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Politique Culture Cinéma Visite du Président François Hollande en Inde Adieu à un grand maitre de Kathakali Le 100ème Anniversaire du cinéma indien à l’honneur en France Uttar Pradesh Venez, goûtez, vibrez NOUVELLES DE L’INDE Numéro 411 Ambassade de l’Inde juin-août 2013

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"Nouvelles de l'Inde", revue de l'Ambassade de l'Inde à Paris N°411, juin-août 2013

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Politique

Culture

Cinéma

Visite du Président François Hollande en Inde

Adieu à un grand maitre de Kathakali

Le 100ème Anniversaire du cinéma indien à l’honneur en France

Uttar PradeshVenez, goûtez, vibrez

NOUVELLES DE L’INDENuméro 411Ambassade de l’Inde juin-août 2013

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Nous sommes heureux de vous présenter le nouvel ambassadeur de l’Inde en France, M. Arun K. Singh qui a pris ses fonctions le

28 avril dernier.

Arun K. Singh est entré dans la diplomatie indienne en 1979 après avoir effectué une maîtrise d’économie à l’Université de Delhi et enseigné à l’Université pendant deux ans.

Sa première mission à l’étranger fut à l’Ambassade de l’Inde de Moscou où il apprit le russe (1981–1982). Puis, il fut nommé Deuxième Secrétaire à la mission diplomatique indienne d’Addis Abeba (1982–1985) et Premier Secrétaire à la Mission de Tokyo (1985–1988).

De retour au siège du Ministère des Affaires Etrangères à Delhi, il occupa le poste de Secrétaire Adjoint / Sous-Directeur, chargé des secteurs Asie de l’Est et Pakistan (1988–1991). De 1991 à 1993, il dirigea les bureaux du Secrétaire Général et du Ministre des Affaires Etrangères de l’Inde.

M. Singh fut ensuite nommé Conseiller à la Mission permanente de l’Inde aux Nations Unies à New York (1993–1997), chargé des négociations multilatérales sociales et économiques. Il retourna ensuite à la Mission indienne de Moscou en tant que Ministre Conseiller (1997–2000).

Lors de sa mission à Delhi de 2000 à 2005, il occupa le poste de « Joint Secretary » (équivalent à Directeur) chargé des Affaires Politiques aux Nations Unies, puis des départements Pakistan, Afghanistan et Iran au Ministère des Affaires Etrangères.

M. Arun K. Singh fut Ambassadeur de l’Inde en Israël d’avril 2005 à septembre 2008 ; puis Chef de Mission Adjoint à l’Ambassade de l’Inde de Washington D.C. d’octobre 2008 à avril 2013 avant d’arriver en France.

Bienvenue au nouvel ambassadeur

M. Arun K. SinghAmbassadeur de l’Inde en France

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Pour mémoire, le Président de la République française, M. François Hollande, s’est rendu en Inde les 14 et 15 février 2013 dans le cadre d’une visite d’Etat qui a vu la signature de plusieurs accords dans divers secteurs. Cette visite fut suivie de celles des ministres indiens des Affaires étrangères et de la Culture, M. Salman Kurshid et Mme Chandresh

Kumari Katoch ainsi que de celles du ministre indien du Commerce, M. Anand Sharma et du ministre indien des Finances, M. Palaniappan Chidambaram.

Nous aimerions par ailleurs remercier tous nos lecteurs qui nous soutiennent depuis 60 ans. Nous vous invitons du reste à découvrir la première page du premier numéro paru il y a 60 ans !

Depuis, les Nouvelles de l’Inde ont évolué avec les nouvelles techniques et aujourd’hui, nous revenons vers vous avec une nouvelle maquette du magazine qui comportera davantage de pages. Si nous continuons avec les mêmes séries d’articles, nous avons ajouté de nouveaux éléments. Nous espérons sincèrement que cette nouvelle mouture du magazine va vous plaire et nous vous invitons bien entendu à nous faire part de vos commentaires, à nous soumettre vos suggestions qui seront tous les bienvenus.

Ce numéro met l’accent sur l’Etat de l’Uttar Pradesh qui comprend notamment les deux villes de Varanasi (Bénarès) et Agra, deux destinations favorites des touristes français qui se rendent en Inde. Il abrite certains des plus grands monuments, le siège du Bouddhisme et l’éventail coloré de toutes les croyances. Nous sommes persuadés que vous aurez plaisir à découvrir certains des aspects cachés de ce bel Etat.

Deux pages vous présentent les festivals qui ont célébré un peu partout en France le Centenaire du cinéma indien. Plusieurs festiivals l’ont mis à l’honneur et notamment le Festival du Film de Cannes où l’Inde était le pays mis à l’honneur cette année.

Pour fi nir, nous vous invitons tous à rejoindre les réseaux sociaux mis en place par l’Ambassade qui vous permettront chaque jour de vous tenir au courant des événements liés à l’Inde en France, de découvrir divers aspects de l’Inde. Vous en trouverez les liens dans un encadré à la fi n du magazine.

Nous vous souhaitons à tous un bel été ensoleillé et reposant avant de vous retrouver à la rentrée !

Chers lecteurs,

EDITORIAL

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Apoorva SrivastavaPremier Secrétaire (Presse, Information & Culture)

juin-août 2013Nouvelles De L’Inde

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Sommairejuin-août 2013Nouvelles de l’Inde, Paris

Politique

Business

Culture

Dossier Uttar Pradesh

Cinéma

Littérature

Partenariat franco-indien

Visite du ministre indien des Affaires Etrangères et du ministre indien de la Culture

Aviation civile

Interview d’artistes

Ramankutty Nair

Introduction

English Vinglish

Littérature indienne

Culture indienne à Paris

Business

Tourisme

Artisanat

Littérature

Cuisine

Echos et senteurs

Festivals

Revue des livres

Le Panchatantra

François Hollande en Inde

vers de nouveaux horizons

La danse ouvre les voies

Adieu à un grand maitre de Kathakali

Un potentiel sans limites

Interview de Mehdi Nebbou

Du mythe au monde, le Gange bouillonnant de la littérature indienne

Des affaires en abondance

Venez, goûtez, vibrez

L’artisanat à son fi rmament

Une destinée littéraire au long cours

Goûter à la cuisine des rois

Le 100ème Anniversaire du cinéma indien à l’honneur en France

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Visite du PrésidentFrançois Hollande

en Inde

Le Président François Hollande, accompagné de Madame Valérie Trierweiler, s’est rendu en Inde les 14 et 15 février 2013 dans le cadre

d’une visite d’Etat. Il était accompagné d’une délégation ministérielle de 6 membres qui comprenait M. Laurent Fabius, ministre des Affaires Etrangères, M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, Mme Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, Mme Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des Transports et de l’Economie maritime ainsi que d’une importante délégation commerciale. Il s’est entretenu avec le Premier ministre Dr. Manmohan Singh et une déclaration conjointe a été publiée à la fi n des discussions de la délégation. Il a été reçu le soir à un Banquet offert par le Président de la République de l’Inde. Le ministre des Affaires Etrangères, le Président de l’UPA, le Chef de l’Opposition et le Gouverneur du Maharashtra l’ont également rencontré.

A Mumbai, il a rencontré des chefs d’entreprises indiens. Quatre accords principaux ont été signés durant la visite : (1) un Programme d’Echange Culturel, (2) une Lettre d’intention sur l’intensifi cation de la coopération dans les domaines de l’Education et de la Recherche, (3) une Déclaration

d’intention pour la Coopération spatiale au long terme, (4) une Déclaration conjointe pour poursuivre et renforcer la coopération dans le secteur des Chemins de fer. En outre, une série d’accords ont été signés dans les secteurs de l’Education, de la Science et de la Technologie.

« Les visites majeures, celle du Président de la République française, M. François Hollande, en Inde, puis celles des ministres du gouvernement indien en France, ont marqué le début de l’année 2013, témoignant de la bonne santé des relations franco-indiennes ».

Politique Visites offi cielles

©Arnaud Olzsac

juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

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PolitiqueVisites offi cielles

Le ministre des Affaires Etrangères, M. Salman Kurshid, a effectué une visite offi cielle à Paris les 10 et 11 janvier 2013 afi n de préparer la visite d’Etat présidentielle en février. Durant sa visite, il s’est entretenu avec son homologue, le ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius ainsi qu’avec le ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Mme Delphine Batho et le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Mme Geneviève Fioraso.

Le Ministre du Commerce, de l’Industrie et des Textiles, M. Anand Sharma, est venu à Paris du 29 au 31 mai 2013 pour participer à la réunion ministérielle sur l’OMC accueillie par l’Australie qui s’est tenue parallèlement à la réunion du conseil ministériel de l’OCDE.

Le ministre indien des Finances Shri P. Chidambaram, était en visite offi cielle à Paris les 17 et 18 mai 2013. Il a rencontré les dirigeants de plusieurs sociétés françaises dont AXA, Carrefour, Valeo et BNP Paribas, dans le but d’intensifier leurs investissements en Inde.

Le ministre de la Culture indien, Mme Chandresh Kumari Katoch, a effectué, quant à elle, une visite offi cielle en France du 3 au 5 avril 2013. Au cours de sa visite, elle a rencontré son homologue, le ministre français de la Culture et de la Communication, Mme Aurélie Filippetti, le Président du château de Versailles, Mme Catherine Pégard et l’administrateur général du musée du Louvre, M. Hervé Barbaret. Lors de sa rencontre avec le ministre français de la Culture, le ministre indien a mis l’accent sur les forts liens culturels existant entre l’Inde et la France et a rappelé la coopération entre l’Inde et la France dans le cadre du Programme bilatéral d’Echange Culturel qui a été signé à Delhi le 14 février 2013 lors de la visite du Président François

Hollande en Inde, notamment la coopération dans le domaine des musées.

Visite du ministre indien des Affaires Etrangères et du ministre indien de la Culture

©Yves Chouraqui©Arnaud Olzsac

07juin-août 2013Nouvelles De L’Inde

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Uttar Pradesh

Dossier L’ Uttar Pradesh

CapitalePrincipales villes

Lucknow

FaizabadFatehpur

Kaushambi

Allahabad

Sonbhadra

Ballia

Kushinagar

Gonda

Saharanpur

Muzaffarnagar

Meerut

Mathura

Aligarh

Agra

Bareilly

Kanpur

Jhansi

Lalitpur

Info générales:

Capitale : Lucknow

Etats voisins : Madhya Pradesh, Haryana,

Bihar, Jharkhand, Uttarakhand, Himachal

Pradesh, Chhattisgarh, Delhi & Rajasthan

Langues : hindi, anglais, ourdou, awadhi,

Braj & Bhojpuri

Surface (sq km) : 240,928

Districts : 75

Population totale : (199.5 millions)

Répartition par sexe ( nombre de

femmes pour 1000 hommes) : 908

Taux d’alphabétisation (%) : 69.7

Revenu per capita 2011-12 ($) : 695.3

IDE d’avril 2000 a decembre 2012

($ millions) : 340

Zones économiques spéciales : 21

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sans limitesUN POTENTIEL

Il est aussi grand qu’une demie-France. C’est le quatrième Etat le plus vaste d’Inde avec près de 295 000 km2. Le plus peuplé du pays avec

plus de 210 millions d’habitants, autant que ceux de l’Hexagone, la Grande-Bretagne et l’Allemagne réunis. Dès lors, pas de mystère : l’UttarPradesh occupe une place spéciale dans la société indienne, ses affaires, sa politique, sa culture.

Traversé par les fl euves Gange et Yamuna, l’Etat partage ses frontières avec le Népal et neuf autres Etats indiens (Delhi, Haryana, Madhya Pradesh, Bihar, Jharkhand, Uttarakhand, Himachal Pradesh, Chhattisgarh et Rajasthan). Toutes les cultures et les religions du pays y sont représentées. On y parle l’hindi, surtout, mais aussi l’anglais, l’urdu, l’awadhi, le braj ou le bhojpuri. L’UP

fut longtemps un porte-étendard de la culture indienne grâce à son héritage historique fascinant. Les Maures, les Moghols et les Britanniques, tous ont œuvré à forger un ensemble unique. L’approche culturelle était la règle qui régentait le mode de vie au cours du règne des nababs musulmans. Sous ce royal patronage fl eurissaient les arts, la littérature, la poésie, la musique, la danse, l’architecture mais aussi

DossierL’ Uttar Pradesh

Par sa taille, cette région prend l’envergure d’un pays. Par ses charmes irrésistibles, elle représente un microcosme de la diversité culturelle d’une nation. Par son histoire prolixe en contes et légendes, elle séduit les voyageurs autour du globe, et, par son développement économique et social dynamique, elle amadoue les investisseurs du monde entier. Cet Etat porte seul le Nord du pays sur ses épaules robustes. Son nom: Uttar Pradesh (UP)

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Dossier L’ Uttar Pradesh

l’artisanat, la joaillerie, l’orfèvrerie ou encore la sculpture. Les femmes étaient conviées à la pratique des arts, y compris ceux de la lecture et de l‘écriture, quoique dans les limites du purdah (rideau de séparation entre hommes et femmes). Ces temps sont émaillés de réalisations extraordinaires qui, chacune dans leur genre, sont des chefs d’œuvre emblématiques du patrimoine mondial.

Ses fl euves, qui descendent des chaînes himalayennes, apportent fraîcheur et prodigalité aux sols de l’UttarPradesh. Cet Etat est traditionnellement considéré comme le « grenier de l’Inde », grâce à sa canne à sucre, son riz et surtout son blé ; il est le premier producteur de cette céréale dans le pays. Pour l’année 2011-2012, la région a contribué à la production nationale de blé, de canne à sucre et de grains en général respectivement à hauteur de 32%, 39 % et 19,5 %. Plus récemment, l’UP s’est ouvert à une diversifi cation vers l’industrie et les services en séduisant les grands de l’IT et de ses systèmes, qu’ils soient

Raffi nerie de Mathura

Aéroport de Varanasi

équipementiers électroniques, éditeurs de logiciels ou fassent de la BPO (externalisation de processus d’affaires). Pour attirer ces acteurs, l’Etat, via sa politique d’ouverture aux affaires, offre une large palette de subventions et d’avantages fi scaux couplée à un ensemble d’actions publiques dirigées vers les besoins des entreprises de l’IT et des biotechnologies.

Le produit domestique (GSDP ou Gross state domesticproduct) de l’UttarPradesh s’est établi à 141 milliards de dollars en 2011-2012. Son taux de croissance annuelle cumulé sur la période limitée par les années fiscales 2004-2005 et 2011-2012 est de 13,5%. La répartition du GSDP met en relief un des apports récents de la croissance : le développement rapide d’un secteur tertiaire puissant qui compte aujourd’hui pour 50,6% de l’activité, loin devant l’agriculture et l’industrie (28,2% et 21,2%). Ce sont le commerce, l’immobilier, l’hôtellerie, la fi nance, les assurances, les transports et les communications qui ont motivé ce développement régional

des services. La croissance annuelle des secteurs primaire et secondaire, bien que moins impressionnante, est également positive, à 13,1% et 13,8%. Celle-ci est portée essentiellement par la production de biens manufacturés, le bâtiment, l’énergie et l’eau.

Le climat des affaires est printanier, les perspectives réjouissantes.Selon le Département des politiques industrielles (Department of industrial policy and promotion), le fl ux cumulé des investissements directs étrangers (FDI) entre 2002 et 2011 représentait 263 millions d’euros.

Infrastructures physiques L’Etat possède 48 autoroutes –

10,2% du réseau à grande vitesse indien - qui assurent sa connexion avec les Etats avoisinants et le reste du pays. Etablie en 1972, l’UPSRTC (UP state road transport corporation) fournit un transport public fi able, confortable, peu onéreux et couvrant l’ensemble des interconnexions possibles.Sa fl otte de 7668 autocars couvre 2,5 millions de kilomètres de routes, transportant

020406080

100120140160 Evolution du PIB de l’Uttar Pradesh

Source: CMIE

L’état possède 48 autoroutes

qui assurent l’interconnexion

avec les états avoisinants et le

reste du pays. Elles représentent 10,2%

du kilométrage totale du réseau

autoroutier indien.

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US$

mill

iard

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juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

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DossierL’ Uttar Pradesh

Université de Banaras Hindu

Udyog Park, une zone industrielle à Baghpat

quotidiennement plus de 1,3 million de personnes pour un revenu de 0,8 million de dollars. Le fl euron de ce réseau, la Yamuna Express Way, est une autoroute à péages sur six voies (extensible à huit) de 165 kilomètres de long qui relie Greater Noida à Agra. Plus que de réduire les temps de transport entre Delhi et Agra, l’objectif premier de cet axe était de bâtir une avenue privilégiée pour le développement industriel, urbain et touristique.

Sur les rails, l’UP est encore mieux doté puisqu’il possède le plus long réseau ferré du pays avec 8763 kilomètres. Il contribue au transport des produits de l’agriculture et des industries de la chimie, du ciment et du charbon et de la plupart des biens de consommations. Il est traversé par le Delhi Metro Railway, qui relie la capitale, Noida et Ghaziabad.

L’UttarPradesh compte pas moins de six aéroports à Agra, Allahabad, Gorakhpur, Kanpur, Lucknow et Varanasi. Ces deux derniers opèrent à l’international. Dans les cartons, deux nouveaux projets sont à l’étude dans les districts de Kushinagar et de Shrawasti, en plus d’un nouvel aéroport international prévu entre Agra et Mathura.

Au 1er janvier 2013, la capacité de production électrique régionale était de 13 945 MégaWatt, soit une augmentation de sa capacité de plus de 9 200 MW en 5 ans. Pour prolonger ce développement, l’Etat s’est engagé dans une politique de création de PPP (Partenariat Public Privée) sur la base d’un système de franchise avec des acteurs privés de l’énergie. En 2009-2010, l’UP pourvoyait aux besoins en électricité de 1,14 milliards de consommateurs.

Avec tous les grands de l’IT

établis sur son sol, l’UP possède une infrastructure de télécommunications performante, en plus de ses 17 600 bureaux de postes. D’après les chiffres du régulateur télécom TRAI (Telecom regulatory autority of India), l’Etat comptait en décembre 2012, 120,3 million d’abonnés « mobile » et 1,8 millions d’abonnés « fi xe » avec une télédensité (nombre de lignes fi laires utilisées pour 100 habitants) de 56,2%.

Infrastructures socialesSur le terrain de l’éducation, l’UP

possède 44 universités dont 10 de stature internationale et 27 collèges de médecine, tous alimentés par 3859 collèges. Leurs départements d’ingénierie sont souvent de très haut niveau. Fondée en 1916, la Banaras Hindu University est une des plus anciennes et mieux côtées. L’Etat est l’un des rares du pays à avoir réussi son pari d’ouvrir l’éducation au plus grand nombre, grâce à une politique soutenue d’investissements à tous les niveaux scolaires. Il peut s’appuyer sur une éducation privée de qualité, l’Amity University de Noida apparaissant comme l’une de ses meilleures représentantes. L’UP possède un taux d’alphabétisation de 69,7% ; plus précisément 79,2% pour les hommes et 59,3% pour les femmes.

Dans la santé, l’Etat s’appuie sur une infrastructure en trois couches comprenant centres d’assistance médicale primaires (PHCs /Primary Health Centers) et communautaires (CHCs et CHSCs/ Community Health Centres et Sub Centers) ainsi que des unités médicales indépendantes. Il compte 20 521 CHSCs, 362 PHCs, 515 CHCs, 72 hôpitaux de districts et 133 unités médicales mobiles qui

prodiguent des soins et effectuent de la prévention. La part des dépenses de santé par habitant est estimée à 20,31 dollars.

Infrastructures industrielles L’infrastructure industrielle de l’UP

se compose de 15 zones industrielles, 12 parcs spécialisés, quatre centres de croissance et d’autant de centres de développement industriel (IIDC). Il comprend 21 zones franches SEZ (Special Economic Zone) et projette la création de 40 parcs IT, de 2 parcs biotech et d’un parc de la connaissance. La ville d’Hapur, à 54 kilomètres de Delhi, a été citée pour l’installation d’un parc agroalimentaire. Un hub intégré de logistique pour délimiter une zone de stockage et de libre-échange pourrait voir le jour ; une collaboration entre les Japonais de Mitsui et les Indiens d’IL&FS, Mineral & Mining Trading Corporation. La phase II du plan de développement de Greater Noida prévoit que 19% des terrains seront exploités à des fi ns industrielles. Près de Lucknow, sur Sultanpur road, sur les terres des fermes du gouvernement à Gajaria, près de 40 hectares pourraient être alloués à l’établissement d’un parc IT ultra-moderne. Enfin, l’UP sera le principal bénéfi ciaire du futur corridor de fret de l’Est avec plus de 57% des 1 839 kilomètres de voies courant sur son territoire.

juin-août 2013Nouvelles De L’Inde

Alexandre Seviran

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Des affaires en

Avec le large éventail de terres agraires et les conditions climatiques favorables de ses gigantesques plaines, l’Uttar

Pradesh (UP) a longtemps basé son économie sur l’agriculture. Mais au cours dela dernière décennie, l’Etat s’est aussi employé à se positionner à l’avant-garde du développement de l’industrie et des infrastructures, créant de nombreux emplois. L’UP brille désormais de l’éclat des success-story, à l’image de Noida ou de Ghaziabad. La ZES de Noida (Special Economic Zone) bénéfi cie d’un fl ux constant d’investissements nationaux et étrangers. Lucknow s’établit peu à

peu comme une nouvelle référence pour l’IT, ses systèmes, ses services et l’outsourcing. L’Etat paraît offrir un climat propice à l’épanouissement des affaires et à la rentabilité des investissements. Selon une étude du Département pour le développement industriel et sa promotion, les investissements étrangers (FDI) cumulés d’avril 2000 à décembre 2011 avoisinaient les 262 millions d’euros.

Grâce à son volume de travailleurs éduqués et compétents, l’Uttar Pradesh est devenu une destination privilégiée pour tousles investisseurs, quel que soit leur secteur (import, export, industriel,

fabricant, fournisseur, distributeur, etc.). La mentalité entreprenante des habitants de l’UP contribue à son image industrieuse, ce qui en fait un haut lieu du développement indien. Il bénéfi cie, en plus, du voisinage dynamique de plusieurs Etats (Haryana, Uttrakhand, Chhattisgarh, Bihar, Madhya Pradesh) et de la capitale fédérale autonome, Delhi. Un avantage non négligeable dans toute décision d’investissement.

Pour aller toujours plus loin dans son processus de modernisation, l’Uttar Pradesh développe fortement ses réseaux d’infrastructures. Il souhaite améliorer son tissu de routes et d’autoroutes afi n d’accélérer le transport des biens manufacturés et proposer une offre énergétique plus abondante aux industries. L’Etat s’appuie sur le PPP (Partenariat public-privé) pour développer indifféremment ses transports, sa production énergétique ou ses infrastructures urbaines. Pour son douzième Plan quinquennal, il ambitionne de faire venir par ce biais plus de 38 milliards d’euros. La FICCI (Fédération des chambres de commerces indiennes) révèle que l’UP fi gure au Top 5 des Etats en ce qui concerne la mise en place de projets d’infrastructures via

Après avoir été longtemps à la traîne, derrière de nombreux Etats indiens, l’Uttar Pradesh entend bien rattraper son retard et s’évertue à développer une économie dynamique. En plus de combler son manque d’infrastructures, il attire en nombre les capitaux et investisseurs privés dans des secteurs industriels-clés du développement tels que l’IT, les biens de consommations et le textile.

Dossier Uttar Pradesh : Business

abondance

12 juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

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PPP. Grâce à la JNNURM (Mission Nehru pour la rénovation urbaine), des villes comme Kanpur, Lucknow, Varanasi, Allahabad ou Agra ont été modernisées via 33 projets pour un investissement d’1 milliard d’euros.

L’UPSIDC (autorité régionale pour le développement industriel) et le DIID (Département du développement de l’Industrie et des infrastructures) sont les organismes responsables des plans directeurs visant à étoffer les infrastructures de l’UP.

Pour aiguiller et faciliter les investissements étrangers dans l’industrie et les services, l’Etat fait appel à Uydog Bandhu, un de ses organismes. Celui-ci se structure en trois couches, sur le modèle des niveaux administratifs : district, division, Etat. L’UP s’appuie également sur une politique de zones franches ou SEZ,

Pour aller toujoursplus loin dans

son processus de modernisation, l’Uttar

Pradesh développe fortement ses réseaux

d’infrastructures. Il souhaite améliorer son tissu de routes

et d’autoroutes afi n d’accélérer le transport des biens manufacturés

et proposer une offre énergétique

plus abondante aux industries

DossierUttar Pradesh : Business

Les atouts de l’Uttar Pradesh :

» Une main-d’oeuvre abondante» De nombreuses ressources naturelles» Une excellente connectivité avec le reste du pays» Une administration facilitée pour les investissements étrangers» La mise en place de services financiers» Deux pôles industriels et économiques en développement près de Delhi : Noida et Greater Noida» De multiples industries: technologie, électronique, plastique, agro- alimentaire, cuir, chimie, textile, etc..

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Nouvelles De L’Inde juin-août 2013

L’autoroute de Yamuna

La station de Noida City Centre : le métro couvre

désormais UP et connecte la périphérie à New Delhi

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Zones Economiques Speciales (SEZ) dans l’UttarPradesh

Noms Zones Industries

Noida SEZ Noida Multi-Produits

HCL Technologies Noida IT/ITeS

Moser Baer SEZ Greater Noida Energie

Wipro Limited Greater Noida IT/ITeS

Moradabad SEZ Moradabad Artisanat

Seaview Developers Limited Noida IT/ITeS

Dossier Uttar Pradesh : Business

encourageant le développement de l’IT, de l’artisanat ou de l’agroalimentaire.

Dans l’industrie manufacturière de l’Etat, les moteurs de développement sont l’établissement d’infrastructures industrielles telles que des « centres de croissance » et des parcs industriels, les réseaux ferrés ou routiers, la formation de la main-d’oeuvre et les incitations du gouvernement régional. Ainsi, grâce à la qualité de leurs infrastructures, leur proximité avec Delhi et leur connectivité avec les grandes zones économiques du pays, Noida et Sahibabad attirent les usines de nombreuses grandes compagnies (Alstom T&D India, Bharat Heavy Electricals Limited, Atlas Cycles, Eveready, etc.).

Dans le secteur des biens de consommation, l’Uttar Pradesh se distingue par sa proximité avec un exceptionnel marché de consommateurs potentiels et son approvisionnement en matières premières. Parmi les entreprises qui s’y sont installées, on retiendra Dabur, ITC ou Godfrey Phillips India.

De nombreuses multinationales de l’électronique comme LG, Samsung ou Xerox ont également choisi l’UP comme plateforme de leurs opérations. L’accès au marché de la capitale nationale et des Etats voisins ainsi que les infrastructures les ont notamment attirées. Noida est ainsi devenu un hub pour la recherche sur les semi-conducteurs, de nombreux acteurs y ayant établi des centres de Recherche & Développement (Freescale, Mentor Graphics ou Interra Systems mais aussi Moserbaer ou LG).

En ce qui concerne la pétrochimie,

la chimie organique et la chimie de l’azote, l’UP est l’un des plus gros consommateurs nationaux d’engrais du fait même de sa grande superfi cie cultivée. L’Etat compte également de nombreuses usines : IndianOil pour le pétrole, GAIL pour le gaz, Tata Chemicals pour la chimie de base ou encore Kansai Nerolac pour les peintures.

Dans l’IT et les systèmes informatiques, la présence de nombreuses industries et de nombreux talents pousse les géants du secteur à s’implanter dans la région, à Noida et Greater Noida notamment. Sept des dix-huit SEZ de l’Etat dédiées à ce secteur, fondamental pour le

Voitures Honda Siel

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développement indien, se situent par ailleurs dans ces deux villes. Toutes les grandes sociétés y sont également présentes, à l’image de TCS ou Infosys, Accenture et Cap Gemini.

L’Uttar Pradesh abrite aussi l’une des principales zones de développement de l’industrie de l’automobile et de ses équipementiers : l’axe Delhi-Gurgaon-Noida-Ghaziabad avec ANG Auto, Honda Siel Cars, Delphi ou Motherson Sumi Systems.

Enfi n, l’Uttar Pradesh est le premier producteur de canne à sucre de l’Inde. En 2011-2012, sur 2,2 millions d’hectares, l’Etat a produit plus de 128 millions de tonnes. Il traite cette matière première à partir de l’une des 128 sucreries de la région. Le spécialiste national, Bajaj Hindustan Limited, profi te largement de cette manne pour alimenter ses établissements.

juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

UP est le plus grand producteur de sucre de canne (près de 125 usines)

Ranvir Nayar

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Projet North Eye à Noida

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Dossier Uttar Pradesh : Tourisme

Venez, goûtez, vibrezVenez, goûtez, vibrez

16 juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

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DossierUttar Pradesh : Tourisme

Multidimensionnel, pétri d’art, emprunt de religiosité, empli de charme et fondu de culture, l’Uttar

Pradesh est un trésor d’histoires qui ne cessera de vous intriguer. Cet Etat abrite à la fois l’une des sept merveilles du monde, le Taj Mahal et la plus ancienne ville du pays, Varanasi. Il représente aussi bien la matrice originelle de la foi bouddhique qu’une mosaïque de toutes les confessions de la nation.

Flânant d’un bord à l’autre de la région, le voyageur s’étonnera de l’heureux mélange de traditions séculaires et de modernité vibrante qu’offre l’Uttar Pradesh. Il s’inclinera même peut-être en se rappelant qu’il foule une terre de dieux, celle de Rama et Shiva, mais aussi celle où enseigna Bouddha. Ses hauts lieux sont le mausolée du Taj et les ghats (marches au bord du fl euve) de Varanasi ; que vous soyez plutôt d’humeur badine ou spirituelle, vous n’aurez qu’à choisir entre romance et rédemption.

De janvier à mars 2013, la ville d’Allahabad a accueilli la Kumbh Mela, le plus ancien et important pèlerinage du monde. Tous les 12 ans, il rassemble au confl uent du Sangam (intersection des trois fl euves sacrés : leGange, la Yamuna et la Saraswati) les Hindous du monde entier pour un bain rituel dans les eaux bénies qui lavent des péchés d’une vie. Cette année, ils furent près de 120 millions à venir y plonger et à méditer avec les saints. Ce fut la plus grande procession de pèlerins de tous les temps.

La ville des nawabs : LucknowCapitale de l’Etat, son nom est un

appel à la bonne fortune : Lucknow. Presque une incantation : la chance, et maintenant ! Elle a vécu sous le règne culturel impérial somptueux des nawabs et les poètes, les écrivains et les historiens ont glorifi é sans relâche

La région possède tout pour séduire le touriste : des sites patrimoniaux, une multiplicité d’expériences touristiques, des sites historiques, réserves naturelles, lieux de pèlerinages et terrains d’aventures sportives.

Varanasi

17juin-août 2013Nouvelles De L’Inde

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sa splendeur légendaire. A l’époque romantique, les dandys orientalistes se sont épris de son élégance majestueuse, de son ethos (caractère) spirituel et de sa nature aimante de la vie ; ils fi rent du adab et du tehzeeb, le raffi nement culturel et le maniérisme, leurs lignes de conduite.

Lucknow est une ville qui accueille à bras ouverts, avec une hospitalité légendaire. Son mode de vie est gai et jovial, assagi par un millefeuille de récits philosophiques initiatiques

et alimenté par un art de la table chaleureux, que l’habitant adore partager. Le voyageur peut se perdre dans le faste de l’architecture des palais et s’oublier dans la langueur somptuaire de l’existence des nawabs. Citons parmi ces merveilles leurs somptueux tombeaux Hussainabad ou Chota Imambada, le labyrinthique Bada Inambada ou Asafi Imanbada, mais aussi la Clock Tower (la tour de l’horloge), le Rumi Darwaza, le Jami Masjid, le Kaiserbagh Palace Complex.

Et c’est avec le même élan riche et naturel que la ville s’est entichée de la modernité, s’est glissée dans la peau d’une cité dotée d’un grand confort et a fait briller l’ivoire de sa corne d’abondance avec, le long de la rivière Gumti, ses magasins de luxe.

Une terre de pèlerinageL’Uttar Pradesh est un carrefour

spirituel pour des pèlerins de nombreuses confessions. Varanasi est la ville sainte des Hindous sur les rives du glorieux Gange. Ses eaux baignent leur foi et sont offertes en souvenir aux proches qui n’ont pu s’y déplacer. Les villes jumelles de Mathura et Vrindavan, où, respectivement, le dieu Krishna est né et a passé son enfance, sont des passages marqués d’une pierre blanche dans la vie de tout

Bada Imambada

Abri d’un héritage de culture et de

traditions millénaires, l’Uttar Pradesh est aussi enrichi par la

présence et le souffl e de personnalités

lumineuses. Au premier rang des

plus grands hommes ayant foulé son sol

fi gure Buddha

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18 juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

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DossierUttar Pradesh : Tourisme

Hindou. Ayodhya, ville de naissance du dieu Rama, est une autre de ces cités vouées à la dévotion et à l’admiration des croyants. Ils viennent s’y abreuver comme à une source d’éternité. L’apothéose de ce voyage spirituel, mis à part l’irréelle Kumbh Mela, est le passage par la colline aux multiples merveilles, Chitrakoot. Ce lieu mythique est cité dans le poème épique du Ramayana ; sa beauté végétale offrit un refuge édénique à l’exil de 14 ans du couple Rama-Sita.

Le berceau du bouddhismeAbri d’un héritage de culture et de

traditions millénaires, l’Uttar Pradesh est aussi enrichi par la présence et le souffl e de personnalités lumineuses. Au premier rang des plus grands hommes ayant foulé son sol fi gure Bouddha, missionnaire pionnier d’une nouvelle sagesse spirituelle. Qui dit un homme dit un chemin et le sien parcourt toute la région : Sarnath, Kushinagar, Kaushambi, Piprahwa, Sankisa et Shravasti.

C’est à 10 kilomètres de Varanasi, à Sarnath, qu’il livra son premier sermon à ses disciples, prêchant la Voie du milieu comme le plus sûr chemin vers le nirvana. C’est en visitant Kaushambi entre la sixième et neuvième année qui suivirent son illumination et en dispensant sa parole qu’il se fi t connaître. Il entraîna dans son sillage cette cité, qui devint l’un des cœurs culturels les plus prégnants de la philosophie bouddhique. La ville est encore marquée par ses reliques, ses ruines, ses sculptures et ses effi gies, qui témoignent du passage de l’Illuminé. Shravasti vous fait davantage découvrir Bouddha dans l’intimité ; des stupas, des temples et des monastères marquent chaque lieu, près du village de Sahet-Mahet, où il procédait à ses activités journalières. A Kushinagar, il accomplit son destin et quitta sa chaire pour atteindre Mahaparinirvana ; la ville est un des lieux de pèlerinage les plus sacrés et le foyer d’une assemblée internationale du bouddhisme.

Un éblouissant patrimoine architectural

Avec la cohorte de régents et d’empires divers qui ont, au cours de son histoire, élu domicile sur ses terres, l’Uttar Pradesh est aujourd’hui dépositaire d’un patrimoine architectural d’une diversité sans pareille, depuis le style moghol jusqu’à celui des colons britanniques en passant par celui des nawabs d’Awadh, ou des talukdars. Il fait écho, comme à Kanpur ou Kannauj, au souffl e épique des récits de batailles et d’exploits, de conquêtes et de héros, puis au luxe et au repos, et, encore au-delà, aux contes et légendes de sages et de voyous, tous venus trouver la rédemption dans les rues de Varanasi et Prayag (Allahabad).

A Agra, c’est le terrible face-à-face : le Taj contre le fort, la beauté terrible du mausolée, dernier hommage volcanique à un amour prématurément disparu, contre la préciosité des ruelles typiques isolées

Le Bouddha endormi de Kushinagar

19juin-août 2013Nouvelles De L’Inde

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Taj mahal à Agra

Dossier Uttar Pradesh : Tourisme

20 juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

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et défendues par d’épaisses murailles rouges. Les naqqashi (fresques picturales) des salles d’audiences du fort, Diwan-e-Aam et Diwan-e-Khas, sont d’authentiques merveilles. A quelque 50 kilomètres d’Agra, la ville de Fatehpur Sikri renferme aussi quelques pépites telles que Buland Darwaza, la plus grande porte d’Asie, le mausolée Salim Chishti ou le palais de Panch Mahal.

Aventures en pleine natureLové au pied de l’Himalaya,

l’Uttar Pradesh est un refuge pour de nombreuses espèces animales et volatiles rares. L’Etat offre une large superfi cie aux parcs naturels et sanctuaires sauvages : Kaimoor, Dudhwa, Nawabganj, Chandraprabha, Hastinapur, Chambal. Le plus étourdissant et riche de tous est sans nul doute le parc national de Dudhwa qui se trouve à environ 240 kilomètres de Lucknow. On peut y observer des Barasingha (cerf des marais) et tous types de cervidés, des tigres, des léopards et des chats sauvages, des chacals et des civettes, des rhinocéros unicornes ainsi qu’une abondante faune d’oiseaux rares. La meilleure saison pour visiter les parcs naturels de l’UP se situe généralement entre octobre et mars.

Cuisine : goûtez à la variétéEn Uttar Pradesh, le touriste trouvera

sûrement de quoi se satisfaire : lesspécialités de la région ont été servies à la table des plus grands. Végétariens convaincus, les Hindous sont les dépositaires de cette tradition culinaire qui, du puri aloo aux sweets (sucreries), comblera tous les appétits. Les Awadhs ont enrichi la carte de leurs kababs, nihari et biryani, qui

constituent les saveurs de Lucknow. A Kanpur, ce sont plutôt les kakori et boti kababs et le tahri vegétarien ou le nargisi kofta qui réveilleront vos papilles. A Mathura et Agra, vous apprécierez la douceur des sweets entre peda et petha ; et pour clore la fête, le goût mystérieux aux plus de 50 ingrédients du paan millénaire de Varanasi.

Un paradis du shoppingLes sculptures, les tissus et les

broderies brillent de mille feux et s’étalent devant vos yeux ébahis. Les styles Zardozi d’Agra et Chikankari de Lucknow rivalisent pour vous séduire tandis que la verrerie de Ferozabad et les tanneries de Kanpur s’offrent à l’exportation. A Varanasi, votre attention se portera sur les saris et sur la bijouterie et à Moradabad, sur leur art consommé du cuivre et du bronze.

Buland Darwaza à Fatehpur Sikri

Cuisine de Lucknow

DossierUttar Pradesh : Tourisme

21juin-août 2013Nouvelles De L’Inde

Jasleen Kaur

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L’artisanat à son firmament

Un des grands moments de la découverte de l’Uttar Pradesh réside dans l’exploration de son patrimoine artisanal et

la rencontre avec ses auteurs. Placé historiquement sous le patronage des rois, l’art pluri-centenaire des artisans se perpétueau jourd’hui pour le ravissement du plus grand nombre. Leur style incomparable parle de traditions, de gestes polis et affi nés au cours des siècles. Il nous met en prise directe avec la vie et l’existence de ces ouvriers,à tel point que, souvent, une ville forge son identité sur un type unique de savoir-faire. A Varanasi, les saris ; à Mirzapur et Bhadoi, les tapis ; àAgra et Kanpur, les tanneries ; à Lucknow, la broderie et la joaillerie.

Dans l’habillement, l’art exquis du zardozi, la broderie au fi l d’or et d’argent, est un héritage des règnes turcs et afghans à Delhi au 12ème siècle. Plusieurs familles sont dépositaires, encore aujourd’hui, de ce savoir-faire à Varanasi, Agra, Lucknow, Rampur et bien d’autres

villes de l’Uttar Pradesh. Ces broderies continuent d’enluminer les tenues de mariage et de rehausser l’éclat des saris et salwar-kameez. La demande pour ces tenues supprimer d’orfèvrerie est internationale.

Les merveilleux saris banarasi de Varanasi, où l’or et l’argent filent sur la soie, sont des pièces uniques. Leur prix s’envole ;ils fi gurent parmi les plus chers du pays. Mubarakpur est l’un des grands centres nationaux de production de saris en soie. A Lucknow, c’est l’apparat de style chikankari qui domine. Il s’approprie des tissus de toutes provenances et de toutes noblesses - du chiffon à la soie en passant par l’organza et l’organdi - pour en faire d’élégants saris et salwar-kameez. Ces tenues, en plus d’être brillantes et séduisantes, sont aussi agréables, confortables et légères à porter durant les étouffants mois d’été. Souvent, le style chikankari fi gure des motifs fl oraux ou reproduit, des vignes comme des arabesques, des animaux ou des oiseaux.

Pour à la fois rivaliser et faire corps avec des vêtements aussi fl uides et chatoyants, les joailliers de l’Uttar Pradesh ont eu à développer un style très caractéristique et particulièrement fi n : tout en fi ligrane et en ouvertures. Lucknow brille par son travail de joaillerie et d’émaillage avec ses argenteries représentant des scènes de chasse ou des entrelacs de serpents et de roses. Les techniques bidri et zarbuland parent de nombreux objets comme des boîtes à bijoux, des plateaux, des bols, des étuis à cigarettes ou des boutons de manchettes. Les artisans de Lucknow travaillent aussi l’ivoire et l’os pour sculpter des fl eurs, des feuilles, de la vigne vierge, des arbres, des oiseaux et des animaux qui orneront des couteaux, des jouets, des abat-jour ou encore des badges.

La tapisserie est une expression importante du confort dans la culture de l’Uttar Pradesh. Dans les districts de Badhoi, Shahjahanpur et Mirzapur,

Des poteries en terre aux saris de soie, des tapis tissés aux broderies chikankari, les mains agiles et expertes des légendaires artisans de l’Uttar Pradesh peuvent transformer avec grâce n’importe quelle matière brute en objet précieux.

Dossier Uttar Pradesh : Artisanat

Les merveilleux saris banarasi de

Varanasi, où l’or et l’argent fi lent sur la soie, sont des pièces uniques.

Leur prix s’envole ;ils fi gurent parmi les plus chers du

pays

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la majorité des habitants est affi liée à la corporation des tisserands et produit 90% des tapis du pays. Avec ses motifs exotiques de faune, de fl ore et de palais ainsi que ses différents styles kethariwalajal, jamabaz et kandhari, leur savoir-faire est connu internationalement. La notoriété de ses artisans dépasse les frontières de l’Inde et attire des clients de Chine et d’ailleurs.

L’art pictural dans l’Uttar Pradesh trouve son origine dans les temps préhistoriques ; les grottes de Sonbhadra et de Chitrakoot dépeignent des scènes de chasse ou de fête, de guerre ou de danse, de vie animale ou de vie galante. Son âge d’or s’étend avec la domination moghole et il atteintréellement son apogée esthétique sous le règne de Jahangir. Son standard unique de représentation et de conceptualisation s’inscrit à jamais comme un des plus grands achèvements de l’art asiatique. Parmi ces symboles de perfection se

distinguent les peintures du temple de KeshavDev, à Mathura, reconstruit sous le règne du roi d’Orchha. Comme à Gokul, Vrindavan et Govardhan, elles puisent leur puissance esthétique et leur force dans l’évocation de la riche vie du dieu bouvier, Krishna.

L’époque de l’empereur Ashoka marque la naissance d’une tradition encore très actuelle, celle de la sculpture sur pierre. Le cœurde cet art est implanté à Agra, où s’élève le Taj Mahal. Les meilleurs artisans de la ville relèvent d’impressionnants défi s techniques comme la taille de fi nes plaques de marbre pour produire le fi n treillage qui habille les fenêtres de la ville.. Ils produisent des encadrements pour miroirs, des balustrades ainsi que du mobilier de jardin. Ils travaillent également à même le marbre, à sa décoration toute en ornementations et en mosaïques, montée et colorée à partir de pierres précieuses.

La ville de Moradabad s’est spécialisée dans la production d’objets en métal fin émaillés ou gravés. A la pointe du stylet de fer, les gravures

sont de style nakashi– à même une surface métallique - ou khudai - sur une surface en laiton laqué. Dans le désordre d’un bazar prodigue de la ville, on découvrira les effi gies d’un Buddha souriant, d’unGanesh replet et d’autres divinités, mais aussi des plateaux, des tabourets, des vases et toutes sortes de contenants. Si vous passez par Moradabad, n’oubliez pas de vous procurer l’emblème de cette ville de la chaudronnerie d’art et le symbole de l’autorité sur le burin de ses artisans (artisans ?): le Nataraja ou la statuette du dieu dansant entouré de son auréole rayonnante.

Ferozabad est quant à elle devenue synonyme de verrerie. Plus que de simples bracelets de verre, les outillages et la machinerie moderne permettent à ses artisans de nouvelles audaces. Varanasi souffle l’essentiel de la production de perles de verre, dont elle exporte la quasi-totalité. A Saharanpur, d’intrigants jouets en verre remplis de rachkora, un liquide coloré, sont disposés sur les étals. Comme des concentrés d’arc-en-ciel mis en bouteille, Mais les artisans de Ferozabad sont surtout célèbres pour leur hookah, ou chicha.

A Khurja, Chunar et Rampur se développe un style épuré de poteries à motifs verts et bleus sur fond blanc. Dans ce domaine, le style le plus noble est sans nul doute la poterie à l’argile noire, ou volcanique, incrustée de motifs imbriqués argentés. A Nizamabad, cet art est porté à son fi rmament quand l’ajout de kabiz, une poudre à base de boue de rizière, apporte à la poterie un lustre et un brillant unique.

DossierUttar Pradesh : Artisanat

Artisanat par régionRégions Spécialités

Varanasi Saris en soie

Lucknow Chikankari et Bijoux

Shahjahanpur, Mirzapur et Bhadoi Tapis

Agra et Kanpur Cuir

Moradabad Métal

Ferozabad Verre

Khurja, Chunar et Rampur Poterie

Nouvelles De L’Inde juin-août 2013

Jasleen Kaur

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Le vent glorieux des poèmes épiques porte le souffl e des premiers grands auteurs, guides originaux d’une humanité encore

en marche. Ces œuvres monumentales, ramassée pour le Ramayana et fl euve pour le Mahabharata, prenaient alors la forme de récitations titanesques : 7 feuillets pour 24 000 couplets de l’odyssée de Rama, septième avatar du dieu Vishnu, de l’ermite Valmiki, contre 18 volumes pour 81 36 strophes de la saga qui consacre Krishna, neuvième incarnation de Vishnu, à l’origine controversée, œuvre collective ou

écrite par un seul homme. Depuis ces temps épiques, plusieurs grands courants de pensée ont traversé la géographie intellectuelle et spirituelle de cette région qui deviendra l’Uttar Pradesh. Ce sont par exemple les discours et enseignements du vénéré Bouddha et du 24ème Thirtankar (guide spirituel) jain, Mahavira. Cette littérature respire encore à travers les reliques de ces temps anciens et la pierre millénaire de leurs grands sites archéologiques.

L’ère védique fut celle d’une production faste. Textes et hymnes

védiques sont la couche liminaire de la langue et de l’écriture connue comme l’une des plus anciennes du monde, le sanskrit. Le Bouddhisme fut promu par le prestige et les soins du roi Ashoka, grand témoin de la parole de l’Illuminé. L’âge d’or des Guptas fi t rayonner la culture hindoue, qui brille toujours dans la conscience du monde. Celle-ci égrène comme autant de perles d’un sautoir les noms célèbres de ses auteurs sacrés : Yajnavalkya, Vashishtha, Vishwamitra, Valmiki, Attriya, Bharadwaja, Kapil et Yvas, qui tous vécurent des retraites

L’Uttar Pradesh fait corps avec sa littérature. Sa culture poétique s’habille de la scansion des écrits merveilleux laissés en legs par les plus grandes plumes de langue hindi et urdu. Sa vitalité intellectuelle est presque sans faille, son cœur bat avec entrain grâce à une relève qui vient, avec ses infl uences modernes, rafraîchir, revitaliser et fertiliser une tradition historique séculaire. Laissez-vous conter le récit exceptionnel de cette odyssée à travers les âges de la pensée d’une des régions les plus spirituelles de l’Inde.

Dossier Uttar Pradesh : Littérature

Une destinée au long courslittéraire

juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

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sylvestres dans les plaines abondantes et fécondes de l’Uttar Pradesh.

Sa production littéraire n’est pas uniquement spirituelle ; la région a hébergé certains des plus grands auteurs de poésie, de drame, d’art lyrique, de prose, de romans ou de contes. Tous furent glorieusement distingués et renommés : Asvagosha, Harishena, l’auteur de « Allahabad Prasati » ou Bana Bhata, le poète de cour de l’empereur Harsha, père de l’œuvre sublime « Kadambari ».

Dans les rues ou dans les salles, dans les banquets ou en famille, la récitation poétique fait partie d’une tradition culturelle inaltérable que les jeunes perpétuent aujourd’hui avec vigueur et succès. Toutes les langues trouvent un écho dans cette Babel moderne qu’est devenue l’Inde. Ses étendards dominants sont l’hindi et l’urdu ; ils sont accompagnés au second plan de l’awadhi et du braj bhasha.

La littérature hindiL’hindi est la langue maternelle de

l’Uttar Pradesh. Les oeuvres littéraires et les chants folkloriques du peuple local sont écrits et prononcés en hindi. Comprendre les gens de l’UP, c’est saisir l’infl uence de sa langue sur leurs structures mentales. Elle accompagne leurs humeurs et leurs aspirations. Dès lors, les écrivains de l’UP ne peuvent être dans cette langue que ses plus emblématiques auteurs. Si Prévert était hindou, il énumèrerait inlassablement la litanie de ses grands hommes : Bhartendu Harischandra, Mahavir Prasad Diwedi, Ram Chandra Shukla, Jaya Shankar Prasad, Sumitra Nandan Pant, Nirala, Mahadevi Verma, Mumshi Premchand, Agyeya, Dharmvir Bharti, Amrit Lal Nagar, Shivani, etc… l’énonciation de cette liste pouvant se prolonger indéfi niment.

La littérature urduLa poésie urdu est un monument

indien par l’étendue de sa propagation et son esprit de rébellion. L’UP est honorée et fi ère quand on vient lui rappeler que c’est en ses terres que ce mode d’expression atteint son apogée. Née dans le milieu des cours royales, cette poésie gagna peu à peu son infl uence en devenant la lingua franca de tous les combattants de la liberté du pays. Parmi ces grands poètes, les plus emblématiques sont Nazir Akbaradi et Mirza Ghalib d’Agra. Ses grands modernisateurs, qui ont

redirigé ses thèmes et redéfi ni ses canons, sont Akbar Allahabadi ou Firaq Gorakhpuri. Puis, on ajoutera pour faire bonne mesure, le décompte précis de ses autres grandes fi gures révolutionnaires : Ali Sardar Jafri, Jigar Moradabi, Majaz, Hasrat Mohani et Josh Malihabadi. Ses thèmes, loin de la dialectique originelle de l’amour, du vin et de la trahison, seraient, si on devait les exprimer dans une terminologie actuelle, la colère ou la haine, l’égalité des sexes ou des genres, la pauvreté et le sécularisme, la fi n de la société de classes.

Les littératures awadhi et braj bhasha

En marge de l’hindi et de l’urdu, l’awadhi et le braj bhasha sont les deux autres langues de l’Uttar Pradesh qui possèdent une riche tradition orale et poétique. L’awadhi était la langue des saints de l’Oudh (autre nom de la région de l’Awadh, au nord-ouest de l’UP) et celle de prédilection des poètes soufi s, dont les prodigues Baba Farid et Amir Khusro. Le braj bhasha est l’idiome d’expression des adorateurs de Krishna, ce qui est naturel puisque la poésie braj fait de la personne et de l’histoire du dieu bouvier et de son amour pour Radha le motif essentiel de son art.

Le Taj Literature Festival Agra fut le théâtre, sous le

somptueux ombrage du mausolée du

Taj, d’une expérience de reconstruction et de résurrection d’une splendeur culturelle déchue, que l’indépendance avait plongé dans les déprimants atermoiements de l’anonymat. Pour faire revivre son héritage et le réinscrire défi nitivement dans le décor de la modernité, le festival de littérature du Taj réunissait sous son patronage royal les grands littérateurs d’aujourd’hui et de demain, de l’Inde et du monde. La volonté politique que manifestait l’évènement, la participation de nombreux écrivains et éditeurs et son succès populaire éclatant étaient autant de signes de la résurgence d’une culture et de ses repères, celui d’un refus général de la méconnaissance et de l’acculturation.

L’ère védique fut celle d’une

production faste. Textes et hymnes védiques sont la couche liminaire

de la langue et de l’écriture connue comme l’une des

plus anciennes du monde, le sanskrit

DossierUttar Pradesh : Littérature

Le Taj Literature Festival

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Nouvelles De L’Inde juin-août 2013

Christine Nayagam

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Dossier Uttar Pradesh : Cuisine

Visiter l’Uttar Pradesh et ne pas se délecter de ses spécialités royales, c’est comme visiter Agra sans se tourner vers le Taj Mahal. Depuis les fastes gustatifs d’inspiration mughlai (de l’Empire moghol) jusqu’aux saveurs rustiques de ses riches campagnes en passant par ses kababs et biryanis, venez goûter à sa riche tradition culinaire multiculturelle.

cuisine des roiscuisine des roisGoûter à la

26 juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

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cuisine des roiscuisine des roisL

’UP propose aux gourmets une cuisine aussi diverse que sa géographie, de somptueux banquets à une myriade

de snacks aussi savoureux que populaires.

Aux délices végétariensLes Hindous, végétariens

convaincus pour beaucoup, sont les auteurs d’une des cuisines végétariennes les plus riches et complexes du monde. Dans sa prodigalité proverbiale, elle propose de répondre à tous vos besoins nutritionnels depuis le puri-aloo du petit déjeuner, sorte de crêpe-frite accompagnée d’une préparation de pommes de terre bouillies jusqu’à la farandole de desserts et de confi series qui clôtureront vos repas. La population craque à l’heure du

petit creux pour les snacks, samosa, pakora (beignet de légumes) et kachori (beignet à base de dal ou lentilles), proposés sur les étals des cuisiniers de rue de toutes les villes de l’Uttar Pradesh. A essayer absolument le chaat, particularité locale et grande création pour les petites faims de la région, un régal de plat de fritures accompagné de chutney (sauce fruitée parsemée de coriandre) et de yaourt épicé. Pour améliorer les multiples pains de votre repas, vos hôtes vous offriront du desi ghee (beurre clarifi é). Pour goûter un chaat de grande tradition, passez par l’une de ces adresses : Shukla Chaat ou Moti Mahal à Hazratganj, Lal et Gomti Nagar à Aliganj, Chhappan Bhog à Sadar ou encore Neel Kanth à Gomti Nagar. Mais la meilleure reste encore l’historique maison de Chowk

à Lucknow ; vieille de 40 ans, la Dixit Chaat House maintient la tradition du chaat 100% pur ghee.

De passage à Kampur, demandez donc à vous faire servir un tahri, un plat de riz et lentilles ou un nargisi kofta, une boulette à base d’œuf, d’épices et d’aromates (attention cependant, il peut être préparé avec de la viande selon les maisons). Vous vous rendez à Rampur ? N’hésitez pas, optez pour un paneer pasanda, le plat de fromage le plus populaire de la ville.

Les saveurs mughlai et awadhiLa variété ne se limite pas aux

seules saveurs végétariennes ; les amateurs de viande trouveront aussi à se satisfaire entre kebab, biryani et curries. Le kaliya est une recette de mouton très épicée avec du safran et du curcuma. Les gourmets trouveront dans l’utilisation de feuilles d’or pour enrouler la viande et faire briller la sauce un délicat conditionnement, digne de leur appétit de seigneur.

Et puisque, dans certaines circonstances, l’étiquette doit primer et être scrupuleusement respectée, impossible de faire l’impasse sur ce must des banquets des nawabs (souverain musulman) : le shammi kabab. Une spécialité très prisée de boulettes de viande épicée entourant un cœur de mangue encore verte. La nature de la recette la rend malheureusement saisonnière ; pour la déguster, venez en mai, période où le fruit débute sa maturation.

Son histoire débute à l’époque coloniale où les rajas et les nawabs prirent l’habitude de recevoir avec autant de faste que possible l’occupant britannique afi n de lui démontrer le sens exceptionnel de l’accueil des peuples du nord de l’Inde et peut-être aussi afin d’affi rmer leur forte résistance à l’occupation. A la saison des mangues, le fruit devenait l’épicentre de certains repas, auxquels on donnait le nom de « mango diner » (« dîner de mangues ») et durant lesquels se succédaient des préparations centrées sur ce fruit juteux et ses infi nies déclinaisons possibles. Lors de l’une de ces agapes à Kakori, piqué au vif par une remarque désobligeante d’un offi cier britannique sur la texture grossière du sheek kabab, le nawab Syed Mohammad Haider Kazmi sermonna ses cuisiniers pour qu’ils revisitent son ancestrale recette. Au bout de dix jours de recherches et d’essais divers, ils lui présentèrent une préparation qui relevait du divin : le kakori kabab. La meilleure des viandes, du tendon de mouton ; du lait entier en poudre pour remplacer la matière grasse animale ; des poivres noirs et blancs et une pincée d’un mélange d’épices à la composition tenue soigneusement secrète. Le nawab réinvita l’offi cier britannique qui avait critiqué la cuisine ; celui-ci ne put que revoir sa position et applaudit avec les siens le goût exquis de la nouvelle recette, réalisée de main de maître.

La plus grande maison de kababs de l’Uttar Pradesh se trouve à Lucknow : onla nomme Tunday Kababi. Ce nom évoque partout à travers le pays et jusqu’au Moyen-Orient la référence en

A essayer absolument le

chaat, particularité locale et grande

création pour les petites faims de

la région, un régal de plat de fritures

accompagné de chutney (sauce

fruitée parsemée de coriandre) et de

yaourt épicé

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DossierUttar Pradesh : Cuisine

Kakori Kabab

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27juin-août 2013Nouvelles De L’Inde

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la matière grâce à son galavati kabab, moelleux et fondant. Dans le quartier Chowk de Lucknow, ce restaurant centenaire est la halte de tous les amateurs de viande. « Tunday » en urdu signifi e « sans bras » en hommage et en souvenir de ce cuisinier handicapé des nawabs, Haji Murad Ali, qui ouvrit ce restaurant en 1905. A Aminabad, une autre boutique utilise également de la viande de mouton dans ses préparations, contrairement à la maison-mère de Chowk, qui ne travaille qu’à partir de viande de bœuf,. Autre différence, à Chowk, la tradition ignore le progrès des ustensiles de cuisine. Le grill à charbon n’a jamais laissé place aux brûleurs à gaz, afi n de préserver le goût originel.

La cuisine musulmane du nord de l’Uttar Pradesh est bien différente de la cuisine mughlai de Delhi. Les nawabs d’Awadh étaient d’incorrigibles gourmets qui encourageaient leurs cuisiniers à sans cesse explorer et innover pour ravir leurs papilles. Ils inventèrent comme à Lucknow de nouveaux styles dont le dum pukht, la cuisson dans un pot de terre scellé, posé directement sur un feu de braises ; l’alimentcuit dans son jus. Ces trésors culinaires exhalaient un parfum qui les transportait sur les rives les plus gourmandes de leur appétit.

Lucknow et ses villes avoisinantes sont devenues des haltes obligatoires pour les fi nes bouches, attirées par leurs curries, leurs biryanis, leurs pulaos et leurs étonnantes variétés de pain.

La cuisine awadhi vaut autant pour la diversité des ingrédients que pour celle de leur préparation ; la crème et le ghee concourent avec la simple huile de graine de moutarde pour être utilisés comme matière grasse. Le nihari, cuisiné dans cette huile de moutarde, est le petit déjeuner chaud préféré de tous, des plus hautes aux plus basses classes sociales, du plus riche au plus pauvre. Ce bœuf braisé et cuit à l’étouffée toute la nuit, est préparé et aromatisé au petit matin puis mangé avec des kulchas (pain plat semblable au naan). Dans le vieux Lucknow, stratégiquement situé à l’opposé de la mosquée qui jouxte la porte d’Akbar, la maison Rahim sert, depuis cinq générations, le meilleur nihari du pays.

Depuis le XVIIIème siècle, les familles kashmiris descendent de leurs hautes vallées pour chercher fortune et abondance dans les riches plaines qui s’étendent devant elles. En ces temps de déclin de l’empire moghol, le soleil se levait désormais pour cette nouvelle force venue des hauteurs. Les Kashmiris se ruaient vers Lucknow, suivant leur destin, pour y établir leur lignée et inscrire leur nom en lettres d’or : les Awadhs. Ils amenèrent dans

leurs bagages les senteurs du safran et l’énergie du café, deux éléments essentiels de leur divin art culinaire. Un de ses plats majeurs est une célébration de l’hiver, le shab deg. Une ode à la patience et un hommage à la chaleur. Un plat cuisiné toute la nuit avec des navets, des ver kashmiris (sorte de petits gâteaux aux épices en forme de beignets au goût acide et piquant), des boulettes de viandes de mouton, l’ensemble cuit dans un ustensile appelé deg avec une sauce chaudement épicée.

De succulents dessertsLe repas du roi s’achève avec les

douceurs sucrées et parfumées des gulab jamun (beignets ronds frits servis dans un sirop de sucre à l’eau de rose), les kheer (crème de riz préparée à partir de lait sucré parfumé avec de la cardamome et du safran, des noix de cajou et des pistaches, des raisins secs et autres fruits), les kulfi (dessert glacé à base de lait), les halva (surtout à partir de semoule ou de carottes, citrouilles et courges) et autres sheer khurma (pudding de vermicelles au lait et aux dattes accompagné de noix diverses, imprégné de safran et additionné d’eau de rose). A l’origine, le zarda (crème de riz aux fruits et noix) célèbre l’arrivée de l’été mais ce mets est tellement apprécié qu’il vient clore toute l’année tous les banquets de mariage et les jours de célébrations.

Enfi n, de nombreux bonbons s’offrent à votre insatiable gourmandise dans les confi series d’Agra et de Mathura : le petha (bonbon translucideau melon d’eau), le kurchan (au lait) et peda (au ghee). Les plus aventureux pourront même tester le paan, une douceur enroulée dans une feuille de bétel, un résumé des richesses enivrantes du terroir de l’UP et de l’Inde avec ses 50 ingrédients associés ; entre épices et tabac, il vous laisse planer au-dessus des souvenirs émus de votre divin festin.

Tunday Kababi Lucknow

Dossier Uttar Pradesh : Cuisine

28 juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

Christine Nayagam

Page 29: Inde 411 06 08 2013

L’Inde est vaste et diverse géographiquement, économique-ment, culturellement, socia-lement, le sous-continent

balance incessamment d’une extrémité à l’autre de l’échelle des possibles. Et si elle défi e la gravité dépasse parfois la vitesse du son l’aviation n’échappe pas à la règle. Son potentiel est sans fi n et sa réalisation serait pour le pays un accélérateur exceptionnel de développement et de croissance, un facteur de mobilité sociale et un multiplicateur de fl ux touristique. Elle permettrait de développer la connectivité et l’accès avec les grands hubs internationaux et entre les régions indiennes. il n’en reste pas moins que ce rêve aérien n’est encore qu’une intention, une

promesse envoyée au ciel. En Inde, selon une étude commandée par IATA (International Air Transport Association, le syndicat international des compagnies aériennes) au cabinet Oxford Economics, le secteur ne pèse que 1,5% du produit intérieur brut et 1,7 million d’emplois.

L’économie indienne connaît une croissance rapide. Avec 121 millions de passagers domestiques et 41 millions de voyageurs internationaux, elle supporte le neuvième trafi c aérien du monde, chiffre qui ne cesse de s’accroître. Plus de 85 compagnies internationales et cinq indiennes opèrent depuis ses pistes et connectent plus de 40 pays. Sur son marché intérieur, les acteurs nationaux ont, en novembre 2012, transporté 5 millions de passagers,

avec une hausse de 465 000 têtes par rapport au mois précédent. Entre janvier et novembre de la même année, ce sont 53,4 millions d’individus que ces champions indiens de l’aviation civile ont transportés. La répartition de leurs parts de marché. Indigo commande la patrouille avec 27,3%, suivi, dans un mouchoir de poche, de ses seconds Air India (20,7%), Spice Jet (19,5%) et Jet Airways (18,3%) puis, en queue de peloton, Go Air et Jet Lite (respectivement 7,4% et 6,9%). Selon les chiffres du Département pour la Politique et la Promotion industrielle (DIPP), le transport aérien civil, fret inclus, a drainé 450 millions de dollars d’investissements directs étrangers (IDE) d’avril 2000 à décembre 2012.

BusinessAviation civile

Aéronautique indienne :

Vers de nouveaux horizonsAprès le boom de la décennie passée, le marché aéronautique indien traverse un ciel troublé à la fois par de lourds coûts de structures et le ralentissement économique mondial. Alerte et tenant fermement le gouvernail, le gouvernement assure le transfert vers un fonctionnement réformé de la branche, qui fera du secteur privé son co-pilote désigné. Droit devant, l’horizon promet d’être dégagé et lumineux : l’Inde pourrait à terme devenir le troisième plus gros marché mondial pour l’aéronautique civile.

29juin-août 2013Nouvelles De L’Inde

Page 30: Inde 411 06 08 2013

Business Aviation civile

30 juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

Des hauts...et des basPour Amber Dubey, associé du

cabinet d’audit KPMG et directeur de la business unit aéronautique, si l’aviation en Inde a un bel avenir, elle le doit à l’impulsion que lui donne la dynamique du secteur touristique, ses hauts revenus et sa démographie avantageuse. Il ajoute que l’Etat, par ses choix politiques solides, assure la confi ance, la stabilité et la pérennité de l’industrie. Concernant les infrastructures et les équipements, la modernisation des aéroports avec les techniques et technologies de pointe devrait créer un appel d’air susceptible de faire encore grimper son trafi c. Partout à travers le pays, des aéroports fl ambant neufs poussent. Les équipements de surveillance et de contrôle du trafi c aérien sont renouvelés pour précéder les nouveaux fl ux de trafi c attendus et ciblés par le régulateur.

Dans le même temps, l’année 2012 a été secouée par moult turbulences. Les diffi cultés fi nancières se sont abattues sur plusieurs acteurs dont Air India, et ont défi nitivement cloué au sol la compagnie au colibri, Kingfi sher. Cette année, toutes ont senti passer le vent du boulet après avoir heurté de plein fouet le mur de la dette qu’elles avaient chacune contractée pour constituer leur fl otte. S’est ajouté à cet obstacle le point noir des prix du carburant, qui voilait la rentabilité fi nancière de chaque vol et la hausse des frais de fonctionnement, notamment pour les activités à terre. Dans l’atmosphère ultra-concurrentielle de ce marché,

face aux incertitudes dans un climat tendu, 2 milliards de dollars ont été perdus. Pour voler au secours de ces opérateurs aériens en diffi culté, un effort sur les coûts du carburant est réclamé. Pour Amber Dumbey, les taxes prélevées par le gouvernement sur sa vente sont un poids dont il faut soulager la fi lière. Ce dernier, pour répondre à la situation de crise, les a autorisé à s’approvisionner directement auprès des producteurs et à s’ouvrir davantage aux IDE.

Décoller grâce aux IDE« Un voyage de plusieurs milliers

de kilomètres débute toujours par quelques modestes pas », commente Ajit Singh, le ministre indien de l’Aviation civile pour présenter son action. Il affi rme avoir pris les décisions et mesures qui convenaient à la croissance du secteur et de l’économie. Sa pierre à l’édifi ce ? Avoir autorisé l’ouverture aux IDE jusqu’à

49% du capital d’une compagnie aérienne indienne, une mesure pour lui fondatrice, qui a complètement remodelé le secteur. Des sociétés comme Jet Airways, par exemple, mettent le cap sur des politiques de collaboration domestique et internationale ; Jet vient par ailleurs de fi naliser une prise de participation de Etihad, la compagnie d’Abou Dhabi.

Plus récemment, et dans un registre différent, le Bureau de Promotion pour l’Investissement Etranger (FIPB,) a donné son accord à l’opérateur low-cost malaisien Air Asia pour la création d’une compagnie nationale à bas-coûts en joint-venture (co-entreprise)

avec Tata et Telstra Trade place, pour un montant global de 14,73 millions de dollars. Cette création sera la première véritable intervention du politique dans l’aviation civile depuis l’ouverture aux capitaux étrangers des compagnies nationales ; dans le sillage de l’entrée de ce nouvel acteur, l’Etat espère bien agiter encore un peu plus la concurrence du secteur.

Commentant cette réforme de l’IDE, le directeur du IATA, Tony Tyler nuance : « Tant que des taxes élevées prévaudront, que les coûts aéroportuaires et opérationnels seront si élevés, peu de gens désireront véritablement investir leur argent dans les opérateurs locaux ». Bien que saluant cette initiative, il ajoute que « tant que les conditions dans le pays ne s’amélioreront pas, aucune ruée vers l’Inde n’est à attendre. Les capitaux étrangers attendent la garantie d’un RoI (retour sur investissements), comme partout ailleurs ».

L’année 2012 a été secouée par

moult turbulences. Les diffi cultés

fi nancières se sont abattues sur plusieurs

acteurs dont Air India, et ont

défi nitivement cloué au sol la

compagnie au colibri, Kingfi sher.

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Développer les infrastructuresUn autre événement a donné des

ailes au secteur : la privatisation des quatre principaux aéroports du pays, Delhi, Mumbai, Hyderabad, Bangalore, soit par joint-venture, soit par PPP (partenariat public-privé). Objectif : optimiser la synergie entre l’Etat et ses collectivités et les prestataires privés spécialisés GMR et GVK. Pour Promananda Elangbam, responsable marketing de l’aéroport international de Bangalore, « le modèle du PPP permet de bâtir des aéroports à partir de rien ou d’améliorer le parc existant. Il ouvre l’opportunité d’établir des villes organisées autour du transport aérien comme le sont Dubai et Hong-Kong. Fait de manière raisonnée et transparente, cela peut considérablement développer le tourisme et les affaires ».

En phase avec la politique de son gouvernement, l’autorité aéroportuaire du pays, l’AAI (Airport Authority of India) achève l’extension et la mise aux normes internationales de deux aéroports du pays, Kolkata et Chennai, et a pris en main le développement de 35 aéroports non urbains. Pour toujours pousser plus haut sa modernisation, l’Etat envisage dans le cadre du 12e plan quinquennal de débloquer 12,1 milliards de dollars, dont 9,3 proviendraient du privé.

Si les grandes métropoles, aujourd’hui merveilleusement dotées, sont visiblement entrées de plain-pied dans la modernité, les plus petites conurbations, plus lointaines et moins prestigieuses, sont encore tenues à l’écart des possibilités qu’offre l’aviation civile. En plus d’infrastructures sans fi oritures et d’une nouvelle charte de couverture du territoire (les « Route Dispersal Guidelines »), le gouvernement a prôné

une politique tournée vers l’ouverture et la promotion touristique des régions hors des sentiers battus de l’Inde. Dès lors, il a encouragé et engagé les compagnies aériennes à devenir partenaires de ce développement par la mise en place de schémas innovants- comme le partage d’un même code de vols entre différentes compagnies ou un crédit de sièges à occuper - permettant de contourner les problèmes de rentabilité que ne manqueront pas de poser ces nouvelles lignes.

S’envoler vers de nouveaux horizons

Pour faire exploser le trafi c international, le ministre a effectué de substantielles avancées dans la libéralisation de son marché, délivrant généreusement aux compagnies nombre d’autorisations pour couvrir de nouvelles destinations mondiales. Pour ne pas les prendre de cours, le gouvernement a fi xé, pour les deux prochaines années, les droits de couverture de chacune afi n qu’elles puissent se préparer au mieux. Cette décision ouvre la voie à des pans entiers du ciel encore inexplorés des compagnies indiennes ; elle représente plus de 60% de destinations supplémentaires à couvrir. Dans les seuls golfe Persique et Asie du Sud-Est, ce seront plus de 81 000 sièges en plus par semaine à remplir, l’équivalent d’une hausse de 80% du trafi c international des compagnies nationales.

Dotée d’une fl otte d’appareils toujours plus dense, merveilleusement située et dotée d’une main d’œuvre nombreuse et qualifi ée, l’Inde se verrait bien à l’avenir comme le grand garage du ciel. Pour faire de ce projet rêvé une réalité compétitive, le ministère a pris

un train complet de mesures destinées à faire basculer les opérateurs vers son territoire. Parmi ces concessions budgétaires, l’extension de la durée de garde des pièces et équipements de rechange de trois mois à un an, l’exemption de droit de douanes sur ces produits nécessaires à la maintenance et l’extension de cette mesure aux opérateurs étrangers qui feraient venir des pièces pour procéder à des réparations sur place.

A l’exception du régime temporaire de surcoût structurel et de la récession économique mondiale, les prévisions pour l’aéronautique civile indienne sont au plus haut. Dans son rapport « Indian aviation : spreading its wings »(« Aviation indienne : étendre ses ailes »), Price Waterhouse & Coopers anticipe que d’ici à 2020, l’Inde sera devenue le troisième marché mondial, transportant 336 millions de passagers domestiques et 85 millions de voyageurs internationaux. Il prévoit également des investissements à hauteur de 120 milliards de dollars.

Nouveau terminal de l’aéroport de Kolkata

Le Dreamliner d’Air India dessert Paris

Ranvir Nayar

BusinessAviation civile

31juin-août 2013Nouvelles De L’Inde

Page 32: Inde 411 06 08 2013

Artiste indien:

dansevoies

Q : Comment est née l’idée de venir à Paris ?

Manju : J’ai rencontré Anjela en 2003 quand j’étais étudiant à Santiniketan en Inde. Ensuite, nous sommes restés en contact. Les choses ont mûri. Anjela est venue au Manipur, nous avons travaillé ensemble et fi nalement elle m’a invité à Paris.

Q : Cela a-t-il été facile de faire venir Manju en France ?

Anjela : Ce ne fut pas si facile, parce qu’il a fallu rassembler beaucoup de documents. Heureusement, Christophe Girard, le maire du 4e arrondissement, et l’ambassade de l’Inde à Paris nous ont soutenus. Avec une grande détermination, nous avons fi nalement

réussi à obtenir le visa, un jour avant le vol !

Q : A la Maison de l’Inde à Paris et au centre Mandapa, vous avez dansé « Guru Vandana » et « Krishna Nartan ».La danse Manipuri est-elle forcément religieuse?

Manju : Je ne sais pas si on doit absolument parler de religion, mais il est toujours question d’humanité dans la danse Manipuri. Depuis la conversion du Manipur à l’hindouisme au 18e siècle, la danse Manipuri est toujours en relation avec l’hindouisme. Tout est basé sur la mythologie hindoue de Radha et Krishna. De l’époque avant l’hindouisme, il reste une culture autochtone, qui est basée sur une croyance dans l’univers.

Cette religion prend sa racine dans le principal festival qui s’appelle Lai Haroaba. Ce festival est le point de départ de toutes les cultures et tous les arts du Manipur.

Q : Le Lai Haroaba est une danse et en même temps un récit et une interprétation de l’évolution de l’univers et de l’humanité. Est-ce une sorte de « bible » illustrée, chantée et dansée pour les Manipuri ?

Manju : Ce n’est pas un art écrit, mais une tradition transmise presque exclusivement oralement, un événement qui a lieu tous les ans. C’est l’art original du Manipur, pratiqué depuis les origines de l’humanité. J’ai présenté une partie de cette danse

C’est la danse Manipuri qui les a réunis sur scène : Manju Elangbam vit et travaille à Imphal, sa ville de naissance et capitale du Manipur, Etat du nord-est de l’Inde. Petit-fils du chanteur Sankirtana Elangbam Anganghal Singh, Manju fait partie des plus talentueux danseurs de Manipuri de sa génération. Cet automne, son premier séjour en Europe l’a conduit en France, invité par Anjela, danseuse de Manipuri, chorégraphe et directrice artistique de la Cie ladansequichante à Paris. Fin octobre, elle était à son tour invitée à l’un des plus grands festivals de danse classique Manipuri en Inde. Entretien croisé sur un art qu’ils partagent en Inde et en France.

Culture Artistes - Manipuri Jagoi

32 juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

Page 33: Inde 411 06 08 2013

à Paris. « Lai Haraoba » est un très grand festival qui représente le cycle de l’univers : de la naissance jusqu’à la fi n. À Paris, nous avons extrait une partie nommée « Thougal Jagoi »,normalement dansée en face des Deitis, les garçons et les fi lles. Elle signifi e que l’on offre quelque chose à Dieu pour la fertilité du pays. L’énergie créée est dédiée à cela. Si Dieu est satisfait, il nous donnera la paix et la prospérité.

Q : Danser la danse Manipuri, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Anjela : C’est pour moi l’expression de mes relations humaines avec ces gens que je connais depuis douze ans. Pour moi, la danse Manipuri est un sentiment qui devient de plus en plus intense. Je m’approche de plus en plus des origines de la danse Manipuri. Par exemple, pour comprendre vraiment le mouvement du métier à tisser, j’ai d’abord travaillé dans la salle de danse, avec mes maîtres Jatindra K. Singh et Ibe Movi, avec Manju, mais quand j’ai vu le mouvement dans le festival au Manipur, c’est entré encore plus profondément dans ma danse.

Q : Quelles furent les réactions à Paris quand vous avez présenté la culture et la danse Manipuri?

Manju : Ce fut très inattendu. Partout où nous étions, les gens étaient très intéressés et surpris de la diversité et de la richesse de la culture de ce petit Etat (2,7 millions d’habitants)de l’Inde qu’ils ne connaissaient pas du tout avant. Nous avons montré La danse Manipuri dans des écoles, nous avons organisé une master class et lors d’une présentation à l’université de Nanterre, le professeur s’est montré très intéressé par les rituels, danses et instruments de musique du La danse Manipuri.

Q : Quelle est pour vous la spécificité de la danse Manipuri ?

Manju : La danse Manipuri donne l’impression d’une expression très naturelle, d’un sentiment qui naît de l’intérieur. Elle crée une relation entre les sentiments humains qui incluent tous les mouvements et gestes. Ce

n’est pas le résultat d’une mimique. Pour moi, la danse Manipuri est une méditation en mouvement. Quand tout le monde entre dans ce même mouvement perpétuel de danse, nos sentiments et nos esprits vont aller de plus en plus en profondeur. C’est un mouvement qui n’est ni sur terre ni dans le ciel, mais un « fl ottement ».La danse Manipuri procure souvent un très profond sentiment de paix et de calme intérieur.

Q : Chanter la chanson « Lashing Lei » (Cotton Flower Song) au milieu d’un spectacle de danse classique Manipuri, est-ce une approche contemporaine ?

Anjela : C’était mon idée de chanter dans le spectacle. Dans mes chorégraphies contemporaines, je danse et chante sur scène. En Inde, j’ai souvent vu des danseurs magnifi ques qui ont très bien chanté dans les studios ou pendant les répétitions, mais dès qu’ils entrent sur scène, il n’y a plus aucun danseur qui chante. Quand Manju est venu à Paris, je lui ai posé la question : qu’est-ce que tu penses d’intégrer une chanson Manipuri dans notre duo ? À ma connaissance, c’est la première fois que cela a eu lieu sur scène.

Q : C’était une première pour vous de chanter sur scène ?

Manju : Oui, ce fut très spécial pour moi. Le chant se marie très bien avec la danse Manipuri et c’est vraiment une nouvelle idée que le public a beaucoup appréciée. Au Manipur, il y a une tradition de chanter, surtout dans le Ras Lila. Il y a les danseurs, les gopis, qui chantent et puis ils répondent. Mais de chanter en tant que danseur solo ou dans un duo, au sein d’une composition classique de danse Manipuri, c’est la première fois. Normalement, aucun danseur ne chante, parce qu’il y a des chanteurs pour cela.

Q : Est-ce différent d’être sur scène avec une danseuse de Manipuri qui ne vient pas du Manipur ?

Manju : Dans la danse Manipuri, la question de savoir qui peut danser, ne se pose pas, ni dans l’esprit ni dans les pensées. Ce n’est pas limité à une

certaine caste ou un certain peuple. Contrairement à d’autres régions en Inde, au Manipur, les différences de castes n’existent pas. Il y a aussi les peuples tribaux qui apprennent cette danse. Tout le monde l’accepte. L’idée et la croyance qui habitent cet art, sont universelles et viennent de la Lai Haraoba. La culture Manipuri est très ouverte envers tous les peuples. C’est la raison pour laquelle je ne trouve pas cela étrange de danser avec Anjela sur scène. C’est une chose tout à fait normale.

Q : Fin octobre, vous avez dansé un solo au Festival of Classical Manipuri Solo Dance, organisé par la Manipuri State Kala Akademi à Imphal. Un rêve pour une danseuse européenne ?

Anjela : Danser le Manipuri en solo dans le cœur artistique de la capitale du Manipur, devant les gourous, c’est un très grand honneur. C’était un rêve, un challenge, un accomplissement de mon travail en tant que danseuse de Manipuri. Etre invitée à l’un des plus grands festivals de danse classique Manipuri en Inde, c’était un grand pas. À l’unanimité, les gourous ont dit que le cœur et l’esprit de la danse Manipuri étaient présents lors de mes danses sur scène. Ils étaient profondément émus.

Q : Le Manipur a longtemps été très difficile d’accès. Depuis peu, cela est devenu plus facile. La situation politique est plus stable. Le tourisme commence à s’intéresser à ces merveilleux paysages. Quel est le rôle de la culture et de l’art dans cette ouverture du Manipur vers l’extérieur?

Manju : Longtemps, l’accès au Manipur a été très diffi cile pour les étrangers. Les Indiens devaient également se munir d’un visa spécifi que pour aller au Manipur. Depuis deux ou trois ans, le gouvernement indien a permis une certaine ouverture vers le nord-est, vers le Manipur. Avant cette ouverture, le Manipur était surtout connu et célèbre à travers ses danses, sa culture et le sport comme le polo. La danse et la culture Manipuri comptent parmi les facteurs principaux qui ont permis d’ouvrir le pays au monde.

CultureArtistes - Manipuri Jagoi

33juin-août 2013Nouvelles De L’Inde

Page 34: Inde 411 06 08 2013

Culture Hommage

Adieu à un grand maitre de

KathakaliKathakali

Ramankutty Nair dans le rôle de Krishna de la

Bhagavat Gita – tournage du Mahabharata en décors

naturels (1981)

Kalamandalam Ramankutty NAIR (25 mai 1925/11 mars 2013), est né et décédé à Vellinezhi, village du District de Palakkad, au Kerala.

34 juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

Page 35: Inde 411 06 08 2013

Contrairement à tant d’artistes indiens, K. Ramankutty Nair n’était pas le descendant d’une dynastie de danseurs ou de

musiciens. Encore garçonnet, c’est en voyant jouer le célèbre Ravunni Menon que sa vocation de danseur-acteur de Kathakali lui fut révélée. Ravunni Menon l’initia à cet art puis l’inscrivit à l’école du Kalamandalam* où il enseignait ; il restera son seul maître et sa seule référence. Ramankutty Nair fut l’un des principaux piliers de cette école tout au long de sa carrière : d’abord élève et très vite artiste participant à tous les spectacles, il deviendra maître-enseignant (Asan), enfi n Principal à l’âge de la retraite.

Imbibé du style Kalluvazhi reçu de Ravunni Menon**, style reconnu pour son harmonieux équilibre de la danse et du jeu dramatique, Ramankutty Nair contribua à la renommée de l’une des grandes traditions esthétiques du Kathakali développée dans la partie centrale du Kerala. Les artistes devenus des maîtres qu’il a formés ont, comme lui-même et selon la coutume, ajouté à leur nom leur appartenance à cette école. Ce sont : Kalamandalam Gopi, Kalama-ndalam Balasubramanyam, K. Vasu Pisharoty, K. M.P. Sankaran Namboodiri et K. Gopalakrishnan, pour ne citer que les principaux. Tous ont contribué à la réputation d’excellence du Kalamandalam en Inde et de par le monde.

Comme le veut l’enseignement traditionnel du Kathakali, il absorba l’intégralité de tous les rôles du répertoire que sa versatilité naturelle lui permettait de servir sans restriction. Toutefois, même s’il a laissé son empreinte dans l’interprétation des héros nobles et divins (pacha), la morphologie de son visage : carrée, puissante par les reliefs, quelque peu léonine, la force de son jeu, le prédisposaient à d’autres types de personnages. Citons parmi ceux-ci : les « anti-héros » (kathi) comme Ravana et Duryodhana, les types « kari », dont Kattala (Shiva-chasseur), et le « vellathadi » principalement représenté par Hanuman - le singe demi-dieu du Ramayana - bouleversant dans sa dévotion teintée

de malice dont Ramankutty Nair restera l’interprète inégalé.

Sa première apparition à Paris remonte à mai 1967 sur la scène du Théâtre National de l’Odéon, dans le cadre de la Saison du Théâtre des Nations alors dirigé par Jean-Louis Barrault, celui-ci décerna à la troupe du Kalamandalam une distinction « pour la grande leçon d’art dramatique et de présence religieuse apportées».Alors dans la force de l’âge, l’art qu’il déploya au cours de cette mémorable tournée de plus de 4 mois : en Europe et dans le monde à travers les grands festivals, et même jusqu’à Broadway ( !), le rendirent indispensable dans toutes les tournées internationales qui suivirent. Sa dernière apparition en France remonte à 2006, sa maladie lui ayant laissé un peu de répit, il interpréta cette fois encore Hanuman à l’Opéra de Lille (festival Lille 3000) et au cours des Nuits de Kathakali organisées par le Mandapa au théâtre de l’Epée de Bois/Cartoucherie.

Il se produisit pour la dernière fois au Kerala à l’âge de 85 ans. En dépit de la maladie qui affectait gravement sa santé, il resta jusqu’au bout viscéralement soudé à la scène du Kathakali à laquelle il consacra 80 années de sa vie.

Il rédigea son autobiographie à laquelle il donna le titre éloquent de Thiranottam.***

Parmi les nombreuses distinctions qui couronnèrent son exceptionnelle carrière, il reçut l’Emeritus Fellowship de la Sangeet Natak Akademi de New Delhi, le Kalidas Samman de l’Etat de Madhya Pradesh, et en 2007 le Padmabushan du gouvernement indien.

Un fi lm documentaire lui fut consacré par le cinéaste Adoor Gopalakrishnan.

*Le Kerala Kalamandalam a été créé en 1930 par le poète-mécène Vallathol Narayana Menon. Simple école de Kathakali à l’origine, le Kalamandalam s’est développé en un vaste Conservatoire des arts du spectacle du Kerala et du sud de l’Inde aujourd’hui devenu une Université reconnue.

** Le Kalamandalam porte le sceau du style Kalluvazhi développé au sein de son enseignement par Ravunni Menon, puis par son fi ls Padmanabhan Nair.

*** Le Thiranottam : Apparition traditionnelle et spectaculaire d’un personnage de type kathi émergeant du rideau depuis le buste et découvrant l’espace de ses jeux de regard.

Milena SALVINI, directrice-fondatrice du Centre Mandapa avec Roger FILIPUZZI, auteur de « L’Histoire fabuleuse du théâtre Kathakali » (Edit. Jacqueline Renard).

CultureHommage

Ramankutty Nair, porte le maquillage de type pacha

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Ramankutty Nair contribua à la renommée

de l’une des grandes traditions

esthétiquesdu Kathakali

développée dans la partie centrale du

Kerala. Les artistes devenus des maîtres

qu’il a formés ont, comme lui-même

et selon la coutume, ajouté à leur nom

leur appartenance à cette école.

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Milena Salvini

juin-août 2013Nouvelles De L’Inde

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La première manifestation que nous aimerions présenter est Ticket to Bollywood, un spectacle, applaudi à travers

le monde entier, présenté à l’Espace Reuilly le 11 janvier dernier par l’Indian Council for Cultural Relation (ICCR), l’ambassade et Ferriswheel Entertainment Pvt. Ltd., qui a transporté les spectateurs parisiens, réunis le 11 janvier 2013 dans l’univers glamour de Bollywood. Bollywood est un véritable miroir de l’Inde d’aujourd’hui, avec ses paradoxes et ses myriades de nuances. C’est un mélange unique de tradition et de modernité, d’essence culturelle et de savoir-faire technique, l’unité dans la diversité.

Le spectacle était articulé en trois parties, une première partie consacrée aux danses classiques de l’Inde, telles qu’elles sont inter-prétées dans les fi lms. Bollywood

emprunte beaucoup à ces formes traditionnelles de la danse indienne. Une seconde partie présente les di-vers festivals et danses folkloriques façon Bollywood. La troisième et dernière partie s’intéresse à l’un des grands moments de la vie en Inde, le mariage.

Ticket to Bollywood est dirigé par Mme Shubhra Bhardwaj qui compte 20 ans d’expérience dans le domaine des arts du spectacle et a produit et dirigé de nombreux spectacles, festivals, événements en direct, dans les stades dans le monde entier.

Plusieurs manifestations ont marqué l’agenda culturel indien à Paris dans des domaines divers tels que la cuisine, la danse, la peinture que nous vous invitons à découvrir ci-dessous pour ceux qui n’auraient pas eu la chance d’y assister.

Culture L’Inde à Paris

Zoom sur la

Tirthankar Chanda et Olivier da Lage présentent au public leur ouvrage Aujourd’hui l’Inde

culture indienneà Paris

productions scéniques, festivals et plateformes d’échange culturel.

La chorégraphie pour la production a été réalisée par M. Pravarsen Yesam-bare, jeune et talentueux chorégraphe de Bollywood.

déroulées à la résidence de

juin-août 2013

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CultureL’Inde à Paris

juin-août 2013

l’ambassadeur Rakesh Sood autour de deux ouvrages récemment parus, « Aujourd’hui l’Inde » de Tirthankar Chanda et Olivier da Lage paru aux éditions Casterman et l’ouvrage de Rashmi Uday Singh « A Vegetarian in Paris » à Paris les 7 février et 21 février dernier.

L’un des autres événements marquants fut la venue à Paris de la danseuse Priya Venkatraman et de sa troupe, sponsorisés par l’Indian Council for Cultural Relations (ICCR) qui se sont produits dans deux salles à Paris, dans la salle mythique pour la danse indienne qu’est le Centre Mandapa le 27 mars et à l’Espace Reuilly le 31 mars qui fait de plus en plus honneur à la danse indienne, classique ou moderne. 3 danseurs et 5 danseuses pour transporter les spectateurs parisiens dans l’univers du Bharatanatyam. Après une brève invocation musicale, ont suivi une danse d’invocation, Mallari, suivie d’un hommage au Seigneur de la danse, Shiva. Nrityaharam a témoigné des capacités des artistes à travailler sur des rythmes, ici à quatre, trois, cinq et sept temps. Puis un superbe solo par Priya Venkatraman dédié à l’amour qui souligne l’abhinaya, la partie expressive de ce style de danse.

l’amie fi dèle Sakhi raconte à Krishna au sujet de la belle Radha. La danse énergique Ananda Natana Prakasham nous révèle la grandeur de la danse de Shiva avant le Tillana fi nal où chacun a pu admirer le travail des pieds des artistes.

Priya Venkatraman est une artiste connue de la jeune génération. Son style refl ète la richesse de son expérience auprès de plusieurs maîtres, Smt. Saroja Vaidyanathan, Smt. Kanaka Srinivasan et Ms. Leela Samson. Aux Etats-Unis où elle a passé douze ans, elle a formé, parallèlement à de nombreuses représentations, de nombreux élèves dans son école “Kalakriti”.

La danseuse a également animé une master class le 29 mars à l’ambassade, master class qui a connu un vif succès auprès des participants.

Les artistes de la troupe sont Ap-palasamy Lakshmanaswamy, Sujit Vaidya, Kiran Rajagopalan, Soumya Subramanian, Shri Aishwarya Nar-asimhan, Shri Soundarya Narasimhan, Anandakumar Karthikeyan.

Olivier Chiron et M. Mickael Le Bras, Conservateur du musée Lecoq de Clermont Ferrand ont proposé au public parisien une fort belle exposition intitulée « Regards croisés sur le Sikkim à travers la peinture ». Cette exposition qui regroupe une sélection de photos, de peintures, d’objets d’art, de costumes, de masques est le fruit de plusieurs voyages et séjours de

et surtout au Sikkim. Alliant passé dans les œuvres et modernité dans l’habillage technique, cette exposition connait un vif succès. Elle a déjà été présentée au Centre Mathis dans le 19ème à Paris du 2 au 15 janvier puis au Centre Solidarité Angèle Mercier du 8 au 27 avril dans le 19ème également avant de rejoindre la Salle

de la Chartreuse à Caudéran (33) du 15 au 18 mai. Un beau tour de France pour des œuvres venant d’une région de l’Inde peut-être encore méconnue en France.

ont eu l’immense joie d’accueillir la grande danseuse de Bharata Natyam, Alarmel Valli, le 31 mai dernier autour du fi lm réalisé sur elle « Lasya Kavya, The World of Alarmel Valli » de Sankalp Meshram (2011, 81 min.) qui a été projeté le 2 juin à la Cinémathèque

recevoir Javed Akhtar, tout à la fois poète en ourdou et hindi, scénariste et parolier pour le cinéma et membre du parlement indien. Personnalité éminente, il a reçu de nombreuses récompenses nationales, dont le Padma Bhushan. Une soirée littéraire en présence de l’auteur fut organisée le 30 mai. La soirée a été animée par Madame Vidya Vencatesan, responsable des études françaises à l’Université de Mumbai, et organisée par l’Ambassade de l’Inde et l’Université Paris 13, en présence de Monsieur l’Ambassadeur, Arun K. Singh

Singh.

Alarmel Valli

© Ganesh Sinou

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LLouvre Arts de l’Islam

miniatures mogholes

sultans

de Delhi

Taj Mahal

portrait de l’empereur Jahangir

poignard à manche en tête de cheval

« Thé à Guimet »

« Palais des Thés »

« Le guide de dégustation de l’amateur de thé »

ECHOS ET

senteurssenteurs

38

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« un jardin dans le jardin »

broche de Cartierstyle moghol :

Pierre Bergé

d’Anish Kapoor

Kanwar Sahib

Hermès

Tigre du BengaleParures de maharadjas

« étole plume Madras. »

Linum est fabriqué en Inde

« Oud Ispahan »patchouli et santal

santal« Shanghai »« Manifeste »

Le Grand Testing

« Derenoncourt Consultants »vins de l’Inde

(Alpine Wineries

« Parfum d’Empire »« Fougère Bengale »

santal

39

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poignard et grand miroir provenant du Rajasthan

Joron Deremvache

sacrée ailée

Laino

« Jardins de Gaïa »

(Darjeeling)(Darjeeling, Dooars, Assam, Nilgiri, Singampatti)

« Les mille et une nuits »

miniatures indiennes « L’Empereur moghol Muhammad shah voyageant sur un éléphant » « Maharaja Surat Singh de Bikaner sur son trône »

Trip’Tika*Inde011 « Mémo Découverte »

Eleven Eleven, Citrus de Kolkata, Injiri de Jaipur, Rahul Khanna de Noida

Rajesh Pratap Singh de Delhi, Lecoanet Hemant et Tarun Tahiliani de Gurgaon

Salon Première Classe

Forest of Chintz, fabriqués en Inde

en partie les sacs de Jamin Puech sont faits en Inde pour partie

« Me and Kashmiere » de Delhi

« Nirvana »

« Cachemire »

« Santal et Encens »

« Who’s Next »Raga Design et Preeti Chandra

Vineet Bahl EkaHemant Nandite Geisha

DesignVeer

L’Etude Baron Ribeyre

« Scène de chasse au Rajasthan », « Jeune

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femme sous un saule » « Raja fêtant Divali avec son harem »

ECHO AU FIL DES PAGES

VincentMeylanTrésors et Légendes van Cleef et Arpels

Sita Devi, maharani de Baroda

Chez Perrin, Hélène Becquet publie « Marie-Thérèse de France ».

L’action se déroule en Inde

« Suzanne Belperron »

Cartier prince de Patiala Schiaparelliprincesse de Kapurthala

« Célébration du bijou »

clip hindou

41

E.B.

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Littérature indienneDu mythe au monde, le Gange bouillonnant de la

Les pouvoirs du mythe dans un pays de raconteurs d’histoires

En l’année 3139 avant notre ère, loin, très loin, au cœur de la grande plaine gangétique du nord de l’Inde, une querelle familiale dégénéra en la plus grande guerre de tous les temps. Il y eut bien des confl its avant le champ de bataille de Kurukshetra et il y en aura bien d’autres après mais ce confl it fratricide entre les cousins de Kuru fut tellement déterminant qu’il constitua et constitue toujours le point central de la mythologie en un fi ligrane continu de l’histoire de l’Inde,

tant la mythologie et l’histoire de cet immense pays semblent couler unis dans le même fl euve d’un seul conte.

Cette gigantesque guerre est le destin de l’épopée du Mahabharata qui, racontée depuis cinq mille ans, des millions de fois, sous autant d’angles, est toujours la même histoire foisonnante, captivante et éternelle du courage, de la victoire, de la défaite et de l’humilité, de la morale et de la tricherie, de la fi délité et de la trahison… C’est la plus grande histoire jamais écrite parce

qu’elle contient la palette entière des émotions, des espoirs, des vertus et des vices de l’humanité. Seule l’œuvre de Shakespeare, et encore dans sa totalité, est-elle peut-être capable de rivaliser avec celle qui, par ses cent mille shlokas, ses quatre-cent mille vers, dépasse plusieurs fois l’Iliade et l’Odyssée réunis.

À peu près au même moment, vivait Satyawati - fille du roi Uparichara et chef des pêcheurs- que ce dernier avait trouvée dans le ventre d’un poisson gigantesque ; elle était plus belle que les méandres du fl euve Yamuna mais dégageait une épouvantable odeur de poisson. Le sage Parashar tomba fou amoureux d’elle à l’instant-même où il la vit et la conduisit en bateau vers une île mystérieuse où, grâce à ses pouvoirs magiques, il substitua un fabuleux parfum de fl eurs à sa puanteur. Satyawati et Parashar eurent un fi ls, Vyasa, né sur l’île, mais dont son père fi t un ermite au plus profond d’une forêt tandis que Satyawati revint chez Uparichara.

Vyasa, qui deviendra le grand écrivain immortalisé par l’hindouisme, entendit bien des conteurs raconter le Mahabharata ; lui-même joua un rôle important dans les événements qui avaient précédé la grande bataille. Il décida donc de le raconter en sanscrit et en vers afi n que l’interminable poème puisse être mieux retenu. Mais comment raconter-à une époque où le livre n’existait pas encore-une histoire si longue, si complexe, tissée par tant d’autres histoires et jouée par tant de personnages ? Il pria Brahma de lui donner force et détermination. Brahma qui connaissait parfaitement les péripéties passées et celles encore à venir de l’épopée lui conseilla de faire appel à Ganapati Ganesha, le dieu-éléphant, fils de Shiva et de Parvati, connu de tous pour sa culture et sa mémoire.

Ganesha accepta d’aider Vyasa mais à une seule condition : « que jamais tu ne t’arrêtes dans ton récit, ainsi, moi aussi, j’écrirai sous ta dictée en un fl ot continu ». Ils se mirent

donc à un travail gigantesque qui leur prit d’infi nies années. Et puisque la caractéristique d’une histoire est qu’elle ne se fi ge jamais dans une seule version défi nitive, Suka, le fi ls de Vyasa, entreprendra à son tour de raconter l’histoire des amours et des haines du Mahabharata, à la suite de son père…

Une tradition narrative ininterrompueAujourd’hui, ce sont les enfants - écrivains de Vyasa et des auteurs des autres grands textes de l’Inde, - le Ramayana, les Vedas, les Upanishads, les Puranas, les Shastras, les Sutras- les raconteurs d’histoires de l’Inde des vingtième et vingt-et-unième siècles qui - nés et portés jusque sur nos rivages par cette même grande vague de fond narrative des mythes d’il y a plus de cinq mille ans - viennent nous raconter, sans s’arrêter - comme Vyasa- les histoires que bien des écrivains occidentaux ne racontent plus à leurs lecteurs. Ces nouveaux conteurs indiens ont pour noms V.S Naipaul, P.K Balakrishnan, Amitav Ghosh, Vikram Seth, Salman Rushdie, Anita Desai, Aravind Adiga, Tarun Tejpal, Tishani Doshi, K. Satchidanandan, Jaspreet Singh, Gurcharan Das, Suketu Mehta, Pankaj Mishra, Vikram Balagopal, Rajesh Devraj et tant d’autres… ; ils sont indiens, romanciers, essayistes, poètes, auteurs de romans graphiques ; ils écrivent en hinglish, en hindi, en ourdou, en bengali, en malayalam…Et parce qu’en Inde, de génération en génération, de père en fi ls, de mère en fille, d’aïeul en petit-fils, du plus grand âge au plus jeune, on ne cesse jamais de raconter des histoires dans une tradition ininterrompue empreinte de mythes et d’épopées, de traités et de poèmes, ces écrivains nous livrent des fi ctions imprégnées consciemment ou inconsciemment par les leçons et les morales de ces mythes qui, pour cette raison, tendent vers l’universel car toute littérature structurée par la mythologie prend le chemin de l’universalité.

Littérature Histoire

42 juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

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Quand Shashi Tharoor écrit en 1989 son trépidant Grand roman indien, c’est pour mieux y actualiser les péripéties du Mahabharata au contact des événements historiques de l’Inde moderne depuis son indépendance à l’assassinat d’Indira Gandhi… Lorsque, plusieurs années auparavant, en 1973, P.K Balakrishnan compose en malayalam son impressionnant Ini njan urangatte (Et maintenant, laissez-moi dormir) qui fut couronné par des prix littéraires et des ventes impressionnantes, c’est pour mieux souligner les histoires de Draupadi et de Karna - personnages centraux du Mahabharata…Quand le journaliste d’investigation et romancier Tarun Tejpal nous livre son sublime Loin de Chandigarh, roman construit autour d’une découverte dans l’Himalaya qui bouleverse à jamais, dans les années quatre-vingt-dix, le destin d’un jeune couple de Chandigarh et qui a marqué un véritable tournant dans la perception de la littérature indienne en France en 2005, il se rend compte que son roman est structuré en cinq grandes parties comme le Mahabharata sans qu’il l’ait jamais décidé… Lorsque, aujourd’hui, le trentenaire Vikram Balogopal écrit son roman graphique –Simian- il le fait en s’inspirant avant tout de l’histoire de Hanuman dans le Ramayana que l’auteur mêlera même dans sa fi ction à un épisode du Mahabharata…

Les voyageurs en Inde auront remarqué l’incroyable vitalité et l’actualité des grands mythes hindous au quotidien du pays tout comme les lecteurs de 2012 seront saisis par leur indéniable présence dans la littérature indienne, notamment chez les jeunes écrivains ; ce qui, en conférant une dimension universaliste à leurs romans, leur amène des lecteurs du monde entier. Et face à ce constat, on ne peut que se poser la question de ce qui est advenu, dans notre occident littéraire, de la connaissance, de la résonnance et de l’opportunité créatrice, aujourd’hui, des multiples aventures et des mythes nés sur les versants de l’Olympe ? Où sont donc passés les enfants-raconteurs d’Homère ? !

Une économie forte apporte une littérature forte

L’Inde est aujourd’hui, avec son milliard deux cent millions d’habitants –le sixième à elle seule de la population mondiale- la troisième puissance planétaire pressentie pour dépasser la Chine en 2030 et l’économie américaine dès 2045. Jouissant depuis le début des années quatre-vingt-dix d’un taux de croissance insolent et faisant partie des pays dits émergents (les BRICS), elle est en 2012 la première puissance mondiale du Software où il s’y vend vingt millions de téléphones par mois. Composée récemment de trois-cent-cinquante millions de classes moyennes, elle arrive juste derrière les États-Unis en ce qui concerne le marché du livre de langue anglaise estimé à trois cent millions de lecteurs potentiels. Plus de 60 % de sa population ont moins de trente-cinq ans…

Tout comme l’économie américaine fl orissante nous a amené les géants littéraires de l’après seconde guerre mondiale, les Roth, les Updike, les Mailer…, tout comme celle de l’Amérique latine dans les années soixante-dix et quatre-vingt nous a dévoilé les sagas époustoufl antes des Marquez et des Fuentes, le sous-continent indien nous offre, depuis une vingtaine d’années, le souffl e régulier, puissant et chamarré d’une littérature époustoufl ante de vérités et de proximité avec nous, écrite surtout en anglo-indien et dans une moindre mesure, pour l’instant, traduite de ses langues régionales ; que ce soit par le truchement de ses romans et essais écrits directement au plus près de la

chair de l’Inde ou par celui des œuvres littéraires nées de sa diaspora.

La raison de la présence urbi et orbi de cette houle littéraire indienne, au-delà de son enracinement dans la mythologie et de sa diffusion due à la vague mondiale des prouesses économiques du pays, est que l’Inde est un véritable pays-monde avec sa mosaïque démographique et sociologique de forces et d’aspirations mais aussi de lignes de faille vertigineuses. Car n’y a-t-il toujours pas en Inde au moins cinq cent millions de personnes vivant avec moins de deux dollars par jour, cent quatre-vingt millions d’Intouchables, quarante millions d’enfants laissés à eux-mêmes dans les rues de ses mégapoles, neuf cent quatorze fi lles pour mille garçons,

quarante pour cent d’analphabètes, entre six et huit mille castes et sous-castes, un million de révoltés, des politiques trop souvent gangrénés par la corruption et, avec ses douze religions principales, n’est-elle pas le pays des confl its religieux les plus violents ?

L’Inde, un pays-mondeEn d’autres mots, l’Inde (et c’est

sans doute ce qui en fait le pays le plus complexe de la planète) est le miroir de la diversité de notre monde. Elle semble le contenir tout entier en ce qu’il a de multiple, de moderne, d’archaïque, de porteur d’espoirs et de prémonitoire. Ses enjeux et ses écueils de classe, de caste, de langue, de pouvoir et de corruption résonnent aux oreilles de la plupart

LittératureHistoire

43juin-août 2013Nouvelles De L’Inde

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des pays de la planète tout comme ses romans et ses essais -sous les plumes tour à tour virulentes, cyniques et compassionnelles d’un V.S Naipaul, d’un Rohinton Mistry, d’un Aravind Adiga, d’un Tarun Tejpal, d’un Pankaj Mishra- se font l’écho des mêmes failles et des mêmes violences qu’ailleurs aux oreilles des lecteurs, là encore, du monde entier.

En 2008, le Booker Prize a couronné le jeune Aravind Adiga, pour son très nouveau et très amoral Tigre blanc, dernier en date d’une lignée

d’écrivains indiens ayant reçu cette prestigieuse récompense, après V.S Naipaul en 1971, Salman Rushdie en 1981, Arundhati Roy en 1997 et Kiran Desai en 2006, des auteurs indiens qui, pour la plupart, ont dénoncé les dérives de misère, de caste et de classe dans leur pays. Le Tigre blanc, écrit au scalpel, narre l’ascension d’un jeune hors-caste du Bihar qui devient entrepreneur à Bangalore après être passé - impuni - par le vol et le meurtre. S’il s’est aussi vendu à plusieurs millions d’exemplaires de par le monde, c’est qu’il a su, par l’évocation fi ctive de pratiques répréhensibles s’étant déroulées en Inde, se faire l’écho de pratiques hélas souvent identiques dans la plupart des pays du monde. En 2009, le très engagé et lyrique Histoire de mes assassins de Tarun Tejpal confi rme le tournant résolument politique pris par une partie des fi ctions indiennes. Ce roman met en scène Chaku, Kabir M, Kaliya, Chini

et Hathoda Tyaghi, cinq enfants qui passeront de l’innocence aux meurtres parce qu’ils rencontrent sur leur chemin, les cinq failles sus-nommées de l’Inde. Le temps littéraire des mahajarahs, de l’exotisme, des épices, voire des mariages arrangés, semble, à quelques exceptions près, bien révolu. Il laisse la place à un nouveau présent littéraire de la conscience, de l’engagement, sans concessions, sans compromis et articulé autour d’enjeux planétaires. Place est faite aussi à une langue littéraire anglaise mâtinée d’autres langues indiennes, plus confi ante, seule alchimie capable de contenir et traduire le vacarme, la foule, les excès, les émotions, les passions, la complexité et les contradictions au quotidien de cette immense nation que le carcan d’une langue anglaise classique - qui dénote plus qu’elle ne connote - peine à exprimer dans leur entièreté.

Marc Parent, formé et diplômé en lettres modernes et en littérature comparée en France et aux États-Unis, travaille dans l’édition internationale depuis vingt-six ans. Éditeur de littérature étrangère –notamment indo-pakistanaise dont il est passionné- il a monté au cours de ces dix dernières années un catalogue en français des plumes les plus prestigieuses de l’Inde et du Pakistan, considéré comme le plus complet d’Europe.

Aujourd’hui, depuis huit mois, il a retrouvé les marchés du livre internationaux ; il est agent littéraire international à Paris d’où il représente dans le monde entier des auteurs surtout étrangers, plus particulièrement issus du sous-continent indien.

Le monde du vingt-et-unième siècle - avec ses démocraties confirmées ou à venir - a énormément à apprendre de l’Inde et des défi s qui la provoquent. Afi n de mieux affronter les incertitudes éthiques de notre planète, certains de ses écrivains, sentinelles visionnaires et universelles dans le sillage de Vyasa, reviennent aux ambiguïtés et aux dilemmes inhérents aux épopées mythologiques comme le Mahabharata. À l’instar d’un Gurcharan Das dont le dernier ouvrage nous invite à méditer sur la diffi culté d’être bon au travers d’un essai remarquable sur l’art subtil du Dharma (ce concept fondamental du devoir intérieur et du chemin juste et intuitif vers le bien) et nous suggère que notre monde ressemble de manière bien étrange et presque inquiétante à celui de la grande épopée fratricide des Pandava et des Kaurava.

Marc Parent

De gauche à droite Aranvind Adiga, Ilija Trojanow et Marc Parent

Littérature Histoire

44 juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

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Shah Rukh Kahn est un peu à l’Inde ce que James Dean était aux Etats-Unis, un acteur mais aussi un homme charismatique, comptant des admirateurs à travers le monde entier. Derrière le talentueux homme de cinéma se cache un homme doté d’autres talents que Gin Piau, fortement attirée par l’Inde et sa culture, nous propose de découvrir. Bien sûr, certains d’entre vous ont visionné les fi lms dans lesquels il a joué mais que sait-on exactement de lui en dehors de

Comment résister à ce nouveau livre d’un auteur plus que prolifique et méritant, Mahasweta Devi, âgée de 86 ans ! Du bonheur à l’état pur que cet ouvrage militant et solidaire de la femme en Inde qui nous fait entrevoir toute la complexité de la société indienne et combien il est parfois difficile pour les femmes de s’y retrouver. Un style concis qui ne fait qu’exacerber les sentiments décrits dans ces scènes de vie conjugale, des rapports entre mère et fille. Divorcées, veuves, enfants victimes de violence, toute une panoplie de que les femmes

Une fois encore, ce roman montre l’importance de la femme en Inde. Elle se décline ici dans plusieurs voix, celle de la petite Mallika, qui vit dans ce qu’elle désigne comme « un puits rempli de cette absence et de ce silence (ceux du père) », celle de sa mère parée du matin au soir de tristesse, celle de la tante Shantamama à l’amour incommensurable pour sa nièce, proche de Dieu également. Trois femmes qui tissent tout au long de ce roman à l’écriture fine, sensible, intime une

ce que la presse et les médias veulent bien nous donner à voir ? 229 pages pour décliner l’homme à la manière d’un dictionnaire, par thème et pour lui donner la parole directement sur ces sujets comme l’amour, l’argent, l’énergie, la famille, la France, l’humour, l’Inde, la jeunesse, le look, la religion, la solitude, la télévision et bien d’autres encore. En donnant la parole à Shah Rukh Khan, Gin Piau a réussi à nous le faire approcher au plus près. Un livre qui se lit d’une traite, un livre qui ravira les admirateurs avides d’en savoir davantage et séduira ceux qui ne connaissent pas l’acteur. L’histoire de la rencontre entre l’auteur et l’acteur est

endurent quelque soit le milieu dont elles sont issues, déployée au fil de ces dix nouvelles dont Le char de Jagannath qui a donné le titre du recueil. Lorsque nous refermons ce livre, l’émotion est forte et nous saluons l’immense travail réalisé par l’auteur pour lutter contre les injustices et nous faire découvrir combien ces femmes sont inventives et formidables de courage pour retrouver ou donner à leur entourage l’estime de soi. Il convient de saluer la traduction de qualité de Claude Basu qui contribue à la qualité de l’ouvrage.

histoire remplie de secrets, de non-dits, qui nous fascinent, nous dérangent, ne nous laissent pas indifférents. Nous aimons Padma, la mère, femme libre par excellence qui nous émerveille, nous nous glissons silencieusement dans ces récits vrais ou inventés de toutes les femmes qui gravitent autour des personnages principaux et nous réalisons combien la société indienne est complexe. Dans le même temps, nous nous reconnaissons aussi dans ces femmes qui par certains traits nous

Littérature Critique de livres

Revue des livresL’univers Shah Rukh Khan, de Gin Piau, Editions Tensing.

Le char de Jagannath et autres nouvelles, de Mahasweta Devi, traduites du bengali par Claude Basu, Editions Actes Sud.

L’année des secrets d’Anjana Appachana, traduit de l’anglais (Inde) par Catherine Richard, Editions Zulma.

CINÉMA

également belle et intéressante et n’est pas sans rappeler celle qui a rapproché autour du film « “Liv et Ingmar” (Ingmar Bergman) l’actrice danoise Liv Ullmann et le jeune réalisateur indien Dheeraj Akolkar.

ROMANS/NOUVELLES

ressemblent. Nous nous laissons bercer par cette écriture pour notre plus grand bonheur.

45Nouvelles De L’Inde juin-août 2013

Page 46: Inde 411 06 08 2013

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Littérature Critique de livres

juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

Les Editions Zulma nous livrent avec cette première publication en français du Magicien de la finance, un moment de lecture qui relève du pur bonheur. Comment pourrait-il du reste en être autrement avec une œuvre de l’un des plus grands romanciers de la littérature de l’Inde du sud, R.K. Narayan décédé en 2001 et auteur d’un grand nombre de romans qui se déroulent dans la ville imaginaire de Malgudi ? Dans ce nouveau chef-d’œuvre plein d’humour et d’esprit,

nous assistons à l’ascension sociale de Margayya qui propose le micro-crédit à l’ombre d’un vieux banyan, puis se lance, après la rencontre d’un prêtre visionnaire et une quête dans la jungle, sous les bons auspices de la déesse de la Fortune, Lakshmi, dans l’édition mais rien n’est simple pour notre homme, quelque peu naïf mais qui place l’argent parmi ses valeurs chéries, victime des mauvaises intentions de son fils, du docteur Pal… S’en sortira t’il ? Cette admirable peinture des mœurs de l’Inde

Le titre ne manque pas de nous interpeller. Comment science et émotions peuvent-elles être associées ?L’auteur, homme d’état indien mort en 1958, entre autre membre de la Société Théosophique et fondateur avec Annie Besant du Centre Hindu College qui deviendra l’Université Hindoue de Bénarès, nous livre ici un ouvrage intéressant et une méthode basée sur l’introspection et l’analyse. A la lecture de cet ouvrage, nous réalisons combien les philosophes orientaux et occidentaux ont des points de vue différents et sans doute est-ce cette différence qui nous permet de nous enrichir. Bhagavan Das nous

Le magicien de la fi nance de R.K Narayan, traduit de l’anglais (Inde) par Dominique Vitalyos, Editions Zulma.

La Science des émotions de Bhagavan Das, Ed. Adyar.

propose tout d’abord une analyse et une classification des Emotions, puis passe en revue les facteurs, la nature essentielle de l’Emotion, les Emotions principales et leurs Eléments, évoque la subdivision des principales Emotions, étudie les Rapports entre les Emotions, les Vices et les Vertus, les Emotions complexes, la correspondance entre elles des Emotions, l’Emotion dans l’Art, l’importance enfin de l’Emotion et sa place dans la Vie humaine. Finalement la connaissance qui ennoblit le plus un homme, comme l’écrit l’auteur, c’est celle de l’homme lui-même et ce petit livre nous aidera à progresser dans la Lumière du Sentier.

PHILOSOPHIE

La lumière du soi, de Râmana Mahârshi, présentation, traductions et notes de Patrick Mandala, Ed. Accarias L’Originel.Pour ceux que la spiritualité intéresse, point n’est besoin sans doute de présenter Râmana Mahârshi. Ce livre, tout en rappelant qu’à la question primordiale « Qui suis-je ? », c’est en lui-même et par lui-même que le chercheur de vérité trouvera la réponse, présente de manière simple des paroles et des enseignements du Maître par thème, textes qui sont inédits ce qui fait de ce petit ouvrage une mine précieuse d’informations. Le contenu est organisé selon une

progression ascendante, partant des causes de la souffrance et de l’Ignorance à l’Eveil ; à la Recherche et au Questionnement puis à la Pratique et le Monde, à la Connaissance pour aboutir à la Réalisation. L’ouvrage comporte également un écrit du Maître sur le « Pur Joyau de la Discrimination »de Shankara et des anecdotes sur Râmana Mahârshi. Patrick Mandala nous propose un ouvrage à la portée de tous que chacun utilisera selon son propre cheminement intérieur.

SPIRITUALITÉ

d’aujourd’hui souvent rattrapée par ses démons d’hier nous le racontera avec les mots simples mais formidablement efficaces de R.K. Narayan.

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Les éditions Fayard et le Nouvel Observateur se sont associés pour présenter au public dix hommes qui ont marqué l’Histoire du XXème siècle.Il s’agit de Gandhi, Churchill, Clémenceau, Franklin Roosevelt, Charles de Gaulle (2 volumes), François Mitterrand, Lénine, Castro et Mao Tsé-Toung.D’éminents auteurs nous font découvrir ou nous rappellent quelle fut la vie de ces grands hommes dont Jacques Attali pour Gandhi et François

Dans certaines de nos bibliothèques publiques, par manque de place, une partie des livres pour la jeunesse est rangée avec les livres pour adultes. On aimerait que ce soit le destin de ce bel album, qui poursuit une collection d’ouvrages documentaires inaugurée récemment avec des titres sur l’Afrique et la Chine. Il plaira aux préadolescents auxquels il s’adresse a priori, mais aussi à tous ceux qui désirent s’initier à l’Inde contemporaine, ou se mettre à jour des principales évolutions de ces dernières années, sans trop d’effort, agréablement, rapidement. Les noms de Nano, la mini-voiture, de Right to Information Act, la loi sur le libre accès aux registres administratifs, ou de Anna Hazare, le militant anti-corruption se réclamant de Gandhi, n’échapperont plus à ceux qui s’intéressent de près ou de loin au sous-continent.Le pari des deux auteurs, journalistes à Radio France Internationale, l’un indien l’autre français, était un peu fou : faire rentrer en 80 pages - grandes tout de même - autant de petits articles, mini-dossiers et portraits de personnalités nécessaires pour donner un aperçu plutôt équilibré et lucide de l’Inde d’aujourd’hui. Avec évidemment l’accent mis sur l’Inde urbaine, même si le monde rural n’est pas oublié. Un premier chapitre intitulé « Histoire »donne même, en quelques doubles

Mitterrand. L’apport de Gandhi est immense et connaître sa biographie nous aide à mieux comprendre le monde d’aujourd’hui, l’histoire de ce qu’Attali désigne comme les humiliants versus les humiliés. Gandhi était quelque part un visionnaire mais en tant qu’homme, il n’était pas sans défautCe petit ouvrage nous permet d’avoir un rapide aperçu de Gandhi avant de lire la colossale biographie que nous en propose le même auteur.

pages thématiques, les informations essentielles pour comprendre ce qui est en jeu dans les chapitres suivants intitulés « Politique », « Economie », Société », « Culture ».Le pari est largement réussi, même s’il faut souligner quelques défauts, inévitables avec un tel cahier des charges. Par exemple, l’absence d’une véritable carte géographique. Ou la mention trop rapide d’Amartya Sen et de son analyse novatrice en termes d’« indice de développement humain », qui pourrait être davantage exploitée. Ou encore une faiblesse relative de la double page consacrée aux arts plastiques. Ce sont des détails. Un peu plus problématique est l’amalgame fait dans l’emploi des notions de communauté et de caste, et même l’oubli de la notion de jati, qui ne permet pas toujours de bien expliquer les enjeux des mutations en cours dans la famille et le mariage, dans l’éducation, dans l’accès au travail, et l’importance des forces de rappel traditionnelles, sociales et religieuses, qui se manifestent. Il faudrait presque conseiller aux lecteurs qui s’initient vraiment de regarder d’abord, par exemple, le film Pather Panchali de Satyajit Ray, ou de lire au préalable le chapitre 4 de L’Inde d’un millénaire à l’autre de Shashi Taroor sur l’intouchabilité, pour saisir en un

Les géants du XXème siècle, Gandhi de Jacques Attali, Fayard/Nouvel Observateur.

Aujourd’hui l’Inde, de Tirthankar Chanda et Olivier da Lage, Ed. Casterman.

HISTOIRE

OUVRAGE JEUNESSE

instant d’où vient la société indienne - hindoue -, de quel degré d’ordre et de hiérarchie elle procède, pour apprécier le mouvement, la mobilité étonnante que donne à voir ce livre, Aujourd’hui, l’Inde. Ce conseil n’est pas donné au hasard : ces deux œuvres figurent en bonne place dans la liste des conseils « Pour aller plus loin », à la fin du livre.Si le pari semble largement réussi, c’est aussi grâce au travail graphique de Cécile Chaumet, sur les couleurs, les illustrations. Ce livre est un véritable album, que l’on prend d’abord plaisir à feuilleter, à regarder, lisant au hasard un bref article entre deux images. A la différence de tel ou tel magazine à grand tirage, ici la modestie prosaïque des photos joue son rôle paradoxal d’incitation à l’imaginaire, à un certain type de voyage, et répond en quelque sorte à la concision et à la lucidité des textes. Et avec tout cela, on ne s’ennuie pas. Bravo !

- F. Lefebvre

-V. Tourtet

LittératureCritique de livres

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Littérature Panchatantra

confi ez l’éducation de vos enfants, je ferai de mon mieux. »

Cet érudit était Vishnu Sharma. Il était réputé au royaume de la sagesse. Le roi était très content qu’un tel homme lui ait proposé d’enseigner à ses fi ls.

Le roi disposait d’un immense palais. Il était entouré de grands arbres qui procuraient de l’ombre à certaines parties du toit long et large. Vishnu Sharma y mena les princes dans un coin isolé du toit. Là, il s’assit et invita les princes à prendre place en face de lui.

Au début, les princes n’étaient pas très heureux car ils détestaient étudier. Mais rapidement ils mirent de la mauvaise volonté à se lever ! La méthode d’enseigner de Vishnu Sharma était unique. Il commença ainsi : « Sur les rives de la Godavari

Il y a de cela bien longtemps, il y avait un roi qui avait trois fi ls. Les princes ne prêtaient guère d’attention à leurs études et

passaient leur temps à ne rien faire. Cela rendait le roi très triste. Il savait que si les princes continuaient à perdre leur temps, aucun d’eux ne serait en mesure de lui succéder.

Il engagea un professeur après l’autre mais en vain. La seule vue d’un professeur faisait fuir les princes en panique.

Le temps passait et le roi se désespérait toujours davantage.

Finalement le roi réunit tous les érudits du pays lors d’une conférence et leur exposa son problème. « L’un d’entre vous peut-il m’aider ? » demanda t’il.

Pendant un bon moment, aucune réponse ne vint. Puis fi nalement l’un d’eux se leva et dit : « Ô roi, si vous me

se trouvait un gros arbre où venaient s’abriter pour la nuit des oiseaux venant de nombreuses directions… »

Et il continuait à raconter des histoires - des histoires d’animaux et d’oiseaux mais des histoires qui en fait parlent de nous, des divers problèmes humains et de leurs solutions. Quel est l’ami idéal ? Comment l’amitié peut-elle être maintenue ? Comment éviter les tentations qui peuvent ruiner un individu ? Les histoires démontrent que cela paie d’être bon mais prudent, noble mais astucieux.

De ces séances avec Vishnu Sharma les garçons apprirent la sagesse et le bon sens.

Les histoires du Pancatantra ont été racontées encore et encore et

Le Panchatantra

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LittératurePanchatantra

je suis sûr que vous en avez lues de nombreuses. Mais certaines histoires bien que moins populaires sont des joyaux en leur genre. Par exemple, l’histoire de « la cave qui parle ». En dehors du fait que c’est une histoire intéressante, elle enseigne que l’on doit toujours rester sur ses gardes :

Il était une fois un chacal qui vivait dans une forêt. Il avait choisi une grotte isolée pour en faire sa demeure. Un jour qu’il était sorti, un lion affamé et fatigué vint dans la grotte. Il entra, renifl a un peu partout. Un chacal y vivait, c’était évident, pensa le lion en lui-même. Pourquoi passerais-je mon temps à errer en quête de nourriture. Je vais me coucher et me reposer ici. Quand le chacal reviendra, j’aurais un délicieux repas !

Au crépuscule le chacal rentra chez lui. Mais au moment où il allait entrer dans la grotte, il remarqua les traces légèrement effacées des empreintes du lion. Son cœur se mit à battre plus vite. Il se recentra et cria « Hello, grotte qui parle ! Que t’arrive- t’ il ? Quand je rentre, tu m’accueilles généralement avec ces mots : « Bienvenue, Monsieur le chacal ! Mais aujourd’hui tu es silencieuse ! Dois-je en penser que vous ne souhaitez pas que je rentre ? »

Le lion pensa en lui-même : aucun doute, la cave est terrifi ée parce que je suis à l’intérieur, c’est pour cela qu’elle ne souhaite pas la bienvenue au chacal !

Il émit donc un fort rugis-sement : « Bienvenue, Monsieur le chacal, bienvenue ! »

Sauve qui peut ! Le chacal hurla « Chère grotte, j’ai décidé de t’abandonner ! »Et le chacal rit en soi : Une grotte qui parle, eh ? Jamais entendu parler d’une telle chose ! Dieu merci, j’ai réussi à m’échapper !

Traduction de Viviane TourtetExtrait de Books Forever, de Manoj Das, illustrations de Sukumar Chatterji, Nehru Library for Children, National Book Trust, India

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Anniversairedu cinéma indien à l’honneur en France

Le 100ème

Cette année marque le 100ème anniversaire du Cinéma indien. Un peu partout en France, les festivals ont accordé au cinéma indien une place particulière et ce depuis le début de l’année.

Cinéma Festivals

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A l’occasion du Centenaire du cinéma indien, l’Inde a été invitée comme « Pays à l’honneur » par le Festival du Film de Cannes qui s’est tenu du 15 au 26 mai 2013. L’Inde est le troisième pays après l’Egypte et le Brésil à recevoir un tel honneur de la part du Festival. La délégation indienne au Festival de Cannes fut conduite par le Ministre du Tourisme, Dr. K. Chiranjeevi. Parmi les autres membres, citons M. Uday Kumar Varma, Secretaire Général (I&B), M. Arun Kumar Singh, Ambassadeur de l’Inde en France ainsi que des délégués du Ministère du Tourisme et du Ministère de l’Information et de l’Audiovisuel. Bien qu’aucun des fi lms indiens n’ait pu participer à la Compétition du Festival, les organisateurs ont ajouté plusieurs éléments au festival pour rendre hommage à l’Inde. Le Festival fut conjointement déclaré ouvert par les acteurs Leonardo DiCaprio et Amitabh Bachchan le 15 mai 2013. Deux actrices indiennes ont été sélectionnées comme membres du jury – Vidya Balan dans la section Compétition et Nandita Das pour Cinéfondation. Une projection spéciale

tapis rouge de Bombay Talkies (fi lm réalisé pour célébrer le centenaire du cinéma indien par quatre jeunes réalisateurs, Anurag Kashyap, Karan Johar, Zoya Akhtar et Dibankar Banerjee, et faisant partie de la

sélection offi cielle) s’est déroulée en présence des réalisateurs le 19 mai. La projection a été suivie par un diner de gala pour 300 personnes, co-organisé par les autorités du Festival du Film de Cannes et le Ministère de l’Information et de l’Audiovisuel. Après les discours formels du Ministre Dr. K Chiranjeevi et du Ministre français de la Culture, Mme Aurélie Filipetti, les hôtes furent invités à assister à un récital donné par l’éminente musicienne, la sitariste Anoushka Shankar. D’autres fi lms indiens furent présentés durant le festival : Monsoon Shootout d’Amit Kumar (projection de minuit, toujours dans la sélection offi cielle); Ugly

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Le premier festival à ouvrir le bal fut le Festival du Film d’Asie du Sud, TRANSGRESSIF qui s’est tenu à Paris du 16 au 20 janvier. Ce Festival est parti du constat que le cinéma du sous-continent indien restait peu visible en France et notamment à Paris. Pourtant l’on sait la richesse de la production de cette partie du monde. L’idée est donc née de proposer un festival unique en son genre qui présente, en présence des réalisateurs, les cinémas venant du Bangladesh, des différentes parties de l’Inde et du Népal. Pour mieux connaître ce Festival, nous vous invitons à consulter le site Internet www.ffast.fr

Qui est derrière ce Festival ? L’association SAPNA (South Asia Paris New Art) qui réunit des spécialistes du monde indien et de son cinéma et des professionnels de l’action culturelle autour de Jean-François Thermoz, président, Hélène Kessous, Secrétaire générale et Marie-Véronique Leroi, Trésorière – mais aussi Aanna Films, société française de distribution de fi lms spécialisée dans le fi lm indien.

La soirée d’inauguration du Festival s’est déroulée le 16 janvier au Gaumont Champs-Elysées Marignan et une soirée s’est tenue à l’ambassade de l’Inde le 17 janvier réunissant une quarantaine de personnes dont des réalisateurs, des acteurs et un certain nombre de

passionnés du cinéma indien. Une journée d’études sur les cinémas d’Asie du Sud a également été proposée en compagnie d’universitaires et de professionnels européens et sud-asiatiques. Huit fi lms ont été présentés dont 6 fi lms indiens (hindi et tamoul) Aiyyaa de Sachin Kundalkar a ouvert le Festival et Vishwaroopam de Amal Haasan l’a clôturé.

Trois prix ont été attribués, le prix spécial du jury a été attribué à Vazhaku Enn 18/9 de Balaji Shaktivel, le prix du jury étudiant à Amal for A blind horse de Gurvinder Singh et le prix du public a BA Pass d’Ajay Bahl, trois fi lms indiens.

Le 35ème Festival International du Court Métrage de Clermont-Ferrand s’est tenu du 1er au 9 février 2013 ; Il se décline en trois catégories de compétition : la compétition internationale, la compétition nationale et la compétition labo. Dans le programme Namaste France

-Bonjour Inde, une quarantaine de fi lms ont été projetés. Sur les 79 fi lms sélectionnés venant du monde entier, 2 courts métrages indiens ont été retenus, Achele et Calcutta taxi. 3 courts métrages ont été présentés dans la section enfant. 5 écoles de cinéma étaient représentées : FTII, Pune, Satyajit Ray Film Institute, Calcutta, LV Prasad Academy of Chennai, MGR Film Institute, Chennai et DSK SupInfoCom, Pune.

Umesh Kulkarni était membre du Jury International 2013 et un programme à son hommage lui a été consacré avec 5 fi lms. Une exposition d’affi ches et de photographies autour du cinéma était également proposée ainsi qu’une soirée indienne le 6 février avec des courts métrages, un buffet indien et un spectacle musical.

CinémaFestivals

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de Anurag Kashyap (Quinzaine des Réalisateurs), Dabba de Ritesh Batra (Semaine de la Critique), Charulata de Satyajit Ray (Cannes Classique), Chenu (Atelier) de Manjeet Singh, (Projection sur la plage/19 mai).

Le Pavillon indien, coordonné par la National Film Development

Corporation (NFDC), fut une plateforme permettant aux délégués indiens de se réunir mais aussi d’organiser des discussions avec des réalisateurs indiens, des parties prenantes du festival de fi lm et d’autres personnalités éminentes du Festival. La Confédération des Industries indiennes au Marché du fi lm a, par ailleurs, été une plateforme pour que les sociétés de production puissent vendre leurs produits et développer l’Inde comme lieu de tournage.

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Cinéma Festivals

Viviane Tourtet et Swati Gupta

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Le 19ème FICA (Festival Internat-ional des Cinémas d’Asie de Vesoul)s’est tenu à Vesoul du 5 au 12 février et a remporté un vif succès comme chaque année. Une section particulière sur les 8 sections que comportait le festival était consacrée au Centenaire du cinéma indien. 2013 marque le centenaire du premier fi lm de fi ction indien Raja Harishchandra de Dundhiraj Govind Phalke, le pionner du cinéma indien. Le FICA a désiré célébrer cet évènement de l’histoire de la plus grande cinématographie mondiale. Cette rétrospective présentant dix fi lms marquant de l’histoire des cinémas régionaux de l’Inde a été mise en place par Martine Armand, collaboratrice de toujours du FICA, considérée comme l’ambassadrice du cinéma indien en France. La programmation comprenait les fi lms suivants : L’Inde était également présente

en la personne de Goutam Ghose, membre du Jury international ainsi qu’à la Soirée de la Diversité Culturelle le 8 février en soirée. En partenariat avec l’ACSE, le FICA rendra hommage aux invités du Festival venus de toute l’Asie géographique.

Enfi n, le prix Jury Jeunes a été attribué au fi lm Le Cercle de Rémi Briand (Inde-France).

35 ans que le Festival des Films des Femmes de Créteil existe ! Il a eu lieu cette année du 22 au 31 mars. L’Inde a été représentée par un seul fi lm festival cette année, un long métrage documentaire Gulba Gang de Nishtha Jain (Inde) et Torstein Grude (Norvège). Ce fi lm raconte l’espoir que représentent les femmes du Gulabi Gang au Bundelkhand. Vêtues de saris roses, elles luttent pour la justice envers les femmes autour de leur leader, Sampat Pal.

La Bretagne a également rendu hommage au Cinéma indien dans le cadre des Rencontres cinématographiques Imaginaires indiens du 2 au 9 avril. Une douzaine de fi lms qui refl ètent les facettes multiples de l’Inde contemporaine, ses mégalopoles, son héritage culturel, historique et social. Les fi lms d’auteurs indépendants méritent d’être découverts aux cinémas les studios à Brest et l’image à Plougastel puis Crozon, Landerneau, Morlaix.Ont été projetés Gangs of Wasseypur, I et II, The Damned Rain, Udaan,

Le 35ème Festival International de Films Documentaires Cinéma du Réel s’est déroulé du 21 au 31 mars au Centre Pompidou à Paris.

Cette année le Festival a fait la part belle au documentariste indien Anand Patwardhan qui avait eu, en 1986, le Prix spécial du jury dans le cadre de ce même festival. Dix fi lms du réalisateur militant ont été présentés au public : Kraanti Ki Tarangein, Zameer Ke Bandi, To the children of Swat, from the children of Mandala, Hamara Shahar, Una Mitran Di Yaad Pyaari, Ram Ke Nam, Pitr, Putr Aur Dharmayuddha, Jang Aur Aman, We are not your monkeys, Jai Bhim comrade. Le 24 mars, une master class a été proposée animée par Nicole Brenez et Christophe Jaffrelot, chercheur au CERI-Science Po/CNRS. 1913 (2008) : Harishandrachi Factory

de Paresh Mokashi, inédit

1948 : Kalpana de Uday Shankar, inédit

1955 : M. et Mme 55 de Guru Dutt, inédit

1981 : De l’eau ! de K. Balanchader, inédit

1984 : La Traversée de Goutam Ghose,

inédit

1990 : L’Elue de Shyam Sharma, inédit

1992 : Le Visiteur de Satyajit Ray

1993 : Les Ombres de l’arc-en-ciel de

Susant Mitra, inédit

1994 : Le Servile d’Adoor

Gopalakhrishnan, inédit

2003 : La Chevauchée de l’arc-en-ciel

de Jahnu Barua, inédit

Miss Lovely, English Vinglish (vous trouvez dans ce numéro une interview d’un des acteurs, Mehdi Nebbou), Peddlers, Gattu, Calcutta my love, Mr. and Mrs Iyer. Les invités d’honneur de ces Rencontres étaient M. Anurag Kashyap, réalisateur et scénariste et le producteur M. Sunil Doshi.

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Pour fêter le centenaire du cinéma indien, Toulouse a accueilli la 1ère édition du Festival Saison indienne,

Festival Armor India, Bretagne (19 avril-2 mai) Le 6ème Festival de l’Inde s’est tenu en Bretagne du 19 avril au 2 mai 2013 et a présenté au public une palette multicolore de la culture indienne avec « Baroquanatyam – danse Bharatanatyam sur de la musique baroque par Geetha Sridar ; un dialogue musical entre shehnai, bombarde et Pt Viswanath ; un festival de fi lm indien, Pratdhwani par Sudheshna Bhattacharya ; un programme d’échange entre une école de Morlaix et le Fergusson Collge de Pune et une exposition de peinture par Akhilesh.

La Semaine de l’Inde, Puteaux (16-20 avril) La semaine de l’Inde à Puteaux a été organisée par Maharashtra Mandal France, Sud Développement et la Municipalité de Puteaux du 16 au 20 avril 2013. Plusieurs programmes comme Bharatam par le groupe dirigé par Pandit Shivkumar, un hommage au Pandit Ravi Shankar avec un concert de sitar par Smita Nagdev accompagnée au tabla par Niraj Singh, un hommage au cinéma indien à l’occasion de son centenaire, une présentation de yoga et de méditation par Pandit Shivkumar, un récital de contes indiens pour enfants et adultes et un défi lé de saris par Asha Rajguru ont été vivement appréciés du public.

du 2 au 21 avril 2013, créé à l’initiative de l’Association Saison Indienne. Ce festival a vu le jour grâce à l’action de l’ensemble de l’équipe et des bénévoles, sans oublier le soutien de l’Ambassade, de la Mairie de Toulouse et de la région Midi-Pyrénées.

Prometteur, dès sa 1ère édition, ce festival compte de nombreux partenaires, parmi lesquels : la mairie de Toulouse et Toulouse Métropole, l’Ambassade de l’Inde en France, la Région Midi-Pyrénées et la ville de Blagnac, Tisséo, la Chambre de commerce et d’industrie... entre autres.

Une petite équipe de passionnés* de culture indienne a proposé notamment :

11 fi lms : Nanban (S. Shankar), The Dirty Picture (M. Luthria), Shree 420 (Raj Kapoor), Nirankush (V. Agora), India by Songs (V. Singh), Mouna Ragam (M. Ratnam), I am (Onir), Unni - life is all

about friends (Murali Nair), Sita sings the blues (N. Paley), Om Shanty Om (F. Khan) et Ek Tha Tiger (K. Khan), des standards Bollywood à quelques trésors du cinéma d’art et d’essai indien qui pour certains abordent des sujets de sociétés sensibles, un fi lm d’animation et un fi lm classique.

3 expositions : 3 expositions ont été présentées avec les peintures... Lahaderne. été proposé avec les peintures de Swati Gupta, Marc Ingrand et les photographies de Paprikah, Jey Mioy, Marine Bardin et Dominique Lahaderne.

2 conférences : 2 conférences ont eu lieu sur la « gestation pour autrui » avec la participation du Dr. R. S Sharma de l’Indian Council of Medical Research et et sur Faut il investir en Inde ? en présence de M. Anshuman Gaur, Premier Secrétaire du Service Economique de l’ambassade de l’Inde.

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CinémaFestivals

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Q : De quoi parle « English Vinglish » ?L’histoire plante une femme

indienne, en l’occurrence, Sridevi qui joue le rôle de Shashi Godbole. Son personnage sait à peine s’exprimer en anglais ce qui s’avère être un gros handicap pour son entourage. Shashi se trouvera en plein cœur de Manhattan faisant face aux barrières de la langue, et pour palier à sa faiblesse linguistique et ainsi gagner le respect de sa famille, elle entreprendra les moyens nécessaires… Ce fi lm est le parcours initiatique d’une femme spontanée et humaine dotée de convictions tolérantes.

Devant le succès inopiné du fi lm dans le monde entier, le soulignant même d’une acclamation fervente par une standing ovation au festival du fi lm international à Toronto cet été, nous avons voulu capter Mehdi Nebbou à Paris, entre ses divers tournages et ce, malgré son emploi du temps chargé ! Il nous a fait l’honneur d’une interview à l’ambassade de l’Inde en présence de Madame Apoorva Srivastava, Premier Secrétaire (Presse, Information & Culture).

Q : Qu’est-ce qui a fédéré votre choix ?

L’histoire m’a beaucoup plu, c’est un mix entre un fi lm de Jim Jarmush et un Bollywood. Je lui ai dit « oui » tout de suite. Le tournage a commencé en 2011 à New-York en pleine période d’Halloween. Elle m’annonce que Sridevi serait de la partie et que ce serait son grand come back.

Je ne connaissais pas Sridevi et je ne voulais pas faire de recherches sur elle pour ne pas avoir d’impressions. Je préfère le naturel et les rencontres « normales ». Mais j’ai vraiment été impressionné le premier jour du tournage par son aura. Nous nous sommes bien entendus, et avec le reste du casting, d’ailleurs.

Ce que j’aime dans le fi lm c’est le drame que pointe l’émancipation de la femme dans la société indienne encore aujourd’hui, la preuve dans le fi lm ! Un sujet censé, sociétal et l’histoire fait part d’une grande émotivité. C’est le premier fi lm de Gauri Shinde, une parodie librement inspiré d’un sujet, sa maman luttant avec son anglais et subissant les petites moqueries de sa

Cinéma Film

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English Vinglish est la première réalisation cinématographique de Gauri Shinde. Ce celluloïd marque le retour gagnant de l’une des plus grandes actrices du cinéma Bollywood : Sridevi. Après un hiatus de quinze années, Sridevi transperce l’écran avec Mehdi Nebbou, deuxième acteur français à avoir tourné dans un Bollywood après Isabelle Adjani dans « Ishkq in Paris »Réalisé par Prem Raj.

« English Vinglish ? L’histoire m’a beaucoup plu, c’est un mix entre un fi lm de Jim Jarmush et un Bollywood. Je lui ai dit « oui » tout de suite. »

-Mehdi Nebbou

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famille. Un souvenir d’enfant devenu un fi lm romancé. Il faut que je vous dise que j’ai toujours rêvé de tourner dans un Bollywood. J’aime la candeur, l’innocence et le côté ingénu des fi lms.

Q : Que pensez-vous de la romance qu’entretient votre personnage « Laurent » avec celui de Sridevi « Shashi » ?

Une romance platonique bien sûr puisque nous sommes dans un fi lm indien, un presque Bollywood. D’ailleurs le personnage Shashi dit bien que même mariés nous rencontrons des personnes qui nous guident, nous émeuvent, sans que le mariage soit forcément en

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CinémaFilm

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Né d’un père algérien et d’une mère d’origine allemande le 10 janvier 1974, Mehdi Nebbou deviendra un acteur globe-trotter…

Le jeune Mehdi quitte l’école après avoir obtenu son BEPC et enchaîne les petits boulots jusqu’à sa majorité. A 18 ans, quelques mois avant la chute du mur, il décide d’aller s’installer à Berlin où il travaille comme barman dans plusieurs clubs, c’est après trois années passées à arpenter les rues de la capitale allemande que Mehdi décide de partir à Milan pour apprendre la menuiserie. Seulement, Mehdi décide en 1994, à l’âge de 23 ans, de retourner en Allemagne pour intégrer l’Académie du Cinéma (Deutsche Film-und Fernsehakademie Berlin). Il y apprend pendant 5 ans la réalisation et y rencontre l’étudiant en réalisation Filipos Tsitos qui lui offre son premier rôle au cinéma dans le fi lm My Sweet home, seul fi lm allemand en compétition au festival de Berlin 2001.

Ce premier rôle ne lui ouvre que partiellement les portes du 7ième art puisque pendant trois ans Mehdi enchaîne les petits boulots de technicien sur les plateaux de tournage. Ce n’est qu’en 2004 que Samir Nasr lui offre son premier rôle principal dans le fi lm Présumé Coupable, fi lm qui obtiendra le Golden Gate Award, prix du meilleur fi lm au Festival du fi lm de San Francisco. L’année suivante, Mehdi Nebbou confi rme son talent dans le fi lm Schläfer de Benjamin Heisenberg, fi lm encensé par la critique lors du Festival de Cannes 2005 où il est présenté dans la catégorie : Un Certain Regard.

Dès lors, sa carrière en Allemagne se grignote de plus belle et le jeune homme s’ouvre sans le savoir les portes d’Hollywood. Steven Spielberg lui propose en 2005 le rôle de Hassan Salameh, le cerveau présumé de l’organisation terroriste Septembre Noir dans le fi lm Munich aux côtés d’Eric Bana. Révélé au grand public, il enchaîne en 2006 avec le tournage du fi lm Fay Grim de Hal Hartley dans lequel il donne la réplique à Jeff Goldblum. Cette année là, il tourne aussi pour la première fois en France dans le fi lm Truands de Frédéric Schoendoerffer aux côtés de Benoit Magimel et de Philippe Caubère.

A la découverte de Mehdi Nebbou :

Nouvelles De L’Inde juin-août 2013

situation de crise ou d’adultère. Mais ces rencontres sont bénéfi ques et réparatrices parfois. Mon personnage est plus dans un désir mental qu’une concrétisation charnelle. Mon rôle est moins prépondérant mais il est là pour lui redonner son estime… Son estime de femme, à Shashi.

Q : Votre personnage est-il en souf-france dans le film ?

Le personnage n’est pas en souf-france, du tout. Le climat est tragique, et en même temps très beau, il tombe, malgré lui amoureux, de cette femme. Ce n’est pas un coup de foudre, c’est un amour impossible qui reste une belle rencontre. Et puis l’inconnu c’est sé-duisant. J’ai entendu dire que beaucoup de gens auraient voulu voir Shashi partir avec Laurent, même les propres fi lles de Sridevi, lors de leur visite à New-York, on dit : « Maman, pourquoi ne pars tu pas avec lui ? » dans le fi lm bien entendu ! (Rires) Mais en somme, tout se termine bien quand même. C’est un fi lm plein d’énergie, très solaire. New York est sub-limé par la réalisatrice. Tout est comme une déclaration d’amour dans ce fi lm et les musiques sont très positives.

Q : Comment était l’ambiance sur le tournage ?

Formidable, très bien. On a beaucoup ri. Une très belle expérience !

Q : Est-il vrai que vous aviez proposé à Sridevi de la mettre en scène dans une de vos productions ?

J’aime tellement l’actrice, Je lui ai simplement demandé si elle était prête à jouer dans un fi lm occidental, elle a dit : « oui » ! Je voulais savoir si elle était « open » à cette idée. Mais de toute façon, rien n’est abouti à ce jour. Je l’admire, elle

peut tout jouer, elle est très juste, elle possède beaucoup de sensibilité et elle est très fi ne dans son jeu.

Q : Avez-vous vu des films de Sridevi ? Non ! Mais il m’a été demandé de

voir certaines séquences de ses fi lms, notamment la scène où elle est en sari bleu mouillé, dans le fi lm Mr. India sur la chanson/réf. : Kaate nahin kat te yeh din/I love you. Notre brillante coach de dialogues, Kausar Munir, me disait que si je devais davantage être séduit par Shashi, il fallait absolument imprimer cette scène dans ma tête. Chose faite, et cela n’a fait que m’aider.

Il est vrai que sans aucun doute, Sridevi est une très belle femme, comme sortie des contes ! Ma fi lle l’appelle « La princesse ! »

Q : Le film a été tourné en trois langues, en hindi, tamoul et télougou. Cela veut dire que vous faisiez 3 prises à chaque fois ?

En fait non ! Juste une scène, celle dans le métro où il fallait dire le mot « ail » en hindi/tamoul et télougou. Sridevi faisait ses prises en trois langues par moment, sinon après il s’agit juste du doublage/dubbing en studio par les soins des mêmes acteurs.

Q : Croyez-vous que la phrase du film : « Ma femme était née pour faire des ladoos » soit une réplique culte ?

Oui, quand même ! On est dans le cœur du sujet. Au lieu de valoriser sa femme, le mari de Shashi la dévalorise ce qui ne l’empêche pas de l’aimer. Il est juste maladroit, un brin machiste, et condescendant avec elle. Cette phrase résume tout ça ….Mais l’épilogue est une belle leçon d’égalité, de droits et de raison.

Q : A propos, vous aimez les ladoos ?Oui j’aime bien mais je ne pourrais

en manger 10 à la fois ! Je les apprécie quand ils sont faits dans la tradition par des mains expertes.

Q : Va-t-il y avoir une suite ?Peut-être ….A suivre, ce n’est pas

impossible.

Q : Comment se passe votre notoriété en Inde, vous êtes plus connu en Inde qu’en France maintenant ?

Oui, c’est drôle ! C’est étonnant ! Mais la notoriété c’est bien quand ça vous aide à accéder à de beaux rôles et à de beaux scénarios.

Q : Vous qui êtes polyglotte (français, anglais, allemand, italien) cela n’a pas été frustrant de mal parler anglais avec un accent frenchi ?

Non, mais plutôt drôle même si des fois je parlais mieux que mon personnage donc je me reprenais.

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Sridevi surnommée « The Bolly-wood Queen » est incontesta-blement l’actrice qui a le plus tourné avec plus de 250 fi lms

commerciaux et elle reste de très loin, la meilleure.

Elle débute sa carrière en 1967 dès l’âge de 4 ans et plus tard elle s’impose dans beaucoup de fi lms en langues régionales : hindi, tamoul, télougou, malayalam et kannada. Cette actrice du sud de l’Inde manage sa carrière avec brio, elle évince très vite ses consœurs Hema Malini, Rekha et surtout Jaya Prada.

Sridevi obtient son premier Filmfare Best Actress Award en 1981 avec Meedum Kokila (tamoul) de G.N. Rangarajan. Son deuxième en 1989 avec Chaal Baaz (hindi) de Pankaj Parashar et son troisième en 1991 avec Lamhe (hindi) de Yash Chopra, également pour le même fi lm, elle décroche l’International Film Academy’s Best Actress Award. Sans oublier aussi deux National Award Best Actress pour Moondram Pirai (tamoul) / (Sadma remake en hindi) de Balu Mahendra en 1983 et Kshana Kshanam (télougu) / (Hairaan doublé en hindi) de Ram Gopal Varma en 1991. Puis de nombreuses distinctions et nominations se poursuivent.

Ses principaux hits en hindi se distinguent entre les années 80 et 90 avec « Himmatwala », « Sadma », « Nagina », « Karma » « Mr. India »,

« Chaalbaaz », « Chandni », « Lamhe »,« Khuda Gawah » avec Amitabh Bachchan, « Judaai », « Army » où figure Shahrukh Khan pour la première fois avec elle, en guest. Son atout premier : la danse à tous les registres et aussi son habilité à posséder plusieurs caractères notamment comique ce qui est rare chez une actrice « Bollywood ».

Steven Spielberg aurait voulu l’avoir mais Sridevi déclina son offre dans Jurassic Park parce qu’il ne s’agissait pas du rôle principal. Après une période transitoire dans l’industrie du cinéma indien, elle revient cette fois sur le petit écran plus précisément sur la chaîne Sahara, en 2004, avec une série intitulée « Malini Iyer » que produit son mari Boney Kapoor, là aussi, un succès que l’on doit uniquement à sa prestation.

Après plus de dix ans de règne sur Bollywood, Mollywood, Tollywood, Kollywood …Sridevi est devenue une productrice, notamment pour « Shakti : The Power » en 2002 de Krishna Vamshi, gros succès commercial avec Karisma Kapoor, notons une brève apparition d’Aishwarya Rai et de Shahrukh Khan. Sridevi produit également « Bewafa » de Dharmesh Darshan avec Anil Kapoor et Kareena Kapoor et dernièrement « Run » en 2004 de Jeeva avec Abhishek Bachchan. En parallèle, Sridevi veille sur sa progéniture : Jhanvi et Khushi, qui sait ? Deviendront-elles des futures reines de « Bollywood » ? 2012 signe son grand retour dans « English vinglish »de Gauri Shinde et c’est un grand succès international et la quête de nouveaux fi lms pour elle.

-Laurent Adicéam-Dixit.

Sridevi Kapoor

Née le : 13 Août 1963Lieu : Sivakasi, Tamil NaduSituation de famille : Mariée à Boney KapoorDeux fi lles : Jhanvi et Khushi

57Nouvelles De L’Inde juin-août 2013

CinémaFilm

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Nouvelles de l’Inde il y a 60 ans

L’Inde en 1962

58 juin-août 2013 Nouvelles De L’Inde

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Rédacteur en chef :Apoorva Srivastava, Premier Secrétaire (PIC)

Assistante de rédaction :Viviane Tourtet

Contributeurs du numéro :Alexandre Seviran

Anjela SterzerChristine Nayagam

E.B.F. Lefebvre

Jasleen KaurLaurent Adicéam-Dixit

Marc ParentMilena SalviniRanvir Nayar

Viviane Tourtet

Graphistes :Anita Channer

Pratap Singh ShekhawatShikha Bahuguna

Publié par le Service Presse, Information & Culture de l’Ambassade de l’Inde en

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Tél : 01 40 50 50 18 Fax 01 45 50 09 96

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Imprimé en France par l’Imprimerie Hérissey, à Evreux

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