Introduction - Cesson Retraite Active · 3 3 Rappels historiques Le Gallo s’est formé depuis...

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Introduction :

Si randonner reste la raison essentielle de notre activité « Marche », il n’en demeure pas moins que parler, dialoguer, échanger ont une importance majeure au sein de nos différents groupes. Personne ne me contredira ! Les thèmes abordés sont légion : expériences personnelles, informatique, recettes de cuisine jusqu’à la dernière histoire …polissonne ! (J’aurais l’élégance de ne pas citer les spécialistes de cette dernière rubrique, ils se reconnaîtront !) Beaucoup de nos camarades sont originaires de Haute-Bretagne ou de Mayenne. Au cours de nos randonnées, il leur arrive de laisser échapper un mot, une expression, une interjection que parfois j’ai du mal à saisir. Les interrogeant sur le sens et l’origine de leur façon de s’exprimer, leur réponse est invariable : « C’est du Gallo, une sorte de patois, du vieux français… ». Une certaine gêne accompagne leur explication comme si ce patois auquel ils faisaient référence était un parler primaire réservé à des personnes peu évoluées ou un jargon dérivé d’une langue mal assimilée, à savoir le Français. Même si, à première vue, mon nom et mon accent ne m’y prédisposent pas , j’ai décidé d’en savoir plus sur ce « patois » nommé Gallo. Beaucoup de linguistes ne reconnaissent pas le mot « patois ». Pour eux, il n’y a que des langues ayant plus ou moins de locuteurs. Le Larousse de la Langue Française donne la définition suivante du mot langue : « Système structuré de signes vocaux (ou transcrits graphiquement) utilisé par les individus pour communiquer entre eux ». Cette définition colle à la réalité : le Gallo est bien un système organisé qui a permis aux habitants de cette région d’échanger entre eux durant des siècles et même des millénaires. Dormez en paix indigènes de Haute-Bretagne et des environs, le parler transmis par vos aïeux est une langue à part entière, ne la reniez pas, soyez-en fiers ! Léon GEORGESCO

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Rappels historiques Le Gallo s’est formé depuis l’Antiquité à partir d’une langue originelle parlée par une communauté humaine dans une aire bien définie. Depuis, cette langue s’est enrichie, modelée, transformée au gré de sa pratique et des influences extérieures. Connaître les grandes étapes de son histoire permettra de mieux en comprendre l’évolution. Résumer plus de 2000 ans d’histoire en quelques lignes n’est pas sérieusement envisageable. Ce qui suit n’est qu’un rapide et sommaire survol : le Néolithique, l’arrivée des Celtes, l’époque Gallo-romaine suivie de l’invasion des peuples germains Francs, Saxons, Vikings. Cela suffira à comprendre comment, au fil des siècles, une langue s’est construite pour devenir cette langue originale que l’on appelle le Gallo.

Le Néolithique

Suite au réchauffement climatique, l’homme se sédentarise. De chasseur-cueilleur nomade, Il devient agriculteur-éleveur sédentaire. Cette pratique devient effective dans l’actuelle Bretagne aux environs de - 4500 ans. Ce changement de mode de vie amène ces anciens nomades à vivre en petits groupes structurés. Ils communiquent entre eux au moyen de langues dont il ne reste bien entendu aucune trace. Le taux de peuplement est faible : on estime de 150 000 à 300 000, le nombre d’individus se partageant le territoire de la Bretagne.

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L’époque celtique Vers -700 ans, les Celtes, peuple venu d’Europe Centrale, occupent la quasi-totalité de l’actuelle France.

5 tribus s’établissent sur les 5 départements de la Bretagne historique : les Coriosolites, les Redones, les Namnètes, les Vénètes et les Osismes. Il est difficile d’estimer le nombre de ces nouveaux arrivants. Ils parlent tous une langue celte avec des variantes propres à chaque tribu.

L’époque gallo-romaine Sous les ordres de Jules César, les armées romaines pénètrent sur le territoire de l’actuelle France. En – 51, après quelques années de résistance, les peuples celtes sont vaincus. Ce nouveau territoire devient la Gallia, d’où le nom de Gaulois qui désigne globalement ses habitants. L’actuelle Bretagne est l’Armorica où vivent les 5 tribus armoricaines. Il est à noter que l’actuelle Grande-Bretagne, nommée Brittania par les romains est peuplée par les Brittons que l’on appellera plus tard les Bretons. Après les affrontements de la conquête, une nouvelle civilisation voit le jour, celle des Gallo-romains. L'occupation de la Gaule par les Romains dure à peu près 400 ans. Le latin populaire est parlé dans les villes. Il est utilisé pour la rédaction des actes officiels. Les différents peuples celtes réagissent inégalement à cette romanisation mais, à des degrés divers, toutes leurs langues se latinisent. Ils utilisent le latin à leur façon, avec leur accent, leur prononciation tout en conservant les bases de leur parler d’origine.

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Arrivée des Bretons

Au Vème siècle, L’Empire Romain d’Occident disparait, anéanti par les attaques successives de peuples venant de l’Est. Très rapidement les institutions gallo-romaines s’effondrent. Les Bretons de la Britannia subissant les invasions des peuples germaniques Angles et Saxons, émigrent en masse en Armorique. Ils parlent des idiomes celtes ce qui facilite le contact avec leurs « cousins » du Sud. L'arrivée des Bretons se traduit par

une « receltisation » linguistique de la

péninsule où le gaulois s'était

« latinisé » du fait de l’occupation

romaine.

Les grandes invasions

A partir du IVème siècle, différents peuples envahissent la Gaule : Goths, Wisigoths, Ostrogoths, Vandales, Huns, Francs, Saxons s’installent sur son territoire ou le traversent. C’est une période d’instabilité, les peuples se replient sur eux-mêmes tout en subissant les influences étrangères. Les langues locales s’enrichissent de nouveaux termes.

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Un général romain, Syagrius, tente de maintenir un état gallo-romain. La limite Ouest de son royaume est intéressante : elle délimite quasiment la frontière actuelle entre la région de parler Gallo et celle des « bretonnants ». Sa tentative sera de courte durée : le roi franc Clovis 1er, l'emporte sur Syagrius de manière définitive à la bataille de Soissons en 486. Les Francs parlent le Francique, une langue germanique. Après la conversion au catholicisme de leur chef Clovis, ils vont adopter la langue gallo-romaine et le latin, qui devient le véhicule de la vie religieuse. Le vocabulaire des langues locales s’enrichit de nombreux mots germaniques.

Au Xème siècle, les incursions Vikings en Bretagne laissent des traces dans les langues locales. On retrouve des mots Norrois dans le vocabulaire Gallo contemporain.

Le Moyen-âge

Le système féodal de cette époque favorise le maintien des langues régionales. Si le pouvoir central tente d’imposer une langue nationale, le peuple continue à parler la langue des anciens. A la fin du XIIème siècle, c’est la langue d’Ile-de-France qui est adoptée par la cour du roi. Son prestige s’étend, mais reste la langue de l’administration et des intellectuels.

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La Renaissance

Dès le XVème siècle, le pouvoir central ressent le besoin de disposer d’une langue unique. En 1539, François 1er prend la célèbre « Ordonnance de Villers-Cotterêts » : le français remplacera désormais le latin dans tous les documents administratifs. Tous les textes officiels seront rédigés en "langage maternel François ». Dans le même temps, les auteurs littéraires se mettent aussi au français. Le terme « François » désigne la langue de l’Ille de France. Sur tout le reste du territoire, l’immense majorité du peuple continue à pratiquer journellement sa langue traditionnelle.

Article 111

De prononcer & expedier tous actes en langage françoys.

Et pource que telles choses sont souventes fois advenues sur l'intelligence des

motz latins contenus esdictz arrestz, nous voulons que doresnavant tous

arrestz ensemble toutes autres procedures soient de noz courz souveraines ou

aultres subalternes & inferieures, soient de registres, enquestes, contractz,

commissions, sentences, testamens et aultres quelzconques actes & exploictz

de justice, ou qui en dependent, soient prononcez, enregistrez & delivrez aux

parties en langage maternel françois et non autrement.

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L’époque moderne

Le pouvoir central continue à œuvrer en faveur d’une langue française unique. L’orthographe, la prononciation sont définies. En 1635, Richelieu fonde l'Académie française, chargée de créer un dictionnaire et une grammaire.

Un siècle plus tard, la République « une et indivisible » déclare la guerre à ce que l’on appelle les « patois ». L’Abbé Grégoire est chargé de s’attaquer à ce problème. Il rédige le « Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française ». Il est présenté à la Convention nationale le 4 juin 1794 (16 prairial an II).

Le Français progresse dans les villes, mais reste ignoré dans les campagnes, les langues ancestrales ne sont pas affectées par cette mesure jacobine. Et le Gallo continue à vivre sa vie de langue vivante !

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Dans la France du 19ème siècle, la langue française gagne du terrain, mais on parle encore les langues régionales à 80% dans la plupart des circonstances de la vie quotidienne. Les lois Jules Ferry sur l'école primaire votées en 1881-1882 sous la Troisième République rendent l'école gratuite (1881), l'instruction obligatoire et l'enseignement public laïque (1882). L’enseignement, donné en français, diffuse ainsi l'usage d'une même langue. A l’école, l’usage de la langue locale (que ce soit le breton, le Gallo, l’auvergnat, l'occitan ou l'arabe et le kabyle en Algérie) qualifiée de « patois », est interdit. Les instituteurs, formés à l’Ecole Normale ,surnommés les « « Hussards noirs de la République », sont les artisans de cette francisation. Les petits français parlent français à l’école, mais continuent à pratiquer leur langue la langue de leurs aïeux à la maison.

Aujourd’hui

Aujourd’hui, la France a une seule langue officielle, le français, qui est parlé, écrit, compris par la majorité des citoyens. En 1951, la loi Deixonne introduit le basque, le breton, le catalan et l’occitan dans l'enseignement. D'autres langues suivront : le corse en 1974, le tahitien en 1981, quatre langues mélanésiennes (l'ajië, le drehu, le nengone et le paicî), en 1992, le Gallo, le francique et l'alsacien en 1992.

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Les langues régionales Différentes langues sont parlées dans toutes les régions de France. Certaines ont les mêmes origines et ont des similitudes, d’autres sont originales.

- Les langues romanes

Ce sont les langues issues du latin vulgaire, celui qui était utilisé dans la communication de tous les jours. On distingue :

- Les langues d’oïl Les langues d’oïl sont les langues parlées dans la moitié nord de le France. Leurs origines celtiques y sont plus présentes et l’influence germanique plus marquée.

- Le franco-provençal - Les langues d’oc

Ce sont les langues les plus influencées par le latin

- Le catalan - Le corse

- Les langues germaniques franciques)

- La langue celte Le Breton est la seule langue celte encore parlée en France

- Le basque

L’Euskara est un « isolat », langue dont on ne peut démontrer de filiation avec

d'autres langues vivantes. Le Basque est sans doute la plus ancienne langue

d’Europe « in situ ».

Le Gallo est une langue romane de la famille des langues d’oïl

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Le Gallo

Son nom prête à confusion. Il est courant de le faire dériver des mots « gaulois » ou « gallo-romain ». Son origine est tout autre : Gallo vient d'une racine celtique « gall », signifiant « étranger ». Ce sont les bretons qui ont désigné ainsi la langue de leurs voisins.

Aire géographique :

A l’ouest, la « frontière » est assez marquée car il est aisé de faire la différence entre une langue celte, le Breton, et une langue romane, le Gallo. Elle se situe sur une ligne allant de Plouha, au nord, jusqu’à la presqu’île de Rhuys, au sud. A l’est, la délimitation est plus floue : il est moins évident de différencier des langues ayant la même origine latine et appartenant toutes à l’ensemble des langues d’oïl. Il y a des zones de chevauchement.

Situation actuelle Le nombre de locuteurs est difficile à évaluer. On estime que 5% de la population de la Bretagne historique parle le Gallo. Il est intéressant de noter que le pourcentage parlant le Breton est du même ordre, 6%. C’est une langue qui est en voie d‘extinction. L’UNESCO la classe en « langue en danger ». De nombreuses associations tentent de stopper cette disparition. Le Gallo est enseigné dans les écoles et à l’université.

Conclusion L’histoire de la Haute-Bretagne prise en compte, il est difficile de ne pas accorder au Gallo, moyen ancestral de la communication, son statut de langue à part entière. La situation critique dans laquelle il se trouve ne lui enlève en rien de son importance ni de sa singularité. Il fait partie du patrimoine culturel de la Haute-Bretagne. (Suite…)

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ANNEXES 1 - Avis d’une éminente spécialiste Voici quelques prises de position d’Henriette Walter, linguiste française, professeur émérite de linguistique à l'université de Haute-Bretagne à Rennes, et directrice du laboratoire de phonologie à l'École pratique des hautes études à la Sorbonne, qui a étudié le Gallo : A - Interview donné sur le Site 7SEIZH le 1er décembre 2014

- Pouvez-vous revenir en quelques mots sur les origines du Gallo ?

- Henriette Walter : Le Gallo est la manifestation du latin tel qu’il a évolué en Haute­Bretagne.

- Pourquoi peut-on parler de langue gallèse ?

- HW : Le gallo répond en tous points à la définition d’une langue, telle qu’elle a été définie par le grand linguiste du XXe siècle André Martinet : ” Une langue est un instrument de communication selon lequel l’expérience humaine s’analyse, différemment dans chaque communauté, en unités douées d’un contenu sémantique, les monèmes, et d’une expression phonique; cette expression phonique s’articule à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes, en nombre déterminé dans chaque langue, dont la nature et les rapports mutuels diffèrent eux aussi d’un langue à l’autre”.

Cela signifie que dialectes et patois sont des langues à part entière. - Quelle est la politique langagière de la France depuis la révolution française ?

- HW : Après avoir été une politique de chasse aux langues régionales, on constate aujourd’hui une politique en faveur de celles-­ci.

- Quel est le problème actuel de la Bretagne en ce qui concerne le maintien de la langue gallèse ?

- HW : Sa proximité géographique avec la Bretagne celtique, où le breton a de tout temps été reconnu comme une marque identitaire séculaire, et qui lui a fait de l’ombre, mais surtout l’omniprésence de la langue française, dont l’évolution a été proche, et qui, depuis des siècles, a fait du tort à toutes les langues régionales

- Dans quelle mesure, l’apprentissage du gallo est important ?

- HW : Pour ne pas perdre une partie de notre patrimoine linguistique

- Comment pensez-­vous qu’il est possible de donner un avenir à cette langue ?

- HW : En l’aimant et en étant fiers de la parler et de la transmettre.

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- A titre personnel, pourquoi avez-vous porté un intérêt à cette langue ?

- HW : A ma nomination comme professeur de linguistique à l’université de Haute­-Bretagne Rennes 2, j’ai été très contente de pouvoir enfin mieux connaître cette langue que je ne connaissais, alors, que par des manuels de linguistique romane. (Interview donné au Site 7SEIZH) B - Interview publié dans Breizh/Bretagne, Brezhoneg/Langue bretonne, le 7 novembre 2006)

Henriette Walter : « Langues, patois, dialectes, c’est la même chose dans le fond. Tout ça, ce sont des langues, des instruments de communication doublement articulé avec des sons (phonèmes) et des mots (monèmes). Lorsqu’une langue se répand sur un grand territoire, des différenciations apparaissent. Lorsque le latin s’est répandu dans l’Empire romain, il s’est dialectalisé et des langues sont nées ainsi, telles que le gallo, l’italien, le français, le toscan, le milanais... La dialectalisation crée parfois des différences de village à village, sur de petits territoires. Alors on parle en français de “patois”. On peut donc parler de patois qui se réunissent pour former un dialecte et de dialectes qui se réunissent pour former une langue. L’idée que les patois seraient moins bien qu’une langue est fausse. Pour les linguistes, ce n’est pas une question de valeur mais de quantité de gens et de territoire sur lequel cette langue est parlée. Parler un patois, ce n’est pas mal, au contraire, c’est intéressant car dans les patois se sont maintenues d’anciennes distinctions, d’anciens mots, qui ont disparu dans la langue commune. Au contraire, il faut rappeler aux gens que c’est un honneur de parler patois. Il faut en être fier. C’est ce que disent les linguistes, il ne faut écouter les autres » « Le gallo est une langue qui a souffert, à l’Est, à cause du français, langue de l’Etat, et à l’Ouest, à cause du breton, considérée comme une vraie langue alors que le Gallo a longtemps été perçu comme un patois, pas comme une langue. Il faut replacer le Gallo dans l’ensemble des langues de France avec ce renouveau pour la recherche de l’identité, des racines. Depuis une trentaine d’années, des associations essaient de mettre en relation des gallèsants, plutôt âgés, et les enfants. Les petits-enfants ont envie de connaître la langue de la grand-mère ou du grand-père, avec un échange qui leur fait connaître des choses anciennes de leur région, de leurs traditions. Mais il y a quelques problèmes, comme celui de la graphie. Chaque personne qui veut écrire une histoire voudrait représenter toutes les nuances de sa manière de parler. Mais toute cette diversité ne peut être rendue par l’écriture. Il faut accepter que la langue écrite ne représente pas toujours exactement la façon de parler. C’est vrai pour toutes les langues Il faut accepter une écriture gallèse normalisée, mais on n’y est pas encore”. (Suite…)

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2 - VOCABULAIRE (Extrait du site : « Gallo » https://fr.wikipedia.org/wiki/Gallo Voici quelques exemples du vocabulaire Gallo. Il ne s’agit pas d’un lexique, seulement de quelques exemples pris au hasard qui font ressortir les différentes influences qui ont modelé et construit cette langue.

Origine romane

GALLO FRANCAIS LATIN

anae, anet, anuit aujourd’hui hodie

astoure, asteure maintenant hac hōra

Biqe,biqhe biche, chèvre beccus

avette abeille apis

chaer tomber cadēre

cherir caresser carus

chomë dresser, placer debout, lever caumāre

ferzé, féza chouette praesāga

frilouz, ferdillouz frileux frilosus

goule bouche, gueule, visage gŭla

grôlle corbeau gracŭla

guerouë geler gelāre

hane pantalon, vêtement habitus

huchë crier huccāre

mitan milieu medius

ouaille brebis ovis Loire-Atlant.

pearchaine prochaine proximus

peirr, pairr poire pira

pllée pluie plŏia

soulai, sourai, soulé soleil solicŭlu Latin de Gaule

(Suite…)

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Origine celtique

GALLO FRANÇAIS ORIGINE VIENT DE :

balay genêt gaulois balagiu, banatlo ou balayum)

beroui brûlé breton bervi (bouillant)

berlu digitale breton berlu

boettë mettre de l'appât breton boued (nourriture)

bourrië déchêts gaulois borua

cariquelle chariot, carriole breton karrigell

craïssant carrefour breton kroaz-hent

cutë cacher gaulois cud

droë ivraie gaulois drauca

nâche place d'un bovin dans l'étable gaulois nasca

oualë pleurer breton gouelañ

pobran bouton-d'or breton pav-bran

pyé scion gaulois pláxa

pyëss champ gaulois pĕttia

trinchon oseille breton triñchon

Origine germanique

GALLO FRANÇAIS ORIGINE VIENT DE :

brou, brao lierre francique brŭst

fër paille francique fŏdr

greyë atteler, équiper norrois greja

jou, jok, jouk perchoir francique jŭk

loj, loch hangar francique laubja

ro, rou osier francique raus

(Suite…)

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3- UNE PETITE HISTOIRE D’ANTAN (Suite …..)

Un village d’Ille-et-Vilaine, le mercredi 19 octobre 1892, il est 16h00, l’école est

finie. Le petit Albert sort de l’école. La journée a été difficile. L’instituteur est très

sévère. Albert a été puni, il a passé le temps de la récréation au piquet : il avait osé

parler comme à la maison, comme ses parents.

Accompagnés de quelques camarades, ils traversent le bourg en échangeant

quelques phrases dans cette langue bizarre que le maître leur apprend depuis la

rentrée. A peine arrivés dans la campagne, ils retrouvent les mots qu’ils

connaissent depuis toujours. Et avec ces mots, la joie de vivre et de s’amuser.

Au repas du soir assis autour de la table de la salle commune, ils partagent la soupe

et le morceau de lard en famille.

Le père, curieux d’entendre cette langue étrangère, demande à Albert de dire

quelques mots :

« Bonjour, comment allez-vous ? Je m’appelle Albert »

Les exclamations et les rires fusent devant cette façon bizarre de parler.

En bout de table, le grand-père, le patriarche, prend la parole. Le silence se fait

aussitôt :

« Min conment q’i caozz , l’onm-la ? Dedd you q’i vièn, don ?

Ecoutt don mon garc, tu peû t·rjou aprendd le parlement-la, sa poura t sèrvi pourr

viaïjë. Min oubli pouint jamin conment q’i caozein l-z ançièn, conm i caozë mon

pérr, e son pérr, e corr son granpérr ! »

Traduction en Gallo effectuée grâce à l’aimable collaboration du site :

« Chubri » du galo pourr astourr

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4 – FICTION Et si on refaisait l’histoire ?

• - 700 : Les Celtes migrent vers l’ouest. La tribu des Redones fondent la ville de Condate*

• - 51 : Jules César conquiert la Gaule.

• -51 à 450 : Civilisation Gallo-Romaine. Les langues celtes régionales se latinisent.

• 300 à 400 : Des peuples germaniques venus de l’Est envahissent la Gaule

• 486 : Le général Syagrius tente de résister. Il recule sous les assauts de l’armée des Francs. Il

se replie vers sa capitale Civitas Redones* (ex Condate). Il est battu par leur roi, Clovis. A lieu

l’épisode du Vase de Cesson (on lui adjoindra plus tard Sévigné). Les Francs se convertissent et

adoptent le latin comme langue officielle. Leur langue germanique, le Francique, imprègne le

vocabulaire local.

• 12ème siècle, le Gallo est adopté par la cour du roi. Son prestige s’étend, mais reste la langue

de l’administration et des intellectuels.

• En 1539, François 1er prend la célèbre "Ordonnance d’Ercé-près-Liffré » : le Gallo remplacera

désormais le latin dans tous les documents administratifs.

• 1635, Richelieu fonde l'Académie Gallèse, chargée de créer un dictionnaire et une grammaire

• 4 juin 1794, l’Abbé Grégoire rédige le « Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir les

patois et d'universaliser l'usage de la langue Gallèse.

• 1881-1882 : sous la Troisième République, les lois Jules Ferry rendent l'école gratuite (1881),

l'instruction obligatoire et l'enseignement public laïque (1882). L’enseignement, donné en

Gallo, diffuse ainsi l'usage d'une même langue. A l’école, l’usage de la langue locale qualifiée

de « patois », est interdit.

• Aujourd’hui, la France a une seule langue officielle, le Gallo, qui est parlé, écrit, compris par la

majorité des citoyens.

Le Francien, parlé en Ille-de France est classé par l’UNESCO comme langue en danger.

*Rennes