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IntroductIon à l’argumentatIon
Document réalisé par
Mme Lakfif Samira
Introduction générale
L’argumentation est un discours dont l’objectif est double :
Amener l’autre à partager notre opinion ou notre vision
Parvenir à réfuter/rejeter la thèse adverse
Il s’agira donc, dans toute situation qui exige d’argumenter, de modifier :
Un point de vue
Une croyance
Une opinion
Une idée…
Il vous faudra à la fois convaincre, en vous adressant à la raison, et persuader, en vous adressant à
l’affect.
I. Qu’est ce que l’argumentation
1. Des situations différentes
Diverses situations de la vie quotidienne font appel à l’argumentation :
La publicité (qu’elle soit audio, visuelle ou audiovisuelle)
Les slogans (politiques ou pas)
Les campagnes de sensibilisation
Une simple discussion entre amis ou en famille
Les entretiens d’embauche
Les articles (de presse ou autre)
2. Définitions
L’argumentation renvoie à l’ensemble d’arguments (appelé argumentaire) qui sont des justifications dont
l’objectif ultime est :
a) Transmettre un point de vue ou une conviction qui peuvent être d’ordre :
Religieux (tenter de convertir par exemple)
Politique (campagne politique)
Juridique (condamner ou innocenter)
d’un ou plusieurs interlocuteurs
Scientifique ou technique
b) Justifier ou au contraire dénoncer
Action
Attitude
Personne
Organisme …
c) Délibérer
Délibérer revient à confronter plusieurs possibilités pour parvenir à la « meilleure » solution.
3. Vocabulaire de l’argumentation
a) Thèse : on appelle « thèse », l’opinion ou point de vue sujet à débat ou à controverse.
Exemple :
Sujet : la guerre en Syrie
Controverse : la Russie doit-elle continuer à soutenir le pouvoir de Bachar El Assad
Thèse : la Russie ne doit pas continuer à soutenir le pouvoir de Bachar El Assad
b) Le point de consensus
Le point de consensus constitue les vérités générales ou évidentes sur lesquelles les deux parties sont
censées être d’accord. Le point de consensus ne requiert pas d’être prouvé, il s’impose d’emblée comme
vrai. Il est l’équivalent des postulats de base en mathématique.
Exemple : « Nous sommes tous d’accord que la guerre en Syrie a duré beaucoup trop longtemps »
(point qui ne se discute pas, personne en principe ne peut contester que cette guerre a duré longtemps)
c) Les arguments
Ce sont les raisons ou les justifications qui alimenteront mon point de vue et soutiendront ma thèse.
d) Démontrer
La démonstration est une démarche scientifique qui s’appuie sur un raisonnement rigoureux et aboutit
sur une conclusion irréfutable.
e) Convaincre
Convaincre consiste à mettre en place une démonstration, un raisonnement. En d’autres termes, il
s’agira de s’adresser à la raison de votre interlocuteur, le raisonnement s’apparentant à la démonstration
scientifique dans un univers qui ne l’est pas automatiquement. L’axiome scientifique est alors remplacé
par des principes ou valeurs supérieurs qui sont partagés par tous.
f) Persuader
Persuader, au contraire, consistera à s’adresser à l’affect de votre ou vos interlocuteurs et se basera sur le
discours persuasif.
g) Délibérer
Délibérer c’est confronter les deux thèses en présence pour montrer la supériorité de l’une d’elle sur
l’autre.
h) Polémiquer
La polémique consiste à présenter essentiellement la thèse adverse pour la rabaisser, s’en moquer, en
montrer les limites ou le ridicule. La polémique s’appuiera essentiellement sur les registres ironique et
satirique.
i) La contre-argumentation ou réfutation
C’est l’ensemble des arguments qui constituent une réponse à un argument adverse qu’il soit formulé ou
par anticipation afin de montrer que l’argument adverse est irrecevable.
j) La contre-réfutation
La contre-réfutation est tout simplement une réponse à un contre-argument.
Deux éléments importants à ajouter
Les explications :
Les explications renforcent votre argumentation, elles permettent de mieux faire comprendre ce que
vous voulez dire.
Les exemples :
Les exemples quant à eux permettent de sortir de l’aspect purement théorique pour plonger votre
interlocuteur dans ne réalité plus concrète. Les exemples sont très importants car prouve la validité de ce
que vous dites.
Il y a deux types d’exemple :
- L’exemple argument: c’est un argument qui fait office d’argument
- L’exemple illustratif : comme son nom l’indique, il vient illustrer c'est-à-dire exemplifier un
argument pour lui donner plus de consistance et d’importance.
II. Comment argumenter ?
A. Convaincre par la logique
Les raisonnements
Convaincre par la logique, c’est mettre en place un raisonnement qui s’apparente au raisonnement
scientifique. Il existe différents types de raisonnement.
1. Le raisonnement inductif
Le raisonnement inductif se base sur la généralisation, il part de l’observation d’un cas particulier pour
en déduire une règle générale. Il consistera à affirmer que puisque c’est valable dans le cas X, alors cela
est vrai dans tous les cas.
2. Le raisonnement déductif
Le raisonnement déductif est exactement le processus contraire, il consiste à aller du général, admis
comme vrais ou valide, pour l’appliquer au cas particulier.
Le syllogisme est basé sur le raisonnement déductif :
Prémisse majeur : tous les hommes sont mortels
Prémisse mineur : et Socrate est un homme
Conclusion : donc Socrate est mortel
3. Le raisonnement analogique
Comme son nom l’indique, le raisonnement analogique s’appuie sur l’analogie, c’es à dire les similitudes
qui peuvent exister entre deux entités ou éléments. Il s’agira donc de transposer une idée valable dans un
domaine donné à un autre domaine afin de mieux faire comprendre.
Le raisonnement analogique est souvent explicatif, il permet de mieux appréhender une idée en faisant
appel à quelque chose de plus connu ou de plus édifiant.
Exemple : « le leader est à l’entreprise ce que la tête est au corps »
Ainsi faite, cette analogie entre leader et tête, permettra de mieux faire saisir l’importance d’un leader
dans la mesure où tout un chacun est capable de reconnaître combien un corps n’est rien sans la tête. Il
n’est donc plus nécessaire d’entrer dans des explications théoriques ardues, l’aspect vital de la tête dit
tout.
4. Le raisonnement dialectique
Qui dit dialectique, dit thèse, antithèse et synthèse. En réalité le raisonnement dialectique s’apparente
plus à une « fausse concession ». On s’attachera à étudier la thèse adverse par anticipation en lui
concédant quelques points.
Le raisonnement dialectique passe par trois étapes :
Etape 1 : Présentation de votre thèse par des arguments forts et imparables
Etape2 : anticipation de la thèse adverse par anticipation avec objectivité (ou apparente
objectivité)
Etape 3 : concession
Cette (petite) concession ne sert en réalité qu’à renforcer votre thèse de départ. D’une part en
montrant que vous maîtrisez parfaitement le sujet et d’autre part en montrant que vous savez faire
preuve d’objectivité.
5. Le raisonnement par l’absurde
Le raisonnement par l’absurde est un raisonnement mathématique qui ne pouvant prouver un résultat X
prouvera que le résultat Y est faux, cela induit que le résultat X est nécessairement vrai.
Transposé dans le domaine argumentatif vous montrerez donc que la thèse Y (thèse adverse) étant :
Intenable
Ridicule
Et ou absurde
Alors il va sans dire que votre thèse (X), comme dans un raisonnement mathématique, est la seule
valide et possible.
6. Le raisonnement par la réciprocité
Le raisonnement par la réciprocité est un autre raisonnement mathématique transposé à
l’argumentation. Pour simplifier, on dira que ce qui va dans un sens doit aussi aller dans l’autre. Des
paroles comme « aime pour ton frère ce que tu aimes pour toi-même » est basé sur la réciprocité.
7. Le raisonnement par la transitivité
Le raisonnement par la transitivité consiste à dire que puisque A= B et que B=C alors A est
nécessairement = C
A= ami de B
B= ami de C
Alors A est nécessairement l’ami de C
Exemples :
« Les amis de mes amis sont mes amis »
« Être libre c’est grandir et grandir c’est devenir responsable,
être libre c’est donc nécessairement être responsable »
Les arguments [logiques ]
On appellera argument logique, un argument communément admis et/ou fondé sur un consensus.
1. L’argument d’autorité [ou de témoignage]
L’argument d’autorité : comme son nom l’indique, l’argument d’autorité s’appuie sur l’autorité d’une
personne que l’on considère ainsi du fait de son statut ou de son expertise : un grand auteur, un
spécialiste, une autorité scientifique, politique ou autre.
L’argument de témoignage : lui se basera sur le témoignage d’une personne que l’on considère pour une
raison ou une autre comme digne de foi. (Des rescapés de guerre par exemple)
2. L’argument ad hominem
« Contre l’homme », l’argument ad hominem consistera à s’attaquer à la personne et non à ce qu’elle dit.
On attaquera ainsi la personne qui argumente ou l’autorité à laquelle elle fait référence pour démonter
son argument. L’argument ad hominem est par exemple très utilisé en politique : toute la campagne
américaine est basée sur l’attaque directe des faits, gestes et paroles de Donald Trump et non de son
programme politique.
3. L’argument par l’expérience
L’argument par l’expérience est fondé sur la dimension empirique et sur l’observation. L’expérience
vécue ou l’observation que tout un chacun peut faire d’un phénomène constituera une preuve. Ce sont
les faits qui font office de preuve. « Les réfugiés syriens sont de plus en plus nombreux. Tout le monde
a pu voir des réfugiés syriens »
4. L’argument basé sur la relation de cause à effet
Cet argument consistera à attribuer à un fait une cause directe ou lointaine pour l’expliquer.
« La violence des jeunes écoliers est due à banalisation de la violence dans les média »
B. Savoir aussi persuader
Le raisonnement et la logique ne sont pas suffisants, il est aussi nécessaire de faire appel aux arguments
d’ordre affectif. L’objectif de la persuasion aura pour objectif d’avoir un impact sur :
La sensibilité
Les émotions
L’imaginaire et
Les émotions
La persuasion consistera à un créer un climat de complicité et de connivence émotionnelle où l’affect
l’emporte sur la raison. La persuasion a son importance dans la mesure où l’on est plus facilement
de l’interlocuteur ou des interlocuteurs
persuadé par les émotions que convaincu par la raison d’autant plus que les émotions sont accessibles à
tous et sans effort.
Comment se met en place la persuasion ?
Savoir persuader passe par un travail sur soi, notre auditoire et le langage que l’on utilise.
1. Par un travail sur le locuteur (vous)
Lorsque l’on argumente oralement face à un public, il est important de savoir créer un climat dans
lequel les choses paraissent vraies pour ceux qui vous écoutent.
Ceci passe par votre capacité à :
Inspirer confiance
Paraître sympathique
Créer une réelle complicité avec l’auditoire (par l’humour par exemple)
Etre assertif mais en restant modeste
Montrer ou simuler votre objectivité
Savoir mettre en geste et en ton
2. Par l’implication de votre auditoire
Vous impliquerez votre auditoire en créant l’illusion que vous appartenez au même monde, qu’il ressent
ce que vous ressentez, que vous êtes complices émotionnellement parlant. Vous vous attacherez à
susciter chez lui les émotions que vous êtes censés ressentir :
La colère
L’indignation ou la révolte
La tristesse
La pitié
Le rire
La peur
En plus de la gestuelle et de la tonalité que vous utiliserez pour convaincre, il vous faudra user
judicieusement du langage. L’argumentation est basée essentiellement sur la rhétorique, sur votre
capacité à être éloquent. Savoir habiller votre langage est essentiel, user sans modération d’adjectifs,
adverbes mais aussi d’images métaphoriques amèneront l’auditeur à adhérer à son détriment malgré lui.
3. Par un travail sur le langage
Il existe un lexique important en français pour accentuer ce que l’on veut exprimer. Si l’on veut faire
ressentir que ce que l’on dit est vrai il est important d’user d’adjectif, verbe, adverbes ou noms adéquat.
a) L’expression de la vérité
Utiliser un langage adéquat fait de verbes, adjectifs ou adverbes renforcent l’impression de véracité, de
sincérité voire de compétence et/ ou contribuera au contraire à renforcer celle de la duplicité, de l’erreur
ou de la dissimulation chez l’adversaire.
Les adjectifs :
- Certain
- Probable/improbable
- Douteux
- Faux ….
Les verbes :
- La certitude : savoir/reconnaître…
- La probable : sembler/paraître…
- La possibilité : penser/croire…
- Le doute : douter
- La fausseté : prétendre/mentir/prétexter…
Les adverbes :
- Pour renforcer : indéniablement/certainement/ sans aucun doute…
- Pour atténuer : sans doute/probablement/peut-être…
Les modes
- Le conditionnel : pour le doute, la simple hypothèse ou supposition
- L’indicatif au contraire exprime la certitude, l’assurance et l’adhésion.
Les figures de style:
- La litote (exprimer le moins pour le plus) « elle n’est pas laide » pour dire qu’elle est très belle.
- L’hyperbole : exagération voulue : « c’est un lion » pour dire qu’il est très fort
- L’ironie : basée sur l’antiphrase elle permet de diminuer l’autre (idée ou personne) « on peut lui
faire confiance les yeux fermés » pour dire qu’on ne peut absolument pas lui faire confiance.
b) L’expression du jugement et de l’appréciation
L’argumentation se base sur l’expression d’un point de vue ou d’une opinion ardemment défendue.
Persuader consiste à amener l’autre à adhérer à votre point de vue, à le faire pénétrer dans votre monde
de valeur en créant une complicité. L’expression du jugement et de l’appréciation y contribuera
grandement en concourant à créer ce climat. Comme pour l’expression de la vérité, l’utilisation
d’adjectifs, adverbes ou substantifs savamment choisis enrichira votre argumentaire.
Les adjectifs mélioratifs, péjoratifs ou de mesure
- Grand/ petit
- Beau/lait
- Hideux/horrible
- Extraordinaire…
Les substantifs :
- L’horreur/abomination/ignominie/ monstruosité
- La beauté/ la pureté/ la somptuosité
Les adverbes
- Merveilleusement
- Terriblement
- Si, tellement
- (ô) combien…
c) L’expression des sentiments et des émotions.
Rappelons que la persuasion s’attache à créer un climat de complicité dans lequel vous amenez votre ou
vos interlocuteurs à ressentir votre colère, votre indignation ou votre joie. Pour cela il est important, au-
delà du ton et de la gestuelle, de savoir user d’un vocabulaire qui suggère les sentiments et émotions
que vous voulez partager.
Les adjectifs mélioratifs, péjoratifs ou de mesure
- Touchant
- Révoltant
- Déchirant
- Rassurant
- Emouvant
- Douloureux
Les substantifs :
- Douleur/ souffrance
- Terreur /phobie/peur
- Mal/ peine/ affliction/détresse/désespoir
- Amour/admiration/ haine/aversion/abomination
Les verbes :
- Craindre / être terrifié /regretter/ redouter
- Aimer/haïr/adorer/vénérer/abhorrer
d) L’expression de la volonté, la nécessité et le devoir
Les modes :
- Subjonctif
- Impératif
Les adjectifs:
- Nécessaire/primordial
- Obligatoire/impérieux
- Indispensable/nécessaire
- Interdit/réprouvé/tabou
Les verbes:
- Falloir
- Devoir
- Vouloir
- Refuser
- Exiger
- Nécessiter
Les adverbes:
- Nécessairement
- Obligatoirement
- Forcément
- Impérativement
- Inévitablement
- Infailliblement
Votre rhétorique s’appuiera aussi sur deux éléments importants que vous devez apprendre à manier : les
figures de style et les registres.
Les figures de style :
En plus d’habiller votre langage, les figures de style lui donnent de la profondeur et le personnalisent.
Les figures de style sont un ornement mais recèlent une véritable puissance de suggestion. Beaucoup
d’expression et de citation s’appuient sur des figures de style, à vous de varier comme il se doit et d’en
créer d’autre.
Petit rappel :
- l’ironie [raillerie ou moquerie consistant à affirmer le contraire de ce que l’on veut dire] « c’est
toujours un plaisir de tomber dans le ridicule »
- la litote : figure d’atténuation comme l’euphémisme qui consiste à dire le moins pour le plus.
« elle n’est vraiment pas laide » pour dire qu’elle est très belle. Ou le fameux « je ne te hais
point » de Corneille pour dire « je t’aime ».
- l’hyperbole : figure d’exagération qui permet de mettre en valeur. Toutes les expressions comme
« je meurs de faim », « folle de rage » ou « c’est une déesse » sont basées sur l’hyperbole.
- La métaphore : très utilisée : la métaphore permet de créer une image qui a une très grande
valeur de persuasion car l’image créée tout un monde. La métaphore comparera sans
comparatif : la comparaison dira « il est riche comme Crésus » quand la métaphore dira
simplement « la faucheuse avait arraché les petits et grands épis » (image comparant la mort à
une faucheuse arrachant les épis sans distinction d’âge).
- La répétition : répéter permet d’ancrer. User de répétition permettra donc de mettre en exergue
une idée. « Ces pauvres êtres que la vie a mis à terre, ces pauvres être que nul ne défend, ces
pauvres êtres que l’on voit se traîner ».
- L’oxymore : figure qui met côte à côte deux termes qui s’opposent. L’oxymore frappe l’esprit et
interpelle, objectif même de la persuasion. « ce silence assourdissant », « cette lumière noire »
- L’analogie ou la comparaison : comme son nom l’indique, c’est une figure qui consiste à
comparer deux éléments pour mieux faire comprendre ou interpeller. « ses yeux étaient comme
deux lames d’acier : brillants et froids »
Les registres :
Les registres littéraires permettent de donner une couleur, une tonalité à un texte, ils plongent votre
lecteur ou l’interlocuteur dans un état choisi : tristesse, intérêt, joie…
Ils permettent par un langage choisi, de personnaliser d’abord mais surtout d’humaniser vos paroles et
donc de susciter plus facilement les émotions visées. Il va sans dire qu’il faut varier les registres en
fonction de l’effet désiré :
- Didactique : pour expliquer un mécanisme, faire comprendre, faire saisir une idée complexe…
- Pathétique : pour susciter la tristesse la pitié et la compassion
- Polémique : pour déprécier, discréditer et moquer une personne et/ou ses idées
III. Renforcer votre argumentation ?
A. Par les chiffres
L’utilisation de chiffres dans votre argumentaire donne l’assurance à celui qui vous lit ou vous écoute
que vous maîtrisez d’abord et que ce que vous dites est vrai.
L’utilisation de chiffres peut se faire de plusieurs manières :
L’énumération d’abord : l’énumération donnera cette impression d’objectivité mais surtout de
maîtrise. L’esprit adore tout ce qui scande, et l’énumération est une très bonne manière de
découper et scander.
- « primo, deuxio, tercio… » « premièrement, deuxièmement, troisièmement » ou « de un, de deux
et de trois »
- Exemple : « primo le chiffre que vous avancez n’a rien à voir avec ce qui nous intéresse et deuxio
ce chiffre à supposer qu’il nous intéresse est faux »
Les données chiffrées : elles ont un très grand impact sur l’interlocuteur car allie à la perfection la
dimension rationnelle et émotionnelle. Les chiffres rassurent, donnent l’impression qu’ils sont
irréfutables. Ils prennent différentes formes, sachez varier et surtout sachez jouer avec les chiffres
pour mieux persuader :
- Un pourcentage : 50%
- Un rapport : 1 jeune sur 2
- Un chiffre : 30 millions de chômeurs
- Un graphique ou une courbe
Les données chiffres sont redoutablement efficaces, elles sont percutantes, donnent envie de vous faire
confiance et surtout donnent cette impression que l’on ne peut pas les discuter. Elles allient à la
perfection précision, objectivité et maîtrise.
B. Répondez aux arguments adverses
En situation d’argumentation en face à face, la force de vos arguments est loin d’être suffisante. Il est
important de répondre aux arguments de l’autre, et la réfutation est parfois bien plus importante que
l’argumentation elle-même. Pour cela il faut savoir repérer les bons arguments de votre adversaire pour
concéder et surtout reconnaître les faux arguments ou pire encore les arguments fallacieux.
Les faux arguments
On appelle faux argument un argument basé sur un raisonnement erroné.
1. Le faux argument de cause à effet :
Il s’agira, pour réfuter cet argument, de montrer
- Cas 1 : qu’il n’y pas de cause à effet comme il le prétend, et que ce qu’il appelle cause à effet
n’est en réalité qu’une simple coïncidence, un pur hasard dont on ne peut absolument pas
tirer une règle ou généraliser.
- Cas 2 : que l’effet dont on parle ne requiert pas simplement une cause X mais qu’il a besoin
d’un certain nombre d’autres paramètres pour avoir lieu ; en d’autres termes la cause X
n’induit pas nécessairement l’effet Y s’il n’y pas en plus les paramètres Z et T.
- Cas 3 : que la cause est en réalité l’effet, il s’agit donc d’inverser la cause l’effet. C’est la
technique la plus facile à faire mais surtout la plus saisissante. « ça n’est pas la délinquance
qui mène à l’échec scolaire mais bien l’échec scolaire qui est à l’origine de la délinquance de
beaucoup de jeunes »
2. L’analogie erronée
Pour démonter une analogie que l’on considère comme erronée, il faut parvenir à montrer que malgré
d’apparentes similitudes, les deux mondes comparés sont très différents et donc que cela ne prouve rien
malgré la joliesse ou la portée grandement didactique de l’analogie.
Le meilleur moyen de montrer qu’une analogie ne prouve rien est de proposer soi-même une analogie,
de préférence ridicule. Pour mieux montrer que les apparences sont trompeuses et que les différences
sont bien plus nombreuses que les similitudes.
3. La généralisation abusive
Pour réfuter une généralisation que vous considérez comme abusive, il vous faudra impérativement
relever d’autres cas qui remettent en cause la généralisation et montrer ainsi qu’un seul cas ne peut faire
office de règle absolue.
4. Un postulat de départ à démontrer
La personne donne pour vrai une idée ou un principe de départ, or ils restent encore à démontrer. Pour
réfuter un « faux postulat », il suffit tout simplement de le remettre en cause en montrant qu’il reste à
démontrer.
5. Faux syllogisme
Le faux syllogisme consiste soit à raisonner faux mais à partir de prémisses vraies ou à raisonner vrai à
partir de prémisses qui elles sont fausses. Dans les deux cas, il faut être attentif, car tout raisonnement
mis en place rapidement peut donner l’impression d’être vraisemblable.
Exemple connu de Ionesco : « tous les chats sont mortels or Socrate est mortel, donc Socrate est un
chat » ou encore « tout ce qui est rare est cher, or ce qui est bon marché est rare donc ce qui est on
marché est cher »
Prémisse fausse : « tous les hommes sont des menteurs, tu es un homme donc tu es un menteur »
6. L’argument ad hominem ou ad personam
L’argument ad hominem ou ad personam n’est pas un argument faux en soi, il repose sur une certaine
mauvaise foi, dans la mesure où l’on ne remet pas en cause un argument mais simplement la personne
pour des raisons parfois peu scientifiques.
Il s’agit alors simplement de s’attaquer soi-même à la personne qui en use en montrant d’abord qu’il est
toujours nécessaire de dissocier les personnes de leurs idées (les grands penseurs de l’histoire n’ont pas
toujours été de grands modèles de vertu) et en montrant ensuite que faute de pouvoir jeter le discrédit
sur à une idée on s’attaque lâchement à la personne, ce qui est plus facile mais inadmissible.
7. L’argument d’autorité
Comme pour l’argument précédent, l’argument d’autorité n’est pas spécifiquement faux, sauf si
l’autorité invoquée n’a jamais affirmé ce qu’elle est prétendue affirmer.
Mais l’erreur réside plutôt dans le fait de croire qu’une chose est nécessairement vraie uniquement
parce qu’une autorité l’affirme.
Bien que l’argument soit appelé argument d’autorité, l’autorité est toujours relative, rien n’est
absolu, donc tout est discutable, susceptible d’être remis en cause.
Plusieurs possibilités s’offrent à vous :
Proposer une autre autorité, une autre sommité affirmant exactement le contraire : permet
de montrer que l’autorité est toute relative.
Quand les propos sont mal utilisés, sachez recadrer en remettant les propos dans leur
contexte. Il n’est pas rare que les propos d’un auteur ou d’une sommité quelconque soient
déformés en étant utilisés hors contexte. Les journalistes sont les champions de la technique
en escamotant sciemment une partie du discours des interviewés.
Il se pourrait aussi que les propos de l’autorité en questions aient été mal compris : à vous de
savoir les restituer.
Autre cas: l’auteur a évolué dans sa pensée et que ce qu’affirme votre adversaire est dépassé
depuis longtemps, il vous faudra donc mettre à jour sa pensée.
Les arguments typiquement fallacieux
Quel que soit le type d’argument, il vous faudra dans tous les cas souligner la mauvaise foi qui en est à
l’origine.
1. La contre-vérité
On appelle contre-vérité, un événement, un chiffre ou des paroles qui s’imposent comme vrais alors que
l’événement n’a jamais eu lieu, le chiffre est erroné et les paroles jamais prononcées ou déformées.
Le plus difficile est de reconnaître la fausseté de la chose, une fois fait, il suffit de relever et de le
dénoncer.
2. L’opinion personnelle
Il n’est pas rare que lors d’un débat on érige une simple opinion personnelle en vérité universelle. Il
s’agira simplement pour vous de dénoncer et de remettre à sa juste place les propos de votre
interlocuteur.
3. L’amalgame volontaire
L’amalgame consiste à associer deux éléments qui ne sont pas censés l’être. L’amalgame aujourd’hui
le plus répandu dans les média reste l’islam et la violence. Il s’agira simplement de recadrer les
choses et de dissocier comme il se doit les éléments amalgamés.
4. L’argument d’ignorance
L’argument d’ignorance consiste à affirmer que tout ce qui n’a pas été prouvé comme vrai est faux et
inversement toute chose qui n’a pas été prouvée comme fausse est nécessairement vraie.
« Vous ne pouvez pas prouver que Dieu existe. C’est tout simplement parce que Dieu n’existe pas »
Réponse possible : « peut-on prouver alors qu’il n’existe pas ? C’est tout simplement que Dieu existe
alors »
5. Le faux dilemme
Argument qui consiste à enfermer l’autre dans deux explications ou deux choix possibles, alors même
qu’il en existe d’autres. Il vous faut en sortir en proposant d’autres alternatives à ces deux options.
« C’est blanc ou c’est noir » : « ça peut être gris, bleu ou vert »
« Soit tu es avec nous soit tu es contre nous » : « je ne suis pas contre vous mais je ne suis pas avec
vous sur tout ».
Les bons arguments
En argumentation on court le risque de se retrouver face un argument qui n’est ni faux, ni fallacieux
et qui est un excellent argument. Un argument bon et vrai n’induit pas nécessairement une thèse
parfaitement valide. Lorsque vous êtes en présence d’un argument que vous jugez indémontable ou
irréfutable, la meilleure stratégie restera la concession.
Je concède une partie ne veut pas dire que je nuis à ma thèse de départ
Au contraire savoir concéder peut contribuer même à fortifier votre point de vue dans la
mesure où cela vous rend plus objectif.
Lorsqu’un argument est bon et que vous contre argumentez à tout prix cela peut vous nuire
plus que cela ne vous rendrait service.
Les étapes à suivre pour la réfutation
Quel que soit le type d’argument avancé par votre adversaire il vous faudra réfuter, et pour cela
quelques étapes sont à suivre :
1. Reformulation de l’argument (ou des arguments) adverses :
Cette étape est cruciale, vous devrez tout à la fois donner un peu raison à l’autre mais tout en atténuant la
force de l’argument adverse. Si l’argument s’y prête vous pourrez user d’humour voire de caricature.
Par exemple, il n’est par rare que les défenseurs de la peine de mort avance l’argument pécuniaire ; la
prison coûterait trop cher au contribuable. La reformulation caricaturale « vous préconisez le meurtre
par soucis d’économie » a le mérite d’être choquante et exagérée mais l’effet recherchée est là : elle
ridiculise le point de vue adverse en faisant croire que pour lui l’argent est plus important qu’une vie
humaine.
2. Critique ou concession
Vous critiquerez lorsque l’argument est faux ou fallacieux, et concéderez lorsque l’argument vous semble
pertinent.
3. Votre argument (en faveur de votre propre thèse)
Une fois la critique ou la concession faite, il vous faudra avancer votre propre pion, à savoir votre
argument. L’argumentation est à la fois faite de réfutation et d’argumentation.
4. Conclusion
Lorsque vous êtes en fin d’argumentation, il vous faut finir par une conclusion montrant clairement les
deux points de vue et la supériorité du vôtre.