Internes en biologie : « rendre le biologiste incontournable dans le parcours de soins du patient...

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Option Bio L’actualité du praticien biologiste ISSN : 0992-5945 1 n° 487 | Vendredi 29 mars 2013 | 11 € 1 www.em-consulte.com/revue/optbio 70848 www.em-consulte.com/revue/optbio actualités Professionnelles, IDIV, Santé publique, biomed, agenda… 5 formation mise au point Détermination de la CMI : des méthodes aux indications 13 Le BK virus 17 DPC ou développement professionnel continu 20 pratique Les marqueurs non invasifs de fibrose hépatique 23 gestion La communication (1 re partie) 25 partenaires Produits 26 guide Petites annonces 27 Lors de l’examen en « urgence déclarée » au Parlement, de la PPL Le Menn qui « réforme la réforme Ballereau » de la biologie médicale, la Fédération nationale des syn- dicats d’internes en pharmacie (FNSIP) a initié des amen- dements médicalisant le futur métier de ses mandants biologistes. L’examen législatif devait ainsi se poursuivre à l’Assemblée nationale en mars par une lecture unique en séance publique après celle du Sénat en février (voir 0B N° 485). Un processus suivi d’une réunion à huis clos de la commission mixte paritaire (CMP) entre députés et sénateurs pour trancher les points de divergence qui subsistent. C’est dans ce contexte que la FNSIP, qui vient de tenir son assemblée générale annuelle à Lyon, a fait valoir avec vigueur au législateur la plus-value que repré- sente la formation des internes et l’atout de celle-ci pour les patients et la santé publique. D’où sa mobilisation pour la défense de la biologie de proximité, la démarche qualité et l’indépendance des exerçants dans les LBM. Président de la FNSIP, Sylvain Millet, interne au service de biochimie du CHU de Grenoble, explique le « modèle » défendu par les internes en biologie. ... suite page 3 « Vers des gardes biologiques publiques et privées tournantes ? » profession SM Sur le principe de la validation des résultats tout le monde est d’accord : le problème repose sur les moyens. Nous sommes peut-être trop jeunes et trop naïfs, mais il nous semble qu’il y a suffisamment de biologistes sur chaque territoire de santé pour pouvoir organiser une PDS tournante, quelle que soit l’origine du biologiste, afin d‘assurer une validation H 24 et une présence biologique 24/24 sur un territoire de santé. Cela à l’instar de certaines régions où les radiolo- gues privés et publics organisent une permanence commune. Tel est le modèle sur lequel on voudrait converger et nous essaierons de rallier les biologistes « seniors » à notre cause. | SERGE BENADERETTE Internes en biologie : « rendre le biologiste incontournable dans le parcours de soins du patient » profession OptionBio (OB) Recruter des pharmaciens ou des médecins non titulaires du DES de biologie dans les pôles des CHU a été supprimé au Sénat. En quoi le maintien de cette possibilité dévaloriserait-il votre DES de biologie ? Sylvain Millet (SM) En nous considérant comme une sous-spécialité alors que pour exercer la biologie médi- cale, notre diplôme d’études spécialisées (DES) garantit une formation optimale de 4 années d’internat. Or dans l’autre cas évoqué pour être nommé, d’autres en seraient dispensés. Les internes en biologie considèrent qu’il y a là une injustice. D’autant qu’il n’y a pas des garanties suffisantes pour encadrer ces exceptions. OB Cela compromet alors une recherche d’excellence qui valorise la biologie en CHU ? SM Voilà un faux argument donné par les doyens et certains PU-PH disant que la suppression de l’article 6 reviendrait à sacrifier la recherche en biologie médicale et, du même coup, la recherche dans les CHU. D’une part, de nombreux internes en biologie souhaitent s’engager dans une carrière hospitalo-universitaire et se spécialisent. Au moins 40 % d’entre eux font un master de recherche. D’autre part, nous sommes conscients du besoin d’une mixité des équipes pour disposer d’une recherche transversale de qualité et multidisciplinaire d’excellence. Elle va persister en CHU puisqu’un décret prévoit qu’un non titulaire du DES de biologie médicale peut être nommé sur des postes de biologie médicale dans des activités d’enseignement et de recherche, hormis les activités relevant de la biologie de routine. Rien n’interdit à cet égard un clinicien de prendre sa valence hospitalo- universitaire sur le pôle biologie et exercer les activités de routine hospitalière dans son service clinique. Il n’y a donc aucune justification à laisser ces personnes faire du jour au lendemain de la validation biologique si ce n’est à considérer notre formation de DES comme étant inutile ! OB Afin de prendre en compte les parcours atypiques, les pouvoirs publics songent à réformer la maquette du diplôme ? SM Cela relève d’une réforme globale du système de l’internat. Est-ce du ressort de la loi ? Cela concerne l’en- semble des DES, pas seulement le nôtre. Ainsi à l’occa- sion d’une réforme des études de santé à venir, menée N’ayant pas connu l’âge d’or de la biologie médicale et conscients que leur génération n’atteindra pas ces niveaux de rémunérations, les internes en font leur deuil. En revanche, ils placent tous leurs espoirs dans un exercice médicalisé au bénéfice des patients qui utilisent à plein leurs compétences de dix années de formation. Pour eux, la biologie médicale représente une plus value dans le parcours de soins auquel ils entendent contribuer. Entretien avec Sylvain Millet, président de la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie (FNSIP). OB La garantie d’une libération des résultats validés en nuit profonde par des biologistes a soulevé des difficultés. Notamment du fait d’effectifs insuffisants pour l’assurer. Qu’en est-il ? DR

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OptionBioL’actualité du praticien biologiste

ISSN : 0992-5945

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n° 487 | Vendredi 29 mars 2013 | 11 €

1www.em-consulte.com/revue/optbio

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www.em-consulte.com/revue/optbio

actualitésProfessionnelles, IDIV, Santé publique, biomed, agenda… 5

formationmise au pointDétermination de la CMI : des méthodes aux indications 13Le BK virus 17DPC ou développement professionnel continu 20

pratiqueLes marqueurs non invasifs de fibrose hépatique 23

gestionLa communication (1re partie) 25

partenairesProduits 26

guidePetites annonces 27

Lors de l’examen en « urgence déclarée » au Parlement, de la PPL Le Menn qui « réforme la réforme Ballereau » de la biologie médicale, la Fédération nationale des syn-dicats d’internes en pharmacie (FNSIP) a initié des amen-dements médicalisant le futur métier de ses mandants biologistes. L’examen législatif devait ainsi se poursuivre à l’Assemblée nationale en mars par une lecture unique en séance publique après celle du Sénat en février (voir 0B N° 485). Un processus suivi d’une réunion à huis clos de la commission mixte paritaire (CMP) entre députés et sénateurs pour trancher les points de divergence qui subsistent. C’est dans ce contexte que la FNSIP, qui vient de tenir son assemblée générale annuelle à Lyon, a fait valoir avec vigueur au législateur la plus-value que repré-sente la formation des internes et l’atout de celle-ci pour les patients et la santé publique. D’où sa mobilisation pour la défense de la biologie de proximité, la démarche qualité et l’indépendance des exerçants dans les LBM. Président de la FNSIP, Sylvain Millet, interne au service de biochimie du CHU de Grenoble, explique le « modèle » défendu par les internes en biologie.

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« Vers des gardes biologiques publiques et privées tournantes ? »

profession

SM Sur le principe de la validation des résultats tout le monde est d’accord : le problème repose sur les moyens. Nous sommes peut-être trop jeunes et trop naïfs, mais il nous semble qu’il y a suffisamment de biologistes sur chaque territoire de santé pour pouvoir organiser une PDS tournante, quelle que soit l’origine du biologiste, afin d‘assurer une validation H 24 et une

présence biologique 24/24 sur un territoire de santé. Cela à l’instar de certaines régions où les radiolo-gues privés et publics organisent une permanence commune. Tel est le modèle sur lequel on voudrait converger et nous essaierons de rallier les biologistes « seniors » à notre cause.|

SERGE BENADERETTE

Internes en biologie : « rendre le biologiste incontournable dans le parcours de soins du patient »

profession

OptionBio (OB) Recruter des pharmaciens ou des médecins non titulaires du DES de biologie dans les pôles des CHU a été supprimé au Sénat. En quoi le maintien de cette possibilité dévaloriserait-il votre DES de biologie ?Sylvain Millet (SM) En nous considérant comme une sous-spécialité alors que pour exercer la biologie médi-cale, notre diplôme d’études spécialisées (DES) garantit une formation optimale de 4 années d’internat. Or dans l’autre cas évoqué pour être nommé, d’autres en seraient dispensés. Les internes en biologie considèrent qu’il y a là une injustice. D’autant qu’il n’y a pas des garanties suffisantes pour encadrer ces exceptions.

OB Cela compromet alors une recherche d’excellence qui valorise la biologie en CHU ?SM Voilà un faux argument donné par les doyens et certains PU-PH disant que la suppression de l’article 6 reviendrait à sacrifier la recherche en biologie médicale et, du même coup, la recherche dans les CHU.D’une part, de nombreux internes en biologie souhaitent s’engager dans une carrière hospitalo-universitaire et se spécialisent. Au moins 40 % d’entre eux font un master

de recherche. D’autre part, nous sommes conscients du besoin d’une mixité des équipes pour disposer d’une recherche transversale de qualité et multidisciplinaire d’excellence.Elle va persister en CHU puisqu’un décret prévoit qu’un non titulaire du DES de biologie médicale peut être nommé sur des postes de biologie médicale dans des activités d’enseignement et de recherche, hormis les activités relevant de la biologie de routine. Rien n’interdit à cet égard un clinicien de prendre sa valence hospitalo-universitaire sur le pôle biologie et exercer les activités de routine hospitalière dans son service clinique. Il n’y a donc aucune justification à laisser ces personnes faire du jour au lendemain de la validation biologique si ce n’est à considérer notre formation de DES comme étant inutile !

OB Afin de prendre en compte les parcours atypiques, les pouvoirs publics songent à réformer la maquette du diplôme ?SM Cela relève d’une réforme globale du système de l’internat. Est-ce du ressort de la loi ? Cela concerne l’en-semble des DES, pas seulement le nôtre. Ainsi à l’occa-sion d’une réforme des études de santé à venir, menée

N’ayant pas connu l’âge d’or de la biologie médicale et conscients que leur génération n’atteindra pas ces niveaux de rémunérations, les internes en font leur deuil. En revanche, ils placent tous leurs espoirs dans un exercice médicalisé au bénéfice des patients qui utilisent à plein leurs compétences de dix années de formation. Pour eux, la biologie médicale représente une plus value dans le parcours de soins auquel ils entendent contribuer. Entretien avec Sylvain Millet, président de la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie (FNSIP).

OB La garantie d’une libération des résultats validés en nuit profonde par des biologistes a soulevé des difficultés. Notamment du fait d’effectifs insuffisants pour l’assurer. Qu’en est-il ?

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OptionBio | vendredi 29 mars 2013 | n° 487 3

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avec nos deux ministères de tutelle enseignement supérieur et santé, pourquoi n’envisagerait-on pas des passerelles pendant l’internat ou après la validation des acquis ? À condition qu’il y ait une vraie réciprocité entre les filières et une vraie formation. Cela ne peut pas marcher que dans un seul sens. Et quand on parlait d’injustice, il y a aussi une question de prise en charge du patient. La personne qui n’a pas du tout travaillé dans un LBM ne peut pas du jour au lendemain le diriger ou vali-der. Elle n’a pas la compétence requise. Nous, nous faisons 4 années d’internat spécifique pour cela !

OB Doit-on permettre à ceux qui sont en poste depuis plus de dix ans préalablement à la réforme de 2010 et qui ont exercé 2 ans la biologie en CHU de pouvoir continuer à l’exercer dans ceux-cI ?SM Grande question. On ne peut pas revenir sur leur situation. La faute en incombe au système. Nous ne sommes pas là pour les stigmatiser, ni pour tou-cher à l’article de l’ordonnance qui pré-voit une non rétroactivité. Donc il n’y a aucune crainte pour les personnes « hors la loi » si cela fait 10 ans qu’elles sont là. On peut difficilement les mettre à pied, d’autant que la plupart ne font pas de biologie mais seulement de la recherche et de l’enseignement.

OB Donc cette exception serait acceptable par les internes ?SM De toute façon c’est humain. Cela étant ce n’est pas parce qu’il y a eu dans le passé des pratiques abusives et dangereuses qu’il faut les faire per-durer. Tel est l’objectif de l’accréditation visant l’amélioration continue.Mettons aussi un terme à l’argument des doyens selon lequel les internes qui, assoiffés par le secteur libéral, ne veulent pas faire du public.J’y reviens, nous avons mené une enquête l’an dernier et cette année, avec le SJBM, qui prouve, que parmi les 430 internes de 3e et 4e années qui sur 500 ont répondu, 40 % veulent faire une carrière hospitalo-universi-taire. Et ils s’en donnent les moyens puisqu’ils réalisent un master M2R.

Ce qui signifie qu’en plus des activités de routine, en plus des gardes et en plus des astreintes, ils se lancent dans un projet de recherche, d’enseigne-ment, avec des cours supplémentaires justement pour remplir les conditions de recrutement sur les carrières hospitalo-universitaires.

OB Peut-être aujourd’hui ?SM Certes il y a plus de 10 ans très peu allaient en CHU. Mais il n’y avait pas non plus pléthore de postes. Quand il n’y a pas d’offres, la demande se fait rare également.Maintenant, avec les départs à la retraite, des postes vont se libérer. Du coup, cela incite à s’engager dans ces carrières attractives en termes d’intérêt et de travail mêlant activité médicale, de recherche et d’enseignement. Se présente ainsi un parcours très diversifié qui sort de la monotonie et qui ravive l’intérêt du secteur hospita-lier. Jel’affirme : s’il y avait les postes nécessaires, l’engouement pour ce secteur serait même plus fort que pour ceux du privé.

OB En quoi serait-il dangereux de qualifier des non biologistes hyper spécialistes qui exerçaient avant la réforme ?SM S’ils ne font que de la recherche et de l’enseignement, ce n’est pas dan-gereux. Mais lors du débat au Sénat, la ministre a indiqué que les hyper spé-cialistes participeront à la permanence des soins (PDS) de biologie médicale. C’est profondément méconnaître et mépriser notre discipline que d’affirmer cela puisque nos gardes polyvalentes nous confrontent à des diagnostics de leucémie aiguë, de méningite, de palu-disme, des bilans de biochimie clas-sique, des bilans toxicologiques, etc.Il serait très dangereux pour la sécu-rité des patients d’autoriser ces hyper spécialistes à participer à la PDS. Ce discours-là, employé par la ministre, a profondément choqué les internes qui se sont demandé quel était alors l’intérêt de leur formation si du jour au lendemain on pouvait mettre n’importe qui pour faire une garde polyvalente de biologie médicale.

OB Au motif qu’ils ne possèdent pas de DES de biologie, faut-il aussi interdire à des scientifiques pointus en microbiologie, virologie ou autre, de continuer à signer des comptes rendus d’examens ?SM En théorie, ils n’en ont plus le droit et le bon sens voudrait que cette pra-tique s’arrête d’autant plus que ces personnes n’ont pas la vision globale du bilan et n’ont pas de formation médicale. Et seulement la vision de leur analyse spécialisée. Il faut bien comprendre que la biologie médicale repose sur un ensemble de connaissances acquises à travers des disciplines et que la com-pétence d’un biologiste réside d’abord dans sa polyvalence et sa capacité à interpréter un bilan biologique dans la globalité et en fonction des éléments cliniques du patient.Le scientifique va rendre un résultat brut sans interprétation. Donc sa signature, c’est juste une libération de résultats.Nous que voulons-nous ? Valider bio-logiquement c’est-à-dire interpréter les résultats en fonction du contexte pathologique, donc mettre à profit notre formation médicale et technique au bénéfice des patients et des cliniciens. Et pas simplement libérer les résultats à l’état brut qui nous ferait nous appa-renter à une simple industrie de service.Notre volonté est donc de médicaliser, de renforcer le rôle du biologiste dans le parcours de soins du patient. D’où, aussi, l’importance de la présence d’un biologiste sur chaque site, la possibilité de répondre aux situations d’urgence et la nécessité d’interpréter réellement chaque bilan.À cet effet, ne serait-il pas envisa-geable que, comme en disposent déjà les radiologues, soit créée pour les biologistes une lettre clé à leur nomenclature qui leur permettrait de coter l’acte intellectuel que constitue l’interprétation globale de l’ensemble des résultats des examens au sein d’un compte rendu structuré ? Ainsi les pouvoirs publics pourraient-ils encore mieux garantir le plein effet de la médi-calisation de la biologie.|

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR SERGE BENADERETTEJournaliste, Paris

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