Inspection des ouvrages d´art par drone (2008)

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    39BLPC n273 dcembre 2008

    Inspection des ouvragesdart par drone.Bilan et perspectivesdes travaux du LCPC

    RSUM

    Ncessaire pour garantir le niveau de service et la scurit des usagers,

    linspection des ouvrages dart est ralise trs majoritairement de faon visuelle

    sur lensemble de la structure et doit tre excute en assurant la scurit

    des intervenants. Cest pour rpondre ces conditions que des passerelles et

    des nacelles motorises ont t dveloppes, en particulier pour observer les

    zones difficilement accessibles. Or ces quipements sont parfois difficiles, voire

    impossibles dutilisation ; cest pourquoi nous nous sommes intresss aux

    dveloppements de systmes de vision embarqus sur des drones. Aprs avoir

    valid le concept de drone par une exprimentation sur un site rel au moyen

    dun aromodle dhlicoptre quip dune camra, nous avons acquis notre

    propre drone afin de disposer dune plate-forme pour tester diffrents dispositifs

    de vision et dinstrumentation. Lenjeu est de rendre possible les prises dimages

    qui, une fois traites, donneront des informations qualitatives et quantitatives des

    dgradations observes. Aprs un rappel sur lorganisation de la maintenance

    des ouvrages, cet article dveloppe lintrt dutiliser des drones pour linspection

    des ouvrages et autres activits dauscultation et de surveillance, montre

    le drone acquis par le LCPC et prsente des rsultats obtenus au cours de

    deux exprimentations sur des sites rels. Il donne galement un aperu des

    recherches en cours et de celles entreprendre pour mener bien ce projet.

    Structural inspection using unmanned aerial vehicules.

    Assessment and perspectives on the LCPC work program

    ABSTRACT

    As a prerequisite to guaranteeing level of service and user safety, structural

    inspection techniques rely to a great extent on visual assessments that cover

    the entire structure and that must be performed so as to ensure the safety of

    inspection personnel. Under these conditions, powered walkways and platforms

    were created, in particular for the purpose of observing inaccessible zones. Such

    facilities sometimes prove difficult or even impossible to use ; for this reason,

    we have focused on developing onboard vision systems for installation on

    Unmanned Aerial Vehicles. After validating the drone concept by means ofin situ

    experimentation using a camera-mounted model helicopter, we acquired our own

    drone to offer a means for testing various vision and instrumentation devices.

    The key to this endeavor is to be able to capture images, which once processed

    can yield both qualitative and quantitative information on observed degradations.

    Following a review of structural maintenance operations, this article will discuss

    the benefit of using Unmanned Aerial Vehicles in structural inspection tasks and

    other diagnostic and monitoring activities, in addition to presenting the drone

    acquired by LCPC and providing results obtained during the two experimental

    programs conducted at actual inspection sites. The article will also indicate the

    status of current and upcoming research applicable to this project.

    Franois DERKX*Universit Paris-Est, LCPC, MI, Paris, France

    Jean-Luc SORINLCPC, MI, Nantes, France

    * AUTEURCONTACTER :

    Franois [email protected]

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    40 BLPC 273 dcembre 2008

    SurveILLAnCe et entretIen deS ouvrAgeS dArt

    Ouvrges concerns

    Rien quen France, il existe prs de 22 000 grands ouvrages dart sur le rseau routier national et

    environ 6 000 ouvrages sur le rseau dautoroutes concdes.

    Quil soit gr par Ltat, les dpartements, les villes ou les socits dautoroute ce patrimoine

    considrable reprsente des enjeux conomiques importants. Aussi pour maintenir le niveau de

    service dun ouvrage dart, garantir la scurit des utilisateurs et optimiser les travaux de mainte-

    nance le gestionnaire doit raliser avec prcision le diagnostic et connatre la pathologie relle de

    la structure.

    Les ouvrages dart de ltat ont lobjet dactions de surveillance systmatiques [1] et sont main-

    tenus en accord avec lInstruction technique pour la surveillance et lentretien des ouvrages dart

    (ITSEOA) doctobre 1979, qui a t rvise en dcembre 1995 suite la premire campagne IQOA

    (Image Qualit Ouvrage dart). Cette instruction prcise notamment les objectis de la surveillance

    ainsi que ses modalits dorganisation et ormalise galement le contenu et lorganisation des op-

    rations dentretien. Elle dnit ainsi trois niveaux de surveillance, que nous dtaillons dans les

    paragraphes suivants.

    Visites de routine

    Les visites dites de routine sont des oprations dinspection menes en continu par les personnels

    du gestionnaire lorsquils circulent sur les routes. Leurs observations permettent de relever tous les

    dauts majeurs ou mineurs tels que barrires de scurit endommages, drainages obstrus...

    Visites nnuelles

    Les visites annuelles sont ralises par des techniciens qui ont pour objecti la dtection des dsor-

    dres visibles, partir du sol, de toutes les parties accessibles dun pont. Tous les trois ans, cettevisite annuelle est une visite dvaluation dnomme visite IQOA ; elle permet de reprer lappa-

    rition de nouveaux dsordres parmi plusieurs dizaines de dauts rrencs et ventuellement de

    suivre lvolution des dsordres reprs lors dune des prcdentes visites. Ces visites dvaluation

    donnent lieu une classication de louvrage selon la mthode IQOA.

    Insection dtille

    Ces inspections sont ralises selon ltat de la structure : tous les ans pour les ouvrages dont ltat

    est alarmant, tous les trois ans pour les ouvrages sensibles, tous les six ans pour les ouvrages nor-

    maux et enn tous les neu ans pour les ouvrages robustes.

    Lobjecti de ces inspections est de rechercher la totalit des dsordres sur lensemble de la struc-ture, jusquaux ssures de 0,1 mm pour les ponts mtalliques ou en bton prcontraint, de 0,4

    0,5 mm pour les ponts en maonnerie et de 0,1 0,3 mm pour les ponts en bton arm. Ce sont ces

    inspections qui ncessitent, pour inspecter les zones inaccessibles, des matriels [2] importants,

    chers et diciles demploi, tels que nacelles et passerelles automotrices (fgure 1).

    fgure 1

    Exemple de passerelleautomotrice.

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    42 BLPC 273 dcembre 2008

    Rglementtion

    En France, il ny a pas de rglementation ormelle concernant spciquement les drones civils ;

    ils sont considrs comme des avions et sont donc ainsi soumis aux directives et autorisation de la

    DGAC (Direction Gnrale de lAviation Civile). Pour pouvoir raliser cet essai, nous avons donc

    t obligs de demander une autorisation auprs de la precture des Hauts-de-Seine. Une di-

    cult supplmentaire est apparue du ait que ce viaduc est situ proximit dun hliport et cette

    autorisation nous a t accorde seulement aprs que la precture a recueilli lavis des diverses

    autorits responsables. Lensemble de linstruction a pris approximativement dix semaines. Nous

    avons dcouvert cette occasion les eets de contraintes lgales qui auraient pu constituer un rein

    important lexploitation des systmes de drone si larrt du 1er aot 2007 navait pas t mis en

    place. En substance, cet arrt stipule que tout arone voluant occasionnellement dans un espace

    arien libre et restant en vue du pilote est dispens de demande dautorisation.

    Moyens utiliss

    Lexprimentation de Saint-Cloud a t ralise laide dun aromodle dhlicoptre radiocom-

    mand ddi aux prises de vues cinmatographiques. Cet hlicoptre (fgure 2) pilot vue, dunelongueur totale de 1,95 m avec un rotor de 1,80 m tait quip dun moteur thermique deux temps ;

    sa masse vide tait de 10 kg et sa capacit de charge tait de 2 kg. Il tait quip dune camra

    numrique Tri-CCD de 710 kilopixels avec un zoom optique 10. Les images ont t la ois

    enregistres bord de lhlicoptre sur une cassette au ormat mini-DV et transmises en station sol,

    grce un transmetteur 2,4 GHz, pour leur visualisation en temps rel.

    fgure 2

    Vues de laromodledhlicoptre.

    Rsultts

    Un inspecteur douvrage a analys quelques images extraites de la vido enregistre bord de

    lhlicoptre. Il a pu retrouver, la manire dune inspection normale, des dsordres se rapportant des problmes de pathologies prcdemment identis. Les fgures 3a 3c montrent quelques

    exemples de ces dsordres.

    Conclusion

    Si cet essai a permis de conclure sur la validit du concept dinspection par drone, il a montr par

    ailleurs que la qualit des images devait tre amliore, que le pilotage vue limitait les peror-

    mances du vol, que la localisation des images sur louvrage tait une condition ncessaire et que la

    rglementation relative aux vols de drones tait une contrainte importante dans la mise en place de

    ce type dinspection.

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    PrSentAtIon de notre drone

    Aprs avoir ralis un tat de lart sur les drones capables de vol stationnaire et cart des mat-

    riels certes intressants, mais dont certaines caractristiques (notamment la charge demport et/

    ou lautonomie), ou le degr de maturit ne permettaient pas denvisager un intrt immdiat entant que dmonstrateur, nous avons choisi le matriel Copter 1B dvelopp par la Socit Survey-

    Copter.

    Ce matriel [12] comprend un hlicoptre quip dun auto-pilote et dune tourelle gyrostabilise

    portant une camra vido et un appareil photo, ainsi quune station sol compose dun pupitre de

    commande, dun ordinateur de contrle et de programmation et dune source dnergie lectrique.

    Cet quipement, bas sur le site du LCPC de Nantes, est oprationnel et bncie dune autorisation

    exceptionnelle de vol au-dessus de ce site, dlivre par la precture de Loire-Atlantique.

    LhLICoPtre

    Lhlicoptre (fgure 4) est dot dun moteur thermique deux temps. Le diamtre du rotor est de

    1,80 m, la charge vide de 8,5 kg, la charge demport de 5 kg et lautonomie de vol est de lordre

    de 30 40 min. Il est quip (fgure 5) dune antenne GPS et dun magntomtre raccords lauto-

    fgure 3

    a : clatement de btonavec armature verticale

    apparente corrode,vraisemblablement

    d une insusancedenrobage

    b : visualisation de deuxcls dassemblage des

    voussoirsc : exemples de dauts

    relevs.

    c

    b

    fgure 4

    Vue du drone.

    fgure 5

    Dtail delinstrumentation.

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    pilote, dune antenne et dun module HF vasion de rquences de 5.8 GHz et de 200 mW de

    puissance pour les transmissions des signaux de contrle et des images vido.

    Luto-ilote

    Lauto-pilote WePilot1000 produit par la socit We-Control est une interace de commande de vol

    (fgure 6) permettant de piloter lhlicoptre en mode assist, cest--dire avec des commandes

    intuitives de haut niveau, ou en mode entirement automatique par programmation de missions.

    Grce lauto-pilote, la prise en main du drone est quasi immdiate, rduisant de ce ait la orma-

    tion des oprateurs au minimum, et les tches pnibles de stabilisation du pilotage classique sont

    abandonnes au prot du contrle de missions. Ladaptation de cet auto-pilote sur un hlicoptre

    exige lenregistrement pralable des donnes dun vol manuel qui sont ensuite exploites pour syn-

    thtiser un contrleur robuste.

    Lauto-pilote se compose dun processeur de commande de vol de 32 bits et dune EPROM (Erasable

    Programmable Read Only Memory) de 8 MB avec un systme inormatique intgr, dune centrale

    inertielle six degrs de libert (3 gyroscopes et 3 acclromtres dtendue de mesure respective

    100 degr s-1 et 2 g), dun GPS, dun magntomtre et dun capteur pizorsisti de mesurede pression dtendue de mesure de 300 1 100 mbar. Il onctionne (fgure 7) par usion de donnes

    des diverses mesures partir de ltres de Kalman tendus et ournit la stabilisation de laltitude, de

    la vitesse de commande et de la position en envoyant un signal sur les dirents actionneurs.

    fgure 6

    Intgrationde lauto-pilote.

    fgure 7

    Schma de principede lauto-pilote.

    L tourelle gyrostbilise

    Cette tourelle (fgure 8) est xe sous lhlicoptre et autorise les mouvements suivant laxe vertical

    (angle de lacet ou Yaw) et un axe orthogonal (angle de tangage Pitch). Les deux axes sont gyrosta-biliss ce qui permet de conserver laxe de vise toujours dans la mme direction, quels que soient

    les mouvements indsirables du drone.

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    Cette tourelle permet dembarquer dirents quipements. Actuellement sont installs un appareil

    photo Nikon de 8 mgapixels et une camra Sony de 800 kilopixels, mais il est prvu dembarquer

    plus tard dautres instrumentations telles que laser mtre, radar anti-collision, etc.

    L sttion u sol

    La station au sol se compose dun pupitre de contrle coupl un PC.

    L vlise uitre de commnde

    La valise pupitre de commande (fgure 9) regroupe les direntes commandes. Sur la partie gauche

    celles de la tourelle et de la camra, sur la partie droite celles de lhlicoptre avec le joystick de

    commande, enn sur la partie suprieure droite se trouvent les connecteurs de raccordement sur lePC, sur le botier HF et sur le botier dnergie lectrique.

    fgure 8

    La tourelle gyrostabilise.

    fgure 9

    Le pupitre de commande.

    Le tbleu de bord pC

    Le PC associ permet de congurer une mission en entrant des points de passage oustop sur une

    carte prenregistre (fgure 10) et gorrence par quatre points reprs par leurs coordonnes

    GPS respectives. Les points de passages ou de stop sont ensuite dnis directement sur la carte

    o leurs coordonnes GPS sont connues et il sut de complter pour chaque point laltitude et la

    vitesse de passage. Deux points spciques supplmentaires sont ncessaires : un point home cor-

    respondant au point de retour automatique du drone en cas de problme et un point dpartsitu

    proximit du point de dcollage du drone.

    Par ailleurs, lcran prsente un certain nombre de entres permettant dacher en tempsrel les inormations utiles la mission en cours, les paramtres de vol du drone et les alarmes

    ventuelles.

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    eSSAIS Sur SIteS reLS

    Lobjecti des essais dcrits ci-aprs tait de mettre lpreuve notre drone, en lui aisant raliser

    des inspections douvrages de gnie civil existants, mais hors service, pour valuer sa capacit op-

    rationnelle. Il sagissait notamment de :

    tester les circuits administratis pour lautorisation du vol (rglementation, scurit, etc.) ;

    valuer la qualit des images obtenues dans un but dinspection ;

    juger la capacit du drone se positionner et suivre un programme dni.

    Essi sur le ont de Tonny-Chrente

    Inaugur en 1842, Tonnay-Charente est un des plus vieux ponts suspendus dEurope. Son tablier

    slve 23 m au-dessus de la Charente et sa longueur est de 206 m. Il est support par trois piles

    de pierres calcaires et se prolonge par un ouvrage en maonnerie de 407 m de long constitu de

    51 arcades ogivales. Aprs plusieurs annes de service, le pont saaissant, il ut soumis en 1883

    une preuve de chargement avec du sable et... le tablier lcha. Aprs avoir t reconstruit laidede nouvelles techniques, il ut rouvert la circulation en 1885 et ses capacits urent doubles en

    1934. Aujourdhui erm toute circulation, il est class aux Monuments Historiques et attend sa

    restauration (rection du tablier, des cbles et de la maonnerie).

    Objectifs et conditions de lessi

    Le viaduc de Tonnay-Charente, propos comme site dexprimentation par le Laboratoire Rgional

    de Bordeaux qui en a la charge, orait lavantage pratique dtre assez proche du LCPC de Nantes

    et lintrt de prsenter deux parties distinctes : une partie mtallique et un viaduc daccs en

    maonnerie.

    Il a t dcid de visualiser les parties mtalliques de louvrage, notamment les ttes de piles an

    den vrier la corrosion, les dernires arches du viaduc daccs en maonnerie, ainsi que lesdchaussements des pierres de taille des quais environnants.

    Les essais se sont drouls sous conditions mtorologiques avorables, en mode programm avec

    reprise manuelle.

    Rsultts

    Les commentaires associs la fgure 11 ont t aits partir de plusieurs prises de vue laide

    de lappareil photo sous dirents angles et en agrandissant certaines parties pour mieux voir les

    dtails. La photo ci-aprs de la tte de pylne a t prise du ct aval, ct expos au vent douest

    provenant de la mer qui est seulement quelques kilomtres. On voit trs nettement sur le haut du

    pylne (repre 1) la prsence dune corrosion importante avec dcollement du revtement de pro-

    tection de surace. Le goujon gauche (repre 2) prsente galement une corrosion importante ainsique les vis de la mordache (repre 3) et lattache (repre 4). On voit le cble (repre 5) eloch.

    Lattache cble porteur/suspente (repre 6) par contre ne prsente pas de daut apparent.

    fgure 10

    cran principal.

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    Sur la photo 12, on observe un dcrochement de la vote (repre 1), une pierre manquante (repre 2),

    une obstruction partielle de la grille dvacuation des eaux pluviales (repre 3). On voit trs nettement

    lvolution des joints : bons sur la partie haute gauche et se dtriorant sur la partie droite (repre 4).

    On remarque galement la prsence de vgtation (repre 5) pouvant provoquer une dgradation pos-

    sible des joints.

    fgure 12

    Vue dune arche.

    fgure 11

    Vue de la tte de pylneZoom sur le repre 5.

    Essi sur ylnes EDF

    Cet essai a t ralis en partenariat avec EDF R&D en prliminaire linspection douvrages de

    production (barrage, centrale nuclaire, etc.). Nous avons choisi de raliser lvaluation sur deux

    pylnes architecturaux de grande hauteur, respectivement 72 m (fgure 13) et 42 m (fgure 14), sans

    cble lectrique, situs lentre du site dEDF R&D des Renardires au lieudit Montelivre et

    proches de deux lignes lectriques haute et basse tension (fgure 15).

    Ce lieu dessais est un espace entirement clos la limite de la CTR (Control Terminal Region) et

    dans la zone dite de la TMA dle-de-France (Terminal Aera) du ait de la prsence dun arodrome

    4,5 km. Cette localisation particulire a un peu compliqu notre demande dautorisation que nous

    avons nanmoins russi obtenir.

    pln de rvention

    En application du Dcret du 20 vrier 1992 compltant le Code du Travail, un plan de prvention

    a t mis en place par EDF R&D, prvoyant lensemble des consignes de scurit respecter pour

    les essais ainsi que les horaires des essais.

    Relevs GpS

    La dnition des plans de vol du drone ncessitant un gorrencement de louvrage et de la zone

    dintervention, un relev de points de calibration de carte (fgure 16) a t eectu au pralable

    laide dun GPS direntiel de manire pouvoir programmer ces plans de vol.

    pln de vol et rogrmmtion des miss ions

    Les fgures 17 et 18 montrent des exemples des missions qui ont t programmes autour des pyl-nesFougre etRoseau pour pouvoir monter une altitude susante et aire du travellingle long

    des bras des pylnes.

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    fgure 14

    Pylne de type RoseauConception : M. Mimram(architecte), M. Mimram

    (BE) Ingnierie SA.

    fgure 15

    Lieu des essais etimplantation des pylnesmatrialiss sur la gure

    par les deux points noirs.

    fgure 13

    Pylne de type FougreConception : I. Ritchie

    (architecte), K. Gustaon(BE) RFR.

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    fgure 16

    Relev des points GPS dulieu dintervention.

    fgure 17

    Mission autour du pylneFougre.

    fgure 18

    Mission autourdu pylne Roseau.

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    sur un ouvrage trs grand, il audra pouvoir passer des essais o le vol vue ne sera plus possible

    do la ncessit de disposer dun GPS direntiel pour assurer un positionnement plus prcis

    (idem pour laltimtre).

    MeSureS de vIBrAtIonS

    prsenttion

    Lobjectif de ces mesures tait de connatre les mouvements vibratoires indsirables subis par le systme

    de prises de vue en conditions de vol. En effet la majeure partie de ces mouvements trouvent leurs causes

    dans le principe mme de fonctionnement dun hlicoptre qui repose sur des lments en rotation.

    An de savoir dans quelle mesure ces mouvements induits contribuent la dgradation des images,

    nous avons ait des mesures acclromtriques au moyen dun acclromtre (fgure 21) x sur

    lappareil photo. Les essais ont t raliss au LCPC de Nantes par temps calme, le drone tant en

    vol stationnaire une altitude de 10 m.

    En tape prliminaire nous nous sommes limits mesurer les acclrations suivant un axe vertical,car nous avons observ que la composante principale des fous de boug se aisait suivant cet axe.

    Ces mesures ont t ralises pour trois distances ocales distinctes correspondant : zoom rentr,

    zoom en position mdiane et plein zoom.

    Pour la mesure des acclrations, la chane de mesure tait compose dun acclromtre pizolec-

    trique et dune carte dinteraage (fgure 22). Cette dernire assurait le conditionnement du signal

    fgure 21

    Acclromtre x sur lesabot du fash.

    fgure 22Carte dinteraage.

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    et sa transmission en TCP-IP (Transmission Control Protocol-Internet Protocol) sans l WiFi (radio

    scurise haut dbit).

    Rsultts

    Lanalyse spectrale (fgures 23 et 24) des signaux acquis a permis didentier certains modes de

    vibration, den calculer les amplitudes (sous Matlab) et de pouvoir ainsi corrler ces rsultats avec

    les fous de boug observs sur les images acquises.

    En particulier des rquences mergentes apparaissent qui sont vraisemblablement dues au moteur

    et au rotor principal ainsi quaux modes de la tourelle. Des mesures complmentaires devant tre

    eectues prochainement en ajoutant dautres acclromtres permettront de conrmer cette

    hypothse.

    Flous de bougs

    Pour valuer les eets de la vibration sur le fou de boug, nous avons photographi 10 m une

    toile reprsente sur une cible test avec des branches de 10 cm de long et des traits de 1 mm

    dpaisseur. Le zoom tait au maximum dans les deux cas de prises de vue que ce soit au sol (drone

    moteur arrt, pos sur un pidestal) (fgure 25) ou en vol (fgure 26). Le fou de boug mesur est

    de 4,3 mm.

    fgure 23

    Spectre du signal delacclromtre.

    fgure 24

    Spectre de puissancetemps rquence.

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    gorfrenCeMent deS IMAgeS : MeSureS de LA dIStAnCe

    du drone LouvrAge

    La localisation des images sur louvrage dart est indispensable. Elle peut se aire soit partir de

    points singuliers relevs sur louvrage soit partir des donnes ournies par les capteurs du drone

    (trois angles dEuler, golocalisation GPS). Le premier cas ncessite dimportants traitements

    dimage, aussi avons-nous retenu la deuxime solution, qui est plus accessible et plus gnrale.

    Pour mettre en uvre cette solution il est ncessaire dacqurir la distance louvrage du dispositi

    de prises de vue. Pour cela il est prvu dembarquer un tlmtre laser de chantier en cours dadap-

    tations mcanique et lectronique.

    Ltendue de mesure de ce tlmtre est comprise entre 30 et 100 m suivant la nature, la couleur de

    la cible et la luminosit ambiante ; la prcision de la mesure est de 2 mm max.

    Toutes les donnes permettant de connatre le positionnement seront enregistres dans un chier

    associ chaque image.

    Toute la dicult rside dans lobtention de mesures susamment prcises pour pouvoir position-

    ner sur les ouvrages bton les dsordres mieux que 50 cm pour les grandes pices sur lesquelles

    il ny a pas de contrainte particulire et 15 cm pour des dauts relevs en zones dites sensibles

    comme par exemple les bossages, les petites dalles dappui et les zones de reprise ou dancrage de

    prcontrainte.

    reLev deS BruItS oCCASIonnS PAr Le drone

    An de connatre les nuisances sonores occasionnes par le onctionnement du drone nous avons

    men une campagne dessais en champ ouvert au-dessus dune prairie. Des relevs ont t eectus

    au moyen dun sonomtre pour direntes distances entre le drone et le microphone. Les altitudes

    du drone pour ces essais taient de 10 m et de 20 m, tandis que les distances au sol voluaient

    progressivement de 0 m ( la verticale du microphone) 10 m, puis 20, 50 et 100 m. La fgure 27

    montre deux cas extrmes : le graphe du haut, qui correspond au cas o le drone est la verticale

    du microphone et une altitude de 10 m, ait apparatre un niveau sonore moyen de 72 dB ; les

    fuctuations sont dues la rotation en continu du drone sur son axe de lacet. titre de comparai-

    son, signalons quune voiture la mme distance produit une mission de 76 dB (sur une chausse

    classique). Lmission sonore releve pour la distance maximale du drone nest plus que de 50 dB,

    comme on le voit sur la deuxime partie du spectre du graphe du bas. Sur la premire partie de cespectre, le niveau maximal atteint 74 dB ; mais ce niveau est le ait dun avion de ligne au dcollage

    sur laroport voisin distant denviron 2 km.

    fgure 26

    Cible photographieen vol.

    fgure 25

    Cible photographieau sol.

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    54 BLPC 273 dcembre 2008

    En conclusion, bien que le niveau de bruit soit acceptable, une rduction du niveau de bruit dans

    le haut du spectre serait nanmoins souhaitable pour des raisons de urtivit. En eet, il aut viter

    dattirer lattention des usagers de la route pendant une opration dinspection.

    reCherCheS entrePrendre

    Disositif de vision

    Si nous voulons long terme pouvoir supplanter lil humain, il est ncessaire de dvelopper

    des systmes de vision en adquation avec les dauts dtecter. Nous examinerons lapport et la

    contribution potentielle de la strovision, de la vision inrarouge et des systmes 3D. En outre, nous

    examinerons lutilit dembarquer des clairages pour pallier si ncessaire le manque de lumire

    naturelle et nous chercherons de nouvelles sources dexcitation pour obtenir des signatures spci-

    ques correspondant aux dauts observs et recherchs.

    Mesure de dformtion

    Pour atteindre des mesures de dormation et savoir si la ssure est active cest--dire si ses lvres se

    dplacent lors dun chargement de la structure nous examinerons lutilisation de la shearographie.

    Tritement d imge

    Les fous de boug dus aux dplacements du drone et/ou aux vibrations devront tre limits au

    maximum par une bonne suspension de la tourelle et par des prises de photos rapides sous rserve

    davoir de bonnes conditions dclairage.

    En complment, les techniques de traitement dimage pourront encore amliorer la qualit des

    photos et permettre terme la reconstitution des dauts, leur identication laide dune base de

    donnes et leur quantication.

    fgure 27

    Niveau de bruit vs tempset spectre 100 m.

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    Loclistion

    Pour une inspection prcise, il est indispensable de localiser le daut sur la structure. Actuellement

    notre drone est localis par son GPS standard. Nous examinerons comment la usion de donnes

    dun GPS direntiel, dune centrale inertielle et des images prises par la camra peut aider loca-

    liser les images sur louvrage [13.14]. Nous rfchissons galement obtenir cette localisation

    partir de cibles xes sur louvrage ou partir de singularits de louvrage.

    ConCLuSIon et PerSPeCtIveS

    Lexprimentation initiale de 2001 mene sur le viaduc de Saint-Cloud a bien amorc la aisabilit

    du concept dinspection par drone, qui, par la suite, a t conrm par dautres essais raliss avec

    notre propre drone instrument. Les images obtenues lors des essais donnent des rsultats intres-

    sants en termes de dtection qualitative de dsordres mais ne permettent pas encore de vraiment

    quantier ceux-ci ni de les localiser avec la prcision demande par les inspecteurs douvrages. Ces

    essais nous ont galement permis dexplorer le champ oprationnel du drone in-situ, que ce soit du

    point de vue des conditions arologiques de vol, des autorisations doprer dans lespace arien

    partir de terrains publics ou privs ou enn sur les aspects de scurit des intervenants.

    Mme si la solution drone apparat en bonne adquation avec le besoin, un travail trs important

    reste ournir. Dans un premier temps, il convient damliorer les conditions de prises de vue, ce

    qui suppose de rgler certains problmes vibratoires et de mouvements, sources de fous, ainsi que

    de trouver des traitements dimages ecients. Il sagit alors de rechercher, pour chaque situation

    particulire, la position optimale du curseurdes compromis. Par ailleurs, les images ournies ne

    contenant pas orcment lintgralit du ou des dauts observs, il conviendra de se doter doutils

    plus ou moins automatiss pour assurer la continuit de la zone dintrt. Pour ce aire et revenir

    ventuellement sur un point proccupant, il est ncessaire dassocier toutes les images acquises

    des inormations de position et de temps.

    Ultrieurement pourraient tre embarqus dautres moyens dimagerie pourvoir autrement, tels quela shearographie par exemple.

    Tous ces travaux en perspective nous amnent continuer dquiper notre plate-orme drone dune

    instrumentation associant micro-lectronique et micro-inormatique, qui devrait permettre dint-

    grer avec souplesse et rapidit les dirents dveloppements en cours et venir.

    reMerCIeMentS

    Nous remercions Monsieur Berthelot et la Socit Verti-Services pourlutilisation de leur hlicoptre, pour la vido, Messieurs Ringot etDelahousse du LCPC pour les photos prises lors des exprimentationssur les Viaducs de Saint-Cloud et Tonnay-Charente, Monsieur Renaudindu Laboratoire rgional de Strasbourg pour ses commentaires aviss,ainsi que Monsieur Buloz, che de subdivision arodromes Athis-Monspour lautorisation de vol en le-de-France. Nous remercions galementMonsieur C. Digue, responsable du site EDF R&D des Renardires, pourles autorisations de vol sans lesquelles nous naurions pu raliser nosessais. Ont contribu ces travaux, Louis-Marie Cottineau, Jean-PierreDesroche, Jean Dumoulin, Alain Fleury, Laurent Lemarchand du LCPCde Nantes et rick Merliot du LCPC de Paris.

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