruit des gouttelettes

deau se faisait entendre dans tout lhabitacle. Puis,

Loc remit en route le moteur du moins, il essaya

Iiiiiiiiiiibrr Iiiiiiiiiiibrr Pas moyen de la

dmarrer Iiiiiiiiiiibrr Non, vraiment aucun

moyen.

- Putain ! Mais putain de merde ! jura Loc.

- Calme ! a sert a rien !

- Y doit se passer un truc dans le moteur, dit-il. Je

vais voir

- Mais ty connais rien en mcanique, ajouta

Eveline.Mais rien faire, il tait dj dehors Une

autoroute dserte, une petite pluie gele, un vent froid,

le tout sous un ciel gristre. Voil le dcor parfait pour

tomber en panne en plein t. Loc ouvrit le capot

abritant le moteur et resta un instant sans rien dire,

faisant mine de rflchir.

Eveline sapprocha :

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- Mais a nsert rien ! Tu sais pas ce quelle a,

moi non plus et personne peut nous

- Tu devrais rentrer, coupa-t-il. Tu vas choper la

crve Sur ces mots, elle ne put quobir. Elle se posa donc

dans la voiture encore chaude et, un peu surprise par

lattitude de son mari, elle attendit. Que faisait-il ?

Elle ne pouvait rien voir avec le capot relev. Et

Funky ? Elle dcida de prter un peu dattention

celui-ci.

Il ne bougeait pas dun poil dans sa caisse. Toutrecroquevill, le seul mouvement de son corps tait

celui de sa respiration.

Loc, quant lui, savait parfaitement quil ne

pouvait rien faire. Mais il avait sa fiert. Plutt

crever que de nrien essayer. se disait-il. Il

contempla le moteur tripota quelques fils Et

Comme Eveline sen doutait, il referma le capot sans

rien avoir pu arranger. Il resta encore quelques

minutes, sans bouger, les deux mains sur le capot et

jeta quelques coups dil aux alentours. Puis, il

remarqua quelque chose.

- Attends ! Ne bouge pas ! dit-il sa femme.

Il sloigna du vhicule en courant. Se demandant

ce quil voulait faire, Eveline vit en ralit quil sedirigeait vers une pave, moiti encastre dans la

barrire de scurit. Mais quest-ce quil veut

faire ?! . Arriv sa hauteur, elle le vit tourner autour

de lengin pendant quelques secondes, puis Loc prit

place lintrieur. Non mais quest-ce quil

bricole ? se demanda-t-elle encore lasse de cette

situation.

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Son mari ressortit de la voiture et couru vers la

Peugeot rouge, afin de retrouver un abri digne de ce

nom. A peine fut-il entr quEveline commena

poser des questions :- Ben alors ?! Quest-ce quy se passe ?!

- Bon ! Cette voiture, aucune ide. Alors, je suis

all voir celle d ct, elle avait lair de pouvoir

encore rouler.

- Mais ? ...

- Mais ben elle a plus de batterie, rpondit-il.

Pas moyen de la faire dmarrer.- Et alors quest-ce quon fait ? demanda

Eveline.

- On fait, on fait ben on fait que je sais pas

cquon fait ! On est paums tous seuls, sur une

autoroute dserte, au milieu de nulle part et sous

une putain de pluie de merde !

Ils restrent l, silencieux, pendant quelques

secondes, chacun faisant mine de rflchir une

solution. Et, aprs rflexion, il savrait quune seule,

la plus simple et la plus vidente, allait se dmarquer.

Eveline en eu marre et proposa :

- Ecoute Y a quune seule solution On

continue pied

- Pff jaime pas a On peut srement trouver

autre chose.- Non Loc ! coupa-t-elle. Arrte de te voiler la

face ! On na pas le choix ! Alors, on va se bouger

et tant pis, on marchera sous la pluie !

- Ok ok Mais tu sais bien que je dteste a !

- Oui je sais mais on fait pas tout le temps ce

quon veut

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Elle sortit du vhicule et se dirigea vers le coffre.

Loc, quelque peu dpass par les vnements, suivit

sa femme, lui faisant confiance.

- Bon regarde ! dit Eveline. Dun ct y fautmarcher le plus lger possible, et dun autre ct,

y faut prendre le maximum daffaires possible.

Alors, on commence par ce quil nous faut en

priorit et on termine par le moins important.

- Ok

- Donc, continua-t-elle, je vais prendre les sacs de

couchage et la tente Je savais quelle nousservirait quand mme. Toi tu charges du sac de

bouffe. On va pas tout prendre.

- Tes sre ? demanda Loc perplexe.

- Oui oui On trouvera bien ce quil faut en

chemin et il faut rester le plus lger possible.

- Bon

Ils jetrent donc pratiquement la moiti de leurs

provisions en ne gardant que les fruits et quelques

botes de conserve.

- Et les CD ? ajouta-t-il.

- Les CD Ben on npourra pas tous les prendre.

Ecoute, mets les plus prcieux dans le sac de

bouffe, pour les autres, ben on les rcuprera

dans les magasins une fois arriv.

Loc, coutant les conseils de sa femme, fit le triparmi sa collection de compacts disques. Une dizaine

de minutes scoulrent et son sac tait dj plein.

- Bon question vtements, je suis dsole, mais

on nva pas sencombrer. On prend juste les sous-

vtements et on met les gilets et les blousons. En

plus sa tombe bien, y pleut.

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Ainsi, et de la mme manire que pour la nourriture,

elle vida le sac de vtements.

- Et pour finir, ajouta-t-elle. Y faut prendre le

Michelin.- Ouaip !

- Tiens, mets-le avec les fringues.

Loc retourna dans la voiture afin de trouver son

chien. Celui-ci sortit mollement de sa caisse et se mit

marcher, fbrilement, tenu en laisse par son matre.

- a va aller ? demanda Eveline.

-

Mouais je pense, rpondit son mari.Et ce fut ainsi quils purent continuer leur priple. A

la marche.

11h50.

- Hum on va en avoir pour combien de temps

jusque Neuves-Maisons ? demanda Loc.

- Oula ! alors attends on est prs de Fontvannes

Donc si on continue sur cette route, il nous

reste peu prs 240 kilomtre. A raison de 30

kilomtres par jour, on peut y tre en huit jours !

- Quoi ?! HUIT JOURS ! Stonna-t-il.

Celui-ci sarrta net, compltement abattu par ce

quil venait dapprendre.

- Ben, peut-tre plus, peut-tre moins, ajouta

Eveline a dpend d quelle vitesse onmarche.

- Oh non mais a va pas aller l ! Y a pas un

chemin plus court ? On peut regarder ?

- Oui oui !

Cette dernire prit le guide Michelin et regarda un

instant.

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- Ben, le chemin le plus court, cest toujours celui

vol doiseau, dit-elle. L a fait un peu moins de

200 kilomtres. Donc en six sept jours on y est

- Oulala !- Oui bon ben je peux pas mieux faire, hein ?!

- Oui oui, je comprends cest juste que

dapprendre quon arrivera dans une semaine au

lieu de deux heures ben voil quoi

- On na pas le choix, lana-t-elle.

- Je sais je sais ! Rooo et puis en plus y pleut, y

fait presque froid ! Super lt !- Bon arrte de rler cest saoulant maintenant y

faut partir.

Et ils se mirent enfin en route. Le moral de Loc

tait au plus bas. Eveline, elle, retrouvait le sourire.

Cela faisait maintenant des annes et des annes

quelle avait arrt ses vagabondages. Alors, imaginez

leffet que cela lui faisait marcher de nouveau au bord

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dune route. Mme sous cette pluie, Eveline retrouva

le moral.

- Bon eh ! quand tu veux tarrter, tu le dis, ditLoc. Y faut pas trop que tu tpuises. Surtout que

tas le bb.

Eveline se trouvait cinq mtre devant lui. Loc,

essayant de suivre son rythme, grimaait au poids des

deux sacs quil portait sur son dos. Ceux-ci donnrent

limpression de salourdir dun kilo chaque pas que

faisait leur porteur.- Tinquite pas, rpondit Eveline.

- Tu sais quelles routes prendre ? tu veux la carte ?

- Non cest bon jai tout le trajet dans ma tte.

- Mais comment tu fais ? questionna son mari. Tas

un GPS intgr ou quoi ?

- Sans aller jusque l, jai quand mme pass pas

mal de temps sur les routes alors niveau

orientation, jai un peu dentrainement

- Et l par exemple ? continua Loc. O on va ?

- L on va traverser Fontvannes. Aprs on prend la

D661 et on continue dessus. Je crois quy a

encore un village sur le chemin, enfin je sais plus.

En tout cas, dans moins de vingt kilomtres on va

traverser Troyes. Encore aprs, y faudra trouver la

D610 pour rejoindre la D960. On continue un peudessus. On aura march prs de vingt-cinq, trente

kilomtres. Comme il est 12h30

- 12h15, coupa Loc.

- Ok bon comme il est 12h15, reprit-elle Si

on marche cette allure, quand on arrivera il sera

prs de 18h30. On verra alors si on continue

encore un peu, ou si on sarrte pour la nuit.

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- Quand on arrivera o ? demanda-t-il.

- Quand on arrivera ben quand on arrivera au

milieu de nulle part en fait

- Ok Et tas toute ta feuille de route dans tatte ?

- Oui ben

- Cest marrant a, continua Loc sans prter

attention ce quallait dire sa femme. Au travail,

tas jamais donn limpression dtre surdoue.

- Mais je te lai dit, javais compltement oubli.

-

Comment on peut oublier un truc comme a ?demanda-t-il. Surtout quand cest le truc qui est

lorigine de tout le reste de sa vie

- Bon coute Cest vrai je peux faire des tas de

choses avec ma tte et alors ?

- Et alors ? Et alors y se passe que a fait des

annes quon est ensemble, on est maris, on va

avoir un gosse et vl tout juste que japprends

que ma femme est une surdoue !

- Mais quest-ce quon sen fout au bout dun

moment ! lana-t-elle. Mme moi javais oubli !

- Ben cest important pour moi Cest pas

spcialement de savoir que ma femme est aussi

intelligente, cest de me rendre compte que moi

qui croyais te connaitre sous toutes tes coutures

ben en fait non.- Mais si tu vas dans ce sens, moi aussi je ne me

connaissais pas sous toutes mes coutures.

Loc ne su quoi dire Eveline, de son ct, ne

comprit pas pourquoi il revenait ce sujet aussi

soudainement. Il avait apprit cela la veille et ne donna

pas signe que ceci le drangeait.

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Ils marchrent ainsi Sous un ciel maussade.

Latmosphre tendue rendit le parcours encore plus

pnible. Toutefois, Loc trouva enfin son rythme.

Ils traversrent Fontvannes, un petit village dsert,silencieux, froid. Ils sarrtrent labri dun prau et

mangrent silencieusement. Malgr la mauvaise

humeur ambiante, Loc se rjouissait de manger, car,

en plus de combler son estomac, ceci allait allger son

fardeau Quelques fruits, et nos hros reprirent la

route. Tremps de la tte aux pieds, ils allrent

rejoindre une nouvelle route.

Je vais vous passer les dtails de cette partie du

voyage. Elle fut trs monotone. Ils marchrent une

premire heure, puis une deuxime et continurent

jusqu arriver un deuxime village : Sainte-Savine.

Ils le traversrent et dcidrent de ne pas stopper leur

progression.

Ils arrivrent alors la priphrie de la ville de

Troyes :

15h25.

- Bon coute, dit Loc. Je veux pas te faire la

gueule, ok ? Alors, excuse-moi Jaurais pas d

en faire tout un fromage.

- Ben oui mais cest a ! moi non plus jai pas enviede faire la gueule cest juste que je comprends

pas pourquoi ten fais tout un plat

Loc envoya un sourire sa femme Et, jen ai bien

peur, bien que ce qui suit donna beaucoup lair dun

feuilleton leau de rose, je me dois, malgr tout, de

vous rapporter les faits. Ils se rapprochrent donc, et

continurent de marcher main dans la main.

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Il stait arrt de pleuvoir. Cependant, le ciel nen

tait pas moins gris. Nos hros purent enfin se scher.

Ils traversrent la ville sans prter aucune attention cette dernire. Eveline, concentre comme jamais, ne

dtournait pas un instant ses yeux des panneaux et

autres indications. Loc, lui, faisait plus attention son

chien qu lendroit o il marchait. Lanimal, la

traine, nen pouvait plus. Son matre dcida de le

prendre dans ses bras afin quil puisse se reposer un

peu. Quelle ide de faire subir a un chien sivieux ! pensa-t-il.

Une fois en dehors de la ville, ils continurent

marcher prs de trois quarts dheure avant de trouver

la fameuse D960. Une nouvelle fois, et au grand

dsespoir de nos deux hros, la pluie se mit tomber

et ceux-ci, bien secs, ne purent que constater par eux-

mmes queffectivement, leau a mouille . Ils

marchrent encore quelques minutes lorsquEveline

demanda :

- Il est quelle chrie ?

Celui-ci regarda sa montre et rpondit :

- 17h46 !

- Bon On marche plus vite que prvu On peut

sarrter maintenant si tu veux - Ouais ! je veux bien ! dit-il. Jen ai plein les pattes

cest affreux ! Pas toi ?

- Ben un peu essouffle, cause du bb mais

sinon a va.

- Eh ben ! stonna Loc. Je sais pas comment tu

fais !

Sa femme sourit et ajouta :

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- Et toi ? tu supportes comment la marche ?

- Cest affreux !

- Tu verras tu apprcieras avec le temps.

Pendant un court moment personne ne dit un mot,puis Eveline continua encore :

- Bon ! je vais dballer la tente ! Je sais pas

pourquoi, je sens que je vais galrer

Et ce fut effectivement le cas Malgr laide de

son homme, le manque de pratique et la pluie ne

facilitrent pas les choses. Ils finirent toutefois par

avoir raison de celle-ci et la plantrent sur le bord de laroute, sur un coin de terre qui navait pas encore lair

de gadoue.

Plus tard Eveline et Loc prirent conscience quils

ne pourraient pas avoir de feu. Tout tait dtremp et il

ny avait pas un rondin de bois sur de kilomtres.

Cependant, et malgr ces petits dsagrments, le temps

tait venu de se dtendre. Ils mangrent, labri de

leur toile de tente, une bote de petits pois carottes

froide Et un peu de fromage que Loc avait pens

prendre. Funky tait recroquevill dans un coin de

labri et dormait. Il navait pas touch la pt que son

matre lui avait servit.

Loc reprit son livret et crivit en premire page

dans un coin : .Puis, il ajouta, en dessous, en gros et en majuscule :

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Il tourna ensuite cette page, puis la seconde dj

utilise et entama la troisime :

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Il faisait de plus en plus sombre. Sans lampe torche,

il devenait pratiquement impossible pour Eveline etLoc de distinguer quoi que ce soit. Pendant un long

moment, ils parlrent de tout et de rien, oubliant un

tant soit peu les prises de ttes et autres tracas de la

journe passe. Eveline raconta des trucs de sa vie

pr-sdentaire , ils parlrent aussi du bb,

exprimant leurs craintes pour une quelconque

complication. Puis, lattention retomba une nouvellefois sur Funky. Celui-ci ne bougeait pratiquement

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plus. Sa respiration tait irrgulire. Loc ralisa enfin

que son chien allait partir.

Les larmes aux yeux, il prit son toutou dans ses

bras et lembrassa. Plus triste que jamais, il se glissadans son sac de couchage et sendormit avec.

Repensant tout ce quils avaient partag, il

sendormit avec. Sentant que la fin tait arrive, il

sendormit avec.