IntoAction 1 - Microassurance

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La conférence qui s’est tenue dans les locaux de la Münchener Rück en Allemagne du 18 au 20 octobre 2005 a donné une forte impulsion à la microassurance, dont le but est d’offrir davantage de services à un plus rand nombre de pauvres moyennant une cotisation minime. Une centaine d’experts se sont réunis pour faire e point sur les obstacles auxquels elle se heurte et les possibilités qu’elle offre.

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IntoActionMicroassuranceL’assurance au service des pauvres

1Janvier 2006

Munich ReFoundationFrom Knowledge to Action

Parmi les quatre milliardsd’individus qui ont à peinedeux dollars par jour pourvivre, moins de dix millionsont couramment accès àl’assurance.

En collaboration avecPublié par

InternationalLabourOfficeGeneva

Compte rendu de laConférence sur la Microassurance

Schloss HohenkammerMunich, 18—20 octobre 2005

Par Craig Churchill, Dirk Reinhardet Zahid Qureshi

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Il a aussi posé la question de savoircomment réduire les frais de gestiond’une multitude de petites polices et s’il existe des législations facilitantl’assurance des pauvres et les proté-geant contre la fraude.

M. Schinzler a conclu: «ce n’est qu’en joignant nos efforts que nous – l’industrie des assurances, les ONGlocales, les agences pour le dévelop-pement et les autorités législatives –seront capables de fournir des solutions appropriées. Aussi laMünchener Rück a-t-elle demandé à ses experts en innovation de seconsacrer en priorité à l’étude de lamicroassurance.»

Thomas Loster, président de la Fondation Münchener Rück, a quant à lui présenté la question sous l’aspect du long terme et des résul-tats: «Pour nous, il ne s’agit pas d’une affaire de second ordre que l’on puisse régler au moyen d’unesimple conférence. Pour contribuer à améliorer les conditions de vie de ceux qui n’ont pas accès aux services financiers, il convient d’agirconjointement de façon à trouver des solutions aux problèmes et à les mettre progressivement en application. La Fondation MünchenerRück, pour sa part, entend être unpartenaire fiable dans la réalisation de cet objectif.»

La première démarche de la confé-rence a été de fixer le thème à traiter:«L’assurance au service des pauvres –Pratiques courantes et leçons tiréesde l’expérience.» Dirk Reinhard, vice-président de la Fondation MünchenerRück, a organisé la rencontre en collaboration avec Craig Churchill, du Programme financier et social del’OIT (Organisation Internationale

La conférence qui s’est tenue dans les locaux de la Münchener Rück enAllemagne du 18 au 20 octobre 2005 a donné une forte impulsion à lamicroassurance, dont le but est d’offrir davantage de services à unplus grand nombre de pauvresmoyennant une cotisation minime.Une centaine d’experts se sont réunis pour faire le point sur lesobstacles auxquels elle se heurte etles possibilités qu’elle offre.

La conférence a été ouverte par lediscours de M. Hans-Jürgen Schinzler,Président du Conseil de surveillancede la Münchener Rück et Président duConseil de fondation de la FondationMünchener Rück, qui a accueilli la manifestation conjointement avec le groupe de travail CGAP sur lamicroassurance. Dans son allocution de bienvenue, M. Schinzler a rappelé aux participants la multiplicité desdéfis que pose la microassurance:«L’encaissement de primes est faible,les frais d’administration sont relativement élevés et l’infrastructurenécessaire à l’assurance fait défaut;autant d’arguments justifiant le manque d’intérêt des assureursprofessionnels pour ce marché.»

La coopération est primordiale

Par ailleurs, M. Schinzler a soulignéd’une part la difficulté de capter uneclientèle pauvre qui compte bonnombre d’analphabètes et exerce une activité économique informelle,et d’autre part le fait que la prestationd’assurance est souvent mal perçue,les clients à faibles revenus necomprenant pas pourquoi la primen’est pas remboursée lorsqu’aucunedemande d’indemnisation n’a étéeffectuée.

du Travail), qui exerce en qualité de président du groupe de travail du CGAP sur la microassurance.

Le CGAP (Groupe Consultatif d’Assistance aux Pauvres) est unconsortium de bailleurs de fonds dont fait partie la Banque Mondiale.Le siège de cette organisation setrouve dans la ville de Washington.Son groupe de travail sur la micro-assurance, créé il y a quatre ans,comprend des conseillers et desexperts, ainsi que des représentantsd’agences et d’associations debailleurs désireuses d’étendre laprotection d’assurance aux personnesà faibles revenus.

Ce groupe de travail ne s’est pascontenté d’élaborer pour les bailleursdes lignes directrices sur la micro-assurance et de former plusieurssous-groupes traitant des questionsqui vont de la demande en micro-finance à la réglementation. Il a égale-ment effectué une vingtaine d’étudesde cas à partir de programmes demicroassurance en place dans diverspays (dont le Bénin, le Bangladesh et le Pérou), afin d’identifier les bonnes et les mauvaises pratiques.Ces études ont été financées par la SIDA (Agence Suédoise de Coopération pour le développement international), la GTZ (Agence Allemande pour la Coopération Technique), le DFID (DépartementBritannique pour le DéveloppementInternational) et l’OIT.

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La microfinance donne la possibilité aux ménages à bas revenus de jouir des mêmes droitset services que les autres.

Elle protège les individus contre les risques et permet à la majorité de la population de participer à l’activité économique d’un pays.

Elle contribue à créer de nouveaux marchés etmontre que bénéfices et principes peuvent serenforcer mutuellement.

Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies, 10 octobre 2005

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Tirer les leçons de l’expérience

Le but principal de la conférence étaitd’analyser les résultats de ces étudesde cas et d’en tirer des enseignementsutiles: quel système a fonctionné,dans quel contexte, comment béné-ficie-t-il aux pauvres et peut-il servirde modèle à d’autres programmesdans les années à venir?

Craig Churchill qualifie la micro-assurance de «protection despersonnes à faibles revenus contredes risques spécifiques en échangedu paiement régulier de primesproportionnées à la probabilité desurvenance du risque et à son coût.»D’après lui, elle offre un nouveaumarché au secteur privé, tout encomplétant les efforts déployés parles pouvoirs publics pour donner une sécurité sociale aux travailleursdu secteur informel de l’économie.

Au dire de Craig Churchill, il existecertes des polices et programmes misen place par les gouvernements pourréduire la pauvreté et la vulnérabilitéen diminuant l’exposition des per-sonnes aux risques et en accroissantleur capacité à se protéger eux-mêmes. Toutefois, dans la plupart des pays en développement, ces pro-grammes ne sont pas très efficaces.

«Les principaux obstacles sont lessuivants: il n’existe aucun mécanismevisant à capter systématiquement les travailleurs du secteur informel ;les employeurs ne fournissent aucune aide; les pauvres n’ont pas les moyens d’assumer tous les coûts; les ressources du gouvernement ne suffisent pas à couvrir les fraispérodiques; enfin, l’infrastructuredestinée à la fourniture de servicesappropriés n’est pas adaptée auxbesoins.»

Six séances plénières et 18 sessionsparallèles ont permis aux participantsd’étudier les moyens de maîtriser cesdéfis, en examinant le rôle des clients,assureurs, réassureurs, conseillerstechniques, autorités de régulation et gouvernements. Ils ont égalementpu passer en revue les fonctions classiques telles que la souscription,l’encaissement des primes, le paie-ment des indemnités, la conceptiondes produits, les filières de marketinget de distribution ainsi que la gestionfinancière et les mesures de gouver-nance qui permettent de garantir ladurabilité.

Les sessions ont été organisées etconçues de manière à obtenir uneplateforme sur laquelle le groupe detravail du CGAP puisse se baser pourrassembler les conclusions de sonétude dans un ouvrage détaillé quisera publié par l’OIT et la FondationMünchener Rück en 2006.

Quelque 30 auteurs contribueront à ce recueil qui déterminera vraisem-blablement le développement et lacroissance de la microassurance dansles années à venir.

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Pourquoi les assureurs évitent-ils d’assurer les individus à faibles revenus:

— Les primes sont minimes— Les frais sont élevés— L’infrastructure fait défaut

Pourquoi la microassurance peut être une bonne affaire:

— Elle offre de nouveaux et vastes segments auxassureurs dont les marchés sont saturés

— Les clients aux revenus actuellement limitésseront les clients riches de demain

Modèles d’institutions

Il est essentiel de savoir comment les intervenants – qu’ils agissent au niveau micro ou macro, en tant qu’individus ou groupes, privés oupublics – sont parvenus à mettre enplace et à appliquer des programmesde microassurance. Il ressort desétudes de cas quatre modèles d’institutions:

— Le modèle partenaire-agent

— Les caisses de crédit et les coopératives/mutuelles d’assurance

— Le modèle de la vente directe

— Le modèle dit communautaire

Le modèle partenaire-agent

Ce modèle est basé sur la collabora-tion entre une compagnie d’assuranceformelle et un agent de distribution –institution de micro-finance (IMF) ouautre – qui fournit des services à uneclientèle à faibles revenus. La compa-gnie alimente les réserves financières,fixe les primes, supervise lesdemandes d’indemnisation et garantitle respect des obligations légales.L’agent se charge du transfertrationnel du risque, des ressources et du partage des connaissances entre les secteurs formel et informel.

Les trois parties impliquées tirentprofit de cette relation: tout d’abordl’assureur, qui peut grâce à l’IMFaccéder à un marché qu’il n’aurait pas pu conquérir seul, ensuite l’IMFqui peut offrir à ses membres demeilleurs services à moindre risque,enfin les ménages à faibles revenusqui bénéficient d’une protectionprécieuse qui leur serait autrementinaccessible. AIG Ouganda est un

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exemple souvent cité comme modèle.Ce groupe a initié son programme de microassurance il y a huit ans etcouvre à présent 1,6 millions de viespar le biais de 26 IMF, moyennant un encaissement de primes estimé à 800000 US$ pour 2004.

Cependant, l’étude qualifie d’excessifle bénéfice de l’ordre de 20% réalisésur la prime et critique le fait qu’ AIGOuganda et ses partenaires n’aientamélioré ni le produit ni le processusd’indemnisation. Elle leur reprocheaussi de négliger l’éducation de leurclientèle, qui constitue pourtant unaspect fondamental du marketing.

Par ailleurs, une étude de cas effectuée en Zambie met en évidencela nécessité d’améliorer la formationdu personnel de terrain des IMF – afin qu’il soit en mesure d’expliquerplus clairement aux clients en quoiconsiste l’assurance. Dans ce pays,Madison Insurance, qui est autoriséeà pratiquer l’assurance Vie et Non-Vie,s’est associée à quatre IMF pourassurer près de 100000 personnes sur la vie. Il convient ici de soulignerdeux faits importants: premièrement,l’une des IMF est rémunérée non passous la forme d’une commission mais sur la base d’une convention departage des bénéfices avec Madison;deuxièmement, la possibilité d’êtreassuré semble avoir incité les IMF à accepter avec moins de réticencedes membres réputés séropositifs.

En leur qualité d’agentsassociés aux assureurs, les IMF devraient avanttout former leur personnelde sorte qu’il sache expliquer l’assurance auxanalphabètes en termessimples.

Bien que le modèle du partenariatpermette d’éviter la plupart descomplications administratives, il estfréquent que le distributeur ait encorebesoin d’une autorisation d’exerceren qualité d’agent. Il est ressorti de laconférence qu’une certaine souplessede la part des autorités de régulationet des superviseurs pourrait faciliterles relations partenaire-agent, lorsquecela s’avère justifié.

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Caisses de crédit et coopéra-tives/mutuelles d’assurance

Les coopératives de crédit etd’épargne, ou caisses de crédit, ainsiqu’on les nomme dans bon nombrede pays, offrent souvent des assu-rances Solde restant dû, habituelle-ment appelées polices Vie-crédit.Celles-ci garantissent qu’en cas dedécès «la dette disparaît avec le débiteur,» de sorte que le solde dûn’affecte ni les proches du défunt nil’institution prêteuse. En outre, lescaisses de crédit proposent descouvertures Epargne-vie afin destimuler l’épargne. Certaines vendentégalement des assurances Habitation,Funérailles, Invalidité, Maladie, voireplus rarement des polices Accident.Ces produits complètent les servicesde crédit et d’épargne traditionnels.Beaucoup sont fournis de manièreinformelle – bien que, dans denombreux pays, ils soient légalementassimilés à des produits préférentielsdestinés aux membres.

Ces services de microassurancepeuvent donc être offerts non seule-ment par des coopératives de crédit etd’épargne, mais aussi par des compa-gnies d’assurance indépendantes. En réalité, près de 140 coopératives et mutuelles réparties dans 70 pays etcouvrant tant des populations à basrevenus que des segments de marchéplus riches, sont membres d’une association internationale appeléel’ICMIF (International Cooperative andMutual Insurance Federation).

Le modèle des mutuellesest conforme aux vues del’ancien président de laBanque Mondiale, JamesWolfensohn, qui affirmaitque le développement nedoit pas être réalisé pourles pauvres mais par eux.

La Equidad, une coopérative créée enColombie il y a 35 ans pour servird’autres coopératives et leursmembres, illustre bien la principaledifférence qui existe entre le modèlepartenaire-agent et celui de la coopé-rative d’assurance. Outre une vastegamme de produits destinés aumarché général, elle propose àprésent deux produits collectifs demicroassurance Vie par l’intermé-diaire de deux partenaires: une IMF, la Women’s World Foundation (WWF),

et un goupe de coopératives qui lui sont affiliées. À l’heure qu’il est, ellea vendu ses services d’assurance à plus de 10000 consommateurs demicrocrédits de la WWF et à 18000membres de ses coopératives.

Néanmoins, le cas de ServiPerúmontre que dépendre de groupes affiliés peut être une arme à doubletranchant. Cet assureur a travaillédans ces conditions pendant 30 ans.Cependant, l’effondrement simultanédes coopératives qui le soutenaient etde l’économie nationale au début desannées 90 a failli causer sa perte.Après restructuration, ServiPerú s’estspécialisé dans les services d’assu-rance Maladies et Funérailles et a crééune filiale qui gère son portefeuilled’assurance. Même aujourd’hui, sonproduit de micro-assurance Santé nebénéficie que d’un soutien réduit de la part des coopératives dont lesmembres représentent à peine 10%des assurés. Tous les pays ne dispo-sent pas d’un «terrain coopératif»suffisamment fertile pour que lamicroassurance y prospère.

Cependant, dans la pratique, la diffé-rence apparemment minime entre les deux modèles – la participation de l’agent dans la compagnie d’assu-rance – se traduit par un respect plus ou moins grand de l’esprit de lamicroassurance. Cette participationpermet à l’agent d’influer non seule-ment sur la conception et la gestiondu programme d’assurance, mais aussi sur le partenaire assureur quifonctionne selon le mode démocra-tique, et de s’assurer qu’il est enmesure de satisfaire les besoins etintérêts de ses clients. Lors d’une des séances plénières, l’accent a été mis sur le fait que le modèle descoopératives/mutuelles d’assurancerépond au critère que James Wolfen-sohn, ancien président de la BanqueMondiale, considérait comme primor-dial dans la lutte contre la pauvreté: le développement doit être réalisénon pas pour mais par les pauvres,qui devraient avoir leur mot à dire ence qui concerne la conception et lagestion des programmes.

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Modèle de la vente directe

Les compagnies d’assurance peuventaussi vendre directement leurspolices aux populations pauvres parl’intermédiaire d’agents touchant unsalaire ou une commission, voire lesdeux. Les participants à la conférencese sont penchés plus particulièrementsur la joint venture de Tata–AIG, en Inde, qui fait appel à des «micro-agents» pour distribuer ses produits.L’Inde exige ce que d’autres pays nefont qu’encourager: tout assureur doitréaliser un certain pourcentage de son chiffre d’affaires dans les secteursruraux et sociaux. Pour atteindre (et dépasser) son quota obligatoire,Tata-AIG a adopté une stratégie innovante de marketing direct quiconsiste à aider des femmes pauvres,préalablement sélectionnées, à créerdes agences d’assurance.

L’un des exemples illustrant le mieuxce modèle est l’institution Delta Lifequi a été fondée au Bangladesh il y a 15 ans et opère sur le marché despopulations à faibles revenus d’unefaçon totalement autonome, sans lesoutien de bailleurs de fonds et sansassistance technique. Cotée à labourse de Dhaka, cette sociétécommerciale est considérée commela «Grameen Bank» de la microassu-rance depuis qu’elle a mis au point lapremière police d’assurance Vie mixtecouvrant à terme, autrement dit sur 10 ou 15 ans, l’ensemble des besoinsspécifiques des pauvres en matière de crédit, d’épargne et d’assurance. À l’heure actuelle, Delta Life compteplus d’un million de clients.

Les systèmes de ventedirecte permettent derésoudre quelques-uns des problèmes de contrôleque posent les modèlespartenaire-agent etcoopératives/mutuelles.

Tata-AIG et Delta mettent toutes les deux en évidence le succès des polices d’assurance mixte qui permettent aux pauvres de se consti-tuer progressivement un capital. Tata-AIG propose également despolices temporaires individuelles,mais il est intéressant de constaterque ce sont ses polices mixtes quigénèrent la plus forte demande,contrairement à ce qui se passe surles marchés des pays développés.

Ces deux exemples prouvent que les compagnies d’assurances peuventaccéder directement au marché despersonnes à faibles revenus, dumoins au Bangladesh et en Inde. La vente directe permet de résoudrecertains problèmes que posent lesmodèles partenaire-agent et caisse de crédit, qui ne permettent pastoujours aux assureurs de contrôlerconvenablement leurs filières dedistribution et les privent de contactdirect avec leur clientèle. Toutefois,l’avantage de la vente directe va depair avec des frais accrus liés à lacréation d’un système de distributionexclusivement axé sur l’assurance(alors que les autres modèles profitent d’un système qui existe déjà pour l’épargne et le crédit etréduisent ainsi considérablement lesfrais supplémentaires découlant destransactions d’assurance).

Le modèle dit communautaire

Dans les pays d’Afrique noire, où près de 90% de la population activepossède un emploi non réglementén’incluant pas la moindre protectionsociale, les communautés de pauvresont uni leurs efforts pour créer dessystèmes de microassurance Santésans but lucratif, qui reposent sur l’adhésion volontaire des membres.En échange des primes qu’ils versentà un fonds, les assurés ont droit à des prestations déterminées. La communauté joue un rôle impor-tant dans la conception et la gestiondu programme. Une structure d’appui fournit l’assistance technique nécessaire et assure un contrôleglobal, tout en négociant les tarifs des prestations médicales avec un ou plusieurs fournisseurs de soinsmédicaux.

En Afrique occidentale, il est indispensable que lesmodèles communautaires de microassurance Santé –mutuelles de santé –atteignent les populationspauvres et très pauvres.

L’une des études de cas examinéeslors de la conférence est celle d’unréseau mutualiste de microfinancesitué au Bénin, l’Association d’Entraide des Femmes (AssEF), qui possède son propre programme d’assurance Santé. Ce réseau disposede 27 fonds de crédit et d’épargne et de 240 groupes qui s’occupent des femmes pauvres de la ville deCotonou et de ses faubourgs.

Le plus simple est le mieuxSi un produit ne peut être facilementdécrit en quelques phrases, il ne fonc-tionnera pas. Mais plus un produit estsimple, plus il est difficile à élaborer.

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Le programme d’assurance del’AssEF, destiné aux femmes pauvresqui gagnent leur vie dans le secteurinformel de l’économie, prévoit lepaiement de tiers et offre à ses 25000membres une prise en charge desprestations médicales à hauteur de 70%, moyennant une cotisation d’environ 75 US cents par mois. Ce programme a été mis en place il ya environ trois ans et, alors qu’il prendà peine forme, couvre déjà quelque 3500 preneurs d’assurances, soit unmembre sur sept. Un contrôle rigou-reux et une bonne gestion ont permisau programme d’assurance Santéd’enregistrer une forte croissancedepuis sa création, en 2002, et ontgaranti sa viabilité. L’organisation estdirigée par une assemblée générale etun conseil d’administration composéde 13 femmes élues par les membres.

Malgré le succès de cette initiative et d’une autre similaire au Sénégal, la majeure partie des populations lesplus pauvres n’ont pas accès à cesservices.Il est donc indispensable que les gouvernements s’impliquentdavantage dans la protection des indigents et la réduction de la chargequi pèse sur les pauvres.

Bien qu’elles soient de type mutualiste et qu’elles s’inscriventthéoriquement dans un mouvementglobalement mutualiste, les associa-tions communautaires d’assuranceSanté (mutuelles de santé ) n’opèrentpas de la même manière que lesmicroassureurs qui relèvent decaisses de crédit ou de coopértives/mutuelles d’assurance. Parmi lesassociations de ce type, chiffrées à300 en Afrique de l’Ouest, trois fontl’objet d’une étude de cas: l’Union des Mutuelles de Santé de GuinéeForestière, l’Union Technique de Maliet l’Union des Mutuelles de Santé de Thiès.

Principes à retenir

Les enseignements et conclusions quiont été tirés de plusieurs études decas, lors de diverses sessions, sontparticulièrement intéressants pour lesassureurs qui se proposent d’opérersur le marché des populations àfaibles revenus. Il s’agit de:

— Comprendre la demande, en évaluant en termes quantitatifs et qualitatifs les besoins desclients, leurs préférences et leurconnaissance du domaine de l’assurance.

— Rassembler les informationsimportantes relatives aux caractéristiques fondamentales du produit, à la solvabilité desclients et aux exigences en matière de services.

— Cibler non seulement les clientsmais aussi les acteurs de terrain qui ne seront pas capables depersuader leurs clients tant qu’ils ne seront pas eux-mêmes convaincus de l’utilité du produit.

Il ressort des débats entre les participants à la conférence que l’assurance Santé représente lebesoin le plus pressant et le moinssouvent satisfait des populationspauvres, suivie de l’assuranceRécolte. Les dépenses de santé onttendance à atteindre des proportionsbeaucoup plus «catastrophiques»dans les groupes à faibles revenus enraison du manque d’assurance et desmaigres moyens dont ils disposent.Même dans les pays ou la populationa accès aux soins médicaux, il existedes barrières entre les sous-systèmes– publics, privés et sans but lucratif.

Parmi les conclusions qui ont été dégagées sur les défis et les stratégies visant à mettre l’assistance médicale à la portée des pauvres, il est apparu que les gouvernementset les bailleurs devaient s’efforcer en premier lieu d’intégrer les micro-assureurs Santé dans les structuresglobales et de coordonner etcombiner différentes sources deservices sanitaires pour améliorer l’efficacité et rentabiliser les dépenses.

L’assurance Récolte, généralementconsidérée comme une branchevulnérable qui ne peut être viablesans l’appui du gouvernement, a étéégalement l’objet d’une attentionaccrue en raison notamment de soncaractère innovant. À la suite de laconférence, le groupe de travail duCGAP s’est réuni et a pris plusieursmesures, dont la création denouveaux sous-groupes sur les assurances Récolte et Santé.

Bon nombre de participants à laconférence jugent essentiel d’encou-rager la participation des réassureursdans la microassurance en général, et plus particulièrement dans lesbranches Santé et Récolte. L’industrietraditionnelle des assurances n’auto-rise un réassureur à couvrir un risqueque si celui-ci lui a été cédé par un assureur direct professionnel – condition que la plupart des micro-assureurs informels ne remplissentpas. Il a été suggéré que les régula-teurs et les bailleurs de fonds collabo-rent de manière à fournir des garan-ties partielles aux réassureurs, sur lemodèle des relations existant entrebanques et IMF. Pour le réassureur,ces garanties pourraient être géréesdans le cadre d’une police stop-loss.

Bien que le réassureur représente ledernier maillon de la chaîne financière– qu’il agisse au niveau régional ouglobal –, il se doit de respecter laréglementation du pays où il opère.L’une des priorités consiste à obtenirque toutes les institutions informellesde la microassurance, de quelquetype qu’elles soient, puissent agirconformément aux réglementationslocales, tout en nouant des liens d’affaires avec les réassureurs.

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La microassurance en est encore à ses débuts, bien qu’il existe uneprise de conscience accentuée des nécessités et opportunités spécifiques. Cependant, le thème de l’assurance des pauvres n’est pas suffisamment débattu au sein des industries de l’assurance et de la réassurance. Les assureurs traditionnels disposent pourtant detrès vastes connaissances et pour-raient contribuer à raccourcir lapériode d’apprentissage des micro-assureurs.

Pour leur part, les bailleurs de fondsont été invités à faciliter l’établisse-ment des liens et à faire partager leursavoir-faire, de façon à coordonnerleur activité avec celle d’autres finan-ciers de la microassurance ainsiqu’avec les programmes de protec-tion sociale gouvernementaux et lesinitiatives du secteur privé de l’assu-rance. De même, leur attention a étéattirée sur la nécessité de contrôler àla fois à distance et sur place la miseen œuvre des programmes demicroassurance qu’ils ont choisi desoutenir.

À plusieurs reprises, il a été rappeléaux gouvernements qu’ils ont un rôleà jouer en matière d’offre de micro-assurance. Ils ont trois fonctions àremplir: fournir une couverture d’assurance par le biais de leursprogrammes de protection sociale,créer un environnement réglemen-taire approprié et permettre ausecteur formel d’accéder au marchédes populations à faibles revenus.

La synergie mise en évidence par laconférence et la façon dont le rassem-blement des spécialistes a contribué à clarifier et cristalliser le pool desconnaissances ont suscité maintesopinions positives. Dans l’ensemble,les participants se sont accordés pour dire que la microassurance intéresse un grand nombre d’organi-sations. Par ailleurs, il est encoura-geant de constater que la FondationMünchener Rück mène un plan d’action à long terme qui inclue desinitiatives spécifiques axées sur desrésultats immédiats. Elle organiseentre autres des conférences àl’échelle locale, pour mieux capter les populations ciblées de pays telsque l’Inde.

C’est là un aspect que la FondationMunich Re et le groupe de travail du CGAP sur la microassurance neperdent pas de vue à l’heure detravailler et d’agir en conformité avec les enseignements tirés de laconférence. Celle-ci était une réunion d’experts qui, sans être un but en soi,n’en marque pas moins le début d’unnouveau processus. Globalement, la conférence visait à souligner à quel point il est vital de continuer àdévelopper la microassurance pourdiminuer la vulnérabilité des popula-tions pauvres.

Enseignements tirés sur la conception du produit: — Mieux vaut couvrir plus amplement

peu de risques qu’assurer partiellement un grand nombre de risques

— Il faut éviter de surcharger les polices de clauses et de prestationsdifficilement exigibles

— Le nombre d’exclusions doit être limité

— Il faut renoncer aux argumentsrestrictifs et couvrir les clients sur la base des conditions préexistantes de façon qu’ils n’aient pas à remplir dequestionnaire médical

— Il y a lieu d’appliquer un tarif unique à tous les groupes d’âges, tant que les sommes assurées demeurent peuélevées

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