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Concours du second degr Rapport de jury
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Concours : interne du CAPES et CAER
DE LETTRES MODERNES ET CLASSIQUES
Session 2014
Rapport de jury prsent par :
Anne VIBERT, Prsidente du jury
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1. PRSENTATION DU CONCOURS
Comme les autres concours de recrutement de la session 2014, le CAPES interne de lettres et le CAER correspondant ont vu leurs modalits modifies par larrt du 19 avril 2013. Si lpreuve crite reste inchange et consiste toujours en un dossier de reconnaissance des acquis de l'exprience professionnelle (RAEP), lpreuve orale a t substantiellement modifie. On trouvera ci-aprs le texte de larrt dfinissant la nouvelle preuve mais on peut rsumer comme suit les principales modifications :
- les candidats nont plus le choix, au moment de leur inscription, entre un niveau collge ou un niveau lyce ;
- ils choisissent en revanche loption lettres classiques ou loption lettres modernes ;
- le sujet qui leur est propos pour loral nest plus un texte littraire unique accompagn dune question de grammaire, mais un dossier comprenant des textes littraires, ventuellement des documents iconographiques ou dautres documents ;
- la dure de la prparation passe de 2 heures 2 heures 30 ;
- le temps de passage est galement augment de 1 heure 1 heure 20 pour permettre un temps dinterrogation de 20 minutes sur des questions de langue franaise (pour les candidats de loption lettres modernes) et sur la traduction dun court texte en latin ou en grec (pour loption lettres classiques).
Les candidats sont donc invits consulter attentivement le rapport concernant cette nouvelle preuve pour prendre la mesure de ses attendus.
Les rsultats du concours nont pas t affects par la nouveaut de lpreuve orale : sagissant de candidats qui sont pour la majorit dentre eux enseignants en collge ou en lyce, llaboration dune squence denseignement, dans laquelle figure le texte expliquer et une sance de langue, fait partie intgrante de leur pratique professionnelle et mme si lpreuve est exigeante, deux heures trente de temps de prparation pour sapproprier le dossier, laborer la squence et expliquer le texte un nombre significatif de candidats a su satisfaire ces exigences et proposer au jury un expos de qualit, aussi bien sur le plan pdagogique et didactique que scientifique. Aussi le jury na-t-il pas hsit donner des notes trs leves (jusqu 20) chaque fois quil a t particulirement convaincu par les prestations de certains candidats. Il reste que cette nouvelle preuve orale exige, plus encore que la prcdente, un entranement spcifique pour en matriser les diffrentes composantes dans le temps imparti, sans oublier la lecture des uvres littraires des programmes du collge et du lyce, et la ncessaire rvision (ou lapprentissage) des notions de grammaire et de linguistique. Dans ce domaine, les ignorances de nombreux candidats et leur incapacit raisonner sur la langue sont particulirement proccupantes dans la perspective dune preuve orale o la part de la langue a t renforce (laboration dune sance de langue, interrogation sur la langue franaise en lettres modernes, traduction du latin ou du grec en lettres classiques) et plus encore dans celle de lenseignement de la langue franaise aux lves. Nous renvoyons au rapport pour les conseils de travail et les indications bibliographiques.
En ce qui concerne lpreuve crite, nous redirons ici ce que disait dj le rapport de la session 2013 : nous insistons sur la ncessit de ne pas prsenter le mme rapport que celui
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fourni pour la session prcdente, quand bien mme celui-ci aurait obtenu une note qui a permis ladmissibilit. Tout lintrt du dossier de RAEP est de faire tat dune exprience rcente permettant de tmoigner au plus prs de ltat des comptences acquises et la rdaction mme du rapport doit tre considre comme un moyen de progresser dans sa pratique professionnelle. En outre, sagissant dun concours, les notes y ont une valeur relative et non absolue, et reprsenter le mme rapport ne garantit pas lobtention dune note similaire.
Nous attirons aussi lattention des candidats sur le fait que le dossier de RAEP doit tre personnel et doit rendre compte dune exprience pdagogique quils ont rellement conduite : si des squences trouves sur Internet ou mme des analyses de squence peuvent tre des sources de travail, tout emprunt doit tre signal sous peine de relever du plagiat, et le jury ne se laissera pas abuser par une exprience factice qui na pas t ralise par le candidat avec des lves.
Nous souhaitons revenir enfin sur le cas des candidats qui nont pas dexprience professionnelle dans lenseignement secondaire. Si le jury nattend pas deux quils fassent tat dune squence pdagogique conduite en collge ou en lyce, il attend nanmoins quils expliquent comment lexprience quils ont acquise peut tre transpose et peut leur permettre de satisfaire aux exigences des programmes de lenseignement secondaire. La connaissance de ces programmes et des modalits pdagogiques de lenseignement du franais en collge et en lyce est un minimum et on ne saurait trop conseiller en outre ces candidats des visites dobservation dans des tablissements scolaires.
Au-del de la prparation aux preuves du concours, rappelons pour finir quon attend plus gnralement des candidats quils fassent preuve non seulement des connaissances ncessaires la matrise de la discipline mais encore de la culture, de louverture desprit, et de la curiosit intellectuelle et artistique ncessaires aujourdhui comme hier un professeur de lettres.
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Nouvelles modalits du CAPES interne compter de la session 2014
Arrt du 19 avril 2013 Section lettres Les candidats ont le choix au moment de l'inscription entre deux options : - option lettres classiques ; - option lettres modernes. Les candidats proposs pour l'admissibilit et pour l'admission par le jury du concours font l'objet de classements distincts selon l'option. A.Epreuved'admissibilit Epreuve de reconnaissance des acquis de l'exprience professionnelle dfinie l'annexe III (coefficient 1). Pour les candidats ayant choisi l'option lettres classiques, le dossier de RAEP porte, au choix du candidat au moment de l'inscription, soit sur le franais, soit sur une langue ancienne (latin ou grec). B.Epreuved'admission Epreuve professionnelle. Dure de la prparation : deux heures et trente minutes. Dure totale de l'preuve : une heure et vingt minutes maximum (dure de l'expos : quarante minutes maximum ; dure de l'entretien : quarante minutes maximum). Coefficient 2. L'preuve comporte : 1. Une analyse d'une situation d'enseignement. Le jury propose au candidat un dossier de nature professionnelle et prcise le niveau d'enseignement (collge ou lyce) auquel la situation d'enseignement doit tre aborde. L'preuve consiste laborer, pour un niveau donn et partir d'un dossier comportant un ou plusieurs textes littraires ventuellement accompagns d'un ou de plusieurs documents, un projet de squence d'enseignement assorti de l'explication d'un texte de langue franaise choisi par le jury. La mthode d'explication est laisse au choix du candidat. La squence devra comporter une sance d'tude de la langue. 2. L'expos est suivi d'un entretien qui a pour base la situation d'enseignement propose et est tendu certains aspects de l'exprience professionnelle du candidat. a) Il inclut, pour les candidats de l'option lettres modernes, un temps d'interrogation relatif la matrise de la langue franaise et comportant une ou plusieurs questions d'analyse grammaticale (dure : dix minutes maximum) ;
b) Il inclut pour les candidats de l'option lettres classiques une traduction improvise, sans dictionnaire, d'un court texte de latin ou de grec choisi par le jury parmi les auteurs du programme des classes (dure : dix minutes maximum).
Pour les deux options, le programme de l'preuve est celui des lyces d'enseignement gnral et technologique et des collges.
Lors de l'entretien, dix minutes maximum pourront tre rserves un change sur le dossier de reconnaissance des acquis de l'exprience professionnelle tabli pour l'preuve d'admissibilit, qui reste, cet effet, la disposition du jury.
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2. JURY DU CONCOURS
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3. BILAN DE LADMISSIBILIT ET DE LADMISSION
Option lettres modernes
CAPES CAER
Nombre de postes 99 75
Nombre dinscrits 1651 934
Nombre de candidats non limins 758 633
Barre dadmissibilit 9 / 20 10 / 20
Nombre dadmissibles 255 195
Moyenne des candidats admissibles 10,69 / 20 11,12 / 20
Nombre de candidats non limins et prsents loral
216 177
Nombre dadmis 99 75
Barre dadmission de la liste principale
10 / 20 10 / 20
Moyenne des candidats admis sur liste principale (total de ladmissibilit et de ladmission)
12,80 / 20 13,04 / 20
Option lettres classiques
CAPES CAER
Nombre de postes 15 10
Nombre dinscrits 101 61
Nombre de candidats non limins 48 36
Barre dadmissibilit 7 / 20 7 / 20
Nombre dadmissibles 31 26
Moyenne des candidats admissibles 8,77 / 20 8,65 / 20
Nombre de candidats non limins et prsents loral
25 25
Nombre dadmis 15 10
Barre dadmission de la liste principale
8,33 / 20 10,33 / 20
Moyenne des candidats admis sur liste principale (total de ladmissibilit et de ladmission)
11,23 / 20 13,80 / 20
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PREUVE DE RECONNAISSANCE DES ACQUIS DE LEXPRIENCE PROFESSIONNELLE (RAEP)
Rapport prsent par Sylvain Gonzalez
Pour la troisime anne conscutive, lpreuve dadmissibilit du CAPES interne de
lettres et du CAER correspondant consiste en un dossier de Reconnaissance des Acquis de
lExprience Professionnelle (RAEP) prsent par les candidats. Si cette session 2014 a
montr que de nombreux candidats avaient saisi les attendus de lpreuve, pour autant certains
nont que trop peu appliqu les conseils de Jean-Pierre Grosset-Bourbange (session 2012) et
de Christine Deronne (session 2013) dans leurs rapports respectifs. On recommande aux
candidats de consulter ces deux rapports qui leur seront dun grand secours. En effet, le
premier prcise le cadre de la rdaction du dossier et ses finalits et le second donne des
conseils pour le choix dune ralisation pdagogique. Ainsi, la seule lecture du prsent rapport
ne saurait suffire une bonne prparation de lpreuve.
En outre, nous ne reprendrons pas ici les informations contenues dans les documents
mis la disposition des candidats sur le site www.education.gouv.fr1, qui dterminent les
attentes formelles du dossier mais nous leurs recommandons de les consulter avec la plus
grande attention. Les notes de commentaire relatives lpreuve dadmissibilit prenant
appui sur un dossier de reconnaissance des acquis de lexprience professionnelle (RAEP)
des Capes internes de Lettres modernes et classiques adjointes seront galement considres
comme des aides indispensables la bonne rdaction du dossier puisquelles en prcisent les
objectifs et finalits. Nous souhaitons apporter ici des prcisions supplmentaires sur les
attentes du jury, dont les remarques ont nourri ce rapport.
Rappelons une exigence du dossier RAEP de lpreuve du Capes de Lettres : il doit
proposer une rflexion didactique en se conformant des attentes formelles spcifiques, de
faon faire valoir une matrise pdagogique et permettre sa reconnaissance. Les candidats
doivent avoir conscience quil sagit pour eux de mettre en vidence leurs acquis sur les
diffrents plans scientifiques (littraires, linguistiques, didactiques et pdagogiques), tout
1 http://www.education.gouv.fr/cid4929/epreuve-de-reconnaissance-des-acquis-de-l-experience-professionnelle-raep-de-certains-concours-internes-du-second-degre.html#Dossier_de%20Raep%20:%20pr%C3%A9sentation%20mat%C3%A9rielle,%20contenu%20du%20dossier
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autant que leur exprience afin de mettre en avant les points forts de leurs comptences
professionnelles.
Nous affinerons ces recommandations en donnant des exemples prcis de dossiers qui
ont satisfait aux attentes des membres du jury. ce titre il sera judicieux de consulter
quelques ressources en ligne qui peuvent tre grandement utiles aux candidats : par exemple
Se prparer la rdaction dun dossier R.A.E.P. de Danile Bonhomme et Caroline
Tessier en date du 26 mars 20132.
Un exercice de communication rpondant des impratifs formels
Tout candidat prsentant un dossier doit faire montre de qualits rdactionnelles. En
effet, si le dossier ne revt pas de caractre dissertatif, il ne peut tre constitu dune srie de
remarques tabulaires ou simplement listes. On ne saurait prsenter un concours de lettres
sans prouver son aptitude rdiger un texte. Toutefois, de manire assurer une lecture
claire, il est recommand que la prsentation de lexprience ne soit pas formellement
pesante, mais organise et hirarchise. On prconisera donc lutilisation de titres et
dintertitres qui dlimiteront les diffrentes sections du dossier sans pour autant sy rduire.
Un dossier prsent sous la seule forme de plan est en effet bannir. En outre, il est important
que les candidats ne se privent pas de lespace des huit pages qui leur est allou. Un dossier
RAEP qui ne ferait que quatre ou cinq pages rduit les chances dtre apprci du jury. Nous
conseillons donc chaque candidat dexploiter bon escient cette possibilit de rdiger huit
pages, et de trouver le meilleur compromis rdactionnel pour privilgier le dveloppement
didactique en allgeant le texte de scories narratives et en vitant les propos vagues.
Les candidats doivent prsenter galement un dossier exempt derreurs orthographiques
et syntaxiques. L'on ne peut prsenter un concours denseignant de lettres sans matriser la
langue quon aura charge denseigner. Si certaines coquilles ne portent pas
consquence, dautres sont prjudiciables aux candidats : le travaille , cette sance se
conclue , les lves en difficults . Quune erreur puisse chapper la vigilance du
candidat peut tre excusable mais les erreurs linguistiques portant sur des annotations inscrites
sur des copies d'lves ne sont pas admissibles, pas plus que ne le sont des erreurs trop
2 En ligne ladresses suivante : http://formation.ac-clermont.fr/paf/documents/Presentation_RAEP_Session_du_26_mars_2013.pdf
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frquentes, ne serait-ce que parce que le temps imparti aux candidats rend les relectures
amplement possibles et de ce fait absolument indispensables.
Le nombre restreint de pages oblige matriser correctement les logiciels de traitement
de texte mais aussi concentrer le propos sur lanalyse de lexprience. Commencer un
dossier par ce type de paragraphe est viter : Ce dont je vais vous instruire et que je vais
illustrer dans la seconde partie de mon dossier RAEP, et qui constitue un modle didactique
et pdagogique de mon travail pour lintgralit de mes classes, concerne ma quatrime
squence de travail au profit dune classe de 3me pour cette rentre scolaire 2013/2014,
squence de travail actualisant le nouveau programme entr en vigueur au collge en 2009
avec lArrt du B juillet 2008 (rfrence au B.O. spcial n6 du 28 aot 2008) pour les
classes de niveau 6me et arriv par niveau de classe jusquen 3me lanne scolaire
2012/2013, ce nouveau programme permettant de travailler, dvaluer et de valider les
comptences et les connaissances du Socle Commun du second degr, palier 3, vis par le
dcret du 11 juillet 2006 et ractualis par le Bulletin Officiel n7 du 1er juillet 2010
(document 1 vers en annexe). Les candidats peuvent utiliser les notes de bas de page afin
dallger leur discours et le prciser. En outre, il convient de ne pas abuser de rfrences
techniques qui vacueraient lessentiel : lanalyse. Quand il y a lieu, les rfrences prcises
doivent tre indiques sans touffer le propos.
Les candidats doivent galement prendre garde ne pas se contenter daffirmer un
choix personnel : Cest donc aprs mre rflexion de ma part que jai choisi dadapter mon
programme de la sorte . Cest bien lanalyse des lments qui ont prsid des choix qui
doit tre dveloppe dans un dossier RAEP et non la seule mention sibylline dune mre
rflexion ou lutilisation dune conjonction sans rfrent.
Le recours aux squences de manuels scolaires, sil peut se rvler pertinent lorsqu'il est
utilis avec parcimonie, ne peut en aucun cas tenir lieu de proposition gnrale dans le cadre
dun dossier RAEP. Le choix dun groupement de textes dpoques varies tirs de
diffrents manuels nest pas recommand : il faut prfrer la seule frquentation des
manuels scolaires celle des uvres littraires elles-mmes. Le concours prsent suppose un
travail pdagogique personnel et non une simple rptition dun travail labor par dautres.
En outre, si dans le cadre de la mutualisation des pratiques il est concevable quun candidat
exploite une ressource en ligne dans llaboration de sa propre squence, les sources doivent
tre explicitement mentionnes et les choix oprs par le candidat expressment motivs :
pourquoi il a fait ce choix et comment il adapte sa squence. Pour les mmes raisons, le
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copier-coller est irrecevable. Signalons enfin que prsenter un rapport dont on nest pas
lauteur est un acte frauduleux qui se dcouvre trs vite au fil des questions de lpreuve orale.
Le dossier prsent doit correspondre aux impratifs administratifs du concours. Ainsi,
la page de couverture utiliser obligatoirement doit tre totalement conforme et
comporter aussi bien la signature du chef dtablissement que le cachet de ce dernier.
Un parcours professionnel
Le dossier prsent par les candidats souvre sur deux pages voquant leur parcours
professionnel. Cette partie constitue dj un exercice rflexif et, pour cette raison, ne peut se
limiter une liste d'expriences. Parce qu'ils ont des parcours extrmement divers et parfois
exempts dexprience dans lenseignement secondaire , parce que le concours prsent est de
nature professionnelle et pas seulement thorique, il importe que les candidats prennent la
mesure de cette premire partie dont lobjectif principal est de mettre en valeur les acquis des
diffrentes expriences ralises.
linstar des rapports prcdents, prcisons que le parcours professionnel ne peut tre une
simple narration chronologique dvnements. Le jury attend que ce parcours soit analys et
pas seulement racont. Les candidats nont pas sattarder sur des missions ordinairement
rattaches au mtier denseignant comme celles de professeur principal, de membre du conseil
de classe mais mettre en valeur quelques aspects montrant leur engagement professionnel.
Signaler la cration dun atelier thtre pour des lves de sixime en difficult ou un projet
dcriture trimestriel dans le cadre de laccompagnement personnalis est plus valorisant que
de dclarer : en troisime, professeur principal, jai eu la responsabilit de la mise en place
des conseils de classe chargs de donner leur avis sur lorientation des lves en fin de
collge . Les membres du jury attendent donc une mise en perspective de lexprience
acquise et non le simple expos des obligations de service. Pour cela il convient de proposer
un parcours professionnel, par exemple en prenant appui sur la nouvelle version du rfrentiel
des comptences professionnelles des mtiers du professorat et de lducation (arrt du 1er
juillet 2013, JORF n0165 du 18 juillet 20133), ou encore sur une classification personnelle
des expriences qui montrerait les atouts dun tel parcours en vue de lenseignement. Ainsi
une candidate propose-t-elle une vue densemble de son parcours professionnel en
lorganisant autour de trois notions : celle de lindividu au centre de son apprentissage ,
3 http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=73066
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suivie par celle du travail en quipe et [de] la coopration entre les diffrents acteurs
agissant autour de llve , pour finir avec la notion d enseignement pour tous .
Une analyse didactique
Si la partie du RAEP consacre au parcours professionnel ne doit en aucun cas tre
nglige, celle dvolue une ralisation pdagogique significative constitue le cur du
dossier et se dfinit par deux ples : lun didactique, lautre pdagogique. Les candidats
doivent avoir conscience que, sils nont pas exposer des sommes de savoirs universitaires,
leur dossier doit clairer les modalits et les dmarches qui permettent de les transposer aux
lves.
Pour ce faire, les candidats doivent prsenter des mises en uvre effectivement ralises
et rcentes. Un dossier proposait lors de cette session 2014 un projet non ralis avec des
lves car le calendrier aurait empch de le concrtiser avec une classe. Cette absence de
mise en uvre est gnante plusieurs titres puisque la distanciation analytique attendue est
rendue impossible et que la candidate ne peut apprcier la validit de ses choix. De plus, sil
sagit dexposer une ralisation pdagogique , le simple fait de navoir pas concrtis le
projet didactique invalide lexpos lui-mme.
De mme, lobjectif de lpreuve suppose une actualisation du propos ce qui, par
consquent, exclut une narration au pass simple. La dimension aspectuelle de ce temps,
coup du moment de lnonciation, donne limpression dune relation sans distance critique
qui met mal lobjectif du dossier. Cet cueil est le corollaire dune autre maladresse
frquente : la narration chronologique, voire le compte rendu descriptif, des sances menes
avec les lves. Toute analyse suppose un temps darrt du narratif afin datteindre la
dimension explicative et argumentative de lexpos. Ainsi, nous conseillons aux candidats
doprer des choix en ce qui concerne le compte rendu propos la lecture. Plutt que de
dvider le fil monotone dune squence o il est difficile, faute de place, dapprofondir
chaque point, une candidate a pris le parti de dvelopper efficacement une sance sur le
subjonctif en partant des difficults poses par ce mode et en cherchant une mise en uvre
pertinente. Elle y adjoint une sance de rcriture informatique dun devoir, en
contextualisant le tout dans le cadre dune squence correctement problmatise.
La problmatique est un impratif de tout travail didactique parce quelle permet la fois
de dterminer un objectif professoral et un fil conducteur pour les lves. Cest pourquoi elle
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doit tre mrement rflchie. Ainsi le dossier doit exposer une problmatique simple, claire et
prcise que les lves puissent dcouvrir eux-mmes. Une candidate a propos dtudier Le
Cid en quatrime avec la problmatique suivante : Comment les dilemmes sont-ils mis en
scne dans luvre ? , posant demble une confusion entre texte et reprsentation, objet
dtude de premire, et non de quatrime. Une telle formulation dessert non seulement
l'analyse gnrale de luvre mais aussi les lves. En revanche, une autre a propos, pour le
mme niveau, dans le cadre de ltude du rcit raliste, une analyse pertinente de La Parure
selon laxe suivant : En quoi la nouvelle questionne-t-elle les apparences, le poids des
conventions et le pouvoir de largent ? Cette deuxime proposition claire aussi bien
luvre que les buts de lenseignant et la progression attendue des lves. Un candidat, quant
lui, indiquait quil avait abord les romans daventure en 5e selon la problmatique
suivante : en les confrontant ltude de textes de rfrence, quels outils pourront lier
lecture, criture et oral chez des lves en difficult pour renouer avec la lecture et
comprendre linfluence de la littrature dans lArt ? . Le candidat fait une confusion entre la
dimension littraire et la dimension didactique de la problmatique. La problmatique de la
squence est une question vise littraire qui permet dorganiser une transmission homogne
et structure des savoirs. Les candidats ne doivent pas omettre cette vise ncessaire la
construction de leurs squences. Certains candidats ont propos lors de cette session 2014 des
problmatiques intressantes telles que : comment les portraits singuliers de personnages
suscitent-ils lirruption du fantastique ? ou encore comment lcriture potique permet-
elle dexalter les motions du pote ? . La problmatique permet de donner une cohrence
aux choix didactiques oprs par le professeur. En cela il est souhaitable que le droul de
squence mette en vidence les lments de rponse apports cette ou ces problmatiques
qui, lorsquelles sont poses, semblent trop souvent disparatre au cours du dveloppement de
la ralisation pdagogique.
Pour celles et ceux qui auraient des doutes sur leur pratique de la problmatique, nous
renvoyons aux conseils donns par Christine Deronne dans le rapport de la session 20134.
Le dossier RAEP exige la cohrence garantie par une problmatisation et doit mettre en
relief la rflexion qui a prsid llaboration du travail men avec les lves. Pour cela, il
faut viter les formulations creuses telles que dailleurs certains points de la squence ont
4 Rapport prsent par Christine Deronne pour lpreuve de Reconnaissance des Acquis de lExprience
Professionnelle (RAEP) in Concours du second degr - Rapport de jury, Session 2013. Voir p. 12, la section problmatisation de la situation denseignement choisie par le candidat
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d tre reconsidrs, nous lavons vu prcdemment, et dautres ont donn lieu des pistes
de rflexion qui mont conduit des modifications dans la programmation annuelle . Ici le
candidat ne justifie ni nexplique les raisons et la nature de ces changements alors mme quil
sagit l de lattendu principal du dossier. Une autre candidate affirme : dans un premier
temps, lors de la construction de ma squence, je me suis demand comment susciter le got
et le plaisir de lire, la lecture tant un repre, une source dapprentissage pouvant favoriser
limagination lors du passage lcriture. Dans un second temps, une fois ma squence
labore, jai souhait mettre en place avec les classes que javais en responsabilit et ce
raison dune heure hebdomadaire, un temps destin uniquement lcriture. Lellipse entre
ces deux temps est justement ce qui intresse les membres du jury : quelles rflexions
didactiques ont amen cette candidate des choix pdagogiques ? Ici nulle rponse nest
fournie. Le jury ne saurait se contenter de cette bance qui nest quune vacuation du propos
didactique attendu.
Il en va de mme des annexes. Si ces dernires doivent tre limites en nombre, elles
peuvent nanmoins tre un atout prcieux pour le dossier. En effet, un candidat affirme : jai
donc distribu mes lves un document prsentant lhistoire du conte, traitant de son
origine orale et de son volution travers les auteurs et les lieux. Il aurait t judicieux de
faire figurer ce document en annexe afin que le jury puisse juger de sa pertinence. Il nest pas
opportun que les candidats racontent seulement le droulement des sances. Ils doivent
expliquer en particulier comment ils ont procd et quelles activits ils ont mises en place
pour atteindre leurs objectifs pdagogiques. Ainsi, un dossier mentionne que, dans le cadre
dun atelier qui articule lecture et criture, la cinquime sance est consacre
lamlioration du brouillon sans plus de dtails. Trop de dossiers se dtournent de leffort
de justification demand par la nature du concours quils prsentent.
De la mme manire, certains candidats nanalysent quune seule sance de lensemble de
la squence, sans prsenter la squence en entier ni la progression annuelle dans laquelle elle
sinsre. Ils doivent mettre en perspective leur projet et prendre de la hauteur par rapport sa
ralisation. Une candidate propose ainsi une squence dont elle explique les liens avec la
progression annuelle : cette deuxime squence prend place dans ltude du rcit au XIXme
et arrive juste aprs une squence sur la nouvelle raliste. Il sagit de mettre en vidence le
changement dorientation culturelle de cette fin de sicle en montrant lessoufflement du rcit
raliste . Cette explication est bien venue pour clairer le projet de la candidate.
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Le compte rendu point par point est monotone, dautant plus lorsquil ne fait que dcrire et
raconter sans analyse didactique. Il faudrait que les candidats prennent davantage de recul par
rapport leurs pratiques et adoptent une dmarche plus mthodique : faire des constats qui
amnent des reprages de difficults, dchecs ou de russites, formuler des hypothses qui
pourraient les expliquer ; le cas chant, proposer des remdiations. Cette proposition
mthodologique nest en rien obligatoire mais si chaque candidat simpose une structure
didactique, bien des cueils seront vits. Nous les encourageons ainsi consulter par
exemple des ouvrages de rfrence comme la Didactique du franais. Fondements d'une
discipline5, Didactique du franais langue premire6 ou encore des revues comme Le
Franais aujourdhui ou les Cahiers pdagogiques dont certains dossiers et articles proposent
des pistes de rflexion.
La dmarche ainsi dcrite nest pas possible en tant que telle pour certains candidats ayant
une pratique dans lenseignement primaire ou suprieur (et donc prsentant une squence ce
niveau). Cependant il est ncessaire quils conoivent leur prsentation de manire montrer
en quoi les comptences et les contenus mobiliss dans leur squence sont transfrables dans
lenseignement secondaire. Ces mmes candidats, tout autant que ceux dont lexprience dans
le secondaire est effective, doivent galement mettre en vidence leur connaissance des
programmes en vigueur. ce titre, la consultation de ces derniers sur le site education.gouv.fr
est imprative. Il nest pas admissible quun dossier mentionne un programme obsolte
nayant plus cours, tel que le BO HS n1 du 13/02/1997.
En outre un socle solide de savoirs scientifiques est ncessaire pour prtendre devenir
enseignant titulaire de lettres. Un candidat avouant ne pas bien saisir la diffrence entre
narration et focalisation , et, de ce fait, la jugeant oiseuse, se met lui-mme en difficult. En
revanche une candidate proposant ltude dun rcit fantastique du XIXe sicle en classe de 4e
par le truchement de Ltrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde de Robert Louis Stevenson
manifeste une culture certaine en citant une lettre de lauteur qui claire la rdaction de
louvrage et en mobilisant des rfrences scientifiques, dans le domaine de la critique
littraire comme de la didactique. En effet, les notions littraires ne peuvent tre enseignes
qu la condition sine qua non que le professeur les matrise.
5 Jean-Louis Chiss, Jacques David, Yves Reuter, Bruxelles, De Boeck Suprieur Savoirs en Pratique , 2008. 6 Claude Simard, Jean-Louis Dufays, Joaquim Dolz et Claudine Garcia-Debanc, De Boeck, Pratiques pdagogiques , 2010.
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Lanalyse didactique doit donc tre articule autour :
a. dun axe programmatique qui montre une rflexion et une adquation aux
instructions officielles ;
b. dun axe scientifique qui mette en valeur des questions dordre littraire et
grammatical ;
c. dun axe proprement didactique problmatis qui affirme lengagement des
candidats dans une rflexion sur les processus denseignement.
Une transmission pdagogique
Si la dimension didactique est le centre nvralgique du dossier, celui-ci ne doit pas en
occulter la dimension pdagogique. Les candidats doivent trouver un compromis entre crit
seulement thoris et narration simple de ce qui sest droul en classe.
Pour cela, il convient de soigner la formulation des problmatiques comme nous lavons
dj prcis tout autant que les titres des squences et autres sances. Une squence intitule
Au temps du Moyen ge a lavantage dtre simple mais reste extrmement vague ; une
problmatique telle que quelle est la fonction de la description ? nen constitue pas une
puisquelle nest quune simple question et quelle instrumentalise les textes tudis, faisant fi
de leurs spcificits littraires. linverse les titres ou problmatiques trop complexes
amnent penser que les lves sont dlaisss au profit dune volont drudition peu
probante : Dans quelle mesure la lecture de la pice de Cyrano de Bergerac peut-elle
amener comprendre les mcanismes de transmission des sentiments et analyser plus
particulirement lexpression du sentiment amoureux travers les gestes, les regards et la
diction des comdiens de thtre ? Sans proposer une critique prcise de cet exemple,
notons a minima quune telle question occulte son objectif : son appropriation par les lves et
la rponse quils pourront y apporter.
En outre, de nombreux candidats voquent des sances de synthse mais ces dernires se
limitent trop frquemment la mention dune rdaction collective (ou individuelle) de
synthse en omettant den prciser la teneur. Les modalits de cette transmission
pdagogique sont passes sous silence alors quelle est le point dachoppement de
lenseignement. Il convient donc de dvelopper les explications en ce qui concerne la mise en
uvre avec et pour les lves de choix professoraux spcifiques.
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En ce sens, le candidat peut recourir aux annexes condition quelles soient bien choisies
et commentes : par exemple la photocopie de lvolution de la trace crite du cours prise en
autonomie par un lve entre septembre et juin accompagne dune analyse de sa progression
est enrichissante. Mais placer en annexe une douzaine de pages, essentiellement des
photocopies de manuel, une abondance de textes ou un acte entier de LAvare, nest pas plus
judicieux que de nen produire aucune.
Sans constituer un impratif, il est souhaitable que les candidats intgrent dans une annexe
une copie dlve. Beaucoup, lors de cette session, se sont propos de le faire. Nanmoins, la
reproduction dune copie dlve mme annote par le professeur ne saurait suffire. Ce type
dannexe doit montrer comment le candidat value. Les candidats doivent avoir cur de
justifier leur correction, dexpliciter les comptences values, dindiquer pourquoi elles lont
t de cette manire. Il ne peut y avoir denseignement lgitime sans une valuation
didactiquement et pdagogiquement motive.
Il est galement important que les candidats aient la volont de valoriser les lves et de
montrer leur attachement la progression de leurs comptences. Ainsi, infliger 10 sances de
grammaire composes dune heure de leon suivie dune heure dexercices dapplication
dcontextualiss traitant dans toute la squence trois points grammaticaux : limpratif, les
types de phrases et les niveaux de langue ne correspond ni lesprit des programmes, ni
la bienveillance oprante dun enseignant envers les lves. Si ltude des outils de la langue
est primordiale, elle ne saurait tre une stratgie dvitement du texte littraire. linverse
une candidate indique que le collge est un moment important dans la vie de llve qui doit
sadapter de nouveaux savoirs ainsi qu de nouvelles approches de ses savoirs et faire face
une exigences dautonomie . Cette candidate montre lattention quelle porte aux lves en
proposant des dmarches et des activits qui dveloppent cette autonomie.
Une dernire remarque concerne lhistoire des arts : elle est souvent envisage par les
candidats comme une faon de permettre aux lves voire lenseignant d chapper
au texte littraire. Nombre de candidats affirment que lobservation dun tableau permet une
entre en matire plus agrable que la lecture dun texte. Tout enseignant de franais doit
accorder la littrature et la langue une place centrale dans son enseignement. Dans le
mme ordre dide, un film adaptant une uvre littraire ne saurait tre rduit sa simple
mise en image . Les candidats doivent proposer aux lves une rflexion sur les ressources
propres chaque art.
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Souhaitons que ce rapport claire les futurs candidats cette preuve et quil leur soit utile
pour la russir pleinement. Nous les encourageons vivement prsenter ce concours et ne
pas en oublier la finalit : convaincre le jury quils sont mme denseigner la discipline du
franais dans toutes ses dimensions, littraire, artistique et linguistique, au collge comme au
lyce, de nourrir la culture des lves et de conduire leurs apprentissages en suscitant leur
intrt et leur investissement.
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EPREUVE DADMISSION
Rapport prsent par Catherine DAUMAS et Fabrice CARNET
La session du Capes interne/CAER 2014 prsente, lpreuve orale dadmission, de
nouvelles modalits qui sont dfinies par larrt du 19 avril 2013 paru au Journal Officiel du
27 avril 2013 et prcises dans la note de commentaire disponible sur le site du ministre de
lEducation Nationale. Les candidats ont le choix, au moment de linscription, entre deux
options : lettres classiques et lettres modernes. Tout comme ladmissibilit comporte une
preuve unique (le dossier de reconnaissance des acquis de lexprience professionnelle),
lpreuve orale comprend galement une seule preuve, mais dote dun coefficient 2, contre
1 lcrit ; elle est donc essentielle pour la russite du concours, puisquelle permettra au jury
de mesurer les capacits du candidat lire des textes littraires et les exploiter dans le cadre
de la classe.
Le rapport de jury remplit un double objectif : dresser le bilan de la session acheve et
permettre aux candidats de comprendre lesprit de lpreuve et les attentes du jury. Il se
propose, aprs un rappel du cadre de lpreuve, de dfinir ses enjeux et de prciser les
comptences requises pour chacune des parties qui la composent. Tout en dressant le bilan de
ce qui a t entendu dans les diffrentes commissions, il sagira de prodiguer aux futurs
candidats les conseils ncessaires une prparation efficace de loral. Nous mettrons donc en
vidence les qualits des meilleures prestations et les cueils viter, en nous appuyant sur les
rflexions et les remarques des membres du jury que nous remercions chaleureusement pour
laide prcieuse quils nous ont apporte dans la rdaction de ce rapport.
I. Organisation et cadre de lpreuve
1. La nouvelle preuve
La nouvelle preuve dadmission sappuie sur ltude dun dossier compos de textes
littraires et dventuels documents complmentaires qui servent de supports llaboration
dun projet de squence denseignement et lexplication de texte que doivent raliser les
candidats admissibles. Contrairement aux sessions antrieures, les candidats nont plus la
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possibilit de choisir au moment de linscription le niveau denseignement (collge ou lyce)
sur lequel ils seront interrogs. Le libell qui accompagne le sujet prcise le niveau de classe
de collge ou de lyce envisager pour llaboration du projet de squence et indique le texte
qui fera lobjet de lexplication, sans donner le choix au candidat entre deux textes, comme
lors des prcdentes sessions. Quelle que soit loption choisie, le corpus concerne
lenseignement du franais de la sixime la premire. Lentretien qui suit lexpos
commence par la traduction dun court extrait latin ou grec pour les candidats inscrits en
option lettres classiques, ou par une question relative la matrise de la langue pour les
candidats inscrits en option lettres modernes. Dans la suite de lentretien, les candidats sont
invits revenir sur leur projet didactique et sur leur explication de texte. Dix minutes
peuvent tre consacres une ou plusieurs questions sur le dossier RAEP.
Lvolution du concours conserve la dimension littraire de cette preuve dadmission
en maintenant lexplication de texte et permet dvaluer galement les comptences
didactiques et linguistiques du candidat. Les exercices imposs lors de cet oral, qui relvent
de la pratique quotidienne du professeur de lettres, demandent donc des connaissances
universitaires prcises quil conviendra de rinvestir tant dans lexplication de texte que dans
la squence denseignement et linterrogation sur la maitrise de la langue ou la traduction
dun court extrait de langues anciennes.
Le remaniement de lpreuve, qui rpond galement la ncessit de distinguer les
options choisies, conserve le niveau dexigence propre un concours de recrutement de
professeurs et demande aux candidats une prparation assidue et rigoureuse.
2. Droulement de lpreuve
a) La prparation
Le temps de prparation de lpreuve est, compter de cette session, de deux heures
trente puisquil est demand de prsenter loral un projet de squence et une explication de
texte. Dans la salle de prparation, le candidat a sa disposition des dictionnaires. Le sujet qui
lui est soumis se compose dun corpus de textes littraires que des documents
complmentaires (uvres artistiques, textes critiques ou thoriques) peuvent enrichir. Une
lecture attentive des textes permettra de cerner ce qui fait lunit du dossier, mais aussi de
confronter les textes afin den saisir la spcificit, tape dterminante pour tablir la
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progression de la squence denseignement. Un libell commun lensemble des
commissions accompagne le dossier. Sa formulation est la suivante :
Dans le cadre de lenseignement du franais en classe de . et particulirement
de lentre (objet dtude)... vous analyserez le corpus propos. Vous prciserez
les modalits de son exploitation sous la forme dun projet de squence qui
comportera une sance de langue. Vous proposerez lexplication du texte n :
auteur + uvre .
Il prcise le niveau de classe envisager pour construire le projet de squence et indique le
texte qui sera expliqu. La sance de langue qui est demande doit faire lobjet dun
dveloppement particulier au sein du projet demand. La formulation ne prcise pas lordre de
prsentation des deux parties de lpreuve. Le candidat rpartit comme il le souhaite son
temps de prparation entre lexplication de texte et llaboration du projet de squence
denseignement. Lorganisation du temps est videmment primordiale si lon veut viter,
comme les commissions lont parfois vu au cours de certains oraux, des prestations
dsquilibres, qui traitent de faon superficielle la squence denseignement, ou qui ne
prennent pas le temps de dvelopper la sance de langue. Certains candidats, qui avaient
consacr une majeure partie du temps de prparation lexplication de texte, ont improvis
devant le jury une partie de leur expos et ne sont pas parvenus produire un propos cohrent.
Il est bien sr recommand aux candidats de lire attentivement lensemble des
documents avant de commencer tout travail de dveloppement. Certains, lvidence, se
contentent de survoler les textes, sans chercher dterminer le lien que lon peut tablir entre
chacun deux, et focalisent leur attention sur le texte soumis lexplication. Or, il convient de
comprendre ce qui a prsid la constitution du corpus. Mme si lobjet denseignement
commun ces textes est prcis dans le libell, il faut trs rapidement replacer le corpus dans
le programme du niveau de classe. Nous voudrions aussi revenir sur lusage que lon peut
faire du dictionnaire lors de cette prparation. Il peut certes servir vrifier quelques lments
biographiques sur un auteur, les caractristiques dun courant ou dun registre comme certains
candidats ont indiqu lavoir fait lors de lentretien, mais il doit surtout permettre dclairer le
lexique, comme le prcisait dj le rapport 2013.
Si le texte soumis lexplication doit retenir toute lattention des candidats, il ne
saurait tre le seul tre tudi, comme lont laiss penser certaines prestations qui nont pas
su dgager la spcificit des textes pour proposer un projet de lecture dynamique et pertinent.
Nous signalons enfin que lexplication de texte doit tre aboutie : il ne sagit en aucun cas de
prsenter les pistes dune lecture analytique, comme a pu le faire une candidate qui sest
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contente de prsenter le droulement purement pdagogique de la sance dans laquelle serait
tudi le pome qui devait tre expliqu.
b) Le temps de lpreuve
La prparation acheve, le candidat est conduit vers la salle o se droule lpreuve.
Le jury laccueille et procde la vrification de son identit. Aprs lui avoir rappel les
modalits de linterrogation, il linvite prsenter son travail durant quarante minutes
maximum. Le candidat a toute latitude pour organiser lordre de prsentation du projet de
squence denseignement et de lexplication de texte. Il est toutefois recommand de
consacrer un temps quivalent lune et lautre partie de lpreuve et de prvoir quelques
minutes pour conclure. Aucun dpassement nest accept et le jury se voit parfois dans
lobligation dinterrompre le propos dun candidat qui na pas su conclure. Le jury prend
toujours la peine de prvenir le candidat avant les cinq dernires minutes du temps imparti. Il
est donc prfrable de prsenter sommairement les grandes lignes de ce qui reste prsenter,
en gardant du temps pour conclure posment et prserver ainsi la cohrence de lexpos. Le
jury nest-il pas en droit dattendre du candidat quil matrise son temps dexpos comme doit
le faire un enseignant pendant les sances quil mne avec ses lves ? Cette remarque vaut
pour les candidats qui prsentent un travail trop bref. En effet, certaines prestations, trs rares,
nont pas dpass vingt minutes, dautres nont pas su viter les redondances pour combler un
manque vident de matrise. Il ne sagit pas de combler le vide par un discours creux, une
paraphrase des textes souvent due des lacunes mthodologiques et scientifiques. La gestion
du temps reste donc un point dlicat quun entranement rgulier lpreuve doit permettre de
surmonter.
Le jury a parfaitement conscience de la difficult de lexercice qui doit tre ralis
dans un temps trs contraint mais il convient dviter certaines attitudes qui trahissent le
manque dassurance, voire le dsarroi de quelques candidats face lexercice : on regrette
d'en voir certains soupirer, afficher trop ostensiblement les marques de leur anxit. D'autres
se perdent dans leurs notes ou se rfugient derrire leurs feuilles, en lisant un travail
entirement rdig, quils ne russissent pas mettre distance pour produire un expos qui
devrait rvler les qualits de communication dun professeur. Les commissions ont apprci
dentendre des exposs clairs, qui ont su gagner et conserver lintrt de lauditoire, et qui
rvlaient une matrise de la situation de communication quexige lpreuve. Certains
candidats ont en effet prsent avec dynamisme et conviction un projet de squence qui
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contenait une problmatique clairement dfinie, pos des objectifs et montr avec aisance
larticulation des apprentissages. Lexplication de texte a parfois t introduite judicieusement
au cours de la prsentation du projet de squence. Certaines sances de langue ont permis de
donner du sens aux textes tudis.
Une fois lexpos achev, le candidat est invit quitter la salle quelques instants
pendant lesquels les deux membres de la commission qui linterrogent fixent une note
plancher. A son retour, il est interrog pendant dix minutes sur la matrise de la langue (option
lettres modernes) ou sur un texte latin ou grec (option lettres classiques). Suit un entretien de
trente minutes qui permet de revenir sur le contenu de lexpos.
II. Le projet de situation denseignement
1. Constitution du corpus
Nous prciserons dabord les caractristiques des sujets soumis aux candidats. Le
corpus est constitu dun cinq textes, leur nombre variant en fonction de leur longueur et de
leur difficult7. Le corpus permet de construire une squence denseignement qui rpond aux
entres du programme (ou objets dtude). Certains corpus peuvent prsenter des textes de
genres diffrents, mais ils taient pour la majorit dentre eux composs dextraits appartenant
un mme genre puisque les objets dtude du programme de lyce, comme les entres
littraires du programme de collge, sont essentiellement gnriques. Tous les niveaux de
classes taient reprsents et les commissions ont veill proposer des sujets reprsentatifs de
tous les genres et sicles.
Certains corpus ne prsentaient quun long texte, tel celui consacr ltude de la
nouvelle de Villiers de lIsle-Adam, A sy mprendre . Dautres se composaient dextraits
dune mme uvre ou dun mme auteur : il a t ainsi propos plusieurs extraits du roman de
Stendhal, Le Rouge et Le Noir, ou plusieurs extraits de textes romanesques de Camus autour
dune mme thmatique. Dautres enfin des textes dauteurs diffrents, avec une unit
thmatique et/ou gnrique (la posie engage avec des pomes de Pablo Neruda, Aragon,
Prvert ; la posie lyrique avec des pomes de Louise Lab, Etienne Durand, Nerval et
Apollinaire).
7 On trouvera en annexe des exemples de sujet.
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Des documents complmentaires peuvent accompagner les textes littraires. Certains
corpus taient complts duvres artistiques. Citons titre dexemples la peinture de
Maurice Denis qui compltait le groupement de textes de Camus, la composition dArman qui
accompagnait le corpus consacr des textes contemporains voquant la premire guerre
mondiale8 ou encore une photographie de R. Capa dans la cadre de la posie engage9. Nous
rappelons que peuvent aussi tre proposs des textes critiques ou thoriques, qui auront pour
fonction dclairer la lecture du corpus et de proposer des pistes dexploitation dans le projet
de squence.
2. Les pr-requis
a) La connaissance des programmes et des Instructions Officielles
Les candidats, depuis cette session, sont interrogs indiffremment sur les programmes
de collge et de lyce. Il est donc important de faire une lecture trs prcise des programmes
en vigueur et de sapproprier ces textes qui donnent des indications trs claires sur les
comptences qui sont vises pour chaque niveau denseignement. Il convient de prendre en
compte la part respective assigne la lecture des textes (lecture analytique, lecture cursive,
lecture dimage fixe ou mobile), la langue et lhistoire culturelle, den comprendre la
logique pour envisager une progression qui permette de structurer les savoirs. Les
programmes ne doivent pas tre lus comme une liste de connaissances quil suffirait dempiler
pour aboutir la construction des savoirs chez llve. Il convient de sinterroger sur les
dmarches utiliser pour favoriser lacquisition des notions dans chaque cycle. Cest ce que
devra montrer le projet de squence denseignement. Il est aussi utile de rflchir
larticulation des programmes dun cycle lautre. Certains candidats nont pas pris en
compte la progressivit des apprentissages et le jury sest vu proposer des sances de langue
traites de manire semblable de la sixime la premire. Nous insisterons sur la ncessit
darticuler les grands domaines que sont la lecture, ltude de la langue, lcriture et loral, et
qui permettent llve dacqurir la matrise de la langue et la culture commune ncessaires
sa construction. Cest bien la construction de lindividu qui est assigne lacquisition du
8 Extraits de J. Rouaud, Les Champs dhonneur, J. Echenoz, 14 et J. Lemaitre, Au revoir l-haut. 9 Pablo Neruda, Madrid (1936) , Espagne au cur, troisime rsidence (1935-1945), Rsidence sur le Terre (1958); L. Aragon, Jcris dun pays dvast par la peste , Le Muse Grvin (1946); J. Prvert, Barbara , Paroles (1949).
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Socle commun de connaissances, de comptences et de culture et que nous engageons les
candidats prendre en compte dans leur expos. Il ne sagit toutefois pas de tenir un discours
artificiel et convenu sur ce sujet mais de montrer comment la rfrence au Socle peut nourrir
la rflexion didactique.
b) Des connaissances littraires et artistiques
Sans exiger des candidats quils soient des spcialistes dans le domaine sur lequel ils
sont interrogs, le jury attend cependant quils montrent une connaissance claire de la
littrature, quils auront enseigner et faire apprcier leurs lves. Il est donc recommand
de prparer lpreuve orale en privilgiant dabord la lecture des uvres patrimoniales,
propres construire cette culture commune quils auront transmettre. Trop de candidats
ignorent encore des uvres majeures de la littrature. On peut accepter que ceux-ci naient
pas lu le roman de Pierre Lemaitre, Au revoir l-haut, prix Goncourt 2013, dont un extrait
figurait dans lun des corpus, mais que dire de ce candidat qui avoue lors de lentretien ne pas
avoir lu La Peste de Camus ? Par ailleurs, il ne sagit pas davoir une connaissance parcellaire
de la littrature, faite de lectures dextraits dans des manuels, mais une lecture relle des
uvres, ou tout au moins de celles prconises par les programmes. Rien ne vaut cette lecture
personnelle des uvres que lon fera tudier ses lves pour en faire partager la saveur et
savoir pourquoi on les tudie. La connaissance des textes canoniques de la littrature vitera
des interprtations fcheuses, telle cette lecture du pome de Jacques Prvert, Barbara
(Paroles, 1949), qui situe le dbut de pome pendant la guerre et fait de la pluie la mtaphore
des bombardements.
On insistera galement sur la ncessit de se constituer un bagage artistique qui
permettra au candidat de comprendre et dutiliser avec pertinence les documents
iconographiques qui peuvent complter le dossier soumis ltude. Certains candidats ont
rvl un manque de culture regrettable qui laisse perplexe sur leur capacit future intgrer
lhistoire des arts leur enseignement. Une candidate na pas compris la place quoccupait le
tableau de Maurice Denis, Eurydice (1903), au sein dun corpus compos dextraits de
Camus10. Elle ignorait le mythe dOrphe et na vu dans le tableau que des personnages en
harmonie avec la nature. Une lecture plus approfondie de ce tableau et une attention accorde
au titre devaient conduire la candidate sinterroger sur la cohabitation dune scne qui
10 A. Camus: extraits de Noces, Noces Tipasa (1936) ; LEtranger, Premire partie, II (1942), La Peste, IV (1947); Lexil et le royaume, La femme adultre (1957).
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montrait effectivement des tres en communion avec la nature maritime (mditerranenne) et
au premier plan, de gauche droite, les moments successifs de lhistoire dEurydice. Le retour
au rel peut tre symbolis par cette lgende tragique : la nature qui permet de se retrouver
nest pas loin de ce qui fait le malheur des hommes. Comme les extraits du corpus qui
portaient sur laspiration au bonheur sur terre, le tableau de M. Denis venait complter cette
vision. Dans les trois textes comme dans la peinture, lhomme, par la fusion avec la nature
mditerranenne, la communion avec le dsert ou la mer, saccorde avec le monde et
recherche, par lexaltation du corps dans la sensualit, le bonheur et sa plnitude. Cependant,
trs vite, le rveil est brutal et la chute dans le quotidien est rvlatrice de la fragilit du
bonheur. Cest ce que pourrait illustrer la lgende dEurydice, reprsente au premier plan du
tableau, et lui donnant en contrepoint une tonalit tragique. Nous conseillons galement aux
candidats de prendre en compte toutes les formes artistiques. Les corpus qui intgraient des
documents iconographiques prsentaient des uvres qui ntaient pas seulement picturales.
Dans le corpus sur la posie engage, la prsence de la photographie de Robert Capa, Mort
dun milicien (1936), a dconcert certains candidats qui nont pas su dgager la valeur
artistique de luvre et ny ont vu quune illustration de la thmatique du corpus ou du pome
de Pablo Neruda.
Une bonne prparation suppose galement des rfrences scientifiques. On attend du
candidat quil matrise quelques rfrences aux thoriciens de la littrature et quil manifeste
des connaissances didactiques par la lecture de certains ouvrages ou articles. Il convient
toutefois den faire une utilisation avise et den matriser les contenus. On signalera par
exemple la drive qui consiste faire un usage abusif du schma narratif : cest ainsi quune
candidate a appliqu la nouvelle de Villiers de LIsle-Adam les tapes du schma narratif en
voquant les situations initiale et finale du rcit, allant mme jusqu parler de rsolution ,
utilisation parfaitement inapproprie pour ce texte qui tient plus de la description, voire de la
prose potique que du rcit proprement parler. On voit donc combien il peut tre
prjudiciable de vouloir utiliser tort certains concepts au dtriment dune lecture personnelle
et authentique des textes. Une autre candidate a voqu en lespace de quelques minutes le
pacte autobiographique de Philippe Lejeune, le concept dhorizon dattente et la thorie de
la rception de Hans Robert Jauss, leffet personnage de Vincent Jouve pour expliquer un
extrait de Leiris au sein dun corpus de textes autobiographiques. Laccumulation de telles
rfrences mal matrises lui a fait perdre de vue lessentiel, cest dire une lecture sensible et
personnelle, qui devait sappuyer sur une analyse prcise du texte. On signalera galement
une confusion frquente, observe par les commissions, entre les notions de focalisation et de
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point de vue. La notion de point de vue rpond la question qui voit ? et cest souvent
dun personnage ou du narrateur quil sagit. La focalisation est le rapport quentretient le
narrateur avec son personnage : sil en sait plus queux, on parle de focalisation zro ou
omnisciente ; sil en sait autant, on parle de focalisation interne ; sil en sait moins, on parle
de focalisation externe. Il convient donc danalyser ces postures nonciatives avec rigueur
pour montrer en quoi elles sont au service dune stratgie nonciative. De plus, on remarque
que ces notions se brouillent davantage quand les candidats les mlent aux notions de
narrateurs intra/extra digtiques et htro/homodigtiques. La non-matrise de ces concepts
de narratologie produit alors des discours confus, voire errons. La relecture de Figures III de
Genette semble donc indispensable et les candidats ne doivent pas se contenter de quelques
fiches de manuels scolaires sur ce sujet. Il semble galement que les connaissances littraires
sur les genres, formes et registres ne soient pas suffisamment matrises par les candidats qui
ont souvent pein les dfinir avec pertinence. Certains se sont par exemple contents de
relever lemploi de la premire personne dans un pome pour voquer le registre lyrique
quils ont assimil la posie lyrique. Nous rappellerons ce sujet que la posie lyrique ne se
confond pas avec le registre lyrique mme si ce dernier en est issu. Le lyrisme peut se loger
hors de la posie , nous explique Jean-Michel Maulpoix11, et la posie lyrique ne peut se
rduire lexpression autobiographique. De mme, un cest exagr ou un cest triste
ne peuvent suffire dfinir les registres pique ou pathtique dans un texte12. On attend des
candidats quils prsentent une dfinition courte et prcise des notions littraires quils
emploient, et quils sachent reconnatre dans un texte les procds qui les signalent. Enfin, des
connaissances prcises sur lhistoire littraire sont ncessaires. Les mouvements littraires
donnent souvent lieu des simplifications qui entranent des erreurs regrettables de lecture et
dapproche des textes. Ainsi de nombreux candidats, interrogs sur le corpus compos
dextraits de Camus, ont-ils voulu tout prix voir dans ces extraits lexpression de labsurde,
alors quau contraire les textes marquaient des moments o lhomme, en harmonie avec la
nature, accdait au bonheur. On voit ici que les candidats plaquent de pseudo-connaissances
sur les extraits en oubliant de lire vraiment les textes. Le lexique qui renvoie aux mouvements
littraires comme certaines notions spcifiques doit faire lobjet dun emploi prcis et
11 Jean-Michel Maulpoix, Le lyrisme, histoires, formes et thmes , sur le site Jean-Michel Maulpoix & Cie en ligne http://www.maulpoix.net/lelyrisme.htm. 12Nous renvoyons les candidats larticle trs clairant dAlain Viala: Des registres in revue Pratiques, n 109-110, juin 2001, p.165-177.
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rigoureux13. Ainsi ne peut-on exploiter la notion de catharsis sans pleinement en matriser
le sens : ce terme, emprunt Aristote, dsigne la purgation des passions, prouve par les
spectateurs lors du spectacle tragique. Il convient donc de lemployer bon escient, quand on
cherche comprendre les effets dun extrait de tragdie. Si lon peut reprendre la terminologie
aristotlicienne et le terme de catharsis couramment employ par la critique littraire,
rappelons toutefois aux candidats que dautres rapprochements tmoignent dune
mconnaissance de lhistoire littraire et de lvolution dun genre. On ne peut par exemple
appliquer les caractristiques de la tragdie grecque antique la tragdie racinienne sans nier
la singularit de cette dernire. La lecture ou relecture des tragiques grecs et latins (trop
souvent ignors par les candidats) et de quelques tragdies raciniennes devraient permettre
aux candidats de voir combien lcart est grand entre ces uvres et de comprendre la
spcificit de la cration racinienne.
Afin de construire efficacement le projet de squence denseignement, les candidats
pourront enfin se rfrer quelques ouvrages didactiques qui leur permettront de cerner les
enjeux de lpreuve. Mais cest tout au long de lanne quils devront exercer leur rflexion
didactique en construisant leur progression, leurs squences denseignement. Nous renvoyons
aussi les candidats la lecture de certaines revues qui rendent compte de la recherche
didactique, en sappuyant le plus souvent sur des expriences denseignement14.
Les candidats auront donc compris que la prparation lpreuve ncessite des
connaissances solides, acquises par la lecture de quelques ouvrages spcialiss, quil faudra
confronter judicieusement aux textes et aux documents pour en faire merger la spcificit.
c) Des connaissances linguistiques et stylistiques
Comme lors des sessions prcdentes, la nouvelle preuve cherche dterminer la
culture linguistique que doit possder tout professeur de franais dont la discipline englobe
lanalyse littraire des textes et ltude de la langue, deux champs videmment indissociables
qui permettront aux lves de dvelopper leur matrise du langage, crit et oral. On attend des
candidats quils manifestent leurs comptences linguistiques et stylistiques quand ils exposent
la sance de langue, quils dveloppent la question de grammaire (en lettres modernes) et
quils procdent lexplication de texte. On ne peut quinsister sur la place que doit occuper
la langue dans le commentaire des textes et la construction du sens. Or de nombreux candidats
13 On consultera avec profit Le Dictionnaire du littraire, sous la direction de P. Aron, D. Saint-Jacques et A. Viala, PUF, 2002 14 Nous renvoyons notamment aux revues suivantes : Le franais aujourdhui, Recherches, Pratiques.
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ngligent lanalyse grammaticale et stylistique dans leur explication de texte. Quand ils
prennent en compte la forme, cest trop souvent en la sparant du fond. Il nest gure
opratoire de procder un relev des rimes et des types de vers si ce nest pour montrer
comment ils font sens. Mais comment accepter linverse que, lors de lexplication dun
pome, le candidat ne procde aucune analyse de la versification ? Lanalyse stylistique
dun passage permet souvent den dgager la spcificit. Le jury a apprci notamment les
explications de textes qui ne se sont pas contentes dnumrer des champs lexicaux mais qui
ont investi le texte au niveau grammatical et prosodique. Il est bien vident que les savoirs sur
la langue ne peuvent par ailleurs pas se rduire ce qui est propos dans les manuels
scolaires. Nous engageons donc les candidats se rfrer aux ouvrages scientifiques de
rfrence15 dont la frquentation leur permettra daborder plus sereinement linterrogation sur
la langue.
3. Les modalits de lpreuve
Lpreuve fait appel la rflexion didactique du candidat : il devra montrer sa
connaissance des savoirs thoriques et matriser les transpositions ncessaires pour faire de
ces savoirs des objets denseignements qui vont mener aux apprentissages. On ne demande
toutefois pas aux candidats de construire une squence aboutie mais de donner les pistes
dexploitation du corpus.
a) La lecture des textes
Une approche pertinente du corpus passe par une lecture spontane et attentive des
textes proposs. Il est inutile dans un premier temps de vouloir systmatiquement replacer le
corpus dans un mouvement, de se prcipiter sur les dictionnaires disposition dans la salle de
prparation pour prendre connaissance de la biographie (bien succincte par ailleurs et
probablement peu clairante) de lauteur. Le paratexte prsent dans la prsentation du dossier
devrait suffire une premire lecture du corpus qui doit tre attentive tous les textes et
15 Martin Riegel, Jean-Christophe Pellat et Ren Rioul, Grammaire mthodique du Franais, PUF. Delphine Denis et Anne Sancier-Chateau, Grammaire du franais, Le Livre de Poche. Roberte Tomassone, Pour enseigner la grammaire, Delagrave Pdagogie, 2 volumes. Cet ouvrage a lavantage de prsenter des tableaux synthtiques qui facilitent la comprhension des phnomnes grammaticaux, et sappuie sur de nombreux textes littraires analyss en fonction de leur reprsentativit grammaticale ; il convient parfaitement lanalyse littraire. Dominique Maingueneau, Manuel de linguistique pour le texte littraire, Armand Colin (U), 2010, avec galement de nombreux exemples danalyses linguistiques de textes littraires.
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documents qui le composent. Les prestations les plus russies ont toujours t celles qui ont
procd une lecture fine du corpus, qui ont mont lunicit de chaque texte16 tout en
dgageant le systme dchos entre eux. On attend des candidats quils montrent leur capacit
faire une lecture littraire des textes car cest bien cette lecture quils devront pratiquer avec
leurs lves. Rappelons les principes quAnnie Rouxel a formuls pour dfinir ce type de
lecture17 :
- cest une lecture qui engage le lecteur dans une dmarche interprtative mettant en jeu
culture et activit cognitive . Cette dmarche dpasse la simple paraphrase du texte
propose par certains candidats. On met toutefois en garde contre certaines
surinterprtations, qui prtent au texte des intentions quil na pas. Pour un candidat par
exemple, chaque mot du texte de Camus, extrait de La Peste, est peru comme rvlateur de
la prsence de la peste alors quau contraire, les deux personnages se sont loigns de
lpidmie par ce bain salutaire. Une autre candidate na voulu voir dans le pome de Paul
Fort, Le bonheur est dans le pr , quune critique de la guerre, sans prendre en compte le
corpus dans lequel il sinsrait et qui aurait probablement d lui permettre dchapper une
lecture si restrictive et force.
- cest une lecture sensible la forme, attentive au fonctionnement du texte et sa
dimension esthtique . On attend donc des candidats quils se montrent sensibles la
dimension esthtique des textes littraires. Il est certes important dutiliser des outils
danalyse mais les candidats ne doivent pas sengager dans une lecture techniciste qui
enlve au texte toute sa saveur. Ltude de la forme doit les amener dgager les enjeux
esthtiques des extraits quil aura exploiter.
- cest une lecture rgime lent . Mme si les conditions de loral engagent les candidats
dans une preuve de vitesse, il faut se garder de survoler les textes du corpus. Les
questionnements trop larges sur un corpus taient souvent la consquence dune lecture trop
rapide. Toute bonne lecture demande quon revienne sur le texte. Cest la condition
d'mergence du pluriel du texte , nous dit Annie Rouxel, citant ce sujet Roland Barthes
dans S/Z : Ceux qui ngligent de relire s'obligent lire partout la mme histoire 18. Les
16 On peut se rfrer sur ce sujet louvrage de M. Riffaterre, La production du texte, Seuil, 1979. 17 A. Rouxel, Qu'entend-on par lecture littraire ? in Actes de l'universit d'automne - La lecture et la culture littraires au cycle des approfondissements, en ligne : http://eduscol.education.fr/cid46315/qu-entend-on-par-lecture-litteraire.html On pourra lire galement A. Rouxel et G. Langlade. (dir.), Le sujet lecteur, lecture subjective et enseignement de la littrature, PUR, 2004. 18 Roland Barthes, S/Z, Paris, Seuil, 1970, p. 23.
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corpus, qui souvent prsentaient des textes proches par les thmatiques et les formes,
demandaient lecture et relecture si lon voulait en cerner les spcificits et lunicit.
- cest une lecture dans laquelle le rapport au texte est distanci, ce qui nexclut pas un
investissement psychoaffectif . Les candidats doivent videmment montrer leur exprience
intime de la littrature, ce qui fera lintrt dun oral qui dpassera les autres par la part
dengagement quil manifestera; mais il faudra aussi tre capable de dpasser une lecture
simplement sensible du texte, de prendre de la hauteur pour accder linterprtation
critique.
- cest une lecture dans laquelle entre le plaisir esthtique : Cest un plaisir complexe,
mtiss du plaisir propre lactivit de lecteur et du plaisir du texte. Ce dernier est la fois
plaisir de la dcouverte et plaisir de la reconnaissance. Loral doit permettre au jury de
ressentir le plaisir qua prouv le lecteur du corpus. Quelques candidats semblent subir cet
oral et ne laissent aucunement transparatre un plaisir de lecture, ou tout le moins un
intrt. Nous avons toutefois assist de savoureuses prestations. Une candidate a su
proposer une excellente lecture dun extrait dAndromaque. Nhsitant pas faire sonner sa
voix, elle a fait percevoir la force dramatique du passage et ressentir le plaisir esthtique
que pouvait procurer ce passage.
b) Droulement de lexpos
Ce rapport, qui inaugure de nouvelles modalits de lpreuve orale, ne souhaite pas
proposer un formatage et une recette fige qui seraient appliqus sans discernement lors des
prochaines sessions. Il peut toutefois prsenter les tapes attendues de lexpos consacr au
projet de squence denseignement, en sappuyant sur lun des corpus qui a t propos lors
de cette session19. On nattend pas que les candidats droulent les tapes de la squence en
numrant une suite de sances que le peu de temps imparti cet expos ne peut permettre de
dvelopper ; il sagit avant tout de mettre en vidence les enjeux littraires du corpus en en
montrant la cohrence, dexpliquer comment son exploitation permettra datteindre des
objectifs dordre mthodologique, linguistique ou culturel, de prciser larticulation des
apprentissages qui permettront datteindre les objectifs qui ont t fixs.
19 A. Camus : extraits de Noces, Noces Tipasa (1936) ; LEtranger, Premire partie, II (1942), La Peste, IV (1947); Lexil et le royaume, La femme adultre (1957); document : Maurice Denis, Eurydice, huile sur toile, 85 x 110 cm, vers 1903-1904, Berlin, Alte National galerie. Voir sujet complet en annexe.
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- Prsentation du corpus
En guise dintroduction, la prsentation des textes permettra de dfinir la cohrence du
corpus et de le justifier.
Dans le corpus consacr aux extraits de Camus, les trois textes portent sur laspiration au bonheur sur terre. Le tableau de Maurice Denis vient complter cette vision possible dun
bonheur terrestre. Par la fusion avec la nature mditerranenne, la communion avec le
dsert ou la mer, lhomme saccorde au monde et trouve le bonheur qui rside dans la
fusion avec le monde et avec soi-mme. Cest le retour brutal la ralit du quotidien qui
fait raliser aux personnages la fragilit de ce bonheur. Lhomme prend conscience alors
de la dualit du monde entre le Bien et le Mal, moi et non-moi, envers et endroit, exil et
royaume. Le corpus prsente par ailleurs une forte cohrence : une unit discursive (tous
les textes sont des narrations) ; une unit gnrique (des rcits comprenant un extrait de
nouvelle et deux extraits de romans) ; enfin une unit thmatique (prsence dimages
obsdantes propres au rcit camusien et qui se dveloppent en un rseau de mtaphores et
de symboles : eau, mer, solitude, dsert). Cest par la communion avec les lments que
le personnage camusien tente daccder au bonheur.
Pour tre plus prcis, on pourra rappeler le contenu de chacun des textes et documents.
Lextrait de Noces clbre la communion avec leau et lamour charnel ; celui de La Peste
la communion avec la mer et lamiti; le dernier (issu du recueil Lexil et le royaume) la
communion avec le dsert, qui permet la rvlation de soi. Quant au tableau, il reprsente
une scne de bord de mer, aux couleurs chaudes, dans laquelle est expose la nudit des
corps en communion avec la nature et les lments ; au premier plan, le mythe dEurydice
donne la scne une coloration tragique.
Certains candidats ont fort bien mis en vidence ce qui faisait lunit du corpus, interrogeant
chacun des textes ou documents iconographiques au regard de leur place dans le dossier pour
mettre en lumire leurs rsonances. Cest ce premier travail dobservation trs prcis qui a
permis ces candidats de proposer une problmatique pertinente.
- Inscription du corpus dans les programmes et dans la progression danne :
Comme nous lavons dit prcdemment, cest une connaissance prcise des
programmes et de leurs enjeux qui permettra aux candidats de cerner trs rapidement, lors de
la prparation, la place que peut prendre ce corpus dans la programmation annuelle dune
classe et de dterminer les objectifs quon peut lui assigner. Lindication de la place de la
squence dans la progression annuelle nest pas superflue car la pertinence du projet tient au
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fait quil soit intgr un projet plus gnral qui doit se penser en termes dacquisition des
apprentissages. Les jurys ont apprci les prestations qui ont donn des prcisions sur
linsertion de la squence dans le programme de la classe, tel ce candidat qui, sur le corpus
consacr lvocation de la premire guerre mondiale, a prcis le lien quil ferait avec le
programme dhistoire et a justifi la place de sa squence entre deux autres dont lensemble
construisait un parcours thmatique et dcriture.
Le corpus sur Camus sinscrivait dans lobjet dtude des classes de premires le
personnage de roman, du XVIIe sicle nos jours . On peut citer ce passage de
LHomme rvolt qui clairera le corpus et permettra de comprendre la vision quentend
donner Camus de ses personnages : quest-ce que le roman, en effet, sinon cet univers
o laction trouve sa forme, o les mots de la fin sont prononcs, les tres livrs aux tres,
o toute vie prend le visage du destin ? Le monde romanesque nest que la correction de
ce monde-ci, suivant le dsir profond de lhomme. Car il sagit bien du mme monde. La
souffrance est la mme, le mensonge et lamour. Les hros ont notre langage, nos
faiblesses, nos forces. Leur univers nest ni plus beau ni plus difiant que le ntre. Mais
eux, du moins, courent jusquau bout de leur destin et il nest mme jamais de si
bouleversants hros que ceux qui vont jusqu lextrmit de leur passion []. . Il
conviendra donc, dans le projet, de dfinir les personnages qui apparaissent dans ce
corpus. On pouvait relever en particulier que deux extraits mettent en opposition les
personnages : Marie et Meursault, Janine et Marcel, tandis que lextrait de La Peste, au
contraire, suggre la rencontre de Tarrou et de Rieux et leurs affinits. Dans le tableau de
Maurice Denis, la nature accueille personnages anonymes et mythiques. Chaque extrait
donne voir les transformations des personnages, leur mtamorphose. Par lintermdiaire
de la communion avec les lments naturels (mer et dsert), il est possible de transcender
et de dcupler la force des sentiments et de la prsence de lhomme au monde. Les
extraits clbrent tour tour lamiti, lamour, la rvlation de soi, le partage.
On peut envisager que ce corpus complte ltude intgrale dune uvre romanesque
mais galement quil prpare aborder une uvre thtrale en sensibilisant les lves la
notion de tragique.
- Problmatique de la squence
Lacuit de la lecture des textes permettra aux candidats de formuler une
problmatique pertinente. Nombre dentre eux prouvent des difficults pour cerner les
enjeux du corpus et formuler une problmatique resserre, qui rende compte de la spcificit
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du dossier, qui mette en vidence la particularit des textes et des enjeux quils soulvent.
Rappelons quelques erreurs frquentes dans la construction des problmatiques :
La plupart des problmatiques tendent sparer le fond et la forme, nannoncent quune
singularit formelle du corpus, ou ne proposent quun pseudo-questionnement comme cette
problmatique, formule au sujet du corpus sur les rcits autobiographiques sur lenfance :
quelle dimension lcriture peut-elle confrer une exprience denfance marquante ? ,
o la dimension demanderait tre caractrise pour tre vritablement signifiante. La
problmatique suivante en revanche permettait de rendre compte de lunit du corpus et de
ses enjeux : Quelle rflexion sur les figures parentales se dgage travers les rcits
denfance ? .
Certaines problmatiques sont souvent passe-partout et trop vagues, telle celle qui a t
formule sur le corpus camusien : Comment Camus nous livre-t-il une vision particulire
du monde une poque et dans un contexte donn ? (on comprend que le candidat ait
voulu reprendre les termes mme du Bulletin Officiel qui dfinit lobjet dtude mais la
formulation reste toutefois trop gnrale) ou encore celle qui concernait le corpus sur la
premire guerre mondiale : Comment sinterroger sur lhomme travers lHistoire ? . On
devait prfrer une formulation, certes un peu large, mais qui rendait compte de la teneur du
corpus : En quoi la reprsentation de la guerre permet-elle den dnoncer lhorreur ? .
De nombreux candidats semblent ne pas diffrencier problmatique et objectifs, ce qui les
conduit formuler des questions par exemple comment dfinir le lyrisme ? qui ne
posent pas la spcificit du corpus.
Dautres problmatiques enfin passent totalement ct des enjeux du sujet. Une candidate,
propos de la nouvelle de Villiers de LIsle-Adam, a pos une question philosophique peu
mme de rendre compte des enjeux littraires du texte : la vie existe-t-elle aprs la
mort ? ; une autre problmatique tmoignait dune incomprhension du corpus sur la
posie lyrique de Louise Lab Apollinaire en cherchant dgager lallgorie de la cration
comme figure centrale du corpus. La problmatique ne consiste donc pas plaquer une
question gnrale sur le corpus mais utiliser intelligemment les textes dans leur originalit
pour les questionner.
Concernant le corpus que nous nous sommes propos dexploiter titre dexemple, nous
pouvons retenir la problmatique suivante :
Comment les expriences de communion avec la nature propres chacun des
personnages influencent-elles la vision quils ont du monde, deux-mmes et leurs
aspirations une forme de bonheur premier ? .
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Une telle problmatique rend compte de lunit du corpus (exprience de communion
avec la nature) et rpond aux enjeux que dfinissent les programmes pour le traitement de
lobjet dtude: lobjectif est de montrer aux lves comment, travers la construction
des personnages, le roman exprime une vision du monde []. On prte une attention
particulire ce que disent les romans, aux modles humains quils proposent, aux
valeurs quils dfinissent et aux critiques dont ils sont porteurs .
- Les pistes didactiques
Quelle entre possible dans la squence ?
On attend des candidats quils proposent un dispositif pertinent et adquat dentre
dans la squence. Nombre dentre eux ont utilis le document iconographique pour ses
valeurs purement illustratives. Cest oublier que le document iconographique peut aussi
inflchir la lecture du corpus ou lui donner une plus grande profondeur. Il nest pas interdit
douvrir la squence par cet appui car lon sait combien les lves montrent de grandes
capacits la lecture de limage, qui facilite souvent leur entre dans les textes, mais on se
gardera de rduire luvre artistique sa fonction dillustration. Ainsi, dans le corpus sur la
premire guerre mondiale, la composition dArman, Home sweet home, cre en 1960, peut
symboliser la premire guerre mondiale (guerre chimique des tranches), mais aussi
lextermination des juifs par le gaz. On notera lironie du titre quon pourra mettre en relation
avec lironie des textes de Jean Rouaud et de Jean Echenoz. On pouvait envisager dentrer
dans la squence par une activit crite ou orale partir de luvre dArman en travaillant sur
la dnotation et la connotation, en sattachant notamment la date de cration et au titre :
devait alors merger lide quon peut crer sur des sujets passs. Ici la composition fait
rfrence lune ou lautre guerre mondiale et lironie du titre permettait dintroduire ce
registre caractristique dau moins deux textes. Le travail sur le ralisme (puissance
dramatique de laccumulation, traduction du monde actuel en semparant des objets qui
perdent leur fonction premire pour devenir objets dart) devait permettre dengager les lves
dans la lecture du corpus. On pouvait alors se demander comment lart permet de transfigurer
le rel. Ltude initiale du document iconographique sert ici introduire les pistes de lectures
et faire merger la problmatique de la squence.
Des modalits varies permettent dentrer dans une squence : un travail dcriture,
une tude comparative dextraits du corpus par exemple. On vitera, notamment au lyce, de
commencer par un cours dhistoire littraire qui dfinirait un courant ou qui donnerait la
biographie dun crivain. Quel intrt en effet de commencer par un cours thorique sur le
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baroque si le corpus cherche prcisment faire construire cette notion par les lves ? Ils
nauraient alors qu vrifier par la lecture des textes les caractristiques de ce courant au lieu
den dfinir les aspects par une approche inductive.
Pour entrer dans la squence sur Camus on proposera une activit de comparaison
dextraits qui mette en valeur la notion de personnage camusien. En mettant en parallle
trois extraits des trois textes du corpus, on pouvait montrer comment les personnages
taient dans une dmarche de qute.
Les objectifs
Il convient de dfinir prcisment les objectifs que lon assigne la squence comme
aux sances. Ces objectifs sont dordre mthodologique, culturel, linguistique mais ils
tiennent compte aussi des domaines que sont la lecture, la langue, lcriture et loral.
Si dans le temps de prparation imparti, le candidat ne saurait prsenter une squence
dtaille dans tous les domaines, il ne doit pas pour autant oublier denvisager la place de
lcriture ni celle de loral. Ainsi, pour le corpus sur Camus, si la problmatique choisie
donnait un objectif la dmarche dinterprtation des textes, on pouvait envisager de lui
associer de manire pertinente un travail dcriture en lien avec la prparation des
preuves crites de lEAF, sans oublier la lecture haute voix des textes et lentranement
lpreuve orale. Il ne faut pas oublier galement que toute squence doit contribuer
enrichir la culture des lves, ce quoi ne sauraient suffire les extraits tudis en classe.
Le jury apprcie donc que les candidats envisagent galement des uvres proposes en
lecture cursive (par exemple, pour le dossier Camus, lecture dune uvre complte de
Camus mais galement duvres potiques) et quils envisagent des ouvertures sur
lhistoire des arts (Une partie de campagne de Renoir pourrait complter la lecture de la
nouvelle de Maupassant et lanalyse dun tableau du peintre et pre du cinaste). Ainsi le
jury doit pouvoir cerner comment, dobjectifs en objectifs, se construit un parcours
denseignement progressif.
Quelles dmarches pdagogiques pour rpondre la problmatique ?
Il ne sagit pas dempiler des sances de lectures analytiques et de construire des
parois tanches entre les textes. Il conviendra davantage de prsenter des pistes de lecture
pour les textes et documents du dossier, en mettant en lumire comment chacun deux rpond
la problmatique. On pourra alors prciser quels textes feront lobjet dune lecture
analytique, quelles tudes comparatives seront menes pour permettre le dveloppement
dune thmatique p