Inventeur de «jipto» - revues-plurielles.org · Türkü küter sërün kumis (Türkü bekler...

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OLUSUM/GENESE N° 86 , 10 Vous êtes originaire d’un pays lointain, de Yakoutie... Pouvez-vous raconter briè- vement votre parcours, celui qui vous conduit de la Yakoutie à Paris ? Les Sakhas (Yakoutes, Iakoutes, environ 500 000 personnes) occupent en Sibérie orientale un territoire 6 fois plus grand que la France et 4 fois plus grand que la Tur- quie. La République Sakha (Yakoutie) est la plus grande république de la Fédération de Russie. Son sous-sol recèle de nombreuses richesses naturelles, en particulier, des dia- mants. Les terres de la Yakoutie sont les plus froides de l’hémis- phère boréal. Les tempé- ratures peuvent atteindre en hiver -70° et en été +40°. Quand j’ai eu treize ans, mon père m’a donné un livre sur les jeux mathé- matiques très intéressant. Bientôt j’ai commencé à participer avec succès aux concours et olympiades mathématiques et physi- ques. J’ai décidé de deve- nir un scientifique. Mais dans quel domaine : les mathématiques, la physique, l’histoire…? L’histoire m’intéressait beaucoup. J’ai effec- tué une véritable recherche sur l’histoire des peuples turco-mongols et j’ai bien vu que l’histoire officielle a été faussée de façon incroyable pour justifier l’idéologie soviéti- que. Par amour de la vérité j’ai choisi les sciences exactes, indépendantes de l’idéo- logie. Et, en 1966, je suis devenu étudiant de la faculté de Mathématiques de l’Université de Yakoutsk. J’ai obtenu ensuite une bourse de thèse et continué mes recherches à l’Univer- sité Leningrad. En 1975, j’ai commencé à enseigner à l’Université de Yakoutsk, je suis devenu rapidement maître de conférence et j’ai commencé à écrire ma deuxième thèse pour devenir un docteur d’Etat. Pendant mes années scientifiques j’ai beaucoup voyagé. J’ai fait de novembre 1978 à septembre 1979 un stage à l’Université Paris-Dau- phine. En 1989 j’ai créé la chaire de la cybernétique mathé- matique, mes élèves ont commencé à soutenir leurs thèses. Je dirigeais aussi la division de l’in- formatique à l’Académie des sciences car j’étais seul « docteur d’Etat » dans ce domaine en Yakoutie tandis que les « docteurs en mathématiques » étaient nombreux. Ensuite j’ai fondé un Centre qui coordonnait toutes les recherches mathé- matiques en Yakoutie. Je ne soupçonnais pas que j’allais devenir Inventeur de «jipto» mathématicien, écrivain, scénariste scientifique et pédagogue sakha PROPOS RECUEILLIS PAR MURAT VASIF ERPUYAN lllllllll entretien avec GRIGORY TOMSKI (...) L’histoire m’intéressait beaucoup. J’ai effectué une véri- table recherche sur l’histoire des peuples turco-mongols et j’ai bien vu que l’histoire offi- cielle a été faussée de façon incroyable pour justifier l’idéo- logie soviétique. Par amour de la vérité j’ai choisi les sciences exactes, indépendantes de l’idéologie. (...)

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Vous êtes originaire d’un pays lointain, de Yakoutie... Pouvez-vous raconter briè-vement votre parcours, celui qui vous conduit de la Yakoutie à Paris ?Les Sakhas (Yakoutes, Iakoutes, environ 500 000 personnes) occupent en Sibérie orientale un territoire 6 fois plus grand que la France et 4 fois plus grand que la Tur-quie. La République Sakha (Yakoutie) est la plus grande république de la Fédération de Russie. Son sous-sol recèle de nombreuses richesses naturelles, en particulier, des dia-mants. Les terres de la Yakoutie sont les plus froides de l’hémis-phère boréal. Les tempé-ratures peuvent atteindre en hiver -70° et en été +40°. Quand j’ai eu treize ans, mon père m’a donné un livre sur les jeux mathé-matiques très intéressant. Bientôt j’ai commencé à participer avec succès aux concours et olympiades mathématiques et physi-ques. J’ai décidé de deve-nir un scientifique. Mais dans quel domaine : les mathématiques, la physique, l’histoire…? L’histoire m’intéressait beaucoup. J’ai effec-tué une véritable recherche sur l’histoire des peuples turco-mongols et j’ai bien vu que l’histoire officielle a été faussée de façon

incroyable pour justifier l’idéologie soviéti-que. Par amour de la vérité j’ai choisi les sciences exactes, indépendantes de l’idéo-logie. Et, en 1966, je suis devenu étudiant de la faculté de Mathématiques de l’Université de Yakoutsk. J’ai obtenu ensuite une bourse de thèse et continué mes recherches à l’Univer-sité Leningrad. En 1975, j’ai commencé à enseigner à l’Université de Yakoutsk, je suis devenu rapidement maître de conférence et j’ai commencé à écrire ma deuxième thèse pour devenir un docteur d’Etat. Pendant

mes années scientifiques j’ai beaucoup voyagé. J’ai fait de novembre 1978 à septembre 1979 un stage à l’Université Paris-Dau-phine. En 1989 j’ai créé la chaire de la cybernétique mathé-matique, mes élèves ont commencé à soutenir leurs thèses. Je dirigeais aussi la division de l’in-formatique à l’Académie des sciences car j’étais seul « docteur d’Etat »

dans ce domaine en Yakoutie tandis que les « docteurs en mathématiques » étaient nombreux. Ensuite j’ai fondé un Centre qui coordonnait toutes les recherches mathé-matiques en Yakoutie.Je ne soupçonnais pas que j’allais devenir

I n v e n t e u r d e « j i p t o »mathématicien, écrivain, scénariste scientifique et pédagogue sakha

P R O P O S R E C U E I L L I S P A R M U R A T V A S I F E R P U Y A N

lllllllll

e n t r e t i e n a v e c GRIGORY TOMSKI

(...) L’histoire m’intéressait beaucoup. J’ai effectué une véri-table recherche sur l’histoire des peuples turco-mongols et j’ai bien vu que l’histoire offi-cielle a été faussée de façon incroyable pour justifier l’idéo-logie soviétique. Par amour de la vérité j’ai choisi les sciences exactes, indépendantes de l’idéologie. (...)

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un fonctionnaire international. En 1991, j’ai assisté à une réunion dans la Maison du Gouvernement de la Yakoutie. Le Président de Yakoutie nous a informé du projet de la création du Comité National pour l’UNESCO et que la Yakoutie détacherait un expert auprès de l’UNESCO. J’ai gagné le concours et, en 1992, je suis venu en France. Comme je n’aime pas l’ama-teurisme dans les affaires j’ai complété mes études, je suis retourné sur les « bancs » de l’école. J’ai un diplôme de l’Académie Diplo-matique Internationale et un DEA en Droit inter-national de l’Université de Paris Descartes.

Les Yakoutes (Sakhas), sont-ils Turcs ?Notre langue appartient à la famille des lan-gues turques. Il suffit de compter en sakha jusqu’à cinq pour voir cette parenté : bir, iki, üs, tört, bes, ... Je veux citer aussi à cette occasion un poème d’une scientifique et chamane, Börö-Kotun (Luda Egorova)

Has birdi türk süreger(Hep bir türkün yüregine)

Ölböt çeçik - töröbüt sir(Ölmöz çiçek - dogum yer)

Aydaah künü serge tutar(Ayi güneçi ayne tutur)

Menge Tangra - Kök bërë(Tandik Tanri - Gök Börü) ...

Türkü küter sërün kumis(Türkü bekler serin kumis)

Sur sonogos, küsteh at(Boz kosucu, güçlü at)

Harangattan sirdir sulus(Karanlikta yagar yildiz)

Ili tutar alban aat (Devlet tur ünlü ad).

Ainsi les Sakhas se considèrent comme des « Turcs » au sens large de ce terme au même titre que les Kazakhs et les Kirghizes. Mais comme dans notre langue il y a beau-coup de mots mongols nous nous considé-rons comme des Turco-Mongols. Les Sakhas sont fiers de leur appartenance à l’aire turco-mongole. Ils s’intéressent à l’histoire des Huns, des anciens Turcs de la Mongolie et

GRIGORI TOMSKI EN TRAIN DE REGARDER MARC PELLERIN, ÉCRIVAIN FRANÇAIS, JOUANT AU JIPTO DANS UNE ÉCOLE EN YAKOUTIE. MARC PELLERIN EST AUTEUR DE DEUX ROMANS OÙ LE JIPTO APPARAIT À PLUSIEURS REPRISES.

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de la Sibérie. Un Sakha trouve le sentiment d’appartenance à l’aire turque en remontant dans le temps. Il éprouve moins d’intérêt pour l’histoire des peuples turco-mongols après Gengis Khan quand ses ancêtres sont venus dans le Grand Nord. L’identité sakha est complexe, il y a le senti-ment d’appartenance à l’ethnie ancienne et originale, à la culture à la fois traditionnelle et moderne. Notons aussi le niveau d’éduca-tion élevé des Sakhas, qui dépassent actuel-lement les Russes par le taux de personnes ayant des diplômes d’études supérieures. Le drapeau de la République Sakha, bleu avec soleil blanc, symbolise le Ciel Eternel

(Kök Tangra, Gök Tengri, Tanri). Nous sommes le seul peuple turco-mongol qui continue de pratiquer les rites de la religion tangraïste d’Attila, des anciens Turcs d’Altaï et de Gengis Khan.

Pouvez-vous nous dire un peu plus sur cette religion «Tengri», religion d’origine des Turcs ?Dans leur épopée les Sakhas se nomment le « peuple du Soleil » (« Kün ulusa » ), certains spécialistes sakhas pensent que l’autonomination des Huns (connus sous le nom des « Küns » en Asie Centrale) avait le même sens. Mais Tangra n’est pas dieu du Soleil. Tangra est dieu de tout ce qui existe. Le Soleil, pensait nos ancêtres, est sa plus grande création. Je cite trois extraits de mon roman « Les amis d’Attila » :

« La fête du Soleil. Le grand jour pour la capi-tale des Huns. Avant le lever du soleil, les gens se sont rassemblés dans un lieu amé-nagé à l’ouest de la capitale. Tout le monde porte ses plus beaux vêtements. Sabir a con-duit les Romains dans un endroit réservé aux convives de marque, situé non loin de la tente royale. Les drapeaux des tribus et des détachements militaires flottent sur les mâts. Les gens se disposent en rond, autour de leurs drapeaux, sur les tapis et sur l’herbe.A l’est, le ciel commence à s’éclaircir et on voit le panorama de la capitale avec ses palais et ses tours décoratives. Un prêtre, appelé chez les Huns chaman blanc, sort d’une tente à l’extrémité occidentale du lieu de fête. Il est accompagné par un garçon et une fille, tous les trois sont vêtus de blanc. Le chaman tient un tambour, chacun des deux enfants, qui sont un peu derrière lui, tient une corde en cuir attachée au dos du chaman... Quand le soleil jette ses premiers rayons sur la foule qui l’attend, le chaman lève ses mains vers le ciel, frappe trois fois son tam-bour et récite une prière d’une voix rapide et solennelle. Sept filles et neuf garçons dans des vêtements blancs s’approchent de lui. Le chaman accomplit avec eux encore quelques beaux rites, verse du koumyz, bois-son de lait de jument fermenté, sur la terre. Ensuite, il se dirige vers la tente royale … Oreste pose à l’évêque une question qui l’in-

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téresse profondément :- Pensez-vous que les Huns et les chrétiens croient au même Dieu ?L’évêque répond avec conviction :- Sans aucun doute. Je traduis actuellement la Bible et l’Evangile en hun et dans ma traduction j’identifie Tangra avec le Dieu chrétien. J’ai beaucoup discuté de cette question.- Mais nous savons qu’il existe aussi Odoun khan, dieu de la destinée. N’est-ce pas un signe de polythéisme ?- Modoun khan, qui était le premier empe-reur hun, est canonisé dans la mémoire populaire. Je le compare avec les saints de l’église catholique. On croit que ses lois, justes et strictes, ont été inspirées par Tangra lui-même et sont toujours respec-tées par toutes les tribus hunes. Tangra est Dieu unique et tout puissant entouré par les autres divinités, à la fois distinctes de lui et en faisant partie.Salvien se souvient des raisonnements des philosophes, assez obscurs pour lui, et des disputes sur la Trinité, cette union de trois personnes distinctes ne formant qu’un seul Dieu : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, mais aussi sur les anges et les archanges, créa-tures purement spirituelles.L’évêque répète une formule que les Romains connaissent déjà :- Comme Dieu unique et tout puissant a donné à la main plusieurs doigts, de même il a donné aux hommes plusieurs voies vers lui. « Attila monte sur un haut sommet, détache sa ceinture d’or et la suspend autour de son cou. Puis il s’assoit sur la pierre et commu-nique toute une journée avec Dieu. Sur son ordre des centaines de milliers de guerriers devront se mettre en mouvement, recevront la permission d’utiliser leurs armes. Il y aura des victimes, y compris innocentes, toutes les horreurs de la guerre : les massacres, les incendies et les destructions, les pillages et les viols. Les troupes devront être nour-ries par les habitants des territoires conquis. Mais on aura plus de victimes sans cette guerre. Les diplomates et les émissaires de Constantinople ne se calment pas, essayent de soulever contre les Huns les peuples de l’Empire bâti avec de si grands efforts et de susciter l’hostilité des voisins. Ils ne com-

prennent pas qu’il n’y a rien de plus terrible que l’anarchie des steppes, y compris, pour les voisins ! Attila répondra devant Tangra et sa conscience pour sa décision difficile prise pour l’ordre et la paix dans la Grande steppe, pour la consolidation de l’Empire du Nord ... ». Les héros turcs, comme Alp Arslan, et les saints, comme Hadji Bektach montaient, eux-aussi, sur des hauts sommets afin de com-

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muniquer avec Dieu.

Vous êtes concepteur d’un jeu, le JIPTO. De quoi s’agit-il ?On peut sur le même plateau jouer à des cen-taines et des milliers de versions du JIPTO très différentes. On utilise le JIPTO dans tous les cas : avec un, deux ou trois amis et même parfois tout seul. Pour les amateurs d’échecs, il existe des versions avec roques

des pions personnalisés. Les amateurs de cartes peuvent jouer aux JIPTO de hasard raisonné et s’amuser avec la Jiptomancie. Comme toutes ces versions sont pratiquées sur le même plateau, il est impossible d’ap-pliquer au JIPTO la distinction habituelle jeu d’enfant / jeu d’adulte.Je suis heureux que le JIPTO ait été accueilli avec très grand intérêt par les médias et les intellectuels européens. Voilà l’opinion d’An-dré Deledicq, Président de la Commission française de l’enseignement des mathémati-ques, exprimée en 1996 :« Le JIPTO nous a séduit car il a la richesse des choses simples et essentielles.La simplicité de ses règles en fait un jeu accessible à tous les âges et à tous les ins-tants ...Mais, en même temps, c’est un jeu riche.Riche sur le plan intellectuel et stratégique, il ouvre des perspectives de réflexion aussi bien aux petits de la maternelle qu’aux cher-cheurs de l’Université et des Centres de recherches de haut niveau. Riche sur le plan de l’inventivité : il stimule l’imagination tant sur le plan des variantes possibles d’un même type de jeu, que sur le plan des images et des matériaux liés aux réalisations pratiques du jeu.Riche sur le plan des échanges : dans la lignée des traditions d’un pays fascinant et aujourd’hui ouvert, il propose une vision d’un monde compétitif mais équilibré, à la fois tra-ditionnelle, dynamique et intelligente. »Dans un autre article André Deledicq prédit : « A l’aube du XXIème siècle, apparaît un jeu de stratégie d’une très grande simplicité de règles - les enfants peuvent commencer à y jouer dès 4 ou 5 ans - et d’une très grande richesse stratégique : les « universitaires » mettront longtemps à découvrir les straté-gies gagnantes.Ce jeu semble avoir toutes les qualités pour devenir un vrai « classique » comme les échecs, les dames, le jacquet etc. »

Vous avez dit que JIPTO est devenu un jeu national en Yakoutie ; quels sont les atouts de ce jeu pour se faire une place dans l’univers du jeu si fourni et si com-pliqué ?En Yakoutie, le JIPTO est reconnu comme le nouveau sport national intellectuel. Le JIPTO

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est utilisé comme support pédagogique pour l’enseignement des arts et des mathémati-ques de la Maternelle à l’Université. L’utilisa-tion du JIPTO comme support pédagogique est enseigné à l’Université de Yakoutsk pour les futurs enseignants. Le JIPTO est agréé actuellement par Eurotalent, association euro-péenne pour les enfants doués, comme un stimulant efficace de la créativité. Mais le JIPTO stimule aussi la créativité pro-fessionnelle. Ainsi les artisans et artistes sakhas, français, japonais et américains participent à la création des compositions artistiques et décoratives du JIPTO. Après deux expositions à l’UNESCO, nous par-lons maintenant de la naissance de l’Art du JIPTO. Dans plusieurs pages de son roman « N’oublie pas d’avoir peur » (Paris, Gal-limard, 2000), Marc-Alfred Pellerin évoque le JIPTO comme un élément important de la vie quotidienne en Yakoutie. Il termine actuellement un autre roman, entièrement inspiré par le JIPTO. Le JIPTO est plus qu’un jeu, c’est un objet culturel. Son succès peut être plus grand et plus durable que n’importe quel jeu de société, même des jeux contemporains célè-bres comme le « Monopoly », le « Trivial Pur-suit » et le « Pictionary ». Dans le cas du JIPTO on a un jeu qui s’intègre facilement dans le cadre de vie familier et aux rites de la vie quotidienne sans les déranger, qui devient une pièce du décor et un accessoire naturel du mode de vie. Le JIPTO sert de stimulant intellectuel et créatif pour tous. Les familles sakhas constituent des collections du JIPTO comme les autres collectionnent les affiches ou les jouets. Ces collections sont très variées : reproductions des com-positions des artistes-jiptographes, les col-lections « régionales », « historiques », « sibériennes », etc. On utilise les CD-JIPTO personnalisés, les JIPTO-tableaux, les JIPTO-tapis, les JIPTO-colliers comme cadeaux pour les amis. Ainsi, nous constatons queJIPTO = Cadeau + Décoration + 1001 Jeux … en seul produit !Nous disons « 1001 jeux » car les versions du JIPTO, jouées sur le même plateau sont innombrables (rappelons que sa notice offi-cielle contient 2480 versions). Je crois que la Turquie sera plus sensible

que les autres pays à l’accueil du JIPTO né dans la Yakoutie, pays de peuple turco-mon-gol, et accueilli avec le plus grand enthou-siasme par les spécialistes et avec intérêt et surprise par les médias en Occident.On peut reproduire en Turquie l’expérience sakha de transformation du JIPTO en sport intellectuel national. Il suffit de publier mes romans et livres, produire les films, et sur-tout de trouver un coordonnateur susceptible d’assurer le soutien des leaders d’opinion afin de lancer une campagne médiatique. Le grand but de cette campagne sera l’intro-duction du JIPTO dans chaque famille turque comme un symbole de la modernité ou, au contraire, comme un objet rappelant les raci-nes culturelles et historiques du peuple turc. Alors, comme en Yakoutie, le Ministère de l’Education adoptera les programmes de l’uti-lisation du JIPTO comme support pédagogi-que dans les écoles maternelles et primaires, ainsi que pour les enfants doués des collè-ges et des lycées. On commencera, comme à l’Université de Yakoutsk, à enseigner la pédagogie du JIPTO dans les Universités pour les futurs enseignants et les futurs pro-fesseurs de mathématiques. On peut créer sur la base du JIPTO des jeux et des émissions télévisées très amu-sants. Les festivals, les tournois et les autres manifestations du JIPTO, organisées facile-ment, attireront l’attention permanente des médias.Les artisans commenceront à créer les tapis du JIPTO, composés avec les ornements tra-

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ditionnels, fabriquer de magnifiques kits en bois et des tables du JIPTO richement déco-rées.Les touristes raconteront alors avec étonne-ment des festivals du JIPTO dans leur pays, ils rapporteront de la Turquie des JIPTO-Cadeaux avec nos brochures sur la valeur culturelle et éducatives du JIPTO éditées dans leur langue, qui brisera leurs préjugés sur le conservatisme des peuples turco-mon-gols.Les jeunes talents des villages reculés com-menceront à résoudre les problèmes mathé-matiques du JIPTO et étonneront le monde entier. Les kits du JIPTO « made in Turquie » seront exportés dans les différents pays, les grands éditeurs américains et japonais s’ar-racheront les licences. On verra bientôt la réaction des partenaires potentiels à cette argumentation.

Vous êtes un homme touche à tout : pro-fesseur de mathématiques, homme de culture, diplomate, écrivain, scénariste ... Vous avez publié, en russe, en attendant la version française, un roman sur Attila. Pourquoi ce personnage ?Mon roman « Les Amis d’Attila » est fondé sur l’étude attentive des sources pendant presque 40 ans, sur la connaissance du mode de vie et de la religion traditionnelle, conservés par mes ancêtres, ainsi que sur la description de leur mentalité et leurs cou-tumes donnée dans les épopées sakhas. J’ai effectué plusieurs déplacements sur les traces d’Attila. Mon oeuvre est destinée ainsi à donner une reconstitution la plus véridique possible des événements historiques, mais aussi des coutumes et de la mentalité des Huns. Le fait qu’une personnalité historique des peuples turco-mongols savait trouver, à cette époque si lointaine, l’entente avec un grand nombre de rois et de chefs des peuples et des tribus européennes, avec les représen-tants éminents de la noblesse romaine et de l’Eglise chrétienne, est très intéressant et mérite d’être largement vulgarisé en respec-tant la véracité historique. D’ailleurs, la maison d’édition parisienne « E-dite » m’a proposé de publier mon roman « Les amis d’Attila » sous un nou-veau titre « Attila : le premier Européen » !

J’ai écrit un scénario « Oreste, ami d’Attila » sur la commande de la société de produc-tion « Agora Médias ».

«Attila: le premier Européen», cette quali-fication n’est pas provocatrice ? En quoi il est européen.Je cite Marcel Brion : « A quelque nation qu’ils appartiennent, les hommes d’Etat ne peuvent plus nier aujourd’hui que le plan de ce roi, un des plus grands que le monde ait connus, était l’unité européenne ». On voit que ce vénérable membre de l’Académie française, pensait qu’Attila, une des gran-des figures de l’histoire turco-mongols, était l’un des pères de l’Union Européenne. Le choix du titre « Attila : le premier Européen » par un éditeur parisien est significatif. Le public européen commence à connaître une nouvelle image d’Attila grâce aux auteurs comme Michelle Loi, Philippe Guilhaume et Maurice Bouvier-Ajam. Avec son Empire (qui était la confédération de l’Europe du Nord avec une partie de l’Asie Centrale et de la Sibérie) et avec son rêve de l’Empire romano-hunnique, Attila était effectivement un précur-seur de l’Union Européenne.

Que voulez-vous dire aux lecteurs de notre revue ?J’invite les intellectuels, les éditeurs, les cinéastes et les hommes d’affaire turcs, les associations culturelles et éducatives, ainsi que les enseignants, les artistes et les arti-sans à la coopération. Mes publications : « JIPTO : 1001 jeux pour tous », « Art du JIPTO », « Mathématiques du JIPTO », le roman « Les amis d’Attila », le scénario « Oreste, ami d’Attila », le livre « Tangra » et les autres, ainsi qu’un logiciel du JIPTO sont réunis dans mon CD-Rom « JIPTO et Créa-tivité » ce qui facilitera cette coopération. La boîte de ce CD-Rom est un plateau du JIPTO magnétique. Je peux personnaliser ce JIPTO-Cadeau original pour chaque asso-ciation, chaque société et avec chaque per-sonne créative. n