Information, Organisation et Prise de Risque dans la Banque, C.J. Godlewski (2005)
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UNIVERSITE ROBERT SCHUMAN
STRASBOURG III
THESE
de Doctorat de Sciences de Gestion
INFORMATION, ORGANISATION
ET PRISE DE RISQUE
DANS LA BANQUE
Presentee et soutenue par
Christophe J. GODLEWSKI
Directeur de Recherche :
Michel DIETSCH
Professeur a l’Universite Robert Schuman
Strasbourg III
JURY
Frederic LOBEZ Philippe RAIMBOURG
Professeur a l’Universite de Lille II Professeur a l’Universite de Paris I
Ecole Superieure des Affaires Pantheon-Sorbonne
Rapporteur
Joel PETEY Laurent VILANOVAProfesseur a l’Universite Robert Schuman Professeur a l’Universite Paul Sabatier
Strasbourg III Toulouse III
Rapporteur
Novembre 2005
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A la memoire de mes grands-parents,
a mes parents.
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La Faculte n’entend donner aucune appro-
bation ou improbation aux opinions emises
dans les theses. Ces opinions doivent etre
considerees comme propres a leurs auteurs.
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Remerciements
Je souhaite tout d’abord adresser mes remerciements les plus sinceres a mon
directeur de recherche, M. le Professeur Michel Dietsch. Je suis profondement recon-
naissant pour la confiance qu’il m’a accordee durant ces annees de these. Ses idees
stimulantes et originales, ses judicieux conseils et ses critiques constructives m’ont
considerablement aide dans l’elaboration de ce travail de recherche.
Je remercie MM. les Professeurs Frederic Lobez, Laurent Vilanova, Joel Petey et
Philippe Raimbourg de m’avoir fait l’honneur de composer mon jury.
Pour leurs commentaires, remarques et suggestions sur mes travaux de recherche
je remercie MM. les Professeurs Mohammed Chaffai, Eric De Bodt, Georges Gallais-
Hammono, Jan Krahnen, Frederic Lobez, Franck Moraux, Joel Petey, Christian So-
rensen, Philip Strahan et William Weber, ainsi que les rapporteurs anonymes de la
revue Banque & Marches.
Merci a Regis Blazy, Marie-Helene Broihanne, Mohammed Chaffai, Anne-France
Delannay, Brigitte Godbillon-Camus, Maxime Merli et Laurent Weill pour avoir relu
certains chapitres de cette these.
Je tiens egalement a remercier toute l’equipe de recherche du LaRGE pour les
excellentes conditions de travail et l’environnement propice a la reflexion, en par-
ticulier les directeurs du laboratoire MM. les Professeurs Regis Blazy et Jacques
Thepot.
Je remercie egalement MM. les Professeurs Nicolas Eber, Maxime Merli et Pa-
trick Roger, ma co-auteur Brigitte Godbillon-Camus, ainsi que Damien Broussolle,
Marie-Helene Broihanne, Anne-France Delannay et Laurent Weill. Mes remercie-
ments vont egalement aux ex-membres du LaRGE : Laurent Deville, celles avec qui
j’ai partage mon bureau en debut de these - Aude Hubrecht et Corentine Le Roy,
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ainsi que Pierre-Guillaume Meon et Acho Theodore Yapo. Je remercie egalement
Olga Bourachnikova, Marie Pfiffelmann et mon collegue de bureau Sylvain Willart.
Merci egalement a mes collegues doctorants, futurs docteurs et docteurs de l’Ecole
Doctorale Augustin Cournot, en particulier Thierry, Rachel, Guillaume et Angela,ainsi qu’Andre, Benoıt, Cedric, Claude, Francois, Hassan, Julien, Jun, Kim, Mathieu,
Phu, Stephane, Sukriye, Tayeb et Yves.
Je tiens particulierement a remercier Rachel Levy et Stephane Bertrand avec qui
j’ai organise avec grand succes la premiere edition des Augustin Cournot Doctoral
Days 2004, ainsi que Thierry Burger-Helmchen, avec qui j’ai partage la responsabilite
de delegue de l’Ecole Doctorale et de co-redacteur de la Page Cournot pendant un
an. Ces experiences m’ont permis de prendre des responsabilites et de decouvrir un
autre aspect de la vie d’enseignant-chercheur.
Je remercie MM. Jean-Claude Koenig et Christian Bischoff de la Banque San-
paolo ainsi que M. Claude Fussler et Mme Chantal Ruh de la Deutsche Bank pour
m’avoir donne l’opportunite de travailler en temps qu’analyste du risque de credit
pendant mes etudes universitaires.
Ma plus profonde gratitude et mes plus chaleureux remerciements pour leur
amour et leur soutien sans faille reviennent a mes parents. Je leur dedicace cette
these, ainsi qu’a la memoire de mes grands-parents.
A tous mes amis, merci pour votre soutien et vos encouragements.
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Sommaire
Introduction generale 11
Chapitre introductif 19
Information, organisation et prise de risque dans labanque
Chapitre 1 59
Le role de l’environnement reglementaire, legal et ins-
titutionnel dans la defaillance des banques : Le cas despays emergents
Chapitre 2 91
La coherence des ratings avec la probabilite de de-faillance des banques dans les pays emergents
Chapitre 3 115
Choix de la combinaison rentabilite-risque du porte-
feuille : Une approche fondee sur les fonctions de dis-tance directionnelle
Chapitre 4 143
Delegation de la decision de credit dans les banques :Le risque de manipulation de l’information soft et soncontrole
Conclusion generale 171
Bibliographie 179
Annexes 201
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Introduction Generale
Introduction Generale
Presentation du contexte
Depuis la vague des faillites bancaires des annees 80, un consensus a emerge
sur le fait que le risque de credit constitue la premiere cause interne de defaillance
bancaire (voir Pantalone et Platt, 1987 pour les Etats-Unis, von Westernhagen et al.,
2004 pour les autres pays industrialises et Bell et Pain, 2000 pour les pays emergents).
Plus precisement, l’exces de risque de credit, lorsqu’il resulte d’une mauvaise gestion
du risque, est le determinant interne fondamental dans la faillite bancaire.
L’interet porte a la defaillance bancaire vient des couts substantiels de ces faillites.
Il s’agit de pertes financieres pour les actionnaires, les deposants et l’assureur des
depots. Il s’agit egalement de perte de competitivite de l’industrie bancaire, ainsi
que de la destabilisation du systeme financier provoquee par la faillite bancaire, si
plusieurs defaillances individuelles degenerent en crise bancaire, par voie de conta-
gion. La resolution de ce type de defaillance entraıne un gaspillage de ressources.En moyenne, les pertes en terme d’output dues a une crise bancaire s’elevent a
15% − 20% du PIB annuel. Par ailleurs, les couts de resolution de la crise bancaire
se chiffrent en moyenne a 6% − 8% du PIB annuel (Hoggarth et al., 2003).
Le risque de credit peut etre defini comme une “non performance” de la contre-
partie, engendrant une perte probable au niveau de la banque. Les activites pouvant
etre a l’origine de ce type de risque representent jusqu’a 80% du bilan (Greuning et
Bratanovic, 2000). La gestion du risque compte parmi les trois principales activites
d’une banque, avec la production d’information et la transformation d’actifs (Freixas
et Rochet, 1997). La gestion du risque correspond a l’ensemble des decisions permet-
tant d’ameliorer le profil rentabilite-risque et permettre a la banque de maıtriser ses
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Introduction Generale
risques ainsi que de reduire le risque de faillite bancaire. Cependant, une decision de
credit inefficace peut entraıner un exces de risque de la banque qui augmente sa pro-
babilite de defaut. Ainsi, une meilleure connaissance des causes de l’exces de risque
et des moyens susceptibles de les controler devrait contribuer a ameliorer l’efficacitede la gestion du risque dans la banque.
L’exces de risque peut etre defini comme le resultat d’une decision de credit qui
engendre un risque de defaut de l’etablissement superieur au niveau juge acceptable
par les differents partenaires de la banque, a savoir les actionnaires et le regulateur.
La cause essentielle de ce phenomene est que les agents a l’origine de la prise de
risque ne supportent pas la totalite des couts du risque induits par leurs decisions.
Cette definition place le probleme du risque dans le cadre de l’organisation et de la
gouvernance bancaire, dont les mecanismes doivent permettre un meilleur controle de
la gestion du risque. Les agents responsables de la gestion du risque sont les dirigeants
et les charges de clientele de la banque. Les couts du risque correspondent aux pertes
potentielles qu’induit une decision de credit inefficace et peuvent entraıner la faillite
de la banque. Le cout de cette derniere doit alors etre supporte par l’assureur des
depots et/ou le regulateur, ainsi que les actionnaires. Se pose alors la question des
causes de l’exces de risque et des moyens de le controler.
La decision de credit peut entraıner un exces de risque pour plusieurs raisons.
– D’une part, cette decision repose sur le traitement efficace de l’information
par la banque, ce qui requiert une structure organisationnelle adaptee au type
d’information (Stein, 2002; Takats, 2004), particulierement lorsque les carac-
teristiques de cette derniere la rende manipulable par l’agent - conseiller de
clientele - en charge de l’activite de traitement et de production de l’informa-
tion. Dans ce contexte de la relation bancaire, l’asymetrie d’information entre
l’agent et le principal - directeur de la banque - peut entraıner un probleme
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Introduction Generale
d’alea moral pouvant deboucher sur une decision de credit inefficace et qu’il est
necessaire de controler par des mecanismes d’organisation et de gouvernance
bancaire adequats. Par ailleurs, certains mecanismes de gouvernance comme la
structure de la remuneration des managers peuvent egalement favoriser l’excesde risque (Gorton et Rosen, 1995).
– D’autre part, des causes externes exercent une influence sur la decision de cre-
dit dans la banque, en particulier l’environnement institutionnel et legal, la
reglementation et la surveillance prudentielle des banques, ainsi que la struc-
ture et la discipline de marche. L’environnement institutionnel, juridique et
legal a un impact non negligeable sur l’industrie bancaire, en particulier la
protection legale des interets des investisseurs (LaPorta et al., 2000). L’effica-
cite de l’intermediation financiere, particulierement le design des contrats de
dette bancaire ainsi que les taux de credit pratiques, est egalement influence
par cet environnement (Laeven et Majnoni, 2005), de meme que la fragilite
des banques (Mitton, 2002). La reglementation et la surveillance prudentielle
des banques ainsi que la discipline de marche constituent les Piliers 1, 2 et 3
de la Reforme de Bale II. Ces processus doivent assurer que la banque detient
des fonds propres en adequation avec son profil de risque et ameliorer la com-
munication d’informations et encourager l’application des pratiques bancaires
saines. Ils exercent egalement une influence sur la prise de risque de la banque.
Problematique et questions de recherche
Cette these se propose d’etudier a la fois empiriquement et theori-
quement les facteurs internes et externes qui influencent la decision de
credit et pouvant entraıner un exces de risque, ainsi que les mecanismes
susceptibles de controler la prise de risque dans la banque.
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Introduction Generale
Cet objectif amene deux interrogations principales :
1. Quelles sont les causes, a la fois internes et externes, de l’exces de
risque ?
Une meilleure connaissance des causes de l’exces de risque contribue a une
meilleure comprehension du processus de la decision de credit permettant
d’augmenter l’efficacite de cette derniere.
2. Quels sont les mecanismes qui permettent de controler l’exces de
risque ?
La connaissance des causes de l’exces de risque et la comprehension de leur
impact sur la gestion du risque fournit des reponses quant a l’efficacite et la
pertinence des mecanismes de controle internes et externes susceptibles d’in-
fluencer la prise de risque de la banque.
Nous apportons notre contribution a ces interrogations dans cette these qui se
compose de cinq chapitres.
Organisation de la these et contributions
Le chapitre introductif de la these presente les causes internes et externes
de l’exces de risque. On discute en particulier le role des mecanismes de gouver-
nance bancaire inefficients et des defaillances de la structure organisationnelle de
la banque, qui constituent les determinants internes de l’exces de risque. Selon la
technologie d’octroi de prets employee par la banque, celle-ci a acces a de l’informa-
tion hard ou de l’information soft (Petersen, 2004) sur l’emprunteur. Chaque type
d’information presente des caracteristiques propres, qui lui conferent des avantages
et des inconvenients particuliers, lesquels influencent la gestion du risque dans la
banque et appellent une structure organisationnelle adaptee. L’information de type
hard (par exemple un score) est publique, financiere et peut etre verifiable et donc
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Introduction Generale
difficilement manipulable, mais peut induire des erreurs de discrimination des em-
prunteurs (erreurs de type I et II, soit l’acceptation d’un “mauvais risque” et/ou le
rejet d’un “bon risque” dans le cadre des resultats d’un modele de score). Elle est
adaptee avec une organisation hierarchique et centralisee. L’information soft (parexemple un compte rendu sur l’emprunteur) est privee, non financiere et difficile-
ment verifiable est donc manipulable, mais contribue a une estimation plus precise
de la qualite de l’emprunteur. Sa manipulabilite peut etre source d’alea moral dans
la banque lorsque l’activite de traitement de l’information est deleguee a un agent.
On presente ensuite les determinants externes, en mettant l’accent sur l’influence de
l’environnement institutionnel et legal, le role de la regulation et de la surveillance
prudentielle, ainsi que l’impact de la structure et de la discipline de marche sur
l’exces de risque.
Les quatre chapitres suivants de la these proposent des contributions
empiriques et theoriques a l’etude des determinants internes et externes
de l’exces de risque et de la probabilite de defaut de la banque.
L’etude du role des facteurs internes et externes, en particulier de la reglemen-
tation bancaire et de la qualite des institutions legales, dans l’evaluation de la prise
de risque et la determination de la probabilite de defaut des banques dans les pays
emergents, fait l’objet du chapitre 1 (tire de Godlewski, 2004c). L’interet pour ces
pays est motive par le nombre de defauts bancaires importants dans ces pays durant
les annees 90 et l’impact plus important des consequences de la faillite. L’impact de
l’ensemble des facteurs internes et externes sur la prise de risque et la defaillance des
banques n’a pas fait l’objet de nombreux developpements. L’utilisation d’un modele
logit a deux etapes, inspiree de Demirguc-Kunt (1989b) et de Thomson (1992), per-
met de distinguer l’impact de ces facteurs sur un indicateur d’exces de risque ex post ,
de l’influence de ce dernier sur la probabilite de defaut de la banque. Une base de
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Introduction Generale
defauts bancaires pour un ensemble de pays emergents des trois zones d’Asie, d’Ame-
rique Latine et des PECO (Pays de l’Europe Centrale et Orientale) a ete construite
pour cette etude en collectant les informations aupres d’institutions de regulation
locales. Les resultats demontrent le role des facteurs reglementaires et institutionnelsdans le controle des incitations a l’exces de risque. En particulier, on montre que la
qualite de l’etat de droit est un element crucial pour une reglementation efficace et
credible.
Le role de la discipline de marche dans le controle de la prise de risque du banquier
est reconnu par les acteurs du marche et est amene a croıtre dans le cadre du Pilier
3 de Bale II. Le rating peut etre considere comme un indicateur synthetique de
l’ensemble de l’information portant sur le risque de defaut de l’emetteur, pouvant
contribuer a la discipline de marche, en particulier dans les pays emergents ou les
marches financiers et bancaires sont plus opaques (Allen et Gale, 2000). Cependant,
pour que le rating puisse contribuer a la discipline de marche, il est crucial qu’il soit
coherent avec le risque de defaut de l’emetteur. C’est pourquoi, on s’interesse dans
le chapitre 2 (adapte de Godlewski, 2004a) a la coherence du rating de la banque
avec sa probabilite de defaut, en ayant recours a un modele de score et une methode
de mapping (Carey et Hrycay, 2001). Les resultats obtenus montrent que les ratings
de banques dans les pays emergents offrent des estimations du risque de defaut des
banques coherentes avec les taux de defaut observe. Une tendance a l’agregation de
l’information sur le risque de defaut par les ratings est neanmoins mise en evidence.
Le chapitre 3 propose de mesurer le choix du couple rentabilite-risque du ban-
quier au moyen de la methodologie des fonctions de distance directionnelle avec out-
put non desirable (Fare et Grosskopf, 2000 ; Fare et al., 2004). Il etudie egalement
l’impact de la reglementation du capital. A cet effet, on utilise une methodologie
originale (Chaffai et al., 2004) permettant d’integrer le risque de credit dans la fonc-
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Introduction Generale
tion de production bancaire et ainsi d’etudier l’efficience des banques, leur sensibilite
au risque et l’impact de la contrainte reglementaire de capital sur ces preferences.
Sur la base d’un echantillon de banques des pays de l’OCDE, les resultats obtenus
mettent en evidence des degres d’inefficience manageriale plus importants pour lesbanques qui ne respectent pas la contrainte de capital reglementaire. En outre, il
apparaıt que ce type de mecanisme de reglementation bancaire engendre un com-
portement de prise de risque plus conservateur. Les preferences pour le risque du
banquier semblent donc etre influencees par la reglementation bancaire. D’apres ces
resultats, le controle externe de l’arbitrage rentabilite-risque, en particulier de l’ex-
ces de risque, par le biais de la reglementation, est lie a des prix percus du risque
moyens plus importants que dans le cadre du controle interne.
L’organisation du traitement de l’information et de la decision de credit peut
influencer la prise de risque, en particulier lorsque ces t aches sont deleguees a un
agent. En effet, lorsque l’information est produite par un agent et qu’elle est non ve-
rifiable et manipulable, un probleme d’asymetrie d’information emerge entre l’agent
et le principal, lorsque ce dernier utilise l’information transmise par l’agent pour
prendre ses decisions. Le chapitre 4 (tire de Gobillon-Camus et Godlewski, 2005)
propose un modele principal-agent (banquier-charge de clientele) avec alea moral
avec information cachee. Ce modele est centre sur les effets et les consequences de
la manipulation de l’information soft sur l’organisation de la decision du credit dans
la banque et l’allocation des fonds propres pour couvrir la Value at Risk. En effet,
le banquier requiert de l’information sur le rendement des actifs pour gerer le risque
de credit par allocation des fonds propres. Les resultats mettent en evidence une
economie de fonds propres pour couvrir la VaR grace au recours a de l’information
soft, mais egalement l’existence d’une incitation a la manipulation du signal conte-
nant de l’information soft par le charge de clientele. Un schema de remuneration qui
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Introduction Generale
empeche cette manipulation est alors propose. La comparaison des resultats issus
des deux cadres - information hard versus information soft - effectuee au moyen de
simulations, confirme que l’information soft peut etre avantageuse pour le banquier,
bien qu’elle necessite des modifications organisationnelles particulieres. Celles-ci sontimplantees a travers une remuneration incitative, indexee sur le rendement des actifs
risques, et contient egalement un facteur de ponderation du signal transmis par le
charge de clientele, qui correspond a une “prevision du rendement moyen”.
On peut inferer de ce travail de recherche plusieurs contributions ma-
nageriales dans le domaine de la gestion et du controle du risque dans la
banque.
– L’organisation et la gouvernance bancaire constituent des facteurs cles d’une
decision de credit maıtrisee, compte tenu du role du type d’information et de
la technologie de son traitement dans le diagnostic du risque.
– La qualite des institutions legales et de la reglementation bancaire sont autant
de facteurs externes qui influencent a la fois la prise de risque et la probabilite
de defaut de la banque.
– L’information sur cette derniere, vehiculee par un rating, peut contribuer a la
discipline de marche du comportement de prise de risque du banquier.
– Le controle externe de ce comportement par le regulateur au moyen de la
contrainte de capital reglementaire peut egalement etre un mecanisme d’inci-
tation a reduire l’exces de risque.
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Chapitre introductif
Information, organisation et prise
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
0.1 Introduction
Le diagnostic effectue par la banque en vue d’une decision de credit necessite le
traitement de l’information au moyen d’une methodologie adaptee. Ce diagnostic a
pour but d’evaluer le risque de credit, dans un cadre de selection adverse en presence
d’asymetrie d’information ex ante.
Le risque de credit peut etre defini comme une “non performance” de la contre-
partie, engendrant une perte probable au niveau de la banque. Parmi les six types
de risques bancaires que repertorie Santomero (1997)1, la gestion du risque de credit
demeure le coeur du metier bancaire2. Les activites generant ce type de risque repre-
sentent jusqu’a 80% du bilan (Greuning et Bratanovic, 2000). La gestion du risque
est citee parmi les trois principales activites d’une banque par Freixas et Rochet
(1997), avec la production d’information et la transformation d’actifs. Cette activite
doit permettre de reduire le risque de faillite de l’etablissement.
Le risque de credit depend de facteurs financiers et non-financiers. La connais-
sance de ces facteurs est donnee par de l’information hard ou soft (Petersen, 2004).
Deux methodologies de traitement de ces deux types d’informations sont dispo-
nibles : la banque a l’acte ou transactionnelle et la banque de relation. La premiere
repose de plus en plus sur des methodes statistiques de traitement de l’information
de type hard, financiere, quantitative et publique. La seconde genere de l’information
soft a travers la relation banque-emprunteur, et cette information est non financiere,
qualitative et privee.
1Risque systemique ou de marche, risque de contrepartie, risque de liquidite, risque operationnelet risque legal.
2Pour une analyse detaillee des risques bancaires voir Lobez (1997), Altman et Saunders (1998)et Dietsch et Petey (2003).
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
Dans le cas de l’information hard et de l’information soft, des inefficiences sub-
sistent, notamment lorsque la tarification du credit n’est pas ajustee au risque sous-
jacent. Ces inefficiences sont liees aux caracteristiques de l’information traitee et de
l’organisation de la decision de credit dans la banque. Lorsque l’activite de traite-ment et de production de l’information est deleguee a un agent, un probleme d’alea
moral peut apparaıtre. En effet, en presence d’information de type soft, non veri-
fiable et donc plus facilement manipulable par l’agent qui la produit dans le cadre
d’une relation bancaire, le principal encourt un risque de decision de credit inefficace
sur la base de cette information. Une structure organisationnelle adaptee est alors
necessaire pour repondre a ce probleme de gouvernance dans la relation entre le
manager et le charge de clientele. Cette organisation implique notamment des couts
de controle et de surveillance, de meme que des structures incitatives adequates. Par
contre, l’information hard, par exemple un score, presente des inefficiences en ma-
tiere de discrimination et de reclassification des emprunteurs. Il s’agit des erreurs de
type I et II3, de meme que des valeurs seuils du score qui peuvent etre mal calibrees.
Ces problemes peuvent engendrer une decision de credit inefficace, qui se materialise
par le rejet d’un “bon risque” ou l’acceptation d’un “mauvais risque”.
L’exces de risque peut etre defini comme le resultat d’une decision de credit qui
engendre un risque de defaut de l’etablissement superieur au niveau juge acceptable
par les differents partenaires de la banque, en particulier les actionnaires et le re-
gulateur4. La cause essentielle de ce phenomene est que les agents a l’origine de la
prise de risque ne supportent pas la totalite des couts du risque induits par leurs
decisions, c’est-a-dire les dirigeants et les charges de clientele de la banque. Cette
3Des erreurs sont possibles lorsque l’on prend une decision par une procedure statistique. Ils’agit de l’erreur de type I, qui consiste a rejeter a tort l’hypothese nulle, et de l’erreur de type II,qui consiste a accepter a tort cette meme hypothese.
4On peut egalement definir l’exces de risque comme une situation ou la perte moyenne n’est pascouverte par le resultat d’exploitation du credit.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
definition place le probleme de la prise de risque dans le cadre de l’organisation et
de la gouvernance bancaire.
L’exces de risque se traduit par un certain nombre de symptomes (Keeton et
Morris, 1987; Clair, 1992; Honohan, 1997; Lown et Morgan, 2002) :– une qualite du portefeuille de prets mediocre (part des prets non performants
importante),
– une mauvaise definition et/ou un non respect des limites qui engendre une
diversification insuffisante du portefeuille,
– des correlations importantes entre les prets du portefeuille,
– une croissance du volume des prets excessive.
Ces symptomes correspondent a la materialisation d’un exces de risque qui accroıt
la probabilite de defaut de la banque.
En effet, parmi les determinants de la defaillance de la banque, on retrouve
comme cause principale des problemes lies a la mauvaise qualite des actifs bancaires.
Or ce sont les managers de la banque qui sont responsables de cette qualite. Une
mauvaise gestion du risque, qui se traduit par un exces de risque, constitue ainsi le
principal facteur de defaillance de la banque (Pantalone et Platt, 1987). C’est ce que
rapporte l’etude de l’Office of the Comptroller of the Currency (1988), en presentant
les principales caracteristiques des banques defaillantes :
1. une politique de credit inexistante ou inadequate,
2. un systeme de controle et de surveillance inadequat,
3. un systeme d’identification des prets douteux inadapte,
4. une concentration excessive des pouvoirs de decision.
Une autre etude plus recente, produite par Llellewyn (2002), expose les princi-
paux facteurs de crise bancaire et complete les travaux anterieurs dans ce domaine.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
Elle releve cinq caracteristiques communes a la majorite des problemes bancaires
dans le monde :
1. des processus d’analyse, de gestion et de controle du risque inefficaces,
2. une surveillance insuffisante,
3. une structure incitative faible ou contre-productive,
4. une transmission de l’information insuffisante,
5. une gouvernance inadequate.
Les causes de l’exces de risque peuvent etre internes et externes. Au sein des
causes internes, on retrouve un mauvais controle du processus de decision de credit,
en particulier des mecanismes de gouvernance inefficaces et des defauts organisation-
nels de la banque, que l’on discute dans la section 0 .2. Au sein des causes externes,
on presentera dans la section 0.3 l’influence de l’environnement legal et institution-
nel, la regulation et la surveillance prudentielle des banques et la structure ainsi que
la discipline de marche. La section 0.4 conclue ce chapitre introductif.
0.2 Les causes internes de l’exces de risque
0.2.1 Les defauts organisationnels et de traitement de l’in-
formation dans la banque
La qualite de l’information produite par la banque determine les caracteristiques
de la prise de risque. La litterature existante traite de ce probleme en distinguant
l’information soft et l’information hard (Petersen, 2004). En effet, pour prendre
une decision de credit, la banque a besoin d’effectuer un diagnostic qui necessite le
traitement de l’information5. L’acquisition de cette information peut s’effectuer par
5Notons que le savoir superieur de la banque en terme de collecte, de traitement et de productionde l’information est nuance par certains auteurs. Par exemple, Guigou et Vilanova (1999) concluent
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
deux moyens, qui correspondent a deux technologies de traitement de l’information
et d’octroi de prets bancaires :
– externe, par le biais de l’information financiere et publique hard (donnees de
bilan, rating, score . . .). Ces procedures visent a quantifier le risque des clientspar des methodes statistiques, en ayant recours a de l’information majoritai-
rement publique et financiere. Les technologies d’octroi de credit sont dans ce
cadre des modeles de score. Elles produisent de l’information de type hard.
– interne, par le biais de la relation de clientele, produisant en plus de l’infor-
mation soft. La relation bancaire qu’entretient le banquier avec son client,
implique des interactions banque-emprunteur, qui genere une “information in-
terne”. La banque collecte ainsi de l’information privee et non financiere. Cette
source d’informations apporte une variete d’elements, notamment sur la situa-
tion professionnelle de l’emprunteur, sa reputation, sa capacite et sa qualite de
gestion et son positionnement sur le marche. Il s’agit de l’information de type
soft.
Les caracteristiques et les specificites de l’information hard versus information
soft impliquent une organisation adaptee. Une inadequation entre celle-ci et le type
d’information peut induire un exces de risque.
L’information soft peut etre source d’alea moral dans la banque. En effet, lorsque
l’activite de production et de traitement de l’information est deleguee a un agent
dans le cadre d’une relation bancaire, celle-ci implique une asymetrie d’information
entre le principal qui prend ses decisions de structure de bilan et de gestion du
risque sur la base de l’information transmise par l’agent. La decision de credit et
d’allocation de fonds peut etre inefficace et conduire a un exces de risque.
que la banque s’engage dans le traitement et la production d’information couteuse seulement si celaest rentable. Le savoir bancaire serait donc imparfait, puisqu’en presence de couts de surveillanceeleves, la dette bancaire apparaıt comme une solution partielle aux problemes de selection adverseet d’alea moral.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
Le credit scoring ou scoring est une des principales technologies de traitement de
l’information hard. Selon la definition donnee par Mester (1997), le scoring est une
methode statistique d’estimation de la probabilite de defaut de la contrepartie6.
En se basant sur les travaux de Feldman (1997a,b), on peut presenter les avan-tages que procure le scoring au niveau du processus de decision de credit.
En premier lieu, le scoring affecte les interactions de la relation banque / entre-
prise. En utilisant les techniques de scoring, le contact personnel est inutile. Ceci
facilite et accelere le processus de decision, ainsi que le renouvellement, l’ajustement
et l’administration des prets. En second lieu, le scoring permet de reduire le cout
d’octroi du pret en accelerant la vitesse de prise de decision et d’accroıtre le volume
des dossiers traites, et donc le volume des prets accordes. Enfin, en troisieme lieu,
le scoring affecte le prix du credit, en permettant, grace aux techniques d’evaluation
quantitative du risque de defaut, une tarification du credit ajustee au risque. C’est ce
mecanisme qui permet de reduire le rationnement du credit. Le scoring permet ainsi
de fournir des prets a un taux plus faible aux emprunteurs de qualite. Par contre, le
recours au scoring peut entraıner des problemes lies aux erreurs de type I et II qui
entraınent une decision de credit inefficace.
Les resultats des etudes empiriques de Berger et al. (2002a) et Frame et al. (2001)
montrent que l’effet dominant de l’adoption du scoring est une reduction du cout du
credit aux PME.
L’information soft constitue le second type d’information produite et traitee par
la banque. Cette information est intimement liee a l’environnement dans lequel elle a
6Le scoring utilise des donnees historiques passees afin d’isoler et de quantifier les effets des
differentes caracteristiques des emprunteurs sur leur probabilite de defaut. Generalement, on ap-plique un modele multivarie qui permet de combiner plusieurs variables predictives - par exemple,les ratios comptables cles - en calculant leurs ponderations respectives pour produire un score ouune mesure de la probabilite de defaut. Ensuite, dans le processus de prise de decision de credit, lescore obtenu est compare a un score seuil afin de pouvoir discriminer parmi les demandes de pretcelles qui seront acceptees et celles qui seront rejetees.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
ete produite. Il s’agit plus particulierement du cadre de la relation bancaire. Berger
(1999) et Boot (2000) definissent plusieurs conditions necessaires a l’existence de ce
type de relation :
1. l’information obtenue est plus riche que l’information publique,
2. l’obtention de cette information s’effectue dans le temps a travers une multi-
tude d’interactions,
3. l’information demeure confidentielle (privee).
Berger et Udell (2002) definissent plus precisement la relation de long terme
comme une technologie d’octroi de prets qui depend de la production d’information
soft. Ce type d’information constitue un des principaux determinants de la construc-
tion et de l’existence d’une relation (Elsas, 2005).
L’impact de l’existence de ce type de relation sur le contrat de dette reste nuance
dans les travaux empiriques. Berger et Udell (1995) et Detragiache et al. (2000)
concluent que l’existence d’une relation reduit le cout du credit bancaire, tandis que
Degryse et Cayseele (2000) fournissent des conclusions inverses. Petersen et Rajan
(1994) utilisent des mesures plus detaillees de la relation, comme sa dimension tem-
porelle, pour etudier son impact sur la disponibilite et le cout du credit bancaire.
Leurs resultats montre un faible effet de la relation sur le prix du credit, mais signifi-
cativement positif sur la disponibilite du credit. Dietsch et Golitin-Boubakari (2002)
et De Bodt et al. (2005) parviennent a des conclusions similaires sur des donnees
francaises et belges respectivement7.
Les travaux empiriques recents montrent que les petites banques disposent d’un
avantage important en terme de capacite superieure dans la production d’information
7Notons que l’existence d’une relation apporte de la valeur pour la banque ainsi que pourl’emprunteur (Elyasiani et Goldberg, 2004). Cependant, le degre de concurrence et l’inefficiencede la banque sont des facteurs qui peuvent influencer negativement la rentabilite de la relation(Ergungor, 2005).
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
soft dans le cadre des relations de long terme. En outre, ce type de banque peut
concurrencer les grands etablissements dans le cadre de strategies de niches locales
(DeYoung et al., 2004 ; Scott, 2004).
La litterature sur la theorie de l’architecture organisationnelle exploite la dicho-tomie de l’information hard versus soft pour expliquer la structure organisationnelle
de la banque, et etudier la relation entre le type d’information et cette structure.
En effet, dans une industrie fortement tributaire de l’information comme dans la
banque, son type ne sera pas sans influence sur la structure organisationnelle de
l’etablissement et de ce fait sur l’allocation optimale des ressources.
Les premiers a s’interesser au cout de transfert de “l’information specifique” ont
ete Jensen et Meckling (1992). Ce type d’information implique l’organisation des
droits de decision, qui incluent des droits d’alienation de l’information, necessitant
la mise en place d’un systeme de controle. Dans leur article, la distinction porte
sur l’information generale versus l’information specifique, la difference etant le cout
de transfert. L’information specifique est plus couteuse et necessite une delegation
de pouvoir a l’agent plus importante. Si on considere la propriete comme un droit,
celui-ci en comporte deux : le droit de decision et le droit d’alienation (de ce droit).
Il existe une relation entre le droit de decision et la connaissance. Deux moyens de
fonctionnement sont possibles : le transfert de connaissances et le transfert de droits.
Le cout de transfert de connaissance est fonction de la nature de cette connaissance,
de l’environnement organisationnel et de la technologie disponible. Ce transfert est
benefique s’il engendre une decision plus efficace. Il existe donc un arbitrage entre le
benefice marginal de la decision “mieux informee” et le cout marginal du transfert.
La delegation du pouvoir et des droits de decision necessite la prise en compte de
ces couts de transfert de connaissances et de l’impact de l’allocation des droits sur
les incitations des agents a acquerir de l’information.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
Dans le domaine bancaire, l’article de Stein (2002) represente une reference cle.
Cet auteur s’interroge sur l’influence de la structure organisationnelle sur la decision
optimale d’allocation de fonds. Dans une banque de grande taille, il y a separation
du processus de collecte et de traitement de l’information du processus de prisede decision. Cela implique que l’information necessaire pour la prise de decision
doit etre facilement transmissible entre les niveaux hierarchiques. Elle doit egale-
ment pouvoir etre interpretee de facon uniforme par les agents, independamment
du contexte dans lequel elle a ete produite. Dans un monde a contrats incomplets,
les incitations ex ante des agents dependent de leur controle sur les actifs qui leur
sont alloues (Hart et Moore, 1990; Hart, 1995; Harris et Raviv, 1996, 1998). Dans ce
contexte, le modele de Stein (2002) oppose deux types d’information (hard et soft)
et deux types de structure organisationnelle (organisation hierarchique centralisee
et non-hierarchique decentralisee). Il est demontre qu’il existe une adequation entre
la structure organisationnelle et la nature de l’information permettant une alloca-
tion optimale des fonds, par le biais de meilleures incitations. L’information soft est
associee a une organisation decentralisee, car en disposant davantage de pouvoir et
d’autorite, l’agent qui produit ce type d’information est incite a en faire un usage
efficient dans le cadre de l’allocation de fonds. L’information hard est associee a une
organisation centralisee, puisqu’elle est plus facilement transmissible a des niveaux
hierarchiques superieurs ou la decision d’allocation des fonds s’effectue.
Dans un article plus recent, Takats (2004) etudie l’impact de la consolidation
bancaire sur l’activite d’octroi de prets aux PME en tenant compte du cadre or-
ganisationnel. Le modele propose oppose des dirigeants et des charges d’affaire qui
disposent d’information plus detaillee sur les emprunteurs. Le probleme d’asymetrie
d’information interne qui en resulte peut etre resolu en adoptant une organisation
decentralisee de la banque, avec un nombre de surveillants plus important, mais qui
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
est couteuse. Une structure centralisee s’avere plus rentable mais penalise l’acces
des PME au financement bancaire. Ainsi, l’adoption d’une structure organisation-
nelle adequate pour gerer le probleme d’asymetrie d’information interne, liee a une
meilleure connaissance des PME par le charge d’affaire, demeure cruciale pour l’ef-ficience et la rentabilite de l’activite d’octroi de prets a ce type d’emprunteur.
Des etudes empiriques permettent de relayer ces conclusions theoriques. Ber-
ger et Udell (2002) etudient la relation bancaire. Dans le cadre de cette relation, le
charge de clientele se voit octroyer plus d’autorite, ce qui peut accroıtre les problemes
d’agence et necessite donc une structure organisationnelle adaptee, avec l’allocation
de ressources plus importantes pour le controle de l’agent. Les resultats de l’etude
montrent que la relation est fortement fondee sur l’information soft, que le charge
de clientele a une position cruciale dans la banque et que les problemes d’agence
s’en trouvent accrus. Des organisations de petite taille, moins hierarchisees et plus
decentralisees, tirent davantage parti de la relation de clientele. Des resultats simi-
laires sont mis en evidence par Berger et al. (2001) et Berger et al. (2002a; 2005), qui
trouvent que les grandes banques ont plus de propension a preter a de grandes en-
treprises ayant de meilleurs resultats comptables. La distance entre l’entreprise et la
banque s’accroıt avec la taille de celle-ci, car les relations sont plus courtes et moins
exclusives. Lorsque les PME se trouvent face au choix de leur banque, elles pre-
ferent des etablissements plus petits, reduisant ainsi les problemes de rationnement
du credit.
Citons egalement une etude de cas menee par Liberti (2003) et qui porte sur
l’effet du changement de la structure hierarchique sur les incitations des agents dans
une grande banque etrangere en Argentine sur la periode 1999 − 2001. Les hypo-
theses testees portent sur l’impact de la delegation de l’autorite et de la diminution
du controle sur les incitations et l’effort des agents. Le cadre theorique correspond a
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
celui de Aghion et Tirole (1997), qui distingue l’autorite reelle de l’autorite formelle,
et qui stipule qu’une delegation de l’autorite accroıt l’effort de l’agent. Liberti (2003)
confronte la delegation de l’autorite (controle decentralise) a un controle “classique”
centralise. Sur le terrain, le changement hierarchique dans le departement de creditpermet l’octroi d’une part plus importante d’autorite dans la prise de decision aux
managers, avec une diminution de la surveillance et du contr ole par les superieurs
hierarchiques. Les resultats mettent en evidence un accroissement du temps consa-
cre a la clientele, de l’effort percu et une diminution du nombre de plaintes. Les
agents ayant recu plus d’autorite utilisent leur information soft plus efficacement.
La transmission et la fiabilite de ce type d’information est plus importante dans les
organisations decentralisees.
Le tableau 1 presente de maniere synthetique les principales dimensions permet-
tant de proposer une typologie de l’information hard versus l’information soft.
Le type d’information et l’organisation du processus de decision de credit dans la
banque peuvent influencer la prise de risque. En particulier, en presence d’informa-
tion soft produite dans le cadre d’une relation bancaire, les caracteristiques de ce type
d’information, a savoir une non verifiabilite et donc une manipulabilite plus facile,
peuvent generer un probleme d’alea moral dans la banque. Une structure organisa-
tionnelle adaptee, de type decentralisee et non-hierarchique, constitue une reponse
a ce probleme, mais implique des couts en terme de controle et de surveillance de
l’agent ainsi qu’une structure incitative adequate.
Outre ce probleme d’organisation lie aux relations entre le manager et le charge
de clientele, des mecanismes de gouvernance bancaire peuvent conduire a un exces
de risque s’ils sont inefficaces.
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Tab. 1 – Typologie de l’information soft versus information hard
Information HARD Informat
Nature de l’information
– Financiere, quantitative et publique (chiffres : documents comptables
et sociaux, donnees de marche financier . . .).– Facteurs cognitifs absents.
– Non financiere, qualitative et p
nions, commentaires, projets . . .)– Facteurs cognitifs presents (juge
Collecte, production et transmission
– Collecte impersonnelle, information independante du contexte de saproduction et de l’agent qui en est responsable.
– Facilement transmissible et comparable, car les processus de collecteet d’utilisation sont separables.
– Collecte personnelle qui rend l’ide production et de l’agent qui e
– Transmission de l’information diffientre les processus de collecte et
Avantages / Inconvenients potentiels
+ Reduction des couts de transaction (technologie de production d’in-formation automatisee, facilite de stockage de l’information, gainsde productivite, economies de gamme, augmentation de la com-petitivite de marche) et du credit (tarification ajustee au risque).
+ L’intervention du jugement humain subjectif est reduit.
- Reduction de l’information disponible (concentration et perte de pre-cision, de “dimension” ou de “profondeur” de l’information),
- Discrimination inefficace des emprunteurs due aux erreurs de type Iet II.
+ Intimement liee a la notion dune information plus precisdimensionnelle”. La relationlite.
+ Le jugement humain est forteme
- L’implication du jugement humament manipulable.
Nature de l’information et structure organisationnelle
– Adaptee avec une organisation importante, de grande taille, hierar-chique et centralisee.
– Transmission facile et credible de l’information.– Niveau de delegation faible (pouvoir, droit de decision, controle des
actifs, etc.).
– Adaptee avec une organisation rrarchique et decentralisee.
– La difficulte de transmission (crniveau de delegation eleve, impdepositaire de l’information.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
0.2.2 Les mecanismes de gouvernance inefficaces
Avant d’aborder les imperfections de la gouvernance d’entreprise dans la banque
et leur influence sur la prise de risque, on discute brievement des specificites de la
gouvernance d’entreprise dans les banques.
La gouvernance d’entreprise peut etre definie comme un ensemble de mecanismes
- a la fois institutionnels et de marche - qui induisent les agents a prendre des
decisions qui maximisent la valeur de la firme, pour le compte d’un principal8. Ces
mecanismes peuvent etre internes ou externes (Shleifer et Vishny, 1997 ; Becht et al.,
2002 ; Denis et McConnell, 2003).
Rappelons que Jensen (1993) repertorie les mecanismes de gouvernance d’entre-prise suivants :
1. les mecanismes juridiques et reglementaires (la protection des droits des inves-
tisseurs par la legislation en vigueur et l’application de celle-ci constituent des
determinants importants de l’evolution de la gouvernance d’entreprise),
2. les mecanismes de controle interne (la structure de propriete, le conseil d’ad-
ministration, representant les interets des actionnaires, et la remuneration des
managers),
3. les mecanismes de controle externe (les Offres Publiques d’Achat et la concur-
rence de marche).
Les travaux portant sur l’etude de la gouvernance dans la banque sont relative-
ment peu nombreux et recents. Ces travaux integrent dans leur analyse la specificite
des activites, de la nature et du role de la banque9.
8Charreaux (1997) defini le gouvernement d’entreprise comme :
“(. . .) l’ensemble des mecanismes organisationnels qui ont pour effet de delimiter lespouvoirs et d’influencer les decisions des dirigeants, autrement dit, qui gouvernentleur conduite et definissent leur espace discretionnaire.”
9Y ont contribue en particulier Prowse (1995), Ciancanelli et Gonzalez (2000), Caprio et Levine(2002), Arun et Turner (2003), Macey et O’Hara (2003), Fan (2004), et Nam (2004).
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
Les specificites de l’industrie bancaire induisent des particularites au niveau des
mecanismes de gouvernance d’entreprise dans la banque. Il s’agit en particulier des
trois elements suivants :
1. les banques sont davantage sujettes aux chocs externes a cause de leur levier
plus important,
2. l’asymetrie d’information est plus importante dans l’industrie bancaire, indui-
sant une forte opacite des actifs bancaires,
3. la regulation des banques reduit les incitations privees a controler le compor-
tement des banques.
L’effet de levier est une consequence du faible niveau de fonds propres, puisqu’une
part importante des depots au passif et des prets a maturite plus longue a l’actif
engendrent un differentiel de liquidite qui entraıne un probleme de vulnerabilite des
banques. Celui-ci peut se manifester par un risque de panique bancaire (bank run ),
qui peut entraıner le defaut d’une banque solvable10. Cet effet exacerbe les conflits
entre les creanciers et les actionnaires generant des problemes de transfert de risque,
qui se materialisent par un sur-investissement ou un sous-investissement dans les
projets risques. L’effet de levier accroıt aussi l’aversion au risque des managers, qui
ont investi leur capital humain specifique et non diversifiable dans la banque.
L’opacite des actifs bancaires resulte des asymetries d’information qui sont plus
importantes dans la banque compte tenu de la qualite des actifs, particulierement
des prets, qui demeure non observable et potentiellement manipulable par les ma-
nagers. Cette opacite se traduit par des difficultes a obtenir des informations sur le
10Une des fonctions de la banque consiste a fournir des liquidites aux deposants, leurs depotspermettant un meilleur partage des risques entre les menages qui font face a des chocs idiosyn-cratiques affectant leur consommation dans le temps (Diamond et Dybvig, 1983). Ce service deliquidite induit une structure du bilan bancaire specifique, avec une valeur liquidative des actifsinferieure a celle du passif, qui expose la banque au risque de bank run . La structure des actifsresulte du role de la banque en temps que surveillant delegue pour le compte des investisseurs,evitant ainsi la duplication des couts de controle des emprunteurs (Diamond, 1984).
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
comportement des banques, ce qui peut affecter les mecanismes de gouvernance11.
Cette opacite accrue rend plus problematique la determination de la remuneration
des directeurs qui aligneraient leurs interets sur ceux des actionnaires12. La partici-
pation des managers au capital de la banque peut aligner leurs interets sur ceux desactionnaires, mais peut egalement faciliter l’enracinement des managers (Charreaux,
1991). L’opacite amplifie egalement le risque d’expropriation des outsiders par les
insiders13. Enfin, l’opacite complique les mecanismes de concurrence externe, en af-
faiblissant les forces du marche. Par ailleurs, les relations de long terme representent
des barrieres a la concurrence.
La regulation14 impose des contraintes sur les forces du marche. Elle a des conse-
quences au niveau du secteur d’activite (l’industrie bancaire) et au niveau individuel
(la banque). Dans l’industrie bancaire la regulation se substitue a d’autres meca-
nismes de controle de marche. Cependant, la regulation constitue un mecanisme plus
couteux et potentiellement plus faible, compte tenu des problemes bureaucratiques
et politiques inherents. En effet, la discipline reglementaire exercee par le regulateur
est imparfaite a cause des problemes specifiques de TBTF (“too big to fail ”) et d’at-
tentisme ( forbearance) (Kane, 1989). L’attentisme du regulateur l’empeche d’agir11La complexite des produits financiers, due notamment a l’innovation financiere, amplifie ce
probleme (Santomero et Trester, 1998).12En effet, il est difficile de mesurer les resultats, qui sont manipulable a court terme pour
influencer la remuneration (notamment par le biais d’octroi de nouveaux prets a des emprunteursdeja en difficulte), lorsque celle-ci est indexee sur les performances de l’agent.
13Par exemple, les actionnaires majoritaires peuvent utiliser leur statut d’insider privilegie pourexproprier les autres investisseurs. Un phenomene de collusion potentielle entre les actionnairesmajoritaires et les managers-insiders peut egalement apparaıtre, facilite par un actionnariat fami-lial, et qui permet l’octroi de prets aux related parties beneficiant de conditions avantageuses entermes de taux, de volume et de garantie requise.
14La regulation bancaire comprend des audits, une surveillance prudentielle, l’accord pour les
fusions et acquisitions, le declenchement et la mise en place de procedures preventives et correctives,de procedures d’insolvabilite et de liquidation. La regulation de la propriete impose des restrictionsde la concentration de la propriete. La regulation de la concurrence impose des barrieres a l’entree eta la formation de banque de type universelle (emission d’actions, credit immobilier, bancassurance. . .). Elle peut entraıner la reduction de la concurrence sur le marche des outputs, avec en parallelel’imposition du nombre minimum de succursales, des restrictions des portefeuilles, du niveau deliquidite, et de taux.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
dans le cas de difficultes d’une banque insolvable. Le probleme du TBTF releve du
conflit d’interets entre la banque et le regulateur.
Compte tenu des specificites de l’industrie bancaire et de la gouvernance bancaire,
Macey et O’Hara (2003) argumentent en faveur de l’elargissement des devoirs et desobligations des dirigeants de banques, en allant au-dela des interets des actionnaires
et en incluant ceux des autres apporteurs de fonds : deposants et autres creanciers,
tout en prenant explicitement en compte le risque d’insolvabilite dans la decision
de credit. Caprio et Levine (2002) invoquent l’importance de la remuneration des
managers, en particulier leur composition et leur indexation, comme mecanisme de
gouvernance et de controle interne. Simpson et Gleason (1999) trouvent que le seul
mecanisme de gouvernance qui exerce une influence significativement negative sur le
risque de defaut des banques americaines est le cumul du poste de President directeur
general et de President du conseil d’administration par la meme personne. Crespi
et al. (2004) trouvent une relation negative entre les performances et l’intervention
des mecanismes de gouvernance comme le changement de dirigeants ou la fusion des
etablissements. La structure de propriete joue un role dans cette relation puisque ces
mecanismes de controle interne fonctionnent mieux dans les banques commerciales
que dans les caisses d’epargne. En outre, la concurrence sur le marche bancaire
s’avere etre un mecanisme externe qui compense la faiblesse des mecanismes de
gouvernance interne.
Une etude portant sur la gouvernance des banques japonaises de Anderson et
Campbell (2004) fournit une evidence empirique sur le fonctionnement des meca-
nismes internes et externes dans les annees 1985 − 1996. Les auteurs trouvent qu’il
existe une certaine rigidite des mecanismes externes. La concentration de propriete,
l’evolution de l’actionnariat majoritaire et les fusions sont peu sensibles aux per-
formances des banques cotees. La defaillance de ces mecanismes externes implique
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
un role plus important pour les mecanismes de gouvernance interne. Les auteurs ne
trouvent pas de relation significative entre le turnover des dirigeants et les mesures
de performance sur la periode precedant la crise des annees 90. Par contre, cette
relation devient significative pour la periode qui a suivi.L’efficacite des mecanismes de gouvernance interne comme la composition du
conseil d’administration et la remuneration des dirigeants dans les banques coreennes
est etudiee par Choe et Lee (2003). Ils s’interessent en particulier a la reaction des
marches financiers a la reforme de ces mecanismes apres la crise asiatique de 1997.
Leurs resultats montrent que les annonces de reformes de la gouvernance interne
sont generalement associees a des hausses significatives des prix des actions des
banques en question. La composition du conseil d’administration apparaıt comme un
mecanisme de gouvernance interne important. En outre, d’apres les resultats d’une
enquete menee par McKinsey, et rapportes par Choe et Lee (2003), les investisseurs
interroges seraient prets a payer en moyenne une prime supplementaire de 24% pour
les titres de banques dont le systeme de gouvernance est efficace.
Les specificites des banques, a savoir leur levier important, la forte opacite de leurs
actifs et la regulation, peuvent affecter l’efficacite des mecanismes de gouvernance
d’entreprise et par ce biais, avoir un impact sur la prise de risque de la banque.
Un certain nombre de travaux mettent en evidence leur influence sur la decision de
credit.
Le modele theorique propose par Gorton et Rosen (1995) se focalise sur le role du
manager en temps que preneur de decision de credit, en integrant dans l’analyse les
apports de la gouvernance d’entreprise. Les incitations a l’exces de risque de la part
des managers dependent du niveau de leurs participations au capital de la banque.
Cette relation entre la prise de risque et le niveau de participations manageriales est
non lineaire et concave. Si le niveau de ses participations au capital rend le manager-
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
insider actionnaire majoritaire, le mecanisme est efficace car disciplinant, reduisant
ainsi les incitations a l’exces de risque. En effet, en cas d’exces de risque et de defaut
de la banque, le manager perd son investissement en capital humain et ses partici-
pations au capital de la banque. Par contre, si ses participations lui donne un statutd’actionnaire minoritaire, le manager conserve sa capacite de resister au controle des
actionnaires. Il est incite a accroıtre les risques car il en tirera les benefices, alors que
les couts de faillite seront reportes sur l’ensemble des actionnaires, et cela d’autant
plus que ces derniers ne peuvent completement observer son comportement mais
seulement ses resultats.
Ainsi, d’apres ces resultats theoriques, un mecanisme de gouvernance visant a
aligner les interets du principal et de l’agent a travers le design de la remuneration
de ce dernier peut dans certains cas inciter le manager a l’exces de risque si celui-ci
a un statut d’actionnaire minoritaire15.
Un modele unifie permettant de prendre en compte simultanement les problemes
d’agence et la valeur de franchise16 de la banque est propose par Demsetz et al.
(1997). Une valeur de franchise importante peut discipliner la prise de risque du
banquier, dans la mesure ou tout exces de risque amplifie la probabilite de defaut
de la banque et donc la probabilite de perte de cette valeur de franchise - actif
non tangible qui represente l’opportunite de croissance de la firme (Galloway et al.,
1997). Demsetz et al. (1997) estiment une relation entre le risque de la banque, son
pouvoir de marche et le niveau ainsi que la concentration des participations des
15Notons que Konishi et Yasuda (2004) trouvent une relation non lineaire entre la part desactionnaires stables et le risque dans les banques japonaises. L’exces de risque augmente lorsquela participation de ce type d’actionnaires est plus importante, a mesure que l’effet de substitution
d’actifs domine l’effet d’enracinement des managers. DeYoung et al. (2001) trouvent une relationnon lineaire et concave entre l’efficience profit de petites banques et la participation des managersau capital de l’etablissement. L’efficience croıt avec des participations manageriales faibles puisdiminue a mesure que les managers deviennent des actionnaires ma joritaires.
16La valeur de franchise peut etre definie comme le volume de profits futurs anticipes qui sontgeneres par les barrieres et les restrictions imposees par la reglementation pour limiter la concur-rence.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
insiders. Ils trouvent que les conflits d’interets et les problemes d’alea moral sont
plus importants dans les banques a valeur de franchise faible. La prise de risque
s’accroıt avec le niveau de participations des insiders.
Des travaux empiriques ont etudie la relation entre la structure de propriete etla prise de risque dans la banque. Saunders et al. (1990) ont analyse les incitations a
prendre des risques en fonction de la structure de propriete des etablissements de cre-
dit, notamment en periode de deregulation. Ils demontrent que les banques contro-
lees majoritairement par les actionnaires prennent plus de risque que les banques
controlees majoritairement par les managers, et ce d’autant plus en periode de de-
regulation.
L’etude de Anderson et Fraser (2000) analyse le meme type de relation mais sur
deux periodes separees, refletant deux regimes reglementaires differents (1987 −1989
et 1992 − 1994). Ils trouvent que les managers detenant des parts du capital de leurs
etablissements ont pris plus de risque en periode 1987 − 1989, correspondant a une
reglementation moins stricte, et ont reduit leur exposition en periode 1992 − 1994,
refletant une reaction au changement de la reglementation, devenue plus stricte.
Un type d’etablissement specifique - les thrifts (caisses d’epargne), est analyse
par Knopf et Teall (1996), ainsi que l’impact du FIRREA (Financial Institutions
Reform Recovery and Enforcement Act , 1989)17 sur le comportement de prise de
risque dans les banques. Les auteurs trouvent que les caisses d’epargne controlees
majoritairement par les insiders se sont engagees dans des activites plus risques
avant 1989. Le FIRREA a eu un impact sur le comportement de prise de risque,
dans la mesure ou il existe une relation inverse entre la prise de risque et le niveau
17Loi bancaire americaine mise en oeuvre suite a la crise des Savings & Loans dans les annees 80.Cette loi mettait en place un apport de fonds pour resoudre la crise, une augmentation des primesd’assurance des depots et la creation de deux institutions de regulation : l’OTS (Office of Thrift Supervision ) pour les institutions d’epargne et la RTC (Resolution Trust Corporation ), chargee dusauvetage des institutions d’epargne insolvables.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
de participations institutionnelles. Cette prise de risque plus importante profiterait
aux managers-actionnaires enracines.
Les resultats de ces travaux empiriques restent donc mitiges. La structure de
propriete exerce une influence significative sur la prise de risque dans la banque,mais les auteurs trouvent que l’exces de risque se materialise dans des etablissements
controles majoritairement par des actionnaires-outsiders mais egalement par des
managers-insiders.
0.3 Les causes externes de l’exces de risque
Outre les principales causes internes discutees dans la section precedente, il existe
egalement des causes externes de l’exces de risque. Il s’agit principalement de la
qualite des institutions legales, de la regulation et de la surveillance prudentielle des
banques, ainsi que de la concurrence et de la discipline de marche.
0.3.1 Le role de la qualite des institutions legales
La protection legale et juridique des interets des investisseurs peut expliquer les
caracteristiques et specificites du systeme financier d’un pays, comme le developpe-
ment et l’efficience des marches financiers, la structure de propriete des entreprises,
et l’efficacite de l’allocation des fonds (LaPorta et al., 2000).
En ayant recours a des indicateurs issus d’enquetes permettant de mesurer la qua-
lite de l’environnement juridique et institutionnel d’un pays, LaPorta et al. (1998)
trouvent que les interets des investisseurs presents dans des etats dotes d’une loi
d’origine Civil Law (exemple de la France) sont moins bien proteges que ceux dispo-
sant d’une loi d’origine Common Law (exemple de la Grande Bretagne). Les auteurs
montrent que les entreprises s’adaptent a l’environnement legal en vigueur, notam-
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
ment avec une concentration des droits de propriete qui est plus importante dans
les pays ou la protection des investisseurs est faible18. Le systeme legal semble donc
avoir de l’importance pour la gouvernance d’entreprise.
L’environnement legal et institutionnel exerce egalement un impact sur l’inter-mediation financiere. Bottazzi et al. (2005) demontrent, sur des donnees de venture
capital (capital risque) en Europe sur la periode 1998 − 2001, que de meilleurs sys-
temes juridiques sont associes a une meilleure intermediation financiere. Le design
des contrats de dette bancaire est egalement influence par la qualite de l’environne-
ment juridique et legal. D’apres les resultats de Qian et Strahan (2005), le formalisme
juridique induit des jugements plus lents et moins efficients, affectant les contrats
de dette. C’est pourquoi, ces derniers sont adaptes afin de compenser des environne-
ments inefficients. L’industrie bancaire integre donc dans son processus de decision
de credit les specificites de l’environnement legal et institutionnel dans lequel elle
opere19. Les resultats de Laeven et Majnoni (2005) montrent que l’efficacite juridique
constitue un determinant crucial des taux d’interets bancaires. Ainsi, l’amelioration
de l’environnement juridique est un element critique pour la diminution du cout de
l’intermediation financiere.
D’autres etudes se sont plus particulierement interessees a l’influence de l’envi-
ronnement legal et institutionnel sur la fragilite et les performances des banques.
Hussain et Wihlborg (1999) etudient l’impact de cet environnement sur l’amplifica-
tion et la duree de la crise asiatique de 1997. Il apparaıt que les facteurs institution-
nels ont contribue a la profondeur de la crise, tandis que les procedures d’insolvabilite
expliqueraient la duree de la crise. Les resultats de Mitton (2002) montrent egale-
18Notons que cette reponse a une faible protection des interets des investisseurs peut conduire aun autre probleme d’agence, opposant les actionnaires minoritaires et ma joritaires.
19Citons egalement les principaux resultats de Davydenko et Franks (2005) qui montrent que lesbanques s’adaptent a l’environnement juridique qui gouverne la faillite de l’emprunteur, et ajustenten consequence les termes des contrats de dette.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
ment que certains mecanismes de gouvernance20 ont ete faibles en Asie, impliquant
une protection insuffisante des actionnaires minoritaires, et conduisant a une forte
expropriation de ceux-ci et par la suite a une amplification de la crise. En outre, il ap-
paraıt egalement qu’une gouvernance individuelle plus performante peut compenserun environnement reglementaire et institutionnel mediocre. En utilisant des indi-
cateurs de gouvernance portant sur la discipline, la transparence, l’independance,
la comptabilite et la responsabilite, resultant d’une enquete aupres de banquiers,
Klapper et Love (2002) confirment le role crucial de la gouvernance dans des envi-
ronnements institutionnels et juridiques inefficients. En utilisant une nouvelle base
de donnees contenant des informations sur la structure de propriete des banques,
Caprio et al. (2003) mettent en evidence que des environnement juridiques qui pro-
tegent davantage les droits des actionnaires ont une influence positive sur la valeur
des banques.
0.3.2 Le role de la regulation et de la surveillance pruden-
tielle des banques
La regulation bancaire est principalement motivee par les externalites negatives
des defaillances bancaires (Berger et al., 1995 ; Bhattacharya et al., 1998 ; Santos,
2001), et a pour vocation la protection des deposants contre ces externalites qui
peuvent conduire a une crise systemique. Elle a trois objectifs principaux : limiter
l’exposition au risque de l’assureur des depots, les incitations a l’exces de risque dans
la banque et la probabilite de sa defaillance.
20Dans cette etude, la definition de la gouvernance porte sur les moyens de protection mis a ladisposition des actionnaires minoritaires contre l’expropriation par les managers et les actionnairesmajoritaires.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
L’influence du filet de securite sur la prise de risque
L’assurance des depots constitue un mecanisme permettant de reduire le risque
de panique bancaire et donc leur cout, puisque l’assureur garantie les depots. Cepen-
dant, des systemes d’assurance des depots a prime fixe, c’est-a-dire independante du
niveau de risque des actifs finances par les depots, peuvent generer des problemes
d’alea moral. D’une part, l’assurance des depots incite le banquier a maximiser la
valeur du put en s’engageant dans des activites excessivement risquees (Merton,
1977)21. D’autre part, ce type de systeme reduit les incitations des deposants a sur-
veiller la prise de risque par la banque, soit un affaiblissement de la discipline de
marche22
.L’influence de l’assurance des depots sur le comportement de prise de risque dans
la banque recoit plusieurs analyses empiriques. Ce type de systeme rend les taux d’in-
terets moins sensibles au risque bancaire, conduisant a une reduction de la discipline
de marche (Demirguc-Kunt et Huizinga, 2000; Demirgunc-Kunt et Huizinga, 2004).
Les travaux de Demirgunc-Kunt et Detragiache (2002), Baumann et Nier (2003),
Hovakimian et al. (2003) et Hoggarth et al. (2005) montrent que la presence d’un
systeme d’assurance des depots accroıt la probabilite de crise bancaire, et ce d’autant
plus que les taux d’interets ont ete liberalises, que l’environnement institutionnel est
faible et inefficient, et que le systeme offre une couverture complete des depots et
est finance par des fonds publics. Par contre, des systemes d’assurance avec garantie
limitee, prime ajustee au risque et co-assurance sont associes a une probabilite de
crise plus faible.
21
L’assurance peut etre consideree comme une option de vente (put ) sur la valeur des actifs de labanque avec comme prix d’exercice la valeur des dettes a maturite. Ce put confere aux actionnairesun potentiel haussier illimite en terme de profits, alors que leurs pertes sont limitees en cas dedefaut de la banque suite a un exces de risque, puisque l’assureur se charge de rembourser lesdeposants dont les fonds ont servi a financer les actifs risques.
22Notons que l’introduction d’un systeme d’assurance a prime a justee au risque demeure com-plexe, compte tenu du probleme d’asymetrie d’information (Chan et al., 1992).
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
L’influence de la regulation du capital sur la prise de risque
La litterature theorique sur l’influence de la regulation du capital bancaire sur
la prise de risque peut etre classee en trois courants. Le premier courant adopte
une approche esperance-variance pour demontrer qu’une regulation uniforme23 peut
accroıtre la prise de risque. Le second propose une approche de maximisation de
la valeur du capital et conclue a l’efficacite de la regulation dans l’incitation au
conservatisme en matiere de prise de risque. Enfin, le troisieme courant considere
la regulation dans un cadre d’information imparfaite avec alea moral de la part des
managers24.
Dans un cadre de marche incomplet, le courant du cadre esperance-variance re-pose sur le modele de portefeuille (Pyle, 1971; Hart et Jaffee, 1974) et permet de
modeliser le choix d’allocation des actifs risques par la banque. Koehn et Santomero
(1980) et Kim et Santomero (1988) supposent l’aversion au risque du banquier et
trouvent que la probabilite de defaut de la banque augmente suite a l’introduction
d’une contrainte de capital, puisque l’effet de structure (recomposition du porte-
feuille vers des actifs plus risques) domine l’effet de volume (reduction du risque
total du portefeuille)25.
23Ce type de regulation impose une contrainte de capital reglementaire qui ne prend pas com-pletement en compte les differents niveaux de risque des actifs detenus par la banque.
24Notons que les premiers travaux s’interessant a l’effet de la regulation du capital bancaire sur lasolvabilite des banques utilisent un cadre de modele a etats de preferences avec des marches complets(Kahane, 1977; Kareken et Wallace, 1978; Sharpe, 1978). Cependant, dans ce cadre d’hypotheses,l’absence d’asymetrie d’information fournit peu de justification pour la regulation bancaire.
25Une solution consiste a introduire dans le ratio de capital des ponderations des actifs risquesproportionnelles au risque sous-jacent. Dans ce cas, la reglementation induit des choix de porte-feuilles efficients et une baisse de la probabilite de defaut de la banque. Notons que dans un cadredynamique permettant de modeliser l’aspect intertemporel de la regulation du capital bancaire,
Blum (1999) montre que l’obligation de detenir un certain niveau de capital reglementaire en pe-riode t + 1 exige de la banque de degager des revenus en periode t. Le respect de la contraintereglementaire etant couteux, reduisant les profits esperes de l’etablissement et par consequent lavaleur de franchise, la banque peut etre alors incitee a degager les revenus en augmentant sa prisede risque.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
Le modele de portefeuille demeure une approche reductrice car reposant sur l’hy-
pothese d’independance du taux de rentabilite du capital par rapport au choix des
actifs risques26. Cette hypothese n’est plus valable si l’on prend en compte l’exis-
tence d’une probabilite de defaut de la banque positive, qui est influencee par lechoix des actifs. En levant cette hypothese, Furlong et Keeley (1989) et Keeley et
Furlong (1990) prouvent que la regulation n’induit pas forcement plus de risque dans
la banque, car un accroissement du capital reduit la valeur du put et les incitations
a l’exces de risque27.
Enfin, le troisieme courant integre le probleme d’alea moral des managers en
tenant explicitement compte de la separation de la propriete et de la gestion de
la banque28. Besanko et Kanatas (1996) utilisent un modele de maximisation de
la valeur de la banque avec information imparfaite et demontrent l’impact contre-
productif de la regulation. Celle-ci genere deux problemes d’alea moral : la substi-
tution d’actifs et l’aversion a l’effort du manager. La regulation permet de reduire
le risque de la banque mais pas la probabilite de defaut de l’etablissement. En uti-
lisant une modelisation avec responsabilite limitee, Rochet (1992) trouve que pour
des valeurs faibles du capital, la banque peut choisir des portefeuilles avec un risque
maximal et une diversification minimale. Les ponderations ajustees au risque du ra-
26Les autres principales critiques de l’approche de portefeuille concernent le traitement du ca-pital comme un titre, qu’il est possible d’acheter et de vendre a un prix exogene independant ducomportement de la banque, ainsi que l’hypothese d’absence de responsabilite limitee (Rochet,1992). En outre, cette approche neglige egalement la valeur du put que confere la valeur des depotsassures a prime fixe a la banque.
27Afin d’eviter que des actifs presentent une valeur actualisee nette nulle comme dans le modelede Furlong et Keeley (1989), Gennote et Pyle (1991) introduisent un marche imparfait pour lesactifs et une fonction de couts des credits. Cette fonction modelise les couts d’evaluation, de controleet de surveillance de l’emprunteur. Les resultats concluent a un accroissement du risque du a la
regulation et un impact ambigu sur la probabilite de defaut de la banque. Park (1997) parvient ades conclusions similaires.
28Cette separation justifie la necessite de reguler les banques (Dewatripont et Tirole, 1993). Enabsence de contrats complets, la structure capitalistique determine l’allocation des droits parmi lespartenaires de la banque. Dans ce contexte, le regulateur agit comme un representant des interetsdes deposants.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
tio de capital ne suffisant pas a resoudre le probleme d’alea moral dans la banque,
impliquant un exces de risque et une probabilite de defaut plus importante29.
Compte tenu des resultats theoriques contradictoires quant a l’impact de la regu-
lation du capital sur l’exces de risque, une approche integree des interets de l’assu-reur des depots, de l’actionnaire et du manager est proposee par Jeitschko et Jeung
(2005). En combinant les differents objectifs et profils rentabilite-risque, les auteurs
demontrent que le niveau de risque peut varier differemment avec le niveau de capi-
tal en fonction des forces relatives de chacun des agents. Si l’objectif de l’actionnaire
domine, il y a correlation negative entre le capital et le risque, par contre lorsque
l’objectif du manager domine, il y a correlation positive entre le risque et le capital.
Les verifications empiriques de la relation entre le capital et le risque bancaire
fournissent quant a elles des resultats moins mitiges.
Les resultats de Keeley (1988) mettent en evidence un effet d’uniformisation et de
convergence des ratios de capital dans l’industrie bancaire americaine dans les annees
80. Les banques sous-capitalisees ont augmente leur capitalisation en ralentissant la
croissance de leurs actifs30.
Shrieves et Dahl (1992) supposent que les decisions de risque et de capital sont
liees et donc determinees simultanement, ce qui implique le recours a un modele a
equations simultanees. Les variables endogenes sont le niveau de capital, la variation
du niveau de capital et le risque. Les resultats mettent en evidence une relation
29Ce dernier courant recoit une extension de la part de Bris et Cantale (2004) qui etudient lesproblemes d’agence interne (entre les actionnaires et les managers) et externe (entre le regulateur etla banque). Leurs resultats demontrent que, concernant le probleme d’agence externe, la regulationdu capital reduit l’exces de risque. Quant au niveau de probleme d’agence interne, il s’avere queles niveaux de risque entrepris par le manager sont inefficients.
30En outre, les banques correctement capitalisees ont en fait detenu un “coussin de capital”. Cecoussin correspond a la difference entre le niveau de capital actuel observe, fonction de la rentabiliteet des pertes sur prets, et le niveau de capital reglementairement requis. Ses determinants sontetudies par Lindquist (2004). D’apres ses resultats, la detention de cet exces de capital fournit uneforme d’assurance au cas ou l’ etablissement ne respecterait pas le niveau de capital reglementairerequis.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
positive entre le risque et la variation du capital, particulierement pour les banques
sur-capitalisees. En outre, la pression reglementaire semble etre efficace pour les
banques sous-capitalisees31.
Une approche dynamique est mise en oeuvre par Calem et Rob (1999). Ces au-teurs analysent le lien entre la prise de risque, la capitalisation et la regulation du
capital, pour tenir compte de reaction differente des banques selon leur niveau de
capitalisation32. Les estimations sur donnees americaines pour la periode 1984−1993
predisent une forme en U de la relation entre la capitalisation et la prise de risque.
Les banques sous-capitalisees sont excessivement risquees et un accroissement des
niveaux minimums de capitalisation peut provoquer une prise de risque supplemen-
taire dans une banque suffisamment capitalisee.
L’evidence empirique sur l’impact de la regulation du capital bancaire sur le
risque des banques hors Etats-Unis fournit des resultats similaires, en ce qui concerne
les banques britanniques (Ediz et al., 1998) et suisses (Rime, 2001 ; Bichsel et Blum,
2004) respectivement33.
0.3.3 Le role de la structure et de la discipline de marche
L’influence de la concurrence sur la prise de risque
On presente en premier lieu les travaux theoriques recents sur le theme de l’in-
fluence de la structure du marche bancaire sur la prise de risque. Les recentes etudes
empiriques sont presentees en second lieu.
31Cependant, Jacques et Nigro (1997) mettent en evidence qu’un niveau de capital plus importantaffecte l’offre de credit, pouvant engendrer son rationnement (credit crunch ).
32Cette approche tranche avec la litterature anterieure qui adopte generalement un cadre statique,ou la capitalisation ex ante de la banque est fixee, ce qui amene a considerer uniquement l’effetmarginal de la regulation.
33Citons egalement des etudes internationales, comme VanRoy (2003), qui s’interesse a l’impactde la regulation sur les banques des pays industrialises, ainsi que Godlewski (2005) qui se focalisesur les pays emergents. Leurs resultats concluent a une reaction des banques sous-capitalisees a lareglementation et des conclusions mitigees quant a la relation capital-risque.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
L’impact d’une augmentation de la concurrence sur la probabilite de faillite ban-
caire est etudiee par Caminal et Matutes (2002). Dans un modele avec responsabilite
limitee et action non verifiable, les banques disposent de deux moyens pour influen-
cer la selection de projets appropries par les emprunteurs : le rationnement du credit,qui accroıt le rendement marginal du capital et peut reduire les incitations a l’ex-
ces de risque, ou bien le controle de l’emprunteur. Les auteurs supposent que tous
les projets risques sont identiques et soumis a un choc exogene. Ils etudient alors
deux types de structure de marche : le monopole et la concurrence a la Bertrand .
Les resultats demontrent l’ambiguite de la relation entre la structure de marche et
la faillite bancaire. L’investissement diminue avec les taux de credits et augmente
avec l’effort de surveillance. Les incitations au controle croissent avec le pouvoir de
marche de la banque. En presence de risques non diversifiables et de rendements
d’echelle decroissants, une hausse des investissements augmente le risque de defaut
de la banque.
Le question principale posee par Cordella et Yeyati (2002) porte sur la maniere
dont le niveau de concurrence exerce un impact sur le risque, en fonction de la
tarification de celui-ci. Dans leur modele les banques se financent entierement par
des depots et choisissent leurs prets dans un pool (pas de concurrence sur le marche
des actifs). Le probleme d’alea moral est introduit en permettant a la banque de
choisir l’intensite du controle, determinant a son tour le risque de son portefeuille.
En fonction de l’asymetrie d’information sur le risque du portefeuille, les taux sur
depots s’ajustent a la probabilite de defaut de la banque (information publique),
ou alors la prime d’assurance est basee sur le risque de defaut (information privee
de l’assureur). L’accroissement de la concurrence augmente l’exces de risque, mais
cet impact peut etre reduit lorsque l’information sur le risque du portefeuille est
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
disponible publiquement ou lorsque la prime d’assurance des depots est ajustee au
risque34.
Le degre de concurrence et donc la prise de risque peuvent etre affectes par une
liberalisation financiere. Cette influence est etudiee par Repullo (2004), qui s’inscritdans la perspective ouverte par Hellmann et al. (2000). Ceux-ci ont montre que des
taux de depots libres sont incompatibles avec une efficacite au sens de Pareto. Le
controle de ces taux est propose comme une solution a ce probleme, car il permet de
garantir a la banque un certain niveau de valeur de franchise, dont la perte discipline
la prise de risque du banquier. Repullo (2004) trouve quant a lui qu’en presence
de marges faibles, correspondant a un niveau de concurrence eleve, la valeur de
franchise est faible ; en absence de regulation il n’existe que l’equilibre d’alea moral.
En revanche, en introduisant un controle des taux, on accroıt la valeur de franchise
et on reduit l’exces de risque.
En integrant la concurrence sur le marche des prets, Boyd et Nicolo (2005)
trouvent qu’une concurrence plus faible accroıt l’exces de risque et la probabilite
de defaut de la banque. Un marche de prets plus concentre augmente la rente ex-
traite par la banque, ce qui augmente le taux de credit et finalement le risque de
defaut de la banque, puisque l’emprunteur reagit a la hausse des taux par une hausse
du risque. Ce resultat est a l’oppose de ceux des modeles presentes precedemment,
qui ne tiennent pas compte des effets de la concurrence sur le marche des actifs sur
la prise de risque.
34Ces resultats theoriques peuvent eclaircir deux experiences historiques. L’elimination des res-trictions des activites des agences bancaires aux Etats-Unis, qui a mene a une rapide concentrationde l’industrie, mais egalement a une hausse de la concurrence, a influence negativement les profits
des banques et a augmente leur probabilite de defaut. Par contre, le couple deregulation et disci-pline de marche a pu augmenter les performances des banques, comme le demontre l’exemple dela Nouvelle-Zelande.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
Apres avoir expose les apports theoriques recents sur l’impact de la concurrence
sur la prise de risque, on passe desormais en revue les recentes contributions empi-
riques sur ce theme.
Une explication de l’exces de risque basee sur le developpement de la concur-rence dans le secteur bancaire americain suite a la dereglementation des annees 80
est proposee par Keeley (1990) et Galloway et al. (1997). Leur analyse empirique
se focalise sur la relation entre la prise de risque de la banque et sa valeur de fran-
chise. Les resultats montrent que les banques disposant d’un pouvoir de marche plus
important detiennent plus de capital et ont ainsi un risque de defaut plus faible.
Ainsi, d’apres ces resultats, une des causes de l’augmentation du nombre de faillites
dans les annees 80 a pu etre la chute de la valeur de franchise des banques, resultant
d’une hausse de la concurrence, consequence de la dereglementation. La valeur de
franchise ayant chutee en consequence, les incitations a maıtriser la prise de risque
se sont amenuisees, impliquant une hausse du nombre de defauts des banques35. No-
tons que Saunders et Wilson (2001) montrent que durant les phases de croissance,
les banques a valeur de franchise elevee detiennent plus de capital, alors que pen-
dant les phases de recession, ces memes etablissements subissent de lourdes pertes
au niveau de leur valeur de franchise, et peuvent s’engager alors dans des activites
de prets excessivement risques.
35Plusieurs developpements de l’approche de Keeley (1990) viennent enrichir la reflexion. Salas etSaurina (2000) etudient l’impact de la deregulation de l’industrie bancaire espagnole sur le pouvoirde marche et la prise de risque des banques. Ils trouvent que les mesures de liberalisation ontaugmente la concurrence et reduit le pouvoir de marche des banques, ce qui s’est traduit par unehausse du risque au niveau des etablissements ayant une valeur de franchise et des ratios de capitalfaibles. Une etude empirique recente sur des banques texanes produite par Gan (2004) conclueegalement a un impact positif de la concurrence sur l’exces de risque, par le biais d’une reduction
de la valeur de franchise de la banque.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
L’influence de la discipline de marche sur la prise de risque
La discipline de marche dans le contexte bancaire peut etre definie comme un
mecanisme de delegation des taches de controle et de surveillance a tous les par-
ticipants du marche. La discipline de marche peut reduire les incitations a l’alea
moral et donc augmenter l’efficience des banques et reduire le cout de la surveillance
bancaire. Elle induit un comportement transparent, prudent et efficace du banquier
en matiere de prise de risque. Cependant, pour que la discipline soit efficace, il est
necessaire que le marche soit competitif et fonctionne de maniere satisfaisante, en
particulier l’information doit etre precise et pertinente, les participants doivent etre
competents et incites a controler les banques, et les managers doivent etre capablesde reagir aux signaux du marche.
Les actionnaires constituent un premier groupe de surveillants potentiels. Ce-
pendant, leurs incitations peuvent conduire a l’exces de risque de la banque, dans la
mesure ou leur participation au capital est assimilable a une option d’achat (call )
sur les actifs de l’etablissement (Merton, 1977)36. En presence d’actionnariat diffus,
les petits porteurs ont peu d’incitations au controle a cause du probleme de free
riding , en plus des problemes de competences insuffisantes et d’asymetries d’infor-
mation importantes. Un actionnariat majoritaire peut constituer une solution a ces
problemes, mais induit des risques propres, a savoir une trop forte concentration de
pouvoir, comme en presence d’actionnariat familial.
Les detenteurs de dette, particulierement de dette subordonnee, perdent leur
participation en cas de defaut de la banque. C’est pourquoi leur role dans la discipline
de marche est important. Les spreads sur dette subordonnee sont censes contenir de
l’information sur le risque de la banque, fournissant un outil de discipline indirecte.
36En effet, disposant de responsabilite limitee et etant les creanciers residuels de la banque,les actionnaires peuvent maximiser la valeur de leur call par le biais d’une prise de risque plusimportante.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
Les detenteurs de dette subordonnee influencent la prise de risque de la banque
puisqu’ils requierent une prime plus importante lorsque la banque est plus risquee.
En effet, le cout d’emission de la dette subordonnee apparaıt comme une fonction
croissante du profil de risque de la banque (Flannery et Sorescu, 1996 ; Jagtiani etal., 1999 ; Hancock et Kwast, 2001 ; Evanoff et Wall, 2002 ; Sironi, 2003).
Decamps et al. (2004) proposent une approche fusionnant les Piliers 1 et 3 de Bale
II37, dans un modele du comportement de la banque en temps continu. La discipline
de marche (Pilier 3) est modelisee par le biais de la dette subordonnee dans le bilan
de la banque. Les principaux resultats mettent en evidence le role crucial du Pilier 3,
qui permet en particulier de reduire les niveaux des seuils du capital reglementaire
requis.
Les resultats de Blum (2002) montrent que si la banque peut crediblement s’en-
gager a respecter un niveau de risque donne, alors la dette subordonnee qu’elle emet
permet de discipliner l’etablissement. Sinon, l’emission de ce type de dette accroıt
l’exces de risque a cause de la responsabilite limitee de la banque qui induit un com-
portement de prise de risque excessif, puisque les detenteurs de dette subordonnee
37Le Nouvel Accord de Bale II se compose de trois piliers : 1er Pilier - les exigences minimales defonds propres, 2eme Pilier - le processus de surveillance prudentielle, 3 eme Pilier - la discipline demarche. Les exigences minimales de fonds propres constituant l’ossature fondamentale du dispositif seront calculees selon deux methodes. La methode dite Standard Approach (SA) est une versionamenagee et modifiee des regles definies dans l’accord de 1988 (ratio Cooke), avec les pondera-tions des actifs etant calculees a partir de rating externes des contreparties. La methode Internal Rating Based Approach (IRBA) repose sur des ratings internes permettant d’estimer par la suiteles probabilites de defaut des contreparties. Le regulateur fournit des regles de conversion de cetteprobabilite en capital requis. La methode Full Model Approach (FMA) constitue une approchecomplete poussee, qui permet a la banque d’utiliser un modele de risque de credit interne pour es-timer la fonction de densite des probabilites de pertes sur portefeuille. Le processus de surveillanceprudentielle d’adequation des fonds propres des institutions et de leurs procedures internes d’eva-luation constitue le 2eme Pilier. Ce processus doit s’assurer que le capital bancaire est bien en phase
avec le profil risque de l’etablissement. Enfin, le 3eme Pilier concerne l’utilisation efficace de la dis-cipline de marche, censee ameliorer la communication d’informations et encourager l’applicationdes pratiques bancaires saines et sures.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
requierent une prime plus elevee lorsque l’etablissement est plus risque, ce qui peut
inciter la banque a generer des revenus supplementaires par exces de risque38.
Les deposants non assures constituent le troisieme groupe de surveillants poten-
tiels. Ils peuvent penaliser les banques excessivement risques en retirant leurs depotsou en exigeant une prime de risque plus importante. Cependant, s’il s’agit de petits
deposants, ceux-ci n’auront pas de fortes incitations a controler les banques a cause
de l’opacite bancaire et de leur manque d’expertise et de connaissances. Les grands
deposants ont plus d’incitations et une plus grande capacite a controler les banques.
La litterature s’interessant au role de ce type de deposant dans la discipline de
marche se decompose en deux courants : l’un conclue a la sensibilite de la prime
de risque des depots non assures au profil de risque de la banque (Hannan et Han-
weck, 1988; Cargill, 1989), l’autre examine la relation entre le volume des retraits de
depots non assures lorsque les performances de la banque diminuent (Park et Peris-
tiani, 1998; Goldberg et Hudgins, 2002). Dans un article recent, Maechler et McDill
(2005) adoptent une approche dynamique en considerant la reaction du volume et du
prix des depots au changement des fondamentaux des banques americaines comme
un processus endogene. Des banques saines et faiblement risquees peuvent augmen-
ter leur niveau de depots non assures a un cout modere. Par contre, des banques
excessivement risquees doivent payer une prime de risque importante pour pouvoir
maintenir leur niveau de depots non assures. La discipline de marche exercee par les
deposants non assures peut contraindre l’exces de risque des banques ayant un profil
de risque deja important.
Le role de la transparence informationnelle ou disclosure est primordial pour le
controle des banques par le marche. Cette information peut etre inferee a partir des
38Goyal (2005) trouve que des clauses restrictives sont davantage presentes lorsque la dettesubordonnee est emise par des banques a valeur de franchise faible, c’est-a-dire presentant un excesde risque plus important, avec des spreads plus importants. Il conclue a un effet disciplinant desdetenteurs de la dette subordonnee.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
prix des actifs financiers, mais egalement a partir des ratings des agences de notation
externe39.
Baumann et Nier (2003) etudient la relation entre le volume d’informations dis-
ponibles dans les comptes sociaux d’une banque et la volatilite du prix de son titre. Al’aide d’un indicateur composite de transparence informationnelle, ils trouvent que la
divulgation de l’information est benefique a la fois a la banque et au marche. Plus de
transparence engendre moins de volatilite des cours et donc une economie des couts
des fonds propres. Cette transparence peut egalement etre utile pour le regulateur si
celui-ci a recours aux prix du marche dans son activite de surveillance des banques.
En effet, le regulateur peut egalement contribuer a la discipline par l’information
produite lors des inspections sur-site des banques qui renseignent sur le profil de
risque de l’etablissement ainsi que sur sa structure capitalistique et l’adequation du
capital aux normes reglementaires.
0.4 Conclusion
Depuis la vague de faillites bancaires americaines des annees 80, il a ete prouveque le risque de credit constitue la premiere cause interne de defaillance bancaire
(Pantalone et Platt, 1987). Il en est de meme dans le cas des defaillances dans
d’autres pays industrialises (von Westernhagen et al., 2004). Plus particulierement,
un exces de risque de credit a ete le determinant interne fondamental dans la faillite
de la banque. Cet exces de risque peut etre defini comme le resultat d’une decision
de credit qui engendre un risque de defaut de la banque superieur au niveau juge
39Un consensus empirique semble indiquer que les ratings vehiculent de l’information superieureau marche et contribue ainsi a la discipline de marche (voir par exemple Ederington et al., 1987 ;Reiter et Zeibart, 1991 ; Hand et al., 1992 ; Helwege et Turner, 1999), qui reste toutefois nuance(Bongini et al., 2002 ; Perraudin et Taylor, 2004).
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
acceptable par les differents partenaires de l’etablissement (actionnaires et regula-
teur).
Deux types de causes de l’exces de risque peuvent etre rapportes : des causes
internes et des causes externes. Au sein des causes internes, on retrouve des defautsorganisationnels et des mecanismes de gouvernance inefficaces. Au sein des causes
externes, on presente l’influence de la qualite des institutions legales, des defauts de
la regulation bancaire ainsi que le role d’une concurrence excessive et d’une discipline
de marche inefficace.
La qualite de l’information traitee par la banque peut determiner les caracte-
ristiques de sa prise de risque. Une litterature recente traite de ce probleme en
distinguant l’information soft et l’information hard (Petersen, 2004). L’acquisition
de cette information peut s’effectuer par deux moyens, qui correspondent a deux
technologies d’octroi de prets bancaires : externe, par le biais de l’information pu-
blique et financiere de type hard (rating, score . . .), ou interne par le biais de la
relation de clientele, produisant en plus de l’information privee et non financiere de
type soft.
En presence de delegation du pouvoir et des droits de decision, il est necessaire
de prendre en compte les couts de transfert de connaissances et de l’impact de
l’allocation des droits sur les incitations des agents a acquerir de l’information.
Dans une banque de grande taille, il y a separation du processus de collecte
et de traitement de l’information du processus de prise de decision. Cela implique
que l’information necessaire pour la prise de decision doit etre facilement transmis-
sible entre les niveaux hierarchiques et doit egalement pouvoir etre interpretee de
facon uniforme par les agents, independamment du contexte dans lequel elle a ete
produite. Dans un monde a contrats incomplets, les incitations ex ante des agents
dependent de leur controle sur les actifs qui leur sont alloues (Hart et Moore, 1990;
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
Hart, 1995; Harris et Raviv, 1996, 1998). C’est pourquoi il existe une adequation
entre la structure organisationnelle et la nature de l’information permettant une
allocation optimale des fonds, par le biais de meilleures incitations. L’information
soft est associee a une organisation decentralisee, car en disposant davantage depouvoir et d’autorite, l’agent qui produit ce type d’information est incite a en faire
un usage efficient dans le cadre de l’allocation de fonds. L’information hard est as-
sociee a une organisation centralisee, puisque etant plus facilement transmissible a
des niveaux hierarchiques superieurs ou la decision d’allocation des fonds s’effectue
(Stein, 2002). Ces conclusions theoriques sont relayees par les resultats des travaux
empiriques (Berger et Udell, 2002 ; Berger et al., 2005). Des organisations de petite
taille, moins hierarchisees et plus decentralisees se pretent mieux a tirer parti de ce
type de l’information soft (Liberti, 2003 ; DeYoung et al., 2004 ; Scott, 2004).
Les specificites des banques, a savoir leur levier important, la forte opacite de leurs
actifs et leur regulation, peuvent affecter l’efficacite des mecanismes de gouvernance.
Certains de ces mecanismes, comme la politique de remuneration et la participation
des managers au capital de la banque, peuvent engendrer des incitations a l’exces de
risque, qui accroıt la probabilite de defaut de la banque, lorsque l’agent responsable
de la decision de credit dispose d’un statut d’actionnaire minoritaire (Gorton et
Rosen, 1995). Les resultats empiriques des travaux sur la relation entre la structure
de propriete et la prise de risque dans la banque fournissent des resultats mitiges.
L’exces de risque se materialise dans des etablissements controlees majoritairement
par des actionnaires-outsiders mais egalement par des managers-insiders (Knopf et
Teall, 1996; Anderson et Fraser, 2000).
L’environnement institutionnel, juridique et legal a un impact non negligeable
sur l’industrie bancaire, en particulier la protection legale des interets des investis-
seurs (LaPorta et al., 1998 ; LaPorta et al., 2000). L’efficacite de l’intermediation
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
financiere, particulierement le design des contrats de dette bancaire ainsi que les
taux de credit pratiques, est egalement influence par cet environnement (Bottazzi et
al., 2005 ; Laeven et Majnoni, 2005 ; Qin et Strahan, 2005). L’impact de l’environ-
nement legal et institutionnel sur la fragilite des banques est demontre par Hussainet Wihlborg (1999) et Mitton (2002).
Les resultats theoriques et empiriques fournissent une evidence mitigee quant a
l’impact de la regulation et la surveillance prudentielle des banques sur l’exces de
risque.
En ce qui concerne l’influence du filet de securite, la protection des deposants
par le biais des systemes d’assurance des depots, mis en place pour prevenir ou
reduire les effets des defaillances systemiques des banques, reduit les incitations des
deposants a exercer leur role de discipline et encourage les banques a l’exces de risque
(Demirguc-Kunt et Huizinga, 2000; Demirguc-Kunt et Sobaci, 2001). Cependant,
certaines caracteristiques, comme une prime ajustee au risque, une assurance des
depots limitee, ainsi que la co-assurance, permettent de reduire les incitations a
l’exces de risque (Nier et Baumann, 2002 ; Hovakimian et al., 2003).
L’etude de l’impact de la regulation du capital bancaire fournit des resultats
theoriques qui restent sensibles aux hypotheses des modeles en question, avec des
impacts positifs ou negatifs de la regulation du capital sur l’exces de risque. Des
approches plus integrees, a l’image du modele de Jeitschko et Jeung (2005), mettent
en evidence des effets differents en fonction des objectifs des agents participant au
fonctionnement de la banque. Les resultats empiriques quant a l’efficacite de la
contrainte de capital (de type ratio Cooke) sont moins mitiges, avec une contribution
interessante de Calem et Rob (1999), qui trouvent une relation non lineaire entre le
capital et le risque, les banques sous-capitalisees etant excessivement risquees.
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Chap. intro. Information, organisation et prise de risque dans la banque
Les resultats empiriques semblent conclure qu’une concurrence plus intense ac-
croıt l’exces de risque dans la banque, en reduisant la valeur de franchise de l’eta-
blissement qui constitue un outil d’auto-discipline important (Keeley, 1990; Covitz
et Heitfield, 1999; Caminal et Matutes, 2002). Cependant, il existe une forme deprocyclicite de la valeur de franchise qui diminue en phase de recession, ainsi que
son role auto-disciplinant de la prise de risque du banquier (Saunders et Wilson,
2001). Notons que l’impact positif de la concurrence sur l’exces de risque peut etre
mitige par une transparence informationnelle plus importante, qui contribue a une
meilleure discipline de marche (Cordella et Yeyati, 2002). Les resultats empiriques
valident les contributions theoriques quant au role de la discipline de marche dans le
controle de l’exces de risque dans la banque. La transparence informationnelle consti-
tue l’input fondamental d’une discipline efficace (Nier et Baumann, 2002 ; Decamps
et al., 2004).
La figure 1 propose une representation schematique simplifiee de l’influence des
causes internes et externes sur l’exces de risque.
DETERMINANTS EXTERNES
Structure et discipline de marché
Environnement institutionnel et légal
Réglementation et surveillance prudentielle
DEFAILLANCE DE LA BANQUE
EXCES DE RISQUE
DETERMINANTS INTERNES
Structure organisationnelle
Type et traitement d’information
Mécanismes de gouvernance
Fig. 1 – Representation schematique de l’influence des causes internes et externessur l’exces de risque et la defaillance de la banque
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Chapitre 1
Le role de l’environnement
reglementaire, legal et
institutionnel dans la defaillance
des banques : Le cas des pays
emergents
Sommaire
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
1.2 Facteurs institutionnels et reglementaires et defaillance
bancaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
1.3 Methodologie et donnees . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
1.4 Resultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
1.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
1.1 Introduction
Ces vingt dernieres annees ont ete marquees par une recrudescence des faillites
bancaires a travers le monde, particulierement dans les pays emergents1 (Bell et Pain,
2000; Rojas-Suarez, 2000, 2001). L’interet porte a la defaillance bancaire vient des
couts substantiels de ces faillites. Il s’agit de pertes financieres pour les actionnaires,
les deposants et l’assureur des depots. Il s’agit egalement de perte de competitivite de
l’industrie bancaire, ainsi que de la destabilisation du systeme financier provoquee
par la faillite bancaire, si plusieurs defaillances individuelles degenerent en crise
bancaire, par voie de contagion. La resolution de ce type de defaillance entraıne
un gaspillage de ressources, alors meme que celles-ci sont rares dans les economies
emergentes (Honohan, 1997). En moyenne, les pertes en terme d’output dues a une
crise bancaire s’elevent a 15% a 20% du Produit Interieur Brut annuel. Par ailleurs,
les couts de resolution de la crise bancaire se chiffrent en moyenne a 6% a 8% du
PIB annuel (Hoggarth et al., 2003). Par exemple, les crises bancaires en Indonesie
(1997) et en Thaılande (1997 − 98), ont genere des couts de restructuration s’elevant
respectivement a 50%-55% et 42.3% du PIB (en terme de contribution fiscale).
Un exces de risque de credit constitue le facteur interne principal de defaut dans
la banque. Parmi les facteurs externes, on peut relever des facteurs reglementaires
et institutionnels (etat de droit, efficacite du systeme juridique, etc.), ainsi que la
structure et la discipline de marche. Pourtant, l’impact de l’ensemble de ces facteurs
sur la defaillance des banques n’a pas fait l’objet de nombreux developpements.
C’est pourquoi l’objectif de ce chapitre est d’etudier le role des facteurs institu-
tionnels dans l’incitation a prendre des risques et l’apparition des faillites bancaires,
en considerant le cas des etablissements des pays emergents. L’interet pour ces pays
1Ce chapitre est adapte de Godlewski (2004c).
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
est motive par le nombre de defauts bancaires importants dans ces pays durant les
annees 90 et l’impact plus important des consequences de la faillite. A cette fin, on
adopte une modelisation en deux etapes inspiree de Demirguc-Kunt (1989b) et de
Thomson (1992), et on l’applique aux donnees d’une base de banques de pays emer-gents. Cette base contient des informations comptables individuelles extraites de
Bankscope, mais aussi des informations portant sur l’environnement reglementaire,
legal et institutionnel (LaPorta et al., 1997; 1998 ; Barth et al., 2001). Nos resul-
tats confirment le role des facteurs reglementaires et institutionnels dans le controle
des incitations a l’exces de risque. En particulier, la qualite de l’etat de droit est
un element crucial pour controler ces incitations et reduire le risque de defaut des
banques.
Ce chapitre est organise de la maniere suivante. La section 1.2 discute de maniere
synthetique les deux principales sources de defaut bancaire, a savoir l’exces de risque,
resultant d’une mauvaise gouvernance, ainsi que le role des facteurs reglementaires
et institutionnels dans la defaillance des banques, en s’appuyant sur la litterature
existante. La section 1.3 presente la methodologie en deux etapes proposee et les
donnees. Les principaux resultats sont presentes dans la section 1.4. La section 1.5
conclue ce chapitre.
1.2 Facteurs institutionnels et reglementaires et
defaillance bancaire
1.2.1 Exces de risque et problemes de gouvernance
Les travaux empiriques existants montrent qu’un exces de risque de credit, re-
sultant d’une mauvaise gouvernance d’entreprise, est le facteur interne principal de
defaut des banques, selon les caracteristiques des banques defaillantes rapportees
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
par Pantalone et Platt (1987), Graham et Horner (1988), Demirguc-Kunt (1989a) et
Llellewyn (2002). Il s’agit en particulier d’un systeme de controle et de surveillance
inadequat ou une concentration excessive des pouvoirs de decision.
Ainsi, la defaillance est principalement associee a la mauvaise qualite des actifsbancaires, dont la responsabilite incombe aux managers de l’etablissement. La mau-
vaise gestion du risque de credit, qui se traduit par un exces de risque, est a l’origine
de la defaillance bancaire.
Cet exces de risque provient de decisions de credit qui induisent un risque de
defaut de l’etablissement trop eleve par rapport a un objectif de stabilite financiere.
La cause essentielle de ce phenomene est que les agents qui prennent les decisions de
credit ne supportent pas la totalite des couts du risque induits par leurs decisions.
Differents symptomes de l’exces de risque de credit peuvent etre releves (Hono-
han, 1997) : une qualite du portefeuille de prets mediocre, en particulier une part
de prets non performants (PNP) importante, une concentration excessive des prets
dans le portefeuille (par maturite, par emprunteur, par secteur, par geographie, et
par type d’instrument), des correlations importantes entre les prets du portefeuille,
ou une croissance du volume des prets excessive.
Gorton et Rosen (1995) proposent une explication de la defaillance bancaire
fondee sur des mecanismes de gouvernance d’entreprise inefficaces ou inadequats
qui incitent a l’exces de risque. Les incitations a l’exces de risque de la part des
managers dependent du niveau de leurs participations dans le capital de la banque.
Cette relation entre la prise de risque et le niveau de participations manageriales
est non lineaire et concave. Si le niveau de ses participations au capital rend le
manager-insider actionnaire majoritaire, le mecanisme est efficace car disciplinant.
En cas d’exces de risque et donc de defaut, le manager perd son investissement
en capital humain et ses participations au capital de la banque, reduisant ainsi les
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
incitations a l’exces de risque. Par contre, si ses participations lui donnent un statut
d’actionnaire minoritaire, le manager conserve sa capacite a resister au controle des
actionnaires. Il est incite a accroıtre les risques car il en tirera les benefices, alors que
les couts de faillite seront reportes sur l’ensemble des actionnaires, et cela d’autantplus que ces derniers ne peuvent completement observer son comportement.
L’explication de l’exces de risque avancee par Gorton et Rosen (1995) est parti-
culierement pertinente dans le cadre des banques des pays emergents, ou les parti-
cipations au capital des managers et de l’equipe dirigeante sont courantes, de meme
que les interconnexions entre les emprunteurs et les preteurs (Arun et Turner, 2003;
Nam, 2004).
Cependant, les resultats des travaux empiriques s’interessant a l’impact de la
structure de propriete sur la prise de risque dans la banque sont plus mitiges.
Saunders et al. (1990) trouvent que les banques controlees majoritairement par des
actionnaires-outsiders apparaissent comme plus risquees. Par contre, Knopf et Teall
(1996) et Anderson et Fraser (2000) confirment l’existence d’une prise de risque plus
importante dans les banques controlees majoritairement par des managers-insiders.
Demsetz et al. (1997) trouvent que ce type de relation est particulierement significatif
dans des banques a valeur de franchise faible.
1.2.2 Le role des facteurs reglementaires et institutionnels
dans la defaillance bancaire
En guise d’introduction, on peut citer les vulnerabilites structurelles relevees par
Lindgren et al. (1999) durant la crise asiatique des annees 90. Ce sont principalement
les faiblesses de la gouvernance d’entreprise et de la discipline de marche, accompa-
gnees d’une regulation prudentielle inefficace, qui ont favorise l’exces de risque. De
plus, des standards comptables inadaptes et des pratiques douteuses d’evaluation
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
et de classification des prets et des provisions ont permis aux banques de camou-
fler leurs difficultes, biaisant davantage les mecanismes de la discipline reglementaire
et de marche. Enfin, des problemes d’independance des regulateurs et de collusion
entre ceux-ci, les pouvoirs publics et les banques, ont contribue a l’aggravation desfragilites financieres.
Les incitations a l’exces de risque peuvent prendre leur source dans les caracte-
ristiques de la reglementation de l’activite bancaire, comme le systeme d’assurance
des depots a prime fixe, et le comportement du regulateur.
Sous l’hypothese d’aversion au risque du banquier, Koehn et Santomero (1980)
et Kim et Santomero (1988) trouvent que la probabilite de defaut de la banque aug-
mente suite a l’introduction d’une contrainte de capital, puisque l’effet de structure
(recomposition du portefeuille vers des actifs plus risques) domine l’effet de volume
(reduction du risque total du portefeuille). Par contre, Keeley et Furlong (1990)
prouvent que la regulation n’induit pas forcement plus de risque dans la banque, car
un accroissement du capital reduit la valeur du put 2 et les incitations a l’exces de
risque. En recourant a une modelisation avec responsabilite limitee, Rochet (1992)
trouve que pour des valeurs faibles du capital, la banque peut choisir des portefeuilles
de prets avec un risque maximal et une diversification minimale, les ponderations
ajustees au risque du ratio de capital ne suffisant pas a resoudre le probleme d’alea
moral dans la banque, impliquant un exces de risque et une probabilite de defaut
plus importante3. Enfin, dans une approche integree des interets de l’assureur des
2L’assurance des depots peut etre consideree comme une option de vente (put ) sur la valeurdes actifs de la banque avec comme prix d’exercice la valeur des dettes a maturite (Merton, 1977).Ce put confere aux actionnaires un potentiel haussier illimite en terme de profits, alors que leurs
pertes sont limitees en cas de defaut de la banque suite a un exces de risque, puisque l’assureur secharge de rembourser les deposants dont les fonds ont servi a financer les actifs risques.
3Notons que l’aspect intertemporel de la reglementation du capital bancaire peut inciter a l’excesde risque (Blum, 1999). L’obligation reglementaire de detenir un certain niveau de capital en periodet + 1 exige de la banque de degager des revenus en periode t. La reglementation etant couteuse,reduisant donc les profits esperes de l’etablissement et par consequent la valeur de franchise, labanque peut etre alors incitee a degager ces revenus en augmentant sa prise de risque.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
depots, de l’actionnaire et du manager, Jeitschko et Jeung (2005) demontrent que le
niveau de risque peut varier differemment avec le niveau de capital en fonction des
forces relatives de chacun des partenaires de la banque. Si l’objectif de l’actionnaire
domine alors il y a une correlation negative entre le capital et le risque. Lorsque c’estl’objectif du manager qui domine, il y a une correlation positive entre le risque et le
capital.
L’existence d’un fonds de garantie des depots a prime fixe reduit les incitations
des deposants a exercer une discipline de marche sur la banque (Demirgunc-Kunt et
Huizinga, 2004). Par ailleurs, la fixite de la prime d’assurance incite les banques a
utiliser les depots pour financer des prets risques et les conduit a un exces de risque.
Cependant, le financement du fonds de garantie par les banques, ainsi que l’existence
d’un plafond pour la couverture des depots, peuvent inciter la banque a adopter un
comportement conservateur en matiere de prise de risque (Hovakimian et al., 2003 ;
Hoggarth et al., 2005).
Le comportement du regulateur exerce une forme de discipline reglementaire sur
le comportement de la banque. Cette discipline est imparfaite a cause des problemes
specifiques de TBTF (“too big to fail ”) et d’attentisme ( forbearance) (Kane, 1989).
L’attentisme du regulateur l’empeche d’agir dans le cas de difficultes d’une banque
insolvable. Ce comportement peut generer des incitations au risque dans les autres
banques de la place. Le probleme du TBTF releve du conflit d’interets entre la
banque et le regulateur. Des etablissements de grande taille, dont la mise en faillite
impliquerait des couts importants (pertes pour les apporteurs de fonds, particuliere-
ment le fonds de garantie, destabilisation du systeme financier, etc.) anticipent une
non intervention du regulateur. Elles peuvent alors s’engager dans des activites trop
risquees.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
L’exces de risque peut etre aussi influence par les conditions de la concurrence
et la discipline de marche.
Une concurrence intense sur le marche de credit peut inciter la banque a accepter
de mauvais risques en proposant des conditions de credit qui ne correspondent pasau profil de risque de l’emprunteur4. Ainsi, Keeley (1990) analyse la relation entre
la prise de risque et la valeur de franchise de la banque. Cette valeur de franchise est
d’autant plus importante que la banque dispose d’un pouvoir de marche important
sur le marche de credit et la menace de sa perte discipline le comportement de la
banque. Suite a la dereglementation des activites bancaires dans les annees 80 aux
Etats-Unis, le pouvoir de monopole des banques s’est estompe et l’intensification
de la concurrence a reduit la valeur de franchise des banques, ce qui a diminue
l’effet disciplinant de celle-ci. Par contre, la concurrence a exige des banques des
efforts supplementaires pour rester rentables, ce qui a genere un exces de risque
(voir egalement Galloway et al., 1997, Salas et Saurina, 2000 et Gan, 2004).
Barth et al. (1999), Barth et al. (2000; 2001) et Barth et al. (2004) etudient
l’impact des mecanismes de regulation et de surveillance bancaire sur la performance
et la stabilite des banques. Leur resultats mettent en evidence l’importance de la
discipline de marche comme element crucial dans les strategies de regulation et de
surveillance efficaces. Les pratiques qui renforcent la transparence de l’information
et la participation du secteur prive au controle des banques engendrent une meilleure
discipline de marche qui s’avere benefique pour les performances et la stabilite des
banques. Une surveillance prudentielle plus importante ainsi que la restriction des
activites ont un impact negatif sur le developpement, les performances et la stabilite
des banques. En effet, la contestabilite du marche exerce un impact positif sur la
stabilite de l’industrie bancaire. En outre, les restrictions reglementaires des activites
4Il s’agit particulierement d’une tarification non ajustee au risque, qui genere une marge qui neremunere pas le cout du risque.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
bancaires sont plus fortes dans les pays ou l’environnement institutionnel et juridique
est plus inefficace. Ces restrictions sont associees a une probabilite de crise bancaire
plus importante5.
Nier et Baumann (2002) analysent aussi l’impact de la discipline de marche surdifferentes mesures du risque et du capital bancaire. L’efficacite de cette discipline
dans la reduction de l’exces de risque depend du filet de securite public, de la part
non assuree des ressources, et de la transparence des choix de risque de la banque.
Leurs resultats mettent en evidence le role important de la discipline de marche dans
la reduction du risque d’insolvabilite bancaire.
Il existe egalement des facteurs institutionnels, particulierement pertinents dans
les pays emergents, ou les defaillances bancaires n’ont pas la meme nature que dans
les pays industrialises (Rojas-Suarez, 2000, 2001). Ainsi, les travaux de LaPorta et
al. (1997; 1998; 2000) ont mis en evidence l’impact de la qualite de l’environnement
juridique et institutionnel sur la protection des apporteurs de fonds (protection des
investisseurs contre l’expropriation par les insiders particulierement) et ainsi sur la
nature et l’efficience des marches de capitaux, de meme que sur les performances des
systemes financiers dans leur ensemble. Les droits qui regissent les relations entre les
apporteurs de fonds et les banquiers sont garantis par l’environnement juridique et
institutionnel d’un pays, et ils peuvent etre un determinant important de l’efficacite
des mecanismes de gouvernance. Cet environnement peut favoriser l’exces de risque
ou reduire l’efficacite de son controle par d’autres institutions et mecanismes prevus
a cet effet. Ainsi, Mitton (2002) et Hussain et Wihlborg (1999) trouvent que des
mecanismes de gouvernance defaillants ont contribue a vulnerabiliser et par la suite
a amplifier la crise asiatique de 1997, notamment les procedures de faillite inefficaces.
5Ces conclusions sont relayees par Calomiris et Powell (2000) dans le cas argentin, ou la regle-mentation s’est appuyee principalement sur la discipline de marche. Celle-ci a permis d’inciter lesbanques a une gestion plus saine des risques.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
Enfin, l’efficacite de l’intermediation financiere, en particulier le design des contrats
de dette bancaire, est egalement influence par l’environnement institutionnel, ju-
ridique et legal (Bottazzi et al., 2005 ; Laeven et Majnoni, 2005 ; Qin et Strahan,
2005).
1.3 Methodologie et donnees
1.3.1 La methodologie
Les annees 70 ont vu l’apparition des premiers modeles de prevision de la de-
faillance bancaire (modeles d’alerte precoce ou EWS - Early Warning Systems), aune equation. Les methodologies les plus retenues ont ete l’analyse discriminante
et les modeles logit (Sinkey, 1975 ; Altman et al., 1977 ; Martin, 1977, Avery et
Hanweck, 1984 ; Barth et al., 1985 ; Benston, 1985 ; Pantalone et Platt, 1987). A la
fin des annees 80, des modeles a deux equations sont apparus, dont l’objectif etait
de distinguer les facteurs internes de l’insolvabilite bancaire des facteurs externes
determinant la decision de fermeture du regulateur (Demirguc-Kunt, 1989b).
Cette decision de fermeture prise par l’autorite judiciaire obeit a des motifs qui
ne sont pas seulement l’insolvabilite. Les autorites considerent ainsi l’effet de la
fermeture sur l’economie, la stabilite du systeme bancaire (risque systemique) et
aussi sur leurs propres interets (desutilite de la fermeture pour le regulateur).
Une modelisation a deux etapes permet de dissocier les facteurs de risque qui
affectent la solvabilite de la banque des facteurs externes qui conduisent le regula-
teur a intervenir aupres d’une banque “a probleme”. Gajewski (1988) est le premier
a incorporer cette distinction entre l’insolvabilite et la faillite, qui releve d’une deci-
sion juridique et reglementaire en utilisant deux equations, suivi par Demirguc-Kunt
(1989b) et Thomson (1992), qui adoptent egalement ce type de modelisation. Les
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
modeles estimes sont composes de deux equations, la premiere representant la va-
leur nette de la banque (solvabilite de l’etablissement) et la seconde la fermeture de
l’etablissement (permettant ainsi de modeliser la propension du regulateur a inter-
venir dans une banque en difficulte)6
. Les deux etudes appliquent une methode endeux etapes de Maddala (1983), en estimant la premiere equation par la methode
des MCO (Moindres Carres Ordinaires) et la seconde par un modele logit7.
Dans ce qui suit, on propose un modele inspire de cette logique.
1.3.2 Le modele logit en deux etapes et le traitement des
facteurs institutionnels
Une approche en deux etapes permet d’estimer dans une premiere etape l’impact
des facteurs institutionnels sur l’exces de risque, et dans une seconde d’estimer la
probabilite de defaut, en fonction de l’exces de risque.
Les deux etapes de notre approche se decomposent comme suit :
1re etape : estimation par un logit ordonne d’un indicateur de la propension a
l’exces de risque IRISK (Indicateur de Risque) en fonction de la presence defacteurs reglementaires, institutionnels, et juridiques,
2e etape : estimation par un logit binaire de la probabilite de defaillance bancaire
en fonction de facteurs de risque, dont la propension a l’exces de risque estimee
a la 1re etape.
6L’approche de Demirguc-Kunt (1989b) est tres proche. Elle introduit en plus une equationmodelisant la valeur de la banque nette de la contribution de l’assureur des depots au capital.
7Signalons egalement que Cole et Gunther (1995) ont recours a un “modele de temps de survie
sur populations separees” (split-population survival-time model ) afin d’etudier les determinants de lasurvie et du temps de survie d’une banque. Une etude internationale, produite par Gonzalez (2005),propose egalement une methodologie en deux etapes, avec une equation modelisant la valeur defranchise et une seconde equation modelisant le risque.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
Les deux equations a estimer sont les suivantes8 :
(NPL/GL) = γ + x′i ϕ + ξi (1.1)
DEFAUT = α + y′i β + εi (1.2)
ou p(NPL/GL) = expz
1+expz, avec z = γ + x′i ϕ + ξi et p(DEFAUT ) = expw
1+expw, avec
w = α + y′i β + εi. On a respectivement x′i le vecteur des facteurs reglementaires et
institutionnels, et y′i le vecteur des facteurs de risque. Les residus ξi et εi ont des
distributions logistiques, de moyenne 0 et de variance Π2
3 .
L’exces de risque est modelise par la part des prets non performants dans le
portefeuille9 - NPLGL
(Non Performing Loans / Gross Loans), qu’on transforme en
variable discrete IRISK , afin d’obtenir une variable expliquee polytomique ordonnee,
composee de trois classes de risque de credit croissant10.
Elle est construite de la maniere suivante :
1 si 0% < NPLGL
≤ 5% (exces de risque faible)
IRISK = 2 si 5% < NPLGL
≤ 20% (exces de risque moyen)
3 si +∞ > NP LGL
> 20% (exces de risque eleve)
Ainsi, on aura (F (·) etant la loi normale standard) :
p(IRISK = 1) = F (5% − γ − x′i ϕ) − F (−γ − x′i ϕ),
8Voir Maddala (1983) pour une description detaillee des modeles logit.9Il s’agit des prets consideres comme douteux.
10On discretise le ratio des prets non performants afin d’obtenir un indicateur discret d’excesde risque (a l’image d’un rating de la prise de risque ex post ) qui permet de classer les banquesen fonction de leur prise de risque. L’equation (1.1) fournit alors un modele de prediction de troisetats de l’exces de risque ex post de la banque.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
p(IRISK = 2) = F (20% − γ − x′i ϕ) − F (5% − γ − x′i ϕ),
p(IRISK = 3) = 1 − F (20% − γ − x′i ϕ).
La variable expliquee dans la seconde equation est le DEFAUT , egale a 1 si la
banque a ete defaillante en date t, puisque le modele explique la probabilite de defaut
a l’horizon d’un an.
1.3.3 La base de donnees
La base de donnees utilisee est composee de trois sources d’informations diffe-
rentes.
Une base de banques defaillantes a ete construite pour un ensemble de pays
emergents des trois zones d’Asie, d’Amerique Latine et des PECO (Pays de l’Europe
Centrale et Orientale). L’interet pour ces pays est motive par le nombre de defauts
bancaires importants dans ces pays durant les annees 90 et l’impact plus important
des consequences de la faillite. Les listes de banques a probleme ou en defaut ont ete
collectees aupres d’institutions de regulation locales11. On a egalement pu beneficier
d’un acces a la base en ligne de Banker’s Almanac12 pour completer nos donnees
sur les banques defaillantes. Celle-ci permet d’identifier les etablissements defaillants
ainsi que la date du defaut13.
11Banques centrales, commissions de regulation et de surveillance prudentielle, assureurs desdepots bancaires, associations et federations de banques, associations de commissions de regulationprudentielle, et agences de restructuration dans les pays ayant connus des crises.
12www.bankersalmanac.com.
13Des informations plus detaillees sur les origines et le contexte de la defaillance, le type deprocedure de resolution employee et son cout sont egalement disponibles, mais pour un nombrerestreint de banques.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
Une banque est consideree comme defaillante lorsqu’elle fait l’objet des proce-
dures suivantes :
– sous administration,
– licence bancaire suspendue ou revoquee,– en liquidation,
– en faillite.
Les informations comptables (donnees annuelles en milliers de USD) ainsi que
les donnees sur la structure de l’actionnariat, a savoir la nationalite des actionnaires
principaux, leurs parts du capital, ainsi que leur raison sociale, proviennent de la
base de donnees Bankscope de Fitch IBCA.
La troisieme source d’informations concerne les variables institutionnelles et re-
glementaires. On a utilise la base de donnees de Barth et al. (2001) de la Banque
Mondiale, et des informations sur l’environnement institutionnel et juridique four-
nies par LaPorta et al. (1997; 1998). La base de Barth et al. (2001) est composee de
dix sous-bases, chacune portant sur une des dimensions de l’activite de regulation et
de surveillance prudentielle14. Ces donnees sont ma joritairement de type qualitatif,
et sont regroupees par pays. La base de LaPorta et al. (1997; 1998) contient des
indicateurs portant sur l’environnement juridique et reglementaire et la qualite des
institutions. Plus particulierement, il s’agit des mecanismes de protection des droits
des apporteurs de fonds (creanciers et actionnaires).
14Il s’agit des dimensions suivantes : surveillance prudentielle, r eglementation du capital, assu-rance des depots, discipline de marche, transparence, contestabilite du marche bancaire, liquidite,structure de propriete, regles de provisionnement, et organisation des commissions de surveillanceprudentielle.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
1.4 Resultats
1.4.1 Statistiques descriptives
En ne conservant que les banques commerciales, cooperatives, d’investissement,
ainsi que les caisses d’epargne sur la periode 1996 − 2002, on obtient finalement un
echantillon de 270 banques defaillantes15 pour lesquelles des informations comptables
ont ete collectees a partir de la base de donnees Bankscope.
On a borne la variable total bilan T A pour eliminer les petites banques16. Un
premier critere de taille determine notre echantillon. Ensuite, afin de ne retenir que
les banques dont l’activite principale et donc la source de risque principale est l’octroi
de prets, on a borne les variables part des prets dans le total bilan NLTA17 et part
des depots dans le total bilan T DT A18. Un second critere d’activite determine notre
echantillon. On obtient finalement un echantillon de 894 banques, empilees sur 6 ans
(1996 − 2001), dont 61 defauts19. La repartition des banques par pays est fournie
dans le tableau 1.1.
Les variables utilisees dans l’equation (1.1) sont presentees dans le tableau 1.2.
Les neuf premieres variables reglementaires proviennent de la base de Barth et
al. (2001) et de Bankscope, les deux dernieres variables institutionnelles et juridiques
de La Porta et al. (1997; 1998). On a selectionne des variables representatives de
differentes dimensions de l’environnement reglementaire, juridique et institutionnel
en vigueur dans les pays etudies, en s’appuyant sur les arguments presentes dans
15La repartition des banques defaillantes et des banques disponibles est presentee dans le tableauA.1 dans l’annexe A.
16Borne fixee au premier quartile, soit 105.11 MUSD.17Borne fixee au premier decile, soit 25.32% du total bilan.18Borne fixee a partir de la valeur du 5e percentile, soit a 26.81% du total bilan.19La majeure partie des defauts se situent dans les annees 1997 et 1998, respectivement 23 et 17,
puis respectivement 5, 9 et 7 pour les annees suivantes - 1999, 2000 et 2001.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
Tab. 1.1 – Repartition des defauts et des banques par pays
Pays Defauts BanquesArgentine 7 151Bolivie 7 23
Colombie 3 104Equateur 2 63Indonesie 1 68Coree du Sud 12 33Mexique 2 95Malaisie 19 82Perou 4 100Thaılande 3 54Venezuela 1 121
61 894
Source : base de banques defaillantesconstruite par l’auteur.
la section 1.2 ainsi que sur les resultats de regressions logit utilisant une procedure
stepwise20.
Les definitions des ratios utilises (en pourcentage) sont fournies dans le tableau
1.3, et leurs statistiques descriptives sont presentees dans le tableau 1.4.
Les variables de l’equation (1.2) sont choisies en reference a la litterature sur
les modeles d’alerte precoce (voir Demirguc-Kunt, 1989b pour une revue detaillee,
ainsi que Barr et Siems, 1994) et par rapport aux resultats de regressions logit
utilisant une procedure stepwise21. Ces variables comprennent la variable IRISK
qui est la valeur estimee de l’indicateur de la propension a l’exces de risque obtenue
a partir de l’equation (1.1), ainsi que les facteurs de risque suivants22 : l’adequation
20Cette methodologie permet, par iterations successives utilisant des tests de Fischer, de selec-tionner les variables les plus pertinentes en matiere de pouvoir explicatif et discriminatif.
21Ces resultats sont issus d’une etude anterieure, dont l’ob jectif consistait a tester la validite dela typologie du rating CAMEL pour l’etude de la defaillance des banques dans les pays emergents(Godlewski, 2004d). Les resultats obtenus confirment l’utilite de cette typologie dans l’etude de ladefaillance bancaire dans ces pays.
22La majorite des modeles de prevision du defaut bancaire utilisent la typologie du rating CA-MEL, qui recense cinq facteurs de risque. Ceux-ci sont respectivement C - CAPITAL ADEQUACY,
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Tab. 1.2 – Facteurs reglementaires et institutionnels utilises dans l’equati
Variables Signification Dimension Sreglementaire
CREDITRISKVAR egale a 1 si le ratio de capital reglementaire regulation
minimum varie avec le risque de credit de la bancairebanque
MINCAR ratio de capital reglementaire minimum - mPROHIBEXTERNLOAN egale a 1 si la regulation bancaire interdit -
aux banques l’octroi de prets a l’etrangerDEPOSITINSURANCE egale a 1 s’il existe un systeme d’assurance assurance
des depots bancaires en vigueur des depotsEMEHOLDING egale a 1 si le premier actionnaire de la gouvernance
banque provient d’un pays emergent d’entrepriseORGASTRUCTURECH egale a 1 si le regulateur peut forcer la discipline
banque a operer un changement de reglementairel’organisation interne
MISCMGTREPORT egale a 1 si l’auditeur a l’obligation legale - de rapporter au regulateur une mauvaiseconduite de la direction de la banque
LEGACTION egale a 1 si le regulateur peut entreprendre - une action en justice a l’encontre desauditeurs pour negligence
NBSUPERVISORS nombre total de surveillants professionnels - mpar banque
RULEOFLAW indicateur de la qualite de l’etat de droit environnement m
institutionnelFRENCHLEGALSYS egale a 1 si le systeme juridique en place -
est fondee sur le systeme francaisamoy. : moyenne. Les pourcentages indiquent la frequence avec laquelle la variable est renseignee dans l’echan
Sources : Bankscope, Barth et al. (2001), et LaPorta et al. (1997; 1998).
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
Tab. 1.3 – Facteurs de risque utilises dans l’equation (1.2)
Variables Definition Signeattendu
EQUTOTLOANS Fonds Propres / Total des Prets -PERSEXPENSE Charges de Personnel / -
Charges d’ExploitationNETINTMARGINa Marge d’Interets Nette -LIQUIDASSETS Actifs Liquides / Total Bilan -TOTLOANSTOTDEP Total des Prets / Total Depots +/-a Revenus des taux d’interets exprimes en pourcentage des actifs productifs. Source : BankScope.
du capital (ratio de capital sur total des prets), la qualite du management (part des
depenses de personnel dans les depenses d’exploitation), la rentabilite (marge nette)
et enfin la liquidite des actifs (part des actifs liquides dans le total bilan et ratio
d’intermediation).
On remarque que les facteurs aggravants du risque sont plus presents, en moyenne,
dans les banques defaillantes. Celles-ci ont moins de capital par rapport aux prets
(EQUTOTLOANS), plus de prets douteux dans leur portefeuille (NPLGL), degagent
moins de marge beneficiaire (NETINTMARGIN), ont moins de depenses de person-
nel par rapport au total des depenses d’exploitation (PERSEXPENSE) et moins
d’actifs liquides par rapport au total bilan (LIQUIDASSETS). Par contre, leur ra-
tio d’intermediation (TOTLOANSTOTDEP) est equivalent a celui des banques non
defaillantes.
On peut reecrire les equations (1.1) et (1.2) avec les facteurs retenus, tel que :
qui mesure l’adequation capitalistique ou le “coussin” de capital contre les pertes non anticipees, A
- ASSET QUALITY, qui mesure la qualite des actifs de la banque, particulierement de ses prets, M
- MANAGEMENT QUALITY, qui mesure la qualite de la gestion de la banque, E - EARNINGS,qui mesure la performance recente et la stabilite historique du resultat de la banque, ainsi que sacomposition, et L - LIQUIDITY, qui mesure l’exposition de la banque au risque de liquidite, en sefocalisant sur les ressources disponibles et les degres de liquidite des actifs de la banque. Notonsque depuis le 1er janvier 1997, il existe une 6e composante - S : sensibilite au risque de marche.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
Tab. 1.4 – Statistiques descriptives des principaux ratios comptables
DefaillantesVariables N moyenne ecart-type min. max.EQUTOTLOANS 61 8.05 35.5 −221.93 59.3
NPLGL 61 16.66 13.64 1.83 65.72PERSEXPENSE 61 27.29 12.54 1.12 54.75NETINTMARGIN 61 2.76 7.71 −52.99 13.15LIQUIDASSETS 61 18 8.82 4.88 42.87TOTLOANSTOTDEP 61 76.77 16.02 29.11 124.1
Non defaillantesVariables N moyenne ecart-type min. max.EQUTOTLOANS 833 21.28 13.76 −31.93 100.98NPLGL 833 10.68 11.23 0 89.59PERSEXPENSE 833 33.44 12.44 0.29 76.96
NETINTMARGIN 833 8.2 7.67 −8.06 55.8LIQUIDASSETS 833 23.24 13.35 0.34 69.08TOTLOANSTOTDEP 833 77.36 27.02 27.68 362.93
N : nombre d’observations, min. : minimum, max. : maximum.
p(NPL/GL) = f (γ, CREDITRISKV AR, MINCAR,
PROHIBEXTERNLOAN,DEPOSITINSURANCE,
EMEHOLDING,ORGASTRUCTURECH,MISC −
MGTREP ORT, LEGACT ION, NBSUP ERV ISORS,
RULEOF LAW, F RENCH LEGALSY S, ξi)
p(DEFAUT ) = f (α, IRISK,EQUTOTLOANS,PERSEXPENSE,
NETINTMARGIN,LIQUIDASSETS,TOTLOANS −
TOTDEP,εi)
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
1.4.2 Resultats du modele logit a deux etapes
On estime deux variantes de l’equation (1.1)23 :
1. l’une ne comprenant que des variables proxies de l’environnement reglemen-
taire (Barth et al., 2001) - regression (1.1),
2. l’autre comprenant des variables proxies de l’environnement reglementaire
(Barth et al., 2001) ainsi que des variables proxies de l’environnement juri-
dique et institutionnel (LaPorta et al., 1997; 1998) - regression (1.2).
Cela permet de distinguer l’impact de l’environnement reglementaire sur l’exces
de risque de celui de la qualite de l’environnement institutionnel, mais aussi de me-
surer la qualite de la reglementation. Un cadre reglementaire peut apparaıtre comme
pertinent en theorie, mais son application pratique peut etre biaisee par la qualite
des institutions. Il ne suffit pas qu’une disposition reglementaire existe pour qu’elle
soit efficace, encore faut-il que les institutions qui en ont la responsabilite soient
elles-memes credibles et de qualite. En somme, la qualite juridique et institution-
nelle d’un pays affectera l’efficacite et la credibilite de son cadre reglementaire et de
surveillance prudentielle (LaPorta et al., 1998).
Les resultats sont presentes dans le tableau 1.5. Compte tenu de la disponibilite
des donnees, on travaille sur deux echantillons : le premier compose de 727 banques
(dont 56 defaillantes), le second compose de 704 banques (dont 49 defaillantes). La
repartition des frequences de la variable expliquee IRISK est la suivante (dans un
ordre decroissant, c’est-a-dire de IRISK =3 a IRISK =1) : 18.02%, 49.79% et 32.19%
pour (1.1), et 18.18%, 48.72% et 33.1% pour (1.2).
23On a egalement introduit une variable muette LISTED (egale a 1 si la banque est cotee enbourse, soit moins de 30% de l’echantillon) pour integrer une proxy de la discipline de marche.Cette variable ressort non significative. Rappelons que le nombre de banques cotees dans les paysemergents reste faible et que ces marches financiers demeurent faiblement developpes (Allen etGale, 2000). De la meme maniere, on a introduit une variable SIZE (logarithme du total bilan)pour controler l’effet taille. Cette variable ressort comme non significative egalement.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
Tab. 1.5 – Resultats des estimations de l’equation (1.1)
Variables (1.1) (1.2)INTERCEPT 3 0.314∗ 8.053∗∗∗
(0.403) (1.686)INTERCEPT 2 3.146∗∗∗ 10.762∗∗∗
(0.424) (1.712)MINCAR×CREDITRISKV 0.092∗∗∗ 0.257∗∗∗
(0.021) (0.04)CARLOW 0.336∗∗ 0.293∗
(0.157) (0.159)PROHIBEXTERNLOAN 2.077∗∗∗ −0.104
(0.273) (0.423)DEPOSITINSURANCE −1.369∗∗∗
(0.265)CHINTORGSTR −2.113∗∗∗
(0.256)EMEHOLDING 0.368∗∗ 0.545∗∗∗
(0.163) (0.166)ORGASTRUCTURECH −1.844∗∗∗
(0.304)MISCMGTREPORT×LEGACTION 0.462∗∗ −2.177∗∗∗
(0.198) (0.481)
NBSUPERVISORS −0.126∗∗∗
−0.338∗∗∗
(0.03) (0.054)RULEOFLAW −0.963∗∗∗
(0.165)FRENCHLEGSYS −4.567∗∗∗
(0.63)N 727 704Chi-2 200.47∗∗∗ 182.36∗∗∗
Log V −641.95 −631.3Tx reclas. cor. 73.9 73.8∗∗∗
,∗∗
et∗
: coefficient significatif au seuil de 1%, 5% et 10%respectivement. Les ecarts-types figurent entre parentheses.
N : nombre d’observations. Log V : logvraisemblance.
Tx reclas. cor. : Taux de reclassement correct.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
La premiere regression (1.1) permet de tester l’impact de plusieurs dimensions de
facteurs reglementaires (regulation des activites bancaires, discipline reglementaire et
de marche, et gouvernance d’entreprise) sur l’exces de risque. La regression suivante
(1.2) integre des facteurs institutionnels24
.Tout d’abord, rappelons que l’on modelise la probabilite cumulee p(IRISK = 3)
correspondant a un exces de risque eleve. La significativite des constantes INTER-
CEPT 3 et INTERCEPT 2 indique un decoupage coherent de la variable NPL/GL
en 3 categories d’exces de risque.
L’impact de l’environnement reglementaire sur l’exces de risque
On discute en premier lieu les resultats de la regression (1.1), en commentant
l’impact des differentes dimensions reglementaires sur l’exces de risque dans l’ordre
suivant : reglementation de l’actif bancaire, discipline reglementaire et de surveillance
prudentielle, reglementation prudentielle du capital bancaire, systeme d’assurance
des depots, audit, et structure de propriete.
La reglementation de l’actif bancaire, a savoir l’interdiction d’octroyer des prets a
l’etranger (PROHIBEXTERNLOAN), presente une relation positive avec l’exces de
risque, sans doute parce que ce type d’entrave reduit les possibilites de diversification
du portefeuille de credits. Un regime administre des prets de type etatique peut
egalement expliquer ce resultat.
En matiere de discipline reglementaire et de surveillance prudentielle, un nombre
plus important de controleurs par etablissement (NBSUPERVISORS) est correle
negativement avec l’exces de risque. En effet, plus ce nombre est important, plus la
banque est surveillee etroitement et precisement, ce qui reduit les incitations a l’exces
24On a teste la presence de colinearite des variables introduites dans les regressions. Par ailleurs,on omet les variables reglementaires correlees significativement avec les variables institutionnellesintroduites.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
de risque, puisque ce type de comportement peut etre plus facilement et rapidement
decouvert, avec des sanctions reglementaires a l’appui.
La menace de changement de l’organisation interne de la banque par le regulateur
(ORGASTRUCTURECH) a un impact negatif sur l’exces de risque. Cela indique uneforme de credibilite de la discipline reglementaire, puisqu’en cas d’exces de risque,
le regulateur peut forcer des changements organisationnels dans la banque, enlevant
ainsi aux managers les opportunites de jouir de leur position pour profiter des revenus
de l’exces de risque engage.
On introduit la dimension de la reglementation prudentielle du capital bancaire
dans la regression (1.1) au moyen de deux variables. La premiere - MINCAR ×
CREDITRISKV25 - est le resultat du produit de la variable MINCAR et de la
variable CREDITRISKVAR. Cette variable croisee renseigne a la fois sur le niveau
du ratio de capital minimum reglementaire (CAR)26 (qui peut etre different selon
les pays) et sur l’existence d’une contrainte reglementaire selon laquelle le capital
bancaire doit s’ajuster au risque de la banque. L’effort d’ajustement sera different
selon que la reglementation prudentielle du pays impose un ratio de capital minimum
de 8% ou de 11.5%. La seconde variable - CARLOW - est egale a 1 si le ratio de
capital par rapport au total de bilan de la banque (Fonds Propres / Total Bilan ) est
inferieur au ratio de capital reglementaire minimum27. Cette variable renseigne sur
la pression reglementaire que subit la banque si elle ne satisfait pas les standards
reglementaires (Shrieves et Dahl, 1992). En effet, une banque dont le ratio de capital
est inferieur au minimum reglementaire devra reagir soit par recapitalisation soit par
25Elle est egale respectivement a 0, 8 et 11.5 pour 66.16%, 13.07% et 20.77% des banques de
l’echantillon.26Calcule comme la somme des capitaux de type Tier 1 et Tier 2 rapportee a la somme des actifs
ajustes au risque.27Elle est egale a 1 pour 52.41% des banques de l’echantillon.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
reduction du volume des actifs risques. La recapitalisation peut s’effectuer par le biais
des benefices, qui peuvent etre generes par exces de risque (Blum, 1999).
Ces deux variables presentent des coefficients significatifs et positifs, ce qui sug-
gere que ce type de reglementation du capital bancaire est liee de maniere positiveavec l’exces de risque. Ce resultat recoit plusieurs explications. Premierement, il
existe une concomitance entre l’augmentation du risque de credit, materialise par
un accroissement de la part des prets non performants dans le portefeuille, et la
hausse du ratio de capital. En effet, dans notre echantillon, la moyenne du ratio de
capital sur total bilan s’eleve a 10.8%, et sa mediane est de 9.29%. Pour plus de
50% des banques, le ratio de capital reglementaire minimum est superieur a 9% (et
superieur a 10% pour plus de 40% des etablissements). Par contre, les banques qui
presentent un indicateur d’exces de risque eleve (IRISK = 3) ont en moyenne un
ratio CAR de 6.58%. Deuxiemement, on peut egalement expliquer ce resultat comme
Blum (1999) par exemple. Une contrainte de capital implique un effort supplemen-
taire en matiere de rentabilite des actifs, qui passe generalement par une prise de
risque accrue. Le signe positif de la variable CARLOW en temoigne. Rappelons enfin
que le stock des prets non performants a augmente a partir du milieu des annees
90 dans certains pays emergents, induisant une reaction des regulateurs de certains
pays, qui ont porte le ratio de capital reglementaire minimum a plus de 8% (entre
10% et 12%) (Hawkins et Turner, 1999). Cette reaction etait censee limiter l’exces
de risque des banques, et les obliger a se recapitaliser pour les rendre plus solvables.
L’existence d’un systeme d’assurance des depots (DEPOSITINSURANCE) semble
etre lie negativement avec l’exces de risque. En ce qui concerne ce resultat, dans notre
echantillon, plus du tiers des systemes d’assurance sont finances par les banques, et
il existe un plafond de garantie des depots, ce qui implique que la totalite des depots
n’est pas couverte. Un systeme de co-assurance des depots, dans lequel la banque
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contribue au financement du fond de garantie, peut egalement limiter les incitations
a l’exces de risque de la part du banquier28.
Enfin, la dimension de la discipline reglementaire emanant des auditeurs est
introduite par le biais d’une variable croisee - MISCMGTREPORT×LEGACTION29
- qui est le produit des variables MISCMGTREPORT et LEGACTION. De cette
maniere, on vise a controler a la fois l’influence de la menace pour la banque d’un
mauvais rapport d’audit sur la qualite de sa gestion, et egalement la menace pour
l’auditeur d’une action en justice menee par le regulateur. Le coefficient de cette
variable croisee presente un signe significativement positif. A priori, on attendait
un signe negatif. En effet, sachant que la qualite de l’audit devrait etre influencee
par la menace d’action en justice en cas de negligence, le rapport d’audit sur des
pratiques de mauvaise gestion peut constituer une menace d’intervention ulterieure
du regulateur dans le fonctionnement de la banque. Le signe est cependant positif,
ce qui peut signaler que ce type de menace n’est sans doute pas credible (systeme
d’audit inefficient, auditeurs negligents, collusion entre l’audit et la banque), de
meme que la menace d’action en justice du regulateur a l’encontre de l’auditeur.
En matiere de gouvernance, et plus particulierement de structure de propriete,
la presence d’un actionnaire majoritaire originaire d’un pays emergent (EMEHOL-
DING) tend a favoriser l’exces de risque. Ceci peut s’expliquer par le fait que cet
actionnaire est souvent l’Etat, cas frequent dans les pays emergents. L’Etat, parti-
culierement dans les pays emergents, n’incite pas forcement a la discipline ni a la
28La disponibilite des donnees empeche a ce stade d’enrichir les variables representant la dimen-sion assurance des depots. En effet, les variables proxies des limites de garantie des depots, des ratiosde couverture des depots, de co-assurance, ou de l’existence de prime ajustee au risque sont insuf-
fisamment renseignees dans notre echantillon. En effectuant des regressions sur des echantillons detaille reduite, on trouve des signes significativement negatifs lorsqu’on introduit une variable croiseeresultat du produit de DEPOSITINSURANCE et BANKFUND (fonds de garantie finance par lesbanques) et significativement positifs lorsqu’on introduit une variable croisee resultat du produitde DEPOSITINSURANCE et GOVERNMENTFUND (fonds de garantie finance par l’etat). Cesresultats tendent a confirmer les arguments de notre discussion.
29Elle est egale a 1 pour 45.8% des banques de l’echantillon.
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prudence des managers en matiere de prise de risque, compte tenu des problemes de
laxisme, d’anticipation d’intervention en cas de difficultes, de corruption, et d’etat
de droit mediocre.
Les resultats tendent a montrer que la reglementation des activites bancaires a unimpact significatif sur l’exces de risque dans les banques des pays emergents etudies.
L’environnement reglementaire semble a la fois influencer l’exces de risque, mais
egalement s’adapter au comportement de prise de risque du banquier. La discipline
reglementaire semble efficace, limitant ainsi les incitations a l’exces de risque.
L’impact de l’environnement reglementaire et institutionnel sur l’exces
de risque
On discute desormais les resultats de la regression (1.2) en commentant l’impact
des differentes dimensions institutionnelles sur l’exces de risque dans l’ordre suivant :
etat de droit et origine du systeme juridique. On discute ensuite les coefficients des
variables dont les signes et/ou la significativite ont ete affectes par l’introduction des
facteurs institutionnels dans la regression - il s’agit des proxies de la regulation de
l’activite bancaire et de l’audit.
Parmi les indicateurs de protection des apporteurs de fonds (creanciers et action-
naires), la variable RULEOFLAW apparaıt comme l’indicateur le plus significatif et
le moins correle avec les autres variables du modele. Cela permet d’integrer une va-
riable sur l’etat de droit dans la regression et tester son impact sur l’exces de risque.
La variable FRENCHLEGSYS est introduite pour controler l’origine du systeme
juridique en vigueur.
Le signe du coefficient de la variable RULEOFLAW est negatif, indiquant que
l’exces de risque est reduit dans un etat de droit. L’impact d’un systeme juridique
base sur le droit francais (de type Civil Law ) (FRENCHLEGSYS) reduirait l’exces
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de risque. Suivant LaPorta et al. (1998), le systeme juridique francais est plus porte
sur les droits de l’Etat. Dans ce cadre, les interets des creanciers sont moins bien
proteges, ce qui accroıt la discipline de marche qu’ils exercent, reduisant ainsi les
incitations a l’exces de risque du banquier.On observe un changement de signes ou de significativite de certains coefficients
apres l’introduction des variables controlant la qualite des institutions. Tout d’abord,
le coefficient de la variable PROHIBEXTERNLOAN devient non significatif (et ne-
gatif ), ce qui suggere que ce type de reglementation demeure a un stage theorique,
sans que son application pratique soit assuree dans un cadre institutionnel mediocre.
Enfin, et c’est un des resultats les plus interessants, le signe du coefficient de la va-
riable croisee MISCMGTREPORT×LEGACTION devient negatif. Ce resultat sug-
gere que ce canal de la discipline reglementaire est efficace dans un environnement
institutionnel de qualite, dans lequel la menace d’action en justice du regulateur a
l’encontre des auditeurs pour negligence peut etre mise en place de maniere efficace
et credible. Cette menace influence a son tour la qualite des rapports d’audit sur
les pratiques de mauvaise gestion dans les banques. L’environnement institutionnel
affecte donc l’environnement reglementaire, et peut contribuer a l’efficacite de ce
dernier.
L’impact de l’exces de risque sur la defaillance bancaire
On a ensuite effectue deux regressions du modele logit de la defaillance bancaire
(equation (1.2)) en integrant la valeur estimee de IRISK obtenue, ainsi que d’autres
facteurs de risque (suivant une typologie CAMEL)30 - regressions (2.1) et (2.2).
Le tableau 1.6 presente les resultats de ces regressions : deux regressions bench-
mark et deux regressions integrant dans les facteurs de risque explicatifs de la proba-
30On a introduit une variable muette egale a 1 lorsque le defaut a eu lieu durant la crise asiatiquede 1997. Elle s’avere non significative.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
bilite de defaillance les indicateurs d’exces de risque estimes par les equations (1.1)
et (1.2) respectivement.
Tout d’abord, on observe une bonne qualite des modeles, comme en temoignent
les statistiques du Chi-2 et les taux de reclassement des defauts.Un premier resultat concerne les indicateurs d’exces de risque IRISK qui sont
conformes aux attentes, avec des coefficients significativement positifs. Le comporte-
ment de prise de risque du banquier a bien une influence positive sur la probabilite
de defaut. On trouve ensuite, que les variables proxies des facteurs de risque portant
sur la capitalisation (EQUTOTLOANS), la qualite de la gestion (PERSEXPENSE),
la rentabilite (NETINTMARGIN) et la liquidite (LIQUIDASSETS et TOTLOANS-
TOTDEP) sont significatives avec des signes coherents. Ainsi, par exemple, une
couverture des prets par du capital plus importante a un impact negatif sur la pro-
babilite de defaut de la banque. Par ailleurs, une banque qui genere une marge
nette importante reduit son risque de faillite. Enfin, une part d’actifs liquides plus
importante reduit egalement ce risque de defaut.
En terme d’elasticites moyennes31, on observe par exemple, qu’un accroissement
de 1% de la marge nette (NETINTMARGIN) reduit la probabilite de defaut de 27.6%
et de 35.5% respectivement pour les equations (2.21) et (2.22). Un accroissement de
1% de la part de des actifs liquides (LIQUIDASSETS) reduit la probabilite de defaut
de 35.3% et 37.8% respectivement pour les equations (2.21) et (2.22). L’elasticite de
l’indicateur d’exces de risque IRISK est plus faible que celle des autres facteurs de
risque dans les equations (2.21) et (2.22). Pour un accroissement de 1% de IRISK ,
la probabilite de defaut augmente respectivement de 7.4% et 8.3%.
31Il s’agit de l’elasticite au point moyen de la probabilite de l’evenement DEFAUT = 1 parrapport a un facteur de risque. Elle permet de repondre a la question suivante : quel est l’impactmoyen de la variation d’un facteur de risque sur p(DEFAUT = 1) ? (Thomas, 2000).
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Tab. 1.6 – Resultats des estimations de l’equation (1.2)
Variables (2.21) benchmark ε estimation ε benchmark ε e
INTERCEPT 0.534 0.642 −0.055
(1.645) (1.698) (1.623) EQUTOTLOANS −0.017∗∗∗ −0.095 −0.014∗∗∗ −0.074 −0.018∗∗∗ −0.119
(0.003) (0.003) (0.004) IRISK 0.216∗∗∗ 0.136 0.263∗∗∗ 0.218
(0.01) (0.013)IRISK (1.1)a 1.032∗∗∗ 0.072(0.007)IRISK (1.2)b
PERSEXPENSE −0.004 − −0.005∗ − 0.002 −
(0.003) (0.003) (0.003) NETINTMARGIN −0.156∗∗∗ −0.302 −0.145∗∗∗ −0.276 −0.174∗∗∗ −0.36(0.014) (0.012) (0.014)
LIQUIDASSETS −0.056∗∗∗ −0.377 −0.055∗∗∗ −0.355 −0.049∗∗∗ −0.426(0.0001) (0.001) (0)
TOTLOANSTOTDEP −0.013∗∗∗ −0.326 −0.014∗∗∗ −0.319 −0.011∗∗∗ −0.341(0.001) (0.002) (0.001)
Ndef. 56 56 49 N 727 727 704 Chi-2 56.79∗∗∗ 57.44∗∗∗ 52.22∗∗∗
Log V −168.95 −168.63 −151.73
Mc Fadden R2 14.39 14.72 14.67 Tx reclas. def. 76.8 82.1 73.5
ε : elasticites moyennes. ∗∗∗ et ∗ : coefficient significatif au seuil de 1% et 10% resp. Les ecarts-types figurent
Ndef. : nombre de defauts. N : nombre d’observations. Log V : logvraisemblance. Tx reclas. def. : taux de reca : IRISK (1.1) estime par l’equation (1.1), b : IRISK (1.2) estime par l’equation (1.2).
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
En observant les taux de reclassement des defauts, on remarque que ceux-ci sont
sensiblement meilleurs lorsqu’on utilise l’approche en deux etapes, avec l’introduc-
tion de l’estimation de l’exces de risque
IRISK de l’equation (1), particulierement
pour la specification qui integre des facteurs reglementaires et institutionnels (75%pour (2.21) et 77.6% pour (2.22))32, que ceux issus du benchmark (76.8% pour (2.21)
et 73.5% pour (2.22)).
1.5 Conclusion
Dans ce chapitre on utilise un modele logit en deux etapes pour etudier l’impact
de l’environnement reglementaire, juridique et institutionnel sur l’exces de risque, et
le lien entre celui-ci et la defaillance bancaire. En utilisant des donnees de banques
des pays emergents et des donnees sur les institutions dans ces memes pays, on
verifie que la prise de risque de credit dans la banque est influencee par les caracte-
ristiques de l’environnement reglementaire, juridique et institutionnel du pays dans
lequel operent les banques, et que l’exces de risque qui peut en resulter amplifie la
probabilite de defaut de la banque.Cet environnement exerce un effet significatif sur l’exces de risque. L’impact de la
reglementation sur l’exces de risque, particulierement des mecanismes de regulation
de l’activite et du capital bancaire, ainsi que la discipline reglementaire, s’avere de
premiere importance. L’efficacite de l’etat de droit apparaıt comme une dimension
cruciale de l’environnement juridique et institutionnel d’un pays.
L’integration d’un indicateur de l’exces de risque issu de cette modelisation per-
met, en controlant les variables de capitalisation, de rentabilite et de liquidite, une
meilleure explication et discrimination de la probabilite de defaillance a un an de
banques dans les pays emergents. En outre, cet indicateur d’exces de risque qui est
32Au taux de defaillance de l’echantillon, compris entre 6% et 8%.
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Chap. 1. Le role de l’environnement reglementaire, legal et. . .
fonction de l’environnement reglementaire et institutionnel a un impact significati-
vement positif sur la probabilite de defaut de la banque.
Ce chapitre montre l’avantage d’un modele en deux etapes. Les determinants de
l’exces de risque sont a la fois internes et externes, particulierement dans les paysemergents. On demontre ainsi l’importance des institutions dans le controle de la
prise de risque et donc du risque de defaillance bancaire33.
33L’extension de cette methodologie en deux etapes a l’etude des determinants des ratings debanques confirme ou complete les resultats obtenus dans ce travail (Godlewski, 2004b).
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Chapitre 2
La coherence des ratings avec la
probabilite de defaillance des
banques dans les pays emergents
Sommaire
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
2.2 Systemes de rating . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
2.3 Methodologie et donnees . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
2.4 Resultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
2.1 Introduction
Les ratings d’agences1 peuvent-ils etre consideres comme de bons indicateurs du
risque de defaut des emetteurs2 ? Le consensus sur la capacite du rating a vehiculer
de l’information supplementaire a celle inherente aux donnees financieres disponibles
sur le marche tend a se deteriorer (voir Ederington et al., 1987 ; Reiter et Zeibart,
1991 ; Hand et al., 1992 ; Helwege et Turner, 1999). En outre, une etude empirique
de la fragilite bancaire en Asie du Sud-Est par Bongini et al. (2002) demontre que
parmi un ensemble d’indicateurs (donnees de bilan, de marches et ratings), les ratings
presentent le pouvoir predictif et discriminatif le plus faible.
Pourtant, la specificite du rating comme moyen de diffuser une information syn-
thetique est d’une grande utilite pour les investisseurs comme pour les regulateurs,
dans la mesure ou il favorise la discipline de marche. Les ratings sont supposes four-
nir une mesure de la probabilite de defaillance de la contrepartie, qu’il s’agisse d’une
entreprise industrielle ou d’une banque. Leur role est sans doute encore plus fonda-
mental dans les pays emergents, ou l’environnement reglementaire et institutionnel
tend a creer des incitations a l’exces de risque, qu’il est necessaire de contrarier avec
une discipline de marche plus efficace (Rojas-Suarez, 2000, 2001).
La coherence des ratings de banques avec les probabilites de defaut est donc
fondamentale dans ce contexte, puisqu’elle contribue a la creation d’incitations a
la prudence en matiere de prise de risque pour la banque. Si le rating est coherent
avec le risque de defaut, il constitue un signal fiable de la solidite de la banque, ce
1Voir Raimbourg (1990) pour une description detaillee du fonctionnement des agences de nota-tions.
2Ce chapitre est adapte de Godlewski (2004a), qui a fait l’objet d’une presentation a la 21e
Conference Internationale de l’Association Francaise de Finance, Universite Cergy-Pontoise, juin2004 et au Seminaire International de Finance Francophone, septembre 2004, Institut d’EtudesPolitiques de Strasbourg.
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
qui permet au marche d’exercer avec une plus grande transparence son pouvoir de
discipline. Le banquier est alors incite a adopter un comportement plus prudent,
puisque tout exces de risque se traduit par un accroissement de la probabilite de
defaut et une degradation du rating. Dans le contexte bancaire, cela est d’autantplus crucial compte tenu de l’opacite, particulierement de la valeur des actifs, comme
le demontre Morgan (2002) en etudiant les differences de ratings de Moody’s et
Standard & Poor’s.
Les travaux portant sur le role et l’influence des ratings constituent un courant
important. On peut scinder ces travaux en plusieurs thematiques, notamment la
comprehension des transitions de ratings, les determinants ainsi que la stabilite des
notations, et les relations entre ratings et informations de marche.
En premier lieu, on peut citer, entre autres, des etudes visant a construire des
modeles de rating (Pinches et Mingo, 1975 ; Kaplan et Urwitz, 1979 ; Ederington et
al., 1987 ; Brister et al., 1994), ou bien a comparer les differents ratings existants
(Cantor et Packer, 1995, 1996; Jewell et Livingston, 1999; Shin et Moore, 2003).
En second lieu, il existe egalement une litterature importante sur le role de sur-
veillance et de discipline des agences de rating (Berger et al., 2000 ; DeYoung et al.,
2001 ; Bliss et Flannery, 2002 ; Krainer et Lopez, 2004, par exemple). En effet, les
ratings, en particulier de banques, constituent egalement un outil de surveillance
prudentielle que les regulateurs peuvent utiliser comme signal de la fragilite de l’eta-
blissement dans les pays emergents. En s’appuyant sur ce type d’information, les
regulateurs dans ces pays peuvent mieux cibler les examens sur site et d’autres ac-
tions de surveillance, afin d’instaurer une forme de discipline reglementaire visant a
reduire les incitations a l’exces de risque.
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
En dernier lieu, la litterature sur la modelisation du defaut, qui s’est considera-
blement developpee ces 35 dernieres annees, a partir des travaux pionniers de Beaver
(1966), d’Altman (1968) et Altman et al., (1977), est egalement abondante.
Recemment, certains travaux se sont penches sur la coherence des notes desagences avec un modele de defaut (Carey et Hrycay, 2001). Leurs resultats mettent
en evidence une coherence satisfaisante des ratings avec des probabilites de defaut
obtenues a partir d’un modele de score simple, mais mettent egalement en evidence
certains problemes lies au biais, a l’instabilite et a la manipulation. Dans le meme
esprit, Guttler (2004) et Kramer et Guttler (2003) comparent la precision de la
prediction du defaut des ratings Standard & Poor’s et Moody’s pour un ensemble
d’emetteurs, toutes industries et tous pays confondus. Leurs resultats sont concluants
quant a la capacite predictive de ces ratings. Mais peu de travaux se sont attaches a
analyser la coherence des ratings d’agence avec la probabilite de defaut dans le cas
des banques, et plus encore des banques des pays emergents.
L’objectif de ce chapitre est d’etudier la coherence des ratings d’agence, en l’oc-
currence ceux de Moody’s, avec les resultats d’un modele de defaut des banques
applique aux pays emergents. Dans cette perspective, la methodologie de scoring et
de mapping proposee par Carey et Hrycay (2001) est mise en oeuvre.
Le chapitre est organise de la maniere suivante. Une revue de litterature succincte
portant sur les systemes de ratings de banques est proposee dans la section 2.2. La
section 2.3 presente la methodologie et les donnees employees. Les resultats et leur
discussion figurent dans la section 2.4. La section 2.5 conclue ce chapitre.
2.2 Systemes de rating
D’apres Crouhy et al. (2001), un systeme de rating est base sur une evaluation a
la fois quantitative et qualitative de la solvabilite d’une entreprise. La decision finale
94
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
quant a l’attribution du rating est fondee sur des analyses economiques et finan-
cieres, ainsi que sur le jugement et l’experience de l’agent en charge de la notation.
Les documents financiers, la qualite du management, la competitivite, les elements
macroeconomiques, sectoriels et conjoncturels contribuent a l’elaboration de la note.Les ratings d’agences peuvent s’apparenter a des signaux informatifs quant a la pro-
babilite de defaut de la banque. En effet, un des principaux objectifs des ratings
est de vehiculer de l’information sur la capacite d’un emetteur a faire face a ses
engagements. Sa note constitue un indicateur synthetique de la distance au defaut
et, plus generalement, du risque de defaut. Cette definition est completee par Ferri
et al. (1999), qui met en avant le role preponderant des agences de rating sur les
marches financiers, en produisant de l’information pour les differents acteurs qui s’y
rencontrent, contribuant a la discipline de marche et a la reduction de l’asymetrie
d’information. La notation determine en grande partie le taux d’interet exige par
le marche en contrepartie de la prise de risque, ainsi que le nombre d’investisseurs
potentiels.
Les marches financiers et bancaires sont plus opaques dans les pays emergents
(Allen et Gale, 2000). Dans ce contexte, le rating a d’autant plus d’importance
et de valeur3. De plus, l’environnement reglementaire, legal et institutionnel peut
non seulement amplifier les problemes lies a l’opacite, mais egalement contribuer a
l’apparition d’incitations a l’exces de risque dans les banques (Rojas-Suarez, 2000,
2001). Le poids du rating dans la decision d’un investisseur sera alors d’autant plus
important. La disponibilite d’un rating fournit en effet une meilleure visibilite pour
les investisseurs, en particulier etrangers.
3Notons que Kraussl (2005) trouve que les modifications du rating souverain influence la stabilitefinanciere des pays emergents.
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
On peut distinguer plusieurs axes significatifs dans le domaine des recherches sur
le rating4.
En premier lieu, on peut citer les travaux traitant des matrices de transitions des
ratings (Nickell et al., 2000 ; Lando et Skodeberg, 2002 ; Christensen et al., 2004 ;Lucas et Klaassen, 2005). Celles-ci sont de premiere importance pour plusieurs rai-
sons : l’allocation de fonds propres pour couvrir la Value at Risk calculee a partir de
modeles de risque de credit utilisant les ratings comme inputs necessite la connais-
sance de la distribution future des ratings ; les evenements de defaut etant rares et les
historiques des ratings etant relativement courts, la comprehension des transitions
des ratings apporte des connaissances utiles pour l’extrapolation des probabilites de
defauts predites ; enfin, les transitions de rating eclairent egalement les proprietes et
les facteurs explicatifs des ratings5. Par exemple, Nickell et al. (2000) trouvent que
les facteurs tels que le secteur d’activite, la domiciliation et le cycle des affaires ont
une influence significative sur la probabilite de transition des ratings Moody’s6.
Les determinants et la stabilite des ratings constituent un autre axe de recherche
important (Kaplan et Urwitz, 1979 ; Ederington et al., 1987), dans la mesure ou les
acteurs du marche utilisant les notations sont soucieux d’un rating stable a travers
le cycle de credit. Altman et Rijken (2004) comparent, par exemple, les transitions
observees avec celles calculees par un modele de score et un modele de rating, avec
differents horizons temporels. Leurs resultats mettent en evidence une stabilite rela-
tive des ratings d’agence. Amato et Furfine (2004) trouvent egalement que le rating
4La litterature sur le rating interne dans la banque n’est pas abordee dans cette section. Onrenvoie le lecteur aux contributions de Machauer et Weber (1998) et Treacy et Carey (2000) portantsur ce sujet.
5Soulignons que les matrices de transition constituent un input important de la tarification desderives de credit.
6Notons que Jafry et Schuermann (2004) demontrent que le choix de la methode d’estimationdes matrices de transition influencent les resultats obtenus.
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
est peu sensible aux variables correspondant au cycle des affaires7. La comparaison
des notations de differentes agences est egalement un champ de recherche important
(Jewell et Livingston, 1999; Shin et Moore, 2003).
L’utilisation des ratings comme outil de gouvernance est egalement un axe inte-ressant, dans la mesure ou la note peut conditionner les regles d’investissement de la
firme. Loffler (2004) trouve, par exemple, que ce type de regles permet de reduire la
volatilite des investissements, en comparaison avec des mecanismes de gouvernance
basees sur des indicateurs de marche.
En outre, un axe vivement debattu aborde l’etude des relations entre les ratings,
les prix et les variations des prix des actifs, ainsi que les spreads. En general, les
resultats mettent en evidence une relation negative entre le rating et le spread. Il en
est de meme pour la relation avec les informations de marche, particulierement les
prix des actifs (Elton et al., 2001 ; Hubler et Raimbourg, 2001 ; Hull et al., 2004).
Enfin, notons qu’il existe une litterature abondante relative a l’etude de la capa-
cite informationnelle des ratings emis par le regulateur et des indicateurs des marches
financiers (Berger et al., 2000 ; DeYoung et al., 2001 ; Bliss et Flannery, 2002 ; Krai-
ner et Lopez, 2004). Les resultats restent mitiges, avec comme conclusion principale
l’existence d’une complementarite entre l’information du regulateur et du marche.
Le regulateur disposerait d’une information plus precise et contribue ainsi a accroıtre
la discipline de marche.
7Neanmoins, cette stabilite peut etre un inconvenient lorsque le rating integre les nouvellesinformations sur la situation de l’emetteur avec un retard trop important, qui est alors prejudiciablea la capacite informationnelle de la notation (Loffler, 2005).
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
2.3 Methodologie et donnees
2.3.1 Methodologie
Carey et Hrycay (2001) ont ete les premiers a etudier empiriquement les proprie-
tes des deux principales methodes d’estimation des probabilites de defaut associees
aux ratings. Ces deux methodes sont le mapping et le scoring . Elles sont presentees
dans la suite de cette sous-section.
Carey et Hrycay (2001) effectuent une etude approfondie, amenant un nombre
important de resultats. Plusieurs sources de problemes sont etudies. Les problemes de
biais, qu’ils soient mecaniques (lies a l’assignation d’une contrepartie a une categorie
de rating particuliere) ou informationnels (agregation de contreparties ayant des
profils de risque individuels differents), sont relativement importants, sachant que les
methodes d’estimation des probabilites de defaut basees sur les moyennes semblent
plus performantes pour les categories de rating de mauvaise qualite, alors que les
methodes basees sur les medianes semblent plus adaptees aux ratings de bonne
qualite. La stabilite des deux methodes est egalement mise en evidence. Les auteurs
soulignent que la stabilite depend du point dans le temps utilise et de la periode
etudiee. La methode de scoring presente ici un avantage indeniable puisqu’elle peut
etre facilement ajustee a un point dans le temps donne. Enfin, les problemes de
manipulation (ou gaming ) sont egalement abordes, et peuvent porter prejudice a
la qualite des estimations si plusieurs agents sont impliques dans le processus de
notation.
On expose desormais la methodologie adoptee dans la suite de ce chapitre
8
.Appliquee a une base de donnees de banques pour lesquelles on dispose d’un rating,
et de donnees financieres, ainsi que d’information sur l’existence ou l’absence de
8On suit ici la methodologie de scoring et de mapping proposee par Carey et Hrycay (2001).
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
defaut, elle consiste a construire, dans un premier temps, un modele logit pour
estimer des probabilites de defaut. Dans un second temps, la methodologie utilise
la distribution de ces probabilites de defaut pour construire des classes de rating
simulees, et finalement confronter celles-ci aux classes de rating d’agence et a leursprobabilites de defaut historiques sous-jacentes. Cette methodologie formalise les
relations entre les probabilites de defaut produites par le systeme de ratings et les
probabilites de defaut issues de la modelisation.
On suppose que chaque emetteur i est caracterise a l’instant t par sa distance
au defaut Dit ainsi que par la volatilite de cette distance V it. En t, la probabilite de
defaut (non observee) a l’horizon de n annees, notee P nit correspond a la probabilite
que Dit tombe a 0 durant la periode [t, t + n], l’emetteur est dans ce cas en defaut.
L’objectif d’un systeme de ratings consiste ici essentiellement a mesurer le risque
de defaut a l’horizon de n annees grace a l’agregation de l’information sur D et
V en une estimation de la probabilite de defaut P rnit = f (Dit, V it) et grace a une
echelle de notation qui specifie la classe Gnit associee a chaque valeur de P rnit9. Sous
l’hypothese que P rnit mesure P nit, tous les emetteurs d’une meme classe de rating ont
des P nit dont les valeurs sont comprises a l’interieur des intervalles des probabilites
de defaut qui delimitent la classe de rating. Cependant, l’attribution d’un rating fait
intervenir le jugement humain. De ce fait, P rnit demeure implicite et non observable.
La quantification de la probabilite de defaut moyenne par classe de rating necessite
l’obtention des estimations des probabilites de defaut individuelles des emetteurs
P qnit. Dans la pratique, les probabilites de defaut estimees moyennes par classe de
rating sont utilisees.
La quantification des classes de rating peut s’operer en utilisant deux approches.
La premiere consiste a estimer les probabilites de defaut individuelles en utilisant
9L’exposant r correspond a la classe de rating.
99
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
un modele statistique, tel un modele de score, afin de calculer la probabilite de
defaut moyenne correspondante a la classe de rating. La deuxieme approche est la
methode de mapping. Dans le cadre de celle-ci, on peut recourir a la methode du
rating de l’emprunteur median. Celle-ci se decompose en deux etapes : l’egalisationde chaque classe de rating simulee a une classe de rating d’agence de notation, puis
l’utilisation du taux de defaut moyen correspondant a la classe de rating d’agence
comme estimateur de la probabilite de defaut moyenne du systeme de rating simule.
Dans ce travail, les deux approches de quantification des ratings sont appliquees
afin d’etudier la coherence d’un rating de banque de Moody’s avec les resultats
d’un modele de defaut. L’objectif consiste a tester si ces ratings signalent de fa-
con coherente la probabilite de defaut de la banque, et remplissent ainsi leur role
informationnel.
Cette methodologie se decompose en cinq etapes :
Etape 1. Afin d’estimer des probabilites de defaut, un modele logit est applique10.
Ces probabilites sont notees ˆ pD et correspondent aux probabilites de defaut
individuelles a l’horizon d’un an des banques de pays emergents dans l’echan-
tillon. La fonction de scoring est definie selon l’equation suivante :
DEFAUT = α + Y ′i β + εi,
avec p(DEFAUT ) = expv
1+expv , v = α + Y ′i β + εi, Y ′i correspondant au vecteur
des facteurs de risque, le residu εi ayant une distribution logistique de moyenne
0 et de variance Π2
3 .
Etape 2. A partir de la distribution des probabilites ˆ pD, on cree des classes de
rating simulees. L’intervalle [0,1] des ˆ pD est decoupe suivant les resultats des
rapports Moody’s (Carey et Hrycay, 2001 ; Hamilton et al., 2004), ce qui permet
10Voir Maddala (1983) pour une description detaillee des modeles logit.
100
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
d’attribuer un rating a chaque banque. Une echelle ordinale du risque de defaut
est obtenue.
Etape 3. Les statistiques descriptives suivantes sont calculees : les moyennes et
medianes des probabilites estimees ˆ pD, de meme que les taux de defaillance
observes par classe de rating simulee.
Etape 4. Les memes statistiques descriptives relatives aux ˆ pD et aux taux de defaut
par classe de rating Moody’s sont evaluees.
Etape 5. On procede au mapping des classes de rating simulees, construit a partir
de la distribution des probabilites de defaut individuelles estimees par le modele
de score, avec les classes de rating Moody’s. En confrontant les taux de defaut
historiques correspondants au rating median a ceux observes dans l’echantillon,
par classe de rating simulee, on peut affiner l’etude de la coherence des ratings
avec le risque de defaut. Celle-ci est satisfaisante si la distribution des ratings
concorde avec celle du rating simulee.
2.3.2 Donnees
Moody’s Investors Service a lance en 1995 un nouveau type de rating de banques :
le Bank Financial Strength Rating (BFSR). Le BFSR represente l’opinion de Moody’s
sur la solidite financiere interne d’une banque. D’apres cette agence, les determinants
de ce rating sont differents des ratings traditionnels produits par Moody’s (obliga-
tions, depots bancaires, credits, titrisation, etc.). Ce service est disponible pour des
etablissements de plus de 50 pays a travers le monde. Les classes de rating du BFSR
s’etendent de A (meilleure note) a E (moins bonne note). Le BFSR est produit a
l’issue d’une analyse financiere et d’une evaluation subjective de l’analyste. Ce type
de rating est disponible sous forme sollicitee ou non. Le BFSR peut s’apparenter a
101
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
une evaluation de la probabilite de defaut de la banque, puisqu’il vise a quantifier le
niveau de fragilite de l’etablissement en question.
Par ailleurs, on utilise la base Bankscope de Fitch IBCA pour extraire les in-
formations comptables des banques de pays emergents, y compris les etablissementsdefaillants. L’etude porte sur la periode 1998 −2002. La base de banques defaillantes
est identique a celle presentee et utilisee dans le chapitre 211.
On utilise l’echantillon de donnees decrit dans le chapitre 2, augmente des banques
provenant des pays d’Europe de l’Est. On retient les etablissements disposant du ra-
ting BFSR de Moody’s, ce qui reduit sa taille. L’echantillon final est compose de
483 banques des pays emergents des zones d’Europe de l’Est, d’Asie du Sud-Est et
d’Amerique Latine, dont 68 en defaut12.
Les definitions des ratings Moody’s sont fournies dans le tableau 2.113.
2.4 Resultats
Le modele logit utilise comporte cinq variables proxies des principaux facteurs
de risque mis en avant dans la litterature (voir Demirguc-Kunt, 1989a), et ayant unimpact significatif sur la probabilite de faillite de la banque14.
Ces facteurs de risque recouvrent selon la typologie CAMEL les dimensions sui-
vantes : l’adequation du capital au total bilan (EQUTOTASSETS = Fonds Propres
/ Total Bilan ), la qualite des actifs bancaires - la couverture des prets non per-
formants par les provisions (LLOSSRESNPL = Provisions pour Pertes sur Prets /
11Rappelons qu’une banque est consideree comme defaillante lorsqu’elle fait l’ob jet des proce-
dures suivantes : sous-administration, agrement bancaire suspendu ou revoque, en liquidation, ouen faillite.12Voir tableau B.1 en annexe B.13On ne dispose pas de banques notees A dans notre echantillon puisque ce type d’etablissement
est tres rare dans les pays emergents.14Le choix des variables s’appuie sur les resultats de Godlewski (2004d). Les facteurs de risque
selectionnes sont ceux dont le pouvoir explicatif et discriminant est le plus important.
102
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
Tab. 2.1 – Definition et frequences des classes de rating Moody’s BFSR
BFSR Frequence DefinitionA 0 Force financiere intrinseque exceptionnelle. Etablissements
majeurs avec des valeurs de franchise elevees, des fonda-
mentaux financiers solides et un environnement operationnelstable et tres attractif.
B 12 Force financiere intrinseque importante. Etablissementsd’importance avec des valeurs de franchise de qualite, de bonsfondamentaux financiers, et un environnement operationnelattractif et stable.
C 57 Bonne force financiere intrinseque. Valeur de franchise dequalite, des fondamentaux financiers acceptables dans unenvironnement operationnel stable, ou des fondamentaux fi-nanciers superieurs a la moyenne dans un environnement in-
stable.D 237 Force financiere adequate. Valeur de franchise vulnerable,fondamentaux financiers faibles, un environnement opera-tionnel instable.
E 177 Force financiere intrinseque tres faible. Necessite un soutienexterne periodique. Valeur de franchise douteuse, fondamen-taux financiers deficients, un environnement operationnel for-tement instable.
Source : Moody’s Investors Service, Global Credit Research , et Poon et al. (1999).
Prets Non Performants ), la qualite de la gestion de la banque (PERSEXPENSE
= Charges de Personnel / Charges d’Exploitation ), la rentabilite (NETINTMAR-
GIN = Marge d’Interets Nette), et la liquidite des actifs (LIQUIDASSETS = Actifs
Liquides / Total Bilan ). On controle egalement la taille de la banque, en incluant
le logarithme de la valeur du total bilan dans le modele (LOGTOTASSET). Les
statistiques descriptives sont presentees dans le tableau 2.2.
Ces resultats amenent plusieurs commentaires. Les valeurs des variables de capi-
talisation (EQUTOTASSETS), de provisions des prets douteux (LLOSSRESNPL),
de depenses de personnel (PERSEXPENSE), de marge beneficiaire (NETINTMAR-
GIN), et d’actifs liquides (LIQUIDASSETS) dans les banques defaillantes sont net-
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
Tab. 2.2 – Statistiques descriptives des variables explicatives du modele de defautde la banque
Variable N moyenne ecart-type min. max.Defaillantes
EQUTOTASSETS 68 0.09 21.68 −120.92 28.26LLOSSRESNPL 68 30.03 31.13 7.74 114.91PERSEXPENSE 68 24.44 11.27 7.02 96.85NETINTMARGIN 68 0.65 9.45 −52.99 3.78LIQUIDASSETS 68 16.82 8.59 5.16 39.09LOGTOTASSET 68 16.32 0.83 13.58 17.38
Non defaillantesEQUTOTASSETS 415 9.96 6.39 −4.49 59.55LLOSSRESNPL 415 101.33 93.46 5.25 765.62PERSEXPENSE 415 35.47 15.64 7.02 96.85
NETINTMARGIN 415 5.89 6.21 −16.95 31.72LIQUIDASSETS 415 30.92 15.41 5.03 73.79LOGTOTASSET 415 15.47 1.15 12.5 18.09
N : nombre d’observations. min. et max. : minimum et maximum.
Source : Bankscope.
tement inferieures en moyenne aux valeurs de ces memes variables pour les etablis-
sements solvables. Par contre, la taille des banques est en moyenne equivalente pour
les etablissement defaillants et non defaillants.
Dans la suite de cette section sont presentes les resultats des cinq etapes de la
methodologie decrites precedemment.
Etape 1
Les resultats du modele de defaut incorporant les facteurs de risques sont donnes
dans le tableau 2.3.
Les coefficients significatifs et ayant des signes attendus, conformement aux re-
sultats obtenus dans la litterature empirique existante (voir Demirguc-Kunt, 1989a),
sont associes aux variables EQUTOTASSETS, LLOSSRESNPL, PERSEXPENSE,
NETINIMARGIN, et LIQUIDASSETS. Une bonne capitalisation, une couverture
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Tab. 2.3 – Resultats du modele logit de defaut de la banque
VariablesINTERCEPT −5.221∗
(2.84)
EQUTOTASSETS −0.231∗∗∗
(0.07)LLOSSRESNPL −0.019∗∗∗
(0.01)PERSEXPENSE 0.02
(0.01)NETINTMARGIN −0.192∗∗∗
(0.01)LIQUIDASSETS −0.06∗∗∗
(0.01)
LOGTOTA 0.453∗∗∗
(0.11)Ndef. 68N 478LR 175.97∗∗∗
Log V −107.54Tx reclas. def. 88.2Tx reclas. non def. 83.7∗∗∗ et ∗ : coefficient significatif au seuil de 1% et 10%.
Les ecarts-types figurent entre parentheses.
Ndef. : nombre de defauts, N : nombre de banques.
Log V : logvraisemblance, LR : ratio de vraisemblance.
Tx reclas. def. : Taux de reclassement des defauts.
Tx reclas. non def. : Taux de reclassement des non defauts.
importante des prets non performants par les provisions, une part de depenses de
personnel importante, une bonne marge beneficiaire, et une part d’actifs liquides re-
lativement eleve dans le total bilan sont des facteurs qui reduisent la probabilite de
defaut de la banque. Les proprietes du modele sont bonnes, comme en temoignent
le taux de reclassement des defauts, proche de 90% et celui des non-defauts, proche
de 85%15.
15Au taux de defaillance de l’echantillon, soit 14%.
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
Etape 2
L’intervalle des probabilites estimees par le modele logit est decoupe en classes
en suivant les rapports de Moody’s (Carey et Hrycay, 2001 ; Hamilton et al., 2004).
Toutefois, on agrege les probabilites en quatre classes puisqu’on travaille sur desratings BFSR renseignes sur quatre classes seulement dans notre echantillon (res-
pectivement B, C, D et E). Le decoupage agrege de la distribution des probabilites
de defaut estimees est decrit dans le tableau ci-dessous.
ˆ pD classe simulee
< 0.0025 1
[0.0025, 0.01[ 2
[0.01, 0.05[ 3
≥ 0.05 4
La distribution des probabilites de defaut ainsi estimees est utilisee pour construire
un systeme de rating simule, en decoupant l’intervalle des probabilites estimees en
quatre classes16.
Etape 3
En utilisant les probabilites de defaut estimees moyennes et medianes, on quan-
tifie chaque classe de rating simulee, et on compare les probabilites de defaut avec
les taux de defaut observes par classe de rating simulee. Les resultats sont presentes
dans le tableau 2.4.
En premier lieu, une liaison monotone entre les probabilites de defaut moyenne
et les taux de defaut observes par classe de rating simulee est mise en evidence.
Les probabilites de defaut estimees moyennes sont relativement coherentes avec les
taux de defaut observes, particulierement pour la classe 4 la plus risquee, avec une
16Le nombre d’observations par classe de rating simulee est (par ordre croissant du rating) : 116,64, 108, 190.
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Tab. 2.4 – Moyennes et medianes des probabilites estimees et des taux de defaut par cl
classes moy. med. s.e. tx nb. s.e. lim. inf. lim. sup. lˆ pD ˆ pD ˆ pD def. def. tx def. I.C. ˆ pD I.C. ˆ pD I.C
1 0.000617 0.000277 0.0007 0 0 0 0.000492 0.000743 2 0.005808 0.005237 0.0022 0 0 0 0.005261 0.006354
3 0.022789 0.021318 0.0114 0.046296 6 0.2111 0.020617 0.02496 4 0.34261 0.279663 0.2524 0.326316 62 0.4701 0.306483 0.378736
La probabilite de defaut estimee par le modele logit est notee ˆ pD. moy. : moyenne, med. : mediane, s.e. :
taux de defaut, nb. def. : nombre de defauts, lim. inf. et lim. sup. de l’I.C. : limite inferieure et superieure
de confiance a 95%. Compte tenu du nombre d’observations reduit par classe de rating (simulee et d’agen
des limites de l’intervalle de confiance exact sous l’hypothese de distribution binomiale des proportions.
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
probabilite de defaut estimee moyenne a 34.26% et un taux de defaut observe a
32.63%. Par contre, cette coherence est faible pour les classes 1 et 2 ou il y a absence
de defauts observes. Les moyennes et les medianes des probabilites de defaut estimees
sont tres proches. Pour les classes comportant des defauts, les probabilites de defautmoyennes appartiennent toutes a l’intervalle de confiance a 95%, ce qui contribue a
valider le degre de coherence. On observe egalement des ecarts-type de la moyenne de
ˆ pD croissants avec les classes de rating, inferieurs aux ecarts-type du taux de defaut
observe correspondants. On obtient de cette maniere une mesure de l’homogeneite
du risque de defaut par classe de rating, celle-ci n’etant pas forcement garantie
par le systeme de notation (simule et d’agence) (voir Blochwitz et Holh, 2001, par
exemple). Enfin, on remarque que, hormis pour les classes 1 et 2 sans defaut observe,
les intervalles de confiance a 95% de la probabilite de defaut estimee et du taux de
defaut observe se croisent.
Etape 4
On procede ensuite a la quantification des classes de rating Moody’s par la me-
thode de scoring, a savoir au calcul des probabilites de defaut par classe de BFSR
en utilisant les probabilites de defaut individuelles issues du modele de score. On
presente les moyennes et les medianes des probabilites estimees par classe de rating
BFSR de Moody’s, de meme que les taux de defaut et les intervalles de confiance a
95% ainsi que les ecarts-type de ˆ pD et du taux de defaut au sein de chacune de ces
classes Moody’s dans le tableau 2.5.
Il est important de signaler que le rating devrait etre par nature acyclique
(“through the cycle”), alors que le modele logit estime des probabilites “point in
time”. Cependant, si ce modele de defaut permet d’estimer correctement des proba-
bilites de defaut individuelles des banques a l’horizon d’un an, il devrait egalement
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Tab. 2.5 – Moyennes et medianes des probabilites estimees et taux de defaut par class
BFSR moy. med. s.e. tx nb. s.e. lim. inf. lim. sup. ˆ pD ˆ pD ˆ pD def. def. tx def. I.C. ˆ pD I.C. ˆ pD I
B 0.03125 0.030338 0.0129 0 0 0 0.023062 0.039438 C 0.014895 0.007982 0.0209 0.036364 2 0.188919 0.009248 0.020543
D 0.074619 0.011019 0.1464 0.08547 20 0.280179 0.05576 0.093478 E 0.278786 0.15315 0.2852 0.259887 46 0.439817 0.236481 0.321092
La probabilite de defaut estimee par le modele logit est notee ˆ pD. moy. : moyenne, med. : mediane, s.e. :
taux de defaut, nb. def. : nombre de defauts, lim. inf. et lim. sup. de l’I.C. : limite inferieure et superieure
de confiance a 95%. Compte tenu du nombre d’observations reduit par classe de rating (simulee et d’agen
des limites de l’intervalle de confiance exact sous l’hypothese de distribution binomiale des proportions.
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
permettre d’estimer correctement les probabilites de defaut moyennes a l’horizon
d’un an par classe de rating BFSR de Moody’s17.
D’apres les resultats du tableau 2.5, on constate une coherence importante avec
les taux de defaut observes par classe de rating, hormis pour la classe B, ou les defautsobserves sont absents. On a ainsi des probabilites de defaut estimees moyennes a
1.49%, 7.46% et 27.88% pour les classes C, D, et E, avec des taux de defaut observes
correspondants a 3.63%, 8.55% et 25.99%. Ainsi, mise a part la classe B, toutes les
probabilites de defaut estimees moyennes appartiennent a l’intervalle de confiance a
95%. Par contre, sauf pour la classe la moins risquee - B - les divergences entre les
moyennes et les medianes des probabilites de defaut estimees sont consequentes. Les
ecarts-type de ˆ pD et du taux de defaut sont croissants avec les classes de rating BFSR,
avec des divergences moins importantes entre ces deux statistiques. On constate
egalement que les intervalles de confiance a 95% des ˆ pD et des taux de defaut se
croisent pour les classes de rating C, D et E, permettant de valider l’hypothese
d’egalite de ces deux variables.
Etape 5
Enfin, on utilise les probabilites de defaut (transition a un an d’un rating vers
le defaut) des classes de rating Moody’s afin de proceder au mapping des classes de
rating simulees au systeme Moody’s. Les resultats sont presentes dans le tableau 2.6.
Les taux de defaut historique correspondent aux taux de transition historiques
moyens vers la categorie Default a l’horizon d’un an sur la periode 1998 − 2002 pour
les pays emergents etudies18.
17Sachant que le pouvoir discriminatif du modele logit reste imparfait. Notons que le presenttravail ne vise pas a etudier l’impact de l’horizon temporel sur les performances du modele descore. C’est la une piste de recherche future. On renvoie le lecteur a l’etude d’Altman et Rijken(2004) pour ce type d’investigation. Ces auteurs montrent que les ratings d’agence presentent unestabilite de long terme, validant ainsi l’hypothese de notation a travers le cycle. La politique detransition prudente des ratings explique en grande partie cette stabilite.
18Source : Credit Risk Calculator , Moody’s Investor Services. On utilise les matrices de transitiondes ratings des emetteurs, excluant les ratings retires (withdrawn ratings), avec une correspondance
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
Tab. 2.6 – Calibrage des classes de rating simulees avec les classes de rating Moody’s
classes BFSR tx def. BFSR s.e. tx lim. inf. lim. sup.med. historique moy. BFSR def. I.C. tx def. I.C. tx def.
1 D 0.00693 3.03 0.625 0 0 02 D 0.00693 3.06 0.5876 0 0 03 D 0.00693 2.81 0.877 0.046296 0.0152 0.10474 E 0.1429 3.58 0.5735 0.326316 0.2602 0.3979
La probabilite de defaut estimee par le modele logit est notee ˆ pD. moy. : moyenne, med. :
mediane, s.e. : ecart-type, tx def. : taux de defaut, nb. def. : nombre de defauts, lim. inf.
et lim. sup. de l’I.C. : limite inferieure et superieure de l’intervalle de confiance a 95%.
Compte tenu du nombre d’observations reduit par classe de rating (simulee et d’agence),
on utilise des limites de l’intervalle de confiance exact sous l’hypothese de distribution
binomiale des proportions.
La derniere classe 4 correspond a la classe de rating Moody’s E. Par contre, les
trois premieres classes 1 − 3 correspondent au BFSR D. Une forme d’agregation de
l’information sur le risque de defaut par le rating Moody’s semble presente. On re-
marque egalement que les taux de defaut historique des rating Moody’s sur-estiment
les taux de defaut observes pour les classes moins risquees et sous-estiment les taux
de defaut observes pour les classes plus risquees. Meme pour la derniere classe 4, la
plus risquee, le taux de defaut historique a 14.29% est deux fois inferieur au taux de
defaut observe de 32.63%.
Enfin, le croisement entre les classes de rating simulees et les classes de rating
d’agence Moody’s est presente dans le tableau 2.7.
Ces resultats tendent a confirmer une tendance a l’agregation de l’information
dans des classes intermediaires de categorie de mauvaise qualite, particulierement
dans la classe de rating D du BFSR de Moody’s.
entre ces ratings et le BFSR comme suit (la categorie des “ratings speculatifs” commence au ratingBaa de Moody’s) : Aaa = A, Aa = B, A = C, Baa-B=D, Caa-C = E. Pour la categorie D (Baa-B),on utilise la moyenne ponderee des taux de transition vers la categorie Default . Le resume de lamatrice de transition de Moody’s est fourni dans le tableau B.2 dans l’annexe B.
111
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
Tab. 2.7 – Croisement des classes de rating simulees et BFSR (Moody’s)
BFSRclasses B C D E
1 0 18.1 61.21 20.69 1002 0 14.06 65.63 20.31 1003 10.19 18.52 50.93 20.37 1004 0.53 2.63 34.74 62.11 100
Compte tenu des donnees disponibles, la quantification des classes de rating
Moody’s par la methode de scoring montre une relative coherence du BFSR avec
le risque de defaut effectif de l’echantillon. Par contre, les resultats du mapping
suggerent que le systeme des ratings Moody’s a tendance a agreger l’information sur
le risque de defaut dans des classes de rating de mauvaise qualite, le rating BFSR
median etant equivalent a la categorie D19.
2.5 Conclusion
Ce chapitre etudie la coherence des ratings de banque avec les resultats d’un
modele de defaut des banques dans les pays emergents. La methodologie de scoring
et de mapping proposee par Carey et Hrycay (2001) est appliquee a un echantillon
de pres de 500 banques des pays emergents d’Europe de l’Est, d’Asie du Sud-Est
et d’Amerique Latine sur la periode 1998 − 2002, notees par Moody’s, a savoir le
systeme BFSR - Bank Financial Strength Rating . Le BFSR represente l’opinion de
l’agence Moody’s sur la solidite financiere d’une banque.
La quantification des classes de rating Moody’s par la methode de scoring met
en evidence l’existence d’une coherence satisfaisante entre le BFSR et le risque de
defaut observe dans l’echantillon. Les resultats de la methode du mapping, permet-
19Un decoupage alternatif de l’intervalle de la probabilite de defaut estimee pourrait eventuelle-ment influencer ce type de resultat.
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Chap. 2. La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance.. .
tant d’affiner l’etude de la coherence, mettent en evidence une tendance a agreger
l’information sur la probabilite de defaut en classe de risque mediocre, equivalent a
un rating BFSR D.
L’integration de variables proxies des facteurs reglementaires en vigueur dansles pays emergents etudies ameliorent sensiblement le modele de score, ainsi que les
resultats de la quantification et du mapping. L’agregation de l’information sur le
risque de defaut par le rating Moody’s apparaıt moins prononcee20.
20Ces resultats supplementaires sont fournis en annexe B.
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Chapitre 3
Choix de la combinaison
rentabilite-risque du portefeuille :
Une approche fondee sur les
fonctions de distance directionnelle
Sommaire
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
3.2 Le modele de fonction de distance directionnelle . . . . 120
3.3 Donnees et resultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
3.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
3.1 Introduction
Les banques peuvent effectuer des arbitrages en terme de rentabilite et de risque,
et choisir des profils plus ou moins risques en terme de couple rentabilite-risque. En
outre, la reglementation prudentielle des banques, particulierement la regulation du
capital bancaire, a pour but de reduire l’exces de risque dans la banque. La banque
est tenue de detenir des fonds propres pour couvrir les pertes potentielles sur actifs
risques, notamment le portefeuille de prets. Ce mecanisme reglementaire est cense
influencer les preferences pour le risque des managers de la banque, en induisant un
comportement de prise de risque conservateur.
La combinaison rentabilite-risque efficiente d’un portefeuille d’une banque peut
etre mesuree suivant plusieurs approches.
Le modele de portefeuille propose par Pyle (1971) avec les extensions apportees
par Hart et Jaffee (1974) se place dans un cadre esperance-variance et constitue
une premiere approche. Il permet de modeliser le choix d’allocation des actifs et des
dettes risques par la banque. Cependant, ce type de modele ne tient pas compte du
risque de faillite de l’etablissement (Keeley et Furlong, 1990), c’est-a-dire des pertes
potentielles sur les actifs pouvant entraıner la faillite. Or ce risque est influence par
le choix des actifs risques. En reponse a ce probleme, des auteurs comme Koehn et
Santomero (1980), Kim et Santomero (1988) et Rochet (1992) ont etudie l’impact
d’une contrainte reglementaire en capital sur le choix d’allocation des actifs risques.
Cette contrainte modifie la frontiere rentabilite-risque. Leurs resultats montrent que
la probabilite de defaut de la banque peut augmenter suite a l’introduction d’une
contrainte de capital. Par contre, Furlong et Keeley (1989) et Keeley et Furlong
(1990) trouvent que ce type de contrainte peut reduire le risque defaut de la banque.
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
Cette approche comporte certaines limites. Dans un cadre esperance-variance,
tous les niveaux de risque sont possibles et implicitement acceptables par la banque
et on ne tient pas compte du risque de defaut de la banque, qui est influence par le
choix des actifs. Le traitement exogene de la contrainte de capital modifie la frontiererentabilite-risque, mais les resultats quant a son efficacite sur le controle de la prise
de risque sont contradictoires.
Les frontieres d’efficience offrent une approche alternative pour la modelisation
du choix rentabilite-risque. Hughes et al. (1997, 2001) ont ete les premiers a faire
le lien entre la prise de risque, la structure financiere et l’efficience bancaire. Ils
etudient l’impact des decisions de production par la banque sur son niveau de risque,
en integrant la structure du capital (le capital est introduit comme un input fixe)
ainsi que les objectifs de maximisation de la valeur de la banque par les managers,
endogeneisant ainsi la prise de risque, dans la fonction de production de la banque. En
effet, Hughes et Mester (1998) ont demontre que les managers faisaient un arbitrage
entre le risque et la rentabilite, le capital servant de couverture des pertes, ce qui
legitime son introduction comme input fixe dans la fonction de production de la
banque. Un etablissement davantage adverse au risque peut decider de couvrir le
risque de son portefeuille de prets avec un niveau de capital plus important qu’un
etablissement neutre au risque.
Au sein du meme courant des frontieres de production, des extensions ont consiste
a integrer la qualite du portefeuille de prets et les preferences pour le risque du
manager en recourant a la methodologie des fonctions de distance directionnelle
(Fare et Grosskopf , 2000). Devaney et Weber (2002) et Fare et al. (2004) etudient
l’efficience profit de banques americaines ainsi que l’effet de la reglementation du
capital bancaire sur l’efficience des banques, en introduisant des contraintes sur le
levier et le ratio de capital dans le programme lineaire. Les resultats demontrent que
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
la reglementation du capital a un effet sur l’efficience allocative mais est sans effet
sur l’efficience technique.
La mesure du risque s’effectue de maniere differente selon l’approche retenue.
Dans le cadre d’un modele de portefeuille, le risque est mesure par la volatilite desrendements des actifs de la banque. Par contre, le risque est mesure par les pertes
sur actifs dans le cadre de l’approche des fonctions de distance directionnelle avec
output non desirable.
La contrainte de capital modifie la frontiere rentabilite-risque pour amener les
banques a choisir des combinaisons d’actifs qui generent un rendement en relation
avec le risque. Le manager de la banque peut egalement choisir une combinaison
rentabilite-risque efficiente s’il percoit correctement le cout du risque des actifs,
c’est-a-dire les pertes. Cette approche alternative devrait permettre de determiner
la combinaison rentabilite-risque avec une probabilite de defaut acceptable par les
actionnaires de la banque. La determination de cette combinaison optimale permet
ensuite de la comparer avec l’effet de la contrainte de capital.
Ce chapitre propose de mesurer le choix du couple rentabilite-risque du banquier
au moyen de la methodologie des fonctions de distance directionnelle avec output
non desirable (Fare et Grosskopf, 2000 ; Fare et al., 1993; 2004). Il etudie egalement
l’impact de la reglementation du capital. A cet effet, on utilise une methodologie ori-
ginale (Chaffai et al., 2004) permettant d’integrer le risque de credit dans la fonction
de production bancaire et ainsi d’etudier l’efficience des banques, leur sensibilite au
risque et l’impact de la contrainte reglementaire de capital sur ces preferences. La
fonction de distance directionnelle permet de controler les preferences pour le risque
du manager, en specifiant une direction impliquant l’augmentation des bons outputs
et la reduction des mauvais outputs dans le processus de production de la banque.
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
Cette methodologie presente de nombreux avantages : la fonction de distance
decrit completement la technologie, elle permet de modeliser de maniere conjointe
la production d’outputs multiples, elle satisfait la propriete de faible disposition des
outputs et la dualite entre les fonctions de distance et de revenu permet de deduireles prix implicites (shadow prices) des outputs. Enfin, elle necessite uniquement des
donnees agregees de bilan des banques.
La demarche visant a mesurer l’impact de la reglementation de capital sur la prise
de risque dans la banque distingue une alternative : le controle peut etre interne
(controle du couple rentabilite-risque par la banque) ou reglementaire (obligation
reglementaire qui agit sur le couple rentabilite-risque). Le controle de l’arbitrage en
terme de rentabilite-risque peut s’effectuer par le biais de l’input de capital et/ou par
le biais d’une direction adaptee pour les outputs desirables et l’output non desirable.
L’objectif est ici de confronter les resultats en terme de degre d’inefficience et de
prix percu du risque issus de deux modeles. Le premier considere le capital comme
input fixe et impose une direction de prise de risque. Le second impose une direction
qui correspond a une perception conservatrice du risque. On oppose ainsi l’incidence
de la reglementation prudentielle du capital sur la prise de risque a un comportement
individuel du manager qui serait sensible au risque.
Les resultats mettent en evidence des degres d’inefficience manageriale plus im-
portants pour les banques ne respectant pas la contrainte de capital reglementaire,
ainsi que des prix percus du risque plus faible. En outre, il apparaıt que ce type de
mecanisme de reglementation bancaire induit un comportement de prise de risque
plus conservateur. Le controle externe de l’arbitrage rentabilite-risque, en particu-
lier de l’exces de risque, par le biais de la reglementation semble plus efficace que le
controle interne.
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
La suite de ce chapitre est organisee de la maniere suivante. La methodologie
des fonctions de distance directionnelle avec output non desirable et le traitement
alternatif de la contrainte de capital sont presentes dans la section 3.2. On decrit les
donnees et on presente les resultats dans la section 3.3. Enfin, la section 3.4 concluece chapitre.
3.2 Le modele de fonction de distance direction-
nelle
3.2.1 La fonction de distance directionnelle avec output non
desirable
Le recours a une fonction de distance permet d’integrer des outputs non desi-
rables dans la fonction de production (Fare et al., 1993 ; Chung et al., 1997 ; Fare
et Grosskopf, 2000). L’originalite du modele de Chaffai et al. (2004) est de consi-
derer, dans le cas de la banque, les prets non performants comme un output non
desirable du processus de production. La fonction directionnelle fournit un cadre
d’analyse dans lequel le manager de la banque peut choisir des combinaisons d’out-
puts et d’inputs telles que le revenu soit maximise grace aux outputs desirables tout
en minimisant la production d’outputs non desirables qui impliquent des pertes de
revenu. L’estimation de ce type de fonction de distance directionnelle integrant un
output non desirable (les prets non performants dans la banque) permet d’inferer le
prix implicite de celui-ci. Ce prix peut etre interprete comme un cout marginal despertes de revenus, pouvant servir de mesure du prix du risque percu par le banquier,
et qui devrait etre inclut dans le taux d’interet exige pour remunerer la prise de
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
risque. Cette information permet d’etudier la sensibilite au risque du manager de la
banque.
Dans ce travail, on estime donc l’efficience technique des banques en tenant
compte de la possibilite pour la banque de produire a la fois des bons et des mauvaisoutputs.
On traite de maniere asymetrique les bons et les mauvais prets, ces derniers
etant consideres comme les outputs non desirables du processus de production de la
banque. En effet, une banque est d’autant plus efficiente qu’elle augmente la produc-
tion des bons outputs tout en reduisant celle des mauvais outputs pour un revenu
d’inputs donne. Pour representer cette technologie on recourt donc a la methodologie
des fonctions de distance directionnelle avec output non desirable.
Cette methode presente plusieurs avantages :
1. aucune hypothese forte concernant le programme de minimisation des couts
ou de maximisation des profits n’est necessaire,
2. l’information sur les prix des inputs ou des outputs n’est pas necessaire,
3. la fonction de distance peut etre utilisee pour deriver les prix implicites (shadow
prices) des outputs consideres.
Cette derniere caracteristique permet d’inferer le prix implicite des outputs non
desirables afin de quantifier le prix percu du risque par le manager de la banque.
On note x ∈ RN + le vecteur des inputs et y ∈ RM
+ le vecteur des outputs. On
note egalement b un scalaire representant l’output non desirable, a savoir les prets
non performants (PNP), qui sont produits conjointement avec les bons outputs.
L’ensemble de production de la banque est alors represente par :
T = {(y, b) : x peut produire (y, b)}. (3.1)
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
On suppose que l’ensemble T satisfait les conditions suivantes : c’est un ensemble
compact et convexe qui satisfait les hypotheses de libre disposition des inputs x, de
faible disposition des outputs (y, b) et l’hypothese de nullite conjointe.
L’ensemble compact signifie que des montants finis d’inputs ne peuvent produireque des montants finis d’outputs. En d’autres termes, la rarete des inputs implique
la rarete des outputs. La libre disposition des inputs traduit le fait qu’une augmen-
tation des inputs n’induit pas de reduction des outputs (les inputs ne congestionnent
pas les outputs). La faible disposition des outputs signifie que si x peut produire y,
alors x peut produire toute reduction proportionnelle de y. Cette hypothese offre la
possibilite de tenir compte des outputs non desirables. Les firmes ne peuvent elimi-
ner sans frais leur production d’outputs non desirables. La reduction des mauvais
outputs implique une diminution simultanee des bons outputs. La nullite conjointe
traduit la production conjointe des bons et mauvais outputs. Si aucun mauvais out-
put n’est produit, il est impossible de produire des bons outputs, et symetriquement,
la production de bons outputs implique une production de mauvais outputs egale-
ment.
La fonction de distance directionnelle qui permet d’accroıtre l’output desirable
y et de reduire l’output non desirable b selon la direction specifiee (gy, gb) est definie
par :
D(x,y,b; gy, gb) = maxβ {(x, y + βgy, b − βgb; gy, gb) ∈ T }. (3.2)
Pour une valeur donnee du vecteur g = (gy, gb), la fonction de distance direc-
tionnelle permet d’accroıtre les bons outputs y suivant la direction gy et de reduire
le mauvais output b suivant la direction gb, afin d’atteindre un point se trouvant
sur l’enveloppe T . L’accroissement et la reduction maximales sont donnees par la
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
valeur du coefficient β , solution de l’equation (3.2). Pour tout (y, b) ∈ T , on a
D(x,y,b; gy, gb) ≥ 0, et pour les banques efficientes D(x,y,b; gy, gb) = 0.
La figure 3.1 propose une representation graphique d’une fonction de distance
directionnelle avec un output desirable et un output non desirable.
a
T
0
B
D
b = output non désirable
y = output désirable
b
def A
cC
F
g = (gy, gb)
E = (b, y)
(y + β × gy, b− β × gb)
Fig. 3.1 – Representation de la fonction de distance directionnelle avec un outputdesirable et un output non desirable.
On represente 4 banques B, C, D et E. La technologie lineaire par morceaux
T est bornee par les droites AB, BC et CD, ainsi que l’extension horizontale D.
Compte tenu d’un vecteur directionnel (gy, gb), la fonction de distance directionnelle
est definie par DT (x,y,b; gy, gb) = maxβ {(x, y + β × gy, b − β × gb) ∈ T }. Elle accroıt
l’output desirable selon la direction gy et contracte l’output non desirable selon la
direction gb et mesure l’inefficience technique. Les banques B, C et D sont situees
sur la frontiere T et sont donc techniquement efficientes. La banque E se situe a
l’interieur de la frontiere et est techniquement inefficiente. Pour cet etablissement,
une expansion de l’output desirable et une contraction de l’output non desirable
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
proportionnelles implique DT (y, b; y, b) = EF /0g = β ∗. Le gain en output desirable
du a l’accroissement de l’efficience technique est b − a.
Dans ce cadre, la distance a la frontiere directionnelle dependra de la direction
choisie. Celle-ci formalise un comportement de prise de risque. Dans le cas d’unedirection g = (1, 1), les bons et mauvais outputs augmentent dans les memes pro-
portions. Dans le cas g = (1, 0), seuls les bons outputs augmentent, les mauvais etant
maintenus a un niveau constant. Enfin, il y a expansion des bons et contraction des
mauvais outputs dans le cas d’une direction g = (1, −1). Le choix des directions peut
etre effectue soit afin de representer des scenarios refletant l’attitude face au risque
du manager de la banque, soit en optant pour la direction qui permet le meilleur
enveloppement des donnees, en se basant sur les proprietes statistiques du modele.
Afin d’inferer les prix implicites des outputs, on utilise les proprietes de dualite
entre la fonction de distance et de revenu. Le prix implicite de l’output non desirable
reflete un cout d’opportunite en termes de perte de revenus suite a une reduction
incrementale de sa disposition. Alternativement, on peut considerer ce prix implicite
de l’output non desirable comme une mesure en termes de cout d’opportunite de l’im-
pact sur la performance de la banque de restrictions reglementaires qui empechent
la libre disposition de cet output1.
La fonction de revenu est definie comme
R(x, py, pb) = maxy,b{ pyy − pbb; (y, b) ∈ T }, (3.3)
ou py et pb correspondent aux vecteurs des prix de l’output desirable y et non
desirable b respectivement.
1En effet, la regulation impose aux banques de detenir des fonds propres couteux en adequationavec leur niveau de risque.
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
La relation entre la fonction de distance et de revenu satisfait l’equation suivante
D(x,y,b; gy, gb) =min py ,pb{R(x, py, pb) − ( pyy − pbb)}
( pyy + pbb), (3.4)
et sous l’hypothese de derivabilite de la fonction de distance directionnelle, le
prix implicite de l’output non desirable p∗b est donne par
p∗b = − pyi
∂ D(x,y,b; gy, gb)/∂b
∂ D(x,y,b; gy, gb)/∂yi
. (3.5)
Afin d’obtenir le prix implicite de l’output non desirable, il est necessaire de fixer
un des prix des outputs desirables2.
3.2.2 Le modele econometrique
L’estimation de la fonction peut s’effectuer au moyen de deux methodes : la
methode non parametrique, utilisant la methodologie d’enveloppement des donnees
(Data Envelopment Analysis - DEA), et la methode parametrique. Celle-ci permet
de differencier la fonction de distance directionnelle et obtenir ainsi le prix implicite
de l’output non desirable comme dans l’equation (3.5). C’est pourquoi on choisit
cette derniere methode.
Compte tenu du fait que la fonction de distance directionnelle doit satisfaire la
propriete de translation (soit D(x, y+αgy, b−αgb, gy, gb) = D(x,y,b; gy, gb)−α)3, une
forme fonctionnelle adaptee pour la fonction de production est necessaire. On utilise
une fonction quadratique lineaire (Chambers, 1998), dont l’estimation implique la
prise en compte de contraintes lineaires sur les parametres. Cette forme de la fonction2Notons que les resultats de la derivee, a savoir les valeurs du prix implicite de l’output non
desirable, sont sensibles au choix du prix de l’output desirable dans l’equation (3.5).3Si un bon output augmente de αgy et un mauvais output diminue de αgb alors le degre d’inef-
ficience sera reduit d’un niveau α.
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
de production est la plus repandue dans les etudes empiriques qui estiment des
fonctions de distance directionnelle (Fare et al, 2005).
On suppose ici que le processus de production de la banque implique deux out-
puts desirables y1, y2 et un output non desirable b, ainsi que trois inputs x1, x2, x3
et un input fixe xf . Notons que l’on impose aucune restriction ni contrainte sur cet
input fixe. Cela signifie que le capital est traite comme exogene au processus d’in-
termediation bancaire, servant uniquement de couverture des pertes potentielles sur
les outputs desirables. La fonction de distance directionnelle quadratique est definie
par :
D(x,y,b; gy, gb) = α0 +3
n=1
αnxn +2
m=1
β mym + γb + λxf
+1
2
3n=1
3n′=1
αnn′xnxn′ +1
2
2m=1
2m′=1
β mm′ynyn′ +1
2δb2
+2
m=1
3n=1
ηmnymxn +3
n=1
θmxmb +2
m=1
ϑynb, (3.6)
et les contraintes lineaires sur les parametres sont
2m=1
β mgy − γgb = −1, (3.7)
2m′=1
β mm′gy − ϑmgb = 0, m = 1, 2, (3.8)
2m′=1
ηmm′gy − θmgb = 0, m = 1, 2, (3.9)
2m=1
ϑmgy − δgb = 0, (3.10)
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
et on impose en plus des restrictions de symetrie, a savoir que αnn′ = αn′n,
β mm′ = β m′m et ηmn = ηnm.
Les parametres de la fonction de distance directionnelle sont estimes en mi-
nimisant la somme des ecarts par rapport a la frontiere efficiente, sous plusieurscontraintes :
minI
i=1
( D(xi, yi, bi; gy, gb) − 0), (3.11)
s.c.
D(xi, yi, bi; gy, gb) ≥ 0, i = 1, . . . , I , (3.12)
∂ D(xi, yi, bi; gy, gb)∂b
≥ 0, i = 1, . . . , I , (3.13)
∂ D(xi, yi, bi; gy, gb)
∂y j
≤ 0, i = 1, . . . , I , j = 1, . . . , J (3.14)
∂ D(xi, yi, bi; gy, gb)
∂xk
≥ 0, i = 1, . . . , I , k = 1, . . . , K (3.15)
ainsi que les contraintes materialisees par les equations (3.7) a (3.15), sachant I
etant le nombre d’observations, J le nombre d’outputs desirables et K le nombre
d’inputs.
Dans cette etude empirique on opte principalement pour deux directions qui
materialisent l’attitude face au risque du manager de la banque. Il s’agit des deux
scenarios suivants4 :
1. augmentation des outputs desirables (gy = 1) et reduction de l’output non
desirable - PNP (gb = −1),
4Notons qu’une direction impliquant l’absence de production d’output non desirable - PNP, soitgb = 0, n’est pas pertinente, car impossible a realiser lors de la production d’outputs desirablescomme les prets sans influencer le risque de credit dans la banque. Par ailleurs, on n’etudie pasles scenarios extremes, avec des directions de type g = (0.1,−1) ou g = (1, 0.1), pour lesquelleson experimente des problemes de convergence dans la resolution du programme d’optimisationcontraint.
127
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
2. augmentation des outputs desirables (gy = 1) et de l’output non desirable -
PNP (gb = 1).
Chaque direction correspond a un scenario de choix du manager de la banque
d’une combinaison rentabilite-risque. Le premier scenario (g = (1, −1)) correspond
a une sensibilite au risque, impliquant un arbitrage entre risque et rentabilite. Le
second scenario (g = (1, 1)) correspond a une neutralite au risque.
Les directions ci-dessus permettent de formaliser un comportement de prise de
risque du banquier. Il reste a integrer l’impact de la reglementation du capital.
3.2.3 L’integration de la contrainte de capital
Le traitement de la contrainte reglementaire peut s’effectuer de plusieurs ma-
nieres. Dans la litterature non parametrique existante, le capital est integre comme
input fixe et des contraintes supplementaires sur les outputs et cet input fixe sont
rajoutees dans le programme lineaire a resoudre. L’integration de contraintes addi-
tionnelles sur les inputs et outputs de la fonction de distance borne l’ensemble des
possibles et reduit donc la surface enveloppee par la frontiere.
Generalement ces contraintes reglementaires5 prennent la forme d’inegalites. :
capitalM m=1 ym
≥ 0.04, (3.16)
pour la contrainte de levier, et
capital
M m=1 ωmym
≥ 0.08, (3.17)
5On fait reference au ratio Cooke, qui impose aux banques de detenir un montant minimumde fonds propres, egal a 8% de leur actifs ponderes au risque, avec au moins la moitie en Tier 1(capital et reserves).
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
pour la contrainte de capital reglementaire minimum (ωm etant les facteurs de
ponderation reglementaire des differents actifs a risques presents au bilan).
Cette approche est possible dans le cadre d’estimation non parametrique de la
fonction de distance en integrant les contraintes de capital (equations (3.16) et (3.17))dans le bloc de contraintes du programme lineaire. Or cette methodologie n’impose
pas de forme fonctionnelle a la frontiere et ne permet pas d’inferer les prix implicites
des outputs, particulierement de l’output non desirable. Un des objectifs de ce travail
etant d’estimer ces prix implicites du risque et d’etudier l’impact de la reglementation
sur ces derniers, on doit proceder de facon alternative. En effet, en imposant une
forme fonctionnelle a la fonction de distance, il s’avere difficile voire impossible de lier
les contraintes aux parametres de cette fonction, ce qui complique considerablement
l’estimation des parametres.
Notre objectif consiste a quantifier l’impact de la contrainte de capital reglemen-
taire sur l’efficience des banques et de confronter ces resultats a ceux qui supposent
l’absence de reglementation, mais qui imposent aux managers des preferences pour
le risque conservatrices, soit un arbitrage entre risque et rentabilite.
La demarche alternative consiste a estimer une fonction de distance directionnelle
selon que les banques respectent ou ne respectent pas la contrainte de capital, et de
comparer les resultats en terme de degre d’inefficience et de prix percu du risque.
3.3 Donnees et resultats
3.3.1 Donnees
L’echantillon utilise dans cette etude comporte 1510 observations portant sur
des banques des pays de l’Organisation de Cooperation et de Developpement Eco-
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
nomiques6 sur la periode de 1996 a 2003. Il est extrait de la base Bankscope de
Fitch IBCA. Il s’agit d’etablissements dont l’activite principale est l’intermediation
bancaire, avec fourniture de services de liquidite et collecte de depots ainsi que d’allo-
cation de prets. On a restreint l’echantillon aux banques commerciales, cooperativeset de depots. On a egalement borne les ratios suivants afin d’exclure les etablisse-
ments trop specialises :
– (Depots / Total Bilan ) > 10%,
– (Prets / Total Bilan ) > 10%,
– (Autres Actifs / Total Bilan ) > 5%.
On a elimine les etablissements de petite taille (Total Bilan < 250, 000 MUSD).
Enfin, on a procede a un bornage a 1% et 99% de tous les inputs et outputs utilises
dans la fonction de distance directionnelle quadratique qu’on estime par la methode
de programmation lineaire (Aigner et Chu, 1968) en imposant les contraintes de
linearite sur les parametres.
On considere la banque comme un intermediaire financier7 qui produit trois out-
puts, dont deux outputs desirables :
1. y1 : Prets,
2. y2 : Autres Actifs de Placement ,
et un output non desirable b : Prets Non Performants 8.
Quatre inputs sont utilises dans ce processus de production :
1. x1 : input travail, mesure par les Charges de Personnel ,
6Le recours aux banques des pays de l’OCDE permet de travailler sur des etablissements et des
environnements economiques et reglementaires relativement homogenes.7Approche d’intermediation, selon laquelle l’activite de la banque consiste a transformer des
inputs (par exemple les depots) en outputs (par exemple les prets).8Les prets non performants fournissent une mesure ex post de l’exces de risque. Une alternative
serait d’utiliser les provisions pour pertes sur prets comme mesure ex ante de l’exces de risque.Cependant, les provisions sont en grande partie influencees par la fiscalite et la reglementation envigueur. C’est pourquoi on retient les PNP comme output non desirable de la production bancaire,mesurant l’exces de risque.
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
2. x2 : input capital physique, mesure par les Actifs Immobilises,
3. x3 : input financier, mesure par le Total des Dettes,
4. xf : input fixe, le capital, mesure par les Fonds Propres.
Le controle de l’arbitrage en terme de rentabilite-risque peut s’effectuer par le
biais de l’input capital et/ou par le biais d’une direction adaptee pour les outputs de-
sirables et l’output non desirable. On confronte les resultats en termes d’inefficience
et de prix implicite des prets non performants issus soit d’un cadre ou le capital est
traite comme input fixe et une direction refletant un comportement de neutralite au
risque, soit d’un cadre sans capital mais avec une direction refletant une sensibilite
au risque. On oppose ainsi l’incidence de la reglementation prudentielle du capital
sur la prise de risque a un comportement individuel du manager qui serait sensible
a l’exces de risque.
En somme, la demarche visant a mesurer l’impact de la reglementation de capi-
tal sur la prise de risque dans la banque se decline en deux alternatives : le controle
interne (controle du couple rentabilite-risque par la banque) et le controle reglemen-
taire (obligation reglementaire qui agit sur le couple rentabilite-risque).
3.3.2 Resultats
On estime plusieurs modeles de la fonction de distance directionnelle avec output
non desirable, suivant une direction refletant un comportement de prise de risque
(neutre au risque pour une direction g(1, 1) et sensible au risque pour une direction
g(1, −1)), et l’integration ou non du capital (K ) comme input fixe dans la fonction
de production. Le tableau 3.1 resume les quatre modeles estimes par la suite.
En outre, on estime ces differents modeles sur deux sous-echantillons de banques :
celles qui respectent (ratio de capital sur total bilan superieur ou egal a 8%) et celles
qui ne respectent pas la reglementation du capital (ratio de capital inferieur a 8%).
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
Tab. 3.1 – Synthese des modeles estimes selon le comportement face au risque etl’integration ou non de l’input capital dans la fonction de distance directionnelle
Comportementde prise de risque
neutre sensibleg(1, 1) g(1, −1)
avec capital M 1 M 2sans capital M 3 M 4
Les resultats sont presentes de la facon suivante :
1. dans un premier temps, on etudie l’impact de l’integration du capital comme
input fixe sur les degres d’inefficience technique des banques (confrontation des
resultats des modeles M 1 aux resultats de M 3),
2. dans un second temps, on etudie l’impact du respect de la contrainte regle-
mentaire, en suivant l’approche alternative decrite auparavant, qui consiste a
estimer une fonction de distance directionnelle pour les banques respectant la
contrainte de capital et pour les banques ne respectant pas cette contrainte,
et de comparer les degres d’inefficience et les prix percus du risque obtenus(estimation du modele M 1),
3. dans un troisieme temps, on confronte les resultats en termes de degre d’inef-
ficience et de prix percu du risque d’un modele sans capital et sensibilite au
risque a ceux d’un modele avec capital et neutralite au risque (confrontation
des modeles M 1 et M 4).
A chaque fois, on presente et on compare les degres d’inefficience technique etles prix percus du risque moyens.
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
En premier lieu, on presente les statistiques descriptives des inputs et outputs
utilises dans l’estimation de la fonction de distance directionnelle dans le tableau
3.29.
Tab. 3.2 – Statistiques descriptives des inputs et outputs de la fonction de produc-tion bancaire (en milliers USD)
variable moy. ecart-type min. max.y1 Prets 20,952,912.3 39,826,277.6 147,592.6 309,356,000y2 Autres Actifs 13,444,671.2 30,722,775.7 40,369.4 234,686,000b Prets Non Performants 691,087.1 1,527,047.7 171.4 12,370,400
x1 Charges de Personnel 430,323.7 863,755.3 2,057 6,589,999.1x2 Actifs Immobilises 427,121.4 827,433.8 1,089.2 5,460,000
x3 Total Dettes 35,641,755.8 71,723,681.8 251,375 541,050,304xf Capital 185,126,441 330,910,425 2,117,025.09 2,943,506,923
N : 1510. moy. : moyenne, min. : minimum, max. : maximum.
L’estimation de la fonction de distance directionnelle permet d’inferer les prix
implicites des outputs, particulierement de l’output non desirable - les prets non
performants - pour chaque banque de l’echantillon. La valeur de la fonction de dis-
tance directionnelle fournit l’accroissement unitaire maximal en output desirable et
la contraction unitaire maximale en output non desirable et constitue une mesure
du degre d’inefficience. Des valeurs de la fonction superieures a zero indiquent des
degres d’inefficience plus important. Le prix implicite des PNP est interprete comme
etant le prix du risque percu par le manager de la banque. Alternativement, on peut
considerer ce prix comme le montant de la prime de risque que le banquier devrait
exiger et integrer dans le taux applique au pret afin de couvrir les pertes sur prets
potentielles. On infere ce prix implicite du risque a partir des equations (3.5) et
(3.6), en le normalisant par le prix implicite d’un des outputs desirables, a savoir
9Compte tenu de la taille des variables d’inputs et d’outputs, des problemes de convergence dansla resolution du programme d’optimisation contraint sont apparus. En suivant Fare et al. (2005),on a normalise les donnees en divisant chaque input et chaque output par sa valeur moyenne.
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
les Prets (output y1). On suppose par ailleurs que ce prix implicite est egal au prix
de marche des prets, a savoir le taux d’interet, mesure par le ratio Interets Verses /
Prets comme proxy 10. Ainsi, on peut interpreter le prix implicite du risque comme
une prime de risque exprimee en pourcentages. On interprete les valeurs moyennesde ces prix percus du risque comme suit :
– un prix percu du risque faible favorise un exces de risque,
– un prix percu du risque eleve favorise un comportement conservateur en ma-
tiere de prise de risque.
Impact de l’integration du capital sur l’inefficience technique
On presente dans le tableau 3.3 les degres d’inefficience moyens selon que la
banque respecte ou non un ratio de capital sur total bilan a 8%, correspondant
a une contrainte reglementaire en capital simplifiee11. Il s’agit la de la premiere
etape de notre demarche, presentee en debut de cette section. On etudie l’impact de
l’integration du capital comme input fixe sur les degres d’inefficience technique des
banques, en retenant une direction correspondant a un comportement de neutralite
au risque. Les resultats en terme de degre d’inefficience des modeles M 1 et M 3 sont
compares, en retenant une direction correspondant a une neutralite au risque (cf.
tableau 3.1). On estime une seule fonction de distance directionnelle sur l’ensemble
de l’echantillon (direction g(1, 1)), en integrant et omettant le capital comme input
fixe, respectivement.
Les resultats du tableau 3.3 se lisent de la maniere suivante : par exemple, une
distance moyenne de 0.242 equivaut a une inefficience technique de 24.2%.
Les banques respectant la contrainte de capital presentent des degres d’ineffi-
cience moyens plus faibles que les etablissements ne respectant pas cette contrainte.
10Notons que le prix moyen des prets dans l’echantillon s’eleve a 11.9%.11Les tests de difference de moyennes des degres d’inefficience presentes dans les tableaux qui
suivent ne permettent pas de rejeter l’hypothese d’egalite au seuil de 1%.
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
Fig. 3.2 – Distribution des degres d’inefficience pour toutes les banques de l’echan-tillon - modele M 1.
Tab. 3.4 – Comparaison des valeurs moyennes des degres d’inefficience et des prixpercus du risque (direction g(1, 1)) avec capital comme input fixe (modele M 1)
Resultats M 1ratio K ≥ 8% ratio K < 8%
D 0.0645 0.1839(0.135) (0.213)
p(risk) 0.28% ∼ 0
p(risk) : prix percu du risque. N : 1510. Ecarts-types
entre parentheses. Nombre de banques respectant
(resp. ne respectant pas) la contrainte : 375 et 1135.
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
On constate que les banques respectant la contrainte de capital ont un degre
d’inefficience moyen de 6.45% contre 18.39% pour celles qui ne la respectent pas. En
d’autres termes, les banques sous-capitalisees sont trois fois plus inefficientes. Le prix
percu du risque moyen pour les banques correctement capitalisees s’eleve a 0.28%,alors qu’il est quasi nul pour les banques sous-capitalisees. Ce resultat semble indi-
quer que la contrainte de capital exerce un impact sur la prise de risque d’un manager
de banque au comportement “preneur de risque”, puisqu’elle associee a un prix percu
du risque plus important. En d’autres termes, ce type de reglementation affecte la
perception du risque par le banquier, ce qui devrait conduire a un comportement
plus conservateur et l’exigence d’une prime de risque plus importante. Toutefois, ce
resultat peut recevoir d’autres explications. Les banques plus efficientes peuvent etre
aussi mieux capitalisees car plus rentables. De plus, une capitalisation plus impor-
tante accroıt la valeur de franchise de la banque, qui peut fonctionner comme un
mecanisme auto-disciplinant de la prise de risque (Keeley, 1990).
Les figures 3.3 et 3.4 fournissent une illustration graphique des resultats pre-
sentes dans le tableau 3.4. Il s’agit des distributions des degres d’inefficience pour
les banques respectant et ne respectant pas la contrainte de capital respectivement,
pour une direction g(1, 1), soit le modele M 1.
Controle interne versus controle externe de la prise de risque
Enfin, on compare les resultats en terme de degre d’inefficience et de prix percu
du risque d’un modele sans capital et sensibilite au risque (M 4) a ceux d’un modele
avec capital et neutralite au risque (M 1). En outre, pour le modele M
4, on distingue
les banques qui respectent ou ne respectent pas la contrainte de capital. Les resultats
sont presentes dans le tableau 3.5.
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
Fig. 3.3 – Distribution des degres d’inefficience pour les banques respectant lacontrainte de capital - modele M 1.
Fig. 3.4 – Distribution des degres d’inefficience pour les banques ne respectant pasla contrainte de capital - modele M 1.
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
Tab. 3.5 – Comparaison des valeurs moyennes des degres d’inefficience et des prixpercus du risque estimes par les modeles M 1 et M 4 (distinction des banques respec-tant et ne respectant pas la contrainte de capital pour ce dernier modele)
M 4 M 1ratio K ≥ 8% ratio K < 8% ratio K ≥ 8%
D 0.0983 0.1796 0.0645(0.135) (0.257) (0.135)
p(risk) 0.19% ∼ 0 0.28%
p(risk) : prix percu du risque. N : 1510. Ecarts-types entre parentheses.
Le respect de la contrainte de capital correspond a des prix du risque percus par
le banquier plus importants. Pour le modele M 4 applique aux banques respectant la
reglementation, le prix percu du risque est de 0.19%, alors que ce prix est quasi nul
pour les banques ne respectant pas la contrainte de capital. Ce resultat est coherent
puisqu’un prix du risque percu plus important traduit effectivement une sensibilite
au risque accrue. Le respect de la reglementation est associe a un comportement de
risque plus prudent. L’integration du capital comme input fixe dans la fonction de
distance implique des degres d’inefficiences moyens plus faibles compares a ceux sans
integration de l’input capital. Cet input joue donc bien un role dans la fonction de
production bancaire, et exerce un impact sur le choix du couple rentabilite-risque et
l’efficience de la banque.
Un manager de banque neutre au risque tenant compte de la contrainte de capital
a une perception du risque accrue par rapport a un manager sensible au risque. On
peut considerer ce resultat comme indicateur d’un comportement de prise de risque
coherent, dans la mesure ou pour une unite d’output desirable le manager produit
egalement une unite d’output non desirable. Mais, en raison de la contrainte de
capital, sa perception du risque est affectee, et il facture plus cher le credit octroye.
A l’inverse, s’il est sensible au risque (pour une unite d’output desirable le manager
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
contracte la production de l’output non desirable), la presence du capital comme
couverture semble etre liee a un prix percu du risque plus faible.
On remarque que, pour les banques respectant la contrainte de capital, le degre
d’inefficience moyen est proche de 10% dans le cas avec sensibilite au risque et sanscapital (modele M 4), contre un degre proche de 6.45% dans le cas avec neutralite
au risque et capital (modele M 1). Le prix percu du risque est sensiblement plus im-
portant dans le cas d’un comportement neutre au risque avec l’input capital (0.28%
avec le modele M 1), avec un ecart de pres de 0.10% par rapport au cas de sensibilite
au risque sans input capital (0.19% avec le modele M 4). En moyenne, l’inefficience
est donc plus importante et le prix du risque percu plus faible lorsqu’on ne tient pas
compte du capital comme input fixe dans la fonction de production bancaire, mais
seulement en reposant sur le comportement du banquier a restreindre sa prise de
risque (modele M 4).
Compte tenu des resultats obtenus, la reglementation du capital semble etre un
moyen efficace pour restreindre davantage l’exces de risque, car elle associee a un
prix du risque percu plus important et donc une tarification plus importante si elle
est ajustee au risque au niveau de la banque. Le controle externe semble plus a meme
d’induire un comportement conservateur en matiere de prise de risque par la banque
que le controle interne.
3.4 Conclusion
Ce chapitre modelise le choix du couple rentabilite-risque du banquier au moyen
de la methodologie des fonctions de distance directionnelle avec output non desirable.
Cette methodologie originale permet d’integrer le risque de credit dans la fonction
de production bancaire et ainsi d’etudier l’efficience des banques en tenant compte
de leurs preferences pour le risque, de leur sensibilite au risque et de l’impact de
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Chap. 3. Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille. . .
la contrainte reglementaire de capital sur ces preferences. La demarche visant a
mesurer l’impact de la reglementation de capital sur la prise de risque dans la banque
modelise l’alternative entre le controle interne (controle du couple rentabilite-risque
par la banque) et le controle reglementaire (obligation reglementaire qui agit sur lecouple rentabilite-risque).
On obtient ainsi des mesures de l’inefficience technique (manageriale) des banques,
ainsi que des mesures de prix percus du risque par le banquier, en controlant leur
production de prets non performants, selon differents scenarios d’attitude face au
risque et en tenant compte du capital.
Cette methodologie a ete appliquee en estimant une fonction de distance direc-
tionnelle de forme quadratique avec un output non desirable - les prets non perfor-
mants - selon deux directions traduisant soit un comportement de neutralite, soit de
sensibilite au risque, et en integrant le capital comme input fixe. L’echantillon utilise
comprend plus de 1500 banques des pays de l’OCDE sur la periode 1996 − 2003.
Les resultats mettent en evidence des degres d’inefficience plus importants, ainsi
que des prix percus du risque plus faible, pour les banques ne respectant pas la
contrainte de capital. En outre, il apparaıt que ce type de mecanisme de reglemen-
tation bancaire engendre un comportement de prise de risque plus conservateur. Les
preferences pour le risque du banquier semblent donc etre influencees par la regle-
mentation bancaire. En effet, celle-ci induit un prix du risque percu plus important
et donc une tarification mieux ajustee au risque. D’apres ces resultats, le controle
externe de l’arbitrage rentabilite-risque, en particulier de l’exces de risque, par le
biais de la reglementation, est lie a des prix percus du risque moyens plus important
que dans le cadre du controle interne.
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Chapitre 4
Delegation de la decision de credit
dans les banques : Le risque de
manipulation de l’information soft
et son controle
Sommaire
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
4.2 Information hard versus information soft et organisa-
tion de la banque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
4.3 Le modele . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
4.4 Le cas de l’information hard . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
4.5 Couts et gains de l’information soft . . . . . . . . . . . . 158
4.6 Le cas de l’information soft . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
4.7 Comparaison des resultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
4.8 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
143
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
4.1 Introduction
L’industrie bancaire est fortement tributaire de l’information1. La banque est
en effet confrontee a un probleme d’asymetrie d’information due a l’opacite informa-
tionnelle des emprunteurs. Cette opacite varie avec les emprunteurs, les PME etant
sans doute les plus opaques. Pour resoudre ce probleme d’asymetrie d’information
la banque peut acquerir deux types d’information : de l’information hard , en ex-
terne, par le biais de l’information publique (rating, score . . .), et de l’information
soft , en interne, par le biais de la relation de clientele. Cela suppose deux methodes
d’attribution des prets : la banque a l’acte versus la banque de relation. Une littera-ture recente etablit des distinctions a faire entre l’information soft et l’information
hard (Petersen, 2004)2. La prise en compte de l’information soft est notamment
susceptible d’accroıtre la precision des estimations de la qualite des emprunteurs
(Lehmann, 2003 ; Grunert et al., 2005), mais a le desavantage d’etre non verifiable
et donc manipulable. Ainsi le type d’information utilise peut influencer la gestion des
risques par la banque, mais il a aussi un impact sur sa structure organisationnelle
qui doit etre adaptee pour eviter les consequences et les couts de la manipulation de
l’information soft.
Les travaux recents portant sur la gestion des risques par le banquier mettent
bien en avant l’importance du traitement de l’information. Ainsi, Hakenes (2004)
considere le banquier comme un “specialiste” du traitement de l’information et du
controle du risque. Danielsson et al. (2002), de leur cote, analysent le choix du
systeme de gestion des risques en envisageant differents niveaux de delegation du1Ce chapitre est tire de Godbillon-Camus et Godlewski (2005) qui a fait l’objet d’une presen-
tation au Seminaire International de Finance Francophone, septembre 2005, Universite Catholiquede Louvain, Louvain-la-Neuve, Belgique.
2Quoique, le role de la banque en temps que producteur d’information a deja ete mis en evidencepar Fama (1985).
144
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
pouvoir impliquant des transmissions d’informations plus ou moins importantes.
Mais ces travaux ne distinguent pas l’information hard de l’information soft.
Ce chapitre traite de l’impact du type d’information sur la structure du bilan et
l’organisation de la banque en matiere de gestion des risques. Pour ce faire, il proposeune modelisation theorique de la decision de credit dans un cadre principal-agent
impliquant un directeur de banque et un charge de clientele. Le directeur alloue des
fonds propres pour couvrir la Value at Risk. Il decide egalement du montant des li-
mites allouees a un charge de clientele, ainsi que de sa remuneration, en fonction d’un
signal, dependant du type d’information utilise, exclusivement hard ou combinaison
d’informations hard et soft. La difference entre les deux types de signaux porte sur
leur nature, a savoir leur verifiabilite et leur manipulabilite, ainsi que leur degre de
precision. Une combinaison d’information hard et soft est plus precise que de l’in-
formation exclusivement hard mais non verifiable par le banquier, la composante
soft etant manipulable par le charge de clientele. L’information soft est ainsi source
d’alea moral avec information cachee. Elle est par consequent susceptible d’induire
des modifications organisationnelles pour limiter le probleme d’alea moral.
On met en evidence plusieurs resultats. Tout d’abord, on montre que la prise en
compte de l’information soft peut sous certaines conditions permettre une reduction
du montant des fonds propres. Cependant, on verifie l’existence d’une incitation du
charge de clientele a manipuler le signal contenant de l’information soft. On pro-
pose alors un schema de remuneration qui empeche la manipulation. L’influence
de l’information soft sur les structures organisationnelles de la banque se traduit
donc par la necessite d’un schema de remuneration particulier. La comparaison des
solutions correspondant aux deux types de signaux (information hard versus com-
binaison information hard et soft), effectuee au moyen de simulations, confirme que
145
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
l’addition d’information soft peut etre avantageuse, puisqu’elle permet effectivement
la reduction des fonds propres.
Dans la suite de ce chapitre, on presente la distinction entre les deux types
d’informations et les travaux theoriques recents portant sur l’influence du type d’in-formation sur les structures organisationnelles des banques dans la section 4.2. La
presentation du modele de la decision de credit constitue l’objet de la section 4.3.
Les sections 4.4 et 4.5 etablissent les resultats avec information hard, puis deduisent
les gains et couts de l’information soft, en particulier l’existence d’une incitation a
manipuler un signal contenant ce type d’information. Un schema de remuneration
incitatif du charge de clientele pour resoudre le probleme de manipulation est pro-
pose a la section 4.6. Enfin, les resultats avec information hard et avec combinaison
d’information hard et soft sont compares au moyen de simulations dans la section
4.7. La section 4.8 conclue ce chapitre.
4.2 Information hard versus information soft et
organisation de la banque
L’objectif de cette section est d’analyser les caracteristiques de l’information
hard et soft afin de definir un ensemble de dimensions qui distinguent clairement ces
deux types d’information et determinent leurs avantages et inconvenients respectifs
(Petersen, 2004).
Trois types de dimensions peuvent permettre de distinguer l’information hard de
l’information soft :
– la nature : l’information hard est quantitative - “des nombres” (en finance, il
s’agit de bilans comptables, de rentabilites des titres, etc.), alors que l’infor-
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
mation soft est generalement sous forme de texte - “des mots” (opinions, idees,
projets, commentaires, etc.).
– la collecte : elle est impersonnelle pour l’information hard, et ne depend pas
du contexte dans lequel elle a ete produite (l’information hard est exhaustiveet explicite), alors qu’elle est personnelle pour l’information soft et incorpore
le contexte de sa collecte et de son traitement.
– les facteurs cognitifs3 : les notions de jugement, d’opinion et de perception font
partie integrante de l’information soft, alors qu’elles sont absentes de l’infor-
mation hard.
De par sa nature et sa facon de collecte, l’information hard presente donc plu-
sieurs avantages :
– un faible cout, compte tenu d’une information reduite, de technologies de pro-
duction automatisables, de gains de competitivite et de productivite, d’une
standardisation, et d’economies d’echelle et de gamme,
– une durabilite plus importante due a la facilite de collecte, de stockage, et de
transmission,
– une comparaison plus aisee4, permettant de separer le processus de collecte et
de l’utilisation de l’information, soit une facilite dans la delegation de l’activite
de collecte, de production et de traitement de l’information,
– une verifiabilite et donc une non manipulabilite, compte tenu de la nature et
du mode de collecte de l’information hard.
3Notons la definition de l’information dans un contexte comptable proposee par Kirschenheiter(2002) :
“Hard information (. . .) is when everyone agrees on its meaning. (. . .) Honest disagree-
ments arise when two people perfectly observe information yet interpret this informa-tion differently (i.e. soft information)”.
4Impliquant un referentiel commun, qui permet de comparer des indicateurs entre eux.
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
La realite des avantages de l’information hard est confirmee par les travaux de
Feldman (1997a,b), ainsi que de Berger et al. (2002a) et Frame et al. (2001) portant
sur le scoring . Le scoring5 est une methode de traitement de l’information hard. Il
est montre que le scoring permet de reduire le cout d’octroi du credit et d’accroıtrela vitesse de prise de decision, en augmentant le volume des prets accordes, ainsi
qu’une tarification ajustee au risque, reduisant le rationnement de credit.
La particularite la plus importante de l’information soft est d’etre intimement liee
a l’environnement dans lequel elle a ete produite. Dans le cadre de la banque, il s’agit
de la relation bancaire qui, par le biais d’interactions multiples dans le temps, donne
acces a de l’information superieure a celle disponible publiquement mais qui demeure
confidentielle (Berger, 1999; Boot, 2000; Berger et Udell, 2002; Elsas, 2005). L’infor-
mation soft presente par consequent l’avantage de pouvoir renforcer la puissance de
prevision de l’information hard mais l’inconvenient d’etre difficilement verifiable. Sa
non verifiabilite la rend manipulable par l’agent responsable de son traitement et de
sa production et impose de ce fait des structures organisationnelles particulieres.
L’aptitude de l’information soft a renforcer le pouvoir de prevision de l’informa-
tion hard est attestee par certains travaux empiriques cherchant a qualifier l’impact
des facteurs qualitatifs sur la prevision du risque de defaut. Ce type d’etudes utilise
en particulier des ratings internes des banques qui sont integres comme variables ex-
plicatives dans les modeles de prevision du defaut. Une partie non negligeables des
composantes qualitatives de ces ratings est fondee sur de l’information soft, integrant
des dimensions comme la qualite du management ou les perspectives de l’entreprise.
D’apres les enquetes de Gunther et Gruning (2000), 70 des 145 banques allemandes
interrogees fondent leur rating sur des composantes qualitatives. L’integration de
composantes qualitatives se traduit par une amelioration des taux de reclassement
5Selon la definition donnee par Mester (1997), le credit scoring (ou scoring) est une methodestatistique d’estimation de la probabilite de defaut de l’emprunteur.
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
des emprunteurs et une prediction plus precise du defaut (Lehmann, 2003 ; Grunert
et al., 2005). Les composantes qualitatives des ratings apparaissent en fait comme
moins dispersees et plus stables.
L’adaptation des structures organisationnelles au type d’information traite faitegalement l’objet d’etudes recentes. Dans le domaine bancaire, Stein (2002) s’in-
terroge par exemple sur l’influence de la structure organisationnelle sur la decision
optimale d’allocation de fonds dans la banque. Dans un etablissement de grande
taille, il y a separation du processus de collecte et de traitement de l’information
du processus de prise de decision. L’information necessaire pour la prise de decision
doit etre facilement transmissible entre les niveaux hierarchiques. Elle doit egale-
ment pouvoir etre interpretee de facon uniforme par les agents, independamment du
contexte dans lequel elle a ete produite. Il s’agit la des principales caracteristiques
de l’information hard. Sachant que dans un environnement a contrats incomplets, les
incitations des agents dependent de leur controle sur les actifs qui leur sont alloues
(Hart et Moore, 1990; Hart, 1995; Harris et Raviv, 1996, 1998), le modele de Stein
(2002) oppose deux types d’information (hard et soft) et deux types de structure
organisationnelle (organisation hierarchique centralisee et non-hierarchique decen-
tralisee). Stein (2002) demontre alors qu’il existe une adequation entre la structure
organisationnelle et la nature de l’information permettant une allocation optimale
des fonds, par le biais de meilleures incitations. L’information soft est associee a
une organisation decentralisee, car elle donne a l’agent plus de pouvoir et d’auto-
rite. L’agent qui produit l’information est alors davantage incite a en faire un usage
efficient dans le cadre de l’allocation de fonds. L’information hard est associee a
une organisation centralisee, car celle-ci facilite la transmission de l’information a
des niveaux hierarchiques superieurs ou s’effectue la decision d’allocation des fonds.
149
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
En somme, le type d’information suppose un degre de delegation d’autorite et de
pouvoir plus ou moins important vers l’agent traitant l’information.
Des etudes empiriques permettent de relayer ces conclusions theoriques (Berger
et al., 2001 ; Berger et Udell, 2002 ; Berger et al., 2002a ; Berger et al., 2005). Dansle cadre de la relation bancaire, ou l’activite de production et de traitement de
l’information est deleguee au charge de clientele, celui-ci se voit octroyer une forte
autorite, en raison notamment de la possibilite de manipuler l’information soft. Dans
ce contexte, celui-ci a une position cruciale dans la banque. Des organisations de
petite taille, moins hierarchisees et plus decentralisees se pretent mieux a tirer parti
de ce type de relation. Les petites banques sont ainsi vu comme ayant une capacite
superieure dans la production d’information soft dans le cadre des relations de long
terme (Berger, 2004 ; DeYoung et al., 2004 ; Scott, 2004) et lorsque les PME se
trouvent face a un choix de banque, elles preferent des etablissements plus petits,
reduisant ainsi les problemes de rationnement du credit.
Une autre litterature traite de la structure des remunerations ainsi que de l’al-
location budgetaire, compte tenu du role des agents dans le processus de collecte et
de traitement de l’information. Bernardo et al. (2001) considerent ainsi une entre-
prise risque-neutre ayant un projet d’investissement pour lequel un montant optimal
de capital a allouer depend de la qualite du projet, qui est inconnue. Un manager
peut etre engage pour obtenir de l’information sur cette qualite. Il tire un benefice
prive du controle du budget qui lui est alloue et rapporte la qualite d’un projet non
verifiable par le directeur. Celui-ci alloue le capital en fonction du projet rapporte.
Le manager peut par la suite fournir un effort couteux et non verifiable permettant
d’ameliorer le rendement du projet. L’utilite du manager est affectee par une alloca-
tion budgetaire et un schema de remuneration propose par le directeur, comprenant
une part fixe et une part variable. Bernardo et al. (2001) demontrent l’existence
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
de trois cas de combinaisons de remuneration et d’allocation budgetaire optimales
suivantes : une qualite rapportee faible induit l’absence de budget, une qualite in-
termediaire implique un budget et l’absence d’interessement au profit et enfin une
qualite forte induit un budget et un interessement.Un autre modele considere plusieurs agents au sein de la meme entreprise (Ozbas,
2005). L’auteur s’interesse aux problemes d’asymetrie d’information a l’interieur de
l’entreprise, en proposant un modele de concurrence interne entre des managers pour
des ressources. Ces managers disposent d’information qualifiee par Ozbas (2005) de
specific knowledge. L’auteur se focalise egalement sur le concept de communication
strategique entre le principal - le directeur, et les agents - les managers. Ceux-ci
tirent une utilite plus importante de budgets plus grands, ce qui les incite a exagerer
leur previsions de rentabilite afin d’augmenter la probabilite d’obtenir des ressources
plus importantes. Cependant, la non realisation des previsions reduit la reputation
du manager. La qualite de la communication strategique entre les agents et le princi-
pal se deteriore avec l’integration organisationnelle. Il existe deux types de managers
(bon et mauvais) et deux types de projets (a rentabilite elevee et faible). Les pro jets
des mauvais managers ont des rentabilites faibles avec certitude, tandis que ceux des
bons managers peuvent avoir une rentabilite elevee ou faible avec les probabilites
respectives de p et 1 − p. Ozbas (2005) etudie plusieurs types d’organisation (selon
divers degres d’integration) et trouve que des regles rigides dans l’octroi des budgets
peuvent ameliorer la qualite de la communication et l’efficacite de l’allocation des
fonds en reduisant la concurrence entre les managers. La centralisation peut ame-
liorer le comportement des managers en les faisant davantage travailler en equipe,
mais seulement si la communication est efficace. Sinon, un degre d’integration plus
important induit une deterioration de la communication, qui demeure vitale pour
une allocation des ressources efficiente.
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
Une etude du role de l’information sur les marches financiers est egalement propo-
see par Ozerturk (2004). Cet auteur examine l’influence du schema de remuneration
sur les incitations du gerant de fonds a acquerir de l’information plus precise. Ce
schema inclue des commissions et une part des resultats du fonds gere par l’agent.Celui-ci agit pour le compte d’un principal-investisseur en exercant un effort cou-
teux pour observer la rentabilite des actifs. Cet effort influence la precision de son
information, qui est modelisee par un signal. La precision et l’effort ne sont pas
observables par le principal, de meme que la realisation du signal. Un contrat de
remuneration lineaire par rapport au rendement du portefeuille gere incite l’agent a
acquerir plus d’information lorsque les participants du marche ont des anticipations
rationnelles. En effet, les prix des actifs dependent de la demande et influencent ainsi
les incitations du manager a acquerir plus d’information.
4.3 Le modele
La modelisation realisee nous permet de traiter du role du type d’information
dans la gestion du risque de credit et la structure organisationnelle de la banque.La decision de credit est modelisee dans un cadre principal-agent impliquant un
directeur de banque (ou banquier) et un charge de clientele6 sur une periode. Le
banquier-principal est suppose prendre ses decisions en matiere de composition de
bilan et de gestion du risque en fonction des informations fournies par le charge de
clientele. L’utilite du banquier porte sur le profit de la banque. Le bilan est compose
des actifs risques A, des depots D et des fonds propres K .
Le rendement des actifs risques est aleatoire, note rA. Le cout des ressources rD
est exogene, tel que rD > 0. Le salaire du charge de clientele note w est eventuel-
6On peut egalement considerer le cas d’un principal - conseil d’administration et d’un agent -directeur d’un departement de credit.
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
Bilan
A K
D
lement fonction du rendement des actifs rA, auquel cas w = w(rA). Le profit de la
banque Π est :
Π = rAA − rDD − w(rA) − c, (4.1)
avec c correspondant au cout d’une assurance chomage dont beneficie le charge
de clientele, que l’on normalise a 0.
L’utilite du banquier est definie par :
U B = − exp−β (Π), (4.2)
ou β > 0 est le coefficient d’aversion au risque du principal.
L’utilite du charge de clientele est supposee croıtre avec le volume et le develop-
pement de son budget, qui lui est alloue par le directeur de la banque, et avec sa
remuneration w(rA). Le budget qui lui est alloue correspond au volume des actifs A.
Son utilite est alors definie par :
U C = − exp−γ (rAA+w(rA)) . (4.3)
ou γ > 0 est le coefficient d’aversion au risque de l’agent.
L’information collectee, traitee et produite par le charge de clientele est fournie
au banquier sous forme de signal qui concerne le rendement rA des actifs risques.
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Ce signal, note µ, renseigne sur la distribution du rendement des actifs. On suppose
que ce signal suit une loi normale N (µ, υ2). Il est correle avec le rendement tel que :
rA = µ + ε, (4.4)
ou ε suit une loi normale N (0, σ2). µ et ε sont supposes etre non correles. La
distribution a posteriori de rA conditionnelle a la realisation µ est donc telle que
(rA | µ) ∼ N (µ, σ2).
Deux types d’information sont disponibles : de l’information hard ou de l’informa-
tion soft. L’information hard est supposee verifiable par le banquier, mais un recours
exclusif a celle-ci permet des previsions moins precises que si cette information hard
est combinee a de l’information soft, qui elle est non verifiable par le banquier. La
difference en terme de precision selon l’information utilisee est modelisee par le biais
du terme d’erreur ε. Au signal fonde sur de l’information hard est associe un terme
d’erreur d’ecart-type σH , alors qu’au signal fonde sur de l’information hard et soft
implique est associe un terme d’erreur d’ecart-type σS , avec σS < σH 7.
L’information sur le rendement des actifs risques est utilisee pour la gestion du
risque. Le banquier souhaite couvrir le risque de son portefeuille, mesure par la Value
at Risk, par des fonds propres K . La VaR correspond au montant de fonds propres
minimum K tel que la probabilite de defaut acceptee par la banque soit egale a α,
par exemple 1%. On la note V aRα. Le defaut de la banque intervient lorsque la
valeur des actifs est inferieure a la valeur des depots :
prob [A(1 + rA) − D(1 + rD) < 0] = α. (4.5)
En cas de defaut, la remuneration du charge de clientele est garantie par l’assu-
rance chomage. En tenant compte de la contrainte de bilan (K + D − A = 0), on
7Par la suite, on ne tient compte des indices H et S que lorsque cela est strictement necessaire.
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deduit la VaR par unite d’actifs au seuil d’acceptation des pertes α, soit rα (voir
annexe C pour le detail des calculs)8 :
rα =rD − µ − uασ
1 + rD
, (4.6)
et
V aRα = rαA, (4.7)
avec uα correspondant au fractile d’ordre α de la loi N (0, 1)9.
Il est important de noter que la VaR par unite d’actifs rα depend du signal
produit, et particulierement du type d’information utilise, comme en temoigne la
presence du signal observe µ et de l’ecart-type σ de la distribution a posteriori de
rA dans l’equation (4.6). C’est pourquoi le type d’information utilise dans la decision
de credit aura un impact sur l’allocation des fonds propres dedies a la couverture de
la VaR.
On pose rα > 0, ce qui implique µ < rD − uασ. On remarque que rα croıt
avec σ. Plus le signal sur la distribution du rendement est precis, soit un σ faible,
correspondant au signal fonde sur de l’information hard et soft, plus rα est reduit,
permettant des economies de fonds propres alloues a la VaR par unite d’actifs.
Cependant, avant de discuter plus longuement des couts et gains susceptibles
d’etre obtenus par le recours additionnel a de l’information soft, on presente l’en-
semble des resultats obtenus dans le cadre principal-agent en presence uniquement
d’information hard.
8Voir egalement Broll et Wahl (2003).9On suppose que le fractile est negatif, uα < 0, pour les valeurs de probabilite de defaut acceptee
par la banque α inferieure a 50%, ce qui est verifiee dans notre cas.
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4.4 Le cas de l’information hard
On suppose dans cette section que le charge de clientele utilise exclusivement de
l’information hard. L’ecart-type du terme d’erreur du signal ε est donc egal a σH .
Dans la suite de cette section on fait abstraction de l’indice H .
Le banquier est suppose decider dans un premier temps du schema de remunera-
tion du charge de clientele, sachant que celui-ci lui transmet le signal µ. Les decisions
portant sur les fonds propres K , les actifs risques A et les depots D sont prises dans
un second temps en fonction du signal transmis. Le signal transmis est verifiable et
donc non manipulable. Par consequent le banquier est suppose ne mettre aucune-
ment en doute l’information du charge de clientele, qui est autrement dit credible.
On suppose que la remuneration w du charge de clientele est composee unique-
ment d’une partie fixe w0, d’ou :
E rA(w) = w(rA) = w0. (4.8)
La decision du schema de remuneration par le banquier porte donc sur la valeur
du salaire fixe qui doit etre ajustee de telle sorte que le contrat de remuneration soit
acceptable par le charge de clientele.
Le programme d’optimisation du banquier est alors le suivant :
maxw0,K,A,D
EU B,
EU C ≥ U,
K,A,D ∈ arg maxK,A,D
EU B
K + D − A = 0,
K − V aRα ≥ 0,
V aRα = rαA = rD−µ−uασ1+rD
A.
(4.9)
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
avec
EU B =
+∞−∞
− exp[−β (rAA−rDD−w0)] η(rA|µ)drA,
EU C =
+∞−∞
− exp[−γ (rAA+w0)] η(rA|µ)drA,
et
U = − exp−γv .
Dans le programme (4.9), la premiere contrainte correspond a la contrainte departicipation du charge de clientele, ou U est l’utilite de reservation de l’agent10,
tandis que les trois contraintes du sous programme d’optimisation s’imposent au
banquier lors du choix de la composition du bilan et correspondent respectivement
a la contrainte de bilan de la banque, a la contrainte de couverture de la VaR par
les fonds propres K au seuil de defaut α, et a l’expression du calcul de la VaR.
La resolution du programme d’optimisation (4.9) donne les resultats suivants.
Le salaire moyen optimal qui correspond au salaire fixe du charge de clientele est
Ew∗ = w∗
0 = v +(µ − rD(1 + uασ))(γ (µ − rD(1 + uασ)) − 2βµ(1 + rD))
2β 2σ2(1 + rD)2. (4.10)
Le volume optimal de prets correspondant au budget du charge de clientele est
A∗ =(µ − rD(1 + uασ))
βσ2(1 + rD). (4.11)
10Avec v etant la valeur de reservation.
157
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
Puisqu’on suppose une marge positive, µ > rD, on a µ > rD + uασ et le volume
d’actifs optimal est donc positif, A∗ > 0. Une marge suffisante telle que µ−rD(1+uασ)µ
>
2β (1+rD)γ
assure un fixe positif, w∗
0 > 0.
Le volume optimal des fonds propres est
K ∗ = rαA∗ =
rD − µ − uασ
1 + rD
µ − rD(1 + uασ)
βσ2(1 + rD)
. (4.12)
A∗ et rα etant positifs, on obtient K ∗ > 0.
Sachant que D∗ = A∗−K ∗ = A∗(1−rα), un volume de depots strictement positif
implique rα strictement inferieur a 1.
Le banquier obtient a l’optimum une esperance d’utilite de
EU ∗B = − exp
(µ−rD(1+uασ))(β(rD(1+uασ)−µ(3+2rD))+γ(µ−rD(1+uασ)))
2βσ2(1+rD)2+βv
. (4.13)
L’esperance d’utilite du charge de clientele correspond par contre a son niveau
de reservation
EU ∗C = U = − exp−γv . (4.14)
4.5 Couts et gains de l’information soft
Compte tenu des resultats obtenus dans le cas de l’information hard, on envisage
dans cette section les implications positives et negatives d’un recours additionnel
a de l’information soft permettant la fourniture d’un signal d’une plus grande pre-
cision, mais manipulable en raison de la non verifiabilite de la composante soft de
l’information utilisee.
158
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
L’accroissement de la precision des previsions se traduit par un ecart-type du
terme d’erreur, ou autrement dit de la distribution a posteriori du rendement, σ
plus petit. La contrainte de la VaR etant saturee a l’optimum, les fonds propres
optimaux K ∗
correspondent a la VaR de la banque. Ce volume des fonds propres estinfluence par la precision du signal (cf. equation (4.12)). Etant donnee la derivee de
K ∗ par rapport a σ, celle-ci est positive si et seulement si :
(µ − rD) >uασ
2(rD − 1).
Cette condition assure qu’une plus grande precision du signal reduit le volume des
fonds propres. Ainsi, une combinaison d’information soft et hard avec plus grande
precision du signal devrait reduire la VaR tant que la marge est superieure a un
certain niveau.
Cependant, il peut y avoir manipulation de l’information. Le charge de clientele
peut ainsi avoir transmis une valeur µ alors que la valeur qu’il aurait du transmettre
etant donnees ses connaissances est en fait µ + f avec f > 0 ou f < 0, selon que
la manipulation est a la baisse ou a la hausse. Comme le banquier n’a pas acces a
l’information, le budget et la remuneration du charge de clientele sont etablis par
le banquier en fonction du signal transmis µ de telle sorte que son utilite esperee
est au niveau de reservation (4.14) pour une distribution a posteriori du rendement
N (µ, σ2), coherente avec le signal transmis. Cependant, la distribution a posteriori
du rendement etant d’apres les observations N (µ + f, σ2), le charge de clientele
obtient par ce biais une utilite esperee notee EU M C qui est en fait egale a
EU M C = − exp−γv exp
−fγ(µ−rD(1+uασ))
βσ2(1+rD)
. (4.15)
159
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
Etant donne qu’on suppose une marge positive, on verifie que cette utilite esperee
EU M C obtenue par manipulation du signal est superieure au niveau de reservation
pour toute manipulation a la baisse, c’est-a-dire avec f > 0. Le charge de clien-
tele a en effet une incitation a transmettre au banquier un signal µ alors que sesobservations impliquent un signal µ + f , avec f > 0. Comme le banquier assure
au charge de clientele son niveau de reservation quelle que soit la valeur du signal,
l’unique possibilite pour le charge de clientele d’avoir une valeur superieure est d’in-
duire le banquier en erreur de telle sorte qu’il sous-estime ce qu’il lui attribue. C’est
le cas lorsqu’il lui transmet un signal manipule a la baisse et qu’il peut esperer be-
neficier par l’intermediaire du developpement de son budget d’un rendement moyen
finalement plus eleve que ne le pense le banquier.
Pour profiter des economies de fonds propres par recours additionnel a de l’in-
formation soft sans en subir de couts dus a la manipulation du signal par le charge
de clientele, le banquier peut par contre modifier le schema de remuneration afin
d’enlever toute tentation de manipulation au charge de clientele. L’analyse de cette
possibilite est l’objet de la section qui suit.
4.6 Le cas de l’information soft
Le banquier est desormais suppose etre en relation avec un charge de clientele qui
a acces non seulement a de l’information hard, mais egalement a de l’information soft
lui permettant la fourniture d’un signal d’une plus grande precision que celui obtenu
avec recours exclusif a de l’information hard. Le charge de clientele obtient cette
information soft supplementaire dans le cadre d’une relation de clientele. L’ecart-
type du terme d’erreur du signal ε est donc egal a σS mais on fait abstraction de
l’indice S .
160
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
Comme precedemment, le banquier est suppose decider dans un premier temps
du schema de remuneration du charge de clientele sachant que celui-ci lui transmet
par la suite le signal µ et que les decisions portant sur les fonds propres K , les actifs
risques A et les depots D sont prises dans un second temps en fonction du signaltransmis. Le signal contenant de l’information soft non verifiable par le banquier est
susceptible de manipulation par le charge de clientele. On prend alors en compte que
le charge de clientele peut transmettre une valeur du signal dite valeur transmise,
differente de celle decoulant de ses observations, dite valeur observee. On note la
valeur transmise, autrement dit message m, et la valeur observee µ. Ceci induit par
ailleurs une modification du programme d’optimisation du banquier.
Lorsque le banquier decide du schema de remuneration, il envisage que le charge
de clientele peut etre incite a manipuler le signal. Il prend donc en compte que le
contrat de remuneration propose doit etre acceptable par le charge de clientele et
l’inciter a fournir comme message m la valeur observee µ. Cela suppose d’introduire
une contrainte supplementaire d’incitation du charge de clientele dans le programme
d’optimisation du banquier. Cela suppose egalement que le schema de remuneration
soit different. La contrainte d’incitation supplementaire rend en effet le probleme
d’optimisation du banquier sur-determine. Le schema de remuneration envisage com-
porte une partie fixe w0, mais integre desormais une partie variable contingente au
rendement des actifs selon un taux d’interessement w1. Le rendement des actifs est
pris en compte en terme d’ecart par rapport a sa supposee moyenne, conformement
au message fourni par le charge de clientele. Ainsi la remuneration w du charge de
clientele est desormais definie par :
w(rA) = w0 + w1(rA − bm), (4.16)
161
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
avec b un facteur qui pondere la prise en compte du message sur le rendement
moyen. Le message du charge de clientele qui correspond a une prevision sur le
rendement des actifs est finalement la base de la conception d’un objectif a realiser,
bm, associe a l’accord d’une prime w1(rA − bm) > 0 en cas de depassement de cetobjectif, si b > 0. Pour b = 0, la partie variable devient uniquement contingente au
rendement des actifs.
Le programme d’optimisation du banquier en cas d’information soft est alors le
suivant
maxw0,w1,K,A,D
EU B(µ),
EU C (µ) ≥ U ,
µ ∈ arg maxm
EU C (m),
K,A,D ∈ arg maxK,A,D
EU B(m),
K + D − A = 0,
K − V aRα ≥ 0,
V aRα = rαA = rD−µ−uασ1+rD
A.
(4.17)
avec
EU B(m) =
+∞−∞
− exp[−β (rAA−rDD−(w0+w1(rA−bm)))] η(rA|m)drA,
et
EU B(µ) =
+∞−∞
− exp[−β (rAA−rDD−(w0+w1(rA−bµ)))] η(rA|µ)drA,
ainsi que
EU C (m) =
+∞−∞
− exp[−γ (rAA+(w0+w1(rA−bm)))] η(rA|µ)drA,
162
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
et
EU C (µ) =
+∞−∞
− exp[−γ (rAA+(w0+w1(rA−bµ)))] η(rA|µ)drA.
Dans le programme (4.17), la premiere contrainte correspond toujours a la contrainte
de participation du charge de clientele, la deuxieme est ajoutee et correspond a la
contrainte d’incitation a fournir comme message m la valeur observee µ. On retrouve
egalement les trois contraintes du sous programme d’optimisation qui s’imposent au
banquier lors du choix de la composition du bilan. Il est a noter que le choix des
elements du bilan se fait en fonction du message m fourni par le charge de clientele.
La resolution du programme d’optimisation (4.17) donne les resultats suivants.
Le salaire moyen optimal du charge de clientele devient
Ew∗∗ = v −2µγ 2(µ − rD(1 + uασ))
βσ2(1 + rD)(bβ + 2γ )2+ b(µ − rD(1 + uασ))Φ, (4.18)
avec
Φ =bγ (µ − rD(1 + uασ)) − 2µ(1 + rD)(β (b + µ(1 + rD)) + γ )
2σ2(1 + rD)2(bβ + 2γ )2 .
On remarque que pour une ponderation b = 0 impliquant un schema de re-
muneration du charge de clientele fonction uniquement du rendement des actifs, le
salaire moyen optimal n’est positif que pour des valeurs de v strictement positives.
Le schema de remuneration n’est donc adapte a tout type d’agent que si b = 0.
L’information soft entraıne donc obligatoirement l’ensemble des modifications orga-
nisationnelles proposees.
En fait, d’apres l’equation (4.16), tout ecart entre le message sur la moyenne du
rendement des actifs et le rendement realise se traduit pour le charge de clientele par
une part variable qui peut etre positive et s’a joute au fixe, mais qui peut egalement
163
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
etre negative et ampute d’autant le fixe. C’est donc finalement pour limiter les
ecarts quels qu’ils soient que le charge de clientele prefere fournir un message m sur
la moyenne du rendement qui correspond a la valeur observee µ, et ne manipule
donc pas le signal. Les previsions du charge de clientele etant prises en compte dansle cadre de sa remuneration et les ecarts par rapport a ces previsions pouvant etre
fortement penalisants, le charge de clientele prend conscience que ses previsions ont
tout interet a etre le plus justes possibles.
Le montant optimal des prets et donc du budget du charge de clientele devient
A∗∗ =(µ − rD(1 + uασ))(γ + bβ ) + βµ(1 + rD)
βσ2
(1 + rD)(2γ + bβ )
, (4.19)
qui est, la marge etant positive, strictement positif des lors que
b > −
γ
β +
µ(1 + rD)
µ − rD(1 + uασ)
.
Il est donc possible de se restreindre a un facteur de ponderation b > 0.
Le volume des fonds propres devient
K ∗∗ = rαA∗∗ =
rD − µ − uασ
1 + rD
(µ − rD(1 + uασ))(γ + bβ ) + βµ(1 + rD)
βσ2(bβ + 2γ )
,
(4.20)
avec
∂A∗∗
∂b
=γ (µ − rD(1 + uασ)) − βµ(1 + rD)
σ2
(1 + rD)(bβ + 2γ )2
.
Ainsi, comme le taux d’interessement w∗∗
1 du charge de clientele est defini par
w∗∗
1 = −γ (µ − rD(1 + uασ)) − βµ(1 + rD)
βσ2(1 + rD)(bβ + 2γ ), (4.21)
164
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
il est possible de verifier que la positivite de w∗∗
1 implique que b a un effet negatif
sur le budget A∗∗ du charge de clientele, sur les fonds propres K ∗∗, ainsi que sur le
taux d’interessement w∗∗
1 .
4.7 Comparaison des resultats
La resolution des programmes d’optimisation sous contraintes (4.9) et (4.17),
donne les solutions dans le cadre avec information hard et avec combinaison d’infor-
mation hard et soft. Ces solutions se distinguent notamment par un ecart-type σ de
la distribution a posteriori du rendement, qui bien que note de facon identique, n’a
pas meme valeur d’une solution a l’autre, puisque le signal contenant de l’informa-
tion soft est suppose plus precis que le signal base uniquement sur de l’information
hard et que l’on a σH > σS . Afin de pouvoir comparer les solutions obtenues dans
les deux cadres, on suppose par la suite que σH = σS + λ , avec λ correspondant
au degre d’imprecision du signal base uniquement sur de l’information hard. En
raison de l’impossibilite d’obtenir par l’analyse algebrique des resultats simples, la
comparaison est operee par recours a des simulations.On compare en particulier les valeurs des esperances de salaire Ew, des fonds
propres K , des prets A, ainsi que de l’esperance d’utilite du banquier E (U B).
On calcule donc les differences suivantes (∗ et ∗∗ correspondent aux solutions
issues de la resolution du programme (4.9) avec information hard et du programme
(4.17) avec combinaison d’information hard et soft respectivement) :
– dEw = Ew∗ − Ew∗∗,
– dK = K ∗ − K ∗∗,
– dA = A∗ − A∗∗,
– dE (U B) = E (U B)∗ − E (U B)∗∗,
dont on simule les expressions en fixant tous les parametres, sauf µ.
165
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
Compte tenu des differentes conditions assurant la positivite des elements du
bilan de la banque precedemment poses, les valeurs des parametres sont les suivantes :
le taux d’interet sur les depots rD = 0.025, la valeur de reservation v = 0, le fractile
de la loi normale correspondant a une probabilite de defaut autorisee par la banquede α = 1%, uα=0.01 = −2.3263, les coefficients d’aversion au risque du principal et
de l’agent respectivement β = γ = 1, l’ecart type de la distribution a posteriori du
rendement σ = 0.2 en cas d’information soft, le degre d’imprecision du signal de
type hard λ = 0.1, et la ponderation b = 2. On fait varier le signal µ sur l’intervalle
[0.03;0.75].
Les courbes des differences dEw , dK , dA et dE (U B) sont representees dans les
figures 4.1, 4.2, 4.3 et 4.4 respectivement.
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7
0
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
Fig. 4.1 – Courbe de dEw = Ew∗ − Ew∗∗ en fonction de µ.
On remarque en premier lieu que la difference des esperances de salaire dEw
est une courbe croissante et convexe, situee dans le demi-plan positif du graphique
(cf. figure 4.1). L’esperance de salaire est donc plus importante dans le cadre avec
information exclusivement hard.
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7
0
1
2
3
4
Fig. 4.2 – Courbe de dK = K ∗ − K ∗∗ en fonction de µ.
En second lieu, la difference des fonds propres dK est croissante et positive (cf.
figure 4.2). Le montant des fonds propres est plus important dans le cadre avec
information exclusivement hard. L’apport de l’information soft en impliquant un
degre de precision plus important du signal permet alors de reduire le montant des
fonds propres.
La difference des volumes de prets (correspondant egalement au volume des fondsalloues au charge de clientele) dA est par contre negative, puisque la courbe se situe
dans le demi-plan negatif du graphique (cf. figure 4.3). L’octroi de prets est plus
important avec une combinaison d’information hard et soft, et croıt avec le signal µ.
Enfin, au niveau de la courbe representant la difference de l’esperance d’utilite
du banquier dE (U B) (cf. figure 4.4), on obtient une courbe convexe situee dans le
demi-plan negatif du graphique. L’esperance d’utilite du banquier est superieure
lorsqu’il a recours a un charge de clientele qui lui transmet un signal fonde sur une
combinaison d’information hard et soft. On obtient ce resultat malgre la necessite
d’implanter un schema de remuneration particulier qui empeche la manipulation du
signal par l’agent.
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7
-10
-8
-6
-4
-2
0
Fig. 4.3 – Courbe de dA = A∗ − A∗∗ en fonction de µ.
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7
-0.25
-0.2
-0.15
-0.1
-0.05
0
Fig. 4.4 – Courbe de dE (U B) = E (U ∗B) − E (U ∗∗B ) en fonction de µ.
Ainsi, pour resumer, l’information soft permet au banquier de reduire le montant
des fonds propres grace a la plus grande precision du signal obtenu, et n’impliquepas pour autant de cout de remuneration supplementaire en vue d’eviter la manipu-
lation de ce signal, puisqu’elle permet au banquier un octroi plus important de pret
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Chap. 4. Delegation de la decision de credit dans les banques. . .
correspondant pour le charge de clientele a un budget plus important, source d’un
accroissement de son utilite.
4.8 Conclusion
La qualite de l’information produite par la banque determine les caracteristiques
de la prise de risque. La litterature existante traite de ce probleme en distinguant
l’information hard et l’information soft (Petersen, 2004). L’acquisition de cette in-
formation peut s’effectuer par deux methodes : la banque a l’acte ou la banque de
relation. La premiere peut s’appuyer sur des methodes statistiques de traitement de
l’information hard. Ce type d’information presente des avantages en terme de faible
cout, d’economie d’echelle et de possibilite de mesurer la Value at Risk grace au re-
cours a des modeles de risque de credit. A l’oppose, la banque de relation a egalement
acces a de l’information soft, qui lui permet d’accroıtre la precision de l’estimation
de la qualite de l’emprunteur, mais qui pose le probleme de la manipulation.
Dans ce chapitre, on se focalise en particulier sur le role du type d’information
dans la gestion du risque de credit dans la banque. Dans un modele ou le banquierrequiert de l’information sur le rendement des actifs pour gerer le risque de credit par
allocation des fonds propres, on montre que le recours additionnel a de l’information
soft a l’avantage de permettre des economies en terme de fonds propres. Cet avan-
tage est du a la plus grande precision des previsions. Mais l’information soft, etant
non verifiable, necessite l’implantation d’un schema de remuneration particulier qui
empeche la manipulation de l’information par le charge de clientele.
Ces resultats fournissent une evidence theorique sur un avantage de l’information
soft dans la gestion du risque de credit, puisqu’on montre que la VaR peut etre
limitee, ce qui induit des economies de fonds propres, si la banque met en place une
organisation et un systeme de remuneration adequat.
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Conclusion Generale
Conclusion Generale
L’etude des causes internes et externes de l’exces de risque, ainsi que
des mecanismes susceptibles de controler ce phenomene est l’ob jet prin-
cipal de cette these.
Le chapitre introductif constitue une mise en perspective des problemes trai-
tes dans cette these et les replace dans la litterature existante. Il souligne aussi
l’importance de la nature de l’information dans la prise de risque. Des interactions
entre les causes internes et externes de l’exces de risque sont mises en evidence, en
particulier entre les mecanismes de gouvernance dans la banque, l’environnement
institutionnel et legal, ainsi que la regulation bancaire et la discipline de marche.
Le type d’information et l’organisation du processus de decision de credit in-
fluencent la prise de risque. L’information soft produite dans le cadre d’une relation
bancaire peut etre source d’alea moral compte tenu de ses caracteristiques de non ve-
rifiabilite et de manipulabilite. Une structure organisationnelle de la banque, de type
decentralise et non hierarchique constitue une reponse a ce probleme, mais impliquedes couts de controle de l’agent plus importants. Les specificites des banques, a sa-
voir leur levier important, la forte opacite de leurs actifs et leur regulation, peuvent
affecter l’efficacite des mecanismes de gouvernance. Certains de ces mecanismes, en
particulier la politique de remuneration du manager et leur participation au capital
de la banque, peut dans certains cas l’inciter a l’exces de risque si celui-ci a un statut
d’actionnaire minoritaire. La qualite des institutions et du systeme legal contribue
a une meilleure gouvernance d’entreprise de la banque. Ses mecanismes, comme la
structure de propriete, s’adaptent a l’environnement institutionnel et legal en vi-
gueur. Cet environnement influence egalement l’efficacite de la regulation bancaire.
La discipline de marche, qui repose en grande partie sur la transparence informa-
171
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Conclusion Generale
tionnelle, constitue un element important d’une regulation et d’une surveillance pru-
dentielle efficace. Cette transparence peut reduire l’impact positif de la concurrence
sur la prise de risque.
Les quatres chapitres suivants qui composent cette these proposent des contri-
butions a la fois empiriques et theoriques analysant l’influence de ces diverses
causes internes et externes sur l’exces de risque.
Les resultats d’un modele logit a deux etapes, applique a un echantillon de
banques de pays emergents et permettant de modeliser la probabilite de defaut des
banques, obtenus dans le chapitre 1, confirment le role des determinants internes
et externes dans le controle des incitations a l’exces de risque. Cet environnement
exerce un effet significatif sur l’exces de risque. L’impact de la reglementation sur
l’exces de risque, particulierement des mecanismes de regulation de l’activite et du
capital bancaire, ainsi que la discipline reglementaire, s’avere de premiere impor-
tance. L’environnement reglementaire semble a la fois influencer l’exces de risque,
mais egalement s’adapter au comportement de prise de risque de la banque. La dis-
cipline reglementaire, comme la menace de changement de l’organisation interne de
la banque, a un impact negatif sur l’exces de risque. L’efficacite de l’etat de droit
apparaıt comme une dimension cruciale de l’environnement juridique et institution-
nel d’un pays. En effet, un cadre reglementaire peut apparaıtre comme pertinent en
theorie, mais son application pratique peut etre biaisee par la qualite des institu-
tions. Il ne suffit donc pas qu’une disposition reglementaire existe pour qu’elle soit
efficace, encore faut-il que les institutions qui en ont la responsabilite soient elles-
memes credibles et de qualite. Ainsi, le canal de la discipline reglementaire peut etre
renforce par un environnement institutionnel et legal efficace. Ce chapitre montre
l’avantage d’un modele en deux etapes. Les determinants de l’exces de risque sont a
la fois internes et externes, particulierement dans les pays emergents. On demontre
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Conclusion Generale
ainsi l’importance des institutions dans le controle de la prise de risque et donc du
risque de defaillance bancaire
Les resultats du chapitre 2 montrent que les ratings de banques constituent
bien des indicateurs du risque de defaut des banques dans les pays emergents co-herents avec les taux de defaut observes. Ainsi, le rating peut servir de vecteur de
la discipline de marche permettant d’inciter a un comportement de prise de risque
conservateur. Ce type de discipline s’avere de premiere importance pour une strate-
gie de regulation bancaire efficace, et represente le Pilier 3 du Nouvel Accord de Bale
II. Une tendance a l’agregation de l’information sur le risque de defaut par les ratings
est neanmoins mise en evidence, le rating Moody’s etudie etant peu discriminant du
risque de defaut des banques de bonne qualite. L’integration de variables proxies
des facteurs reglementaires en vigueur dans les pays emergents etudies ameliorent
sensiblement le modele de score, ainsi que les resultats de la quantification et du
mapping . L’agregation de l’information sur le risque de defaut par le rating apparaıt
alors comme moins prononcee.
L’application d’une methodologie originale des frontieres de distance direction-
nelle avec output non desirable a un echantillon de banques des pays de l’OCDE dans
le chapitre 3 permet d’integrer le risque de credit dans la fonction de production
bancaire et d’etudier l’efficience des banques en tenant compte de leurs preferences
et leur sensibilite au risque, et de l’impact de la contrainte reglementaire de capi-
tal. La demarche adoptee distingue une alternative : le controle interne (controle
du couple rentabilite-risque par le banquier) ou externe-reglementaire (contrainte de
capital reglementaire qui agit sur le couple rentabilite-risque) de la prise de risque.
On oppose ainsi l’incidence de la reglementation prudentielle du capital sur la prise
de risque a un comportement individuel du manager de la banque qui serait sen-
sible au risque. Les resultats obtenus mettent en evidence des degres d’inefficience
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Conclusion Generale
manageriale plus importants pour les banques ne respectant pas la contrainte de
capital reglementaire. Les preferences pour le risque du banquier semblent etre in-
fluencees par la reglementation du capital bancaire. En effet, celle-ci induit un prix
du risque percu plus important et donc une tarification plus adequate car mieuxajustee au risque. Le controle externe de l’arbitrage rentabilite-risque par le biais
de la reglementation du capital exerce vraisemblablement une influence sur les inci-
tations du banquier a maıtriser le risque de ses actifs. Ainsi, la regulation bancaire
peut egalement contribuer a controler la prise de risque de la banque, par le biais de
la contrainte de capital.
Enfin, d’apres les resultats mis en evidence dans un modele principal-agent avec
alea moral avec information cachee du chapitre 4, on montre les avantages et les
inconvenients lies au recours a de l’information soft dans la decision de credit. L’in-
formation soft, plus precise, permet une economie de fonds propres economiques
necessaires pour couvrir la Value at Risk. Mais ce type d’information implique un
risque de manipulation par le charge de clientele. Cette caracteristique necessite une
structure organisationnelle adequate pour eviter les consequences de cette manipu-
lation. Un schema de remuneration adapte est alors propose. Celui-ci comporte une
partie fixe mais integre egalement une partie variable contingente au rendement des
actifs selon un taux d’interessement. Le rendement des actifs est pris en compte en
terme d’ecart par rapport a sa supposee moyenne, conformement au message fourni
par le charge de clientele. Un facteur de ponderation du message sur le rendement
moyen est pris en compte. La comparaison des resultats issus des decisions de credit
fondees sur la seule information hard et sur l’information soft, effectuee au moyen de
simulations, confirme que l’information soft est avantageuse pour le banquier, meme
si elle necessite des modifications organisationnelles. Ces resultats fournissent une
evidence theorique sur un avantage de l’information soft dans la gestion du risque
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Conclusion Generale
de credit, puisqu’on montre que la VaR peut etre limitee, ce qui induit des econo-
mies de fonds propres, si la banque met en place une organisation et un systeme de
remuneration adequat.
Cependant, les resultats de ce travail de recherche presentent certaines
limites qui offrent des extensions et des perspectives de recherche future.
Les limites du chapitre 1 sont principalement liees a la representativite de
l’echantillon, dans la mesure ou tous les pays emergents n’y sont pas inclus, ainsi
que la difficulte de prendre en compte la totalite des facteurs pouvant influencer la
prise de risque. La reponse a ces limites constitue une premiere piste de recherche
future. Parmi les prolongements de ce travail, on envisage egalement une etude plus
approfondie des interactions entre les mecanismes de la discipline de marche et re-
glementaire. Un developpement de la methodologie pourrait apporter des precisions
a nos conclusions, notamment en adoptant un systeme d’equations simultanees, afin
de tenir compte simultanement des relations entre un indicateur d’exces de risque
de la banque et sa probabilite de defaut.
Dans les prolongements du travail effectue dans le chapitre 2, on envisage en
premier lieu d’etudier la coherence d’autres ratings d’agence (Standard & Poor’s
et Fitch ), et de comparer leur pouvoir informationnel. L’etude de l’influence de la
dimension temporelle du rating sur sa coherence avec le risque de defaut de l’emetteur
constitue une piste de recherche interessante complementaire, qui pourrait avoir
recours aux modeles de duree.
Les resultats de la methodologie originale des fonctions de distance directionnelle
avec output non desirable mise en oeuvre dans le chapitre 3 pourraient etre enrichis
de plusieurs manieres. L’integration de facteurs reglementaires et institutionnels dans
la fonction permettrait de controler leur impact sur le degre d’inefficience des banques
et le prix percu du risque. La comparaison des resultats avec des directions observees
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Conclusion Generale
et hypothetiques permettrait de completer les conclusions. Enfin, l’estimation de
frontieres stochastiques permettrait de proceder a des tests de specification.
Enfin, dans le chapitre 4, on peut reprocher l’absence de cout du capital dans
le modele, et de cout de traitement de l’information et du controle de l’agent. L’in-tegration de ces elements devrait permettre des extensions de ce travail. L’etude de
l’influence de l’incertitude liee au cycle des affaires ainsi que l’effet d’apprentissage
sur l’arbitrage entre les deux types d’informations (hard versus soft) fournit egale-
ment des perspectives de recherche interessantes. En utilisant des donnees de bilan
des emprunteurs, il serait possible d’estimer des indicateurs de type soft au moyen
de la methode non parametrique Data Envelopment Analysis. Ensuite, l’etude em-
pirique de l’impact de ces indicateurs soft, ainsi que ceux de l’information hard, sur
les caracteristiques des contrats de dette pourrait etre menee.
Enfin, notons que la decision de credit fait intervenir le jugement humain sub-
jectif, qui repose sur des facteurs cognitifs. L’etude de leur influence sur la prise
de risque dans la banque pourrait s’effectuer dans le cadre des apports recents de
la finance comportementale, qui s’ecarte des hypothese de rationalite individuelle
des agents, et offrent des explications alternatives des preferences des agents et leur
maniere d’evaluer les choix risques (Barberis et Thaler, 2002). Il s’agit en particulier
de la Prospect Theory (Kahneman et Tversky, 1979; Tversky et Kahneman, 1992),
dont le point de depart est une critique de la theorie de l’utilite esperee en temps
que cadre descriptif de la decision risquee. Ce cadre permet de formuler plusieurs
propositions, comme une utilite de l’agent definie sur les gains et les pertes et non
sur la valeur de la richesse finale, et une forme de la fonction d’evaluation qui est
concave dans le domaine des gains (les agents sont adverses au risque sur les gains
et riscophiles sur les pertes). Ce cadre peut fournir des hypotheses testables empiri-
quement, comme le point de reference (l’attitude face au risque est determinee par
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Conclusion Generale
rapport a un point de reference ; lorsque les performances de l’agent se situent en
dessous, il est riscophile, lorsqu’elles se situent au dessus, il est risque averse) ou le
biais d’ancrage (ce biais correspond a l’utilisation de croyances passees, qui influence
indument les anticipations conduites par les agents). Peu de travaux se sont penchessur l’etude de la decision risquee du banquier dans le cadre de la Prospect Theory
(hormis Jegers, 1991 et Johnson, 1994). L’exploitation des apports de ce cadre four-
nit egalement des perspectives de recherche futures sur les facteurs de prise de risque
dans la banque.
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Annexe A
201
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Annexes
Tab. A.1 – Repartition des banques defaillantes et disponibles par pays emergents
Pays Code Nombre de Nombre de Part des
pays banques disponibles banques defaillantes defaillantesArgentine AR 135 28 20.74%Bosnie-Herzegovine BA 22 1 4.55%Bulgarie BG 28 2 7.14%Bolivie BO 16 7 43.75%Bresil BR 188 19 10.11%Colombie CO 56 9 16.07%Costa Rica CR 35 3 8.57%Republique Tcheque CZ 32 2 6.25%Equateur EC 43 2 4.65%Estonie EE 12 4 33.33%
Hong Kong HK 105 1 0.95%Croatie HR 48 8 16.67%Indonesie ID 93 34 36.56%Coree du Sud KR 55 33 60.00%Lithuanie LT 13 2 15.38%Lettonie LV 28 4 14.29%Mexique MX 46 4 8.70%Malaisie MY 65 32 49.23%Nicaragua NI 12 6 50.00%Panama PA 86 8 9.30%Perou PE 34 5 14.71%Pologne PL 58 1 1.72%Paraguay PY 45 3 6.67%Roumanie RO 36 2 5.56%Russie RU 166 6 3.61%Singapore SG 59 7 11.86%Slovenie SI 27 1 3.70%Slovaquie SK 27 4 14.81%Thaılande TH 40 17 42.50%Taıwan TW 48 3 6.25%Ukraine UA 44 2 4.55%
Uruguay UY 57 6 10.53%Venezuela VE 71 1 1.41%Yougoslavie YU 23 4 17.39%
Source : base de banques defaillantes construite par l’auteur.
Le nombre de defauts est cumule sur les annees 1996 − 2002.
202
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Annexe B
Tab. B.1 – Frequences des banques notees par pays
Pays Code Nombre de Banques Frequence
Argentine AR 40 8.37Bresil BR 51 10.67Colombie CO 23 4.81Tchequie CZ 12 2.51Equateur EC 8 1.67Hong Kong HK 5 1.05Croatie HR 4 0.84Indonesie ID 7 1.46Coree du Sud KR 60 12.55Lettonie LV 10 2.09Mexique MX 32 6.69
Malaisie MY 20 4.18Perou PE 23 4.81Pologne PL 46 9.62Roumanie RO 12 2.51Singapour SG 22 4.6Slovenie SI 2 0.42Slovaquie SK 14 2.93Thaılande TH 46 9.62Taıwan TW 6 1.26Venezuela VE 35 7.32
478 100
203
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Annexes
Tab. B.2 – Resume de la matrice de transition a un an du rating de Moody’s sur laperiode 1998 − 2002
Rating ToRatings Aaa Aa A Baa Ba B Caa-C Default
Aaa 100.00% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00%Aa 0.00% 97.14% 2.86% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00%A 0.00% 1.67% 96.67% 1.67% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00%Baa 0.00% 0.00% 15.38% 81.40% 2.35% 0.00% 0.00% 0.87%Ba 0.00% 0.00% 0.00% 14.24% 82.80% 2.46% 0.50% 0.00%B 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 14.67% 79.87% 4.24% 1.21%Caa-C 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 15.00% 70.71% 14.29%
Letter Migration Rate Summary Excluding Withdrawn Ratings
cCopyright 2003, Moody’s Investors Service, Inc. All rights reserved .
Average 1 - Year(s) Rating Migrations Rates for 12/31/98 - 12/31/02
Resultats de l’etude de la coherence du rating Moody’s avec la pro-
babilite de defaut de la banque avec integration de variables proxies des
facteurs reglementaires dans le modele de score
Les resultats des cinq etapes de la methodologie integrant des variables proxies
des facteurs reglementaires en vigueur dans les pays emergents etudies sont presentes
dans cette annexe.
Il s’agit des facteurs reglementaires utilises et presentes dans le chapitre 1 (voirtableau 1.2) (min. : minimum, moy. : moyenne, s.d. : ecart-type, max. : maximum) :
– CREDITRISKV (proxy de la regulation bancaire) = 1 si le ratio de capital
reglementaire minimum varie avec le risque de credit de la banque (19.17% de
l’echantillon)
– MINCAR (proxy de la regulation bancaire) = ratio de capital reglementaire
minimum (min. : 8%, moy. : 9.31%, s.d. : 1.47%, max. : 12%)
– PROHIBEXTERNLOAN (proxy de la regulation bancaire) = 1 si la regula-
tion bancaire interdit aux banques l’octroi de prets a l’etranger (18.91% de
l’echantillon)
– DEPOSITINSURANCE (proxy de l’assurance des depots) = 1 s’il existe un
systeme d’assurance des depots bancaires en vigueur (75.13% de l’echantillon)
204
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Annexes
– ORGASTRUCTURECH (proxy de la discipline reglementaire) = 1 si le regu-
lateur peut forcer la banque a operer un changement de l’organisation interne
(62.69% de l’echantillon)
– IEHOLDING (proxy de la gouvernance - structure de propriete) = 1 si le
premier actionnaire de la banque provient d’un pays industrialise (29.27% del’echantillon)
– NBSUPERVISORS (proxy de la discipline reglementaire) = nombre total de
surveillants professionnels par banque (min. : 0.2 ; moy. : 4.91, s.d. : 3.76, max. :
18)
On presente respectivement :
1. Les resultats du modele de score avec facteurs reglementaires (tableau B.3)
2. Les moyennes et medianes des probabilites estimees (avec facteurs reglemen-
taires) et des taux de defaut par classe de rating simulee (tableau B.4)
3. Les moyennes et medianes des probabilites estimees (avec facteurs reglemen-
taires) et taux de defaut par classe de rating Moody’s (tableau B.5)
4. Le calibrage des classes de rating simulees avec les classes de rating Moody’s
(tableau B.6)
5. Le croisement des classes de rating simulees et BFSR (Moody’s) (tableau B.7)
205
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Annexes
Tab. B.3 – Resultats du modele logit de defaut de la banque avec facteurs regle-mentaires
VariablesINTERCEPT 10.566∗
(5.71)EQUTOTASSETS −0.221∗∗∗
(0.08)LLOSSRESNPL −0.011
(0.01)PERSEXPENSE −0.025
(0.03)NETINTMARGIN −0.166
(0.12)LIQUIDASSETS −0.063∗∗
(0.03)LOGTOTA −0.374(0.34)
MINCAR*CREDITSRISKV 0.138(0.11)
PROHIBEXTERNLOAN 5.153∗∗∗
(0.99)DEPOSITINSURANCE −2.928∗∗∗
(0.94)ORGASTRUCTURECH 1.169
(0.74)
IEHOLDING −1.32∗∗(0.71)
NBSUPERVISORS −0.371∗∗∗
(0.11)Ndef. 68N 386LR 206.49∗∗∗
Log V −76.45Tx reclas. def. 88.2Tx reclas. non def. 89.9∗∗∗
,
∗∗
et
∗
: coefficient significatif au seuil de 1%, 5% et 10%.Les ecarts-types figurent entre parentheses.
Ndef. : nombre de defauts, N : nombre de banques.
Log V : logvraisemblance, LR : ratio de vraisemblance.
Tx reclas. def. : Taux de reclassement des defauts.
Tx reclas. non def. : Taux de reclassement des non defauts.
206
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Tab. B.4 – Moyennes et medianes des probabilites estimees (avec facteurs reglementaires) et de rating simulee
classes moy. med. s.e. tx nb. s.e. lim. inf. lim. sup. ˆ pD ˆ pD ˆ pD def. def. tx def. I.C. ˆ pD I.C. ˆ pD I
1 0.000733 0.00048 0.0007 0 0 0 0.000606 0.00086 2 0.005924 0.005334 0.0023 0 0 0 0.0005251 0.006597 3 0.025672 0.024924 0.0101 0.014493 1 0.1204 0.023032 0.028312 4 0.441954 0.50259 0.326 0.449664 67 0.4991 0.398171 0.494737
La probabilite de defaut estimee par le modele logit est notee ˆ pD. moy. : moyenne, med. : mediane, s.e. :
taux de defaut, nb. def. : nombre de defauts, lim. inf. et lim. sup. de l’I.C. : limite inferieure et superieure
de confiance a 95%. Compte tenu du nombre d’observations reduit par classe de rating (simulee et d’agen
des limites de l’intervalle de confiance exact sous l’hypothese de distribution binomiale des proportions.
2 0
7
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Tab. B.5 – Moyennes et medianes des probabilites estimees (avec facteurs reglementaires) et rating Moody’s
BFSR moy. med. s.e. tx nb. s.e. lim. inf. lim. sup. ˆ pD ˆ pD ˆ pD def. def. tx def. I.C. ˆ pD I.C. ˆ pD
B 0.054002 0.0575 0.0266 0 0 0 0.037091 0.070913 C 0.029737 0.001141 0.0864 0.052632 2 0.226294 0.001354 0.058121 D 0.101667 0.004153 0.2241 0.116959 20 0.322315 0.067842 0.13549 E 0.295982 0.082437 0.3473 0.278788 46 0.449768 0.242595 0.3349369
La probabilite de defaut estimee par le modele logit est notee ˆ pD. moy. : moyenne, med. : mediane, s.e. :
taux de defaut, nb. def. : nombre de defauts, lim. inf. et lim. sup. de l’I.C. : limite inferieure et superieure
de confiance a 95%. Compte tenu du nombre d’observations reduit par classe de rating (simulee et d’agen
des limites de l’intervalle de confiance exact sous l’hypothese de distribution binomiale des proportions.
2 0
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Annexes
Tab. B.6 – Calibrage des classes de rating simulees avec les classes de rating Moody’s
classes BFSR tx def. BFSR s.e. tx lim. inf. lim. sup.med. historique moy. BFSR def. I.C. tx def. I.C. tx def.
1 D 0.00693 2.96 0.6022 0 0 02 D 0.00693 3.2 0.5766 0 0 03 E 0.1429 3.35 0.8715 0.014493 0.0004 0.07814 E 0.1429 3.5 0.7938 0.449664 0.3682 0.5332
La probabilite de defaut estimee par le modele logit est notee ˆ pD. moy. : moyenne, med. :
mediane, s.e. : ecart-type, tx def. : taux de defaut, nb. def. : nombre de defauts, lim. inf.
et lim. sup. de l’I.C. : limite inferieure et superieure de l’intervalle de confiance a 95%.Compte tenu du nombre d’observations reduit par classe de rating (simulee et d’agence),
on utilise des limites de l’intervalle de confiance exact sous l’hypothese de distribution
binomiale des proportions.
Tab. B.7 – Croisement des classes de rating simulees et BFSR (Moody’s)
BFSRclasses B C D E
1 0 20.17 63.87 15.97 1002 0 8.16 63.27 28.57 1003 7.25 4.35 34.78 53.62 100
4 4.7 4.7 26.85 63.76 100
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Annexe C
On deduit l’expression de la VaR par unite d’actifs (4.6) a partir de l’expression
de la probabilite de defaut de la banque (4.5). En effet, en utilisant la contrainte de
bilan K + D − A = 0
prob [A(1 + rA) − D(1 + rD) < 0] = α,
equivaut a
prob [Ar + K < 0] = α,
avec r = 1+rA1+rD
− 1,
d’ou on a
prob [−Ar > K ] = α.
Alors, par definition de la VaR, V aRα = K et rα = K A
, d’ou
prob [−r > rα] = α,
ou encore
prob [r ≥ −rα] = 1 − α.
On peut alors ecrire
prob [r ≥ µr + uασr] = 1 − α,
en utilisant le corollaire 1 :
211
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Annexes
Corollaire 1 Sachant x ∼ N (µx, σ2x), le fractile d’ordre α de la loi N (.) est
p (x ≥ xα) = 1 − α, avec xα = µx + uασx, uα etant le fractile d’ordre α de la loi
N (0, 1).
On en deduit l’expression de la VaR par unite d’actifs :
rα = −(µr + uασr),
= −
1 + µ
1 + rD
− 1 + uα
σ
1 + rD
,
=rD − µ − uασ
1 + rD
,
qui correspond a l’equation (4.6), sachant que (rA|µ) ∼ N (µ, σ2) et donc
r ∼ N 1+µ
1+rD − 1, σ1+rD2 .
212
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Liste des tableaux
1 Typologie de l’information soft versus information hard . . . . . . . 31
1.1 Repartition des defauts et des banques par pays . . . . . . . . . . . . 74
1.2 Facteurs reglementaires et institutionnels utilises dans l’equation (1.1) 75
1.3 Facteurs de risque utilises dans l’equation (1.2) . . . . . . . . . . . . 76
1.4 Statistiques descriptives des principaux ratios comptables . . . . . . 771.5 Resultats des estimations de l’equation (1.1) . . . . . . . . . . . . . . 79
1.6 Resultats des estimations de l’equation (1.2) . . . . . . . . . . . . . . 87
2.1 Definition et frequences des classes de rating Moody’s BFSR . . . . . 103
2.2 Statistiques descriptives des variables explicatives du modele de de-
faut de la banque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
2.3 Resultats du modele logit de defaut de la banque . . . . . . . . . . . 105
2.4 Moyennes et medianes des probabilites estimees et des taux de defaut
par classe de rating simulee . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1072.5 Moyennes et medianes des probabilites estimees et taux de defaut par
classe de rating Moody’s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
2.6 Calibrage des classes de rating simulees avec les classes de rating Moo-
dy’s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
2.7 Croisement des classes de rating simulees et BFSR (Moody’s ) . . . . 112
3.1 Synthese des modeles estimes selon le comportement face au risque
et l’integration ou non de l’input capital dans la fonction de distance
directionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1323.2 Statistiques descriptives des inputs et outputs de la fonction de pro-
duction bancaire (en milliers USD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
3.3 Valeur moyenne des degres d’inefficience - modeles M 1 et M 3 . . . . . 135
213
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Liste des Tableaux
3.4 Comparaison des valeurs moyennes des degres d’inefficience et des
prix percus du risque (direction g(1, 1)) avec capital comme input
fixe (modele M 1) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
3.5 Comparaison des valeurs moyennes des degres d’inefficience et des
prix percus du risque estimes par les modeles M 1 et M 4 (distinctiondes banques respectant et ne respectant pas la contrainte de capital
pour ce dernier modele) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
A.1 Repartition des banques defaillantes et disponibles par pays emergents 202
B.1 Frequences des banques notees par pays . . . . . . . . . . . . . . . . 203
B.2 Resume de la matrice de transition a un an du rating de Moody’s sur
la periode 1998 − 2002 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
B.3 Resultats du modele logit de defaut de la banque avec facteurs regle-
mentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
B.4 Moyennes et medianes des probabilites estimees (avec facteurs regle-
mentaires) et des taux de defaut par classe de rating simulee . . . . . 207
B.5 Moyennes et medianes des probabilites estimees (avec facteurs regle-
mentaires) et taux de defaut par classe de rating Moody’s . . . . . . 208
B.6 Calibrage des classes de rating simulees avec les classes de rating Moo-
dy’s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
B.7 Croisement des classes de rating simulees et BFSR (Moody’s ) . . . . 209
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Table des figures
1 Representation schematique de l’influence des causes internes et ex-
ternes sur l’exces de risque et la defaillance de la banque . . . . . . . 57
3.1 Representation de la fonction de distance directionnelle avec un out-
put desirable et un output non desirable. . . . . . . . . . . . . . . . . 123
3.2 Distribution des degres d’inefficience pour toutes les banques de l’echan-tillon - modele M 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
3.3 Distribution des degres d’inefficience pour les banques respectant la
contrainte de capital - modele M 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
3.4 Distribution des degres d’inefficience pour les banques ne respectant
pas la contrainte de capital - modele M 1. . . . . . . . . . . . . . . . 138
4.1 Courbe de dEw = Ew∗ − Ew∗∗ en fonction de µ. . . . . . . . . . . . 166
4.2 Courbe de dK = K ∗ − K ∗∗ en fonction de µ. . . . . . . . . . . . . . 167
4.3 Courbe de dA = A∗
− A∗∗
en fonction de µ. . . . . . . . . . . . . . . 1684.4 Courbe de dE (U B) = E (U ∗B) − E (U ∗∗B ) en fonction de µ. . . . . . . . 168
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Table des matieres
Introduction generale 11
Chapitre introductif 19
0.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
0.2 Les causes internes de l’exces de risque . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
0.2.1 Les defauts organisationnels et de traitement de l’information
dans la banque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
0.2.2 Les mecanismes de gouvernance inefficaces . . . . . . . . . . . 32
0.3 Les causes externes de l’exces de risque . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
0.3.1 Le role de la qualite des institutions legales . . . . . . . . . . . 39
0.3.2 Le role de la regulation et de la surveillance prudentielle des
banques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
L’influence du filet de securite sur la prise de risque . . . . . . 42
L’influence de la regulation du capital sur la prise de risque . . 43
0.3.3 Le role de la structure et de la discipline de marche . . . . . . 46
L’influence de la concurrence sur la prise de risque . . . . . . . 46
L’influence de la discipline de marche sur la prise de risque . . 50
0.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
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Table des Matieres
1 Le role de l’environnement reglementaire, legal et institutionnel
dans la defaillance des banques : Le cas des pays emergents 59
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
1.2 Facteurs institutionnels et reglementaires et defaillance bancaire . . . 611.2.1 Exces de risque et problemes de gouvernance . . . . . . . . . . 61
1.2.2 Le role des facteurs reglementaires et institutionnels dans la
defaillance bancaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
1.3 Methodologie et donnees . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
1.3.1 La methodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
1.3.2 Le modele logit en deux etapes et le traitement des facteurs
institutionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
1.3.3 La base de donnees . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
1.4 Resultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
1.4.1 Statistiques descriptives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
1.4.2 Resultats du modele logit a deux etapes . . . . . . . . . . . . 78
L’impact de l’environnement reglementaire sur l’exces de risque 80
L’impact de l’environnement reglementaire et institutionnel
sur l’exces de risque . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
L’impact de l’exces de risque sur la defaillance bancaire . . . . 85
1.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
2 La coherence des ratings avec la probabilite de defaillance des
banques dans les pays emergents 91
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
2.2 Systemes de rating . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
2.3 Methodologie et donnees . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
2.3.1 Methodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
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Table des Matieres
2.3.2 Donnees . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
2.4 Resultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
3 Choix de la combinaison rentabilite-risque du portefeuille : Une
approche fondee sur les fonctions de distance directionnelle 115
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
3.2 Le modele de fonction de distance directionnelle . . . . . . . . . . . . 120
3.2.1 La fonction de distance directionnelle avec output non desirable120
3.2.2 Le modele econometrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
3.2.3 L’integration de la contrainte de capital . . . . . . . . . . . . . 128
3.3 Donnees et resultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
3.3.1 Donnees . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
3.3.2 Resultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
Impact de l’integration du capital sur l’inefficience technique . 134
Impact du respect de la contrainte de capital sur l’inefficience
technique et le prix percu du risque . . . . . . . . . . 135
Controle interne versus controle externe de la prise de risque . 137
3.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4 Delegation de la decision de credit dans les banques : Le risque de
manipulation de l’information soft et son controle 143
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
4.2 Information hard versus information soft et organisation de la banque 146
4.3 Le modele . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
4.4 Le cas de l’information hard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
4.5 Couts et gains de l’information soft . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
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Table des Matieres
4.6 Le cas de l’information soft . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
4.7 Comparaison des resultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
4.8 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
Conclusion generale 171
Bibliographie 179
Annexes 200
A 201
B 203
C 211
220
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Information, Organisation, et Prise de Risque dans la Banque
Resume
L’etude des causes internes et externes de l’exces de risque, ainsi que des mecanismessusceptibles de controler ce phenomene est l’objet principal de cette these. Il s’agit enparticulier de l’organisation et de la gouvernance bancaire, du role de la reglementationbancaire, de l’environnement institutionnel et legal, de la structure de marche et enfin de
la discipline de marche. On peut inferer de ce travail de recherche plusieurs contributionsmanageriales dans le domaine de la gestion et du controle du risque dans la banque. Dansle cadre d’un modele principal-agent avec alea moral avec information cachee on montreque l’organisation et la gouvernance bancaire constituent des facteurs cles d’une decisionde credit maıtrisee, compte tenu du role du type d’information et de la technologie deson traitement dans le diagnostic du risque. A l’aide d’un modele logit en deux etapeson demontre que la qualite des institutions legales et de la reglementation bancaire sontautant de facteurs externes qui influencent a la fois la prise de risque et la probabilite