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1 ER SEMESTRE 2010 INFO PLONGéE 100 1 COMMISSION PLONGÉE - éCOLE FRANÇAISE DE PLONGÉE SOUTERRAINE FÉDÉRATION FRANÇAISE DE SPÉLÉOLOGIE 28 rue Delandine, 69002 Lyon Tél : 04 72 56 09 63 - Fax : 04 78 42 15 98 - lyon@ffspeleo.Fr - www.ffspeleo.Fr Site web de la Commission : http://efps.ffspeleo.fr BULLETIN DE LIAISON DE LA COMMISSION PLONGÉE DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE SPÉLÉOLOGIE N° 100 1 ER SEMESTRE 2010 1ère de couverture : Plongée au Puits groseille à Ternant - Archives du Dr.Castin Directeur de Publication : Fred MARTIN Synthèse : Stéphane LIPS Maquette : Michel RIBERA Relecture : Josiane LIPS et Pauline EVRARD Tirage pages intérieures : Laurent MANGEL et Monique ROUCHON au siège de la FFS Couverture et reliure : Atelier JIVARO Publication tirée à 150 exemplaires

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Bulletin de la commission de plongée souterraine

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1er semestre 2010 Info plongée 100 1

Commission Plongée - éCole Française de Plongée souterraine

Fédération Française de sPéléologie28 rue Delandine, 69002 lyon

Tél : 04 72 56 09 63 - fax : 04 78 42 15 98 - [email protected] - www.ffspeleo.frsite web de la Commission : http://efps.ffspeleo.fr

Bulletin de liaison de la Commission Plongée de la Fédération Française de sPéléologie

n° 1001er semestre 2010

1ère de couverture : plongée au puits groseille à Ternant - Archives du Dr.CastinDirecteur de publication : fred MARTIn

Synthèse : Stéphane lIpSMaquette : Michel RIBeRA

Relecture : Josiane lIpS et pauline evRARDTirage pages intérieures :

laurent MAngel et Monique RouChon au siège de la ffSCouverture et reliure : Atelier JIvARopublication tirée à 150 exemplaires

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sommaire

S o m m a i r e 0 2é d i t o r i a l 0 3P l e i n P h a r e S u r l ’ a b î m e d e b é v y 0 4h i S t o r i q u e 0 6e x P l o r a t i o n e n r u S S i e 1 4- L a g r o t t e d ’ o r d i n s k a y a 1 4e x P l o r a t i o n d a n S l ’ h é r a u l t 2 0- e x p é d i t i o n p L o n g h é r a u L t 2 0e x P l o r a t i o n d a n S l ’ a u d e 2 4- L a b a r r e n c 2 4e x P l o r a t i o n e n l o z è r e 2 6- t u n n e L d e L a F o u r c h e r i e 2 6 e x P l o r a t i o n d a n S l e l o t 3 2- M a r c h e p i e d 3 2e x P l o r a t i o n d a n S l ’ a v e y r o n 3 4- L a g r o t t e d e b r a M a b i a u 3 4e x P l o r a t i o n e n h a u t e - S a v o i e 3 6- r é s e a u d e L a d i a u 3 6e x P l o r a t i o n d a n S l e J u r a 3 8- L a g r o t t e d e s p L a n c h e s 3 8e x P l o r a t i o n d a n S l ’ h é r a u l t 3 9- L ’ a v e n d i d i e r 3 9e x P l o r a t i o n d a n S l a d r o m e 4 0- L a g o u L v e r t e 4 0e x P l o r a t i o n e n a u v e r g n e 4 4- L e c r e u x d u s o u c y 4 4e x P l o r a t i o n e n l o z è r e 4 5- L e p r é d e n e y r a c 4 5- r a d i o L o c a L i s a t i o n 4 6e x P l o r a t i o n d a n S l ’ a i n 5 0- L a p e r t e d u s é r a n 5 0v i e d e l a C o m m i S S i o n 5 2- c r d e L a r é u n i o n d e L a c i p s 5 2b r è v e S d ’ e x P l o r a t i o n S 5 5- c r d u s t a g e r e c y c L e u r s 5 6

Jean-Claude Frachon

Christian Locatelli

Joëlle Locatelli

Bernard Giai-Checa

2 Info plongée 100 1er semestre 2010

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1er semestre 2010 Info plongée 100 �

édito

A numéro particulier, éditorial particulier ...Ce 100ème numéro est pour moi l’occasion de faire un retour en arrière et de mettre à l’honneur les anciens directeurs ou présidents de la commission plongée - Ecole Française de Plongée Souterraine depuis sa création en 1974.

A cette époque, avril 1974, Jean-Claude Frachon, écrivait dans la circulaire qu’il venait de mettre en place «Il est évident que le contenu de ces circulaires ne peut provenir que des plongeurs eux-mêmes : n’hésitez pas à m’envoyer de la copie, ainsi que vos suggestions sur la vie de la commission».

La chose était donc lancée, la commission ainsi que la circulaire seraient bien une histoire de plongeurs. Cependant, un an plus tard, il écrivait « Rien ne se fera au sein de la commission sans la participation de tous, et en fonction des besoins exprimés par chacun ». Ce texte pourrait être repris mot à mot de nos jours. La commission ne vivra que si chacun s’y investit. Bien sûr, Jean-Claude Frachon ne s’est pas limité à la réalisation d’une circulaire et son action a été en tout point visibles : Les premières rencontres de plongeurs puis les stages, le secours, l’organisation administrative, tout était à faire - travailleur infatigable, il s’est attaqué à tous les domaines.

Lorsque Daniel André reprend le flambeau en octobre 1977, la circulaire est bien lancée, l’organisation administrative est bien en place et les dossiers «chauds» arrivent. La FFESSM souhaite réglementer l’activité de plongée souterraine, mais cette réglementation ne sera pas mise en oeuvre après l’intervention de la FFS auprès des responsables de la FFESSM. Dans ce domaine, les choses ont bien changé, puisque ces dernières semaines le CNPS vient de présenter les brevets qu’elle a mis en œuvre. Lors de la réunion de la Commission Interfédérale de Plongée Souterraine, nous avions bien sûr abordé le sujet des brevets. Ils nous ont été présentés par les dirigeants de la FFESSM comme une « commodité de fonctionnement interne » qui ne s’imposera pas sur un plan réglementaire en dehors de leur fédération. Malgré tout, il nous faudra rester vigilants pour que cette idée soit conservée.

En 1979, Claude Albertini devient le nouveau directeur et de nombreux projets sont menés de front, l’enseignement, la publication, les objectifs scientifiques, les grandes expéditions. Mais les volontaires manquent pour travailler sur les dossiers, par exemple Info Plongée devient de plus en plus lourd à gérer tant dans sa partie technique que dans son aspect financier.Aujourd’hui nous en sommes encore là, à nous demander quelle version serait la plus adaptée à nos lecteurs. Du tout informatique au tout papier, il doit exister une voie qui satisfera le plus grand nombre. A vous de nous la proposer, à nous de la mettre en oeuvre.C’est en 1980 que Christian Locatelli devient le directeur de la commission, nous savons tous le temps qu’il restera à la présidence et la liste des actions qu’il a menées serait bien trop longue pour être énumérée en détail. C’est durant cette période que l’Europe de la plongée souterraine communique ses grandes découvertes dans Info Plongée qui devient réellement un vecteur incontournable. L’action de Lulu sera également largement visible tant dans le domaine de la prévention où, par ses éditoriaux, il incite aux récits d’incidents pour que ces derniers servent d’exemples, que dans le domaine du secours où il milite pour la création de listes de plongeurs pouvant plonger dans le cadre d’une intervention. A ce moment là, l’Info Plongée devient une mine à «bidouilles» et chaque numéro s’orne de quelques inventions géniales.

En 1999, c’est Joëlle Locatelli qui arrive à la tête de la commission. Joëlle est déjà bien connue pour son caractère trempé et ses « billets de mauvaise humeur ! ». Joëlle est fortement attachée à l’enseignement de la plongée souterraine qui sera durant toutes ses années de présidence son objectif principal. C’est d’ailleurs durant ses périodes de présidence (et oui, il y en a eu deux 1999-2004 et 2006-2008) que sera formalisé en détail l’enseignement de l’Ecole Française de Plongée Souterraine. Cette année nous avons décidé de rle éactualiser pour le rendre encore plus performant.

Bernard Giai-Checa, ne mélangeons pas les «i» et les «a», prendra la tête de la commission durant deux ans 2005 et 2006. Attaché aux plongées techniques mettant en oeuvre des matériels complexes, Bernard travaillera entre autre sur un lourd dossier né d’un arrêté mélanges de juillet 2004 peu compatible avec notre pratique. Gros dossier qui voit une de ses finalités arriver dans nos boites aux lettres : les habilitations mélanges, qu’il est toujours possible de demander.

La continuité est là et, malgré les changements de présidence, les dossiers avancent au rythme de notre bénévolat.Il aurait été trop long de décrire pour chacun des présidents la totalité de leurs actions, j’ai donc préféré m’attacher à mettre en évidence ce qui les a le plus caractérisé montrant ainsi l’ensemble des dossiers sur lesquels ils ont travaillé et qui sont toujours, aujourd’hui, d’actualité.

Je vous souhaite une agréable lecture de ce 100 ème numéro, en espérant qu’il réponde à vos attentes d’explorateurs.

Par Frédéric MartinPhoto : Catherine Enndewell

Christian Locatelli

Joëlle Locatelli

Bernard Giai-Checa

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aBîme de Bevy arChives du doCteur Castin

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histoires de la «sout», en FranCe des années 60 à fin 2000

Par Christian LOCatELLitExtE rédigé En 1997

L’activité de l’équipe de Michel LETRONE s‘arrête après 1959, en ayant jeté les bases de la plongée souterraine actuelle, avec l’utilisation des bouteilles et détendeurs séparés et du fil déroulé avec soi, à l’aide d’un dévidoir. Il a aussi réalisé le premier stage connu de plongée souterraine.

Pourtant, les années 60 voient encore un nombre non négligeable de plongeurs spéléo en mono bouteille et tirant un fil derrière eux, déroulé depuis la surface. L’information ne circule pas toujours très bien et les mentalités ont du mal à évoluer.

Du côté de Marseille, les plongeurs GARGUILO et CARCHEREUX explorent des cavités de la région dès 1958, notamment le Trou des Moulins et les Encanaux, ainsi que la Sorgue du Larzac. Garguilo est à l’origine de la fondation du G.E.P.S. (Groupe d’Exploration de Plongée Souterraine) qui va s’illustrer par de grandes plongées pour cette époque. Garguilo est aussi à l’origine d’un des premiers stages connu de plongée souterraine dont nous n’avons que peu de renseignements.

Le GEPS se développe sous la houlette de Jean Louis Vernette à partir de 1965, bientôt rejoint par un petit jeune qui monte, Claude TOULOUMDJIAN.

Ce dernier a déjà réalisé une plongée de 320 m à Port Miou en 64, et réalise de belles plongées à la Foux de Nans et -50 m aux Encanaux. Les deux compères obtiennent de beaux résultats avec 400 m à Port Miou en 66, 400 m au Bestouan en 67 et 870 m à Port Miou en 68, ce qui est un record pour l’époque, avant de se brouiller comme il arrive souvent quand on se côtoie trop... Le GEPS est dissout en 73, Vernette continuera à plonger jusqu’en 74. Quant à notre Touloum, il est toujours là après avoir continué un beau parcours de plongeur souterrain tant en grande profondeur avec utilisation de mélanges divers qu’en distance «à la palme». Il a aussi une longue carrière à la tête de la commission plongée de la FFESSM, place qu’il occupe toujours aujourd’hui.

Parallèlement au GEPS, un autre groupe moins connu de cette région, la 2ème AIX, avec VEDERE et GROSELLE, a réalise quelques belles plongées, au Goueil di Her en particulier.

Du côté d’Angoulême se crée le CRSA en 1966, dirigé par Michel SEGUIN, qui commence modestement l’exploration de la Touvre, et se distingue surtout par ses inventions tout azimut, tels les premiers carénages de bouteille, le matériel topo submersible, les caméras et les abaques de calcul des temps de plongée, les manos sur détendeurs étant pratiquement inexistants à cette époque.

tentative de passage d’un siphon à DuesmeArchive du Dr Castin

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Dans la région parisienne, la section plongée du CCDF (Camping Club de France) voit naître une équipe de plongeurs spéléos avec Alain Figuier, Jérome Dubois, et Bertrand Leger en 1964.

Ceux-ci vont évoluer au contact des plongeurs belges de la Société Spéléo de Namur qui explorent des cavités en Ardèche, et surtout le réseau de Foussoubie où Lucienne Golenvaux à réussi à progresser dans l’Event sur 150 m en 1962. Accompagnée de Bob Destreille et Jean-Marie Lefebvre, elle franchit en 67 le siphon terminal reliant la Goule à l’Event. Naturellement, ces plongeurs de l’impossible sont la plupart du temps équipés d‘une mono bouteille et traînaient une corde derrière eux. Quand ils utilisent un dévidoir pour les grandes plongées évoquées ici, ils coupent parfois le fil sans l’attacher et les accidents ont été souvent évités de justesse ! Bob Destreille réalise aussi quelques belles premières en Ardèche, notamment à Font Vive en 72.

Bertrand Leger émerge très vite du lot et deviens l’un des plus grands plongeurs spéléo français, jusqu’à sa disparition brutale en 1984. Ses explorations en résurgence, en fond de trou ou en post-siphon restent nombreuses sur le territoire karstique français et ses premières longtemps inégalées. Son idole, modèle et ami est l’allemand Jochen Hasenmayer, qui est un grand précurseur en matière de plongée souterraine tant par ses exploits que par son matériel d’avant garde. C’est un des premiers à avoir utilisé des manomètres submersibles, un vêtement sec, un recycleur et divers accessoires jugés courants aujourd’hui. Ses grandes

premières sont aussi en avance sur l’époque, et il conservera cette avance jusqu’à ce bête accident de décompression qui le cloue aujourd’hui dans un fauteuil roulant.

Installé à Grenoble, Bertrand réalise beaucoup de premières en solitaire, mais il fait aussi équipe, suivant son humeur souvent changeante, avec des autres plongeurs de haut niveau comme Daniel Andres, Jean-Louis Camus, ou Frédéric Poggia.

Ces trois-là font aussi de belles carrières en solo, qui ne sont pas terminées aujourd’hui.

Dans l’Est de la France, des équipes se forment aussi sous l’impulsion de Lucien Cescielski et Pierre Petrquin en 1966, et pour l’exploration des grands réseaux franc-comtois comme le Verneau. Ainsi se crée la fameuse Société Hétéromorphe des Amateurs de Gouffres (SHAG), avec de fortes personnalités comme Yves Aucant, groupement qui sévit encore fortement de nos jours.

Tout près, dans la région dijonnaise, naît aussi pour longtemps un pôle de plongée souterraine tourné vers l’exploration de longs réseaux post-siphons, et plus tard spécialisé dans les secours tout azimut. L’équipe commencée avec Jean Pierre Rorato dès 1962, s’étoffe, au fil des années, de plongeurs éfficaces et nombreux.

Une autre personnalité, de ce secteur, a une grande influence sur la plongée souterraine française. Malgré un temps relativement court d’activité réelle, c’est Jean Claude Frachon, touche-a-tout de génie qui réactive de façon durable la Commission Plongée de la Fédération Française de Spéléologie. Il crée le bulletin, désormais célèbre, de liaison de la dite commission : Info-Plongée.

Goule noire (�8) 19�� Letrone et FourquetArchives tritons de Lyon

saint Gery Préparatifs

19�� Archives montigny

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Il lance surtout les stages de plongée souterraine en 1976, qui obtiennent immédiatement un grand succès international et qui sont toujours une référence actuellement en matière de prévention et d’apprentissage de cette discipline.

Dans la région lyonnaise, le groupe du GRPS, dirigé par les frères Erome, s’occupe principalement de l’exploration de la grotte de Thaïs, dans la Drôme, dès 70.

Dans la région d’Annecy, les plongeurs du Club Subaquatique Alpin, des spéléos du Club Troglodyte Novel et du S.C. Annecy créent le Groupe d’Etudes d’Hydrologie du Semnoz en 1970, après avoir débuté dans la résurgence du Boubioz en 66 et le réseau de Banges en 68. Ce dernier focalise les efforts de l‘équipe de Robert Jean-Baptiste pendant de nombreuses années.

Les années 70 voient l’émergence de nouveaux groupes, d’individualités, et la confirmation d’équipes déjà bien constituées.

On peut aussi noter une recrudescence des accidents en plongée souterraine, due en partie au nombre croissant de pratiquants. Les années 50 avaient tué par manque de matériel adapté, c’est le cas encore pour les années 70, avec quelques variantes propres au milieu.

1969 : Ded Meozzi, l’inventeur de la méthode actuelle de remontée aux bloqueurs, se noie au Trou du Bret, près de Grenoble, dans un passage en décapelé où ses bouteilles lui échappent.

1970 : Pottier se perd au Blagour, en Dordogne, et les recherches sont arrêtées suite aux déclarations de certains plongeurs du

event de Foussoubie (0�) siphon a - goule

Premiere tentative 19�2 Archives Lucienne Golenvaux

Frais Puits (�0) en �0-�1 par Alain Vuagniaux

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secours. On retrouvera son corps longtemps après, alors qu’il a vécu une vingtaine de jours derrière le siphon en attendant vainement qu’on vienne le chercher...

1971 : Pierre-Jean Debras et un collègue décèdent derrière un siphon à Cadrieux, dans le Lot, victimes d’une poche de gaz toxique.

1972 : Moise se noie dans le siphon aval de la Mescla, près de Nice, victime du courant violent.

1973: Didier Bloch et l‘abbé Christian Devaux se noient dans la grotte des Planches, dans le Jura. Le premier s’est emmêle dans le fil d’Ariane qu’il a omis d’attacher au terminus de la progression et le second a tenté de l’en sortir jusqu’à la fin.

1975: Franczia Kiss se noie en profondeur au Goul du Pont, en Ardèche, avec de mauvais détendeurs.

1976 : Jean Lasnier, plongeur subaquatique inexpérimenté, se perd dans la source du Planey, en Haute Sôane. Il trouve une cloche et attend vainement les vrais secours, après avoir balisé sa position en laissant choir sa bouteille vide. Les pompiers dépêchés sur les lieux ne prévenant le Spéléo Secours que le lendemain, c’est un cadavre mort à court d’air qui est ressortis de la cavité.

1976 : Claude Cuzin se noie au Groin, dans l’Ain, suite à un éssoufflement dù a la panique. A 250m de l’entrée, son direct système s’est déclampé et ne comportant pas de bille d’arrêt, c’est tout l’air de son bi- bouteille couplé qui s’échappait.

1978 : Serge DAYMA se noie dans la vasque de Saint Sauveur, dans le Lot, au cours d’une séance d‘initiation.Malgré tous ces accidents, cette décennie est marquée par un accroissement de l’évolution technique, rendant la progression en siphon plus fiable et la sécurité moins aléatoire.

En 75, Jean-Claude Frachon écrit dans Info-Plongée que les vêtements à volume variable (vêtements secs) ne sont pas adaptés à notre discipline, la fin des années 70 voient la tendance s’inverser nettement suite à l’amélioration de ceux-ci.

Les torches sur les avant-bras disparaissent au cours de cette décennie pour se fixer sur un casque mieux adapté.

La compensation du lestage par adjonction de polystyrène sur les bouteilles disparaît au profit des bouées et poches gonflables devenues plus solides.

Les détendeurs deux étages se généralisent, et l’adjonction de manomètres submersibles permettent au plongeur de ne plus extrapoler sur sa consommation. Les sanglages rapides de

sourde (suisse) 19�2 par Alain Vaugniaux

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bouteilles se généralisent et la protection des robinetteries est inventée. Des techniques risquant d’être néfastes, comme le fil d’acier de Jochen Hazenmayer, constituant un piège à plongeurs en vieillissant, sont abandonnés.Cette décennie voit aussi l’accroissement des longueurs parcourues en siphon, comme la traversée du siphon de la Balme en Isère réalisée sur 915 m par Bertrand Leger, après que Jochen ait plongé sur 930 m dans la Rinquelle, en Suisse.

1976 voit l’éclosion de toute une nouvelle génération de plongeurs.Fredo POGGIA fait des débuts fracassants dans la Diau, en Haute-Savoie.

En Savoie, l’équipe FANTOLI, DURAND et CAILLETTE explorent de nombreux fond de trous difficiles.

Le Spéléo Club de Lyon, avec Bugnet, Licheron et Chevenvier entame des explorations dans la grotte de Gournier, sur les contreforts du Vercors, et réalise les premiers bivouacs post-siphon. Pour achever les découvertes. Roland Chenevier y laissera d’ailleurs sa vie au retour d‘une course dans la rivière en crue.

Les suisses de Genève, avec Pahud et Vigny, sévissent aussi dans la Haute-Savoie et l’Ain.

Dans la région bourguignonne, deux clubs alignent les premières; la Société Spéléologique de Bourgogne avec Robert Lavoignat, et

Grotte de monjardin (�0) Andres et Fred Vergier

19�� par Alain Vieilledent

Cabane (12) s1 Alain Vielledent 198�

Leger à Beze (21) s1Par robert Lavoignat 19�9

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le Spéléo Club de Dijon avec l’équipe Le Bihan, Laureau, Michel et Degouve.

La région de Montpellier est écumée par deux clubs, le GERSAM et le CLPA, avec les frères Gilles, P.Parrot et A.Masson.

En 77, des équipes de Paris commencent à faire parler d’elles : les Plongeurs Spéléo de Paris, sous la direction de Joel Enndewell, et les frères Le Guen du Spéléo Club de Paris.

Ces derniers commencent tout de suite très fort avec des plongées à longue distance en Ardèche et à Landenouze, dans le Lot, en 78.

En 78, le Doubs et la Haute-Saône voient poindre les activités du GS Catamaran avec Georges Grime.Cette année voit aussi le début des explorations en France du GLPS, groupe suisse de Lausanne qui a comme leader Olivier ISLER. Des explorations au Gouron, dans le Doubs et au Petit Goul de Bourg St Andéol sont réalisées.

En 79, Le GS des Vans explore les cavités de l’Ardèche, surtout les siphons fond de trou, avec Piedoy, Benard et Jean Marie Chauvet qui est encore loin d’avoir trouvé sa grotte.

Cette année-la, des petits jeunes débutent et font bientôt parler d’eux dans le Landernau de la plongée souterraine, le «Darboun» Vergier et le «Ragaïe» Penez.

Du côté de Toulouse, un groupe se forme avec, entre autres Guyonneau, Millon et Saim, qui plongeaient déjà au sein d’autres entités.

Pendant cette décennie, les Américains de Floride plongeaient déjà des siphons sur de très grandes distances, souvent a des profondeurs moyennes de 50 m, atteignant parfois les 100 m. Mais les conditions et les mentalités sont bien différentes de notre vieille Europe.

Les années 80 consacrent l‘essort de tous ces groupes constitués et autres individuels. Les distances et les profondeurs en siphon s’améliorent nettement.

Les causes en sont multiples :La fiabilité de plus en plus grande du matériel, l’arrivée dans la panoplie des plongeurs spéléos de grosses bouteilles, de propulseurs et une généralisation des vêtements secs.

Une maturité de ces plongeurs qui abordent les explorations avec un niveau technique évolué. Un certain esprit de compétition souvent inavoué ou refoulé. Enfin, beaucoup de plongeurs sortent de l’hexagone pour aller voir ce qui se passe ailleurs.

Bertrand Leger continue à réaliser de belles premières sur notre territoire, et hormis une incursion en Libye pour Hydrokarst, la plupart de ses exploits ont pour cadre le Lot et la région Rhône-Alpes, jusqu’à sa mort en 84.

L’équipe du Spéléo Club de Paris, entraînée par Francis Le Guen, a aussi sa belle moisson de premières, et surtout l’exploration de Cockebiddy Cave, dans le désert australien, avec plus de 5000m de siphons parcourus. Francis fait une belle carrière en solo à la suite de cet exploit en alignant un nombre impressionnant de grosses premières, et sa plume géniale fait la joie des lecteurs de plusieurs revues spécialisées ou non.

Cabane (12) s1 Alain Vielledent 198�

Leger à Beze (21) s1Par robert Lavoignat 19�9

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1984 : Eric Segond se noie aux Cent Font, dans l’Hérault, après une descente a 93 m à l’air.

1986 : Xavier Goyet meurt à St Sauveur, dans le Lot, brutalement au palier, en changeant de mélange gazeux. Il était assisté ce jour-là par Frédéric Boileve, qui décèdera aussi quelques années plus

Claude Touloumdjian restera dans le peloton de tête avec de belles explorations, en solitaire, où aidé par une solide infrastructure comme sa plongée dans Fontaine de Vaucluse avec l‘aide de la Comex, où il atteint la profondeur de 105 m. Il est talonné de près dans cette quête par Jochen Hazenmayer qui finit par mettre la barre à 205 m en 83, profondeur qui restera longtemps inégalée.

Claude fait aussi une belle prestation dans le Bestouan en remontant de 1850 m à la palme. Enfin, la Doux de Coly, en Dordogne, est attaquée par vagues successives par l’équipe d’Olivier Isler, renforcée par une représentation européenne de la plongée souterraine.

Des accidents jalonnent hélas aussi toute cette décennie ; je passerais sur tous les décès hors siphons de plongeurs connus.

1981 : Patrick Rouillon décède dans la grotte de la Trouillette, dans l’Ain, vraisemblablement à la suite d’une hypothermie par manque de vêtement sous son «volume».

1982 : Philippe Leloup décède au Moulin du Cru, dans le Doubs, derrière une trémie qu’il vient de désobstruer et qui se referme sur son passage.

1983 : Daniel Cifuentes se noie à la Touvre d‘Angoulême dans des circonstances mal déterminées (peut-être blocage des premiers étages par encrassement des filtres par du charbon actif )

1984 : Christophe Wehrle se noie dans la résurgence de Fourbanne, dans le Doubs, emmêle dans le fil d’Ariane.

Goule Noire (�8)Par robert Lavoignat 1980

moulin de Corp (12) P.Penez s1 1980

par alain vieilledent

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tard non loin de là, dans Landenouze, après avoir défié les lois de la plongée aux mélanges.

1986 : Jean-Louis Mansion se noie à la Source du Loiret après avoir négliger les bons conseils sur l’orientation de la sortie.

Les années 90 voient la montée de nouvelles équipes, la consécration d’autres déjà bien constituées, et l’apparition d’une branche hybride de la plongée souterraine, phénomène venu d’outre atlantique sous le vocable de plongée «Tech», qui fait figure de «Canada Dry» et sert surtout sur le plan commercial. Ceci dit, nous ne pouvons pas ignorer cette tendance et nous prenons le meilleur de ce qu’elle peut nous apporter, comme certains matériels revus et corrigés par les Américains.

C‘est aussi l’époque des recycleurs qui reculent de beaucoup les limites de l’exploration en plongée souterraine, ainsi que les décompressions au sec dans des cloches fixées aux parois des siphons.

Des nouveaux noms apparaissent au firmament des grands découvreurs : Marc Douchet et son équipe de Marseillais poursuivent l’oeuvre de Touloum en repoussant les limites de la plongée tout azimuts, notamment à Port Miou.

Bernard GAUCHE et son équipe du Sud-ouest réalisent de belles premières comme la traversée «La Finou-Padirac».

Franck VASSEUR et le Celadon multiplient les explorations, en particulier sur le sud de la France.

Fred Badier et son équipe sévissent en Ardèche, Jean-Marc Lebel

dans l’est.

Enfin, Pascal Bernabé et ses gros nains pulvérisent les records de profondeur dans des trous où ça plonge... Avec plus de 220 m dans Fontaine de Vaucluse.

Cette époque marque aussi une recrudescence des accidents de plongeurs «mer» s’aventurant inconsciemment dans les cavités, surtout après la découverte de la grotte Cosquer. Généralement, ils s’arrangent aussi pour se noyer à plusieurs.

Les plongeurs «Tech» ne sont pas exempts non plus de ce phénomène, prouvant s’il en était besoin qu’il faut aussi en plus un passé de plongeur spéléo pour s’en sortir.

Nous sommes actuellement à une période charnière de la plongée souterraine, où les frontières de profondeur et de longueur ne semblent plus avoir de limites, et où seul joue le facteur humain.Période aussi où nous risquons de perdre nos libertés de pratique avec la fermeture de plus en plus fréquente de nos terrains de jeux, des risques de commercialisation de notre activité et d’autres barrières que nous sommes capables nous mêmes de nous dresser.

Je pense qu’il est temps pour nous tous d’agir et faire en sorte que nous ayons encore longtemps la joie de découvrir de nouveaux horizons dans une liberté totale de pratique, qui seule est génératrice de bon résultats.

Olivier IslerPar Favre Gérald

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ordinskayaPar Andrey BIZUKIN

Pendant longtemps, la presse internationale a diffusé continuellement des idées reçues sur la plongée souterraine, en tant que plongée technique très dangeureuse pour des personnes à la recherche de sensations extrèmes, qu’elle reste un sport si cher, que même un instructeur de plongée tek ayant connaissance de la plongée souterraine, doit s’incliner car elle n’est pas à portée de tout le monde. Ainsi, la plongée souterraine est traditionnellement considérée comme particulièrement fascinante mais la plus dangereuse des plongées.

Plusieurs plongeurs russes pensaient de même, en raison de l’insignifiance à l’échelle mondiale des campagnes d’explorations de plongée souterraine en Russie, et même en général très peu de personnes connaissaient l’existence de siphons dans notre pays. Les cavités russes avec leur approche difficile, leurs étroits passages ainsi que cette eau froide et boueuse étaient radicalement différentes de l’eau chaude de Cuba, Floride, République Dominicaine ou Mexique où seuls les feignants délaissaient les cavités noyées et où des plongeurs souterrains pour leur loisir se mettaient à l’eau directement du cul de la bagnole. Mais cette situation a commencé à changer radicalement à partir du moment où de nouvelles cavités noyées uniques ont été découvertes dans les montagnes de l’Oural en Russie.

Information historique : la grotte d’Ordinskaya était connue par les locaux depuis longtemps, elle est située à seulement 1,5 km du village d’Orda, région de Perm. C’est le spéléologue Michael Smovolnikov qui a exploré en premier, la partie exondée de la cavité et en a fait la première topographie. Igor Lavrov et lui y ont

oural – la nouvelle Mecque de la plongée souterraine.expédition plongée souterraine dans la grotte d’ordinskay.

par la suite organisé plusieurs expéditions en 1993-1994. Ils ont ainsi découvert environ 300 m de galeries hors d’eau, de grandes salles et quelques lacs. Durant une de ces expéditions, le plongeur spéléo Viktor Komarov a effectué la première plongée de la cavité, dans un lac. Il a exploré un passage sur environ 100 m et découvert d’immenses nouveaux siphons. Beaucoup de plongeurs spéléos russes ont participé à ce projet d’expédition. Les labyrinthes noyés dépassent maintenant 5 km grâce aux nombreuses expéditions qui se sont succédés depuis. Aujourd’hui, Ordinskaya est la lus grande cavité noyée de Russie, et la plus longue cavité de gypse noyée du monde. C’est également le plus long siphon de Russie (galerie entièrement noyée ), d’une longueur de 935 m.

Des gens ont commencé à se rendre dans les montagnes de l’Oural spécialement pour venir plonger à Ordinskaya. C’est surement dû au fait que la plongée souterraine est probablement la dernière chance de faire de vous un des grands explorateurs du siècle, les siphons sont les dernières terres vierges du globe pour faire de nouvelles découvertes géographiques sur et sous les cartes du monde. De petits groupes de plongeurs motivés ont organisé des expéditions dans la cavité plusieurs fois par an depuis 1997.

Des histoires enthousiastes à propos des parois de gypse blanches comme neige, de spacieuses galeries et immenses salles noyées, des labyrinthes inondés infinis et une visibilité idéale ont excité les imaginations et ont participé à l’augmentation du nombre de plongeurs. Mais l’expédition n’est pas un mode de vie facile, dormir sous tente, cuisiner sur un feu de bois, et devoir constamment trainer de lourdes bouteilles dans l’obscurité de la cavité sur des

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corniches escarpées – tout ça a fortement limité les opportunités de faire de nouvelles explorations subaquatiques dans la cavité.

En 1999, Andrey Gorbunov, le quadruple champion du monde de natation sous-marine de vitesse, champion d’Europe et multiple champion de Russie, a créé la fédération sportive de plongée de la ville de Perm. Mais il ne plongeait pas sous terre, principalement en raison de la faible visibilité sous l’eau. Andrey s’est alors mis en quête de sites de plongée souterraine dans le secteur. Après avoir eu vent de moultes histoires au sujet d’une somptueuse cavité noyée située à seulement 120 km de Perm, il a tenté avec un ami une plongée dans les siphons de la grotte d’“Ordinskay”. C’était leur première plongée souterraine. « J’étais paralysé de peur », Andrey Gorbunov raconte (Instructeur de plongée souterraine et actuel Président de la fédération russe de plongée souterraine). « Nous avions une des plus petites lampes “Lumen”, on n’y voyait presque rien. J’ai fini par déboucher dans une salle exondée. Lors de notre pogression, nous avons été totalement fascinés par l’incroyable visibilité de l’eau. En revanche, lors du retour, nous avons eu quelques difficultés car j’ai été totalement désorienté. Sans l’aide de mon ami, je ne serais probablement pas remonté. Nous avons pu commettre de telles erreurs dans les siphons de la grotte d’Ordinskaya car c’est une cavité d’initiation avec d’immenses galeries où n’importe quel débutant pourrait aller, et avec de nombreuses salles exondées recoupant les galeries noyées permettant de se sentir en sécurité. En tant que sportif professionnel, j’ai vu au travers des siphons le prochain exploit à surmonter dans le domaine du sport. Et j’ai compris qu’il est nécessaire d’être bien préparé pour plonger sous terre. »

Il y avait cependant une atmosphère de compétition. Les plongeurs de Perm ont continué de plonger régulièrement dans la cavité. Elle était fréquentée par beaucoup de plongeurs et toute l’année ce qui a eu pour conséquence la création du centre de plongée souterraine d’Orda : moderne, confortable et ayant bien des avantages. C’était une bonne chose pour tout le monde. A la fois adaptés aux touristes classiques et aux plongeurs, des échelles métalliques solides et des balustrades, des éclairages électriques fixes et une plateforme de plongée avec des bancs pour s’équiper ont été installés dans la cavité. Un petit hôtel, dont une pièce renferme un compresseur et une autre chauffée pour le séchage de l’équipement, a été construit à 100 m de l’entrée de la grotte.

« Durant l’hiver 2001, chargés de bouteilles, nous avons tenté de nous frayer un chemin au milieu des congères. La température extérieure était de moins 20 degrés Celsius. C’est avec grande difficulté que nous avons réussi à transporter le materiel de la voiture à l’entrée de la grotte, séparées de 500 m ; il nous a fallu environ 5 h. Aujourd’hui, par n’importe quel temps, il faut au

maximum 5 min. Et si vous téléphonez à l’avance au centre de plongée, tout l’équipement peut être déposé au bord du siphon par le personnel avant votre arrivée. Là-bas, tout est organisé pour faciliter votre plongée et la rendre la plus agréable possible. Il semblerait que c’est le seul centre de plongée où le personnel vous porte tout le materiel lourd au bord du siphon avant et après votre plongée.

Et c’est ainsi que la grotte d’Ordinaskaya est devenue la Mecque de la plongée souterraine principalement en raison des infrastuctures qui s’y sont implantées et des prestations qu’elles y offrent. Il est devenu très facile de plonger et ce très souvent. La cavité est devenue accessible à un public très large allant des plongeurs débutants aux plongeurs chevronnés. Toutes les personnes qui l’ont désiré ont eu l’occasion de participer à l’exploration de la grotte. La topographie subaquatique et l’exploration de nouveaux passage y ont même été encouragés.» - ainsi se termine le récit d’Andrey Gorbunov.

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La facilité d’accès du site a donné un nouveau souffle à la plongée souterraine, en favorisant son dévelopement et la formation technique. Il est devenu clair que la ségrégation et l’élitisme artificiel des plongeurs souterrains - disparaissant peu à peu bien que persistant chez quelques uns - ont duré si longtemps à cause de l’innacessibilité des cavités. Aujourd’hui, on observe en Russie un développement massif de la plongée souterraine. Rien qu’à Ordinskaya, plus de 2000 plongées ont été recensées. Tout ça indique que les méthodes modernes d’organisation de la plongée ont rendu la plongée souterraine beaucoup plus sure. Si les siphons devenaient faciles d’accès à tous, des milliers de plongeurs classiques pourraient venir s’y exercer car elle est devenue aisée à tout un chacun. À seulement 4 h de Moscou (deux heures d’avion et deux heures de voiture) vous pouvez plonger dans le paradis moderne de la plongée souterraine en Russie. Le monde a changé – la plongée souterraine a ouvert ses portes à de simples plongeurs.

De nombreux plongeurs souterrains célèbres ont parcouru les siphons d’“Ordinskay” et en ont été enchantés : Phil Short et Martin Far (Grande-Bretagne), Lamar Hires et Reggie Ross (USA), Jill Heinerth (Canada) et enfin, Pascal Bernabe. Pascal Bernabe a commencé à organiser des leçons permanentes de plongée souterraine.

Pascal Bernabe s’exprime ainsi : « La majorité de plongeurs me connaissent aujourd’hui, en tant que champion du monde de profondeur en plongée bouteille, mais en réalité je suis spéléonaute. Cela fait 19 ans que j’ai commencé de plonger et d’explorer les résurgences près de chez moi, à Toulouse. Les siphons étaient plutôt étroits - passages souterrains remplis d’eau. Ce type de plongée m’amusait beaucoup, et ça me plait encore aujourd’hui. Je ne pourrais pas arrêter de plonger et de faire de la première dans les siphons européens. J’avais comme devise « toujours plus profond et plus loin », dans le seul but de faire de la première sous terre. En 1997, lors de ma plongée à -250 m à Fontaine-de-Vaucluse, la plus profonde cavité noyée d’Europe, durant les temps de décompression, une idée m’est venue : si je peux plonger si profond sous terre pourquoi ne pas faire la même chose en mer ? C’est là qu’a germé l’idée de me lancer dans le record du monde. C’est en 2005, avec mes compétences et ma longue expérience de plongée souterraine, que j’ai plongé à 330 m de profondeur. Mais même après ce record, je continue à explorer les galeries souterraines noyées et à faire de la première avec autant de plaisir. »

Nous sommes de vieux amis avec Pascal. C’est moi qui lui ai parlé d’une surprenante cavité russe et je lui ai montré les premiers

clichés subaquatiques qui y ont été réalisés. « Des parois immaculées, une visibilité extraordinaire, m’ont fait une forte impression », raconte Pascal. « J’en ai conclu qu’il fallait obligatoirement que j’aille plonger à Ordinskaya. Plusieurs années ont passé et me voila finalement ici. Voici la véritable histoire de la raison pour laquelle je me trouve ici, au beau milieu de la Russie sous la neige, dans les siphons d’Ordinskaya. Mon vieux rêve c’est heureusement réalisé, je suis là, et nous pouvons plonger ensemble.

Mon grand plaisir est d’enseigner la plongée souterraine, de partager mon savoir et mon expérience avec les plongeurs qui viennent ici. La grotte d’Ordinskaya est tout simplement merveilleuse. Je devrais être tiraillé entre mon travail de formateur de plongée à rester dans la zone d’entrée des siphons et un désir incontrôlable d’aller plus loin dans ce dédale submergé, d’être parcouru par le plaisir apporté par cette beauté unique. Ordinskaya est aujourd’hui à mon avis la plus belle grotte du monde. Entre ses murs blancs, l’extrême limpidité de l’eau, les galeries attirantes,

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les salles immenses, les passages étroits ensablés, et ses nombreux labyrinthes – quel le var iété de paysages subaquatiques. Voici tout ce qui fait la splendeur d’Ordinskaya. Ce n’est pas par ce que je suis du sud de la France, mais la température de l’eau à Ordinskaya est exceptionnellement froide pour moi – je dois constater une chose, c’est le plaisir que j’ai ici, le plaisir que je prends à chaque plongée où le froid est immédiatement oublié. Je rêve de pouvoir trouver le temps de m’aventurer profondément dans les siphons, aussi loin que possible pour aller faire de la première dans des parties encore inexplorées de cette grandiose et labyrinthique cavité.

Pour moi, en tant qu’instructeur de plongée, c’est un grand plaisir de voir que la majorité des plongeurs russes sont assoiffés de connaissance, ils étudient constamment, ils aiment ça. Le niveau de plongée, l’expérience et les compétences des russes sont plus élevées que celles des autres, ils sont les plongeurs qu’il faut pour venir plonger ici. J’aime beaucoup enseigner aux plongeurs russes, ils aiment vraiment apprendre. Au centre de plongée, il y a en plus l’expérience du personnel qui transporte l’intégralité du matériel pour rendre la plongée encore plus agréable. Je pense que les plongeurs suisses, belges, du nord de la France, et de l’Italie se sentiraient comme chez eux ici, puisque moi, habitant du sud de la France, je me sent chez moi ici. La cuisine russe est excellente, c’est un endroit absolument unique qui mérite vraiment de venir y mouiller ses blocs. » Voici comment se termine le récit de Pascal Bernabe.

Kozlov Alexey (plongeur tek, plongée à -210 m) se rend à Ordinskaya prendre des cours d’instructeur de plongée souterraine avec Pascal Bernabe. « J’aime beaucoup plonger dans cette cavité aux morphologies très variées. L’eau froide est un peu extrême, mais ces difficultés banales ne sont rien face à l’incommensurable plaisir de plonger ici. J’aime beaucoup contempler cette grotte. A chaque plongée, je découvre quelque chose de nouveau, fais de nouvelles découvertes dans des endroits que je croyais pourtant connaitre. Le service sur place est également très bon : l’équipe du centre de plongée effectue le portage du matériel et essaie de faciliter autant que possible les préparatifs à la plongée. La plongée est très agréable, tout comme les gens, je recommanderais vraiment ce centre pour faire de la plongée souterraine. On dirait vraiment que la grotte a été faite pour ça. Tout y est aisé pour y enseigner la plongée. »

Le premier touriste français, Alexandre Hemeury, que j’ai rencontré au centre de plongée souterraine m’a dit : « Ordinskaya est une cavité superbe, parois blanches, eau bleue, une combinaison

unique de couleurs. Il est nécessaire d’avoir de bonnes compétences de plongeur pour y aller. Lors des plongées, il faut utiliser pas mal d’équipement en plus, alors il est important de se concentrer sur la plongée et elle uniquement. Ce n’est pas l’endroit de faire n’importe quoi, comme en mer rouge. La plongée souterraine impose une certaine discipline. Le centre de plongée doit avoir un personnel amical. Pascal Bernabe et les autres instructeurs russes sont de vrais professionnels. Je vais recommander à mes amis de venir plonger ici et d’y prendre des cours de plongée souterraine. J’aime beaucoup plonger ici et j’y reviendrai certainement. »

Denis Milutin (plongeur spéléo de Perm) dit : « j’ai plus de 150 plongées à “Ordinskaya”, mais la grotte, à chaque fois, m’éblouit de sa beauté. J’aime avant tout sa beauté virginale. C’est un sanctuaire naturel unique qui n’est pas accessible à tous. Un endroit

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pour laisser divaguer ses idées créatives. Tant les photographes que les cinéastes ou toute personne ayant un sens artistique trouveront ici une source d’inspiration. Ordinskaya est pour moi un enchantement de jeux d’ombres et de lumières. J’aime beaucoup plonger ici.

J’ai appris la plongée souterraine auprès des célèbres Pascal Bernabe et Lamar Hires. J’avais pour but de comparer les différentes écoles d’apprentissage de la plongée et d’entrainement IANDT, CMAS et TDI. Après avoir collecté une grande expérience dans les centres de plongée avec mes instructeurs, à présent, je peux décerner sans hésitation la palme d’or à l’école française de plongée souterraine. Parcourir les siphons d’Ordinskaya – et pas seulement pour ceux qui recherchent le côté extrême de la plongée, c’est l’endroit idéal pour les plongeurs confirmés souhaitant des conditions confortables pour se perfectionner avec le milieu de la plongée souterraine. »

Le monde moderne de la plongée a changé, le premier centre de plongée souterraine a ouvert ses portes en Russie. Les exploits en plongée sont conditionnés par le niveau global de développement, la disponibilité d’un équipement à la pointe, et l’accessibilité des sites de plongée qui aujourd’hui ouvrent leurs portes à tous. La plongée spéléo est enfin devenue accessible à tous les plongeurs classiques et en Russie.

Les plongeurs de Floride ont eu une idée de génie – pour lever le voile sur ce monde fermé, sur cet élitisme pompeux et sectaire de la plongée souterraine, et transformer la « plongée souterraine froide » en excursions de plongée sous terre. Et ça a été mis en place en Russie. Les sorties de plongée sous terre à “Ordinskaya” sont devenues aussi accessibles et agréables qu’au Mexique, en Floride ou en Mer Rouge.

La grotte d’Ordinskaya n’a toujours pas été explorée dans son intégralité, il y a encore des zones blanches à explorer et à topographier.

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exPédition PlonghérautPar Frank VAssEUr

http://celadons.free.fr

Cela fait quelques années que l’esprit d’aventure, le goût de l’exotisme, la folie de la jeunesse avaient orienté nos palmes affûtées vers d’autres contrées, parfois fort éloignées de notre doux foyer.Avec la quadrature et la nostalgie associée, voici l’histoire d’un petit retour aux sources, une série de petits plaisirs autochtones que j’m’en vais vous conter.

En 2007 et 2008, le Spéléo-Club de Saint-Pons de Thomières, en la personne de Laurent Parmenthelot, a organisé plusieurs plongées dans divers siphons du sud-ouest héraultais.J’ai écrit dans l’urgence un premier texte, bref, concis, en sachant que nous prendrions le temps pour ensuite, chacun à sa manière, apporter un témoignage ou évoquer.

Grotte du Berdiau - Commune de riolsLa grotte du Berdiau fut une bergerie avant de devenir une cavité-école.Le siphon aval fut plongé en 1966 par Jean-Louis Vernette (GEPS), l’amont puis l’aval en 1993 par le Grespa - SCX.

Plongées dans le siphon amontLe 1/05/2007, le niveau est plus haut de 3m que la normale. Il faut dérouler 25 m de fil pour retrouver l’amorce de celui en place. Il avait un peu souffert (coupé à trois endroits) mais tenu le coup malgré tout.

Passé le terminus (150 m ; -40 à l’étiage) à –29, après un point bas à –42 et des poussières, le siphon amorce rapidement une remontée jusqu’à -11. Une galerie plus modeste se prolonge ensuite jusqu’à émerger (à 308 m du départ) à la base d’une escalade de 4 m, prolongée par une jolie galerie exondée de 2 x 2 m. Vêtu d’une combinaison étanche aux botillons fatigués,

je préfère remettre à une date ultérieure la séance de varappe hypogée.

Je remonte une cheminée dans le siphon et un diverticule argileux, les deux émergent dans des cloches borgnes. La topographie de la partie explorée est levée lors du retour.Plongée en recycleur Megalodon, dans l’hypothèse d’une longue zone noyée en-dessous de 20 m de profondeur.

Le 24/06/2007, parti plus léger (en ouvert cette fois pour m’équiper/déséquiper plus aisément en solitaire), je franchis le siphon tranquilou, avec deux Nitrox en relais et un dorsal d’air, en 18 min. Il faut dire que le niveau est descendu de 4 m depuis la dernière fois (début mai), la visibilité est supérieure à 10 m. La première partie du siphon, retopographiée à cette occasion afin de disposer de l’intégralité des données, est ramenée de 200 m à 150 m effectifs.

Ce dernier totalise donc 282 m au lieu des 333 annoncés au sortir de l’immersion précédente.

Je profite de ces conditions favorables pour zieuter assidûment tous les recoins, dans l’espoir de dénicher une continuation noyée qui m’aurait échappé la fois précédente. En vain. La suite se jouera bien de l’autre côté du siphon, par cette escalade de 4 m. Une fois le siphon franchi, coup de chance, le niveau, bien que beaucoup plus bas, correspond, côté amont, à une petite margelle dominée par une arche. Pile poil ce qu’il faut pour se déséquiper et assurer le matériel. De la première de luxe en quelque sorte.La première partie de l’escalade, noyée récemment encore, est glissante. Par contre les 4 derniers mètres, plus verticaux, sont en marbre blanc acéré. Pas de problème d’adhérence, les semelles

ou tribulations d’un eros véritable dans les arcanes héraultaises.

Berdiau (��) siphon amont par Laurent Parmenthelot

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exPédition Plonghéraut

accrochent bien. Suit une jolie galerie immaculée confortable, ponctuée de flaques, qui se meut en fracture sensiblement inclinée avant de recouper perpendiculairement une grosse galerie.

Vers le nord-ouest, deux salles concrétionnées (6 x 6 m) s’enchaînent avant de buter sur un colmatage d’argile.

La seconde est baignée par un lac, alimenté par une brève galerie (1,8 x 1,8 m) terminée par une étroiture sévère, qui bloque l’accès à la continuation entrevue. Qu’elle est loin la silhouette filiforme de mes vertes années !

Au nord-est, la galerie bute rapidement sur une zone fracturée entièrement colmatée par une puissante trémie de marbre blanc. Un modeste affluent est exploré au retour, infléchi en impénétrable. Retour en levant la topographie et en furetant, sans plus de succès. Le siphon sera aussi revu en détail. Au total, 312 m de première et une jonction (fortement) espérée non aboutie.

L’objectif était de relier la grotte du Berdiau (1800 m / - 62 et + 30 m) au gouffre d’Euzèdes (5000 m env / - 170,50 m ) distant de 200 m à vol d’oiseau.Le report topo place les deux cavités à moins de 50 m l’une de l’autre. Côté Berdiau, la portion la plus proche est un boyau noyé quasi impénétrable. Côté Euzèdes, c’est un laminoir très étroit.Bref, ce n’est pas la joie.La synthèse cartographique des cavités du secteur est réalisée par Michel Plessier, avec un magnifique travail de report et d’illustration.

Merci à tous les participants, et tout particulièrement à Laurent et au Spéléo-Club de Saint-Pons pour l’organisation de ces plongées, et la bonne ambiance interclub qui règne à chaque fois.

Merci aussi à l ’O.N.F. pour l’autorisation de circuler sur les pistes qu’elle gère.

Participants : Spéléo-Club de Saint-Pons (34): Jean-Louis Barthès, Nicolas Brunet, Emilie Farré, Patrick Giro, Bastien et Laurent Parmenthelot. A.S.C.O. (34) : Alexandre Paradis. Ames (34) : Yves Besset, Jean-Pierre Brieu, Thierry Garau, Jean-Pierre Sierra, Michel Thieron.S.C.B.A.M. (34) : Jacky Fauré, Paul Redon. S.C.M. (34) : Michel et Thierry Granier.

Individuels : Ghislain Krizlzanowski, Michel Plessier (Landru), Frankadapthabile.

Plongée dans le siphon avalSamedi 13 septembre 2008, le Spéléo-Club de Saint-Pons organise la plongée du siphon aval.

Un premier siphon de 10 m émerge dans une haut méandre semi-noyé dont un prolongement aérien est occupé par une nuée de moustiques. Nul doute qu’une entrée est proche.

La suite se trouve au sol, sous l’eau. C’est un méandre noyé intime, qui descend en sinuant dans l’argile jusqu’à -9 avant de remonter dans un conduit plus propre jusqu’à une zone de ramifications à -3. Une seule est pénétrable, elle émerge dans une cloche borgne basse.

Des morceaux de planches en bois et un fil en plastique attestent d’un fonctionnement aval.

Berdiau siphon aval par laurent parmenthelot

Berdiau siphon aval par Laurent Parmenthelot

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Pas de courant perçu lors de cette plongée en régime d’étiage. La topographie est levée.

Participants : Nicolas Brunet, Xavier Garayt, Patrick Giro, Ghislain Krizlzanowski, Laurent et Bastien Parmenthelot (Spéléo-Club de Saint-Pons), Frankdownstream.

Gouffre d’euzèdesDans la série «Cherchons la jonction grotte du Berdiau - Gouffe d’Euzèdes» nouvel épisode le 30/08/2008.

Ces deux cavités majeures du sud-ouest héraultais font partie d’un même réseau. Dans cette optique, le siphon aval d’Euzèdes a été revu (première plongée en 1995), sans résultat. La salle située à -26 est bouchée au nord comme au sud, malgré la présence de nets ripple-marks depuis le puits d’entrée à -20. En plafond, elle remonte jusqu’à -20 à la base d’une fracture qui pince. Le terminus est revu, avec plus de facilité du fait de la hauteur du niveau d’eau (3 m de plus qu’en 1995), le laminoir très étroit est confirmé aussi.

Dommage, ce n’est pas par là qu’on jonctionnera. Dans le puits d’entrée, une galerie horizontale à -18 est explorée sur 10 m jusqu’à un rétrécissement dans l’argile.

Pas abattus pour deux sous, nous en profitons pour aller voir le siphon de la salle du Pissadou, distant d’environ 200 m. Il s’agit d’un fond de fracture, dans une zone de fluctuation du niveau piezo. Autant dire que l’ambiance est «onctueuse».

La visi est nulle dès la mise à l’eau. Descente à -13 en aveugle dans une modeste fracture, arrêt sur pincement rempli d’argile liquide.

Merci à Jacky, pour la mise à disposition de son quad pour le portage des bouteilles jusqu’à l’entrée.

Participants : Bastien et Laurent Parmenthelot, Patrick Giro, Michel Plessier, Nicolas Brunet, Jacky Cabrol, Serge Taillade, Philippe Fontes (S.C.Saint-Pons). Yann Bertin (Ames), Frankyestderetour

Grotte de marsoLa cavité, récemment découverte par le Spéléo-Club de Saint-Pons, est en cours d’exploration.

Le siphon terminal est plongé, le samedi 13/09/2008. Il est situé à 200m de l’entrée, derrière une voûte mouillante «onctueuse».

Le siphon se présente comme une fracture sensiblement inclinée côté rive droite.

En rive droite, une bande de schistes (recoupée à plusieurs reprises dans la cavité), en rive gauche : un talus d’argile.

Deux tentatives ne permettront pas de venir à bout du pincement situé au bout de la fracture à -4 (vue à -6), dans une ambiance plus que «chargée».

Le siphon n’était pas émissif, la rivière dans la cavité était à sec.

Participants : Nicolas Brunet, Patrick Giro, Ghislain Krizlzanowski, Laurent et Bastien Parmenthelot (Spéléo-Club de Saint-Pons), Frankyrentresonventre.

Charbons, siphon aval par Laurent Parmenthelot

euzèdes, siphon de la Pissadou par Laurent Parmenthelot

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Grotte des Charbons - Commune de saint-Pons de thomièresPlongée du 10/03/2007

La cavité a été découverte et explorée par le S.C.S.P. depuis quelques années.

Le siphon terminal est un aval, à 500 m de l’entrée, après 100 m d’étroitures initiales puis le cours souterrain de la rivière.

La vasque est colmatée par l’argile à –1,7 m. Le courant file dans le prolongement de la fracture, rendu impénétrable par un gros bloc coincé derrière lequel le conduit ne s’élargit pas.

Participants : Sébastien Barra, Brice Dufermont, Xavier Garayt, Patrick Giro, Laurent et Bastien Parmenthelot (Spéléo-Club de Saint-Pons), Yann Bertin, Marie-Isabelle Blanes (A.M.E.S.), Frank (Proteus anginus Porcus Vulgus).

marso par Laurent Parmenthelot

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Barrenc de la mousque d’Aze

Par Guillaume TIXIEr

Durant l’été 2009, 3 sorties ont permis de poursuivre les explorations dans le troisième siphon de ce beau réseau noyé. Cette résurgence à été explorée jusqu’à un cinquième siphon à 865m de l’entrée mais l’actif est perdu à la sortie du S3. Il vient d’une faille étroite au fond de ce S3 déjà exploré par Christian Deit en 1994 jusqu’à la profondeur de -48 m.

Dimanche 07 juin 2009 Plongée de reconnaissance pour vérifier la stabilité de l’éboulis d’entrée et l’équipement du S1.

Mis à part en surface, dans l’eau les blocs de cet éboulis ont l’air bien stables et étant donné leurs tailles il y a peu de risques qu’ils bougent.Pour ce qui est de l’équipement, le fil en place a beaucoup souffert sur les 150 premiers mètres du siphon. A la sortie du S1, me restant pas mal d’air, je poursuis dans le S2, qui est très beau.

A la sortie du siphon, la corde aidant l’accès au S3 est toujours en place et, mis à part le mousqueton qui serait à changer, la corde n’est pas abimée.

Dans le S3, le fil qui traverse vers le S4 est en place, par contre celui de l’actif est coupé de la base du puits jusqu’à -20. Là un bout de fil remonte du fond et valse dans le courant. Arrêt à ce point sur mes ¼ du bi7l à 240 bars.Très agréable plongée. Il serait prudent de rééquiper le S1 ou au moins les 150 premiers mètres pour paser à plusieurs plongeurs en vue d’une future explo dans le S3.

Dimanche 28 juin 2009Rééquipement et nettoyage du S1.Visite de la coulée en rive gauche entre le S1 et le S2. Ça remonte d’une bonne dizaine de mètres mais queute quand la coulée touche le plafond.Visite jusqu’à -32 m dans le S3 à quelques mètres du terminus. Depuis le fond de la vasque du S3 à -15 m une galerie d’un mètre de diamètre plonge sur une pente proche de la verticale pour se transformer en une diaclase de 2 m de long sur 60 à 80 cm de large.

Départ du s2

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Formations spécialisées

FOrmAtION PLONGées Aux méLANGesOCtOBre 2010 : ArDèChe

responsable : Philippe BrUNET21, rue Louis Fablet - 94200 - IVrY sur sEINE

[email protected]

FOrmAtION PhOtOs et VIDéOs eN PLONGée sPéLéOLOGIque

2� Au 2� JuILLet 2010 : LOtOrganisateur : Frédéric Verlaguet

route d’Oloron - 64360 - [email protected]

responsable : Brice MAEsTrACCI9, allée du bon gîte - 40230- sAINT GEOUrs DE MArENNE

[email protected]

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Barrenc de la

mousque d’AzeSamedi 18 juillet 2009Objectif : plonger dans le troisième siphon. Après la faille qui descend de -30 m à -43 m, la galerie devient plus circulaire et descend sur une pente plus faible jusqu’à -56 m.À ce point bas, 75 m depuis le départ du S3, une diaclase plus étroite et impénétrable empêche toute pénétration et remonte, toujours dans les mêmes dimensions (20 à 30 cm de large). Je n’ai donc fait que 15 m d’explorations supplémentaires.Matériel utilisé : un bi 9l de mélange Trimix 18/30, deux 6 l de mélange suroxygéné à 40% pour franchir le S1 et le S2 et une 3 l d’oxygène pour la décompression avec un ordinateur VR3.

Participants : Christian DEIT, Raphael JAUD, Nadir LASSON, Marc THENE, Laurent Maignot et Guillaume TIXIER

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tunnel de la FourCheriePar l’Equipe Chemins à Fer - ITFF

Philippe EMONET - responsable ITFFhistorique

Dans les années 1930, les besoins électriques du pays deviennent grandissants. Pour répondre à ces derniers, il est prévu de construire un certain nombre de barrages sur la Dordogne. Cette rivière a en effet le double avantage d’être au centre du pays et d’offrir un cours torrentueux particulièrement propice à des aménagements hydroélectriques. Les premiers chantiers voient le jour.

La seconde guerre mondiale va cependant freiner ces projets. Ainsi le barrage de Bort les Orgues ne sera-t-il construit qu’après guerre. Le plan d’eau qu’il doit retenir, noie la voie ferrée Paris > Aurillac sur 16 km dans sa section Merlines > Bort. Après de nombreux débats, EDF accepte de financer le coût de construction d’une voie ferrée de contournement, en compensation du préjudice apporté aux habitants de la ville de Bort.

Cette déviation doit partir d’Ussel et gagner Bort par le plateau situé à l’ouest du lac. Elle ne comporte pas de difficultés particulières ni d’ouvrages d’art majeurs, à l’exception d’un très long tunnel descendant de 6628 m : le tunnel de la Fourcherie, nom du hameau sous lequel doit s’ouvrir l’ouvrage.

En raison de son importance et du délai qu’il va demander, ce souterrain est immédiatement mis en chantier. Il sera pratiquement le seul élément concret de cette déviation ferroviaire. Les travaux vont durer 4 ans, jusqu’au 3 septembre 1955, date à laquelle le chantier, après nettoyage, est définitivement arrêté pour diverses raisons concomitantes : manque de crédits, difficultés techniques liées à une forte présence d’eaux d’infiltration, guerres de décolonisation, évolution du transport routier concurrent du rail, et autres priorités nationales.

A cette date, les éléments construits ou supposés du tunnel se présentent globalement comme suit :• La tranchée d’accès dans un vallon en contrebas du hameau de la Fourcherie, dans laquelle une amorce de creusement aurait été effectuée.• Une galerie annexe (fenêtre tunnelière) courbe, de 800 m de long, en forte pente descendante, dans le vallon de Vioux situé sous le hameau du Chassang.• A partir de l’extrémité de la fenêtre tunnelière, un tronçon de la galerie principale du tunnel (future galerie ferroviaire) d’une longueur approchant 1490 m, dont 50 m vers l’aval (direction Bort) et 1440 m vers l’amont (direction Fourcherie).• Enfin, juste en aval du barrage de Bort les Orgues, une galerie courbe de débouchage dont la longueur varie de 30 à 460 m selon les affirmations.

oubli et questionnementLe linteau de porte de la fenêtre tunnelière de Vioux porte une date : 5 / 10 / 55. On peut donc estimer que le tunnel a été refermé quelques jours plus tard. A partir de cette date, il va sombrer dans un quasi oubli pendant un demi-siècle même si quelques curieux finiront par vandaliser la porte de sécurité pour voir ce qu’elle cache. Leur déception sera grande car les eaux d’infiltration ont totalement réinvesti les lieux, interdisant toute visite.

Par ailleurs, les archives officielles ont disparu sans laisser de trace. Après enquête poussée de notre part, il s’avère qu’elles ont été rapatriées sur l’arrondissement SNCF de Montluçon. Mais ce dernier a disparu. Aux dernières nouvelles, elles auraient alors été déplacées vers le centre national des archives SNCF du Mans. Une recherche est encore en cours à ce niveau. En tout cas, nous pouvons affirmer que, contrairement à ce que prétend la rumeur publique, elles n’ont pas été volontairement dissimulées pour protéger un quelconque scandale politico-financier lié à la construction du tunnel.

Le souvenir du tunnel sera quand même évoqué quelques fois :Quelques lignes succinctes dans un article de La Vie du Rail sur la ligne Merlines > Bort, paru dans les années 1960. Ce document est le seul qui révèle l’existence d’un « puits de reconnaissance » dont le creusement aurait été achevé.De façon beaucoup plus approfondie dans le tome 3 (T3) d’une histoire des chemins de fer cantaliens parue en 2006.Le T3 dédié à l’ouest du département et au secteur de Bort constituait jusqu’à ce jour la seule référence capable de permettre une approche de l’énigme technique posée par ce tunnel qui n’a pas été creusé par ses extrémités mais par son centre.Brièvement par quelques autres sources secondaires.Enfin, en 2007, apparaît notre structure. Elle se donne pour objectifs de sensibiliser le public aux vestiges et au patrimoine ferroviaire, et, pour ce qui est des tunnels, d’en dresser un inventaire exhaustif et en dire l’état.

Il va de soi que le tunnel de la Fourcherie, même inachevé et noyé, ne pouvait être passé sous silence. Non seulement il aurait été le 7° tunnel de France à son époque s’il avait été terminé, mais il reste

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le 2° plus long tunnel abandonné et le 1er du Massif Central par son importance.En outre, en raison des choix techniques particuliers qui ont présidé à sa construction et du flou qui régnait sur son existence, il convenait de rétablir certaines vérités et d’en faire une visite approfondie en vérifiant notamment les pentes, les longueurs annoncées et la forme de la fenêtre de Vioux. Ce fut l’objectif de notre enquête et des plongées souterraines que nous avons commanditées :• L’une dans la tranchée d’accès noyée de ce qui aurait dû être l’entrée du tunnel sous le hameau de la Fourcherie, à la Toussaint 2009.• Les autres dans la fenêtre tunnelière de Vioux, les 17 et 18 avril 2010.

plongee de Toussaint 2009Faute de pouvoir accéder et vérifier certaines hypothèses par des moyens classiques, nous avons dû faire appel à deux plongeurs très qualifiés du Spéléo Secours Français, commission de la Fédération Française de Spéléologie.La plongée réalisée à Toussaint 2009 dans la tranchée noyée de la Fourcherie avait pour buts :• Estimer l’état général de la tranchée.• Savoir où allait un mur de soutènement en béton détecté du côté gauche.• Savoir s’il existait un mur symétrique du côté droit.• Savoir enfin s’il existait une amorce de galerie comme l’affirment certains témoignages oraux.Elle a permis de démontrer que :• La tranchée située en zone boisée a été naturellement rebouchée pour moitié de sa profondeur initiale par des arbres morts et diverses accumulations végétales. L’eau y constitue un véritable bouillon de culture particulièrement glauque qui n’offre aucune visibilité. L’exploration a dû se faire à tâtons.• Le mur de soutènement gauche peut être suivi sur 100 m environ. On perd la trace de son sommet vers 3,5 m de profondeur. Sa base n’a pu être retrouvée.• Le mur symétrique côté droit existe. Il est en tous points identique au mur gauche, mais plus enfoui dans le sol.• Il n’existe aucune amorce de galerie. Divers détails techniques qu’il serait trop long d’exposer ici, corroborent tous ce fait.• Le radier initial n’a pu être atteint à aucun endroit.

un temoignage exceptionnelL’exploration des 17 et 18 avril 2010 a été préalablement annoncée dans divers médias dont le journal régional La Montagne. Cette annonce a incité un homme, Roger Bargy, à venir nous rencontrer dès le vendredi 16 dans l’après-midi.Roger Bargy, aujourd’hui âgé de 85 ans, mais en parfaite santé et ayant toute sa tête, nous a dit la chose suivante : « J’ai effectué les derniers six mois du gros œuvre au chantier du barrage de Bort les Orgues. Ensuite, durant quatre ans, du tout début jusqu’à la fin, j’ai travaillé sur le chantier du tunnel ». Et de tout nous expliquer sur le tunnel et son chantier.

D’où il ressort les éléments suivants :• Le « puits » dont parle le journal La Vie du Rail existe bien. Sauf qu’il ne s’agit pas d’un puits au sens strict mais d’un carottage de reconnaissance qui a été foré jusqu’à 80 m de profondeur, à l’endroit où devait se situer la jonction fenêtre – tunnel.Ce sondage a été effectué avant la réalisation de la fenêtre et du

tunnel. Il a été par la suite partiellement rebouché. On ne sait pas si la fenêtre ou le tunnel l’ont recoupé.Roger Bargy nous a néanmoins conduits sur les lieux en plein bois, juste au-dessus d’un virage du chemin d’accès à la fenêtre de Vioux. Nous avons pu voir en effet le tubage métallique de surface, de 20 cm de diamètre, qui correspond à ce trou.

• Aucune galerie n’a été creusée à la Fourcherie. Ce site ne présente que sa tranchée et ses deux murs de soutènement. Ce qui confirme pleinement les résultats de notre première plongée.• Le creusement du tunnel était divisé en 4 lots qui auraient dû être réalisés par des entreprises différentes. Leurs longueurs précises restent inconnues.Le premier lot, au départ de la Fourcherie, n’a jamais été réalisé.Le 2° lot comprenait le creusement de la fenêtre d’accès (800 m de long en pente à 60 mm / m !!! Avec élargissement à mi-longueur pour permettre le croisement des trains de wagonnets) et la réalisation de 1500 m de tunnel en remontant vers l’entrée de la Fourcherie.Le 3° lot n’a été réalisé que sur 50 m au départ de la jonction fenêtre – tunnel.Le dernier lot n’a été creusé qu’au niveau de la galerie de débouchage située au pied du barrage de Bort.• L’entreprise pour laquelle Roger Bargy a travaillé (2° lot), a effectivement réalisé la fenêtre et 1450 m de tunnel. L’abandon du chantier est intervenu alors que les travaux ne se trouvaient plus qu’à 50 m de la fin du lot.• Elle a aussi mordu sur le lot voisin (3° lot) en réalisant une amorce de galerie de 50 m de long tournée vers l’aval (côté Bort). Ce tronçon réalisé à plat, et non en pente, servait de base principale au chantier souterrain. Là étaient implantés divers organes et matériaux comme les deux pompes de refoulement des eaux d’infiltration, la bétonnière pour faire le béton destiné aux

Jean-michel Vallon prêt à plonger

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parements, des coffrages, une « gare » pour les changements de locomotives, etc.

Les détails propres au chantier et à sa vie sont donnés dans la fiche tunnel.Mais ce précieux témoignage oblige surtout à revoir tous les chiffres de pente annoncés :En effet, si l’on retient la pente de 60 mm / m pour la fenêtre, la jonction fenêtre – tunnel ne se trouve pas à – 35 m (chiffre déduit par la pente moyenne de 21 mm / m donnée par le T3) sous le départ de la fenêtre, mais à – 48 m, soit 13 m plus bas que prévu.Cependant, connaissant maintenant avec précision les coordonnées de surface de « l’entrée » du tunnel et du point de jonction fenêtre – tunnel (sondage), on s’aperçoit que la distance entre ces deux points est de 3829 m, soit plus de la moitié du tunnel, et que la pente ferroviaire n’est que de 19 mm / m.Par ailleurs, sur les 1450 m creusés vers l’amont, cette pente ne fait remonter la galerie que de 27,55 m, ce qui signifie que les travaux réalisés sont entièrement noyés.Enfin, la partie basse du tunnel, de 2799 m de long, aurait eu une pente plus forte, de l’ordre de 23 mm / m. Ce qui corrobore la pente moyenne annoncée par le T3 et divers documents.

plongees des 17 et 18 avril 2010Ces renseignements inédits obtenus au dernier moment, rendaient les plongées de Vioux d’autant plus nécessaires. Il convenait en effet de vérifier les dires de Roger Bargy.Compte tenu de la longueur, de la profondeur et des difficultés prévisibles, il a été fait appel à des techniques très particulières telles que mélanges respiratoires spéciaux, recycleurs et propulseurs.

Il doit être rappelé qu’une exploration de cette envergure demeure un évènement très exceptionnel qui ne peut être mené que par des plongeurs très spécialisés.De même, il doit être aussi rappelé que le tunnel de la Fourcherie, de par sa configuration, est unique en son genre et que cet évènement constituait donc une première dans l’histoire ferroviaire française.

Les plongées effectuées les 17 et 18 avril 2010 dans la fenêtre tunnelière de Vioux avaient donc pour buts :• Estimer l’état général des lieux.• Vérifier les dires de Roger Bargy, notamment en ce qui concernait la pente et la profondeur du point de jonction.• Dresser une topographie sommaire de ce point.• Remonter et explorer le tunnel le plus loin possible.Mais elles se sont très rapidement heurtées à un élément inattendu : une forte présence d’algues qui a rendu la visibilité totalement nulle. A partir de cet instant, les plongeurs n’étaient plus en mesure d’appréhender la structure du tunnel avec suffisamment de précision.

Ces plongées, au nombre de 4, ont cependant permis :• De parcourir les 700 premiers mètres de la fenêtre.• De démontrer son bon état général avec la présence d’anneaux en béton dans les zones de roche pourrie.• De démontrer aussi que la fenêtre est légèrement courbe comme l’affirme le T3 et qu’elle comporte bien un élargissement situé à mi-longueur.• De valider entièrement les affirmations de Roger Bargy quant à la pente et la profondeur atteinte, puisqu’à 700 m de distance le plongeur se trouvait déjà à – 35 m.• De révéler la présence d’un tuyau métallique tout au long de la galerie, du côté droit, équipé à distances plus ou moins régulières, de vannes de sectionnement à volant.

C’est le seul élément du chantier qui n’a pas été enlevé et dont on ne sait s’il servait à véhiculer l’air comprimé nécessaire aux engins ou les eaux d’infiltration refoulées par les pompes.En tout cas, il a servi de précieux guide aux plongeurs.Compte tenu du bon état général de la fenêtre, il n’y a pas lieu de douter que le tunnel soit à peu près dans le même état, surtout que certaines de ses sections étaient bétonnées.Aussi, face à ces constats, à la cohésion et la précision des propos de notre témoin, et à l’impossibilité d’appréhender les galeries avec un minimum d’ensemble, décision a été prise d’arrêter cette exploration.

ConclusionsL’essentiel des informations est donc venu d’un témoin humain.Loin d’avoir été inutiles, les plongées, malgré leur échec partiel, ont cependant permis de confirmer pleinement les renseignements obtenus.Elles ont par contre révélé un élément important concernant la qualité de l’eau avec cette présence inattendue d’algues dans la galerie.

Les données du T3 sont par ailleurs globalement vérifiées :• Le site de la Fourcherie ne comporte qu’une tranchée noyée sans

Jean-Pierre prêt à plonger avec romain

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entrée de galerie.• Le site de Vioux comporte un sondage parfaitement situé qui correspond au point de jonction fenêtre – tunnel, la fenêtre et divers vestiges dont nous connaissons maintenant l’usage.• Le site de Bort comporte une galerie de débouchage dont la longueur exacte reste inconnue, mais cette lacune est secondaire.• Les pentes sont conformes : 19 mm / m dans la partie amont du tunnel, et 23 mm / m dans sa partie aval.Cependant, les investigations menées ne permettent toujours pas de répondre avec certitude aux deux grandes questions concernant le choix technique du lieu de creusement.• Pourquoi ne pas avoir attaqué le creusement à Bort comme l’aurait voulu la logique ?Très probablement à cause de l’impossibilité de faire cohabiter le chantier du barrage et celui du tunnel dans le faible espace qui se situait au pied du barrage.• Dès lors, à devoir creuser ailleurs et affronter les mêmes difficultés dans un cas comme dans l’autre, pourquoi avoir creusé à Vioux et non pas directement à la Fourcherie ?La différence d’altitude entre les deux entrées est de 25 m, mais elle ne change rien aux problèmes techniques.Sauf à retrouver un jour des archives explicatives, nous ne pouvons répondre à cette question.

et maintenant…Le tunnel de la Fourcherie a dormi pendant un demi-siècle. Cet abandon nous semble regrettable.Cet ouvrage peut en effet retrouver une seconde vie et générer un apport pour la commune de Sarroux.De deux façons possibles et non contradictoires entre elles :• Comme thème historique pour l’aménagement d’un parcours de promenade et de randonnée.• Comme réserve d’eau potentielle puisque les 2300 m de galerie creusés représentent un certain volume.Rappelons-le, le tunnel de la Fourcherie est unique en son genre.

Même inachevé, il reste l’un des plus importants tunnels ferroviaires français et, de plus, le seul ouvrage dont le site offre encore diverses traces lisibles du chantier de construction. Le site de Chassang – Vioux est donc un élément majeur de notre patrimoine national.

Bien sûr, le tunnel ne pourra être visité. Cependant, l’ensemble du site peut être réhabilité à moindres frais par l’aménagement d’un petit parcours de randonnée à thème, équipé d’une signalétique

adéquate. Il suffirait pour ce faire de réaliser quelques panneaux explicatifs des différents vestiges, de rouvrir et protéger par des grilles la fenêtre tunnelière et la galerie de la poudrière, et, pourquoi pas, de disposer sur le site quelques objets propres à rappeler les techniques de travail de l’époque : marteaux piqueurs, wagonnets, rails, etc.

A défaut d’un apport financier immédiat, un tel aménagement peut avoir une rentabilité induite en attirant des touristes sur la commune.Par ailleurs, à l’heure où l’eau devient une denrée de plus en plus chère et où les conditions climatiques sont de plus en plus incertaines, cet ouvrage peut aussi devenir un précieux réservoir :• En partant d’une base de calcul simple, à savoir un tunnel de 6 m de diamètre et 1500 m de long, et une fenêtre de 2,5 m de diamètre et 800 m, on obtient un volume potentiel de 46 315 m3.• Une mesure du débit d’eau en sortie de

fenêtre permettrait de connaître le temps de remplissage du tunnel.• A noter qu’en partant d’une base d’écoulement actuel de 20 litres / minute, et qu’en estimant que le débit des infiltrations était double à l’époque en raison des déséquilibres piézométriques créés dans les couches de terrain, il fallait tout de même un peu plus de… 2 ans pour remplir les 46 315 000 litres du tunnel, et… 34 jours pour amorcer le siphon constitué par la jonction fenêtre – tunnel, si l’on admet une hauteur sous plafond de 2,50 m (hauteur fenêtre).

Catherine à l’entrée du tunnel

entrée du tunnel

Jean-Pierre prêt à plonger avec romain

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Ce qui contredit la thèse selon laquelle les infiltrations étaient l’élément déterminant de l’abandon du chantier. Des pompes adéquates pouvaient largement compenser ce débit.• Enfin, des analyses simples à réaliser peuvent dire la qualité de l’eau et l’origine des algues.• Pour le reste, entre forage ou pompe flottante, divers moyens d’exploitation peuvent être envisagés.

Mais les décideurs doivent prendre conscience que le tunnel de la Fourcherie peut devenir bien autre chose qu’un simple trou inutile et réputé dangereux.

RemerciementsIl est coutume de dire aujourd’hui qu’on ne peut vivre des aventures qu’à l’autre bout du monde.La redécouverte du tunnel abandonné et noyé de la Fourcherie, en haute Corrèze, en plein cœur de la France, vient de prouver le contraire.Elle fut une véritable aventure humaine et technique qui a fait appel à des compétences très diverses.Et, chose qui ne gâte rien, elle s’est terminée par un week-end festif d’une extraordinaire convivialité.C’est pourquoi l’association Chemins à Fer et l’équipe ITFF tiennent à remercier :• Patrick GARINOT et Mariano FLORES pour l’édition de leur livre qui a inspiré le retour sur les lieux de deux passionnés du vieux patrimoine ferroviaire.• Damien FOLLET et Michel PILLOT pour leurs premières explorations de terrain et leurs articles sur le forum Linéoz, qui, malgré leurs imperfections, ont interpellé la curiosité des membres de l’équipe ITFF et provoqué la suite des évènements.• Michel GANDIN, spéléologue et ami de Damien FOLLET, qui a su resituer l’emplacement de la poudrière confondue pendant un temps avec le tunnel.• Bernard SALAÜN pour ses contacts préalables.• J e a n - J a c q u e s GOUTTEBROZE, maire de Sarroux, pour l ’ a u t o r i s a t i o n d ’ e x p l o r a t i o n accordée et l’accueil de sa municipalité.• André GIRAUD pour l e s t r a v a u x d e dégagement de la fenêtre bouchée.• R o g e r B A R G Y, mémoire vivante du tunnel et témoin de grande valeur sans l e q u e l n o t r e connaissance de ce souterrain n’aurait pas beaucoup avancé.

• Christophe MEMPONTEL, 1er adjoint au maire de Sarroux, et sa famille, pour leur participation pleine de gaîté à notre opération.• Jean-Pierre BAUDU et Jean-Michel VALLON, et leurs compagnes, spéléologues plongeurs, qui ont réalisé un travail délicat dans des conditions difficiles qui ne permettaient pas le droit à l’erreur.• Christine MOUTTE et Richard BRUNEL, journalistes, pour le suivi et le magnifique article qu’ils ont fait paraître dans le quotidien La Montagne.• Les familles FAGEOLLE et VENNAT qui ont assuré nos hébergements et bien voulu supporter les exigences de nos passions.• Et tous les membres de l’équipe qui, de près ou de loin, se sont investis dans cette recherche et ont contribué à son succès.

Des vidéos sont visibles sur le site de l’EFPS : http://efps.ffspeleo.fr/videos.html

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1er semestre 2010 Info plongée 100 �1

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source du marchepiedPar Nadir LAssON

Photos : Frédéric VErLAGUETCette émergence se situe à 2,5 km en aval de Marcilhac, en rive gauche du Célé.

La vasque de départ, qui fut jadis bâtie, se trouve à quelques mètres du bord de la rivière. Elle était totalement colmatée, avec de l’eau jusqu’aux chevilles. Elle doit son nom à Mr Majoupé qui en était propriétaire. Une déformation a donné Marchepied.

Son eau était autrefois utilisée pour soigner les rhumes.Malgré les crues et les étiages, son débit est peu variable. Elle est pérenne toute l’année.

En août 2002, Clive Stell, Tim Chapman, Marcel Hattemann et Martina Maier du Cave Diving Group (Angleterre) entreprennent un énorme chantier de désobstruction , en accord avec le propriétaire.

Le 19 août, après 8 h de chantier, l’ arche de la voûte apparaît enfin.Après 3 jours de travail, Clive et Tim atteignent, le 22 août, la base de l’éboulis d’entrée vers -5 m. Suivent 30 m de petite galerie avant de déboucher dans un gros conduit de 4*3 m. Ils s’arrêtent à 70 m de l’entrée, à -12 m.Le 23, Tim atteint 150 m, -11 m, après un point bas à -17m. Pendant ce temps Clive reconnaît le conduit superposé à celui de l’entrée. Il redonne sous l’éboulis d’entrée.

En août 2003, Tim et Clive sont de retour avec Nick Popham.Le 11, Clive explore 150 m supplémentaires, arrêt à 300 m, -10 m.Le 15, il franchit le S1 (510 m ; -17 m), et fait demi-tour à la sortie de ce dernier. Le lendemain il s’arrête sur le S2 quelques mètres plus loin.

Le 19, les 2 compères franchissent le S2 (28 m ; -5 m) et suivent, sur une soixantaine de mètres, la rivière aquatique jusqu’au S3, situé à 670 m de l’entrée.

En août 2005, Clive plonge le S3 sur 100 m (-13 m).Il passe le relais à Peter Mulholland et Nadir Lasson en août 2006. L’entrée s’est en partie rebouchée, quelques plongées permettent de rouvrir le passage. L’instabilité de l’éboulis nécessite un nouveau chantier en février et mars 2007. Avec étayage, tôles… pour sécuriser le passage.

Suivent le rééquipement et la topo jusqu’au S3 dans le courant de l’année.

En mai 2008, Pierre-Eric Desseigne poursuit dans le S3, lui ajoutant environ 200 m. Une vaste salle l’amène à -47 m sur une étroiture de graviers.

Il ajoute 250 m supplémentaires, entre -45 m et -58 m, quelques jours plus tard.Début juillet, Rick Stanton explore quelques dizaines de mètres supplémentaires et s’arrête sur une étroiture de graviers à -65 m.

Deux jours plus tard le revoilà muni d’un râteau. Il agrandit ce rétrécissement et le franchit. La galerie descend jusqu’à -69 m. Elle est suivie d’un puits qu’il remonte jusqu’à -57 m mais il se trouve stoppé sous un éboulis coincé dans le puits. Son terminus est à 668 m dans le S3, à 1338 m de l’entrée, avec 73 m de nouvelle galerie.

Développement total : 1370 m, dont 1208 m noyés.

Marcilhac - sur - Célé - loT

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source du marchepied

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grotte de BramaBiauPar Cédric Bancarel

La grotte de Bramabiau, qui n’a rien à voir avec l’abîme du même nom, est une petite cavité située pas loin des gorges du Tarn, à une vingtaine de km de Millau, dans l’Aveyron. L’entrée se trouve après le hameau Le Bourg, à une dizaine de mètres au-dessus de la D94.

Les premières explorations datent de mai 1955 et juillet 1958 (M.Cartaillac). En 1982, l’Alpina de Millau lève la topo jusqu’au siphon. La même année, un plongeur l’explore sur une vingtaine de mètres, puis peu de temps après Patrick Pénez poursuit et s’arrête à 205 m à -9 m.

L’idée de reprendre les explos vient de Gaby. Il avait eu quelques infos sur ce trou : Un siphon « école », donc large et clair, pas loin de l’entrée et reconnu seulement sur 200 mètres, arrêt sur rien ! Je ne connaissais pas la cavité, mais ça faisait envie… Une année passe quand même, nous nous téléphonons, la motivation est là et de mon côté j’essaie d’avoir plus d’infos. J’en parle à mon ami Pétouille, il connaît la cavité, son frère a fait la topo jusqu’au siphon à l’époque. Il me trouve un vieux numéro d’Info Plongée où Patrick Pénez écrit : « Un boyau étroit de 150 m de long bute sur un siphon boueux, au bout de 10 m de progression une étroiture vient s’ajouter à l’argile. » Ça ressemble moins à un siphon école vu sous cet angle ! Je rappelle Gaby et nous décidons qu’un seul ira faire la reconnaissance, après on avisera. J’habite à 20 min de la grotte, lui à 2 h de route, c’est donc moi qui ferai la première plongée.

Le 3/09/09 c’est avec Pétouille seulement que je pars. Je suis surpris du volume, c’est petit ! Faut ramper presque tout le parcours avec quelques passages à quatre pattes, sur 150 m. Sous l’eau, je me limite à une progression de 70 m avec un bi 4 l à l’anglaise, sans bouée. L’étroiture d’entrée est bien là, sans être méchante (0.70/0.70 m) même si la visibilité s’annule à cet endroit. La galerie est large de 3 m pour une hauteur de 0.70 à 1 m en fonction du nombre de strates qu’il y a au sol. Celles-ci ralentissent la progression. Le siphon est argileux, la visibilité se dégrade sans pour autant s’annuler (1 m au retour). Petit coup de téléphone à Gaby pour lui faire un résumé de ma plongée, et nous décidons logiquement qu’un seul fera l’explo. Il me laisse la place, et participera au portage sur une de mes plongées.

Le 2/09/09 , la motivation est là et c’est avec 5 copains que nous partons en file indienne à plat ventre, direction le siphon. Je plonge en bi 7 à l’anglaise avec un relais 4 l et dépasse le terminus de 60 m, arrêt sur autonomie. Le 11/11 nous y retournons à 7. Pétouille met moins de 24 h pour trouver une équipe dispo et motivée ! Je souhaite faire la topo et avancer un peu. Je rajoute 65 m, bute sur un « cul de sac » mais aperçois la suite au plafond dans une faille verticale. Je n’ai pas assez de gaz pour aller voir, la prochaine fois… La topo est à refaire, c’est la première fois que je m’y essaie et j’ai des soucis de crayons, de carnet, et ma boussole de poignet n’est pas vraiment adaptée. L’argile n’aide pas non plus.

�� Info plongée 100 1er semestre 2010

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0 200 m - (1.00)

+ 0 départ siphonalt 494 m

- 19 m

- 19 m

- 7 m

0 mniveau plan d’eau

Falaise EntréeCheminée terminaleArrêt C. BANCAREL12-2009S1 (340 m, -19 m)

étroiture à 12 m du départ siphon (-1m)

étroiture à 12 m du départ siphon (-1m)

Grotte de BRAMABIAUVallée de Trébans - Le Bourg - AveyronUTM 31 WGS84 X = 0509,404 - Y = 4897,632 - alt. = 486 mAlpina - Aragonite - Mjc Rodez - SCC - PlongéesoutTopo exondée 1982 ALPINA - Topo siphon 2009 C. BANCAREL - Synthèse : J BOUTIN

étroiture

Arrêt P. PENEZL = 205 m / P = -9 m

alt 486 m

alt 486 m

gours étroiture

5 m

coupe entrée

terre - racines

96 m / +5 mhv 0.6 m

Dév. 484 m / - 11 m

144 m / +8 mhv 1 m

NM 2009

Coupe développée

JB-12-2009

0 100 m

PLAN

S1 (340 m, -19 m)

sections

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Trois autres plongées ont lieu dans le mois de décembre, avec toujours plus ou moins la même équipe. La topo du siphon est levée, soit 340 m. Je suis monté deux fois dans la diaclase terminale sans trouver de suite, ça queute mais la visibilité nulle m’a peut-être fait rater la sortie !A revoir un jour… Les plongées ont duré entre 45’ et 1 h 20 pour un TPST de 3 h 30 en moyenne grâce à une super équipe !

Participants : Frédo Aragon, François Bodot, Joel Boutin, Patrick Boutin (Pétouille), Eric Boyer, Jérome Lhomon, Maixent et Marie-France Lacas, Frédéric Martin, Cédric Salvat, Florian Ségura, Gaby Soler et mon fils Dorian (11 ans).Plongeur : Cédrik Bancarel

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réseau de la diau

Par Fredo POGGIAPhotos serge CAILLAULT

En hiver 1976, lors de mes premières plongées souterraines, j’entreprends l’exploration du siphon terminal de la Diau, situé à 2700 m de l’entrée. Sa faible longueur de 60 m me permet de progresser de 2800 m (actifs et affluents) en trois explorations solitaires de 10 à 20 h.

L’hiver 1979, en compagnie de Jean-Claude Dobrilla, nous franchissons un second siphon, très court, et nous nous arrêtons au début du Siphon 3.

En automne 1980, en vue d’un entraînement pour l’intégrale de la Pierre-Saint-Martin, j’effectue en solo une dernière exploration jusqu’au S4 après le franchissement du S3 (longueur : 140 m pour –12 m).

Le regard le plus en amont du système de la Diau est le Gouffre de la Charbonnière, exploré par le Bresse Bugey Spéléo.

En octobre 1984 et septembre 1985, deux plongées sont réalisées dans le siphon terminal à –418 m. Elles me conduisent jusqu’au Siphon 7 à la cote –445 m, après la découverte de 670 m de galeries actives et fossiles.

Les années suivantes, la Société Suisse de Spéléologie, Section de Genève épaulée par différents clubs régionaux, rééquipe et dépasse mes terminus.

Dans la Diau ils franchissent le S4 (90 m ; -8 m). Ils escaladent, grâce à un mât, trois cascades de 21,5 et 10 m, et découvrent 5 nouveaux siphons (S5 au S9).

En février 1996, Olivier Rodel franchit le dixième siphon (170 m ; -20 m). C’est le plus grand volume d’eau de la caverne. Une conduite forcée déclive débouche sur une succession de grandes salles noyées. Au-delà Olivier s’arrête au pied d’une cascade de quelques mètres. Il réussit ainsi, en parcourant également quelques siphons en aval de la Charbonnière, à réduire le maillon manquant de la jonction avec la Diau à quelques centaines de mètres.

En décembre 2003, le Bresse Bugey Spéléo rejoint la rivière de la Diau à la cote –276 m, par le gouffre des Ventres Jaunes (B.B.S. 60), par une succession de puits. Celui de 130 m constitue l’apothéose de la cavité. On rejoint directement, ou presque, le collecteur de la Diau entre les siphons 4 et 5. C’est sûrement l’accès le plus facile.

Lors de l’été 2005, Gilles Fèvre m’encourage à reprendre du service sur ce massif. Mes souvenirs d’explorations me reviennent vite en mémoire lors d’un premier portage jusqu’au siphon

terminal (S5). Le rééquipement de la cavité, et surtout du collecteur, s’impose après qu’un amarrage lâche, lors d’un passage d’un de mes équipiers sur une main courante installée au sommet de la cascade de 21 m. Incident, heureusement sans gravité hormis la frayeur du vol ! Puis de nombreuses contraintes, liées surtout aux

Massif du parmelan - haute Savoie

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crues, perturbent nos élans. Seules, deux explorations hivernales font renaître un espoir de jonction.

La cascade de quelques mètres au pied de laquelle Olivier s’était arrêté, est escaladée en artif. Le S11, fin de mon précédent terminus, mesure une quarantaine de mètres. Il est étroit et très érodé contrairement au kilomètre de siphons écoles de l’ensemble du réseau. En amont, l’actif provient d’une très haute faille étroite, dans laquelle je n’arrive pas à trouver de passage. Entre le S10 et le S11, j’atteins en artif un gros réseau fossile assez complexe, qui me conduit dans la même faille terminale.

Depuis le S10, 270 m de galeries sont explorés.

Enfin le 3 octobre avec Olivier Lanet, aidés par différents clubs de Haute-Savoie nous réalisons, après avoir parcouru 300 m de rivière, la jonction de l’ensemble du réseau Diau-Charbonnière, par le Gouffre des Gaulois, exploré par le S.C. Annecy.

Quelle émotion imprévue je ressens lorsque j’aperçois ma corde laissée en place l’hiver dernier !Dans l’attente des cumuls définitifs, ce réseau dépasse les 700 m de dénivelé répartis sur près de 45 km de galeries.

La traversée qui devrait être réalisée l’été prochain symbolisera l’entité du système.Que chacun de ceux qui ont apporté leur concours à ces jonctions soient ici chaleureusement remerciés, ainsi que ceux qui nous ont témoigné des messages de félicitations.

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la grotte des PlanChesPar Fredo POGGIA

Située à côté d’Arbois au pied d’un splendide cirque calcaire, cette cavité fut aménagée dans les années 1900 par la famille Bonnivard, dans un but d’exploitation touristique.

De vastes conduites forcées actives et fossiles aux phénomènes d’érosion exceptionnels, aboutissent toutes sur un grand lac. Depuis la passerelle des touristes, l’abaissement progressif de la voûte précède le départ du premier siphon.

En 1969, le plongeur allemand J.Hasenmayer effectue une reconnaissance jusqu’au sommet d’un puits situé à 180 m, profondeur -15.

En septembre 1973, les spéléos francs-comtois JC. Frachon, D. Bloch et Ch. Devaux poursuivent l’exploration, mais parvenus à 300 m de l’entrée, profondeur -35, ces deux derniers ont au retour un accident fatal dû au fil guide.

En hiver 1990, sous l’impulsion de J. Soret, je franchis le siphon long de 440 m et m’arrête devant le S2. Avec l’aide de G. André je le traverse (85 m -9), et découvre un maillage de galeries fossiles du S1 au S3.

En février 1993, une sortie en solo me permet de passer le S3 (100 m -12) et de progresser dans le S4 sur 150 m -11.Ces trois explorations sont réalisées de nuit car depuis l’accident de 73, toutes les autorisations demandées à différents niveaux sont restées vaines. Je ne peux guère continuer dans ces conditions. . .

Enfin durant l’été 2008 Guy Bonnivard, gérant de la grotte a permis dans une ambiance conviviale, la reprise des plongées soutenue par une équipe de guides efficaces.

Le premier siphon est rééquipé et sécurisé par D. Bianzani, R. Le Pennec, A. et F. Poggia, P. Rolet et T. Parnet. Avec ce dernier nous découvrons un « passage clé » situé au pied d’un fossile supérieur nous permettant de shunter les S3 et S4. C’est avec une certaine émotion que je vois mes traces de pas dans l’argile, vieilles de presque vingt ans, avant ce passage.

Au-delà la grotte se poursuit dans une vaste galerie où s’écoule la rivière au débit toujours aussi conséquent. La suite est au cœur d’une salle impressionnante où l’on perçoit une grosse galerie en hauteur qui se dirige en amont.

En été 2009, une nouvelle plongée réalisée avec Thomas Parnet nous permet l’exploration de 1250 m supplémentaires de rivière.

Le volume des galeries reste toujours aussi impressionnant. Une salle déclive d’une soixantaine de mètres de diamètre et une cascade de quelques mètres, permettent de rejoindre un étage supérieur. Arrêt sur Siphon 5.

Quelques départs entrevus en amont du premier siphon (440 m ; -30) équipé maintenant en fil téléphonique, laissent espérer un court-circuit avec la partie touristique de la cavité.

En amont les différents étages de la grotte shuntent tous les autres siphons. Ils paraissent fossiles, cependant une crue violente début juillet a laissé des traces d’argile et d’impacts rocheux, à plus de quinze mètres au-dessus du cours souterrain.

La grotte des Planches développe aujourd’hui plus de 7500 m de galeries actives et fossiles.

Arbois - Jura

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Ce gouffre peu connu est situé sur un petit massif karstique proche de Montpellier.

L’entrée étroite, entre des blocs, précède un beau puits de 50 m. Les suivants sont de dimensions plus modestes. A la base des puits un ruisselet, sortant d’un amont étroit, s’engouffre dans un ressaut étroit suivi d’un boyau dynamité long et humide.

Après 2 ressauts, on atteint un petit collecteur. L’aval est un méandre sans difficulté qui aboutit sur une jolie salle alimentée par deux cascatelles. Le méandre reprend plus petit et échoue sur un siphon étroit et glauque à la cote -180 m.

Invité par Patrick Perez pour plonger, je ne peux franchir le siphon terminal à cause de l’étroitesse du conduit.

Plus tard, à l’anglaise, je sors enfin de ce conduit noyé long de 25 m et m’arrête un peu plus loin sur un beau puits en cloche de 12 m, où se jette la cascade. Ça ne m’était pas arrivé depuis quelque

temps, mais l’émotion ressentie est toujours aussi intense.

Un mois plus tard, avec mon fils Audric, nous voici au bord de la vasque. Il n’est pas rassuré car c’est la première fois qu’il plonge dans un siphon étroit aussi trouble. Je ne peux rien lui montrer ; en plus je passe derrière lui avec le sac de matos, tant mieux je ne suis pas pédago.

Audric équipe à l’endroit le plus aisé mais le plus proche de l’eau. Nous avons convenu qu’il explorerait seul, mais pas trop loin jusqu’à un probable siphon. Je descendrais alors avec un matos de plongée complet. Au bout de quelques minutes je le rejoins. Il a parcouru au-delà d’une vaste salle, direction sud-est, une galerie qui bute sur une trémie aux blocs englués d’argile visqueuse. Je l’aide à atteindre un laminoir propre mais étroit.

Au pied de la trémie où disparaît la rivière, il essaye aussi de franchir une étroiture entre blocs, mais ça coince au-delà.

Nous ressortons de cette galerie dans un état pitoyable. Une bonne douche pour nous laver au pied de la cascade, nous convient bien avant de tenter une escalade scabreuse dans la salle, jusqu’à un conduit qui s’avère borgne.

Le départ le plus intéressant nous apparaît enfin. En effet la salle formée par une fracture continue en fossile en hauteur, à l’extrémité aval. Les strates sont contraires au pendage mais nous espèrons shunter la trémie. Très enthousiastes, nous nous entraînons l’un après l’autre au lancer de marteau en bout de corde pour atteindre une arche rocheuse (et douteuse).

Au bout d’un quart d’heure c’est gagné. Audric grimpe sur moi et rejoint grâce à un toboggan d’argile, l’arche derrière laquelle il se réfugie. Il se hisse ensuite en artif jusqu’au départ qui est encore un queute…

Nous avalons quelques barres énergétiques avant de remonter le puits de 12 m en rappel guidé à cause de la force de la rivière.

Nous n’avons exploré qu’une soixantaine de mètres de galeries et atteint la cote –200 m, mais je n’oublierai jamais ces douze heures passées en explo avec mon fils dans ce gouffre.

Ont vaillamment participé aux sorties :P. Géa, M. Pataine, P. Perez, T. Rique, A. et A. Wadel.

aven didierPar Fredo POGGIA

Causse d’Aumelas – Cournonterral

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goule vertePar stéphane LIPs

La grotte s’ouvre au sommet d’un éboulis, 25 m au-dessus et à droite de la RN 531 de Pont-en-Royans vers Villard-de-Lans, 100 m après le pont de Goule Noire.

Historique des explorations La cavité est découverte et explorée par Bourgin en 1935-1936.En 1941, une coloration à la fluorescéine des pertes du ruisseau de FontFroide sort à Goule Verte (Rapport Bourgin, 1941).Le G.S.C. topographie la partie exondée de la cavité en 1973 (prof : -27 m ; dév : 462 m).Des plongées du G.S. Coulmes en 1974 et 1978 permettent d’explorer le siphon terminal sur 45 m (-6 m). Publication de la topo dans Scialet n°2.En 1978, M. Chiron retopographie la cavité et découvre une petite salle à l’amont de l’affluent. Le 15/08/79, J. Charpenay et J. Favre-Noel franchissent le premier siphon, long de 90 m pour 7 m de profondeur. Ils notent qu’au départ du siphon (à -5 m), un passage bas nécessite la plus grande attention. Entre les deux siphons, la galerie ne fait que 40 m de long pour 5 m de haut par 1,5 m de large. Le deuxième siphon n’est reconnu que sur 30 m à cause d’une panne d’éclairage (plongée en Bi 4L). (Croquis d’explo dans Scialet n° 9)Le 15/05/82, le G. S. C. et le MJS de St. Marcellin butent sur la galerie ensablée au passage bas du S1.Le 26/01/84, le S1 est rééquipé.

Le 08/04/84, D. Belle et J. Favre-Noel franchissent le S2 (60 m ; -3 m) qui comporte une étroiture au départ. Ils explorent 100 m de galeries de 7 m de haut par 5 m de large et constatent que la rivière se perd dans les blocs.En 1990, D. Belle, N. Favre et C. Clary reprennent les plongées. Ils dédient la rivière découverte derrière le S2 à J. Bonnet. La rivière Bonnet s’achève sur un troisième siphon, (33 m ; -6 m). Au-delà du S3, c’est « étroit et ramifié ». Le 21 octobre, après deux crues dans la semaine, le S1 est bouché par du sable.En 1998, L. Siry publie dans Scialet n°27 un article hydrologique sur les bassins versants de Goule Verte et de Goule Blanche.

En 2004, Bab et L. Revil, du Spéléo Club de Grenoble, désobstruent en 3 séances sur 3 m de long un méandre dans l’affluent découvert en 1978 par M. Chiron. Ils entendent un actif s’écoulant dans un étroit conduit devant eux mais arrêtent la désobstruction par manque de motivation devant l’absence de courant d’air.

Saint-Julien-en-vercors (26)

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Le 03/06/09, D. Bianzani et A. B a l m a i n ( G . S . G e c k o s ) retopographient la zone d’entrée. D. B ianzani replonge et topographie le S1.Début septembre, M. Tessane et D. Bianzani réalisent la topo post-siphon jusqu’à la salle du Carrefour après le S2.Le 10/09/09, M. Tessane et St. Lips terminent la topo jusqu’au S3 et découvrent 120 m de galeries supplémentaires en hauteur. Arrêt sur rien.Le 13/10/09, l ’ét iage est particulièrement prononcé et le niveau du S1 est inférieur de deux mètres au niveau normal. M. Tessane, D. Bianzani, J. C. Pinnat et St. Lips continuent l’exploration. 300 m de nouvelles galeries sont explorées et topographiées. Arrêt faute de temps : l’exploration reste à poursuivre dans la branche terminale. TPST : 8 h.

Description Goule Verte est une classique extrêmement fréquentée jusqu’au premier siphon. En effet, la faible marche d’approche et l’absence d’obstacle important en ont fait une cavité d’initiation idéale. Il s’agit globalement d’une conduite forcée qui se développe à la faveur d’une faille inclinée. Plusieurs laminoirs, escalades et désescalades permettent d’accéder au S1 au bout d’un peu plus de 200 m de progression. Un petit actif, provenant d’un affluent que l’on peut remonter sur une cinquantaine de mètres, se jette dans le siphon. Cette zone est décrite en détail dans « Spéléo dans le Vercors » (1999, tome 2). Nous retrouvons le véritable actif du réseau en franchissant le S1 (80 m ; -8 m), qui n’est en réalité qu’un regard sur l’actif principal. Une galerie rectiligne, de 60 m de long, mène au S2 (60 m ; -6 m). En amont de celui-ci, la rivière coule sous les blocs. Une galerie imposante et ébouleuse permet d’atteindre un carrefour. Jusqu’ici, l’ensemble de la cavité se développait sur une faille importante globalement nord-sud, comme l’atteste un magnifique miroir de faille à la sortie du S2.

Le carrefour correspond en fait au croisement de la faille avec un réseau de petites diaclases perpendiculaires. La grande galerie rectiligne se transforme alors en un labyrinthe de petites galeries, en partie noyées, de 1,5 à 2 m de haut pour 1 à 1,5 m de large.

On retrouve l’actif qui coule tantôt en siphon et tantôt en écoulement aérien. Puis, un nouveau changement de morphologie permet d’évoluer dans une confortable conduite forcée de 2 m de diamètre. Des petites cascades, et un plan d’eau d’une trentaine de mètres, amènent à une galerie fossile ponctuée de jolies marmites.

On atteint finalement une petite salle ébouleuse au niveau d’un nouveau croisement de diaclases. L’actif provient du S3 (33 m ; -3 m). Il est possible de court-circuiter le S3 en montant dans les plafonds dans la salle.

Une série de diaclases et de chicanes relativement étroites permet d’évoluer dans la partie supérieure de la diaclase.

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Après un méandre ébouleux, nous retrouvons une galerie confortable et entrecoupée de ressauts qui permet de rejoindre la partie inférieure de la diaclase. Vers l’aval, un laminoir conduit à l’amont du S3. L’actif provient d’un S4, constitué d’une petite conduite forcée noyée de 50 cm de diamètre.

Vers l’amont, nous perdons définitivement l’actif et une galerie fossile confortable nous amène dans une grande salle, encore une fois creusée à la faveur d’un croisement de diaclases. Après un point bas qui doit probablement siphonner en temps normal, la galerie se divise en deux en butant sur une nouvelle faille. A droite, il est possible de progresser dans la faille, mais elle se révèle rapidement impénétrable. Une escalade permet d’accéder à la partie supérieure de la faille, une dizaine de mètres plus haut mais, là aussi, des étroitures empêchent de progresser plus en avant. A gauche, la galerie tantôt en laminoir et tantôt en méandre semble correspondre à un trop-plein de l’actif. Elle a été remontée sur une trentaine de mètres et semble légèrement ventilée. L’exploration reste à poursuivre dans cette branche.

Conclusion L’exploration de Goule Verte montre qu’il reste encore de belles découvertes à faire dans le Vercors, y compris dans des classiques particulièrement visitées. Géologiquement, le bassin versant de Goule Verte constitue une entité relativement petite mais qui s’étend tout de même du vallon de Valchevrière jusqu’à la partie nord de la plaine d’Herbouilly. Il reste donc de belles possibilités de continuation pour cette cavité, qui n’a peut-être pas dit son dernier mot ! A quand la jonction avec le scialet du Trisou ?

Bibliographie - Lequatre C, 1968, Hydrologie karstique du Vercors- Scialet n°2, 1973, p. 47- Grottes et scialets du Vercors, tome 2, 1979, p. 256-257 (topo G.S.C. 1973)- Scialet n°9, 1980, p39-40 (croquis d’explo S1-début S2)- Scialet n°10, 1981, p. 9- Info-Plongée n°43, 1985, p. 6- Scialet n°14, 1985, p. 8- Speleos n°86, 1990, p.7 (topo G.S.C. 1973)- Les rapports Bourgin, 1997- Chiron M., 1998, De la Bourne à Herbouilly, Connaissance et découverte du Vercors souterrain- Scialet n°27, 1998, 37-51- Spéléo dans le Vercors, tome 2, 1999, p. 118-120 (topo Chiron 1978)- Scialet n°33, 2004, p. 64

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Plongee sPeleo volCanique !

Connu depuis longtemps des Auvergnats et des spéléologues, le Creux de Soucy se situe à quelques kilomètres du lac Pavin près de Clermont-Ferrand en Auvergne. Cette cavité atypique, s’est formée dans et sous une coulée de lave d’une vingtaine de mètres d’épaisseur provenant du Monchalm.

Les premières tentatives d’explorations du Creux de Soucy furent faite par un certain Mr.Chevalier en 1770. Puis ce fut le célèbre E. A. Martel en 1892.

A cette époque, seule la partie aérienne du gouffre du creux de SOUCY intéressait les explorateurs. Les spéléologues de l’époque étaient quand même intrigués par la présence de ce lac au fond du gouffre ayant un niveau variable en fonction des saisons.

Il faudra attendre les années 1966 et les débuts de la plongée spéléo pour que commence l’exploration de la partie immergée. Les trois années suivantes, les plongeurs du Groupe Spéléologique Auvergnat (GSA) vont enchaîner les plongées. Rapidement la cote de -22 m est atteinte mais les plongeurs restes bloqués par un ensemble de gros blocs de basalte laissant entrevoir la suite mais non franchissable en l’état. Avec une certaine forme de courage, décision est prise de faire « sauter » l’étroiture… En 1971, le GSA réalise un tir à l’explosif sous marin pour agrandir le passage.

Malheureusement, nos anciens trouvent la mort en pratiquant la plongée spéléo dans d’autres cavités sans jamais savoir si ce tir été efficace.

Depuis cette date, de nombreuses personnes ont bravé les eaux froides du lac du Creux de Soucy.

Une publication d’André FROMANT datée de 1999, nous permet de savoir que ce plongeur a réussi une plongée à 43 m de profondeur à l’air. Vu la profondeur atteinte celui-ci a sagement renoncé à poursuivre sa descente pour éviter la narcose et remonté donc sans avoir pu atteindre le fond du lac.

Plusieurs autres campagnes scientifiques ont été menées dans cette cavité. Vulcanologues, biologistes ont tenté d’apporter des réponse quand la formation géologique du gouffre et sa genèse, ou encore l’identification de la faune présente dans l’eau du lac.

Le 23 Février 2008, les spéléos du GSA décident de reprendre l’exploration de cette cavité et de son lac pour établir une topographie et tenter de renouveler la plongée à son terminus et pourquoi pas poursuivre l’exploration.

Parallèlement à cette exploration des scientifiques : biologistes des milieux aquatiques et biochimistes de l’eau travaillent avec les spéléos du GSA pour en savoir plus sur l’eau de ce lac. Ensemble nous pourrons peut-être étayer une hypothèse sur la formation géologique du gouffre et expliquer aussi la formation de ce lac. Un recensement de la population de chauves-souris vivant dans ce gouffre a par ailleurs été réalisée à cette occasion.

LE CREUX DE SOUCY EN CHIFFRES 22 : C’est la hauteur en mètre du rappel nécessaire pour accéder à la base du lac depuis l’extérieur.60 : C’est le diamètre moyen en mètre de la salle.2 : C’est la température moyenne en degrés de l’eau du lac.30 : C’est la profondeur en mètre actuellement atteinte par les plongeurs du GSA.8 : C’est la valeur en mètre de variation du niveau du lac en fonction des saisons et des conditions météorologiques.

Par Olivier PIGErONGroupe spéléologique Auvergnat

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Pré de neyraC

Explo du 27-juin 2009-06-29

Samedi matin 8h30, nous prenons le café chez Christophe. Jean-Philippe, Alex et Daniel sont arrivés avant nous.Nous chargeons la voiture rapidement et direction la Lozère.Nous avions réservé cette date depuis un moment. L’objectif était de plonger le siphon terminal à 1000 m de l’entrée. J’avais été déjà repérer les lieux pour une éventuelle exploration, mais mes camarades s’acharnaient à désobstruer au-dessus du siphon pour essayer de le shunter.

Enfin, nous arrivons, la route domine la petite vallée où s’ouvre l’entrée de cette cavité. Hubert nous rejoint alors que nous avons enfilé nos néoprènes.Daniel a préparé le planning pour les différentes mises en place de la balise dans la zone terminale.Nous entrons enfin à 11h 40. La cavité démarre par une zone chaotique qui nous oblige à des reptations et contorsions. Heureusement, je plonge léger et les trois kits de plongée restent très maniables, seul un kit sherpa avec la balise et le matériel photo ralentis la progression.

Deux cent mètres sont avalés jusqu’à la voute mouillante. Alex nous signale déjà qu’elle siphonne. A voir la tête de Christophe et JeanPhi, le passage n’est pas gagné. Alex passe le premier. Une zone en voute mouillante donne accès à une cloche. Nous nous retrouvons tous dans ce réduit. Alex enchaîne le siphon de 2 m. Il est équipé d’une corde qui facilite le passage. Christophe n’y arrive pas, Alex revient, j’en profite pour passer les 3 autres kits. Enfin, je vois Jean-Phi émergé suivi de Christophe, c’est gagné, mais on sent que cela a été très éprouvant pour eux. Nous reprenons notre progression à un bon rythme, cela nous réchauffe. Seuls les 150 derniers mètres nous permettent de progresser confortablement. Il est 12 h 40 quand nous arrivons à quelques dizaine de mètres du siphon. Les copains installent la balise et je prépare mon matériel. Nous attendons 13h pour enclencher la balise et partir au siphon.Enfin, j’y suis. Les copains pensent que c’est juste un petit siphon et que derrière je vais cavaler. Je ne fais pas de pronostique, il y a tellement de surprise possible !!! Nous verrons bien…

Je positionne mon fil, fait quelques reptations de batracien et me laisse couler dans le bleu. En fait, le passage n’est pas évident, il faut chercher pour trouver sous une dalle un passage étroit. Je positionne régulièrement mon fil, les particules tombent vite, j’avance en faisant quelques changement de direction et en franchissant des passages bas. Je progresse ainsi de 40 m pour enfin émerger. Ni une, ni deux, je quitte mes bouteilles et commence à progresser. Pas très longtemps, puisque quelques dizaine de mètres plus loin, je retrouve un autre siphon. Je retourne chercher mon matériel. Le deuxième siphon est plus large et fait 50 m. Je sors dans une galerie en partie noyée, il me faut nager. Le conduit remonte vers une plage de sable, je quitte de nouveau mon matériel. Je nage et oh, surprise à nouveau un siphon. Rebelotte et je le franchis. Il fait 25m, et j’enchaine en nageant dans des lacs profonds. Cette fois, j’ai décidé de garder mon matériel et d’enchainer.

Je décide de poser le matériel tout de même au premier passage bas. Je ne peux pas dire que je suis dans une galerie exceptionnelle par sa beauté et ses volumes, mais après une longue progression,

les plafonds s’élèvent... Je peux enfin progresser à un bon rythme. J’observe des arrivées d’eau latérales et en visite une. Plus loin, je me retrouve devant une trémie, il me semble apercevoir un début de galerie supérieure. 20 m plus loin, je suis en bas d’une grande coulée de calcite. En haut de la cheminé, j’aperçois un départ.

Visiblement, il y a un réseau supérieur. A partir de ce point, la galerie s’abaisse considérablement et le quatre pattes est de rigueur. Je suis dans un grand laminoir de 4 m de large pour 50 à 80 cm de haut. Je progresse encore 150 m comme cela Il est tant de faire demi tour, je progresse sur des petits galets noirs qui me rende le déplacement douloureux. Je peux observer des fistuleuses au plafond, je profite d’un béquet pour attacher un repère en plein milieu de la galerie. Depuis que j’ai passé le premier siphon, je suis resté dans l’actif. Le trajet du retour me permet de me reposer en topographiant. Des changements de direction me surprennent, je regarde autour mais les lacs sont déjà bien chargés en particule. Je progresse vers l’aval et soudainement je me retrouve dans un amont.

Enfin, je retrouve le passage en voute mouillante, mais il est fort probable que j’ai loupé des passages. Je commence à avoir froid, j’ai une barre au front et les doigts qui commencent à me brûler. Je repasse les siphons rapidement dans une visibilité de 1,5 m.Je retrouve les copains vers 16h30, j’estime ma progression à 700 m.Le retour se fait en équipe séparée, Alex et Christophe terminent un bout de topo. Nous les attendons avec Jean-phi devant le siphon et le passons tous en même temps. Nous retrouvons le soleil et les camarades vers 18h.Pour facilité les explorations, la cheminé observée est un passage intéressant pour accéder après la zone noyée. La zone noyée est juste sous le vallon et ne présente pas de départ ou de regard supérieur au premier abord.

Une prospection sur le terrain donnera des informations précieuses sur la zone des cheminées repérées.Le réseau n’a que révélé une partie des ces secrets… A suivre

Merci à Christophe Tscherter, Alexandre Pont, Jean-Philippe Grandcolas, Daniel Chailloux et Hubert Bouty

Par Jean-Pierre BAUDUCDs42 - CEsAME

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Pré de neyraCPar Daniel CHAILLOUX

ArEMIs - CDs94

La grotte du Pré de Neyrac est s’ouvre au contact d’une petite lentille calcaire appartement au causse du Bleymard au Nord et du massif granitique du Mont Lozère au Sud.

Découverte en 2005, la grotte du Pré de Neyrac est toujours en cours d’exploration par le Clan des Tritons de Lyon – Rhône et le Césame – Loire. Les galeries connues totalisent 975 m de développement topographiés. A ce chiffre viennent s’ajouter quelques centaines de mètres de galeries fossiles parcourues mais non encore topographiées.

C’est sur l’invitation de Christophe Tscherter que Daniel Chailloux s’est joint à l’équipe pour la journée du 27 juin 2009 afin d’effectuer une séance de radiolocalisation en des points caractéristiques de la grotte. L’objectif est double : situer avec précision l’extrémité de la grotte en vue d’un éventuel forage et de l’ouverture d’une entrée artificielle pour faciliter la suite des explorations et également de caler la topographie.

PREPARATIFS

Profitant de conditions météorologiques favorables, une équipe de quatre spéléos, Christophe Tscherter, Alexandre Pont, Jean-Philippe Grandcolas et Jean-Pierre Baudu décide de poursuivre l’exploration de la Grotte du Pré de Neyrac. La mission est ambitieuse puisque Jean-Pierre Baudu, plongeur fond de trou, tentera de plonger le siphon du terminus actuel entrevu pour la dernière fois en septembre 2007, Christophe Tscherter, Alexandre Pont et Jean-Philippe Grandcolas poursuivront la topographie de la galerie fossile supérieure se développant au dessus du siphon terminal en vue de shunter celui-ci. Ils poseront à deux endroits déterminés la balise de radiolocalisation.

Daniel Chailloux, Aremis – Paris et Hubert Bouty du Spéléo-Club du Bleymard resteront en surface et effectueront la radiolocalisation et le positionnement de la cheminée terminale et d’une des deux branches de la galerie fossile. D’après Christophe Tscherter, le recouvrement au dessus du siphon ne serait que de quelques mètres voire dix mètres au grand maximum !

DEROULEMENT DE L’EXPEDITION

N’ayant pas pu bénéficier des téléphones sans fil TPS (Nicola) du département, un planning précis est établi. Il sera tenu compte des temps de progression, de déplacement et d’installation de la balise.Le protocole suivant est donc défini :

- 11h45 : Entrée dans la grotte.

Radiolocalisation à la grotte du pre de neyrac.

- 13h00 : Installation et mise en route de la balise au point 1 qui correspond à la cheminée terminale juste avant le siphon à environ 500 m à vol d’oiseau de l’entrée.

Début de la topographie de la galerie fossile.En surface, radiolocalisation et repérage du point 1.Plongée du siphon terminal par Jean-Pierre Baudu.- 14h00 : Déconnexion de la balise et déplacement vers le point 2, dans le réseau fossile. - 14h30 : Mise en route de la balise d’émission au point 2.- 1 6 H 3 0 : J u s q u’à 1 6 h 3 0 , radiolocalisation et repérage en surface du point 2.Poursuite de la topographie de la galerie fossile.

RAPPEL DU PRINCIPE DE LA RADIOLOCALISATION

La radiolocalisation appliquée à une cavité souterraine consiste à placer un émetteur dans la grotte en un point dont on souhaite connaître sa localisation en surface.

L’émetteur est aussi appelé barreau magnétique ou balise. Un circuit électronique constitué d’un oscillateur basse fréquence, d’un préampl i f icateur et d ’un amplificateur de puissance attaque un circuit oscillant. La bobine est accordée sur la fréquence d’émission, ici 725 Hertz. Elle se comporte comme un aimant dont les pôles nord et sud s’inverseraient 725 fois par seconde.

Les lignes de champ générées traversent le recouvrement calcaire, émergent en surface et se referment sur elles-mêmes. Ces lignes ou plus exactement ces plans de champ magnétiques sont détectés en surface par un récepteur constitué d’un bobinage plat offrant une grande surface de détection pour augmenter sa sensibilité de réception.

�� Info plongée 100 1er semestre 2010

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1er semestre 2010 Info plongée 100 ��

Trois mesures de type gonio sont nécessaires pour déterminer les directions d’arrivée de l’onde électromagnétique générée par la balise d’émission. C’est au croisement des trois directions matérialisées sur le terrain par trois cordelettes que se situe le point correspondant à la verticale de la balise.

L’angle d’émergence des lignes de champ à la surface du sol permet de déterminer la profondeur à laquelle la balise a été installée. Cet angle mesuré à l’aide d’un rapporteur placé sur le cadre récepteur est reporté dans un abaque à lecture directe qui résout l’équation complexe des lignes de champ.

RADIOLOCALISATION SUR LE TERRAIN

A 13h00 précises, Daniel Chailloux perçoit très nettement le signal caractéristique émis par la balise. Il s’agit d’un signal basse fréquence de 725 Hz. Le signal reçu est faible. Compte tenu des différentes radiolocalisations effectuées à ce jour, il est formel, l’épaisseur de recouvrement est bien supérieur à 10 m.

Hubert Bouty s’affaire à planter les piquets et tendre les cordelettes qui permettront d’effectuer la triangulation.

Vingt minutes sont nécessaires pour repérer le premier point à l’aplomb de la cheminée terminale. La précision de localisation est excellente puisque le triangle d’incertitude n’est que de 15 cm de côté. L’épaisseur de recouvrement à cet endroit est de 46 m. Cette profondeur a été confirmée par deux mesures indépendantes.

Aucun indice de surface ne laisse présager une éventuelle communication avec la grotte.

A 14h00, Hubert Bouty, casque sur les oreilles, assiste à la déconnexion de la balise. L’équipe souterraine vient de couper le signal d’émission. Le protocole est bien respecté.

La balise est transportée dans la galerie fossile. Une petite escalade est nécessaire et à 14h30, le signal est à nouveau audible et toujours assez faible.

La radiolocalisation s’avère plus compliquée que prévue. Il faudra plus d’une heure de recherche à travers les taillis épineux couvrant les pentes escarpées de la vallée sèche pour arriver enfin dans le champ de Raymond où l’herbe a été fraîchement coupée.

La triangulation goniométrique est particulièrement réussie puisque les trois cordelettes se croisent en un même point. L’épaisseur de recouvrement au dessus de la galerie fossile est de 46 m également. Ce recouvrement est confirmé par deux mesures indépendantes.

RETOUR VERS LA SURFACE

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Les topographes qui ont terminés la topographie de la galerie fossile jugent opportun de couper la balise d’émission à 16h00. Jean-Pierre Baudu, le plongeur, est de retour dans les mêmes temps. Il a également bien « travaillé » puisqu’il a franchi trois siphons, découvert, exploré et topographié plus de 700 mètres de nouvelles galeries exondées et noyées.

Il est 18h30 quand l’équipe des valeureux explorateurs sort de la grotte et retrouve le soleil.

C’est le moment du bilan. Les bonnes nouvelles sont échangées :

- 730 mètres de nouvelles galeries découvertes derrière 3 siphons (40m, 50m, 25m)- 200 mètres topographiés dans la galerie fossile- Les deux radiolocalisations ont parfaitement fonctionné.

EXPLOITATION DES RESULTATS DE GEOREFERENCEMENT ET DE RADIOLOCALISATION

- Les coordonnées géographiques ont été mesurées à l’aide d’un GPS Garmin Etrex Legend HCx. Afin d’augmenter la précision du géoréférencement, les coordonnées géographiques ont été relevées loin de l’environnement boisé de l’entrée de la grotte ou de la résurgence. Une topographie de surface a été faite et les coordonnées ont ensuite été déduites.

- Les altitudes ont été relevées à l’aide d’un altimètre barométrique à aiguille Thommen, la précision suisse !

Son étalonnage a été fait à la borne géodésique NTF de l’IGN. L’altitude est de 1086 m. Les coordonnées GPS sont :Projection : UTM Système géodésique : WGS84Fuseau : 31Zone : T

559964 E4926654 NAlt. 1086 mètres

- Les coordonnées de la grotte du Pré de Neyrac sont : Projection : UTM Système géodésique : WGS84Fuseau : 31Zone : T560242 E4924729 NAlt. 1010 mètres

- Les coordonnées de la résurgence du Pré de Neyrac sont :Projection : UTMSystème géodésique : WGS84Fuseau : 31Zone : T560312 E4924686 NAlt. 1010 mètres

- Les coordonnées de la radiolocalisation au point 1, de la cheminée avant le siphon sont :Projection : UTM

�8 Info plongée 100 1er semestre 2010

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1er semestre 2010 Info plongée 100 �9

Système géodésique : WGS84Fuseau : 31Zone : T559789 E4924824 NAlt. 1040 mètres

Le recouvrement est de 46 m. L’altitude de la balise à la cheminée est de 994 m (1040 m – 46 m).

- Les coordonnées de la radiolocalisation au point 2, de la galerie fossile passant au dessus du siphon sont :Projection : UTMSystème géodésique : WGS84Fuseau : 31Zone : T559736 E4924796 NAlt. 1072 mètres

Le recouvrement est de 46 m. L’altitude de la balise dans la galerie fossile est de 1026 m (1072 m – 46 m).

Ce point, à l’altitude de 1026 m, correspond au point auquel la balise était accrochée. Ce point est donc particulièrement important puisque c’est lui qui va servir à recaler la topographie. Il correspond à la station 5111, dernière station marquant le terminus sud de la galerie fossile.

La topo de Jean-Pierre Baudu a été accrochée à la topographie de la galerie fossile à la station 101, station de départ de la galerie fossile.

REPORT DE LA TOPOGRAPHIE SUR GOOGLE EARTH

Les données topographiques et les points de géoréférencement ont été entrés dans Auriga, le logiciel de topographie développé par Luc Le Blanc. Un export en KML permet d’afficher sur Google

Earth la synthèse topographique :

Légende :En trait jaune, la topographie des amonts relevée la samedi 27 juin 2009.

En trait rouge, le tracé de la topographie de la partie exondée de la grotte.

Les points rouges, les points de géoréférencement relevé au GPS et à l’aide de la balise de radiolocalisation.

CONCLUSIONS

Une étude de la zone étudiée permet de tirer des conclusions intéressantes :

- La galerie derrière les siphon ne part pas comme on aurait pu le supposer dans l’axe de la vallée sèche de Neyrac mais passe en dessous et se développe au dépend d’un petit talweg affluent en rive gauche.

- La galerie fossile se développe selon un axe Nord-Sud. Si l’extrémité sud se pince et devient impénétrable, la galerie se dirigeant vers le nord suit également un autre petit talweg affluent en rive gauche de la vallée sèche principale.

- Une prospection dans ces deux talwegs pourrait révéler des indices karstiques intéressants.

- D’autres séances de radiolocalisation derrière les siphons permettraient également de mesurer le recouvrement et de recaler la topographie. Il pourrait être envisageable de forer et d’ouvrir une entrée artificielle pour faciliter les futures explorations par des spéléologues non plongeurs.

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Perte du séranPar stéphane LIPs

La perte du Séran se trouve sur la rive gauche du Séran, en amont de la cascade de Cerveyrieu. Il faut se garer au niveau du pont et remonter le lit de la rivière sur quelques dizaines de mètres.

Cette cavité peut fonctionner soit en tant que résurgence, soit en tant que perte, et ce, indépendamment du niveau du Séran. Elle doit donc correspondre à un regard sur un écoulement noyé, parallèle ou non, au Séran. Ce fonctionnement est d’autant plus étonnant du fait de la proximité de la cascade de Cerveyrieu, d’une soixantaine de mètres de haut, qui marque une discontinuité majeure dans la structure du système.

HistoriqueEn 1978, Philippe Bigeard plonge la perte et butte sur une étroiture à 20 m de l’entrée, à la profondeur de 12 m (Echo des vulcains n°38).Le 12 septembre 2009, Stéphane Lips (G.S. Vulcain) replonge la perte alors que le Séran est à l’étiage. Il franchit l’étroiture à l’anglaise et butte quelques mètres plus bas sur un colmatage de galets et de branchages. Plusieurs tentatives sont nécessaires pour repasser l’étroiture à la remontée, dans la touille complète à cause de l’absence de courant. Quelques jours plus tard, il apprend finalement que Philippe Bigeard a déjà franchi l’étroiture dans les années 1980, en utilisant un narguilé et une petite bouteille de securité. Il bute sur le même bouchon de galets.

Cerveyrieu – Ain - 01

DescriptionLa perte s’ouvre par une entrée rectangulaire maçonnée de 0,8 m de haut par 0,6 m de large. La cavité est constituée par un méandre descendant encombré de branchages, mais aux dimensions confortables (1,5 à 3 m de haut pour 1 m à 1,20 m de large), et qui but sur une étroiture verticale relativement sévère à la profondeur de 12 m. La suite est constituée d’un puits en cloche de 5 m de profondeur dont la base, ovale (2 m * 1 m), est colmatée par des galets. Un triangle de 20 cm de hauteur et 15 cm de large, est la seule continuation visible. Une désobstruction aurait été envisageable si l’étroiture de -12 m ne constituait pas un obstacle majeur de la cavité.

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1er semestre 2010 Info plongée 100 �1

AbonnementPour n° 101 et n° 102

Info-Plongée est maintenant disponible avec les pages intérieures soit imprimées en noir et blanc, soit en couleur ! Dans tous les cas, la couverture est en couleur.

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Ce bulletin est à renvoyer à :Christian Locatelli

94, rue Michelet - 01100 - OYONNAX

Complété et accompagné de votre règlement à l’ordre de :Commission plongée FFS

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réunion CiPsPrésents Jean-Louis Blanchard (Président FFESSM), Claude Martin (Directeur Technique National FFESSM), Jean-Pierre STEFANATO (Président de la commission nationale FFESSM), Laurent Bron (délégué CIPS FFESSM), Laurence Tanguille (présidente FFS)m Claude ROCHE (Directeur Technique National de la FFS), Frédéric Martin (Président de commission plongée FFS), Philippe BRUNET (délégué CIPS FFS).Assistés de Frédéric Di Méglio (Secrétaire Général FFESSM) et Jean-Louis Dindinaud (Trésorier général FFESSM). Les retards importants des trains, dus aux chutes de neige, ont rendu difficile l’arrivée au siège de la FFESSM à Marseille. La prévision de retours également difficiles (FFS) et des rendez-vous (FFESSM) ont impliqué que le matin soit consacré aux décisions politiques et l’après midi à des points techniques avec les spécialistes de la discipline. L’ordre du jour initialement prévu a donc été revu.La réunion a eu lieu, de 10h - 13h15 puis en commission restreinte (hors DTN et Présidents) de 14h30 – 15h30.

Ordre du Jour- Présentation des participants- Désignation du secrétaire de la Cips pour l’année 2010- Présentation de la CIPS pour les présidents de fédérations- La convention de réciprocité, ouverture des stages de plongée souterraine aux licenciés de l’autre fédération- Réflexion commune sur les secours en plongée :Comment associer les ressources de la FFESSM aux secours pilotés par le SSF ?- Point sur les brevets plongeurs souterrains FFESSM- Reconnaissance mutuelle des qualifications de cadres (prérogatives et passerelles)- La délégation plongée souterraine- Réflexion sur la prévention- Présentation des lignes directrices de l’UIS pour les 4 ans.- Organisation de stages techniques mixtes plongée + spéléo (ou plongée fond de trou)- Transversalité : découverte spéléo pour les plongeurs, découverte plongée pour les spéléos- Réciprocité des conventions d’accès aux cavités

1 - election du secrétaire de la commission et du secrétaire de séance

Philippe Brunet, candidat, est élu à l’unanimité, dans le cadre d’un usage d’alternance.

2 - présentation de la CIpS

En 1991 les commissions plongée souterraine de la FFESSM et de la FFS créent la Commission Interfédérale d’Agrément afin de valider des moniteurs interfédéraux de plongée souterraine. La CIA cesse son activité en 2003. A la suite d’un échange entre les DTN en 2007, une nouvelle commission est créée en mai 2007 pour formaliser les relations entre les 2 fédérations. La première vraie réunion a lieu en octobre 2008. Aujourd’hui, la Cips existe sur le papier mais doit être améliorée afin d’avoir une véritable existence avec une identification des zones de recouvrement et des spécificités.

Claude Roche fait le parallèle avec la convention qui lie la FFS et la FFME sur le canyonisme. Le retour d’expérience est de 3 ans, avec des stages en commun, un cursus de formation harmonisé, un site de veille sur les interdictions de pratique afin d’exercer des recours.

Il faut passer du stade apprendre à se connaitre vers du travail en commun.

Marseille le 19/12/2009 - Compte rendu

Par Philippe BrUNETsecrétaire de la CIPs

�2 Info plongée 100 1er semestre 2010

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Plongée SouterrainePlongée SouterraineC O M M I S S I O N

1er semestre 2010 Info plongée 100 ��

3 - Convention de réciprocité

Le principe pour les licenciés de l’une des fédérations de participer aux stages de plongée souterraine de l’autre fédération avait été adopté à la réunion précédente sous réserve de la faisabilité légale pour chaque fédération. Une convention dite de « réciprocité » a été étudiée en ce sens.

Pour la FFS, ce fonctionnement existe déjà avec la FFME pour le canyonisme et ne pose pas de problèmes statutaires, réglementaires ou d’assurance.

Pour la FFESSM, il n’est pas possible pour des raisons statutaires d’accueillir aujourd’hui des non licenciés dans ses activités en milieu associatif, à l’exception des baptêmes. Cette impossibilité concerne également l’assurance.

Une réflexion est engagée par la FFESSM afin d’élargir le champ d’activité des ATP (Autres Titres de Participation) restreints aujourd’hui à des pratiques très particulières tels les baptêmes. Pour cela, une révision du RI de la FFESSM est nécessaire. Ce point sera réexaminé après l’AG de mars 2010. Cette extension de l’utilisation des ATP fournira peut-être la solution à l’échange de stagiaires prévu dans le projet de convention.

4 - point sur la délégation

Jean-Louis Blanchard rappelle que la plongée est en environnement spécifique, de même que la spéléologie. De plus, la pratique de la plongée subaquatique dans les établissements d’APS est précisée et réglementée par des textes du Code du Sport (Section 3 : Etablissements qui organisent la pratique ou dispensent l’enseignement de la plongée subaquatique. Sous-section 1 = Etablissements qui organisent et dispensent l’enseignement de la plongée à l’air. Sous-section 2 = Etablissements qui organisent la pratique ou dispensent l’enseignement de la plongée autonome aux mélanges autres que l’air). Toutefois, le Législateur a écarté de la Section 1 la plongée souterraine ainsi que l’archéologie sous marine, et il a cité la plongée souterraine dans l’article. A. 322-115 de la Section 2. La FFESSM est délégataire de la plongée subaquatique en tout lieu, ce qui signifie y compris sous terre.

La FFS a la délégation pour la spéléologie dont la plongée souterraine est une composante.

Les participants sont d’accord sur le fait que la prise en compte de ce milieu et de cette activité commune conduit les deux fédérations à coopérer en matière de plongée souterraine.

5 - point sur les brevets de plongeurs souterrains de la ffeSSM

Jean-Pierre Stefanato nous informe de l’avancée des travaux de la CNPS. Les instructeurs ont finalisé le projet qui comprendra 3 niveaux de plongeurs. La CNPS doit valider ce référentiel lors de sa prochaine réunion, puis le texte sera présenté pour décision au CD national FFESSM de février 2010.

Jean Louis Blanchard précise que, puisque la partie réglementaire du code du sport Section 3 écarte la plongée souterraine de la réglementation propre à la plongée subaquatique, hormis en ce qui concerne les qualifications requises pour l’utilisation de mélanges en plongée, les niveaux de pratique en plongée souterraine créés par la CNPS sont une commodité de fonctionnement interne à la commission et ne s’imposeront pas sur le plan réglementaire en dehors des activités de la FFESSM.

Laurence Tanguille et Jean-Louis Blanchard s’accordent pour conclure qu’il convient de respecter la culture propre à chaque fédération : approche plutôt milieu pour la FFS, plus structurée pour la FFESSM.

6 - Qualifications mélanges ffS

La FFS a conçu des habilitations mélanges, à la demande du ministère Jeunesse et Sport, à la suite de l’arrêté du 9 juillet 2004 qui imposait des brevets de pratique pour les plongeurs aux mélanges. Ces habilitations sont internes à la FFS et ne concernent que la plongée souterraine. Si le référentiel a été transmism comme prévu, au ministère en 2007, il n’a pas été suivi d’une modification de la réglementation. Par conséquent ces habilitations mélanges ne sont ni incluses ni reconnues dans la Sous-section 2 de la Section 3.Pour résoudre cette difficulté Jean-Louis Blanchard propose que, sous réserve d’un recadrage bien clair du périmètre de délégation des deux fédérations, un éclaircissement soit recherché quant à l’évolution de l’article A. 322-115 de la Section 2. Cela pourrait se faire à l’occasion de la rénovation en cours des textes ad hoc. Jean-Pierre Stéfanato est d’accord sur le principe.

Laurence Tanguille va saisir formellement la FFESSM de la demande d’aide à la FFS sur ce point.

7 - Réflexion sur le secours en plongée souterraine

La FFS est agréée par le ministère de l’intérieur pour participer aux missions de sécurité civile en milieu souterrain par le biais de sa commission spéléo secours en tout lieu. Il intervient uniquement

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sur réquisition des préfets. Durant une opération de secours le conseiller technique départemental du SSF est Chef des Opérations de secours pour les activités souterraines.

La CNPS FFESSM souhaite être associée de façon plus étroite aux secours en plongée souterraine pour apporter ses moyens matériels, relationnels et humains dans un souci d’efficacité.Lors des secours, il est fait appel aux plongeurs disponibles les plus qualifiés quelle que soit leur appartenance dont la FFESSM. Mais la formation aux techniques spécifiques au secours est un préalable souhaité.

Le FFS est un organisme agréé, ayant une mission de service public. Les stages de spéléo secours participent à cette mission. Pour participer aux exercices et aux stages secours, il est indispensable d’être fédéré à la FFS et assuré par le contrat FFS.

Jean Louis Blanchard fait état de l’habilitation dont dispose la FFESSM pour assurer la formation au secourisme qui va amener sa fédération à modifier le périmètre d’utilisation des ATP (voir point 3) afin de permettre à des non licenciés à la FFESSM de pouvoir suivre ces formations. Il suggère qu’une telle réflexion puisse avoir lieu avec la FFS afin de permettre l’accès de non licenciés aux formations secours du SSF.

Il comprend qu’en l’état actuel des choses (absence de convention de réciprocité ou d’autre dispositif ), il serait normal que les plongeurs de la FFESSM qui souhaitent participer aux exercices secours, se licencient et s’assurent à la FFS.

Il est décidé que la FFS informera systématiquement la FFESSM de l’organisation des stages et des exercices de spéléo secours en plongée souterraine pour diffusion en interne.

8 - Réflexion sur la prévention

La CNPS FFESSM a déjà avancé sur ce point et a mis en place des panneaux d’alerte placés dans certains siphons sur les fils d’ariane.

Il est décidé de poursuivre en commun cette action dans les siphons les plus fréquentés. Les panneaux seront siglés au nom des 2 fédérations délégataires. Ils seront de taille les rendant facilement visibles et non posés sur les fils d’ariane. Ces panneaux seront co-financés par les 2 fédérations.La CIPS définira la forme que prendront ces panneaux (voir plus loin).

Des panneaux d’information seront placés lorsque ce sera possible à l’extérieur des siphons.

9 - politique uIS pour l’olympiade 2009 - 2013

Philippe Brunet a été réélu Président de la commission plongée souterraine de l’Union Internationale de Spéléologie. L’UIS rassemble les organisations non commerciales qui pratiquent la spéléologie au niveau mondial. Chaque pays a un représentant.L’UIS a décidé :

- de respecter l’existence de techniques de plongée différentes correspondant aux usages et spécificités des pays membres en fonction des cavités. Il s’agit schématiquement de la plongée en

solitaire telle qu’elle se pratique en Europe ou en en binôme telle qu’elle est préconisée par la CMAS.

- de faciliter la pratique de la plongée souterraine entre les pays membres. Des habilitations de spéléologues subaquatiques seront délivrées par l’UIS à la demande des pays membres.

- d’aider à l’organisation de stages de formation en plongée souterraine.

Réunion technique l’après-midi

Panneau de prévention commun Taille A4, installé dans les galeries d’entrée des siphons, double signature FFS / FFESSM, Texte simple : bilingue français anglais indiquant la maitrise des techniques adaptées, support rigide, non accroché sur le fil, co-financement FFS / FFESSM.

La définition du panneau se fera par échange mail entre les 2 commissions spécialisées. Les siphons concernés sont au nombre d’une trentaine dont le Ressel, Saint Sauveur, la Douix, le Goul de la Tannerie, le Goul du Pont, Font d’Estramar, la Touvre, Saint Georges, Cabouy, Trou Madame, Font del truffe, …

Panneaux d’informationInstallés à l’extérieur devant la source, adaptés au lieu, associés aux ayants droits (proprio, mairie, etc.), indiquant la maitrise des techniques spécifiques. Portant la topographie, historique et descriptif. Respect des lieux. Co-signés FFESSM et FFS + ayants droits le cas échéant.

Convention d’accèsAvant de signer une convention, il est décidé d’informer l’autre fédération et d’informer l’interlocuteur de l’existence de l’autre fédération pratiquant la plongée souterraine.

Si une convention tri partite est délicate à conclure, il faudra faire deux conventions.

Dans un premier temps il faut lister les cavités : interdites ou avec un problème d’accès, celles dont l’accès est restreint, mais accessibles à certains, et celles qui sont accessibles mais menacées.

(Relecture Laurence Tanguille, Jean-Louis Blanchard, Claude Roche, Frédéric Martin, Laurent Bron et Jean-Pierre Stefanato)

�� Info plongée 100 1er semestre 2010

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1er semestre 2010 Info plongée 100 ��

Brèves d’explomONDe

Janvier

* Suisse : Grotte de Motier : Luigi Casati continue l’exploration du S2 en rajoutant 65 m jusqu’à la profondeur de -134 m. Le S2 passe à 565 m. Arrêt sur rien. (Source : Luigi Casati et Patrick Deriaz).

Avril

* Canada : Castleguard : Grâce au concours d’une vingtaine de spéléos canadiens et anglais, Martin Groves a plongé le siphon aval (Non passable) et amont (Boon’s Sump). Il a sorti le siphon amont au bout de 845 m, étant seul, il ne s’est pas déséquipé. La suite se présente sous la forme du conduite forcée de 3 m de diamétre, et une nouvelle expédition est déjà envisagée... (Source : Christian Chenier).

FrANCe

Janvier

* Grotte du Curé (38) : Manu Tessane, d’abord seul puis avec Laurent Tarazona et Thierry Briolle replonge les S1/S2/S3, et continuent l’exploration. Arrêts sur siphons et zones étroites. (Source : Laurent Tarazona)

* Tanne de Chavannu (73) : En 5 explorations de 16 à 22 h 30 chacune, Manu Tessane, Carlos Placido, Patrick Maniez et Aymeric Bougnol explorent 1400 m de galeries derrière le siphon de -300 m. Arrêts sur trémie et nombreuses escalades. (Source : Carlos Placido, Manu Tessane et CAF Alberville).

Février

* Grotte de Cabrespine (11) : Reconnaissance et premières plongées des siphons de la zone terminale du réseau par Guillaume Tixier. 4 siphons sont plongés, 3 sont arrétés sur étroitures et/ou courant important, le quatrième sur rien, à-16 m dans un beau tube avec tout le débit de la rivière. Trois autres siphons prometteurs sont repérés pour des plongées futures. (Source : Spéléo club de l’Aude, http://www.speleoclubdelaude.fr/index.htm).

Mars

* Grotte de la Maouro (31) : Fouille de la galerie post S4 par Frank Brehier, Guillaume Tixier et Nadir Lasson. La clef est découverte, environ 1500 m de première tombent. (Source : Spéléo Corbières Minervois, http://exploscm.canalblog.com/ ).

Avril

* Grotte de la Maouro (31) : Suite de la première, 1300 m sont de nouveau découverts dans de grands volumes (galeries de pusieurs dizaines de mètres de diamètre), arrêt sur rien. (Source : Spéléo Corbières Minervois, http://exploscm.canalblog.com/ ).

* Dragonnière de Gaud (Ardèche). Eric Establie, grâce à l’aide de François Beluche, Didier Quartiano, Alexandra Beluche, Serge Labat, Claude Hurey, Maxime de Gianpietro et Arthur Establie continue l’exploration de la source. Malgré le coincement d’un flexible d’alimentation dans l’hélice du recycleur, il rajoute 240 m de fil. Du précédent terminus, la galerie descend à -66 m, re monte à -57 m, puis redescend par un puits jusqu’à -71 m. La profondeur se stabilise sur une vingtaine de mètre, puis diminue jusqu’à atteindre -40 m à 1030 m de l’entrée. La topographie de ces 240 m est effectuée. Arrêt sur rien. (Source : Eric Establie, forum Plongeesout).

* Croisotte (25). Plongée du siphon terminal touilleux, il sort au bout de 70 m. Arrêt sur rien après 100 m de première en exondé. (Source : Estelle Forbach).

Mai

* Grotte du Sergent (34) : Frank Vasseur aidé de Samuel Azemar, Stéphane Debron, Jean-Paul Houlez, Nicolas Jaussaud, PAtrick LAbadie, Pascal Mouneyrat, Jean-Louis Galera et Nicolas Villard rajoute et topographie 170 m dans le siphon 2 du réseau Nord. Le siphon plonge dans un collecteur à -67 m, arrêt à -58 m sur un carrefour. (Source : Frank Vasseur, forum Plongeesout)

* Grotte de la Maouro (31) : Guillaume, Frank et Nadir continuent les explorations. Ils découvrent 600 m, avec arrêt sur siphon en amont de la grande galerie fossile et trouvent une rivière avec arrêt sur cascade à l’aval et siphon à l’amont. 1100 m de topo sont effectués, le réseau se rapproche des 6 km explorés. Retour avec la crue. (Source : Spéléo Corbières Minervois, http://exploscm.canalblog.com/ ).

Par Xavier rOBErT

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stage reCyCleurPar Fred MArTIN

Le 21 et 22 novembre 2009, dans l’Ardèche, entre Vallon pont d’Arc et Bourg St Andéol, s’est déroulé le 1er stage à l’utilisation des recycleurs en plongée souterraine organisé par l’Ecole Française de plongée Souterraine et soutenu par la région Rhône-Alpes.

Répondons tout d’abord à 5 questions à la genèse de ce projet.

Pourquoi un tel stage ?

Si la plongée exploratoire en recycleur était pratiquée depuis pas mal de temps en Europe comme en témoignent les plongées d’Olivier Isler, il semble qu’aujourd’hui se développe une pratique plus récréative induite par la mise sur le marché d’une multitude de recycleurs.

Le plongeur recycleur a trouvé dans la plongée spéléologique un terrain de jeux favorable à ce nouveau type de plongée. Cependant les derniers accidents montrent que les techniques pratiquaient ne répondaient pas à la philosophie de sécurité développée par l’Ecole Française de Plongée Souterraine commission de la Fédération Française de Spéléologie. Notre commission ne pouvait cautionner de ne rien faire, alors un stage serait organisé.

A qui s’adressait ce stage ?

Ce stage devait bien sur être ouvert aux plongeurs pratiquant avec leur recycleur nôtre passion, mais nous ne devions pas uniquement nous arrêter là. Il était nécessaire aussi d’ouvrir aux plongeurs spéléologues désireux de s’informer sur ce type de

utilisation des recycleurs en plongée spéléologique

plongée. Le public allait donc être hétéroclite entre pratiquants confirmés, novices, et non pratiquants.

De plus, nous souhaitions que ce stage se situe également dans le cursus de formations des cadres de nôtre école, c’est ainsi que certains ont pu venir s’enrichir de l’expérience des intervenants.

Que devions nous aborder ?

Nous devions répondre à ce public très varié, en jetant les bases souvent complexes du sujet et en démontrant la variété des possibilités regroupées sous le vocable de plongée recycleur.

Nous avons donc fait le choix de dresser le tableau de la totalité du panel de la plongée recycleur.

Qui pouvait intervenir sur ce stage ?

Nous avons voulu, pour intervenir sur ce stage une équipe performante ayant l’habitude de travailler ensemble. C’est ainsi que nous avons réuni des intervenants reconnus pour leurs explorations et leur pratique particulièrement sécuritaire de la plongée souterraine en recycleur.

Quel était finalement l’objectif du stage ?

L’objectif de ce stage était finalement assez simple : une pratique plus sécuritaire de la plongée spéléologique en recycleur.

�� Info plongée 100 1er semestre 2010

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1er semestre 2010 Info plongée 100 ��

L’ENSEIGNEMENT DES EVALUATIONS DU DEBUT DE STAGE

A travers l’évaluation, nous découvrons une grosse hétérogénéité dans le public qui est venu au stage, nous avons ici réunis des plongeurs souterrains ayant déjà une pratique assidue de la plongée spéléologique en recycleur, mais sont aussi présents, des plongeurs souterrain confirmés qui ne « connaissent rien à ce type de plongée ». En outre, nous avons également un stagiaire, non plongeur, venu à la fois pour sa satisfaction personnelle mais aussi pour enrichir les connaissances qu’il met au service d’une autre commission fédérale, le Spéléo Secours Français. Entre ces extrêmes se trouvent d’autres stagiaires ayant déjà une petite pratique leur permettant d’avoir quelques idées qui seront vite perturbées lorsqu’il faudra réaliser des exercices simples sur les limites de pénétration souterraine en recycleur.

Le vocabulaire propre aux recycleurs est généralement connu de la majorité des stagiaires. Mais au-delà du vocabulaire, leurs connaissances sont plus liées aux recycleurs en eux-mêmes que sur leur utilisation en milieu souterrain et les risques liés à cette pratique.

Les risques encourus lors de plongées souterraines en recycleur sont également révélateurs de la différence entre les stagiaires. Pour les pratiquants, ces risques sont généralement connus même si certains n’ont pas les idées claires sur leurs manifestations et symptômes. Pour les autres, ils ne sont pas connus et donc difficilement identifiables. Hyperoxie, hypoxie, hypercapnie devront être abordés avec une attention toute particulière par les intervenants.

Lorsque l’on aborde les avantages de la plongée souterraine en recycleur, on se retrouve vraiment dans l’idée d’exploration au dépend de pratiques comme la topographie ou la photographie qui trouvent tout de même leur place alors que la simple ballade semble plus marginale. L’autonomie et le fait de transporter moins de matériel sont évoqués majoritairement par les stagiaires.

Constat général :- Grosse disparité entre stagiaires,- Méconnaissance des risques liés à la plongée en recycleur,- Difficultés pour déterminer ce qui limitera une plongée,- Bonne connaissance théorique des recycleurs.

DEROULEMENT Un petit résumé du week-end : Certains ont préféré arriver le soir, nous nous sommes donc retrouvés une grande tablée à discuter, plongées spéléos, enfin la passion quoi !!! Marc a réparti les chambres et nous avons pu aller sombrer dans les bras de Morphée pour une nuit surement trop courte.

Le matin les choses se sont accélérées avec l’arrivée de la totalité des stagiaires chacun trouvant une place dans la salle de cours avant de connaître la solitude de la feuille blanche sous l’œil inquisiteur des intervenants !

Les repas furent les « seuls moments de repris » de cette journée studieuse, un stagiaire n’ayant pas oublié qu’en ce week-end de novembre une tradition devait être maintenue : Merci Bruno pour le Beaujolais !

Les pauses café / réveil permirent à chacun d’échanger, de poser les questions auxquelles ils souhaitaient avoir une réponse. Certains préféraient en regardant le matériel, aborder un aspect plus technique de la chose, le bonex et le cuda attiraient l’attention autant que les Revo, EDO 04..08, RS, TC et Meg, ne manquait à l’appel qu’une boite jaune. Les derniers plus littéraires cherchaient un vocable plus français aux notions de bail out, trim, CCR, SCR, frog kick …

Enfin de quoi alimenter un autre stage.

Par Fred MArTIN

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Le dimanche fût le jour des plongées, animations autour des gouls de Bourg St Andéol habitué à de telles manifestations, chacun prépare son matériel pour se diriger vers les ateliers choisis la veille : Calcul de vitesse et de consommation sur bail out pour ce qui possèdent leur machine (c’est comme cela qu’on dit et en plus c’est français !), atelier SCR ou CCR, certains veinards se glisseront dans le deux.

A l’issue des plongées, un repas sur le pouce réunissait tout le monde et une fois de plus les discussions allaient bon train sur les matières, les colles, les positionnements, certains auraient-ils comme projet ambitieux de construire le recycleur de leur rêve ?

Le temps de se quitter est venu bien trop vite attestant d’une super ambiance, alors on se retrouvera sous l’eau sous terre des dates sont prises, il ne reste plus qu’à .....

Les plongées du dimanche

L’atelier recycleur fermé : responsable Joël Prax.Durée des plongées de 10 à 20 minutes

C’est sur le mur bordant la vasque bien basse que Joël a rappelé le fonctionnement des recycleurs fermés et plus particulièrement de celui qu’il mettait à la disposition des stagiaires : Le voyageur. Une fois les présentations faites il ne restait plus qu’à se mettre à l’eau avec le recycleur fermé et une redondance assurée par un bloc en ouvert.

Brice a ouvert le bal puis se fut au tour de Vincent, Sylvie, Marc et Patrick de faire une plongée sur ce type d’appareil. Certains ont eu un peu de mal à gérer le début de plongée, mais Joël resté en ouvert pour être plus mobile réalisa les réglages nécessaires à une première plongée.

A leur sortie les stagiaires ventaient la chaleur du gaz respiré, l’équilibre du système mais d’autres étaient un peu inquiet de la gestion de l’appareil.

Merci à Joel pour avoir mis à disposition de l’EFPS un recycleur fermé.

L’atelier recycleur semi fermé : responsables Fred MARTIN / Sylvain REDOUTEY.Durée des plongées de 10 à 20 minutes

L’atelier semi fermé commença par la même étape de présentation de l’appareil, des fourchettes d’utilisation des gaz, de l’identification des flexibles …

Utilisant 2 recycleurs, le rythme des plongées fut plus important que dans l’atelier précédent sans pour autant, bien sur, négliger la sécurité.

Olivier à ouvert les plongées suivis de Philippe, Jean-Michel, Patrick, Jérôme, Laurent, Vincent et Sylvie. Les attentes et motivations des stagiaires étaient bien différentes et bien visibles par les cadres.

En effet, certains voulaient simplement connaître la sensation d’une première plongée en recycleur alors que d’autres voulaient se rendre compte de la différence entre un recycleur fermé et un recycleur semi fermé. Les derniers voulant mesurer si ce type d’appareil serait adapté à leur type de plongées : Rapidité des changements de gaz, maniabilité.

La simplicité fut souvent évoquée, certains stagiaires réalisant des exercices avant même que le cadre leur propose, ainsi que l’aisance respiratoire. Les plongées se sont souvent terminées par une petite démonstration de la gestion d’un ordinateur multi gaz.

Photo : Fabrice Boissier / Chercheurs d’eau

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1er semestre 2010 Info plongée 100 �9

Je remercie Sylvain d’avoir mis à notre disposition l’un de ses recycleurs.

L’atelier vitesse de déplacement et consommation : Responsable Jean-Pierre BAUDU.

Objectifs- Mesurer la vitesse de déplacement avec deux BO- Mesurer la consommation sur des BO- Mesurer la consommation d’oxygène sur le recycleur- Essayer d’améliorer la configuration du matériel

MéthodeLe niveau de la résurgence étant très bas, une zone exondée à 50m de l’entrée oblige à sortir de l’eau dans une zone qui se gaze dans le temps. Nous devrons donc tenir compte de cette situation particulière.

L’exercice se fait en binôme. Les plongeurs partent en recycleur jusqu’à la côte 110m, le temps de progression est mesuré jusqu’à la cote 300m. Le retour se fait

sur un circuit ouvert jusqu’à 110m, puis sortie en recycleur. C’est donc un exercice en deux temps, le premier, calcul de vitesse de progression en recycleur sur 190m et le second temps calcul des consommations sur 190m, sur le retour en ouvert.

Exercices Equipe 1 : Jérôme Lanteri et Laurent Tarazonna- Jérôme débute en spéléo-plongée, il maitrise sa machine (EDO 08). Le reste du matériel est mal positionné, surtout les circuits ouverts. Ces déplacements sont calqués sur ceux de Laurent. Il a beaucoup appris de cet exercice. Consommation 27L/mn, vitesse 20m/mn et 10 bars d’oxy- Laurent maitrise sa machine (joky kissé). Sa configuration est bonne. Consommation 18L/mn, vitesse 22m/mn et 13 bars d’oxy

Equipe 2 : Guillaume Tixier et Philippe Marti- Guillaume a une configuration équilibrée (REVO). Il a juste tendance à maintenir une Ppo2 de 1 contrairement à ces camarades.Consommation 20L/mn, Vitesse 20m/mn et 25 bars d’oxy- Philippe a une expérience limitée en distance de pénétration, 300m semble une distance importante pour lui. Il maitrise sa machine (REVO)Consommation 24L/mn, Vitesse 18m/mn et 10 bars d’oxy

Equipe 3 : Philippe Bertochio et Pascal Mouneyra- Pascal a une configuration à l’anglaise avec un Joky. Ces 2 circuits ouverts sont des 10L non équilibrés, il a besoin de beaucoup de temps pour s’équiper, sa configuration semble encore mal maitrisée. Il ne peut pas sortir du siphon pour continuer et fait donc demi-tour. Il ferra un nouvel aller retour dans la partie S1. Son recycleur est noyé à la sortie. Après observation de la machine, il manque dans la boucle un ADV. Il y a juste une injection micrométrique et manuelle.- Philippe est en double recycleurs (Meg et EDO08 en redondance). Il s’entraine en configurion en relais (EDO08 avec bouteille de diluant).

Equipe 4 : François Muller et Philippe Bertochio- François part, un peu brutalement sans attendre ni son binôme, ni mon top. Philippe le rattrape dans le post siphon qui ne semble pas être sa tasse de thé. Ces quelques mètres de progression ne lui laisseront pas un souvenir extraordinaire d’une plongée trop éprouvante.Je ne lui demanderai pas ses consommations, ni ses vitesses de progressions.- Philippe ayant calqué sa plongée sur celle de son binôme, ses données ne reflètent pas la réalité et ne sont pas interprétables.

Photo : Fabrice Boissier / Chercheurs d’eau

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Conclusion Il est à noter que les plongeurs issus de la spéléo ont une meilleur maitrise de la consommation en ouvert et en déplacement. Leur matériel est mieux positionné pour une meilleure fluidité cela est visible par les chiffres avec des progressions de l’ordre de 20m à 22m par minutes. Cependant, le parcours assez simple de la progression avec appuis au sol permanent entraine des vitesses de progression surement plus importantes que lors d’un déplacement réalisé avec l’unique aide des palmes. Nous remarquons tout de même des vitesses de progression assez lentes de l’ordre de 18m minutes.

Les consommations, de leur côté expriment quelques différences notables de 27 litres minutes à 18 litres minutes, mais qu’en serait-il exactement en situation de stress ?

Les consommations d’oxygène montrent également une grande amplitude montrant les différences d’habitude dans la gestion des recycleurs.

AVIS DES STAGIAIRES

Ce stage a répondu aux attentes des stagiaires. De plus ce qui a été très apprécié des stagiaires tient :D’une part l’expertise des intervenants ainsi que de leur disponibilité pour répondre individuellement aux questions posées.D’autre part à l’organisation rigoureuse mais cependant conviviale qui n’a pas laissé de temps mort.

Pour une grande majorité les enseignements sont allés au-delà de ce qu’ils avaient pu imaginer avant leur venue et leur a permis de se positionner face à la pratique de la plongée spéléologique en recycleur.

Cependant certains nous ont fait part de points nous permettant d’améliorer ce type de stage : - Matériellement tout d’abord : Avoir plus de place pour les « expositions de matériel », la solution serait surement une salle dédiée. - Au niveau du programme théorique, certains auraient souhaité aborder : L’entretien et la préparation d’un recycleur pré et post plongée, la qualité des différentes chaux, la préparation et l’approche de plongées complexes et engagées. Mais aussi d’autres thèmes qui me paraissent un peu plus lointain comme la diététique et la préparation physique. - Manquait également pour beaucoup un tableau récapitulatif proposant la synthèse des données du franchissement du S1 de Baume des Anges dans les différentes configurations.

Et bien sur d’autres abordent un sujet sur lequel il va falloir travailler, l’accès aux stages de plongée souterraine par des stagiaires en recycleur.

REMERCIEMENTS

Je tiens particulièrement à remercier ceux qui se sont investis sur ce projet en commençant par l’équipe qui a donné son temps sans compter : JP Baudu, Marc Beltrami et Michel Ribera.

Je remercie également les intervenants pour la qualité de leurs présentations et le temps passé devant leur ordinateur alors qu’ils auraient pu être sous l’eau, sous terre, essence de nôtre passion. Merci donc à Eric Establie ; Joël Prax ; Sylvain Redoutey et Frank Vasseur.

Remerciements enfin à la Fédération Française de Spéléologie ainsi qu’à la région Rhône Alpes pour le soutien financier de ce stage.

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