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1 Introduction J’ai souhaité traiter ce sujet car dans certaines structures la question du port ou du non port de la tenue se pose. Je pense qu’il est important d’avoir un large point de vue sur ce sujet. Pour les soignants qui ont le choix, j’espère amener à une réflexion, qui par la suite leur permettra d’adopter l’attitude la plus adaptée compte tenue de leur ressenti et de l’état dans lequel se trouvent leurs patients. Pour cela, je vais aborder le sujet en trois points. La psychiatrie avec les représentations sociales ainsi que son évolution depuis sa naissance. La communication sera traitée car elle me paraît essentielle pour établir un contact avec le patient, pour cela il faut trouver sa place et donc l’importance de la distance thérapeutique prend toute sa dimension. Et pour terminer je vais décrire les influences que peut avoir la tenue autant au niveau infirmier qu’au niveau patient.

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Introduction

J’ai souhaité traiter ce sujet car dans certaines structures la question du port ou du non port

de la tenue se pose. Je pense qu’il est important d’avoir un large point de vue sur ce sujet.

Pour les soignants qui ont le choix, j’espère amener à une réflexion, qui par la suite leur

permettra d’adopter l’attitude la plus adaptée compte tenue de leur ressenti et de l’état dans

lequel se trouvent leurs patients.

Pour cela, je vais aborder le sujet en trois points. La psychiatrie avec les représentations

sociales ainsi que son évolution depuis sa naissance. La communication sera traitée car elle

me paraît essentielle pour établir un contact avec le patient, pour cela il faut trouver sa

place et donc l’importance de la distance thérapeutique prend toute sa dimension.

Et pour terminer je vais décrire les influences que peut avoir la tenue autant au niveau

infirmier qu’au niveau patient.

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Dans un premier temps, je pense qu’il est important de commencer ce travail en

amont de ma formation en soins infirmiers. J’avais une idée assez arrêtée de l’image de

l’infirmière : elle devait porter une tenue, blouse ou l’ensemble tunique pantalon, qui me

semblait indissociable de l’infirmière. Ne connaissant pas encore le secteur psychiatrique,

pour moi elle avait sa place dans un service en soins généraux. Lors de visites à l’hôpital,

je reconnaissais immédiatement le personnel soignant grâce à sa tenue, elle était le

symbole du corps médical et paramédical.

Le premier jour de ma formation à l’institut en soins infirmiers, le personnel de la

lingerie a demandé à la promotion de se présenter pour l’essayage des tenues, il s’agissait

de la tunique pantalon. J’ai donc associé le début de mes études, à l’acquisition de cette

tenue, qui semblait donc indispensable pour me rendre sur mes lieux de stage.

Au cours de ma première année d’étude, j’ai effectué un stage en hôpital de jour,

accueillant des personnes atteintes de psychoses maniaco dépressive. Ce stage m’a permis

de clore mon année, ayant eu auparavant des terrains d’apprentissage tels que la médecine,

la chirurgie et la gérontologie. Dans tous ces lieux la tenue était de rigueur. A travers ce

stage, j’ai découvert le milieu psychiatrique et la possibilité du non port de la tenue qui

était si importante et indispensable dans les autres services.

Dans la structure les portes ouvraient à 9h30, les infirmières arrivaient toutes entre

9h et 9h30 pour pouvoir accueillir les patients. J’ai ainsi vu arriver les infirmières les unes

après les autres habillées en civil, le vestiaire se trouvant dans l’enceinte du service. Je me

suis rendue compte que chacune avait ses habitudes. Certaines passaient par le vestiaire

pour y déposer leurs effets personnels, d’autres revêtissaient partiellement ou totalement

leur tenue de travail (tunique ou ensemble complet tunique pantalon). Pour les étudiants, le

port de la tenue complète était exigé par le personnel encadrant.

Lors de certaines activités, les attitudes des soignants se modifiaient face au port de

la tenue, certains mettaient leur blouse alors que d’autres l’enlevaient.

Pendant les activités manuelles salissantes, les infirmières m’ont conseillé de me

vêtir avec une des blouses qui était mise à disposition pour les ateliers, elles avaient pris

l’habitude de se protéger de cette façon. Les blouses étaient usagées, il s’agissait

d’anciennes blouses qui avaient été récupérées à cet effet.

Durant ce même stage, nous étions allés voir le Tour de France à vélo, nous nous y

étions rendus à pied car il passait en centre ville. Le personnel soignant et moi-même

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étions allés nous changer, pour nous mettre en civil. Je pense qu’il s’agissait de garder le

secret professionnel, d’éviter de faire remarquer notre présence. Effectivement si nous

étions sortis en tenue avec l’étiquette de l’établissement, les spectateurs auraient reconnu

qu’il s’agissait de patients psychiatriques. Les réactions, attitudes envers eux, auraient

peut-être été pour certains différentes. Les passants ne devaient pas savoir que ces patients

se faisaient soigner en psychiatrie, les réactions des passants auraient pu être dures par la

non-connaissance de ce milieu et à toutes ses représentations. Ainsi en civil, les patients

ont été perçus dans la rue non comme des patients mais comme des passants par rapport à

la foule.

Une journée à la campagne avait été proposée aux patients, la fondation ayant une

maison à leur disposition avec un grand jardin où nous avions pique-niqué et passé le reste

de la journée. Il n’y avait aucune personne extérieure à la structure, mais au niveau des

soignants, nous étions habillés en civil. D’après moi il n’y a plus le problème de la

confidentialité. L’appréciation des patients ainsi que celles des soignants tout au long de la

journée fut différentes des autres jours, j’ai perçu cela comme une journée « normale »,

c’est-à-dire avec un encadrement thérapeutique, mais sans le poids de l’institution.

Le fait que le personnel soignant ne portait pas la tenue, m’a fait réaliser qu’elle

permettait de nous identifier. Sans cette distinction la reconnaissance du personnel en était

perturbée. Le repérage des infirmiers était difficile à effectuer, infirmiers et patients étant

tous deux habillés en civil, cela permettait ainsi une communication égalitaire. Ceci ne

voulait pas dire que le patient se confiait plus facilement. L’infirmier aux yeux du patient

pouvait perdre sa qualité de soignant et tout ce qui l’entourait avec des points aussi

essentiels que le secret professionnel.

Au cours de ma seconde année, j’ai de nouveau effectué un stage en psychiatrie, il

s’agissait d’un service spécifique : un CATTP (centre d’accueil thérapeutique à temps

partiel) pour enfants âgés de 5 à 12 ans. Dans ce service tout le monde observait la même

attitude par rapport au port de la tenue : aucun infirmier ne la portait, il en était de même

pour les étudiants. Je pense qu’il est important de décrire la structure. Une première partie

était composée du hall d’accueil, lieu où les familles, les taxis, les enfants ainsi que le

personnel soignant pouvaient accéder. Une seconde partie était plus spécifique aux soins,

accessible uniquement aux enfants et au personnel soignant. Etant donc inaccessible aux

personnes extérieures de l’établissement, les enfants le percevaient peut-être comme un

lieu thérapeutique, ainsi la tenue serait-elle superficielle ? Dans ce CATTP, les enfants

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étaient atteints de psychoses, dans ces pathologies, la tenue peut être utilisée comme

moyen thérapeutique. Peut-être que la contenance des murs suffisait à les apaiser.

Pour certaines activités, comme la cuisine, nous devions effectuer des achats

d’ingrédients à l’extérieur, et accompagnions les enfants au supermarché en civil. On peut

ainsi remarquer une similitude avec le stage précédent.

Lors de l’activité peinture, les soignants ainsi que les enfants étions revêtus de

blouses usagées prévues à cet effet.

Au cours de ma troisième année, j‘ai effectué un stage en CMP (centre médico-

psychologique). Personne ne portait la blouse ou la tunique pantalon. Nous faisions

souvent des visites à domicile. Je pense que nous en revenons au même cas que dans ma

première année, il s’agit de préserver le secret professionnel. Les voisins des patients dont

nous nous occupions, ne devaient pas savoir qu’un infirmier psychiatrique venait leur

rendre visite si celui-ci ne le souhaitait pas. Je me rappelle que lors de ce stage, nous

allions rendre visite à une dame qui avait besoin de séances de relaxation car elle ne se

sentait pas bien. Une voisine nous voyant venir régulièrement à la même heure, se posait

des questions : Qui étions-nous ? Que venions-nous faire ? Et elle est allée le demander à

la patiente. Si nous avions porté une blouse, sachant qu’elle n’avait pas de problème de

santé physique, elle aurait pu en déduire qu’il s’agissait du psychisme. Lors de ces visites

chez les patients, je me sentais mal à l’aise : je ne sais pas pourquoi ; était-ce le fait que je

ne voyais les patients qu’une ou deux fois dans mon stage ? Etait-ce le fait de ne pas me

sentir protégée par l’enceinte d’une institution ? Ou était-ce le fait de ne pas porter de

blouse ne sachant plus quelle était ma place ? Les trois hypothèses ensembles sont aussi

possibles.

Dans ce CMP, les patients venaient aussi pour avoir leur injection de

neuroleptiques. Malgré l’importance des règles d’hygiène, l’infirmier qui venait de chez

des particuliers, n’avait pas de blouse. De plus quand il faisait froid nous étions habillés

chaudement, en manches longues, ce qui pouvait augmenter le risque de faute d’hygiène.

Au long de mes trois années d’étude, j’ai effectué des stages dans les différents

lieux d’exercice professionnel d’une infirmière. J’ai pu constater qu’en service hospitalier

général la tenue (tunique pantalon) était de rigueur pour les infirmiers comme pour les

stagiaires. Au niveau du secteur libéral et du secteur psychiatrique, les avis étaient mitigés

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même si des gestes techniques y étaient pratiqués. Au niveau de la santé publique les avis

sont aussi partagés bien que le risque infectieux ne soit pas toujours présent.

En milieu hospitalier, la tenue occupe une place très importante pour faire respecter

les règles d’hygiène et d’asepsie, qui sont strictes pour la santé des patients. Il est donc

normal qu’elle soit obligatoire dans ce cas là. C’est dans les services généraux où le risque

infectieux est le plus important car des gestes techniques y sont pratiqués. Dans un service

comme la chirurgie, les soins à effectuer tel que des pansements, des prises de sang, des

poses de voies veineuses périphériques et parfois des manipulations sur des voies

veineuses centrales sont de nombreuses portes d’entrée à une infection. Mais il ne faut pas

oublier, la blouse ne sert pas uniquement à protéger le patient mais également à nous

protéger. Elle sécurise, en l’enlevant à la fin de son poste, on limite le risque de

transmission de germes envers soi-même et ses proches.

Le CCLIN (centre de coordination de lutte contre les infections nosocomiales)

décrit la tenue de base par sa forme, sa matière et son rythme de changement. Toutes les

recommandations exposées par le CCLIN sont importantes, mais il ne faut pas en oublier

la composante relationnelle. Je prends pour exemple, un patient qui va partir au bloc

opératoire : il va être en état de stress, d’angoisse, la tenue peut l’aider à l’apaiser car elle

renvoie un savoir et une connaissance. A l’inverse, un patient ayant de mauvais souvenirs

d’hospitalisation précédente, la tenue pourrait augmenter son angoisse. Ainsi je pense que

les effets antagonistes de la blouse ont une influence dans la relation.

On peut tout de même remarquer que dans des services spécifiques tel que la

pédiatrie, la tenue est souvent ornée de badge. Le CCLIN est contre le port de ce badge, car

la tenue est à l’origine prévue pour accumuler le moins de poussières contaminantes

possibles. Sur ce badge est uniquement noté le prénom à l’inverse des tenues où le nom est

mis en avant. De part la mise en avant du prénom, cela permet au patient de se sentir plus

proche du soignant. Il est également dessiné un animal, mettant ainsi un peu de couleur à la

tenue et permettant une individualisation de chaque soignant (l’enfant identifie un infirmier

à l’animal qu’il peut avoir sur son badge). Le dessin peut permettre également de rentrer

plus facilement en contact avec l’enfant.

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Après avoir vu les différents exercices professionnels d’un infirmier, je me suis

décidée à axer cette recherche au niveau de la psychiatrie, car au niveau des soins généraux

le port de la blouse est essentiel, la question du non port de la tenue ne se pose pas.

Après tous ces stages, je me suis interrogée, si le port de la blouse était obligatoire

pour l’infirmier. J’ai ainsi effectué des recherches dans les différents textes de loi, j’ai été

surprise de constater que rien n’y était mentionné. J’en suis venue à me poser une nouvelle

question, au niveau des services généraux où l’hygiène est très importante et où tous les

infirmiers sont habillés en blanc. N’y aurait-il pas tout de même une obligation ?

Effectivement, le règlement intérieur de l’établissement, la convention collective

applicable et le contrat de travail du salarié peuvent fixer son port obligatoire. C’est ainsi

que j’ai cherché dans les règlements intérieurs de certaines structures mais rien n’y était

mentionné.

Lors de mon stage en CMP, j’ai eu une discussion avec un des infirmiers, il me

disait qu’effectivement rien n’était mentionné mais qu’en général en milieu intra

hospitalier, tout le personnel devait mettre une blouse, me disant que même si rien n’était

mentionné cela serait mal vu et serait repris par les cadres de services ou les médecins.

C’est ainsi qu’il me proposa d’aller visiter un service intra hospitalier. N’ayant jamais pu y

aller en stage, j’allais y découvrir une face de la psychiatrie que je ne connaissais qu’au

point de vue théorique. Le service visité était une unité de crise, j’ai discuté avec un

infirmier qui me disait porter sa tenue uniquement parce qu’il y avait des gestes

techniques. Après approfondissement, il me disait qu’elle pouvait servir à s’identifier, à se

différencier des patients mais que pour lui cela n’était pas nécessaire. Selon ses dires, le

fait de ne pas porter de tenue ne le dérangeait pas du moment où il n’y avait pas d’actes

techniques à effectuer.

Il me parlait des services extrahospitaliers, où les infirmiers ne portaient pas la

tenue, malgré le fait que des actes techniques pouvaient y être pratiqués. Cela dépend de

l’hôpital psychiatrique duquel on dépend. Il faut préciser que mon premier lieu de stage ne

dépendait pas du même hôpital psychiatrique que les deux autres.

C’est ainsi que l’on peut se demander à quoi sert la tenue en psychiatrie

Question de départ : Quel rôle joue la tenue dans la communication infirmier/patient en

secteur psychiatrique adulte milieu ouvert ?

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I. Les représentations sociales de la psychiatrie

« Si le fou porte en lui l’humaine condition, l’homme porte en lui le terreau où la folie

s’enracine » R.Bastide 1965

Selon Foucault la folie n’était pas pensable avant le 17ième siècle. Au Moyen Age, la

folie était considéré comme un « surcroît démoniaque » à l’œuvre de Dieu, on lui conférait

un savoir de l’au-delà divin. La folie fait donc appel à un aspect démoniaque mais aussi

sacré et religieux. Jusqu'à la renaissance cette image représentait la folie, puis elle sera peu

à peu mise à distance de la raison.

Pendant la révolution Française, la liberté humaine prenait toute sa dimension et par

conséquent le malade mental perdait toute sorte de liberté. Il se trouvait expulsé d’une

société basée sur les libertés individuelles, il n’était donc plus à sa place dans celle-ci. De

plus, il dégageait au monde des notions de peurs, de dégoûts, de dangerosité, et de

mensonge. Ainsi la folie devenait donc un sujet tabou, un sujet que l’on cachait pour ne pas

effrayer. Le « fou » était objet de honte, on ne disait pas de la même façon que l’on

hospitalisait un proche en asile d’aliénés ou en soins généraux. Il était devenu aux yeux du

monde un hors la loi. En juillet 1791, une nouvelle loi stipulait que ceux qui laisseraient

divaguer des insensés ou des furieux seraient passibles de peines correctionnelles. Ainsi,

ceux qui souhaitaient les aider devenaient des hors la loi. Je pense que cette loi, rend aux

yeux du monde les malades psychiatriques plus dangereux encore. En plus de l’exclusion,

des sanctions sont possibles, cela conduit à des comportements discriminatoires.

Certains tentent d’établir une cause à la folie, elle serait générée par le groupe

social, le problème ne serait donc plus intrinsèque comme pendant le moyen âge, mais

comme un processus externe, propre au groupe qui utilise le fou pour se protéger.

Il ne faut pas oublier qu’à cette époque ils étaient enfermés et attachés à des

chaînes. On peut y voir une grande similitude avec les prisonniers. Les conditions de vie

du patient étaient semblables voir même plus dures que les conditions de détention des

meurtriers.

La psychiatrie souffre d’une image négative que ce soit la maladie mentale, les

lieux de soins et les patients. Effectivement, la maladie mentale est souvent associée à la

folie. Cette image négative ne serait-elle pas due au passé ?

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II. Du gardien de fou à l’infirmier diplômé d’état

Jusqu’au XXième siècle les infirmiers psychiatriques n’étaient pas considérés comme

tel mais comme des « gardiens de fou ». En 1788, selon Tenon, un membre de l’académie

royale des sciences, on parlait de gardiens en termes de « véritables gardiens de

chiourmes ». Les gardiens ne se distinguaient pas des patients, ils étaient aussi mal

considérés qu’eux. Ils vivaient à l’intérieur des murs, étaient nourris et logés à l’hôpital

appelé asile d’aliénés. Ils étaient célibataires et partageaient la vie de ceux qu’ils gardaient.

La sélection pour devenir gardien était basée principalement sur la corpulence physique.

N’ayant pas besoin de savoir lire, la plupart étaient donc illettrés, ils étaient le plus souvent

issus des classes sociales défavorisées. Il arrivait que certains patients stabilisés deviennent

gardiens à leur tour. Ils servaient essentiellement à contenir les patients, et à éviter la

divagation des infirmes. Leur image était celle d’un individu dangereux, ignare, dépravé,

violent et alcoolique. Les gardiens étaient tout de même indispensables, personne n’était en

mesure de prendre leur place, que ce soit les médecins ou les religieuses. Leur rôle étant la

maîtrise physique des symptômes psychiques. La violence des patients s’opposait à la

violence des soignants, cette image du gardien de fou donne de nos jours encore une

connotation négative de la psychiatrie.

Dans les années 1790, Jean-baptiste Pussin fut le premier gardien surveillant

humaniste. Il a permis une évolution importante au niveau de la psychiatrie. Il a poussé les

médecins à enlever les chaînes aux patients. A ce moment là, les infirmiers n’existaient pas

encore, donc on ne parlait pas de lui en tant que cadre infirmier mais comme chef de la

police intérieure des loges ou encore gouverneur des sous employés.

Du fait que les patients ne soient plus enchaînés, Philippe Pinel, le médecin chef, a

remarqué que les « aliénés » traités avec plus d’humanité réagissaient beaucoup mieux.

Depuis, Jean baptiste Pussin est le père symbolique de l’Infirmier psychiatrique.

Il faut savoir que jusqu’en 1801, les gardiens n’avaient pas de réel statut car ce ne

fut seulement cette année là que le terme apparut dans les documents officiels de la maison

de Charenton.

En 1901, on pouvait sentir une évolution, au congrès des aliénistes à Limoges, une

question était posée « y a-t-il lieu de remplacer le terme de « gardien » par celui

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« d’infirmier ». Le nombre et la qualité des infirmiers y sont évoqués comme une condition

de la réussite de l’approche thérapeutique.

Après la seconde guerre mondiale, un courant désaliéniste mené par deux

psychiatres, les docteurs Daumézon Bonnafé visait à la déségrégation de la maladie

mentale amenant ainsi à la disparition des gardiens de fou.

En 1947, les infirmiers étaient formés aux techniques artisanales, ces sont les

prémices de l’ergonomie.

Un pas important était fait en 1955, il s’agissait de l’apparition du premier diplôme

national d’infirmier des hôpitaux psychiatriques. Par la suite, en 1969, les infirmiers étaient

appelés infirmiers de secteur psychiatrique. Ils développaient leur rôle autour de cinq axes :

le soin dans les dimensions somatiques et psycho affectives aux personnes présentant des

troubles psychiatriques, l’utilisation et la maîtrise de la relation avec la personne

souffrante, l’ouverture sur la communauté, l’observation de la personne et la gestion d’un

paradoxe être soignant et gardien de fou.

En 1992, le diplôme d’infirmier de secteur psychiatrique disparaît pour laisser place

au seul diplôme d’infirmier, qui peut agir autant au niveau psychologique qu’au niveau

somatique. Le diplôme d’infirmier d’état apparaît.

Contrairement aux services généraux, les soins techniques n’occupent qu’une petite

place dans le temps infirmier. Le plus souvent, il s’agit d’actes non réglementés, non

encadrés. Je pense qu’il est important d’en dégager les principaux points pour mieux

comprendre en quoi consiste le travail d’un infirmier d’état travaillant en psychiatrique. Le

propre du soin en psychiatrie est d’entrer en relation. Il applique aussi des prescriptions

médicales, participe à l’élaboration d’un plan de traitement, de déceler les signes

annonciateurs d’une amélioration ou d’une détérioration de l’état du patient, d’établir une

relation efficace pour favoriser un rétablissement optimal, et assiste le patient et ses

proches. C’est ainsi que la communication est essentielle pour l’infirmier et le patient.

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I. La communication

Comme base de la communication je vais utiliser le modèle de la théorie de l’information

« émetteur-récepteur » mis au point par Claude Shannon et Warren Weaver. Ce système

est inspiré de la transformation des informations à travers les lignes téléphoniques. Le

patient et l’infirmier sont tour à tour émetteur puis récepteur. C’est donc l’émetteur qui

envoie le message et le récepteur qui le reçoit. Le modèle est centré sur le contenu et le

transfert de l’information. La préoccupation des hommes qui pensaient avec ce modèle

était que la signification du message de départ subisse le moins de déformations possibles

lors de la transmission et de la réception.

Toute communication contient un double message : le contenu et la manière dont le

message est émis.

La communication est fonction d’un certain nombres de choses comme les aptitudes à

communiquer avec des partenaires impliqués, il s’agit de la capacité d’expression du désir

et de la motivation, des attitudes et des comportements, du statut social et des normes

culturelles car les cadres de référence sont différents, les valeurs et les croyances le sont

aussi.

Il y a des lois dans la communication. La plus importante pour moi est le fait que

nous ne pouvons pas ne pas communiquer. Dans la transmission d’informations ce n’est

pas l’intention de faire passer un message qui compte mais c’est le résultat c’est-à-dire la

réaction de l’interlocuteur qui nous renseigne sur ce que nous avons fait passer. Nous

obtenons chez les autres ce que nous avons suscité chez eux. Chacun a un point de vue

différent dans la communication, certains voient des choses qui n’existent pas, d’autres ne

voient pas celles qui existent et nous ne voyons pas les mêmes choses. Cela rend difficile

la transmission d’informations.

Je vais donc citer ce qui me semble essentiel pour avoir une bonne communication

ainsi que ses barrières.

Il est fondamental de parler des facteurs influençant une bonne communication. Le

plus important, selon moi, est la confiance en soi, c’est-à-dire ce que chacun pense de lui-

même. Une personne se sentant faible, inférieure aura du mal à communiquer. Une

seconde qui n’a pas confiance en elle aura du mal à admettre ses torts et à accepter les

critiques. Il est donc essentiel d’avoir confiance en soi pour permettre une bonne

communication et accepter les remarques des autres. On peut paraître fermé et cela nous

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condamnant les portes à une bonne communication. Quand on arrive à avoir confiance en

soi, par la suite il est possible d’avoir confiance en l’autre. Ainsi notre capacité d’écoute

est plus importante. Il faut aussi être clair au niveau de son expression, sans cela nous

n’obtiendrons pas ce que nous demandons.

Il y a de nombreuses barrières à la communication :

- l’influence que peut avoir les différences qu’il y a entre les personnes. Chaque

personne est différente, spécifique et a ses propres réactions. Les réactions et autres

attitudes sont marquées et formées par des réalités différentes : le passé de chacun, le

milieu familial, scolaire, le travail, l’ouverture d’esprit de chacun et la culture.

- les jugements de valeur sont une seconde barrière à la communication, il ne faut

pas se satisfaire uniquement d’un jugement se dégageant d’une analyse objective des

comportements. Effectivement nous avons tendance à juger et à jouer au moraliste et nos

réactions sont fonction de nos préjugés.

- à l’inverse des facteurs favorisants, il y a le repli sur soi, notre préoccupation

première est de vouloir faire passer un message sans au final tenir compte des autres et

donc de ce qu’ils ont dit.

Au niveau de la relation soignant/soigné il ne s’agit pas d’une simple

communication mais d’une communication duelle soit d’un face-à-face.

Nous communiquons pour nouer des relations avec autrui, pour partager des émotions, des

sentiments, pour pouvoir agir sur autrui, pour confronter notre identité à celle des autres.

Mais dans cette conversation duelle, notre place détermine notre position dans la relation

ainsi que notre communication. C’est ce rapport de place qui la structure. En

hospitalisation chacun à une place prédéfinie, l’un est le patient et l’autre le soignant. Ce

rapport peut aussi être déterminé par référence à trois grands axes s’inscrivant chacun dans

des polarités antagonistes.

Le premier grand axe est le rapport symétrique ou asymétrique. Dans un rapport

symétrique, les deux interlocuteurs se situent comme pairs, ils sont à égalité dans la

communication. Ici il n’y a pas de place aux jugements de valeurs, ni au repli sur soi. A

l’inverse dans une communication asymétrique, les positions, les attitudes et les messages

sont différents. Les deux interlocuteurs ne sont plus à égalité mais en position hiérarchique,

une position haute que l’infirmier tente de donner avec sa tenue, une position basse par le

patient qui est en état de passivité et en attente de soin.

Le second axe est celui de la distance et de la proximité, celui-ci, me paraissant très

important dans la relation, sera développé plus amplement ci-dessous.

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Le troisième est le degré de divergence ou de convergence entre les protagonistes.

S’il y a convergence entre les deux protagonistes la communication sera de bonne qualité

mais s’il y a divergence et que l’identité et le rapport des places n’a pas été bien définis, la

communication ne le sera pas elle non plus. Cette ambiguïté peut être source d’embarras, il

y a une négociation implicite pour redéfinir la relation ainsi que la place de chacun.

II. La distance thérapeutique

Il est important avant tout de définir ce qu’est la distance thérapeutique. Le terme

de distance signifie de l’écart séparant un objet d’un autre. En adaptant ce terme au niveau

relationnel, il exprime la nature des relations entre deux personnes. En y associant le mot

thérapeutique, on prend ainsi en compte la notion de soignants et de soignés. La distance

thérapeutique d’après ces déductions est le « bon » écart entre un patient et un soignant.

Il est recommandé aux étudiants d’avoir la bonne distance avec les patients. Il ne

nous faut pas être trop proche, ni trop éloigné, il faut donc être à la juste distance. Pour cela

il n’y a pas de règles strictes et il faut souligner que la distance est en évolution constante.

Il est important de développer les différentes formes de distances qui ont été

établies par Halls :

- la distance intime ou le contact du peau à peau. Dans un premier temps on

pourrait penser que cette distance n’est pas possible dans une relation de soignant/soigné,

mais lors d’un atelier esthétique le contact du peau à peau est présent. Quatre des cinq sens

sont actifs, comme dans toutes les communications, il y a l’ouie et la vue, mais ici

nettement influencé par le toucher et l’odorat

La distance intime de mode éloigné est définie comme l’écart entre deux personnes

comprises entre quinze et quarante centimètres. Il n’y a plus de contact, de corps à corps

mais on reste suffisamment proche pour que l’autre puisse ressentir notre présence. Dans

ce mode de distance, le toucher disparaît.

Peu à peu on s’éloigne du patient et l’écart entre les deux personnes se situe entre

quarante-cinq et soixante-dix centimètres. On peut parler de distance personnelle, au fur et

à mesure que les deux personnes s’éloignent l’une de l’autre, les sens sont de moins en

moins utilisés.

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En s’éloignant un peu plus c’est-à-dire en ayant un écart compris entre soixante-

quinze et cent vingt-cinq centimètres, la distance personnelle de mode lointain apparaît :

l’interlocuteur est tenu à distance et les sens utilisés sont réduits à l’ouie et à la vue.

J’ai choisi de ne parler que de ces quatre premières distances, car les quatre qui

suivent : la distance sociale sur un mode propre et de mode lointain, la distance publique et

celle de mode lointain ne me semblent pas appropriées en termes de relation

soignant/soigné, les deux interlocuteurs étant trop éloignés l’un de l’autre.

La distance évolue continuellement, il en est donc de même pour la distance

thérapeutique. On navigue entre les quatre premières distances citées ci-dessus.

Ce débat oppose parfois de façon caricaturale deux positions antagonistes : le trop

proche et le trop loin. Effectivement comme le dit Elke Mallem « il est impensable de

réduire l’écart entre deux personnes à zéro « moi » n’est pas « toi ». »1

a) Etre suffisamment distant.

Il ne faut pas être trop près pour ne pas se confondre avec l’autre personne.

Etre éloigné de la personne et de certaines situations permet de voir, de comprendre

ce qu’il se passe autour de nous, de ne pas être l’objet de manipulations. Nous voyons ainsi

que toute nouvelle situation doit être abordée avec un minimum de recul. Il ne faut pas être

trop impliqué car nous ne prenons pas tous les éléments en compte. Notre point de vue

n’est pas objectif, n’aidant pas forcement le patient. Cela ne nous aide pas non plus, quand

nous sommes proches, on peut parler de proximité, nous sommes exposés et ainsi une

angoisse peut être générée. Lors d’une communication de proximité certains éléments que

nous tentons de cacher peuvent transparaître. On peut craindre la perte de nos limites

quand celles-ci sont floues, la communication du patient pouvant bousculer l’équilibre du

soignant. En étant trop proche et en voulant aider le patient, c’est notre équilibre que nous

pouvons mettre en péril, sans pour autant aider le patient. Le soignant est donc en

souffrance et pour faire face, il met en place divers mécanismes de défense avec un repli

sur soi, une projection et une négation.

1 MALLEM Elke. La distance professionnelle. Objectif soins, mai 2005, n°136,pp 22-23

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Il est nécessaire de parler de l’origine du mot proximité. En Hébreu, les mots

«autorité», «proximité» et «protection» ont la même racine. On peut en déduire que ces

trois termes sont compatibles et non pas contradictoires.

La proximité peut aussi avoir un côté négatif chez le patient. Il peut ne plus se

sentir libre d’exprimer ses sentiments ainsi que ses conflits. Il peut se confier plus

facilement à une personne qu’il ne connaît pas beaucoup, pour ne pas avoir peur d’être

jugé, bien que le rôle de l’infirmier est de ne pas porter de jugement. Cela pourrait

entraîner une baisse de la liberté d’expression.

Elle ne nous permet pas de prendre le minimum de recul dont nous avons besoin

pour observer une situation relationnelle. Nous ne pouvons pas observer tout les bienfaits

qui sont apportés au patient, et ne pas pouvoir les apporter. Ce dernier risque alors de ne

plus considérer le soignant comme tel, voire de perdre les repères des différents soins

qu’offre le cadre thérapeutique.

Cependant, au point de vue psychothérapeutique la proximité, soit le fait d’être

proche, signifie avoir de l’empathie. C’est ainsi un moyen de mieux comprendre le patient.

Néanmoins, il faut faire attention car en étant trop prés du patient, même en ayant

l’intention de l’aider et de le comprendre, il y a tout de même un risque de s’identifier au

patient.

Mais il ne faut pas oublier une composante essentielle de la proximité. Il s’agit de

l’affectivité. Il faut être suffisamment proche car celle-ci fait partie intégrante du soin. Elle

permet d’établir une relation de bonne qualité, en son absence il peut y avoir naissance à

un soin déshumanisé, impersonnel, froid et dénué de toute forme d’affectivité.

b) Etre assez proche

Lorsque l’écart entre les deux personnes devient trop important, cela peut devenir

gênant et avoir des conséquences négatives sur la communication. En étant trop loin,

étudiants comme infirmiers peuvent paraître effacés voire même transparents. Dans ce cas,

aucune relation n’est possible. Or l’homme n’est pas un être solitaire, nous sommes tous

concernés les uns par les autres et ainsi nous exerçons une influence sur autrui. Et

inversement, la torture de l’homme est l’isolement.

Il faut donc être perceptible par le patient pour éviter qu’il se sente seul, comme

coupé du reste du monde.

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« Se rapprocher, s’approcher de quelqu’un ou de quelque chose c’est en même

temps s’éloigner de quelqu’un d’autre ou de quelque chose d’autre »2. D’après cette

citation, on prend en compte la notion d’évolution constante de la distance et de l’élasticité.

On évolue constamment entre la distance et la proximité car le patient n’a pas toujours

besoin de notre présence, ou du moins que l’on soit proche. A certains moments il peut

vouloir être seul, il sent notre présence, ainsi quand il a besoin de parler il peut venir nous

voir.

« La bonne distance dans le soins serait celle qui nous permettrait d’entendre

qu’elle soit grande ou petite »3. Ce n’est pas l’écart physique qu’il y a entre les deux

personnes qui est important mais ce que perçoivent les deux individus concernés.

Effectivement pour certains être assis un à côté de l’autre peut être normal, pour un autre

cela peut paraître intrusif. Dans cette citation, je pense qu’il est aussi important de revenir

sur le mot clé « entendre ». Au niveau de la communication, il s’agit de capter des flux

informationnels qui nous parviennent du monde à l’aide des canaux des organes sensitifs.

Ensuite le cerveau analyse ces flux qui pourront ainsi être filtrés par les récepteurs

spécialisés de la peau. Cela permet de faire émerger à notre conscience les éléments

essentiels qui lui paraissent importants, tout cela permettant un bien-être dans l’organisme.

Le cerveau peut aussi diriger notre attention vers un détail, c’est aussi pour cela que tout le

monde n’entend pas la même chose.

Mais à quoi sert réellement cette distance professionnelle ? Elle permet de tenir la

souffrance à un niveau qui nous tolère de travailler avec elle afin de dégager le manque à

combler, l’atteindre et le réparer. J’en déduis donc que travailler la distance professionnelle

en revient à travailler ses propres limites autant que celles du patient. Il faut se créer une

bonne peau, elle permet de se protéger.

2 BARKAN Ahuva, Approchez la distance, de la distance à la proximité thérapeutique. www.serpsy.org 3MALLEM Elke. La distance professionnelle. Objectif soins, mai 2005, n°136,pp 22-23

19

20

Comme je l’ai abordé au niveau de mon constat, la tenue est évocatrice de mots cachés :

certains concernant les patients (un soin, un repère, une douleur, une peur, un fantasme,

une sécurité, un respect, des préjugés) d’autres concernant les infirmiers (un statut, une

identité, un pouvoir).

La tenue infirmière révélant des notions différentes chez le patient et chez l’infirmier, je

pense qu’il est important de les étudier à part, et ensuite de voir en quoi la tenue peut

modifier la relation.

I. Côté patient

a) Le port d’une tenue

Le fait de porter une tenue professionnelle, peut donc révéler certaines notions. A

titre d’exemple une élève infirmière raconta une de ses expériences de stage. Elle était en

milieu psychiatrique, au sein de la structure aucun des infirmiers ne portaient de tenue,

mais elle, étant étudiante, devait en porter une. Un jour, un des patients de la structure lui a

dit qu’il la respectait car elle portait une tenue. Cela veut dire que les infirmiers qui portent

une tenue et ceux qui n’en portent pas ne sont pas perçus de la même façon. Ce point de

vue ne concerne pas tous les patients, je ne tiens pas à en faire une généralité. Toutefois, la

tenue a une influence importante dans la communication car le respect est une base pour

construire une bonne relation.

En plus de cette notion de respect, elle reflète une notion importante : le secret

professionnel. Le patient sachant que tout ce qu’il dit est protégé par le secret

professionnel, arrivera plus facilement à communiquer et donc à se confier.

Il ne faut pas oublier que la tenue reflète également une institution, un cadre. Elle

permet à certains patients de se sentir en sécurité, d’être encadrés et protégés par une

institution et non par une personne. L’uniforme donne une position de domination et le

patient est en position de soumission : la communication est hiérarchisée.

b) Le non port de la tenue

Le non port de la tenue peut être très important pour certains patients. Ils peuvent ne

pas être prêt à entrer en institution, cependant ils font leur entrée en psychiatrie. Parfois

pour eux il ne s’agit pas de psychiatrie mais d’une simple aide. Effectivement, le port de la

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blouse renvoie à une maladie avec des conséquences. Or s’il ne s’agit pour eux que d’une

simple conversation (aide psychologique), bien cadrée tout de même par l’infirmier, pour

résoudre des problèmes. Son non port peut faciliter la première approche, il s’agit d’une

communication d’égal à égal.

Le fait de ne pas porter de tenue professionnelle oblige donc l’infirmier à être vêtue

d’une tenue civile et donc personnelle. Selon le Proverbe « l’habit ne fait pas le moine », le

vêtement ne laisserait pas transparaître la personnalité de celui qui porte ses propres

vêtements. Je pense néanmoins qu’ils dévoilent tout de même certains traits de

personnalité. En dévoilant ces traits, c’est une part de nous-même que nous montrons aux

patients.

Le fait d’enlever la tenue professionnelle peut enlever une part de l’identité

professionnelle. Mais le fait d’être habillé en civil peut faire percevoir aux patients une

affirmation personnelle et individuelle.

Les différents styles de tenue peuvent avoir une influence sur la communication. La

tenue peut faire transparaître des traits de personnalité, bien que cela ne soit pas toujours le

cas. Effectivement, habillé en civil il peut apparaître des préjugés de la part des patients.

Face à une personne habillée de façon stricte, nous ne réagissons pas de la même façon que

face à une personne habillée de façon décontractée. Face à ce dernier, on peut percevoir

dans un premiers temps, une personne ayant l’esprit ouvert, amenant à communiquer plus

facilement. A contrario, une personne portant une tenue stricte, le paraîtra autant au niveau

vestimentaire qu’au niveau relationnel. Ainsi, d’un premier abord, elle paraîtra

pointilleuse, fermée d’esprit, mais respectant parfaitement les règles établies.

Après avoir exposé les différents styles de tenue, je pense que les couleurs ont elles

aussi leur importance. Le blanc a plusieurs significations comme celle de la pureté, de

l’innocence, de la franchise, de la neutralité qui aident à calmer et à mettre en confiance,

alors que d’autres couleurs, comme les couleurs sombres peuvent évoquer des idées

morbides ou la couleur rouge associée au sang.

II. Du côté du soignant

a) La blouse, une seconde peau

J’ai décidé de comparer, la tunique pantalon à une seconde peau. Pour cela, je me

suis basée sur les neuf fonctions du Moi-Peau de Didier Anzieu. Ce concept de moi peau

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établit une correspondance entre le psychisme et l’organisme. La peau aurait le même but

que la tenue professionnelle. Je vais donc analyser chacune des ses fonctions pour voir ce

que la tenue peut apporter.

Didier Anzieu décrit dans un premier temps la fonction de maintenance. Il la

compare au Holding qui a été décrit par Winnicott, le Holding étant la façon dont la mère

soutient le corps de son enfant. On peut déduire que le Moi-Peau et donc la blouse aide

l’individu à maintenir son corps. Cela permet à cet individu de garder son corps dans un

état d’unité et de solidité. Le Moi-peau soutient l’organisme mais aussi le psychisme, c’est

ainsi qu’elle le maintient en état de fonctionner. Le corps et l’esprit ainsi maintenus par le

Moi-peau peuvent mettre en œuvre des mécanismes de défense.

La seconde fonction est la contenance exercée par le handling. Il s’agit des

manipulations corporelles. Notre peau est ainsi comparée à un sac ayant à l’intérieur, les

organes et le psychisme. Il s’agit de nos limites corporelles et psychiques. Certaines

personnes ne sentent pas leurs limites, ainsi il leur est proposé des séances thérapeutiques

appelés : packing. Cela leur permet de renforcer la conscience de soi. Le Packing est un

enveloppement humide, très ritualisé. A l’aide des sensations d’enveloppement et de

chaleur provoquées, elle permet de renvoyer l’individu à sa petite enfance voir même à la

vie fœtale, ces séances mobilisent beaucoup le lien maternel. Dans un second temps il y a

un travail de contenance, la tenue étant une autre sorte d’enveloppe, elle garde tout de

même certains points en commun avec le Packing. Effectivement, nous sentons les limites

de notre corps, mais cela peut nous permettre de mieux en prendre conscience.

La troisième fonction est le pare excitation, notre peau sépare les organes et le

psychisme des éléments extérieurs, elle sert de médiateur, elle protège contre les agressions

physiques et les excès de stimulation. Il faut tout de même que sa propre peau ait un

étayage suffisant pour activer cette fonction. La peau est une structure virtuelle qui

s’actualise au fil du temps, selon D. Anzieu « au cours de la relation entre le nourrisson et

l’environnement primaire »4 soit au niveau infirmier entre lui-même et l’environnement

professionnel.

La quatrième fonction est l’individuation du Soi, la tenue nous protège « en

distinguant les corps étrangers auxquels elle refuse l’entrée et les substances ou

complémentaires auxquelles elle accorde l’admission ou l’association »5. Cette seconde

peau protège, elle permet de pouvoir s’affirmer comme un être unique. Effectivement

4 ANZIEU Didier. Le Moi-Peau. Paris : Dunod, 1985. p 101. 5 ANZIEU Didier. Le Moi-peau. Paris : Dunod, 1985. p. 102

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chaque peau à sa particularité, une texture, une odeur, une couleur différente. Cela permet

à chaque individu de s’affirmer comme ayant sa propre peau. Pour certains la tenue peut

être narcissiquement et socialement surinvesties. Au niveau infirmier la tenue protège en

nous mettant à distance. Mais il s’agit d’un uniforme, je ne sais pas s’il permet de

s’affirmer en tant qu’être unique. Effectivement le propre de l’uniforme est que tout le

personnel soit habillé de la même façon. Il s’agit plus d’un groupe que de personne a part

entière. L’individualité de l’uniforme est donc remis en question, mais cet esprit de groupe

ne permettrait-il pas de protéger et de rassurer.

La septième fonction est la recherche libidinale du fonctionnement psychique, cela

permet de maintenir la tension énergétique interne et de répartir inégalement entre les sous-

systèmes psychiques.

b) Un masque social

Avant le développer plus amplement le masque social, je pense qu’il est important

de partir de l’origine de ce mot. Effectivement d’après le disciple de Freud, l’un des

premiers archétypes que l’on rencontre sur la piste qui mène au plus profond de nous-

même se nomme la persona. La persona était le nom donné au masque que les acteurs du

théâtre antique portaient sur leur visage lors des représentations. Il faisait résonner leur

voix (per-sonare) et donnait au public la possibilité de reconnaître leur rôle. La persona

représente donc un masque social. Le visage que nous montrons aux autres, celui qui

permet d’entrer en communication avec eux et qui les aide à nous identifier. Mais le plus

souvent nous ne nous rendons pas compte que nous portons ce masque. « La persona est ce

que quelqu’un n’est pas en réalité, mais ce que lui-même pense qu’il est »6

An niveau soignant, on peut ainsi comparer la blouse à un masque social. Elle

matérialise ce qui nous différencie du patient, on enfile un personnage. Ainsi la tenue que

nous portons renvoie à notre qualification de soignant, et donc à nos connaissances, qui

nous donnent un certain pouvoir. Il est ainsi facile de nous distinguer, ceci est important

car l’infirmier est un personnage social essentiel pour le patient. Un masque qui nous

6 CORDONIER DANIEL. Le pouvoir du miroir [en ligne] 2nd ed. Genève : Edition Georg, 1999 [date de consultation le 02.01.07] Chapitre 3, Les tyrans intérieurs, le masque qui parle. Disponible sur Internet : www.pouvoir.ch/monde/main/m_2009mon.htm

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permet d’affronter la souffrance des malades, nous ne voyons ni le beau, ni l’horrible, nous

ne percevons plus de la même façon tout ce qui nous entoure, il en est de même de la

douleur. Mais quand on enlève la tenue, une partie du vécu y reste collée.

Il est dangereux de se mettre à nu devant autrui, encore plus devant des patients.

Chacun a besoin de garder son jardin secret à l’abri des demandes, des jugements et des

pressions sociales. Le masque nous aide à préserver la part la plus intime de nous même

tout en établissant des relations avec autrui de manière à pouvoir vivre en société. Il s’agit

d’un intermédiaire entre l’extérieur et l’intérieur le plus confidentiel, un médiateur nous

permettant d’entrer dans le réseau des interactions sociales et de remplir notre rôle dans la

communication humaine. Lorsqu’on ne se rend pas compte que ce masque existe, il y a un

risque de ne plus faire la différence entre notre rôle social et notre véritable personnalité.

La blouse nous permet d’entrer dans un rôle que l’on pourrait appeler rôle social. Mais

lorsque certains s’identifient à ce rôle de soignant, le costume peut ainsi devenir lourd à

porter car son identité se confond avec son rôle. Il y a des dangers à cette identification,

l’identification d’une fonction soit à un masque. Il suggère tout de même une possibilité de

vie authentique. On choisit une fonction, ainsi que la personne que l’on désirerait devenir.

Le rôle que l’on choisit peut être la solution d’un conflit entre fonctionner et être, il en est

même entre ambition et réalité.

Ci-dessus, j’ai voulu comparer la tenue soignante à un masque social, mais il faut

savoir que certaines personnes n’ont pas besoin de porter une tenue pour se fabriquer leur

propre masque. Je pense que cela dépend de chacun, de leur façon d’être mais aussi de leur

passé, l’histoire de chacun. Le temps passé à travailler dans une structure peut suffire à un

soignant à se construire une carapace protectrice empêchant le risque d’identification vis-à-

vis des patients. Ainsi peu à peu il peut laisser de côté la tenue au profit d’un masque plus

personnalisé mais peut être moins visible de l’autre côté. Mais il faut se construire un autre

masque car il a une fonction importante celle d’être un filtre, c’est une protection

nécessaire dans la communication avec l’autre. Soit l’homme civilisé a besoin de masques

dans ses rapports avec autrui, il lui sert à se protéger en cachant ses propres sentiments,

émotions et pulsions, et à protéger autrui pour les mêmes raisons. Ce masque inspire aux

patients des notions de respect. Il permet de paraître serein face aux patients, qui ne voient

pas nos sentiments, nos émotions ; dans le cas inverse l’infirmière risquerait de perdre

toute crédibilité.

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Sans le masque qui transparaît à l’aide de la tenue, le rôle transparaît à travers ses

manières de faire, d’être, de se comporter, le rôle est visible grâce au jeu d’acteur de

chacun.

Face à une situation difficile que nous avons déjà vécu, la blouse peut nous servir à

nous replacer en tant que soignant et ainsi à prendre du recul face à une situation

douloureuse

c) Anonymat

J’ai choisi de développer, ce point de vue car cela m’est arrivé dans différents

stages. En tenue dans le service, les patients, ainsi que la famille me reconnaissaient, mais

une fois dans la rue, sans tenue, ils observaient mon visage, sans me reconnaître. Faisant le

premier pas je leur demandais « me reconnaissez-vous ? ». Ma voix leur donnait un second

indice, mais il n’avait pas encore la solution. Je leur disais le lieu où j’avais effectué mon

stage et tout devenait clair, ils me reconnaissaient. Sans la blouse, malgré le son de ma

voix, et la vue de mon visage, les patients avaient beaucoup de mal à me reconnaître. Pour

certains le port de la blouse peut être un avantage pour conserver l’anonymat.

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La psychiatrie ayant fortement évolué depuis sa naissance, elle a laissé cependant

derrière elle des représentations négatives. Actuellement, l’essentiel du travail infirmier se

résume dans la communication avec le patient. Pour cela il est nécessaire de trouver sa

place et ainsi d’être à la juste distance permettant une « bonne » communication, il s’agit

de la distance thérapeutique. C’est ainsi que je me suis demandée si la blouse pouvait

influencer cette distance. Effectivement selon les personnes, elle peut influencer

positivement comme négativement. Pour le patient, elle peut révéler des notions de respect,

de discrétion professionnelle, comme son non port peut lui permettre de se sentir à égalité

avec l’infirmier. Pour l’infirmier, elle peut permettre de donner des notions de limites, de

protection contre les agressions ainsi que les excès de stimulations, d’individuation et de

maintien des tensions énergétiques. Il s’agit aussi d’un masque social protégeant de la

souffrance qui permet tout de même d’entrer dans une communication à mode

hiérarchique. Son non port lui fait ressortir la personnalité de l’infirmier, qui s’est lui

même construit son propre masque et non pas un masque uniformisé.

C’est ainsi que je me pose les questions suivantes :

Selon les moments, le port et le non port de la tenue par un même infirmier pourrait-il être

bénéfique pour le patient ?

Serait-il probable qu’un infirmier puisse enlever et remettre sa tenue professionnelle selon

les attitudes des patients ?

Un infirmier pourrait-il changer d’attitude face au port de la blouse selon ses envies ?

En conséquence ma question de recherche est : Serait-il bénéfique pour le patient et

l’infirmier que le port de la tenue soit fonction de la situation de chacun ?

Pour conclure, je pense qu’en ce qui me concerne, j’ai essayé de traiter les points

qui me semblaient essentiel sur ce thème, toutefois d’autres avis peuvent être possibles et

discutables. L’annexe comporte un poème qui pourra en conforter certains ou en dissuader

d’autres.

Je considère qu’il appartient à chacun de faire son choix par rapport au port de la

tenue, si ce choix est possible selon le service d’affectation.

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LIVRES ANZIEU D. Le Moi-Peau. Les neuf fonctions du Moi-peau. Paris : dunod, 1985 (pp. 97-107) DELOMEL M.A. La toilette dévoilée. Paris : Seli Arslan, 1996. L’uniforme : le premier rempart institutionnel, pp 89-92 LHEZ P. De la robe de bure à la tunique pantalon étude sur la place du vêtement dans la pratique infirmière. Paris : InterEdition, 1995 (176p) MERCADIER C . Le travail émotionnel des soignants à l’hôpital. 3ième ed..Paris : Seli Arslan, 2006. Les costumes. Blouse ou pyjama, une prescription du rôle, pp231-235. Périodique PERIODIQUE HERAIL T. Soigner la bonne distance. Soins Psychiatrie, janvier/février 2004, n°230, pp32-33 HILLION K, LE DEIST D. J’ai écrit sur ma blouse. Revue de l’infirmière, avril 1997, n°26, pp 66-67 MALLEM E. La distance professionnelle. Objectif soins, mai 2005, n°136,pp 22-23 INTERNET BARKAN A. Approchez la distance! De la distance à la proximité thérapeutique.[en ligne] 19 mars 2004 [visité le 17.02.07]. Disponible sur internet : www.serpsy.org/colloques_congres/compte-rendu/serpsy_04/Barkan.html CORDONIER D. Le pouvoir du miroir [ en ligne] 2nd ed. Genève : Edition Georg, 1999 [date de consultation le 02.01.07] Chapitre 3, Les tyrans intérieurs, le masque qui parle. Disponible sur Internet : www.pouvoir.ch/monde/main/m_2009mon.htm DAUNJ D. La distance thérapeutique [en ligne]. Mémoire infirmier : 1991 [visité le 23.11.06]. Disponible sur internet : http://www.serpsy.org/etudiants/ecriture/distance_dorsaf.html HIJAZI R. Peut-on vivre sans masque ? Café philosophique.[en ligne] Nancy : 4 Mars 2001 [visité le 20.04.07] Disponible sur internet : www.toutnancy.com/articles/cafephilo/index.php3 LHUILIER G. L’homme-masque [en ligne] Methodos, 2004, [visité le 23.03.07] La personne, le masque, le sexe. Disponible sur internet : www.methodos.revues.org/document125.html

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FROT Y-M. Joueur de blouse. [en ligne] 19 mars 2004 [visité le 25.02.2007] Disponible

sur internet :

www.serpsy.org/colloques_congres/compte-rendu/serpsy_04/blouse_frot.html

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Joueur de blouse

« On dit bien souvent « l’habit ne fait pas le moine »,

En psychiatrie parfois, celui-ci nous dédouane.

Et si dans les médias on nous dit « blouses blanches »,

Elles ne donnent surtout pas pour tout, « carte blanche ».

« Approchez la distance », voilà une injonction,

Une bonne occasion de se remettre en question.

Ce titre est accrocheur, voire interrogateur,

Mais il renvoie aussi, à tout notre intérieur.

Car comment réunir deux mots si opposés,

Dans une relation dite soignant-soigné.

L’équilibre est pour tous, une recherche permanente,

L’atteindre reste une chose, pas du tout évidente.

Avouez que dès le départ, tout est un peu faussé.

D’un côté les soignants, de l’autre les soignés.

Nos blouses et nos statuts sont là pour rappeler,

Où se trouvent la science et puis l’autorité.

On revêt donc ces blouses comme si cette carapace,

Pouvait nous protéger de nos peurs, nos angoisses.

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Comme si le fait de porter ce signe distinctif,

Devait nous dispenser de rester attentif.

Sous prétexte de vouloir, ainsi se différencier,

Pour autant, certaines bases nous devons respecter.

Combien de fois, il nous arrive de rencontrer,

Sans même prendre la peine , de se présenter.

Cette blouse est un peu notre permis de soigner.

Mais reste trop souvent ceinture d’ sécurité.

Elle n’est finalement, qu’ vêtement d’identité,

Qu’on devrait n’utiliser, que comme un laisser-parler.

Respectez vos distances, il peut venir un choc,

Ne pas aller trop loin, surtout pas d’équivoque.

Comme si ce bout de tissu devait nous protéger,

D’une sortie de route, d’un dérapage non-contrôlé.

Pourquoi ne pas oser dire, qu’elles sont aussi pouvoir,

Quand on écoute parfois certains cris de couloir.

Elles devraient nous permettre des abus de «pour voir»,

Pour que tous nos patients retrouvent un peu l’espoir.

C’est vrai que quelquefois, on impose la loi,

Par le biais de « cachets », très souvent faisant foi.

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Ils nous conduisent alors, dans des chambres d’isolement,

Pour des soins de proximité tout en restant dix, et tant !

Pour toutes ces vies, stoppées sur une aire d’auto-doute,

Qui ont besoin d’aide, pour continuer leur route,

Parce que parfois à une, deux ou même à quatre voix,

Ils traversent des mondes que nous ne maîtrisons pas.

A force de penser qu’on les connaît très bien,

On finit par oublier qu’il faut tisser du lien.

Et même si son propos souvent, peut dérouter,

Un de nos rôles propres est déjà d’écouter.

Quel droit avons-nous donc aussi de tutoyer,

Est–ce réduire la distance, cette familiarité?

Je suis de ceux qui pensent, que le vouvoiement,

Est marque de respect et non d’éloignement.

Mettre de la distance, c’est dire « à tout à l’heure »

Parler proximité , c’est arrêter une heure.

Qui parmi nous est capable d’infirmer,

Que nous avons bien du mal parfois, à préciser.

Nous sommes dans la maîtrise du savoir différer,

Cela nous permet ainsi de plus nous préserver.

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Et puis ça nous évite, de trop nous engager,

Sans doute par cette crainte de devoir affronter.

Parce qu’elle reste bien plus qu’une vraie protection,

Parce qu’elle donne le pouvoir de trop souvent dire non.

Elle devrait être repère, et source de confiance,

Elle est synonyme trop souvent de puissance.

En matière de blouse, nous sommes donc joueurs,

Nous l’utilisons bien au gré de nos humeurs.

Aller vers le patient n’est pas toujours aisé ,

Mais alors pourquoi, rendre tout compliqué ?

Il suffit d’écouter, certainement respecter,

Ce que veut dire souffrance et puis fragilité.

Soigner c’est prendre un train, compartiment douleur,

Aider dans ces voyages, à mettre la vie à l’heure. »7

7 FROT Y-M. Joueur de blouse. [en ligne] 19 mars 2004 [visité le 25.02.2007] Disponible

sur internet :

www.serpsy.org/colloques_congres/compte-rendu/serpsy_04/blouse_frot.html