Introduction à l'épistémologie objectiviste 1° partie - chapitres 1 à 5

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    seule caractristiqueidentique ( commencer par leurs empreintes digitales). Si vous faites la listeexhaustive de ces caractristiques particulires, vous n'en trouverez pas une seule qui reprsente lhumanit . O se trouve donc l humanit dans les tres humains ? Qu'est-ce quil y a, dans laralit, qui correspond au concept d homme dans nos esprits ?

    Dans l'histoire de la philosophie, on trouve essentiellement quatre coles de pense sur cette question:

    1. Les ralistes extrmes ou platoniciens, qui prtendent que les abstractions existeraientcomme des entits relles ouarchtypes dans une autre dimension de la ralit ; que les objetsconcrets que nous percevons ne seraient que leurs reflets imparfaits, mais que ces objetsconcrets voqueraient ces abstractions dans nos esprits (d'aprs Platon, ils le feraient grce ausouvenir des archtypes que nous avions connus, avant notre naissance, dans cette autredimension).

    2. Les ralistes modrs dont l'anctre, malheureusement, est Aristote, qui tiennent que le

    abstractions existent dans la ralit, mais qu'elles n'existeraient qu' l'intrieur des objetsconcrets, sous la forme d'essences mtaphysiques, et que nos concepts se rfreraient cesessences-l.

    3. Les nominalistes , qui affirment que l'ensemble de nos ides ne serait faite que des imagdes objets concrets, et que les abstractions ne seraient que les noms que nous donnons deregroupements arbitraires de faits concrets sur la base de vagues ressemblances.

    4. Les conceptualistes , qui partagent l'ide des nominalistes comme quoi les abstractionsn'auraient aucun fondement dans la ralit, mais, qui tiennent que les concepts existeraient danos esprits comme des espces d'ides et non en tant qu'images(il y a aussi la position nominaliste extrme, la moderne, qui consiste dclarer que le problmserait un dbat sans objet, la ralit un terme dpourvu de sens, que nous ne pourrions jamais savoir si nos concepts correspondent ou non quoi que ce soit, et que notre connaissanest faite de mots, mais que ceux-ci ne seraient que convention sociale arbitraire).

    Si le problme, la lumire de telles solutions , pourrait paratre sotrique, permettez-moi de vourappeler que le sort des socits humaines, de la connaissance, de la science, du progrs et de toutel'existence humaine en sont dpendants. Ce qui est en jeu ici est l'efficacit cognitive de l'esprit humai Comme je l'avais crit dans For The New Intellectual ,

    pour nier l'esprit de l'homme, c'est le niveauconceptuel de sa conscience dont il faut nier lavalidit. Derrire toutes les tortueuses complexits, contradictions, quivoques, rationalisationde la philosophie depuis la Renaissance, la seule ligne cohrente, le fondement qui explique lereste, est :une offensive concerte contre la facult conceptuelle de l'homme.

    La plupart des philosophes n'entendaient pas disqualifier la connaissance conceptuelle, maisses dfenseurs ont fait davantage pour la dtruire que ne lont fait ses ennemis.

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    Ils se sont montrs incapables de fournir une solution au problme des universaux , c'est--dire : de dfinir la nature et l'origine des abstractions, de spcifier le lien des concepts avec lesdonnes de la perception et de prouver la validit de l'induction scientifique... les philosophont t incapables de rfuter l'affirmation du Chamane, comme quoi leurs concepts taient ausarbitraires que ses propres lubies, et que leur connaissance scientifique n'avait pas plus de

    validit mtaphysique que ses rvlations. Voil les raisons pour lesquelles j'ai choisi de vous initier l'pistmologie objectiviste en vous prsentant ma thorie des concepts. J'intitule cet ouvrage une Introduction parce que j'y prsentecette thorie en-dehors de son contexte entier. Par exemple, je n'y inclus pas une discussion de lavalidit des sens de l'homme, dans la mesure o les arguments de ceux qui sen prennent aux sens nesont que des variantes du sophisme du vol de concepts[1] .

    Pour cette srie d'articles, il faudra tenir pour acquise la validit des perceptions sensorielles et sesouvenir de l'axiome quel'existence existe (lequel, incidemment, est une manire de traduire sous laforme d'une proposition, et par consquent d'un axiome, le fait primaire de l'existence). Veuillez

    conserver l'esprit la dclaration dans son intgralit : L'existence existe et l'acte de comprendre cette affirmation implique deux axiomescorollaires : que quelque chose existe, que l'on peroit, et que soi-mme on existe dot d'uneconscience, la conscience tant la facult de percevoir ce qui existe ( Atlas Shrugged ).

    Pour la commodit du lecteur, un rsum du texte est fourni la conclusion de cet ouvrage.

    Ayn Rand, New York, juillet 1966.

    1. La connaissance et la mesure La conscience, en tant qu'tat d'attention au monde, n'est pas un tat passif, mais une dmarchedynamique qui consiste en deux activits essentielles :la diffrentiation et l'intgration. Mme si, chronologiquement, la conscience de l'homme se dveloppe en trois tapes celle dessensations, celle des perceptions, et celle des concepts pistmologiquement, le point de dpart detoute la connaissance humaine est celle des perceptions . Les sensations en tant que telles ne se conservent pas dans la mmoire de l'homme, de mme qu'un

    tre humain ne peut pas ressentir une sensation pure et isole. Pour autant qu'on puisse s'en assurer,l'exprience sensorielle d'un nouveau-n est un chaos indiffrenci. C'est au niveau des perceptions qcommence la conscience discriminante. Une perception est un groupe de sensations automatiquement conserves et intgres par le cerveau d'uorganisme vivant. C'est sous la forme de ces perceptions que l'homme reoit le tmoignage de ses senet apprhende la ralit. Lorsque nous parlons de perception directe ou de conscience immdiat, c'est du niveau des perceptions que nous parlons. Ce sont les perceptions, et non les sensations, q

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    sont le donn, l'vident. La connaissance des sensations en tant que composantes des perceptions n'es pas directe, l'homme l'acquiert beaucoup plus tard : c'est une dcouverte scientifique, une dcouverteconceptuelle. La composante lmentaire du savoir humain est la notion d existant de quelque chose qui

    existe, qu'il s'agisse d'une entit, d'un attribut ou d'une action.Comme il s'agit d'un concept, on ne peut pas le saisir explicitement avant d'avoir atteint le stadeconceptuel. Cependant, elle est implicite dans toute perception (percevoir une chose cest percevoir qu'elleexiste ) et on l'apprhende implicitement au niveau des perceptions c'est--dire que lon saisles composants du concept d existant , les donnes qui devront par la suite tre intgres par leconcept. C'est cette connaissance implicite qui permet notre conscience de se dvelopper plus avant(on pourrait supposer que le concept d existant est implicite y compris au niveau des sensations dans la mesure o la conscience est capable de discriminer ce niveau-l. Une sensation est la sensatdequelque chose , qui se distingue du rien qui prcdait et qui suivra. Une sensation ne nous dit pascequi existe, mais seulementque cela existe.

    Le concept (implicite) d'existant suit trois tapes quand il se dveloppe dans l'esprit de l'homme.La premire tape est la conscience qu'un enfant a d'objets, de choses, qui reprsentent(implicitement) le concept d'entit . La deuxime tape, troitement lie, est la conscience de choses spcifiques, particulires qu peut reconnatre et distinguer du reste de son champ perceptif laquelle reprsent l identit implicite du concept. La troisime tape consiste saisir les relations entre ces entits en comprenant les similitudeset les diffrences entre ces entits. Cela ncessite de transformer le concept (implicite) dentit en celui d unit :

    Lorsqu'un enfant observe que deux objets (qu'il apprendra plus tard dsigner comme des tables ressemblent entre eux, mais sont diffrents de quatre autres objets (des chaises ), son esprit seconcentre sur un attribut particulier des objets (leur forme ) puis il les isole en fonction de leursdiffrences, et il les intgre en tant qu'units dans des groupes spars en raison de leurs ressemblance Cela, c'est la cl, la porte d'entre pour le niveau conceptuel de la conscience humaine. Etre capablede considrer des entits comme des unitsest la mthode de cognition spcifique de l'homme , et que lesautres tres vivants sont incapables dimiter. Uneunit est un existant que l'on considre comme le membre distinct d'un groupe de deux ou plusieurs membres similaires (deux cailloux reprsentent deux units ; tout comme deux mtres carrde terrain, si on les considre comme la partie distincte d'une tendue continue). Notez que le concepd unit implique un acte de la conscience -- une attention slective, une certaine manire deconsidrer les choses, mais qu'il ne s'agit pas d'une cration arbitraire de cette conscience : c'est unemthode d'identification ou de classement qui se fonde sur les attributs qu'une conscience observe dala ralit. Cette mthode autorise toutes sortes de rangements et de classifications croises : on peutclasser les choses d'aprs leur forme, ou leur couleur, ou leur poids, ou leur taille ou leur structure

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    atomique ; cependant, le critre de classification n'est pas pure invention : c'est dans la ralit qu'on peroit.Ainsi, le concept d unit est un pont entre la mtaphysique et l'pistmologie : les units n'existe pas en tant qu'units ; ce qui existe ce sont deschoses , maisles units sont des choses qu'uneconscience considre au sein de certaines relations.

    En saisissant le concept (implicite) d unit , on atteint le niveau conceptuel de la cognition, quiconsiste en deux domaines lis entre eux : leconceptuel et lemathmatique. Le processus de formationdes concepts est, dans une large mesure, un processus mathmatique. Les mathmatiques sont la science de lamesure. Avant de poursuivre vers le sujet de la formation desconcepts, considrons d'abord celui de la mesure.Mesurer est identifier une relation, relation quantitative tablie au moyen d'un talon qui sert d'unit.Les entits (et leurs actions) se mesurent par leurs attributs (la longueur, le poids, la vitesse, etc.) ela norme de la mesure est une unit spcifie concrtement qui reprsente l'attribut correspondant.Ainsi, on mesure la longueur en pieds, en pouces, en mtres, la masse en kilogrammes, la vitesse p

    une distance donne parcourue en un temps donn, etc. Il importe de noter que, alors que le choix d'un talon donn est libre, les rgles mathmatiques de soemploi ne le sont pas. Cela ne fait aucune diffrence que l'on mesure la longueur en termes de piedsou de mtres ; l'unit ne fournit que la forme de la notation, non le fond ni le rsultat du processus dmesure. Les faits tablis par la mesure seront les mmes, quel que soit l'instrument particulier utilis l'talon ne peut ni les altrer ni les affecter. Les critres d'un talon de mesure sont : qu'il reprsentel'attribut appropri, qu'il soit facilement perceptible par l'homme et que, une fois choisi, il demeureimmuable et absolu chaque fois qu'on s'en sert (veuillez conserver cela l'esprit : nous aurons desraisons de le rappeler). Maintenant, quelle est la raison d'tre de la mesure ? Observez que mesurer consiste lier une unitfacilement perceptible des quantits plus grandes ou plus petites, puis des quantits infiniment plgrandes ou plus petites, qui ne sont pas directement perceptibles par l'homme (le mot infiniment s'emploie ici comme un terme mathmatique et non mtaphysique).La raison d'tre de la mesure est de dvelopper la porte de la conscience humaine au-del du niveaudes perceptions : au-del de la capacit immdiate de ses sens et des faits directement concrets de toumoment donn. On peut percevoir directement la longueur d'un pied ; pas celle de dix kilomtres.Ayant tabli la relation entre le pied et le kilomtre, l'homme peut apprhender et connatre n'importequelle distance terrestre ; en tablissant la relation entre les kilomtres et les annes-lumire, il peutconnatre les distances entre les galaxies. Le processus de la mesure surajoute une connaissance sans limite d'chelle une exprience limitefonde sur la perception c'est un processus qui rend l'univers connaissable, qui le met la porte dla conscience humaine, en tablissant son rapport avec l'homme. Ce n'est pas un accident que les premires tentatives de mesure par l'homme (dont les tmoignages perdurent encore de nos jours) onconsist comparer les choses lui-mme comme, par exemple, en prenant la longueur de son piedcomme mesure de la longueur, ou en adoptant le systme dcimal, dont on pense qu'il trouve sonorigine dans les dix doigts de l'homme comme units de compte.

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    Ce qui prcde est une description gnrale de la nature des concepts en tant que produits d'un certain processus mental. Cependant,la question de l'pistmologie est : quelle est prcisment la nature de ce processus ? A quoi les concepts se rfrent-ils au juste dans la ralit ?

    Examinons donc maintenant le processus dans la formation du plus simple des concepts, celui d'unattribut unique (chronologiquement, ce n'est pas le premier concept qu'un enfant saisirait ; mais c'est plus simple qui soit pistmologiquement par exemple, le concept delongueur . Si un enfant regardeune allumette, un crayon et un bton, il observe que la longueur est un attribut qu'ils ont en communmais que leurs longueurs particulires diffrent. La diffrence est une diffrence demesure. Pour former le concept de longueur , l'esprit de l'enfant retient l'attribut et omet ses valeurs particulires. Ou, p prcisment, si on dcrivait le processus par des mots, il consisterait en ce qui suit :

    la longueur existe forcment dansune certaine quantit , mais elle peut exister enn'importequelle quantit ; j'identifierai comme longueur cet attribut de n'importe quel existant qui la possde que l'on peut associer quantitativement une unit de longueur, sans en prciser la

    quantit. Ce n'est pas en ces termes-l que pense l'enfant (il n'a encore aucune connaissance des mots) maisc'est bien la nature du processus que son esprit ralise sans le dcrire verbalement. Et c'est le principequ'applique son esprit lorsque, ayant compris le concept de longueur pour avoir observ nos trois objil s'en sert pour identifier l'attribut de la longueur dans un bout de ficelle, un ruban, une ceinture, uncouloir ou une rue. Le mme principe dirige le processus de formation des concepts d'entits : par exemple, le concept dtable . L'esprit de l'enfant distingue d'autres objets deux ou plusieurs tables en se concentrant sur lacaractristique qui les distingue, savoir leur forme. Il observe que leur forme varie, mais qu'elles oune caractristique en commun : une surface horizontale et plane, et des pieds. Il forme le concept detable" en retenant cette caractristique-l et en omettanttoutes les mesures particulires, non seulementcelles de la forme, mais de toutes les autres caractristiques des tables (dont il ne sait pas grand-chosece moment-l). La dfinition d'une table par un adulte serait :

    un objet fait par l'homme consistant en une surface horizontale et plane, avec des pieds, qui el pour porter d'autres objets plus petits .

    Observez ce qu'on prcise et ce qu'on omet dans cette dfinition : on prcise et on conserve lacaractristique distinctive de la forme, et on omet les mesures particulire de la gomtrie (si la surfacest carre, ronde, oblongue ou triangulaire, le nombre des pieds et leur forme, etc.), et celles de lataille et du poids : on prcise qu'il s'agit d'un objet matriel, mais la matire dont il est faite on l'ometlaissant ainsi de ct les mesures qui diffrencient telle matire de telle autre, etc. Observez,cependant, que les ncessits d'usage de la table imposent certaines limites sur les mesures qu'on omsous forme de pas plus grande que et pas plus petite que exiges par sa fonction. Celaexclut une table haute de trois mtres ou une de cinq centimtres (quoiqu'on puisse cataloguer cettedernire comme un jouet ou une maquette) et proscrit les matires inadaptes, par exemple si elles nesont pas solides.

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    Conservez fermement l'esprit que parler d omettre la mesure ne signifie nullement, dans cecontexte, que l'on considrerait que les mesures n'existent pas : cela veut dire queces mesures existent,mais qu'on ne prcise pas lesquelles ; le fait que ces mesures doivent ncessairement exister est unlment essentiel du processus. Le principe est : ildoit absolument exister des mesuresdfinies , maiscelles-ci peuvent prendren'importe quelle valeur.

    L'enfant n'est pas conscient de toutes ces complexits, et n'a pas besoin de l'tre, lorsqu'il se btit leconcept de table . Il le forme en distinguant les tables de tous les autres objetsdans le contexte de

    son propre savoir . A mesure que ses connaissances s'accroissent, la dfinition de ses concepts gagne eraffinement (nous en discuterons lorsque nous traiterons des dfinitions ; cependant, le principe et lemodle de la formation des concepts demeurent les mmes). Les premiers mots qu'un enfant apprend sont des mots qui dsignent des objets visibles, et c'estvisuellement qu'il conserve ses premiers concepts. Observez que la forme visuelle qu'il leur prte serduit aux faitsessentiels qui distinguent des autres le type d'entits en cause par exemple pour untre humain, le type universel du dessin d'enfant est la forme d'un ovale pour le torse, d'un rond pou

    tte, de quatre btons pour les membres, etc. Ces dessins-l reprsentent la transcription visuelle du processus d'abstraction et de formation des concepts au moment o l'esprit passe du niveau des perceptions au vocabulaire complet du stade conceptuel. Comme l'criture pictographique des peuples orientaux semble l'indiquer, on a des raisons de penserque le langage crit a commenc sous forme de dessins. Avec le dveloppement du savoir de l'hommet de ses capacits d'abstraction, une reprsentation picturale de ses concepts devint trop limite pourleur porte, et fut remplace par un code entirement symbolique. Un concept est l'intgration mentale de deux ou plusieurs units possdant la mme (les mmes)caractristique(s) distinctive(s), omission faite de leurs mesures particulires. L'lment de laressemblance est impliqu de faon cruciale dans la formation de tout concept. Laressemblance, dans ce contexte, est la relation entre deux ou plusieurs existants qui possdent lesmmes caractristiques, mais dans une mesure ou un degr diffrents. Observez le rle multiple de la mesure dans le processus de formation des concepts, chacune de sedeux phases essentielles : la diffrenciation et l'intgration. Les concepts ne peuvent pas tre forms ahasard. Tous les concepts se forment en commenant par distinguer des autres deux ou plusieursexistants. Toutes les diffrenciations conceptuelles se font en termes decaractristiquescommensurables (c'est--dire de caractristiques qui possdent une unit commune pour les mesurer).Aucun concept, par exemple, ne pourrait tre form en tentant de distinguer des objets oblongs d'objqui seraient verts. On ne peut pas intgrer des caractristiques non commensurables dans une unitunique. Les tables, par exemple, se distinguent d'abord des chaises, des lits et autres objets par descaractristiques de forme , laquelle est un attribut possd par tous les objets en cause. Alors, ontablit leur type particulier de forme comme la caractristique distinctive des tables, c'est--dire qu'ospcifie une certaine catgorie de mesures gomtriques constitutives d'une forme. Ensuite, l'intriede cette catgorie, on omet les mesures particulires des formes de table individuelles.

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    Notez qu'une forme donne reprsente une certaine catgorie ou ensemble de mesures gomtriques.La forme est un attribut ; les diffrences de forme qu'il s'agisse de cubes, de sphres, de cnes, oude toute combinaison complexe sont affaire de mesures diffrentes ; toute forme peut se rduire os'exprimer par un ensemble de chiffres en termes de mesurelinaire . Lorsque, au cours du processus

    de formation des concepts, on observe que la forme est une caractristique commensurable de certainobjets, il n'est pas oblig de mesurer toutes les formes en causeni de savoir comment le faire ; tout cequ'il a faire c'est d'observer l'lment de laressemblance. La ressemblance s'apprhende par la perception A. On n'a pas besoin, pour l'observer, de savoir que celaimplique une question de mesure. C'est la philosophie et la science d'identifier ce fait-l. Quant au processus effectif de la mesure des formes, toute une branche des mathmatiques avances,commencer par la gomtrie, se consacre la tche de dcouvrir des mthodes pour dcrire diversesformes mthodes complexes qui consistent rduire le problme au termes d'une mthode simple primitive, la seule dont l'homme dispose dans ce domaine : la mesure linaire (le calcul intgral, don

    on se sert pour mesurer la surface de cercles, n'en est qu'un exemple). A cet gard, la formation des concepts et les mathmatiques appliques jouent un rle comparable,tout comme l'pistmologie philosophique et la mathmatique thorique ont des objectifs similaires : s'agit d'amener l'univers la porte de la connaissance humaine en identifiant des relations au seindes donnes de la perception. Un autre exemple de mesure implicite peut s'observer dans la formation des concepts de couleur. Ontablit de tels concepts en observant que les diffrentes tonalits du bleu se ressemblent, comme celledu rouge, pour diffrencier ainsi la gamme du bleu de celle du rouge, du jaune, etc. Des sicles se sont couls avant que la science dcouvre par quelle unit les couleurs pouvaienteffectivement se mesurer : la longueur d'onde de la lumire, dcouverte qui justifiait, en termes de preuve mathmatique, les diffrenciations que les hommes faisaient et font toujours en termes deressemblance visuelle (on traitera plus tard toutes les questions de cas limites ). Une caractristique commensurable (telle que la forme dans le cas des tables, ou la teinte dans celuides couleurs) est un lment essentiel du processus de formation des concepts. Je le dsignerai commle Dnominateur Conceptuel Commun et le dfinirai comme

    la (ou les) caractristique(s) rductible(s) une unit de mesure, au moyen de laquelle(desquelles) on diffrencie deux ou plusieurs existants d'autres existants qui en sont dots .

    La (les) caractristique(s) distinctive(s) d'un concept reprsente(nt) une catgorie dtermine demesures dans le cadre du Dnominateur Conceptuel Commun en cause. On peut former de nouveaux concepts en intgrant des concepts antrieurement forms dans descatgories plus larges, ou en les subdivisant en catgories plus troites (dmarche dont nousdiscuterons plus loin). Cependant, tous les concepts sont finalement rductibles leur fondement dales entits perceptibles, qui constituent la base (le donn) du dveloppement cognitif de l'homme.

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    Les premiers concepts que l'on se forme sont relatifs aux entits tant donn que les entits sont seuls existants primaires (les attributs ne peuvent pas exister en eux-mmes, ils ne sont que lescaractristiques des entits ; les mouvements sont des mouvements d'entits ; des relations sont desrelations au sein d'entits).

    Au moment o il forme ses notions relatives aux entits, l'esprit d'un enfant doit se concentrer sur unecaractristique distinctive c'est--dire sur unattribut dans le but d'isoler de tous les autres uncertain groupe d'entits. Il est donc conscient desdits attributs alors qu'il forme ses premiers concepts,mais s'il en est conscient c'est par la perception et non conceptuellement. C'est seulement lorsqu'il aursaisi un certain nombre de concepts relatifs aux entits qu'il pourra accder au stade o il abstrait lesattributs des entits et commencera former des concepts spars pour ces attributs.

    La mme chose est vraie des concepts de mouvement : un enfant peroit bien le mouvement, mais il ne peut former le concept de mouvement avant d'avoir form des concepts sur ce qui se dplace, c'e-dire les entits (pour autant que l'on puisse s'en assurer, le niveau des perceptions chez un enfant e

    semblable celui des animaux suprieurs. Les animaux suprieurs peuvent percevoir des entits, desmouvements, des attributs, et certains dcomptes d'entits. Cependant, ce qu'un animal ne peut pasraliser est le processus d'abstraction o la pense distingue des entits les attributs, les mouvemeet les nombres. On a dit qu'un animal peut percevoir deux oranges ou deux pommes de terre, mais n peut pas apprhender le concept de deux ).

    Les concepts dematriaux se forment en observant les diffrences entre les matires constitutivesdes entits (la matire existe uniquement sous la forme d'entits spcifiques, telle qu'une ppited'or, une planche en bois, une goutte d'eau ou un ocan). Le concept d or , par exemple, sforme en isolant les objets en or de tous les autres objets, puis en abstrayant et en conservant matire, l'or, et en omettant les mesures des objets (ou des alliages) o l'or pourrait se trouver.Ainsi, la matire est la mme dans tous les cas concrets subsums par le concept, et ne diffreque par la quantit. Les concepts demouvement se forment en spcifiant la nature distinctive des entits qui sedplacent, et/ou du milieu o cela se passe et en omettant les mesures particulires dechacun des cas de mouvement ainsi que des entits impliques. Par exemple, le concept de marche dsigne un certain type de mouvement excut par des tres vivants qui possdent de jambes, et ne s'applique pas aux dplacements d'un serpent ou d'une automobile. Celui de la nage dcrit les mouvements de tout tre vivant qui se propulse dans l'eau, et ne s'applique paux dplacements d'un bateau. Le concept de vol dnote le mouvement de toute entit qui dplace travers les airs, qu'il s'agisse d'un oiseau ou d'un avion. Lesadverbes sont les concepts des caractristiques des mouvements (ou desactions ) ; on lesforme en spcifiant une caractristique et en omettant les mesures du mouvement ainsi que deentits en cause par exemple rapidement , qui peut s'appliquer l'acte de marcher ode nager ou de parler , etc., la mesure de ce qui est rapide dpendant, dans toutesituation donne, du type de mouvement dcrit.

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    Lesprpositions sont des concepts dcrivant desrelations entre existants , principalementspatiales ou temporelles ; on les forme en spcifiant les relations et en omettant les mesures deexistants ainsi que de l'espace ou du temps concerns par exemple sur , dans , au-dessus , aprs , etc.

    Lesadjectifs sont des concepts dcrivant desattributs ou des caractristiques.Lespronoms appartiennent la catgorie des concepts dsignant desentits .

    Lesconjonctions sont des concepts qui dcrivent des relations entre des penses etappartiennent la catgorie desconcepts de la conscience .En ce qui concerne ces derniers, les concepts qui dcrivent la conscience, nous allonslonguement en discuter dans ce qui suit (pour anticiper des questions telles que peut-onmesure l'amour ? Je m'autoriserai la trs philosophique rponse : et comment ! )

    Maintenant, nous pouvons rpondre la question : quoi nous rfrons-nous prcisment lorsque no

    dsignons trois personnes comme des tres humains ? Nous nous rfrons au fait que ce sont detres vivants qui possdent les mmes caractristiques qui les distinguent de toutes les autres espcesvivantes : la facult de raisonner mme si la mesure spcifique de cette caractristique qui lesdistingue en tant qu'tres humains, de mme que celle de toutes leurs autres caractristiquesen tant qu'tres vivants, est diffrente (en tant qu'tres vivants d'un certain type, ils possdent d'innombrablecaractristiques en commun : les mmes formes, la mme chelle de taille, le mme modle de visagles mmes organes vitaux, les mmes types d'empreintes digitales, etc., et toutes ces caractristiques ndiffrent que par leurs mesures). Deux liens entre les domaines conceptuel et mathmatique mritent qu'on les mentionne ce stade,outre le fait vident que le concept d unit figure la base et au dpart des deux.

    1. Un concept n'est pas form par l'observation detous les concrets qu'il dsigne, pas plus qu'ilne spcifie leur nombre. Un concept ressemble une suite arithmtique d'units spcifiquement dfinies, qui partirait dans les deux sens, serait ouverte ses deux extrmits et incluraittoutesles units de cette catgorie particulire. Par exemple, le concept d homme inclut tous lestres humains qui vivent prsent, mais aussi tous ceux qui ont jamais vcu ou qui vivront jamais. Une suite arithmtique s'tend l'infini, sans que cela implique que l'infini existerellement ; une telle extension signifie seulement que, quel que soit le nombre de ses membrequi existent, il y a lieu de les inclure dans la mme succession. Le mme principe s'appliqueaux concepts : le concept d tre humain ne prcise pas (et n'a pas besoin de prciser) quelest le nombre des tres humains qui auront finalement exist : il se borne prciser quelles sonleurs caractristiques, et signifie qu'il y a lieu d'identifier comme tels toutes les entits, quelque soit leur nombre, qui possdent les caractristiques en question.

    2. Le principe de base de la formation des concepts (lequel affirme que les mesures que l'onomet doivent forcment exister avecune certaine valeur, mais qu'elles peuvent prendren'importe laquelle ) est l'quivalent de ce principe de base de l'algbre, qui affirme que lessymboles algbriques doivent avoir une certaine valeur numrique, mais qu'on peut leur donner

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    n'importe laquelle . Dans ce sens et cet gard, la conscience des perceptions n'est pasarithmtique, alors que la conscience conceptuelle est l'algbre de la cognition.

    La relation des concepts avec leur contenu particulier est la mme que celle des symboles algbriquesavec les nombres. Dans l'quation2a = a + a, on peut substituer n'importe quel nombre au symbole

    a sans affecter la vracit de l'quation. Par exemple:2 x 5 = 5 + 5 ou : 2 x 5 000 000 = 5 000 000 +5 000 000. De mme, par la mme mthode psycho-pistmologique, un concept s'emploie comme usymbole algbrique qui reprsente n'importe laquelle des units de la suite arithmtique qu'il dsign Que ceux qui cherchent invalider les concepts en dclarant qu'ils sont incapable de trouver lhomme-it dans l'homme, essaient d'invalider l'algbre en prtendant qu'ils ne peuvent pas trouverde la-it dans 5 ou dans 5 000 000.

    3. L'abstraction partir d'abstractions A partir de ce qui fait la base du dveloppement conceptuel des concepts identifiant les concrets perceptibles le processus cognitif volue de deux manires qui interagissent entre elles : dans le sed'une connaissance plus extensive et d'une connaissance plus intensive, vers des intgrations plus larget vers des diffrenciations plus prcises. Suivant ce processus eten conformit avec les moyens de

    preuve de la cognition, les concepts antrieurement forms s'intgrent dans des concepts plus larges,ou se retrouvent subdiviss en concepts plus pointus. Le rle du langage (dont nous discuterons abondamment lorsque nous parlerons des dfinitions) doittre brivement mentionn ce stade. Le processus de formation d'un concept n'est complet que lorsqles units qui le constituent ont t intgres en une seule au moyen d'un mot particulier. Les premierconcepts qu'un enfant se forme sont des concepts d'entits perceptibles ; les premiers mots qu'il appre

    sont les mots qui les dsignent. Mme si un enfant n'a plus reproduire le trait de gnie accompli par ou plusieurs esprits lors des premiers balbutiements de la race humaine dans la prhistoire et rinventle langage, tout enfant doit accomplir indpendamment l'exploit de comprendre la nature du langage, processus qui symbolise les concepts au moyen des mots. Mme si un enfant n'invente pas (et n'a pas besoin d'inventer) par lui-mme tous les concepts, enobservant tous les aspects de la ralit laquelle il est confront, il lui faut raliser le processusconsistant diffrencier et intgrer les objets concrets qu'il peroit s'il veut comprendre le sens desmots. Si le cerveau d'un enfant est matriellement atteint et incapable de raliser ce processus, iln'apprend pas parler.

    Apprendre parler ne consiste pas mmoriser des sons cela, c'est la manire dont un perroquet apprend parler . Apprendre consiste comprendre le sens, c'est--dire identifier les rfrents dmots, le type d'existants que ces mots dsignent dans la ralit. A cet gard, apprendre les mots est acclrateur inestimable du dveloppement cognitif chez l'enfant, mais ce n'est pas un substitut au processus de formation des concepts. Rien ne peut remplacer celui-ci. Aprs le premier stade consistant apprendre certains faits fondamentaux, il n'existe pas d'ordre particulier que devrait suivre l'enfant pour apprendre de nouveaux concepts ; il y a, pendant un certai

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    temps, une vaste zone option, o il peut apprendre presque en mme temps les concepts simples et primaires et d'autres, plus complexes et dduits, suivant sa propre initiative intellectuelle et lesinfluences alatoires de son milieu. L'ordre particulier dans lequel il apprend ses nouveaux mots n'a d'importance ce stade, pourvu qu'il en comprenne le sens. Son dveloppement conceptuel complet,indpendant, ne commence que lorsqu'il a acquis un vocabulaire suffisant pour former des phrases

    c'est--dire pour pouvoir penser ( ce moment, il peut progressivement mettre de l'ordre dans sonquipement conceptuel accumul au hasard). Jusqu'alors, il pouvait conserver les rfrents de sesconcepts au moyen de la perception, essentiellement visuelle ; mesure que sa chane conceptuelles'loigne de plus en plus des concrets perceptibles, la question des dfinitions verbales devient crucialC'est cet endroit-l que tous les dmons de l'enfer se dchanent. Outre le fait que les mthodes ducatives de la plupart de ses ans sont telles que, bien loin del'assister, elles ont tendance paralyser son dveloppement venir, le choix personnel et la motivatiode l'enfant sont cruciaux ce moment. Les enfants auront toutes sortes de manires d'apprendre desmots nouveaux par la suite.

    Certains (une trs petite minorit) continuent tout droit, par la mme mthode que prcdemment, c'est--dire en traitant les mots comme des concepts, en exigeant unecomprhension claire, de premire main(dans le contexte de cette connaissance-l ) du sensexact de chacun des mots qu'ils apprennent, ne laissant jamais s'insinuer un hiatus dans la chanliant leurs concepts aux faits de la ralit.Certains poursuivent sur le chemin des approximations, o le brouillard s'paissit chaque paso l'emploi des mots est guid par la sensation d avoir une ide de ce que a veut dire .Certains passent de la cognition l'imitation, remplaant la comprhension par la mmorisationet adoptent ce qui ressemble la psycho-pistmologie d'un perroquet daussi prs qu'un cervehumain puisse s'en approcher n'apprenant ni concepts ni mots, mais des suites de sons donles rfrents ne sont pas des faits de la ralit, mais les expressions faciales et les frmissementmotifs de leurs ans.Et certains (une crasante majorit) adoptent une mixture prcaire de diffrentes doses dechacune des trois mthodes.

    Cependant, la question de savoir comment des individus singuliers se trouventapprendre les conceptset celle de savoir ce que sont les concepts , sont deux questions diffrentes. En considrant la nature desconcepts et le processus d'abstraction partir des abstractions, nous devons faire l'hypothse d'un espcapable d'accomplir ce processus (ou d'en rendre compte et de le vrifier). Et nous devons nousrappeler que, si nombreux que soient ceux qui traitent le concept avec leur bouche comme un sondpourvu de sens, il a bien fallu quequelqu'un lui en donne un un moment donn. Pour intgrer les concepts dans des concepts plus larges, les premires tapes sont assez simples, parcqu'elles continuent de se rfrer des concrets perceptibles.Par exemple, on observe que les objets qu'on a identifis par les concepts de table , de chaise ,de lit , de bureau , etc. ont certains points communs, mais sont diffrents des objets qu'on aidentifis comme des portes , des fentres , des tableaux ou des rideaux , et on intgre les premiers dans le concept plus large de meubles . Dans ce processus, les concepts servent d'unitson les lie entre eux pistmologiquement comme si chacun d'entre eux tait un concret (mental) unique

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    sans jamais cesser de se rappeler quemtaphysiquement (c'est--dire, dans la ralit) chacune de cesunits reprsente un nombre illimit de faits concrets d'un certain type. Les caractristiques distinctives de ces units taient des catgories prcises de mesures relatives laforme, telles que une surface plane et horizontale avec des pieds dans le cas des tables. Pour le

    nouveau concept, on traite ces caractristiques distinctives de la mme manire que, pour former leconcept de table , on avait trait les mensurations des tables particulires : on les omet, selon le principe comme quoi un meuble doit avoir une certaine forme, mais peut prendren'importe laquelle desformes qui caractrisent les diffrentes units subsumes par le nouveau concept. La caractristiquedistinctive du nouveau concept est dtermine par la nature des objets dont ondistingue les units constitutives, c'est--dire par leur Dnominateur conceptuel commun , lequel,dans notre cas, serait : de gros objets dans une maison . Un adulte, pour sa part, dfinirait les meubles comme :

    des objets faits par l'homme que l'on peut dplacer et utiliser dans une habitation humaine, et

    qui peuvent soutenir le poids du corps humain et/ou d'autres objets plus petits .Cela permet de distinguer les meubles des immeubles par destination tels que les portes et fentres, deobjets dcoratifs tels que les tableaux ou les tentures, et d'une varit d'objets plus petits dont on peuservir dans une maison, tels que des cendriers, des bibelots, des assiettes, etc. Les caractristiques distinctives du meuble sont une gamme particulire de fonctions remplies uncertain endroit (les unes et les autres tant des caractristiques mesurables) : les meubles ne doive pas tre trop grands pour qu'on les installe dans une habitation humaine, trop petits pour remplir leur fonction spcifique, etc. Observez que le concept de meuble en tant qu'abstraction est d'un chelon plus loigne de la ral perceptible que ne l'est n'importe quel des concepts qui le constituent. La table est une abstraction puisqu'elle dsignenimporte quelle table, mais on peut transmettre sa signification rien qu'en montrantdu doigt un ou deux objets perceptibles. Il n'y a pas de meuble que l'on puisse percevoir en tant quetel : il n'y a que des tables, des chaises, des lits, etc. On ne peut pas comprendre ce que veut dire un meuble si on n'a pas d'abord compris le sens des concepts qui le constituent ; ce sont eux qui le lie la ralit(aux niveaux les plus bas d'un enchanement conceptuel illimit, ceci fournit une illustration de lastructure hirarchise des concepts). Observez aussi que le concept de meuble implique un lien avec un autre concept qui ne fait pas partie des units qui le constituent, mais que l'on doit comprendre pour pouvoir saisir le concept de meuble : c'est le concept d habitation . Ce type-l deliens rciproques entre les concepts devient progressivement plus complexe mesure que le niveau o l'on forme les concepts s'loigne davantagdes faits perceptibles concrets. Examinons maintenant comment on subdivise le concept de table . En observant les diffrences detaille et de fonction de diffrentes tables, on subdivise le concept en : table manger, table caf,table repasser, bureau , etc. Dans les trois premiers cas, la caractristique distinctive de la table

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    , sa forme, se trouve affine, et les diffrenciations sont uniquement question de mesure : le choix dmesures dlimitant la forme se trouve restreint pour correspondre sa destination plus prcise (lestables caf sont plus petites et plus basses que les tables manger ; une table repasser est allongegnralement pliante, etc.).Dans le cas du bureau , cependant, on conserve la caractristique distinctive d'une table , mais

    y associe un nouvel lment : un bureau est une table dote de tiroirs pour y conserver des rservde papier. Les trois premiers exemples ne sont pas vraiment de nouveaux concepts, mais des emploisrestreints du concept de table . Un bureau , en revanche, sous-entend une diffrence notabledans les caractristiques qui le dfinissent, il met en uvre une catgorie supplmentaire de mesureset on lui attribue un nouveau symbole linguistique (pour autant que le processus de formation desconcepts est concern, cela ne ferait aucune diffrencesi un bureau s'appelait table de travail *ERREUR SUR LA NOTE DE BAS DE PAGE ? cest C, ou si on inventait un mot nouveau pour chacune des sous-catgories du concept de table . Il n'y en a pas moins une raison pistmologiquaux dnominations actuelles, dont on discutera lorsque nous traiterons des dfinitions). Lorsque les concepts s'intgrent dans un autre plus large, le nouveau incluttoutes les caractristiques

    des units qui le constituent ; cependant, on y traite leurs caractristiques distinctives comme autant mesures qu'on aura omises, et c'est l'une de leurs caractristiques communes qui dtermine le traitdistinctif du nouveau concept : celui qui reprsente le dnominateur conceptuel qui est commun avles existants dont on entend les distinguer. Lorsqu'au contraire un concept est subdivis en concepts plus troits, c'est sa caractristique distinctivque l'on choisit pour tre leur Dnominateur conceptuel commun ; alors, on rtrcit l'intervalle des mesures spcifiques, ou on y associe une ou plusieurscaractristique(s) supplmentaire(s) pour former les caractristiques distinctives de chacun desnouveaux concepts. Voyons maintenant ces deux principes l'uvre sur un autre exemple : les ramifications du concept dtre humain .Le type particulier de conscience qu'a l'homme est la caractristique distinctive par quoi l'enfant ( uncertain stade de son dveloppement) le diffrencie de toutes les autres entits. En observant lesressemblances entre chats , chiens , chevaux , oiseau , et en les diffrenciant par rapporaux autres entits, il les intgre dans le concept plus large d animal . Puis, plus tard, il inclut l humain dans ce concept plus large-l. La dfinition de l animal (en termes gnraux) serait :

    un tre vivant possdant les facults de la conscience et de la locomotion . La caractristique qui distingue l'tre humain, sa facult rationnelle, n'est pas incluse dans la dfinitide l animal suivant le principe comme quoi un animal doit possder un certain type deconscience, mais qu'il peut possder n'importe laquelle des types qui caractrisent les diverses unitssubsumes par le nouveau concept (l'talon de mesure qui distingue un type de conscience d'une autrest sa porte ). Les caractristiques distinctives du nouveau concept sont des caractristiques que possdent chacune dunits qui le constituent : l'attribut vivant et les facults de la conscience et de la locomotio

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    Quand on en sait davantage, et quand on observe les ressemblances entre les animaux, les plantes etcertaines entits microscopiques (et ce qui les distingue des objets inanims), on les intgre dans leconcept d organisme (vivant) , la dfinition de l organisme (en termes gnraux) serait :

    une entit possdant des capacits d'action d'origine interne, de croissance mtabolique et de

    reproduction . Ces caractristiques distinctives du nouveau concept, toutes les units qui le constituent les possdenOn omet de la dfinition les caractristiques qui distinguent l animal , d'aprs le principe suivantlequel les actions d'origine interne doivent exister, sous une forme quelconque, (y compris la conscience et la locomotion ) mais peuvent le faire sous n'importe laquelle des formes quicaractrisent les diverses units subsumes par le nouveau concept. A mesure que s'accrot la connaissance humaine, un concept aussi vaste que celui d animal estsubdivis en nouveaux concepts, tels que mammifre , amphibien , poisson , oiseau , et

    Chacun d'entre eux se subdivise encore en sous-catgories toujours plus troites. Le principe de laformation des concepts demeure le mme : les caractristiques distinctives du concept d animal (facults de la conscience et de la locomotion ) sont le Dnominateur conceptuel commun dces subdivisions, et sont conserves mais restreintes par l'addition d'autres caractristiques (anatomiquet physiologiques) pour former les caractristiques distinctives des nouveaux concepts. L'ordre chronologique dans lequel on forme ou apprend ces concepts est ouvert au choix. Par exemplun enfant peut commencer par intgrer les concrets adquats dans des concepts d animal , d oise, de poisson pour les intgrer par la suite dans un concept d animal largi. Les principes mien uvre et le choix final des caractristiques distinctives seront les mmes, pourvu qu'il atteigne lemme niveau de connaissances. Pour en venir au processus de la division conceptuelle, le concept d tre humain" peut se subdiviseren d'innombrables sous-catgories, d'aprs divers aspects ou attributs. Par exemple, des concepts telsqu' enfant , adolescent , adulte se forment d'aprs des mesures de temps, c'est--dire selon nombre d'annes vcues. Ces concepts conservent la caractristique distinctive de l animal rationne, mais restreinte par une tranche d'ge dtermine. Le concept d tre humain peut se diviser d'aprs des caractristiques particulires, telles que l'origraciale (anatomique) : Blanc , Noir , Jaune , etc., ou nationale (politico-gographique) : Amricain , Anglais , Franais , etc., ou l'activit professionnelle : technicien , mdecin

    artiste , etc. (lesquels impliquent des concepts de la conscience) ou mme d'aprs descaractristiques telles que la couleur des cheveux : blonde , brune , rousse . Dans tous cescas-l, on conserve la caractristique distinctive de l animal rationnel , mais on la circonscrit par dcaractristiques spcifiques qui reprsentent certains types de mesure. Ce concept d tre humain peut aussi se subdiviser d'aprs des relations particulires : par exemplesuivant un lien biologique ( pre , fils , frre ), ou une relation juridique ( mari , femme

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    ou encore conomique ( patron , employ ), etc. Dans tous les cas de ce genre, lescaractristiques de l animal rationnel demeurent, mais combines une relation particulire. Certains concepts dcrivant des relations (telles que juridique ou conomique ) impliquent deconcepts de la conscience . Les abstractions les plus complexes (aussi bien relativement des

    intgrations plus larges qu' des subdivisions plus troites) sont celles qui mettent en uvre unecombinaison de concepts de l'action avec des concepts de la conscience (nous discuterons de cesabstractions-l au chapitre suivant). Deux aspects du contenu cognitif des abstractions mritent qu'on les signale ici :

    1. La formation (ou l'apprentissage) de concepts plus larges ncessite plus d'information (c'est--dire une gamme plus tendue de donnes conceptualises) que ne l'avait exig aucun desconcepts constitutifs qu'ils subsument. Par exemple, le concept d animal ncessitedavantage d'informations que celui d tre humain puisqu'il lui faut connatre et l'hommet certaines des autres espces. Pour diffrencier l'homme des autres animaux, et les animaux

    des plantes ou des objets inanims, il faut en savoir suffisamment sur les caractristiques del'homme et sur celles des autres animaux.

    Une erreur rpandue, dans ce contexte, consiste dire que plus le concept est large et moindrserait son contenu cognitif au motif que sa caractristique distinctive est plus gnrale que lcaractristiques distinctives des concepts qui le constituent.L'erreur tient au fait de supposer que le concept ne dsignerait rien de plus que cettecaractristique distinctive-l. Or, le fait est qu'au cours du processus de formation d'un concepabstrait partir d'abstractions, on ne peut pas savoir laquelle de ses caractristiques sera tenue pour distinctiveavant d'avoir observ les autres caractristiques des units en cause, ainsi quedes existants dont il s'agit de les diffrencier. De mme que le concept d tre humain ne dsigne pas uniquement la capacit rationnell, si c'tait le cas, les deux expressions seraient quivalentes et interchangeables, et elles nle sont pas mais comprendtoutes les caractristiques de l tre humain , la capacitrationnelle tant l pour servir de caractristique distinctive, de mme, dans le cas deconcepts plus vastes, le concept d animal ne consiste dans la conscience et la locomotion , mais subsumetoutes les caractristiques de toutes les espces animales, la conscience et la locomotion jouant le rle des caractristiques distinctives (nous endiscuterons plus avant lorsque nous traiterons des dfinitions).

    Une erreur de cet ordre n'est possible que si l'on suppose que l'homme n'acquiert les conceptsqu'en apprenant par cur leurs dfinitions, c'est--dire si c'est l'pistmologie d'un perroquetque lon prend comme point de dpart.Mais ce n'est pas ce que nous sommes en train d'tudier.Comprendre un concept c'est comprendre, et dans une certaine mesure, reconstituer le

    processus par lequel il a t form. Reconstituer ce processus, c'est reconnatre au moinsquelques-unes des units que le concept dsigne et par consquent tablir un lien entre lacomprhension que l'on a de ce concept et les faits de la ralit.

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    De mme que des intgrations conceptuelles plus vastes exigent une connaissance plustendue ,de mme des subdivisions conceptuelles plus troites ncessitent une connaissance plusintensive . Dans ce sens, le concept de pre ncessite davantage d'informations que celuid tre humain , parce qu'en plus de savoir ce que c'est qu'un homme, il lui faut aussiconnatre l'acte reproductif ainsi que la relation qui s'ensuit.

    2. La formation d'un concept fournit l'homme le moyen d'identifier non seulement lesconcrets qu'il a observs, mais tous les concretsde cette espce-l qu'il pourrait rencontrer l'avenir. Ainsi, lorsqu'il a form, ou compris, le concept d tre humain , il n'a pas besoin dconsidrer comme un phnomne nouveau, tudier partir de zro, tout individu de cetteespce qu'il rencontrerait par la suite : il l'identifie comme un tre humain et lui appliquetoute la connaissance qu'il a acquise ce sujet, ce qui le laisse libre d'tudier toutes lescaractristiques individuelles, spcifiques, du nouveau venu, correspondant aux mensurationsindividuelles internes aux catgories tablies par le concept d tre humain .

    Ce processus d'identification conceptuelle de coiffer un nouvel existant concret par le concept

    appropri, on l'acquiert lorsque l'on apprend parler, et il devient automatique dans le cas d'existantsdonns par la perception, tels que l'homme , la table , le bleu , la longueur , etc. Mais ildevient de plus en plus difficile mesure que les concepts s'loignent davantage du donn perceptueet mettent en uvre des combinaisons complexes et des classements croiss de nombreux conceptsantrieurs. Observez quelle difficult il y a identifier un systme politique donn, ou diagnostiquequelque maladie rare. Dans ces cas-l, savoir s'il y a lieu ou non d'inclure dans un certain concept unfait concret donn ne vient pas automatiquement, mais exige un effort cognitif renouvel. Ainsi, le processus de formation et de mise en uvre des concepts applique le modle de base de deumthodes fondamentales d'apprhension du rel : l'induction et ladduction. Le processus consistant observer les faits de la ralit et les intgrer dans des concepts estessentiellement un processus d'induction . Celui qui consiste ranger de nouveaux cas sous un conceptdonn est essentiellement un processus dedduction .

    4. Concepts de la conscience Etre conscient, c'est se rendre compte c'est facult de percevoir ce qui existe. Ce n'est pas un tat passif, mais un processusactif .Au plus bas niveau de la perception, un processus neurologique complexe est ncessaire pour permet l'homme de ressentir une sensation et d'intgrer les sensations dans des perceptions ; ce processus e

    automatique et involontaire : l'homme est conscient de son rsultat, non du processus lui-mme.Au niveau conceptuel, plus lev, en revanche, le processus est psychologique, conscient et dirig.Dans l'un et l'autre cas, c'est par une action continue que l'on parvient la conscience et qu'on s'ymaintient.Directement ou indirectement, tout phnomne de la conscience est tir de notre perception du mondextrieur. L'extrospection est un processus d'acquisition de l'information dirige vers l'extrieur processus o l'on apprhende ses propres actes de l'esprit envers certain(s) existant(s) du mondeextrieur, actes tels que la pense, la sensation, le souvenir, etc. C'est seulement vis--vis du monde

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    extrieur que les diverses actions de la conscience peuvent tre ressenties, comprises, dfinies oucommuniques.

    La conscience est toujours conscience de quelque chose. Un tat conscient sans rien dont on soit conscient est une contradiction dans les termes.

    Deux attributs fondamentaux sont impliqus dans tout tat, aspect ou fonction de la conscience huma: le contenu et l'acte :ce dont on est conscient, etce que fait la conscience vis--vis de ce contenu.Ces deux attributs reprsentent le Dnominateur Conceptuel Commun fondamental de tous les conceprelatifs la conscience. Au niveau des perceptions, l'enfant ne fait quprouver et excuter divers processus psychologiques son plein dveloppement conceptuel exige qu'il apprenne conceptualiser ceux-ci (aprs qu'il aura atteun certain stade de son dveloppement conceptuel extrospectif). Pour former des concepts de la conscience il faut, par un processus d'abstraction, isoler l'action ducontenu d'un tat donn de la conscience.

    Tout comme, dans lextrospection , l'homme peut abstraire les attributs de leurs entits, de mme danslintrospection , il peut abstraire de son contenu les actions de sa conscience, et observer lesdiffrencesentre ces diffrentes actions.

    Par exemple (au niveau adulte), quand un homme voit une femme marcher dans la rue, l'actionde sa conscience est la perception ;quand il constate qu'elle est belle, l'action de sa conscience estl'valuation ;quand il prouve un tat intrieur de plaisir et d'approbation de cette admiration, l'activit de saconscience est lmotion ;quand il sarrte pour la regarder et tirer des conclusions, partir de ce quil observe, sur soncaractre, son ge, sa position sociale, etc., l'action de sa conscience est la pense ;quand, plus tard, il se remmore l'incident, l'action de sa conscience estla rminiscence ;quand il se reprsente que. son apparence pourrait tre amliore si ses cheveux taient blondet non bruns, et sa robe bleue plutt que rouge, l'action de sa conscience estl'imagination.

    Il peut aussi observer plusieurs reprises desressemblances entre les actions de sa conscience, enobservant le fait que ces actions dans diffrentes squences, combinaisons et degrs sont, ont ou peuvent tre applicables d'autres objets : un homme, un chien, une automobile, ou la rue toutentire ; la lecture d'un livre, l'apprentissage d'une nouvelle comptence, le choix d'un emploi, ou n'importe quel objet du champ de sa conscience.Voil le schma du processus par lequel (par des tapes plus lentes, plus progressives), l'hommeapprend former des concepts de la conscience. Dans le domaine de l'introspection, les concrets, lesunits qui sont intgrs dans un seul concept, sontles cas prcis d'un processus psychologique donn.Les attributs mesurables d'un processus psychologique sont son objet oucontenu, et sonintensit.Lecontenu est un aspect quelconque du monde extrieur (ou se dduit de quelque aspect du mondeextrieur) et qui peut se mesurer par les diverses mthodes de mesure applicables au monde extrieu

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    L'intensit d'un processus psychologique est le rsultat automatiquement condens de nombreuxfacteurs : de sa porte, sa clart, son contexte cognitif et motivationnel, le degr d'nergiementale ou d'effort ncessaire, etc. Il n'y a pas de mthode exacte pour mesurer l'intensit de tous les processus psychologiques,

    mais comme dans le cas de la formation des concepts de couleur, la conceptualisation nencessite pas que lon connaisse les mesures exactes.Les degrs d'intensit, on peut les mesurer et on les mesure, sur une chelle de comparaisons.Par exemple, l'intensit de la joie en raction certains faits varie en fonction de l'importance ces faits dans votrehirarchie des valeurs ; elle volue dans des cas tels que l'achat d'unnouveau costume, ou une augmentation de salaire, ou le mariage avec la personne quon aime.L'intensit d'un processus de pense, et de l'effort intellectuel ncessaire, varie en fonction de l

    porte de son contenu ; il varie lorsque l'on comprend le concept de table ou celui de justice , quand on a compris que2 + 2 = 4 ou quee = mc2 .

    La formation des concepts introspectifs suit les mmes principes que celle des concepts extrospectifs.

    Un concept ayant trait la conscience est une intgration mentale de deux ou plusieurs instances d'un processus psychologique possdant les mmes caractristiques distinctives, en omettant le contenu particulier et les mesures de l'intensit de l'action partir du principe comme quoi ces mesures quelon omet doivent exister avecune certaine quantit, mais peuvent exister enn'importe quelle quantit(par exemple, un processus psychologique donn doit possder un certain contenu etun certain degrd'intensit, mais peut possder n'importe quel contenu ou degr de la catgorie approprie).

    Par exemple, le concept de pense se forme en gardant les caractristiques distinctives del'acte de la conscience (du processus de cognition dlibrment orient), et en omettant sescontenus particuliers, de mme que le degr d'intensit de l'effort intellectuel. Le concept d motion se forme en gardant les caractristiques distinctives de l'acte de laconscience (de la rponse automatique ne du jugement de valeur sur un existant), et enomettant ses contenus particuliers, ainsi que le degr de l'intensit motive.

    Maintenant, observez que j'ai mentionn les termes de porte et dehirarchie en relation avec l'intensitdes processus psychologiques.Ce sont des termes qui appartiennent la catgorie desmesures et ils signalent des mthodes plus prcises pour mesurer certains phnomnes psychologiques. En ce qui concerne les concepts relatifs la cognition (la pense , l'observation , le raisonnement , l apprentissage , etc.), la porte du contenu fournit une mthode de mesure.La porte se mesure deux aspects interdpendants : l'ampleur du matriau factuel impliqu dans un processus cognitif donn, et lalongueur de la chane conceptuelle ncessaire pour traiter ce matriau.Etant donn que les concepts ont une structure hirarchique, savoir que les abstractions de rang pllev , plus complexes, sont issues de concepts plus simples, de base, en partant des concepts relataux objets concrets que donne la perception, alors la distance des concepts utiliss dans un processuscognitif donn vis--vis du niveau de la perception est ce qui indique la porte de ce processus

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    (le niveau d'abstraction auquel un individu est capable de traiter indique tout ce quil lui fallait conna pour en arriver ce niveau-l. Je ne parle pas ici de ceux qui nonnent de mmoire des abstractionsflottantes, mais uniquement de ceux qui en comprennent rellement toutes les tapes). En ce qui concerne les notions relatives aux jugements de valeur (la valeur , l motion , le

    sentiment , le dsir , etc.), la hirarchie en cause est de nature diffrente et ncessite un type demesure totalement diffrent.C'est un type uniquement applicable aux processus psychologiques de l'valuation, et peut se qualifier mesure tlologique . La mesure est l'identification d'une relation dune relation quantitative tablie au moyen d'unenorme, qui sert d'unit.La mesure tlologique traite non pas de nombres cardinaux, mais de nombresordinaux et cerfrent sert tablir une graduation des moyens en vue dune fin.

    Par exemple, un code moral est un systme de mesure tlologique qui classe les choix et les

    actions ouvertes l'homme suivant la mesure dans laquelle ils ralisent ou contrecarrent cettenorme.La norme est la fin dont les actions de l'homme sont les moyens.Un code moral est un ensemble de principes abstraits ; pour pratiquer celui-ci, une personnedoit le traduire en actes concrets appropris il doit choisir les objectifs et valeurs particuliersquil doit rechercher.Cela ncessite qu'il dfinisse sa hirarchie particulire de valeurs, dans l'ordre de leur importancet qu'il agisse en consquence.Ainsi, toutes ses actions doivent tre guides par un processus de mesure tlologique.(le degr d'incertitude et de contradictions dans la hirarchie des valeurs d'un homme est ledegr auquel il sera incapable doprer de telles mesures et devra chouer dans ses tentatives pour calculer la valeur ou pour agir dlibrment)

    Cest dans le contexte immense auquel elle est confronte que la mesure tlologique doit se faire : elconsiste tablir le rapport d'une option donne tous les autres choix possibles et sa hirarchie desvaleurs.

    L'exemple le plus simple de ce processus, que tout le monde pratique (avec divers degrs de prcision et de russite), peut sobserver dans le domaine des valeurs matrielles dans les principes (implicites) qui orientent la dpense de son argent par un individu.A tout niveau de revenu, l'argent d'un individu est une quantit finie ; quand il le dpense, il pse la valeur de son achat contre celle de tout autre achat qui s'offre lui pour le mmemontant, il le confronte la hirarchie de tous ses autres objectifs, dsirs et besoins, puis achtou non en consquence.

    Le mme type de mesure guide l'action de l'homme dans le cadre plus large des valeurs morales ouspirituelles(par spirituel , jentends se rapportant la conscience .Je dis plus large parce que dans ce domaine, cest la hirarchie des valeurs de l'homme qui dtermsa hirarchie des valeurs dans le domaine matriel ou conomique).

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    Par exemple, le concept de connaissance se forme en conservant ses caractristiquesdistinctives (lapprhension par lesprit d'un fait (ou de plusieurs faits) de la ralit, obtenu so par observation perceptuelle soit par un processus rationnel fond sur des observations perueet en omettant le fait particulier (ou les faits particuliers) en cause.

    Ici, l'intensit des processus psychologiques qui ont conduit ces produits n'est pas pertinente, maisnature de ces processus est incluse dans les caractristiques distinctives des concepts, et sert distinguer entre les concepts de cette nature. Il est important de noter que ces concepts ne sont pas l'quivalent de leur contenu existentiel et que c la catgorie des concepts pistmologiques qu'ils appartiennent : cest leur composante mtaphysiquque lon considre comme leur contenu.

    Par exemple, le concept de la science physique n'est pas la mme chose que les phnomne physiques qui constituent le contenu de cette science.

    Les phnomnes existent indpendamment de la connaissance humaine ; la science est un corpsorganis de connaissances relatives ces phnomnes, acquis par une conscience humaine ettransmissibles une autre.Les phnomnes continueraient exister, mme sil nexistait plus aucune conscience humaine ; lascience, elle, ne serait plus. Une sous-catgorie spciale de concepts relatifs aux produits de la conscience est rserve auxconceptsde mthode. Les concepts de mthode dsignent des procdures d'action systmatiques inventes par les hommes dans le but d'atteindre certains objectifs. La procdure peut tre purement mentale (tellequ'une manire de se servir de sa propre conscience) ou elle peut impliquer une combinaison de penseet d'actions (telles qu'un procd pour trouver du ptrole), conformment au but atteindre. Les concepts de mthode se forment en conservant les caractristiques distinctives du processus d'actdirige et de son objectif, tout en omettant les mesures particulires de lun et de l'autre.

    Par exemple, le concept de mthode le plus fondamental, celui dont dpendent tous les autresest celui de lalogique .La caractristique distinctive de la logique l'art de l'identification non contradictoire estd'indiquer la nature des actes (actes de la conscience ncessaires pour raliser une identificatiocorrecte) ainsi que leur raison dtre (le savoir), tout en omettant la longueur, la complexit oles tapes particulires du processus dinfrence logique, de mme que la nature du problmecognitif particulier pos toute occasion de la mise en uvre de cette logique.

    Les concepts de mthode reprsentent une grande partie de l'quipement conceptuel de l'homme.

    L'pistmologie est une science consacre la dcouverte des mthodes appropries d'acquisitionet de validation des connaissances.L'thique est une science consacre la dcouverte des mthodes appropries de vivre sa vie.Lamdecine est une science consacre la dcouverte des mthodes appropries pour gurir lesmaladies.

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    Toutes les sciences appliques (lestechniques ) sont autant de sciences consacres la dcouverte demthodes.Les concepts de mthode sont le lien vers cette vaste et complexe catgorie de concepts qui reprsentlintgration des concepts de lexistence avec des concepts de la conscience, catgorie qui comprend

    plupart des concepts relatifs laction de lhomme. Les concepts de cette catgorie n'ont pas derfrents directs au niveau de la perception (bien qu'ils mettent en uvre des composants qui eux, so perus) et on ne peut pas les former ni les comprendre sans avoir pralablement construit un longenchanement conceptuel. Par exemple, le concept du mariage dsigne une certaine relation morale et juridique entre unhomme et une femme, ce qui implique un certain modle de comportement, fond sur un accord mutuet sanctionn par le Droit.On ne peut pas former ni comprendre le concept de mariage en se bornant observer la conduite dcouple . il faut intgrer leurs actes avec un certain nombre de concepts de la conscience, tels que ceuxde contrat , de morale et de Droit .

    Le concept de proprit dsigne la relation d'un homme un objet (ou une ide) : son Droit del'utiliser et d'en disposer, et implique une longue chane de concepts moraux et juridiques, qui passe pla procdure suivant laquelle l'objet a t acquis.Le simple fait dobserver un homme en train de se servir dun objet ne traduira pas le concept de proprit . Des concepts composites de ce genre se forment en isolant les existants, les relations et les actionsappropris, puis en conservant leurs caractristiques distinctives et en omettant le type de mesuresappropries pour les diffrentes catgories de concepts impliqus. Maintenant, un mot de la grammaire .La grammaire est une science qui traite de la formulation des mthodes appropries d'expression verbaet de communication, savoir les mthodes pour composer des phrases avec les mots (les concepts).La grammaire traite des actes de la conscience, et implique un certain nombre de concepts spciaux-comme lesconjonctions , qui sont des concepts dnotantdes relations entre les penses ( et , mais, ou , etc.). Ces concepts se forment en conservant les caractristiques distinctives de la relation et en omettant les penses particulires qui sont en cause.Le but des conjonctions est lconomie verbale : elles servent intgrer et / ou condenser le contenu decertaines penses.

    Par exemple, le mot et sert intgrer un certain nombre de faits en une seule pense.Si on dit : Martin, Bernard et Dubois vont la foire , le et indique que l'observation vont la foire s'applique aux trois individus susnomms.Y a-t-il dans la ralit unobjet qui correspondant au mot et ? Non.Y a-t-il dans la ralit un fait qui corresponde au mot et ? Oui.Le fait est que ces trois-l vont la foire, et que le mot et intgre dans une pense un fait quautrement, devrait se dcrire comme :

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    Martin va la foire, Bernard va la foire, Dubois va la foire .

    Le mot mais sert indiquer une exception aux implications ventuelles d'une pense donneou une contradiction avec celle-ci. Si on dit : elle est jolie, mais qu'elle est tarte , le mais

    est l pour condenser les considrations qui suivent : La fille est belle ; la beaut est un attribut dsirable, c'est une valeur. Avant que vousconcluiez que cette fille en vaut la peine, vous devez aussi prendre en compte cet aspectindsirable : elle est tarte .

    Si on dit : je travaille tous les jours mais pas le lundi , le mais indique une exception qucondense ce qui suit : je travaille mardi, mercredi, jeudi, etc. ; le lundi, j'agis diffremment je ne travaille pas (ces exemples sont destins ces victimes de la philosophie moderne qui se font raconter par l'Analyse linguistique qu'il n'y aurait aucun moyen de dduire les conjonctions de l'exprience,

    c'est--dire des faits de la ralit). ce stade, un certain aspect de l'tat pistmologique de la culture actuelle vaut la peine qu'on s'yarrte. Observez que les attaques contre le niveau conceptuel de la conscience humaine, c'est--dire contre laraison, viennent des mmes casernes idologiques que les attaques contre lamesure . Lorsqu'on discutede la conscience humaine, en particulier de ses motions, certaines personnes emploient le terme de mesure dans un sens pjoratif comme si une tentative pour l'appliquer aux phnomnes de laconscience tait une inconvenance grossire, insultante et matrialiste. La question l'amour peut-il mesurer est un exemple et un symptme de cette attitudeE.

    Comme sur bien d'autres sujets, ces deux camps prtendument opposs ne sont que deux variantes qu poussent partir des mmes prmisses de base. Les mystiques l'ancienne proclament qu'on ne peut pas mesurer l'amour en kilos, en mtres ou en dollars. Ils sont aids et encourags par les no-mystiques qui, ivres de concepts de mesure non digrs, prtendant que la mesure serait le seulinstrument de la science, entreprennent de mesurer des rflexes, des statistiques extraites dequestionnaires et la courbe d'apprentissage des rats, comme des reflets de l'me humaine. Les deux camps refusent de tenir compte du fait quela mesure ncessite un instrument appropri, et quedans les sciences physiques que l'un de ces camps dteste passionnment, et que l'autre jalouse touaussi furieusement la longueur ne se mesure pas en kilos, ni le poids en mtres. Mesurer consiste identifier une relation en termes numriques et la complexit de la science de lamesure indique la complexit des relations qui existent dans l'univers et que l'homme a seulementcommenc explorer. Elles existent, mme si les mthodes et instruments de leur mesure ne sedvoilent pas toujours aussi facilement que dans le cas des simples attributs de la matire que nousdonne la perception directe, et que le degr de prcision possible ne soit pas aussi grand.S'il existait une seule chose qui ne soit pas mesurable, celle-ci n'aurait aucun rapport d'aucune sorte ale reste de l'univers, elle n'aurait aucun effet sur le reste de l'univers et cet univers ne l'affecterait en

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    aucune manire, elle n'impliquerait aucune cause et n'entranerait aucune consquence bref, ellen'existerait pas. Le motif de ce refus de principe de la mesure est vident : c'est le dsir de maintenir un refuge pour l'indtermin, au profit de l'irrationnel : pistmologiquement le dsir d'chapper la responsabilit

    la prcision cognitive et de l'intgration grande chelle ; et mtaphysiquement, le dsir d'chapper l'absolutisme de l'existence, des faits, de la ralit, et avant tout, de l'identit.

    5. Les dfinitions Une dfinition est un nonc qui identifie lanature des units incluses dans un concept. On dit souvent que ce que les dfinitions noncent, ce serait lesens des mots . Elles le font, maislinterprtation n'est pas exacte. Un mot n'est que le symbole visuel et auditif dont on se sert pour reprsenter un concept ; un mot n'a pas d'autre sens que celui du concept qu'il symbolise, et le sens dconcept consiste dans les units qu'il dsigne. Ce ne sont pas des mots, mais des concepts que l'homdfinit : en prcisant quels sont ses rfrents.

    La raison d'tre d'une dfinition est de distinguer un concept de tous les autres concepts et par consquent de diffrencier en permanence les units auxquelles il se rfre de l'ensemble des autresexistants.

    tant donn que la dfinition d'un concept se formule en termes d'autres concepts, elle nous permet nseulement d'identifier un conceptet en mme temps de le conserver l'esprit, mais aussi d'tablir lesrelations rciproques, la hirarchie, le systme intgr de tous ses concepts et par consquent la miseen ordre de sa connaissance. Les dfinitions prservent [donc aussi], non pas l'ordre chronologiquedans lequel un individu donn pourrait avoir appris ses concepts, mais l'ordrelogique de leur interdpendance hirarchique.

    Avec certaines exceptions notables, tout concept peut tre dfini et transmis en termes d'autresconcepts. Les exceptions sont les concepts qui se rfrent aux sensations, et les axiomes mtaphysiqu

    Les sensations sont la matire premire de la conscience et, par consquent, ne peuvent pas secommuniquer l'aide du matriau quon en a tir. Les causes existentielles des sensations, on peut ldcrire et les dfinir en termes conceptuels (par exemple les longueurs d'onde de la lumire et lefonctionnement de l'il humain, qui produisent les sensations de la couleur), mais on ne peut pascommuniquer quoi ressemble la couleur, une personne qui serait aveugle. Pour dfinir le sens duconcept de bleu , par exemple, on est oblig de dsigner des objets qui sont bleus pour dire, en f c'est a que je veux dire . Une telle manire de dfinir un concept est connue comme une dfinitiostensive . On considre gnralement que les dfinitions ostensives ne sont applicables qu'aux sensationsconceptualises. Mais elles sont applicables aux axiomes aussi. tant donn que les conceptsaxiomatiques consistent en l'identification de faits primaires irrductibles, la seule manire de lesdfinir est au moyen d'une dfinition ostensive par exemple, pour dfinir l'existence , il faudra

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    balayer les alentours d'un geste de la main et dire c'est a que je veux dire . Nous traiterons desaxiomes plus tard. Les rgles de la dfinition correcte sont dduites du processus de formation des concepts. On s'taitservi d'une (ou plusieurs) caractristique(s) distinctive(s) pour diffrencier les units que dsigne un

    concept d'autres existants possdant une caractristique commensurable, ce qu'on appelle ici undnominateur conceptuel commun . Une dfinition procde suivant le mme principe : elle prcise la(ou les) caractristique(s) distinctive(s) desdites units et indique la catgorie d'existants dont [laclassification par le concept] les a distingues. La (les) caractristique(s) distinctive(s) de ces units devien(nen)t la (les)diffrence(s) spcifique(s) dela dfinition du concept ; les existants qui possdent un dnominateur conceptuel commun deviennent le

    genre prochain. Ainsi, une dfinition se conforme aux deux fonctions essentielles de la conscience : la diffrenciatioet l'intgration. Ladiffrence spcifique isole de l'ensemble des autres existants les units dsignes par

    le concept, legenre prochain indique quel lien elles ont avec un groupe d'existants plus vaste. Par exemple, dans la dfinition d'une table ( un meuble, constitu d'une surface plane et de montantsdestine porter d'autres objets plus petits ), la forme particulire est la diffrence spcifique, quidistingue les tables de toutes les autres entits appartenant au mme genre prochain : l'ameublement.Dans la dfinition de l'tre humain ( animal rationnel ), rationnel est la diffrence spcifique, animal est le genre prochain. De mme qu'un concept devient son tour une unit lorsqu'on l'intgre, avec d'autres, dans un conce plus large, de mme le genre prochain devient son tour une unit singulire, avec sadiffrence spcifique , lorsqu'on l'intgre dans un genre prochain plus tendu. Par exemple, une table est unediffrenciation spcifique du genre prochain de l ameublement , lequel est son tour unediffrenciation spcifique du genre prochain objets domestiques , lui-mme diffrenciationspcifique du genre prochain objets manufacturs . L tre humain est une diffrenciationspcifique du genre prochain animal , lequel est une diffrenciation spcifique du genre prochain organisme vivant , lui-mme diffrenciation spcifique du genre prochain des entits . Une dfinition n'est pas une description : [par destination] elleimplique, mais [justement] ellenementionne pas l'ensemble des caractristiques des units que dsigne un concept. Si une dfinitiondevait faire la liste de toutes ces caractristiques, elle irait radicalement l'encontre de sa propre raisod'tre : elle fournirait un conglomrat indistinct, non diffrenci, de traits caractristiques, qui ne pourrait pas servir distinguer les units des autres existants, ni le concept des autres concepts.Ce quune dfinition doit identifier, cest lanature des units, c'est--dire les caractristiquesessentielles sans lesquelles lesdites units ne seraient pas le type d'existants qu'elles sont.Cependant, il importe de se rappeler qu'une dfinition dsignetoutes les caractristiques des units, puisqu'elle est l pour identifier ceux de leurs traits qui sontessentiels et non pas la totalit de ces traits ; parce que ce quelle dsigne ce sont desexistants , et non leurs aspects pris isolment ; et parce qu'elleest l pour condenser une connaissance plus tendue des existants en cause, et non pour se substituer elle.

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    Ceci conduit une question cruciale : tant donn qu'un groupe d'existants peut possder plus d'unecaractristique qui le distingue des autres existants, comment dtermine-t-on la caractristiqueessentielle dun existant et, par ce fait mme, la bonne caractristique pour dfinir un concept ? La rponse, c'est le processus de formation des concepts qui la fournit.

    Les concepts ne se forment pas, ne peuvent pas se former dans un vide ; c'est dans un certaincontextequ'on les dfinit : le processus de conceptualisation consiste observer les diffrences et les similitudentre les existantsqui se trouvent dans le champ de notre conscience (et les organiser en consquencedans un systme de classement conceptuel). De la comprhension, par un enfant, du plus simple desmots, intgrant un groupe de perceptions concrtes donnes, jusqu' celle qu'un savant peut avoir desnotions les plus complexes, intgrant de longs dveloppements conceptuels, tout processus deconceptualisation se dveloppe dans un certain contexte ; ce contexte consiste en la totalit du champde la conscience, ou de la connaissance, d'un esprit pensant, chacun des niveaux de sondveloppement cognitif.

    Cela ne veut pas dire que la conceptualisation soit un processus subjectif, ni que le contenu desconcepts ne dpende que dun choix subjectif (c'est--dire arbitraire) de l'individu.La seule question qui soit ouverte au choix d'une personne est la quantit d'information qu'elle aurachoisi d'acqurir et, en consquence, quel est le niveau de complexit conceptuelle qu'elle sera capabd'atteindre. Cependant, aussi longtemps que (et dans la mesure o) ce sera deconcepts que traitera sonesprit par opposition aux sons appris par cur et autres abstractions flottantes), c'est l'informationque contiendra son esprit, c'est--dire sa matrise des faits de la ralit qui dterminera et dictera lecontenu de ses concepts.Si lapprhension quil en a nest pas contradictoire alors, mme si le champ de ses connaissances estmodeste et le contenu de ses concepts primitif,il nentrera pas en contradiction avec le contenu desmmes concepts dans l'esprit des savants les plus avancs.La mme chose est vraie des dfinitions :toutes les dfinitions sont contextuelles, et une dfinition primitivenest pas contradictoire avec une autre plus avance : la seconde ne fait que dvelopper la premire. Reconstituons, par exemple, l'volution du concept d tre humain .Au niveau prverbal de la conscience, quand un enfant commence diffrencier les tres humains dureste de son champ de perception, il observe des caractristiques distinctives qui, si on les traduisaitavec des mots, quivaudrait une dfinition telle que : quelque chose qui bouge et qui fait du bruit Dans le contexte de ce dont il est conscient, c'est une dfinition qui se tient : il est de fait que ltrehumain bouge et fait du bruit, et que cela le distingue des objets inanims autour de lui. Lorsque l'enfant observe quil existe des chats, des chiens, des voitures sa dfinition tombe : il esttoujours vrai que ltre humain bouge et fait des bruits, mais ces caractristiques ne le distinguent pasd'autres entits dans le champ de ce dont il a conscience.La dfinition (tacite) de l'enfant change alors pour quelque quivalent de : une chose qui vit, quimarche sur deux pattes et n'a pas de fourrure , les caractristiques du bouger et du bruit demeurant implicites, mais ne faisant plus partie de la dfinition.Et de nouveau, cette dfinition-l est la bonne dans le contexte de ce dont l'enfant a conscience.

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    Lorsque l'enfant apprend parler et que le champ de sa conscience se dveloppe encore, sa dfinitionl'tre humain se dveloppe due proportion.Elle devient quelque chose du genre :

    Un tre vivant qui parle et qui fait des choses que les autres tres vivants ne peuvent pas faire

    . Ce type de dfinition-l suffira pour longtemps (il y a pas mal dindividus, dont certains savantsmodernes, qui ne vont jamais au-del de lune ou lautre variante de cette dfinition).Mais cela cesse d'tre valide peu prs au moment de l'adolescence o l'enfant, observant (si sondveloppement conceptuel se poursuit) que sa connaissance des choses quaucun autre tre vivant n peut faire a gonfl jusqu devenir une masse norme d'activits, incohrente et inexplique, dontcertaines sont le fait de tous les hommes, mais pas toutes, dont certaines sont encore faites par desanimaux (comme la construction d'abris), mais de manire visiblement diffrente, etc.Il se rend compte que sa dfinition n'est pas galement applicable tous les tres humains, et ne peut non plus servir les distinguer de tous les autres tres vivants.

    Cest cette tape qu'il se demande : quelle est la caractristique commune toutes les diverses activide l'homme? Quel est leur racine ? Quelle est la capacit qui permet ltre humain de les excuter etdistingue ainsi de tous les autres animaux?Quand il saisit que la caractristique distinctive de l'homme est son type de conscience, consciencecapable de former des abstractions, de dfinir des concepts, d'apprhender la ralit par un processusrationnel -- alors il atteint la seule et unique dfinition de l'homme qui soit valide, dans le contexte deconnaissance et de l'ensemble de celles de l'humanit ce jour : un animal rationnel ( rationnel , dans ce contexte, ne signifie pas : agissant invariablement en conformit avec la raiso ; cela veut dire : capable de raisonner (une dfinition complte biologique de l'hommecontiendrait de nombreuses sous-catgories de l animal , mais la catgorie gnrale, et la dfinitioultime, demeureraient les mmes). Observez que toutes les versions antrieures d'une dfinition de l'homme taientvraies , que ctaientdes identifications correctes des faits de la ralit et qu'elles taient validesen tant que dfinitions , cest--dire quelles reprsentaient un bon choix des caractristiques distinctives dans le contexte duneconnaissance donne.Aucune d'entre elles na t contredite par une information ultrieure : elles ont [au contraire] timplicitement incluses, en tant que caractristiques non dfinitionnelles, dans une dfinition plus prcde l'homme.Cest toujours vrai que l'homme, animal rationnel, parle, fait des choses que les autres tres vivants n peuvent pas faire, marche sur deux pattes, n'a pas de fourrure, bouge et fait des bruits. Les tapes particulires donnes dans cet exemple ne reprsentent pas ncessairement les tapeseffectives du dveloppement conceptuel de chaque homme : des tapes, il peut y en avoir beaucoup p-- ou beaucoup moins ; elles peuvent ne pas tre aussi clairement et consciemment dlimites, mais cle modle de dveloppement que subissent la plupart des concepts et dfinitions dans l'esprit d'unindividu, mesure que ses connaissances saccroissent.Cest le modle qui rend possible ltude intensive et, avec elle, la croissance de linformation et dela science .

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    Maintenant observons, dans l'exemple qui prcde, le processus de dtermination d'une caractristiquessentielle : la rgle ducaractre fondamental .Quand un groupe dexistants donn a plus d'une caractristique qui le distingue des autres existants, ondoitobserver les relations entre ces diffrentes caractristiques pour dcouvrir celle dont toutes les

    autres (ou le plus grand nombre d'autres) dpendent : la caractristique fondamentale sans laquelle lesautres ne seraient pas possibles.Cette caractristique fondamentale est la caractristiqueessentielle des existants en cause, et lacaractristiquedfinitionnelle approprie du concept. Mtaphysiquement, une caractristique fondamentale est la marque distinctive quirend possible le plusgrand nombre des autres ; pistmologiquement, elle est celui qui enexplique le plus grand nombre. Par exemple, on peut observer que ltre humain est le seul animal qui parle anglais, qui porte unemontre, pilote des avions, fabrique du rouge lvres, tudie la gomtrie, lit des journaux, crit des pomes, ravaude des chaussettes, etc. Or, rien de tout cela n'est une caractristique essentielle : aucun

    nexplique les autres, aucune ne s'applique tous les tres humains ; que lon omette lune d'entre ellou tous la fois, que lon suppose un tre humain qui n'a jamais rien fait de tout cela, et il en seratoujours un.En revanche, observez que toutes ces activits (et d'autres encore innombrables) exigent uneapprhension conceptuelle de la ralit ; quaucun [autre] animal ne serait capable de les comprendre,qu'elles sont lexpression et les consquences